#liogier

  • « Le peuple du populiste n’a aucune caractéristique précise ... pour pouvoir revêtir n’importe lesquelles suivant le besoin. Le peuple n’est rien et il est tout à la fois, partout et nulle part, pourtant chacun semble savoir de quoi l’on parle. L’image fantomatique et omnipotente du Peuple passe par une certaine indétermination, par le flou de sa définition, qui le rend insaisissable et permet de rassembler en son nom, au-delà des distinctions idéologiques classiques, et d’insuffler même une étrange atmosphère d’unanimisme. On peut donc définir d’emblée le populisme comme l’appel à la fiction du Peuple porteur de toutes les vertus et de toutes les vérités qui vont de soi (sans que l’on ait à les définir précisément). De plus en plus répandue chez les politiques, les journalistes, chez l’homme de la rue, dans les conversations courantes, cette invocation du bon sens et des valeurs populaires finit par autoriser les écarts avec des comportements normaux, et même la transgression des droits de l’homme et la limitation concrète des libertés fondamentales ... au nom même de la liberté abstraite du Peuple ! »

    [RapaheL #Liogier]

    #Populisme
    #Peuple
    #unanimisme


  • « L’ultime pilier, ontologique, du mythe de l’islamisation, témoigne de cette érosion du sens européen, d’une perte dont il faut trouver la cause, qui ne peut être le banal produit d’une évolution historique concrète dont les Européens seraient responsables, et doit par conséquent être le fruit d’une intention secrète. En cela le Musulman métaphysique à la fois nourrit et résorbe la neurasthénie européenne. A travers lui, un ordre secret est conféré au désordre apparent dans lequel l’islamo-paranoïaque à peur de sombrer. Mieux vaut un sens terrifiant que pas de sens du tout. Il ne souffre plus désormais pour rien. Il oublie même qu’il souffrait surtout du rien. Une bataille peut-être menée puisqu’il a un ennemi. Le mythe de l’islamisation redonne un sens aux choses. [...] Le paranoïaque antimusulman a néanmoins besoin du Musulman parce qu’il lui redonne une cause, une raison de lutter. Si nous souffrons, c’est que quelque part le Musulman tire les ficelles . Il y a donc des ficelles ! La peur abyssale du vide devient soudain l’angoisse de quelque chose auquel on peut s’agripper, sur quoi l’on peut agir et contre quoi l’on peut se rassembler. C’est bien parce que les Européens ont de plus en plus de mal à croire en eux-mêmes que les Musulmans, réputés sûrs de leur foi et de leur identité, sont devenus à leurs yeux ceux qui croient trop ostensiblement en eux.[...] Les Musulmans ne sont pas simplement les boucs émissaires des crises économiques et sociales nationales, mais d’une crise d’identité européenne. Ils sont otage du sentiment d’impuissance, de la blessure narcissique du Vieux Continent, présumés coupables d’un déclin irréversible. Le théâtre tragique de l’islamisation se transforme alors en tribunal vindicatif pour prononcer son verdict : à cause de l’ennemi musulman, non pas à cause de la marche du monde, non pas à cause de la concurrence des superpuissance montante, l’Europe ne sera plus jamais ce qu’elle a été. » (Raphael #Liogier)

    #islamophobie
    #islamisation
    #Bouc #émissaire
    #paranoïa

  • Pourquoi Valls n’aime pas le mot « islamophobie »

    http://www.rue89.com/2013/08/04/debat-lislamophobie-manuel-valls-a-choisi-camp-244732

    Dans une interview, le ministre attribue l’origine du mot « islamophobie » aux intégristes Iraniens. Un choix contestable, expliquent des sociologues.
    (...) Pour le sociologue Raphaël Liogier, ceux qui continuent à contester la sémantique du terme islamophobie « tentent de noyer le poisson et, par là, essayent de faire croire que ce phénomène n’existe pas ».

    Excellent article sur l’usage du mot "islamophobie", sa genèse, les arguments de Caroline Fourest repris par le ministre Manuel Valls et ce que leur refus de l’utiliser signifie et implique.

    “Islamophobie” : une invention française ou la construction du "problème musulman" http://islamophobie.hypotheses.org/193

    #islamophobie #sémantique #Fourest #Valls #CCIF #Mohammed #Liogier #sociologie #France

    • En particulier il est particulièrement savoureux de lire :

      explique Marwan Mohammed :

      « Ces spécialistes de l’islam ouest-africain ont inventé le terme pour dénoncer une frange de l’administration coloniale qui affiche ouvertement son hostilité à l’encontre des musulmans et de la religion musulmane. Ce qui, selon eux, tend à fragiliser la domination coloniale française. »

      Et c’est bien une partie du fond de l’affaire : le respect de l’Islam fut une stratégie coloniale qui avait l’avantage de maintenir l’indigène dans son cadre de lois (l’islam imposant un ensemble de coutumes incompatible avec les lois européennes) et de disposer d’un système de contrôle local qui, pour mieux se maintenir en place, faisait la police.

      Ce n’est pas pour rien que les nationalismes arabes furent anti-religieux. L’islam fut d’abord le collaborateur du colonialisme !

      Ainsi donc le commentaire historique érudit sur l’origine du mot montre bien l’inanité de son emploi, tout entier utilisé pour faire passer en douce des opinions qui ne sont sans doute pas celles de Delafosse.

      Attention messieurs les érudits on va finir par croire que vous attribuez aux mots des pouvoirs magiques qui vont accentuer encore l’irréligion foncière de certains ! En bref : renoncez à vouloir manipuler la langue Française !

  • Aux origines de l’obsession autour de la #démographie de la vieille Europe :

    "En tant que telle, l’anxiété collective à l’égard d’un débordement démographique qui caractérise le volet quantitatif du mythe de l’islamisation ne date pas d’hier, mais plutôt des années 1950 en Europe, sans concerner à l’époque les musulmans en particulier, mais l’ensemble des peuples du tiers-monde. Au coeur de cette période de prospérité et de plein-emploi que l’on appelle les Trentes Glorieuses, les Européens regardent avec une certaine appréhension la distance qui se creuse entre eux, qui bénéficient de cette glorieuse prospérité, eux qui font de moins en moins d’enfants, et les plus pauvres qui en font de plus en plus, et qui sont géographiquement, juste de l’autre côté de l’étroite Méditerranée, en Afrique, au Moyen-Orient, un peu plus loin en Inde mais dans la continuité continentale, alors que la riche Amérique, elle est protégée par le vaste océan Atlantique. Et ce malgré le fameux baby-boom, qui durera, suivant les pays, en gros une vingtaine d’années à partir de 1946, et qui a été très loin d’endiguer le mouvement de fond de baisse de la natalité qui avait commencé dés l’entre-deux guerres et qui se poursuivra à partir des année 1970. Il semble aux Européens que l’écart entre leur monde vieillissant et opulent, se dépeuplant dangereusement, et un monde affamé se surpeuplant, risque de les conduire à la catastrophe. Comment empêcher, en effet, ces milliards d’êtres humains qui n’ont rien à perdre de franchir la fine palissade juridique qu’on appelle une frontière et qui les sépare de contrées d’où déborde une si désirable abondance ? Les aides au développement économique corrélatives des incitations à la limitation des naissances dans le tiers- monde propres à cette seconde partie du XXe siècle sont avant tout censées empêcher la réalisation de ce scénario catastrophe qui hante une Europe qui se sent démographiquement fragile, prise de vertige perchée au sommet de sa domination économique, culturelle et politique, au sommet même de sa domination coloniale. L’ambiance est au néomalthusianisme pour les pays du Sud et, à l’inverse, à l’incitation nataliste pour le Nord, par peur de la dénatalité européenne alimentée par exemple dès la sortie de la Seconde Guerre mondiale par les thèses du célèbre économiste, démographe et journaliste Alfred Sauvy. Ce dernier, conscient par ailleurs de la nécessité de recourir à l’immigration pour répondre aux besoins de main- d’oeuvre, se persuadera progressivement que le Sud, pauvre, jeune, débordant de vitalité va forcément finir par se « déverser » sur une Europe financièrement riche, mais vieillissante et déclinante. Ce « petit cap de l’Asie », pour reprendre une de ses expressions favorites, sera alors littéralement écrasé. #Sauvy n’est pourtant en rien un extrémiste, un raciste, ni même un nationaliste. Père de l’expression « tiers- monde », forgée par analogie avec le tiers- état afin de dénoncer l’exploitation dont sont victimes les pays les plus pauvres de la planète, il deviendra néanmoins, conforme en cela aux angoisses européennes les plus profondes des Trente Glorieuses, le prophète d’une Europe qui s’apprête à sombrer sous l’irrésistible déferlement des flots de populations allogènes..." (Raphael #Liogier, "Le Mythe de l’ #islamisation") #Eurabia