• Lecture d’un extrait du livre « Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant » de Claude Favre, paru aux éditions LansKine, en 2022.

    http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/ceux-qui-vont-par-les-etranges-terres-les-etranges-aventures-querant

    Imagine. Il existerait un peuple sans origines, sans mythes d’origine. Un peuple vaguant. Qui rêve. Ne se rêve peuple mais rencontres d’hommes conversant. Sait que les mythes sont mythes. Ne s’inquiète de sa venue au monde, mais de ce qu’il fera dans ce monde, de ce qu’il fera pour honorer sa venue au monde. Imagine des mots sans mesure, hors zone, sans baratins, de métamorphoses et surprises. Des mots d’hommes, non de soif de pouvoir, des noms sans étiquette, qui ne veulent poser je suis le, je suis premier, je suis d’origine, imposer j’ai le pouvoir, supérieure je suis femme, je me vengerai, je suis d’origine. Des mots sans slogans qui sont armes de guerres, des mots ivres par goût et liberté, ivres et heureux de dire de vergogne, je veux danser. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, ##Unpoèmede, #Littérature, #Poésie, #ClaudeFavre, #Histoire, (...)

    https://youtu.be/i87mtbckeUQ

  • Une adolescence à Southampton

    M.J. Arlidge en une série qui met en scène Helen Grace, cheffe d’une escouade de la police de Southampton. La solidarité de son équipe a été mise à mal. Helen a été accusée à tort et sort juste de 9 mois de prison. Les traces sont sensibles. Faisant office de commissaire, elle est confrontée à une série de meurtres apparemment sans lien entre eux.

    L’enquête se transforme vite en un portrait d’adolescentes en butte, à cause de son père alcoolique, au harcèlement de ses camarades. C’est aussi une immersion dans cette classe moyenne déclassée qui ne sait plus quelle est sa place dans cette société fortement marquée par les effets des politiques néo libérales, de baisse des dépenses sociale.

    Note sur : M.J. Arlidge : A la folie, pas du tout

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/10/09/une-adolescence-a-southampton

    #littérature #polar

  • Usbek & Rica - « Il n’est pas sûr que, dans quelques décennies, nous soyons encore capables de lire des classiques »
    https://usbeketrica.com/fr/article/il-n-est-pas-sur-que-dans-quelques-decennies-nous-soyons-encore-capable

    Vous écrivez : « Pourra-t-on encore lire de la littérature dans 50 ans  ? La question semble d’emblée comme une provocation voir un non-sens ». En quoi ne le serait-t-elle pas  ?

    Inès Sol Salas – En effet, on ne sait pas si, dans quelques décennies, nous serons encore capables cognitivement de lire des ouvrages littéraires exigeants dont font partie les classiques. L’universitaire et professeure de littérature américaine Katherine Hayles constatait déjà il y a quinze ans que 50 % de ses étudiants avaient des difficultés à lire les classiques, à cause de la numérisation de nos environnements. Les jeunes lecteurs peinent à porter une attention soutenue à du « non ludique », sans dopamine pour les stimuler. Ils sont dans ce qu’elle nomme l’« hyper attention » (capacité à se concentrer sur plusieurs objets en même temps, sur un temps court) et non plus dans une « attention profonde » nécessaire à la lecture. Pour Hayles, cela doit nous amener à modifier la manière dont on transmet la littérature aux jeunes en la ludifiant, avec des badges numériques, des récompenses, ou des moyens détournés… L’Éducation nationale en France essaie d’aller dans cette direction. Le philosophe Bernard Stiegler a été très critique avec la proposition de Hayles : pour lui, il faut revenir au contraire à une maîtrise attentionnelle pour redevenir producteur de savoir et de sens, et non consommateur passif de contenus. Il s’agit de résister à cette numérisation consumériste de l’attention… Sans résistance, nous risquons petit à petit d’aller vers une « littérature sans lecteurs ».

    Pour ne pas finir sur ce genre de note, quels chemins de résistance s’offrent à nous  ?

    Il nous faudrait, dans un premier temps, sans doute revenir à une véritable démocratisation culturelle, où l’accès à une offre exigeante et à son appropriation vaut pour toutes et tous. Favoriser également chez les jeunes cette maîtrise attentionnelle dont parle Stiegler, un temps à soi entier, qui ne soit pas morcelé par mille notifications et messages. Des établissements scolaires avaient par exemple proposé des temps de lecture silencieuse obligatoires toutes les semaines.

    #Lecture #CDI #Littérature #Culture #Livre

  • Au cœur de la prison des femmes de Marie-Annick Horel
    https://lejournalabrasif.fr/au-coeur-de-la-prison-des-femmes

    Au cœur de la prison des femmes de Marie-Annick Horel Au cœur du métier … Réflexions après la lecture de « Au cœur de la prison des femmes » de Marie-Annick Horel, Tallandier. Prison-éducation spécialisée, même combat ? Il y a quelques années, j’avais échangé avec une directrice de prison à la retraite, je lui avais parlé de mes directions dans l’action sociale, et elle m’avait dit : « au fond, on a fait le même métier ». Je ne l’ai pas contredite, j’avais bien compris qu’elle ne parlait pas de la répression mais du travail « d’accompagnement ». Je ne connais pas la part de vérité, ma seule expérience était un petit projet partagé avec une directrice de maison d’arrêt, où en effet nous avions le même souci de l’homme en devenir. La lecture de « Au cœur de la prison des femmes » abonde dans cette réflexion, mais pas (...)

    #Au_Féminin #Littérature

  • Lecture d’un extrait du livre « Les variations de Paul » de Pierre Ducrozet, paru aux éditions Actes Sud, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/les-variations-de-paul-de-pierre-ducrozet

    Paul Maleval voit les sons et les sent vibrer en lui. Sa synesthésie « s’étend bien au-delà d’un mélange de couleurs et de sons, de formes et de lumière, elle gagne sa vie entière. » Il voyage à travers le monde au gré des musiques qu’il invente. Il part à la découverte du jazz, du rock, du hip-hop, toujours à l’affût de nouveaux sons, à la rencontre des précurseurs et des génies musicaux. Variations de Paul est une fresque sonore sur la transmission, une odyssée de la musique qui entre en écho avec l’histoire du XXème siècle. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, #Famille, #Littérature, #Travail, #Fastfood, (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_les_variations_de_paul_pierre_ducrozet.mp4

    https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/variations-de-paul

  • Le tour de France vu par un auteur mexicain

    « Mort contre la montre » permet de s’insinuer dans les coulisses d’une compétition vedette du cyclisme mondial, le tour de France, un calvaire, un chemin de croix pour tous les coureurs des leaders jusqu’au dernier du peloton. Jorge Zepeda Patterson met en scène un franco-colombien né à Medellin, d’un père militaire français et d’une mère colombienne – Marc Moreau – qui trouve son salut dans le cyclisme en devenant « gregario », celui qui se sacrifie pour faire gagner le leader. L’éternel oublié, celui qui ne portera jamais le maillot jaune.

    note sur : Jorge Zepeda Patterson : Mort contre la montre
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/10/02/le-tour-de-france-vu-par-un-auteur-mexicain

    #littérature #roman

  • Lecture d’un extrait du livre « En salle » de Claire Baglin, paru aux éditions de Minuit, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/en-salle-de-claire-baglin

    Un job d’été à vingt ans dans un fast-food. Premiers pas dans le monde du travail qui rappelle celui du père. Deux récits alternés en deux temps qui s’entremêlent. D’un côté les souvenirs d’une enfance marquée par la figure d’un père ouvrier. De l’autre côté, un système de restauration dont l’unique but est de procurer à ses consommateurs un illusoire plaisir immédiat afin d’assurer productivité et profit décuplés. Un premier roman singulier dont l’économie de mots et la brièveté nous font ressentir la violence du caractère répétitif et dégradant de ce travail tout en nous révélant de l’intérieur ces modes de vies aliénant qui rendent dépendant d’un travail automatisé où consommation et production sont devenues indissociables. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, #Famille, #Littérature, #Travail, #Fastfood, (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_en_salle_claire_baglin.mp4

    https://leseditionsdeminuit.fr/auteur-Claire_Baglin-1865-1-1-0-1.html

  • Wu Ming 1 sur la gauche, les conspi, et l’Italie de 2022

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/090922/quand-la-gauche-ne-fait-pas-son-travail-le-conspirationnisme-remplit-l-esp

    Dans ce contexte [Italie sous pandémie], la gauche, même radicale, a complètement failli à sa fonction critique. Or l’absence de critique radicale construite et argumentée est la voie ouverte aux fantasmes conspirationnistes. C’est mathématique, si l’espace est vide, il sera rempli par les complotistes.

    Quel est l’état de la gauche italienne à l’approche des élections italiennes du 25 septembre ?

    Cadavérique. Bien sûr, il existe des mouvements de jeunes inquiets pour le climat, des mobilisations comme celle du Val de Suse, comparable avec votre ZAD, et il existe beaucoup de choses au niveau local. Mais à l’échelon national, la pandémie a donné le coup de grâce à une situation déjà très mauvaise. La gauche institutionnelle, le Parti démocrate (PD), est plus à droite que Macron, c’est dire. Même le mot de gauche est désormais haï. Beaucoup de gens ne l’utilisent plus. Et comme ils ne peuvent se dire « ni de droite ni de gauche », parce qu’ils savent que c’est la rhétorique fasciste, ils ne disent rien.

    • ESSAIS

      « Quand la gauche ne fait pas son travail, le conspirationnisme remplit l’espace »

      L’un des membres du collectif bolognais Wu Ming revient pour Mediapart sur les élections italiennes et le livre décisif qu’il a écrit sur le complotisme en général et QAnon en particulier.

      Joseph Confavreux

      9 septembre 2022 à 18h48


      En 1999, « Luther Blissett », un pseudonyme collectif subversif militant et artistique publie, chez l’éditeur italien Einaudi, un livre intitulé Q, qui devient rapidement un best-seller. L’intrigue du roman, traduit en français au Seuil l’an dernier, se déroule entre 1517 et 1555 et tisse un long duel à distance entre un hérétique aux multiples noms et un agent provocateur papiste répandant de fausses informations au moyen de lettres signées du nom biblique Qohélet.

      Vingt ans plus tard, les premières traces du mouvement QAnon sont pétries de références à cet ouvrage. Au point que lorsque des adeptes de ce mouvement convaincu de lutter aux côtés de Donald Trump contre un complot pédocriminel et sataniste réussissent à pénétrer dans le Capitole le 6 janvier 2021, le collectif italien Wu Ming, héritier du Luther Blissett Project, croule sous les demandes d’entretien pour savoir « s’il était vraiment plausible que ce qui avait déclenché un processus culminant dans une attaque du Parlement de la plus grande puissance mondiale, ça pouvait avoir été une blague inspirée d’un roman ».

      Tel est le point de départ de l’enquête généalogique menée par Wu Ming 1, Roberto Bui, l’un des membres du collectif Wu Ming, dans l’ouvrage Q comme complot. Comment les fantasmes de complot défendent le système, que publient les éditions Lux.

      Le livre, centré sur le phénomène QAnon, mais qui analyse aussi d’autres phénomènes similaires comme la prétendue mort dissimulée du chanteur Paul McCartney, la croyance que les Américains ne seraient jamais allés sur la lune ou les DUMB (Deep Underground Military Bases) dans lesquelles des monstres garderaient des millions d’enfants prisonniers, constitue sans doute l’ouvrage le plus précis publié récemment sur des sujets où le fantasme, l’invective, le mépris ou les banalités tiennent le plus souvent lieu de propos.

      En premier lieu, l’ouvrage emploie un procédé rhétorique simple mais efficace qui consiste à cesser de parler de « théories du complot » pour traduire « conspiracy theory », en rappelant que le terme de « theory » n’a pas le même sens en anglais, où il désigne davantage une hypothèse, voire une élucubration, qu’en français ou en italien, où il est nimbé d’une aura de sérieux. En s’intéressant à des « fantasmes de complots », à des narratifs, à des mécanismes, à des généalogies, à des correspondances, il est plus aisé de comprendre ce qui se joue qu’en opposant mécaniquement une théorie frelatée à une vérité établie.

      Ensuite, il refuse de stigmatiser et de pathologiser celles et ceux qui tombent dans le « trou du lapin » – référence à Alice au pays des merveilles désignant le glissement vers une réalité alternative –, et de juger « complotiste quiconque ne se content[e] pas des narrations officielles, des apparences immédiates, des argumentaires du pouvoir ».

      La pire erreur, juge l’auteur, serait de lier l’emprise de QAnon à un problème de stupidité, d’ignorance ou de maladie mentale, d’autant qu’elle se loge dans une erreur complémentaire, « celle qui consiste à croire que les sectes ne recrutent qu’à droite, parmi les fascistes et les réactionnaires variés. L’éducation, l’intelligence, la santé mentale, l’appartenance à la gauche : rien de tout cela n’immunis[e] automatiquement contre QAnon. »

      Enfin, il se démarque d’une attitude inverse, répandue dans une certaine gauche, qui consiste à minimiser l’importance et les effets de ces fantasmes de complot, au motif qu’il existe de véritables conspirations des puissants, et que ces derniers se servent du syntagme et stigmate « complotiste » pour délégitimer leurs adversaires. Certes, se jouent derrière le rideau des décisions défavorables, voire déflagratoires pour les peuples. Certes, les fantasmes satanistes, les emprises ésotériques ou les délires collectifs ne datent pas d’aujourd’hui. Mais le phénomène QAnon signale l’entrée dans une nouvelle ère du fantasme complotiste qui ne peut se balayer facilement, parce qu’elle entrave la possibilité de s’émanciper des méfaits du système économique et politique contemporain.

      « Si les fantasmes de complot étaient si répandus, s’ils avaient une telle emprise, cela signifiait qu’ils remplissaient une fonction. Une fonction systémique », écrit ainsi l’auteur. En arrachant le sujet du complotisme à la morale pour effectuer un massif travail d’histoire et d’analyse, Q comme complot valide l’hypothèse qu’il formule, dès son sous-titre, à savoir que cette fonction systémique consiste, in fine, à protéger un système à bout de souffle.

      « Pour utiliser une métaphore d’électricien, le conspirationnisme était la prise de terre du capitalisme : il évacuait la tension vers le bas et empêchait que les personnes soient foudroyées par la conscience que le système devait être changé », écrit Wu Ming 1.

      Entretien sur QAnon, les mécanismes du complotisme mais aussi les élections italiennes à venir.

      Qu’est-ce que Wu Ming et comment le situer par rapport au Luther Blissett Project ?

      Wu Ming 1 : Le Luther Blissett Project regroupait une centaine d’artistes et d’activistes, partageant le même nom, pour revendiquer des actions politiques, des performances de rue, des vidéos, des fanzines, des canulars médiatiques, des livres, des émissions de radio…

      Il était explicitement construit pour brouiller l’identité de ses auteurs, et construire un personnage mythique et provocateur qui se situe quelque part entre le bandit social et le « trickster », le filou. Nous avions choisi le nom d’un footballeur connu pour ses piètres performances au début des années 1990.

      Agrandir l’image
      « Luther Blissett » est devenu très populaire dans la culture populaire italienne à la fin des années 1990, et sa célébrité a culminé avec la publication du roman Q, que nous avions été quelques-uns à écrire, qui s’est vendu à plus de 700 000 exemplaires et a été traduit en de nombreuses langues.

      Après la publication de ce roman, cinq d’entre nous ont décidé de se consacrer plus spécifiquement à l’écriture et de prendre un nom collectif. Wu Ming est un jeu de mots, car en chinois, selon l’intonation, cela peut signifier « sans nom » ou « cinq noms » : à l’époque nous étions cinq, maintenant nous ne sommes plus que trois.

      En refusant de mettre nos noms sur les couvertures des livres, de passer à la télévision ou d’être photographiés, nous voulions refuser la machine médiatique consistant à transformer les écrivains en stars, mais nos noms ne sont pas secrets. Je suis Roberto et je suis Wu Ming 1, non parce que je serais le chef, mais parce que nous avons choisi nos noms de plume en fonction d’un simple ordre alphabétique !

      Nous avons écrit des livres et des essais, seul ou à plusieurs, en cherchant souvent à publier des objets narratifs non identifiés, hybrides d’enquête et de littérature. Ce livre-ci, j’ai mis trois ans à l’écrire, mais il est le fruit de deux décennies de recherches sur les fantasmes de complot que nous avions étudiés, démontés et parfois inventés depuis l’époque du Luther Blissett Project.

      Vous sentez-vous en partie responsable de l’essor du mouvement QAnon ?

      Absolument pas. Mais il est très plausible que l’initiateur de ce jeu horrible connaissait notre roman. Il y a trop de coïncidences, notamment avec ce personnage qui envoie des messages cryptiques signés « Q », affirmant qu’il est très bien placé dans les cercles du pouvoir et qu’une bataille finale se prépare. La première personne qui a envoyé une de ces fameuses « Q drop » sur le forum 4chan connaissait sans doute notre roman et nos canulars sur le pédosatanisme. Mais voulait-elle seulement jouer de la crédulité des partisans de Trump, s’amuser un peu, ou partageait-elle les fantasmes ? Toujours est-il que le phénomène lui a sans doute échappé, même si le tout début de QAnon demeure mystérieux. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas impliqués dans la création de QAnon, mais les échos entre les débuts du phénomène et ce que nous avions écrit m’ont poussé à vouloir approfondir la manière dont ce qui était au départ un jeu avait été exploité pour devenir un monstre.

      Comment expliquez-vous le succès inédit de QAnon parmi les différents fantasmes de complot qui ont pu exister ?

      C’était le bon narratif dans le bon tempo. En réalité, il s’agit d’une synthèse d’histoires, de mouvements, de symboles, de croyances qui sont présents depuis déjà longtemps, mais qui ont vu en Donald Trump, à son accession à la Maison Blanche, cette figure messianique espérée par beaucoup.

      Mais QAnon n’aurait pu connaître un tel succès sans les réseaux sociaux et un moment où l’information était principalement formée par eux. QAnon était un réseau dans le réseau. Il était une forme mimétique du Net et se développait en même temps que lui, en pouvant ainsi toucher des millions de personnes.

      Aujourd’hui, la situation est quelque peu différente, avec la défaite électorale de Trump en 2020, l’envahissement du Capitole le 6 janvier et les mesures prises par les grandes plateformes, QAnon est devenu moins visible.

      À LIRE AUSSI
      « Hold-Up » : les QAnon et l’extrême droite en embuscade
      17 novembre 2020
      L’impensé colonial de la politique migratoire italienne
      24 décembre 2019
      Mais le phénomène continue à se développer, avec des courants plus souterrains, qui doivent continuer à nous inquiéter. En particulier ce qu’on peut apercevoir d’une hybridation entre QAnon et des mouvements New Age, écologistes, post-hippies, que nous avons longtemps associés à la gauche et qui adoptent des narratifs de plus en plus complotistes à la faveur de la pandémie de Covid et de la façon dont elle a été gérée.

      On voit apparaître une sorte de « droite cosmique » qui associe les thématiques habituelles de la droite dure en les inscrivant dans une sorte de constellation spirituelle et une esthétique psychédélique. QAnon a fourni le contexte de cette inquiétante jonction avec le New Age, et le management de la pandémie a créé les conditions pour que cela devienne un phénomène global.

      Si QAnon est un phénomène du XXIe siècle qui n’aurait jamais pu avoir lieu au XXe siècle, ses racines sont cependant très anciennes. Il reprend des narratifs remontant au Moyen Âge, telles les accusations faites aux juifs de se nourrir du sang d’enfants. Un apport de ce livre est ainsi, par la généalogie, de montrer que QAnon n’est pas un phénomène purement américain, comme on l’a beaucoup dit. Oui, l’arbre se trouve aux États-Unis, mais les racines se trouvent en Europe. Ce qui explique aussi pourquoi les phénomènes post-QAnon contemporains se développent aussi et facilement de ce côté de l’Atlantique.

      Vous écrivez que QAnon a réussi la singularité conspirationniste. Qu’est-ce que cela signifie ?

      La singularité est un concept jugeant qu’il existe un moment où un changement qui pourrait paraître isolément anodin fait en réalité franchir un seuil séparant un monde où il reste des repères d’un espace chaotique. Au printemps 2020, aidé par le Covid, QAnon avait réalisé cette « singularité conspirationniste », ce passage soudain d’un état à un autre, à une échelle vaste et imprévisible, en tout cas disproportionnée par rapport au déclencheur.

      Agrandir l’image
      Un militant brandit un grand panneau "Q" lors d’un meeting de Donald Trump, le 2 août 2018, à Wilkes Barre, en Pennsylvanie. © Photo Rick Loomis / Getty Images via AFP
      La singularité conspirationniste, c’est ainsi le point où de nombreuses communautés conspirationnistes se rencontrent et se fondent. QAnon a absorbé et digéré tout ce qui tournait autour des ovnis, des Kennedy, du « grand remplacement », des reptiliens, des juifs, des satanistes…

      QAnon n’est toutefois pas le premier exemple de singularité conspirationniste. Après la Révolution française, il existe une forme similaire de convergence des différents fantasmes de complot, notamment sous la plume du prêtre français Augustin Barruel, qui décrit la Révolution française comme l’aboutissement d’un complot préparé depuis deux mille ans par les francs-maçons, les Illuminati et d’autres groupes…

      À vous lire, les fantasmes conspirationnistes et les conjurations réelles fonctionnent de façon très différente.

      Il est essentiel de ne pas oublier que les conspirations existent réellement. L’histoire politique en compte plein. Le crime organisé est fondé là-dessus. Mais les complots réels, qu’il s’agisse du Watergate ou des fausses preuves forgées pour envahir l’Irak, ont un objet précis, impliquent un nombre d’acteurs limités, sont souvent imparfaits et découverts, et sont le reflet d’un moment historique donné.

      Au contraire, les complots fantasmés apparaissent vastes et illimités, et reposent sur le sentiment que tout ce qui arrive, même quand cela a l’air d’aller à son encontre, fait partie du plan. Et ils sont anhistoriques, transcendant toutes les époques et les contextes, puisqu’ils sont en cours depuis siècles.

      En quoi les fantasmes de complot protègent-ils le système ?

      Ils renforcent plus qu’ils ne minent l’état des choses. Parce qu’ils servent de distraction sur les fonctionnements réels du capitalisme, notamment par la surpersonnalisation. Bill Gates peut être considéré comme un adversaire. La vision de la santé promue par la fondation Gates, qui travaille avec des multinationales comme BASF, Dow Chemical, GlaxoSmithKline, Novartis et Pfizer, s’adosse à une infatigable défense de la propriété intellectuelle et impose des modèles néfastes dans les pays du Sud, est une cible légitime. Mais avec l’idée que Gates aurait planifié la pandémie pour implanter des nanoparticules dans notre corps pour le contrôler à distance, le principal résultat obtenu est d’inhiber les critiques portant sur ce qu’il fait vraiment.

      Chaque minute consacrée aux chemtrails est soustraite aux vraies batailles en faveur de l’environnement.

      Wu Ming 1
      Les fantasmes conspirationnistes piratent les énergies qui pourraient servir de carburant à la révolution et au changement social : le mécontentement, la rage, le sentiment d’être maltraité par le système. Même si les personnes qui adhèrent à ces fantasmes de complot pensent sincèrement être contre le système, en réalité, elles le renforcent. On a vu comment les mouvements sociaux étaient facilement délégitimés quand ils étaient accusés d’être complotistes.

      Les fantasmes de complot antisémites sur Rothschild n’ont jamais atteint le capital financier, mais ont mené à l’assassinat de millions de personnes. Les légendes haineuses sur Soros et l’immigration n’ont pas non plus atteint le capital mais ont fait croître la xénophobie. Chaque minute consacrée aux chemtrails est soustraite aux vraies batailles en faveur de l’environnement. De cette manière, les fantasmes de complot semblent viser haut mais frappent en réalité bas.

      QAnon a dépeint les puissants comme de vrais vampires. Le sang n’est ainsi plus une métaphore de la force de travail, du temps de vie, de l’existence prolétarienne dans les rapports sociaux : c’est du sang, un point c’est tout. Bu par Hillary Clinton, George Soros ou Joe Biden. Et croire en QAnon aide aussi à ne pas se sentir floué : on dirait que Trump ne fait rien pour les pauvres, mais en réalité il mène une bataille secrète contre les pédophiles qui contrôlent la planète…

      Pourquoi jugez-vous que le livre d’Umberto Eco, Le Pendule de Foucault, est essentiel pour comprendre les conspirationnismes contemporains ?

      Quand j’ai lu ce livre dans les années 1980, alors que j’étais encore adolescent, je n’ai rien compris, il y avait trop de références mystiques, d’occultisme. Mais je l’ai repris après avoir entendu parler de QAnon et c’est un ouvrage en tous points prémonitoire. C’est un vrai chef-d’œuvre pour comprendre les mécanismes à l’œuvre dans les complots et c’est pour cela que j’ai demandé au fils d’Umberto Eco la permission d’emprunter les noms des personnages du Pendule de Foucault pour dialoguer avec eux dans mon ouvrage.

      Au départ, l’histoire est celle de trois éditeurs qui veulent imiter et parodier la logique fallacieuse des complotistes en en produisant un qui expliquerait l’histoire entière du monde. « Nous – les sardoniques – nous voulions jouer à cache-cache avec les diaboliques, leur montrant que, si complot cosmique il devait y avoir, nous savions, nous, en inventer un, que plus cosmique que ça vous pouvez toujours courir », s’amusent-ils.

      Naît ainsi ce qu’ils nomment « Le Plan » qui, pour résumer, juge que les conspirateurs de toutes les époques, ou prétendus tels – des templiers aux Juifs, des rose-croix au francs-maçons, des jésuites aux nazis – avaient cherché à contrôler les courants telluriques, le monde souterrain. Tous les événements de l’histoire – chaque guerre, conjuration et révolution – auraient dépendu de ce qui se passait littéralement sous terre. Dans leur reconstitution burlesque, Hitler n’aurait jamais eu comme intention principale d’exterminer les Juifs mais voulait leur dérober un message pour devenir le maître du monde.

      Mais ces trois éditeurs, partis avec l’intention de se moquer d’une telle approche, commencent à y succomber, à voir le monde sur un mode hallucinatoire en reliant tous les éléments épars à la lueur d’un grand complot venu de loin.

      Le roman d’Eco n’est pas, selon moi, une parodie du conspirationnisme, comme l’ont pensé certains critiques superficiels, mais un apologue sur le fait qu’il est vain, contre-productif et même dangereux de parodier les complotistes. C’est un récit édifiant qui rappelle que la satire sur le conspirationnisme peut amuser ceux qui étaient déjà sceptiques, mais pour ceux qui voient des complots partout, les caricatures ou les interprétations excessives n’existent pas.

      On a parlé de « post-ironie » pour évoquer la version endurcie et aiguisée de la communication de l’alt-right américaine. La post-ironie produit des « énoncés invulnérables » parce que, présentés comme des « plaisanteries », ils désarment préventivement la moindre critique, alors que leurs contenus odieux abaissent chaque fois le curseur de l’acceptable.

      Comment lutter contre les fantasmes de complot si ni l’ironie ni la démystification ne fonctionnent ?

      Le fact-checking [vérification des faits] est nécessaire, mais n’est pas du tout suffisant, et ne permet pas de convaincre les personnes qui croient aux fantasmes de complot. Or, c’est grave, non seulement cela protège le système, mais cela déchire des familles entières. Si votre mère tombe dans le « trou du lapin », ce n’est pas en lui mettant la réalité sous les yeux que vous l’en ferez sortir. Mais si elle tombe dans le trou, c’est parce qu’elle souffre, qu’elle cherche un sens à sa vie, qu’elle est fâchée avec la politique, qu’elle est impuissante face à la pollution… La question est donc moins de répéter que les narratifs conspirationnistes sont faux, mais de comprendre à quels besoins ils répondent, quelles frustrations ils révèlent, et d’offrir d’autres solutions.

      Le travail de Conspiracy Watch est accablant, ils font beaucoup plus de mal que de bien.

      Wu Ming 1
      L’autre aspect important est de comprendre les noyaux de vérité autour desquels se forment les fantasmes complotistes, car il en existe toujours. Tout fantasme de complot, même le plus insensé, part toujours d’un noyau de vérité, même s’il élève ensuite des balivernes dessus.

      La troisième chose essentielle est de ne pas mépriser les gens qui y croient, comme le font de nombreux « fact-checker ». Le travail de Conspiracy Watch est à cet égard accablant, ils font beaucoup plus de mal que de bien. Il ne faut pas partir des choses qui nous séparent mais de ce qu’on peut partager : oui, le système est abominable ; oui, il y a des puissants qui se foutent de vous ; oui, la planète est en train d’être détruite. Mais pas forcément de la manière dont vous le pensez.

      Une partie de votre livre est consacrée au « virocentrisme », une notion que Wu Ming a déjà développée ailleurs. Que désignez-vous ainsi et en quoi est-ce un souci ?

      En Italie, nous avons sans doute eu la pire gestion de la pandémie dans le monde, avec un confinement très strict, militarisé, et la désignation de boucs émissaires, en envoyant des drones pour repérer si personne n’allait faire un jogging sur une plage ou une randonnée en forêt, alors que le risque de contagion était nul.

      Tout était centré sur l’obsession inatteignable de rendre la contagion impossible, mais sans jamais remettre en cause le fait que la médecine de proximité avait été laminée, que la privatisation de la santé était avancée, et que donc tout le monde se retrouvait massé aux urgences, où beaucoup de gens se sont contaminés.

      La Lombardie, qui est la région où la mortalité a été la plus forte, est aussi la région où la santé avait été la plus brutalement privatisée et centralisée. Mais en dépit de cela, nos gouvernements faisaient peser le développement de la maladie sur la seule responsabilité personnelle, sans jamais regarder les structures sous-jacentes. On situait tout sur un plan moral, jamais sur un plan politique.

      Dans ce contexte, la gauche, même radicale, a complètement failli à sa fonction critique. Or l’absence de critique radicale construite et argumentée est la voie ouverte aux fantasmes conspirationnistes. C’est mathématique, si l’espace est vide, il sera rempli par les complotistes.

      Quel est l’état de la gauche italienne à l’approche des élections italiennes du 25 septembre ?

      Cadavérique. Bien sûr, il existe des mouvements de jeunes inquiets pour le climat, des mobilisations comme celle du Val de Suse, comparable avec votre ZAD [zone à défendre], et il existe beaucoup de choses au niveau local. Mais à l’échelon national, la pandémie a donné le coup de grâce à une situation déjà très mauvaise. La gauche institutionnelle, le Parti démocrate (PD), est plus à droite que Macron, c’est dire. Même le mot de gauche est désormais haï. Beaucoup de gens ne l’utilisent plus. Et comme ils ne peuvent se dire « ni de droite ni de gauche », parce qu’ils savent que c’est la rhétorique fasciste, ils ne disent rien.

      À propos de fascisme, que pensez-vous de l’expression de « post-fasciste » employée au sujet du parti Fratelli d’Italia, qui fait la course en tête dans les sondages ?

      Fratelli d’Italia est l’héritier en ligne directe du Mouvement social italien, un parti fondé en 1946 par les vétérans de la collaboration avec le nazisme. Il est donc issu de ladite « République sociale italienne », ou République de Salo, l’État fasciste établi par Mussolini dans le centre et le nord de l’Italie entre 1943 et 1945, après sa libération par les SS et alors que les Alliés contrôlaient le sud de l’Italie.

      Le chantage au risque fasciste ne fait plus peur à personne.

      Même si la constitution interdisait les partis fascistes, le Mouvement social italien, ouvertement néofasciste, a été toléré. Et le parti de Giorgia Meloni est le produit assumé de cette histoire. Mais le chantage au risque fasciste brandi, encore cette fois, par les partis néolibéraux a été fait tellement de fois que l’argument éculé du moindre mal ne fait plus peur à personne.

      Le dégoût de la politique a atteint des proportions astronomiques et beaucoup - dont je fais partie - ne vont plus voter. Si la participation dépasse les 50 %, ce sera déjà beaucoup. Bien sûr, on n’attend pas pour voter d’être d’accord avec 100 % du programme d’un parti, mais là, quand on est de gauche, on ne peut pas partager plus que 10 % de ce que nous proposent les partis en lice.

      Quelles leçons tirez-vous de l’effondrement du Mouvement Cinq Étoiles ?

      Le Mouvement Cinq Étoiles n’était qu’apparence, et n’avait pas de substance. C’était un mouvement poujadiste repeint en vert, et encore la couche de peinture était extrêmement fine. Quand ils étaient alliés avec la Ligue du Nord, ils ont suivi sa politique sur les migrants. Quand ils ont changé d’alliance pour se rapprocher du PD, ils ont suivi sa politique ultralibérale. Ils ont été punis par leur base électorale parce qu’ils ne constituaient pas une alternative réelle. Et, depuis mon poste d’observation, je remarque aussi qu’ils ont constitué un pont pour plusieurs personnes de gauche vers le conspirationnisme.

      Joseph Confavreux

      Boîte noire
      L’entretien a été réalisé à Paris mercredi, en anglais et, à la demande de Wu Ming 1, aucune photo n’a été prise de l’auteur.

    • viser haut, frapper bas

      il se démarque d’une attitude (...) répandue dans une certaine gauche, qui consiste à minimiser l’importance et les effets de ces fantasmes de complot, au motif qu’il existe de véritables conspirations des puissants, et que ces derniers se servent du syntagme et stigmate « complotiste » pour délégitimer leurs adversaires.

      (...) on peut apercevoir d’une hybridation entre QAnon et des mouvements New Age, #écologistes, post-hippies, que nous avons longtemps associés à la gauche et qui adoptent des narratifs de plus en plus complotistes à la faveur de la #pandémie de #Covid et de la façon dont elle a été gérée.

      Wu Ming, pour une nouvelle #littérature_épique - Rencontre avec un collectif anonyme, Isabelle Mayault
      https://www.cairn.info/revue-du-crieur-2018-1-page-64.htm

      #Wu_Ming #Roberto_Bui #histoire #enquête #conspirations #fantasme_complotiste #conspis #trou_du_lapin #réalité_alternative #QAnon #fact-checking #droite_cosmique #singularité conspirationniste (2020) #surpersonnalisation

  • Lecture d’un extrait du livre « Les sables » de Basile Galais, paru chez Actes Sud, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/les-sables-de-basile-galais

    Dans une ville portuaire à l’atmosphère d’intranquillité, déstabilisante et déroutante, le paysage donne le vertige autant qu’il inquiète avec son climat mystérieux tout en clair-obscur. L’information sur les réseaux de la mort du Guide désole la foule éplorée des habitants, très vite démentie, transformée en fake news qui tourne en boucle sur les chaînes d’informations en continu. Chaque personnage livre à distance sa version imparfaite des faits, parcellaire. Leurs relations se tissent au fil des chapitres « dans des couches de réalités indistinctes. » Sans doute est-ce dans cette instabilité constante que se construit cette histoire de disparition et d’oubli, ce roman sur le temps et la mémoire, insaisissable et mouvant comme les sables. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #Art, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Voix, #Littérature, #Vérité, #Réel, #FakeNews (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_les_sables_basile_galais.mp4

    https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/les-sables

  • Des colonies à l’Empire fasciste. La conquête de l’Afrique racontée aux enfants italiens

    En Italie, la conquête et la colonisation de l’Afrique se sont inscrites dans la #littérature pour l’enfance au fur et à mesure de l’occupation des territoires, en correspondance avec l’évolution idéologique qui l’accompagna. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, lorsque l’Italie libérale entreprend l’occupation de la #corne_de_l’Afrique, en Érythrée puis en #Somalie, la colonisation trouve quelques échos dans les romans de #Salgari. On trouve aussi des textes qui célèbrent l’#héroïsme des soldats tombés au combat en affrontant des indigènes barbares et cruels, et d’autres qui critiquent la politique coloniale de l’État. Au début du XXe siècle, les ambitions coloniales semblent avoir été mises entre parenthèses ; des #romans africains d’aventures, écrits sur le mode de la #parodie, tournent en ridicule les Africains pour faire rire les plus petits. Ensuite la guerre de Libye (1911-1912) marque un tournant, et dans les ouvrages publiés au moment de la campagne perce la nouvelle idéologie nationaliste. Après la Grande Guerre, le fascisme au pouvoir veut créer la « conscience coloniale » des Italiens, en y associant la littérature pour l’enfance. Lors de la guerre d’Éthiopie paraissent de nombreux #contes et #romans qui racontent la #campagne_militaire sous diverses formes fictionnelles, allant du conte au roman. Cette production présentera la conquête éthiopienne comme une #aventure enthousiasmante pour les enfants italiens, et la colonisation comme un immense bienfait pour les enfants indigènes.

    https://journals.openedition.org/strenae/322

    #impérialisme #Italie #colonialisme_italien #Italie_coloniale #histoire #colonialisme #colonisation #Italie #Erythrée #nationalisme #littérature_pour_enfants

    –—

    ajouté à la métaliste sur la #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    via @olivier_aubert

  • Pourquoi lit-on toujours ? | CNRS Le journal
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/pourquoi-lit-toujours

    Qu’ils nous permettent d’expérimenter d’autres vies ou de prendre conscience de certaines réalités, les livres tiennent encore aujourd’hui une place centrale dans notre société. Comment expliquer ce succès intemporel  ? Quelles sont les évolutions récentes de la littérature  ?

    #Littérature #Français #Livre #Lecture

  • Lecture d’un extrait du livre « Musée Marilyn » d’Anne Savelli, paru chez Inculte, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/musee-marilyn-d-anne-savelli

    Il y a 60 ans disparaissait Marilyn Monroe, actrice, mannequin et chanteuse américaine, au sommet de sa gloire. De très nombreux livres ont été écrits sur la star hollywoodienne, essais et romans, mais aucun ne s’est réellement intéressé à la création de son image par la photographie. Anne Savelli nous invite à découvrir les multiples facettes de Marilyn Monroe que nous croyons tous connaître, en nous faisant visiter les salles d’une exposition imaginaire où chaque séance photo présente le travail de l’actrice et de la chanteuse, ainsi que sa relation déterminante aux photographes qui l’ont prises en photo, complices ou duplices, parmi lesquels André de Dienes, Eve Arnold, Milton H. Greene, Cecil Beaton, ou Richard Avedon. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #Art, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, #Voix, #Littérature, #MarilynMonroe, #Inculte, #Cinéma, #Photographie, (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_muse_e_marilyn_anne_savelli.mp4

    https://inculte.fr/produit/musee-marilyn

  • Une grande romancière ignorée en France… jusqu’à présent

    Gayl Jones, éditée pour la première fois par Tony Morrison – prix Nobel de littérature 1993 qui nous a quittés récemment – en 1975 pour « Corregidora » aujourd’hui traduit en français. Dés sa parution, nous indique l’éditeur Dalva, ce roman a été considéré comme un classique et enseigné dans les écoles. A le lire, on en comprend les raisons.

    Note sur : Gayl Jones : Corregidora

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/08/21/une-grande-romanciere-ignoree-en-france-jusqua

    #littérature #roman

  • La science-fiction en prise avec le monde réel

    https://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/EVANGELISTI/1928

    « Avec la métaphore, la science-fiction a su percevoir, mieux que toute autre forme de narration, les tendances évolutives (ou régressives) du capitalisme contemporain. Cela lui a souvent permis de dépasser les limites habituelles de la littérature et de se répandre dans les mœurs, les comportements, les façons de parler ordinaires, dans la vie quotidienne, en un mot. Le courant cyberpunk, encore actif il y a une dizaine d’années, en est l’exemple principal. Pour la première fois dans l’histoire, et bien avant les développements actuels d’Internet, de nombreux écrivains prenaient comme thème de leurs romans cette forme de relation entre l’homme et la machine qu’est l’informatique.
    (...)
    On avait déjà vu la littérature populaire influencer la vie (voir le feuilleton du XIXe siècle ou les retombées sociales des romans d’Eugène Sue), mais jamais de façon si massive et systématique. Au point que le cyberpunk ne s’est pas éteint de faiblesse, mais parce qu’il était devenu superflu, face à son expansion hors du champ narratif. Je ne crois pas que d’autres courants littéraires puissent se vanter d’une fin aussi glorieuse. »

    #SF #littérature

  • Lecture d’un extrait du livre « Terres voraces » de Sylvain Estibal, paru chez Actes Sud, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/terres-voraces-de-sylvain-estibal

    Le récit de Sylvain Estibal se déroule dans le Guerrero, un État du sud-ouest du Mexique. Une jeune fille est enlevée un soir de match de finale de foot avec le Barça alors que la jeune fille portait le maillot de son idole Lionel Messi. Lucia, sa mère, ne peut se résoudre à ne pas savoir où sa fille se trouve, alors elle fouille les fosses, se rend à la morgue, elle interroge, elle enquête, elle creuse dans les clairières, partout où des corps sont enterrés à la va-vite par les gangs, les cartels. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #Art, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, #Voix, #Littérature, #Mort, #Football, #Mexique, (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_terres_voraces_sylvain_estibal.mp4

    https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/terres-voraces

  • Le flou de l’enfance et la machine à fabriquer les filles

    Une suite d’images probablement dans les années 70 ou 80, une enfant et son corps, « A quel moment / je suis devenue fille / à quel moment / je n’ai plus été un garçon », des souvenirs, « du toit, je prends une photo sans clôtures ni bruits de fond », une mère conductrice de transports en commun, « elle donne des coups d’accélérateur dans un monde exclusivement masculin », des jeux et des gestes, « je me débats pour ne pas tomber dans le panneau de fille ou de garçon, comme mon corps se déploie dans l’essence enfantine du flou ».

    note sur : Muriel Roche : ma peau de fille

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/08/06/le-flou-de-lenfance-et-la-machine-a-fabriquer-

    #littérature

  • Lecture d’un extrait du livre « Dans la maison rêvée » de Carmen Maria Machado (traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Cohen), Christian Bourgois éditeur, 2021.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/dans-la-maison-revee-de-carmen-maria-machado

    Dans la maison rêvée raconte les émois du début de la relation amoureuse d’un couple de femmes dans laquelle la violence s’installe insidieusement et dans la brutalité des disputes, les tensions, l’envie de faire mal à l’autre. Le roman prend la forme d’un kaléidoscope de courts chapitres placés sous le signe d’une forme ou d’un style littéraire (voyage dans le temps, confession, roman d’apprentissage, texte érotique, livre dont vous êtes le héros, etc.) fournissant chacun par leur titre un angle d’approche différent sur le sujet de la violence à l’intérieur du couple. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #Poésie, #Art, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, #Voix, #Littérature, #Couple, #Amour, #Traduction (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_dans_la_maison_re_ve_e_carmen_maria_machado.mp4

    https://bourgoisediteur.fr/catalogue/dans-la-maison-revee

  • Il y eut des jours et des nuits blancs

    Dans le monde des employés polemploi (et de leurs cravates multicolores), de l’adaptabilité, de la flexibilisation, de « la ludification des rapports entre collaborateurs et responsables », du ministère de la Volonté du travail, des décrocheurs, du déficit d’adaptabilité, du « boostage » de parcours professionnel, des stages « de formation pour aidants à la formation animée par un formateur de formatants », un homme, Julien, dont la seule « compétence » semble être la capacité de rêver.

    Note sur : Christiane Veschambre : Julien le rêveur

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/29/il-y-eut-des-jours-et-des-nuits-blancs

    #littérature #roman

  • Lecture d’un extrait du livre « Provisoires » de Christophe Manon paru aux éditions NOUS, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/provisoires-de-christophe-manon

    Provisoires de Christophe Manon développe cinq séries de poèmes distincts d’un point de vue formel qui saisissent l’éphémère de nos vies, l’intensité de l’instant, « passions joies / détresses et rage », la beauté du monde, malgré l’écoulement irrépressible du temps. « Le temps / et non l’instant ni l’éternité qui délivre / de cette dérisoire succession d’épiphanies cette / profusion d’effrois de larmes lumineuses. » (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #Poésie, #Art, #En_lisant_en_écrivant, #Enfance, #Podcast, #Voix, #Littérature, #Temps (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_provisoires_christophe_manon.mp4

    https://www.editions-nous.com/manon_provisoires.html

  • De Baruch Weil à Marcel Proust
    https://laviedesidees.fr/De-Baruch-Weil-a-Marcel-Proust.html

    Proust était-il « déjudaïsé », voire « antisémite » comme on l’a dit ? À l’occasion d’une exposition au Musée d’art et d’histoire du #judaïsme et de la parution de son ouvrage Proust du côté juif, Antoine Compagnon fait le point sur ce qu’on sait de la famille maternelle de l’écrivain et de sa réception par les milieux sionistes dans les années 1920.

    #Histoire #antisémitisme #Entretiens_vidéo #littérature #homosexualité #XIXe_siècle #roman

  • Lecture d’un extrait du livre « Journal de nage » de Chantal Thomas paru aux éditions du Seuil, collection Fiction & Cie, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/journal-de-nage-de-chantal-thomas

    Dans le journal de son été 2021, entre Nice et Paris, Chantal Thomas poursuit l’entreprise entamée en 2017 avec Souvenirs de la marée basse, portrait de sa mère en nageuse. Nager pour elle, c’était s’émanciper, s’éloigner, s’ouvrir au monde, se lâcher, s’abandonner, offrir son corps nu au plaisir. Chantal Thomas pratique la nage et non la natation, précision importante. « Tout ce qui n’est pas immergé avec moi, à l’instant, s’irréalise. » Elle éprouve toutes le sensations du plaisir de la nage, de la détente du corps dans une eau plutôt fraîche, au mois de juin. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #Art, #En_lisant_en_écrivant, #Mer, #Natation, #Podcast, #Voix, #Littérature, #Nature (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_journal_de_nage_chantal_thomas.mp4

    https://www.seuil.com/ouvrage/journal-de-nage-chantal-thomas/9782021504590