• « La Subsistance. Une perspective écoféministe » par Veronika Bennholdt-Thomsen & Maria Mies
    https://topophile.net/savoir/la-subsistance-une-perspective-ecofeministe-par-veronika-bennholdt-thomse

    Voici un ouvrage exceptionnel, particulièrement bien traduit par Annie Gouilleux, qui ne peut laisser indifférent quiconque recherche la plus large autonomie pour chacune et chacun dans le plus grand respect envers le vivant. Maria Mies (1931-2023) est une sociologue, ayant cosignée avec Vandana Shiva, Écoféminisme,traduit en français chez L’Harmattan en 1999, Veronika Bennholdt (née en... Voir l’article

  • Fratellino

    È alla ricerca del fratello piccolo, partito con l’intenzione di raggiungere l’Europa e mai arrivato, che Ibrahima Balde lascia la Guinea e il lavoro di camionista, per intraprendere un viaggio che non voleva fare, ma che è comune a migliaia di africani.
    Questo romanzo è la cronaca, lucida ed essenziale, della vita di Ibrahima Balde, da lui stesso raccontata, e trascritta dal poeta Amets Arzallus Antia. Una voce che ci fa capire, senza vittimismo ma in tutta la sua drammaticità, cosa sono la traversata del deserto, il traffico dei migranti, la prigionia, le torture, la violenza della polizia, il viaggio in mare, la morte. Una voce ferma, così chiara e profonda da diventare a tratti poetica, che ci racconta cosa significa conoscere la sete, la fame, la sofferenza. Esistono mille motivi e storie che portano una persona ad attraversare il Mediterraneo per cercare di raggiungere l’Europa. La disumanizzazione delle loro morti, le espulsioni, le vite illegali sembrano necessarie per alimentare la nostra indifferenza. In realtà ognuna di queste vite è unica e universale e questo racconto ne è la drammatica testimonianza.

    Scritto con voce pura, potentissima, Fratellino è la storia vera del viaggio di Ibrahima Balde, dalla Guinea ai Paesi Baschi.

    Un libro che ci porta in un altro mondo, con costumi, popoli, linguaggi e paesaggi diversi, che ci racconta una storia che pensiamo di conoscere ma che in realtà non riusciamo neanche immaginare.

    https://www.feltrinellieditore.it/opera/fratellino

    #parcours_migratoire #migrations #livre #témoignage #itinéraire_migratoire #Guinée

  • Les systèmes d’idées (2/2)
    https://collectiflieuxcommuns.fr/?1140-Les-systemes-d-idees-2-2

    Voir la première partie (.../...)
    Systèmes philosophiques et grandes idéologies
    Les systèmes philosophiques

    Distinguons : les systèmes d’idées dont le champ de pertinence est limité à la connaissance seule (théories scientifiques) ; les systèmes d’idées qui lient étroitement faits et valeurs, et qui ont donc un aspect normatif (théories non scientifiques, doctrines, systèmes philosophiques, idéologies politiques) ; les systèmes d’idées à prétention explicative universelle (grandes (...)

    #Apports_théoriques_:_Imaginaire,_culture,_création, #Anthropologie, #Philosophie, #Livre, #Morin_E.

  • Ceux qui sont restés là-bas

    « Il aurait fallu rester jusqu’à la fin. Il aurait fallu mourir. Avoir quitté les lieux avant les autres, c’est être coupé de l’Histoire. Je suis entré dans le noir qu’on appelle la survie. Je n’ai pas vu de mes yeux jusqu’au bout, je n’ai pas payé de ma vie comme les autres. Cependant, si l’enfance détermine tout, alors je suis un enfant des camps. »
    1978. Narang a six ans. Il fuit le Cambodge avec sa mère. Comme une foule d’autres rescapés, tous deux tentent de rejoindre la Thaïlande. Épuisés par des jours de marche, harassés par la faim et la soif, ils sont parqués dans un camp à leur arrivée. Cela aurait pu être la fin de leur tragédie. Mais ça ne sera que le début d’une autre. Fulgurante, celle-ci.
    Jeanne Truong restitue avec force et pudeur l’horreur du cauchemar cambodgien. Elle revient sur un épisode méconnu de cette période sanglante. Le récit de Narang, habité par les obsessions qui hantent les survivants, est saisissant de vérité et d’humanité.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Ceux-qui-sont-restes-la-bas#

    #Cambodge #génocide #livre #camps_de_réfugiés #massacre #Jeanne_Truong

  • Technocratisme
    Les grands corps à la dérive
    Alexandre Moatti | Éditions Amsterdam
    http://www.editionsamsterdam.fr/technocratisme


    Couverture © Sylvain Lamy

    TECHNOCRATISME
    LES GRANDS CORPS À LA DÉRIVE

    En France, les élites dirigeantes, tant économiques que politiques, sont pour l’essentiel issues d’une poignée de « grands corps » d’État : le corps des Mines, celui des Ponts et Chaussées, l’Inspection des finances, le Conseil d’État et la Cour des comptes. Pourtant, bien que la moitié des dirigeants du CAC 40 et trois présidents de la République sur quatre depuis trente ans soient issus de ces lieux de production par excellence de la technocratie française, ceux-ci demeurent largement méconnus du public.
    Riche d’une connaissance de première main du système des grands corps et de ses dérives, Alexandre Moatti en propose dans cet ouvrage une critique engagée, à la fois historique et systémique. Il décrypte de manière minutieuse les logiques de carrière qui informent les trajectoires des membres de ces corps et leurs effets néfastes, tant sur l’élaboration des politiques publiques que sur le fonctionnement du secteur privé. Surtout, il montre que la montée en puissance des grands corps s’est accompagnée d’un effondrement de l’éthique de l’État, situation à l’origine non seulement d’une déperdition du lien social en France, mais d’un recul progressif de la démocratie.

    Alexandre Moatti
    Alexandre Moatti est ingénieur au corps des Mines, chercheur associé (habilité à diriger des recherches) à l’université Paris Cité.

    ISBN 9782354802738
    18 EUROS
    256 PAGES
    PARU LE 08 SEPTEMBRE 2023

  • Petit manuel de torture à l’usage des femmes-soldats, Coco Fusco
    http://www.lesprairiesordinaires.com/petit-manuel-de-torture-agrave-lusage-des-femmes-soldats.html

    Un musulman détenu à Abou Ghraïb ou à Guantanamo. Une femme-soldat mettant son zèle militaire et sa féminité au service de la Guerre contre le Terrorisme. Des manuels de l’armée sur la coercition du prisonnier, et des consignes implicites sur les « tactiques sexuelles » qu’on peut employer. Tels sont les éléments de l’interrogatoire en tant que dispositif politique. Après ceux qui firent scandale en 2004, où des violences sexuelles furent exercées par des femmes, l’artiste Coco Fusco a suivi une formation militaire à l’interrogatoire, dépouillé les archives de l’armée et du FBI, et navigué dans le vertige de forums et d’images consacrés à des actes de #torture sexuelle. Ce qu’elle en ressort nous confronte non seulement à « l’état d’exception » américain et au rapport des femmes au pouvoir, mais aussi à l’énigme de la domination. Cheminant de Susan Sontag à Virginia Woolf, Coco Fusco réenvisage la question de la guerre en deça et au-delà de la différence sexuelle.

    Un extrait de la préface :
    Les guerres que nous n’avons pas vues, Claire Fontaine

    Ce que cette étrangeté libératrice a en commun avec celle de la Société des Marginales de Virginia Woolf est d’être à la fois le moyen et la fin de la lutte, d’être à partir du moment même où elle est déclarée un espace de liberté et d’amélioration des relations et du réel. Ce refus du joug de l’exploitation libère à la fois le patron et l’ouvrier, l’homme et la femme : « Plus jamais vous ne seriez – promet Woolf à l’homme qui vivrait dans la société où les femmes sont libres et respectées – le visiteur du samedi, l’albatros rejeté par la société, l’homme implorant la sympathie telle une drogue, l’esclave du travail aplati, suppliant d’être regonflé1-. » Mais c’est uniquement en prenant pour leviers l’absence de droits et de reconnaissance qu’une telle révolution copernicienne pourrait s’accomplir, et jamais par le passage de l’exploité du côté de l’exploiteur. Dans la situation de domination que nous vivons à présent, les #femmes, en tant que sujets potentiellement porteurs de pratiques de liberté, sont absentes ou presque de la scène politique. Le gouvernement Sarkozy a été exemplaire dans son usage médiatique de femmes issues de minorités ethniques pour mettre en œuvre des politiques plus dures que celles de ses prédécesseurs. Cela n’enlève rien à l’actualité et à l’intelligence de la proposition de Virginia Woolf, qui est – au contraire – celle de s’abstenir de rallier le pire, d’y rester si résolument étrangères que notre « étrangeté » finira par contaminer les autres, et de déplacer ainsi l’idéal discutable de la chasteté corporelle sur le plan de la chasteté professionnelle ; gagner sa vie pour être indépendantes, mais faire chaque travail comme l’étrangère qui se doit de rendre la cité du monde habitable : aller au travail comme on fait la grève, faire du travail une forme active de grève.

    Dans sa conférence « Notre avenir féministe », Coco Fusco tombe dans un sarcasme dont il est facile de repérer les motifs, mais qui enlève, d’après nous, de la force à son argumentaire. En tant qu’artiste femme et militante qui travaille à partir des contradictions les plus criantes de la société contemporaine, jusqu’à les expérimenter sur sa propre peau en participant à un cours pour devenir chargé d’interrogatoire, Fusco n’a pas besoin, nous semble-t-il, de ressortir les analogies somme toute banales entre guerre et business, guerre et marché de l’art. Les arguments qu’elle pourrait déployer contre l’hostilité manifeste des institutions à l’encontre des valeurs féministes promulguées par certaines œuvres pourraient être à la fois moins résignés et plus mordants.
    Rappeler au public du monde de l’art des évidences telles que « la paix fait sourdement la guerre » et « il n’y a pas de sujet neutre », ou qu’en tant qu’artiste, commissaire d’exposition ou collectionneur, nous ne sommes pas à l’abri du conflit, que nous vivons dans un état d’exception devenu la règle, que nous avons chacun et chacune des ennemis, que nous faisons tous partie d’une race, d’un sexe, d’une classe et que les espaces pour suspendre ces déterminations oppressantes sont à construire tous les jours et à protéger de toutes nos forces – voilà qui serait sans doute plus difficile mais plus approprié. Le vrai problème du #féminisme, c’est à la fois la racine de notre liberté et les circonstances dans lesquelles nous pouvons l’exercer. Si l’appareil juridique qui excluait les femmes jusqu’à hier se met désormais à les protéger tout en gardant son édifice inchangé, le scepticisme est bien l’attitude à afficher vis-à- vis d’un tel « progrès ».

    #livre #violence

  • une demande d’aide seenthissienne lancée à la cantonade. un ami veut publier un livre de dessins sur des disparitions forcées au Mexique (Ayotzinapa). le coût de fabrication sera important. il lancera une souscription parmi ses divers contacts. le prix de vente aux souscripteurs comme le prix public dépendent pour partie de l’importance du tirage, d’où l’idée d’utiliser un site de crowdfunding, à la fois pour assurer la diffusion mais aussi pour favoriser l’acces à ce livre (les prix sont politiques).
    si vous en connaissez qui ne pillent ni les data ni les auteurs, merci de le signaler

    #livre #souscription #crowdfunding

  • #Mauvaises_mères

    Le dossier du mois met à l’honneur les #daronnes. Celles auxquelles on reproche d’être trop ceci, pas assez cela, qu’on juge si facilement et qu’on excuse si difficilement, alors qu’elles sont prises en tenaille entre les injonctions du #capitalisme et du #patriarcat. Ici, des voix s’élèvent pour revendiquer d’autres manières d’être femmes et mères, et tracer des lignes émancipatrices pour des #maternités_libérées.


    https://cqfd-journal.org/CQFD-no221-juin-2023

    #maternité #femmes #jugement #émancipation

    ping @_kg_

  • A lire :
    Technocratisme
    Les grands corps à la dérive

    Alexandre Moatti

    Sort aujourd’hui aux Editions Amsterdam

    Crucial pour saisir l’essence des pouvoirs actuels : intrication du politique, de la finance & de la grande industrie ; réseaux & connivences ; perte de toute valeur au profit de l’argent ; et ce qu’Alexandre Moatti nomme « l’effacement progressif de la démocratie »

    https://twitter.com/LBantigny/status/1700441642791047522?s=20

  • Vienne : la grande précarité des jeunes travailleurs indépendants
    https://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/vienne-la-grande-precarite-des-jeunes-travailleurs-independants


    Le 24 octobre 2022, une cinquantaine de livreurs manifestent à Poitiers. © (Photo archives NR/CP Marie-Laure Aveline)

    L’#Urssaf vient de mener une enquête déclinée à l’échelle régionale sur les #travailleurs_indépendants de moins de 30 ans [que nous avons reçu par la malle poste]. Leurs revenus restent généralement très bas.

    Le 24 octobre 2022, soutenus par l’Union départementale CFDT, une cinquantaine de #livreurs travaillant pour Deliveroo ou Uber Eats manifestaient devant la mairie de Poitiers. Pour défendre leurs droits mais aussi pour attirer l’attention sur la #précarité de leur situation.

    Une étude menée à l’échelle nationale par l’Urssaf et déclinée sur le plan régional vient de confirmer cette situation, d’autant plus difficile que les intéressés sont jeunes. C’est précisément sur les moins de 30 ans que porte l’étude de l’Urssaf. https://www.urssaf.org/accueil/espace-medias/communiques-et-dossiers-de-press/communiques-de-presse/activite_eco_des_moins_30_ans.html#:~:text=les%20effectifs%20salariés-,En%20.

    Un autoentrepreneur sur six
    On constate que, s’ils ne représentent que 4,8 % des travailleurs indépendants classiques en Poitou-Charentes, les moins de 30 ans pèsent pour 14,7 % chez les autoentrepreneurs (20 % pour la France entière). Les deux tiers des livreurs à domicile (activités dites « de pose et de courrier ») ont moins de 30 ans.

    Moins de 3.000 € par an en moyenne pour les indépendants de moins de 30 ans
    Pour compenser la faiblesse des revenus de leur activité, 23 % des indépendants de moins de 26 ans l’exercent en parallèle avec un #emploi salarié [et lycée de Versailles]. La proportion passe à 13 % chez les 26-29 ans, le niveau de revenu, explique l’Urssaf, s’améliorant avec l’expérience.

    Les indépendants classiques mieux lotis
    Les revenus annuels des activités indépendantes, s’ils sont corrects pour l’ensemble de ces professionnels en Poitou-Charentes (36.869 € en moyenne en 2021), restent bas pour les moins de 26 ans : 12.909 €.

    Ces chiffres cachent des situations très contrastées : si les indépendants classiques (artisans, commerçants, prestataires de services…) même les plus jeunes vivent en général correctement de leur activité, les #autoentrepreneurs ne tirent généralement que de très maigres revenus de leur travail : 5.825 € par an en moyenne pour les 26-29 ans, deux fois moins chez les moins de 26 ans.

    #travail #revenu

  • Lecture d’un extrait du livre « Shy » de Max Porter (traduction de l’anglais par Charles Recoursé), paru aux Éditions du sous-sol, en 2023.

    https://liminaire.fr/radio-marelle/article/shy-de-max-porter

    En 1995, Shy, un adolescent de 15 ans, en décrochage scolaire, livré à lui-même, se retrouve dans une résidence pour mineurs délinquants implantée dans un manoir, dans la campagne anglaise : L’école de la dernière chance. Il s’en évade, laissant derrière lui cet endroit, ses compagnons d’infortune comme ses tortionnaires. Pendant sa fuite nocturne, Shy repense à ce qu’il a vécu, se confronte à ses démons intérieurs. Ce court roman mélange monologue intérieur et voix extérieures (parents, amis, proches), retours en arrière et souvenirs du passé, dans un récit déconstruit dont la forme des blocs de textes et les jeux typographiques alternent pour dresser le portrait lyrique d’une jeunesse en difficulté, restituer avec émotion et puissance une vie mise à l’épreuve.

    (...) #Radio_Marelle, #Écriture, #Langage, #Roman, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Histoire, #Angleterre, #Solitude, #Errance, #Enfance, #Musique (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_shy_porter.mp4

    http://www.editions-du-sous-sol.com/publication/shy

  • Les systèmes d’idées (1/2)
    https://collectiflieuxcommuns.fr/?1139-Les-systemes-d-idees-1-2

    Deuxième partie du chapitre II éponyme du #Livre d’Edgar Morin, « La Méthode IV, Les idées, leurs habitats, leur vie, leurs moeurs, leur organisation », pp.129-149. On lira auparavant la première partie « Les idées : Le troisième règne ».
    Organisation et #éthologie des idées
    Premières définitions
    Un système d’idées est constitué par une constellation de concepts associés de façon solidaire, dont l’agencement est établi par des liens logiques (ou apparemment tels), en vertus d’axiomes, (...)

    #Morin_E., #Livre, #Philosophie, #Anthropologie #Apports_théoriques_:_Imaginaire,_culture,_création, #Noosphère

  • Une #université a tué une #librairie

    Une université vient de tuer une librairie. Le #libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a appuyé sur la détente.

    Cette université c’est “mon” université, Nantes Université. Cette librairie c’est la librairie Vent d’Ouest, une librairie “historique”, présente dans le centre de Nantes depuis près de 47 années et travaillant avec l’université depuis presqu’autant de temps.

    Une université vient de tuer une librairie. Nantes Université travaillait, pour ses #commandes d’ouvrages (et une université en commande beaucoup …) avec principalement deux #librairies nantaises, Durance et Vent d’Ouest. Pour Vent d’Ouest, cela représentait une trésorerie d’environ 300 000 euros par an, 15% de son chiffre d’affaire. Une ligne de vie pour les 7 salariés de la libraire. Et puis Vent d’Ouest perd ce marché. Du jour au lendemain. Sans même un appel, une alerte ou une explication en amont de la décision de la part de Nantes Université.

    À qui est allé ce marché ? Au groupe #Nosoli, basé à Lyon, qui s’auto-présente comme le “premier libraire français indépendant multi-enseignes” (sic) et qui donc concrètement a racheté les marques et magasins #Decitre et #Furet_du_Nord (et récemment Chapitre.com) et dont le coeur de métier est bien davantage celui de la #logistique (#supply_chain) que celui de la librairie.

    Pourquoi Nosoli a-t-il remporté ce #marché ? Et pourquoi Nantes Université va devoir commander à des librairies Lyonnaises des ouvrages pour … Nantes ? Parce que le code des #marchés_publics. Parce que l’obligation de passer par des #appels_d’offre. Parce le code des marchés publics et des appels d’offre est ainsi fait que désormais (et depuis quelques temps déjà) seuls les plus gros sont en capacité d’entrer dans les critères définis. Parce que les critères définis (par #Nantes_Université notamment) visent bien sûr à faire des #économies_d’échelle. À payer toujours moins. Parce que bien sûr, sur ce poste de dépenses budgétaires comme sur d’autres il faut sans cesse économiser, rogner, négocier, batailler, parce que les universités sont exangues de l’argent que l’état ne leur donne plus et qu’il a converti en médaille en chocolat de “l’autonomie”. Parce qu’à ce jeu les plus gros gagnent toujours les appels d’offre et les marchés publics. C’est même pour cela qu’ils sont gros. Et qu’ils enflent encore. [mise à jour] Mais ici pour ce marché concernant des #livres, ce n’est pas le critère du #prix qui a joué (merci Jack Lang et la prix unique) mais pour être parfaitement précis, c’est le critère du #stock qui, en l’espèce et malgré le recours en justice de la librairie Vent d’Ouest, et bien qu’il soit reconnu comme discriminatoire par le ministère de la culture (en page 62 du Vade Mecum édité par le ministère sur le sujet de l’achat de livres en commande publique), a été décisif pour permettre à Nosoli de remporter le marché. [/mise à jour]

    Alors Nosoli le groupe lyonnais a gagné le marché de Nantes Université. Et les librairies nantaises Durance et Vent d’Ouest ont perdu. Et quelques mois après la perte de ce marché, la librairie Vent d’Ouest va fermer.

    On pourrait s’en réjouir finalement, ou même s’en foutre totalement. Après tout, Nantes Université va faire des #économies. Après tout une librairie qui ferme à Nantes et 7 salariés qui se trouvent sur le carreau c’est (peut-être) 7 personnes du service logistique du groupe Nosoli qui gardent leur emploi. Et puis quoi, une librairie qui ferme à Nantes mais il y en a 6 qui ont ouvert sur les deux dernières années à Nantes. Alors quoi ?

    Alors une université vient de tuer une librairie. Et quand on discute avec les gens qui, à Nantes Université, connaissent autrement que comptablement la réalité de ce qu’était le #marché_public passé avec Durance et Vent d’Ouest, et quand on échange avec celles et ceux qui ont l’habitude, à l’université ou ailleurs, de travailler avec le groupe Nosoli, on entend toujours la même chose : rien jamais ne remplacera la #proximité. Parce qu’avec Durance et Vent d’Ouest les échanges étaient souples, réactifs, pas (trop) systématiquement réglementaires, parce que les gens qui dans les bibliothèques de l’université commandaient les ouvrages connaissaient les gens qui dans les librairies les leur fournissaient, et qu’en cas de souci ils pouvaient même s’y rendre et les croiser, ces gens. Et on entend, en plus de l’aberration écologique, logistique, et sociétale, que les commandes avec le groupe Nosoli sont usuellement et comme avec tout grand groupe logistique … complexes, lentes, difficilement négociables et rattrapables, sans aucune souplesse, sans aucune écoute ou connaissance des besoins fins de l’université “cliente”. Voilà ce que l’on entend, entre autres choses plus âpres et plus en colère.

    Une université vient de tuer une librairie. Et ça fait tellement chier. C’est tellement anormal. Tellement schizophrène. Le même jour que celui où j’ai appris l’annonce de la fermeture définitive de la libraire Vent d’Ouest, j’ai aussi reçu un message de Nantes Université m’informant que, champagne, l’université venait – comme 14 autres universités – de remporter un appel à projet de plus de 23 millions d’euros. La cagnotte lancée par la libraire Vent d’Ouest après la perte du marché de Nantes Université lui avait rapporté quelques milliers d’euros qui lui avaient permis de retarder sa fermeture de cinq mois.

    Vivre à l’université, travailler à Nantes Université, c’est être tous les jours, à chaque instant et sur chaque sujet, confronté au même type de #schizophrénie. D’un côté on collecte des dizaines de millions d’euros dans de toujours plus nébuleux appels à projets, et de l’autre on gère la misère et la détresse. Et on ferme sa gueule. Parce que ne pas se réjouir de l’obtention de ces 23 millions d’euros c’est être un pisse-froid et c’est aussi mépriser le travail (et l’épuisement) des équipes qui pilotent (et parfois remportent) ces appels à projets. Oui mais voilà. À Nantes Université on organise des grandes fêtes de rentrée et on donnez rendez-vous à la prochaine #distribution_alimentaire, la #fête mais la #précarité. Et l’on fait ça tous les jours. Toutes les universités françaises organisent ou ont organisé des #distributions_alimentaires, et toutes les universités françaises remportent ou ont remporté des appels à projet de dizaines de millions d’euros. Mais les financements qui permettraient de recruter des collègues enseignants chercheurs ou des personnels techniques et administratifs en nombre suffisant, et de les recruter comme titulaires, pour garantir un fonctionnement minimal normal, ces financements on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient d’éviter de fermer une librairie avec qui l’université travaille depuis des dizaines d’années et d’éviter de mettre 7 personnes au chômage, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à tous les étudiant.e.s de manger tous les jours à leur faim, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à l’UFR Staps de Nantes Université de faire sa rentrée on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de la fac de droit de Nantes Université de ne pas sombrer dans l’#épuisement_au_prix et au risque de choix mortifières pour eux comme pour les étudiant.e.s on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de l’IAE de Nantes Université de ne pas s’enfoncer dans le #burn-out, ces financements on ne les trouve jamais. Il n’y a pas d’appel à projet à la solidarité partenariale. Il n’y a pas d’appel à projet à la lutte contre la #misère_étudiante. Il n’y a pas d’appel à projet pour permettre à des milliers de post-doctorants d’espérer un jour pouvoir venir enseigner et faire de la recherche à l’université. Il n’y pas d’appel à projet pour sauver l’université publique. Il n’y en a pas.

    Il n’y a pas d’appel à projet pour la normalité des choses. Alors Nantes Université, comme tant d’autres, est uniquement traversée par des #régimes_d’exceptionnalité. #Exceptionnalité des financements obtenus dans quelques appels à projets qui font oublier tous les autres appels à projet où l’université se fait retoquer. Exceptionnalité des #crises que traversent les étudiant.e.s, les formations et les #personnels de l’université. Exceptionnalité des mesures parfois prises pour tenter d’en limiter les effets. Dans nos quotidiens à l’université, tout est inscrit dans ces #logiques_d’exceptionnalité, tout n’est lisible qu’au travers de ces #matrices_d’exceptionnalité. Exceptionnalité des financements. Exceptionnalité des crises. Exceptionnalité des remédiations.

    Une université vient de tuer une librairie. Cela n’est pas exceptionnel. C’est devenu banal. Voilà l’autre danger de ces régimes d’exceptionnalité permanents : ils inversent nos #représentations_morales. Ce qui devrait être exceptionnel devient #banal. Et ce qui devrait être banal (par exemple qu’une université publique reçoive des dotations suffisantes de l’état pour lui permettre d’exercer sa mission d’enseignement et de recherche), est devenu exceptionnel.

    Une université vient de tuer une librairie. Dans le monde qui est le nôtre et celui que nous laissons, il n’est que des #dérèglements. Et si celui du climat dicte déjà tous les autres #effondrements à venir, nous semblons incapables de penser nos relations et nos institutions comme autant d’écosystèmes dans lesquels chaque biotope est essentiel aux autres. Nantes Université a tué la libraire Vent d’Ouest. Le mobile ? L’habitude. L’habitude de ne pas mener les combats avant que les drames ne se produisent. L’habitude de se résigner à appliquer des règles que tout le monde sait pourtant ineptes. L’habitude du renoncement à l’attention à l’autre, au plus proche, au plus fragile, dès lors que l’on peut se réjouir de l’attention que nous portent tant d’autres. L’#habitude d’aller chercher si loin ce que l’on a pourtant si près.

    Une université vient de tuer une librairie. Le libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. L’habitude a fourni le mobile. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a froidement appuyé sur la détente.

    https://affordance.framasoft.org/2023/09/une-universite-a-tue-une-librairie

    #ESR #enseignement_supérieur

  • La seconde vie des livres
    https://laviedesidees.fr/La-seconde-vie-des-livres

    Les plateformes numériques ont transformé en profondeur le marché du #livre d’occasion. L’occasion pour Vincent Chabault de proposer une sociologie des intermédiaires culturels. À propos de : Vincent Chabault, Le Livre d’occasion : sociologie d’un commerce en transition, Presses Universitaires de Lyon

    #Société #culture #marché #sociologie_économique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230901_chabault.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230901_chabault-2.docx

  • Book Review Roundtable: Against the Commons: A Radical History of Urban Planning
    https://urbanpolitical.podigee.io/68-against-the-commons

    Against the Commons underscores how urbanization shapes the social fabric of places and territories, lending awareness to the impact of planning and design initiatives on working-class communities and popular strata. Projecting history into the future, it outlines an alternative vision for a postcapitalist urban planning, one in which the structure of collective spaces is defined by the people who inhabit them.

    #Commons,Commoning,Radical_Planning,Berlin,Enclosure,Agrarian_Question,Milan,New_York,Chicago
    https://audio.podigee-cdn.net/1204327-m-7c57eda7252ce5d46d0d1f7cea9d8acc.m4a?source=feed

  • Nous continuons d’arpenter comme des funambules, entre ombre et lumière…

    « Avant d’apprendre à lire, il faudrait apprendre à voir. L’écriture est visible et c’est le premier obstacle que Nicolas Taffin nous aide à franchir au long de ses essais sur la typographie. Il nous montre l’importance de la forme des lettres auxquelles doivent être « en direct » substitués les sons de la voix. La lecture est d’abord un aperçu global de la page, de ses formes, mais aussi de ses « contreformes » que le typographe doit aligner comme un jardinier organise ses parterres, avec des alignements, des hauteurs et des espacements équilibrés, pour offrir un ensemble harmonieux qui va permettre une lecture ».

    Dans sa préface Michel Melot discute, entre autres, des erreurs, de Lure, du monde « du son et du texte », de surface d’impression, de « pleine forme », d’intervalle ni blanc ni vide, de typographie…

    note sur : Nicolas Taffin : Typothérapie

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/31/nous-continuons-darpenter-comme-des-funambules

    #livre #philosophie

  • Pourquoi Tiktok a (déjà) détruit votre futur (Fabien Olicard)
    https://www.crashdebug.fr/pourquoi-tiktok-a-deja-detruit-votre-futur-fabien-olicard

    On vous avait déjà mis en garde sur le danger de l’addiction à la dopamine via les réseaux sociaux et comment ils détruisaient nos cerveaux, et il semblerait que cela chamboule totalement nos sociétés, Que feront ces jeunes s’ils ne désirent pas s’accomplir, si tout le circuit de l’effort suivi de la récompense (dopamine) peut être atteint juste en surfant sur un réseau social comme Tik Tok ? Pourquoi ces enfants se donneraient du mal, à lire, étudier, nouer des contacts, travailler, si ils peuvent avoir une dose infinie de dopamine juste en surfant sur les réseaux sociaux. Je souligne là aussi l’ÉNORME responsabilité de tous ces géants de la Tech qui vendent ’du temps de cerveau disponible’ Par ailleurs j’ai moi aussi ces problèmes d’attention, bon ils sont peut être liés a d’autres problématiques, (...)

    #Épinglé #Livres #Loisirs #ROOT

  • Edgar Hilsenrath (1926-2018), rire tragique
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/edgar-hilsenrath-1926-2018-rire-tragique-4251727

    Écrivain juif de langue allemande, ses livres satiriques et crus sur la Shoah conquirent l’Amérique et scandalisèrent l’Allemagne. Rire pour Hilsenrath, c’est regarder l’humanité dans l’horreur, et écrire contre l’oubli.

    Lorsqu’au début des années 1970 un petit éditeur de Cologne accepte enfin de prendre le risque de publier Le nazi et le barbier d’#Edgar_Hilsenrath, soixante maisons d’édition allemandes ont déjà refusé le manuscrit. Aux États-Unis, le #livre s’est écoulé à deux millions d’exemplaires. Mais en Allemagne où il est né, et où se parle la langue dans laquelle il écrit, ses livres font peur aux éditeurs. « Une satire de la période nazie et de l’holocauste, ils ne peuvent pas supporter ça. Ils pensent qu’il faut traiter ce thème avec le plus grand sérieux ou pas du tout », fait-il dire à son alter-ego Lesche dans Terminus Berlin.

    #audio #radio

  • Aggiustare il mondo. La vita, il processo e l’eredità dell’hacker #Aaron_Swartz
    https://libri.unimi.it/index.php/milanoup/$$$call$$$/submission/cover/thumbnail?submissionId=100&random=10064eed28199704

    La vita troppo breve dell’hacker Aaron Swartz – morto suicida l’11 gennaio del 2013 – ha tantissimi aspetti incredibili. Piccolo genio dell’informatica cresciuto in un sobborgo di Chicago, incontra, da adolescente, studiosi del calibro di Tim Berners-Lee e Lawrence Lessig e lavora con loro per costruire le architetture informatiche, e le licenze d’uso, del futuro. Con un cambio di vita radicale, deciderà poi di dedicarsi all’attivismo politico e tecnologico proprio mentre i suoi coetanei più talentuosi sfruttano l’onda della Silicon Valley per arricchirsi. Lui dedicherà, invece, le sue energie e il suo talento a combattere per l’#open_access, per la sicurezza delle comunicazioni, per l’anonimato e per “liberare” contenuti e cultura dai confini, e pedaggi, delle grandi banche dati. A un certo punto, però, il governo degli Stati Uniti d’America lo prenderà di mira e, lentamente, la potente macchina giudiziaria americana lo stritolerà. Il suo insegnamento, le sue teorie, la sua passione sono ancora oggi, a distanza di dieci anni dalla sua morte, esempio per tantissimi utenti, hacker e cittadini della società dell’informazione.

    https://libri.unimi.it/index.php/milanoup/catalog/book/100

    #livre

  • La vente du livre dont un chapitre décrit les pratiques de #harcèlement_sexuel d’un ponte (des études déconiales notamment, sic !) de #Coimbra - #Boaventura_Sousa_Santos - a été suspendue par #Routledge

    Ici la réaction de Boaventura Sousa Santos :

    O livro «Sexual Misconduct in Academia» q expôs, alegadamente, situações de assédio (e abuso) sexual no #CES da @UnivdeCoimbra deixou de estar disponível para venda no site da @routledgebooks. Que conclusões tirar deste excerto de entrevista de Boaventura Sousa Santos? #assédio

    https://twitter.com/migueldelemos/status/1679121982535741441


    résultat de recherche avec ce lien : https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9781003289944/sexual-misconduct-academia-delyth-edwards-erin-pritchard

    #suspension #censure #livre #suspension #université #harcèlement

    • #Boaventura dá primeira entrevista sobre acusações: «Fui feminista toda a vida. Mas é preciso distinguir as lutas genuínas»

      Editora Routledge suspendeu venda do livro no qual três mulheres acusam o académico de conduta inapropriada. Boaventura diz não conhecer «detalhes da decisão da editora»; uma das alegadas vítimas, porém, disse ao DN ter sido contactada por advogado «para acordo». Em entrevista, o sociólogo apresenta-se como vítima de «vingança» e da sua posição sobre guerra na Ucrânia.

      «Posso informar que o livro está suspenso, por a acusação ser tão grave. Porque é na verdade uma acusação criminal sob o disfarce de um trabalho científico. (...) Espero que a editora reconsidere. Porque publicou cinco livros da minha autoria, dois singulares e três coletivos. Eles próprios estão um pouco perplexos com a qualidade deste capítulo.»

      Numa entrevista tornada pública no Youtube esta terça-feira, e na qual fala longamente sobre a acusação de que foi alvo, assumindo ter cometido «erros, atos incorretos, mas nunca crimes», e estar «muito tranquilo, confiante de que a verdade triunfará», Boaventura Sousa Santos deu assim a novidade de que o livro Sexual Misconduct in Academia (Conduta Sexual Inapropriada na Academia), cujo último capítulo é uma descrição de alegados factos ocorridos no Centro de Estudos Sociais da Universidade de Coimbra, com ele próprio, sob o crisma de «Professor Estrela», como figura central, teve a sua venda suspensa pela editora Routledge dois meses após a publicação.

      No site da editora, há apenas uma nota lacónica: «Este livro está temporariamente indisponível, por estar sob revisão». Ao DN, Boaventura Sousa Santos assume já saber da suspensão «há algum tempo», mas garante não conhecer detalhes da decisão, nem se a editora tenciona recolher os livros que estão à venda em várias plataformas e livrarias: «Não tenho recebido nenhuma comunicação da Routledge sobre manutenção da publicação do artigo ou se a venda será suspensa em outras plataformas.»

      Reconhece porém que, após ter conhecimento do capítulo no qual se viu retratado, expôs diretamente à editora - na qual tem várias obras publicadas, e que acaba de publicar, já após o rebentar do escândalo, em abril, outro livro seu, From the Pandemic to Utopia, the Future Begins Now - as suas críticas. Aliás, diz achar «natural» a decisão da Routledge, «dado que o artigo sofreu críticas bastante contundentes no meio académico em relação ao seu caráter pouco ou nada científico.» E lamenta que «se tenham apercebido disso meses depois de destruírem a minha imagem e depois de me causarem irrecuperáveis prejuízos a nível pessoal e profissional. Entendo a suspensão como um reconhecimento, ainda que tardio, de que o artigo não devia ter sido publicado.»

      Na entrevista referida, conduzida pelo austríaco Josef Muehlbauer, que se descreve no Twitter como «anarco-sindicalista seguidor de Noam Chomsky e feminista queer», o sociólogo português nega caráter científico ao artigo publicado pela Routledge e da autoria das académicas Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro e Miye Nadya Tom - "Não faço ideia de quem foram os revisores científicos do artigo, porque se o ler verá que a bibliografia não tem nada a ver com a parte empírica, que se baseia naquilo a que chamam «rede de murmúrios». Nunca fizeram uma entrevista..." - e descreve-o como «uma vingança» pessoal da parte da principal autora, a investigadora belga Lieselotte Viaene, que já tinha atacado duramente em abril, quando falou ao DN, na sua primeira reação pública à publicação do capítulo.

      "Foi expulsa do nosso centro. Tivemos de instaurar um processo disciplinar contra esta mulher, por conduta inapropriada, e ela prometeu vingança quando se foi embora, disse isso na altura a algumas colegas. (...) E soube que uma das outras duas autoras até disse: "O artigo não era para ser contra o «Professor Estrela», porque o admiramos, mas a versão final é da belga e ela pôs tudo em cima do professor porque se queria vingar.""
      Coletivo de vítimas organiza prova; Isabella diz que foi contactada para «acordo»; académico nega

      A notícia da suspensão da venda do livro pela Routledge já tinha sido dada em primeira mão esta segunda-feira, numa «carta aberta» assinada pelo "coletivo de vítimas CES-UC (Centro de Estudos Sociais da Universidade de Coimbra) e publicada no site Buala. Na carta, a quarta publicada pelo coletivo e dirigida à editora, as signatárias, que se identificam como «sete mulheres, de nacionalidades brasileira, portuguesa, peruana e mexicana», dizem não ter conseguido esclarecimentos, junto das autoras do capítulo sobre o CES, acerca dos motivos da suspensão da venda do livro, e terem decidido então interpelar a Routledge.

      Informando que «as nossas experiências permitem atestar a veracidade do padrão de comportamentos descrito no capítulo 12», e que «a publicação do livro foi determinante para que nos organizássemos em coletivo e para a decisão de juntarmos provas testemunhais e documentais que corroboram os diversos tipos de abusos descritos naquele capítulo», cumprindo «um papel essencial na elucidação do padrão de abuso de poder que sofremos e testemunhámos», as sete mulheres anunciam estar a organizar «um dossiê circunstanciado com um conjunto alargado de provas documentais e testemunhais que comprovam as ações incorretas e o padrão de assédio sexual e moral descrito pelas autoras da publicação.»

      A razão pela qual essas provas ainda não foram apresentadas, dizem, «é a demora do próprio CES em iniciar qualquer processo investigativo sobre as denúncias. Estamos aguardando que seja instituída a Comissão Independente do CES [anunciada pela direção do centro como a instância que vai investigar as acusações], ocasião em que apresentaremos nosso Dossiê, que pretendemos também tornar público.»

      A política brasileira Isabella Gonçalves, uma das duas mulheres que em abril vieram a público assumir, com um relato detalhado, serem vítimas de assédio sexual por parte de Boaventura Sousa Santos - a outra é a ativista indígena Moira Millán -, e cujo caso é relatado no capítulo do livro como o de «uma estudante internacional de doutoramento» a quem o então diretor do CES, seu orientador de tese, teria proposto trocar intimidade por «apoio académico», disse ao DN estar associada ao coletivo. «Nos frustra o facto de que até hoje nunca fomos contactadas pelo CES e não temos informações sobre a comissão independente.»

      Questionada sobre o motivo pelo qual acha que Boaventura Sousa Santos nunca tentou até agora, ao contrário do que fez com Moira Millán, refutar aquilo de que ela o acusa, a deputada do Partido Socialismo e Liberdade, que na altura exigiu mudar de orientador e acabou por abandonar o CES (e que conta que algum tempo depois dos factos o académico lhe quis pedir desculpa), diz não saber: «Não sei porquê o silêncio dele sobre o meu caso». Adianta porém ter sido, já após as suas declarações públicas, contactada «por uma advogada dele», tendo preferido «não seguir o contacto».

      Esse contacto, de acordo com Isabella Gonçalves, foi no sentido de «chegarem a um acordo». À pergunta do DN «pagando?», responde: «Não chegámos a debater os termos.» Confrontada com a hipótese de que Boaventura Sousa Santos tenha igualmente efetuado uma démarche jurídica junto da editora, admite ser possível: «Ele mostra que já sabia da suspensão do livro, imagino que possa ter tomado alguma ação para isso.»

      Ao pedido de confirmação e esclarecimento sobre este contacto, Boaventura Sousa Santos responde: «Tenho um advogado para a minha defesa constituído em Portugal, que aguarda a Comissão para que possa atuar de facto no caso. Ele não fez nenhum contacto.»
      "Havia interesse em calar-me. E de facto calaram-me"

      Na longa parte da referida entrevista em que apresenta pela primeira vez de viva voz a sua defesa - até agora limitara-se a responder por escrito a perguntas de jornalistas e a publicar comunicados - Boaventura não fala apenas das autoras do capítulo, da editora e de quem o acusa. Tem também como alvo o movimento feminista.

      «Há uma divisão no movimento, uma divisão muito séria, entre os que seguem o tipo de movimento metoo, dos EUA, e a ideia é tolerância zero - uma denúncia é uma condenação», diz o sociólogo. «As feministas mais novas acham que o homem é o inimigo. E tenho de as compreender como sociólogo, até escrevi um documento de autocrítica [refere-se a um artigo publicado no Expresso em junho], admitindo que no passado cometi erros. Mas nunca fiz aquelas coisas, é absurdo. (...) Temos de distinguir lutas genuínas, sabe?»

      Garantindo ter sido «um feminista toda a vida», refere o seu trabalho como prova: «É por isso que aponto o heteropatriarcado como parte do sistema de dominação. Muitas pessoas acharam que não devia colocar a dominação patriarcal no mesmo nível da classe e da raça.»

      Admite porém que apesar de ter tentado na prática «ser consistente» com a sua teoria, não foi. "Nunca somos totalmente consistentes, já se sabe. E uma pessoa da minha geração, particularmente no passado, cometeu certos atos incorretos, erros, mas nunca crimes. Coisas incorretas que podem ser consideradas coisas machistas e chauvinistas, como dizer «hoje está particularmente bonita» ou «muito bem vestida» - coisas que hoje não se podem dizer mas que em 2010, 2000, provavelmente podia dizer e não era ofensivo. Há realmente uma mudança na sociedade e temos de a respeitar. Temos de viver no nosso tempo. Se há desigualdades de poder? Claro, na academia e em geral, e tenho lutado contra elas. Mas no meio de uma luta justa há uma coisa muito injusta, a meu ver."

      Fala também das divisões na esquerda - «É uma infelicidade e estamos num período em que há muitas divisões e usualmente são as pessoas de esquerda q são vítimas destas coisas. Estamos a destruir o pensamento crítico» -, apontando-se como um «alvo» por «razões diferentes e de forma muito injusta.»

      Uma das razões, diz suspeitar, é a sua posição sobre a guerra na Ucrânia. «Sou quase a única voz em Portugal contra a guerra na Ucrânia. Fui muito contra a invasão ilegal da Ucrânia pela Rússia. Mas a partir desse momento, porque vivo nos EUA há tanto tempo, sei que esta guerra foi provocada pelos EUA para neutralizar a Rússia - e para tentar neutralizar a China. (...) Sou quase a única figura pública conhecida a dizer isto nos jornais. (...) O que tenho dito causou escândalo e havia interesse em calar-me. E de facto calaram-me - publico as minhas crónicas mas não nos principais jornais, como costumava fazer.»

      Queixa-se até de não lhe darem sequer voz para se defender: "Não posso ir para os jornais expor a minha posição, porque dizem «OK, é a sua posição mas a posição da mulher prevalece». Acho que em 90% dos casos podem estar certos, mas às vezes estão errados."

      Sublinhando que aguarda poder apresentar as provas - «hard facts», «documentos, emails, faxes» - à comissão independente que o CES anunciou para investigar o caso (e que três meses depois ainda não foi, como noticiou o Público, nomeada), exemplifica com o que considera ser «a refutação completa» que publicou das acusações que lhe foram feitas pela ativista indígena Moira Millán, através de mails que alegadamente esta trocou consigo desde 2010 (quando teria ocorrido a agressão sexual de que ela se diz vítima) e 2014, lamentando: "Um dos problemas é que as pessoas já nem leem as refutações, por se se está em «tolerância zero», o que conta é a denúncia. E não é verdade, porque temos de ver os factos."

      Por fim, comenta: "Espero que a verdade triunfe. Isto faz parte da nossa vida no mundo, tenho de ser um sociólogo no meu tempo. E como não tenho um partido, uma igreja, uma sociedade secreta para me proteger, estou só em campo aberto. Nunca esperei que abordasse esta questão [dirigindo-se ao entrevistador, que se manteve calado durante toda esta parte, com cerca de 30 minutos, da entrevista], e poderia dizer «essa não, porque está sob investigação». Mas gostei de falar consigo. E assim fica a perceber o que sinto sobre isto."

      https://www.dn.pt/sociedade/boaventura-da-primeira-entrevista-sobre-acusacoes-fui-feminista-toda-a-vida-mas-e

    • Open Letter to Routledge - Taylor & Francis Group

      Academic censorship on sexual misconduct and power abuse: Not in our academia!

      #NotInOurAcademia

      #NoEnNuestraAcademia

      #NãoNaNossaAcademia

      #MeTooAcademia

      If you want to sign this open letter, please sign the form here and your name will be added

      Sexual misconduct is rife in higher education. In the UK, for example, sexual harassment carried out by academic staff towards students was documented in a 2018 report, Power in the Academy, which found that one in eight students had been subjected to unwanted touching from academics. These incidents are perpetuated by institutions historically rooted in patriarchal, racist, competitive, objectifying and hierarchical practices of knowledge and power.

      The book Sexual Misconduct in Academia: Informing an Ethics of Care in the University (2023) came together to address this emergency, to show ways forward, and to overcome silences.

      The two editors, Delyth Edwards and Erin Pritchard, and the 23 authors of this book represent a collective of PhD students, early career researchers, First Generation scholars, Indigenous scholars, and disabled scholars, based in Australia, India, North America, the UK and several European countries. Many of us have been affected by sexual harassment and assault - including rape - during our academic careers, often leaving us with deep traumatic wounds. We speak out despite the risk of legal, public or professional repercussions, such as losing our jobs. We have chosen to write about and analyse our experiences with the intention of promoting open dialogue about the realities of sexual misconduct and power abuse in academia in order to enact a much-needed deep transformation in our professional field.

      Chapter 12 of the book, “The wall spoke when nobody else would: Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia”, was written by Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro, and Miye Nadya Tom. It analyses sexual misconduct within an unnamed research centre, describing the culture and social norms that enabled the harassment to occur, as well as ways in which resistance took place. The authors collectively analysed such concepts as “star professor”, “whisper network”, “sexual-power gatekeepers”, “academic incest”, “intellectual and sexual extractivism”, “gaslighting”, and “institutional witch-hunt”.

      After the book’s publication in March 2023, a professor felt he was being referred to in Chapter 12, suggesting that he was the “star professor”, and threatened the authors with legal actions in the press. He also denounced the book and its editors among his networks.

      In certain academic circles the chapter became widely discussed and the authors, as well as other victims who stood up publicly, have received international support via open letters. The person who has identified himself as the “star professor”, along with others, appears to have used his power and the law to silence the chapter, the book and its authors. In June 2023 the book was temporarily withdrawn from circulation while Routledge - Taylor & Francis Group looked into “complaints” and a cease-and-desist letter it had received about the chapter. On 31 August 2023 the authors of Chapter 12 were informed that Routledge - Taylor & Francis Group were reverting the rights for the chapter to them. The editors were not informed of this decision, nor were they told what would happen to the rest of the book. The webpage for the book has now disappeared.

      Women presenting conference.

      These events are not only of great concern in relation to the silencing of the voices of the survivors who wrote Chapter 12, but also in relation to wider questions of how commercial publishers handle this issue. This controversy raises many questions, two of which we want to bring to the attention of the international academic community:

      - Can we, as an academic community, allow a private publisher to intervene in and even censor such an important, urgent and necessary debate in our professional field?

      – Academic writing is still the core tool of academic knowledge production worldwide, but when we as researchers are no longer allowed to reflect critically about how to transform our field from within, what are the implications for critical reflection on academia from within?

      It is well known that abusers, harassers and their enablers are increasingly turning to the law (in and out of court) to further intimidate, oppress and silence those who speak out about sexual violence and power abuse both within and outside of academia. It is not acceptable to simply defer to the legal threats of the powerful. As such, the legal context is weighted against victim-survivors. This is why academic publishers such as Routledge need to recognise their role within the wider academic community, and take a stance on this issue. Where publishers are profiting from publishing academic work, then they also need to take responsibility for the conditions of production of academic outputs. Academic research is produced in a context where women, LGBTQ+ people, and even men, in the Global North and South, are at risk of sexual harassment and power abuse. This context needs to be recognised in the ways that publishers work with those who write about these issues, instead of re-victimising them. Such support should include standing by authors where defamation threats are made.

      Furthermore, academic freedom upholds the right of academics to freedom of inquiry - to pursue and discuss ideas related to their field. Sexual harassment and power abuse in academia is an area that is in urgent need of further analysis and inquiry, hence the publication of this book.

      By signing this letter, the undersigned join in solidarity with the authors and editors of the book, in particular the authors of Chapter 12. We salute their strength and work, and support the editors and supporters of the book in calling on Routledge - Taylor & Francis Group:

      - to publicly state why they have removed the chapter and the book itself from their website

      - to reinstate chapter 12 and the book as a whole and to stand up to legal threats

      If you want to sign this open letter, please add your name here: https://docs.google.com/forms/d/19FX-p5Otrm_pk4ePmDWQIuGNgMXAg4pIePlRlJlRKtA/edit?pli=1. See current list of signatories below.

      https://www.buala.org/en/mukanda/open-letter-to-routledge-taylor-francis-group

    • « Nous savons toutes ». Un #MeToo universitaire au Portugal

      En mars 2023, un chapitre d’ouvrage dénonçait le harcèlement moral et sexuel dont les autrices avaient été victimes et témoins dans leur Centre de recherche. Dans leur sillage, le sociologue Boaventura de Sousa Santos, professeur et directeur émérite, était mis en cause. En solidarité, un large ensemble de signataires dénoncent une culture académique abusive, l’abandon des institutions et la violation de l’éthique professionnelle dans un environnement de précarité généralisée. En faisant appel à un changement de paradigme urgent, ce texte a donné naissance à un #MeToo universitaire au Portugal.

      En mars 2023, l’ouvrage Sexual Misconduct in Academia Informing an Ethics of Care in the University a été publié chez Routledge (New York). Ce livre, principalement à destination des universitaires, traite des expériences de violences sexistes et sexuelles au sein du monde académique.

      Un de ses chapitres s’intitule « The walls spoke when no one else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia », et a été signé par les chercheuses Lieselotte Viaene, Catarina Laranjeiro et Miye Nadya Tom.

      Passées par le Centre d’études sociales (CES) de l’Université de Coimbra, au Portugal, les autrices s’appuient sur la méthode auto-ethnographique pour développer une analyse critique de dynamiques de pouvoir complexes au sein de cette institution internationalement reconnue comme pionnière dans le champ des études postcoloniales et décoloniales.

      Sans jamais nommer personne, ni la prestigieuse institution, elles élaborent une analyse qui permet de déceler comment les rapports entre le savoir et le pouvoir sont interconnectés et ancrés, à travers des figures-type telles que le « Star professor », la « Watchwoman », ou le « Apprentice ».

      Victimes et témoins de harcèlement en contexte universitaire, elles dénoncent une culture académique abusive, l’extractivisme intellectuel et sexuel, l’abandon des institutions, voire la violation de l’éthique professionnelle, dans un environnement de précarité généralisée ; tout en faisant appel à un changement de paradigme urgent.

      Ce texte a depuis désormais plus d’un mois déclenché un débat médiatique important au Portugal et à l’international, donnant naissance à un mouvement MeToo universitaire. Dans son sillage, le sociologue Boaventura de Sousa Santos, professeur et directeur émérite du CES de Coimbra, incarnation lusophone de l’intellectuel engagé, est aujourd’hui accusé de harcèlement et d’abus sexuels, notamment par la députée de gauche brésilienne Bella Gonçalves (qui a été sa doctorante en 2013-2014) ou encore par l’autrice mapuche Moira Millán.

      Si le débat public autour de ces questions est nécessaire, il comporte également une série de risques : représailles envers les autrices, instrumentalisation politique réactionnaire, dévalorisation de tout le travail scientifique développé au sein du CES de Coimbra, individualisation de problèmes qui sont en réalité systémiques – particulièrement au Portugal, mais aussi ailleurs.

      En ce contexte d’attaques et de mise en lumière publique des victimes, une vingtaine de personnes, la plupart des femmes, ont rédigé ce manifeste en solidarité avec les autrices du chapitre et avec toutes les victimes de harcèlement, tout en essayant de redéfinir les termes du débat, d’un point de vue féministe intersectionnel, solidaire, pour la justice transformatrice du milieu académique et de la société en général.

      Le texte a été publié dans le quotidien portugais Público le 14 avril. Depuis, il a été signé par plus de 900 personnes, et traduit en anglais et espagnol, ce qui a permis d’ élargir le débat, qui a notamment pris beaucoup d’ampleur en Amérique Latine.

      Nous le publions ici pour la première fois en français.

      « Nous savons toutes »

      Face au débat public en cours suscité par la publication de l’étude “The walls spoke when no one else would : Autoethnographic notes on sexual-power gatekeeping within avant-garde academia”, dans l’ouvrage Sexual Misconduct in Academia : Informing an Ethics of Care in the University (Routledge, 2023), nous exprimons notre entière solidarité avec les autrices et les autres voix qui se sont manifestées publiquement, ainsi qu’avec toutes les personnes victimes d’abus de pouvoir et d’autres formes de violence à l’intérieur et à l’extérieur du monde universitaire. Ce document est une contribution collective et inachevée pour un débat en cours.

      I - SOLIDARITÉ TOTALE

      1. Il ne s’agit pas de diffamation

      Les situations abusives répétées et persistantes décrites dans le texte, loin d’être épisodiques ou de représenter une attaque concertée en vue d’une diffamation personnelle, institutionnelle ou politique, doivent être interprétées comme une critique des dynamiques institutionnelles systémiques, récurrentes à l’intérieur comme à l’extérieur de l’université.

      2. C’est structurel et structurant

      Le harcèlement sexuel et moral, l’extractivisme intellectuel (la pratique de plagier ou de reproduire le travail d’autrui sans le citer, en le présentant comme sien), ainsi que d’autres formes de violence, sont structurelles et structurantes dans un système universitaire fondé sur des hiérarchies professionnelles marquées et des divisions de classe, de genre et ethno-raciales. Une dimension particulièrement insidieuse de cette structure hiérarchique concerne la concentration du pouvoir et, par conséquent, l’accaparement de ressources financières essentielles au développement des carrières de recherche, dont la grande majorité repose sur la précarité. Dans ce contexte, le harcèlement peut toucher les hommes. Cependant, il touche principalement les femmes, compte tenu des difficultés accrues qu’elles rencontrent dans le développement de leur carrière, en raison, entre autres, du droit à la maternité et l’exercice de tâches de soin. Vue la manière dont le harcèlement et la violence à l’égard des femmes sont naturalisés dans une société patriarcale et sexiste, de tels actes sont souvent dévalorisés par les institutions où ils sont commis, les agresseurs bénéficiant de l’inertie et de la connivence des personnes ayant des responsabilités administratives. Ainsi, que ce soit par apathie ou par rationalisation des comportements abusifs, les personnes impliquées dans la gestion de ces institutions sont également imbriquées dans ces réseaux complexes de pouvoir, devenant complices des abus.

      3. Les représailles

      Les personnes cibles de violences ne décident pas de se soumettre à l’examen public à la légère. Elles savent d’avance ce qui les attend : des jugements de valeur, l’humiliation, la déformation des faits, la dévalorisation, le ridicule et une potentielle re-traumatisation. Souvent, les personnes accusées d’abus font appel à des principes consensuels de justice, tout en transférant la culpabilité vers les victimes. Parallèlement, elles ont tendance à discréditer les victimes/survivant.e.s en se présentant elles-même comme les victimes d’une persécution politique ou d’une attaque conspiratrice. Bien que dans la plupart des cas les agresseurs concentrent diverses formes de pouvoir — institutionnel et économique —, ils répondent aux accusations en se victimisant eux-mêmes. Cette situation persiste en l’absence d’un cadre juridique et de codes de conduite efficaces. À proprement parler, il n’existe pas de voie claire pour entamer une procédure de dénonciation des abus. Puisque les personnes qui décident de s’exprimer sont totalement dépourvues de protection sur leur lieu de travail ou d’études, elles s’exposent à des représailles. Ces mécanismes sont d’autant plus obscurs qu’ils sont informels, et plus les statuts sont précaires, plus les mesures de dissuasion contre le signalement d’abus sont importantes. Il en résulte un cercle vicieux de re-victimisation, d’isolement, d’auto-culpabilisation, voire d’abandon total de la carrière universitaire, sans parler du traumatisme infligé par de telles situations de violence. Dans le cas en question, les adjectifs utilisés à l’encontre des autrices de l’article, les accusant d’être des femmes « difficiles », « problématiques » ou même « insolentes », s’inscrivent dans une longue tradition patriarcale. Ce sont des lieux (trop)communs mobilisés pour discréditer les femmes. De plus, l’article a été la cible d’arguments masqués sous un vernis académique, en attaquant son prétendu manque de rigueur et la qualité de l’examen par peer-review auquel il a été soumis. L’utilisation de l’auto-ethnographie a été particulièrement critiquée, bien qu’il s’agisse d’une méthode valide et pertinente pour articuler, caractériser et analyser le type d’abus et de violence que le chapitre met en lumière. Nous répudions ces critiques.

      4. « Sans témoin, il n’y a pas de crime »

      Nous respectons le principe de la présomption d’innocence dans la sphère judiciaire. Cependant, nous condamnons la position adoptée par les présumés agresseurs qui se traduit invariablement par un refus de reconnaître le problème. Bien qu’il s’agisse de chercheurs reconnus pour l’étude et l’examen des relations de pouvoir asymétriques dans le monde, ils se montrent incapables d’appliquer ces mêmes outils critiques et théoriques à eux-mêmes. Qui plus est, ils refusent de remettre en question leur position de pouvoir et ne reconnaissent pas la violence abusive que leur désaveu renforce. Cela s’est manifesté de manière flagrante dans la réaction publique immédiate au chapitre et à ses auteurs, notamment par des menaces de poursuites pour diffamation. Cette réaction démontre une connaissance du fonctionnement des mécanismes juridiques, car s’il n’y a pas de témoins, il est d’autant plus difficile (parfois impossible) de prouver qu’un crime a été commis.

      5. La faillite de la justice

      Les mécanismes de la justice n’accompagnent pas les processus de justice sociale et de genre déclenchés par les mouvements sociaux de base. Les exemples de femmes dont l’expérience n’a pas été prise en compte par la justice sont nombreux. Les plaintes pour harcèlement et violence aboutissent souvent à la culpabilisation de la victime, questionnant de son comportement, au détriment de la clarification des faits et de l’application de la justice. Ce modus operandi, qui met en cause la cible des violences plutôt que son auteur, élude le problème et pervertit l’obtention de justice.

      II

      LA DIFFICULTÉ À PARLER

      6. L’inefficacité des mécanismes de dénonciation

      En raison d’un contexte qui ne protège pas les victimes/survivant.e.s, celles-ci finissent par payer un prix trop élevé, soit en termes professionnels (les amenant parfois à renoncer à leurs projets de vie), soit en termes de santé physique, mentale et émotionnelle, portant souvent un traumatisme à vie. Par ailleurs, les plaintes formelles auprès des institutions et des autorités ne constituent pas un mécanisme pleinement efficace. En conséquence, les victimes sont souvent dissuadées de porter plainte — notamment car lorsqu’elles le font, ces situations ont tendance à être étouffées (le cas en question en est un exemple). De manière perfide, l’économie des rankings, des évaluations et du prestige encourage et favorise l’impunité et l’inertie. Ainsi, les institutions préfèrent ne pas “salir” leur nom en évitant d’enquêter sur les cas de harcèlement sexuel, d’abus moral et de plagiat commis par des membres du corps enseignant ou du personnel académique sénior. En 2022, par exemple, il a été révélé qu’un rapport du conseil pédagogique de la faculté de droit de l’université de Lisbonne a reçu, en onze jours seulement, 70 plaintes de harcèlement, dont 50 ont été “validées”, impliquant 31 enseignants. Toutes les plaintes ont été classées et celles qui ont pu poursuivre au sein d’un organe interne de cette faculté ont été prescrite

      7. Régimes de validation du discours

      Il a fallu que les autrices du chapitre passent par les mécanismes les plus largement reconnus de validation académique — l’examen aveugle par peer-review et le fait d’être publiées par une maison d’édition de prestige (Routledge) — pour déclencher une vague d’attention aux situations d’abus de pouvoir. Toutefois, il faut souligner que tout ceci arrive après des tentatives de dénonciation de la part de chercheuses du Sud global qui ont été étouffées ou ignorées au fil des années. Pendant cette même période, soit par le biais de réseaux de chuchotements, soit parce que “les murs ont commencé à parler”, “nous le savions toutes”, même si c’était de manière informelle.

      8. Pouvoir-savoir

      Nous pensons qu’il est fondamental de montrer qu’un processus d’extraction intellectuelle existe et se concentre sur les groupes incarnant des savoirs et des épistémologies situées, qui, dans le contexte universitaire patriarcal et colonial, sont utilisés comme des ressources à capitaliser. Dans ce cadre, les dynamiques décrites dans le chapitre reproduisent les relations de pouvoir-savoir et reconstruisent des modes de production de connaissance marqués par le binarisme domination-subalternité. Paradoxalement, ces dynamiques sont des objets centraux du travail de recherche développé au sein du centre de recherche en question. Ce n’est pas un hasard si plusieurs des dénonciations subséquentes concernaient des chercheuses ancrées dans des contextes qui favorisent leur subalternisation : soit parce qu’elles se retrouvent déplacées de leurs milieux sociaux, culturels et/ou professionnels, soit en raison de leur condition économique, sociale ou migratoire — ou même par la confluence de tous ces facteurs. Dans le cadre d’un déséquilibre des relations de pouvoir, ces dénonciations impliquent, dans certains cas, des sujets dont les positions énonciatives et les perspectives épistémologiques ont été historiquement subalternisées.

      9. La pointe de l’iceberg

      Les cas signalés ne sont que la partie visible de l’iceberg. Le consentement intime est souvent compromis par les relations de pouvoir et la dépendance académique. Ces asymétries de pouvoir conduisent des chercheuses — dépendantes de la validation de l’institution pour leur sécurité financière, voire migratoire — à occulter les abus dont elles sont victimes afin d’éviter les problèmes ou les représailles. Ce phénomène a également été rapporté dans le cas en question. La plupart des victimes ne portent pas plainte par peur, par méfiance à l’égard du système judiciaire, par stratégie de survie ou pour préserver les personnes de leur entourage, celles dont la survie dépend de l’agresseur et souvent même celles qui appartiennent à la sphère intime de l’agresseur. La précarisation croissante du travail universitaire est au cœur de cette vulnérabilité. Certaines femmes ont exprimé la crainte de signer ce manifeste, justement, par peur des représailles. Cependant, le chapitre en question a déclenché plusieurs dénonciations nouvelles, et d’autres s’en suivront certainement. Dans l’espace des deux jours qui ont suivi la publication du chapitre, on peut compter par dizaines les témoignages publics et tout autant de dénonciations, tous faisant indéniablement état d’une réalité connue et tolérée depuis des décennies.

      III

      DES PRATIQUES ÉMANCIPATRICES

      10. Sauvegarder le travail émancipateur

      Le mérite des lignes de recherche importantes et progressistes développées au sein du Centre d’études sociales (CES) de l’université de Coimbra n’est pas à remettre en question. Telle est la confusion que veulent provoquer des tentatives d’instrumentalisation politique de ce cas à l’encontre d’orientations émancipatrices. Il est fondamental de reconnaître la pertinence des instruments de justice sociale et des plateformes permettant le type de pratiques critiques dont le CES a été pionnier. Cette reconnaissance ne doit pas nous empêcher, et ne nous empêchera pas, de constater les graves défaillances de la direction du CES dans la protection de ses chercheuses. Ainsi, nous soulignons que, précisément en raison de l’inscription du centre dans un espace idéologique et discursif émancipateur, l’impunité est inacceptable. C’est dans une écologie de la complexité, du conflit et de l’autocritique permanente que la justice sociale intersectionnelle peut être achevée.

      11. Pour une université pluridiverse et l’intersectionnalité des luttes

      Nous luttons pour une université qui valorise les idées et les pratiques progressistes ; une université capable de l’autocritique, d’accepter les vulnérabilités et d’assumer des pratiques de soin en vue de la justice sociale et de la formation de communautés solidaires et libres d’abus. Nous luttons pour une université où le savoir circule horizontalement, et non à travers des relations de pouvoir patriarcales et coloniales. Une université pluridiverse, égalitaire, intersectionnelle et émancipatrice. Une université libérée de la précarité générale et sans peur du modus operandi féministe dans la construction de personnes émancipées d’assignations prescriptives en raison de critères de genre, de classe, racistes, validistes ou de préceptes culturels. Une université où les lieux de décision et de prestige social ne sont pas le domaine quasi exclusif des hommes blancs, et où les secrétaires et les rôles auxiliaires de nettoyage et de restauration ne sont pas réservés presque exclusivement aux femmes (majoritairement des femmes racialisées ou migrantes, employées de manière précaire). Une université qui rompt avec la tradition des hiérarchies rigides et du renforcement du pouvoir par ceux qui sont plus préoccupés par la préservation de leurs privilèges que par la promotion de communautés de soin et de responsabilité. En résumé, nous rejetons une culture universitaire fondée sur la reproduction des « patriarches géniaux ».

      12. Nous faisons appel aux ministres Elvira Fortunato et Ana Catarina Mendes et à la Fondation pour la Science et la Technologie

      Nous appelons la ministre des sciences, de la technologie et de l’enseignement supérieur, Elvira Fortunato, et la ministre d’État et des affaires parlementaires, Ana Catarina Mendes, ainsi qu’à la Fondation pour la Science et la Technologie (l’agence publique nationale portugaise de soutien à la recherche), à se prononcer et à mettre à disposition les ressources nécessaires pour améliorer les cadres juridiques applicables à ce type de cas dans tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Il s’agit notamment d’envisager la nécessité d’adopter des codes juridiques et des cadres réglementaires analogues, par exemple, au "Title IX" en vigueur aux États-Unis. En outre, les instances de régulation de l’éducation et de la recherche scientifique doivent immédiatement créer les conditions pour que tous les établissements d’enseignement supérieur disposent de mécanismes permettant de dénoncer le harcèlement sexuel et moral de manière anonyme, capables de fournir des garanties de protection à toute personne ayant subi des abus. Par ailleurs, nous demandons la constitution de commissions indépendantes et non endogames chargées de mettre en place des mesures préventives, capables d’évaluer les plaintes, d’opérationnaliser les processus et d’aider à la mise en œuvre des sanctions.

      13. Réseau de solidarité sabemostodas[@]gmail.com

      ​Reconnaissant la nécessité de la présomption d’innocence pour une enquête juste dans une démocratie, tant pour les personnes dénonciatrices comme pour les accusées, nous condamnons toute tentative de représailles contre les premières. Nous anticipons cette possibilité contre les personnes signataires, à savoir celles qui ont des affiliations institutionnelles et universitaires, nous serons donc vigilantes et dénoncerons tout comportement punitif et de représailles. Faute de canaux de soutien institutionnels efficaces, nous nous désignons comme espace et réseau de solidarité.

      Nous réaffirmons notre solidarité avec toutes ces femmes et toutes les victimes et survivant.e.s de harcèlement.

      Nous soutenons celles qui ont le courage de s’organiser contre ce système oppressif et toxique, de le dénoncer et de le remettre en question, et qui, par conséquent, se sont retrouvées dans la situation difficile de devoir revivre des traumatismes passés. Nous serons à l’affût de toute tentative de représailles et nous agirons pour réparer tout préjudice.

      Nous serons de plus en plus nombreuses à dénoncer et soutenir les personnes qui déconstruisent les fondements patriarcaux et coloniaux à la base des systèmes universitaires.

      Les rédactrices

      Josina Almeida
      Ana Balona de Oliveira
      Inês Beleza Barreiros
      Maria Benedita Basto
      Ana Bigotte Vieira
      Catarina Boieiro
      Catarina Botelho
      Maria do Carmo Piçarra
      Filipa César
      Fábian Cevallos Vivar
      Andreia Cunha
      Ana Cristina Pereira (Kitty Furtado)
      Inês Espírito Santo
      Sara Goulart
      Marta Lança
      Patrícia Martins Marcos
      Marta Mestre
      Raquel Schefer
      Luísa Semedo
      Júlia Suárez-Krabbe
      Rita Tomás

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/110523/nous-savons-toutes-un-metoo-universitaire-au-portugal

    • Mapuche activist #Moira_Millán recounts sexual assault by Boaventura de Sousa Santos

      Interview • Lola Matamala • April 18, 2023 • Originally published April 16 in El Salto Diario, Translation by Ojalá

      Boaventura de Sousa Santos (Coimbra, Portugal, 1940) holds a PhD from Yale University, and is a professor at Coimbra University in Portugal. He is among the most prestigious intellectuals on the European left, and has published books including Human Rights, Democracy and Development (Routledge, 2020). He has been a regular participant in international conferences and forums including the World Social Forum.

      In the past week, a group of Portuguese students have accused him of sexual aggression and Brazilian member of congress Bella Gonçalves has added her testimony, as has the well known Mapuche activist, writer and screenwriter Moira Millán.

      I spoke with Millán on Friday April 14, one day before the Latin American Social Science Council (CLACSO) announced via social media the suspension of all activities involving the sociologist, who is among the most prestigious on the continent, “while the investigations are underway.” On April 15, the Center for Social Studies of the Iusa University of Coimbra did the same, suspending all of de Sousa Santos’ academic activities.

      Lola Matamala: Moira, what happened with Boaventura?

      Moira Millán: In 2010 I traveled to Portugal by invitation of a collective of Argentines living in Lisbon for a discussion in the Lusophone University. I let Boaventura know, we had met at the World Social Forum in Brazil, where we had a political exchange that was enjoyable and respectful. He immediately wrote back and invited me to Coimbra to give a talk to his students.

      I accepted, though he didn’t offer to pay. I told him I needed him to pay my expenses because my economic situation was very precarious, and Boaventura said he would pay for my travel, accommodation and meals.

      I arrived in Coimbra and gave the talk. By the time it ended it was quite late and his assistant told me I was to go for dinner in a predetermined location.

      I thought the whole team would go, but when I got there, he was alone. The place he had chosen was a restaurant that belongs to his family, which he had opened so we could have dinner alone. He began to drink heavily and say really strange things as a kind of “flirtation.”

      The whole time I was setting boundaries. When we finished eating he told me he wanted to give me some books, and I asked him to give them to me the next day. He said no, and told me his house was nearby. I agreed to go with him.

      I don’t remember what floor he lived on but I do remember there was a security system to get into the building. We went into the apartment and he got comfortable and began to drink whisky. I wanted to leave, but he told me to sit down. I did, but across from him. When I did, he leaned into me and started touching me, trying to kiss me.

      I got angry and pushed him and I said: “No!” I was upset but I stayed calm. He pushed himself onto me again, and I got very angry and pushed him even harder. I wasn’t going to let anyone rape me, not even Boaventura.

      He realized he wasn’t going to be able to rape me because I wouldn’t allow it. At the same time, I felt like a hostage. I didn’t know how to get out of the building, I didn’t know if it was far, I didn’t have any money to pay for a taxi. I also didn’t have my return flight to Lisbon. I was in his hands, and that sensation made me feel afraid and upset. I tried to calm myself down and I made him think it through, and he calmed down.

      LM: What did you say to calm him down?

      MM: I asked him if he acted this way with white academics or if he just did it with me, since I’m Indigenous and not an academic. We had spoken at length about Blanca Chancoso and I asked him: did you do this to Blanca Chancoso too?

      LM: And what did he say?

      MM: He said of course not. So I responded: then why are you doing this to me? Because I’m poor? Then I started crying, even though I never cry because I’m implacable. I’m the kind of person who says “not a tear for the enemy”. That’s when he apologized, and I left.

      I’m a woman who knows how to defend herself, I have to confront the Argentine Gendarmerie, and he’s an older man. This whole thing could have ended in tragedy because I could have killed him, and I’d be in prison.

      LM: How did you get your return ticket?

      MM: The next day I went to ask his secretary for it, but I was told that he had it and that he was waiting for me in a restaurant. When I heard that I got very upset: it meant the humiliation at his hands would continue. He was like a fussy child who didn’t get what he wanted from me the day before, so he wanted me again the next day.

      His assistant was upset and it’s not her fault, so I went and saw him. And there he was, waiting for me with a bouquet of flowers, begging for forgiveness, but I took my ticket and left.

      ML: When you arrived back in Lisbon, did you tell anyone what happened in Coimbra?

      MM: Yes, and they told me not to mess with him, that the right would take advantage of what happened because he was the guru of the left in a very difficult moment in Portugal. But does a leftwing rapist do less damage than a rightwing rapist?

      LM: As the days went on, and faced with these kinds of responses, how did you process what happened to you?

      MM: I thought, I’m 40 years old, what could happen that hasn’t happened already? How is it possible this guy is going to get away with doing this to me? Major mistake.

      Since then, though, whenever I am traveling I ask to come with someone else, so that I have witnesses. The only ones I have from what happened are the students I gave the class to and his secretary, but there’s no witness in the restaurant or in his apartment. I realized later it wasn’t spontaneous, that he acted as a criminal with a premeditated strategy.

      LM: Since then, has Boaventura been in touch with you?

      MM: No, he’s terrified of me, he knows what he did. And I have told a lot of academics, because we’ve been in conferences where he is also invited, and they’ve asked me to be on the same panels as him, and I’ve said no, and if they insisted, I’ve threatened to publicly denounce him as abusive.

      For example, CLACSO has known since the beginning, because I told them, which means it is totally complicit.

      LM: Has anyone in CLACSO been in touch with you over the past days?

      MM: They’ve called me as individuals and they’ve told me that, for now, they won’t go against him. I think what’s missing in this moment is a clear political position: the left has a chance to clean house, to redeem itself by condemning these extremely violent events.

      Instead I’m being threatened on social media. I don’t care because they aren’t going to come to Patagonia, but the young Portugese women who have spoken out, what support and security do they have?

      I can’t understand how these practices have been allowed inside academia, and I especially don’t understand the women who are complicit in these situations.

      LM: Have you received any kind of support since the news of these events went public?

      MM: A handful of Portuguese academics have called to say they are sorry for Boaventura’s attitude.

      In Argentina, in general, academia and many Argentine feminists have looked the other way, in fact, one woman academic told me that he’d done the same in Africa.

      And I think, if he did that to me, a Mapuche woman activist and writer with a certain amount of recognition and all of the tools to speak out, and I haven’t received solidarity, what attitude will they have with the African sisters who have been his victims?

      LM: Have you spoken to any of them or to others who have suffered abuse by Boaventura?

      MM: No, I don’t even know the students that have gone public, but I’m sharing my testimony because I heard him deny it and delegitimize them.

      Some people have asked to see the email exchanges I’ve had with Boaventura, but I’m a person who is persecuted in my country and I have to change my phone number and email all the time because of hacking. How am I going to recover emails from 2010 if I’ve changed my email three times?

      LM: Are you going to make a criminal complaint?

      MM: Yes, but I have to go to Coimbra to do that because that’s where it happened, and the issue right now is that I’m in Patagonia. Between August and September I expect to travel to Europe for a script I’m writing and I can do it formally.

      I’ll go to Portugal, even though since this happened I haven’t gone, even though I’ve been invited, I haven’t dared to go. Now I have to go denounce that white academic, and presumably also the left that speaks about the south and coloniality.

      LM: A year and a half ago you denounced Boaventura during the CLACSO conference in México [City], I imagine what’s happening now is affecting you emotionally.

      MM: I’ve felt a lot of pain, powerlessness and rage. They say time heals all wounds, but it’s not true. If there’s no justice, there’s no healing. Your soul still feels it, you live it all over again.

      I was asked how I understand justice, and in this case I know he won’t go to jail because of his age, but I hope he’s kicked out of academia and that he’s separated from the strategic spaces where he continues to prey on people, to humiliate them, to exercise violence against women, so that they can go to university without having an abuser deciding their future. For me, that would be justice.

      LM: Finally, what reflections have this emotional rollercoaster led you to develop?

      MM: Well, I lacked self-esteem at that moment, and many Indigenous women continue to lack self esteem. We normalize that things like this can happen to us because we don’t matter to anybody, we’re rapable and killable. And we’re tired.

      This happened in 2010 and I was alone, I wasn’t part of any Indigenous collective spaces or any feminist spaces. Once we’re part of collectives we also feel stronger as we face our Mapuche world that is machista and where there are also abusers and mistreatment.

      I will no longer accept any dogma, any nationalist flags that allow “mal vivir,” mistreatment or oppression.

      https://www.ojala.mx/en/ojala-en/moira-milln-recounts-sexual-assault-by-boaventura-de-sousa-santos