• #Loi_immigration : après l’arrestation de livreurs en situation irrégulière, la colère d’#Éric_Piolle et d’élus de gauche

    Le maire de Grenoble et des représentants EELV et PS critiquent l’#opération_de_police de ce mercredi en Isère, et au passage la loi immigration.

    Le gouvernement voudrait passer à autre chose, la gauche s’y refuse. La loi immigration est revenue à toute vitesse dans les débats en cette fin décembre, conséquence de l’#arrestation d’une dizaine de #livreurs de repas en situation irrégulière mercredi 27 en #Isère, une information rapportée par Le Dauphiné Libéré. Le maire de #Grenoble, Éric Piolle, suivi par d’autres élus de gauche, a dénoncé « une #indignité » pendant que la CGT parlait de « #rafle ».

    L’édile écologiste a directement interpellé le ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin, déplorant que « ces personnes seraient donc suffisamment ’régulières’ pour attendre dans le froid de vous livrer vos repas, mais pas pour vivre dignement avec nous ».

    « Voici le vrai visage de ce gouvernement »

    Éric Piolle veut ainsi relancer les discussions autour de la #régularisation des #travailleurs_sans_papiers dans les secteurs en tension. Une mesure ardemment défendue par la gauche pendant les débats sur la loi immigration, mais qui a finalement été écartée de la version du texte adoptée par le Parlement.

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740413156227182760

    Dans le sillage du maire, le secrétaire général du PS, #Olivier_Faure, s’est également exprimé les réseaux sociaux : « Si tous les étrangers en situation régulière ou irrégulière se mettaient en grève une journée, chacun se rendrait compte qu’ils sont dans tous les métiers de la seconde ligne, livreurs, auxiliaires de vie, caristes, assistantes maternelles… loués pendant la crise Covid et puis… ».

    Autre élue EELV, la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée #Cyrielle_Chatelain a elle aussi dénoncé l’opération de police, et entre les lignes la loi immigration adoptée définitivement le 19 décembre dernier. « Voici le vrai visage de ce gouvernement : être méchant avec tous les étrangers, même s’ils travaillent, même s’ils s’intègrent », a-t-elle fustigé, là encore sur X (anciennement Twitter).

    Et pour cause : l’opération baptisée « #Uber_Eats », menée simultanément dans plusieurs localités iséroises (Grenoble, #Voiron, #Vienne…), a conduit à l’#interpellation de nombreux livreurs. Des ressortissants algériens, burkinabés, guinéens ou tunisiens qui ont été placés en #garde_à_vue à Lyon et Grenoble après la saisie de leur vélo, et qui ont été libérés après s’être vu notifier des #obligations_de_quitter_le_territoire_français (#OQTF) et des #interdictions_de_retour_sur_le_territoire (#IRTF), comme l’a expliqué #Mohamed_Fofana, responsable CGT des livreurs du département lors d’un point presse organisé ce vendredi.

    Piolle invité à « aimer les policiers »

    « Nous dénonçons cette opération de police (...) dans une période de fêtes où les associations de défense des migrants et beaucoup d’avocats sont en congé et les recours compliqués », a insisté ce responsable. « Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants », a-t-il ajouté, rappelant que beaucoup de livreurs travaillent dans des conditions précaires et pour des « rémunérations scandaleusement basses ». « La place Victor Hugo (à Grenoble) a été complètement fermée par des camions de police. C’était une #nasse. Cela s’appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes », s’est indigné de son côté un responsable de l’Union locale de la CGT, Alain Lavi.

    Le procureur de la République de Grenoble, #Éric_Vaillant, a répondu à Éric Piolle et aux critiques ayant ciblé l’opération : « Ces #contrôles ont été opérés à ma demande. Ils ont aussi permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur #licence. Des enquêtes sont engagées », a-t-il indiqué. La préfecture de l’Isère a pour sa part souligné être garante « de l’application des lois de la République ».

    Le ministre de l’Intérieur Gérald #Darmanin, interrogé à ce propos alors qu’il présentait le dispositif de sécurité pour la Saint-Sylvestre, s’est pour sa part contenté de lancer à Éric Piolle : « J’invite le maire de Grenoble à aimer les policiers et à soutenir la loi de la République ».

    https://twitter.com/BFMTV/status/1740687346364739605

    Quelques heures plus heures, l’élu EELV a répondu au ministre dans un tweet, en énumérant « les cinq actes » de la « #tragédie_macroniste : « laisser les #plateformes créer des situations d’#esclavage, voter la loi immigration avec le RN, imposer la politique du chiffre à la police, arrêter des personnes sans défense, inviter à aimer la police ».

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740738174350143880

    https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/loi-immigration-apres-l-arrestation-de-livreurs-en-situation-irreguli
    #Eric_Piolle #résistance #migrations #sans-papiers #Eric_Vaillant

  • La directive européenne sur les travailleurs « ubérisés » rejetée par plusieurs Etats membres, dont la France
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/12/22/la-directive-europeenne-sur-les-travailleurs-uberises-rejetee-par-plusieurs-

    Plusieurs gouvernements des pays de l’UE ont décidé de ne pas valider un texte prévoyant de reconnaître le statut de salariés à plusieurs millions de chauffeurs VTC ou livreurs à vélo. La réglementation avait pourtant fait l’objet d’un accord européen dix jours plus tôt.

    https://archive.is/RQwnT

    #travail #chauffeurs #livreurs #uberisation #autoentrepreneurs #sans-papiers #droit #salaire

    • Interrogé sur le sujet cette semaine au Sénat, le ministre du travail, Olivier Dussopt, avait marqué son désaccord : « cette directive est très différente du projet du Conseil adopté le 12 juin dernier. Quand vous passez de trois critères sur sept à deux critères sur cinq, quand vous allez vers une directive qui permettrait des requalifications massives, y compris de travailleurs qui tiennent à leur statut d’indépendants, nous ne pouvons pas la soutenir. » Le ministre a mis en avant la troisième voie proposée par la France, qui consiste en une instance de dialogue social réservée à ces autoentrepreneurs.

  • En Chine, le chômage de masse chez les jeunes embarrasse Pékin

    Le pouvoir s’inquiète particulièrement du défaitisme affiché, avec ironie, par les #jeunes internautes. Ces dernières années, tout un vocabulaire a émergé pour promouvoir une sorte de #philosophie_de_la_paresse : certains parlent de « rester couché » (« tangping »), tandis que d’autres appellent à « laisser pourrir les choses » (« bailan »). Il s’agit, à chaque fois, d’en faire le moins possible au #travail. On pense au « quiet quitting » en vogue aux Etats-Unis pendant la pandémie de Covid-19.

    Une attitude qui suscite peu de compassion de la part de leurs aînés. « Je ne pense pas que le #chômage_des_jeunes soit un gros problème en Chine, parce que beaucoup d’entre eux pourraient trouver un #emploi_, estime Dan Wang, cheffe économiste à la banque hongkongaise Hang Seng. _C’est la génération des enfants uniques, leur famille a énormément investi dans leur éducation donc ils ne veulent pas accepter un job qui soit juste “passable”. Les 12 millions de #diplômés de l’#université en 2023 sont généralement issus de familles aisées qui peuvent se permettre de les soutenir un certain temps », explique-t-elle.

    La preuve en est que certains secteurs, comme la restauration et l’industrie, peinent à recruter. « Les jeunes n’ont pas forcément envie de travailler dans les #usines. C’est vu comme une activité dégradante, non seulement par eux, mais aussi par leurs parents », explique Nicolas Musy, patron de LX Precision, une entreprise suisse qui fabrique, en périphérie de Shanghaï, des composants pour l’industrie automobile, médicale et de télécommunication. « Jusqu’au début des années 2010, c’était beaucoup plus facile de recruter : il y avait cet afflux de travailleurs migrants des campagnes : pour eux, un travail, quel qu’il soit, c’était important. Maintenant, les gens font plus attention à quelles opportunités de carrière ils accèdent », poursuit cet entrepreneur présent en #Chine depuis plus de trente ans. Un phénomène renforcé par la baisse de la population active, qui a atteint son pic en 2010.

    Profond changement de génération

    Beaucoup de jeunes des campagnes alimentant par le passé les lignes de production chinoises préfèrent aujourd’hui travailler comme #livreurs, pour les plates-formes de #commerce en ligne ou de livraison de repas. Une concurrence directe pour les ressources humaines que représentent les #ouvriers. « C’est une difficulté pour nous : travailler à l’usine, ça veut dire être soumis à une certaine discipline, et effectuer des tâches qui peuvent être ennuyeuses. Les jeunes préfèrent souvent la liberté, reconnaît Kathy Sun, directrice des ressources humaines chez Clarion Electronics pour l’Asie chez Forvia, leader français des composants automobiles. Il revient aux entreprises de faire des efforts pour attirer les cols bleus, non seulement en jouant sur la charge de travail et les salaires, mais aussi en offrant un environnement de travail et une culture plus accueillants. »

    Le changement entre générations est profond. En 2021, 58 % des jeunes entrants sur le marché du travail sortaient de l’éducation supérieure (au-delà du baccalauréat), alors qu’ils n’étaient que 30 % en 2012. Même ceux des campagnes, moins privilégiés, ont une expérience éloignée de celle de leurs parents, qui avaient grandi à la ferme et dans la pauvreté. « Pour les générations précédentes, vous pouviez aller à la ville, travailler dur et obtenir une vie meilleure pour vous et votre famille. Les jeunes migrants d’aujourd’hui ont des parents qui ont travaillé dans les grandes villes. Leurs aspirations sont proches de celles des enfants de la classe moyenne : ils sont plus éduqués, ont une idée de leurs droits sur le marché du travail. Ils ne sont plus prêts à travailler de longues journées pour un salaire de misère, décrit Ole Johannes Kaland, anthropologue, associé à l’université de Bergen, en Norvège, qui a réalisé des études sur les enfants de migrants à Shanghaï. Pas un seul des adolescents que j’ai étudiés ne souhaitait travailler dans les usines ou dans le secteur de la construction. »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/22/en-chine-le-chomage-de-masse-chez-les-jeunes-embarrasse-pekin_6195996_3234.h
    https://archive.ph/jnmRJ

  • Vienne : la grande précarité des jeunes travailleurs indépendants
    https://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/vienne-la-grande-precarite-des-jeunes-travailleurs-independants


    Le 24 octobre 2022, une cinquantaine de livreurs manifestent à Poitiers. © (Photo archives NR/CP Marie-Laure Aveline)

    L’#Urssaf vient de mener une enquête déclinée à l’échelle régionale sur les #travailleurs_indépendants de moins de 30 ans [que nous avons reçu par la malle poste]. Leurs revenus restent généralement très bas.

    Le 24 octobre 2022, soutenus par l’Union départementale CFDT, une cinquantaine de #livreurs travaillant pour Deliveroo ou Uber Eats manifestaient devant la mairie de Poitiers. Pour défendre leurs droits mais aussi pour attirer l’attention sur la #précarité de leur situation.

    Une étude menée à l’échelle nationale par l’Urssaf et déclinée sur le plan régional vient de confirmer cette situation, d’autant plus difficile que les intéressés sont jeunes. C’est précisément sur les moins de 30 ans que porte l’étude de l’Urssaf. https://www.urssaf.org/accueil/espace-medias/communiques-et-dossiers-de-press/communiques-de-presse/activite_eco_des_moins_30_ans.html#:~:text=les%20effectifs%20salariés-,En%20.

    Un autoentrepreneur sur six
    On constate que, s’ils ne représentent que 4,8 % des travailleurs indépendants classiques en Poitou-Charentes, les moins de 30 ans pèsent pour 14,7 % chez les autoentrepreneurs (20 % pour la France entière). Les deux tiers des livreurs à domicile (activités dites « de pose et de courrier ») ont moins de 30 ans.

    Moins de 3.000 € par an en moyenne pour les indépendants de moins de 30 ans
    Pour compenser la faiblesse des revenus de leur activité, 23 % des indépendants de moins de 26 ans l’exercent en parallèle avec un #emploi salarié [et lycée de Versailles]. La proportion passe à 13 % chez les 26-29 ans, le niveau de revenu, explique l’Urssaf, s’améliorant avec l’expérience.

    Les indépendants classiques mieux lotis
    Les revenus annuels des activités indépendantes, s’ils sont corrects pour l’ensemble de ces professionnels en Poitou-Charentes (36.869 € en moyenne en 2021), restent bas pour les moins de 26 ans : 12.909 €.

    Ces chiffres cachent des situations très contrastées : si les indépendants classiques (artisans, commerçants, prestataires de services…) même les plus jeunes vivent en général correctement de leur activité, les #autoentrepreneurs ne tirent généralement que de très maigres revenus de leur travail : 5.825 € par an en moyenne pour les 26-29 ans, deux fois moins chez les moins de 26 ans.

    #travail #revenu

  • La police aux commandes de l’inspection du travail

    @smith51_a
    https://twitter.com/smith51_a/status/1686386599842693120

    Lu dans le @canardenchaine (qui je l’espère ne m’en voudra pas pour la publication)
    Suffisamment édifiant pour éviter tout commentaire … 🥲🤢

    ils risquent l’expulsion en plus d’avoir perdu leur boulot, alors que ce type de contrôle vise la légalité du travail et donc plutôt leur régularisation

    #sans-papiers #travail #inspection_du_travail #inspecteurs_du_travail #JO #livreurs #police

  • Coup de projecteur sur une gabegie honteuse : la livraison "gratuite" des plateformes de commerce en ligne.

    « Un système illégal » : face aux dérives de la sous-traitance, une alliance inédite entre livreurs et petits patrons - Basta !
    https://basta.media/un-systeme-illegal-face-aux-derives-de-la-soustraitance-l-alliance-inedite-

    Les petites entreprises de livraisons constituent le dernier maillon d’une chaîne logistique massive, qui a permis à 1,7 milliard de colis d’arriver à bon port en 2021. Selon les estimations de l’économiste Pétronille Rème-Harnay, 70 000 personnes travaillent comme livreurs sous-traitants en France. Ces dernières années, les délais de livraison n’ont cessé de raccourcir pour atteindre un à deux jours.

    La majorité des sites de vente en ligne proposent la livraison gratuite. « Mais elle ne l’est pas pour tout le monde, précise Alexandre Dol, ancien responsable chez TNT-FedEx, licencié par l’entreprise. C’est la part que va économiser le vendeur sur le sous-traitant. » L’homme dénonce désormais un système passé « de l’immoral à l’illégal ».

    #logistique #fret #uberisation #bilan_carbone

  • Le #business des #sous-locations de comptes #Stuart, #UberEats et #Deliveroo

    Pour travailler, des centaines de sans-papiers sous-louent à prix d’or des comptes UberEats ou Deliveroo. Enquête sur ces forçats de la route, qui pédalent jour et nuit pour gagner de quoi tout juste se nourrir.

    Il est 18 heures passées. Un groupe d’hommes encercle un thermos fumant. Chacun tient dans la main un petit verre en plastique rempli de thé chaud. Ils sont livreurs à vélo ou en scooter, de repas à domicile. Certains attendent la prochaine course, d’autres sont juste là pour passer un moment avec leurs anciens camarades de livraison. Début septembre, UberEats, la principale plateforme de livraison de repas, annonçait avoir déconnecté près de 2.500 comptes après avoir « identifié des utilisations frauduleuses » de l’application, explique à l’AFP un porte-parole. Il s’agit essentiellement de faux livreurs, soupçonnés de sous-louer leurs comptes à des travailleurs en situation irrégulière. Depuis, l’entreprise a procédé à des nouvelles déconnexions. Elles concernent désormais aussi des livreurs sans papiers, passés par l’Italie, qui s’étaient créés un statut d’auto-entrepreneur, nécessaire sur les plateformes, en s’appuyant sur des cartes d’identité italiennes non-valables à l’étranger. La sous-location de comptes n’a pas pour autant disparu. Sur Facebook, on trouve même des groupes dédiés à ce business. Désormais, la demande a dépassé l’offre. Les prix explosent.

    Le prix des sous-locations explose

    Affaissés sur leurs scooters, Sabri et Ahmed, deux jeunes de 24 ans venus d’Algérie, racontent en avoir fait les frais. « Pas le choix », soupire le second, derrière son cache-cou qui lui couvre à moitié la bouche. Sabri, livreur depuis un an, a trouvé une sous-location de compte UberEats sur Facebook. Il paie 150 euros par semaine. Ahmed, qui a commencé il y a deux ans à travailler sur la même plateforme, s’est débrouillé avec le bouche-à-oreille. Le marché des sous-locations est aussi souterrain et se fait souvent au sein même des communautés, par des « grands frères » ou « cousins », comme ils aiment les appeler. Ahmed quant à lui, débourse 130 euros par semaine. Un bon prix, assure-t-il. Certains reverseraient jusqu’à 200 euros. La vente de comptes est aussi possible, mais semble plus rare. Il faudrait compter 2.000 à 3.000 euros, contre 1.000 il y a quelques mois. Parfois, les livreurs paient aussi un pourcentage sur ce qu’ils gagnent : jusqu’à 50%, selon des livreurs. Et comme les comptes restent au nom du loueur, le locataire est sous contrôle. « Parfois, quand tu travailles plus, ils te demandent plus. Plus 20, plus 30, plus 40 euros maximum », détaille Ahmed. Sabri, en train de ranger un sac McDonald’s derrière son deux-roues, abonde :

    « Quand je travaille beaucoup, il me demande jusqu’à 170 euros. »

    Avec l’explosion des prix, certains ont décidé de s’orienter vers d’autres plateformes. C’est le cas de Bourema, qui, en se réveillant un matin de septembre, a appris après cinq ans de travail, par un simple mail, que son compte UberEats avait été déconnecté. « J’avais fait 15.000 courses avec ce compte-là. Je le payais chaque semaine 100 euros. Quand ça ne l’a plus arrangé, d’un coup Uber m’a banni de la plateforme », se rappelle-t-il. « Je me suis dit que la seule solution était d’aller faire la même chose encore. J’ai loué le compte d’un ami chez Deliveroo, mais un jour, il m’a dit qu’il voulait augmenter le prix à 150 euros. Je n’ai pas accepté. J’ai été obligé de prendre un compte chez Stuart, à 120 euros la semaine. » Mais Stuart compte moins d’utilisateurs. « Ça ne sonne pas. Si tu ne te réveilles pas à 7h du matin, tu n’as rien de la journée », explique le trentenaire originaire du Mali. Cela fait plus de trois heures qu’il a commencé à travailler et il vient tout juste de recevoir sa première commande.

    Dans la livraison depuis 2017, Bourema ne sait même plus combien de comptes il a utilisés. Les livreurs sont en effet soumis au bon vouloir des loueurs, et donc aux arnaques : « Parfois, la personne décide du jour au lendemain d’arrêter, ou de donner le compte à quelqu’un qui peut payer plus. Donc tu es obligé de relouer encore. D’autres fois, tu peux travailler des semaines et le propriétaire du compte, au moment de te payer, disparaît. Il change les coordonnées et tu n’as pas l’argent ni rien. Tu ne peux même pas aller voir la police, donc tu te tais », raconte-t-il.

    Tout est à leurs frais

    Le téléphone de Sabri sonne : « 3,4 kilomètres, 5,60 euros. Moi ça me fait deux euros d’essence », se désole-t-il. À peine 3,60 euros de bénéf. Mais il accepte, résigné. Alors que depuis la fin des restrictions sanitaires les commandes se font moins fréquentes, ces prix permettent à peine aux livreurs de survivre. Ceux interrogés expliquent faire plus ou moins 1.000 euros par mois en moyenne de chiffre d’affaires. Un peu plus en scooter. Mais il faut payer le véhicule, l’assurance et le prix de l’essence. « C’est entre 10 et 15 euros par jour le gasoil », confirme Ahmed qui a commencé sa journée à 8 heures du matin mais va rester travailler jusqu’à minuit au moins. « J’habite avec un ami et je paye 350 euros par mois de loyer. 520 euros le compte, 10 euros le gasoil la journée… quand ça sonne pas il te reste 20 euros [par semaine] dans la poche pour manger et c’est tout », résume-t-il. Et les amendes ? Impossible de les payer. « Comment je peux payer ça ? » se demande le jeune qui vient quand même d’offrir un paquet de cigarettes à son ami. Lui, qui, en Algérie, évoluait dans les sélections jeunes de l’équipe nationale de basket, a aujourd’hui « arrêté de jouer à cause du travail ».

    Pour ne pas avoir à payer l’essence, Bourema, lui, loue aujourd’hui un vélo électrique à 80 euros par mois. Les plateformes, comme Uber Eats ou Deliveroo, proposent des réductions en partenariat avec des marques de vente et de location de vélos, ainsi que d’accessoires et d’outils de réparation. Un pansement sur une jambe de bois pour les livreurs sans papiers, soumis à tous les aléas du métier et peu protégés par les assurances. « Cette semaine, on m’a volé mon vélo », raconte Bourema. « J’ai été obligé de payer 200 euros, les 200 euros que j’ai fait la semaine passée, pour en récupérer un autre. Maintenant comment manger et comment payer ma maison ? Il me faut un vélo en premier, pour m’occuper des autres problèmes », pointe-t-il en rangeant son sac Picard, moins cher et plus résistant que ceux des plateformes que l’on peut trouver à 50 euros en moyenne en vente sur Facebook.

    Il y a aussi les frais médicaux. Renversé par une voiture il y a un mois, Bourema a aussi dû prendre en charge sa visite à l’hôpital. Sans assurance maladie, beaucoup de livreurs victimes d’accidents évitent d’aller chez le toubib et préfèrent se soigner eux-mêmes. Mais le livreur malien, « crachait du sang partout », se souvient-il.
    La peur au quotidien

    Chaque jour, avant de se connecter sur l’application, les livreurs UberEats sont aussi obligés d’aller voir leur loueur pour qu’il se prenne en photo sur l’application. Uber Eats a en effet mis en place depuis 2019 un système d’identification en temps réel qui demande aléatoirement aux livreurs de se prendre en « selfie », désormais plusieurs fois par semaine. La plateforme peut aussi détecter si la reconnaissance faciale est effectuée à partir d’un autre téléphone. Les livreurs doivent donc pouvoir rencontrer régulièrement le propriétaire du compte car, si les photos ne correspondent pas, ce dernier est suspendu et puis désactivé. La plateforme Deliveroo a aussi commencé depuis peu à utiliser ce système, d’après les livreurs.

    Avec les contrôles d’identité, les contrôles policiers sont aussi une source de stress majeure pour les livreurs, en particulier depuis le début des suppressions de comptes cet été. « Il suffit de voir la police pour que tout bascule. On a peur mais on fait avec, c’est notre quotidien », confie Bourema qui a été contrôlé plusieurs fois ces derniers mois mais n’a jamais été retenu. Sabri et Ahmed n’ont pas eu la même chance et ont passé quelques nuits au commissariat. Dans ce cas-là, il y a le risque d’être expulsé mais celui aussi de voir son compte sauter. Ahmed explique :

    « S’ils voient les coordonnées du compte, ils le signalent et le compte est bloqué directement. Et le lendemain je n’ai pas de travail. »

    Alors par deux fois, il a fait le choix de casser son téléphone avant qu’il ne tombe entre les mains des fonctionnaires de police. Leur seule arme, des groupes sur les réseaux sociaux qui leur permettent de se tenir informés sur les contrôles dans les différents quartiers de Paris.

    Depuis septembre, le collectif « #UberEats_En_Colère », aux côtés du #Clap (#Collectif_des_Livreurs_Autonomes_des_Plateformes) a manifesté cinq fois pour demander la #régularisation des livreurs sans papiers. Sans succès pour l’instant. Entre les conditions de sous-locations et les conditions de travail, beaucoup de livreurs ont le moral en berne. Beaucoup ont entendu parler de la « loi Darmanin » qui permettrait d’instaurer un titre de séjour temporaire pour les « métiers en tension ». Pour toutes ces raisons, ils sont nombreux à tenter de se reconvertir dans la cuisine, le ménage ou le BTP, comme Aboubakar. L’Ivoirien a arrêté la livraison depuis qu’UberEats a désactivé son compte en novembre, car il utilisait une carte d’identité italienne. Il a travaillé un peu dans le bâtiment mais il n’a pas été gardé. Mais aujourd’hui, il a le sourire. Ce soir, il vient fêter avec ses amis #livreurs la naissance, le matin même, de ses deux jumeaux. « On attend que Dieu nous donne les papiers », confie-t-il.

    Contacté par StreetPress, UberEats assure avoir « attiré l’attention du Gouvernement sur comment faciliter la régularisation des travailleurs indépendants », qui aujourd’hui n’est possible que pour « les travailleurs illégaux employés en tant que salariés ».

    https://www.streetpress.com/sujet/1678707095-business-sous-locations-comptes-livreurs-stuart-ubereats-del
    #uber #ubérisation #travail #conditions_de_travail #sans-papiers #exploitation

    ping @karine4

  • Des #livreurs #Uber_Eats sans-papiers réclament leur régularisation
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/09/24/des-livreurs-uber-eats-sans-papiers-reclament-leur-regularisation_6142974_32

    Plus de 2 500 travailleurs sans titre de séjour ont vu leurs comptes désactivés par la plate-forme et n’ont désormais plus de revenus.

    Ils sont là, juchés sur leur vélo, appuyés sur leur scooter. Et ils attendent. Quelques minutes ou bien des heures, la notification sur leur téléphone qui leur signifiera qu’une commande a été passée dans un des fast-foods qui les entourent et attend d’être livrée. Nous sommes place de Clichy, dans le 17e arrondissement de Paris, un des lieux de la capitale où se regroupent des livreurs en deux-roues.

    Ceux-là travaillent pour la plate-forme américaine Uber Eats. Amidou, un Ivoirien de 37 ans, en France depuis 2019, a d’abord « bossé un peu dans le bâtiment ». « Je montais des échafaudages mais le mec ne payait pas alors j’ai rejoint des potes qui faisaient de la livraison. » Toutes les courses qu’il a réalisées ont été enregistrées sur l’application Uber Eats. Il nous montre à quoi ressemble une « bonne semaine » : plus de soixante-dix heures travaillées, payées 500 euros. Une autre semaine, il a cumulé « seulement » cinquante heures pour 263 euros, soit un peu plus de 5 euros de l’heure. Son collègue Aboubakar, un Guinéen de 25 ans, affiche pas moins de 12 000 courses depuis qu’il a rejoint la plate-forme en juin 2020, pour un revenu moyen de 400 euros par semaine.

    Ce jour-là, tous ceux croisés place de Clichy sont sans-papiers. « Si t’as les papiers français, tu ne vas pas faire livreur », assure Aboubakar. « Des livreurs français, je n’en connais pas », abonde Amidou.

    « Dégradation des conditions de travail »

    Difficile de jauger la part des sans-papiers qui font tourner les plates-formes comme Uber Eats. Pour intégrer les flottes, ils utilisent parfois le compte qu’un compatriote en règle leur loue pour une centaine d’euros par semaine, ou font valoir des documents d’identité falsifiés.

    Des pratiques qui ont amené Uber Eats à désactiver récemment plus de 2 500 comptes de travailleurs identifiés comme frauduleux, sur un total de 60 000 comptes actifs. En protestation, le 12 septembre, plusieurs centaines de livreurs sans-papiers ont défilé dans Paris (350 selon la police, 750 selon les organisateurs), et se sont rendus devant le siège français d’Uber Eats. D’habitude cantonnés à la discrétion en raison de leur situation administrative irrégulière, ces livreurs ont décidé de sortir de l’ombre pour réclamer leur régularisation.

  • Collectif des Livreurs Autonomes de Plateformes @_CLAP75
    https://twitter.com/_CLAP75/status/1565572729046110208

    Les livreurs Uber Eats ne veulent plus se laisser faire.
    L’annonce de cette mobilisation se répand comme une trainée de poudre via les réseaux.
    Des centaines de livreurs sont attendues.
    Du jamais vu en Europe.

    #livreurs #lutte_collective #travail #droits_sociaux #Uber_eats #Deliveroo #Stuart #Glovo #Frichti #droit_du_travail #présomption_de_salariat #auto_entrepreneurs #service_à_la_personne #commerce #restauration #ville #auto_organisation

    • Deliveroo, reconnu coupable de travail dissimulé, condamnée à verser 9,7 millions d’euros à l’Urssaf
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/09/02/la-plate-forme-deliveroo-reconnue-coupable-de-travail-dissimule-condamnee-a-

      L’entreprise britannique, coupable d’avoir dissimulé 2 286 emplois de livreurs en Ile-de-France entre avril 2015 et septembre 2016, a dit qu’elle ferait appel.

      « Cette décision est difficile à comprendre et va à l’encontre de l’ensemble des preuves qui établissent que les livreurs partenaires sont bien des prestataires indépendants, de plusieurs décisions préalablement rendues par les juridictions civiles françaises », a réagi Deliveroo. « L’enquête de l’Urssaf porte sur un modèle ancien qui n’a plus cours aujourd’hui », selon la plate-forme.
      « Aujourd’hui, les livreurs partenaires bénéficient d’un nouveau modèle basé sur un système de “connexion libre” qui permet aux livreurs partenaires de bénéficier d’encore plus de liberté et de flexibilité », indique Deliveroo, en rappelant sa participation prochaine au dialogue social organisé en France pour les travailleurs des plates-formes.

      #travail_dissimulé

  • Un livreur Deliveroo fait reconnaître en appel qu’il aurait dû être salarié | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/130722/un-livreur-deliveroo-fait-reconnaitre-en-appel-qu-il-aurait-du-etre-salari

    Il avait été le premier à obtenir gain de cause aux prud’hommes face à Deliveroo, en février 2020. Il est désormais le premier à avoir fait condamner la plateforme de livraison de repas devant la cour d’appel de Paris. Le 6 juillet, la cour a condamné Deliveroo pour « travail dissimulé » face à un livreur ayant exercé avec son application entre septembre 2015 et avril 2016.

    #deliveroo #travail_dissimulé #harcèlement

    • Les juges ont estimé que ce travailleur censément indépendant a réussi à « caractériser la fictivité de son indépendance à l’égard de la société Deliveroo et l’existence d’une véritable relation de travail ». Il aurait donc dû être employé sous le statut de salarié, et bénéficier des avantages qui y sont attachés : congés payés, paiement des heures supplémentaires, protection sociale complète.

      L’entreprise, qui n’a pas encore indiqué si elle allait aller en cassation, devra lui verser environ 30 000 euros, au motif de la rupture de son contrat, assimilée par la justice à un licenciement illicite, du rappel des heures supplémentaires, du paiement de ses frais professionnels, de l’indemnité de six mois de salaire pour « travail dissimulé », mais aussi en réparation du harcèlement moral qu’il a subi.

      « C’est une décision très réaliste par rapport à nos conditions de travail à cette époque, réagit auprès de Mediapart le jeune homme, qui ne souhaite pas que son identité soit divulguée. Avant Deliveroo, j’étais déjà livreur salarié. Et je suis passé de ce statut de salarié à un état où j’étais soi-disant mon propre patron, mais où toutes les décisions étaient prises par l’entreprise, de façon unilatérale, sans aucune discussion. »

      Cet arrêt est une sérieuse épine dans le pied pour l’entreprise, qui a déjà été condamnée en avril au pénal à 375 000 euros d’amende, pour « le détournement planifié et généralisé » du statut d’indépendant sur la période 2015-2017 – le livreur victorieux était partie civile dans ce dossier.

      Deliveroo met en effet souvent en avant ses six victoires judiciaires face à d’anciens coursiers sur ce thème, dont deux arrêts de la cour d’appel de Paris. Laquelle vient donc de modifier sa vision de ce type de dossiers.

      « Quand Deliveroo gagne, c’est surtout qu’il y a un problème de manque de preuves, car les coursiers ne disposent souvent pas de tous les éléments pour appuyer leur témoignage », déclare Kevin Mention, l’avocat du travailleur. Il relève par exemple que la cour a contredit ses deux précédentes décisions, en convenant que la géolocalisation des coursiers permettait leur surveillance étroite.

      Les critères permettant d’établir l’existence d’une situation de salariat sont connus, et avaient fait l’objet de vifs débats lors du procès pénal. Pour la cour d’appel, ils étaient dans ce cas également tous réunis. Elle a retenu que Deliveroo avait donné au livreur « des directives sur sa façon de se vêtir, de procéder à la prise en charge des commandes et à leur livraison, ainsi que sur la gestion de son emploi du temps et sur le lieu d’exercice de la prestation ». L’entreprise a aussi « contrôlé l’application » de ces directives, et elle « elle exerçait un pouvoir de sanction ».

      L’entreprise ne partage pas cette analyse, et répète que « les livreurs partenaires de Deliveroo bénéficient de conditions qui sont celles des travailleurs indépendants » : « Ils sont libres de se connecter quand ils le souhaitent, d’où ils le souhaitent, d’accepter ou de refuser chaque prestation qui leur est proposée, de travailler avec d’autres plateformes s’ils le souhaitent, ne sont pas tenus de porter des vêtements siglés Deliveroo. »

      Un ton « agressif et menaçant »

      Le coursier victorieux se dit particulièrement satisfait d’avoir obtenu la condamnation de l’entreprise pour harcèlement moral. « C’est un bonus, dit-il. Je pensais que sans justificatif médical décrivant l’impact sur la santé, il était impossible d’obtenir ce type de condamnation. Mais les juges ont dû estimer que c’était très flagrant. Je ne suis pas celui qui a subi le pire, mais j’ai gardé des preuves, contrairement à d’autres. »

      Parmi ces preuves, plusieurs SMS et mails, individuels ou collectifs, décrivant les règles à observer pendant les livraisons et menaçant très régulièrement de pénalités financières ou de rupture de collaboration tous les récalcitrants. « Le ton agressif et menaçant employé par les personnes en charge de la coordination des coursiers », ainsi que « les pressions exercées » ont « excédé l’exercice d’un pouvoir normal de direction », a tranché le tribunal.

      « Des coursiers nous disent que des échanges de ce type sont assez fréquents, rapporte Kevin Mention. C’est une pression permanente, qui va beaucoup plus loin que les ordres classiques, et la précarité ne fait qu’accentuer les choses, avec la menace de mettre fin aux contrats. »

      Pour l’entreprise, la décision de justice « porte sur une relation ancienne, différente du modèle actuel » et n’entraîne donc pas de conséquence sur son modèle actuel. Le danger se rapproche pourtant. Fin juin, Deliveroo a été condamnée pour la première fois en première instance pour des faits intervenus après 2017, et donc sur une période qui n’avait pas été couverte par la condamnation au pénal.

      Et selon Kevin Mention, une seconde enquête pénale est en cours, pour la période courant depuis 2018. « Des coursiers ont déjà été auditionnés un peu partout en France », glisse l’avocat. Il annonce aussi avoir été mandaté « par une centaine de livreurs » pour préparer le dépôt d’une plainte sur la période 2018-2021.

      Enfin, le 1er septembre, le tribunal judiciaire de Paris devrait donner le montant auquel sera condamnée à payer Deliveroo à l’Urssaf, au titre de ses manquements dans le versement des cotisations sociales à l’État : puisque ses coursiers sont des salariés, l’entreprise doit payer les cotisations, et des pénalités. L’Urssaf lui réclame près de 10 millions.

  • Paresse business : petits livreurs et gros profits | ARTE Radio
    https://www.arteradio.com/emission/vivons_heureux_avant_la_fin_du_monde

    Depuis la pandémie, les applications de « quick commerce » ont révolutionné les comportements du citadin moyen. La recette miraculeuse ? Commander en trois clics sur son smartphone une barquette de guacamole pour l’apéro ou un pack de lait UHT, et se les faire amener à domicile en quelques minutes par un livreur à vélo. Et ceci tous les jours, de l’aube à minuit, pour un surcoût dérisoire de même pas deux euros. Flink, Cajoo, Gorillas, Getir… Une dizaine de jeunes start-up européennes se disputent, après celui de la livraison des repas, ce nouveau marché des courses d’épicerie disruptées. Leur arme fatale : un réseau de dark stores, des mini-entrepôts disséminés dans les grandes métropoles et qui permettent aux livreurs d’être à proximité des clients. Des siècles de civilisation et d’innovation technique pour ne plus bouger ses fesses du canapé... Que raconte ce business de la paresse ? Sous prétexte de nous simplifier la vie, comment cette économie change-t-elle le visage de la ville ? Notre rapport aux autres, au travail, au temps ? D’ailleurs, quelle vie mènent ceux qui pédalent toute la journée avec des sacs isothermes sur le dos ? En rencontrant un livreur à vélo sans papiers, des geeks du numérique, et un économiste affûté et pédagogue, Delphine Saltel éclaire ce qui se passe à l’ombre des dark stores et des dark kitchens. Au cœur de nos petits arrangements avec la flemme.

    #Podcast #Alimentation #Économie #Numérique

  • Les invisibles « élections professionnelles des travailleurs indépendants des plates-formes »

    Des dizaines de milliers de travailleurs indépendants d’un secteur qui pose nombre de questions sociales, environnementales, économiques sont concernés par ce scrutin, riche de transformations futures du métier de livreur, dont presque personne ne parle, analyse l’urbaniste Laetitia Dablanc, dans une tribune au « Monde ».

    « Les premières élections de représentativité des travailleurs indépendants utilisant des plates-formes de mise en relation se tiendront du 9 au 16 mai 2022 », selon le site de l’Autorité des relations sociales des plates-formes d’emploi (ARPE), consulté le 22 avril. Qui le sait ? Qui en parle ?

    Sur un sujet qui concerne des dizaines de milliers de livreurs d’un secteur qui pose nombre de questions sociales, environnementales, économiques et en ces temps éminemment politiques, il y a étonnamment peu de débats publics. Les réseaux sociaux, les médias font un bruit minimal sur ces élections. Elles sont pourtant d’un type particulier, les premières , à notre connaissance, pour lesquelles les votants peuvent choisir d’être représentés soit par une organisation syndicale, soit par une organisation patronale . Et elles sont riches de transformations futures du métier de livreur des plates-formes.

    Nous savons maintenant qui se présentera au vote – six organisations syndicales (CFTC, CGT, CNT-SO, SUD-Commerces, FO et UNSA), deux organisations professionnelles (Fédération nationale des microentrepreneurs et Fédération nationale des transports routiers/FNTR) ainsi que Union-Indépendants –, mais les informations sur le corps électoral sont rares.

    Selon les articles L. 7341-1 et L. 7342-8 du code du travail, sont concernés les travailleurs indépendants recourant à une ou plusieurs plates-formes de mise en relation par voie électronique pour l’exercice de leur activité professionnelle (livraison et courses VTC, au total plus de 100 000 personnes). Mais combien de votants ? Combien par villes ? Qui sont-ils ? Ni les médias, ni l’ARPE, ni les organisations représentatives ne nous le disent. Il y a un vide de discussion.

    Très peu de femmes

    La bonne nouvelle, c’est que les livreurs, eux, sont au courant, en tout cas une bonne partie d’entre eux. Selon une enquête réalisée par la chaire Logistics City/6t auprès de cinq cents livreurs dans le nord et l’est de Paris, du 9 au 18 mars, 57 % des livreurs exerçant à Paris se déclarent informés de la tenue des élections et 34 % d’entre eux sont sûrs de vouloir y participer (47 % sont sûrs de ne pas y participer et 19 % hésitent).

    Ces taux, y compris pour les intentions de vote, sont d’ailleurs remarquables tant on qualifie souvent la génération des livreurs du numérique de passive ou individualiste. Enquêter sur ces nouveaux travailleurs est riche d’enseignements. Les livreurs des plates-formes sont divers et ont des vues multiples sur leur métier même si des traits de leur situation de travail convergent.

    Au cœur de cette activité de la « livraison instantanée », née dans les années 2015 dans les grandes villes du monde, on trouve des jeunes hommes (très peu de femmes) payés à la tâche en free-lance, circulant avec un deux-roues.

    A Paris, 41 % des livreurs pour des plates-formes comme Deliveroo et Uber Eats se déclarent autoentrepreneurs (dont seulement une partie est composée d’étudiants ou d’actifs, beaucoup étant livreurs à plein temps). Les autres se déclarent salariés ou intérimaires, ou – catégorie récemment apparue dans les réponses à nos enquêtes –, coopérateurs (7 %). Entre 12 % et 20 % d’entre eux n’ont pas de statut leur permettant de travailler en France, ils exercent en louant le compte d’un autre (ce qui pose un problème pour l’identification du corps électoral, par ailleurs) ; 31 % des livreurs ne possèdent aucun diplôme, alors que 27 % sont diplômés bac + 2 ou plus.

    Discussions à venir

    Ils passent beaucoup de temps au travail (54 % sont sur le terrain au moins six jours sur sept, dont 59 % qui travaillent plus de huit heures par jour en moyenne ) et ont un nombre très inquiétant d’accidents de la route (26 % en ont eu un, dont 47 % ont nécessité un passage aux urgence s et 33 % une autre prise en charge médicale). Ils utilisent de plus en plus des scooters, voitures, Vélib’ et Véligo, même si tout ceci leur est théoriquement interdit.

    Leur vision du métier s’est dégradée depuis 2021, notamment les relations avec les plates-formes (40 % les jugeaient difficiles en 2021 pour 59 % en 2022). La pandémie de Covid-19 a augmenté le nombre de commandes mais encore davantage le nombre de livreurs, ce qui a réduit les revenus par livreur . Les livreurs sont rarement membres d’un collectif de défense des droits, mais le taux augmente (13 % en 2022, contre 7 % en 2021 ). En ce qui concerne les autoentrepreneurs, ils sont attachés à 70 % d’entre eux à leur autonomie et au choix des horaires.

    Les élections qui s’annoncent seront suivies de discussions entre les plates-formes et les représentants nouvellement élus pour élaborer des accords collectifs dans le secteur de la livraison par plate-forme. Seront discutées rémunération, garanties sociales ou encore conditions de rupture avec les plates-formes.

    Il faudra parler des questions critiques révélées par les enquêtes, notamment l’insécurité routière, la hausse des rémunérations horaires et la baisse du temps global de travail. Ainsi que l’insécurité juridique forte de ce métier : contrôle des partages de compte, admission au séjour par le travail pour les autoentrepreneurs, promotion de la licence de transport intérieure.

    La promotion de carrières qualifiées dans le transport et la #logistique est aussi un sujet pressant ( 70 % des #livreurs autoentrepreneurs ont indiqué être intéressés par une offre d’emploi dans ce secteur).

    Un autre Jadot est possible.
    « Les plates-formes doivent prendre leurs responsabilités face à la précarité et la mise en danger de leurs livreurs », 20 mai 2021
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/20/les-plates-formes-doivent-prendre-leurs-responsabilites-face-a-la-precarite-

    Après la mort de Chahi, un livreur Uber Eats à vélo, des élus de la métropole de Rouen rejoints par des élus écologistes parmi lesquels David Cormand, Yannick Jadot, Eric Piolle, Mounir Satouri appellent, dans une tribune au « Monde », à une régulation plus stricte de ce modèle d’exploitation, dans le respect du droit du travail français.

    Tribune Le jeudi 6 mai, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), un livreur à vélo a perdu la vie, alors qu’il essayait péniblement de la gagner. Il s’appelait Chahi et laisse derrière lui une femme et quatre enfants. Après une journée pluvieuse et froide, cet homme de 41 ans livrait un repas sous pression, dans la fatigue et le surmenage. Nous apportons notre plus grand soutien et nos pensées à sa famille, à ses proches, à ses collègues.

    Ce drame n’est malheureusement pas le premier, il doit être le dernier. Aujourd’hui en France, environ 4 % de la population active dépend directement des plates-formes en ligne de ce type. En Europe, ce sont 24 millions de personnes qui en vivent totalement ou partiellement. On estime qu’en 2024, ce modèle de livraison pourrait représenter 20 % des ventes des restaurants.

    La massification de cette activité doit s’accompagner d’une régulation du modèle d’exploitation inhumain de ces plates-formes et d’une protection des livreurs en vertu du droit du travail. En effet, le qualificatif d’« autoentrepreneur » est bien loin de la réalité de leur quotidien. Plusieurs décisions de justice ont déjà permis de faire la lumière sur les pratiques intolérables de ces plates-formes.

    Le lien de subordination

    Car le lien de subordination est avéré entre ces entreprises, leurs algorithmes et les livreurs. Rythme de travail infernal, systèmes de notation, de pénalités infligés par les plates-formes sur des critères de performance et de disponibilité. Voici la « liberté » qu’elles vantent tant. Les verdicts s’accumulent partout et sont sans appel.

    Pas de contrat de travail, aucun droit ni protection sociale, pas de cotisation retraite, chômage, pas de congés, pas d’indemnisation ni couverture des frais médicaux en cas d’accidents hormis de très rares motifs précisés dans les contrats d’assurance des plates-formes.

    Pas de salaire minimum non plus, ni de rémunération pendant les temps d’attente, elle est fixée à la tâche, au nombre de kilomètres parcourus, calculée en toute opacité par les applications. La cadence de travail des livreurs leur est imposée à la fois par les algorithmes des plates-formes, par les exigences d’immédiateté des clients, et par cette forme de rémunération qui leur impose de travailler le plus possible, sans pause ni congé.

    L’Espagne en pionnière

    Plus d’un siècle après la naissance du droit du travail, les pratiques des plates-formes qui les exploitent constituent un effrayant retour en arrière. Avec des conséquences toutes plus graves les unes que les autres. Là où ces droits constituent également une régulation de la concurrence sociale entre les travailleurs, le modèle prédateur de ces plates-formes impose à celles et ceux qui sont les plus précaires, celles et ceux qui n’ont pas le choix, de faire le travail que personne d’autre ne veut faire.

    Une sorte de chaîne alimentaire, avec à la toute fin les seuls qui ne peuvent pas refuser les quelques euros gagnés ainsi. La location de « comptes livreurs » à des personnes sans-papiers est par exemple très fréquente. En échange d’une commission chèrement payée au propriétaire officiel du compte, on peut ainsi effectuer des courses et espérer que le propriétaire sera honnête et nous donnera en liquide une part des revenus à la fin de la semaine.

    Grâce à la mobilisation collective des travailleurs, plusieurs pays font enfin évoluer les lois pour que les plates-formes se mettent en conformité avec le droit du travail. Pionnière en Europe, l’Espagne a proposé la « loi Riders », qui reconnaît aux livreurs le statut de salarié et exige de plus la transparence des plates-formes sur le fonctionnement de leurs algorithmes, qui devra désormais être communiqué aux organisations syndicales.

    Prendre des mesures de protection

    En France, plusieurs tentatives n’ont pas abouti. Il est urgent de protéger celles et ceux qui sont en première ligne face au Covid-19 et de garantir l’égalité des droits et de la protection sociale pour les travailleurs dans notre pays. Les plates-formes doivent prendre leurs responsabilités face à la précarité et la mise en danger de leurs livreurs.

    Des contrats de travail doivent être signés, afin de leur donner accès à leurs droits les plus fondamentaux. L’organisation de formations, la dotation en accessoires de sécurité nécessaires (casque, lumières, rétros, sonnette, manteau réfléchissant, etc.) doivent devenir des obligations légales.

    Un travail important doit également être mené au niveau des collectivités sur l’adaptation de l’espace public à tous les modes de déplacement, avec des aménagements sécurisés pour tous les cyclistes, mais aussi de la pédagogie pour une prise de conscience des automobilistes sur le partage de la voie publique.

    Faire évoluer la loi

    Il nous faut aussi nous interroger collectivement sur nos comportements et sur le modèle de société que nous voulons pour l’avenir de nos enfants. Derrière un simple clic sur l’une de ces plates-formes, c’est un système d’exploitation d’hommes et de femmes précaires, forcés à se soumettre à ce modèle faute d’avoir accès à un emploi juste et sécurisant.

    La loi doit évoluer, des choix politiques forts doivent être faits pour accompagner les transformations de la société tout en garantissant les droits et la protection de chaque citoyen. Nous pouvons soutenir les nouvelles formes d’organisation collectives et entrepreneuriales dans ce secteur, comme les coopératives locales qui émergent.
    Cette société libérale et destructrice que tentent de nous imposer certains pour leur profit ne peut ni ne doit être notre seul horizon. L’ubérisation du travail, la précarité grandissante, la santé et la vie sacrifiée de millions de travailleurs ne sont pas un hasard. Elles sont le fruit de nos choix, individuels et collectifs. A la lumière de la crise du Covid-19 et de la nécessaire humanité et solidarité dont nous devrons faire preuve pour nous relever, il est plus que temps de faire les bons choix.

    Collectif https://fr.scribd.com/document/508457199/Liste-Des-Signataires

    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2022/04/27/les-invisibles-elections-professionnelles-des-travailleurs-independants-des-

  • Livreurs et plateforme logistique, le corps accéléré - Ép. 2/4 - Le corps au travail
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/livreurs-et-plateforme-logistique-le-corps-accelere


    Avec Fabien Lemozy, sociologue qui fut aussi livreur à vélo, nous apprenons ce qu’est un corps accéléré par le numérique. Il nous raconte aussi la peur « de couler » chevillée au corps de ces travailleurs, un vocabulaire de l’ouvrier taylorisé qui a peur de perdre la cadence imposée par la chaîne : “Les plateformes, ce n’est pas du néo-taylorisme, parce que le taylorisme n’a jamais arrêté, c’est juste que les outils de l’information, de la communication ont permis de remanier ça d’une manière différente et ça engage les personnes sur un nouveau terrain, sur nouveau mode de domination dans lesquelles on se met en mode robot.”

  • #Tribune. Avec ou sans papiers, les #livreurs veulent faire respecter leurs #droits

    Alors que s’ouvre ce 8 mars, le #procès de #Deliveroo pour #travail_dissimulé, des travailleurs #sans-papiers prennent la parole pour « s’associer à ces attaques en #justice ». Ils demandent « le #salariat et le #contrôle_des_données par ceux qui les produisent en pédalant, et non par ceux qui les minent depuis les ordinateurs. »

    Nous avons appris que des procès étaient en cours ou avaient eu lieu, en France et en Europe, contre #Uber, Deliveroo, #Frichti, #Stuart et d’autres. Un grand procès contre Deliveroo pour travail dissimulé s’ouvrira au printemps 2022 à Paris. Nous avons appris qu’un des enjeux de ces procès était de demander la #requalification d’#auto-entrepreneur en #salarié.

    Le travail à la tâche, le contrôle permanent des GPS et des plateformes, les temps d’attente et de déplacement non-payés, les équipements pour travailler (vélo, tenue, téléphone, électricité…) à la charge des livreurs, les baisses des revenus de livraisons, les accidents non-couverts : nous ne les acceptons pas. Des livreurs sont blessés dans des #accidents de vélo, certains sont morts, sans contrat de travail, sans protection sociale, sans indemnisation, ni couverture des frais médicaux.

    Nous avons également appris que, plus que notre force de pédalage, c’était nos données numériques qui avaient de la valeur. Nous savons que l’utilisation de ces données par les plateformes peut être jugée illégale. Nous avons lu l’article 22 du Règlement Général de Protection des Données : « La personne concernée a le droit de ne pas faire l’objet d’une décision fondée exclusivement sur un traitement automatisé, y compris le #profilage, produisant des effets juridiques la concernant ou l’affectant de manière significative de façon similaire ». L’#automatisation des #suppressions_de_comptes peut être et a déjà été jugée illégale en France et en Europe.

    Nous voulons nous associer à ces attaques en justice qui demandent le salariat et le contrôle des données par ceux qui les produisent en pédalant, et non par ceux qui les minent depuis les ordinateurs.

    Mais il nous faut, avant, préciser que notre situation, est à la fois liée et différente. L’#exploitation qui a cours avec les sans-papiers n’est pas qu’une intensification de l’exploitation en général. C’est aussi un autre métier que nous faisons en n’ayant aucun droit.

    Les #plateformes nous mettent en concurrence, entre ceux qui ont des papiers et ceux qui n’en ont pas. Nous sommes accusés de faire baisser les prix. Diviser pour mieux régner. Nous plaidons pour les luttes et rapports de force avec les plateformes se pensent et s’organisent entre travailleurs, avec et sans papiers.

    La situation est connue mais on préfère la rappeler :

    Une fois que tu as attendu trente minutes pour recevoir une commande, que tu sais que ton propriétaire de compte attend son argent (environ un prélèvement de 30% des revenus bruts), tu es obligé d’accepter tous les genres de commandes, la première qui arrive, même si c’est pour deux euros, même si tu ne comprends pas pourquoi ce prix dérisoire, qu’il pleut et que le client habite loin.

    Nous savons que les plateformes rétorquent que ce n’est pas de leur faute si des personnes sous-louent leurs comptes à des sans-papiers. Des voix s’élèvent pour demander des contrôles plus importants dans l’accès aux #comptes. Mais nous savons aussi que cet ordre arrange les plateformes et l’État : une main d’œuvre aussi corvéable, ça ne se trouve pas si facilement.

    Le problème est d’abord celui de la création légale de sans-papiers. Personne ne peut vivre sans droits dans ce monde, à part pour être gravement exploité.

    Dans les procès, les livreurs disent qu’ils ne sont pas leurs propres patrons, qu’il existe un #rapport_de_subordination entre eux et les plateformes.

    Dans notre cas, nous pourrions dire que nous avons cinq patrons : les sociétés des plateformes ; les clients ; les restaurants ; le propriétaire du compte ; et la Préfecture.

    Il faut vraiment savoir que tout le monde fait semblant : l’Obligation à Quitter le Territoire Français, délivré par les Préfectures, n’est pas qu’une décision qui vise à nous expulser, c’est un permis de travailler sur le vélo clandestinement. Régulièrement, nous livrons des repas aux policiers à l’hôtel de police. Pendant le confinement, nous faisons partie des seules personnes qui avaient le droit de circuler dans la ville pour livrer, nous, ceux qui avons le moins le droit de circuler par ailleurs, ou seulement pour être expulsés.

    Le 24 novembre 2021, nous, livreurs avec et sans papiers, avons fait grève tout le jour à Grenoble. Nous allons recommencer.

    Nous voulons créer des contentieux en droit du travail et aussi pour avoir accès à nos données. Les soutiens syndicaux, juridiques, sociaux, informatiques s’organisent. Nous les appelons aussi par cette tribune. Nous collectons nos propres données informatiques et les étudions : nous appelons à nous réapproprier les chiffres que les plateformes génèrent.

    Si des restaurants et des clients faisaient grève avec nous, simplement arrêter les smartphones un temps, se déplacer pour aller chercher un repas, en solidarité des revendications de transformations des conditions de travail et de régularisations, que se passerait-il ?

    Signataires :

    Laye Diakité, Pathé Diallo, Saâ Raphaël Moundekeno, Mohamed Traoré, co-auteurs.

    avec Sarah Mekdjian et Marie Moreau.

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/080322/avec-ou-sans-papiers-les-livreurs-veulent-faire-respecter-leurs-droi

    • Nous voulons créer des contentieux en droit du travail et aussi pour avoir accès à nos données. Les soutiens syndicaux, juridiques, sociaux, informatiques s’organisent. Nous les appelons aussi par cette tribune. Nous collectons nos propres données informatiques et les étudions : nous appelons à nous réapproprier les chiffres que les plateformes génèrent.

      #data

  • #Deliveroo et trois de ses anciens dirigeants jugés au pénal pour « travail dissimulé »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/deliveroo-et-trois-de-ses-anciens-dirigeants-juges-au-penal-pour-travail-dis

    Une première en matière de droit pénal s’ouvre en France, mardi 8 mars à 13 h 30, devant le tribunal correctionnel de Paris. Deliveroo et trois de ses anciens dirigeants vont être jugés pour avoir employé en tant qu’indépendants des #livreurs qui auraient dû être salariés.
    Ce procès du système dit de l’« #ubérisation » doit établir s’il existe un « lien de subordination » entre Deliveroo France et plus de 2 000 livreurs qui ne disposaient d’« aucune liberté » dans leur organisation. Les gendarmes de l’Office central de lutte contre le travail illégal se sont penchés sur des faits concernant la période 2015-2017.

    • Au procès Deliveroo, un réquisitoire implacable contre « l’instrumentalisation » du statut des livreurs par la plate-forme

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/03/16/au-proces-deliveroo-un-requisitoire-implacable-contre-l-instrumentalisation-

      Mercredi 16 mars, c’est une « instrumentalisation en toute connaissance de cause du statut d’autoentrepreneur » et une « dissimulation systémique » qu’a dénoncée la procureure Céline Ducournau, en requérant la condamnation de Deliveroo France au maximum de la peine encourue, 375 000 euros d’amende, assortie à titre complémentaire d’une obligation de publication de la décision au Journal officiel et sur la page d’accueil du site Deliveroo, ainsi que la confiscation des 3 millions d’euros, d’ores et déjà saisis pendant l’enquête. Elle a demandé des peines de douze mois d’emprisonnement avec sursis et 30 000 euros d’amende contre les deux anciens dirigeants de l’entreprise à la date de la prévention, Adrien Falcon et Hugues Decosse, et quatre mois avec sursis contre l’ex-directeur des opérations, Elie de Moustier.

      A l’adresse du tribunal, la procureure a observé : « Votre rôle n’est pas de décider si les livreurs étaient ou s’ils sont aujourd’hui satisfaits de leur statut. S’ils se sentent libres ou s’ils auraient préféré un autre statut. Les avis sur cette question sont divergents. Votre rôle est de déterminer si la relation qu’entretenait Deliveroo avec ses livreurs établit un lien de subordination permanente », constitutif du délit de « travail dissimulé ».

    • Deliveroo condamnée à une amende de 375 000 euros pour travail dissimulé
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/19/deliveroo-condamne-a-une-amende-de-375-000-euros-pour-travail-dissimule_6122

      Cette amende est conforme aux réquisitions. Deux anciens dirigeants de la plate-forme ont également été condamnés à douze mois de prison avec sursis.

      Une dizaine de livreurs à vélo ou à scooter, beaucoup désormais engagés contre le « système », avaient défilé à la barre pour raconter leur arrivée à Deliveroo, attirés par les promesses de « liberté » et de « flexibilité », mais avaient découvert la « guerre » pour obtenir les meilleurs « créneaux » horaires, la « pression », la « surveillance » et les réprimandes de Deliveroo. Plus d’une centaine de livreurs sont parties civiles au procès.

      #subordination_salariale #droit_du_travail #logistique #e-commerce

    • Coursiers « variables d’ajustement », « habillage juridique fictif » : le jugement qui condamne Deliveroo France

      Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, mardi 19 avril, la plateforme et trois de ses anciens dirigeants pour « travail dissimulé. » Il relève l’existence d’un « lien de subordination permanent » entre Deliveroo et les coursiers de 2015 à 2017.

      Sur la page d’accueil de Deliveroo France va s’afficher pendant un mois, la mention suivante : « La SAS Deliveroo France, prise en la personne de ses représentants légaux entre avril 2015 et décembre 2017, a été condamnée pour le délit de travail dissimulé au paiement d’une amende délictuelle de 375 000 euros et à indemniser au titre des préjudices subis les livreurs qui se trouvaient être en réalité ses salariés. » Cette publication, d’application immédiate, a été exigée, mardi 19 avril, par le tribunal correctionnel de Paris, dont le jugement constitue la première décision pénale sur « l’ubérisation » du travail.

      Le tribunal a considéré que l’organisation mise en place par la société sur une période courant de 2015 à 2017 constituait bel et bien une atteinte volontaire au droit du travail, par l’utilisation de milliers de coursiers officiellement indépendants mais, en réalité, subordonnés à la plate-forme. Ces livreurs, estiment les juges, ne constituaient qu’« une variable d’ajustement permettant de disposer d’une flotte adaptée et réactive face au nombre de commandes enregistrées chaque jour. Seule la très grande flexibilité générée par les pratiques délictuelles commises et imposée assurait la pérennité du modèle. » Un système qui a permis à Deliveroo d’éluder, derrière « un habillage juridique fictif » les cotisations sociales que la société aurait dû verser à l’Etat.

      Les juges ont suivi intégralement les réquisitions prononcées le 16 mars par la procureure Céline Ducournau. Outre la société Deliveroo France, deux de ses anciens dirigeants, Adrien Falcon et Hugues Decosse, ont été condamnés à une peine d’un an avec sursis et 30 000 euros d’amende, assortie de l’interdiction de diriger une entreprise pendant cinq ans. Une peine de quatre mois avec sursis et une amende de 10 000 euros a été retenue contre Elie de Moustier. La société et les trois prévenus ont également été condamnés solidairement au paiement de dommages et intérêts pour l’ensemble des coursiers qui s’étaient constitués partie civile – environ 120 – qui se voient attribuer des sommes de 1 000 à 4 000 euros au titre de leur préjudice civil ou moral. Ils devront aussi verser des dommages et intérêts aux syndicats CGT, SUD, Union syndicale solidaire et Syndicat national des transports légers, ainsi qu’à l’URSSAF.

      Contraintes imposées

      Le jugement balaie l’argumentation soutenue tout au long de l’audience par les prévenus, selon laquelle Deliveroo France ne serait qu’une « plateforme de mise en relation » et pas une société de services. Les juges relèvent que, contrairement à d’autres plateformes de vente de biens (Vinted ou Ebay) ou de fournitures de services (Airbnb), qui mettent en relation deux personnes physiques dans la transaction finale, l’organisation de Deliveroo exclut tout contact direct entre le restaurateur et le client final, la plateforme se chargeant de la livraison.

      Pour retenir le délit de « travail dissimulé », le tribunal devait ensuite établir l’existence d’un « lien de subordination permanent » entre la plateforme et les livreurs autoentrepreneurs. Le jugement énumère la liste des contraintes qui leur étaient imposées : port obligatoire de la tenue siglée Deliveroo, formation théorique et pratique technique dispensée avant de commencer leur activité, interventionnisme et contrôle pendant la durée de la prestation, définition unilatérale des modalités d’exercice de la prestation, de sa tarification ou de l’attribution des zones de livraison, pouvoir de sanction.

      Plusieurs exemples de ces atteintes à la liberté de « prester » sont cités à l’appui du jugement. Tout d’abord, les livreurs ont « de façon majoritaire, créé leur statut d’autoentrepreneur pour pouvoir “prester” pour Deliveroo et n’avaient pas de réelle volonté de créer une entreprise avant que cela ne leur soit demandé par cette société. » De même, « les différentes vidéos, les “dix commandements du biker” et les messages collectifs réguliers rappelant les différents modes opératoires avant, pendant et après les livraisons, établissent l’intervention de Deliveroo et la définition par cette société du mode opératoire sans aucune marge de manœuvre pour le livreur, qui, s’il était réellement un prestataire indépendant, devrait pouvoir décider de la façon de réaliser son activité. »

      Autre indice avancé dans le jugement, « l’interventionnisme de Deliveroo durant la réalisation de la prestation se manifeste à travers la “gestion des absences” et des zones de connexion. Ainsi, un livreur ne peut pas modifier librement l’emploi du temps qu’il a initialement choisi ou même sa zone géographique d’action. »

      C’est également Deliveroo qui « détermine unilatéralement les bonus intempéries », décide « de passer d’une tarification à l’heure avec majoration par course, à une tarification uniquement à la course, ou la mise en place pendant une période de retenue et de bonus tarifaires avant de les supprimer ». Le jugement dénonce encore un usage de la géolocalisation, allant au-delà de la nécessaire gestion des flux pour devenir un « outil de surveillance et de contrôle. » Il cite, à ce titre, plusieurs extraits des centaines de mails ou de messages WhatsApp et Telegram, versés au dossier.
      « Il faudrait améliorer la qualité de ta prestation, tu as été désassigné de 13 courses, tu as mis 30 % de commandes en retard, tu as mis + de 5,9 minutes à passer tes commandes en “livrées”, « Je vois que tu t’es connecté de la rue Brunel, normalement il est mieux de te connecter tout de suite prêt de l’épicentre », « Tu dois être joignable tout le temps sur tes shifts », « Tu auras une retenue de 10 € car tu as manqué plusieurs shifts », « Il ne faut aucun retard sur 14 jours de shifts, même 1mn de retard est pénalisée. » « Ces messages individuels ne sont que la déclinaison de la politique globale, générale et systématisée », souligne le jugement.

      « Il découle de l’ensemble de ces éléments qu’en raison de la situation de subordination juridique dans laquelle se trouvaient les livreurs pendant la période de prévention, ceux-ci doivent être qualifiés de salariés et non de travailleurs indépendants. » Une omission intentionnelle, affirme le tribunal, qui porte un « trouble majeur à l’ordre social. » D’une part, parce que « le recours à une main-d’œuvre non déclarée génère de facto une situation de concurrence déloyale avec les salariés déclarés pour lesquels l’employeur doit payer des charges sociales et qui eux-mêmes paient des impôts, mais aussi avec les autres entreprises du secteur de la livraison courte distance qui, elles, respectent la législation sociale et celle relative au transport. Ces salariés non déclarés ne disposent pas de la même couverture sociale par exemple en cas d’accident. »

      Et, d’autre part, en raison du manque à gagner que ces cotisations sociales éludées génèrent pour l’Etat. « Les fraudes sociales et fiscales viennent creuser une dette publique déjà très élevée. Pour la seule question des cotisations sociales éludées dans le cadre de travail dissimulé, ce manque à gagner est de 7 à 9 milliards d’euros par an », rappelle le tribunal.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/19/coursiers-variables-d-ajustement-habillage-juridique-fictif-le-jugement-qui-

  • Livreurs UberEats ou Deliveroo, ils risquent leurs vies pour un burger | Lina Rhrissi
    https://www.streetpress.com/sujet/1646309485-livreurs-ubereats-deliveroo-morts-route-accident-uberisation

    Poussés par des algorithmes, les livreurs UberEats et Deliveroo risquent leurs peaux, forcés d’aller toujours plus vite pour des revenus de plus en plus bas. Depuis trois ans, 11 sont morts sur les routes. Et les blessés se comptent par milliers. Source : StreetPress

  • Paris : quand un hangar de logistique du « dernier kilomètre » se niche sous le périphérique - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-quand-un-hangar-de-logistique-du-dernier-kilometre-se-niche-sous-le

    Situé dans le XIXe arrondissement sur un terrain appartenant à la Ville, l’entrepôt P4 permet les livraisons de marchandises tout en laissant les camions à la porte de Paris.

    En cette fin de matinée, porte de Pantin (XIXe), les camions tentent à grands coups de klaxon de se frayer un chemin au cœur d’un trafic dense. À quelques mètres de là, trois #livreurs chargent leurs cargaisons et s’apprêtent à livrer des restaurants du nord de la capitale. Munis de vélos triporteurs, ils sortent du P4, un entrepôt situé sous le tablier du périphérique parisien. Géré par l’entreprise de #logistique urbaine Sogaris, lauréate de l’appel à projet « Logistique urbaine durable » lancé en 2017, l’entrepôt d’environ 1 000 mètres carrés, propriété de la mairie de Paris, est coexploité avec Ecolotrans.

    Yacine Kara, président d’Ecolotrans, société spécialisée en livraison écologique du dernier kilomètre assure la visite, un an après l’ouverture. Dans l’entrepôt, maintenu à une température de 2 à 4 degrés, des camions roulant au gaz naturel sont déchargés tôt le matin par son équipe d’une trentaine d’employés, qui approvisionne ensuite le nord de la capitale (XIXe, XXe, une partie du Xe) et quelques villes de Seine-Saint-Denis (Pantin, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas). On compte 600 à 800 mouvements de stock journalier dans le P4.

    Priorité aux modes de livraison doux

    « On ne fait que du transport doux, à vélo, à pied, ou utilisant l’électrique et le gaz naturel. On veut maîtriser les externalités négatives, comme le bruit ou la pollution », détaille le chef d’entreprise, qui dispose d’une flotte d’une dizaine de véhicules électriques et d’une vingtaine de vélos triporteurs sur le site pour livrer de manière « décarbonée ».

    Un impératif : éviter que les camions n’encombrent un peu plus les villes. « Nos cœurs de ville doivent aller vers la fin de la circulation des camions. Pour parvenir à cet objectif, il faut des outils comme celui-ci, se félicite François Dagnaud (PS), maire du XIXe arrondissement. Cet espace permet de préserver l’approvisionnement tout en respectant l’environnement. »

    Ces locaux, les professionnels du secteur ne veulent plus les cacher. Comme le bâtiment P4, récompensé en septembre dernier d’un prix décerné par des professionnels de l’immobilier en septembre dernier, une quarantaine d’entrepôts ont ouvert leurs portes dans toute la France à l’occasion de la semaine de la logistique.

    Les consommateurs ont changé leurs habitudes

    « Avec le Covid, 2020 a été une année charnière dans les modes de distribution. Aujourd’hui, on a une pratique de consommation qui banalise la livraison, analyse Jonathan Sebbane, directeur général de Sogaris, gestionnaire du P4 dans le cadre d’une délégation de service public sur 18 ans. C’est intéressant de pouvoir montrer l’envers du décor pour mieux faire connaître la profession. »

    En plus de l’enjeu écologique, le secteur doit répondre à une problématique économique. Si la logistique est le cinquième plus gros « employeur » privé de France avec environ deux millions de salariés, elle peine néanmoins à attirer et de nombreux postes restent non pourvus. « Il faut des formations qui répondent aux besoins du secteur, chez les demandeurs d’emploi et les personnes en phase de reconversion, note Geoffroy Cailloux, sous-directeur des services marchands auprès de la direction générale des entreprises du ministère de l’Économie. Il y a aussi des postes à forte valeur ajoutée, comme les métiers high-tech, qui peuvent attirer d’autres profils. »

    Pour accompagner le P4, deux autres sites de logistique urbaine portés par Sogaris vont voir le jour à #Paris en 2022 : un entrepôt qui longera le périphérique au niveau de la porte de Champerret, et un « immeuble inversé » rue du Grenier Saint-Lazare (IIIe), en lieu et place d’un ancien parking.

  • Deliveroo France et trois de ses anciens dirigeants renvoyés en correctionnelle pour travail dissimulé
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2021/09/20/deliveroo-france-et-trois-de-ses-anciens-dirigeants-renvoyes-en-correctionne

    L’entreprise est accusée d’avoir « dissimulé un grand nombre d’emplois ». La plate-forme de livraison de repas Deliveroo et trois de ses anciens dirigeants sont cités à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris pour « travail dissimulé », selon des sources proches du dossier, lundi 20 septembre. Les trois anciens dirigeants de Deliveroo France, dont son ex-directeur général, sont convoqués devant le tribunal du 8 au 16 mars 2022 pour des faits remontant à la période 2015-2017.

    Le parquet soupçonne Deliveroo et certains de ses anciens dirigeants d’avoir « recouru à des milliers de travailleurs sous un prétendu statut indépendant via des contrats commerciaux, alors que ceux-ci étaient placés dans un lien de subordination juridique permanente à son égard, comme l’avait constaté l’inspection du travail dans un procès-verbal de décembre 2017 ».

    #travail #livreurs

  • Livrer en moins de 10 minutes ? La guerre des courses contre la montre
    https://www.nouvelobs.com/conso/20210907.OBS48313/livrer-en-moins-de-10-minutes-la-guerre-des-courses-contre-la-montre.html


    Un livreur de chez Flink. (Yannick Stéphant pour « l’Obs »)

    Depuis quelques mois, des entreprises innovantes de livraison de courses en 10 minutes chrono se livrent une bataille sans merci pour remplir le frigo des urbains. Mais ce nouveau business est-il rentable ? Et socialement responsable ?

    Christopher, 28 ans, l’a testé à Courbevoie quand il était en télétravail : « J’étais très occupé, je ne voulais pas perdre de temps avec les courses et j’ai trouvé sur l’application tout ce que je mange d’habitude : pâtes, beurre, fromage… » L’application en question, c’est Gorillas, jeune entreprise allemande arrivée en France en février dernier avec une promesse : livrer les habitants des grandes villes en dix minutes chrono. Olivier, 43 ans, graphiste et père de famille, s’y est aussi mis pendant le confinement : « Dans les magasins, il fallait faire la queue. Mon temps de sortie quotidien, je préférais l’exploiter autrement ! Uber Eats était moins rapide et moins complet côté produits. »

    Quant à Alexandre, 24 ans, étudiant en finance, même s’il reconnaît que « ce n’est pas très raisonnable », il trouve plutôt chouette de commander une baguette avant d’entrer sous sa douche et de la récupérer en peignoir. Ces Parisiens, faut-il le préciser, ont chacun une boulangerie et un supermarché en bas de chez eux. Mais les prix sont les mêmes, et puis, résume Christopher, « moi j’aime la proximité pour aller chez le fleuriste ou au marché. Pour les courses de base, me faire livrer m’enlève une épine du pied. »

    #juste_à_temps #capitalisme_de_plateforme #logistique #commerce #e-commerce #livreurs #emploi #précaires

    • « Les acteurs du “quick commerce” veulent remplacer les magasins de proximité et redéfinir la relation avec les courses, voire avec l’alimentation » , Martin Cubertafond, Consultant en stratégie et enseignant Sciences Po , spécialiste des secteurs de l’alimentaire, de la distribution et du vin

      Le consultant en stratégie Martin Cubertafond décrit, dans une tribune au « Monde », les mutations profondes du marché de la distribution alimentaire qui mettent en péril les anciens champions du secteur, menacés par l’intrusion de « nouveaux barbares ».

      Tribune. Gorillas, Cajoo, Flink, Getir, etc. : inconnues il y a un an, ces start-up de livraison express de courses (le « quick commerce ») sont omniprésentes dans le centre des grandes villes. Elles offrent la possibilité de se faire livrer en 10 ou 15 minutes – soit moins de temps qu’il n’en faut pour se rendre dans un magasin et passer en caisse – 2 000 produits de première nécessité ou de plaisir (produits d’hygiène, pâtes ou lait, mais aussi planche apéro et bières), à des tarifs identiques, voire inférieurs, à ceux de la proximité urbaine, moyennant des frais de livraison de moins de 2 euros.
      Les entreprises se multiplient (huit à Paris), abreuvées par de généreuses levées de fonds, dans une course de vitesse qui rappelle l’essor des trottinettes électriques en 2018-2019. Pourquoi une telle frénésie ? Quel est le véritable enjeu de ce commerce rapide ?

      Crise de confiance

      Ce qui se joue derrière cette nouvelle offre destinée aux jeunes urbains pressés, qui pourrait sembler anecdotique, c’est la lutte entre deux modèles.

      D’un côté, une grande distribution en fin de cycle, « empire » chancelant ; de l’autre, des compagnies technologiques qui veulent transformer la façon de faire ses courses, voire de s’alimenter. Et, pour la première fois, ces « nouveaux barbares » sont en mesure de prendre le pouvoir.

      Fierté française au début du siècle, la distribution alimentaire est aujourd’hui en fin de cycle : après une longue phase de croissance, elle est arrivée dans sa phase de maturité, voire de déclin pour certains segments. Les scandales alimentaires (vache folle, viande de cheval…) ont généré une crise de confiance dans la consommation, qui se traduit par un besoin de réassurance et une défiance vis-à-vis des marques et de la grande distribution. Le succès de l’application Yuka, présente chez plus d’un tiers des ménages français, en donne une bonne illustration.

      Une phase de #déconsommation a commencé en 2017 en France : les Français dépensent plus, mais ils mettent moins de produits dans leur panier.

      Aujourd’hui, l’objectif est de manger mieux plutôt que de manger plus pour moins cher. C’est une remise en cause profonde du paradigme de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire depuis l’après-seconde guerre mondiale.
      Au même moment, la grande distribution est attaquée par de multiples innovations (ventes en ligne, livraison de repas, ultra-frais, vente directe du producteur au consommateur, etc.). Résultat : les consommateurs fragmentent de plus en plus leurs courses, préférant la promesse des spécialistes ou l’expérience en ligne à celles du « tout sous le même toit » de l’hypermarché.

      Panique

      Face à cette nouvelle donne, les distributeurs paniquent et se réfugient dans une guerre des prix. Résultat : leurs marges diminuent et ils offrent tous à peu près la même expérience. Ils n’ont pas encore compris que les consommateurs cherchaient autre chose.

      Depuis quelques mois, les services de « quick commerce » se développent donc à grande vitesse. Leur modèle opérationnel se fonde sur une application très ergonomique pour la commande (et la compréhension des consommateurs), des mini-entrepôts de 300 mètres carrés proches des zones d’habitation, pour préparer les produits en moins de trois minutes, puis des livreurs en vélo électrique pour effectuer la livraison dans un rayon de 1,5 km.

      Ces « nouveaux barbares » ont un ADN technologique et une vision centrée sur le client. Ils cherchent à améliorer la proposition de valeur par rapport aux magasins de proximité urbaine : gain de temps et service à la demande, au même niveau de prix.

      Les distributeurs historiques mettent en avant l’équation économique déficitaire de ces nouveaux concurrents. Dans leur grille de lecture, il est impossible de rentabiliser le coût de la préparation de la commande et, surtout, celui de la livraison, avec la marge brute dégagée par un panier de 25 euros. Il n’y a donc pas de danger, la mode va passer, les millions des investisseurs fondre comme neige au soleil et le commerce rapide disparaître.

      Redéfinition des priorités

      Sauf que… cette histoire a déjà été écrite. Quand Amazon a lancé son offre de livraison rapide illimitée Prime en 2005, il n’y avait pas de modèle économique non plus. Au sein même de l’entreprise, certains pensaient que cette offre allait provoquer sa faillite. Mais à la fin, la croissance du nombre de clients et de la fréquence d’achat a plus que couvert les coûts logistiques. Prime a transformé Amazon, et Amazon a transformé le commerce.

      C’est ce pari que font les acteurs du « quick commerce », et leurs investisseurs : ils veulent modifier les usages, remplacer les magasins de proximité et, plus largement, redéfinir la relation avec les courses, voire avec l’alimentation.

      Deux visions s’affrontent donc. Les distributeurs historiques, tétanisés par une évolution qu’ils peinent à comprendre, restent focalisés sur la structure de coûts de leurs réseaux de magasins et persuadés que seule la puissance d’achat permet de survivre. Les nouveaux commerçants font quant à eux un pari sur la demande, qu’ils cherchent à transformer durablement.

      L’enjeu de cette opposition de modèles et de visions va au-delà du segment de la proximité dans les grandes villes. Ce qui se joue actuellement, c’est la redéfinition des attentes et des priorités dans la consommation alimentaire et la création d’une nouvelle relation avec les consommateurs. Les pierres du futur modèle d’alimentation sont en train d’être posées. Les offres de livraison de restauration et de courses alimentaires convergent et certains acteurs de la transition alimentaire vers laquelle nous nous dirigeons sont probablement en train d’émerger.

      L’exemple de Tesla

      En effet, dans cet environnement mouvant, les nouveaux commerçants, avec leur ADN numérique et leur vision client ont un avantage concurrentiel. C’est là-dessus que misent les investisseurs, qui observent que dans une autre industrie, la capitalisation d’un nouvel entrant (Tesla, 750 milliards de dollars) équivaut à celle de tous les acteurs historiques cumulés, car les clients partagent sa vision et veulent faire partie de l’aventure. Un attrait qui fait écho au désamour pour les acteurs historiques de la distribution alimentaire.

      A moindre échelle, nous assistons au même phénomène avec le « quick commerce » : le leader états-unien, Gopuff, est valorisé 15 milliards de dollars, c’est plus que Carrefour (11,5 milliards d’euros, soit environ 13,5 milliards de dollars), le turc Getir 7,5 milliards de dollars, et le champion allemand Gorillas (créé en 2020) annonce une levée de fonds imminente (950 millions de dollars) avec une valorisation de 3 milliards de dollars, soit peu ou prou la capitalisation du groupe Casino.

      Les acteurs historiques ne pourront donc pas s’offrir les meilleurs de ces nouveaux concurrents ; ils risquent d’être dépassés. L’acquisition par GoPuff d’une chaîne de 185 magasins d’alcool en Californie pour 350 millions de dollars est, à ce titre, un symbole fort.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/02/les-acteurs-du-quick-commerce-veulent-remplacer-les-magasins-de-proximite-et

      bien aérer après lecture :
      https://seenthis.net/messages/931717

      #économie #grande_distribution #fragmentation #quick_commerce

  • Réflexions sur la grève des livreurs Uber Eats à Boulogne-sur-mer |
    https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2021/04/18/reflexions-sur-la-greve-des-livreurs-uber-eats-a-boulogne-

    Pour une certaine fraction de la population urbaine, le désir de se faire livrer à domicile un repas préparé relève d’un acte anodin. Pourtant, à y regarder de près, ce geste simple s’inscrit au carrefour de multiples phénomènes qui en quelques années ont encore accentué l’emprise de la marchandise sur notre existence : exacerbation de l’individualisme, repli et isolement sur la sphère domestique elle-même toujours plus réduite et colonisée par les technologies virtuelles(1), tyrannie du temps mesuré, dépossession des savoirs et savoirs faire … 

    Ce glissement porte un éclairage pénétrant sur une époque dans laquelle la reproduction est devenue de par son élargissement une production capitaliste à part entière. En l’absence de promesses de profits escomptés grâce aux activités de l’industrie manufacturière, une frange du patronat à l’affût de gains instantanés bricole et recycle. Ainsi l’hybridation de la bicyclette et du calculateur numérique, du muscle, de la sueur et de l’immatérialité digitale jette une lumière crue sur la réalité d’un capitalisme de plateforme qui se pare des atours de l’hypermodernité et de la cool attitude. 

    des revendications ambivalentes

    Dans le courant du mois de mars les livreurs boulonnais de la plateforme Uber Eats se sont mis en grève. Aux revendications mettant en cause leurs conditions d’exploitation, ils ajoutaient celle de l’arrêt du recrutement estimant que le nombre de livreurs était trop important pour la masse de travail à se partager.

     A elle seule, cette exigence pointe une ambivalence, celle de la représentation que se font ces grévistes de la position qu’ils tiennent dans les rapports de production et par conséquent de la nature de la revendication particulière qu’ils formulent. Vouloir refermer la porte derrière soi afin de se maintenir dans une situation, aussi vulnérable soit-elle, n’est en rien exceptionnel. Depuis ses origines, l’histoire du mouvement ouvrier est ponctuée d’épisodes comparables. La plupart d’entre eux révèlent la faiblesse de la position qu’occupent les prolétaires à un moment précis au coeur du rapport de force qui les oppose au patronat. Néanmoins, espérer nouer une alliance contre nature, même ponctuelle revient à se laisser déposséder du peu de contrôle dont on dispose et ouvre à coup sûr la voie à des renoncements plus préjudiciables encore.

    derrière le miroir aux alouettes 

    Illusionnés, peut-être, par leur statut juridique « d’indépendants » ou par la dissimulation de la figure patronale derrière les catégories du droit, les livreurs boulonnais estiment sans doute avoir leur mot à dire quant à la marche des affaires de leur employeur californien ; avec l’arrivée sur le port d’un nouveau donneur d’ordre, le londonien Deliveroo, nul doute que l’ambiguïté sera rapidement levée et la place occupée par chacune des deux parties en présence s’en trouvera parfaitement établie. 

    Que ce soit à Boulogne-sur-mer ou ailleurs, le recrutement massif des débuts n’aura été qu’un épisode transitoire momentanément amplifié par le confinement. Le nombre de livreurs en sureffectif accompagne désormais l’activité de ce secteur d’apparition récente. Un nombre restreint de plateformes internationales se livrent entre elles à une guerre acharnée et exacerbent à leur avantage la mise en concurrence farouche de leurs prétendus « collaborateurs »(2). La faillite de l’entreprise Belge Take Eat Easy a encore intensifié le phénomène(3). 

    Comme n’importe quelle autre entreprise internationale, la plateforme ne saurait extorquer de la plus value et réaliser du profit sans légitimer sa pratique en formulant un discours idéologique qui aux premiers abords peut interpeller et séduire. Sans négliger par ailleurs la formidable capacité dont font preuve ces idéologues à intégrer les critiques portées contre le travail salarié, à s’en nourrir pour finalement les retourner contre les travailleurs eux mêmes et ériger l’autonomie, la liberté et l’indépendance comme autant d’idéaux qu’ils se font fort de mettre à portée de pédalier.

    #livreurs #grève

  • « Les plates-formes doivent prendre leurs responsabilités face à la précarité et la mise en danger de leurs livreurs »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/20/les-plates-formes-doivent-prendre-leurs-responsabilites-face-a-la-precarite-

    La massification de cette activité doit s’accompagner d’une régulation du modèle d’exploitation inhumain de ces plates-formes et d’une protection des livreurs en vertu du droit du travail. En effet, le qualificatif d’« autoentrepreneur » est bien loin de la réalité de leur quotidien. Plusieurs décisions de justice ont déjà permis de faire la lumière sur les pratiques intolérables de ces plates-formes.
    Le lien de subordination

    Car le lien de subordination est avéré entre ces entreprises, leurs algorithmes et les livreurs. Rythme de travail infernal, systèmes de notation, de pénalités infligés par les plates-formes sur des critères de performance et de disponibilité. Voici la « liberté » qu’elles vantent tant. Les verdicts s’accumulent partout et sont sans appel.

    Pas de contrat de travail, aucun droit ni protection sociale, pas de cotisation retraite, chômage, pas de congés, pas d’indemnisation ni couverture des frais médicaux en cas d’accidents hormis de très rares motifs précisés dans les contrats d’assurance des plates-formes.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Allemagne, la concurrence entre les plates-formes de livraison s’intensifie

    Pas de salaire minimum non plus, ni de rémunération pendant les temps d’attente, elle est fixée à la tâche, au nombre de kilomètres parcourus, calculée en toute opacité par les applications. La cadence de travail des livreurs leur est imposée à la fois par les algorithmes des plates-formes, par les exigences d’immédiateté des clients, et par cette forme de rémunération qui leur impose de travailler le plus possible, sans pause ni congé.

    Des contrats de travail doivent être signés, afin de leur donner accès à leurs droits les plus fondamentaux. L’organisation de formations, la dotation en accessoires de sécurité nécessaires (casque, lumières, rétros, sonnette, manteau réfléchissant, etc.) doivent devenir des obligations légales.

    Un travail important doit également être mené au niveau des collectivités sur l’adaptation de l’espace public à tous les modes de déplacement, avec des aménagements sécurisés pour tous les cyclistes, mais aussi de la pédagogie pour une prise de conscience des automobilistes sur le partage de la voie publique.
    Faire évoluer la loi

    Il nous faut aussi nous interroger collectivement sur nos comportements et sur le modèle de société que nous voulons pour l’avenir de nos enfants. Derrière un simple clic sur l’une de ces plates-formes, c’est un système d’exploitation d’hommes et de femmes précaires, forcés à se soumettre à ce modèle faute d’avoir accès à un emploi juste et sécurisant.

    #Livreurs #Droit_travail #Plateformes #Nouvelle_domesticité

  • « C’est un métier extrêmement risqué, déjà, le fait d’être payé à la tâche amène les livreurs à prendre plus de risques ». Une livreuse Deliveroo nous a parlé de ses conditions de travail et des méthodes de son syndicat (CGT UberEats/Deliveroo Lyon) pour organiser des travailleurs et des travailleuses confrontés à la baisse de leurs rémunérations et à l’indifférence des plateformes quand à leur santé et à leur sécurité. Il y a 10 jours encore, un livreur Uber eats, Rumel Ahmed, décédait après avoir été percuté par un camion à Paris, sans que personne ne s’en émeuve. Il est le dernier sur la liste des morts provoquées par la course à la rentabilité mais heureusement, il y en a qui résiste aux cadences que l’on veut leur imposer.

    #Ubereats #Deliveroo #CGT #plateformes #livreurs #grève

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    https://lespetitssoirs.fr/2021/05/14/lutter-pour-ses-droits-a-lheure-du-capitalisme-numerique-une-livreuse

  • Mort Uber Eats, mort anonyme | Alexis Vernier
    https://blogs.mediapart.fr/alexis-vernier/blog/120521/mort-uber-eats-mort-anonyme

    Je suis allé ce soir à la rencontre de livreurs Uber eats. Pour voir ce qu’ils avaient à dire sur le drame à Sotteville, où l’un des leurs est décédé jeudi dernier. Pour voir si ça leur évoquait quelque chose. Un commentaire, une idée, une colère. Surtout, pour en savoir un peu plus sur ce livreur, pour les écouter.

    Après m’être renseigné, je me suis aperçu qu’on ne savait généralement rien de ces morts invisibles. Dans l’article d’Actu et du PN, le prénom de la victime n’est même pas mentionné. Une manchette dans un journal,

    Un coursier est décédé de...

    A été retrouvé à ...

    Fin de l’histoire.

    Même Uber feint de ne pas être au courant. On achète une identité à un « Français » et on roule sous un faux nom. Celui qui tombe ? Connais pas.

    Il avait 41 ans, venait du Nigéria. Il laisse derrière lui 4 gosses et une femme. Il s’appelait comment ? "Je sais pas, on l’appelait « mon frère », il était assis là sur ce banc et attendait la commande". A la fin je trouverai d’autres Nigérians qui me donneront son prénom : Chahi. Par pudeur, je n’ai pas osé en demander davantage.

    Conversation étonnante avec l’un des travailleurs. Il me parle de Macdo qui n’a pas de goût et du « capitalisme » que le fast food industriel représente à ses yeux.

    – Et Uber ? lui demandai-je

    – Uber ? C’est un logiciel. Juste un logiciel.

    – Et pourquoi ton frein avant est décroché ?

    – Il déconne, mal serré. La roue est voilée ça frotte, ça freine trop. Si je suis trop lent, Uber filera les commandes à un autre.

    #travail #accident_du_travail #Uber #livreurs

  • Plus d’une centaine de livreurs licenciés du jour au lendemain à Genève Delphine Gianora et Céline Brichet/aes
    https://www.rts.ch/info/regions/geneve/12149924-plus-dune-centaine-de-livreurs-licencies-du-jour-au-lendemain-a-geneve.

    Suite à un litige entre deux sociétés, plus d’une centaine de livreurs viennent d’être licenciés à Genève, un épisode qui démontre la vulnérabilité de ce type d’emplois en ces temps de pandémie.

    Pour répondre à la demande qui explose depuis le début de la pandémie, plusieurs centaines de livreurs ont été engagés en masse, avec des contrats souvent temporaires.

    Mais il y a trois semaines, une centaine d’entre eux ont été licenciés du jour au lendemain, victimes d’un litige entre les sociétés qui les emploient. Ils étaient en effet engagés par le sous-traitant AlloService pour le compte de la plateforme Smood.

    Interrogé au 19h30, l’un d’entre eux témoigne des conditions précaires rencontrées dans cet emploi : « Il y a beaucoup de questions sans réponses, au niveau des heures travaillées, du paiement des pourboires. On a essayé de faire des retours, mais sans avoir reçu de réponse ».

    Litige lié à l’introduction du salaire minimum.
    AlloService adapte alors ses contrats, mais aucun accord n’est trouvé avec Smood. Le sous-traitant paie donc la différence. Estimant ses pertes à plus de 120’000 francs, il rompt alors le contrat qui le lie à Smood. Une procédure de licenciement collectif est lancée.

    Smood dément toutefois l’existence de tout litige. L’entreprise a répondu par écrit à la RTS : « AlloService est un prestataire de transport qui semble connaître des difficultés. Des discussions sont en cours et Smood est dans l’attente d’un retour de ce prestataire. S’agissant des pourboires, ceux-ci sont intégralement reversés aux livreurs et une clarification est en cours ».

    Les syndicats inquiets
    Ce cas de licenciement collectif est symptomatique des problèmes de la branche. Les syndicats s’inquiètent de cette précarisation du monde du travail.

    « Notre crainte, c’est qu’en sortant de la pandémie, on ait tout une catégorie d’emplois précaires qui se soient créés au détriment d’emplois protégés par des CCT. Si c’est ça le bilan de la pandémie, il y a des catastrophes sociales qui se préparent pour l’avenir », regrette ainsi le responsable communication de l’Union syndicale suisse Benoît Gaillard.

    Dans le cas de ce licenciement collectif, les syndicats SIT et UNIA ont prévu d’ouvrir une consultation du personnel pour tenter de préserver les emplois.

    En octobre dernier, Genève adopte une nouvelle législation qui oblige tout employeur à verser un salaire minimum de 23,14 francs de l’heure.

    #deliveroo #travail #salaire #salaire_minimum #sous-traitance #licenciements #prestataire #uber #gigeconomy #ubereats #foodtech #amazon #précarité #conditions #livreurs #ubérisation #conditions_de_travail #exploitation #alloService #smood

  • Grève à Levallois, Collectif des Livreurs Autonomes de Plateformes, dédié à la défense des livreurs « auto-entrepreneurs » - CLAP
    https://twitter.com/i/timeline

    Hier soir au McDo de Levallois, les livreurs excédés par l’attente ont décidé de refuser les commandes en guise de grève surprise.

    Le « lanceur » nous raconte qu’il a émis l’idée « juste comme ça » et que « ça a pris direct... Limite j’ai pas fait exprès »
    LOL

    La moindre étincelle...

    #livreurs #grève #92 #plaine_oh_ma_plaine