• Au Portugal, l’addition de mouvements sociaux fragilise le gouvernement socialiste
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/02/25/au-portugal-l-addition-de-mouvements-sociaux-fragilise-le-gouvernement-socia

    Enseignants, cheminots, soignants protestent contre les bas salaires et le coût de la vie, en particulier l’augmentation du prix des logements. Le premier ministre, Antonio Costa, pourtant doté d’une majorité absolue de députés élus il y a moins d’un an, est en difficulté dans l’opinion.

    Il y a à peine plus d’un an, la large victoire du Parti socialiste (PS) aux élections législatives portugaises le dotait d’une confortable majorité absolue au Parlement. Mais la lune de miel avec les électeurs semble avoir fait long feu. Depuis plusieurs mois, le gouvernement d’Antonio Costa est confronté à de multiples mouvements sociaux et à une rapide détérioration de sa popularité. Samedi 25 février, des milliers de Portugais devraient à nouveau descendre dans la rue sous une bannière commune, celle d’une nouvelle plate-forme intitulée Vie juste, appelant les Portugais à manifester contre l’inflation dans ce pays aux #salaires bas et aux #logements devenus hors de prix.

    https://justpaste.it/ack34

    #gauche

    • Les vols dans les supermarchés ont bondi, au point que certains magasins ont mis les boîtes de thon sous antivol.


      Des boîtes de thon sont équipées d’antivols pour faire face à la recrudescence des vols, dans une grande surface portugaise. DOCUMENT EXPRESSO

      Les vols de nourriture dans les supermarchés en hausse au Portugal : « Des retraités, des étudiants ou des parents en sont réduits à cela »

      Les ménages les moins aisés, mais aussi la classe moyenne, sont particulièrement affectés par l’inflation, alors que la pauvreté a nettement augmenté depuis la pandémie de Covid-19.

      https://justpaste.it/ack34

    • Chez nous, quand les gens manifestent, les journaux t’expliquent longuement qu’en fait, ils n’étaient pas bien nombreux, qu’ils ne savaient pas vraiment pourquoi ils étaient dehors, et qu’en fait, il n’y a pas de mouvement social, d’ailleurs, le mouvement social, il a été élu ? Alors hein, on va pas s’poser la question de la popularité du gvt tout juste élu.

      La popularité d’un gvt, c’est une question pertinente uniquement pour un gvt de gauche.

  • Suisse : Ils doivent laisser leur place aux Ukrainiens

    L’accueil des Ukrainiens et Ukrainiennes à #Genève se répercute sur d’autres réfugié·es. Une députée intervient.

    Genève s’apprête à prendre en charge entre 4000 et 15’000 Ukrainiens et Ukrainiennes.

    L’accueil risque d’être compliqué au-delà du premier millier et des alternatives sont à l’étude, indiquait Christophe Girod, directeur général de l’Hospice général, la semaine passée sur Léman Bleu. Les alternatives en question auraient-elles déjà été trouvées ? Des résident·es, majoritairement des hommes célibataires, du centre d’hébergement collectif de Rigot, situé avenue de France, ont reçu l’ordre de déménager au début de cette semaine afin de faire de la place pour les nouvelles et nouveaux venus.

    Avec effet immédiat

    Sur place, la surprise est totale. « Je ne comprends pas. Mon cousin est apprenti, il est en Suisse depuis six ans, et il a reçu cette semaine une visite des responsables de #Rigot qui lui ont dit qu’il devait vider son appartement parce que des Ukrainiens allaient arriver », explique un parent logé lui aussi dans le centre. Et les résident·es n’ont apparemment pas eu voix au chapitre. « On nous a dit que c’était obligatoire. La moitié des chambres ont été vidées et des gens se retrouvent à deux dans des chambres prévues pour une seule personne. »

    D’après les témoignages recueillis, l’#Hospice_général aurait expliqué aux personnes concernées qu’il s’agit d’une décision fédérale, laissant entendre que la Confédération est intervenue dans la gestion cantonale du flux de réfugié·es d’Ukraine. Selon Samuel*, dont plusieurs amis sont logés dans le #centre_de_Rigot, le directeur de l’Hospice général aurait aussi évoqué la construction de bâtiments modulables ou encore la transformation de salles de gymnastique en locaux d’urgence. « Ils déplacent les personnes sans se demander si elles parlent la même langue ou ont des affinités. Un de mes amis s’est retrouvé à partager une chambre pour une personne avec un résident souffrant de problèmes psychiatriques. »

    Terre d’asile à deux vitesses ?

    Françoise Nyffeler a déposé jeudi soir une question urgente au Grand Conseil visant à clarifier cette situation. « Dans le milieu de la défense des réfugiés, on entendait dire qu’un tel accueil était impossible, et tout à coup on arrive à mobiliser des moyens pour traiter 1200 dossiers par jour, s’étonne l’élue d’Ensemble à gauche. Bien sûr qu’il faut trouver de la place pour les Ukrainiens, mais pas au détriment des autres réfugiés. »

    La députée s’inquiète de l’existence de « réfugiés de première classe » à la faveur desquels d’autres, pourtant présents depuis des années, pourraient être opportunément déplacés. Elle s’interroge également sur le sort des Afghanes et Afghans présent·es en Ukraine : « Bénéficieront-ils chez nous des mêmes droits que les Ukrainiens ? ». La situation ne surprend pas Alain Bolle, directeur du CSP Genève. « On craignait que ça arrive avec l’afflux de réfugiés ukrainiens. »

    Optimisation des #logements

    L’Hospice général reconnaît qu’un maximum de places doivent être trouvées pour accueillir les familles nouvellement arrivées. « Pour optimiser les logements à disposition dans les centres d’hébergement collectif et libérer des places pour des familles, nous devons procéder à des #rocades, explique Bernard Manguin, son chargé de communication. Les rocades sont faites de façon à ce que les gens gardent leur cadre de vie et leurs habitudes, dans le centre d’hébergement et dans le quartier. Elles sont annoncées à l’avance, afin que les personnes aient le temps de s’y préparer. » Personne ne devra quitter les centres d’hébergement, assure le porte-parole.

    Pourtant, certains résidents affirment avoir reçu l’ordre de déménager d’ici à quelques jours. D’autres établissements pourraient d’ailleurs être concernés, puisqu’au foyer de la #Seymaz, un courrier de l’#Hospice_général annonce une prochaine réunion « en vue d’une réorganisation ». La lettre avertit que les résident·es absent·es pourraient être sanctionné·es.

    https://lecourrier.ch/2022/03/20/ils-doivent-laisser-leur-place-aux-ukrainiens
    #déménagement #Suisse #réfugiés_ukrainiens #Ukraine #asile #migrations #réfugiés #catégorisation #racisme

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    ajouté à cette métaliste sur les formes de racisme qui ont émergé avec la guerre en Ukraine :
    https://seenthis.net/messages/951232

    • Ukrainer ja, Afghanen nein: Der Grenzbahnhof #Buchs ist Schauplatz unserer Willkommenskultur – und wie sie sich verändert hat

      Afghanen wurden hier noch im Januar aus den Zügen geholt. Ukrainerinnen hingegen dürfen durchfahren, von ihnen ist am Grenzbahnhof Buchs nichts zu sehen. Das ist kein Zufall. Ein Rückblick auf 150 Jahre Schweizer Willkommenskultur.

      Etwas talaufwärts, nach Sargans links um die Ecke, liegt Maienfeld, das Heidiland. Benannt nach jenem Roman, der weltweit das Bild der Schweiz prägte: mit Heidi, Alpöhi, Geissenpeter, den saftigen Matten und den weissen Bergen unter blauem Himmel. Ein Sehnsuchtsort für Touristen genauso wie für Verfolgte und Vertriebene aus aller Welt.
      Doch anders als wohlhabende Feriengäste gelangen Flüchtlinge kaum je ins Heidiland. Sie stranden vielmehr an einem gesichtslosen Grenzbahnhof. Zum Beispiel in Buchs, St.Gallen: einer Bahnstation in einem Industriequartier mit fensterlosen Bauten, einer Recyclinghalle, der in Beton gegossenen Bus-Station auf dem Vorplatz und einer Industriebrache mit Kies, Unkraut und Stumpengleis. Kein Postkartensujet.
      Und doch ein Ort, der eben so typisch ist für die Schweiz wie das Heidiland. Kaum wo lässt sich die wechselvolle Geschichte der eidgenössischen Flüchtlings- und Migrationspolitik nachzeichnen wie hier. Die einen wurden als Helden begrüsst. Andere hinter Stacheldraht in der Desinfektionsanlage entlaust und bürokratisch erfasst. Von den Nazis verfolgte Juden versuchten, versteckt im Güterzug in Sicherheit zu gelangen. Manche von ihnen vergraben in Kohletransporten – auch um der direkten Rückweisung an der Schweizer Grenze zu entgehen.
      Für Kaiserin Sissi stand sogar Portier Rohrer stramm
      Erbaut wurde der Bahnhof 1858, etwas abseits des Dorfes, weil die Bauersleute von der Bahn zunächst nichts wissen wollten. Der Anschluss an die weite Welt folgte 1884 mit der direkten Anbindung an die neue Arlbergbahn. Sie brachte den wirtschaftlichen Aufschwung. Güterzüge mit Schlachtvieh aus Ungarn, Weinbeeren aus der Türkei und Holz aus Serbien kamen hier an. «Da waren auch die Sammelwagen mit den Auswanderern aus den Oststaaten, deren Ziel Amerika war: Fremde, armselig reisende Menschen, deren Sprache niemand verstehen konnte», heisst es in einem Beitrag des «Werdenberger Jahrbuchs» über das Jahr 1890.
      Adlige reisten durch, der König von Bulgarien, Balkanfürsten mit ihrem Hofstaat. Ja, selbst Kaiserin Elisabeth, die Sissi, erfrischte sich auf ihren regelmässigen Durchreisen im Bahnhofbuffet: «Da stand selbst der Portier Rohrer stramm, Vorstand Gasser hielt bahndienstliche Ordnung, der österreichische Zollinspektor Lutz, ein liebenswürdiger, fein gebildeter Mann, erwartete in Galauniform und mit einem Paradedegen an der Seite die Kaiserin und machte die Honneurs», heisst es im Jahrbuch. Es war eine Blütezeit, der Aufstieg Buchs’ als das «Tor zum Osten».
      Für viele Flüchtlinge hingegen wurde Buchs zum Nadelöhr in die Schweiz – je nach Herkunft und politischer Grosswetterlage. Denn in ihrer Flüchtlingspolitik war die Schweiz nie neutral. Das zeigt sich gerade in diesen Tagen wieder. Die kriegsvertriebenen Ukrainerinnen und ihre Kinder brauchen in Buchs nicht auszusteigen. Sie profitieren von der Reisefreiheit, die ukrainischen Staatsangehörigen schon vor dem russischen Angriff auf ihr Land in ganz Europa gewährt wurde. Sie brauchen kein Visum, fahren in Buchs durch und lassen sich später wahlweise in Zürich, Altstätten oder sonst einem Bundesasylzentrum registrieren, um vom Schutzstatus S zu profitieren. Tausende von Gastfamilien bieten ihnen Unterkunft an.
      «Ich reise nicht gern. Wozu auch? Die Welt kommt ja zu uns»
      Wie anders die Bilder noch im Winter: Junge Männer aus Afghanistan, die von den Grenzbehörden aus dem Nachtzug aus Wien geholt werden, müssen sich auf Perron 4 in Reih und Glied aufstellen. Danach werden sie ins Provisorische Bearbeitungszentrum Buchs (POB) geführt und asylrechtlich erfasst. So schildert es das «St.Galler Tagblatt» im Januar in einer Reportage. Das POB hat der Kanton Anfang Jahr eröffnet, um die Registrierung gemäss den Regeln des Dublin-Abkommens der sogenannt illegal eingereisten Personen zu beschleunigen. An jenem Januarmorgen sind es rund 30 junge Afghanen.
      Die Ukrainerinnen und die Afghanen sind lediglich die letzten beiden von sehr vielen verschiedenen Flüchtlingsgruppen, die im Laufe der Jahrzehnte am Grenzbahnhof vorbeigekommen sind. Einer, der diese Geschichten kennt, über sie in der Lokalzeitung berichtet hat, ist Hansruedi Rohrer, langjähriger Fotoreporter des «Werdenberger und Obertoggenburgers» sowie Buchser Stadtchronist. Der 72-Jährige führt ein Archiv mit Tausenden von Bildern und kaum weniger Geschichten. Rohrer ist Buchser, durch und durch. Und ausgesprochen sesshaft: Ein einziges Mal unternahm er eine Reise ins Ausland mit Übernachtung – nach München für eine Reportage. Sonst beschränken sich seine Auslandvisiten auf Kinobesuche ennet dem Rhein im liechtensteinischen Schaan. «Ich reise nicht gern. Wozu auch? Die Welt kommt ja zu uns», sagt Rohrer.
      Auf einem Rundgang vom Bahnhof durch das Industriequartier zeigt er die Schauplätze: Die Rheinbrücke, wo die Züge über eine Rechtskurve in die Schweiz einfahren, die ehemaligen Standorte eines Auffanglagers und eines Aufnahmezentrums. Er erzählt von den ersten Flüchtlingen, die 1871 in Buchs angekommen seien, notabene aus Westen: Soldaten der Bourbaki-Armee, die im Jura über die Grenze gekommen waren und auf die Schweiz verteilt wurden. «Man sammelte damals in unserem Städtchen warme Kleider und Schuhe für sie.»
      Kriegsinternierte skandieren: «Evviva la Svizzera!»
      Rohrer händigt von ihm verfasste Artikel und Archivtexte über die Weltkriege aus. Über das «Flüchtlingsjahr 1915 in Buchs» etwa: Nach Ausbruch des Krieges wurden die italienischen Familien, die in Österreich gelebt hatten, als Angehörige eines nun plötzlich feindlichen Staates interniert und über die Schweiz in ihre Heimat abgeschoben. In Buchs gelangten sie auf Schweizer Boden. Im grossen Auswanderersaal, der seit Kriegsbeginn unbenutzt blieb, wurde ein Verpflegungsstand eingerichtet: «Für die ersten Transporte wurden zunächst 50 Zentner Brot und 2000 Liter Milch bereitgestellt. Die einheimischen Bäcker und Metzger hatten als Lieferanten alle Hände voll zu tun», heisst es in Rohrers Artikel. Bezahlt habe dies später die italienische Regierung. Und bei der Abfahrt aus Buchs riefen die italienischen Heimreisenden aus dem Zug: «Evviva la Svizzera!»
      Weniger zu erfahren ist, wie im Zweiten Weltkrieg jüdische Flüchtlinge an der Grenze abgewiesen wurden. Immerhin finden sich Arbeiten von Studentinnen über einzelne jüdische Flüchtlingsfamilien, die versteckt in Güterzügen über Buchs in die Schweiz einreisten. Besser dokumentiert ist der Ansturm von Flüchtlingen, die sich kurz vor dem Zusammenbruch des Nazireichs aus deutscher Kriegsgefangenschaft befreiten und in der Schweiz Zuflucht suchen wollten. Die Gegend zwischen dem Städtchen Feldkirch in Österreich und der Grenze glich Ende April 1945 «einem Heerlager, in dem Tausende und Abertausende sich zusammendrängten, um noch die Grenze passieren zu können, ehe sie aufs Neue durch die letzten kriegerischen Handlungen in diesem nun plötzlich zur Front gewordenen Gebiet in den Mahlstrom des Verderbens gerissen wurden», so wird im «Werdenberger Jahrbuch» ein Zeitzeuge zitiert.
      Mit einer Rangierlokomotive und ein paar alten österreichischen Waggons zog man in Buchs kurzerhand einen Pendelverkehr auf, um die Flüchtlinge in die Schweiz zu holen. Beim Bahnhof wurden die Ankömmlinge «hinter die Stacheldrähte des Auffanglagers praktiziert. Man wusste ja keineswegs, mit was für ansteckenden Krankheiten diese Leute behaftet waren, und darum sollte ein Kontakt mit der Zivilbevölkerung so gut als möglich vermieden werden.» Die Flüchtlinge wurden verpflegt, registriert und «durch die Desinfektionsräume geschleust», so der Zeitzeuge. Danach ging es mit dem Zug weiter ins Landesinnere, etwa ins Hallenstadion Zürich. An einzelnen Tagen kamen so über 3500 Flüchtlinge in Buchs an.
      Grosser Bahnhof für die Opfer des Kommunismus
      Wie viel herzlicher fiel da der Empfang der Flüchtlinge aus Ungarn 1956 aus. In der Buchser Stadtchronik, die Hansruedi Rohrer heute nachführt und verwaltet, findet sich ein Bericht vom 9. November 1956: «Kurz nach zwei Uhr nachmittags traf ein Sonderzug mit 364 Flüchtlingen in Buchs ein. Eine grosse Menschenmenge hatte sich zur Ankunft auf dem Bahnhof eingefunden, um den Flüchtlingen in herzlicher Weise Sympathie und Willkomm zu entbieten.» Freilich wurden auch die Ungarinnen und Ungarn im Barackenlager des Grenzsanitätsdienstes aufgenommen, einer «notwendigen sanitarischen Untersuchung unterzogen» und verpflegt. Später reisten sie weiter an verschiedene Orte in der Schweiz.
      In jenen Tagen profilierte sich der Bahnangestellte Peter Züger, der seit 1950 am Grenzbahnhof tätig war, in besonderer Weise: Züger sprach Ungarisch und begrüsste die Flüchtlinge über die Lautsprecheranlage in ihrer Sprache. Diese reagierten laut Jahrbuch «mit Akklamation, Freudentränen und lautstarken Zurufen Eljen- eljen! (hoch -hoch!)». Die Stimmung gegenüber den Opfern des Sowjetregimes war vergleichbar zur heutigen Situation mit den Ukrainerinnen: Die Bevölkerung in der Schweiz solidarisierte sich mit den Opfern des russischen Angriffs.
      Dazu erhielt sie 1968 noch einmal Gelegenheit, als nach der Niederschlagung des Prager Frühlings tschechische und slowakische Flüchtlinge in Buchs eintrafen. Auch sie erhielten einen warmen Empfang. Auf einem Plakat bei der neu errichteten Auffangstation etwas südlich des Bahnhofs hiess es: «Wir bewundern euren Mut und eure Tapferkeit.» In der Zeitung wurde rapportiert: «Die Bevölkerung von Buchs hat in den letzten Tagen wiederholt Blumen in die Auffangstelle gebracht und für die Neuankömmlinge ein Kinderzimmer eingerichtet.»
      Niemand winkt den bosnischen Flüchtlingen zu
      Flüchtlingsbewegungen gab es seither immer wieder: die Boatpeople aus Vietnam 1979, die Polen 1982. Stets waren auch Rotkreuzmitarbeiterinnen vor Ort, die sich um Kinder, Verletzte, Kranke und Schwache kümmerten. Von einem grossen Bahnhof wie 1956 aber konnte kaum mehr je die Rede sein. Als im Juli 1992 ein Zug mit 1000 bosnischen Flüchtlingen eintrifft, berichtet der «Werdenberger und Obertoggenburger» von einer peinlichen Situation: Als die «müden und matten» Flüchtlinge den Personen am Bahnhof zuwinken, erwidert niemand diese schüchternen Grüsse. Der Grund: «Das Gelände, auf das der Flüchtlingszug einfährt, ist nämlich von Sicherheitskräften von Polizei, Feuerwehr und Bahn abgeriegelt. Im Innenraum befinden sich nur mehrere Dutzend Journalisten und viele Helfer. Und von denen winkt niemand.»
      In den letzten beiden Jahrzehnten, mit der Personenfreizügigkeit, hat Buchs viel von seinem Charakter als Grenzbahnhof verloren. Die Zollstation ist weg, das Bahnhofbuffet sowieso. Flüchtlinge kommen immer noch, sei es aus Syrien oder wie bis vor kurzem vor allem aus Afghanistan. Doch mit dem Zoll sind die Szenen von Ankunft, Betreuung und Kontrolle aus dem Bahnhofgebiet verschwunden. Sogenannt illegal Einreisende werden diskret ins Provisorische Bearbeitungszentrum Buchs im Industriegebiet oder das Bundesasylzentrum in Altstätten gebracht. Ein Willkommensakt der anonymen Art. Wie viele aus der Ukraine über Buchs einreisen – niemand weiss es.

      https://www.tagblatt.ch/schweiz/migration-grenzbahnhof-buchs-schauplatz-unserer-willkommenskultur-ld.227072

      #réfugiés_afghans

    • Ils sont réfugiés – et bienvenus

      Fuyant la guerre, des dizaines de milliers d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Suisse. L’accueil non bureaucratique qui leur est réservé témoigne de la solidarité de la Suisse, mais révèle aussi les zones d’ombre de sa politique d’asile

      « La nuit, dans mes rêves, je vois ma datcha », relate Alexander Volkow. Il rêve des vignes dont il devrait prendre soin à cette saison. Mais cet ingénieur en métallurgie retraité de Kramatorsk se trouve à 2500 kilomètres de sa maison de vacances, dans un petit village bernois dont il ignorait même l’existence il y a peu : Mittelhäusern. Alexander Volkow est ukrainien, et le chemin qu’il a parcouru jusqu’ici – hormis sa destination, due au hasard – ressemble à celui de millions d’autres personnes arrivées d’Ukraine. Avec sa belle-fille Julia et son petit-fils Sergueï, il a fui sa ville du Donbass sous le feu des missiles, fui la guerre, la mort, la destruction et la misère. En Suisse, les autorités en matière de réfugiés lui ont finalement notifié que lui et sa famille avaient « reçu une invitation pour Mittelhäusern ». Une chance dans leur détresse : « Des gens chaleureux nous ont accueillis ». Malgré la cordialité de la famille d’accueil, Alexander Volkow est toujours, dans sa tête, dans le Donbass assiégé, à Kramatorsk : « Chaque matin, nous commençons par chercher à savoir ce qui est encore debout, si notre maison est encore debout ». En même temps, il est hanté par cette question : vaut-il mieux une « bonne guerre », qui fera beaucoup de victimes, ou une « mauvaise paix », qui entraînera plusieurs années d’incertitude et de discorde dans son sillage ?

      Il n’est pas le seul à se poser de telles questions. Quand il se promène, appuyé sur sa canne, à travers le village, il rencontre par exemple Anhelina Kharaman, qui est elle aussi hébergée chez des particuliers, avec sa mère et sa fille. Elle vient de Marioupol, cette ville en ruines au sud de l’Ukraine. Mykola Nahornyi et Lilia Nahorna, un couple de Dnipro, séjournent eux aussi à Mittelhäusern pour l’instant. Et eux aussi parlent du jardin dont il faudrait s’occuper pour qu’il donne des récoltes suffisantes pour l’hiver.

      Une vague de solidarité

      Une douzaine de réfugiés ukrainiens vivent en ce moment à Mittelhäusern, une douzaine sur les plus de 50 000 femmes, enfants et personnes âgées qui sont arrivés en Suisse au cours des trois premiers mois de la guerre. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la Suisse n’avait jamais connu un tel afflux de réfugiés en si peu de temps. Les personnes déplacées ont bénéficié d’une vague de solidarité : la population a rassemblé du matériel de secours, fourni de l’aide et proposé des logements privés. Cela rappelle les grands mouvements de solidarité du passé, par exemple quand les troupes soviétiques ont envahi la Hongrie, en 1956, ou la Tchécoslovaquie, en 1968. La Suisse avait alors aussi accueilli les réfugiés d’Europe de l’Est à bras ouverts.

      Face à l’invasion russe en Ukraine, le Conseil fédéral a activé au mois de mars, peu après le début de la guerre, le statut de protection S. Sur le papier, cette catégorie de réfugiés existe déjà depuis les années 1990. À l’époque, le conflit armé faisant rage en ex-Yougoslavie avait contraint de nombreuses personnes à prendre la fuite. Toutefois, ce statut de protection spécifiquement prévu pour les personnes déplacées n’avait encore jamais été appliqué, pas même pendant la guerre en Syrie, qui a également jeté sur les routes des millions d’individus.

      Le statut de protection S offre aux personnes concernées de précieux avantages : il leur suffit de s’annoncer auprès des autorités, sans devoir faire une demande d’asile effective. Elles peuvent chercher immédiatement un emploi, faire venir leur famille en Suisse et voyager librement, y compris à l’étranger. Tout cela reste refusé aux réfugiés issus d’autres régions en conflit. Les Afghans, les Syriens, les Érythréens, les Éthiopiens ou les Irakiens doivent passer par la procédure d’asile ordinaire et n’ont le droit ni de travailler ni de voyager jusqu’à la décision officielle. Cela s’applique également aux personnes accueillies temporairement en Suisse parce qu’il ne peut être exigé d’elles qu’elles retournent dans leur pays.

      L’aide aux réfugiés exige l’égalité de traitement

      Les organisations d’aide aux réfugiés saluent l’accueil généreux et pragmatique des dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens, mais revendiquent l’égalité de traitement pour toutes les personnes fuyant des conflits violents. « Pour les réfugiés, que la guerre qu’ils fuient soit une guerre née de l’agression d’un autre État ou une guerre civile entre deux camps d’un seul et même pays importe peu », note Seraina Nufer, co-responsable du département Protection de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés. Des experts du droit de la migration trouvent eux aussi choquant que les déplacés de guerre issus d’autres pays ne soient pas traités de la même manière et ne puissent, par exemple, faire venir leur famille en Suisse qu’après une période d’attente de trois ans. Toutefois, la volonté de la majorité politique fait défaut pour une facilitation de l’asile en Suisse. La crainte d’un effet d’« appel d’air » est trop grande.
      Des angoisses existentielles croissantes

      Toutefois, même pour les réfugiés ukrainiens, la vie quotidienne en Suisse n’est pas paradisiaque. Il y a tout d’abord la vive inquiétude pour les proches qui sont restés dans la zone de guerre – les maris, les pères et les fils mobilisés dans l’armée. À cela s’ajoutent des angoisses existentielles. Seule une minorité de réfugiés possède des connaissances linguistiques suffisantes pour trouver rapidement un emploi en Suisse. Les personnes sans ressources peuvent demander l’aide sociale d’asile. Mais les prestations de celle-ci sont inférieures de 30 à 40 % à l’aide que les Suisses en situation de détresse financière reçoivent ordinairement. En d’autres termes, les aides étatiques ne suffisent guère à subvenir aux besoins quotidiens. On trouve donc de plus en plus d’Ukrainiens faisant la queue devant les organisations d’aide alimentaire parmi les autres personnes dans le besoin. Les organisations d’aide aux réfugiés mettent en garde contre une précarisation des personnes concernées et critiquent la culture d’accueil « bon marché » d’une Suisse pourtant fortunée.

      Les familles suisses qui ont généreusement accueilli chez elles plus de 20 000 réfugiés pendant au moins trois mois font aussi des sacrifices financiers. Selon les cantons, elles ne reçoivent que des indemnités symboliques, et peu de soutien au quotidien dans la plupart des cas. « De nombreuses familles d’accueil se sentent abandonnées », note Christoph Reichenau, co-initiateur du mouvement d’entraide Ukraine-Hilfe Bern. L’organisation a ouvert un centre d’écoute pour les réfugiés et les familles d’accueil près de la gare de Berne. Elle organise aussi des cours de langue et réunit sur son site web les nombreuses offres de soutien bénévole. La solidarité au sein de la population reste élevée, relate Christoph Reichenau. Mais des perspectives claires et un renforcement des structures sont nécessaires, souligne-t-il, « afin que la disposition spontanée à aider devienne un soutien permanent ».
      Pas de retour rapide en vue

      Les autorités tablent elles aussi sur le fait que les réfugiés ukrainiens resteront en Suisse plus d’un an. Un retour rapide dans les villes ukrainiennes bombardées semble de plus en plus improbable. À la clôture de la rédaction, à la mi-mai, les attaques russes sur le pays n’avaient pas faibli. Face à l’afflux croissant de réfugiés – la Confédération s’attend à ce que leur nombre atteigne entre 80 000 et 120 000 personnes au total d’ici l’automne –, les autorités doivent non seulement trouver davantage de lieux d’hébergement, mais aussi clarifier les perspectives des réfugiés en Suisse. Si cela ne tenait qu’à eux, Alexander Volkow, Anhelina Kharaman, Mykola Nahornyi et Lilia Nahorna rentreraient à Kramatorsk, Marioupol ou Dnipro pour s’occuper de leur maison et de leur jardin. Pour l’heure, Lilia Nahorna cultive de jeunes pousses en pot : ainsi, elle pourra ramener les plantes chez elle facilement. Chez elle, en Ukraine.

      https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/ils-sont-refugies-et-bienvenus

      #permis_S

  • #Grenoble, ville en transition écologique et sociale ?

    Entretien avec Vincent Fristot et Pierre-André Juven

    Que peuvent les villes pour lancer une dynamique de #transition_écologique et sociale ? La question se pose avec une actualité particulière pour les municipalités dirigées par une alliance de gauche, citoyenne et écologiste comme à Grenoble. Deux adjoints de la majorité issue des dernières élections, Vincent Fristot1 et Pierre-André Juven2 reviennent avec nous sur leur expérience, les initiatives prises en matière d’énergie, de transports ou d’urbanisme, leurs résultats et leurs limites.


    Mouvements : Grenoble a changé de majorité municipale dès 2014, pouvez-vous revenir sur les priorités que le « Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes » s’était donné en matière de transition écologique, sur ce qui a été possible et ce qui n’a pas été possible durant la première mandature ?

    Vincent Fristot : Avant 2014, on avait vécu un mandat sans élu écologiste dans la majorité, il y avait eu une régression et un épuisement du pouvoir local, avec un maire en fin de parcours politique. Ça s’était traduit par une convergence vraiment exemplaire à gauche, avec une mobilisation citoyenne et écologiste très forte qui a permis de montrer qu’une autre voie était possible pour les politiques publiques locales avec des ambitions discutées lors de travaux de mise en commun d’objectifs. Concernant les aspects #mobilités, on sortait aussi d’une ère où on avait agi contre des projets de plan de #déplacement_urbain qui étaient focalisés sur une traversée routière (voire autoroutière) de la Bastille avec la construction d’un tunnel, ce qui représentait un investissement d’un à deux milliards d’euros qui allait plomber les finances publiques pour longtemps, et on avait réussi à faire annuler ce projet au tribunal administratif. Il était donc très important de repartir sur une feuille vierge. C’est comme ça qu’un #plan_de_déplacement urbain, le #PDU 2030, a pu être voté en métropole en 2019. C’était le premier axe. Le second était le plan d’#urbanisme, avec là encore des projets qui avaient été lancés dans le contexte du productivisme de la construction, avec plus de 1 000 logements neufs par an à Grenoble. Le rythme de construction était très important, y compris avec des immeubles de grande hauteur, donc il y avait des mobilisations très fortes qui ont aidé à renforcer la quête d’alternative. Il fallait aussi réorienter les outils des collectivités. On a des outils locaux puissants en matière d’#énergie, comme #Gaz_Électricité_de_Grenoble (#GEG) et la #Compagnie_de_Chauffage (#CCIAG) ; il était important de sortir de la gouvernance privée de ces Sociétés d’Économie Mixte qui sont majoritairement détenues par les collectivités. Je pense que la reprise en main de ces outils a été cruciale. Donc, pour résumer, une réorientation des #politiques_publiques vers l’usager, le citoyen, le climat, les ressources à utiliser avec sobriété, et puis la santé des habitant.es, au regard de la #qualité_de_l’air. Parfois, il faut y consacrer des moyens, mais on est aussi là pour trouver des aides, des subventions de l’Europe, de la Région, des différents niveaux institutionnels.

    Mouvements : Je reviens sur les enjeux qui sont à la frontière entre rénovation énergétique et construction. Quelles sont vos marges de manœuvre par rapport au parc privé et au PLU ?

    Vincent Fristot : Alors, plusieurs marges de manœuvre existent. Au niveau du #PLU, on a voulu brider les #consommations_énergétiques des futures opérations, y compris des rénovations, puisque la réglementation définit un plafond. On a baissé de 20 % ce plafond, ce qui permet déjà de donner une direction. Je me souviens qu’au moment de mettre en place cette mesure, des promoteurs sont venus dans mon bureau en disant que c’était impossible de faire ça, alors qu’on avait des opérations qui le mettaient déjà en œuvre. La #Caserne_de_Bonne avait été une opération d’#éco-quartier, primée au niveau national d’ailleurs, qui me permettait de dire : « Mais attendez, ça intéresse tout le monde, et vous ici, locaux, ça ne vous intéresse pas ? ». Et au fil des projets urbains de Grenoble, on a sans cesse rehaussé la barre en termes de performance. Pour le privé, la ville a aussi une dimension d’aménageur : elle rachète des terrains, les viabilise et les revend aux promoteurs d’opérations qui vont faire du privé. Et au moment de la vente, on a des leviers : en donnant des objectifs et des seuils minimaux de performance, de coût, on peut faire bouger beaucoup de choses. On a des opérations qui sont basées sur des matériaux en bois, d’isolants en paille ou en #matériaux_biosourcés, y compris de la terre. Nous, le matériau terre, on l’a mis en œuvre en tant que maître d’ouvrage dans une école sur la ZAC Flaubert (des briques de #terre_crue pour le rez-de-chaussée et du #bois). Mais on peut aussi le faire passer dans la commande de ce que l’on va réaliser via la construction de #logements publics ou privés. Donc ce sont des logements, des commerces ou des bureaux qui vont être commercialisés par les promoteurs en direction d’usagers privés ou des locataires, mais qui ont des qualités environnementales extrêmement performantes en termes de qualité de l’air intérieur, de choix des matériaux et donc à faible contenu carbone, à faible dépense énergétique, et surtout en termes de confort, parce que si l’hiver il faut chauffer, l’été, ici, il faut faire attention aux surchauffes. Dernier point : on a une agence locale de l’énergie et du climat qui est en capacité de venir inspecter les travaux finis et de faire un suivi avec les aménageurs. D’ailleurs, les projets européens exigent en général d’avoir un suivi de ce qui est réellement construit et consommé, une fois les vrais habitant.es dans les logements. Donc il y a vraiment une attention portée à l’ensemble du cycle de construction et on aboutit, je pense, à des choses qui sont assez performantes pour aller vers le bas carbone.

    Mouvements : Peux-tu revenir sur la question des compétences techniques et de la relation avec les services de la ville, en particulier quand on arrive dans une municipalité qui a ses traditions et qu’il s’agit d’infléchir les choses ? Quel genre de tensions ça peut générer ?

    Vincent Fristot : Comme dans toute organisation, il y a des rapports de forces qui peuvent s’exprimer au niveau technique, au niveau administratif, entre services, entre élu.es. C’est comme dans les entreprises. La question clé est celle du portage politique de ces sujets. Avec un maire qui, comme le nôtre, parle des transitions écologiques et sociales à longueur de journées ou de réunions, pour les adjoints c’est plus facile. Et puis quand on a un œil un peu attentif aux aspects techniques, finalement, des solutions nouvelles peuvent être trouvées. Mais en sept ans de mandat depuis 2014, on a dû faire, dans les services, de très importants changements de personnes ; en particulier pour certain.es qui arrivaient en fin de carrière et pour lesquels il était très difficile de concevoir l’activité de façon parfois très orthogonale à ce qui se faisait avant. C’est un gros virage à prendre que d’adopter une vision transversale, non plus enfermée dans son chemin traditionnel, mais en lien avec l’ensemble des acteurs.rices et des habitant.es avec cette conséquence que l’intégralité des dispositifs administratifs est concernée par les transitions.

    C’est une transformation qui n’est pas encore complète. Il y a encore beaucoup de productivisme, et arriver avec des scénarios de décroissance énergétique, ce n’est pas forcément ce qui est le plus facile. Par exemple, pour le gaz, on observe une décroissance importante de la consommation pour plusieurs raisons. On a une substitution du gaz par le réseau de chaleur pour certains usages parce qu’il est beaucoup plus performant au niveau environnemental. Il émet beaucoup moins de CO2 que le gaz, et en plus, en 2030, il devrait être 100 % renouvelable. On récupère de la chaleur issue de l’incinération des déchets ou du site chimique au sud de l’agglomération. Donc, on a une alternative aux combustibles fossiles. Il faut vraiment travailler sur les réseaux et donc, si on veut maintenir un service identique du gaz, même renouvelable, on est devant des difficultés d’investissement et des augmentations de prix.

    Mouvements : Quels sont les objectifs de réduction de la #consommation_énergétique à l’horizon 2030 pour Grenoble ?

    Vincent Fristot : Un schéma directeur énergétique de la métropole a été voté en 2017, avec moins 30 % de combustibles fossiles en 2030, lesquels représentent 85 % de la consommation. Donc, il y a un objectif fort de réduction. Forcément, comme je le disais, il y a des sujets autour des tarifs du réseau de chaleur. Donc, on a mis en place des comités d’usagers pour les services publics qui ont été créés autour de l’eau, autour du chauffage urbain et du gaz. Et sur l’eau je peux mentionner notre tarification sociale de l’eau qui est une spécificité de la métropole : pour certains ménages à bas revenus, il y a une redistribution, un abaissement de la facture, sans aucune démarche, ce qui est très important en termes de reconnaissance de l’accès à ce droit.

    Mouvements : Sur ces enjeux de consommation énergétique et de changement du mix, quelles sont les choses sur lesquelles vous butez vraiment, et qui relèveraient des limites des capacités d’action de la ville ?

    Vincent Frisot : Pour les projets énergétiques, la question décisive n’est pas nouvelle, elle est de savoir qui paie les transitions. Cela se traduit par des choses très concrètes quand on regarde les éléments du parc immobilier de la ville. Par exemple, celui des 80 écoles de Grenoble : comment faire pour rénover thermiquement cet ensemble ? On connaît les coûts. C’est 3 à 4 millions d’euros par groupe scolaire pour une rénovation thermique globale (ventilation, menuiserie et fenêtres, et isolation par l’extérieur). Comment on partage ce coût ? Certes, on peut bénéficier de subventions de l’Europe, etc. Mais comment on finance l’ensemble des opérations ? On est encore en train de chercher. Le but est d’en faire de plus en plus, de changer les modalités. On essaie d’en faire de notre côté en maîtrise d’ouvrage interne, ce qui évite des coûts externalisés, mais les marges de manœuvre sont faibles et les blocages sont d’ordre politique et financier. Au niveau national, on voit bien qu’il n’y a pas assez de volonté et de moyens pour réellement isoler des bâtiments de façon sérieuse, et le gouvernement continue à entretenir l’illusion qu’il a fait le nécessaire. Donc ce sont vraiment des choix politiques, y compris au niveau de la métropole où aujourd’hui on a un contexte politique nouveau. Lors du dernier mandat, on avait une cohérence d’ensemble entre les communes autour de Grenoble, entre l’agglomération et la ville centre. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Certaines communes veulent prendre un peu leur revanche par rapport à Grenoble, ce qui se traduit concrètement par une baisse des moyens pour les mobilités alternatives sur Grenoble. Certes, lors du premier mandat, il y a eu beaucoup de réalisations, mais il reste encore beaucoup de choses à faire, qui bénéficient à tout le monde. Et maintenant, pour de nombreuses politiques publiques, on voit que les projets de l’agglo sont plutôt portés sur la périphérie. Donc, on a aujourd’hui un problème de fonctionnement politique de la métropole. Cela concerne les outils historiques de la ville de Grenoble : la métropole est réticente à acquérir la compagnie de chauffage (GEG) même si elle va y être obligée, parce qu’aujourd’hui c’est elle qui a la compétence, plus la ville de Grenoble. Pour ce qui concerne le logement aussi, la métropole rechigne à se doter d’un vrai outil de construction et elle fait comme si elle pouvait continuer à vivre dans le train-train courant avec son budget classique, alors qu’elle est devenue une métropole, qu’il y a des enjeux extrêmement lourds en matière de transition, de justice sociale, de qualité de l’air, de climat. Tout cela ne se traduit pas réellement aujourd’hui par des engagements financiers. Et donc on en pâtit, y compris la ville-centre qui représente un tiers de la métropole.

    Mouvements : On va continuer avec Pierre-André Juven sur la question des mobilités alternatives, parce que dans la palette d’enjeux auxquels les « villes en transition » se confrontent aujourd’hui, il y a les enjeux d’étalement et la question des mécanismes pour favoriser d’autres mobilités voire une « dé-mobilité ».

    Pierre-André Juven : Effectivement, j’ai pris la suite de Vincent sur la délégation urbanisme avec une spécificité qui a été de lier cette délégation à celle de la santé. Le principe de la politique urbaine à Grenoble est la résultante d’une série de nécessités et d’urgences. Il y a un besoin de nouveaux logements et notamment de #logements_sociaux, qui n’exclut pas, par ailleurs, de travailler sur le logement vacant, le logement insalubre et le logement indigne. Si on considère qu’il faut limiter à tout prix l’#étalement_urbain et la logique pavillonnaire qu’on a pu connaître dans les décennies précédentes, lesquelles contribuent à l’#artificialisation_des_terres et à la destruction des surfaces agricoles, c’est dans les villes qu’il faut aller chercher le #foncier disponible. La nécessité de repenser l’urbanisme est aussi imposée par des enjeux écologiques et sociaux. D’où l’importance de lier la structuration urbaine et des mobilités favorables au climat et à la santé.

    À ce titre, la #zone_à_faible émission (#ZFE) est une des politiques publiques importantes en matière de #mobilité, de qualité de l’air et donc de contribution à la lutte contre le réchauffement climatique avec un fort impact sur la santé des populations. Quand on parle de ZFE, on observe très vite des crispations fortes et des tensions entre groupes politiques. C’est très difficile de sortir du dualisme entre d’un côté l’urgence climatique et sanitaire et de l’autre l’urgence sociale. On se retrouve face à cette opposition, au fond stérile, entre fin du mois et « fin du monde » alors que la crise écologique touche aussi plus fortement les ménages modestes, par exemple du fait des inégalités face aux pathologies chroniques induites par la pollution de l’air. Le principe de la ZFE est relativement simple, c’est un calendrier donné, imposé par la loi « climat et résilience » – que nous, à Grenoble, on aimerait voir plus ambitieux, mais c’est une politique métropolitaine, donc on n’est pas les seuls à décider – et ce calendrier définit à partir de quand on ne peut plus rouler avec tel type de véhicule. Le problème de la ZFE, est que, par exemple, un ménage qui aurait fait l’acquisition d’un diesel d’occasion il y a deux ans, devra changer de voiture dans deux ou trois ans. Et évidemment, c’est extrêmement difficile, parce que les ménages n’ont pas forcément les moyens de remplacer leur véhicule. Donc, la première question est : est-ce que tout le monde a besoin de remplacer sa voiture ? Et dans les études qui ont été réalisées par Transitec, une agence d’études sur les mobilités, a priori, il y a au moins un tiers du parc automobile grenoblois qui pourrait ne pas être renouvelé. Cela veut dire que si demain on dit à tout le monde : « Vous pouvez conserver votre voiture mais vous ne pourrez accéder à la ZFE que sous réserve de tel et tel critère », il y aura probablement un tiers des gens qui diront : « Moi, dans ce cas-là, je n’ai plus besoin de ma voiture », ce qui est a priori assez vertueux en termes de pollution de l’air et de surface disponible. On parle souvent de foncier disponible, mais à l’échelle d’une ville, la place occupée par la route, les parkings, le stationnement, est phénoménale. La solution, est donc de densifier l’offre de transport en commun pour permettre de dé-motoriser une partie des ménages. Ensuite, il faut un accompagnement financier. Mais cela a un coût. Ce sont les métropoles qui conduisent ces politiques, mais elles peuvent tout à fait être appuyées par l’État. Aux journées de France urbaine, au mois de septembre, Jean Castex a annoncé 450 millions pour les ZFE. On ne sait pas s’ils seront véritablement distribués parce que c’est une promesse d’année présidentielle et jusqu’ici l’État a peu contribué à doter les ZFE de moyens financiers.

    L’autre cause majeure de #pollution sur l’agglomération est le #chauffage au bois. Et quand on additionne la prime de l’État, celle de la métropole et celle de la ville – puisqu’on a voté au mois de mars une délibération « qualité de l’air » pour augmenter la prime de remplacement du chauffage au bois – les ménages modestes et intermédiaires ont un reste à charge de zéro pour le remplacement d’un appareil dont le coût peut être de 5 à 6 000 euros. Donc on peut tout à fait, si les collectivités et l’État mettent les moyens, engager une transition qui ne soit pas douloureuse pour les ménages précaires.

    A propos de ces tensions entre logique sociale et logique écologique, on a un autre enjeu qui est celui du suivi et de l’entretien des logements sociaux, avec des bailleurs sociaux qui sont dans des situations financières assez difficiles (du fait de la réforme des APL et d’autres mesures) et qui, tout en produisant du logement, sont en difficulté en matière de gestion locative, de réhabilitation des appartements et des immeubles, etc. Et là, c’est pareil, les choix sont le fait des collectivités dans les zones d’aménagement concertées dont parlait Vincent. On est à plus de 40 % de logements sociaux produits dans ces parties de la ville, avec un cahier des charges exigeant en matière de type de bâti, de qualité de l’air, d’espaces végétalisés, de services accessibles, etc. Ce sont des rapports de force omniprésents.

    Mouvements : Je reviens sur les enjeux du marché de la construction avec le problème de la convergence entre lobbies de l’immobilier et experts techniques, voire avec les services techniques de la ville. Jusqu’à quel point y êtes-vous confrontés ? Ou au contraire, parce que Grenoble a une longue histoire d’expérimentation dans ce domaine, le problème se pose de façon moins aiguë que dans d’autres villes ?

    Pierre-André Juven : C’est probablement moins aigu en ce qui concerne les imbrications entre enjeux techniques et orientations politiques. Ce que je vois avec notre mandature est que le travail qui a été fait entre 2014 et 2020, notamment par Vincent, a permis une acculturation assez forte aux idées portées par la majorité municipale, au sein des services techniques de la ville, auprès des agents de la ville, mais aussi pour nombre d’aménageurs qui sont des acteurs très important pour le suivi des opérations, notamment dans les ZAC. Vincent parlait des cultures professionnelles dans le milieu de l’énergie, et même si dans le milieu du bâtiment il y a aussi des cultures de constructeur, on arrive de plus en plus à poser la question de la réhabilitation. Donc, pour l’essentiel, ce travail d’acculturation, a été opéré depuis 2014, même s’il y avait à Grenoble une tradition datant de la zone d’aménagement concerté de Bonne.

    Mouvements : Comment trouver des sources de légitimité, des points d’appui qui ne sont pas simplement la parole des élu.es de la municipalité ? Par exemple pour convaincre les entreprises du BTP ?

    Pierre-André Juven : Il y a une nécessité à être assez solide techniquement pour pouvoir discuter avec les services, avec les acteurs économiques, pour être capable de justifier les choix en matière de qualité du bâti, de végétalisation, de surface et d’espace commun pour les habitant.es d’un immeuble, etc. Une des raisons, peut-être, pour lesquelles on est, à Grenoble, moins en difficulté que d’autres face aux promoteurs, est qu’il y a effectivement cette histoire longue de transition à Grenoble. Un certain nombre d’acteurs privés dans le domaine du bâtiment et de la promotion immobilière ont compris que ça allait être plus difficile pour eux d’engager des opérations à Grenoble s’ils ne prêtaient pas attention à un certain nombre d’exigences. Ce d’autant plus que l’attractivité et la valeur des biens qu’ils vont produire dépendent aussi des politiques de transition. Dès le moment où on met en avant la qualité de l’air intérieur, la végétalisation de la parcelle, un garage à vélos, l’infiltration de l’eau, la disposition de panneaux photovoltaïques et donc la consommation d’énergie pour l’immeuble, etc., pour les habitant.es de centre-ville, tout cela compte énormément. Donc c’est aussi stratégiquement intéressant d’un point de vue économique et marchand et on a des acteurs de la promotion et du bâtiment qui l’ont compris et avec qui on travaille plutôt bien.

    Une autre source de légitimité, si on se place dans une perspective politique plus large, est qu’on connaît les tendances de fond du dérèglement climatique : il y a des raisons objectives d’en tenir compte qui deviennent de plus en plus difficiles à contester. Les îlots de chaleur urbains à Grenoble, sont la résultante de phénomènes climatiques documentés depuis longtemps. De même, en matière de santé des populations, si l’urbanisme favorable à la santé trouve aujourd’hui des relais, c’est parce que cela fait déjà plusieurs années que cette question a été réfléchie, pensée et portée politiquement. Donc on a des phénomènes sociaux, climatiques, politiques, qui font que les acteurs économiques, d’une certaine façon, sont obligés de plier, parce que ce n’est pas seulement une volonté des responsables politiques locaux, parce que c’est devenu une volonté visible de la majorité des habitant·es.

    Mouvements : Peux-tu revenir sur cette question des îlots de chaleur : Grenoble est célèbre pour l’intensité du phénomène. Quelle est la politique de la ville ? Et comment articule-t-elle mesures de transition, démocratisation, implication des habitant.es ?

    Pierre-André Juven : Effectivement, on est une ville soumise en été à des phénomènes d’îlots de chaleur urbains et de canicule de plus en plus fréquents. On travaille beaucoup là-dessus, avec des géographes et des climatologues, d’abord pour nous aider à bien comprendre ce qui se passe. On sait que plusieurs choses favorisent ces îlots : les grandes surfaces verticales exposées au soleil de façon non filtrée : quand il n’y a pas de végétalisation, c’est le bâtiment qui prend directement la chaleur ; les rues disposées en canyon où l’air circule de façon restreinte ; la nature des matériaux utilisés pour construire ; la place de l’eau en ville aussi. Et puis il y a les activités anthropiques : la voiture, la climatisation, tout un tas de pratiques liées à l’homme. Donc, on a commencé à établir un diagnostic cartographié. On est à la confluence de trois massifs – Belledone, la Chartreuse et le Vercors – avec des grandes vallées et des courants d’air très forts ; on a deux fleuves, le Drac et l’Isère, qui sont des sources de fraîcheur importantes ; mais il y a des points de la ville où, par contre, les îlots de chaleur sont très forts. Et donc, il faut faire l’inverse de tout ce que j’ai listé, et on retombe sur des tensions difficilement solubles. Par exemple, concernant le logement de qualité, le rapport Girometti-Leclercq, qui a été remis à Emmanuelle Wargon il y a quelques mois, préconise d’augmenter la hauteur sous plafond, pour des raisons de qualité de l’air intérieur, d’espace, de lumière. Mais si on augmente la hauteur réglementaire, on augmente le risque d’îlots de chaleur. Il faut donc imaginer des solutions comme la végétalisation des façades, une couleur claire pour les bâtiments, l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés. Donc là, on a nommé un adjoint pour travailler spécifiquement sur cette question : il est adjoint à la fraîcheur et à la nature en ville chargé de penser la place de l’eau dans la ville avec par exemple la possibilité de débuser un certain nombre de cours d’eau ou encore l’idée – et là on rejoint l’articulation de l’écologique et du social – de créer un lac baignable dans le parc de la Villeneuve, une cité d’un quartier populaire bien connu de Grenoble. Et puis après, il y a la lutte contre les activités anthropiques qui favorisent l’augmentation de la température. Et pour cela, la réduction du transport automobile dont on parlait est une priorité.

    Mouvements : Pour finir, au-delà de l’expérience de Grenoble, peux-tu parler de la manière dont vous inscrivez vos réflexions et vos politiques dans les réseaux de villes en transition ?

    Pierre-André Juven : Il y a plusieurs modalités de participation à ces réseaux. Il y a des participations par thématiques et par délégations, il y a des élu.es en charge du lien avec le réseau des villes en transition, via la biennale des villes en transition, mais il y a aussi les réseaux généraux de villes. Le maire est vice-président de « France urbaine » et participe activement à son animation. Je connais mieux le « réseau des villes santé OMS » qui fédère des villes de plusieurs couleurs politiques. Il porte des préoccupations sur les questions climatiques, de santé publique, d’offre de soins, de santé mentale, et conduit des opérations de plaidoyer pour des politiques de santé fortes auprès de l’État et du ministère.

    Mouvements : Dans quelle mesure ce réseau peut-il être une ressource à la fois pour la politique locale et pour jouer sur les échelles d’action, faire pression sur l’État ?

    Pierre-André Juven : Il s’agit surtout de ressources d’expertise. Le réseau des villes OMS a produit une série de travaux importants sur un ensemble de politiques publiques : sur les espaces verts et la santé, sur les mobilités et la santé, sur le sport et la santé, etc. Ses documents sont d’une part des synthèses de connaissances scientifiques mobilisables pour réfléchir et légitimer l’action politique mais il y a aussi des recommandations basées sur des expériences municipales qui permettent aux élu.es de disposer d’exemples et de s’inspirer d’initiatives prises ailleurs. Il s’agit donc à la fois d’information et de légitimité. Quand il faut justifier d’une politique publique en matière de santé, laquelle peut être contraignante – on parlait des rapports de forces avec des acteurs économiques dans le monde de la construction, c’est la même chose pour la santé –, disposer de ressources qui synthétisent une multitude d’avis et d’expertises, est un point d’appui important dans les négociations.

    A ce propos, j’aimerais insister sur la place paradoxale de la santé dans les discussions sur la transition écologique. C’est assez surprenant mais les politiques de santé à l’échelle de la ville sont celles qui suscitent le moins de débats, que ce soit en commission avec les oppositions ou en conseil municipal. Quelles que soient les arènes, les politiques de santé rencontrent très peu d’intérêt. Si on parle des écoles, de la culture, de l’urbanisme, des mobilités, des espaces publics, de la propreté, on a immédiatement un débat. Mais la santé est quelque chose qui semble complètement apolitique…peut-être parce que c’est difficile d’aller s’opposer à des politiques publiques qui visent l’amélioration de la santé des populations. Donc articuler étroitement la question de la santé et celle de la transition écologique est aussi une façon de rendre plus difficile l’expression d’une opposition frontale. C’est assez clair quand on parle de qualité de l’air. Si sur le chauffage au bois et la voiture, on invoque le climat ou la pollution, on va en convaincre quelques-uns, mais ça ne va pas être irréfutable. Si, par contre, on invoque les asthmatiques et les personnes qui meurent de la pollution tous les ans, ça devient en fait quelque chose qui n’est plus contestable. Et c’est valable pour de nombreux sujets : sur la qualité des logements, sur les mobilités, sur la biodiversité. Dans la légitimation de la transition écologique, la santé est un levier politique complètement sous-estimé alors qu’il est extrêmement puissant. L’imbrication du dérèglement climatique et des enjeux sanitaires est tellement forte que porter des politiques publiques visant ces derniers suppose des politiques publiques visant le premier. Parler santé permet d’entraîner l’adhésion, et de gagner des combats politiques, ou en tout cas de rendre plus difficile à nos adversaires de bloquer les politiques de justice sociale et de transition écologique.

    https://mouvements.info/grenoble-ville-en-transition-ecologique-et-sociale

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  • Le plus grand immeuble de Suisse porte bien ses 60 années

    Le bâtiment central de la cité du #Lignon mesure plus d’un kilomètre. C’est le plus grand ensemble locatif de Suisse. La #qualité_de_vie est réelle dans ce quartier de 6500 habitants, mais des tensions existent entre anciens, nouveaux venus et jeunes adultes.
    C’était l’année 1974. Michèle Finger se souvient de son arrivée dans la #Cité_du_Lignon. Elle était en voiture avec celui qui deviendrait son mari. La cité s’allongeait devant elle avec son kilomètre de long, ses 2780 logements et 84 allées. « C’était inimaginable, immense. Je n’arrivais pas à visualiser un bâtiment de cette taille », se remémore-t-elle. Une fois à l’intérieur, Michèle est rassurée. « Mon ami était installé dans un quatre pièces. C’était bien conçu et très lumineux. La vue était grandiose, sans vis-à-vis. C’était étrange, on ne se sentait pas coincé dans une cité », raconte cette ancienne comptable, originaire de Porrentruy. Le temps est passé, les enfants sont partis et désormais, Michèle et son mari se préparent à déménager dans une maison avec un encadrement socio-médical, tout en restant près du Lignon.

    Le promoteur et architecte genevois #Georges_Addor (1920-1982), chef de ce projet, prévu initialement pour loger jusqu’à 10’000 personnes, aurait été ravi d’entendre Michèle. « Le bonheur des gens ? C’est la préoccupation la plus grande d’un architecte qui construit un ensemble de cette taille », affirmait-il en 1966 devant les caméras de la RTS. « Dès lors qu’une personne a compris qu’elle aura quatre voisins autour d’elle, avoir 15 étages en-dessous ou au-dessus d’elle ne changera rien », expliquait ce fils de la grande bourgeoisie immobilière du canton. « Il était encarté à gauche et roulait en Maserati », résume au sujet d’Addor, l’architecte #Jean-Paul_Jaccaud. Son bureau a participé à la #rénovation_énergétique de 1200 appartements du Lignon, un travail primé fin 2021 par le magazine alémanique « Hochparterre » et le Musée du design de Zurich. Le travail s’est étalé sur dix ans et aura coûté 100 millions de francs.

    Une construction rapide et fonctionnelle

    Tout dans l’histoire du Lignon s’écrit avec de grandes lettres. Le projet a d’abord été élevé en un temps record. Nous sommes à 5 kilomètres du centre. Il y a de la place pour construire dans des zones tracées par l’État pour organiser le développement du canton sans le miter. Durant la première étape, entre 1963 et 1967, 1846 #appartements sont réalisés. « Aujourd’hui, une telle rapidité serait impensable, comme d’ailleurs la conception d’un projet de ce type », estime Jean-Paul Jaccaud. L’œuvre est moderniste et fonctionnelle. L’État et la commune de #Vernier visent la #mixité_sociale. Le grand serpent du Lignon, dont les allées descendent vers le Rhône par petits degrés offre des appartements conçus à l’identique, qu’il s’agisse d’un logement social ou d’un appartement en propriété par étages. Tous les appartements sont traversants. Les prix sont définis en fonction de la taille des logements et de l’étage. Jean-Paul Jaccaud cite l’exemple d’un 6 pièces proposé à 2800 francs mensuel.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=pAoTel16ZnQ&feature=emb_logo

    « …comme dans une ruelle du Moyen-Âge »

    On pénètre dans le quartier en passant sous une arche. Le côté intérieur du serpent est silencieux. On chemine à l’abri du trafic. Les parkings sont cachés sous de grandes pelouses. Dessiné par l’architecte-paysagiste Walter Brugger, l’espace public est ponctué de fontaines, de places. Les rez-de-chaussée sont transparents. Un bel escalier en pierre blanche permet de descendre vers le Rhône en pente douce, « comme dans une ruelle du Moyen-Âge », compare Jean-Paul Jaccaud. Georges Addor a bâti en hauteur et en ligne afin de préserver les 280’000 mètres carrés de terrain disponibles pour l’ensemble du projet, avec au bout une surface identique de plancher habitable. Non seulement le bâtiment central est long, mais il est aussi très élevé, atteignant 50 mètres par endroits. Jusqu’aux années 1990, la plus haute tour du Lignon, qui en compte deux, était également la plus haute de Suisse. « Rares sont les bâtiments de ce type à avoir aussi bien vieilli », commente Jean-Paul Jaccaud.

    Du calme, de la lumière et des services à la population

    Au 10e étage de la plus petite des deux tours de la Cité, qui constituent le haut du panier au Lignon, nous visitions un appartement qui vient d’être rénové. Les travaux ont permis d’améliorer la performance énergétique de 40%. La conception initiale n’était pas mauvaise, indique l’architecte genevois. En effet, un immeuble tout en longueur limite le nombre de parois à isoler. En ce matin de janvier, le soleil inonde les pièces. La vue est grandiose, on découvre un bras du Rhône et au-delà le Jura. Autre astuce d’Addor ? Les deux tours en question ont été élevées au point le plus bas, « pour éviter de les rendre dominantes », explique Jean-Paul Jaccaud.

    Tous les habitants du Lignon le disent : la Cité est une ville à la campagne. Elle permet aussi d’y vivre en autonomie. Au cœur du Lignon bat un petit centre commercial d’un étage. Il y a là tout le nécessaire : tea-room, restaurant, brasserie, cordonnier, coiffeur, poste, boucherie, clinique. Et aussi une paroisse protestante, une église catholique, un terrain multi-sport, une ludothèque, un local pour les adolescents et deux groupes scolaires.

    Chaque samedi, l’ancien pasteur Michel Monod, qui vit ici depuis 1973, se poste entre la Migros et la Coop pour saluer les gens. « Techniquement, c’est un ensemble parfait », dit-il. Avant de déplorer le manque de liens entre les habitants, dans cette Cité qui compte plus de 100 nationalités. « C’est le règne de l’individualisme de masse », juge-t-il.

    De jeunes adultes en mal d’un lieu de vie

    Michel Monod co-dirige le Contrat de quartier du Lignon, dont le but est d’aider les gens à réaliser des projets communautaires. Chaque jour, il rejoint un auvent situé sous la salle de spectacle du Lignon. Là, à l’abri des regards, de jeunes adultes du quartier se réunissent, se réchauffant parfois au feu d’un brasero artisanal. Michèle Finger connaît le lieu. Ce regroupement de jeunes qui fument et boivent des bières en écoutant du rap suscite chez elle un sentiment d’insécurité, dans cette cité où elle se reconnaît moins qu’avant. Certes, le loyer des époux Finger est dérisoire, soit 1200 francs pour un cinq pièces, charges et garage compris. Mais cette habitante, qui s’investit dans plusieurs associations du quartier, déplore des détritus s’amoncelant devant des lieux de collecte, des crachats dans l’ascenseur et le fait que des jeunes squattent le bas des allées. « Je ne connais pas les locataires installés récemment dans mon immeuble. Les gens ne prennent même plus la peine de relever le journal du quartier », dit-elle, pointant un manque d’intérêt des « nouveaux étrangers » arrivant au Lignon.

    Travailleur social au Lignon depuis 2012, Miguel Sanchez, 39 ans, connaît ce discours et comprend ce malaise. « Avec ses loyers peu chers, le Lignon offre une solution à des personnes issues de la migration. Cette mixité ethnique et sociale, dans un contexte général économique plus tendu, rend peut-être la création de liens plus compliquée que par le passé », analyse-t-il. « Mais le Lignon n’est pas une cité dortoir, comme il en existe en France. Elle est équipée et entretenue. D’ailleurs les jeunes sont fiers de vivre ici. Il n’y a jamais eu de gros souci de sécurité ou de criminalité. Il faut plutôt parler d’incivilités », décrit l’animateur socio-culturel.

    En fait, Michel Monod prête aux jeunes du brasero des qualités qui feraient défaut aux résidents du Lignon. « Ils sont extrêmement fidèles en amitié. Des gens me disent, enfermez-les ! Je leur dis : ce sont vos enfants. » Lui aussi, lors de son arrivée au Lignon avait trouvé le quartier hors de proportion. « Je m’étais dit : ce n’est pas possible de vivre comme dans une termitière et je m’étais donné comme mission de réunir les gens. » Mais lui aussi aime le Lignon.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/le-plus-grand-immeuble-de-suisse-porte-bien-ses-60-annees
    #Le_Lignon #Genève #Suisse #urbanisme #architecture #logements_sociaux #prix #Walter_Brugger #espace_public #Rhône #autonomie #liens #liens_sociaux #incivilités #sécurité #criminalité

  • "Réponse surréaliste de @VidalFrederique qui nous prend pour des imbéciles manifestement"
    Simon Grivet dixit sur twitter (https://twitter.com/SimonGrivet/status/1483444320027951117)


    https://twitter.com/LCP/status/1483442388374859779

    Vidal défend le Président en demandant de « chercher dans le discours du Président à quel moment il évoque l’augmentation des #droits_d'inscription »...

    Le discours de #Macron largement commenté sur seenthis ici :
    https://seenthis.net/messages/944115
    #Emmanuel_Macron

    –-

    Vidal dit aussi (en réponse à je ne sais pas qui) :
    « Vous réclamez plus de #logements, vous auriez pu le faire. Nous l’avons fait et nous avons rénové 100% des logements des #CROUS »

    –-> il va y avoir probablement des réponses en image ici :


    https://twitter.com/Academia_carnet/status/1483672311823802370

    #ESR #MESRI #Vidal #Frédérique_Vidal #mensonge #facs #université #frais_d'inscription #droits_d'inscription #discours #même_pas_honte #née_avant_la_honte

  • Le nouveau #DPE et la loi Climat et Résilience font exploser les ventes de #passoires_thermiques
    https://www.banquedesterritoires.fr/le-nouveau-dpe-et-la-loi-climat-et-resilience-font-exploser-les

    Le site « Se Loger » publie une étude¹ sur les ventes de passoires thermiques, autrement dit de #logements classés E, F ou G au titre du nouveau diagnostic de #performance_énergétique (DPE). La loi Climat et Résilience du 22 août 2021 prévoit en effet une interdiction de mise en location de ces logements à partir de 2025 (logements classés G), 2028 (étiquettes F) ou 2034 (étiquettes E). Pas moins de 4,8 millions de logements sont concernés pour les seules catégories F et G.

    […] Selon Se Loger, les propriétaires bailleurs de passoires thermiques qui mettent un logement en vente manqueraient de moyens – malgré des dispositifs comme #MaPrimeRénov' – pour assurer la #rénovation_énergétique de leur bien et préfèreraient donc s’en débarrasser dès à présent, avant qu’ils deviennent interdits à la location. Selon une étude de Notaires de France, 47% des propriétaires (bailleurs ou non) de logements classés F ou G seraient employés, ouvriers ou retraités. Cette proportion serait de 44% pour les logements étiquetés E. Or, ce type de profil, notamment les personnes âgées, a beaucoup de mal à trouver auprès des banques de quoi boucler une opération de rénovation énergétique, qui se chiffre à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des passoires thermiques. Le « prêt avance rénovation » – issu du rapport d’Olivier Sichel, le directeur de la Banque des Territoires, sur la rénovation énergétique – devrait permettre de financer cette soudure avec la garantie de l’État, mais il ne sera pas opérationnel avant le début de 2022 (voir notre article du 2 septembre 2021).

    1. https://edito.seloger.com/actualites/france/loi-climat-resilience-boom-mises-vente-passoires-energetiques-article

  • France : liste des logements vides chez les bailleurs sociaux (2020)
    https://fr.squat.net/2021/09/20/france-liste-des-logements-vides-chez-les-bailleurs-sociaux-2020

    Un premier article avec des tableaux avait circulé au mois de juillet. Cependant nous avons eu une mauvaise interprétation des données à notre disposition, ce qui avait amené à de la transmission d’informations fausses. Il ne faut pas se fier à ces premiers tableaux, de nombreuses excuses de notre part. Voici un nouveau tableau avec […]

    #Aubervilliers #logements_sociaux #Paris #Saint-Denis

  • Brochure : « Comment accéder à un logement, à #Grenoble, en 2021 »
    https://fr.squat.net/2021/08/07/brochure-comment-acceder-a-un-logement-a-grenoble-en-2021

    Avoir un logement social, c’est toute une galère, et dans cette brochure on essaye d’y voir un peu plus clair, que ce soit des prérequis nécessaires quand on est SDF, ou voir des recours juridiques possibles quand ça avance pas. Cette brochure a été écrite grâce à mon vécu, celui de potes et aussi grâce […]

    #logements_sociaux #publication

  • #Zéro_artificialisation_nette : la Fédération nationale des Scot et l’Unam proposent un simulateur aux élus
    https://www.banquedesterritoires.fr/zero-artificialisation-nette-la-federation-nationale-des-scot-e

    « La reconstruction de la ville sur la ville ne permettra pas de répondre à un besoin de près de 6 millions de #logements à horizon 2030 », avertit François Rieussec. Il pointe en outre « le télescopage, la contradiction entre l’injonction à l’#hyperdensification, pas viable, promue par ce projet de loi, et le désir des habitants » de davantage d’#espace, que la crise a mis en lumière, voire exacerbé (voir notre article du 11 février 2021). « Le modèle d’urbanisation mis en avant par l’État est de 50 à 100 logements l’hectare, soit des densités de 10.000 à 20.000 habitants au km2. C’est un modèle qui ne correspond pas à ce que vivent nos concitoyens. Les projets d’aménagement actuels ont des densités de 25 à 30 logements l’hectare », précise-t-il, soulignant « que les métropoles les plus denses cherchent à dédensifier, en transformant du bâti en zone naturelle » et qu’"on ne peut pas à la fois protéger les zones vertes des secteurs urbanisés et vouloir les densifier". Il insiste en conséquence sur la nécessité de « passer d’une culture de la construction à une culture d’#aménagement, par quartiers, qui seule permet de résoudre la question des logements et des équipements ». Un « rapide calcul de coin de table » à l’appui, Nicolas Thouvenin, délégué général de l’Unam, confirme le diagnostic : « Considérant un besoin annuel en logements de 500.000 unités, avec un objectif de renouvellement de 50%, soit 250.000 logements en extension urbaine, et compte tenu d’une consommation moyenne annuelle d’espaces naturels, agricoles ou forestiers (Enaf) de 18.000 hectares selon le Cerema, soit 9.000 hectares demain, cela signifie des densités pour les zones qui demeureront ouvertes à l’urbanisation de 30 logements à l’hectare. » Or ces niveaux ne sont, selon lui, « pas acceptables dans bien des Scot ». Si « on supprime le potentiel urbanisable, on va favoriser une dispersion dans les différents territoires sans service, sans commerce, sans tout ce qui fait la vie sociale, on va accroître et subdiviser l’émiettement. Là où il y avait un gilet jaune, il y en aura deux », prédit François Rieussec, qui pronostique des « difficultés à faire des grands logements abordables pour tous les concitoyens et à produire des logements sociaux ». Pour lui, les effets indésirables se font déjà ressentir : « Les préfets demandent déjà, de façon très autoritaire, des déclassements fonciers, avec des flambées de prix à venir. »

  • France : Liste des logements vacants chez les bailleurs sociaux (2020)
    https://fr.squat.net/2021/07/02/liste-des-logements-vacants-chez-les-bailleurs-sociaux-2020

    Beaucoup d’entre nous ont déjà squatté des #logements_sociaux. Ça parait logique : ces bailleurs — comme la plupart des bailleurs — laissent de très nombreux logements vides. Pour ne pas avoir à mettre le logement aux normes ; pour faire de la spéculation immobilière en vidant des tours pour détruire et vendre ; ou encore pour […]

    #ouverture

  • France : Liste des logements vacants chez les bailleurs sociaux (2020)
    https://fr.squat.net/2021/07/02/france-liste-des-logements-vacants-chez-les-bailleurs-sociaux-2020

    Beaucoup d’entre nous ont déjà squatté des #logements_sociaux. Ça parait logique : ces bailleurs — comme la plupart des bailleurs — laissent de très nombreux logements vides. Pour ne pas avoir à mettre le logement aux normes ; pour faire de la spéculation immobilière en vidant des tours pour détruire et vendre ; ou encore pour […]

    #ouverture

  • Au #Canada, les #locataires sous le joug de la frénésie immobilière | Alternatives Économiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/canada-locataires-joug-de-frenesie-immobiliere/00099050

    En seulement un an, les #loyers ont grimpé de plus de 14 % en moyenne dans les quartiers les plus dynamiques, d’après une enquête menée par le quotidien québécois Le Devoir. Il y a encore deux ans, le loyer moyen à Montréal pour un T3 était de 800 dollars canadiens (540 euros) et, dès qu’on sortait des quartiers centraux, les appartements à prix accessibles foisonnaient. Une époque révolue.

    Pour Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, le choc est brutal pour les locataires : « Si vous quittez un appartement qui vous coûte 700 dollars par mois depuis cinq ans, vous aurez du mal à trouver l’équivalent maintenant pour moins de 1 400 dollars. » D’après elle, la quête de profit de certains #propriétaires est une « véritable fabrique de #pauvreté », parce que le nombre de logements abordables est tellement faible que les locataires désespérés finissent par se résoudre à payer trop cher, quitte à sacrifier leur qualité de vie.

    […] La tangente que semble vouloir prendre Montréal a des airs de celles de Toronto ou de Vancouver, deuxième marché du logement le moins abordable au monde, derrière Hong Kong en 2019, selon l’entreprise de planification Demographia. Notamment parce que, dans la plus grande ville de la côte ouest canadienne, le marché de l’immobilier a flambé en vingt ans.

    En 2002, l’achat d’un logement correspondait à 17,5 fois le revenu médian d’un ménage, contre 48,2 fois en 2017. Le prix médian d’une maison dépassait alors les 2 millions de dollars. Une spéculation immobilière particulièrement dopée par des millionnaires asiatiques qui avaient fait s’envoler les prix.

    […] Étant donné l’urgence, tout le monde y va de sa solution. Des économistes de la Banque de Montréal suggèrent d’imposer une taxe à la #spéculation sur les maisons : si le logement est vendu dans les cinq premières années après son achat, le propriétaire paie une surtaxe. A l’Iris, une des pistes envisagées est d’agrandir le parc de #logements_sociaux et d’établir des zonages dans les villes qui obligent à n’y installer que du logement locatif.Pour plusieurs associations de défense des locataires, il est surtout temps d’encadrer les loyers. A Vancouver, c’est un gel qui a été décrété, et ce dans toute la Colombie-Britannique. Les hausses de loyer ne peuvent dépasser l’inflation.

    #encadrement_des_loyers #immobilier

    • C’est un phénomène mondial.
      Donc, c’est quoi l’idée, au final  ?
      Que le #logement soit un luxe  ?

      A Vancouver et Toronto, il n’y a plus que 0,2 % des logements qui sont abordables aux ménages du premier quintile des salaires. Est-ce que Montréal les rejoindra dans les années qui viennent ? Pour l’opposition, c’est ce qui arrivera si le gouvernement du Québec ne saisit pas l’ampleur de la situation.

      Pourtant, pour Julia Posca, cette crise du logement était déjà là avant la pandémie et Québec aurait pu anticiper une accélération de ses symptômes. « On voyait grimper les prix des loyers, alimentés par le phénomène Airbnb, et peu de constructions locatives abordables. Avant, il y avait un équilibre entre le droit au logement et le désir de certains d’en tirer profit. Là, il passe en faveur des gros propriétaires. »

      « Avant, il y avait un équilibre entre le droit au logement et le désir de certains d’en tirer profit. Là, il passe en faveur des gros propriétaires », Julia Posca, chercheuse à l’Iris

      Le phénomène Airbnb, bien affaibli par la pandémie, avait détourné ces cinq dernières années des propriétaires du marché locatif à long terme, pour privilégier les locations courtes. Il aurait causé, selon un calcul du journal La Presse, une augmentation de plus de 2 % des loyers.

      Au-delà de la population déjà sur place, le pays est en quête de main-d’œuvre étrangère dans plusieurs secteurs et certains candidats qui envisagent de venir au Canada pourraient fuir au vu des loyers qui augmentent à vue d’œil. Alors, comment freiner l’érosion des logements abordables ?

  • #A_Lua_Platz - #Prendre_place

    En #Seine-Saint-Denis, des années durant, des familles roumaines cherchent des lieux où vivre. Devenus compagnons de route lors de luttes contre les expulsions, nous fabriquons ce film ensemble, comme autant de maisons ouvertes. Cheminant de villages quittés en bidonvilles, squats et cités, l’intimité de leurs récits se confronte à une banlieue en constante mutation. Des grands ensembles jusqu’au Grand Paris, leurs trajectoires retissent une histoire commune, celle de solidarités habitantes refusant la relégation.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/54367_1

    #SDF #sans-abris #France #hébergement #Roms #115 #logement #bidonville #expulsions #Roumanie #Roumains #rénovation_urbaine #travail #habitat #relogement #La_Courneuve #campement_du_Samaritain #OQTF #village_d'insertion #squat #domiciliation #police #droit #logements_vacants #intégration #Platz #collectif_Samaritain #film #documentaire #film_documentaire

  • Des #logements_sociaux mieux répartis sur le territoire, mais sans effet sur la #mixité_sociale
    https://www.banquedesterritoires.fr/des-logements-sociaux-mieux-repartis-sur-le-territoire-mais-san

    La répartition spatiale des logements sociaux « s’est homogénéisée »... mais cela n’a pas eu de réel effet sur la mixité sociale. C’est ce que constate France Stratégie dans une note analysant l’"indice de ségrégation du logement social" et l’"indice de #ségrégation_sociale" dans 55 unités urbaines. La note cherche à comprendre pourquoi le mouvement de diffusion du parc social ne s’est pas accompagné d’une meilleure répartition des ménages modestes. Plusieurs explications sont avancées, dont celle de l’attribution - ou de la demande - des logements sociaux.

    La note : https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2021-point-de-vue-segregation-residentielle-fevrier.pdf

    • sur le graphique repris ci-dessus :

      Le graphique confirme bien que la baisse de l’indice de ségrégation du parc social est observée dans presque toutes les unités urbaines. Mais le nuage des points est assez dispersé, et donc la corrélation entre l’évolution des deux indices de ségrégation, celui du parc social et celui des ménages modestes, est assez faible.

      on peut même aller plus loin en ce qu’il est probable que la (faible) corrélation positive résulte principalement de l’impact d’un seul point influent (Pau). Sans lui, il est à peu près certain que la droite passerait à l’horizontale, peut-être même en pente légèrement négative (là aussi, influence des points extrêmes à gauche : Perpignan et Troyes). Il faudrait les données et il y a beaucoup trop de prétraitements pour essayer de les reconstituer à partir des sources indiquées.

  • #Damien_Carême dans « à l’air libre » sur la #politique_migratoire européenne et française
    https://www.youtube.com/watch?v=KU1TpPLjRzI&feature=youtu.be

    –—

    Quelques citations :

    Damien Carême :

    « On est reparti [au parlement européen] sur les discussion sur le #pacte asile migration pour voir dans quelles conditions celui qui nous est proposé maintenant est pire que le précédent, parce qu’on nivelle par le bas les exigences. On l’appelait la directive #Dublin il y encore quelque temps, aujourd’hui moi je dis que c’est la #Directive_Budapest parce qu’on s’est aligné sur les désirs de #Orban vis-à-vis de la politique de migration, et c’est pas possible qu’on laisse faire cette politique-là. [Aujourd’hui] C’est laisser les camps en #Grèce, laisser les gens s’accumuler, laisser les pays de première entrée en Europe s’occuper de la demande d’asile et permettre maintenant aux Etats qui sont à l’extérieur (la Suède, la France, l’Allemagne ou ailleurs) organiser le retour, depuis la Grèce, depuis l’Italie, depuis l’Espagne en se lavant les mains. »

    –—

    Sur le manque chronique de #logement pour les exilés en France... et la demande de #réquisition de #logements_vacants de la part des associations...
    Question du journaliste : pourquoi les mairies, et notamment les mairies de gauche et écologistes ne le font pas ?

    Damien Carême :

    « C’est à eux qu’il faut poser la question, moi je ne le comprends pas, moi, je l’ai fait chez moi. Je ne souhaite pas faire des camps, c’est pas l’idée de faire des #camps partout, mais parce que j’avais pas d’école vide, j’avais pas d’ancien hôpital, d’ancienne caserne, de vieux bâtiments pour héberger ces personnes. Donc on peut accueillir ces personnes-là, je ne comprends pas pourquoi ils ne le font pas. Je milite en tant que président de l’association #ANVITA pour l’#accueil_inconditionnel »

    Journaliste : Qu’est-ce que vous diriez à #Anne_Hidalgo ?

    « On travaille ensemble... on ne peut pas laisser ces personnes là... il faut les rendre visibles. Il a raison #Yann_Manzi d’#Utopia_56 dans le reportage. Il ne faut surtout pas jouer la politique du gouvernement qui joue l’#invisibilité. Et le ras-le-bol des #bénévoles... moi je connais des bénévoles à Grande-Synthe, ça fait 20 ans qu’ils sont là pour aider des exilés qui arrivent sur le territoire... ils sont épuisés, et c’est l’#épuisement que joue le gouvernement. Il ne faut pas céder à cela et il faut en arriver de temps en temps à un #rapport_de_force pour faire en sorte qu’on ouvre [des bâtiments vides] pour que ces gens ne soient pas à la rue. »

    Journaliste : un mot pour qualifier la politique migratoire du gouvernement

    « C’est la #politique_du_refus. C’est une politique d’#extrême_droite. D’ailleurs l’extrême droite applaudit des 4 mains ce que fait aujourd’hui le gouvernement. »

    Sur la situation à #Briançon :
    Damien Carême :

    « C’est du #harcèlement organisé par l’Etat pour jouer l’épuisement sur les bénévoles mais aussi chez les exilés qui arrivent. Et on voit bien que ça ne sert à rien. Macron, à grand renfort de pub a annoncé qu’il doublait les forces de l’ordre à la frontière italienne pour éviter les entrées, y a jamais eu autant d’entrée à la #frontière franco-italienne... »

    Journaliste : "Il y a quasiment autant d’exilés que de policiers qui dorment dans les hôtels de la ville..."
    Damien Carême :

    « Mais bien sûr ! Le budget de #Frontex est passé de 50 millions à l’origine à 476 millions aujourd’hui, ça ne change rien. La seule chose que ça change, c’est qu’aujourd’hui, à Calais, pour passer de l’autre côté en Angleterre, il y a des gens qui prennent des #small_boats et il y a des gens qui meurent en traversant le détroit de la Manche. Et c’est ça qui est grave. Et c’est ça que font ces politiques ! Que le #trafic_d'êtres_humains est le troisième trafic international après les armes et la drogue, parce que le coût du passage a énormément augmenté. A Grande-Synthe en 2015, on me disait que c’était 800 euros le passage garanti, aujourd’hui c’est entre 10 et 14’000 euros. C’est toute l’#efficacité de cette politique-là. Donc changeons de politique : dépensons beaucoup moins d’argent à faire de la #répression [utilisons-le] en organisant l’accueil »

    Commentaire à partir de cette photo, prise à Grande-Synthe :


    Journaliste : Pourquoi ça se passe comment ça, sachant que c’est votre ancien adjoint, un socialiste, #Martial_Beyaert, qui est maire maintenant ?
    Damien Carême :

    "Il avait toujours été d’accord avec notre politique d’accueil. A partir du moment dans lequel il a assumé la responsabilité, il s’est réfugié derrière la volonté du préfet. Et aujourd’hui il dit qu’il est prêt à ouvrir le gymnase, « mais il faut que l’Etat soit d’accord pour le faire, et l’Etat n’est pas d’accord ». Mais l’Etat ne sera jamais d’accord, donc c’est du #cynisme de tenir ces propos aujourd’hui".

    Sur l’ANVITA :
    Damien Carême :

    « C’est un réseau de soutien, c’est un réseau de pression, il y a 44 communes, 3 régions et 2 départements. »

    Journaliste : c’est facile d’être solidaire en ce moment ?

    Damien Carême : « Oui c’est facile. En fait, tout repose sur l’#imaginaire, sur les #récits qu’on peut faire. Nous, ce qu’on a fait quand on était à Grande-Synthe, et c’est ce qui se passe dans plein de villes... quand on accueille réellement, quand on met en relation les populations accueillies et les populations accueillantes, tout se passe merveilleusement bien. »

    Carême parle de #Lyon comme prochaine ville qui intégrera le réseau... et il rapporte les mots de #Gérard_Collomb :
    Damien Carême :

    "Lyon c’est quand même symbolique, parce que Gérard Collomb... qui avait été, pour moi, le ministre de l’intérieur le plus cynique, lui aussi, puisqu’il m’avait dit quand je l’avais vu en entretien en septembre 2017, ouvert les guillemets : « On va leur faire passer l’envie de venir chez nous », fermées les guillemets. C’était les propos d’un ministre de l’intérieur sur la politique migratoire qui allait été mise en ville"

    L’ANVITA....

    « c’est mettre en réseau ces collectivités, c’est montrer qu’on peut faire, qu’on peut faire de l’accueil sans soulèvement de population... Et c’est bientôt créer un réseau européen, car il y a des réseaux comme ça en Allemagne, en Belgique, en Italie, et fédérer ces réseaux »

    Damien Carême :

    « Dans la #crise_écologique, dans la #crise_climatique qu’on vit, il y a la crise migratoire, enfin... c’est pas une #crise_migratoire, c’est structurel, c’est pas conjoncturel la migration : c’est depuis toujours et ça durera toujours. C’est quelque chose à intégrer. Et donc intégrons-le dans nos politiques publiques. C’est pas une calamité, c’est une #chance parfois d’avoir cet apport extérieur. Et toute l’histoire de l’humanité nous le raconte parfaitement »

    #asile #migrations #réfugiés #interview #Calais #France #Grande-Synthe #camp_humanitaire #camps_de_réfugiés #accueil #rhétorique #appel_d'air #solidarité #mouvements_citoyens #associations #sauvetage #mer #secours_en_mer #Frontex #Fabrice_Leggeri #refus #harcèlement_policier #passeurs #militarisation_des_frontières #efficacité

    signalé par @olaf : https://seenthis.net/messages/898383

    ping @isskein @karine4

  • #Urbanisme. Dans les #villes sud-africaines, les fantômes de l’#apartheid

    Jusque dans leur #architecture et leur organisation, les villes sud-africaines ont été pensées pour diviser #Noirs et #Blancs. Vingt ans après la fin de l’apartheid, des activistes se battent pour qu’elles soient enfin repensées.

    Lors de la dernière nuit que Sophie Rubins a passée dans son taudis de tôle rouillée, au début du mois de septembre, la première pluie du printemps s’est abattue sur son toit. De son lit, elle l’a regardée s’infiltrer dans les interstices des parois. Les fentes étaient si grandes qu’on pouvait « voir les étoiles », dit-elle, et en entrant, l’eau faisait des flaques sur le sol, comme à chaque fois qu’il avait plu durant les trente dernières années.

    Mme Rubins avait passé la majeure partie de sa vie dans ce « zozo » - une bicoque en tôle - situé dans une arrière-cour d’Eldorado Park. Ce #township de la banlieue sud de #Johannesburg avait été construit pour abriter un ensemble de minorités ethniques désigné dans la hiérarchie raciale de l’apartheid sous le nom de « communauté de couleur ». Les emplois et les services publics y étaient rares. La plupart des postes à pourvoir se trouvaient dans les secteurs « blancs » de la ville, où l’on parvenait après un long trajet en bus.

    Mais cette nuit était la dernière qu’elle y passait, car, le lendemain matin, elle déménageait de l’autre côté de la ville, dans un appartement qui lui avait été cédé par le gouvernement. Cela faisait vingt-quatre ans qu’elle figurait sur une liste d’attente.

    Je pensais avoir ce logement pour y élever mes enfants, soupire-t-elle, mais je suis quand même contente car j’aurai un bel endroit pour mourir."

    Construits pour diviser

    Quand la #ségrégation a officiellement pris fin en Afrique du Sud au milieu des années 1990, les urbanistes ont été confrontés à une question existentielle : comment réunir les communautés dans des villes qui avaient été construites pour les séparer ?? Pendant des décennies, ils l’avaient esquivée pour se concentrer sur une question plus vaste encore : comment fournir un #logement décent à des gens entassés dans des quartiers pauvres, isolés et dépourvus de services publics ?? Depuis la fin de l’apartheid, le gouvernement a construit des logements pour des millions de personnes comme Mme Rubins.

    Mais la plupart sont situés en #périphérie, dans des quartiers dont l’#isolement contribue à accroître les #inégalités au lieu de les réduire. Ces dernières années, des militants ont commencé à faire pression sur les municipalités pour qu’elles inversent la tendance et construisent des #logements_sociaux près des #centres-villes, à proximité des emplois et des écoles. D’après eux, même s’ils ne sont pas gratuits, ces logements à loyer modéré sont un premier pas vers l’intégration de la classe populaire dans des secteurs de la ville d’où elle était exclue.

    Le 31 août, un tribunal du Cap a donné gain de cause à ces militants en décrétant que la ville devait annuler la vente d’un bien immobilier qu’elle possédait près du quartier des affaires et y construire des logements sociaux. « Si de sérieux efforts ne sont pas faits par les autorités pour redresser la situation, stipule le jugement, l’#apartheid_spatial perdurera. » Selon des experts, cette décision de justice pourrait induire une réaction en chaîne en contraignant d’autres villes sud-africaines à chercher à rééquilibrer un statu quo très inégalitaire.

    Ce jugement est important car c’est la première fois qu’un tribunal estime qu’un logement abordable et bien placé n’est pas quelque chose qu’il est bon d’avoir, mais qu’il faut avoir", observe Nobukhosi Ngwenya, qui poursuit des recherches sur les inégalités de logements à l’African Centre for Cities [un centre de recherches sur l’urbanisation] du Cap.

    Près de la décharge

    Cet avis va à contre-courant de l’histoire mais aussi du présent. L’appartement dans lequel Mme Rubins a emménagé au début de septembre dans la banlieue ouest de Johannesburg a été construit dans le cadre du #Programme_de_reconstruction_et_de_développement (#PRD), un chantier herculéen lancé par le gouvernement dans les années 1990 pour mettre fin à des décennies - voire des siècles en certains endroits - de ségrégation et d’#expropriation des Noirs. Fondé sur l’obligation inscrite dans la Constitution sud-africaine d’"assurer de bonnes conditions de logement" à chaque citoyen, ce programme s’engageait à fournir un logement gratuit à des millions de Sud-Africains privés des services essentiels et de conditions de vie correctes par le gouvernement blanc.

    Le PRD a été dans une certaine mesure une réussite. En 2018, le gouvernement avait déjà livré quelque 3,2 millions de logements et continuait d’en construire. Mais pour réduire les coûts, la quasi-totalité de ces habitations ont été bâties en périphérie des villes, dans les secteurs où Noirs, Asiatiques et métis étaient naguère cantonnés par la loi.

    Le nouvel appartement de Mme Rubins, par exemple, jouxte la décharge d’une mine, dans un quartier d’usines et d’entrepôts construits de manière anarchique. Le trajet jusqu’au centre-ville coûte 2 dollars, soit plus que le salaire horaire minimum.

    Cet #éloignement du centre est aussi un symbole d’#injustice. Sous l’apartheid, on ne pouvait accéder à ces #banlieues qu’avec une autorisation de la municipalité, et il fallait souvent quitter les lieux avant le coucher du soleil.

    « Il y a eu beaucoup de luttes pour l’accès à la terre dans les villes sud-africaines et elles ont été salutaires », souligne Mandisa Shandu, directrice de Ndifuna Ukwazi, l’association de défense des droits au logement qui a lancé l’action en #justice au Cap pour que la vente immobilière de la municipalité soit annulée. « Ce que nous avons fait, c’est réclamer que l’#accès mais aussi l’#emplacement soient pris en considération. »

    Au début de 2016, l’association a appris que la municipalité du Cap avait vendu une propriété située dans le #centre-ville, [l’école] Tafelberg, à une école privée locale. Alors que l’opération avait déjà eu lieu, l’association a porté l’affaire devant les tribunaux en faisant valoir que ce bien n’était pas vendable car la ville était tenue d’affecter toutes ses ressources à la fourniture de #logements_sociaux.

    Après quatre ans de procédure, le tribunal a décidé d’invalider la vente. Les autorités ont jusqu’à la fin de mai 2021 pour présenter un plan de logements sociaux dans le centre du Cap. « Je pense que ce jugement aura une influence majeure au-delà du Cap, estime Edgar Pieterse, directeur de l’African Centre for Cities. Il redynamisera le programme de logements sociaux dans tout le pays. »

    Fin de « l’#urbanisme_ségrégationniste »

    Cependant, même avec cette nouvelle impulsion, le programme ne répondra qu’à une partie du problème. Selon M. Pieterse, le gouvernement doit trouver des moyens pour construire des #logements_gratuits ou à #loyer_modéré pour faire des villes sud-africaines des endroits plus égalitaires.

    Ainsi, à Johannesburg, la municipalité a passé ces dernières années à améliorer le réseau des #transports_publics et à promouvoir la construction le long de liaisons qui avaient été établies pour faciliter les déplacements entre des quartiers coupés du centre-ville par un urbanisme ségrégationniste.

    Quand Mme Rubins a emménagé dans son nouvel appartement, elle ne pensait pas à tout cela. Pendant que l’équipe de déménageurs en salopette rouge des services publics déposait ses étagères et ses armoires, dont les pieds en bois étaient gauchis et gonflés par trente ans de pluies torrentielles, elle a jeté un coup d’oeil par la fenêtre de sa nouvelle chambre, qui donnait sur un terrain jonché de détritus.

    Sa nièce, June, qui avait emménagé à l’étage au-dessus une semaine plus tôt, l’aidait à trier les sacs et les cartons. Mme Rubins s’est demandé à haute voix s’il y avait de bonnes écoles publiques dans le coin et si les usines embauchaient. Elle l’espérait, car le centre-ville était à trente minutes en voiture.

    Si tu es désespérée et que Dieu pense à toi, tu ne dois pas te plaindre. Tu dois juste dire merci", lui a soufflé June.

    https://www.courrierinternational.com/article/urbanisme-dans-les-villes-sud-africaines-les-fantomes-de-lapa
    #Afrique_du_Sud #division #séparation #Segregated_By_Design #TRUST #master_TRUST

    ping @cede

  • Dans les grandes écoles, la diversité sociale n’a pas progressé en dix ans
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/01/19/dans-les-grandes-ecoles-la-diversite-sociale-n-a-pas-progresse-en-dix-ans_60

    Des élèves issus des couches les plus favorisées de la société et résidant en Ile-de-France : le vivier de recrutement de ces établissements n’a pas bougé, indique une vaste étude menée par un laboratoire de l’Ecole d’économie de Paris.

    Des initiatives, des discours, mais peu de changements. Le chemin vers la diversité sociale des grandes écoles françaises est encore long. Il l’est même plus que prévu. Des chercheurs de l’Institut des politiques publiques (IPP), un laboratoire de l’Ecole d’économie de Paris, ont conduit une étude inédite sur l’évolution du recrutement des étudiants en grandes écoles (écoles d’ingénieurs, de commerce, instituts d’études politiques et écoles normales supérieures).

    Le bilan est sans appel : entre 2006 et 2016, la diversité sociale au sein de ces établissements, qui forment les futures élites administratives, scientifiques et économiques de la France et qui sont, pour beaucoup d’entre eux, financés par l’Etat, n’a pas progressé. L’étroitesse de leur vivier de recrutement, sur le plan social mais aussi territorial, est démontrée par les résultats de cette étude, menée à partir de données administratives quasi exhaustives et encore jamais exploitées à cette échelle.

    Parmi les indicateurs étudiés, la part d’étudiants les plus défavorisés socialement − les enfants d’ouvriers, de parents sans emploi − n’a pas progressé entre 2006 et 2016 et n’a jamais dépassé les 10 % dans les grandes écoles, indique l’étude, qui doit être publiée mardi 19 janvier. Ces jeunes représentent pourtant 36 % de cette classe d’âge, et comptent pour 20 % des étudiants de niveau bac + 3 à bac + 5 à l’université.

  • Non au démembrement de la cité-jardin de la Butte Rouge
    https://topophile.net/savoir/non-au-demembrement-de-la-cite-jardin-de-la-butte-rouge

    Les habitants constitués en collectif en appellent aux architectes, urbanistes, sociologues, militants écologistes, acteurs engagés de la société civile et simples citoyens, pour les aider à s’opposer à un projet de transformation qui se soldera par la disparition d’un « grand ensemble » témoin d’une conception humaniste exceptionnelle dans l’histoire de l’habitat populaire en région parisienne. La cité-jardin de... Voir l’article

  • Le boom des logements vacants continue – Centre d’observation de la société
    http://www.observationsociete.fr/modes-de-vie/logement-modevie/le-boom-des-logements-vacants.html

    L’information ne va pas faire plaisir à tous ceux qui n’arrivent pas à trouver où se loger : le nombre de logements vacants a progressé de 1,9 à 3 millions entre 2006 et 2019 – une hausse de 55 % – selon les données du recensement de l’Insee. Leur part dans l’ensemble du parc de logements est passée de 6 à 8,4 %.

    #logement #propriété_privée

    • J’ai quitté y’a trois ans un 40m2 en me fâchant vivement avec le couple de propriétaires qui n’ont pas respecté le contrat ni les promesses qu’ils m’avaient faites. Bon, faut dire que si le plafond m’était tombé dessus c’est parce que je faisais cuire des patates sans couvercle, les chiottes qui fuyaient c’était aussi parce que je tirais trop fort au lieu de pousser, les parpaings sans isolant, bon on fera bientôt les travaux, la terrasse de 3m2 bétonnée sur la moitié de sa surface pour mieux la partager, la porte ballante sur la rue pour mieux permettre le carnage de notre appart par les cambrioleurs, un simple retard de quelques années. Et on touchait le plafond des chambres en levant la main, bref, on a réussi à partir.
      Est curieusement apparu ensuite sur la façade un grand tag « marchands de sommeil » qui a refusé d’être effacé pendant quelques mois. On n’était pas les seuls à leur en vouloir ceci dit.
      C’est sur que maintenant qu’il n’y a plus de locataires depuis trois ans (j’ai une copine qui vit à côté) ils ne peuvent plus raconter qu’ils n’ont pas de sous, ni le compte des charges, ni dénoncer quiconque à la CAF qui leur remboursait pourtant avec mon aide une part conséquente du crédit de leur maison principale type « Mon Oncle de Tati ».
      Bon, ok, je les déteste ces enflures de petits capitalistes de merde qui spéculent sur des taudis, mais pire que tout c’est bien la politique du #logement en france qui est pourrie.

    • @touti Il nous a fallu un recommandé AR pour que le nôtre se résigne à faire venir le plombier pour «  expertise  »  : l’eau giclait du mur depuis une semaine, on avait les pieds dans l’eau. Le plombier a pété le mur et révélé qu’une ancienne soudure avait lâché à l’intérieur du mur. Le proprio, les yeux exorbités  : «  c’est parce qu’ils ferment le robinet trop fort  !  ».

      Le plombier l’a envoyé chercher un truc dehors, puis nous a dit qu’il était choqué par la situation, qu’il n’avait jamais vu quelqu’un se permettre d’aussi mal se comporter et qu’il était de notre côté.

      C’était un pote au proprio, lequel a la réputation d’être gentil et serviable. Sauf que la relation proprio-locataire est une relation de domination et que le type défoule sur nous tout ce qui lui est refusé par la socialisation normale (où il est majoritairement considéré comme gentil, mais un peu limité, donc plutôt très dominé, d’où ses excès de flagornerie et serviabilité).

  • Quand les HLM se racontaient en cartes postales
    https://www.enlargeyourparis.fr/societe/quand-les-hlm-se-racontaient-en-cartes-postales

    En 1980, Renaud chantait « Dans mon HLM ». Vingt ans après, #Renaud_Epstein, spécialiste des politiques urbaines et qui enseigne l’urbanisme à Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye, se lançait dans une collection de cartes postales représentant les grands ensembles. Des reliques qu’il partage chaque jour sur Twitter depuis 2014 et dont il nous évoque l’histoire.

    L’urbanisme de barres et de tours des ZUP (zones à urbaniser en priorité) n’est clairement plus au goût du jour. En tout cas en France car hors de nos frontières, on assiste plutôt à un retour de hype de l’urbanisme moderne. Cet urbanisme est loin d’être dénué de qualités. Quand on regarde la production immobilière actuelle, notamment celle qui se développe un peu partout dans le Grand Paris, on ne peut qu’être frappé par la pauvreté architecturale de ce qui est train de sortir de terre, et surtout par l’absence de projet urbanistique. On juxtapose des opérations de promotion privée sans cohérence d’ensemble et sans souci des espaces publics. Il en va de même dans le périurbain où s’étalent des nappes infinies de lotissements pavillonnaires à l’obsolescence programmée. Ce qui devrait conduire à relativiser voire réviser notre perception collective très négative des grands ensembles. Car même s’il y a eu dans la période de la construction des ZUP des opérations catastrophiques, dans leur conception comme dans leur réalisation, ce n’est pas la norme. Il y a de nombreux quartiers HLM qui sont bien conçus et qui offrent des logements et des équipements collectifs de qualité pour des millions de ménages qui seraient mal logés si la France n’avait pas construit massivement du logement social dans les années 1960.

    #Un_jour_une_ZUP_une_carte_postale
    et son compte sur l’oiseau bleu
    https://twitter.com/renaud_epstein

  • Are slaughterhouses turning into #coronavirus factories? | Euronews
    https://www.euronews.com/2020/06/24/are-slaughterhouses-turning-into-coronavirus-factories

    Experts say meat processing plants are ripe for the virus to spread, as they’re often cold, damp, and keep employees in close contact. But much of the #transmission of the virus may occur away from work: where employees live and share meals.

    “It’s very important to realise that workers in these plants – and this is unpopular work – are often #migrant workers, foreign workers who will live in dormitories. And they live and travel very closely together,” Professor James Wood, the head of Cambridge University’s Veterinary School, told Euronews.

    “So transmission, where #clusters occur, maybe occurring both in the home environment from travelling to work, as well as actually in the workplace itself.”

    #migrants #dortoirs

  • En Rhénanie-du-Nord-Westphalie et dans le Schleswig-Holstein, des centaines d’employé·es des abattoirs sont contaminé·es par le corona. Or le seuil de reconfinement a été fixé à 50 cas pour 100 000 habitant·es pour une région donnée.
    La question est : le déconfinement était-il prématuré en Allemagne ou la misère sociale de ces personnes venant d’Europe de l’Est pour faire des sales boulots sous-payés explique-t-elle ces foyers de contamination ?

    Le ministre de la santé de Rhénanie-du-Nord-Westphalie « a mentionné l’hébergement du personnel des abattoirs, provenant pour la plupart de Roumanie et de Bulgarie, dans des logements collectifs comme une raison possible de l’apparition de l’épidémie. Il se peut que ces foyers ne répondent pas aux normes d’hygiène requises en cas de pandémie. Il faut maintenant examiner cette question. »
    https://www.tagesschau.de/wirtschaft/coronavirus-fleischbetrieb-101.html
    #Allemagne #corona #abattoirs #migration #Europe_de_l'Est #salariat #précarité #exploitation

  • Tous ensemble, tous ensemble, #grève des #loyers ! - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/Tous-ensemble-tous-ensemble-greve

    Depuis le début de la crise sanitaire, il y a eu des millions de licenciements aux États-Unis. Face à la précarisation extrême de nombreux habitants, les appels à la grève des loyers se multiplient. Des initiatives bienvenues, dans des villes où la gentrification progresse tandis que beaucoup de #logements sont insalubres.

  • [presque rien] Vacuité humaine... Ici était "La Maison des Familles". Mais son propriétaire a préféré la détruire plutôt qu’accueillir.
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/49462550381

    Flickr

    ValK. a posté une photo :

    Message de L’Autre Cantine :
    Il y a 1 an, « La Maison des Familles » était réquisitionnée !

    12 familles, 4 femmes enceintes et 12 enfants y avaient trouvé un refuge pendant plusieurs mois.

    Parce-que ce n’était plus possible que ces familles dorment dehors.
    Parce-que ce n’était plus possible que ces familles dorment au gymnase Jeanne Bernard, sans eau chaude et sans chauffage. Sans repos.
    Parce-que des bâtiments vides il y en a. Et il y en aura toujours !
    Parce que les fausses « propositions » du 115 sur des lits de camps de 20h à 7h30 ce n’est pas humain !

    Parce que « la maison des familles » ça a été de formidables rencontres, de joyeux moments d’échange, une bouffée d’air frais, de bons repas, des cours de français, du suivi administratif, social, juridique, qui a permis à la quasi totalité des familles accueillies d’être à terme relogées dans des Cada et des appartements !

    Mais des familles, des femmes enceintes, des enfants à la rue ou dans des hébergements précaires, il en reste toujours ! Ce n’est pas parce que vous expulsez et détruisez que vous faites disparaître la misère !

    Depuis un mois, à l’emplacement de l’ancienne Maison des Familles, il y a un trou béant, un vide plutôt qu’une maison vide car il faut tout faire pour empêcher les squats et autres occupations « sauvages ». Protéger la propriété de quelques un.e.s au détriment de tous.tes

    #RéquisitionDesLogementsVides
    #PersonneÀLaRue
    #AccueilIconditionnel
    #LogementsPourTou_te_s

    Pour aider l’Autre Cantine à aider les Autres : https://www.helloasso.com/associations/l-autre-cantine
    .
    Nantes, le 20 décembre 2019.
    .
    | #photo : ValK.
    | voir+> https://frama.link/valk
    | aider+> https://liberapay.com/ValK