• Une petite histoire pas très sérieuse de deux très sérieuses logiques
    http://images.math.cnrs.fr/Une-petite-histoire-pas-tres.html

    C’est peut-être pas très #logique, mais il n’y a pas qu’une seule logique ! Selon ce qu’on accepte comme mécanisme de raisonnement, on peut définir différentes logiques. Parmi elles, il y a la logique dite classique des mathématiciens ou la logique dite intuitionniste des informaticiens. Enfin pas tout à fait non plus : les deux sciences informatiques et mathématiques ne se privent pas d’utiliser les deux, et de... mais racontons cela sous forme d’une petite histoire.

  • Quel voleur accepte qu’on le vole ? #Capitalisme et #propriété privée
    http://i2d.toile-libre.org/PDF/2011/i2d_capitalisme_propriete.pdf

    un extrait :

    Comment comprendre la quête effrénée d’Achab, sinon comme la tentative déses- pérée de s’attacher ce qui est fondamentalement inattachable, c’est-à-dire ce qui est toujours perdu d’avance ? « Je l’ai marquée, vociférait-il pourtant. M’échappera-t-elle ? » Car Moby Dick, qui avait fauché la jambe du capitaine du Péquod « comme un moissonneur fauche une tige dans un champ », c’est-à-dire comme un glaneur amoureux cueille la première rose qui lui tombe sous la main, portait elle-même les stigmates de toutes les attaches manquées, harpons tordus et tournés dans son corps, hampes brisées de lances sortant de son dos, emmêlements de lignes qu’elle portait comme une charge ficelée sur elle. Et la tête blanche de la baleine, avec son front ridé, n’était-elle pas en quelque sorte le grand livre ouvert de l’histoire, où se rejouait indéfiniment la même ritournelle, celle des hommes qui voulaient harponner tous les météores, vagabondant sur le corps plein de la terre, et les météores qui continuaient leur course sous le vent, d’une allure paisible de voyageur, indifférents à tant d’efforts ?

    Il fallait s’y faire. L’âme humaine évoluait entre l’une et l’autre de ces deux #dispositions contraires, incapable de se poser jamais, se réclamant de la première quand on lui opposait la seconde, et récipro- quement, du moment que le vol était possible, et qu’on ne se fît pas voler en retour. (Le gantier suggérait ici que les #contradictions, bien mieux que d’empêtrer les hommes, étendaient au contraire leur #pouvoir et leur champ d’action.) En d’autres termes, chaque individu s’arrogeait le privilège de l’invention, en le déniant catégoriquement à autrui, afin de pouvoir #jouir de ses trouvailles en solo. Les hommes voulaient voler sans être volés, ils voulaient pouvoir se servir sans que les autres se servissent après eux. En ce sens, saint Augustin avait simplement répété ce que d’autres avaient dit avant lui : l’homme était un être de contradiction, une créature bicéphale, voguant inexorablement entre la souille et l’éther, entre la gloire et l’infamie. Et l’#économie_de_marché, dont le gantier connaissait les multiples ressorts, pour l’avoir vue se déployer dans toute sa splendeur à travers la mécanique à écraser le monde qu’avait inventée Mouret, l’économie de marché avait trouvé dans cette contradiction le principe #dynamique qui allait lui permettre d’assurer son implacable empire.

    En effet, le capitalisme avait fait d’une double disposition psychologique au libre picorement et à l’#accaparement le ressort de toute une politique. Pour Mignot, le capitalisme était un naturalisme, il suivait l’âme sur le chemin de sa chute naturelle, reproduisant à l’échelle molaire les mécanismes de la #subjectivité humaine. Pour faire simple, le capitalisme flattait le petit voleur qui ne veut pas être volé présent en chacun de nous, tout en s’assurant d’empocher le pactole, au bout du compte. Pouvoir voler sans risquer d’être volé en retour, voilà en effet le principe général qui avait présidé au mouvement des « #enclosures » — c’est-à-dire à l’expropriation hors de leurs terres des producteurs ruraux et des masses populaires anglaises —, secret de l’#accumulation_initiale du début du xvie siècle, analysée par Karl Marx à la fin du premier livre du Capital ; mouvement dont Hannah Arendt avait montré par la suite qu’il constituait la #logique_structurelle du capital. Car chaque clôture, chaque haie, chaque bouledogue, chaque vigile, chaque brevet, chaque article du Code civil tendaient à leur manière à résoudre la terrible question augustinienne. À ce titre, le droit, qui était une technique parmi tant d’autres, s’efforçait toutefois de les surcoder toutes, en les réenveloppant dans son écheveau de lois, de décrets et de jurisprudences. Et qu’est-ce que le droit de propriété, demandait Mignot, sinon le droit pour un individu d’interdire à un autre individu de lui voler ce qu’il a lui-même extorqué à un tiers ?

    Pour résumer ce qui venait d’être dit, et marquer les consciences, Mignot annonçait, imperturbable, que le capitalisme était le système politique qui organisait les conditions de monopole du vol légitime ; c’est-à-dire les conditions permettant de conjurer l’#ontologie_des_biens_épaves, au profit d’une petite clique, qui réglait les modalités de la mainmise — décidément, l’étymologie plaidait en faveur des propos du gantier. Car toute propriété consacrée par le droit était un fait d’empiètement, pareil à celui d’un arracheur de bornes, une institution de l’#égoïsme, dont le seul résultat avait été de déposséder la multitude au profit de cette caste, et que le législateur avait tout naturellement consacrée, puisqu’il en faisait partie lui-même ; l’histoire était connue de chacun. Simplement, on avait décidé un beau jour, en haut lieu, qu’un certain vol était légitime et qu’un autre ne l’était pas. On avait pris les dispositions pour encourager le premier et pour punir le second — et c’en fut fait de l’ontologie.

    Mignot invitait ses auditeurs à faire l’expérience de pensée suivante. Que chacun imaginât un domaine terrien existant, entouré de larges murailles ou de hautes clôtures, et reculât peu à peu dans le temps, en parcourant à l’envers l’enchaînement des héritages et des successions. Et où arrivait-on au bout du compte ? Au vol, pardi ! Au plus loin que l’on remontât, toute propriété terrienne était le fait d’un #vol_originaire, d’une confiscation primitive ; il avait bien fallu, avant qu’elle appartînt à un seul individu à l’exclusion de tous les autres, que celui- là s’en autoproclamât un beau matin le seigneur. Dominium fiat ! Où que l’on regardât autour de soi, champs, jardins, domaines, rien qui n’eût d’abord été spolié, en toute connaissance de cause, à la nature, et donc à la #communauté des hommes. La manœuvre était commode : il n’y avait pas d’autre chemin, pour passer des grands espaces, ouverts aussi loin que portait la vue, aux actes de Monsieur le notaire, que le chemin du pillage ; et certains n’avaient pas hésité, comme condition de cette odieuse usurpation, à expulser ceux qui s’étaient trouvés là, à brandir de fallacieux titres de propriété ou à pointer sur leurs visages les canons de leurs fusils — et à tirer, ô accumulation initiale.

    Et ce qui valait pour les terres, valait pour les choses, pour les gants par exemple, les gants de chevreau, les gants Bonheur, les gants de Suède ou de Saxe. Les États capitalistes, qui transformaient magiquement les biens épaves en corps-morts, refusaient identiquement que les produits du travail fussent mis en jeu, sur le grand tapis de la roulette planétaire. Mieux, ils l’acceptaient une fois, le temps de les prendre (voler), et le refusaient ensuite à tous les hommes (sans être volé). Le gantier avait noté que tous les corpus de lois, depuis les premiers errements du droit romain, jusqu’aux infinis articles du fastidieux Code civil, allouaient les res nullius à l’amiral d’Angleterre, aux seigneurs, aux États et aux Empires, c’est-à-dire, un soupçon de jugeote suffisait pour tirer cette conclusion édifiante, à ceux-là mêmes qui les avaient rédigés ! Le capitalisme organisait la #captation monopolistique des res nullius et des terra nullius . Et Melville rappelait encore le latin des livres de lois de l’Angleterre : De balena vera sufficit, si rex habeat caput et regina caudam . Autrement dit, de toutes les baleines capturées sur les côtes de ce pays, le roi devait recevoir la tête, et la reine la queue. Et le gantier poursuivait sa lecture de Moby Dick : « Pour la baleine, cette division est à peu près comme si on partageait une pomme en deux : entre les deux parts, il ne reste rien. » C’était là la contribution de la mer. La mer payait impôt à l’Angleterre — Flotson , Jetson et Lagon .

    En somme, la classe possédante jonglait astucieusement entre le fait et le droit, entre le statut de poisson attaché et celui de poisson perdu. C’était même très exactement le rôle des États : surcoder toutes les épaves de la terre pour les soumettre au pouvoir d’un maître du surplus ou du stock, qui en réglait l’appropriation monopolistique et la prétendue redistribution. Et non seulement les objets, mais les forêts, les pays, les continents, les étoiles elles-mêmes étaient des poissons perdus, et aussitôt après des poissons attachés. L’accumulation primitive était permanente et ne cessait de se reproduire, pour réaliser le but suprême du capitalisme : introduire le #manque là où il y avait toujours trop, par l’absorption des ressources surabondantes. Et cela valait également pour le travail, et pour la monnaie. Car dès lors qu’une chose possédait le premier statut, celui de poisson perdu, celui de #flux libre ou « décodé », pour parler comme les deleuziens, dif- férents « #appareils_de_capture » (#rente, #profit, #impôt) avaient été montés pour lui donner immédiatement le second. Les États s’arrogeaient en vérité l’appropriation monopolistique de la capture elle-même. Dans ces conditions, ils admettaient l’ontologie des biens épaves pour mieux la #corrompre ; ils se nourrissaient d’elle, ils la parasitaient. Mais pour ce faire, il fallait également procéder à l’opération inverse, c’est-à-dire décoder les flux qui avaient été codés une première fois, par d’autres formations sociales ; autrement dit : rendre leur statut de poissons perdus aux poissons attachés, pour les intégrer sur-le-champ à une #axiomatique de classe ; décoder et reco- der — quel voleur accepte qu’on le vole ?

    Et c’était ça, le capitalisme. Ce décodage généralisé des flux, pour en capter la plus-value, et leur incorporation dans une axiomatique permettant d’en contenir les puissances révolutionnaires , ce qui demandait l’aide d’une gigantesque machine répressive, qui recodait à tour de bras, à coups de dictature mondiale et de #police toute-puissante. Car partout, le capitalisme repoussait et conjurait sa propre réalité, les flux décodés, conscient que le décodage achevé des flux, leur fuite hors de l’axiomatique sociale, c’est-à-dire la #déterritorialisation absolue des objets et des hommes, coulant sur le corps plein sans organes, constituait sa limite externe. Et peut-être que ce retour à une ontologie d’objets trouvés, que Mignot prônait haut et fort, était la « voie #révolutionnaire » dont parlaient Gilles #Deleuze et Félix #Guattari. Non pas se retirer du marché mondial, mais « aller plus loin encore dans le mouvement du marché, du décodage et de la déterritorialisation ». Non pas se retirer du procès, mais accélérer le procès, en prenant la #décision, universellement concertée, de décoder tous les flux, une fois pour toutes, et partant d’abandonner les objets à leur fortune de poissons perdus, flottant librement entre le noyau terrestre et la stratosphère, dans les limbes éthérées de la planète bleue.

    Mignot sortit de sa sacoche un récent best seller, qu’il avait lu quelques mois plus tôt, et qui s’appelait La Soute, ou La Route. L’homme et l’enfant marchaient dans un pays qui avait été ratissé et pillé des années plus tôt, poussant laborieusement leur caddie, dont l’une des roues était près de lâcher. L’homme et l’enfant marchaient dans un monde gris et nu, où tout était recouvert de cendres. Et le gantier avait compris que cette « terre carbonisée », cette « terre de rien », « dépouillée de la moindre miette », longuement décrite par Cormac McCarthy, c’était le monde que le capitalisme abandonnait aux hommes, après qu’il l’avait dévalisé de fond en comble. L’odyssée de l’homme et de l’enfant, c’était simplement la vie en milieu postcapitaliste, ou hypercapitaliste, ça revenait au même ; la vie dans un monde vidé de ses épaves, un #monde où il n’y avait plus rien à #glaner, sinon quelques boîtes de conserves anonymes, qui avaient miraculeusement échappé au désastre. Toujours leurs mains reve- naient vides, et toujours ils les lançaient, au-devant des introuvables reliques de la civilisation, comme des fossoyeurs retournant obstinément les cimetières, pour en exhumer un cœur qui bat. Car c’était tout ce qui les tenait en vie, l’un et l’autre, rester des inventeurs, coûte que coûte, des batteurs de grèves, en quête de l’#abondance d’un monde disparu. La Joute était une dérive indéfinie dans les économats de l’enfer, à travers l’axiomatique capitaliste, et c’était comme ça tout au long du livre : chercher (tout ce qui pourrait servir), trouver (rien, presque rien), prendre (une boîte de pêches en conserve), jeter, chercher encore, etc. Et même, c’était parce qu’il n’y avait plus rien à cueillir que l’homme et l’enfant se méfiaient des autres survivants, des autres fouilleurs de ténèbres, comme eux mis à nu, et prêts à leur soutirer le peu de vivres qui traînait au fond du caddie, prêts à les condamner à mort. Et Mignot jubilait : C’était parce que le capitalisme organisait d’abord les conditions de la #rareté dans le monde, que le vol était non seulement possible, mais surtout nécessaire, pour tous ceux qui cherchaient en vain leur nom sur la liste des invités d’honneur, pour prendre part au grand régal du marché des changes ! Et la question qu’avaient posée Deleuze et Guattari n’était pas de savoir pourquoi les #travailleurs #pauvres, les démunis, les affamés volaient ; non, la question était de savoir pourquoi les travail- leurs pauvres, les démunis, les affamés ne volaient-ils pas toujours ?

    http://pontcerq.toile-libre.org/007%20mignot.htm

    #éditions_Pontcerq #livre_en_ligne

  • CIP-IDF > Le journal de France 2 interrompu par des intérimaires en collants et des intermittentes en colère
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6940

    Ce mardi 8 avril à 20h17, une cinquantaine de personnes ont investi le plateau du #journal de #France_2 afin de lire un communiqué contre un projet de Convention #Unédic qui aggraverait la #précarisation en s’attaquant principalement aux salariés les plus pauvres, qu’ils soient au chômage, en emploi discontinu ou au chômage « en activité à temps réduit » .

    Au nom d’un déficit soigneusement entretenu et d’une supposée « équité », ce projet s’attaque tout particulièrement à ces fameux nantis que sont les #intérimaires... Ces derniers perdraient mensuellement de 50 à 300 euros chacun si une telle convention devait entrer en vigueur. Nous disons non à une #logique_concurrentielle qui nous rabaisse tous [1].

    A peine les manifestants étaient-ils arrivés sur le plateau, que le son était interrompu... Quelques secondes plus tard, David Pujadas déclarait rendre l’antenne en raison d’une #occupation.

    De même que les soit disant « négociations » Unedic sont une mascarade scandaleusement anti-démocratique (n’y sont sérieusement évoquées que les propositions patronales...), lorsque les média de masse évoquent des questions aussi cruciales que celles du chômage et de la précarité, c’est le plus souvent pour livrer des « informations » qui constituent autant de #publireportages en faveur des orientations patronales et de celles des « syndicats » qui osent s’allier avec le MEDEF contre l’ensemble des salariés.

    Voici le texte qui aurait pu être lu à l’antenne sur France 2 :

    Nous sommes ici….

    Nous sommes ici, chômeurs, travailleurs précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers, pour vous informer.

    Nous sommes ici parce que les négociations sur le régime d’assurance-chômage se sont faites sans nous et contre nous. Nous refusons cet accord du 22 mars 2014 conclu entre les organisations patronales et la CFDT, la CFTC et FO.

    Nous ne sommes pas dupes et nous sommes en colère : cet accord, imposé par le #MEDEF, nous affaiblit tous. Le gouvernement ne doit pas agréer cet accord. […].

    #interruption #lutte

  • CSP: The right man
    http://www.cspinyourface.com/2014/03/the-right-man.html

    Résumons : Les français votent à droite pour sanctionner les politiques de droite menées par un gouvernement (prétendument) de gauche, et celui-ci droit dans ses bottes envoie un signal fort : il fera encore plus de droite.
    Bigre...
    Est-ce que quelqu’un dans l’assistance pourrait souffler dans les oreilles bouchées de la rue de Solférino cette maxime pourtant simple : en politique, on préfère toujours l’original à la copie.
    Faire de la droite ne convaincra jamais la droite de voter à gauche. Jamais.

    #politique #logique_floue

  • L’Europe en BD, épisode #5 en #Grèce avec « Logicomix »
    http://fr.myeurop.info/2014/03/28/une-bd-bande-dessin%C3%A9e-science-grece-bestseller-13491

    Effy Tselikas

    Une bande-dessinée qui remonte au fondement de la #logique mathématique et de la théorie des ensembles : il fallait oser. Logicomix a pourtant déjà séduit plusieurs centaines de milliers de lecteurs, en #Grèce et ailleurs. On vous explique pourquoi.

    En 2008, une #bande_dessinée, ou plutôt un roman graphique, fait irruption dans l’univers des comics, avec un succès international inattendu : Logicomix. lire la suite

    #Livres #CULTURES #Apostolos_Doxiadis #Athènes #Christos_Papadimitriou #Henri_Poincaré #théories_mathématiques

  • LEARN programming by visualizing code execution
    http://pythontutor.com

    Online Python Tutor is a free educational tool created by Philip Guo that helps students overcome a fundamental barrier to learning programming: understanding what happens as the computer executes each line of a program’s source code. Using this tool, a teacher or student can write a Python program in the Web browser and visualize what the computer is doing step-by-step as it executes the program.

    #python #logique

  • Courrier des lecteurs : que veut dire « trop cher » pour un billet de train à grande vitesse ? | Classe éco | Francetv info
    http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2014/02/07/courrier-des-lecteurs-que-veut-dire-trop-cher-pour-un-billet-de-tr

    « L’amour des industriels en place pour les consommateurs embrouillés n’a d’égal que celui des politiques pour les électeurs ignorants. » Tags : #chef

    • Sans compter que les lignes grande vitesse concernent en fait que 12% des voyageurs et que les autres doivent se démerder avec le reste du réseau qui, à cause des lignes à grande vitesse, se retrouve souffrir de manque d’entretien et d’investissement chronique et de fermeture de gares et de liaisons pourtant utiles pour le maillage du territoire. sans compter que d’un point de vue purement économique et écologique, c’est un choix aberrant.

    • Je plussoie, si j’ai encore une voiture c’est pour des raisons d’économie ! le train est trop cher et ne dessert que des grandes gares, je dois donc covoiturer, risquer des vies, nourrir le racket des péages d’autoroutes et me fader une guimbarde qui occupe l’espace public 80% du temps pour rien, et cerise de l’#aberration qui évidemment pollue, comme tout ces trucs d’individualismes de merde que les politiques ont beau jeu de nous faire confondre avec la liberté. #transports #tgv #trains #covoiturage #pas_le_choix

    • Oui, bien sur il y a des raisons économiques, mais pas que, il faut se souvenir que sous Pasqua le ministère de l’#aménagement_du_territoire dépendait du #ministère_de_l'intérieur. Le voyage est une chose dangereuse pour l’Etat, quoi bouger, changer, mais vous n’y pensez pas ! on est pas aux US ! sus aux gens du voyage et à toutes celles qui voudraient qu’on respecte la constitution et le droit d’aller et venir !! Il y a de mauvaises têtes qui soutiennent qu’une telle politique a été mise en place pour garder le contrôle sur les flux inter-migratoires en les diminuant : coût élevé des trains, axes autoroutiers balisés, vidéosurveillance des lignes droites et des péages, voire en les ralentissant (Délire du rond-point) ce qui garanti au final d’éviter les échanges et rencontres entre gens spoliés et révoltés.

      #logique_de_guerre

    • Ils ont une drôle de façon de gérer leur trésorerie à la SNCF…

      Pourquoi les comptes de la SNCF ont viré au rouge en 2013
      http://www.boursier.com/actualites/economie/pourquoi-les-comptes-de-la-sncf-ont-vire-au-rouge-en-2013-23009.html

      Plongeon du TGV

      Concernant le TGV, la SNCF explique que le plongeon de l’activité, en France et en Europe, s’est aggravé en 2013. L’augmentation des péages ferroviaires, la faiblesse des trafics liée à la crise économique et à la concurrence des avions low-cost et du co-voiturage ont notamment pesé.

  • L’intime, un concept politique - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/L-intime-un-concept-politique.html via @bug_in

    L’enjeu du livre de Michaël Foessel est de dégager, délimiter et promouvoir, aux côtés des sphères publique et privée auxquelles se limitent les théories politiques modernes et contemporaines, la sphère de « l’intime ». S’il importe de prendre la mesure de cette sphère, c’est qu’elle met en jeu des expériences spécifiques quant au mode de #relation, de visibilité et de responsabilité entre les #individus. Dans le schéma dichotomique classique, ces expériences sont trop souvent confondues avec celles qui ont cours dans le champ du #privé, alors que ce dernier relève exclusivement du domaine économique et rend compte des relations individuelles sur le modèle de transactions entre des propriétaires (de soi, de son corps), y compris au sein du #couple et de la #famille. Au contraire, pris dans sa spécificité, l’intime nous permet de penser une autre approche du politique — selon une double dimension.

    Dimension normative d’abord : l’intime et le public partagent des structures et des normes communes qui les distinguent, ensemble, du privé : c’est notamment le cas, dans la « démocratisation de l’intime » (selon l’expression de Giddens), de la progressive imposition de l’idée selon laquelle la vie personnelle est un « projet ouvert » et non pas caché ou silencieux. Dans le couple pris comme « lieu d’élaboration éthique » (p. 39), les partenaires ne sont pas pensés comme des co-contractants aux liens d’abord sociaux et juridiques, mais comme les tenants de discours de soi qui ne font sens que dans la relation, en prenant le risque de la désappropriation de soi. De ce point de vue, s’attacher à penser la spécificité de l’intime permet de se délivrer de l’erreur qui consiste à replier le politique sur l’économique. Ainsi peut se dégager une autre manière de penser le politique et ses acteurs, les individus affectifs et non pas seulement les individus performants, pris dans un « vivre ensemble » dont les modalités, sentimentales et morales, sont elles aussi renouvelées.

    De là découle la seconde dimension, pratique et positive : l’intime nous donne accès à un pan trop ignoré de la démocratie, la démocratie « sensible » (p. 138) — au double sens d’une démocratie des sentiments et d’une démocratie vulnérable, qu’il s’agit précisément de protéger contre l’intrusion du privé ou contre l’interprétation exclusivement sociale des #identités et des interactions.

    nous sommes invités à nous méfier de la mise en scène des sentiments par les acteurs politiques professionnels, qui jouent des confusions conceptuelles et des dénis de reconnaissance qui affectent les individus dans leur vie quotidienne pour promouvoir leur propre carrière publique, pensée comme celle d’entrepreneurs d’eux-mêmes. Ils font étalage d’un amour « réussi », performant, légitimés dans cette pratique par la dissolution générale de l’intime dans la #rationalité stratégique. C’est au nom d’une recherche de l’authentique que l’attitude politique de la méfiance, à la fois philosophique et engagée, doit être adoptée.

    la « pipolisation » est cette pratique de mise en scène de soi contrôlée et contractuelle dans laquelle M. Foessel voit le paradigme de la tendance néolibérale à dissoudre le public et l’intime dans la sphère du privé.

    Le second intermède poursuit l’interrogation sur la nature du « moi » de l’homo œconomicus que thématise l’individualisme libéral, à partir d’une lecture d’Adolphe de Benjamin Constant, « roman de la disparition de l’intime dans le “privé” » (p. 100). Adophe, confondant l’idéal d’authenticité et l’impératif de réussite, rate ses amours et sa vie en demeurant étranger auprès des autres, incapable d’engagement — ce qui selon M. Fœssel, est le pendant inévitable de la liberté négative des Modernes. En effet, la #modernité libérale arrache l’intime à la contrainte normative de la tradition, mais commet dans le même mouvement l’erreur de le conceptualiser en termes de « droit à la vie privée » ; or « le privé nous appartient alors que l’intime nous concerne » (p. 111). Se joue ici la confusion essentielle qui nous conduit à oublier d’agir selon le souci authentique de soi. Nous sommes ainsi amenés à prendre pour « moi » ce qui s’expose comme moi et qui se trouve seulement pris dans une logique stratégique : la transparence donnée en spectacle remplace l’authenticité d’un échange intime de regards.

    #vie_intérieure #réciprocité #privatisation #marchandisation #narcissisme #néolibéralisme

    de quoi enrichir aussi les discussions sur la #prostitution

    et comme on parlait dernièrement (notamment @aude_v) de la perte de la réciprocité, je dirais que le commerce et l’idée de « ne rien devoir à personne » sont un mode d’échange correspondant à la sphère du privé, tandis que la #logique_du_don et la non-comptabilité correspondraient à l’authenticité et à l’intime, prenant en compte les liens non mesurables de tout un chacun avec le monde.

    • De mon point de vue la permaculture est plus à lier à la #logique_du_don (Marcel Mauss) http://seenthis.net/messages/190256 qu’aux stratégies d’investissement à but lucratif. Les explications données dans cet article de permaculture.co.uk me paraissent par ailleurs un peu capillotractées. Et un peu représentatives aussi de la faible politisation de la permaculture (en tant qu’outil potentiel de construction de communautés humaines résilientes). Dans le cas de la finance il me semblerait plus simple et direct de parler de finance éthique, sans chercher un rapprochement aux forceps avec la permaculture.

      @nicolasm du bullshit, avec une bonne litière pour équilibrer le rapport C/N, ça peut faire un bon amendement pour la zone 1.

    • Faudra que je relise tout le fil de messages.

      J’espère qu’il y a un espace pour la permaculture entre le don et l’investissement financier.

      Des fois j’ai du mal à comprendre les personnes qui pensent que puisque c’est « permaculture » ça doit forcément être gratuit. Dans certaines situations les personnes qui peuvent se permettre de faire des choses gratuitement ont à côté un travail qui paie bien. Ça me semble un bon objectif de gagner l’argent nécessaire en faisant des activités à fort pouvoir de régénération pour les sols, le climat ou le tissu social. Bien sûr la permaculture a une vocation au gratuit sur la base de l’abondance des végétaux (une plante produit des centaines ou des milliers de graines, des dizaines de boutures ou des dizaines ou centaines de greffons), mais ça ne peut pas être généralisé pour autant.

      Mais à côté j’enrage de voir le milieu de la permaculture si prompte à utiliser des modèles commerciaux du siècle dernier, alors qu’il y a sûrement des formes très judicieuses à penser, où on peut mettre de la connaissance ou de la diversité génétique à disposition, tout en bénéficiant de cette mise en commun. Un peu comme les entreprises dans le libre qui donne l’accès au logiciel et fait payer l’expertise. Ou de tourner une vidéo d’un stage de permaculture et de la mettre gratuitement en ligne, et qui remplirait les stages à venir grâce à la « publicité » générée ou pour bénéficier de l’enseignement de qualité vu sur la vidéo et de manière plus personnalisée. Ou mettre le stage gratuitement en ligne mais faire payer la certification correspondante après étude du projet soumis (comme le propose une structure US qui est soupçonnée d’arnaque sur plusieurs points).

      Faudrait un peu plus de #lateral_thinking sur ces questions ...

    • L’approche que je mentionnais pour ma part se pose surtout dans le cadre de relations d’égal à égal dans des réseaux fonctionnant par don (ce que serait le auzolana ou un SEL informel sans comptabilité), ces réseaux étant d’après moi la meilleure façon de répondre au principe que la permaculture énonce concernant les surplus. Comme des communautés paysannes en fait, où la « gratuité » est mutualisée. Et éviterait les biais narcissiques et de désengagement facile (comme celui que tu cites ici de profiter sans contrepartie de la gratuité générée par autrui) qu’analyse finement @aude_v.

    • Effectivement c’est à un autre niveau que mes maniganceries. Je suis plus sur comment faire un peu d’argent avec la permaculture sans tomber dans les schémas classiques d’appropriation, et toi sur la signification profonde de la troisième éthique.

      J’ai l’impression que ça se rejoint un peu dans mes réflexions pour savoir comment diffuser toutes les raretés végétales que j’ai sur le terrain. Je pensais bien sûr à des dons ou échanges dans les réseaux permaculture, amicaux et locaux. Mais aussi par une vente sur internet pour augmenter la pénétration de toute cette diversité génétique dans d’autres cercles (même si rien ne dit que la personne ne va pas juste garder ce qu’elle achète dans son jardin). Même si cet accès est conditionné au « pouvoir d’achat » comme c’est si souvent le cas, au moins c’est toujours un angle d’accès supplémentaire à celui des cercles et réseaux qui peuvent être aussi très excluant. Ça ajoute un peu d’aléatoire. (Et puis ça rembourse toutes ces dépenses).

      bon ça reste encore du « bas niveau ».

    • Ça ressemble bien à un truc de @koldobika ça ;)

      En tout cas parmi les milieux permaculture / jardiniers, il y a vraiment du « lien » (même via internet). je contacte souvent les gens directement pour demander des graines/greffons/boutures, et propose de payer car je n’ai pas assez de stock pour échanger. Et ça me pose problème car depuis un an j’accumule beaucoup de trésors « génétiques » mais il me faudra quelques années pour pouvoir donner à mon tour. Du coup j’ai l’impression de profiter sans redistribuer, même si je sais que ça viendra. Souvent les jardiniers me répondent qu’il n’y a pas de souci, et qu’eux aussi sont passés par là. C’est plutôt cool.

      D’ailleurs ton commentaire me refait penser à pourquoi je n’aime vraiment pas tout un courant récent sur le fait de donner sans voir la personne : sachets de graines déposés dans des bibliothèques, légumes en libre service dans la rue avec les incroyables comestibles ... A croire qu’il y a une vertu supplémentaire à ne pas tisser des liens. Peut être parce que les gens trouvent ça encore plus « désintéressés ». Jusqu’à enlever l’intérêt principal de la chose, car ce ne sont pas trois légumes dans un bac à fleurs qui comptent le plus.

      Bon je dis ça mais pour l’instant je suis en mode ours qui amasse des trucs super chouettes pour son jardin.

  • Quelques réflexions sur la #permaculture, l’autoproduction et la théorie du #don http://lezd.wordpress.com/2009/11/16/hirugarren-arauaz
    que m’ont rappelé certains éléments dont on causait avec @aude_v ici http://seenthis.net/messages/188975#message189968

    Je reviens sur un article de Toby Hemenway http://www.patternliteracy.com/sustag.html dans lequel il note à juste titre que le troisième principe éthique de la permaculture (celui concernant les surplus) est beaucoup moins clairement et simplement formulé que les deux premiers (“prendre soin de la Terre” et “prendre soin des gens”), ce qui traduit le manque d’aisance des permaculteurs quant au problème des surplus.

    Dans un autre article http://www.patternliteracy.com/surplus.html, il relie le problème des surplus au sentiment de la rareté. Cela dit je trouve moyennement convaincant son argumentaire quant à la conception cyclique ou linéaire du temps pour expliquer le sentiment de la rareté. Il me semble que les deux conceptions coexistent dans la plupart des cultures, pour décrire ce qui d’une part relève du cyclique-prévisible (journée/nuit, lunaisons, succession des saisons…), d’autre part du linéaire-singulier (croissance et vieillissement, différences entre années successives).
    Je trouve également assez alambiqués les liens qu’il fait entre angoisse existentielle, “connexion au divin” et offrande des surplus aux Dieux (ou au clergé).

    Il me semble que le sentiment de rareté dépend surtout de la largeur du champ des possibles sur lesquels on envisage de baser notre subsistance. Plus cette subsistance se base sur un petit nombre de choses, plus on percevra la rareté, lorsque l’une ou l’autre de ces choses viendra à nous faire défaut à un moment donné. En revanche, en basant notre subsistance sur une diversité suffisante, la raréfaction d’un élément à un moment donné pourra plus facilement être compensée par les autres.
    Pour prendre deux cas extrêmes, si sur un terrain donné on fait de la monoculture d’avoine on aura un certain risque d’être en situation de famine (en cas de mauvaise récolte) ou d’avoir de gros surplus sur les bras (en cas de bonne récolte). À l’inverse, si on fait sur la même surface de l’agroforesterie basée sur châtaigneraie, associée à de la biointensive, de l’élevage de volailles en parcours extensif, et de l’aquaculture, la production de l’ensemble sera relativement plus constante en quantité, car les fluctuations des rendements des divers éléments tendront à se compenser entre elles ; il faudrait vraiment avoir la poisse pour que tout foire ensemble, de même il serait peu probable qu’une saison soit exceptionnelle pour tous les éléments. Par ailleurs la diversité elle-même est un facteur de stabilité, stabilité qui atténuera les fluctuations en question (c’est une des propritétés émergentes des écosystèmes).
    En ce sens, le sentiment de rareté et la nécessité de stocker des surplus sont a priori plutôt liés aux systèmes agricoles qu’aux systèmes horticoles, les premiers étant de par leur diversité réduite plus sujets à des “anomalies quantitatives” de production.
    L’agriculture amène, toujours, à une concentration du pouvoir par l’élite. C’est le résultat inévitable de l’existence de gros surplus stockables, qui est au coeur de l’agriculture, et nous pourrions avoir besoin de créer une culture où le surplus, ainsi que la peur et la cupidité qui le rendent desirable, ne sont plus les résultats structurels de nos pratiques culturelles , nous dit Hemenway.

    S’agissant de réduire l’influence de la peur et la cupidité sur les échanges humains, il fait une référence intéressante à des observations de Marcel Mauss http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Mauss sur les pratiques de dons dans différentes sociétés, où les liens personnels créés par les dons sont bien plus importants que les objets donnés en eux-mêmes. Dans certains cas se sont même développées des méthodes empêchant de pouvoir calculer qui avait donné combien à qui, précisément pour éviter qu’une comptabilité trop précise restreigne le flux des dons. Comme dans le cas des spirales de dons.
    Ces spirales de dons sont courantes dans des communautés de petite taille dont les membres produisent des choses d’utilité immédiate (aliments, matériel, services basiques) et où l’entraide et la confiance sont suffisamment intégrées pour ne pas avoir à formaliser les termes des échanges http://www.onpeutlefaire.com/forum/viewtopic.php?p=46375.
    Il en est tout autrement dans la vie hors-sol, où nos activités sont hyperspécialiées et produisent rarement des choses d’utilité immédiate, et où les liens humains sont bien plus distants et rigides. Nous allons alignés, dans ce défilé qui a encore peur de la fraternité, vers les bureaux, entrepôts, pavillons, secrétariats, classes, magasins et autres espaces clôturés, pour, par notre haleine, et par notre sueur, et par nos gestes, et par nos regards, et par notre bassesse, et par notre tendresse aussi parfois, et par autant d’ignorance que d’inquiétude constamment, d’abominable et fatigante inertie commune, mutiler nos mouvements, en rendant plus licite la prostitution que l’amour, les conventions que le courage, les lois que le droit. (Lisabö, Egun bat nonahi, 2002)
    La rigidité des liens humains dans un cadre de vie hors-sol contribue d’ailleurs à accentuer le sentiment de dépossession. Car comme disait Von Foerster http://en.wikipedia.org/wiki/Heinz_Von_Foerster, plus les relations interindividuelles sont rigides, plus le comportement de la totalité apparaîtra aux éléments individuels qui la composent comme doté d’une dynamique propre qui échappe à leur maîtrise.
    Bref le développement de la permaculture doit aller de pair avec une informalité dans la circulation des surplus, cette informalité ne pouvant exister que dans des échanges à échelle humaine.

    Je m’arrête ici (pour l’instant) en revisitant un peu les trois principes en question :
    1. Prendre soin de notre milieu et de sa diversité
    2. Prendre soin des gens, en commençant par soi-même
    3. Créer des liens par lesquels les surplus peuvent circuler

    (#autopromo)

    • Cette troisième éthique a toujours été un mystère pour moi. Déjà elle a été tronquée pour être plus politiquement correcte (ou alors Holmgren a changé d’avis), car elle contenait la réduction (de l’augmentation ?) de la population et de la consommation, et la redistribution des surplus. Du coup je me dis que c’est peut être le garde fou, une sorte d’auto-régulation/feedback négatif pour ne pas que notre espèce grignote la planète même à coup de système en #permaculture ?

    • Pour ma part plus j’y pense et plus je me dis qu’il y a des ponts à faire entre :

      – la permaculture en tant qu’outil d’aménagement du territoire, de production alimentaire et énergétique,

      – le concept d’ #écoumène , qui aide à ajouter une dimension plus humaine et symbolique ("recosmiser" comme dirait Augustin Berque, « réenchanter » comme disent certains décroissants) à notre rapport à l’environnement http://seenthis.net/messages/134989 http://seenthis.net/messages/166201

      – la participation directe aux #communs , désencastrée de l’état http://seenthis.net/messages/168483 et des outils hétéronomes

      – un savoir-vivre comprenant l’entraide et le respect de la parole donnée. Dans ma région par exemple une forme d’entraide est appelée auzolana (littéralement le « travail de voisinage »), présente surtout dans le milieu paysan ancien, et consistant en des chantiers collectifs (typiquement la fauche des prairies, qui ne se fait pas à la même date sur tous les terrains) où participent un groupe de personnes chez chacun-e des participant-e-s successivement, sans ergoter sur la stricte équivalence entre l’effort dépensé chez les autres et l’effort dépensé par les autres chez soi (non mesurable de toute façon). Ce qui rejoint le fonctionnement des spirales de dons décrites par Mauss, et qui va de pair avec un esprit de courtoisie et d’honnêteté, dans lequel les liens ont au moins autant d’importance que les échanges en eux-mêmes. Cela sert par ailleurs de mécanisme limitant dans ces spirales l’impact des comportements grugeurs ou mesquins.

      Je pense qu’on aurait besoin de tout ça pour reconstituer des ruralités solides http://seenthis.net/messages/173394, qui pourraient d’ailleurs inclure les villes, dans la mesure où des quartiers urbains (matériellement parlant) peuvent fonctionner selon ces modes-là.
      Le mouvement des #villes_en_transition, pourtant inspiré de la permaculture, n’explicite pas assez à mon sens ces points-là, même s’ils y sont en partie appliqués.

      @nicolasm oui j’ai vu quelques fois ce troisième principe mentionné sous la forme d’auto-limitation. Je pense que si Holmgren a pu l’enlever c’est aussi pour des raisons basiques : à partir du moment où on base notre subsistance sur les milieux qu’on permacultive, et où on planifie de façon assez poussée, on s’adapte aux fluctuations de leurs ressources.

    • Moi je trouve que le modèle de la ferme familiale est assez nuisible, même si on a l’aide du voisinage. On a quand même peu de possibilité d’avoir d’autres activités, que ce soit au quotidien, ou si on veut partir quelques jours/semaines voir des amis dans une autre région/un autre pays.

      Pourtant, dans le milieu « paysan » (ce mot ne veut plus vraiment dire la même chose que ce qu’il disait jusqu’aux années 50/60, mais soit), c’est encore le modèle majoritaire, j’ai l’impression. Il y a pourtant des possibilités entre les extrêmes de la petite ferme familiale et de la grande propriété industrielle (souvent familiale aussi d’ailleurs, mais avec des salariés).

      Sans l’avoir pratiqué, donc ma réflexion est plutôt théorique, je trouve qu’un modèle coopératif serait plus sain. Qu’un terrain, des champs, du maraîchage, appartiennent à un groupe de personnes, et non a une famille. Et que si l’un des salariés/associés s’absente deux semaines avec sa famille, ça continue à tourner, parce que d’autres sont toujours là.

      Ce n’est pas une question de vacances, au sens libéral du terme, avec une distinction travail/loisir. C’est une question de ne pas s’enfermer dans une activité unique. Et c’est utile
      – à la fois pour l’individu, qui ne devrait pas ne jamais pouvoir s’arrêter sinon le terrain/l’activité périclite ;
      – et pour le groupe, qui ne devrait pas être dépendant d’une seule personne (ou de trop peu de personnes).

      Il ne s’agit pas non plus que tout le monde sache tout faire (cultiver, construire une maison, concevoir de la plomberie, etc), c’est impossible. Mais que pour une même activité sur une même unité de lieu (au niveau agricole, notamment), il y ait un nombre de personnes suffisant pour que ça tourne même lorsqu’un individu s’en va. Être dépendant les uns des autres, mais jusqu’à un certain point.

    • @nicolasm Dans le modèle que je connais c’est des fermes en polyculture et élevage, avec des basses cours et potagers, mais les chantiers collectifs se retrouv(ai)ent plus fréquemment pour les cultures céréalières et le foin, où il y a du gros boulot à faire sur peu de jours, et où le « coup de bourre » ne tombe pas chez tout le monde en même temps, du fait de la diversité des terrains.
      Cela dit je pense qu’il peut s’adapter à d’autres types de ferme.
      Surtout, je pense que ce qui manque, c’est des terrains communs (communaux) dont la responsabilité autant que la propriété sont collectives. http://seenthis.net/messages/102507 Ça a complètement disparu du paysage aujourd’hui. Cette disparition + la mécanisation du métier de paysan font que le peu de paysans qui restent vont plus facilement se replier sur leur ferme.
      Ça rejoint un peu ce que dit @rastapopoulos. Je pense pour ma part que propriété privée (ou familiale) et propriété collective sont d’égale importance. Aujourd’hui on n’a plus que la première. Des initiatives comme http://www.lurzaindia.eu/index.php/fr/qu-est-ce-que-lurzaindia prennent un petit peu le chemin de la deuxième, même si ça n’est pas encore dans la participation physique aux cultures et à l’élevage.
      Eviter les problèmes de dépendance à une seule personne et d’indispensabilité comme tu dis @rastapopoulos c’est entièrement dans l’esprit de la permaculture, où aucune fonction n’est assurée que par un seul élément, et où aucun élément n’assure qu’une seule fonction. Après je pense qu’on peut avoir la possibilité de compter sur les autres sans pour autant que ça implique que toutes les propriétés soient collectives.

  • L’Américain moyen consacre plus de mille six cents heures par an à sa voiture. Il y est assis, qu’elle soit en marche ou à l’arrêt ; il la gare ou cherche à le faire ; il travaille pour payer le premier versement comptant ou les traites mensuelles, l’essence, les péages, l’assurance, les impôts et les contraventions. De ses seize heures de veille chaque jour, il en donne quatre à sa voiture, qu’il l’utilise ou qu’il gagne les moyens de le faire. Ce chiffre ne comprend même pas le temps absorbé par des activités secondaires imposées par la circulation : le temps passé à l’hôpital, au tribunal ou au garage, le temps passé à étudier la publicité automobile ou à recueillir des conseils pour acheter la prochaine fois une meilleure bagnole. Presque partout on constate que le coût total des accidents de la route et celui des universités sont du même ordre et qu’ils croissent avec le produit social. Mais, plus révélatrice encore, est l’exigence de temps qui s’y ajoute. S’il exerce une activité professionnelle, l’Américain moyen dépense mille six cents heures chaque année pour parcourir dix mille kilomètres ; cela représente à peine 6 kilomètres à l’heure. Dans un pays dépourvu d’industrie de la circulation, les gens atteignent la même vitesse, mais ils vont où ils veulent à pied, en y consacrant non plus 28 %, mais seulement 3 à 8 % du budget-temps social. Sur ce point, la différence entre les pays riches et les pays pauvres ne tient pas à ce que la majorité franchit plus de kilomètres en une heure de son existence, mais à ce que plus d’heures sont dévolues à consommer de fortes doses d’énergie conditionnées et inégalement réparties par l’industrie de la circulation.

    Ivan Illich, « Energie et Equité », 1973

    • Dans un autre ordre d’idée mais lié à la voiture quand même, je me souviens d’une intervention de Baptiste Mylando au cours d’un colloque sur le temps de travail. Il avait calculé le temps de travail nécessaire à un ouvrier moyen pour s’acheter une voiture et les frais annexes et concluait qu’il préférait se lever moins tôt mais circuler à vélo.

    • @odilon l’ingénieur Dmitry Orlov s’était également penché sur la question

      Il est possible d’ériger une montagne virtuelle d’arguments rationnels, logiques et quantifiables contre les voitures et en faveur des bicyclettes. Un mode d’analyse des plus amusants implique de calculer leur vitesse moyenne effective relative2. D’abord, calculer le coût total de possession d’une voiture, incluant le prix d’acquisition, les coûts financiers, les coûts de maintenance, l’immatriculation, les péages, les amendes, et ainsi de suite. Maintenant, incluez tous les coûts externes : la construction et la maintenance des routes, les dommages à la santé causés par la pollution de l’air et de l’eau, la perte de productivité due aux morts et aux mutilations dans les accidents automobiles, les coûts légaux associés, et, bien sûr, les budgets militaires nécessaires pour équiper les forces armées pour se battre et défendre le pétrole.

      Maintenant, prenez le revenu moyen et les heures travaillées d’un conducteur, et trouvez combien d’heures de travail il faut pour couvrir tous ces coûts. Ajoutez à cela le temps effectivement passé à conduire. Maintenant prenez le nombre de kilomètres parcourus par le véhicule, et divisez-le par le nombre total d’heures passées à la fois à conduire et à gagner assez d’argent pour payer les voitures. Plutôt que de vous donner les réponses, je vous encourage à faire vos propres devoirs, mais je peux vous dire que le résultat final de cet exercice est toujours le même : la bicyclette est plus rapide que la voiture, et, selon les hypothèses, conduire est plus lent que marcher.

      http://www.les-crises.fr/le-despotisme-de-l-image

    • @odilon :

      Il avait calculé le temps de travail nécessaire à un ouvrier moyen pour s’acheter une voiture et les frais annexes et concluait qu’il préférait se lever moins tôt mais circuler à vélo.

      Ce serait pas « se lever plus tôt » non ? Ou alors il sous-entend qu’il faut travailler moins quitte à ne pas avoir de voiture ? Moi je veux bien mais quand on demande un temps partiel à un employeur on l’obtient rarement.

    • @alexcorp ce qu’il voulait dire c’est qu’il préférait travailler moins et se passer de voiture. Par rapport au temps de trajet, il y a beaucoup d’employés qui gagneraient du temps en prenant un vélo au lieu de rester coincés dans les embouteillages pendant les heures de pointe. Ensuite, oui, c’est un problème d’organisation du travail pour que les employés bosser à temps partiel.

    • @aude_v :

      mais comme tu ne bosses plus que 2/3 du temps (500 euros par mois en moyenne, une caisse) ou moins, tu libères du temps pour faire la grasse mat tous les jours.

      N’exagérons rien, j’ai une vieille voiture qui me coûte grand max 150 à 200€ par mois en comptant essence et réparations sur l’année.

      Par rapport au temps de trajet, mon dernier taf c’était 5 min en voiture, 20 min en vélo (avec grosse suée car la moitié de la route en pente) et à peu près idem en bus. Autant dire qu’il fallait quand même beaucoup de convictions pour le faire en vélo... C’est vrai que pour les grosses villes ça vaut souvent le coup le vélo, mais ailleurs c’est déjà plus délicat.

    • @aude_v merci !
      C’est un sujet auquel je ne m’intéresse que depuis peu et ces angles morts que tu cites sont vraiment à prendre en compte. Notamment la question étatiste.
      Sur la démocratie par liens locaux et spirales de dons je te suis tout à fait.
      Et je me note la réf du bouquin, merci aussi :-)

    • Une voiture, c’est 500 euros par mois en moyenne. Je trouve le chiffre effarant, c’est pas moi qui l’ai inventé !

      Si on achète une voiture neuve à 15000€, je veux bien te croire. Il est clair que beaucoup de gens mettent un fric monstre dans leur caisse. Mais si vraiment ma voiture me coûtait ce prix chaque mois, je ne pourrais plus que payer mon loyer sur le restant de mes pauvres 900€ mensuels et ensuite faire la manche pour bouffer. Je précise bien que je suis loin d’être pro bagnole à tout crin, j’ai vécu sans un bout de temps et ça se reproduira certainement mais en attendant, dans ma province un peu campagnarde, avoir une bagnole est aussi un sérieux atout pour trouver du boulot, voire pour y aller tout simplement.

    • @aude_v

      Ça passe par le rapport au territoire (« appréhendable », sensible, tiens c’est le sujet du prochain dossier) et par un redéploiement de la notion de responsabilité devant autrui.

      Oui je te suis à 100% là-dessus, ça me semble un truc tout à fait central. Il y a d’ailleurs eu une conf qui en causait un peu à Alternatiba.

      Il n’y a pas que Michéa qui en cause, je retrouve aussi cette idée chez Augustin Berque (son concept d’écoumène et ce qui tourne autour), et ça me semble aussi sous-jacent chez des mouvements comme reclaim the fields et tout ce qui tourne autour de la souveraineté alimentaire.
      Et sur la notion de responsabilité devant autrui, Simone Weil développe et intègre pas mal cette question (je trouve) à celle du rapport au milieu dans « L’Enracinement »

    • Il me semble avoir vu circuler des textes de Marcuse sur le regretté forum decroissance.info où était aussi @bug_in, mais j’avoue humblement qu’à l’époque ça m’avait semblé de prime abord un peu trop inaccessible.
      Comme on s’écarte un peu d’Illich (c’est de sa faute il nous emmène vers trop d’endroits à la fois) et comme ces éléments sur la théorie du don me rappellent quelques (vieilles) réflexions je poursuis ici : http://seenthis.net/messages/190256
      #logique_du_don

    • Merci pour toute ces incitations/reconnaissance (je suis sur-occupé ses derniers temps), bon, j’ai pas tout lu. Pour ce qui est de la théorie du don, je conseille la critique du don justement de Testart, parce que certain-e-s croient trop souvent a un aspect réciprocité obligatoire ou automatique, alors que... non.
      Par ailleurs, ça pose des problèmes aussi de pseudo-prostitution, par ex. dans un couple, une personne qui propose d’avoir des rapports intime qu’a condition que ceci-cela.
      Les propositions d’Illich sont tjs limité, comme nous l’avions critiqué a la rencontre de sortir de l’industrialisme entre autre, par un aspect que « culturel », qui dépasse le « sympa » gentil, mais n’a pas de moyen pratique d’application. C’est pour ça, entre autre, que j’ai rejoins des organisations politiques comme la CGA, parce que chercher des limites de seuil partout, et ne jamais pouvoir s’accorder clairement c’est un problème.
      Pour le livre d’Aurélien Berlan, je ne l’ai pas acheté et donc pas lu, parce que le peu que j’ai parcouru m’a semblé être une reprise de sa thèse ré-orienté grand public, mais sans trop de changement non plus, et du coup, c’était un peu trop indigeste pour mon petit cerveau.

    • @aude_v

      Je suis preneuse de retours.

      La discussion était bien, un peu trop survolante mais assumée comme telle, le projet est encore en construction. C’est pas si étatiste que ça dans ce qu’il en a présenté. En revanche les problèmes posés par l’organisation du travail actuelle ont été soulevés mais n’ont pas eu de réponse. Si tu auras l’occasion de le revoir sur Bordeaux et de lui en reparler il y aura peut-être réfléchi entre-temps.

  • Une #recension d’Aude sur le dernier livre de #Michéa, publiée hier.

    Vu que c’est globalement positif, si elle se fait repérer par les « antifas », elle va se faire gourmander sévère. :D

    Les Mystères de la #gauche - Mon blog sur l’#écologie #politique
    http://blog.ecologie-politique.eu/post/Les-Mysteres-de-la-gauche

    Les Mystères de la gauche fait l’archéologie de la gauche au XIXe siècle, la cherche sans succès dans les mouvements révolutionnaires (ni Marx ni les mouvements ouvriers ne s’en réclament) et la trouve chez les libéraux et les radicaux, prêts à écraser la révolution de Juillet ou le soulèvement de la Commune au nom de leurs valeurs. Celles qui sont toujours au goût du jour : liberté individuelle, « démocratie » représentative. La petite #bourgeoisie éclairée lutte avec autant d’âpreté contre l’absolutisme monarchique que contre les soulèvements ouvriers, contre la vieille aristocratie que contre les classes populaires.

    #libéralisme #Histoire #philosophie #Lumières #signifiant #Jean-Claude-Michéa

    • http://www.les-crises.fr/michea-la-gauche-sa-vie

      La plupart des « gens ordinaires » – dont l’ambition première est de vivre décemment d’une activité ayant un sens humain – sont encore massivement attachés à l’idée qu’« il y a des choses qui ne se font pas » (Orwell) et, en particulier, à l’idée que la générosité ou l’esprit d’entraide – ne serait-ce qu’à l’intérieur de la famille – sont des vertus humaines fondamentales. Plus attachés à cette idée, en tout cas, que les membres de l’élite dirigeante pour qui – chacun peut le constater quotidiennement – tous les moyens sont bons pour accumuler de la richesse (business is business), du pouvoir et de la « célébrité ». C’est pourquoi cet attachement des gens ordinaires à un certain nombre de valeurs morales minimales (il ne s’agit évidemment pas de rétablir un quelconque « ordre moral ») constitue, à mes yeux, un point de départ privilégié pour quiconque entend mobiliser l’ensemble des classes populaires (qu’elles votent à gauche, à droite ou préfèrent s’abstenir) contre un système dont l’amoralité de principe conduit précisément à détruire tout ce qui donne encore un sens à leur vie.

      Quant à l’exaspération spécifique du « petit peuple de droite » (je ne parle évidemment pas ici de cette droite d’affaire que symbolisent Jean-François Copé et Christine Lagarde) je reconnais bien volontiers qu’elle prend des formes ambigües quand – du fait de sa diabolisation rituelle par les belles âmes de la gauche bourgeoise – elle en vient à tourner sa colère légitime contre des cibles secondaires et inadéquates.

      Mais ceci nous rappelle seulement que l’indignation morale n’est que le point de départ de la critique politique. Le simple fait d’être un individu décent dans sa vie quotidienne ne protège évidemment pas contre les effets de l’aliénation, ni ne rend spontanément intelligible l’essence de la société capitaliste (d’autant que la désinformation médiatique – notamment dès qu’il s’agit d’économie ou de réforme « sociétale » – a atteint aujourd’hui un stade industriel). Mais pour aider ce petit peuple de droite à surmonter ses confusions idéologiques, il est d’abord nécessaire de comprendre les racines réelles de sa colère. Or ce n’est certainement pas la gauche de Christiane Taubira et de Pascal Lamy – celle qui a définitivement échangé le socialisme de Jean Jaurès contre l’affairisme de Pierre Bergé – qui pourra s’acquitter d’une telle tâche. Surtout si elle persiste à juger des problèmes qu’affrontent quotidiennement les classes populaires à travers le seul prisme de la vie parisienne ou de celle des beaux quartiers.

      Ce serait un progrès humain évident que de proposer un nouveau pacte d’union civile accordant à tous les individus, quels que soit leur orientation sexuelle, les mêmes droits protecteurs (notamment en matière de séparation ou de décès de l’un des conjoints) que ceux qui sont garantis par le mariage traditionnel. A partir du moment, en revanche, où l’une des fonctions anthropologiques de ce mariage traditionnel est d’organiser officiellement la filiation (et, à travers elle, un nouveau système de parenté entre deux familles à présent alliées) il était clair que la volonté politique de substituer au projet d’un véritable « pacte pour tous » celui – purement libéral – du « mariage pour tous », allait faire surgir aussitôt toute une série de problèmes connexes, comme la procréation assistée, la « location » de « mères porteuses » ou l’élargissement du marché de l’adoption.

      Et ce n’est qu’à partir de ces problèmes apparemment connexes qu’il est possible de comprendre qu’avec cette revendication libérale d’un « mariage pour tous » il s’agissait beaucoup moins – pour la gauche – de lutter contre l’« homophobie » que de déstabiliser un peu plus tout ce qui, dans l’organisation familiale existante, fait encore obstacle au déchaînement des rapports marchands (la famille est, en effet, l’une des dernières institutions où la logique du don prend encore le pas sur celle de l’échange économique).

      Avec, à la clé, la possibilité d’un monde encore plus inégalitaire – comme celui que décrit Andrew Niccol dans Bienvenue à Gattaca – dans lequel finiraient un jour par coexister – sur fond de marchandisation généralisée de l’existence – deux races distinctes d’enfants : les « enfants de la nature » et ceux (supposés génétiquement plus « parfaits ») de la science et des nouvelles technologies. Nous sommes, certes, encore très loin de ce rêve taubirien. Mais nous savons aussi, malheureusement, que la dynamique aveugle du marché ne possède aucun principe interne de limitation. Ce n’est que du dehors qu’elle pourra être remise à sa place.

      et cc @aude_v et aussi @bug_in qui connaît le bonhomme
      vous en pensez quoi ?

    • Pas de souci pour le retard @aude_v, tu n’as pas à t’excuser :-)
      J’apprécie pas mal Michéa aussi sur son analyse de la disparition de la #logique_du_don et idem j’ai pas mal tiqué sur ce texte-là, notamment sa vision ici un peu angélique de la famille, perçue comme le "dernier bastion" de la logique du don, comme si les relations familiales ne pouvaient pas contenir de nombreuses formes de violence, d’exploitation et de chantage, et comme si on ne pouvait pas en dehors de la famille développer des liens d’amitié, d’entraide mutualisée etc. Je l’ai trouvé assez naïf sur ce coup, ça m’a surpris. Même si ce n’est pas la première fois que je le vois combiner analyses fines et aveuglements (il me semble parfois insister volontairement sur certaines postures « vieux-jeu » comme pour appuyer son démarquage vis à vis de a gauche libérale, quitte à perdre ce faisant en recul critique), là ça m’a semblé gros.

      Si je vois dans certains ethos ruraux et modestes des pratiques bien plus décentes qu’ailleurs où on se flatte avec de grands mots ►http://blog.ecologie-politique.eu/post/Do-it-yourself, je ne la lis pas comme un éthique de droite, mais comme une éthique modeste et non-libérale-libertaire

      Oui, je vois les choses comme ça également.

      Pour moi c’est de ce manque de soin, de ces prétextes de merde, qu’il s’agit avec le libéralisme, serait-il libertaire.

      Même avis.

      Sur la question "sociétale" tes constats rejoignent ceux de @le_bougnoulosophe qui disait récemment https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428167503982780416 https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428169112481574912 https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428172840852918274 https://twitter.com/bougnoulosophe/status/428173215240691712

      Le PS s’est servi de combats minoritaires (antiracisme, féminisme...) de manière sociétale sans jamais les articuler avec la question sociale. Grâce au PS, ces combats minoritaires ont été discrédités, tandis que les conditions socio-économiques n’ont jamais été aussi mauvaises...
      Le « traitement sociétal », c’est le supplément d’âme, la danseuse, le gadget du néo-libéralisme de « gauche »... Comme « l’identité nationale » était le supplément d’âme du néo-libéralisme de droite...

    • Ben, je suis globalement d’accord hein, jvais pas dire le contraire.

      Je suis d’accord (ou plutôt « j’ai confiance en… » car je n’ai pas moi-même l’expertise pour être d’accord historiquement parlant) avec la plupart des diagnostiques de Michéa sur le libéralisme, et son histoire (philosophique et factuelle). Tout en étant très critique sur plusieurs points dont je pense
      – soit qu’il n’a pas creusé, qu’il a mal interprété, ou qu’il amalgame (le féminisme notamment, comme si tout était dans un même sac)
      – soit qu’il fait exprès pour choquer ou pour se mettre à l’écart, un peu comme le dit @koldobika

      Ça pourrait être bien de mettre en commun une liste de questions et/ou critiques formulées de manière bienveillantes. Et si un jour l’un de nous le rencontre (débat) ou a un moyen d’échanger avec lui (mail ou autre), on a cette liste sous la main.

    • @aude_v oui c’est vrai, c’est un aspect important de la famille aussi, comparé à ce que seraient des relations « stratégiques » ou se fait un réseau de potes en fonction de leur CV ou presque. Mais ça suppose que des liens et un sens du devoir et de la générosité subsistent au sein de la famille, et ça j’ai l’impression que ça se délite de plus en plus sérieusement. Dans certains endroits plus que dans d’autres peut-être mais je pense en tout cas que le #narcissisme a fait de gros dégâts dans la famille aussi.
      Et l’inclusivité peut aussi exister dans les liens amicaux. Je pense par exemple aux koadrila qu’on trouve ici en Pays Basque, c’est-à-dire la bande de potes qui se forme dans l’enfance et dure le plus souvent toute la vie, et qui apporte soutien et socialisation (et compagnie pour sortir boire des coups). (et en sortant boire des coups on fait caisse commune, on mégote pas sur qui paie quoi etc., ça relève aussi du don non comptable)

  • Pourquoi vouloir passer le #bac en #basque ?
    C’est une question de #logique. Nous faisons toute notre scolarité en basque. Nous estimons donc que l’examen le plus important de celle-ci, qui sanctionne tout le cycle secondaire, doit se dérouler dans la #langue dans laquelle nous avons étudié. On nous autorise à avoir une scolarité en basque et à la fin, ce droit est remis en cause. D’autre part, cela fait fuir certains de la filière en immersion. Pour beaucoup, il y a la peur qu’apprendre en basque soit un obstacle pour passer le bac. C’est une des raisons majeures pour lesquelles de nombreux jeunes quittent la filière en immersion au moment d’entrer dans le cycle secondaire ou au lycée. Cela constitue globalement un frein important au développement des études en basque. Pouvoir passer le bac en basque constituerait donc un pas dans la reconnaissance et la normalisation de la langue basque. Une langue dont nous savons que sa situation n’est pas bonne.

    #euskara, #lycée
    http://www.lejpb.com/paperezkoa/20130615/408188/fr/-Passer-le-bac-basque-est-une-question-logique-

  • Les Raisonnements fallacieux (6) | Astérion
    http://www.asterion.be/2008/06/les-raisonnements-fallacieux-6

    F. DIGRESSIONS (RED HERRING)
    où l’on s’égare sur les petits chemins de traverse…

    Une digres­sion est un argu­ment détour­nant la dis­cus­sion du point ori­ginal. Ici encore, cette classe est com­bi­nable avec d’autres, notam­ment avec les trom­pe­ries ad hominem ou les argu­ments d’autorité.

    F1. La Charge de la preuve (Burden of proof)

    F2. Ren­ver­se­ment de la charge de la preuve (Nega­tive proof fallacy)

    F3. Fausse objection

    F4. Argu­mentum ad lapidem

    Consi­dérer un argu­ment comme absurde sans aucun argu­ment logique.
    « C’est mon ami : il ne ferai jamais une chose pareille ! »

    F5. Hausser la barre (Moving the goal post)

    F6. Sno­bisme chro­no­lo­gique (Chro­no­lo­gical snobbery)

    F7. La fausse piste
    Intro­duire un élément tota­le­ment étranger à la discussion.
    « Peu avant l’accident, j’ai remarqué que le vent se levait. »

    F8. Asteraz fallacy

    => haha, cette Asteraz fallacy semble bien être l’invention d’un contributeur rigolo de #wikipedia, recopiée par ailleurs (et effacée depuis sur WP)
    http://en.wikipedia.org/wiki/Talk:List_of_fallacies/Archive_1#Asteraz_fallacy

    Argumentation - Wikipédia
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Argumentation

    L’« ignorance de la réfutation » ou « ignoratio elenchi » Sophisme caractérisé qui permet d’esquiver les questions de fond par une tactique de diversion.
    ex : Défendre un ministre accusé de malversations en prétextant son professionnalisme politique.

    #logique #rhétorique

  • Iran Suggests U.S. and Israel Are Behind Computer Attacks - NYTimes.com
    http://www.nytimes.com/2012/12/26/world/middleeast/iran-says-hackers-targeted-power-plant-and-culture-ministry.html?hp&_r=1&

    The latest Iranian sabotage reports raised the possibility that the attacks had been carried out in retaliation for others that crippled computers in the Saudi Arabian oil industry and some financial institutions in the United States a few months ago. American intelligence officials have said they believe that Iranian specialists in cybersabotage were responsible for those attacks, which erased thousands of Saudi files and temporarily prevented some American banking customers from gaining access to their accounts.

    Defense Secretary Leon E. Panetta cited those attacks in an Oct. 11 speech in which he warned of America’s vulnerability to a coordinated computer warfare attack, calling such a possibility a “cyber-Pearl Harbor.”

    peut-être la #cyberguerre ne fait-elle que des « cybermorts », mais la #logique_de_guerre reste identique… #cyberwar #stuxnet #iran #etats-unis via @alaingresh