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    Generalplan Ost - Planungshorizont Krim - Zielrichtung Ukraine - Vordenker der Vernichtung - Prof. Dr. Götz Aly über die Planer einer neuen Europäischen Ordnung (1941 - 1943) im Gespräch mit Alexander Kluge. | 16.06.2017 - 45 Min.

    https://www.youtube.com/watch?v=0ZbeI1xzs48

    #Überbevölkerung #Volk_ohne_Raum #Rassismus #Osteuropa #Rassengesetze #Ostkrieg #Armut #Umsiedlungsprojekte #Aussiedlung #Rationalisierung #Modernisierung

  • L’oublieuse mémoire coloniale italienne

    Commencée avant le fascisme, galvanisée par Mussolini, la colonisation par l’Italie de la Libye, de la Somalie et de l’Ethiopie fut marquée par de nombreuses atrocités,loin du mythe d’une occupation douce. Longtemps refoulés, ces souvenirs commencent à ressurgir

    Tout commence dans le centre de Rome, sur l’Esquilin, la plus haute des sept collines antiques. Plus précisément dans la cage d’escalier d’un immeuble sans ascenseur, situé à deux pas de la piazza Vittorio. Dans ce quartier à deux pas de la gare Termini, les prix de l’immobilier sont beaucoup plus modestes que dans le reste du centre, si bien que l’Esquilin est devenu, depuis une vingtaine d’années, un lieu de concentration de l’immigration africaine et asiatique, ce qui n’est pas sans provoquer des tensions le squat, occupé depuis 2003 par les militants néofascistes de CasaPound, est juste à côté.

    C’est donc là, en rentrant chez elle, épuisée, dans la touffeur d’une après-midi de fin d’été 2010, qu’Ilaria Profeti se retrouve nez à nez avec un jeune homme arrivé d’Ethiopie par la route des migrants. Dans un italien presque sans accent, celui-ci lui assure, documents à l’appui, qu’il est le petit-fils de son père, Attilio, un homme de 95 ans qui est resté, sa longue vie durant, plus que discret sur ses jeunes années de « chemise noire » fasciste, en Abyssinie.

    Levons toute ambiguïté : la scène qui vient d’être décrite est tout à fait vraisemblable, mais elle est issue d’une oeuvre de fiction. Il s’agit en réalité des premières pages d’un roman, le superbe Tous, sauf moi (Sangue giusto), de Francesca Melandri (Gallimard, 2019), qui dépeint avec une infinie subtilité les angles morts de la mémoire coloniale italienne. Le fil conducteur de la narration est le parcours sinueux d’un vieil homme dont le destin finalement assez ordinaire a valeur d’archétype.

    Issu d’un milieu plutôt modeste, Attilio Profeti a su construire à sa famille une position plutôt enviable, en traversant le mieux possible les différents mouvements du XXe siècle. Fasciste durant sa jeunesse, comme l’immense majorité des Italiens de son âge, il est parti pour l’Ethiopie, au nom de la grandeur impériale. Après la chute de Mussolini et la fin de la guerre, il parviendra aisément à se faire une place au soleil dans l’Italie du miracle économique, jouant de son physique avantageux et de ses amitiés haut placées, et enfouissant au plus profond de sa mémoire le moindre souvenir de ses années africaines, les viols, les massacres, les attaques chimiques. C’est ce passé, refoulé avec une certaine désinvolture, qui revient hanter ses enfants, trois quarts de siècle plus tard, sous les traits d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, arrivé à Rome après une interminable traversée.

    Comme l’héroïne de Tous, sauf moi, Francesca Melandri vit sur l’Esquilin, au dernier étage d’un immeuble à la population mélangée. Et à l’image d’Ilaria, c’est sur le tard qu’elle a découvert ce pan escamoté de l’histoire italienne. « Quand j’étais à l’école, on ne parlait pas du tout de ce sujet-là, confie-t-elle depuis sa terrasse dominant les toits de la ville. Aujourd’hui ça a changé, il y a eu une prise de conscience, et de nombreux travaux universitaires. Pourtant cette histoire n’est jamais rappelée par les médias. Lorsqu’on parle du dernier attentat à la bombe à Mogadiscio, qui se souvient des liens entre Italie et Somalie ? Quand des bateaux remplis de migrants érythréens sont secourus ou coulent avant d’être sauvés, qui rappelle que l’Erythrée, nous l’appelions "l’aînée des colonies" ? »

    Le plus étrange est qu’à Rome, les traces du passé colonial sont légion, sans que personne n’ait jamais pensé à les effacer. Des stèles près desquelles personne ne s’arrête, des bâtiments anonymes, des noms de rue... rien de tout cela n’est explicité, mais tout est à portée de main.

    Comprendre les raisons de cette occultation impose de revenir sur les conditions dans lesquelles l’ « Empire » italien s’est formé. Création récente et n’ayant achevé son unité qu’en 1870, alors que la plus grande partie du monde était déjà partagée en zones d’influence, le royaume d’Italie s’est lancé avec du retard dans la « course » coloniale. De plus, il ne disposait pas, comme l’Allemagne qui s’engage dans le mouvement à la même époque, d’une puissance industrielle et militaire susceptible d’appuyer ses prétentions.

    Visées impérialistes

    Malgré ces obstacles, l’entreprise coloniale est considérée par de nombreux responsables politiques comme une nécessité absolue, à même d’assurer une fois pour toutes à l’Italie un statut de grande puissance, tout en achevant le processus d’unification du pays nombre des principaux avocats de la colonisation viennent de la partie méridionale du pays. Les visées impérialistes se dirigent vers deux espaces différents, où la carte n’est pas encore tout à fait figée : la Méditerranée, qui faisait figure de champ naturel d’épanouissement de l’italianité, et la Corne de l’Afrique, plus lointaine et plus exotique.

    En Afrique du Nord, elle se heurta vite à l’influence française, déjà solidement établie en Algérie. Ses prétentions sur la Tunisie, fondées sur la proximité de la Sicile et la présence sur place d’une importante communauté italienne, n’empêcheront pas l’établissement d’un protectorat français, en 1881. Placé devant le fait accompli, le jeune royaume d’Italie considérera l’initiative française comme un véritable acte de guerre, et la décennie suivante sera marquée par une profonde hostilité entre Paris et Rome, qui poussera le royaume d’Italie à s’allier avec les grands empires centraux d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie plutôt qu’avec sa « soeur latine .

    Sur les bords de la mer Rouge, en revanche, la concurrence est plus faible. La première tête de pont remonte à 1869, avec l’acquisition de la baie d’Assab (dans l’actuelle Erythrée) par un armateur privé, pour le compte de la couronne d’Italie. Cette présence s’accentue au cours des années 1880, à mesure du recul de l’influence égyptienne dans la zone. En 1889, est fondée la colonie d’Erythrée, tandis que se structure au même moment la Somalie italienne. Mais l’objectif ultime des Italiens est la conquête du my thique royaume d’Abyssinie, qui s’avère plus difficile que prévu.

    En 1887, à Dogali, plusieurs centaines de soldats italiens meurent dans une embuscade menée par un chef abyssin, le ras Alula Engida. Cette défaite marque les esprits, mais ce n’est rien à côté de la déconfiture des forces italiennes lors de la bataille d’Adoua, le 1er mars 1896, qui porte un coup d’arrêt durable aux tentatives italiennes de conquête.

    Seul pays africain indépendant (avec le Liberia), l’Ethiopie peut désormais se targuer de devoir sa liberté à une victoire militaire. Le négus Menelik II y gagne un prestige considérable. Côté italien, en revanche, cette défaite est un électrochoc. Ressentie comme une honte nationale, la déroute des troupes italiennes entraîne la chute du gouvernement Crispi et freine durablement l’im périalisme italien.

    Adoua est un tournant. L’historien et ancien sénateur de gauche Miguel Gotor est l’auteur d’une remarquable synthèse sur le XXe siècle italien, L’Italia nel Novecento. Dalla sconfitta di Adua alla vittoria di Amazon (« L’Italie du XIXe siècle. De la défaite d’Adoua à la victoire d’Amazon » Einaudi, 2019, non traduit). Pour lui, c’est là-bas, sur les hauteurs de la région du Tigré, par cette humiliation retentissante, que le XXe siècle italien a commencé.

    L’aventure coloniale italienne s’est ouverte de façon peu concluante, mais l’aspiration à l’empire n’a pas disparu. La décomposition de l’Empire ottoman offrira à Rome une occasion en or, en lui permettant, en 1911-1912, de s’implanter solidement en Cyrénaïque et en Tripolitaine. « Souvent la conquête de ce qui allait devenir la Libye est évacuée un peu vite, mais c’est un moment très important. Pour l’armée italienne, c’est une répétition, un peu comme a pu l’être la guerre d’Espagne, juste avant la seconde guerre mondiale », souligne Miguel Gotor. Ainsi, le 1er novembre 1911, un aviateur italien lâche quatre grenades sur des soldats ottomans, réalisant ainsi le premier bombardement aérien de l’histoire mondiale.

    « La conquête des côtes d’Afrique du Nord est importante, certes, mais la Libye est juste en face de la Sicile, au fond c’est du "colonialisme frontalier". La colonie au sens le plus "pur", celle qui symboliserait le mieux l’idée d’empire, ça reste l’Abyssinie », souligne Miguel Gotor. Aussi les milieux nationalistes italiens, frustrés de ne pas avoir obtenu l’ensemble de leurs revendications territoriales au sortir de la première guerre mondiale, continueront à nourrir le rêve de venger l’humiliation d’Adoua.

    Le fascisme naissant ne se privera pas d’y faire référence, et d’entretenir le souvenir : les responsables locaux du parti se feront appeler « ras », comme les chefs éthiopiens. A partir de la fin des années 1920, une fois le pouvoir de Mussolini solidement établi, les prétentions coloniales deviendront un leitmotiv des discours officiels.

    Aussi la guerre de conquête déclenchée contre l’Ethiopie en 1935 est-elle massi vement soutenue. L’effort est considérable : plus de 500 000 hommes sont mobilisés. Face à un tel adversaire, le négus Haïlé Sélassié ne peut résister frontalement. Le 5 mai 1936, les soldats italiens entrent dans la capitale, Addis-Abeba, et hissent le drapeau tricolore. Quatre jours plus tard, à la nuit tombée, depuis le balcon du Palazzo Venezia, en plein coeur de Rome, Mussolini proclame « la réapparition de l’Empire sur les collines fatales de Rome » devant une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes.

    « C’est bien simple, à ce moment-là, en Italie, il est à peu près impossible d’être anti fasciste », résume Miguel Gotor. Dans la foulée de ce succès, le roi Victor-Emmanuel III est proclamé empereur d’Ethiopie ; Benito Mussolini peut désormais se targuer d’avoir bâti un empire. La faillite d’Adoua avait été causée par un régime parle mentaire inefficace et désorganisé ? La victoire de 1936 est due, elle, aux vertus d’une Italie rajeunie et revigorée par le fascisme. La machine de propagande tourne à plein régime, l’assentiment populaire est à son sommet. « Ce moment-là est une sorte d’apogée, et à partir de là, la situation du pays se dégrade, analyse Miguel Gotor. Ar rivent les lois raciales, l’entrée en guerre... tout est réuni pour nourrir une certaine nostalgie de l’épopée éthiopienne. »

    Mécanisme de refoulement

    Le rêve impérial sera bref : il ne survivra pas à la défaite militaire et à la chute du fascisme. L’Ethiopie est perdue en 1941, la Libye quelques mois plus tard... Le traité de Paris, conclu en 1947, met officiellement un terme à une colonisation qui, dans les faits, avait déjà cessé d’exister depuis plusieurs années. Tandis que l’Ethiopie indépendante récupère l’Erythrée, la Libye est placée sous la tutelle de la France et du Royaume-Uni. Rome gardera seulement une vague tutelle sur la Somalie, de 1949 à 1960.

    Le projet d’empire colonial en Méditerranée et en Afrique, qui fut un des ciments de l’assentiment des Italiens à Mussolini, devient associé pour la plupart des Italiens au régime fasciste. L’un et l’autre feront l’objet du même mécanisme de refoulement dans l’Italie de l’après-guerre. Les dirigeants de l’Italie républicaine font rapidement le choix de tourner la page, et ce choix est l’objet d’un profond consensus qui couvre tout le spectre politique (le premier décret d’amnistie des condamnations de l’après-guerre remonte à 1946, et il porte le nom du dirigeant historique du Parti communiste italien Palmiro Togliatti). Les scènes de liesse de la Piazza Venezia ne seront plus évoquées, et avec elles les faces les plus sombres de l’aventure coloniale. Même la gauche transalpine, qui prendra fait et cause pour les mouvements anticoloniaux africains (notamment le FLN algérien) n’insistera jamais sur le versant italien de cette histoire.

    « Cela n’est pas étonnant, la mémoire est un phénomène sélectif, et on choisit toujours, consciemment ou non, ce qu’on va dire à ses enfants ou ses petits-enfants », remarque le jeune historien Olindo De Napoli (université de Naples-Frédéric-II), spécialiste de la période coloniale. « Durant l’immédiat après-guerre, ce sont les témoins qui parlent, ce sont eux qui publient », remarque l’his torien. Ainsi de la collection d’ouvrages L’Italia in Africa éditée sous l’égide du ministère des affaires étrangères, emblématique de la période. « Ces volumes sont passionnants, mais il y a certains oublis, qui vont vite poser des problèmes. »

    Parmi ces « oublis », la question la plus centrale, qui fera le plus couler d’encre, est celle des massacres de civils et de l’usage de gaz de combat, malgré leur interdiction par les conventions de Genève, lors de la guerre d’Ethiopie. Dans les années 1960, les études pionnières d’Angelo Del Boca et Giorgio Rochat mettront en lumière, documents officiels à la clé, ce pan occulté de la guerre de 1935-1936. Ils se heurteront à l’hostilité générale des milieux conservateurs.

    Un homme prendra la tête du mouvement de contestation des travaux de Del Bocaet Rochat : c’est Indro Montanelli (1909-2001), considéré dans les années 1960 comme le journaliste le plus important de sa géné ration. Plume du Corriere della Sera (qu’il quittera pour fonder Il Giornale en 1974), écrivain d’essais historiques à l’immense succès, Montanelli était une figure tutélaire pour toute la droite libérale.

    Comme tant d’autres, il avait été un fasciste convaincu, qui s’était porté volontaire pour l’Ethiopie, et il n’a pris ses distances avec Mussolini qu’en 1943, alors que la défaite était apparue comme certaine. Ra contant « sa » guerre à la tête d’une troupe de soldats indigènes, Montanelli la décrit comme « de longues et belles vacances », et qualifie à plusieurs reprises d’ « anti-Italiens » ceux qui font état de massacres de civils et d’usage de gaz de combat. La polémique durera des années, et le journaliste sera bien obligé d’admettre, à la fin de sa vie, que les atrocités décrites par Rochat et Del Bocaavaient bien eu lieu, et avaient même été expressément ordonnées par le Duce.

    A sa manière, Montanelli incarne parfaitement la rhétorique du « bon Italien » (« Italia brava gente »), qui sera, pour toute une génération, une façon de disculper l’homme de la rue de toute forme de culpabilité collective face au fascisme. Selon ce schéma, contrairement à son allié allemand, le soldat italien ne perd pas son humanité en endossant l’uniforme, et il est incapable d’actes de barbarie. Ce discours atténuant la dureté du régime s’étend jusqu’à la personne de Mussolini, dépeint sous les traits d’un chef un peu rude mais bienveillant, dont le principal tort aura été de s’allier avec les nazis.

    Ce discours trouve dans l’aventure coloniale un terrain particulièrement favorable. « Au fond, on a laissé s’installer l’idée d’une sorte de colonisation débonnaire, analyse Olindo De Napoli, et ce genre de représentation laisse des traces. Pourtant la colonisation italienne a été extrêmement brutale, avant même le fascisme. En Ethiopie, l’armée italienne a utilisé des soldats libyens chargés des basses oeuvres, on a dressé des Africains contre d’autres Africains. Et il ne faut pas oublier non plus que les premières lois raciales, préfigurant celles qui seront appliquées en 1938 en Italie, ont été écrites pour l’Ethiopie... Il ne s’agit pas de faire en sorte que des enfants de 16 ans se sentent coupables de ce qu’ont fait leurs arrière-grands-pères, il est seulement question de vérité historique. »

    Désinvolture déconcertante

    Malgré les acquis de la recherche, pour le grand public, la colonisation italienne reste souvent vue comme une occupation « douce », par un peuple de jeunes travailleurs prolétaires, moins racistes que les Anglais, qui se mélangeaient volontiers avec les populations locales, jusqu’à fonder des familles. L’archétype du colon italien tombant amoureux de la belle Abyssine, entretenu par les mémoires familiales, a lui aussi mal vieilli. Là encore, le parcours d’Indro Montanelli est plus qu’éclairant. Car aujourd’hui, si sa défense de l’armée italienne apparaît comme parfaitement discréditée, ce n’est plus, le concernant, cet aspect de sa vie qui fait scandale.

    En effet, on peut facilement trouver, sur Internet, plusieurs extraits d’entretiens télévisés remontant aux années 1970 et 1980, dans lesquelles le journaliste raconte avec une désinvolture déconcertante comment, en Ethiopie, il a « acheté régulièrement » à son père, pour 350 lires, une jeune fille de 12 ans pour en faire sa femme à plusieurs reprises, il la qualifie même de « petit animal docile », devant un auditoire silencieux et appliqué.

    Célébré comme une gloire nationale de son vivant, Indro Montanelli a eu l’honneur, à sa mort et malgré ces déclarations sulfureuses, de se voir dédié à Milan un jardin public, au milieu duquel trône une statue de lui. Au printemps 2019, cette statue a été recouverte d’un vernis de couleur rose par un collectif féministe, pour rappeler cet épisode, et en juin 2020, la statue a de nouveau été recouverte de peinture rouge, en lointain écho au mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent ») venu des Etats-Unis.

    Indro Montanelli mérite-t-il une statue dans l’Italie de 2021 ? La question a agité les journaux italiens plusieurs jours, au début de l’été, avant que la polémique ne s’éteigne d’elle-même. Pour fondée qu’elle soit, la question semble presque dérisoire eu égard au nombre de témoignages du passé colonial, rarement explicités, qui subsistent un peu partout dans le pays.

    Cette situation n’est nulle part plus visible qu’à Rome, que Mussolini rêvait en capitale d’un empire africain. L’écrivaine italienne Igiaba Scego, née en 1974 de parents réfugiés somaliens, y a dédié un passionnant ouvrage, illustré par les photographies de Rino Bianchi (Roma negata, Ediesse, réédition 2020, non traduit).

    Passant par la stèle laissée à l’abandon de la piazza dei Cinquecento, face à la gare Termini, dont la plupart des Romains ignorent qu’elle a été baptisée ainsi en mémoire des 500 victimes italiennes de l’embuscade de Dogali, ou l’ancien cinéma Impero, aujourd’hui désaffecté, afin d’y évoquer l’architecture Art déco qui valut à la capitale érythréenne, Asmara, d’être classée au patrimoine de l’Unesco, la romancière fait une station prolongée devant le siège romain de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), construit pour abriter le siège du puissant ministère de l’Afrique italienne.

    Devant ce bâtiment tout entier dédié à l’entreprise coloniale, Benito Mussolini avait fait ériger en 1937 un obélisque haut de 24 mètres et vieux d’environ seize siècles, ramassé sur site d’Axoum, en Ethiopie. Il s’agissait, rappelle Igiaba Scego, de faire de ce lieu « le centre de la liturgie impériale .

    La république née sur les ruines du fascisme s’était engagée à restituer cette prise de guerre à la suite des traités de 1947, mais après d’innombrables vicissitudes, le monument est resté en place jusqu’en 2003, où le gouvernement Berlusconi choisit de le démonter en trois morceaux avant de le renvoyer à Axoum, à ses frais.

    En 2009, la mairie de Rome a fait installer sur la même place, à deux pas de cet espace vide, une stèle commémorative afin « de ne pas oublier le passé . Mais curieusement, celle-ci a été dédiée... à la mémoire des attentats du 11-Septembre. Comme s’il fallait enfouir le plus profondément possible ce souvenir du rêve impérial et de la défaite, la ville a choisi de faire de ce lieu le symbole d’une autre tragédie. « Pourquoi remuer ces his toires horribles ? Pensons plutôt aux tragédies des autres. Le 11-Septembre était parfait », note, sarcastique, Igiaba Scego.

    A une quinzaine de kilomètres de là, dans le décor grandiose et écrasant du Musée de la civilisation romaine, en plein centre de ce quartier de l’EUR où la mémoire du fascisme est omniprésente, l’ethno-anthropologue Gaia Delpino est confrontée à un autre chantier sensible, où s’entrechoquent les mémoires. Depuis 2017, elle travaille à fusionner en un même lieu les collections du vieux musée ethnologique de Rome (Musée Pigorini) et du sulfureux Musée colonial inauguré en 1923, dont les collections dormaient dans des caisses depuis un demi-siècle.

    D’une fascinante complexité

    Lorsqu’on lui parle de l’odyssée de l’obélisque d’Axoum, elle nous arrête tout de suite : « C’est bien simple : ce qui a été réalisé là-bas, c’est exactement l’inverse de ce qu’on veut faire. » Restituer ces collections dans leur contexte historique tout en articulant un message pour l’Italie d’aujourd’hui, permettre à toutes les narrations et à toutes les représentations de s’exprimer dans leur diversité... L’entreprise est d’une fascinante complexité.

    « Les collections du MuséePigorini ont vieilli bien sûr, comme tous ces musées ethnographiques du XIXe siècle qui véhiculaient l’idée d’une supériorité de la civilisation occidentale. Le Musée colonial, lui, pose d’autres problèmes, plus singuliers. Il n’a jamais été pensé comme autre chose qu’un moyen de propagande, montrant à la fois les ressources coloniales et tout ce qu’on pourrait en tirer. Les objets qui constituent les collections n’ont pas vu leur origine enregistrée, et on a mis l’accent sur la quantité plus que sur la qualité des pièces », expliqueGaia Delpino.

    Sur des centaines de mètres de rayonnages, on croise pêle-mêle des maquettes de navires, des chaussures, des outils et des objets liturgiques... L’accumulation donne le vertige. « Et ce n’est pas fini, nous recevons tous les jours des appels de personnes qui veulent offrir des objets ayant appartenu à leur père ou à leur grand-père, qu’ils veulent nous confier comme une réparation ou pour faire un peu de place », admet l’anthropologue dans un sourire.

    Alors que le travail des historiens peine à se diffuser dans le grand public, où les représentations caricaturales du système colonial, parfois instrumentalisées par la politique, n’ont pas disparu, le futur musée, dont la date d’ouverture reste incertaine pour cause de pandémie, risque d’être investi d’un rôle crucial, d’autant qu’il s’adressera en premier lieu à un public scolaire. « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que parallèlement à ce difficile travail de mémoire, la population change. Aujourd’hui, dans nos écoles, il y a aussi des descendants de victimes de la colonisation, italienne ou autre. Nous devons aussi penser à eux », précise Gaia Delpino.

    Retournons maintenant au centre de Rome. En 2022, à mi-chemin du Colisée et de la basilique Saint-Jean-de-Latran, une nouvelle station de métro doit ouvrir, dans le cadre du prolongement de la ligne C. Depuis le début du projet, il était prévu que celle-ci soit baptisée « Amba Aradam », du nom de la large artère qui en accueillera l’entrée, appelée ainsi en souvenir de la plus éclatante des victoires italiennes en Ethiopie.

    Ce nom était-il opportun, alors que les historiens ont établi que cette victoire écrasante de l’armée fasciste avait été obtenue au prix de 10 000 à 20 000 morts, dont de nombreux civils, et que les troupes italiennes avaient obtenu la victoire en faisant usage d’ypérite (gaz moutarde), interdit par les conventions de Genève ? Le 1er août 2020, la mairie a finalement fait savoir que la station serait dédiée à la mémoire de Giorgio Marincola.

    Pour le journaliste Massimiliano Coccia, qui a lancé cette proposition avec le soutien de collectifs se réclamant du mouvement Black Lives Matter, « revenir sur notre passé, ce n’est pas détruire ou incendier, mais enrichir historiquement notre cité . Et on peut choisir de célébrer la mémoire d’un résistant italo-somalien tué par les nazis plutôt que celle d’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale italienne.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/05/libye-somalie-ethiopie-l-oublieuse-memoire-coloniale-italienne_6068846_3232.

    #Italie #colonialisme #colonisation #Mussolini #fascisme #Libye #Somalie #Ethiopie #atrocités #occupation_douce #mémoire #mémoire_coloniale #occultation #impérialisme #Corne_de_l'Afrique #baie_d'Assab #royaume_d'Abyssinie #Alula_Engida #bataille_d'Adoua #Menelik_II #Crispi #Adoua #Tigré #Cyrénaïque #Tripolitaine #colonialisme_frontalier #Abyssinie #Haïlé_Sélassié #propagande #traité_de_Paris #refoulement #mémoire #massacres #gaz #Indro_Montanelli #gaz_de_combat #bon_Italien #Italia_brava_gente #barbarie #humanité #lois_raciales #vérité_historique #culpabilité #viol #culture_du_viol #passé_colonial #Igiaba_Scego #monuments #toponymie #toponymie_politique #Axoum #stèle #Musée_Pigorini #musée #Musée_colonial #Amba_Aradam #ypérite #gaz_moutarde #armes_chimiques #Giorgio_Marincola #Black_Lives_Matter

    L’article parle notamment du #livre de #Francesca_Melandri, « #sangue_giusto » (traduit en français par « Tous, sauf moi »
    https://seenthis.net/messages/883118

    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @cede

  • Segre: «Cancellare il nome di #Vittorio_Emanuele_III dalle scuole, firmò le leggi razziali»

    La senatrice ha fatto questa proposta incontrando la professoressa Dell’Aria di Palermo, che lavora proprio in una scuola intitolata al sovrano.

    È sicuramente destinata a sollevare parechcie polemiche la proposta della senatrice a vita Liliana Segre di eliminare l’intitolazione di scuole e istituti al re Vittorio Emanuele III, ossia il sovrano che promulgò le leggi razziali nel 1938. La senatrice ha fatto la sua proposta incontrando a palazzo Giustiniani la professoressa Rosa Maria Dell’Aria e i suoi studenti dell’Iti ’Vittorio Emanuele III’ di Palermo, dopo la vicenda del video realizzato dai ragazzi e per il quale la docente ha subito una sospensione di 15 giorni.
    «Cancellare quel ’Vittorio Emanuele III’ - ha affermato - non deve essere un lavoro difficile, basterebbe togliere un numero romano... Se dopo tanti anni - ha proseguito - sono ancora molti gli istituti intestati a Vittorio Emanuele III vuol dire che c’è un preoccupante vuoto di memoria e di sentimenti».
    Nella mia vita tutti gli occhi delle persone a cui ho visto fare del male erano segnati dall’indifferenza. E quando mi si chiede se ho perdonato, rispondo ’no’, e non dimentico. Quello che ho visto era assolutamente troppo, a cominciare dalla freddezza di chi compiva certe azioni".
    «Tuttavia - ha aggiunto la senatrice - non vado nelle scuole a parlare di odio e di vendetta. Anche per questa ragione sto tentando di presentare un disegno di legge contro l’hate speech, cioé quelle parole di odio che oggi fanno ancora più paura. Anche nel vostro filmato sui migranti (nel corso dell’incontro è stato proiettato il video realizzato dagli studenti in cui si parlava delle leggi razziali e del decreto Salvini, alla base del provvedimento disciplinare nei confronti della professoressa Dell’Aria, ndr) è l’indifferenza a regnare sovrana. Ma oggi - ha osservato ancora Liliana Segre - c’è libertà di parola e il vostro caso anche per questo è diventato importante».


    https://www.globalist.it/news/2019/05/31/segre-cancellare-il-nome-di-vittorio-emanuele-iii-dalle-scuole-firmo-le-le
    #histoire #toponymie #lois_raciales #Italie #Liliana_Segre #seconde_guerre_mondiale #WWII #deuxième_guerre_mondiale #fascisme #mémoire
    ping @albertocampiphoto @wizo

  • Salvini: chiusura entro le 21 dei negozi etnici. Confesercenti: no a discriminazioni

    Nel #decreto_sicurezza ci sarà un emendamento per prevedere «la chiusura entro le 21 dei negozietti etnici che diventano ritrovo di spacciatori e di gente che fa casino». Lo ha detto il ministro dell’Interno Matteo Salvini in diretta Facebook sottolineando che «non è un’iniziativa contro i negozi stranieri ma per limitare abusi».

    Market etnici, Confesercenti: no a norme discriminatorie
    Contro l’iniziativa annunciata da Salvini si schiera Confesercenti. «Non si può fare una norma che discrimina determinati imprenditori rispetto ad altri. Chi ha un’attività commerciale ha diritti e doveri: il dovere di rispettare le regole e il diritto di restare aperti, sia che siano esercizi gestiti da stranieri, sia che siano esercizi gestiti da italiani» dichiara Mauro Bussoni segretario generale della Confesercenti nazionale.

    Codacons: negozi etnici utili per acquisti “last minute”
    Per il Codacons la chiusura dei “negozietti etnici” deve essere prevista solo nei centri storici delle città italiane e in tutti quei casi in cui gli esercizi in questione
    creino degrado. «Crediamo che in materia di commercio e sicurezza non sia corretto generalizzare - spiega il presidente Carlo Rienzi -. Tali negozi etnici sono molto utili ai consumatori, perché rimangono aperti più a lungo degli altri esercizi e commercializzano una moltitudine di prodotti di diverse categorie, consentendo ai cittadini di fare acquisti “last minute”. Certamente la loro apertura va vietata in tutti quei casi in cui gli esercizi in questione creino disordini, e in modo assoluto nei centri storici delle città, perché la loro presenza alimenta il degrado urbano e danneggia le bellezze artistiche come nel caso di Roma, dove alcune vie del centro sono state trasformate in #suk» conclude Rienzi.


    https://www.ilsole24ore.com/art/notizie/2018-10-11/salvini-dl-sicurezza-chiusura-entro-21-negozi-etnici--160739.shtml?uuid

    #magasins_ethniques #ethnicité #negozi_etnici #fermeture #it_has_begun #discriminations #géographie_culturelle #Italie #criminalisation #Italie #sécurité #drogue #magasins #negozi_stranieri #magasins_étrangers #terminologie #mots #vocabulaire

    #lois_raciales?

    • Italy’s Matteo Salvini says ’little ethnic shops’ should close by 9pm

      Minister calls late-night stores mostly run by foreigners ‘meeting place for drug deals’

      Italy’s far-right interior minister has come under fire for a proposal that would force what he calls “little ethnic shops” to close by 9pm.

      Matteo Salvini added the measure to his immigrant-targeting security decree, arguing late-night grocery stores, mostly run by foreigners, are “a meeting place for drug deals and people who raise hell”.

      He claimed the initiative was not specifically aimed at foreigners and was merely a way to “limit the abuses of certain shops”.

      Thousands of grocery stores across Italy are run by immigrants, mainly people from Bangladesh and India, many of whom bought premises for a low price during the financial crisis.

      Mauro Bussoni, the general secretary of Confesercenti, a retail association, said: “You can’t make a law that discriminates some entrepreneurs over others.

      “Those who have a commercial activity have rights and duties: the duty to respect rules and the right to remain open, whether the activity is managed by a foreigner or an Italian.”

      Carlo Rienzi, the president of Codacons, a consumer association, said it was unfair to “generalise”, while noting shops that stayed open late were essential for people seeking “last-minute” purchases. But he agreed there should be a clampdown on outlets that have “created disorder” or “degraded” historical town centres.

      Andrea Marcucci, a politician from the centre-left Democratic party, said imposing curfews was among the premises of “a regime”.

      If the proposal became law, an industry source said, it should also apply to Italian-owned outlets, including bars, while security measures must also extend to foreign business owners.

      “Some say that Italian people go into their shop late at night and try to extort money from them,” said the source. “But they are too afraid to report such incidents to the police.”

      Salvini’s security decree, unveiled in September, includes plans to abolish key protections for immigrants and make it easier for them to be deported.

      On Thursday, he reiterated a plan to hire 10,000 more police officers, an initiative funded by money that previously paid for migrant reception and integration projects. Parliament has until mid-November to debate and modify the decree before it becomes law.

      Salvini’s latest proposal comes after Luigi Di Maio, his coalition partner, said measures would be introduced by the end of the year to limit Sunday trading in an attempt to preserve family traditions.

      https://www.theguardian.com/world/2018/oct/12/italy-matteo-salvini-little-ethnic-shops-foreigners?CMP=share_btn_tw
      #désordre #couvre-feu #décret
      ping @isskein

  • #1938_Diversi

    1938-2018 : quatre-vingts ans se sont écoulés depuis la promulgation des #lois_raciales par le régime fasciste. Un anniversaire important et malheureusement toujours d’actualité. Il y a quatre-vingts ans, la #propagande fasciste incitait le peuple italien, qui n’était pas traditionnellement antisémite, à accepter la persécution d’une minorité qui vivait pacifiquement en Italie depuis des siècles. Qu’est-ce qui a rendu cela possible ? Et que savons-nous de ce moment de l’histoire aujourd’hui ?


    https://www.senscritique.com/film/1938_Diversi/36018805
    #film #documentaire #fascisme #Italie #antisémitisme #1938 #histoire #xénophobie #racisme
    cc @isskein

    • Il #Politecnico_di_Milano e le leggi razziali del 1938

      Nel corso dell’autunno del 1938 furono emanate in Italia le cosiddette “leggi razziali”, un corpus di provvedimenti legislativi che portarono alla progressiva perdita dei diritti civili per i cittadini italiani di “razza ebraica”.

      Nella ricorrenza dell’ottantesimo anniversario delle leggi razziali, allo scopo di ricostruire le procedure di espulsione messe in atto nei confronti di docenti e di studenti di «razza ebraica» dal Politecnico di Milano sono stati presi in esame i documenti dell’Archivio storico di Ateneo, comprendenti le circolari ministeriali, i fascicoli personali degli studenti “decaduti e cessati”, i verbali del Consiglio di amministrazione, gli «Annuari» e i programmi, le statistiche degli studenti stranieri e nel loro insieme le buste riguardanti il personale di “razza ebraica”.

      Il 9 agosto 1938 una circolare del Ministero dell’educazione nazionale, presieduto dal ministro Giuseppe Bottai, avviò un’indagine sistematica - il cosiddetto censimento -, rivolta ad accertare l’eventuale appartenenza alla “razza ebraica” del personale dell’Ateneo milanese. Il questionario avrebbe anticipato le procedure burocratiche per l’effettiva applicazione del decreto di espulsione (r.d.l. 5 settembre 1938, n. 1390). Si richiedeva ad ognuno di dichiarare, oltre ai propri dati anagrafici, il profilo professionale, l’eventuale appartenenza alla “razza ebraica da parte di padre”, l’iscrizione alla comunità israelitica, la professione della religione ebraica o la conversione ad altra religione, e infine l’origine ebraica della madre o del coniuge.

      Il questionario doveva essere restituito - debitamente compilato - alla Direzione del Politecnico entro il 15 settembre. Non risultano all’esame delle carte casi di questionari non restituiti oppure non compilati per protesta, soltanto qualche questionario compilato in ritardo. Il rettore Gaudenzio Fantoli, tra il 30 settembre e il 14 ottobre comunicò al Ministero i nomi di dieci docenti di razza ebraica, dato confermato successivamente dal verbale del Consiglio di amministrazione del 5 dicembre 1938.

      I docenti costretti a lasciare l’insegnamento in data 16 ottobre 1938 furono:

      #Mario_Giacomo_Levi, ordinario di Chimica Industriale, fondatore dell’Istituto di chimica industriale e della sezione combustibili, docente “esimio di raro merito”, come lo definì Fantoli rendendogli pubblico omaggio. Il professor Levi trovò riparo in Svizzera dopo l’8 settembre 1943 dove insegnò alla Scuola per ingegneri di Losanna dal gennaio 1944 al luglio 1945. Rientrato a Milano nel luglio del 1945, ottenne l’effettiva reintegrazione in servizio;
      #Michelangelo_Böhm, già professore incaricato presso il corso di perfezionamento per l’industria del gas, poi deportato e morto ad Auschwitz il 5 febbraio 1944;
      #Igino_Musatti, incaricato di Metallurgia e metallografia, morì affranto dal dolore il 16 luglio 1940;
      #Rachele_Lia_Neppi, conosciuta come Bice, incaricata di Tecnologie chimiche speciali II fu nominata direttrice di laboratorio della BioIndustria di Novi Ligure e visse sotto falso nome grazie alla protezione di una sua assistente. A guerra finita nel maggio del 1945 le fu inviata una proposta di reintegro che non volle accettare e fu collocata a riposo;
      #Renzo_Volterra, incaricato di Acciai speciali;
      #Tullio_Guido_Levi, libero docente di Chimica organica;
      #Oscar_Hofmann, aiuto incaricato presso il Laboratorio Prove materiali, perse la cittadinanza italiana in quanto straniero;
      #Guido_Tedeschi, assistente ordinario di Chimica fisica;
      #Giorgio_Cavaglieri, assistente incaricato di Tecnica urbanistica;
      #Vito_Latis, assistente volontario di Disegno dal vero, Disegno architettonico e Rilievo dei monumenti I e II.

      Il 15 novembre 1938, pochi giorni dopo l’espulsione dei docenti dalle Università italiane, al Politecnico si tenne l’inaugurazione dell’anno accademico 1938-1939 e il rettore Fantoli tenne il suo discorso come di consueto. Non una parola sui recenti avvenimenti uscì dalla sua bocca. Con l’espressione “sovrumani silenzi sulla muta bocca di Fantoli”, Saverio Gentile, autore di Le leggi razziali: scienza giuridica, norme, circolari delinea perfettamente l’atmosfera che regnava al Politecnico di Milano.

      Fantoli, convinto estimatore del pensiero del Duce fin dalla prima ora, aderì subito al fascismo e portò avanti negli anni del suo Rettorato (1927-1940) la politica di fascistizzazione dell’Università. Soltanto quando si trovò di fronte all’allontanamento per motivi razziali di professori del calibro di Mario Giacomo Levi, Fantoli non poté fare a meno di ricordare “l’esemplare attività scientifica da lui svolta per undici anni al Politecnico”.

      Il 6 agosto 1938 una circolare ministeriale vietò l’iscrizione degli alunni di razza ebraica alle scuole di qualsiasi ordine e grado. Nei mesi seguenti, il Ministero dell’educazione nazionale rivolse la sua attenzione agli studi universitari e dispose normative per gli Atenei italiani rivolte agli studenti ebrei italiani, studenti ebrei stranieri, studenti fuori corso, e infine studenti laureandi. Venne espresso il divieto di iscrizione presso qualsiasi Ateneo italiano per gli studenti ebrei a partire dall’anno accademico 1938-1939. Soltanto per gli studenti già iscritti e regolarmente in corso nell’anno 1937-1938 il Ministero creò una serie di “disposizioni transitorie” atte a far sì che potessero concludere il loro percorso di studi in Italia. Agli studenti ebrei fuori corso fu permesso rimanere in tale status soltanto per un anno. Tutte queste norme non furono valide per gli studenti ebrei tedeschi residenti in Italia. I fascicoli personali degli studenti ebrei appartenenti alla serie archivistica dei Decaduti e cessati sono contrassegnati dalla scritta “ebreo” a matita blu in copertina. Esaminando i fascicoli si nota che si tratta per la maggior parte di studenti stranieri (rumeni, polacchi, russi e lettoni) tuttavia compare anche qualche italiano tra i quali Pietro Vittorio Covo, che diventerà cognato del famoso grafico partigiano Albe Steiner ed emigrerà in Canada.

      Tra gli studenti stranieri si possono ricordare: Alessio Gurviz, Zoltan Hala’sz, Henryk Szmus, Laja Jacubowicz, Tiberio Klein (famoso per aver realizzato il plastico di Bergamo Alta nel 1934 ), Camilla Lattes Fano (emigrerà in America) e Alessandro Levinstoff. Le pratiche di espulsione venivano evase con rigore seguendo le regole imposte dalla burocrazia anche senza darne notizia al diretto interessato come nel caso di Laja Iacubowicz, ebrea polacca di Lodz. La studentessa infatti scrisse alla Direzione del Politecnico di aver appreso dell’introduzione delle leggi razziali dal Consolato del suo paese, per chiedere rassicurazioni riguardanti il suo status. A lei non sarà rinnovata l’iscrizione ma le verrà rilasciato un certificato di “esami sostenuti”. Un’altra testimonianza è fornita da Alessandro Levinstoff, ebreo lettone di Riga, che chiede un certificato di esami sostenuti per iscriversi al Politecnico di Caifa in Palestina dove potrà completare gli studi.

      Doveroso ricordare anche Saul Steimberg, studente ebreo di origini rumene, che riesce grazie al “privilegio” concesso, come riportano le circolari stesse, a laurearsi nel 1940 in architettura. Emigrerà in America nel 1941 dove diventerà un celebre disegnatore.

      Il 5 settembre 2018 presso la tenuta di San Rossore a Pisa, per la prima volta a ottant’anni dalla firma delle leggi razziali, il mondo accademico italiano ha riconosciuto le proprie responsabilità nei confronti dei rappresentanti delle comunità ebraiche con la “cerimonia del ricordo e delle scuse”.


      http://www.ilmondodegliarchivi.org/rubriche/gli-archivi-si-raccontano/673-il-politecnico-di-milano-e-le-leggi-razziali-del-1938
      signalé par @wizo

    • Le case e le cose. Le #leggi_razziali del 1938 e la proprietà privata

      Nell’ambito del progetto “1938-2018. A 80 anni dalle leggi razziali”, la Fondazione 1563 per l’Arte e la Cultura della Compagnia di San Paolo ha realizzato un percorso espositivo nella sua sede di piazza Bernini 5 a Torino.

      L’Archivio storico della Compagnia di San Paolo, gestito dalla Fondazione 1563, conserva non solo le carte della sua storia antica ma anche quelle del Novecento derivanti dall’attività della banca, tra cui il Servizio Gestioni EGELI - Ente Gestione e Liquidazione Immobiliare.

      Si tratta di 115 metri lineari di documenti con oltre 6300 fascicoli, registri, rubriche dal 1940 al 1950 che raccontano la storia del destino amaro che costrinse le famiglie ebree italiane (e successivamente anche straniere) a lasciare le loro case con gran parte dei beni in esse contenuti. Tutte le carte sono inventariate e rese disponibili al pubblico, oltre a essere valorizzate da strumenti digitali che aprono nuovi percorsi per la ricerca umanistica.

      Tra i più toccanti temi risultano i destini incrociati delle persone: proprietari di case e cose che perdono le proprietà e i beni personali, periti e funzionari della banca che svolgono le pratiche con puntigliosa capacità, e cittadini colpiti dalla guerra diventati utilizzatori più o meno consapevoli dei beni sottratti.

      L’esposizione racconta questa realtà, dalla promulgazione delle leggi razziali alla restituzione dei beni, espone documenti e immagini, propone una mappa interattiva che localizza in Piemonte, Liguria e in particolare a Torino le ubicazioni dei sequestri, propone immagini contemporanee di palazzi e portoni torinesi, testimoni in pietre e mattoni della storia.

      Le leggi fasciste contro la razza ebraica del 1938 prevedevano, tra le tante limitazioni, l’esproprio dei beni “eccedenti” appartenenti agli ebrei e diedero l’avvio ad una escalation che portò, dal 1943 alla Liberazione, al sequestro di qualsiasi proprietà, nella prospettiva di annientamento della popolazione ebraica. La Legge del 1939 istituì l’EGELI col compito, fra l’altro, di acquisire, gestire e vendere i beni immobili sottratti agli ebrei. Il ricavato doveva essere versato nelle casse del Tesoro.

      Per raggiungere i propri obiettivi esso delegò diciannove Crediti fondiari presenti nelle diverse parti d’Italia; per il Piemonte e la Liguria scelse di firmare una convenzione con l’Istituto San Paolo di Torino. L’Istituto, controllato dall’alto, doveva operare l’accertamento sulle proprietà da acquisire, la gestione e la vendita dei beni.


      http://www.ilmondodegliarchivi.org/rubriche/in-italia/699-le-case-e-le-cose-le-leggi-razziali-del-1938-e-la-proprieta
      #exposition

      Le site de l’expo:
      Le case e le cose
      http://le-case-e-le-cose.fondazione1563.it
      #propriété_privée #confiscation #biens