Après l’élection contestée de Maduro, le régime vénézuélien opère une répression sanglante des mobilisations et menace d’arrêter les principaux opposants. La pression internationale s’accentue, notamment du côté du Brésil et des Etats-Unis.
Ce lundi 29, le Conseil National Électoral, en charge de la tenue du scrutin et contrôlé par le régime chaviste, a déclaré Maduro vainqueur de l’élection présidentielle avec 51,2% des suffrages et une avance de 700 000 voix sur le candidat de droite Edmundo González. Un résultat annoncé sans présenter la répartition des voix dans le pays, et accompagné de nombreuses irrégularités lors du dépouillement comme de la compilation des résultats, indiquant de très probables fraudes électorales. Afin d’entériner cette victoire, Maduro a rapidement prêté serment dans la journée de lundi, pour un nouveau mandat présidentiel de 2025 à 2031.
Cette issue a fait entrer le pays dans une crise politique profonde et hautement incertaine. Depuis l’annonce de résultats contestés, des manifestations spontanées ont ainsi éclaté dans la journée de lundi et l’opposition a réuni ses partisans dans la rue mardi. Dans la nuit de mardi à mercredi, celle-ci, menée par la figure d’extrême-droite María Corina Machado, a présenté son propre décompte du scrutin. Avec 81% des suffrages recensés, son candidat Edmundo González était compté à 67% (7.119.768 votes) contre 30% (3.225.819 voix) pour Maduro. Des résultats pour lesquels il n’existe pas de contrôle indépendant, détaillés par Etat et bureaux de votes -affichant un score différent des 73,20% et 6,2 millions de voix pour Edmundo González annoncé lundi matin par l’opposition - qui n’ont pas encore été commentés par les observateurs internationaux du scrutin.
L’opposition de droite pro-impérialiste veut surfer sur la colère populaire contre la fraude électorale
Des manifestations ont éclaté dans la foulée de l’annonce des résultats, difficilement crédibles, qui arrivent au terme d’un processus électoral particulièrement vicié. Le CNE a par exemple dénoncé un prétendu piratage de la transmission des données (le vote au Venezuela est en partie électronique) puis présenté un résultat « irréversible » en ne comptant que 80% des votes dépouillés, et, surtout, refuser la publication de données ouvertes et publiques. Face à la fraude électorale, le caractère spontané des premières protestations est à souligner, alors que l’opposition de droite n’avait pas appelé à manifester ce lundi.
Dès lundi matin, des casserolades puis des manifestations ont éclatés notamment dans des zones populaires près de la capitale, à Petare, La Dolorita et dans d’autres quartiers populaires aux alentours de Caracas. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le cœur de la capitale, avec des affrontements aux abords du palais présidentiel de Miraflores, comme le rapporte le média La Izquierdia Diario Venezuela, membre du réseau international dont fait partie Révolution Permanente. Des rassemblements devant des zones militaires ont aussi eu lieu lundi, près de la ville de Maracay dans l’Etat d’Aragua, notamment aux abords de la base aérienne « Base Aérea El Libertador (BAEL) ».
La journée de mardi semble avoir été plus calme et moins spontanée, avec des rassemblements organisés par l’opposition pendant que le régime réunissait lui aussi ses partisans à Caracas. Alors que les classes populaires vénézueliennes sont épuisées par des années de crise économique, causée par la gestion du chavisme au pouvoir depuis 25 ans mais considérablement renforcée par les sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne contre le pays, l’opposition de droite cherche à canaliser la colère légitime contre l’autoritarisme du régime, au service de son programme ultra-libéral, d’alignement de l’économie nationale sur les intérêts de l’impérialisme...