Enfoncer une porte ouverte signifierait que c’est un fait avéré (et ça l’est pour toi apparemment). Ce que je conteste absolument, ça ne correspond à aucune réalité. Toute technique un tant soit peu complexe induit en elle-même un contexte qui permet son utilisation : un urbanisme particulier, un mode de vie particulier, etc. Qu’on soit gentil ou méchant n’y change rien, il y a certains invariants qui suivront toujours cette technique. Et cela vaut d’autant plus pour les techniques nouvelles, industrielles, qui ne sont jamais issues d’inventions à l’intérieur d’un corps de métier, mais qui sont issues des ingénieurs et des scientifiques.
(Je rappelle que jusqu’à pas si longtemps, la majorité des innovations étaient inventés par les travailleurs eux-mêmes dans leur corps de métier, souvent en plusieurs endroits du monde à la fois, puis se diffusaient lentement dans la société, tandis que de nos jours à peu près tout est inventé par des ingénieurs et scientifiques dédiés à ça, puis breveté ou pas, puis diffusé massivement sur fort peu de temps, entre autre grâce à la publicité. Ces deux modes d’invention n’ont rien à voir, et ne produisent pas les mêmes améliorations pour les gens.)
Cette posture inutile du ni-ni, ni blanc ni noir, ni technophobe ni cyber-optimiste, sert juste à se parer d’une fausse objectivité comme tout « bon » élève sortant d’école de journalisme.
Comme si être « contre la technique » voulait dire quelque chose alors que justement le propos est de dire qu’il y a des échelles incomparables et que donc « la technique », ça ne veut rien dire. À cela Jacques Ellul (entre autre) opposait (entre autre) le concept d’ambivalence, qui ne signifie pas du tout que telle technique précise pourrait être utilisée en bien ou en mal, mais que telle technique, une fois mise en place et démocratisée, induit à la fois des conséquences biens, et des conséquences mauvaises, et qu’il est impossible de les séparer. Ce qui, lorsqu’on en tire l’enseignement, oblige alors à devoir faire la balance, et si une technique apporte plus de problèmes que de solutions, il faut décider de tout arrêter et chercher d’autres chemins. Aucun rapport avec revenir en arrière sur l’ensemble, donc.
Mais évidemment, dans une société de Progrès où l’on nous a éduqué à penser que l’Histoire est linéaire d’un point A à un point B, le concept de tout arrêter volontairement telle innovation est un peu violent (ça l’est pourtant bien moins que la violence subie par la majorité des gens à cause du nucléaire/de l’urbanisme centré sur la voiture/des OGM/de l’informatisation du monde/des périphériques mobiles/etc).
Mais c’est toujours plus facile d’écouter les sirènes de la science-fiction (demain on va trouver une solution) ou de l’âge d’or (à telle époque tout allait bien)...