La KUL aide Israël à améliorer ses techniques d’interrogatoires Solidaire - Robin Bruyère - 11 Décembre 2016
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Le 26 septembre 2016, une trentaine d’académiciens de la KUL (université catholique de Louvain) ont adressé une lettre ouverte à leur recteur Rik Torfs pour demander l’arrêt d’un partenariat académique avec une université israélienne. Celle-ci sert le gouvernement israélien pour améliorer ses méthodes illégales d’interrogatoires contre des Palestiniens.
Presque toutes les universités belges ont des liens avec les universités israéliennes (via des partenariats académiques et financements de projets directs et indirects).1 Sachant que certains de ces établissements universitaires sont complices de crimes de guerres et collaborent à leur manière l’occupation, tout partenariat académique avec eux est déjà en soi un problème éthique. Par exemple, la KUL collabore avec l’université israélienne de Bar Illan et ce partenariat sert directement le gouvernement israélien dans sa traque de la résistance palestinienne.
Le projet « Law Train » est coordonné par l’Union européenne dans le cadre de son plan Horizon 2020, le grand programme européen pour la recherche et l’innovation. Celui-ci contient des partenariats et projets internationaux de recherche, notamment avec Israël. Ce projet, financé avec de l’argent public par les fonds européens à hauteur de 5 millions d’euros, est organisé en collaboration avec les ministères de la Justice et de l’Intérieur de Belgique et d’Espagne, le ministère de la Justice portugais, mais aussi avec le ministère de la Sécurité publique israélien.2 Problème : ce ministère gère notamment la police et les prisons israéliennes. Bien que l’argent soit 100 % fourni par des fonds européens, le projet est coordonné officiellement par l’université de Bar Illan. Les partenaires israéliens reçoivent donc 2,3 millions d’argent public pour ce projet. Lutter contre le terrorisme ou contre la résistance ?
Le projet consiste en une recherche menée par les psychologues des différentes universités pour améliorer les techniques d’interrogatoires des services partenaires du projet (les services de police, de la justice et des prisons donc). En créant une plateforme virtuelle qui fabrique des prototypes de criminels, les psychologues peuvent tester de nouvelles méthodes d’interrogatoire plus efficaces et les uniformiser sur une base commune, au delà des différentes « culture, législations et méthodes ».3 Ceci afin de mieux « interroger des suspects dans le domaine du crime international ». L’objectif principal, d’après les textes du projet, est de lutter contre le terrorisme. Si la lutte contre le terrorisme en Europe est liée à la lutte contre les mouvements djihadistes et les attentats qu’ils perpètrent, la vision de l’État israélien du terrorisme est tout autre. L’État israélien qualifie de « terroriste » toute forme de résistance de la part du peuple palestinien contre l’occupation et les crimes qu’ils subissent.
Les « méthodes différentes » d’interrogatoire et de lutte contre le terrorisme en Israël correspondent par exemple à l’emprisonnement d’enfants de 12 ans pour complicité de terrorisme, le viol et diverses pratiques de torture physique et psychologique condamnées chaque année par les rapports d’Amnesty International, entre autres.
Le 26 septembre dernier, une trentaine de chercheurs de la KUL ont donc adressé une lettre ouverte à Rik Torfs, leur recteur, pour exiger l’arrêt de ce partenariat. « La KU Leuven est objectivement complice d’une politique qui nie leurs droits les plus fondamentaux aux Palestiniens », expliquent ainsi les signataires de la lettre ouverte. « La police et les forces de l’ordre impliquées dans les prisons israéliennes ont été inculpées à de nombreuses reprises par des institutions internationales comme l’ONU et l’Union européenne, et par des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International et Human Rights Watch. Elles sont critiquées pour diverses pratiques violant les droits humains fondamentaux : l’utilisation systématique de la violence, la torture et d’autres violations flagrantes des droits de l’Homme. Le siège de la police nationale est également situé à Jérusalem-Est, occupée illégalement par Israël. La coopération avec eux est contraire au droit international. La coopération avec le ministère israélien de la Sécurité publique et ses organismes d’application de la loi est par conséquent inacceptable d’un point de vue éthique, sinon juridique. »
Soutenir les droits des Palestiniens
Depuis son lancement, le PTB soutien la campagne de boycott académique à l’égard de l’État d’Israël (la campagne BACBI). Cet appel, signé par des centaines de professeurs et chercheurs, vise à mener le débat au sein des établissements universitaires pour mettre un terme aux partenariats académiques avec Israël. C’est par la pression et les actions politiques comme le boycott que des États d’apartheid comme l’Afrique du Sud ont fini par être renversés. L’État colonial qu’est Israël se renforce par ses nombreux soutiens extérieurs, notamment en recherche militaire et policière comme le projet Law Train. Ce projet soulève également l’indignation ailleurs, puisque le Portugal s’est retiré depuis lors du partenariat, sous la pression du mouvement de boycott.
1. « Les liens entre la Belgique et l’occupation israélienne », Katarzyna Lemanska, 2014 • 2. www.law-train.eu • 3. ▻http://cordis.europa.eu
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