• Le retour de la mère parfaite
    http://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/05/27/le-retour-de-la-mere-parfaite_4927830_4497916.html

    En réaction au bonheur maternel étalé sur les réseaux sociaux, de nombreuses campagnes imaginées par des mères de famille ont incité les instagrammeuses à poster des photos de leurs « vraies vies ». Avec #Loveyourlines (« aimez vos vergetures ») ou #takebackpostpartum (« reprise après accouchement »), les femmes célèbrent les traces qu’ont laissées les grossesses sur leur corps. Sous le mot-clé #WomenIRL (« Femmes dans la vraie vie »), elles racontent les nuits éprouvantes, la fatigue, l’inquiétude, le couple fragilisé.

    Ce mot-clé inventé en 2015 par le mensuel américain Real Simple a été plébiscité par les mères : le compte #WomenIRL enregistre plus de 150 000 abonnés, et plus de 50 000 photos ont été postées sur Instagram. Des enfants qui piquent des crises au supermarché, des lits d’adultes envahis par des petits poneys, des croquettes de poisson surgelées ou des steaks trop cuits servis pour le dîner, etc.

    • Les réseaux sociaux ne sont qu’un amplificateur d’une tendance longue qui est celle de la course la super normalité, un moyen comme un autre de se sentir moins merdique et de pouvoir se défouler sur ceux qui sont présentés comme moins normaux.
      J’ai passé la semaine chez une amie d’enfance. Toutes les deux, nous avions des enfances anormales, mais la différence, c’est qu’en grandissant, j’ai eu l’occasion de fréquenter de l’intérieur les familles normales.

      Donc elle est restée dans l’idée qu’elle était moins bien que les autres dont elle ne voyait, finalement, que la vitrine que l’on donne à voir au monde.
      Quand les familles reçoivent, elles s’efforcent de maintenir l’illusion le temps du passage de l’invité, mais comme, finalement, mon anormalité m’a toujours rendue sensible aux dissonances et que mon comportement facilite une forme de mise en confiance et relâchement de la super-norme, à l’arrivée, j’ai pu constater in vivo que la normalité, c’est quand même un concept vachement fumeux et que la plupart des familles cachent des cadavres de mammouth dans le placard.

      C’est d’ailleurs à cause de cette expérience d’alien insider que j’ai fini par penser que la famille n’était peut-être pas une grande idée et sûrement pas le lieu de la joie, du bonheur et de la sécurité (même si j’ai déjà croisé des familles où ça a l’air de vraiment bien se passer et où je n’ai pas perçu de membres toxiques ou, en tout cas, de capables de pourrir l’ensemble !).

      Au final, j’ai l’impression d’avoir ôté un gros poids à mon amie d’enfance en lui confirmant que sa famille s’en sortait plutôt mieux que la plupart de celles que j’ai déjà pu croiser, non pas en étant plus normale ou à l’abri des merdes, mais en les affrontant sans faux-semblants et en en parlant toutes ensembles (elle n’a eu que des filles !).