• Analyse. « Ce mouvement est l’expression même de la lutte des classes » | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/analyse-ce-mouvement-est-lexpression-meme-de-la-lutte-des-classes-665224

    [...] Vos travaux de recherche portent en partie sur les classes populaires. Le mouvement des #gilets_jaunes remet-il à l’ordre du jour cette notion de #lutte_des_classes ?

    OLIVIER MASCLET En France, ce que désigne la notion de « #classes_populaires », c’est le vaste continent des employés et des ouvriers. Un Français actif sur deux est un ouvrier ou un employé. Ça fait du monde : environ 14 millions de personnes, chiffre auquel il faut ajouter les retraités qui sont, majoritairement, d’anciens ouvriers et employés qui vivent aujourd’hui avec des pensions modestes. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils endossent eux aussi le gilet jaune. En sociologie, on définit ces classes populaires par le cumul de trois caractéristiques : faiblesse des ressources économiques, petitesse du statut social, distance au capital culturel.

    La lutte des classes n’a d’une certaine façon jamais cessé, mais les sociologues la conçoivent d’une autre façon que les marxistes purs et durs. Pour eux, il s’agit d’un affrontement entre deux blocs, possédants d’un côté, prolétaires de l’autre. Bien sûr, il existe toujours des prolétaires ou des travailleurs d’exécution dont la seule richesse est leur force de travail, mais il existe aussi plusieurs autres classes sociales, et la classe des travailleurs du bas de l’échelle salariale est elle-même très ­hétérogène, en tout cas « sur le papier », c’est-à-dire quand on regarde comment les ressources économiques et culturelles, pour ne parler que de celles-ci, sont distribuées. Pour les sociologues pour qui la notion de classe sociale conserve sa pertinence, dont je suis, la lutte des classes n’est pas réductible à un affrontement bloc contre bloc. Elle est multiple parce qu’elle oppose des classes et des fractions de classes nombreuses et parce qu’elle prend des formes différentes dans les différents champs. Il y a toujours dans notre pays des dynamiques très fortement inégalitaires, qui font le bonheur des plus aisés au plan économique et culturel, et qui aggravent le sort des plus modestes. Le mouvement des gilets jaunes ne remet pas à l’ordre du jour la lutte des classes. Il en est l’expression même.

    Au-delà de la fracture sociale, peut-on parler d’une fracture culturelle ?

    OLIVIER MASCLET Oui, c’est évident. Cette fracture se fait sentir dans la perception que toute une partie des Français a des gilets jaunes. Les journaux comme le Monde, l’Humanité ou Libération font accéder à des points de vue qui soutiennent le mouvement ou au moins cherchent à le comprendre. Mais ailleurs, en particulier sur la Toile, beaucoup d’avis le condamnent. Les gilets jaunes sont décrits comme des beaufs, des pollueurs, des accros à la bagnole, des racistes qui livrent les sans-papiers à la police… Le mépris envers les « petites gens » est gigantesque. Et ce mépris est loin d’être le seul fait des gens de droite ou d’odieux réactionnaires. On trouve aussi des gens de gauche qui ne se reconnaissent pas vraiment dans ce mouvement, qui ont du mal à se solidariser avec les gilets jaunes, qui ne savent pas vraiment qui ils sont, qui voient en eux la menace de l’extrême droite. Des années 1950 aux années 1970, la classe ouvrière était alors un groupe dominé, mais qui inquiétait par son nombre et sa capacité de mobilisation et que les #intellectuels et artistes soutenaient. Elle était au centre de tous les discours et de toutes les attentions politiques et intellectuelles. Aujourd’hui, les travailleurs du bas de l’échelle ont perdu cette centralité et ils ne sont plus tellement soutenus par les #artistes et les intellectuels. Il n’y a plus vraiment de contre-discours opposé au mépris.

  • « Gilets jaunes » : « Pour la gauche, l’antifascisme ne doit pas être une option », Sarah Kilani, médecin hospitalier, militante écologiste et membre du Comité Syrie-Europe après Alep ; Thomas Moreau, urbaniste, militant antifasciste, communiste libertaire et membre du collectif Agitations autonomes.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/15/sarah-kilani-et-thomas-moreau-l-antifascisme-n-est-pas-une-option_5398007_32

    Si la gauche peut appuyer le pôle progressiste des « #gilets_jaunes », elle se doit de critiquer ses éléments d’extrême droite, estiment deux militants écologiste et antifasciste dans une tribune au « Monde ».

    Tribune. N’émergeant pas directement des formes traditionnelles de contestation, le mouvement des « gilets jaunes » déboussole la gauche. Entre soutien inconditionnel et mépris affiché, toutes les positions envers la mobilisation se déclinent. Chacun accole sa #grille_de_lecture, s’appuyant sur les éléments fascisants (agressions homophobes, racistes, complotisme à propos du traité de Marrakech…) ou sur les #blocages efficaces (Amazon, dépôts pétroliers, le fabricant de lacrymogène Alsetex) pour valider sa thèse. Et pour cause : le mouvement est labile, changeant selon les espaces géographiques et sociologiques, variant d’un barrage à l’autre, d’un jour sur l’autre. Il a aussi sa dynamique interne.

    D’interclassiste, il évolue de plus en plus vers des bases prolétariennes par l’implication de militants de gauche, de #syndicalistes, du comité pour Adama [association créée après la mort d’Adama Traoré, lors de son interpellation en 2016 par les gendarmes du Val-d’Oise]. Face à ce phénomène protéiforme de colère sociale fourre-tout dont la nature réelle reste difficile à définir, mais justifiée par les bas salaires, le creusement des inégalités et, aussi, la crise institutionnelle instaurée par un exécutif qui a longtemps méprisé les corps intermédiaires et les classes subalternes, il est plus que légitime que la #gauche se soit posé la question de sa participation. Celle-ci se doit cependant dans tous les cas de rester d’une très grande fermeté à l’égard de l’extrême droite et des revendications qui lui sont propres.

    Très souvent décriés par cette gauche, ce sont pourtant les antifascistes qui ont avant tout évacué du mouvement, à plusieurs reprises, des militants fascisants, pendant que d’autres ont choisi une complaisance silencieuse devenue douteuse ; voire énoncent la possibilité de nouer des alliances sur le terrain avec eux. Ainsi, #Eric_Hazan dans un entretien à Mediapart, le 7 décembre, affirmait que la présence de l’extrême droite « ne [le] gênait pas », et de poursuivre « les ennemis de mes ennemis ne sont pas vraiment mes amis, mais un peu quand même ».

    Discours conciliant

    On peut s’étonner qu’une telle déclaration ne fasse pas un tollé général et qu’elle soit passée relativement inaperçue. La Ve République et ses structures économiques ont beau évoluer apparemment inexorablement vers un étatisme autoritaire et une dé-démocratisation, nous ne pouvons faire preuve d’un tel relativisme et affirmer qu’elle est un ennemi équivalent ou voire plus fondamental que l’extrême droite. La normalisation de ce discours conciliant avec les diverses expressions racistes n’est-elle pas la preuve d’une crise des représentations politiques de la gauche et de l’anticapitalisme ?

    Derrière le signifiant vide du gilet jaune se mobilisant contre la figure repoussoir d’Emmanuel Macron, on retrouve certes des militants habituels qui, face aux échecs politiques et syndicaux accumulés de ces dernières années, cèdent aux sirènes du « mouvementisme » et du « bougisme » aveugles à la première mobilisation collective venue sous prétexte qu’il se passe « quelque chose ». Mais c’est bien par ailleurs l’hégémonie du mythe populiste – populisme « dégagiste » fantasmant un peuple capable de s’unir malgré ses divergences pour renverser les élites — comme moteur de complaisance qu’il faut remettre en question.

    Une bonne partie de la gauche est passée avec armes et bagages de la théorie critique, de l’analyse des structures et de la stratégie de la #lutte_des_classes dans le camp du populisme, ayant comme stratégie politique et discursive l’opposition d’« un peuple » naturalisé (demos ou ethnos) contre les parasites du haut (les banques, l’élite), mais aussi parfois du bas (les assistés, les immigrés d’aujourd’hui et d’hier) « profitant de la redistribution ». Ce discours devenu hégémonique, imposant de taire les désaccords, considérés dès lors comme secondaires, entre les composantes du « peuple » – notamment sur les questions du racisme, de l’immigration, du féminisme et de l’homophobie – au nom de l’union stratégique, semble mettre en échec désormais le seul rempart qui permettait jusque-là d’éviter que « les extrêmes se rejoignent » : l’antifascisme.

    Critique intransigeante

    Ce refus du collectif pour ce rassemblement d’individus nus face à l’Etat et son appareil répressif, tout comme l’oscillation constante entre « révolution nationale » et sociale sont à combattre. L’implication du mouvement social semble changer actuellement : le centre de gravité des « gilets jaunes » évolue avec, peut-être, à la clé, un retour d’une base classiste organisée contre celle d’un populisme de gauche confus (type Mouvement 5 Etoiles) ; une logique d’action directe de blocage de la production et de la distribution l’emportant sur celle de la représentation.

    Si une partie de la gauche veut appuyer le pôle progressiste de ce mouvement, elle ne peut en aucun cas se passer de formuler une critique intransigeante de ce qu’il contient de revendications nationalistes et d’éléments d’extrême droite. Pour cela, il faut donc en terminer avec le dangereux mythe populiste, ennemi fondamental et historique de l’indispensable antifascisme. Car ici, l’ennemi de mon ennemi ne saurait en aucun cas, en aucune circonstance, être mon ami. Si tant est que l’extrême droite soit vraiment l’ennemi du capitalisme et de la dé-démocratisation, rien n’étant moins sûr. Pour beaucoup d’acteurs associatifs, syndicaux, politiques, institutionnels, nous sommes à la croisée des chemins : union des populismes ou union des énergies anticapitalistes, barbarie ou socialisme.

    • Ce serait bien que le monde définisse ce qu’est pour lui la gauche.

      #Lille la ville de #martine_aubry (gauche).

      Vendredi soir, froid de canard, pluies verglaçantes. Des trains bloqués, 100 000 foyers sans électricité.
      Les #SDF restent dehors, le plan grand froid n’a pas encore été initialisé par la ville, entre autres. Echange de balles avec la préfecture, pour passer le temps.
      La ville de Lille consacre toutes ses ressources financières à l’élection de #Miss_France.

      Ecologie, toujours à Lille, c’est la guerre contre les opposants à la bétonisation. Guerre violente.

      gauche dans le gouvernement macron, combien de ministres anciennement ou toujours #PS ?

      On aurait bien besoin de médecin hospitalier dans le département, et de militants écologistes dans la métropole.

      Drôles de zigs, celles et ceux qui publient des lettres ouvertes dans l’#immonde, surtout quand ils veulent sauver la #gauche caviar qui s’engraisse, omniprésente.

  • ver.di – Botanischer Garten
    https://bb.verdi.de/presse/pressemitteilungen/++co++6a946e3e-f308-11e8-abe4-525400b665de


    A Berlin une lutte acharnée oppose les employés du grand jardin botanique aux managers de la Freie Universität . Après la conclusion d’un accord qui garantit à tous les employés du jardin botanique de continuer leur travail dans le jardin, les gestionnaires de l’université ordonnent aux techniciens de travailler dans d’autres instituts situées hors du jardin. Par cette violation du contrat la direction cherche évidemment à briser l’unité des équipes qui ont accumulé une grande expérience de lutte.

    28.11.2018 - ver.di fordert Einhaltung des Interessensausgleichs am Botanischen Garten

    Nur wenige Monate nach dem Betriebsübergang verstößt die Freie Universität Berlin gegen die mühsam verhandelten Vereinbarungen im Interessenausgleich und gegen den Kuratoriumsbeschluss im Bereich der Technik. Obwohl dort festgelegt wird, dass alle Techniker auch weiterhin überwiegend am Botanischen Garten eingesetzt werden müssen, wurden jetzt 2 der 8 Techniker gegen ihren Willen zum 01.11.2018 dauerhaft aus dem Betriebsbereich Botanischer Garten abgezogen und angewiesen, ihre Arbeit an anderen Standorten aufzunehmen. Im heftigen Widerspruch zu diesem Vorgehen stehen die Vereinbarungen im Interessenausgleich mit dem Betriebsrat als auch der Beschluss des Kuratoriums Nr. 281/2017, Punkt 4 vom 15.12.2017. ver.di fordert das Kuratorium der Freien Universität und damit auch den Wissenschaftssenat auf, dafür zu sorgen, dass die zwei zugehörigen Beschlüsse eingehalten werden und die Techniker wieder mit Arbeiten an der ZE BGBM betraut werden.

    ver.di kritisierte schon in 2017 die Ausgliederung des Technikservice aus dem Garten an die Freie Universität Berlin (siehe Pressemitteilungen vom 13.12.2017 und 22.12.2017). Zwar konnte die Eingliederung des Technikservice in die ZE BGBM nicht erreicht werden, dafür wurde ein überwiegender Einsatz der einzelnen Techniker des Technikservice im Botanischen Garten und Museum gemäß dem Beschluss des Kuratoriums der Freien Universität vom 15.12.2017 im Interessenausgleich festgeschrieben. Begründet wurde das auch damit, dass die vom Senat bereit gestellten Mittel für den Aufwuchs der Löhne der Beschäftigten der Betriebsgesellschaft im Hochschulvertrag über einen Sondertatbestand geregelt wurden und in der Zentraleinrichtung Botanischer Garten und Botanisches Museum verbleiben sollten.

    „Die Vereinbarung ist eindeutig“, so Jana Seppelt, zuständige Gewerkschaftssekretärin. „Sie besagt nicht – wie die Kanzlerin der FU, Frau Bör mittlerweile verlauten lässt –, dass nur die überwiegende Anzahl der Beschäftigten des Technikservice mit Tätigkeiten im Botanischen Garten und das Botanische Museum betraut werden muss, während der Rest irgendwo außerhalb an der FU eingesetzt werden kann. Die Vereinbarung besagt vielmehr, dass jeder einzelne Beschäftigte des Technikservice auch nach dem 01.01.2018 überwiegend mit Tätigkeiten für den Botanischen Garten zu betrauen ist. Nur diese Lesart wird dem Wortlaut und dem Geist der Vereinbarung gerecht.“

    Das Kuratorium der Freien Universität wird sich am kommenden Freitag, den 30.11.2018 mit dem Konflikt befassen. Die Kuratoriumssitzung ist öffentlich und findet im Clubhaus der Freien Universität in der Goethestraße 49, 14163 Berlin, statt. ver.di hat die Kollegen im Bereich Technik und Unterstützer/innen zur Teilnahme an der Sitzung aufgerufen.

    Für Rückfragen:
    Jana Seppelt, ver.di Berlin-Brandenburg, Fachbereich Bildung, Wissenschaft und Forschung
    mobil: 0151 / 15 94 88 42, Mail: jana.seppelt@verdi.de

    ver.di – Bildung,Wissenschaft,Forschung Berlin-Brandenburg
    https://biwifo-bb.verdi.de/ueber-uns

    Forscher, Studierende, Mitarbeiter der Studentenwerke, Bibliothekarinnen, Archivare, Beschäftigte der Hochschulen – sie alle sind in diesem Fachbereich organisiert.

    Jardin botanique et musée botanique de Berlin-Dahlem
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_botanique_et_mus%C3%A9e_botanique_de_Berlin-Dahlem

    BGBM - Botanischer Garten und Botanisches Museum Berlin
    https://www.bgbm.org

    #Berlin #Freie_Universität #jardin_botanique #lutte_des_classes

  • High score, low pay : why the gig economy loves gamification | Business | The Guardian
    https://www.theguardian.com/business/2018/nov/20/high-score-low-pay-gamification-lyft-uber-drivers-ride-hailing-gig-econ

    Using ratings, competitions and bonuses to incentivise workers isn’t new – but as I found when I became a Lyft driver, the gig economy is taking it to another level.

    Every week, it sends its drivers a personalised “Weekly Feedback Summary”. This includes passenger comments from the previous week’s rides and a freshly calculated driver rating. It also contains a bar graph showing how a driver’s current rating “stacks up” against previous weeks, and tells them whether they have been “flagged” for cleanliness, friendliness, navigation or safety.

    At first, I looked forward to my summaries; for the most part, they were a welcome boost to my self-esteem. My rating consistently fluctuated between 4.89 stars and 4.96 stars, and the comments said things like: “Good driver, positive attitude” and “Thanks for getting me to the airport on time!!” There was the occasional critique, such as “She weird”, or just “Attitude”, but overall, the comments served as a kind of positive reinforcement mechanism. I felt good knowing that I was helping people and that people liked me.

    But one week, after completing what felt like a million rides, I opened my feedback summary to discover that my rating had plummeted from a 4.91 (“Awesome”) to a 4.79 (“OK”), without comment. Stunned, I combed through my ride history trying to recall any unusual interactions or disgruntled passengers. Nothing. What happened? What did I do? I felt sick to my stomach.

    Because driver ratings are calculated using your last 100 passenger reviews, one logical solution is to crowd out the old, bad ratings with new, presumably better ratings as fast as humanly possible. And that is exactly what I did.

    In a certain sense, Kalanick is right. Unlike employees in a spatially fixed worksite (the factory, the office, the distribution centre), rideshare drivers are technically free to choose when they work, where they work and for how long. They are liberated from the constraining rhythms of conventional employment or shift work. But that apparent freedom poses a unique challenge to the platforms’ need to provide reliable, “on demand” service to their riders – and so a driver’s freedom has to be aggressively, if subtly, managed. One of the main ways these companies have sought to do this is through the use of gamification.

    Simply defined, gamification is the use of game elements – point-scoring, levels, competition with others, measurable evidence of accomplishment, ratings and rules of play – in non-game contexts. Games deliver an instantaneous, visceral experience of success and reward, and they are increasingly used in the workplace to promote emotional engagement with the work process, to increase workers’ psychological investment in completing otherwise uninspiring tasks, and to influence, or “nudge”, workers’ behaviour. This is what my weekly feedback summary, my starred ratings and other gamified features of the Lyft app did.

    There is a growing body of evidence to suggest that gamifying business operations has real, quantifiable effects. Target, the US-based retail giant, reports that gamifying its in-store checkout process has resulted in lower customer wait times and shorter lines. During checkout, a cashier’s screen flashes green if items are scanned at an “optimum rate”. If the cashier goes too slowly, the screen flashes red. Scores are logged and cashiers are expected to maintain an 88% green rating. In online communities for Target employees, cashiers compare scores, share techniques, and bemoan the game’s most challenging obstacles.
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    But colour-coding checkout screens is a pretty rudimental kind of gamification. In the world of ride-hailing work, where almost the entirety of one’s activity is prompted and guided by screen – and where everything can be measured, logged and analysed – there are few limitations on what can be gamified.

    Every Sunday morning, I receive an algorithmically generated “challenge” from Lyft that goes something like this: “Complete 34 rides between the hours of 5am on Monday and 5am on Sunday to receive a $63 bonus.” I scroll down, concerned about the declining value of my bonuses, which once hovered around $100-$220 per week, but have now dropped to less than half that.

    “Click here to accept this challenge.” I tap the screen to accept. Now, whenever I log into driver mode, a stat meter will appear showing my progress: only 21 more rides before I hit my first bonus.

    In addition to enticing drivers to show up when and where demand hits, one of the main goals of this gamification is worker retention. According to Uber, 50% of drivers stop using the application within their first two months, and a recent report from the Institute of Transportation Studies at the University of California in Davis suggests that just 4% of ride-hail drivers make it past their first year.

    Before Lyft rolled out weekly ride challenges, there was the “Power Driver Bonus”, a weekly challenge that required drivers to complete a set number of regular rides. I sometimes worked more than 50 hours per week trying to secure my PDB, which often meant driving in unsafe conditions, at irregular hours and accepting nearly every ride request, including those that felt potentially dangerous (I am thinking specifically of an extremely drunk and visibly agitated late-night passenger).

    Of course, this was largely motivated by a real need for a boost in my weekly earnings. But, in addition to a hope that I would somehow transcend Lyft’s crappy economics, the intensity with which I pursued my PDBs was also the result of what Burawoy observed four decades ago: a bizarre desire to beat the game.

    Former Google “design ethicist” Tristan Harris has also described how the “pull-to-refresh” mechanism used in most social media feeds mimics the clever architecture of a slot machine: users never know when they are going to experience gratification – a dozen new likes or retweets – but they know that gratification will eventually come. This unpredictability is addictive: behavioural psychologists have long understood that gambling uses variable reinforcement schedules – unpredictable intervals of uncertainty, anticipation and feedback – to condition players into playing just one more round.

    It is not uncommon to hear ride-hailing drivers compare even the mundane act of operating their vehicles to the immersive and addictive experience of playing a video game or a slot machine. In an article published by the Financial Times, long-time driver Herb Croakley put it perfectly: “It gets to a point where the app sort of takes over your motor functions in a way. It becomes almost like a hypnotic experience. You can talk to drivers and you’ll hear them say things like, I just drove a bunch of Uber pools for two hours, I probably picked up 30–40 people and I have no idea where I went. In that state, they are literally just listening to the sounds [of the driver’s apps]. Stopping when they said stop, pick up when they say pick up, turn when they say turn. You get into a rhythm of that, and you begin to feel almost like an android.”

    In their foundational text Algorithmic Labor and Information Asymmetries: A Case Study of Uber’s Drivers, Alex Rosenblat and Luke Stark write: “Uber’s self-proclaimed role as a connective intermediary belies the important employment structures and hierarchies that emerge through its software and interface design.” “Algorithmic management” is the term Rosenblat and Stark use to describe the mechanisms through which Uber and Lyft drivers are directed. To be clear, there is no singular algorithm. Rather, there are a number of algorithms operating and interacting with one another at any given moment. Taken together, they produce a seamless system of automatic decision-making that requires very little human intervention.

    For many on-demand platforms, algorithmic management has completely replaced the decision-making roles previously occupied by shift supervisors, foremen and middle- to upper- level management. Uber actually refers to its algorithms as “decision engines”. These “decision engines” track, log and crunch millions of metrics every day, from ride frequency to the harshness with which individual drivers brake. It then uses these analytics to deliver gamified prompts perfectly matched to drivers’ data profiles.

    To increase the prospect of surge pricing, drivers in online forums regularly propose deliberate, coordinated, mass “log-offs” with the expectation that a sudden drop in available drivers will “trick” the algorithm into generating higher surges. I have never seen one work, but the authors of a recently published paper say that mass log-offs are occasionally successful.

    Viewed from another angle, though, mass log-offs can be understood as good, old-fashioned work stoppages. The temporary and purposeful cessation of work as a form of protest is the core of strike action, and remains the sharpest weapon workers have to fight exploitation. But the ability to log-off en masse has not assumed a particularly emancipatory function.

    After weeks of driving like a maniac in order to restore my higher-than-average driver rating, I managed to raise it back up to a 4.93. Although it felt great, it is almost shameful and astonishing to admit that one’s rating, so long as it stays above 4.6, has no actual bearing on anything other than your sense of self-worth. You do not receive a weekly bonus for being a highly rated driver. Your rate of pay does not increase for being a highly rated driver. In fact, I was losing money trying to flatter customers with candy and keep my car scrupulously clean. And yet, I wanted to be a highly rated driver.
    How much is an hour worth? The war over the minimum wage
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    And this is the thing that is so brilliant and awful about the gamification of Lyft and Uber: it preys on our desire to be of service, to be liked, to be good. On weeks that I am rated highly, I am more motivated to drive. On weeks that I am rated poorly, I am more motivated to drive. It works on me, even though I know better. To date, I have completed more than 2,200 rides.

    #Lyft #Uber #Travail #Psychologie_comportementale #Gamification #Néo_management #Lutte_des_classes

  • Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire » – Le populaire dans tous ses états - Gérard Noiriel
    https://noiriel.wordpress.com/2018/11/21/les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-lhistoire

    [...] La première différence avec les « #jacqueries » médiévales tient au fait que la grande majorité des #individus qui ont participé aux blocages de samedi dernier ne font pas partie des milieux les plus défavorisés de la société. Ils sont issus des milieux modestes et de la petite classe moyenne qui possèdent au moins une voiture. Alors que « la grande jacquerie » de 1358 fut un sursaut désespéré des gueux sur le point de mourir de faim, dans un contexte marqué par la guerre de Cent Ans et la peste noire.

    La deuxième différence, et c’est à mes yeux la plus importante, concerne la coordination de l’action. Comment des individus parviennent-ils à se lier entre eux pour participer à une lutte collective ? Voilà une question triviale, sans doute trop banale pour que les commentateurs la prennent au sérieux. Et pourtant elle est fondamentale. A ma connaissance, personne n’a insisté sur ce qui fait réellement la nouveauté des gilets jaunes : à savoir la dimension d’emblée nationale d’un mouvement spontané. Il s’agit en effet d’une protestation qui s’est développée simultanément sur tout le territoire français (y compris les DOM-TOM), mais avec des effectifs localement très faibles. Au total, la journée d’action a réuni moins de 300 000 personnes, ce qui est un score modeste comparé aux grandes manifestations populaires. Mais ce total est la somme des milliers d’actions groupusculaires réparties sur tout le territoire.

    Cette caractéristique du mouvement est étroitement liée aux moyens utilisés pour coordonner l’action des acteurs de la lutte. Ce ne sont pas les organisations politiques et syndicales qui l’ont assurée par leurs moyens propres, mais les « réseaux sociaux ». Les nouvelles technologies permettent ainsi de renouer avec des formes anciennes « d’action directe », mais sur une échelle beaucoup plus vaste, car elles relient des individus qui ne se connaissent pas. Facebook, twitter et les smartphones diffusent des messages immédiats (SMS) en remplaçant ainsi la correspondance écrite, notamment les tracts et la presse militante qui étaient jusqu’ici les principaux moyens dont disposaient les organisations pour coordonner l’action collective ; l’instantanéité des échanges restituant en partie la spontanéité des interactions en face à face d’autrefois.

    Toutefois les réseau sociaux, à eux seuls, n’auraient jamais pu donner une telle ampleur au mouvement des gilets jaunes. Les journalistes mettent constamment en avant ces « réseaux sociaux » pour masquer le rôle qu’ils jouent eux-mêmes dans la construction de l’action publique. Plus précisément, c’est la complémentarité entre les réseaux sociaux et les chaînes d’information continue qui ont donné à ce mouvement sa dimension d’emblée nationale. Sa popularisation résulte en grande partie de l’intense « propagande » orchestrée par les grands médias dans les jours précédents. Parti de la base, diffusé d’abord au sein de petits réseaux via facebook, l’événement a été immédiatement pris en charge par les grands médias qui ont annoncé son importance avant même qu’il ne se produise. La journée d’action du 17 novembre a été suivie par les chaînes d’information continue dès son commencement, minute par minute, « en direct » (terme qui est devenu désormais un équivalent de communication à distance d’événements en train de se produire). Les journalistes qui incarnent aujourd’hui au plus haut point le populisme (au sens vrai du terme) comme Eric Brunet qui sévit à la fois sur BFM-TV et sur RMC, n’ont pas hésité à endosser publiquement un gilet jaune, se transformant ainsi en porte-parole auto-désigné du peuple en lutte. Voilà pourquoi la chaîne a présenté ce conflit social comme un « mouvement inédit de la majorité silencieuse ».

    Une étude qui comparerait la façon dont les #médias ont traité la lutte des cheminots au printemps dernier et celle des gilets jaunes serait très instructive. Aucune des journées d’action des cheminots n’a été suivie de façon continue et les téléspectateurs ont été abreuvés de témoignages d’usagers en colère contre les grévistes, alors qu’on a très peu entendu les automobilistes en colère contre les bloqueurs.

    Je suis convaincu que le traitement médiatique du mouvement des gilets jaunes illustre l’une des facettes de la nouvelle forme de démocratie dans laquelle nous sommes entrés et que Bernard Manin appelle la « démocratie du public » (cf son livre Principe du gouvernement représentatif, 1995). [...]

    C’est toujours la mise en œuvre de cette citoyenneté #populaire qui a permis l’irruption dans l’espace public de #porte-parole[s] qui étai[en]t socialement destinés à rester dans l’ombre. Le mouvement des gilets jaunes a fait émerger un grand nombre de porte-parole de ce type. Ce qui frappe, c’est la diversité de leur profil et notamment le grand nombre de femmes, alors qu’auparavant la fonction de porte-parole était le plus souvent réservée aux hommes. La facilité avec laquelle ces leaders populaires s’expriment aujourd’hui devant les caméras est une conséquence d’une double démocratisation : l’élévation du niveau scolaire et la pénétration des techniques de communication audio-visuelle dans toutes les couches de la société. Cette compétence est complètement niée par les élites aujourd’hui ; ce qui renforce le sentiment de « mépris » au sein du peuple. Alors que les ouvriers représentent encore 20% de la population active, aucun d’entre eux n’est présent aujourd’hui à la Chambre des députés. Il faut avoir en tête cette discrimination massive pour comprendre l’ampleur du rejet populaire de la politique politicienne.

    Mais ce genre d’analyse n’effleure même pas « les professionnels de la parole publique » que sont les journalistes des chaînes d’information continue. En diffusant en boucle les propos des manifestants affirmant leur refus d’être « récupérés » par les syndicats et les partis, ils poursuivent leur propre combat pour écarter les corps intermédiaires et pour s’installer eux-mêmes comme les porte-parole légitimes des mouvements populaires. En ce sens, ils cautionnent la politique libérale d’Emmanuel Macron qui vise elle aussi à discréditer les structures collectives que se sont données les classes populaires au cours du temps.

    https://seenthis.net/messages/736409
    #histoire #luttes_sociales #action_politique #parole

    • La couleur des #gilets_jaunes
      par Aurélien Delpirou , le 23 novembre
      https://laviedesidees.fr/La-couleur-des-gilets-jaunes.html

      Jacquerie, révolte des périphéries, revanche des prolos… Les premières analyses du mouvement des gilets jaunes mobilisent de nombreuses prénotions sociologiques. Ce mouvement cependant ne reflète pas une France coupée en deux, mais une multiplicité d’interdépendances territoriales.
      La mobilisation des gilets jaunes a fait l’objet ces derniers jours d’une couverture médiatique exceptionnelle. Alors que les journalistes étaient à l’affut du moindre débordement, quelques figures médiatiques récurrentes se sont succédé sur les plateaux de télévision et de radio pour apporter des éléments d’analyse et d’interprétation du mouvement. Naturellement, chacun y a vu une validation de sa propre théorie sur l’état de la société française. Certains termes ont fait florès, comme jacquerie — qui désigne les révoltes paysannes dans la France d’Ancien Régime — lancé par Éric Zemmour dès le vendredi 16, puis repris par une partie de la presse régionale [1]. De son côté, Le Figaro prenait la défense de ces nouveaux ploucs-émissaires, tandis que sur Europe 1, Christophe Guilluy se réjouissait presque de la fronde de « sa » France périphérique — appelée plus abruptement cette France-là par Franz-Olivier Giesbert — et Nicolas Baverez dissertait sur la revanche des citoyens de base.

      Au-delà de leur violence symbolique et de leur condescendance, ces propos répétés ad nauseam urbi et orbi disent sans aucun doute moins de choses sur les gilets jaunes que sur les représentations sociales et spatiales de leurs auteurs. Aussi, s’il faudra des enquêtes approfondies et le recul de l’analyse pour comprendre ce qui se joue précisément dans ce mouvement, il semble utile de déconstruire dès maintenant un certain nombre de prénotions qui saturent le débat public. Nous souhaitons ici expliciter quatre d’entre elles, formalisées de manière systématique en termes d’opposition : entre villes et campagnes, entre centres-villes et couronnes périurbaines, entre bobos et classes populaires, entre métropoles privilégiées et territoires oubliés par l’action publique. À défaut de fournir des grilles de lecture stabilisées, la mise à distance de ces caricatures peut constituer un premier pas vers une meilleure compréhension des ressorts et des enjeux de la contestation en cours.

    • Classes d’encadrement et prolétaires dans le « mouvement des gilets jaunes »
      https://agitationautonome.com/2018/11/25/classes-dencadrement-et-proletaires-dans-le-mouvement-des-gilets-

      La mobilisation protéiforme et interclassiste des « gilets jaunes » donne à entendre une colère se cristallisant dans des formes et des discours différents selon les blocages et les espaces, créant une sorte d’atonie critique si ce n’est des appels romantiques à faire peuple, comme nous le montrions ici.
      [Des gilets jaunes à ceux qui voient rouge
      https://agitationautonome.com/2018/11/22/des-gilets-jaunes-a-ceux-qui-voient-rouge/]

      Reste un travail fastidieux : s’intéresser à une semaine de mobilisation à travers les structures spatiales et démographiques qui la traversent et qui nous renseignent sur sa composition sociale.

    • Gérard Noiriel : « Les “gilets jaunes” replacent la question sociale au centre du jeu politique », propos recueillis par Nicolas Truong.

      Dans un entretien au « Monde », l’historien considère que ce #mouvement_populaire tient plus des sans-culottes et des communards que du poujadisme ou des jacqueries.

      Historien et directeur d’études à l’EHESS, Gérard Noiriel a travaillé sur l’histoire de l’immigration en France (Le Creuset français. Histoire de l’immigration, Seuil, 1988), sur le racisme (Le Massacre des Italiens. Aigues-Mortes, 17 août 1893, Fayard, 2010), sur l’histoire de la classe ouvrière (Les Ouvriers dans la société française, Seuil, 1986) et sur les questions interdisciplinaires et épistémologiques en histoire (Sur la « crise » de l’histoire, Belin, 1996). Il vient de publier Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours (Agone, 832 p., 28 euros) et propose une analyse socio-historique du mouvement des « gilets jaunes ».

      Qu’est-ce qui fait, selon vous, l’originalité du mouvement des « gilets jaunes », replacé dans l’histoire des luttes populaires que vous avez étudiée dans votre dernier livre ?

      Dans cet ouvrage, j’ai tenté de montrer qu’on ne pouvait pas comprendre l’histoire des #luttes_populaires si l’on se contentait d’observer ceux qui y participent directement. Un mouvement populaire est une relation sociale qui implique toujours un grand nombre d’acteurs. Il faut prendre en compte ceux qui sont à l’initiative du mouvement, ceux qui coordonnent l’action, ceux qui émergent en tant que porte-parole de leurs camarades, et aussi les commentateurs qui tirent les « enseignements du conflit ». Autrement dit, pour vraiment comprendre ce qui est en train de se passer avec le mouvement des « gilets jaunes », il faut tenir tous les bouts de la chaîne.

      Je commencerais par la fin, en disant un mot sur les commentateurs. Etant donné que ce conflit social est parti de la base, échappant aux organisations qui prennent en charge d’habitude les revendications des citoyens, ceux que j’appelle les « professionnels de la parole publique » ont été particulièrement nombreux à s’exprimer sur le sujet. La nouveauté de cette lutte collective les a incités à rattacher l’inconnu au connu ; d’où les nombreuses comparaisons historiques auxquelles nous avons eu droit. Les conservateurs, comme Eric Zemmour, ont vu dans le mouvement des « gilets jaunes » une nouvelle jacquerie. Les retraités de la contestation, comme Daniel Cohn-Bendit, ont dénoncé une forme de poujadisme. De l’autre côté du spectre, ceux qui mettent en avant leurs origines populaires pour se présenter comme des porte-parole légitimes des mouvements sociaux, à l’instar des philosophes Michel Onfray ou Jean-Claude Michéa, se sont emparés des « gilets jaunes » pour alimenter leurs polémiques récurrentes contre les élites de Sciences Po ou de Normale Sup. Les « gilets jaunes » sont ainsi devenus les dignes successeurs des sans-culottes et des communards, luttant héroïquement contre les oppresseurs de tout poil.

      La comparaison du mouvement des « gilets jaunes » avec les jacqueries ou le poujadisme est-elle justifiée ?

      En réalité, aucune de ces références historiques ne tient vraiment la route. Parler, par exemple, de jacquerie à propos des « gilets jaunes » est à la fois un anachronisme et une insulte. Le premier grand mouvement social qualifié de jacquerie a eu lieu au milieu du XIVe siècle, lorsque les paysans d’Ile-de-France se sont révoltés contre leurs seigneurs. La source principale qui a alimenté pendant des siècles le regard péjoratif porté sur ces soulèvements populaires, c’est le récit de Jean Froissart, l’historien des puissants de son temps, rédigé au cours des années 1360 et publié dans ses fameuses Chroniques. « Ces méchants gens assemblés sans chef et sans armures volaient et brûlaient tout, et tuaient sans pitié et sans merci, ainsi comme chiens enragés. » Le mot « jacquerie » désignait alors les résistances des paysans que les élites surnommaient « les Jacques », terme méprisant que l’on retrouve dans l’expression « faire le Jacques » (se comporter comme un paysan lourd et stupide).
      Mais la grande jacquerie de 1358 n’avait rien à voir avec les contestations sociales actuelles. Ce fut un sursaut désespéré des gueux sur le point de mourir de faim, dans un contexte marqué par la guerre de Cent Ans et la peste noire. A l’époque, les mouvements sociaux étaient localisés et ne pouvaient pas s’étendre dans tout le pays, car le seul moyen de communication dont disposaient les émeutiers était le bouche-à-oreille.

      Ce qui a fait la vraie nouveauté des « gilets jaunes », c’est la dimension d’emblée nationale d’une mobilisation qui a été présentée comme spontanée. Il s’agit en effet d’une protestation qui s’est développée simultanément sur tout le territoire français (y compris les DOM-TOM), mais avec des effectifs localement très faibles. Au total, la journée d’action du 17 novembre a réuni moins de 300 000 personnes, ce qui est un score modeste comparé à d’autres manifestations populaires. Mais ce total est la somme des milliers d’#actions_groupusculaires réparties sur tout le #territoire.

      « La dénonciation du mépris des puissants revient presque toujours dans les grandes luttes populaires »

      Comment peut-on expliquer qu’un mouvement spontané, parti de la base, sans soutien des partis et des syndicats, ait pu se développer ainsi sur tout le territoire national ?

      On a beaucoup insisté sur le rôle des réseaux sociaux. Il est indéniable que ceux-ci ont été importants pour lancer le mouvement. Facebook, Twitter et les smartphones diffusent des messages immédiats qui tendent à remplacer la correspondance écrite, notamment les tracts et la presse d’opinion, qui étaient jusqu’ici les principaux moyens dont disposaient les organisations militantes pour coordonner l’#action_collective ; l’instantanéité des échanges restituant en partie la spontanéité des interactions en face à face d’autrefois.

      Néanmoins, les #réseaux_sociaux, à eux seuls, n’auraient jamais pu donner une telle ampleur au mouvement des « gilets jaunes ». Les journées d’action du 17 et du 24 novembre ont été suivies par les chaînes d’#information_en_continu dès leur commencement, minute par minute, en direct. Le samedi 24 novembre au matin, les journalistes étaient plus nombreux que les « gilets jaunes » aux Champs-Elysées. Si l’on compare avec les journées d’action des cheminots du printemps dernier, on voit immédiatement la différence. Aucune d’entre elles n’a été suivie de façon continue, et les téléspectateurs ont été abreuvés de témoignages d’usagers en colère contre les grévistes. Cet automne, on a très peu entendu les automobilistes en colère contre les bloqueurs.

      Je pense que le mouvement des « gilets jaunes » peut être rapproché de la manière dont Emmanuel Macron a été élu président de la République, lui aussi par surprise et sans parti politique. Ce sont deux illustrations du nouvel âge de la démocratie dans lequel nous sommes entrés, et que Bernard Manin appelle la « démocratie du public » dans son livre Principe du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1995). De même que les électeurs se prononcent en fonction de l’offre politique du moment – et de moins en moins par fidélité à un parti politique –, les mouvements sociaux éclatent aujourd’hui en fonction d’une conjoncture et d’une actualité précises. Avec le recul du temps, on s’apercevra peut-être que l’ère des partis et des syndicats a correspondu à une période limitée de notre histoire, l’époque où les liens à distance étaient matérialisés par la #communication_écrite.

      La France des années 1930 était infiniment plus violente que celle d’aujourd’hui

      La journée du 24 novembre a mobilisé moins de monde que celle du 17, mais on a senti une radicalisation du mouvement, illustrée par la volonté des « gilets jaunes » de se rendre à l’Elysée. Certains observateurs ont fait le rapprochement avec les manifestants du 6 février 1934, qui avaient fait trembler la République en tentant eux aussi de marcher sur l’Elysée. L’analogie est-elle légitime ?

      Cette comparaison n’est pas crédible non plus sur le plan historique. La France des années 1930 était infiniment plus violente que celle d’aujourd’hui. Les manifestants du 6 février 1934 étaient très organisés, soutenus par les partis de droite, encadrés par des associations d’anciens combattants et par des ligues d’extrême droite, notamment les Croix de feu, qui fonctionnaient comme des groupes paramilitaires. Leur objectif explicite était d’abattre la République. La répression de cette manifestation a fait 16 morts et quelque 1 000 blessés. Le 9 février, la répression de la contre-manifestation de la gauche a fait 9 morts. Les journées d’action des « gilets jaunes » ont fait, certes, plusieurs victimes, mais celles-ci n’ont pas été fusillées par les forces de l’ordre. C’est le résultat des accidents causés par les conflits qui ont opposé le peuple bloqueur et le peuple bloqué.

      Pourtant, ne retrouve-t-on pas aujourd’hui le rejet de la politique parlementaire qui caractérisait déjà les années 1930 ?

      La défiance populaire à l’égard de la #politique_parlementaire a été une constante dans notre histoire contemporaine. La volonté des « gilets jaunes » d’éviter toute récupération politique de leur mouvement s’inscrit dans le prolongement d’une critique récurrente de la conception dominante de la citoyenneté. La bourgeoisie a toujours privilégié la délégation de pouvoir : « Votez pour nous et on s’occupe de tout ».

      Néanmoins, dès le début de la Révolution française, les sans-culottes ont rejeté cette dépossession du peuple, en prônant une conception populaire de la #citoyenneté fondée sur l’#action_directe. L’une des conséquences positives des nouvelles technologies impulsées par Internet, c’est qu’elles permettent de réactiver cette pratique de la citoyenneté, en facilitant l’action directe des citoyens. Les « gilets jaunes » qui bloquent les routes en refusant toute forme de récupération politique s’inscrivent confusément dans le prolongement du combat des sans-culottes en 1792-1794, des citoyens-combattants de février 1848, des communards de 1870-1871 et des anarcho-syndicalistes de la Belle Epoque.

      Lorsque cette pratique populaire de la citoyenneté parvient à se développer, on voit toujours émerger dans l’espace public des #porte-parole qui étaient socialement destinés à rester dans l’ombre. Ce qui frappe, dans le mouvement des « gilets jaunes », c’est la diversité de leurs profils, et notamment le grand nombre de femmes, alors qu’auparavant la fonction de porte-parole était le plus souvent réservée aux hommes. La facilité avec laquelle ces leaders populaires s’expriment aujourd’hui devant les caméras est une conséquence d’une double démocratisation : l’élévation du niveau scolaire et la pénétration des techniques de communication audiovisuelle dans toutes les couches de la société. Cette compétence est complètement niée par les élites aujourd’hui ; ce qui renforce le sentiment de mépris au sein du peuple. Alors que les ouvriers représentent encore 20 % de la population active, aucun d’entre eux n’est présent aujourd’hui à l’Assemblée. Il faut avoir en tête cette discrimination massive pour comprendre l’ampleur du rejet populaire de la politique politicienne.

      Si les chaînes d’information en continu ont joué un tel rôle dans le développement du mouvement, comment expliquer que des « gilets jaunes » s’en soient pris physiquement à des journalistes ?

      Je pense que nous assistons aujourd’hui à un nouvel épisode dans la lutte, déjà ancienne, que se livrent les #politiciens et les #journalistes pour apparaître comme les véritables représentants du peuple. En diffusant en boucle les propos des manifestants affirmant leur refus d’être récupérés par les syndicats et les partis, les médias poursuivent leur propre combat pour écarter les corps intermédiaires et pour s’installer eux-mêmes comme les porte-parole légitimes des mouvements populaires. Le fait que des journalistes aient endossé publiquement un gilet jaune avant la manifestation du 17 novembre illustre bien cette stratégie ; laquelle a été confirmée par les propos entendus sur les chaînes d’information en continu présentant ce conflit social comme un « mouvement inédit de la majorité silencieuse ».

      Pourtant, la journée du 24 novembre a mis à nu la contradiction dans laquelle sont pris les nouveaux médias. Pour ceux qui les dirigent, le mot « populaire » est un synonyme d’#audience. Le soutien qu’ils ont apporté aux « gilets jaunes » leur a permis de faire exploser l’Audimat. Mais pour garder leur public en haleine, les chaînes d’information en continu sont dans l’obligation de présenter constamment un spectacle, ce qui incite les journalistes à privilégier les incidents et la violence. Il existe aujourd’hui une sorte d’alliance objective entre les casseurs, les médias et le gouvernement, lequel peut discréditer le mouvement en mettant en exergue les comportements « honteux » des manifestants (comme l’a affirmé le président de la République après la manifestation du 24 novembre). C’est pourquoi, même s’ils ne sont qu’une centaine, les casseurs sont toujours les principaux personnages des reportages télévisés. Du coup, les « gilets jaunes » se sont sentis trahis par les médias, qui les avaient soutenus au départ. Telle est la raison profonde des agressions inadmissibles dont ont été victimes certains journalistes couvrant les événements. Comme on le voit, la défiance que le peuple exprime à l’égard des politiciens touche également les journalistes.

      Ceux qui ont qualifié de « poujadiste » le mouvement des « gilets jaunes » mettent en avant leur revendication centrale : le refus des nouvelles taxes sur le carburant. Cette dimension antifiscale était en effet déjà très présente dans le mouvement animé par Pierre Poujade au cours des années 1950.

      Là encore, je pense qu’il faut replacer le mouvement des « gilets jaunes » dans la longue durée pour le comprendre. Les luttes antifiscales ont toujours joué un rôle extrêmement important dans l’histoire populaire de la France. L’Etat français s’est définitivement consolidé au début du XVe siècle, quand Charles VII a instauré l’impôt royal permanent sur l’ensemble du royaume. Dès cette époque, le rejet de l’#impôt a été une dimension essentielle des luttes populaires. Mais il faut préciser que ce rejet de l’impôt était fortement motivé par le sentiment d’injustice qui animait les classes populaires, étant donné qu’avant la Révolution française, les « privilégiés » (noblesse et clergé), qui étaient aussi les plus riches, en étaient dispensés. Ce refus des injustices fiscales est à nouveau très puissant aujourd’hui, car une majorité de Français sont convaincus qu’ils payent des impôts pour enrichir encore un peu plus la petite caste des ultra-riches, qui échappent à l’impôt en plaçant leurs capitaux dans les paradis fiscaux.

      On a souligné, à juste titre, que le mouvement des « gilets jaunes » était une conséquence de l’appauvrissement des classes populaires et de la disparition des services publics dans un grand nombre de zones dites « périphériques ». Néanmoins, il faut éviter de réduire les aspirations du peuple à des revendications uniquement matérielles. L’une des inégalités les plus massives qui pénalisent les classes populaires concerne leur rapport au langage public. Dans les années 1970, Pierre Bourdieu avait expliqué pourquoi les syndicats de cette époque privilégiaient les revendications salariales en disant qu’il fallait trouver des mots communs pour nommer les multiples aspects de la souffrance populaire. C’est pourquoi les porte-parole disaient « j’ai mal au salaire » au lieu de dire « j’ai mal partout ». Aujourd’hui, les « gilets jaunes » crient « j’ai mal à la taxe » au lieu de dire « j’ai mal partout ». Il suffit d’écouter leurs témoignages pour constater la fréquence des propos exprimant un malaise général. Dans l’un des reportages diffusés par BFM-TV, le 17 novembre, le journaliste voulait absolument faire dire à la personne interrogée qu’elle se battait contre les taxes, mais cette militante répétait sans cesse : « On en a ras le cul », « On en a marre de tout », « Ras-le-bol généralisé ».
      « Avoir mal partout » signifie aussi souffrir dans sa dignité. C’est pourquoi la dénonciation du #mépris des puissants revient presque toujours dans les grandes luttes populaires et celle des « gilets jaunes » n’a fait que confirmer la règle. On a entendu un grand nombre de propos exprimant un #sentiment d’humiliation, lequel nourrit le fort ressentiment populaire à l’égard d’Emmanuel Macron. « L’autre fois, il a dit qu’on était des poujadistes. J’ai été voir dans le dico, mais c’est qui ce blaireau pour nous insulter comme ça ? » Ce témoignage d’un chauffeur de bus, publié par Mediapart le 17 novembre, illustre bien ce rejet populaire.

      Comment expliquer cette focalisation du mécontentement sur Emmanuel Macron ?

      J’ai analysé, dans la conclusion de mon livre, l’usage que le candidat Macron avait fait de l’histoire dans son programme présidentiel. Il est frappant de constater que les classes populaires en sont totalement absentes. Dans le panthéon des grands hommes à la suite desquels il affirme se situer, on trouve Napoléon, Clémenceau, de Gaulle, mais pas Jean Jaurès ni Léon Blum. Certes, la plupart de nos dirigeants sont issus des classes supérieures, mais jusque-là, ils avaient tous accumulé une longue expérience politique avant d’accéder aux plus hautes charges de l’Etat ; ce qui leur avait permis de se frotter aux réalités populaires. M. Macron est devenu président sans aucune expérience politique. La vision du monde exprimée dans son programme illustre un ethnocentrisme de classe moyenne supérieure qui frise parfois la naïveté. S’il concentre aujourd’hui le rejet des classes populaires, c’est en raison du sentiment profond d’injustice qu’ont suscité des mesures qui baissent les impôts des super-riches tout en aggravant la taxation des plus modestes.

      On a entendu aussi au cours de ces journées d’action des slogans racistes, homophobes et sexistes. Ce qui a conduit certains observateurs à conclure que le mouvement des « gilets jaunes » était manipulé par l’#extrême_droite. Qu’en pensez-vous ?

      N’en déplaise aux historiens ou aux sociologues qui idéalisent les résistances populaires, le peuple est toujours traversé par des tendances contradictoires et des jeux internes de domination. Les propos et les comportements que vous évoquez sont fréquents dans les mouvements qui ne sont pas encadrés par des militants capables de définir une stratégie collective et de nommer le mécontentement populaire dans le langage de la #lutte_des_classes. J’ai publié un livre sur le massacre des Italiens à Aigues-Mortes, en 1893, qui montre comment le mouvement spontané des ouvriers français sans travail (qu’on appelait les « trimards ») a dégénéré au point de se transformer en pogrom contre les saisonniers piémontais qui étaient embauchés dans les salins. Je suis convaincu que si les chaînes d’information en continu et les smartphones avaient existé en 1936, les journalistes auraient pu aussi enregistrer des propos xénophobes ou racistes pendant les grèves. Il ne faut pas oublier qu’une partie importante des ouvriers qui avaient voté pour le Front populaire en mai-juin 1936 ont soutenu ensuite le Parti populaire français de Jacques Doriot, qui était une formation d’extrême droite.

      Comment ce mouvement peut-il évoluer, selon vous ?

      L’un des côtés très positifs de ce mouvement tient au fait qu’il replace la question sociale au centre du jeu politique. Des hommes et des femmes de toutes origines et d’opinions diverses se retrouvent ainsi dans un combat commun. La symbolique du gilet jaune est intéressante. Elle donne une identité commune à des gens très différents, identité qui évoque le peuple en détresse, en panne sur le bord de la route. Néanmoins, il est certain que si le mouvement se pérennise, les points de vue différents, voire opposés, qui coexistent aujourd’hui en son sein vont devenir de plus en plus visibles. On peut, en effet, interpréter le combat antifiscal des « gilets jaunes » de deux façons très différentes. La première est libérale : les « gilets jaunes » rejetteraient l’impôt et les taxes au nom de la liberté d’entreprendre. Selon la seconde interprétation, au contraire, est qu’ils combattent les inégalités face à l’impôt, en prônant une redistribution des finances publiques au profit des laissés-pour-compte.

      L’autre grand problème auquel va se heurter le mouvement concerne la question de ses représentants. Les nombreux « gilets jaunes » qui ont été interviewés dans les médias se sont définis comme les porte-parole de la France profonde, celle qu’on n’entend jamais. Issus des milieux populaires, ils sont brutalement sortis de l’ombre. Leur vie a été bouleversée et ils ont été valorisés par les nombreux journalistes qui les ont interviewés ou filmés. Beaucoup d’entre eux vont retomber dans l’anonymat si le mouvement se donne des porte-parole permanents. Ce qui risque d’affaiblir la dimension populaire de la lutte, car il y a de grandes chances que ces représentants soient issus de la classe moyenne, c’est-à-dire des milieux sociaux ayant plus de facilité pour s’exprimer en public, pour structurer des actions collectives.

    • « Gilets jaunes », les habits neufs de la révolte fiscale, entretien avec l’historien Nicolas Delalande, par Anne Chemin

      Selon l’historien Nicolas Delalande, le mouvement actuel s’inscrit dans une longue tradition de contestation, qui conspue l’Etat tout en réclamant sa protection.

      Chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po, ­Nicolas Delalande, spécialiste de l’histoire de l’Etat, des solidarités et des inégalités, est l’un des maîtres d’œuvre de l’Histoire mondiale de la France (Seuil, 2017). Il a publié Les Batailles de l’impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours (Seuil, 2011). Il publie en février 2019 un livre sur l’internationalisme ouvrier de 1864 à 1914, La Lutte et l’Entraide (Seuil, 368 pages, 24 euros).

      Pouvez-vous situer le mouvement des « gilets jaunes » par rapport aux « révoltes fiscales » apparues depuis les années 1970 en France et aux Etats-Unis ?

      La révolte fiscale a souvent été présentée comme un archaïsme, une forme de mobilisation « pré-moderne » que la démocratie libérale et le progrès économique devaient rendre résiduelle. Le mouvement poujadiste des années 1950 fut ainsi interprété comme l’ultime résistance d’un monde de petits artisans et de commerçants voué à disparaître. Ce qui était censé appartenir au monde d’avant est pourtant toujours d’actualité…

      Le mouvement des « gilets jaunes » s’inscrit dans une vague de regain des contestations fiscales. C’est dans les années 1970, aux Etats-Unis, que le thème de la « révolte fiscale » fait son retour. Disparate et composite, cette mobilisation contre le poids des taxes sur la propriété débouche sur l’ultralibéralisme des années Reagan (1981-1989). Le mouvement du Tea Party, lancé en 2008, radicalise plus encore cette attitude de rejet viscéral de l’impôt. Il n’est pas sans lien avec la désignation de Donald Trump comme candidat républicain en 2016.

      En France, c’est dans les années 1980 que l’antifiscalisme refait surface comme langage politique. Après la crise de 2008, les protestations se multiplient, dans un contexte d’augmentation des impôts et de réduction des dépenses. La nouveauté des « gilets jaunes », par rapport aux « pigeons » ou aux « bonnets rouges », tient à l’absence de toute organisation patronale ou syndicale parmi leurs initiateurs.

      Ces mouvements rejettent en général les étiquettes politiques ou syndicales. Comment définiriez-vous leur rapport au politique ?

      Au-delà des militants d’extrême droite qui cherchent sûrement à en tirer profit, la mobilisation touche des catégories populaires et des classes moyennes qui entretiennent un rapport distant avec la politique au sens électoral du terme : beaucoup déclarent ne plus voter depuis longtemps. Cela ne veut pas dire que les messages portés ne sont pas de nature politique. Le rejet des élites, du centralisme parisien et des taxes en tout genre appartient à un répertoire politique, celui des « petits contre les gros », dont l’origine, en France, remonte à la fin du XIXe siècle. Aux Etats-Unis, c’est aussi dans les années 1890 que naît le « populisme », un courant de défense des petits fermiers contre les trusts et l’oligarchie. Son originalité est d’être favorable à la régulation, plutôt qu’hostile à toute forme d’intervention publique.

      Au XXe siècle, les mouvements antifiscaux penchaient plutôt à droite. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

      Parler au nom des contribuables, dans les années 1930, est très situé politiquement. En 1933, la « Journée nationale des contribuables » rassemble des adversaires convaincus de la gauche qui sont hostiles à la « spoliation fiscale et étatiste ». Les commerçants ferment leurs boutiques, les manifestants défilent en voiture et en camion, et on appelle à monter à Paris pour défier le pouvoir. La coagulation des mécontentements prend alors une connotation antirépublicaine qui culmine lors de la journée du 6 février 1934.

      Mais la gauche n’est pas complètement absente de ces mouvements. Au XIXe siècle, les républicains et les socialistes furent souvent les premiers à critiquer le poids des taxes sur la consommation. Dans les années 1930 et au début du mouvement Poujade (1953-1958), les communistes ont soutenu des actions locales de protestation au nom de la dénonciation de l’injustice fiscale. Reste que la critique de l’injustice fiscale peut prendre des directions très différentes : certains appellent à faire payer les riches quand d’autres attaquent le principe même de l’impôt. En France, ces mouvements ont presque toujours été marqués par cette ambiguïté : on conspue l’Etat tout en réclamant sa protection.

      On a longtemps pensé que les révoltes fiscales disparaîtraient avec les régimes démocratiques, l’impôt devenant le fruit d’une délibération collective. Comment expliquer cette renaissance de la contestation fiscale ?

      La contestation antifiscale est toujours le symptôme d’un dysfonctionnement plus profond des institutions. La dévitalisation du pouvoir parlementaire, sous la Ve République, est à l’évidence une des causes profondes du phénomène. A l’origine, le Parlement devait assurer la représentation des citoyens, qui sont à la fois des contribuables et des usagers des services publics. La délibération devait produire le consentement, tout comme la capacité du pouvoir législatif à contrôler les dépenses de l’Etat. Dès lors que le pouvoir théorise sa verticalité et dénie la légitimité des corps intermédiaires, ne reste plus que le face-à-face surjoué entre le contribuable en colère et le dirigeant désemparé. L’émergence de ces formes nouvelles de protestation est la conséquence logique de cette incapacité du pouvoir à trouver des relais dans la société.

      Ce « ras-le-bol fiscal » ne s’accompagne pas d’un mouvement de refus de paiement de l’impôt. Est-ce le signe que malgré tout, le compromis fiscal est encore solide ?

      C’est une des constantes de la protestation fiscale en France : la rhétorique anti-impôts y est d’autant plus forte qu’elle ne remet pas en cause l’architecture globale des prélèvements. A ce titre, les formes discrètes d’évitement et de contournement de l’impôt auxquelles se livrent les plus favorisés sont bien plus insidieuses. Leur langage est certes plus policé, mais leurs effets sur les inégalités et l’affaissement des solidarités sont plus profonds.

      Les « gilets jaunes » protestent contre l’instauration d’une taxe destinée à décourager l’usage du diesel en augmentant son prix. Comment ces politiques de #gouvernement_des_conduites sont-elles nées ?

      Les projets de transformation des conduites par la fiscalité remontent au XIXe siècle. Des réformateurs imaginent très tôt que l’#Etat puisse, à travers la modulation de l’impôt, encourager ou sanctionner certains comportements. Cette fiscalité porte sur des sujets aussi divers que la natalité, le luxe ou la consommation d’alcool et de tabac. Mais on perçoit très vite que l’Etat pourrait trouver un intérêt financier à la perpétuation des conduites qu’il est censé combattre par l’impôt.

      Dire que la justice consisterait, au XXIe siècle, à transférer la charge de l’impôt du travail vers les activités polluantes est à cet égard un contresens lourd de malentendus. Une taxe sur le diesel, aussi vertueuse et nécessaire soit-elle, reste une taxe sur la consommation qui frappe un bien de première nécessité. La transition écologique a peu de chances d’aboutir si elle ne s’articule pas à une recherche de justice fiscale et sociale.

    • « Les “gilets jaunes” sont aussi le produit d’une succession d’échecs du mouvement social »

      Pour un collectif de membres d’Attac et de la fondation Copernic, le mouvement de revendications fera date en dépit de certains dérapages, car il peut permettre de dépasser une crise généralisée, qui touche également la #gauche.

      Tribune. La colère sociale a trouvé avec le mouvement des « gilets jaunes » une expression inédite. Le caractère néopoujadiste et antifiscaliste qui semblait dominer il y a encore quelques semaines et les tentatives d’instrumentalisation de l’extrême droite et de la droite extrême ont été relativisés par la dynamique propre du mouvement, qui s’est considérablement élargi, et la conscience que les taxes sur l’essence étaient « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».

      Quelques dérapages homophobes ou racistes, certes marginaux mais néanmoins détestables, et des incidents quelquefois graves n’en ternissent pas le sens. Ce mouvement d’auto-organisation populaire fera date et c’est une bonne nouvelle.

      Le mouvement des « gilets jaunes » est d’abord le symptôme d’une crise généralisée, celle de la représentation politique et sociale des classes populaires. Le mouvement ouvrier organisé a longtemps été la force qui cristallisait les mécontentements sociaux et leur donnait un sens, un imaginaire d’émancipation. La puissance du néolibéralisme a progressivement affaibli son influence dans la société en ne lui laissant qu’une fonction d’accompagnement des régressions sociales.

      Situation mouvante
      Plus récemment, le développement des réseaux sociaux a appuyé cette transformation profonde en permettant une coordination informelle sans passer par les organisations. L’arrogance du gouvernement Macron a fait le reste avec le cynisme des dominants qui n’en finit pas de valoriser « les premiers de cordée », contre « ceux qui fument des clopes et roulent au diesel ».

      Le mouvement se caractérise par une défiance généralisée vis-à-vis du système politique
      Les « gilets jaunes » sont aussi le produit d’une succession d’échecs du mouvement social. Ces échecs se sont accentués depuis la bataille de 2010 sur les retraites jusqu’à celle sur les lois Travail ou la SNCF, et ont des raisons stratégiques toutes liées à l’incapacité de se refonder sur les plans politique, organisationnel, idéologique, après la guerre froide, la mondialisation financière et le refus de tout compromis social par les classes dirigeantes. Nous sommes tous comptables, militants et responsables de la gauche politique, syndicale et associative, de ces échecs.

      Dans cette situation mouvante, la réponse de la gauche d’émancipation doit être la #politisation populaire. C’est sur ce terreau qu’il nous faut travailler à la refondation d’une force ancrée sur des valeurs qui continuent à être les nôtres : égalité, justice fiscale, sociale et environnementale, libertés démocratiques, lutte contre les discriminations.

      Ancrer une gauche émancipatrice dans les classes populaires

      On ne combattra pas cette défiance, ni l’instrumentalisation par l’extrême droite, ni le risque d’antifiscalisme, en pratiquant la politique de la chaise vide ou en culpabilisant les manifestants. Il s’agit bien au contraire de se donner les moyens de peser en son sein et de gagner la #bataille_culturelle et politique de l’intérieur de ce mouvement contre l’extrême droite et les forces patronales qui veulent l’assujettir.

      Deux questions sont posées par ce mouvement : celui de la misère sociale grandissante notamment dans les quartiers populaires des métropoles et les déserts ruraux ou ultrapériphériques ; celui de la montée d’une crise écologique et climatique qui menace les conditions d’existence même d’une grande partie de l’humanité et en premier lieu des plus pauvres.

      Il faut répondre à ces deux questions par la conjonction entre un projet, des pratiques sociales et une perspective politique liant indissolublement la question sociale et la question écologique, la redistribution des richesses et la lutte contre le réchauffement climatique. L’ancrage d’une gauche émancipatrice dans les classes populaires est la condition première pour favoriser une coalition majoritaire pour la justice sociale et environnementale.

      Annick Coupé, Patrick Farbiaz, Pierre Khalfa, Aurélie Trouvé, membres d’Attac et de la Fondation Copernic.

  • Bloc-notes de liens lus ou survolés ou que j’ai envie de lire / écouter parce qu’ils semblent analyser ou déconstruire le mouvement "Gilets Jaunes" du 17 novembre sans tomber pour autant dans un dédain anti-beaufs ou une lutte classes-pauvres vs classes-moyennes, etc.


    Si vous en repérez aussi, ou si une autre compile (sur cette base filtrante) existe, je suis preneuse ;)

    "Chantage vert, colère noire, gilets jaunes" : https://dijoncter.info/?chantage-vert-colere-noire-gilets-jaunes-671

    Entretien avec deux gilets jaunes bretons : « pas de politique ni de syndicats » : https://radioparleur.net/2018/11/16/entretien-gilets-jaunes-bretons

    Un k-way noir chez les gilets jaune, l’histoire d’un vilain petit canard. : https://paris-luttes.info/un-k-way-noir-chez-les-gilets-11047

    Gilets jaunes et écolos, pas le même maillot, mais la même récupération : https://rebellyon.info/L-ecologie-est-t-elle-un-concept-ethere-19782

    Sur le 17 novembre – Les révolutionnaires ne font pas la révolution : https://web.archive.org/web/20200813174527/https://nantes.indymedia.org/articles/43595

    À propos de la manif du 17 novembre  : https://diacritik.com/2018/11/15/a-propos-de-la-manif-du-17-novembre

    C’est jaune, c’est moche et ça peut vous pourrir la vie… : https://defensecollective.noblogs.org/post/2018/11/14/cest-jaune-cest-moche-et-ca-peut-vous-pourrir-la-vie

    17 novembre – Les 8 gilets incontournables Lequel porteras-tu ? : https://rouendanslarue.net/17-novembre-les-8-gilets-incontournables

    Gilets jaunes : en voiture ! Notes sur le 17 novembre : https://rouendanslarue.net/gilets-jaunes-en-voiture-notes-sur-le-17-novembre

    Mouvement du 17 novembre - Que faire ?  : https://nantes.indymedia.org/articles/43450

    Pourquoi il faut parler d’écologie le 17 novembre. : https://nantes.indymedia.org/articles/43520

    Éléments de la Commission Nationale Ecologie du NPA sur la mobilisation du 17 novembre : http://npa29.unblog.fr/2018/11/14/carburant-et-taxtes-npa

    Prix des carburants : des contradictions sociales surmontables : https://www.alternatives-economiques.fr/prix-carburants-contradictions-sociales-surmontables/00086912

    Les petits-commerçants « étouffés par les taxes » : le mouvement Poujade : https://paris-luttes.info/le-mouvement-poujade-11039

    L’idéologie sociale de la bagnole : https://infokiosques.net/lire.php?id_article=346

    ++ Livres :
    Nathalie Quintane "Que faire des classes moyennes ?"
    Alain Accardo "Le Petit Bourgeois-Gentilhomme".

    #mouvement_social #recuperation #poujadisme #colere_populaire #giletsjaunes #gilets_jaunes #gilets #jaunes #17novembre #17novembre2018 #la_revolution_mais_pas_trop mais aussi la force des #medias_Libres #mediaslibres et #automedias

    • Des gouts découlent heurts !

      Des goûts et des couleurs avec Michel Pastoureau (5/5) Le jaune France Culture
      https://www.franceculture.fr/emissions/hors-champs/des-gouts-et-des-couleurs-avec-michel-pastoureau-le-jaune-et-lor-55

      Le #jaune serait donc la couleur la moins appréciée ? Alors que l’ensemble des aux autres couleurs de base ont toutes un double symbolisme, le jaune est la seule à n’avoir gardé que l’aspect négatif.

      Des goûts et des couleurs …, on peut discuter à l’infini, et tout le monde reconnaît la force de la subjectivité dans ces domaines. Mais saviez-vous que les couleurs ont une histoire culturelle, politique et psychique ? Imaginiez-vous qu’il existe des couleurs qui nous font chaud au cœur et d autres qui nous font peur et ce, par delà les latitudes et les origines religieuses ? Toute cette semaine « Hors-champs » tente de faire la cartographie amoureuse des couleurs grâce à un historien amoureux des ours, des emblèmes héraldiques et de … certaines couleurs.

      Comme toujours avec des archives et des chansons, balade dans l’histoire de la peinture, des mentalités et de nous mêmes...

    • https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10155665502096960&set=a.49908841959&type=3&theater

      J’avais un oncle il s’appelait Gaby. Je l’aimais bien. Il était gazier. J’étais gauchiste. Il avait un grand poster de JM Lepen dans son garage. On buvait des bières en réparant des bagnoles. Passons. Des années plus tard, j’avais fait un grand papier dans Libé pour expliquer comment le FN et Lepen arrivait à monter la tête de types bien comme Gaby. Deux pages. July (Serge) le patron m’avait félicité genre : « Enfin un journaliste qui ne les prend pas avec des pincettes ». Pourquoi je parle de Gaby et pourquoi je pense à lui en ce moment ? A cause des gilets jaunes. Gaby bossait à Gaz de France (son cousin, mon pater, bossait à EDF). Ils bossaient 7 jours sur 7 sans trop compter. Il y avait les lignes à réparer, les tuyaux à aligner. La chaleur des pauvres à assurer. Ils étaient fonctionnaires. On partait en vacances dans les tentes bleues de la CCAS. Passons. Pourquoi j’en viens à évoquer ce passé vermoulu ? Le gilet jaune… L’injustice fiscale. La plupart des éditorialistes et des politiques n’y comprennent que dalle à cette colère. Emmanuel Macron et son armée de républicains en marche ont compris eux. Et ils commencent à flipper. A passer des consignes. A jouer de la carotte et du bâton. Vu d’ici, c’est pitoyable. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de ce mouvement basique et populaire, si la stratégie du pouvoir va fonctionner, mais cette colère n’a rien à voir avec le réchauffement climatique et très peu avec le diesel. Les gens à l’origine du gilet jaune le disent depuis le début. Ils en ont assez d’être pris pour des pigeons, des vaches à traire, des décérébrés du bulbe, des sans honneur. Ils veulent se révolter. Il se révoltent. Gaby bossait à Gaz de France donc. Il y a usé sa santé. Il est parti en retraite sans se douter qu’on allait vendre Gaz de France à Suez en 2007. Quand je dis vendre, je déconne. Offrir serait plus adéquat. Une histoire de prédateurs et d’hommes politiques très compromis. Sarkozy, Hollande Villepin, Royale, Coppé, Longuet… Tous vont oeuvrer avec des responsabilités diverses à cette prédation consentie. Je ne vais pas développer ici (lisez notre livre, « les prédateurs » en vente partout). Tonton Gaby casse sa pipe. GDF devient Engie. Méthode Suez, extrême capitalisme. On pressure et on défiscalise à mort. Non seulement, se chauffer devient un luxe mais Engie, avec la bénédiction des politiques, Macron de chez Rothschild en tête, envoie ses bénéfices au Luxembourg (27 milliards en 2015, passez l’info à Google). L’État français se prive de 2 milliards d’impôts. Alors que nous, cochons de payeurs, on raque. On raque. Et on regarde passer les trains et les prédateurs qui se goinfrent. Et on ne doit rien dire. Et on doit – sous prétexte de réchauffement climatique, sous prétexte de récupération politique- fermer sa gueule. Ben non. Ce qui se prépare ici, c’est une Jacquerie. Le message est clair et éminemment politique. Les pauvres en ont marre d’avoir froid, de jouer du crédit le 15 du mois, de faire des demi pleins. Alors qu’à la télé, ils entendent chaque jour se raconter une histoire qui n’est plus la leur. Alors que leur président déroule le tapis rouge à ceux qui ne paient pas d’impôts, Frère, Desmarais, Bolloré, Arnault… Ceux qui font croire qu’ils nous sont indispensables, qu’ils sont des premiers de cordées. Foutaise. Demain, avec le fantôme de Gaby je serai gilet jaune à donf.
      Les beaufs et les cols blancs de Saint Germain n’ont rien compris, ce n’est pas un mouvement marqué à droite. Ni vraiment à gauche. C’est punk. No future dans ce monde-là

      #Denis_Robert
      https://seenthis.net/messages/736344

    • Les « gilets jaunes », ou la révolte de la France des ronds-points

      Jean-Laurent Cassely

      http://www.slate.fr/story/169626/blocage-17-novembre-gilets-jaunes-revolte-ronds-points-france-peripherique-die

      « Nous allons nous rejoindre sur un parking de centre commercial à Sens », témoigne encore le créateur d’un groupe Facebook local appelant au blocage. Dans le territoire marqué par l’étalement urbain, le rond-point devient l’équivalent logistique et symbolique du rôle joué par la place dans les mouvements de protestation de centre-ville, dont l’expression française fut la tenue, place de la République à Paris, du rassemblement Nuit Debout. La place conserve, à gauche, une connotation politique forte, comme en témoignent encore récemment le cas de l’aménagement du quartier de La Plaine à Marseille, ou le mouvement politique lancé par Raphaël Glucksmann, baptisé « Place publique ».

      À l’opposé de cette culture politique, en tout cas assez loin de ses habitudes, l’automobile devient le langage de la protestation des mouvements périphériques. Si les unes et les uns se réunissent en grappes humaines, forment des assemblées et des cortèges, nourrissant une culture politique marquée par les grands mouvements sociaux, les luttes passées qui peuplent l’imaginaire collectif du « peuple de gauche » et un idéal de démocratie directe et participative, les autres, dans un rapport au corps et à l’espace différent, forment des « opérations escargot » et autres figures chorégraphiques d’un grand ballet motorisé qui se danse depuis l’intérieur de son habitacle. C’est par le « périph » que les manifestants ont prévu de rouler (et non de marcher) sur Paris. C’est aussi sur le périphérique des grandes villes que se sont réunis plusieurs groupes locaux pour préparer la journée du 17 novembre.

    • De la France périphérique à la France des marges : comment rendre leur juste place aux territoires urbains marginalisés ?

      https://urbs.hypotheses.org/411

      Samuel Depraz, enseignant-chercheur, géographie, Université Jean Moulin Lyon 3, UMR Environnement, Villes et Sociétés

      La France périphérique, ou la paresse intellectuelle de la dichotomie

      C’est, d’abord, une lecture simpliste qui nie ce qui fait l’essence même de la géographie, c’est-à-dire l’attention à la nuance et à la diversité des territoires. « Décrire la terre », c’est être sensible aux différences et à la pluralité des mondes sociaux. Ainsi, dans les périphéries, les situations de pauvreté ne sont jamais identiques d’un espace à l’autre, et on trouvera tantôt de la pauvreté monétaire, tantôt de la précarité matérielle, parfois aussi un déclassement social et un isolement des personnes. La pauvreté, c’est aussi un rapport social défavorable, souvent entretenu par des politiques publiques défaillantes. Le tout se recoupe souvent, mais pas toujours : on rappelle ainsi les dimensions – complexes – de la pauvreté, au sens de Serge Paugam (2005) ; ceci nécessite une lecture plus détaillée des territoires, comme le propose par exemple Catherine Sélimanovski dans son analyse de « la frontière de la pauvreté » (2008) ou encore l’analyse de Raymonde Séchet sur la relation entre espaces et pauvreté (1996). Et l’idée de périphérie, souvent réduite à sa dimension économique, s’appréhende également par de multiples autres outils : mobilités et transports, flux migratoires, modes de vie alternatifs et contestation sociale ou électorale – sans que l’on puisse raisonnablement combiner tous ces indicateurs thématiques, au risque de produire des corrélations hasardeuses et des indices agrégés absurdes.

    • Le thread d’un journaliste-photographe avec des portraits de vraies tronches de vies jaunes :

      [THREAD] Quelques réflexions à propos des #giletsjaunes. Hier, je ne me suis pas mêlé à mes confrères journalistes pour « couvrir » cette journée du #17novembre2018. Faire des images de cette journée était tout à fait respectable. Mais je m’interroge sur le sens de ces images. Je m’explique. L’action de ces #giletsjaunes échappe aux politiques et marque une défiance à l’égard des médias. Le gilet jaune est devenu un symbole mais un symbole réducteur sur le sens de ce mouvement. Il symbolise la voiture et les carburants. Or, la colère va bien au-delà...

      https://twitter.com/VinceJarousseau/status/1064157135150465026

    • La vie en jaune
      http://www.dedefensa.org/article/la-vie-en-jaune

      18 novembre 2018 – Hier, j’avais très mal au dos, attaque pernicieuse et violente à la fois d’une sciatique irréfragable, une du grand âge.... Alors, j’ai sacrifié pas mal de mon temps sur un fauteuil à dossier très droit et, avec peu de courage pour lire, j’ai laissé aller l’“étrange lucarne”. Il n’était question que de cette “journée en jaune”

      Je me fixe sur le “centre de crise” de la chaîne, Arlette Chabot aux commandes, conduisant un talk-show permanent avec deux vieilles badernes de ma génération, dont l’incurablement pontifiant d’Orcival, de Valeurs Actuelles, avec en arrière-plan les reportages constants sur les divers points stratégiques choisis comme références de cette “journée en jaune”.

      Vers la fin de l’après-midi, l’habituel “tour de France” des correspondants était ramené aux points (...)

      repéré sur https://seenthis.net/messages/736556

    • À qui appartient la mort d’une femme, qui a le droit de l’arracher à l’anecdote d’un accident ? | Slate.fr
      http://www.slate.fr/story/170049/chantal-mazet-gilets-jaunes-morte-savoie-17-novembre

      Elle n’a pas trouvé la force, explique-t-elle, de prendre la route, ni d’annoncer à sa fille que sa grand-mère était morte ; elle a trouvé un « soutien moral » chez les gilets jaunes et ses « amis de l’instant ». Et sa maman, « décédée SUR LE MOUVEMENT », « APPROUVE DONC NOTRE ACTION !!!! ». Ces capitales et ces points d’exclamation sont le cri de l’heure. Ils ne disent pas seulement une souffrance, mais ce que cette souffrance construit politiquement.

      Vers une heure du matin, Alexandrine Mazet, ajoutait ceci, dans le désordre de la nuit : « Qu’ils aillent tous se faire tater les castaner de rugy macreux & co !!echec du rassemblement ??? échec de votre tentative de manipulation !!!VOUS NOUS AVEZ POUSSÉS DANS NOS RETRANCHEMENTS ! VOUS SEMEZ LA DISCORDE AU SEIN MÊME DU PEUPLE FRANÇAIS !VOUS ÊTES LA CAUSE DE CE RASSEMBLEMENT ! DONC DE CAUSE À EFFET VOUS ÊTES RESPONSABLES !!! ».

    • https://soundcloud.com/user-898678423/entretien-avec-deux-gilets-jaunes-bretons-pas-de-politique-ni-de-syndica

      Qui sont les anonymes qui appellent aux blocages samedi 17 novembre et se réclament du peuple ? Loin d’être limitée à la hausse du diesel, leur colère est celle d’une France moyenne, éloignée des métropoles et de la participation politique, et qui croit aux vertus révolutionnaires de Facebook. Rencontre avec deux porte-paroles bretons d’un groupe de gilets jaunes en colère.

      source : radioparleur.net 2nd lien cité par @val_k

    • https://twitter.com/LaMulatresse_/status/1064195118813650945

      Je viens de la case en dessous du prolétaire moyen,

      Le prix de l’essence nous concerne pas vu qu’on a pas de voiture, nous on se tape le bus et les trains dont tout le monde se fout totalement

      Les gilets jaunes = les gens qui nous méprisent le plus. On est des profiteurs et on vole leurs travail de merde sous payé selon eux. Donc si j’ai envie de dire que ce sont de gros beaufs racistes et sexiste personne ne m’en empêchera.

    • À la cour du président des riches, on s’interroge. Qui sont ces gueux sous nos fenêtres ? Pourquoi ces brailleries et ce grabuge alors que nous faisons tout pour leur bien ? Du côté des experts médiatiques et des voyantes ultra-lucides, on se demande quelles sont ces gens-là, des beaufs racistes et violents ou juste des ploucs avec leurs bagnoles qui puent ? Des fachos ou des fachés ? Faut-il les lécher ou les lyncher ?

      Selon les sondages, ils ont la faveur de l’opinion, donc ils ont nos faveurs [1]. Il sera toujours temps de les lâcher ; une bavure, une violence et on les repeint en rouge brun. Mais avant tout, la question est : qui est derrière ça ? Qui ? Le FBI, la Russie ? L’extrême droite ? Le lobby du pétrole ? De la bagnole ? Les Chinois qui fabriquent les gilets jaunes ?

      Et non, les amis, celui qui est derrière ça, c’est Macron lui-même, le Robin des Bois à l’envers, celui qui prend aux pauvres pour donner aux riches. C’est lui qui est à l’origine de tout ça, au départ, la violence, c’est lui. Lui et son monde. La violence de l’injustice et de l’arrogance, c’est eux. Sauf que les gueux ont fini par se lasser. Abusés, humiliés, invisibles et tondus jusqu’à l’os, la goutte d’eau a allumé l’étincelle. Alors que règnent la résignation et le repli, voilà qu’ils se lancent de partout, en jaune, depuis le plus profond du pays. Surprise générale devant ce grand cahier de doléances. Près de 300 000 ce samedi à travers l’hexagone.

      Bon mais, c’est bien joli, spontané, auto-organisé, mais sans structure organisée, vous croyez que ça peut marcher ? On sait en tout cas qu’avec les partis et les syndicats organisés, pour la loi Travail et pour les cheminots, la victoire n’a pas vraiment été au rendez-vous. Alors ? C’est vrai, pas de drapeaux rouges avec les gilets jaunes. Pas de République, ni de Bastille, on fonce tout droit sur l’Élysée en repassant par où la foule était massée lors des funérailles de Johnny. Un hasard, sans doute. Et partout, dans le pays, les ronds-points, les péages, les parkings de supermarchés. D’autres espaces, d’autres lieux de lien.

      La suite ? Un coup d’épée dans l’eau ou la prise de la Bastille ? Un défoulement sans suite ou un mouvement de fond ? Bien sûr, la droite racole à fond et l’extrême droite est à la manœuvre, normal, bien sûr la gauche doit soutenir et porter cet étonnant élan. Oui, un élan aussi étonnant, c’est pas si souvent. Samedi, vers l’Élysée, entre grenades et lacrymos, notre reporter Dillah Teibi a rencontré quelques-unes et quelques-uns de ces gueux.

      Daniel Mermet

      https://seenthis.net/messages/736858

    • Les gilets jaunes à l’épreuve des agressions racistes et homophobes

      https://rouendanslarue.net/les-gilets-jaunes-a-l-epreuve-des-agressions-racistes-et-homophobes

      L’expression terrifiante du sexisme, du racisme et de l’homophobie. Des humiliations, des agressions et parfois des lynchages d’une violence à vomir comme à Saint-Quentin où une femme a été forcée de retirer son voile, ou encore à Bourg-en-Bresse où un couple homosexuel a été attaqué. Précisons que dans le premier cas d’autres gilets jaunes ont tenté d’aider et de protéger cette femme avant d’être pris à partie à leur tour.

      Les organisateurs-administrateurs de page facebook condamnent et se désolidarisent de tels actes, à Saint-Quentin mais aussi à Cognac où c’est une femme noire qui s’est fait agresser. On peut supposer qu’ils sont réellement choqués par de tels gestes. Ils sentent bien aussi, comme beaucoup, que même si ces faits sont minoritaires et qu’ils ne sont pas publiquement assumés (au contraire, les administrateurs suppriment régulièrement les propos racistes sur les pages Facebook), ils fragilisent cette mobilisation en la montrant sous son pire aspect – dont se repaissent évidemment les médias.

      En effet, ce ne sont pas les prétendus casseurs ou les éléments extérieurs qui sont une menace pour ce mouvement. Mais tous ceux qui sont prêts à agresser d’autres personnes pour des motifs racistes, sexistes et/ou homophobes. Nous continuons de penser, avec d’autres (Nantes Révoltée, LaMeute et Dijoncter notamment) que ce mouvement mérite notre attention et que cette lutte est légitime. Les affects racistes et homophobes, s’ils sont bien présents, ne sont ni hégémoniques ni le moteur de cette colère – comme c’était le cas par exemple dans la manif pour tous. Sinon il faudrait effectivement la déserter sur le champ.

    • affordance.info : Les gilets jaunes et la plateforme bleue.
      https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/gilets-jaunes-facebook-bleu.html
      https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3a15778200d-pi

      Gilets Jaunes et plateforme bleue.

      Du point de vue qui est le mien sur ce blog, à savoir l’observation des phénomènes culturels et sociétaux liés au numérique, l’opération gilets jaunes est un exemple de plus de la manière dont Facebook en particulier, « les réseaux sociaux » et internet en général, ont « facilité l’organisation des révolutions sociales mais en ont compromis la victoire » comme l’expliquait Zeynep Tufekci il y a déjà 4 ans.

      Le journaliste Jules Darmanin a publié sur Twitter ce qui me semble être, avec celle de Zeynep ci-dessus, l’autre analyse la plus pertinente de ce mouvement de mobilisation en ligne :

      « Les gilets jaunes se sont constitués grâce aux groupes facebook, il est donc logique qu’ils finissent comme des groupes facebook : mal modérés, pourris par des éléments toxiques et remplis de gens qui ont des visions différentes pour le même groupe. »

      Gilets Jaunes et Nuit Debout.

      Cette mobilisation sans réelle revendication claire, semblant ne reposer sur aucune base syndicale ou politique, sans leader ou porte-parolat identifiable (à part Jacline Mouraud ...) est un peu à la France des déclassés ce que le mouvement Nuit Debout avait été à la France des jeunes sur-diplômés. En tout cas du point de vue de la réception médiatique et sociologique du phénomène.

      Personne n’a encore bien sûr conduit d’analyse sur la composante sociologique des gilets jaunes à l’image de ce qui avait pu être fait pour le mouvement Nuit Debout mais il apparaît clair, tant dans le traitement médiatique que dans les ressentis exprimés sur les réseaux sociaux, qu’il y a autant de « beaufs, connards, racistes » dans les gilets jaunes pour les uns qu’il pouvait y avoir de « bobos, gauchos, droitdelhommistes » dans Nuit Debout pour les autres.

    • Merci pour les liens vers l’analyse de #Olivier_Ertzscheid, @unagi, c’est une des personnes qui me fait le plus réfléchir actuellement. Un autre est #André_Gunthert, avec cette excellente analyse de l’image sociale, comme souvent, autour des dessins assez minables de #Xavier_Gorce :

      A l’instar de nombreux éditorialistes, le mouvement des gilets jaunes a inspiré à Gorce une incompréhension et une raillerie mordante. L’épithète d’« abrutis » franchit un seuil de virulence rarement observé dans la presse des classes favorisées

      Il aura suffi du soutien empressé de Marine Le Pen pour effacer la substance du symptôme manifesté par la jacquerie : celui de la paupérisation qui atteint les classes moyennes françaises comme elle a envahi celles des Etats-Unis, portée par les politiques de transfert des ressources vers les plus riches.

      Faut-il aider des pauvres de droite (selon la lecture opportunément politique de leur apolitisme) ? Allons donc ! Il suffit de les insulter.

      « On n’a pas fini de se moquer des pauvres » : http://imagesociale.fr/6717

    • J’étais en train de le lire, @unagi (càd de faire un enregistrement pour @karacole ) mais ce passage m’a vraiment fait bloquer (je mets en gras la partie) :

      L’effondrement de leur foyer, celui de leurs fins de mois, celui de leur niveau de vie, de leurs sorties au restaurant, de leurs cadeaux à leurs enfants, celui de leur quotidien à chaque fois amputé de ces quelques euros qui te maintiennent dans une forme de dignité et d’attention à l’autre et à des causes qui te dépassent, mais qui, lorsqu’ils viennent à manquer, t’enferment dans les plus grégaires de tes instincts, dans les plus vaines de tes colères .

      Je suis très mal à l’aise avec cette partie parce que je la trouve glissante : ce n’est pas perdre des euros qui te fait basculer, c’est paniquer, c’est perdre espoir, c’est se sentir menacé, mais surement pas quelques euros ou même la pauvreté, et c’est la que le glissement est dangereux, même si je ne crois pas que l’auteur pense que les pauvres ne sont pas dignes, je crois qu’il aurait été judicieux de le formuler autrement... Du coup, comme je n’ai pas pu m’empêcher de commenter, j’hésite à mettre en ligne l’enregistrement ... :/ P’t’être que je vais faire une sélection et en mettre en ligne plusieurs en même temps.

    • Gilets jaunes : Le soulèvement de la France d’en-bas
      https://lvsl.fr/gilets-jaunes-le-soulevement-de-la-france-den-bas

      Le mouvement des gilets jaunes se résumerait-il à une « grogne » des Français moyens, qui regardent Auto-Moto et Téléfoot le week-end en attendant le retour de la saison des barbecues ? C’est l’image qu’en donne la majorité des médias et des commentateurs politiques. Cette « grogne » n’est en réalité que la partie émergée d’un iceberg : celui d’une crise profonde qui fracture la société et le territoire français.

    • « Depuis samedi, nous nous sentons un peu moins seuls et un peu plus heureux »

      Avant même que nous agissions, la plupart des médias et de nombreux politiciens nous on décrit comme des gros balourds anti-écologiques qui voulaient préserver le droit à polluer tranquille. Sur quelle planète pensent-ils que nous vivons ? Contrairement à eux, nous avons les pieds sur terre. Non, nous ne réclamons pas le droit à polluer chaque jour un peu plus une planète déjà bien mal en point. Ce que nous refusons c’est ce chantage dégueulasse qui consiste à faire peser sur nos épaules la responsabilité du carnage écologique et son coût. Si la planète est dans cet état, si on n’est même pas certains que nos petits enfants y survivront, c’est pas parce que nous utilisons notre voiture pour aller au boulot mais parce que des entreprises, des dirigeants et des hommes politiques ont jugé pendant des années qu’il fallait mieux faire tourner l’économie à toute blinde plutôt que de se préoccuper des animaux qui disparaissent, de notre santé, de notre avenir.

      https://lundi.am/Depuis-samedi-nous-nous-sentons-un-peu-moins-seuls-et-un-peu-plus-heureux

    • @val_k Je comprends ton questionnement, « et à des causes qui te dépassent » est aussi sujet à interprétations. Il me semble le passage est batit sur une illusion et sur l’absence de connaissance de ce qu’est être pauvre, vraiment pauvre. Si ton enregistrement donne à débattre, ou non, je pense que c’est intéressant de le partager et que tu en exprimes les limites.

    • S’il y a plus de 300 000 fachos actifs dans l’hexagone il est grand temps de prendre son passeport et de quitter le pays. Mais tel n’est pas le cas !

      UNITÉ DE CEUX QUI COMPTENT EN CENTIMES

      CONTRE CEUX QUI COMPTENT EN MILLIARDS

      Ce qui ne passe plus c’est l’injustice, l’incohérence et l’hypocrisie.

      Car la réalité de l’année 2018 est celle-ci : Frais bancaires : +13%, Carburant : +12%, PV stationnement : +130%, Assurances : +3 à 5%, Mutuelle : +5%, Timbres poste : +10%, Carte grise : +15%, Tabac : +10%, Abonnement bus : +3%, Péage routier : +1,3%, Gaz : +7%, Forfait hospitalier : +15%, Abonnement vélib : +30%, Contrôle technique automobile : +23%, Cantine scolaire : +1 à 3%, Fioul domestique : +36%, Électricité : +17%, CSG : +21,7%....

      Quant aux retraites, c’est -1,7% et le smic : +1,2%, tandis que les salaires stagnent globalement.

      http://www.rennes-info.org/Gilets-jaunes-Syndicalement

    • Gilets jaunes : on y va ? Expansive.info
      https://expansive.info/Gilets-jaunes-on-y-va-1282

      Dresser un profil ethnique et générationnel de ce mouvement en moins d’une journée en dit long sur les capacités intellectuelles omniscientes de l’intelligenstia radicalisée pour laquelle ces initiatives sont soit directement pilotées par l’#extrême-droite, soit réactionnaires par essence donc essentiellement le terreau sur lequel l’extrême droite va se renforcer. Étant données les positions qui relèvent d’un marxisme orthodoxe éculé pour lequel le seul vrai sujet révolutionnaire est le prolétariat industriel (et la seule vraie lutte celle liée à la production ou au travail), ou pour les plus "post-modernes" le sous-prolétariat « racisé » qu’on ne cesse d’opposer aux "blancs privilégiés", il semble effectivement que ce mouvement soit du pain béni pour l’extrême droite à laquelle nous laissons, par notre mépris et distance, tout un #espace_politique à prendre.

      « Gilets jaunes », un peuple qui vient  ? Patrick Cingolani
      https://www.liberation.fr/debats/2018/11/20/gilets-jaunes-un-peuple-qui-vient_1693139

      On aura beau dénoncer la dimension d’arriération du mouvement quant à l’enjeu écologique, c’est bien l’#égalité_sociale contre l’iniquité du traitement de faveur fait aux plus riches qui est l’objet central de cette contestation.

      Gilets jaunes : des signaux alarmants, selon les renseignements, #DCRI
      http://www.leparisien.fr/economie/gilets-jaunes-des-signaux-alarmants-selon-les-renseignements-20-11-2018-7

      Radicalisation des Gilets jaunes, convergence des luttes, ou effet d’aubaine ? Observateurs et analystes peinaient à y voir clair ce mardi soir sur l’évolution de ce mouvement hétérogène et non coordonné dont chacun s’accorde sur le caractère inédit.
      Une chose est sûre : pour le ministère de l’Intérieur, le #maintien_de_l’ordre est extrêmement compliqué à organiser...

    • peut-être que ce billet de @lieuxcommuns t’as échappé @val_k

      « Gilets jaunes » : la démocratie directe en germe ?
      Le mouvement populaire en cours, qu’il le sache ou non, défie toute l’organisation de la société et récolte un mé­pris officiel à la hauteur. Le surgissement de cette colère réveille des questions enfouies depuis si longtemps que leur simple formulation effraie. Pourtant la dégradation de la situation générale est telle qu’un choix s’impose entre le chaos qui s’avance et la reconquête, lente et laborieuse, d’une souveraineté véritablement collective.

      https://seenthis.net/messages/737319
      une analyse du collectif @lieuxcommuns en + de leur impeccable #revue_de_presse


      en bonus, leblogalupus.com trouvé sur leur site.
      https://leblogalupus.com/2018/11/19/les-revoltes-du-week-end

    • "Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire »
      http://lenumerozero.lautre.net/Les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-l-histoire

      Néanmoins, ces similitudes entre des luttes sociales de différentes époques masquent de profondes différences. Je vais m’y arrêter un moment car elles permettent de comprendre ce qui fait la spécificité du mouvement des gilets jaunes. La première différence avec les « jacqueries » médiévales tient au fait que la grande majorité des individus qui ont participé aux blocages de samedi dernier ne font pas partie des milieux les plus défavorisés de la société. Ils sont issus des milieux modestes et de la petite classe moyenne qui possèdent au moins une voiture. Alors que « la grande jacquerie » de 1358 fut un sursaut désespéré des gueux sur le point de mourir de faim, dans un contexte marqué par la guerre de Cent Ans et la peste noire.

      La deuxième différence, et c’est à mes yeux la plus importante, concerne la coordination de l’action. Comment des individus parviennent-ils à se lier entre eux pour participer à une lutte collective ? Voilà une question triviale, sans doute trop banale pour que les commentateurs la prennent au sérieux. Et pourtant elle est fondamentale. A ma connaissance, personne n’a insisté sur ce qui fait réellement la nouveauté des gilets jaunes : à savoir la dimension d’emblée nationale d’un mouvement spontané. Il s’agit en effet d’une protestation qui s’est développée simultanément sur tout le territoire français (y compris les DOM-TOM), mais avec des effectifs localement très faibles. Au total, la journée d’action a réuni moins de 300 000 personnes, ce qui est un score modeste comparé aux grandes manifestations populaires. Mais ce total est la somme des milliers d’actions groupusculaires réparties sur tout le territoire.

    • Gilets jaunes. Affrontements à Langueux : la rumeur [#DCRI / Parisien Libéré, ndc] de l’ultra-gauche démentie
      https://www.letelegramme.fr/france/affrontements-a-langueux-la-rumeur-de-l-ultra-gauche-dementie-21-11-201

      Les « casseurs » langueusiens n’ont aucun lien connu ou déclaré avec l’ultra-gauche. Ils n’expriment aucune accointance politique particulière, au-delà de leur intention de se frotter au système sans ménagement. Et c’est plutôt ce caractère nouveau d’une radicalité plutôt rurale, capable de se donner des moyens d’action (barre de fer, cocktails Molotov) dans une certaine improvisation, qui a fait tiquer les services de renseignement. Leur point commun : ils ont un casier. Mais là encore, pas de quoi en faire des caïds d’habitude. En témoignent les peines dont trois d’entre eux ont écopé, ce mercredi, devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc. Quatre mois ferme sans mandat de dépôt pour l’un. Des peines de 4 et 6 mois de sursis assorties d’une obligation de travaux d’intérêt général pour les deux autres.

      #punks

    • @vanderling méfiance avec l’article de blog mediapart que tu mets en lien... L’auteur est un abonné qui squatte allègrement les commentaires de pratiquement tous les articles. C’est un obsédé, il a un problème : il voit des totalitarismes partout, jusqu’à l’hallucination, et fait des amalgames absolument infects.

      D’ailleurs si tu lis « l’article » en question, en gros c’est : je copie/colle des bouts d’articles de mediapart et j’en fait mon beurre (insinuations, inférences foireuses, etc.). Pas vraiment une référence le gars...

    • Quand les « gilets jaunes » dérapent...
      https://www.cgtdouanes.fr/actu/article/propos-sur-la-douane-des-manifestants-gilets-jaunes-a-flixecourt
      Les douaniers en colère (et on les comprends)

      Dans un post abject sur Facebook et des vidéos qui circulent sur tous les médias ce jour, des manifestants appartenant au « mouvement » des gilets jaunes se félicitent d’avoir traqué des migrants dans la cuve d’un camion. Ils s’enorgueillissent même de faire « mieux que la douane et de pouvoir (y) postuler, CV et lettre de motivation ». D’autres propos, absolument ignobles, ne peuvent être repris ici.

      Forts de leurs convictions racistes, ils ont préféré appeler la gendarmerie plutôt qu’une association d’entraide pour les secourir. Dans cette vidéo, les protagonistes appellent à « un barbecue géant ». Tout ceci rappelle de bien tristes et peu glorieux événements de notre histoire…mais c’est surtout un appel clair à la haine raciale.
      Est-ce donc de ce monde là que nous voulons ? Un monde de haine, de bêtise, d’ignorance, de division…
      N’oublions jamais que le racisme est un délit.

    • http://mondialisme.org/spip.php?article2714

      Alors que l’extrême gauche (voire au-delà) se pâme devant les « gilets jaunes » (le jaune étant pourtant traditionnellement dans le mouvement ouvrier la couleur des briseurs de grève) quelques voix isolées se dressent devant le consensus médiato-politique comme celle du site « Ligne de crêtes » en avançant des arguments solides. On peut ne pas être d’accord avec tout ce que contient l’article ci-dessous, mais approuver l’essentiel : non à l’union sacrée des autonomes radicaux à Marine Le Pen, en passant par Dupont-Aignan, Laurent Wauquiez, Mélenchon, Lutte ouvrière, le NPA, Besancenot et les Identitaires !
      Celles et ceux qui dénoncent Trump et Bolsonaro ne voient pas que ce mouvement des gilets jaunes repose sur les mêmes bases sociales hétérogènes qui les ont portés au pouvoir, la même confusion idéologique (dans laquelle se reconnaissent l’extrême droite et l’extrême gauche, cette dernière ayant abandonné toute ligne de classe), les mêmes moyens (les réseaux sociaux où les fascistes masqués pratiquent le dévervelage depuis des années), le même programme (en réalité supprimer toutes les conquêtes sociales, résultat de luttes collectives, au nom d’une prétendue critique radicale de l’Etat et de la défense des droits des contribuables), les mêmes théories du complot (Macron et les « banques ») et les mêmes pulsions nationalistes et xénophobes.

      YC, Ni patrie ni frontières, 23 novembre 2018.

      https://www.lignes-de-cretes.org/de-la-difference-entre-boucher-une-artere-et-creer-un-coeur

    • Cela fait plus d’une semaine qu’a débuté le mouvement des « gilets jaunes ». Ce mouvement social prend une ampleur et des dimensions inédites en France depuis de nombreuses années. C’est un mouvement dans lequel il semble difficile de s’impliquer pour une grande partie des militants révolutionnaires, syndicaux, de gauche, écolos… Bien qu’avec les jours qui passent de plus en plus de personnes et de groupes s’y investissent.

      Exploités énervés est jusqu’à ce jour resté muet sur le sujet. Comme tant d’autres nous avons pu être surpris, mais suffisamment curieux pour aller voir. Nous sommes allés sur différents blocages à Alès et ce que nous avons vu, c’est des travailleurs, des chômeurs, des retraités, des lycéens… qui en ont marre de voir leur conditions d’existence se dégrader quotidiennement, de n’avoir aucun contrôle sur les décisions, tandis qu’une minorité s’enrichit toujours plus.

      Il est certain que ce mouvement est traversé de contradictions. Il porte en lui les contradictions du temps présent. Nous pensons que c’est dans l’échange, dans la lutte, que les dépassements pourront se produire.

      https://exploitesenerves.noblogs.org/gilets-jaunes-mobilisation
      https://exploitesenerves.noblogs.org
      https://www.youtube.com/watch?v=gJV1gy9LUBg

    • Incursion en France jaunie où la colère est nourrie et exploitée
      Un article très bien documenté et qui devient indispensable tant le déni se développe chez les « camarades » qui préfèrent tenter le zbeul plutôt que se retenir en pariant, une fois encore, sur le moindre mal. A lire sur Le blog de Sauvergardons bocage : https://blogs.mediapart.fr/sauvergardons-bocage/blog/211118/incursion-en-france-jaunie-ou-la-colere-est-nourrie-et-exploitee

      Réseaux sociaux et médias ont boosté les « gilets jaunes » comme aucune lutte ne l’a jamais été auparavant. Un peu d’investigation révèle à quel point l’extrémisme de droite est dans la place donc ancré dans ce mouvement qu’on respecte parce qu’il porte du déclassement ou par culpabilité ? Pourquoi nous en sommes là ?

    • Classes d’encadrement et prolétaires dans le « mouvement des gilets jaunes »
      https://agitationautonome.com/2018/11/25/classes-dencadrement-et-proletaires-dans-le-mouvement-des-gilets-

      La « colère populaire » qui se fait entendre est un funambule sur une ligne de crête. Tout dépendra de l’abnégation de certains blocages à perdurer dans leur essence, c’est-à-dire une négation de la politique comme pratique collective, syndicale ou autonome, et à leur préférer une horizontalité confuse débouchant sur un commun plus populiste et nationaliste type M5S (malgré de réelles dissemblances) qu’émancipateur. Si c’est cette optique qui l’emporte, le fait d’investir ces espaces donnera à ces derniers une respectabilité déviant toute critique. Alors, le « mouvement » cherchera à se trouver des leaders, tendant la joue à toute une partie du spectre politique parlementaire. A l’inverse, si l’ensemble des franges du « mouvement social » (en particulier syndicales) tentent de mobiliser et de charpenter ce mouvement des gilets jaunes sur des bases saines (notamment antiracistes, comme certaines Union Locales et Fédérations le tentent actuellement), il est fort probable qu’il y ait un intérêt stratégique dans certains espaces pour structurer la contestation sur des bases classistes (prolétariennes).

      Il s’agira de dépasser les objectifs antifiscaux éloignés de notre camp social pour se focaliser dans un premier temps sur les attaques actuelles de la bourgeoisie contre les travailleurs. Cela signifie la grève générale comme premier moyen de lutte.

      La revendication du droit à la mobilité, telle qu’elle, reste bien entendu encore prise au piège dans les filets de la reproduction négociée du capital, et nous ne savons qu’une chose : dans la phase politique actuelle, seules deux perspectives se dégagent. Celle du fascisme, ou celle du communisme.

    • Retour sur le parcours d’un agriculteur star devenu « gilet jaune »
      https://labogue.info/spip.php?article302

      Il n’est pas question ici d’analyser le mouvement des gilets jaunes mais il nous a semblé important de pointer du doigt ceux qui veulent se réapproprier un « mouvement #citoyen » en prenant le masque de la respectabilité.

      Focalisons-nous donc sur l’un des organisateurs autoproclamés des « gilets jaunes » à #Limoges : Christohe Lechevallier.

    • « Gilets jaunes », la nouvelle Jacquerie ?
      26/11/2018
      https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/gilets-jaunes-la-nouvelle-jacquerie

      Les Gilets Jaunes, une révolte populaire ? Une jacquerie 2.0 ?

      Après un week-end de mobilisation, et alors que les blocages se poursuivent aujourd’hui dans toute la France, tentative de clarification d’un mouvement et de ses revendications, avec le grand historien de l’immigration et de la classe ouvrière Gérard Noiriel , auteur d’Une Histoire populaire de la France (Agone, 2018).

      Directeur d’études à l’EHESS, il est aussi l’auteur de Le Creuset français. Histoire de l’immigration (Seuil, 1988) et de Qu’est ce qu’une Nation ? (Bayard, 2015).

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-26.11.2018-ITEMA_21902640-1.mp3?track=false

    • La création d’une « délégation » de huit gilets jaunes a été annoncée ce matin dans un communiqué.
      https://www.liberation.fr/checknews/2018/11/26/qui-a-choisi-les-huit-porte-parole-des-gilets-jaunes-que-veulent-ils_1694

      Vu la taille du morceau, très teinté brun, j’ai fais une publication spécifique de l’analyse complète de ces profils : https://seenthis.net/messages/738886

      et sinon, @mad_meg la video marche très bien si on clique sur le lien, je sais pas pourquoi la vignette déconne... et non, justement, ça n’est pas civitas, mais juste des braves gens...

    • Des gilets jaunes à ceux qui voient rouge
      https://agitationautonome.com/2018/11/22/des-gilets-jaunes-a-ceux-qui-voient-rouge

      La diversité des gilets jaunes selon les points de mobilisation a permis à tout un chacun d’y apposer son petit drapeau idéologique en ne retenant que ce qui l’arrange. Ainsi l’Action Française, le Bastion Social (ex-GUD), le Rassemblement National, Les Républicains mais aussi la France Insoumise, divers groupes trotskistes du NPA à Lutte Ouvrière, ou même des anarchistes partis répandre la bonne parole ont tous pu prétendre à la victoire et se galvaniser de la réussite toute relative de cette journée d’actions du 17 novembre – rappelons que 250 000 manifestants dans toute la France, c’est considéré comme une défaite lors d’une mobilisation syndicale, et encore ici ils ne font même pas grève.

      Quoi qu’en disent certains manifestants isolés exprimant leur ras-le-bol de façon désordonnée à des caméras en quête de déclarations choc, le mouvement s’est construit autour d’un discours poujadiste de protestation contre « les taxes » et « les impôts » qui « étouffent le peuple », ce qui est loin d’être un combat de classe (et contrairement à ce qui est avancé, près de 70 % de la hausse du prix vient des fluctuations du cours du pétrole et non pas d’une politique délibérée de l’Etat).

    • Deux sociologues dans les beaux quartiers avec les gilets jaunes
      https://www.humanite.fr/deux-sociologues-dans-les-beaux-quartiers-avec-les-gilets-jaunes-664163

      En ce samedi 24 novembre 2018, nous partons rejoindre le mouvement des gilets jaunes pour nous faire notre propre opinion. Nous pressentons que l’instrumentalisation de l’extrême droite est une manipulation de plus pour discréditer la colère des « gueux », pour reprendre une expression souvent employée par des manifestants qui se sentent dépouillés non seulement financièrement, mais jusque dans leur humanité même. Le mépris et l’arrogance d’Emmanuel Macron reviendront plus souvent dans les témoignages que nous avons recueillis que la hausse des taxes sur le carburant. Cette hausse est en réalité le déclencheur d’une colère beaucoup plus profonde, qui réunit les hommes et les femmes dans une révolte dont ils savent parler. Ils contestent la légitimité d’Emmanuel Macron à l’Élysée, son élection n’étant que le résultat du pouvoir de l’argent sur le monde politique : « Nous ne sommes pas dans une démocratie mais dans une dictature ! » « Nous allons faire en sorte que Macron ne puisse plus se présenter comme le chef du monde libre et de la démocratie. » « Plus rien n’est cohérent, on ne peut plus faire de projets. » Quant aux violences commises, notamment sur les Champs-Élysées, elles sont « la réponse à la violence de l’oppression que nous subissons chaque jour ».

      « C’est nous qui vous engraissons »
      Les gilets jaunes choisissent de manifester dans les beaux quartiers, de façon visible, avec ce jaune fluorescent comme symbole de leur chaleureuse détermination à renverser les rapports de forces, puisque « c’est nous qui vous engraissons : rendez-nous notre pognon ! », comme ils l’ont dit aux clients du restaurant de l’Avenue, à l’angle de la rue de Marignan et de l’avenue Montaigne, juste en face de chez Dior. La préfecture de police voulait les cantonner au Champ-de-Mars, qu’ils ont boudé tout au long de la journée au bénéfice des lieux de pouvoir, le plus près possible de l’Élysée.

      Pour nous deux, la confrontation entre les gilets jaunes et les clients chics de ce restaurant cher du 8e arrondissement a constitué un moment d’observation sociologique exceptionnel. Poussés par les gaz lacrymogènes, les bombes assourdissantes et les canons à eau, nous avons fui par la rue de Marignan avec le slogan repris en chœur : « Macron démission ! » Il est aux environs de 13 heures et la terrasse du restaurant de l’Avenue est pleine à craquer d’hommes et de femmes des beaux quartiers qui portent sur leur corps et leur tenue vestimentaire la douceur et la richesse d’une vie quotidienne embaumée par les pétales de roses. Les gilets jaunes encerclent la terrasse avec leur corps malmené par des conditions de vie difficiles, et ce fameux gilet jaune, symbole du prolétariat et des gagne-petit. Il n’y aura aucune violence physique mais les paroles seront franches dans cette confrontation de classe entre les premiers et les derniers de cordée. « Profitez-en, cela ne va pas durer », « Picolez car vous n’allez pas rire longtemps ! » Les femmes minces et élégantes et leurs maris en costume croisé se lèvent peu à peu pour se réfugier à l’intérieur du restaurant, « Ah bon ! alors on vous dérange ? » demande un gilet jaune. Qu’à cela ne tienne, les manifestants se collent aux baies vitrées et poursuivent leurs invectives de classe : « L’ISF pour les bourgeois ! », « Ils sont en train de bouffer notre pognon ! » C’en est trop, les clients du restaurant ferment alors les rideaux. « Ah ! vous ne voulez plus voir les gueux ? » Ceux-ci se sont peu à peu éloignés pour manifester toujours et encore leur colère.

      Colère de classe contre assurance de classe
      Nous avons été frappés par le calme des grands bourgeois et surtout par leur détermination à déjeuner dans ce restaurant, le lieu où ils avaient décidé de retrouver leurs amis et où ils avaient réservé leur table, dans un entre-soi qu’ils savaient au fond d’eux-mêmes garanti par les forces de l’ordre. Au point même que, vers 13 h 30, quelques clients faisaient la queue à l’extérieur en attendant de pouvoir bénéficier d’une table à l’intérieur. Ils ont affiché une assurance de classe qui ne doit pas présenter de faille, tant que leur vie n’est pas en danger.

      Nous avons été surpris par la reconnaissance de notre travail sur la violence des riches : « Vous avez mis des mots sur notre souffrance et tout ce que vous dites, c’est la vérité ! », « Vous êtes vraiment nos porte-voix ! » Nous avons fait des selfies, il y a eu des embrassades amicales, nous avons échangé et longuement discuté avec les personnes qui nous ont reconnus et abordés. Avant de partir pour le salon du livre de Radio France à la Maison de la radio dans le 16e arrondissement, nous avons rencontré un militant de la fédération CGT des dockers qui leur a conseillé « de rallier les gilets jaunes pour participer à ce mouvement », en disant qu’il « fallait savoir prendre le train en marche pour l’orienter et le soutenir dans ses aspects de confrontation entre les intérêts du capital et ceux du travail ».

      Notre témoignage sûrement incomplet ne se veut pas une analyse péremptoire de ce mouvement des gilets jaunes. Il s’agit plutôt d’attirer l’attention sur les processus de stigmatisation qui ont été mis en œuvre dès le départ afin de masquer une colère de classe en casse séditieuse d’extrême droite. Lorsque nous sommes arrivés à Radio France, la fouille de nos sacs à dos a révélé la présence de nos deux gilets jaunes, dont nous avons dû nous séparer le temps de nos dédicaces mais que nous avons récupérés à la sortie. Nous avons été accueillis par de nouveaux gilets jaunes nous annonçant leur volonté de s’en prendre aux médias publics. Ils avaient le projet d’occuper le lendemain, dimanche 25 novembre, l’esplanade devant France Télévisions.

      Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

    • Une compilation d’articles pour réfléchir autour de ce mouvement populaire ambivalent et clivant.

      Est-il possible de poser un angle de lutte de classe au sein de ce mouvement ?
      Y-a-t-il possibilité de diffuser au sein de ce mouvement des problématiques autour du genre ou des questions de racisme ?
      Comment ?
      Quels avantages le camp de l’émancipation peut-il tirer de ce moment ?
      Les fachos ont-ils déjà pris le contrôle ?
      Est-il possible de les isoler politiquement au sein du mouvement ?
      Doit-on abandonner tout espoir d’influer positivement sur le cours de ce mouvement ?
      Doit-on le combattre ?
      Comment ?

      https://bourrasque-info.org/home/chroot_ml/ml-brest/ml-brest/public_html/local/cache-vignettes/L271xH200/arton1261-1f408.jpg?1543018951
      https://bourrasque-info.org/spip.php?article1261

    • LE TEXTE que j’attendais : Gilets jaunes : questions pour ceux qui cherchent des alliances : https://carbureblog.com/2018/11/27/gilets-jaunes-questions-pour-ceux-qui-cherchent-des-alliances
      Lecture audio chez @karacole : https://archive.org/details/GiletsJaunes


      Merci @arnoferrat pour le repérage !

      /.../ Et qui va sortir gagnant de cette alliance ? Est-ce que la lutte des classes, c’est seulement entre le « peuple » et le pouvoir ? Est-ce que l’interclassisme ça n’est pas aussi une lutte des classes dans leurs alliances même ? Est-ce que le problème c’est Macron ? Est-ce qu’il faut « dégager Macron » et refaire des élections ? Et dans ce cas qui sera élu à sa place ? Est-ce que les quartiers populaires ont quelque chose à y gagner ? Est-ce que la France blanche-d’en-bas a quelque chose à y gagner ? Est-ce que les plus pauvres ont quelque chose à y gagner ? Pourquoi quand les quartiers manifestent leur colère il y a couvre-feu, alors que quand la France blanche-d’en-bas le fait elle est reçue dans les ministères ? Est-ce qu’on a jamais demandé aux émeutiers de 2005 de se choisir des représentants ? Est-ce qu’il y a seulement entre les quartiers et la France blanche-d’en-bas de l’incompréhension et de vagues préjugés hérités de la colonisation ? /.../

  • Les autorités chinoises font la chasse aux #étudiants marxistes
    https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/11/13/les-autorites-chinoises-font-la-chasse-aux-etudiants-marxistes_5382985_3216.

    Après des interpellations en juillet et en août, treize personnes, soutenant les #ouvriers d’une usine qui réclament d’être défendus par des représentants syndicaux indépendants, auraient été arrêtées le week-end dernier.

    Bien qu’ayant remis au goût du jour l’étude du marxisme dans les universités, le gouvernement chinois n’entend manifestement pas voir se développer dans le pays une nouvelle forme de #lutte_des_classes. Comme elle l’avait déjà fait en juillet puis en août, la #police vient, une nouvelle fois, d’arrêter des étudiants et des militants dans plusieurs villes du pays. Leur seul tort : soutenir les ouvriers d’une usine qui réclament d’être défendus par des représentants syndicaux indépendants.
    L’affaire concerne une entreprise située à Shenzhen, tout au sud de la Chine, Jasic, connue pour ses robots industriels. C’est là qu’en juillet des salariés qui réclamaient en vain depuis deux mois une amélioration de leurs conditions de travail se sont mis à vouloir s’organiser en syndicat. La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre : licenciés puis pris à partie par des hommes de main, les meneurs – et leurs soutiens –, au total une trentaine de personnes, sont arrêtés par la police le 27 juillet.
    Alors que, très vite, ce conflit est médiatisé et que quelques dizaines d’étudiants se rendent en août à Shenzhen pour se joindre au mouvement, la police organise, le 24 août, une descente dans un appartement occupé par des étudiants à Huizhou, juste à côté de Shenzhen. Une vidéo apparemment tournée par les étudiants renforce la mobilisation. Si une majorité des personnes arrêtées en juillet semblent avoir été libérées, plus d’une dizaine sont encore détenues au secret pour « rassemblement portant atteinte à l’ordre public » et attendent d’être jugées.
    Des arrestations décrites comme des kidnappings
    Surtout, treize nouvelles arrestations, décrites comme des kidnappings par les étudiants, auraient eu lieu le week-end dernier dans tout le pays en lien avec ce conflit, soulevant l’indignation. Parmi elles, celle d’un étudiant, Zhang Shengye, appréhendé sans ménagement par la police sur le campus de l’université de Pékin, la plus réputée du pays. « J’ai entendu un des hommes dire “c’est lui, poussez-le dans la voiture”, et j’ai vu de trois à cinq personnes attraper un étudiant et le mettre dans un véhicule », a expliqué sur une vidéo, qui a tourné sur les réseaux sociaux, un étudiant affirmant avoir vu la scène.
    Zhang Shengye faisait partie de ceux qui se mobilisaient pour obtenir des informations sur les étudiants disparus. Le Groupe de solidarité avec les travailleurs de Jasic a dénoncé, dans un communiqué cité par l’agence France-Presse, la passivité des autorités de l’université de Pékin, où le mécontentement monte depuis le printemps après les représailles de sa direction contre une militante du mouvement #metoo : « C’est un crime de plus que commettent les universités contre les étudiants progressistes et la communauté de gauche », y lit-on.
    Le paradoxe est que la police politique chinoise s’était évertuée jusqu’alors à faire taire toute revendication prodémocratie et libérale. Le régime, qui a encensé Marx pour son bicentenaire en mai, est tout à coup dépassé sur sa gauche.
    L’une des caractéristiques de ce conflit hors norme est en effet qu’il réunit des ouvriers mais aussi des étudiants se définissant comme marxistes, voulant selon leurs propres termes « libérer les travailleurs », auxquels s’ajoutent des maoïstes qui ont parfois l’âge d’être leurs parents.

  • #unten ǀ Die App ist der Feind — der Freitag
    https://www.freitag.de/autoren/der-freitag/die-app-ist-der-feind

    #unten Der Kapitalismus bringt ständig neue Formen von Ausbeutung hervor – und erzwingt so immer neue Formen des Kampfes, Sebastian Friedrich, Ausgabe 45/2018

    Die neuen Hoffnungsträger für den Klassenkampf kommen auf zwei Rädern

    Wissenschaftler und Publizisten haben sich viel Mühe gegeben, die These zu untermauern, es gebe keine Klassen mehr. Die Bundesrepublik war noch keine fünf Jahre alt, die KPD noch nicht verboten, da sprach der Soziologe Helmut Schelsky von der „nivellierten Mittelstandsgesellschaft“: Die Unterschiede zwischen Unten und Oben würden sich zunehmend auflösen, so Schelsky. Das Bild der Mittelstandsgesellschaft erwies sich als erstaunlich resistent: Obwohl sich in den vergangenen Jahrzehnten die Schere zwischen Arm und Reich öffnete, fühlte sich ein überwiegender Teil der Mitte zugehörig.

    Doch dieses Bild bröckelt. Mittlerweile geht selbst Konservativen der Verweis, Klassen habe es nur zu Zeiten von Karl Marx gegeben, nicht mehr so leicht von den Lippen. Die Krise, die vor zehn Jahren begann, machte viele, vor allem junge Leute in Südeuropa, arbeitslos. Selbst in Deutschland kommen Millionen Menschen nicht mit einem Job über die Runden, sind Patchwork-Arbeiter. Gleichzeitig stiegen die Gehälter der Topmanager in astronomische Höhen.

    Auch viele Linke, die lange nichts von Klassen wissen wollten, haben die soziale Frage wiederentdeckt – aus einer Position der Schwäche heraus. Als immer deutlicher wurde, dass es rechten Parteien und Initiativen gelingt, Teile der Arbeiterklasse zu mobilisieren, wurde so manchen Sozialdemokraten wie auch so manchem radikalen Kritiker an der Universität gewahr, dass der Aufstieg der Rechten irgendetwas mit der Krise der Linken zu tun haben könnte.

    Kurz nachdem die AfD im März 2016 bei Landtagswahlen in Baden-Württemberg und Sachsen-Anhalt bei Arbeitern und Arbeitslosen stärkste Partei wurde, erschien die deutsche Übersetzung des Buches Rückkehr nach Reims von dem französischen Soziologen Didier Eribon. Das Buch war plötzlich überall: auf den Tischen in den Seminarräumen, neben dem Glas Latte Macchiato im Berliner Szenecafé und in den Reiserucksäcken deutscher Individualtouristen. Eribon beschrieb eindrucksvoll, wie sich die Linken von den Arbeiterinnen und Arbeitern abgewandt hatten. Während das Buch fleißig gelesen und diskutiert wurde, stimmte in Großbritannien eine Mehrheit für den Brexit. Ein paar Monate später wurde Donald Trump zum Präsidenten der USA gewählt.

    Bleib gesund, Crowdworker

    Aktuell droht die Linke, zerrieben zu werden: Es gibt keine linke Erzählung, kaum Verbindungen zum Alltagsleben breiter Teile der Bevölkerung, nur sehr wenig kollektive Erfahrung gemeinsamer erfolgreicher Kämpfe, geschweige denn eine Zukunftsvision, von einem realistischen Machtzugang einmal ganz abgesehen.

    Unter dem Begriff „Neue Klassenpolitik“ diskutieren Linke seitdem, wie feministische, antirassistische und internationalistische Perspektiven mit einer Klassenpolitik auf Höhe der Zeit verbunden werden können. Ausgangspunkt ist die Erkenntnis, dass die Trennung zwischen Klasse auf der einen Seite und Antirassismus und Feminismus auf der anderen Seite keinen Sinn ergibt. Die Zusammensetzung der Klassen ist seit jeher durch Geschlechterverhältnisse, rassistische Verhältnisse und die globale Ungleichheit strukturiert.

    Klassenpolitik ist im Grunde stets „neu“, denn Klassen sind nichts Statisches. Sie unterscheiden sich je nach Gesellschaftsformation, aber auch im Kapitalismus selbst – die kapitalistische Klassengesellschaft ist im Kern noch immer eine, auch wenn sie vor 100 Jahren anders aussah.

    Das Grundprinzip bleibt freilich gleich: Die Bourgeoisie, heute bizarrerweise Arbeitgeber genannt, besitzt die Produktionsmittel und schöpft Profite aus der Arbeit der von ihnen abhängig Beschäftigten – weshalb sie eigentlich die Arbeitnehmerseite ist. Ihr gegenüber steht die Klasse der Arbeiterinnen und Arbeiter im weiten Sinne. Sie haben keine Produktionsmittel und müssen sich beim Bourgeois verdingen. Die durch dieses Ausbeutungsverhältnis definierte Klasse der Lohnabhängigen ist sehr divers in ihrer Gestalt: hochqualifizierte Angestellte, ungelernte Hilfsarbeiter_innen, Reinigungskräfte, Fahrradkuriere – was die gemeinsamen Interessen überdeckt und eine Organisierung erschwert.

    In der Debatte um „Neue Klassenpolitik“ geht es darum, die Orte des Klassenkampfs zu finden. Dabei geht es nicht nur um Orte, an denen gekämpft wird, sondern auch um jene Orte, an denen die Klasse zusammenkommt, an denen sie sich mit neuen Formen der Produktion auseinandersetzen muss, wie die Arbeit technisch und von oben organisiert wird. Gleichzeitig nimmt die „Neue Klassenpolitik“ die Perspektive von unten ein, wie die Arbeiterklasse für ihre Interessen kämpft, an welchen Punkten sich Protest entwickelt – und die Vereinzelung überwunden werden kann.

    Kämpfe um bessere Arbeitsbedingungen gibt es nicht nur an den bekannten Orten der Klassenauseinandersetzungen: den Fabriken, sondern auch da, wo sich neue Formen der Beschäftigung entwickeln.

    Die Digitalisierung der Arbeitswelt hat nicht nur Roboter hervorgebracht. Es hat sich eine neue Gruppe innerhalb der Arbeiterklasse entwickelt: die Crowdworker. Crowdwork umfasst alle Dienstleistungen, die über Plattformen im Internet vermittelt werden. Das Prinzip: Crowdworker loggen sich über eine App ein und bearbeiten einzelne Aufträge. Eine Plattform dient als eine Zwischenstelle zwischen Auftraggeber und Auftragnehmer. Nach diesem Prinzip arbeiten weltweit im Netz Tausende Plattformen. Umsatz machen sie über die Vermittlung. Und das nicht zu knapp: Der Taxidienst Uber bekommt bis zu 20 Prozent des Honorars der jeweiligen Fahrt. Damit hat Uber im Jahr 2016 über 6,5 Milliarden Dollar umgesetzt.

    Arbeitsverträge gibt es für Crowdworker kaum noch. Crowdworker werden zu „Selbstständigen“, womit sie weniger Rechte haben, etwa auf Urlaub. Von Lohnfortzahlung im Krankheitsfall träumen viele nur. Hinzu kommt: Bei den meisten Jobs in der Plattformökonomie bezahlen die Firmen pro Gig. Der Begriff Gig bezeichnet in der Musikbranche einen einzelnen Auftritt. In der Welt der Plattformen ist ein Gig ein einzelner, meist kleinteiliger Auftrag. Dass Menschen nach kleineren Jobs bezahlt werden, ist kein neues Phänomen; neu aber ist, dass nun Plattformen damit Geld verdienen.

    Die Bezahlung nach Gig ist kein Novum im Kapitalismus. Marx kannte einen anderen Begriff: Stücklohn. Er nannte das Stücklohn-Prinzip einst die dem Kapitalismus entsprechendste Form der Entlohnung. In der Tat: Das Stücklohn-Prinzip ist vor allem für die Konzerne von Vorteil, denn dadurch können sie möglichst viel aus der Arbeitskraft herauspressen. Die britische Arbeitsforscherin Ursula Huws spricht mit Blick auf die weitgehend nicht regulierte Plattformökonomie von einer Wildwest-Phase des Kapitalismus, in der wir uns gegenwärtig befänden. Die Parallelen zur Zeit der Industrialisierung im 19. Jahrhundert sind unübersehbar: hohe Ausbeutung auf der einen Seite, kaum bis gar kein Schutz der Arbeitskraft auf der anderen Seite.

    Extreme Formen von Ausbeutung haben sich immer nur dann geändert, wenn es zu Klassenkämpfen kam. Die Arbeiterbewegung, die in der Phase der Industrialisierung entstand, erstritt mehr Sicherheit und höhere Löhne: der Acht-Stunden-Tag, die Einführung der Sozialversicherungen, Tarifverträge. Doch wer könnte heute diese Kämpfe führen? Durch die Zerstückelung der Arbeit und die hyperflexibilisierte und die stark individualisierte Arbeit ist kollektives Handeln kaum möglich.
    Hoffnung auf zwei Rädern

    Das gilt aber nicht unbedingt für alle Gruppen. Die Hoffnungsträger eines Klassenhandelns in der Plattformökonomie kommen auf zwei Rändern. Man sieht sie vor allem in größeren Städten: Fahrradkuriere, sogenannte Rider, mit großen und bunten Warmhalte-Boxen auf dem Rücken. Sie sind unterwegs, um den Kunden ihr online bestelltes Essen zu liefern. Erste Ansätze von Kämpfen sind erkennbar: Los ging es in London, als Kuriere des Online-Essenslieferdienstes Deliveroo gegen die Einführung eines Stücklohns streikten. Auch in Italien, Spanien und in den Niederlanden gab es ähnliche Streiks. In Deutschland ging es bisher vor allem in Köln heiß her. Renitente Rider gründeten bei Deliveroo einen Betriebsrat. Laut der Kuriere hat Deliveroo darauf reagiert, indem es die Verträge der Festangestellten nicht verlängert hat.

    Die Bedingungen für kollektives Handeln sind bei Fahrradkurieren besser als bei Clickworkern, die sich einsam an ihrem heimischen Laptop mühsam von Kleinstjob zu Kleinstjob hangeln. Die Rider erkennen sich gegenseitig an ihren Essensboxen auf dem Rücken und den Farben ihrer Shirts. Viele teilen einen Lifestyle – eine Rider-Kultur. Sie interessieren sich für ausgefallene Fahrradteile, tragen ähnliche Klamotten. Was für den Industriearbeiter in der Fabrik die Kantine war, das sind bei den Riders die Orte in der Stadt, wo sie auf neue Aufträge warten. Trafen sich früher die Arbeiter in der Eckkneipe, schrauben die Rider in der Werkstatt an ihren Rädern herum. Was einst das Treffen der kämpfenden Teile der Klasse war, ist heute die Facebook- oder Whatsapp-Gruppe.

    Und es gibt Ansätze, wie sich der Kampf von unten gegen die Kontrolle von oben wenden kann. Riders nutzten ihre App, um sich mit anderen Kurieren auszutauschen. Gleichzeitig ist die App mit ihrem erbarmungslosen Algorithmus für die Rider vor allem eines: ein Feind. Tatsächlich ist sie aber auch ein nützlicher, weil gemeinsamer Feind. So manchem Untergebenen mag es schwer fallen, den Kampf gegen einen permanent duzenden Chef zu führen. Gegen eine kalte App fällt das leichter.

    Diese Kämpfe sind Anfänge. Die Streiks im Care-Bereich, bei Amazon, bei Ryanair – sie alle zeigen nicht nur, dass sich etwas bewegt, sondern dass es sie gibt, die Klassen. Vereinzelung, Atomisierung, Prekarisierung – das sind Leitbegriffe unserer Zeit. Sie müssen es nicht bleiben.

    Sebastian Friedrich ist gemeinsam mit der Redaktion analyse & kritik Herausgeber des soeben im Verlag Bertz + Fischer erschienenen Buches Neue Klassenpolitik. Linke Strategien gegen Rechtsruck und Neoliberalismus. Es umfasst 220 Seiten und kostet 14 Euro

    #Allemagne #lutte_des_classes #gig_economy #livreurs

  • L’exploitation c’est chic !
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1028-l-exploitation-c-est-chic

    http://labrique.net/images/numeros/numéro56/Pénicaud.jpg

    Happychic est une entreprise de mode française qui appartient à la famille Mulliez et ne fait pas dans la dentelle : elle fait dans « le look qui vous ressemble ». Elle englobe les trois marques Jules, Brice ou Bizzbee. Neuf ans après sa création, l’heure de la rationalisation massive a sonné pour cette multinationale de la fripe.

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Julia Cagé : « En France, les plus pauvres paient pour satisfaire les préférences politiques des plus riches » - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/09/07/julia-cage-en-france-les-plus-pauvres-paient-pour-satisfaire-les-preferen

    Le prix d’un vote ? 32 €. Dans son dernier livre, l’économiste soutient, chiffres inédits à l’appui, que l’argent a un rôle déterminant dans le résultat d’une élection. Pire : l’Etat subventionne davantage les orientations politiques des plus aisés, favorisant ainsi les partis de droite.

    La France est-elle vraiment protégée des groupes de pression ? Sans doute moins qu’elle aimerait le croire. Notre démocratie repose-t-elle sur l’équation « un homme = une voix » ? Pas tout à fait, selon Julia #Cagé. Après avoir étudié le financement des médias (Sauver les médias, Le Seuil, 2015), l’économiste, professeure à Sciences-Po Paris, poursuit son exploration des ressorts et des inégalités de notre système représentatif. A partir d’une base de données inédite des financements publics et privés de la vie politique, aux États-Unis, en France ou ailleurs en Europe, elle démontre dans son dernier livre, le Prix de la démocratie (Fayard), que ces questions, en apparence techniques, pourraient bien avoir leur rôle dans le sentiment d’abandon des classes moyennes et populaires, et dans la montée des populismes (1). Car, non seulement l’expression politique est capturée par les intérêts privés des plus riches, mais cette confiscation peut avoir un sacré impact sur le résultat des élections. En France, depuis les années 90, le financement de la vie politique est fondé sur quelques grands principes : les dons des particuliers sont encadrés (pas plus de 7 500 euros pour les partis par individu et par an, pas plus de 4 600 euros par élection) ; les entreprises ne peuvent verser des fonds aux candidats ; en contrepartie, l’État finance une grande partie de la vie politique. Un système bien imparfait, révèle Julia Cagé, qui subventionne en réalité les préférences politiques des plus riches et favorise donc les partis de droite.

    « Qui paie gagne », écrivez-vous : en France aussi, l’argent fait l’élection. Cela explique l’improbable accession au pouvoir d’Emmanuel #Macron, candidat sans parti ni élu ?
    C’est un cas exemplaire. J’ai commencé à travailler sur le financement de la vie politique en 2014. L’une de mes hypothèses était qu’il fallait une réforme urgente du système de financement public des partis politiques, car il favorise l’immobilisme : l’argent donné par l’État aux candidats dépend des résultats obtenus aux dernières législatives. Ça ne permet pas l’émergence de nouveaux mouvements… sauf à attirer suffisamment de dons privés pour compenser ce handicap. Ce n’était encore jamais arrivé en France. C’est exactement ce que Macron a réussi à faire. Fin 2016, En marche !, né en avril, a déjà réuni 4,9 millions d’euros de dons privés. Contre 7,45 millions d’euros pour Les Républicains et seulement 676 000 euros pour le PS. L’innovation politique ne peut pas naître sans être financée. Or, dans toutes les démocraties occidentales, les dons privés vont d’abord aux partis conservateurs qui prônent une politique économique favorable aux plus aisés.

    Quel est le profil des donateurs ?
    On pourrait imaginer que les classes populaires donnent massivement, même pour de faibles montants. Ce n’est pas le cas. En France - comme aux États-Unis, en Italie ou en Grande Bretagne -, ce sont les plus aisés qui financent la vie politique. Ils ne sont d’ailleurs pas nombreux. Chaque année, seuls 290 000 foyers fiscaux français font un don, 0,79 % des Français adultes. Mais si on regarde parmi les 0,01 % des Français aux revenus les plus élevés, on s’aperçoit que 10 % d’entre eux font un don. Et ces 0,01 % des Français les plus riches versent en moyenne 5 245 euros par an. Les 50 % des Français les plus pauvres donnent, eux, quand ils donnent, seulement 120 euros par an en moyenne. Mais le scandale, c’est que les dons privés des plus aisés sont financés par l’ensemble des citoyens.

    Pourquoi ?
    Il existe trois formes de financements publics de la démocratie. La première, c’est celui des partis politiques, déterminé tous les cinq ans en fonction des résultats aux législatives : il s’élève à 63 millions d’euros. La deuxième, c’est le remboursement des dépenses de campagnes : 52 millions d’euros par an en moyenne. Et la troisième, dont on ne parle jamais, ce sont les déductions fiscales : votre don à un parti politique est remboursé à 66 %, par le biais d’une réduction d’impôt. Ces réductions représentent 56 millions d’euros par an pour les seuls dons aux partis politiques ! 56 millions d’euros offerts à seulement 290 000 individus qui ont choisi de financer un parti ? Même pas ! Car on ne peut bénéficier de déductions d’impôt… que si on paie l’impôt sur le revenu, ce qui n’est le cas que d’un Français sur deux. Pour le dire autrement si vous êtes parmi les 10 % des Français les plus fortunés, et que vous faites un don de 7 500 euros, celui-ci vous reviendra au final à 2 500 euros. Et le coût de votre don pour l’ensemble des citoyens sera de 5 000 euros. Mais, si vous êtes smicard, étudiant ou travailleur précaire, et que vous donnez 600 euros à un parti, votre générosité vous reviendra à… 600 euros, puisque vous n’êtes pas imposable sur le revenu. Bref, en France, les plus pauvres paient pour satisfaire les préférences politiques des plus riches.

    Le financement de la vie politique expliquerait la « droitisation » des gauches occidentales ?
    Si tous les partis et les candidats recevaient autant de financements privés, ce ne serait pas forcément problématique. Mais ce n’est pas le cas. Les Républicains touchent en moyenne, en France, 11 fois plus de dons privés que le Parti socialiste. On retrouve exactement le même déficit dans les autres pays. Or, on s’aperçoit qu’au Royaume-Uni avec Tony Blair, aux Etats Unis avec Hillary Clinton, en Italie avec Renzi, les partis de gauche se sont engagés dans une course aux financements privés. Ils abandonnent leur électorat populaire pour promouvoir des politiques économiques favorables aux plus aisés.

    Un parti peut-il vraiment « acheter » les électeurs ?
    J’ai analysé, avec Yasmine #Bekkouche, doctorante à l’Ecole d’économie de Paris, toutes les #élections municipales et législatives en France depuis 1993. Le résultat est net : statistiquement, en moyenne, les candidats les plus dotés et qui dépensent le plus remportent les élections. Bien sûr il y a des exceptions - le cas de Benoît Hamon à la présidentielle le prouve. J’ai estimé le prix d’un vote à 32 euros. Si un candidat met 32 euros de plus que son concurrent dans une campagne, il récolte une voix de plus. Au fond, ce n’est pas très cher un vote…

    Mais la victoire d’un candidat plus riche peut aussi s’expliquer par son talent ?
    Nous avons neutralisé l’effet de la popularité d’un parti une année donnée, le taux de chômage local, le niveau d’éducation moyen et les revenus fiscaux de la circonscription, le nombre de créations d’entreprises localement, le niveau d’investissement de la municipalité, etc. Résultat : toutes choses égales par ailleurs, le budget d’une campagne a bien un impact sur le résultat d’une élection. Mieux, selon nos analyses, l’« étrange défaite » de la droite après la dissolution surprise de Jacques Chirac en 1997, pourrait s’expliquer par l’interdiction, en 1995, des dons des entreprises aux campagnes électorales. Elle n’a eu d’effet que pour les candidats de droite qui touchaient des dons importants venant d’entreprises.

    Comment expliquer que l’argent ait un tel rôle ?
    Les meetings coûtent chers, comme les frais de transports, les conseils en communication et toutes les stratégies qui reposent sur l’utilisation des big datas. Cette utilisation des réseaux sociaux a d’ailleurs un effet pervers. Dans un monde où un candidat pourrait cibler ses électeurs, et si quelques milliardaires peuvent aider une campagne plus sûrement que des milliers d’électeurs, c’est sur cette poignée de personnes qu’il ciblera sa campagne. Encore une fois, les politiques risquent de se couper des classes populaires et moyennes.
    Vous dites que les donateurs de Macron « en ont eu pour leur argent » avec la suppression de l’ISF. N’est ce pas un peu rapide ?

    Derrière la formule, il y a une évidence : une personne soumise à l’ISF qui a donné 7 500 euros à la République en marche, ce qui lui est revenu à 2 500 euros, et qui voit l’ISF supprimé a effectivement fait un bon investissement. Le politiste américain Martin Gilens a comparé les souhaits des citoyens américains exprimés dans les sondages depuis 1950 (sur la politique économique, étrangère ou sociale), à leur niveau de revenus, et aux politiques effectivement mises en œuvre. Il montre que lorsqu’il y a divergence entre les Américains les plus riches et la majorité des citoyens, les gouvernements tranchent systématiquement en faveur des 1 % les plus riches. Pourquoi n’y a-t-il pas de révolution ? Gilens a une formule extraordinaire : il parle de « démocratie par coïncidence ». Sur beaucoup de sujets - la légalisation de l’avortement ou l’intervention en Irak -, les plus riches sont en phase avec la majorité. Mais c’est pure coïncidence. Le salaire minimum réel, lui, a baissé depuis les années 50. Ce sentiment de dépossession alimente le populisme.

    Que proposez-vous pour y remédier ?
    Certainement pas de supprimer tout financement public des partis parce qu’ils seraient « pourris », comme l’a obtenu le mouvement Cinq Etoiles en Italie ! La démocratie a un prix. Si ce coût n’est pas porté de manière égalitaire par l’ensemble des citoyens, il sera capturé par les intérêts privés. Il faut au contraire renforcer le financement public de la démocratie. Je propose la création de « Bons pour l’égalité démocratique ». Il ne s’agit pas de dépenser plus, mais autrement : tous les ans, an cochant une case sur sa feuille d’impôt, chaque citoyen aura la possibilité d’allouer 7 euros au mouvement politique de son choix. Il ne les sort pas de sa poche, mais il demande à l’Etat de donner 7 euros du fonds pour le financement des partis à celui de son choix.

    Et quand on est abstentionniste ou antiparti ?
    Alors vos 7 euros sont donnés en fonction des résultats aux dernières législatives. C’est une manière de favoriser l’émergence de nouveaux mouvements, et c’est égalitaire : un même montant fixe est alloué à chaque citoyen.

    Vous supprimez les dons privés ?
    Je les limite à 200 euros par an, c’est déjà beaucoup par rapport au revenu moyen français. Si on cherche l’égalité politique, on ne peut pas permettre aux citoyens de donner 7 500 euros à un parti puisque c’est un geste impossible à beaucoup.

    Vous prônez également la création d’une « Assemblée mixte » où seraient mieux représentés les ouvriers et les employés. Comment sera-t-elle élue ?
    Le Congrès américain compte moins de 5 % d’ouvriers et d’employés alors qu’ils représentent la moitié de la population. Aucun #ouvrier ne siège aujourd’hui à l’Assemblée nationale française. Je propose de laisser inchangées les règles de l’élection des deux tiers des #députés. Mais qu’un tiers de l’Assemblée soit élu à la proportionnelle intégrale, par scrutin de liste, où sera imposée une moitié de candidats ouvriers, employés, chômeurs ou travailleurs précaires. Comme pour la parité entre hommes et femmes il faut se saisir des outils de l’Etat de droit pour imposer l’égalité démocratique.

    (1) Voir aussi le site Leprixdelademocratie.fr, où sont recensées toutes les données du livre et où l’on peut « tester » les hypothèses de Julia Cagé sur son propre député.
    Sonya Faure

    Déjà pointé par ailleurs mais je mets le texte complet pour ceux et celles qui sont limités en nombre d’articles sur libération.

    #démocratie #argent #financement #partis #lutte_des_classes #impôts #inégalités

  • Obszöner Reichtum: Die oberen 1000 haben jetzt über eine Billion Euro | Telepolis
    https://www.heise.de/tp/news/Obszoener-Reichtum-Die-oberen-1000-haben-jetzt-ueber-eine-Billion-Euro-4152916

    Die Reichen werden in Deutschland immer reicher. Die Zahl der Millionäre hat in den letzten 15 Jahren um 85.000 zugenommen und liegt jetzt bei 1,4 Millionen, berichtet der Business Insider. Die Zahl der Millionäre steigt also, während die Reallöhne im Durchschnitt eher stagnieren und das Segment der Niedriglöhner wächst und wächst.

    Am besten lebt es sich derweil an der Spitze bei den 1000 Reichsten, von denen knapp ein Viertel Milliardäre sind. Deren Vermögen nahm allein im vergangenen Jahr um 13 Prozent zu. 13 Prozent! Wie hoch war noch mal gleich ihre letzte Lohnerhöhung, verehrte Leserin, verehrter Leser?

    Die deutsche Wirtschaftsleistung, das Bruttoinlandsprodukt, ist in dieser Zeit jedenfalls nur um 2,2 Prozent gestiegen, das heißt, die oberen 1000 haben nicht nur ihre Position gehalten, sondern ihr Stück vom Kuchen weiter vergrößert.

    Dabei ist es nicht so, dass der Haufen, auf den der Teufel da mal wieder sein Geschäft gemacht hat, vorher klein gewesen wäre: Laut Focus wird das Vermögen der 1000 reichsten Deutschen auf 1,177 Billionen Euro geschätzt.

    Um das mal ins Verhältnis zu setzen: Der Bund gibt in diesem Jahr rund 335 Milliarden Euro für all seine Aufgaben aus. Das heißt, vom Vermögen der 1000 Reichsten könnte das Land in gewisser Weise drei oder, wenn wir alle öffentlichen Haushalte zusammen nehmen, immer noch knapp zwei Jahre leben.

    #Allemagne #économie #lutte_des_classes

  • La forêt se découpe en silence
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1021-la-foret-se-decoupe-en-silence

    http://labrique.net/images/numeros/numéro55/onf_nina_001_-_illu.jpg

    La découpe forestière et la découpe sociale sont intimement liées. Dans les forêts françaises comme ailleurs, le moteur de la rentabilité est à l’oeuvre. Pour l’Office national des Forêts (ONF), les arbres se font tronçonner au rythme des cours du bois mondialisés, avec la même brutalité que les droits sociaux.

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Herbsttag – Rainer Maria Rilke
    https://de.m.wikisource.org/wiki/Herbsttag

    Herr: es ist Zeit. Der Sommer war sehr groß.
    Leg Deinen Schatten auf die Sonnenuhren
    und auf den Fluren laß die Winde los.

    Befiehl den letzten Früchten voll zu sein;
    gieb ihnen noch zwei südlichere Tage
    dränge sie zur Vollendung hin und jage
    die letzte Süße in den schweren Wein.

    Wer jetzt kein Haus hat baut sich keines mehr.
    Wer jetzt allein ist wird es lange bleiben,

    wird wachen, lesen, lange Briefe schreiben

    und wird in den Alleen hin und her
    unruhig wandern wenn die Blätter treiben.

    #poésie #auf_deutsch #automne

    • Commentaire de ma mère : Je ne peux plus l’entendre. On l’a tellement cité, abusé, malcompris que j’en ai ras le bol.

      Elle a raison. Mais qu’est-ce qu’on fait alors de ces oeuvres de Brel, Prévert, Rimbaud et Goethe et des autres poètes qu’on nous impose au lycée et qui servent pour combler le vide des nos idées, de ces grands maudits qui sont les appât pour attirer les dames aux vernissages et get together professionnels ?

      Je les aime bien, certains, quand même.

    • Nous vivons dans des sociétés où il est bien vu de profiter systématiquement au maximum des autres, ou l’expolitation est le principe de toutes les affaires, où ta valeur est définie par la quantité de l’argent ramassé en jouant avec les investissemnts en bourse, dans les industries et dans le « capital humain ». C’est un principe qu’on ne peut mettre en pratique qu’en obligeant la majorité de se contenter de peu et de se so uiumettre au contrôle de l’élite qui l’exploite. C’est la raison d’être et le moteur de tous les agissements sociétals, c’est que tu trouves sous chaque pierre que tu retournes.

      Je ne pense donc pas que ce soit le genre qui sépare les êtres humains. C’est la classe sociale qui fait la différence, qui est à la racine de toutes les dicrimination, des violences et du désir de se situer au dessus de quelqu’un d’autre - peu importe que cette personne soit un homme ou une femme.

      Voilà le résultat des observations, réflexions et analyses que j’ai pu entreprendre. Je ne prétend pas d’avoir fait le tour de la question mais pour le moment c’est une hypothèse de travail qui tient assez bien la route.

      Vu comm ça le féminisme bourgeois est assez joli à regarder à condition que ses protagonistes soient jolies, mais au fond il s’agit d’une lutte entre des repésentants de deux genres d’une même espèce de rapaces qui si disputent la proie, notre travail, notre vie et notre santé.

      Il est pourtant vrai que la domination de l’autre par des moyens plus ou moins violents se propage aussi verticalement à travers les classes et permet ainsi de soutenir la thèse erronnée que ce soit le conflit entre les genres qui se trouve au centre du problème de la liberté humaine.

      Il est facile d’identifier les actes manqués ou expressément violents des hommes mâles envers leurs pôle féminin. Ce sont des choses visibles ou identifiables avec peu d’effort parce qu’elles se superposent et se substituent parfois au conflit de base qui possède un caractère social et matériel.

      Les problèmes entre le sexes étant présents dans toutes les phases du développement humain depuis l’introduction de l’héritage couplé à l’émergence des castes suite au déloppement de sociétés au tâches divisées, on risque d’oublier qu’à chaque époque la place de la femme dans la société reflète des intérêts de classes distinctes pour arriver á son point le plus bas pendant le Moyen Âge quand l’église catholique identifie le diable dans la sexualité féminine. Ceci correspond au développement de la définitition de l’homme qui n’en est un qu’à condition de faire partie des bons chrétiens. Ailleurs on pouvait se réclamer de foie musulmane pour obtenir le statut d’être humain.

      Au début du 20ème siècle l’antagonisme des classes était apparent parce que de grandes organisations le plaçaient au centre de leur identité et les féministes de gauche se battaient contre l’ennemi de classe avec leurs camarades hommes tout en les critiquant autant sur le plan personnel qu’au niveau politique. Les Clara Zetkin, Rosa Luxemburg et Alexandra Kollontai pour ne citer que les plus célèbres nous inspirent toujours dans notre recherche d’une société meilleure et d’une relation entre pareils pour les hommes et les femmes. Ce sont surtout ces luttes qui ont obligé l’Allemagne en 1918 à introduire le droit de vote pour les femmes en même temps avec l’abolition du vote censitaire en vigeur sous le Kaiser.

      Pour revenir au petit texte et au film In A Lonely Place j’insiste sur le caractère mondain et bourgeois du cadre. On dit « les dames » quand on veut expressément parler de bourgeoises qui ne sont pas nos camarades de lutte ou des prolétaires. Malheureusement ce sont des notions qui disparaissent du discours publique et c’est en mentionnnant ce fait que je me rends compte à quel point le discours hégémonial est conçu pour nous éloigner les uns des autres.

      P.S. Je crains que la « poursuite à tout prix d’une relation avec une femme » et vice versa (ou d’un partenaire du même sexe) constitue un élément quasi naturel de notre existence auquel on n’échappe qu’en s’infligeant des rituels douloureux comme les fidèles d’Opus Dei et d’autres détraqués dangereux.

      #sexualité #religion #lutte_des_classes #féminisme

    • @klaus, je ne suis pas très étonnée de ta position avec laquelle je ne suis pas d’accord. Est-ce que le petit exercice de remplacer sexisme par racisme, ou femme par noir te ferait mieux ressentir la distance nécessaire pour éviter de juger à la place des opprimés quel combat est le premier à devoir être mené ?
      Je n’y collerai cependant pas l’étiquette de mecsplication, mais presque :)

      Je ne pense donc pas que ce soit le genre qui sépare les êtres humains. C’est la classe sociale qui fait la différence, qui est à la racine de toutes les discrimination, des violences et du désir de se situer au dessus de quelqu’un d’autre - peu importe que cette personne soit un homme ou une femme.

      tiens, voila traduit …

      Je ne pense donc pas que ce soit la race qui sépare les êtres humains. C’est la classe sociale qui fait la différence, qui est à la racine de toutes les discrimination, des violences et du désir de se situer au dessus de quelqu’un d’autre - peu importe que cette personne soit un blanc ou un noir.

      #diapason_culturel

  • In Class Warfare, Guess Which Class Is Winning - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2006/11/26/business/yourmoney/26every.html


    Warren Buffet License CC-BY-ND par https://www.flickr.com/photos/bunnicula
    Flickr

    Just for the record - voici l’authentique source de la phrase notoire du milliardaire Warren Buffet à propos de la lutte des classes. Il parle d’une guerre des classes.

    Your Money | Everybody’s Business
    By BEN STEIN NOV. 26, 2006
    ...
    Mr. Buffett, with immense income from dividends and capital gains, paid far, far less as a fraction of his income than the secretaries or the clerks or anyone else in his office. Further, in conversation it came up that Mr. Buffett doesn’t use any tax planning at all. He just pays as the Internal Revenue Code requires. “How can this be fair?” he asked of how little he pays relative to his employees. “How can this be right?”

    Even though I agreed with him, I warned that whenever someone tried to raise the issue, he or she was accused of fomenting class warfare.

    “There’s class warfare, all right,” Mr. Buffett said, “but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.”

    This conversation keeps coming back to mind because, in the last couple of weeks, I have been on one television panel after another, talking about how questionable it is that the country is enjoying what economists call full employment while we are still running a federal budget deficit of roughly $434 billion for fiscal 2006 (not counting off-budget items like Social Security) and economists forecast that it will grow to $567 billion in fiscal 2010.

    When I mentioned on these panels that we should consider all options for closing this gap — including raising taxes, particularly for the wealthiest people — I was met with several arguments by people who call themselves conservatives and free marketers.

    One argument was that the mere suggestion constituted class warfare. I think Mr. Buffett answered that one.

    On connaît la phrase. On ignore généralement sa signification. Warrent Buffet dit :
    Puisque c’est moi qui le dit, c’est O.K. J’ai une conscience sociale quand même. Je peux me la permettre puisque je suis assez riche pour.

    Par contre si un pauvre socialo ose revendiquer une réforme des impôt avec l’intention de faire payer plus les riches, c’est une déclaration de guerre contre les gens de ma classe.

    On le savait déjà : Quand deux disent la même phrase elle n’exprime pas la même idée.

    #capitalisme #lutte_des_classes #impôts

  • Réforme SNCF : Un train de retard
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1019-reforme-sncf-un-train-de-retard

    http://labrique.net/images/numeros/numéro55/sncfbrique.jpg

    La réforme de la SNCF est un emblème du programme néolibéral. Après les télécoms, La Poste et l’énergie, c’est au tour du transport ferroviaire d’être menacé par la libéralisation. Le sociologue Jean Finez*, spécialiste du rail, analyse le champ de bataille où se risque l’extension du domaine du marché.

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Ça craque de partout
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1007-ca-craque-de-partout

    http://labrique.net/images/numeros/numéro55/Actu_des_luttes_-_1_illu.jpg

    Macron nous la fait à l’envers depuis son élection. Comme tous ceux qui ont été aux manettes ces dernières décennies. Et tout le monde y passe : étudiant.es, exilé.es, salarié.es, ouvrier.es, cheminot.es, soignant.es, retraité.es, sans-travail, etc. En multipliant les attaques, le meilleur représentant du MEDEF nous donne l’occasion de converger. Rejoignez les personnes en lutte dans les assemblées générales, les manifs, les piquets de grève et autres actions ! Voici un petit tour d’horizon (non exhaustif) des raisons du courroux et des mobilisé.es en lutte !

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Patientenfront/Sozialistisches Patientenkollektiv(H)
    http://www.spkpfh.de
    Tun und Glücken kraft Kranksein
    Aus Krankheit stark!

    Krankheit im Recht, Pathopraktik mit Juristen
    http://www.spkpfh.de/Stadtztg2.htm

    Eines steht fest: Krankheit nimmt heute immer mehr zu. Und die Fortschritte der Medizin dagegen sind alles andere als überzeugend. Besonders bezeichnend für diese Medizin ist ihr „Erfolg“, Patientenausrottung und Herrenmenschenzüchtung wieder in die öffentliche Diskussion gebracht zu haben, Euthanasie, Holocaust und Genetik. Viele Patienten streiten dafür, Seite an Seite mit dieser Medizin. Ein Offenbarungseid, ein Armutszeugnis dieser „Fortschritt“, oder ein Rückfall in die schlimmste Barbarei? Sowohl als auch!

    Gibt es eine Lösung? In diesem Beitrag möchten wir einen Ansatz vorstellen, der über die Medizin hinaus gegen alles Bestehende gerichtet ist.
    Für die jungen Leser hier kurz etwas über die Anfänge:
    An der Psychiatrischen Universitätsklinik Heidelberg war seit 1964 ein Arzt und Wissenschaftler beschäftigt, der den Anspruch der Universität ‘Wissenschaft für den Menschen’ als gesellschaftlichen Auftrag begriff: Dr. Wolfgang Huber. Er hat einen Zustand geschaffen, der aus der Sicht der Patienten der Aufhebung ihrer systembedingten Objektrolle gleichkam. Diese Wissenschaft f ü r den Kranken befähigte die Patienten, nicht mehr länger Versuchskaninchen und Schlachtvieh für Ärztekarrieren oder Profitforschungsinteressen zu sein.
    1965 begann Huber das ursprüngliche Patientenkollektiv zu entwickeln, das 1970 mit der ersten Patientenvollversammlung der Welt pro Krankheit als SOZIALISTISCHES PATIENTENKOLLEKTIV (SPK) öffentlich hervortrat und alles Bestehende in Frage stellte, nicht zuletzt auch die Zustände in der Psychiatrischen Poliklinik selbst. Das SPK stürzte kurz darauf den Prorektor der Universität für Medizin (namens Kretz, Helmut), was die fristlose Kündigung Hubers zur Folge hatte. Nach Hungerstreiks, Besetzungen von Dienstzimmern und des Rektorats, zahllosen Go-Ins, Sit-Ins und Teach-Ins ergingen Morddrohungen, auch gegen Huber.
    Auf Betreiben der Ärzte wollten Polizei und Regierung 500 SPK-Patienten der Medizin wieder einverleiben. Niemand unter den Patienten war dazu bereit. Deshalb zogen sie sich 1971 aus den Räumen in der Rohrbacherstraße zurück. Nach der Selbstauflösung des SPK wurden auch Dr. Wolfgang Huber und Dr. Ursel Huber 1972 verurteilt, und zwar zu je 4 1/2 Jahren Gefängnis, dem Löwenanteil unter 22 Jahren Haft insgesamt gegen etwa ein Dutzend herausgegriffene Patienten. Das SPK selbst ist, sehr bezeichnenderweise übrigens, nie verurteilt, geschweige denn verboten worden; denn Krankheit geht eben auch dadurch nicht weg.

    SPK Komplex – ein Film von Gerd Kroske
    https://www.spk-komplex-film.de

    DoP: Susanne Schüle / Anne Misselwitz
    Montage: Olaf Voigtländer / Stephan Krumbiegel
    Kinostart: 19.April 2018 im Verleih von Salzgeber & Co. Medien GmbH
    Weltvertrieb: deckert-distribution GmbH
    Germany 2018, 111 Min., Dolby 5.1, Color/B&W

    Arsenal: SPK Komplex
    https://www.arsenal-berlin.de/berlinale-forum/programm-forum/hauptprogramm/spk-komplex.html

    Warum radikalisieren sich Menschen?

    Der Impuls zu SPK KOMPLEX entstand aus der Lektüre eines Briefs von Gudrun Ensslin. Darin übt sie Kritik am Sozialistischen Patientenkollektiv (SPK). Auf sich und andere Mitglieder der Roten Armee Fraktion (RAF) bezogen schreibt sie: „… jeder von uns hatte nicht zu wenig, sondern zu viel SPK in sich, was die vergangenen Jahre betrifft.“ Gemeint war mit dieser Formulierung ein Scheitern.
    Den Brief schrieb Gudrun Ensslin 1972 in der Justizvollzugsanstalt Stuttgart-Stammheim. Im gleichen Gebäude, in der Zelle Nr. 109, saß damals auch Dr. Wolfgang Huber, der das SPK 1970 gegründet hatte, in Erwartung seines Prozesses.
    Zu der merkwürdigen Symbiose des SPK aus einem sozialtherapeutischen Experiment und Agitation – den Namen hatten sich die Gründungsmitglieder selbst gegeben – gehörte von Anfang an, dass die Mitglieder und Patienten, die dieser Gruppierung angehörten, aufgrund dieser Tatsache in der Gesellschaft Zurückweisung und Verleumdung erlebten, später sogar verfolgt wurden. All dies führte zu der Zerschlagung des SPK und zu der Bereitschaft einiger seiner Mitglieder, fortan im Untergrund zu leben und sich der RAF anzuschließen.
    Zu Beginn meiner Arbeit am Film erschien mir diese Konstellation undurchschaubar. Sie klärte sich mit der Frage: Was konnte bei der Suche nach Selbstbestimmtheit von Psychiatriepatienten und Sympathisanten zu solcher Radikalisierung beigetragen haben?
    Während des Filmens wurde mir zunehmend klar, dass es bei der Verfolgung des SPK und dessen vehementer Gegenwehr nicht um einen internen Konflikt zwischen Psychiatrie-Ordinarien und einem jungen Assistenzarzt an der Universität Heidelberg ging, sondern dass es sich dabei um einen zutiefst politisch motivierten Vorgang handelte. Es ist mir wichtig, die Frage aufzuwerfen, wie sich in Umbruchsituationen konkrete soziale Interessen auch politisch instrumentalisieren lassen. (Gerd Kroske)

    Gerd Kroske über seinen Dokumentarfilm „SPK Komplex“ - Vom Patientenkollektiv zur kriminellen Vereinigung
    https://www.deutschlandfunkkultur.de/gerd-kroske-ueber-seinen-dokumentarfilm-spk-komplex-vom.2168.d
    https://www.deutschlandfunkkultur.de/media/thumbs/2/263c421f06331dbfb2387c9e11ecaa47v1_max_635x357_b3535db83dc50e2

    https://ondemand-mp3.dradio.de/file/dradio/2018/04/14/spk_komplex_vom_patientenkollektiv_zur_kriminellen_drk_20180414_

    Der Berliner Rudi Mährländer, hier mit einem Foto von sich selbst, gehörte dem „Sozialistischen Patientenkollektiv“ an - Filmstill aus „SPK Komplex“ (Salzgeber & Co. Medien GmbH)

    Ein neuer Dokumentarfilm über das Sozialistischen Patientenkollektivs beleuchtet das gesellschaftlichen Klima im deutschen Vorherbst. Der Regisseur sieht die Radikalisierung des Kollektivs als Vorwegnahme der RAF und des Stammheim-Prozesses.

    Susanne Burg:"SPK Komplex", so heißt ein neuer Dokumentarfilm, der sich mit einem brisanten Kapitel deutscher Geschichte auseinandersetzt: mit den Folgen des Jahres 1968, mit dem gesellschaftlichen Klima im deutschen Vorherbst. Regisseur Gerd Kroske tut das, indem er die Entstehung und Entwicklung des SPK beleuchtet – des Sozialistischen Patientenkollektivs. Gegründet 1970 durch 52 Psychiatriepatienten unter der Leitung von Wolfgang Huber, Assistenzarzt an der Poliklinik Heidelberg. Kroske interviewt unter anderem Zeitzeugen und benutzt auch Tonaufnahmen von Wolfgang Huber aus der Zeit.

    O-Ton Wolfgang Huber: Über meine Person ist Ihnen alles Wissenswerte aus der Presse bekannt.

    O-Ton Publikum: Nein!

    O-Ton Huber: Nein? Umso besser. Sachlich unqualifiziert, Verhalten unärztlich. Mein Verhalten ist eines Arztes unwürdig.

    Burg: Soweit Wolfgang Huber, zu hören im Film „SPK-Komplex“. Ich freue mich, dass der Regisseur des Films im Studio ist. Willkommen Gerd Kroske!

    Gerd Kroske: Guten Tag!

    Der Dokumentarfilmer Gerd Kroske zu Besuch beim Deutschlandfunk Kultur (Deutschlandradio/Maurice Wojach)Der Dokumentarfilmer Gerd Kroske zu Besuch beim Deutschlandfunk Kultur (Deutschlandradio/Maurice Wojach)

    Burg: Sie haben mehrere Filme über die DDR und die Wende gedreht, unter anderem „Leipzig im Herbst“, ihr Film „Striche ziehen“ erzählt dann von einer Kunstaktion, die fünf Freunde aus Weimar 1986 in Westberlin durchführten. Was hat Sie jetzt an diesem Kapitel bundesdeutscher Geschichte, westdeutscher Geschichte interessiert, dem SPK?

    Kroske: Ich habe ja zu bundesdeutschen Milieus schon mehrere Filme gemacht, nämlich drei. Das ist eine Hamburg-Trilogie geworden über einen Boxer, über einen Puff-Besitzer und einen Maler und Radiokabarettisten. Im Zusammenhang dieses letzten Films über Heino Jaeger, „Look before you kuck“ heißt der, im Jahr 2012, hatte ich einen Protagonisten, der schon verstorben war, aber Anfang der 60er-Jahre bis Ende der 90er-Jahre mehrere Psychiatrie-Episoden hatte.

    Und in dem Zusammenhang habe ich mich mit Psychiatriegeschichte beschäftigen müssen – also westdeutscher spezieller – und mitgekriegt, dass natürlich dieser Protagonist Heino Jaeger damals in dem Film drei sehr verschiedene Epochen von deutscher Psychiatrie erlebt hat. Anfang der 60er-Jahre war es ein völlig anderer Zustand als Ende der 90er. Und in diesen Recherchen damals ist mir das erste Mal das SPK aufgefallen. Das habe ich mal zur Seite gelegt, und dann sammelte sich da über einen längeren Zeitraum immer mehr Material an, und dann war da irgendwann der Punkt, wo ich dachte, da muss ich jetzt weiter gucken.

    Burg: Also so ein paar Eckdaten hatte ich ja eben schon gegeben, aber wir sollten vielleicht das Sozialistische Patientenkollektiv noch mal in der Zeit verorten. Das SPK kritisierte ja unter anderem die damalige Verwahrpsychiatrie. Wo stand denn die Psychiatrie 1970 und was waren die Forderungen des SPK?

    Kroske: Eine ganz klare Forderung war eine Auseinandersetzung mit der Nazi-Ära der deutschen Psychiatrie. Man muss dazu sagen, dass an dieser Klinik ja bis Ende der 80er-Jahre noch Pfleger aus der Nazizeit in der Psychiatrie beschäftigt waren.

    Burg: Genau, in Heidelberg dann.

    Kroske: Das war in Heidelberg. Das war natürlich ein Riesenthema, und das SPK waren einfach die ersten, die das überhaupt aufgriffen nach dieser Verwicklungsgeschichte. Heidelberg selber ist ja eine Universitätsstadt, auch zu der Zeit längst gewesen, mit, glaube ich, 12.000 Studenten, und es gab überhaupt keine psychologischen Beratungsstellen für Studenten.

    Einer, der das mit abfing, war Wolfgang Huber. Und die haben da angefangen, Studenten psychologisch zu betreuen. Dann haben sie angefangen, einfach weil es auch so viele wurden, gruppentherapeutisch zu arbeiten und eine klare Abgrenzung auch zu dem, was sonst in der Verwahrpsychiatrie üblich war, dass die Leute hospitalisiert wurden und dort ein Leben lang eigentlich verbrachten.
    SPK bezog erstmals gesellschaftliche Ursachen von Krankheit mit ein

    Burg: Das Sozialistische Patientenkollektiv, es gab ja da eine Radikalisierung und in der bundesdeutschen Rezeption, später wurde es gerne so als eine Geschichte dieser Kriminalisierung, des Scheiterns eigentlich gesehen. Bevor wir das etwas differenzierter beleuchten – worin bestehen denn die Leistungen des SPK? Welche Forderungen von damals werden vielleicht auch heute noch in der Psychiatrie praktiziert?

    Kroske: Das, was damals als Forderung so radikal klang, also dass man sich nicht nur mit einer Krankheit im medizinischen Sinne beschäftigt, sondern da auch gesellschaftliche Ursachen mit heranzieht, das ist ja heute eigentlich üblich. Bei jeder Burn-out-Studie ist natürlich klar, welche gesellschaftlichen Zusammenhänge mit reinspielen. Damals war es eben nicht so, das war ein völlig neuer Ansatz. Dazu muss man wissen, dass es natürlich weltweit so eine Bewegung gab, es gab Basaglia in Italien oder R.D. Laing in England, der Wohnprojektgruppen betreuter, oder Cooper in Amerika, der auch gruppentherapeutisch arbeitete.

    Foucault muss man in dem Zusammenhang nennen, der mit Wahnsinn und Gesellschaft so ein Schlüsselwerk eigentlich geschrieben hat, und diesen Moment beschreibt, wann eine Differenz aufgemacht wird zwischen Kranken und Kriminellen – das sind alles so Themen die da miteinspielen und die so geistige Urheber des Ganzen sind. Und diese Radikalisierung ist natürlich, dass von Anfang an da auch ein politischer Ansatz dahinter war, also dem Zeitgeist entsprechend sich natürlich auch politisch zu betätigen. Da war in Heidelberg speziell so ein Vakuum entstanden, weil der SDS dort verboten war nach so einer Demonstration gegen McNamara, und es gab eigentlich dann bloß noch den Kommunistischen Bund Westdeutschland mit seinen A- und B-Gruppen oder das SPK in Heidelberg als so einen linker Zufluchtsort. Das spielt da mit rein, dass natürlich dann sehr viele politisierte Studenten auch ins SPK strömten und so.
    Kritisches Infragestellen der Interpretationen

    Burg: Dann gab es ja auch die Auseinandersetzung mit der Uni Heidelberg und mit der baden-württembergischen Landesregierung. Entsprechend gibt es auch unterschiedliche Interpretationen darüber wie kriminell diese Vereinigung des SPK wurde, wie stark die Verbindungen dann zur RAF waren. Wie sind Sie bei der Recherche vorgegangen, sich da mit einer Machete erst mal durch diesen Wust an Interpretationen und Materialien zu arbeiten.

    Kroske: Erst mal durch so eine kritische Infragestellung. Das was ja bekannt ist, oder oft kolportiert wird, ist ja das, was Stefan Aust geschrieben hat in seinem Baader-Meinhof-Komplex. Da gibt es ein Kapitel, das ist überschrieben mit der Überschrift „Irre ans Gewehr“. Das ist eigentlich eine Überschrift aus der „Bild“-Zeitung, wenn man das weiter recherchiert. Und dann gibt es so Darstellungen von Wolfgang Kraushaar, die sich aber eigentlich auf Zeugenaussagen eines Kronzeugen des BKA, Gerd Müller, stützen. Also das sind alles nicht so die richtigen Quellen für mich.

    Dann war ich sehr viel in Archiven, und dann findet man natürlich sehr schnell auch Zusammenhänge, so aus den verschiedenen Regierungsbezirken, und je nachdem wie das in Archiven verwahrt wird: Was sehr schnell deutlich wird, also mir klar war, dass es sich dabei eben nicht wie oft beschrieben um so einen universitären Konflikt handelt, sondern dass das schon einen klaren politischen Ansatz gibt, aber auch auf der Gegenseite zu der Zeit. Ich habe Dokumente gefunden, die aus dem Innenministerium stammen zu einem Zeitpunkt, wo man von einer Radikalisierung des SPK noch gar nicht sprechen kann, wo aber schon völlig klar schriftlich niedergelegt ist, dass man das nicht wünscht, und dass man das zerschlagen will – und erst mal von der medizinischen Seite anfängt, wie kann man dem Huber irgendwie die Approbation streitig machen oder aberkennen und welche Gründe müssen dafür vorliegen – das ist irgendwie sehr früh angelegt. Das spitzt sich natürlich dann entsprechend zu, weil die sich natürlich auch zur Wehr setzen.

    !Burg:!! Sie setzen sich zur Wehr, sagen Sie. Wie würden Sie denn die Radikalisierung des SPK beschreiben?

    Kroske: Das, was mit der RAF passiert, ist eigentlich nie so richtig nachweisbar. Das was sich belegen lässt ist, dass es da natürlich, wie ein Protagonist das auch nennt, Überschneidungen gab und sicherlich auch Hilfestellungen. Das war nicht so verwunderlich, weil das irgendwie zwei Drittel der bundesdeutschen Bevölkerung damals mit auch gemacht hätten, also es gab eine Allensbach-Umfrage Anfang der 70er-Jahre, und da hätte die Mehrzahl der jungen Leute RAF-Leute unterstützt, logistisch, oder durch einen Ausweis, oder, oder, oder. So richtige Tatbeteiligung, und so weiter, ist ja auch strafrelevant nie nachgewiesen worden.

    Natürlich gab es eine Schießerei in Wiesenbach, die hat sich nie aufgelöst – die wurde in Verbindung mit der RAF gesehen und als so eine Art Rekrutierungspfad beschrieben. Man kriegt da nie so richtig die Wahrheit raus. Dass was aber dokumentiert ist, das sind Briefe von Gudrun Ensslin, wo sie ziemlich scharf mit dem SPK abrechnet. Also die werden eigentlich von denen als Kleinbürger gesehen, die die Welt aus ihrer psychiatrischen Sicht viel zu klein angehen. Und das, was Zeitzeugen beschreiben, die da involviert waren, die sagen, es gab da natürlich immer eine gewisse Nähe, aber keine wirklich praktisch relevante. Dafür ist das ganze Projekt – das SPK gab es 18 Monate – und fast zeitgleich ist ja auch die erste Generation der RAF verhaftet gewesen.
    Schlechtes Gewissen bei den Alt-Ordinarien

    Burg: Wie schwierig war es eigentlich, diese Zeitzeugen zum Sprechen zu bewegen. Sie interviewen ja auch verurteilte RAF-Mitglieder wie Carmen Roll oder Karl-Heinz Dellwo?

    Kroske: Da war sehr schwierig, aber unterschiedlich. Der Punkt ist ja der bei solchen Recherchen, es findet sich ja nicht so ein Kompendium, wo alle versammelt sind, oder ein Telefonbuch, wo man irgendwie dann nachschlagen kann, sondern man muss das irgendwie sehr geschickt einfädeln. Im Falle von Karl-Heinz Dellwo war nicht ganz so schwierig, weil er aber auch zu denen zählt, die sich aus der Generation der RAF sich überhaupt öffentlich äußern – es gibt ja auch sehr viele, die sich gar nicht äußern, prinzipiell nicht, auch mir gegenüber nicht.

    Am schwierigsten hatte ich es eigentlich mit den Alt-Ordinarien der Heidelberger Universität, ich habe da mit zwei Medizinern gesprochen, die da in diesem Konflikt sehr maßgeblich involviert waren, aber auf der Gegenseite. Die haben sich völlig blödsinnig so rausgeschummelt, also eine wirklich anerkannte Psychiatriegröße Deutschlands, heute 92 Jahre alt, der hat dann erklärt, seine Frau hätte ihm geraten, nicht vor eine Kamera zu gehen, er sei dafür schon zu alt. Der Mann geht aber noch dreimal die Woche in Mannheim in seiner Klinik arbeiten. Ich habe mit dem auch ein Gespräch geführt, anderthalb Stunden, der hatte ein brillantes Erinnerungsvermögen, das hätte ich gern in manchen Punkten. Und ein anderer Klinikdirektor, der hat sich dann genau so, so ähnlich. Also die haben natürlich auch ein schlechtes Gewissen, weil sie wissen, was sie da angerichtet haben, und das halte ich Ihnen mal zugute.

    Burg: Sie haben auch Gudrun Ensslin erwähnt, wenn es jetzt so um das Klima im deutschen Vorherbst geht, welches neue Licht wirft denn Ihrer Meinung nach die Auseinandersetzung mit dem SPK in diesem Zusammenhang?

    Kroske: Das, was man erkennen kann, ist natürlich so eine, fast Vorwegnahme, also auch der Stammheim-Prozess. Obwohl die Strategie im SPK-Prozess eine andere war, weil die Stammheimer haben ja nicht sich total verweigert, sondern durchaus sehr weit ausufernde Statements abgeliefert – das hat ja Huber und seine Frau überhaupt nicht gemacht. Da sind wir wieder am Anfang der Geschichte, dass das schon, und da sehe ich das auch als einen politischen Vorgang und nicht mehr nur als so eine medizingeschichtliche Posse aus Heidelberg an der Uni, sondern schon in größeren Dimensionen.

    Burg: Auf jeden Fall ein sehr interessanter Blick in die frühen 70er-Jahre der Bundesrepublik. „SPK-Komplex“, so heißt der neue Film von Gerd Kroske. Donnerstag ist er im Kino zu sehen, vielen Dank für Ihren Besuch im Studio!

    Kroske Danke!

    Doku „SPK Komplex“: Irre wird man erst im Irrenhaus - SPIEGEL ONLINE
    http://www.spiegel.de/kultur/kino/doku-spk-komplex-irre-wird-man-erst-im-irrenhaus-a-1198504.html

    Wer sich zuvor nie mit dem SPK auseinandergesetzt hat, dem wird in dieser ersten Szene bereits die führende Hand entzogen. Die Regalwände werden aufgekurbelt, der Film öffnet sich, die Arbeit kann beginnen: Was hatte es auf sich mit dem SPK, dem Vorreiter der Antipsychiatrie-Bewegung im Umfeld der 68er und der RAF?

    Unter der Leitung Hubers formierte sich 1970 in Heidelberg eine Gruppe von Ärzten und Psychiatriepatienten mit dem Ziel, bestehende anstaltspsychiatrische Behandlungsweisen und -kontexte zu revolutionieren. „Krankheit als Waffe“, so hieß die Losung, unter der sich das Kollektiv zu hierarchielosen Gruppentherapiesitzungen zusammenfand. Angeleitet von marxistischen Theoremen vertraten sie die These, dass die Krankheit des Einzelnen - speziell die psychiatrische Erkrankung - auf die kapitalistischen Gesellschaftsverhältnisse zurückzuführen seien.

    Solidarisch eingesperrt

    Der antipsychiatrische Impuls der Gruppe ging deshalb weit über die Reformierung therapeutischer Praktiken hinaus und hatte vordergründig eine grundlegende Neubestimmung des Begriffs Krankheit im Visier. Man hört es immer wieder im Verlauf von „SPK Komplex“: „Alle sind krank“ - und weil Krankheit ein kollektiver Zustand ist, lässt sie sich auch nur kollektiv behandeln und zwar immer mit Blick auf das erkrankte Kollektiv selbst.

    Neu im Kino: SPK Komplex: Das Sozialistische Patientenkollektiv | SWR2 | SWR.de
    https://www.swr.de/swr2/kultur-info/film-spk-komplex-gerd-kroske/-/id=9597116/did=21522812/nid=9597116/c61s40

    Die Geschichte des gesellschaftlichen Umbruchs von den 68ern bis zum Deutschen Herbst scheint fast auserzählt. Ein kaum bekanntes Kapitel aus dieser Zeit entdeckt die Kinodokumentation „SPK Komplex“ des Berliner Filmemachers Gerd Kroske. Darin geht es um das sozialistische Patientenkollektiv in Heidelberg. Es setzte sich ab 1970 für eine menschenfreundlichere Psychiatrie ein und geriet danach in den Sog der RAF.

    Der Kapitalismus macht krank. Also muss man aus der Krankheit eine Waffe machen und den Kapitalismus zerstören. So in Kurzform die Devise des SPK, des sozialistischen Patientenkollektivs Heidelberg.

    Doku „SPK Komplex“ im Kino: Aus der Krankheit eine Waffe machen - Kultur - Tagesspiegel Mobil
    https://m.tagesspiegel.de/kultur/doku-spk-komplex-im-kino-aus-der-krankheit-eine-waffe-machen/21194010.html

    Christiane Peitz - Wenigstens ein Zeitzeuge schlägt sich sichtlich mit dem unbewältigten, abgründigen „Rest“ des Heidelberger Geschehens herum und formuliert in brüchigen Sätzen die eigene Unschlüssigkeit von damals, das Mitmachen, irgendwie, das Unbehagen von heute. Es ist das Zögern von Ewald Goerlich (SPK-Patient, dann Physiker und Kardiologe), das den Film sehenswert macht, sein beredtes Schweigen, wenn er zurückdenkt, das Suchen nach Worten. Und es ist das Bild einer Zeit, in der die Fronten sich verhärteten und deren Reformen man nicht missen möchte. Man vergisst leicht, welch entsetzliche Zustände in vielen psychiatrischen Kliniken herrschten, nicht nur in Deutschland.

    „SPK Komplex“ – Filmfeature zum Kinostart - Spex Magazin
    https://spex.de/spk-komplex-filmfeature-zum-kinostart

    Die antipsychiatrische Gruppe, der Gerd Kroske nun einen Dokumentarfilm gewidmet hat, nahm die Praxis vorweg, dass Laien Patienten betreuen und Patienten in Wohngruppen leben. Die Gruppe beschäftigte sich mit der Nazivergangenheit der deutschen Medizin. Vor allem aber entwickelte das SPK einen revolutionären Begriff von Krankheit, den es in griffigen Slogans auf den Punkt brachte. „Das System hat uns krank gemacht; geben wir dem kranken System den Todesstoß.“ „Aus der Krankheit eine Waffe machen.“


    In Hohenasperg

    Das Krankenhaus beschrieb Huber als Fabrik: Der Kranke muss seine Produkte – Stuhl, Nierensteine, Kopfschmerzen – abgeben, die dann in Arztrechnungen, Labor- und Verwaltungskosten umgewandelt werden. Dieser radikale Ansatz machte das SPK so bekannt, dass sich später eine Band nach ihm benannte: Die Industrialcombo SPK, die mit „Metal Dance“ einen Underground-Hit schrieb.

    Karlstorkino Heidelberg: Film-Preview von „SPK Komplex“ - Nachrichten aus Heidelberg - Rhein Neckar Zeitung
    https://www.rnz.de/nachrichten/heidelberg_artikel,-karlstorkino-heidelberg-film-preview-von-spk-komplex-_arid,3

    Anfang der 1970er-Jahre studierte Goerlich Mathematik und Physik an der Universität Heidelberg. Es ging ihm nicht gut, er fühlte sich allein und hatte Suizidgedanken. Beim „Sozialistischen Patientenkollektiv“ fand er so etwas wie freundliche Aufnahme, er wurde angenommen mit seiner ganzen Problematik: „Es gab eine Atmosphäre von Freiheit und von Arbeit an sich selbst und an den anderen.“ Wolfgang Huber gefiel ihm gleich. „Das kann man bearbeiten“, habe der Arzt zu Goerlichs psychischen Problemen gesagt.

    Er schilderte den Mann, der bis zu seiner Entlassung Assistenzarzt an der Poliklinik der Psychiatrischen Universitätsklinik Heidelberg war, als sehr intelligent, sehr einfühlsam und vielseitig begabt. Bei tobenden Patienten gelang es ihm häufig als einzigem, diese wieder zu beruhigen. Das Oberlandesgericht Karlsruhe verurteilte Huber später wegen „Beteiligung an einer kriminellen Vereinigung, Sprengstoffherstellung und Urkundenfälschung“ zu viereinhalb Jahren Gefängnis. Die Radikalisierung, die das SPK seinerzeit erfuhr, kommentiert Goerlich aus heutiger Sicht so: „Es wäre viel vernünftiger gewesen, wenn daraus eine Art psychiatrische Bürgerrechtsbewegung geworden wäre.“

    #Allemagne #maladie #santé #résistance #lutte_des_classes #terrorisme

  • Ils ont tué son père, et les cheminots aussi… - regards.fr
    http://www.regards.fr/culture/article/ils-ont-tue-son-pere-et-les-cheminots-aussi

    La littérature est souvent le reflet d’un monde qui parfois nous échappe et dont on ignore les contours. Comme si nous refusions de nommer la réalité. Le dernier ouvrage d’Edouard Louis, Qui a tué mon père, réveille notre actualité sociale bouillonnante et désigne les coupables.

    #littérature #lutte_des_classes #domination

  • Lutte des classes, lutte des places
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-de-leco/les-nouvelles-de-leco-du-mardi-08-mai-2018

    Le géographe Michel Lussault développe une analyse des "places", considérées non seulement dans leur dimension spatiale, mais aussi sociale et qui permettent de comprendre les nouvelles luttes politiques et économiques à l’oeuvre dans la mondialisation.


    Illustration du Capital par Hugo Gellert• Crédits : VITALIY KARPOV / RIA NOVOSTI / SPUTNIK - AFP - AFP

    Le géographe Michel #Lussault développe une analyse des "places", qui renvoie à une conception de l’#espace, non comme un simple contenant, un cadre extérieur dans lequel se déroulerait la vie économique, mais bien un objet particulier à considérer en soi. Par “place”, il ne faut donc pas entendre de simples localisations géographiques, ni même une situation dans un espace social, mais une tentative de conciliation entre les deux.

    Cette analyse originale est intéressante, car elle permet d’avoir un regard neuf sur les relations de pouvoir et de cohabitation entre les populations populaires et ce que Lussault appelle l’élite “#cinétique” ou circulante, du fait de son usage et de sa voracité de lieux. Au paroxysme de la #mondialisation, qui achève de réduire les distances, cette élite internationale jouit d’une puissance et d’une liberté spatiale sans précédent.

    Dans un article du journal l’Humanité, le philosophe Grégoire Chamayou explique que le système capitaliste, pétri de contradiction, parvient à retarder ses crises grâce à des “ruses géographiques”.

    Reprenant l’analyse du géographe David #Harvey, il explique que c’est grâce à son incroyable plasticité, sa capacité de transformation et d’adaptation, que le capitalisme parvient à se perdurer. Pour David Harvey, il faut également considérer l’#espace comme un objet d’étude à part entière et non pas un simple environnement où se déploient des réalités économiques.

  • Grève générale !
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/1001-greve-generale

    Depuis la publication du rapport Spinetta, outil de justification forcée de la réforme de la SNCF, tous les chiens de garde que compte le système médiatique aboient à l’unisson. « Privilégiés », « galère », « pagaille », « prise d’otages » ... Le langage de sape tourne à plein régime. En attaquant les cheminot.es et dédaignant les étudiant.e.s, la machine néolibérale tente de soumettre des secteurs qui ont fait reculer plus d’un gouvernement par le passé.

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Révolution générale - Les secteurs en lutte !
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/998-revolution-generale-les-secteurs-en-lutte

    Macron nous la fait à l’envers depuis son élection. Comme tous ceux qui ont été aux manettes ces dernières décennies. Et tout le monde y passe : étudiant.es, exilé.es, salarié.es, ouvrier.es, cheminot.es, soignant.es, retraité.es, sans-travail, etc. En multipliant les attaques, le meilleur représentant du MEDEF nous donne l’occasion de converger. Rejoignez les personnes en lutte dans les assemblées génèrales, les manifs, les piquets de grève et autres actions ! Voici un petit tour d’horizon (non exhaustif) des luttes en cours et à venir dans la région et du message qu’elles portent. Si nous avons oublié une info (plusieurs même), un secteur en lutte, des revendications, des dates de manifestations à venir (ou antérieures), n’hèsitez pas à complèter en nous submergeant de mails à cette adresse : (...)

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • #Martin_Luther_King, sa part méconnue
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040418/martin-luther-king-sa-part-meconnue

    © Mediapart Invitée de Mediapart Live, Sylvie Laurent, américaniste et historienne, auteure de Martin Luther King. Une biographie intellectuelle et politique, aborde les aspects méconnus de la personnalité de Martin Luther King, cinquante ans jour pour jour après son assassinat.

    #International #Etats-Unis #lutte_des_classes #racisme

  • Partout chez nous, au lycée comme à l’université !
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/994-partout-chez-nous-au-lycee-comme-a-l-universite

    Fin janvier, La Brique distribue en manif’ une Briquette revenant sur la sélection à l’université et la réforme du lycée. Alors que la lutte se poursuit en France et dans les facs lilloises, voici cette briquette (enfin) mise en ligne, pour information et diffusion. Tout a commencé quand à l’été 2017, le gouvernement a monté en épingle le tirage au sort – considéré comme injuste – et matraqué l’inadmissible mise sur le carreau de 3500 lycéen.ens par APB (sur un total de 800 000 bachelier.ère.s inscrit.e.s sur la plateforme). Il n’en fallait pas plus pour justifier une réforme de fond de l’institution universitaire.

    #En_vedette #Lutte_des_classes

  • Eolane Roncq : 125 salarié.es dans le vent
    http://labrique.net/index.php/thematiques/lutte-des-classes/990-eolane-roncq-125-salarie-es-dans-le-vent

    Eolane est un fabricant de matériel électronique. Implanté en France, en Chine, au Maroc, en Estonie et en Allemagne, le groupe crie cocorico et se présente comme « leader français des services industriels en électronique et solutions connectées ». Parmi ses clients, la crème de l’industrie : Thalès, Safran, EADS ou encore Rolls Royce. Son président, Paul Raguin, se revendique sur le site de la boîte de La légende du colibri initiée par Pierre Rabhi, arnaque langagière qui, selon le boss « privilégie les solutions locales, qui sont en prise sur le réel et le terrain, par opposition aux solutions globales qui génèrent un grand désordre qui nous dépasse. […] Alors, Eolane sera une entreprise constituée de personnes exemplaires où il sera possible de travailler ensemble dans la joie. (...)

    #En_vedette #Lutte_des_classes