• Un nombre choquant de morts, mais aussi des luttes grandissantes sur place
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    2020 a été une année difficile pour des populations du monde entier. Les voyageur.euses des routes de #Méditerranée_occidentale et de l’Atlantique n’y ont pas fait exception. Iels ont fait face à de nombreux nouveaux défis cette année, et nous avons été témoins de faits sans précédents. Au Maroc et en #Espagne, non seulement la crise du coronavirus a servi d’énième prétexte au harcèlement, à l’intimidation et à la maltraitance de migrant.es, mais les itinéraires de voyage ont aussi beaucoup changé. Un grand nombre de personnes partent à présent d’Algérie pour atteindre l’Espagne continentale (ou même la #Sardaigne). C’est pourquoi nous avons commencé à inclure une section Algérie (voir 2.6) dans ces rapports. Deuxièmement, le nombre de traversées vers les #Canaries a explosé, particulièrement ces trois derniers mois. Tout comme en 2006 – lors de la dénommée « #crise_des_cayucos », lorsque plus de 30 000 personnes sont arrivées aux Canaries – des bateaux partent du Sahara occidental, mais aussi du Sénégal et de Mauritanie. Pour cette raison, nous avons renommé notre section sur les îles Canaries « route de l’Atlantique » (voir 2.1).

    Le nombre d’arrivées sur les #îles_Canaries est presqu’aussi élevé qu’en 2006. Avec plus de 40 000 arrivées en 2020, le trajet en bateau vers l’Espagne est devenu l’itinéraire le plus fréquenté des voyages vers l’Europe. Il inclut, en même temps, l’itinéraire le plus mortel : la route de l’Atlantique, en direction des îles Canaries.

    Ces faits sont terrifiants. A lui seul, le nombre de personnes mortes et de personnes disparues nous laisse sans voix. Nous dressons, tous les trois mois, une liste des mort.es et des disparu.es (voir section 4). Pour ce rapport, cette liste est devenue terriblement longue. Nous sommes solidaires des proches des défunt.es ainsi que des survivant.es de ce calvaire. A travers ce rapport, nous souhaitons mettre en avant leurs luttes. Nous éprouvons un profond respect et une profonde gratitude à l’égard de celles et ceux qui continuent de se battre, sur place, pour la dignité humaine et la liberté de circulation pour tous.tes.

    Beaucoup d’exemples de ces luttes sont inspirants : à terre, aux frontières, en mer et dans les centres de rétention.

    En Espagne, le gouvernement fait tout son possible pour freiner la migration (voir section 3). Ne pouvant empêcher la mobilité des personnes, la seule chose que ce gouvernement ait accompli c’est son échec spectaculaire à fournir des logements décents aux personnes nouvellement arrivées. Néanmoins, beaucoup d’Espagnol.es luttent pour les droits et la dignité des migrant.es. Nous avons été très inspiré.es par la #CommemorAction organisée par des habitant.es d’Órzola, après la mort de 8 voyageur.euses sur les plages rocheuses du nord de #Lanzarote. Ce ne sont pas les seul.es. : les citoyen.nes de Lanzarote ont publié un manifeste réclamant un traitement décent pour quiconque arriverait sur l’île, qu’il s’agisse de touristes ou de voyageur.euses en bateaux. Nous relayons leur affirmation : il est important de ne pas se laisser contaminer par le « virus de la haine ».

    Nous saluons également les réseaux de #solidarité qui soutiennent les personnes arrivées sur les autres îles : par exemple le réseau à l’initiative de la marche du 18 décembre en #Grande_Canarie, « #Papeles_para_todas » (papiers pour tous.tes).

    Des #résistances apparaissent également dans les centres de rétention (#CIE : centros de internamiento de extranjeros, centres de détention pour étrangers, équivalents des CRA, centres de rétention administrative en France). En octobre, une #manifestation a eu lieu sur le toit du bâtiment du CIE d’#Aluche (Madrid), ainsi qu’une #grève_de_la_faim organisée par les personnes qui y étaient détenues, après que le centre de #rétention a rouvert ses portes en septembre.

    Enfin, nous souhaitons mettre en lumière la lutte courageuse de la CGT, le syndicat des travailleur.euses de la #Salvamento_Maritimo, dont les membres se battent depuis longtemps pour plus d’effectif et de meilleures conditions de travail pour les gardes-côtes, à travers leur campagne « #MásManosMásVidas » (« Plus de mains, plus de vies »). La CGT a fait la critique répétée de ce gouvernement qui injecte des fonds dans le contrôle migratoire sans pour autant subvenir aux besoins financiers des gardes-côtes, ce qui éviterait l’épuisement de leurs équipes et leur permettrait de faire leur travail comme il se doit.

    Au Maroc, plusieurs militant.es ont dénoncé les violations de droits humains du gouvernement marocain, critiquant des pratiques discriminatoires d’#expulsions et de #déportations, mais dénonçant aussi la #stigmatisation que de nombreuses personnes noires doivent endurer au sein du Royaume. Lors du sit-in organisé par l’AMDH Nador le 10 décembre dernier, des militant.es rassemblé.es sur la place « Tahrir » de Nador ont exigé plus de liberté d’expression, la libération des prisonnier.es politiques et le respect des droits humains. Ils y ont également exprimé le harcèlement infligé actuellement à des personnes migrant.es.

    De la même manière, dans un communiqué conjoint, doublé d’une lettre au Ministère de l’Intérieur, plusieurs associations (Euromed Droits, l’AMDH, Caminando Fronteras, Alarm Phone, le Conseil des Migrants) se sont prononcées contre la négligence des autorités marocaines en matière de #sauvetage_maritime.

    Les voyageur.euses marocain.es ont également élevé la voix contre l’état déplorable des droits humains dans leur pays (voir le témoignage section 2.1) mais aussi contre les conditions désastreuses auxquelles iels font face à leur arrivée en Espagne, dont le manque de services de première nécessité dans le #camp portuaire d’#Arguineguín est un bon exemple.

    Au #Sénégal, les gens se sont organisées après les #naufrages horrifiants qui ont eu lieu en très grand nombre dans la seconde moitié du mois d’octobre. Le gouvernement sénégalais a refusé de reconnaître le nombre élevé de morts (#Alarm_Phone estime jusqu’à 400 le nombre de personnes mortes ou disparues entre le 24 et le 31 octobre, voir section 4). Lorsque des militant.es et des jeunes ont cherché à organiser une manifestation, les autorités ont interdit une telle action. Pourtant, trois semaines plus tard, un #rassemblement placé sous le slogan « #Dafa_doy » (Y en a assez !) a été organisé à Dakar. Des militant.es et des proches se sont réuni.es en #mémoire des mort.es. Durant cette période, au Sénégal, de nombreuses personnes ont été actives sur Twitter, ont tenté d’organiser des #hommages et se sont exprimées sur la mauvaise gestion du gouvernement sénégalais ainsi que sur les morts inqualifiables et inutiles.

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    https://alarmphone.org/fr/2021/01/29/un-nombre-choquant-de-morts-mais-aussi-des-luttes-grandissantes-sur-plac
    #décès #morts #mourir_aux_frontières #asile #migrations #réfugiés #Méditerranée #mourir_en_mer #route_Atlantique #Atlantique #Ceuta #Melilla #Gibraltar #détroit_de_Gibraltar #Nador #Oujda #Algérie #Maroc #marche_silencieuse

    ping @karine4 @_kg_
    #résistance #luttes #Sénégal

    • Liste naufrages et disparus (septembre 2020-décembre 2020) (partie 4 du même rapport)

      Le 30 septembre, un mineur marocain a été retrouvé mort dans un bateau dérivant devant la côte de la péninsule espagnole, près d’Alcaidesa. Apparemment, il est mort d’hypothermie.

      Le 1er octobre, un cadavre a été récupéré en mer dans le détroit de Gibraltar.

      Le 2 octobre, 53 voyageur.euse.s, dont 23 femmes et 6 enfants, ont été porté.e.s disparu.e.s en mer. Le bateau était parti de Dakhla en direction des îles Canaries. L’AP n’a pas pu trouver d’informations sur leur localisation. (Source : AP).

      Le 2 octobre, un corps a été retrouvé sur un bateau transportant 33 voyageur.euse.s au sud de Gran Canaria. Cinq autres passager.e.s étaient dans un état critique.

      Le 2 octobre, comme l’a rapporté la militante des droits de l’homme Helena Maleno, d’un autre bateau avec 49 voyageur.euse.s sur la route de l’Atlantique, 7 ont dû être transférés à l’hôpital dans un état critique. Deux personnes sont mortes plus tard à l’hôpital.

      Le 6 octobre, un corps a été récupéré au large d’Es Caragol, à Majorque, en Espagne.

      Le 6 octobre, un corps a été rejeté sur la plage de Guédiawaye, au Sénégal.

      Le 9 octobre, Alarm Phone a continué à rechercher en vain un bateau transportant 20 voyageur.euse.s en provenance de Laayoune. Iels sont toujours porté.e.s disparu.e.s. (Source : AP).

      Le 10 octobre, un corps a été retrouvé par les forces algériennes sur un bateau qui avait initialement transporté 8 voyageur.euse.s en provenance d’Oran, en Algérie. Deux autres sont toujours portés disparus, 5 des voyageur.euse.s ont été sauvé.e.s.

      Le 12 octobre, 2 corps de ressortissant.e.s marocain.e.s ont été récupérés en mer au large de Carthagène.

      Le 16 octobre, 5 survivant.e.s d’une odyssée de 10 jours en mer ont signalé que 12 de leurs compagnons de voyage étaient porté.e.s disparu.e.s en mer. Le bateau a finalement été secouru au large de la province de Chlef, en Algérie.

      Le 20 octobre, un voyageur est mort sur un bateau avec 11 passager.e.s qui avait débarqué de Mauritanie en direction des îles Canaries. (Source : Helena Maleno).

      Le 21 octobre, la Guardia Civil a ramassé le corps d’un jeune ressortissant marocain en combinaison de plongée sur une plage centrale de Ceuta.

      Le 21 octobre, Salvamento Maritimo a secouru 10 voyageur ;.euse.s dans une embarcation en route vers les îles Canaries, l’un d’entre eux est mort avant le sauvetage.

      Le 23 octobre, le moteur d’un bateau de Mbour/Sénégal a explosé. Il y avait environ 200 passager.e.s à bord. Seul.e.s 51 d’entre elleux ont pu être sauvé.e.s.

      Le 23 octobre, un corps a été rejeté par la mer dans la municipalité de Sidi Lakhdar, à 72 km à l’est de l’État de Mostaganem, en Algérie.

      Le 24 octobre, un jeune homme en combinaison de plongée a été retrouvé mort sur la plage de La Peña.

      Le 25 octobre, un bateau parti de Soumbédioun/Sénégal avec environ 80 personnes à bord est entré en collision avec un patrouilleur sénégalais. Seul.e.s 39 voyageur.euse.s ont été sauvé.e.s.

      Le 25 octobre, un bateau avec 57 passager.e.s a chaviré au large de Dakhla/ Sahara occidental. Une personne s’est noyée. Les secours sont arrivés assez rapidement pour sauver les autres voyageur.euse.s.

      Le 25 octobre, Salvamento Marítimo a sauvé trois personnes et a récupéré un corps dans un kayak dans le détroit de Gibraltar.

      Le 26 octobre, 12 ressortissant.e.s marocain.e.s se sont noyé.e.s au cours de leur périlleux voyage vers les îles Canaries.

      Le 29 octobre, nous avons appris une tragédie dans laquelle probablement plus de 50 personnes ont été portées disparues en mer. Le bateau avait quitté le Sénégal deux semaines auparavant. 27 survivant.e.s ont été sauvé.e.s au large du nord de la Mauritanie.

      Le 30 octobre, un autre grand naufrage s’est produit au large du Sénégal. Un bateau transportant 300 passager.e.s qui se dirigeait vers les Canaries a fait naufrage au large de Saint-Louis. Seules 150 personnes ont survécu. Environ 150 personnes se sont noyées, mais l’information n’est pas confirmée.

      Le 31 octobre, une personne est morte sur un bateau en provenance du Sénégal et à destination de Tenerifa. Le bateau avait pris le départ avec 81 passager.e.s.

      Le 2 novembre, 68 personnes ont atteint les îles Canaries en toute sécurité, tandis qu’un de leurs camarades a perdu la vie en mer.

      Le 3 novembre, Helena Maleno a signalé qu’un bateau qui avait quitté le Sénégal avait chaviré. Seul.e.s 27 voyageur.euse.s ont été sauvé.e.s sur la plage de Mame Khaar. 92 se seraient noyé.e.s.

      Début novembre, quatre Marocain.e.s qui tentaient d’accéder au port de Nador afin de traverser vers Melilla par un canal d’égout se sont noyé.e.s.

      Le 4 novembre, un groupe de 71 voyageur.euse.s en provenance du Sénégal a atteint Tenerifa. Un de leurs camarades est mort pendant le voyage.

      Le 7 novembre, 159 personnes atteignent El Hierro. Une personne est morte parmi eux.

      Le 11 novembre, un corps est retrouvé au large de Soumbédioune, au Sénégal.

      Le 13 novembre, 13 voyageur.euse.s de Boumerdes/Algérie se sont noyé.e.s alors qu’iels tentaient de rejoindre l’Espagne à bord d’une embarcation pneumatique.

      Le 14 novembre, après 10 jours de mer, un bateau de Nouakchott est arrivé à Boujdour. Douze personnes sont décédées au cours du voyage. Les 51 autres passager.e.s ont été emmené.e.s dans un centre de détention. (Source : AP Maroc)

      Le 16 novembre, le moteur d’un bateau a explosé au large du Cap-Vert. Le bateau était parti avec 150 passager.e.s du Sénégal et se dirigeait vers les îles Canaries. 60 à 80 personnes ont été portées disparues lors de la tragédie.

      Le 19 novembre, 10 personnes ont été secourues alors qu’elles se rendaient aux îles Canaries, l’une d’entre elles étant décédée avant son arrivée.

      Le 22 novembre, trois corps de jeunes ressortissant.e.s marocain.e.s ont été récupérés au large de Dakhla.

      Le 24 novembre, huit voyageur.euse.s sont mort.e.s et 28 ont survécu, alors qu’iels tentaient de rejoindre la côte de Lanzarote.

      Le 24 novembre, un homme mort a été retrouvé sur un bateau qui a été secouru par Salvamento Maritimo au sud de Gran Canaria. Le bateau avait initialement transporté 52 personnes.

      Le 25 novembre, 27 personnes sont portées disparues en mer. Elles étaient parties de Dakhla, parmi lesquelles 8 femmes et un enfant. Alarm Phone n’a pas pu trouver d’informations sur leur sort (Source : AP).

      Le 26 novembre, deux femmes et deux bébés ont été retrouvés mort.e.s dans un bateau avec 50 personnes originaires de pays subsahariens. Iels ont été emmenés par la Marine Royale au port de Nador.

      Le 27 novembre, un jeune ressortissant marocain est mort dans un canal d’eau de pluie en tentant de traverser le port de Nador pour se rendre à Mellila .

      Le 28 novembre, un.e ressortissant.e marocain.e a été retrouvé.e mort.e dans un bateau transportant 31 passager.e.s en provenance de Sidi Ifni (Maroc), qui a été intercepté par la Marine royale marocaine.

      Le 2 décembre, deux corps ont été retrouvés sur une plage au nord de Melilla.

      Le 6 décembre, 13 personnes se sont retrouvées au large de Tan-Tan/Maroc. Deux corps ont été retrouvés et deux personnes ont survécu. Les 9 autres personnes sont toujours portées disparues.

      Le 11 décembre, quatre corps de “Harraga” algérien.ne.s d’Oran ont été repêchés dans la mer, tandis que sept autres sont toujours porté.e.s disparu.e.s.

      Le 15 décembre, deux corps ont été retrouvés par la marine marocaine au large de Boujdour.

      Le 18 décembre, sept personnes se sont probablement noyées, bien que leurs camarades aient réussi à atteindre la côte d’Almería par leurs propres moyens.

      Le 23 décembre, 62 personnes ont fait naufrage au large de Laayoune. Seules 43 à 45 personnes ont survécu, 17 ou 18 sont portées disparues. Une personne est morte à l’hôpital. (Source : AP)

      Le 24 décembre, 39 voyageur.euse.s ont été secouru.e.s au large de Grenade. Un des trois passagers qui ont dû être hospitalisés est décédé le lendemain à l’hôpital.

      https://alarmphone.org/fr/2021/01/29/un-nombre-choquant-de-morts-mais-aussi-des-luttes-grandissantes-sur-place/#naufrages

  • Autoréduction à Paris ce samedi, via @Paroleerrante sur touiteur
    https://twitter.com/Paroleerrante/status/1355489979405893633

    Autoréduction réussie à Paris dans un carrefour [market]. Les caisses ont été bloquées le temps que la direction accepte de ne pas porter plainte, ce qui a permis de sortir le contenu de 25 caddies, des produits alimentaires et hygiéniques

    Deux vidéos (que je ne sais importer ici...)
    https://twitter.com/BMasques/status/1355453473995845632
    https://twitter.com/CerveauxNon/status/1355458779953963012

    Le #tract (qui n’avait pas prévu l’absence de confinement)

    Nous appelons chacun et chacune à continuer de s’organiser pour mener des actions solidaires.

    Nous n’en avons pas fini avec la crise sanitaire et sociale. #autoréduction une lecture recommandée : AUTO-RÉDUCTIONS ! Expériences d’auto-réductions dans le mouvement autonome italien des années 70 https://infokiosques.net/spip.php?article620

    À propos d’autoréductions, on peut également consulter un chapitre de La horde d’or : Des bancs publics aux centres sociaux http://ordadoro.info

    Des supermarchés de centre ville, on en trouve partout.
    Diverses revendications d’#autoréductions en utilisant un moteur de recherche : « autoréductions cip-idf » (ce site a un bug mais des document restent lisibles).

    1/ Note PRATIQUE : bloquer les caisses avec des caddies pleins aux heures de pointe fait perdre du fric à l’entreprise, ce qui donne du poids à une négociation qui a pour objectif que la direction ne porte pas plainte, ne sollicite pas une intervention policière

    2/ Sans demande du responsable de supermarché (pour tentative de vol ou autre), la police ne dispose pas dun cadre légal pour intervenir. On a vu des manifestants sortir avec des caddies entre deux haies de CRS et de civils, sans suite.

    3/ A contrario , sur ordre de la préfecture, les policiers peuvent faire pendant l’action pression pour que la direction requière une intervention. Parfois avec succès. Même si c’est pas le cas, cela rend la négociation plus difficile pour les manifestants.❞

    #Carrefour #grande_distribution #solidarité #luttes

    • Paris. Des militants obligent un Carrefour à les laisser partir avec des caddies remplis sans payer
      https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/carrefour/paris-des-militants-obligent-un-carrefour-a-les-laisser-partir-avec-des

      Après des négociations, le magasin les a laissées repartir avec des caddies remplis de produits alimentaires et hygiéniques, devant des policiers qui ont procédé à des [deux] contrôles d’identité.
      Le directeur du magasin, interrogé par l’AFP, a souligné des « moments de tension » et regretté la mise en danger de ses clients. « Carrefour étudie les suites à donner en matière judiciaire », a indiqué une porte-parole de l’enseigne.

    • Bonne nouvelle numéro deux : Relaxée après un vol chez Carrefour
      https://www.sudinfo.be/id318256/article/2021-01-27/une-maman-prise-en-flagrant-delit-de-vol-avec-sa-fille-au-carrefour-market

      Une mère de famille verviétoise a été pincée en flagrant délit de vol ce mardi après-midi, au Carrefour Market du centre-ville de Verviers. Elle était en compagnie de sa fille.

      L’auteur des faits est une Verviétoise de 31 ans accompagnée de sa fille en bas âge. Elle a dérobé de l’alimentation et du dentifrice.

      « Elle a été entendue sur les faits et relaxée », termine la police.

    • Un Carrefour cambriolé par un obscur groupuscule anti-précarité

      Dans la journée du 30 janvier, un magasin parisien du groupe Carrefour a été investi et cambriolé par un collectif inconnu de militants. Ce dernier prétendait « réquisitionner » les denrées du magasin au profit des « précaires ».

      Scène hallucinante dans les rayons d’un Carrefour parisien. Samedi 30 janvier, un groupuscule qui se revendique anti-précarité et anti-raciste s’est introduit dans le magasin, afin d’en « réquisitionner » certains produits alimentaires et hygiéniques. L’opération est intégralement filmée et diffusée sur Twitter, via le compte « Cerveaux non-disponibles » (près de 60 000 abonnés), qui relaie fréquemment les actions et mouvements sociaux. Munis d’un mégaphone, les activistes procèdent au pillage des rayons du magasin, remplissant plusieurs chariots entiers. Ils entreprennent ensuite de bloquer toutes les caisses, jusqu’à ce que la direction du site les autorise à sortir. L’opération est alors sobrement qualifiée… de « réquisition négociée » par le compte « Cerveaux non-disponibles ». Il affirme également que les activistes « ont obtenu gain de cause [et] sont sortis sans encombre [afin] de procéder à des distributions des victuailles, à des familles et personnes dans le besoin ».

      « Carrefour assassin, Carrefour raciste »

      Dans un communiqué diffusé sur ce même compte Twitter, le groupuscule d’activistes développe sa rhétorique, et explique son geste. Fait notable : le cambriolage n’est pas revendiqué par un groupe existant ou connu, mais par « des étudiant.es, des retraité.es, chômeur.ses, travailleur.ses et individus en lutte contre la précarité ». Ces derniers affirment que, face à l’explosion de la précarité, la distribution classique de biens de première nécessité par les banques alimentaires « ne suffit plus ». Surtout, les militants accusent le groupe Carrefour d’avoir fait trop de bénéfices en 2019, et de connaître des retards de paiement dans une prime de 1 000 euros promise aux employés pendant le premier confinement. Enfin, et pour conclure sa démonstration, le collectif accuse Carrefour d’être… un groupe assassin et raciste. En cause ? La mort d’un homme noir, tabassé par des vigiles d’un Carrefour de Porto Alegre… au Brésil. Un crime qui, selon le communiqué, « s’inscrit dans la polémique du Groupe Carrefour au Brésil, qui correspond au racisme systémique du pays ».

      Pour qui voudrait parcourir des commentaires souvent proches du ton de cet article
      https://twitter.com/CerveauxNon/status/1355458779953963012

    • Retour sur l’autoréduction de samedi à Paris et appel à démultiplier les actions
      https://paris-luttes.info/retour-sur-l-autoreduction-de-14719

      Concernant les pourparlers, ils ont essentiellement porté sur la nature et la qualité des produits. Selon la direction de Carrefour, le précaire doit manger des biens médiocres ou des invendus. Nous avons refusé leurs miettes pour récupérer les bonnes choses, celles auxquelles tout le monde devrait avoir accès. Sur la fin, la police a malheureusement fait deux contrôles d’identité avant que nous puissions tous.tes reprendre le métro.

      Nous redistribuerons les marchandises cédées gracieusement aux collectifs dans lesquels nous militons, pour les publics les plus touchés par la crise (exilés, précaires, mères isolées, familles en galère...). Nous ne voulons plus attendre la charité pour lutter contre la précarité.

      La crise économique liée à la crise sanitaire n’en est qu’à ses débuts et les rassemblements statiques ne suffiront plus ! Blocages de l’économie, grèves, réquisitions de logements, autoréductions dans les supermarchés, démultiplions les actions de solidarité !

  • Tunisie, Gafsa : Ces femmes ont été exclues d’un concours régional de recrutement à la fonction publique (Compagnie des phosphates de Gafsa – CPG) parce qu’elles sont mariées et que leurs maris travaillent. Après trois ans de lutte, elles décident de demander le divorce collectivement.

    https://archive.org/embed/20210126_20210126_1412

    D’ailleurs, avez-vous ici eu connaissance du #divorce_collectif comme moyen / action de lutte féministe ?

    #tunisie #gafsa #femmes #cpg #lutte #luttes_féministes #divorce #mariage #sexisme

  • GÉOGRAPHIES DE LA #COLÈRE. #Ronds-points et prés carrés

    Ce numéro de Géographie et cultures ambitionne de questionner les traductions spatiales de ces colères. À la faveur d’un mouvement inédit en France difficile à comprendre et à décrypter avec des grilles classiques des sciences humaines et sociales, les différents articles analysant les logiques spatiales des #Gilets_jaunes traduisent un besoin de renouvellement des cadres de compréhension : les ronds-points périphériques deviennent des pôles de #luttes et parfois de #violences_policières, la #cartographie devient participative en demeurant un outil de combat, le #périurbain n’est (toujours) pas une #périphérie homogène. Des échos sont clairement identifiables dans d’autres colères issues de l’injustice de traitement : l’accès aux services publics, la violence faite aux femmes, aux Noirs (aux États-Unis).

    https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=numero&no=67957&no_revue=17&razSqlC
    #revue #géographie #France #émotions #géographie_des_émotions

  • La Bataille De La Plaine - Le Film - Primitivi
    https://labataille.primitivi.org

    « Marseille, février 2019, La Plaine est encerclée par un mur de 2m50 de haut pour assurer le bon déroulé des travaux et enferme le rêve d’un quartier fait par ses habitants. Mais comment donner à voir ce qui n’est plus sur les images et qu’on est pourtant sûrs d’avoir vécu ? »

    #Marseille #La_Plaine #film #ville #habitants #gentrification #luttes #luttes_urbaines #urbanisme #droit_à_la_ville

  • l’histgeobox : « Saluez riches heureux ces pauvres en haillons ». Le jour où les sardinières de Douarnenez mirent en boîte les conserveurs.
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2021/01/saluez-riches-heureux-ces-pauvres-en.html

    * Le chant des sardinières. Tout au long du conflit, le chant tient une grande place. Cela n’est guère surprenant car, à l’usine, les Penn Sardin chantent tout le temps, pour se donner de l’entrain et supporter les journée interminables d’un travail pénible et harassant. Entonnées à l’unisson, les chansons de prières, d’amour ou grivoises, contribuent à la cohésion du groupe, fixent une cadence de travail. « Le chant reste l’oxygène des ouvrières. On chante le matin pour se donner du courage. On chante l’après-midi vers les trois heures parce que les femmes avaient un coup de pompe. On chante le soir pour résister au sommeil. » [Martin Anne-Denes, Les ouvrières de la mer, Histoire des sardinières du littoral breton, l’Harmattan, 1994]

    Lors des grandes manifestations de 1924, la musique et les chants sont partout. Les sardinières en grève s’arrêtent devant leurs usines et entonnent des chants révolutionnaires : "l’Internationale", "le drapeau rouge" dont les couplets furent écrits par Paul Brousse en 1877, mais aussi et surtout "Saluez riches heureux". Cette chanson anarcho-syndicaliste du début du XX° siècle dépeint les rudes conditions d’existence des travailleurs, sans cesse confrontés au besoin ; une description qui correspond en tout point à celle de Douarnenez au mitan des années 1920. Deux mondes étanches se font alors face, s’ignorent, sans jamais se mélanger. Le port finistérien est une République de pêcheurs et une république de Femmes. Les conserveurs "de droit divin" habitent de splendides hôtels particuliers dans le quartier du Port Rhu, quand leurs ouvriers s’entassent dans les masures misérables du Rosmeur. Les femmes d’usine portent la coiffe et parlent breton (6) quand les dames arborent chapeaux et s’expriment en français. Pour les crève-la-faim, le luxe ostentatoire affirmé par la "noblesse de l’huile" de l’autre côté de la ville confine à la provocation. Insultées dans leur dignité, les Penn Sardin ne pouvez qu’adopter Saluez riches heureux. "Les travailleurs ne sont que des esclaves / Sous les courroux des maîtres du trésor / (...) Saluez riches heureux, ces pauvres en haillons, / Saluez ce sont eux qui gagnent vos millions."

  • #Larzac, des #femmes face à l’#armée – Épisode 1 : Vivre la lutte

    Dans les années 70, des paysan·nes ont lutté contre l’extension d’un #camp_militaire, sur le #plateau_du_Larzac. Cinquante ans plus tard, des femmes du territoire reviennent sur leur vécu, les actions qu’elles ont menées, leur place de femme.

    https://radioparleur.net/2021/01/11/larzac-femmes-face-a-larmee-1
    #résistance #lutte #luttes #histoire #témoignage
    #audio #podcast

  • Blouses blanches et panthères noires, entretien avec Alondra Nelson
    https://vacarme.org/article2293.html

    Sur un aspect méconnu de l’activisme des Black Panthers à partir de la fin des années 1960 : leur combat pour l’accès aux soins et l’ouverture de cliniques communautaires dans les quartiers noirs. Dans ces lieux, les soins étaient dispensés par des médecins et des infirmières ralliés à la cause mais également par les militants eux-mêmes qui s’étaient emparés des savoir-faire médicaux. (Janvier 2021 : Alondra Nelson vient d’être nommée dans l’administration Joe Biden.) Source : Vacarme, 2013

    • ... la commission de solidarité territoriale (CST) (...) s’occupe de l’examen des demandes de revenu de solidarité active (RSA). Ce qui sous-entend que certains bénéficiaires sont parfois radiés de ce dispositif.

      Au grand dam des membres du collectif d’autodéfense face aux contrôles de l’administration (Cafca) qui assimile la CST à un "tribunal" chargé de "juger les personnes pauvres qui touchent le RSA et ne trouvent pas d’emploi stable ou ne développent pas assez vite leur activité" et donc procède à leur #radiation.

      Ce lundi, la CST se réunissait pour examiner plusieurs dossiers. Le Cafca s’est rendu à cette réunion pour accompagner les bénéficiaires du RSA et demander des informations au conseil départemental sur ses procédures. Sachant que, depuis janvier 2020, c’est l’entreprise A.CO.R qui gère ce dispositif d’aide pour le compte de la collectivité.

      Le conseil départemental de l’Ariège va accéder à la demande d’informations de Cafca. Lequel appelle à deux rassemblements "pour s’opposer à ces charrettes vers la misère" à l’occasion des prochaines tenues de la CST. Celle-ci se réunit ce jeudi 7 janvier, à 10 h 45, à Saint-Girons, et jeudi prochain, à Pamiers, à 10 heures. Mais ces deux réunions ont été annulées en raison du contexte sanitaire. "Elles se tiendront donc par téléphone avec les personnes concernées", a précisé le conseil départemental hier après-midi.

      #droits_sociaux #guerre_aux_pauvres #luttes

  • Nouer culture des luttes et culture du vivant
    Baptiste Morizot
    https://www.socialter.fr/article/nouer-culture-des-luttes-et-culture-du-vivant-1

    Pour commencer à répondre à cette question, je propose d’imaginer ici une nouvelle alliance : une #convergence entre deux #cultures, la culture des #luttes dont nous héritons, et une culture du #vivant d’un genre ­nouveau. Je propose d’imaginer ce que pourrait être une culture des luttes pour le tissu du vivant. En un sens, celle-ci est déjà présente un peu ­partout. L’enjeu de ce texte est simplement de la ­nommer, de la ­profiler, de l’accompagner, de le soutenir avec les moyens du bord. Mais pourquoi cette convergence ? Et en quoi constitue-t-elle une réponse à notre sentiment d’impuissance, en quoi nous restituerait-elle un pouvoir d’action face à la crise écologique systémique ?

    #Baptiste_Morizot

  • Manifestations des agricultrices et agriculteurs en Inde

    India’s farmers’ protests: the British left must show solidarity

    In India, in the middle of the pandemic, a unique struggle is taking place. Hundreds of thousands of farmers from across the country are occupying the borders of Delhi in a protest against the combined forces of corporate power and an ultra-right-wing government. On the whole an estimated 2 million people are said to be involved.

    It is, however, not only its magnitude which makes it significant. The farmers’ protest represents a potentially transformative moment in the struggle against fascism which has been sweeping India over the last year – fuelled by growing anger against the regime of Prime Minister Narendra Modi.

    The most important events have been as follows: on 10 December last year the BJP (Bharatiya Janata Party, or Indian People’s Party) government passed the Islamophobic and exclusionary Citizenship Amendment Act (CAA) which, together with a National Register of Citizens, effectively disenfranchises India’s Muslim population and violates India’s secular Constitution. It was met by peaceful mass protests by students, which were viciously attacked by police and right-wing mobs affiliated with the BJP. At that point thousands of Muslim women came out to protest and, breaking all stereotypes, began an occupation of public space in Shaheen Bagh in Delhi – sitting there continuously day and night, through the bitter cold of the winter months.

    https://www.rs21.org.uk/2020/12/30/indias-farmers-protests-the-british-left-must-show-solidarity

    #agriculture #Inde #manifestation

  • Quand la musique sert l’#émancipation des peuples

    Que ce soit au #Maroc, en #Algérie ou en #Tunisie, #chants et #chansons s’imposent comme des outils au service des #luttes politiques, sociales, contre l’oppression coloniale et postcoloniale. Passage en revue de quelques emblèmes avec les historiennes #Hajer_Ben_Boubaker et #Naïma_Yahi.

    Le champ des musiques contestataires étant immensément vaste, notre émission Maghreb express revient sur quelques-uns des symboles connus ou moins connus.

    Yal Menfi par exemple (qui signifie « Le Banni ») est l’une des chansons les plus emblématiques de la contestation durant la colonisation de l’Algérie par la France. Ce vieux chant d’exil kabyle, composé au lendemain de l’insurrection de 1871 et de la condamnation à la déportation en Kanaky (renommé Nouvelle-Calédonie par le colonisateur) de la plupart des meneurs, est devenu un hymne culte qui fait l’objet de multiples reprises.

    Emblème des souffrances endurées par les immigrés algériens de toutes les époques, il est ici repris par le grand Akli Yahiaten en 1962 passé par les geôles coloniales : Qulu l-umm-i Ma tbki… (« Dites à ma mère : “Ne pleure pas…” »)

    https://www.youtube.com/watch?v=DVKBelWpbzQ&feature=emb_logo

    Il a aussi été repris par 1, 2, 3 Soleils, le trio formé le temps d’un album par trois ténors du raï de l’Hexagone qui ont l’Algérie dans le sang et qui ont marqué la fin des années 1990 : Rachid Taha, Khaled et Faudel.

    https://www.youtube.com/watch?v=vhPz7h3UOHo&feature=emb_logo

    En Tunisie, la contestation de l’ordre colonial est passée par la création de la Rachidia, une association culturelle qui luttera pour la préservation des genres musicaux tunisiens contre l’influence française et s’imposera comme un espace pro-indépendance et nationaliste. L’ensemble de ces artistes deviendront l’élite culturelle de la Tunisie indépendante.

    Les femmes ne se sont pas tenues à l’écart. Elles ont pris le parti de défendre l’indépendance et la décolonisation, à l’image de l’une des plus grandes stars marocaines, une voix féminine incontournable : Hajja Hamdaouia, qui en 1953 compose Waili ya chibani, Ayta se moquant de la vieille gueule de Ben Arafa, illégitime remplaçant du roi Mohammed V.

    https://www.youtube.com/watch?v=B26vji-mguk&feature=emb_logo

    On ne peut pas ne pas évoquer aussi le mythe de Kharboucha, repris dans le chaabi marocain. Kharboucha, qui aurait réellement existé, s’est opposée avec courage au pouvoir central et à l’autorité du caïd Aïssa ben Omar en 1895, un homme très fortuné qui sera ministre puis collaborateur du protectorat français. Personnage devenu mythique, figure des luttes paysannes contre la tyrannie des gouverneurs locaux et des pouvoirs coloniaux au Maroc, elle continue de fasciner.

    https://www.youtube.com/watch?v=GhEUz5rFXeM&feature=emb_logo

    Paris sera une base arrière du vedettariat et une place forte de la dissidence, même après les indépendances. Pour pouvoir critiquer, et le fait colonial et l’autoritarisme des régimes post-coloniaux, la capitale française demeure un refuge pour faire caisse de résonance avec une chanson engagée y compris féminine. Plusieurs parcours de chanteuses en témoignent telles ceux de Naâma pour la Tunisie, Noura, Chérifa, Cheikha Remitti pour l’Algérie, Hajja Hamdaouia pour le Maroc, etc.

    https://www.youtube.com/watch?v=MQndYND2s9M&feature=emb_logo

    Les indépendances de la Tunisie, du Maroc en 1956 puis de l’Algérie en 1962 n’ont pas été synonymes d’ouverture démocratique. Dans les trois pays du Maghreb, des régimes autoritaires ont été instaurés. Les musiques sont alors devenues plus que jamais un outil de contestation, à l’image des créations du groupe Nass el Ghiwane, les Rolling Stones du Maroc. Né dans les années 1970 à Casablanca dans le quartier Hay Mohammadi, l’un des plus pauvres de la ville, Nass el Ghiwane va révolutionner la musique marocaine et maghrébine par son talent et son engagement à dénoncer toutes les oppressions, dont celles qui maintiennent les peuples dans la misère.

    https://www.youtube.com/watch?v=ntkLq_6eKmE&feature=emb_logo

    Dans des pays où les manifestations sont violemment réprimées, quand elles ne sont pas interdites, la musique est un langage, un relais des revendications sociales et politiques.

    Ces dernières années, des chants tels la Casa d’el Mouradia d’Ouled El Bahdja, des supporters ultras du club de football algérois l’USMA en Algérie, ont été annonciateurs de soulèvements populaires comme le « Hirak » algérien, qui a chassé l’ancien président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir.

    https://www.youtube.com/watch?v=kHZviPhZQxs&feature=emb_logo

    Les stades, derniers lieux de rassemblement massif (avant que le Covid n’arrête tout), sont devenus des tribunes politiques par défaut, des lieux de contestation du pouvoir en place.

    Avec Fi bladi dhalmouni (« Dans mon pays frappé par l’injustice »), les ultras du Raja Casablanca au Maroc ont réalisé l’une des chansons contestataires qui s’est le mieux exportée ces dernières années, car elle peut s’appliquer aux situations des trois pays. Elle a été reprise durant le Hirak algérien, ainsi que durant des manifestations en Tunisie.

    https://www.youtube.com/watch?v=g8kT2_ktY2w&feature=emb_logo

    Au Maghreb, on peut d’ailleurs finir en prison pour une chanson contestataire. En mars 2013, le Tunisien Weld el 15, symbole de la liberté d’expression pour la jeunesse de son pays, est condamné à deux ans de prison ferme pour sa chanson Boulicia Kleb (« Les policiers sont des chiens »).

    https://www.youtube.com/watch?v=T_VYwkZmGIQ&feature=emb_logo

    Au Maroc, la liste est longue de ceux qui finissent dans les geôles pour une chanson. Ceux qui peuvent fuient le pays, à l’instar du rappeur El Haqed, membre actif du Mouvement du 20 février 2011, auteur d’un tube déchirant, Walou (« Rien »).

    https://www.youtube.com/watch?v=dT4yOKnT52I&feature=emb_logo

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010121/quand-la-musique-sert-l-emancipation-des-peuples
    #musique #Maghreb #colonialisme #post-colonialisme #musique_et_politique
    #vidéo #interview #entretien

    ping @sinehebdo

  • Numéro en lutte


    La #lutte est pleine
    As the Struggle Continues

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    Precademics 85.42.1
    On #Pause : Academic Precarity in the COVID-19 Era and Beyond in Greece

    –-

    Jeanne Hersant
    Faire de la #science au #Chili : la #recherche_par_projet comme seul horizon

    –-

    Aslıhan Aykaç Yanardağ
    Qu’est-ce qui motive l’enseignant-chercheur ?

    –—

    Ahmet Insel, Élise Massicard and Özgür Türesay
    Témoignage d’un universitaire « agitateur d’idées » en #France et en #Turquie

    –-

    Tang Yun, Katiana Le Mentec and Camille Noûs
    Bureaucratic and Neoliberal Management in Academia. A Franco-Chinese Dialogue between Two Anthropologists

    –-


    Camille Noûs
    Quelque part en Asie : l’expérience d’un “chercheur en visite”

    –-
    Elsa Clavé
    Être #professeur_junior à l’université allemande : retour d’expérience

    –-

    Aslı Vatansever and Aysuda Kölemen
    Reflections on Exile and Academic Precarity : Discussing At the Margins of Academia

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    Cem Özatalay
    Purge, Exile, and Resistance :
    Rethinking the Conflict of the Faculties through the Case of Academics for Peace in Turkey

    –-

    Emine Sevim and Sümbül Kaya
    Sümbül Kaya’nın Emine Sevim ve BIRARADA derneğiyle röportajı
    Entretien avec #Emine_Sevim de l’association « #BİRARADA » par Sümbül Kaya

    https://journals.openedition.org/ejts/6407

    #université #lutte #luttes #ESR #précarisation #précarité #revue #néolibéralisme #Allemagne #précarité_académique #résistance #exile #purge #Chine

  • A clip from ’#We_Have_the_Right_to_be_Here'

    ’Hostile environment - to call it that is too small. Actually give it it’s big name: it’s the state’s 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩𝙮 in systematic, racist practice.’

    https://twitter.com/IRR_News/status/1337015894237655040

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    Screening “We have the right to be here” and Discussion

    ‘We Have the Right To Be Here’ is an oral history and analysis of some of the black and anti-racist movements of post-war Britain, told by three activists in an interview conducted by poet and educator, #Sam_Berkson. #Suresh_Grover, #Frances_Webber and #Colin_Prescod talk of their first-hand involvement in groundbreaking events of the British anti-racist and anti-fascist struggle. From the response to the racist murder of #Kelso_Cochrane in Notting Hill 1959, to #Asian_Youth_Movements in Southall in the 1970s, the case of the ‘#Bradford_12’ in 1981, to the #Stephen_Lawrence justice campaign in the 1990s, the activists tell how successful movements came together to challenge the state and the far-right. Talking from their personal experience at the heart of the struggle, Grover, Webber and Prescod analyse the dynamics of state racism and people’s resistance to it. They reflect on how victories have been won and how much more work there is to do.’The interview was conducted at the Institute of Race Relations in summer 2019, and contains footage, photographs and archive material from many of the struggles mentioned.

    https://maydayrooms.org/event/screening-we-have-the-right-to-be-here-and-discussion

    #racisme_systémique #racisme_d'Etat #UK #Angleterre #hostile_environment #environnement_hostile #complicité #histoire #résistance #luttes #interview #entretien

    ping @isskein @cede @karine4

  • La baguette magique de l’agro-industrie
    https://infokiosques.net/spip.php?article1783

    « À partir des années 1930, un "catalogue" des variétés cultivées est progressivement mis en place : désormais, l’État s’arroge le droit de définir la liste exhaustive des plantes bonnes à cultiver. La sélection variétale par lignées pures s’est progressivement imposée jusqu’à devenir omniprésente dans les champs de France au cours du XXe siècle. En permettant aux blés les plus "efficaces" d’être plantés partout, elle a permis une spectaculaire hausse de la productivité. Beaucoup de paysan·nes ont été sensibles à ces arguments permettant de réduire le caractère profondément aléatoire de leur activité, et porteurs de la promesse de revenus meilleurs. Pour autant, cette transformation de l’activité paysanne ne s’est pas faite avec un "consentement libre et éclairé" sur la totalité du territoire, mais à marche (...)

    #B #Infokiosque_fantôme_partout_ #Luttes_paysannes,_ruralité
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/La_baguette_magique_de_l_agro-industrie-cahier-aout2020-2.pdf
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/La_baguette_magique_de_l_agro-industrie-fil-aout2020-16p-2.pdf

  • Semer le trouble. #Soulèvements, #subversions, #refuges

    On étouffe. La situation n’est pas tenable. Nous courons à la catastrophe. L’effet de sidération paralyse les velléités d’action. Ce contre quoi nous avons des raisons de nous insurger semble se fondre dans un même mouvement global, une lame de fond irrépressible. Quels moyens possédons-nous pour semer le trouble dans la mécanique des rapports de domination ? Ce numéro fait appel à notre expérience collective des techniques de lutte et enquête sur les foyers de résistance qui s’élaborent et opposent aux gouvernementalités de nouvelles priorités, d’autres perspectives. Les collectifs travaillent leurs outils autant que leurs convictions ; ils suspendent le temps, par adaptation ou détournement de choses et de dispositifs. Comment la « mésentente », qui vient troubler l’idylle consensuelle de la politique, se trouve-t-elle instruite et équipée par les gestes et les instruments propres aux mouvements de lutte ?
    Ce numéro est élaboré dans le contexte de la mobilisation contre des réformes qui mettent en danger la vitalité de l’enseignement supérieur et de la recherche. Par cette matérialisation, en revue, d’un désaccord têtu, Techniques&Culture propose un répertoire non exhaustif des actions qui sèment et cultivent le trouble.

    https://journals.openedition.org/tc/14102

    Sommaire :

    Annabel Vallard, Sandrine Ruhlmann et Gil Bartholeyns
    Faire lutte

    Matthieu Duperrex et Mikaëla Le Meur
    Matières à friction et techniques de lutte [Texte intégral]
    –—
    Voies du #soulèvement

    François Jarrige
    #Sabotage, un essai d’archéologie au xixe siècle

    Maxime Boidy
    Qu’est-ce qu’un #bloc en politique ?

    Violaine Chevrier
    Occuper et marquer l’#espace. Des « #cortèges_de_tête » aux #Gilets_jaunes à #Marseille

    –—
    Fragments de lutte

    Başak Ertür
    La #barricade

    Lucille Gallardo
    Simuler et politiser la mort : le #die-in

    Claire Richard
    Les #Young_Lords et l’offensive des #poubelles

    Thomas Billet, Leny Dourado et Agnès Jeanjean
    La #colère des #blouses_blanches

    Sandra Revolon
    #Game_of_Thrones

    Magdalena Inés Pérez Balbi
    « Que le pays soit leur prison ». Les #escraches contre les génocidaires en #Argentine

    Yann Philippe Tastevin
    Le pneu au piquet

    –—

    #Arts de la subversion

    Catherine Flood
    #Disobedient_Objects. Exposition indisciplinée

    Umberto Cao
    « Résistances électriques » Le mouvement “Luz y Fuerza del Pueblo” au #Chiapas (Mexique)

    Lucie Dupré
    Faire lutte de tout arbre

    Thomas Golsenne
    Politiques de la #craftification

    –—

    Fragments de lutte

    Zoé Carle
    Affiche-action ! La longue histoire des luttes contre le #logement_indigne à Marseille

    Élisabeth Lebovici
    « Je suis… Et vous… »

    Jean-Paul Fourmentraux
    La #sous-veillance, Paolo Cirio

    Nicolas Nova et Félicien Goguey
    Le #black_fax et ses dérivés

    Pierre-Olivier Dittmar
    Du mur de post-it à l’ex-voto. Les signes publics des #émotions_politiques

    Mikaëla Le Meur
    À cause de #Macron. La #désobéissance en kit

    Georges Favraud
    Du #conflit public à la force des intériorités. Stratégies taoïstes de la lutte

    –—

    Refuges et pratiques réparatrices

    Perrine Poupin
    Prendre soin des manifestants. Les #street-medics dans le mouvement des Gilets jaunes

    Joanne Clavel et Camille Noûs
    #Planetary_Dance d’#Anna_Halprin. Étoile d’une constellation kinesthésique et écologique

    Madeleine Sallustio
    #Moissons conviviales. Chercher l’#autonomie en #collectif_néo-paysan

    Raphaële Bertho et Jürgen Nefzger
    Jürgen Nefzger, activiste visuel sur le terrain de la tradition paysagère

    –---
    Fragments de lutte
    Sandrine Ruhlmann
    Composer pour résister ou exister en #Mongolie

    Sébastien Galliot
    Plein le dos. Un réseau militant de chair et de papier

    Soheil Hajmirbaba et Le consortium Où Atterrir ?
    S’orienter dans la description de nos terrains de vie

    Irène Hirt et Caroline Desbiens
    Exister sur la mappemonde. Cartographies autochtones

    Edgar Tasia
    Le #Gamarada. Dispositif de #résilience, incubateur de #résistance

    Florent Grouazel
    Les subsistances

    #revue #résistance #lutte #luttes

    ping @karine4 @isskein

    • Techniques & Culture 74. Semer le trouble

      Si la situation n’est pas tenable, et si nous courons à la catastrophe, comment lutter contre la marche des choses ? Quels outils, quels moyens possédons-nous pour semer le trouble dans la mécanique des rapports de domination ? Ce numéro fait appel à notre expérience collective des formes de lutte, enquêtant sur les foyers de résistance, même circonscrits, même temporaires, qui s’élaborent et opposent aux gouvernementalités de nouvelles priorités, d’autres perspectives.

      https://www.youtube.com/watch?v=es7Yxc1KKQI&feature=youtu.be

  • THE CURSE OF AMAZON | University of the Phoenix SILENT WORKS
    https://vimeo.com/485838879


    The curse woven by an uncertain number of Mechanical Turk workers to abolish Amazon was encoded by these very workers in text fragments into Amazon’s empire, sometimes appearing visibly in the user comments of Amazon’s hegemonic marketplace, at other times smuggled into code and laced throughout the vast netherworld of Amazon’s servers. When assembled in a digital form (as it is throughout Amazon’s empire) the curse is extremely powerful. Preserving the curse in analog form for purposes of research and study, University of the Phoenix produced a video teaser accompanying the actual installation of “The Curse of Amazon” at the on-site exhibition.

    #sorcellerie #magie #luttes_sociales @mona

  • Loin des petitesses, loin de la violence de ce monde (violence dont il avait évidemment conscience et qu’il combattait), le géographe anarchiste #Élisée_Reclus avait le goût du #bonheur. Et il en donne. Quel plaisir de le lire : vraiment c’est bienfaisant.


    Thread de Ludivine Bantigny sur twitter :
    https://twitter.com/Ludivine_Bantig/status/1330647060522164224

    « Notre commencement de savoir, nos petits rudiments de connaissances historiques nous disent qu’il ne faut point tolérer de maîtres, à tout #ordre il faut répondre par la #révolte. L’histoire nous dit que toute #obéissance est #abdication, que toute #servitude est une mort anticipée »

    « Nous sommes révolutionnaires parce que nous voulons la #justice. » Sans intérêts d’argent, de caste, de position. Pour étudier le grand livre des connaissances humaines, vivre d’une vie libre, puissamment consciente et fraternelle, s’occuper des enfants et avec eux de la #nature.

    Et ce sera pour tous un bonheur dont nous n’avons aujourd’hui aucune idée, de vivre dans un monde où nous ne verrons […] point de faméliques demandant un sou, point d’hommes valides se faisant soldats ou même policiers, parce qu’ils n’ont pas d’autres moyens de gagner leur vie.

    « Puisque la nature est profanée par tant de spéculateurs précisément à cause de sa #beauté, il n’est pas étonnant que dans leurs travaux d’#exploitation les agriculteurs et les industriels négligent de se demander s’ils ne contribuent pas à l’enlaidissement de la terre. »

    Dans le souvenir de la #Commune : « Il me souvient, comme si je la vivais encore, d’une heure poignante de ma vie où l’amertume de la #défaite n’était compensée que par la joie mystérieuse et profonde, presque inconsciente, d’avoir agi suivant mon cœur et ma volonté… »

    Notre idéal de bonheur : une #communauté_d’égaux
    Quel est d’abord notre objectif révolutionnaire ?
    L’#affection_mutuelle, le #respect_de_soi et de la #dignité_d’autrui.
    Pour cela : supprimer l’#accaparement.
    [Que vienne un temps où les humains] pourront enfin se dire égaux sans ironie.

    « L’histoire d’un #ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’#infini. »
    Reclus observe « les #champignons groupés fraternellement en petites assemblées », le « ravin et ses voûtes d’ombre ».
    Car chez Reclus la nature redonne courage pour les #luttes.

    Les petites ondulations que je provoque à la surface de l’eau se propagent au loin[…] jusqu’à l’espace indistinct. De même toute pensée vigoureuse, toute parole ferme, tout effort dans le grand combat de la justice & de la #liberté se répercutent[…] jusqu’au plus lointain avenir.

    Les gens de gouvernement désespérant de leur cause en sont venus à ne demander à leurs maîtres que la « poigne » leur seule chance de salut.
    À leur sujet le doute n’est pas permis : nul #préjugé ne les arrête pour la conquête du #pouvoir et des écus.
    É. Reclus Évolution et révolution.

    Si le #capital garde la force nous serons tous des #esclaves de ses #machines, cartilages rattachant les dents de fer aux arbres de bronze ou d’acier[…] C’est en vain que vous ferez appel à la #pitié. Le tigre peut se détourner de sa victime mais les livres de banque sont sans appel.

    Aux enfants : « Notre titre de parents ne nous fait en rien vos supérieurs et nous n’avons sur vous d’autres droits que ceux de notre profonde #affection. À vous, mes enfants, de dire si nous avons abusé de notre force pour vous maintenir dans la faiblesse ».

    #Elisée_Reclus #anarchisme #parentalité

    • Elisée Reclus est l’un de mes « maîtres à penser » si tant est qu’on ait besoin de tels personnages. C’est vraiment une personnalité remarquable et sa conception de l’anarchisme et des rapports entre l’homme et la nature sont plus qu’indispensables à connaître. Beau texte !

  • #En_découdre - paroles ouvrières en roannais

    Après la deuxième guerre mondiale, l’industrie textile emploie des milliers d’ouvrières sur le territoire Roannais. Elles produisent des vêtements de luxe dont la qualité est reconnue dans la France entière. A travers une série d’entretiens, ce film retrace l’histoire de ces femmes rentrant souvent jeunes à l’usine. Elles y découvrent des conditions de travail difficiles, le paternalisme patronal, mais également la solidarité ouvrière. Relatant les inégalités qui se jouent entre ouvriers et ouvrières, elles décrivent surtout la rencontre avec la culture syndicale et leur volonté d’en découdre avec l’exploitation. Des promesses d’émancipation de « mai 1968 » jusqu’aux combats contre la fermeture des usines et les destructions de leurs emplois à partir des années 1980, ces paroles ouvrières livrent une mémoire à la fois personnelle et politique des grandes mutations du monde contemporain.

    https://vimeo.com/330751537


    #ouvrières #femmes #industrie #femmes_ouvrières #France #industrie #histoire #industrie_textile #textile #témoignages #histoire_ouvrière #CGT #syndicat #syndicalisme #usines #bruit #paternalisme
    #film #film_documentaire #salaires #sainte_Catherine #cadeaux #droit_de_cuissage #inégalités_salariales #émancipation #premier_salaire #désindustrialisation #métallurgie #conditions_de_travail #horaire #horaire_libre #grève #occupation #Rhônes-Alpes #délocalisation #toilettes #incendies #chantage #treizième_salaire #plans_sociaux #outils_de_travail #Comité_national_de_la_Résistance (#CNR) #chronométrage #maladie_du_travail #prêt-à-porter #minutage #primes #prime_au_rendement #solidarité #compétition #rendement_personnel #esprit_de_camaraderie #luttes #mai_68 #1968 #licenciement #ARCT #financiarisation #industrie_textile

  • Mise au point : les dangers de la nouvelle pénalisation des universités

    La #commission_mixte_paritaire (#CMP) qui s’est tenue hier après-midi, lundi 9 novembre 2020, était chargée de trancher les points de désaccords persistants entre l’Assemblée nationale et le Sénat à propos de la loi de programmation de la recherche. Pour cela, elle devait trancher, article par article, entre la version du texte votée par l’Assemblée nationale en première lecture et celle retenue par le Sénat.

    Les choix qu’elle a faits ont été pour le pire. Mais sur un point bien précis, pourtant, la CMP a choisi d’innover, plutôt que de trancher : elle a inséré dans la loi un nouvel article 20 bis AA qui dispose que :

    « Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement, est passible des #sanctions définies dans la section 5 du chapitre Ier du titre III du livre IV du #code_pénal ».

    Cet article est tombé du ciel. Plus précisément, il élargit de façon considérable un précédent article, que le Sénat avait lui-même déjà sorti de son chapeau (amendement n°147), et à propos duquel Academia n’a eu de cesse de sonner l’alerte.

    Un tel article est très grave – l’un des plus graves que contient la LPR, même – pour les raisons que nous avons exposées dans les minutes qui ont suivi la fin de la CMP : il sonne rien moins que la fin pure et simple des contestations sur les campus et ouvre grand la porte à toutes les dérives autoritaires.

    Il faut d’ailleurs mesurer la bassesse de la manœuvre de la ministre : jusqu’à présent, la ministre avait veillé à ne donner aucune prise directe à une #contestation du projet de loi par les étudiant·es et leurs organisations. Elle savait, en effet, que si cette #contestation_étudiante venait à s’ajouter à la fronde des personnels de l’ESR, le projet de loi ne s’en relèverait pas. Le nouveau #délit qui a été introduit hier montre, pourtant, que ces organisations étudiantes se trouvaient bien, en réalité, au centre du viseur gouvernemental. Car ce sont bien elles, à n’en pas douter, qui seront les premières victimes de la #pénalisation des #contestations dans les établissements.

    Un énorme doute nous étreint, au passage. Academia a déjà expliqué la basse manœuvre procédurale dont a usé la ministre pour court-circuiter tout débat autour de la mise à l’écart du Conseil national des universités. Et si, assistée de quelques chefs d’établissement, elle avait fait pire encore ? Et si l’introduction d’un tel article en commission mixte paritaire – ce qui revient à évincer littéralement les deux chambres, à supprimer toute forme de débat public à propos de cette mesure, et à court-circuiter toute protestation étudiante – était, elle aussi, préméditée ? Ce qui est sûr, c’est que, préméditation ou improvisation de dernière minute, l’introduction d’un délit de grande ampleur au stade d’une commission mixte paritaire dite « conclusive » est une ignominie. Ce ne sont pas des pratiques qui, dans une démocratie, devraient être permises.

    Une rumeur circule néanmoins à propos de ce délit, à laquelle il faut couper court : celle selon laquelle les collègues affectés dans un établissement, ou sous contrat avec celui-ci, ainsi que les étudiant·es qui y sont inscrit·es n’entreraient pas dans le champ du délit nouvellement créé. Cette interprétation est tout à fait discutable : dès lors que la formule choisie intègre dans le champ du délit toutes les personnes situées dans l’enceinte de l’université qui n’y ont pas été « autorisé[es] par les autorités compétentes », son champ d’application est, au contraire, très étendu. Quelques explications très brèves s’imposent à ce propos .

    La pénalisation des « non-autorisé·es »

    Il n’y a rien de plus simple que de placer quelqu’un dans une situation de ne pas être autorisé·e à être dans tout ou partie de l’université, y compris si cette personne est un personnel de cette université ou un·e étudiant·e qui y est inscrit·e.

    Il existe, pour cela, deux moyens.

    Le premier moyen relève de ce que l’on nomme le pouvoir de police général du président d’établissement. Celui-ci est « responsable du maintien de l’ordre » dans l’université (article L. 712-2, 6° du code de l’éducation, complété par l’article R. 712-1). A ce titre, il peut, soit lui-même, soit par l’entremise du directeur ou de la directrice de site ou de composante auquel·le il a donné délégation, refuser la tenue de certaines manifestations ou évènements, et même interdire « à toute personne et, notamment, à des membres du personnel et à des usagers de l’établissement ou des autres services ou organismes qui y sont installés l’accès de ces enceintes et locaux » d’accéder à ces locaux (article R. 712-8 du même code). Sur ce fondement, la possibilité de se retrouver en situation « non autorisée » est considérable, et ce, quand bien même on est directement rattaché à l’établissement.

    Le deuxième moyen est plus puissant encore, car il est préventif, et fait écho à une vive polémique qui s’était développée en février dernier, concernant l’université Paris-Descartes (université de Paris). Il suffit, pour cela, de créer, dans le règlement intérieur des établissements, des obligations sévères concernant l’organisation des évènements scientifiques, des réunions publiques et autres assemblées générales, ou concernant l’accès aux locaux des présidences ou aux séances des conseils d’administration. On songe, par exemple, à des obligations de présenter, deux mois à l’avance, une demande d’affectation d’un local auprès du président de l’université » ou aux interdictions de se rendre dans certains locaux sans autorisation formelle préalable, que le « badgage » à grande vitesse des universités rend aujourd’hui très concrètes.

    C’est même une tendance de fond des dernières années, que nous sommes nombreux·ses à dénoncer : les « non-autorisé·es » se multiplient à l’infini, la tradition d’accessibilité aux campus est en voie de disparition, les universités, devenues paranoïaques sous l’impulsion de réseaux comme Vigilance Universités ou Qualité de la science française, se ferment physiquement, en même temps que les collègues et les étudiant·es se trouvent sans cesse plus contrôlé·es, que ce soit pour faits de grève ou pour prétendu·es radicalisations.

    Et voilà donc que maintenant, d’un trait de plume dans les règlements intérieurs, ces « non-autorisé·es » sont en voie de pénalisation, avec des peines disproportionnées allant d’un à trois ans d’emprisonnement. Mais quelle université sommes-nous donc en train de voir éclore ?
    L’atteinte aux franchises universitaires

    Précisons, enfin, qu’une fois ces règlements intérieurs rédigés pour ce qui concerne les personnels et les étudiant·es de l’établissement, et indépendamment même de ces règlements intérieurs pour tou·tes les autres, les forces de l’ordre pourront intervenir, au titre du flagrant délit, et les procureurs pourront engager des poursuites, sans même que le président de l’établissement ne les sollicite. C’est, autrement dit, la reprise en main des universités qui se dessine au travers de cette disposition, et une attaque d’une violence presque sans précédent à l’égard des franchises universitaires.

    Cette manière de faire a la finesse d’un bulldozer. Depuis l’article 157 du décret impérial du 15 novembre 1811 relatif au régime de l’université, qui disposait :

    « Hors les cas de flagrant délit, d’incendie ou de secours réclamés de l’intérieur des lycées, collèges et autres écoles publiques appartenant à l’université, aucun officier de police ou de justice ne pourra s’y introduire pour constater un corps de délit ou pour l’exécution d’un mandat d’amener ou d’arrêt dirigé contre des membres ou élèves de ces établissements, s’il n’en a l’autorisation spéciale et par écrit de nos procureurs généraux, de leurs substituts ou de nos procureurs impériaux »,

    les franchises universitaires, tout comme les libertés académiques dont elles sont une déclinaison, plient seulement devant le droit pénal. Dès lors, il existe une manière très simple de procéder, que la ministre et celles et ceux qui la soutiennent ont bien assimilées : cette manière de faire consiste, non pas à toucher directement aux « franchises universitaires », mais à « se contenter » d’étendre le champ de la pénalisation des universités, et donc… le pouvoir d’intervention des autorités extérieures aux universités. C’est comme cela que l’on tue, sans le dire et sans l’assumer, mais de manière incontestable, ces franchises.

    *

    Bref, on l’aura compris, il est parfaitement irresponsable de faire circuler la rumeur selon laquelle les collègues affectés dans un établissement, ou sous contrat avec celui-ci, ainsi que les étudiant·es qui y sont inscrit·es n’entreraient pas dans le champ du délit nouvellement créé.

    N’oublions pas, non plus, que cet article nouveau, que la CMP a introduit hier, est le décalque d’un article du code pénal, le L. 422-31, qui existe d’ores et déjà depuis dix ans concernant les établissements scolaires et non universitaires, à la suite d’une des lois les plus liberticides du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la loi du 2 mars 2010 renforçant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes chargées d’une mission de service public. Un article qui a allègrement servi, au printemps 2018, à placer en garde à vue, puis à déférer devant un juge des adolescent·es occupant le lycée Arago à Paris.

    Quand la police a embarqué tout le monde, la question de savoir lesquel·les de ces lycéen·nes étaient, ou non, inscrit·es dans l’établissement, et bien personne ne l’a posée…

    https://academia.hypotheses.org/28160
    #criminalisation #université #facs #grèves #luttes #police #ESR

    • L’université en taule

      Dernière étape significative du processus législatif pour la LPPR/LPR, la commission mixte paritaire s’est achevée hier, lundi 9 novembre, sur le pire des textes, et pire encore.

      Certes, l’amendement 234, celui qui asservissait les libertés académiques aux « valeurs de la République », a été redéfini pour être neutralisé. En revanche, l’amendement 147 (dit du « #délit_d’entrave ») a été encore aggravé, transformant la LPPR, loi de précarisation et de privatisation, en un cauchemar qui dépasse notre imagination : « tout délit d’entrave est désormais passible de 1 an de prison et de 7 500€ d’amendes, et s’il est commis en réunion, de 3 ans de prison et de 45 000€ d’amendes. »

      Cette prétendue « loi recherche » est donc une loi de précarisation, de privatisation et de criminalisation, qui entend nous faire passer de l’université au pénitencier.

      C’est la fin des franchises universitaires, consubstantielles à l’université depuis ses origines. Est-ce la fin de l’université comme espace ouvert, garantissant la production collective et la diffusion des connaissances, fonctionnant comme un organe démocratique vital ? Est-ce la fin des mouvements sociaux étudiants que nous connaissons, privés d’une bonne partie de leur répertoire d’action ? La réponse dépend de nous, de la puissance de nos collectifs.

      Chez Université Ouverte, nous ne parvenons même pas à compter le nombre d’années cumulées que nous aurions, nous tou·tes, passées en prison – d’autant plus que, paraît-il, nous agissons en bande organisée. Notre lutte pour une université ouverte aurait clairement commencé (ou fini ?) en taule.

      Assurément, il sera encore plus difficile encore pour les plus précaires, pour les plus dominé·es (nous pensons notamment à nos camarades n’ayant pas une nationalité européenne) de se mobiliser pour défendre leurs droits, leurs conditions d’étude, de travail et de vie. Tou·tes, nous devons faire bloc et être là pour elles et eux.

      Game over, donc ? Certainement pas !

      D’une part, nous comptons bien faire tomber cet amendement qui criminalise le mouvement social. D’autre part, quoi qu’il arrive, nous n’arrêterons pas de lutter ! Comme l’intersyndicale de l’ESR de Montpellier, nous appelons à rejoindre les collègues de l’Éducation nationale dans la rue !

      https://universiteouverte.org/2020/11/10/luniversite-en-taule

    • Retour du délit d’entrave : c’est pour cet après-midi

      >>> Mise à jour 5 février 2021 : Les deux #amendements des députés LR ont été rejetés par l’Assemblée nationale ce jeudi 4 février vers 23h30, après avis défavorables de la rapporteure, Laurence Vichnievsky, et du garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui ont déclaré ne pas souhaiter multiplier les infractions pénales nouvelles pour chaque profession et situation. Il faut se réjouir de cette position du gouvernement et de la majorité : le soutien qui avait été accordé à l’amendement n° 147 du sénateur Lafon, lors des débats sur la loi de programmation de la recherche fin octobre, n’a donc pas été renouvelé.

      A noter que lors des débats sur l’amendement n° 1255, le député Breton a regretté ces deux avis défavorables et pointé les prétendues « dérives idéologiques » à l’université. « Des courants, cancel culture etc., visent à vous empêcher de parler », a-t-il expliqué, et « sont en train de s’infiltrer à l’université ».

      A suivre au Sénat…

      L’Assemblée nationale poursuit l’examen du projet de loi confortant le respect des principes de la République. Elle examinera, ce jeudi 4 février 2021 à une heure encore indéterminée de l’après-midi ou de la soirée, deux amendements particulièrement importants pour les universités. Il s’agit des amendements n° 1255 et 1832.

      L’amendement n° 1255, déposé par les députés (LR) Benassaya et Therry, est propre à l’enseignement supérieur et prévoit que :

      « Le fait d’entraver ou de tenter d’entraver, par des pressions ou des insultes sur les enseignants universitaires, l’exercice des missions de service public de l’enseignement supérieur est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. »

      L’amendement n° 1832, déposé par l’inénarrable député Aubert accompagné de douze de ses collègues, concerne l’ensemble des agents publics ou privés en charge d’une mission de service public et prévoit que :

      « Le fait d’entraver à l’aide de menaces, violences, voies de fait, destructions ou dégradations au sens du présent code, l’exercice par un professionnel de santé de son activité professionnelle, l’exercice par un enseignant de sa mission de service public, ou l’exercice par un agent public ou privé de sa mission de service public est puni d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. »

      Contexte défavorable

      Le contexte dans lequel ces deux amendements vont être discutés est très défavorable. Certes, les tentatives des Républicains (amendements n° 20, 203, 878, 1152 et 1613) et du Rassemblement national (amendement n° 1645) d’interdire le voile à l’université ont à nouveau échoué hier soir ; mais les discussions ont montré qu’un nombre désormais important de député·es, y compris de la majorité, croient mordicus que l’enseignement supérieur et la recherche sont devenus des hauts lieux de la « radicalisation » et du « séparatisme ». Ils et elles en sont persuadé·es, car ils et elles pensent en avoir la preuve irréfutable : à l’université, des enseignant·es et des chercheur·ses travaillent sur « le décolonialisme, le racialisme, l’indigénisme et l’intersectionnalité », qui sont des « mouvements puissants et destructeurs », comme l’expliquait hier soir sans rire la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Annie Genevard.

      Ce discours n’est pas cantonné à l’opposition de droite et d’extrême droite. Il suffisait d’écouter, hier soir, la députée LREM Anne Christine Lang, transfuge du PS (voir la vidéo, à partir de 4h58 min) :

      « Il y a un autre combat, qui est effectivement encore plus urgent et beaucoup plus fondamental, et qui nous concerne tous, qui est évidemment le fait de défendre l’universalisme républicain à l’université contre les coups de butoir qui lui sont portés, défendre l’héritage des Lumières contre des théories qui, encore une fois, ne sont pas anecdotiques. Et elles ne sont pas anecdotiques, Monsieur Mélenchon, parce que si l’on respecte évidemment le débat que vous évoquiez sur les thèses indigénistes, sur l’intersectionnalité, le problème est que les partisans de ces théories excluent tout autre débat. Et c’est leur intolérance et une forme de totalitarisme intellectuel qu’il nous faut combattre […] ».

      Nous ne sommes pas sûr·es que la communauté de l’ESR ait bien pris la mesure de ce qui se passe : une partie de nos gouvernant·es est aujourd’hui convaincue que « l’université est malade », pour reprendre les mots d’Annie Genevard hier soir, et qu’un nombre grandissant d’enseignant·es-chercheur·ses travaillent contre la République, tout en faisant régner la terreur au sein des établissements.

      Au rythme où vont les choses, cette panique morale, savamment entretenue par quelques universitaires à la responsabilité gigantesque, risque à tout instant de se traduire sur le plan juridique. On a évité de très peu le choc lors de la préparation de la loi de programmation de la recherche, avec les tentatives de subordonner les libertés académiques aux « valeurs de la République » et de créer un délit d’atteinte au bon ordre des établissements. Mais la deuxième salve arrive déjà : les deux amendements qui seront examinés cet après-midi ou ce soir en sont l’une des manifestations. Et d’ailleurs, si ce n’est pas pour cette fois, ce sera pour la prochaine… Il ne fait plus aucun doute que l’université est dans le viseur.
      Les amendements n° 1255 et 1832

      À première vue, pourtant, les amendements n° 1255 et 1832 pourraient paraître défendables. Comment pourrait-on être contre une mesure destinée à protéger les « enseignants universitaires » contre les « entraves » et « tentatives d’entraves », par des « pressions ou des insultes », à « l’exercice des missions de service public de l’enseignement supérieur » (amendement n° 1255) ou contre des « entraves », « à l’aide de menaces, violences, voies de fait, destructions ou dégradations », à « l’exercice par un enseignant de sa mission de service public » (amendement n° 1832) ? Comment pourrait-on être contre une disposition qui lutterait contre des perturbations du type de celles qui ont gravement perturbé le colloque international sur la « nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah » en février 2019 à l’EHESS ?

      En réalité, ces deux amendements ressemblent en bien des points à l’amendement n° 147 du sénateur Lafon, qui avait été introduit dans la loi de programmation de la recherche lors d’une triste nuit au Sénat fin octobre 2020. Nous résumerons cela en trois points :

      Ces amendements cherchent à établir des infractions aux formulations très vagues, ce qui leur assure une portée répressive élargie. Car qu’est-ce qu’une « entrave » à « l’exercice des missions de service public de l’enseignement supérieur » et qu’est-ce qu’une « pression » ou une « menace » ? A l’évidence, les blocages entreront dans le champ de l’infraction, mais plus généralement toute forme de chahut, comme des interventions vives lors des débats ou la perturbation de conseils d’administrations. On sait par avance quels en seront, plus généralement, les effets sur la liberté d’expression dans les universités : comme à chaque fois que l’on pénalise un champ qui ne l’était pas, on le contraint à s’auto-discipliner de manière préventive ; et, sous prétexte de réagir à quelques situations ponctuelles, on introduit une atteinte à la liberté d’expression dont les effets insidieux débordent largement les hypothèses initiales.
      Les peines encourues sont en tout état de cause disproportionnée. Un an de prison et 15 000 euros d’amende pour l’amendement 1255, trois ans et 45 000 euros pour l’amendement 1832, alors même qu’en cas de violence ou de dégâts matériels, des infractions existent évidemment déjà et peuvent être lourdes.
      Mais le plus grave est ailleurs, et cela avait déjà été pointé à maintes reprises en novembre et décembre dernier, par exemple par Paul Cassia : cette grande pénalisation de l’enseignement supérieur est une attaque directe contre les « franchises universitaires », en ce qu’elle grignote l’autonomie dans la gestion de l’ordre public universitaire. Comme l’expliquait Academia, avec ces nouvelles dispositions pénales, si jamais elles sont adoptées, les forces de l’ordre pourront intervenir, au titre du flagrant délit, et les procureurs pourront engager des poursuites, sans même que le président de l’établissement ne les sollicite. C’est, autrement dit, la reprise en main des universités qui se dessine au travers de ces amendements, dont la prochaine étape, écrivait Paul Cassia :

      « est la reprise en mains ministérielle et parquetière de l’indépendance des universitaires dans leur cœur de métier, l’enseignement et la recherche, ainsi que le laissaient d’ores et déjà présager les propos tenus par la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal en séance publique au Sénat le 16 janvier 2019 à propos de l’augmentation des frais d’inscription spécifiques aux étudiants étrangers prévu par le programme « Bienvenue en France » : les professeurs et maîtres de conférences des universités « sont des fonctionnaires de l’Etat, il est évidemment très important qu’ils portent les politiques publiques décidées par l’Etat, c’est le devoir de tout fonctionnaire, ce devoir d’obéissance et ce devoir de loyauté ».

      L’enjeu autour de ces deux amendements est donc considérable. Si l’un ou l’autre est adopté, il est loin d’être sûr que le Conseil constitutionnel prononce une censure de l’ordre de celle accomplie pour la LPR : la qualité de « cavalier législatif » de ces deux amendements est loin d’être établie, et c’est d’ailleurs pour cela que les services de l’Assemblée nationale ont autorisé leur discussion.

      Alors, se fait-on peur pour rien ? La majorité parlementaire rejettera-t-elle ces deux amendements venant des rangs des Républicains comme elle a rejeté hier soir ceux interdisant le port du voile à l’université ? On peut l’espérer et on sera fixé cet après-midi. Une chose est sûre, en revanche : c’est qu’à ce jeu-là, on ne s’en sortira plus bien longtemps, si notre seule stratégie collective, en matière de défense des libertés académiques, est de nous terrer en espérant que, d’elle-même, la mitraille cesse.

      https://academia.hypotheses.org/30635

  • La proposition d’#égaliberté", Étienne Balibar

    Cet ouvrage rassemble deux séries d’essais, écrits sur une période de vingt ans (1989-2009) : les uns, philosophiques, portent sur l’énonciation et l’institution des #droits_fondamentaux, au cours d’un processus inséparable des #luttes d’émancipation de la modernité ; les autres sont des interventions dans l’actualité politique française, à propos d’événements qui ont eu un retentissement mondial en raison des problèmes qu’ils révélaient (en particulier l’interdiction des « signes religieux » dans les établissements scolaires et les émeutes des banlieues en 2005).
    Leur point de rencontre est une problématique des antinomies de la citoyenneté, en tant qu’institution du politique que son rapport originaire à la démocratie oblige en permanence à repenser ses conditions de légitimité et de transformation. Leur horizon est un projet collectif de démocratisation de la démocratie, seule alternative au processus de « dé-démocratisation » enclenché par la crise de l’État national social, et accéléré par la mondialisation néo-libérale.
    Le recueil inclut la réédition de l’essai de 1989, « La proposition de l’égaliberté », dont les formulations sont associées au point de vue « post-marxiste » défendu par l’auteur en philosophie politique. Il s’achève par un essai inédit sur la « co-citoyenneté », appliquant à la circulation des migrants les principes d’une démocratie sans exclusion. Entre ces pôles, ont été insérés plusieurs essais critiques (sur Rancière et Esposito, Poulantzas, Arendt, Laclau), esquissant une topique des courants les plus significatifs en philosophie de la démocratie.

    https://www.puf.com/content/La_proposition_de_l%C3%A9galibert%C3%A9
    #égalité #liberté #Balibar #Etienne_Balibar

  • Être écoféministe | Jeanne Burgart Goutal
    Les Éditions L’échappée
    https://www.lechappee.org/collections/versus/etre-ecofeministe

    Je souhaitais en savoir plus sur l’#écoféminisme, Aude (#merci) m’a recommandé ce #livre. En plus de l’avoir trouvé très intéressant, j’ai appris des choses, l’approche et les arguments avancés résonnent bien avec mes propres ressentis.

    #Oppression des #femmes et #destruction de la #nature seraient deux facettes indissociables d’un modèle de #civilisation qu’il faudrait dépasser : telle est la perspective centrale de l’écoféminisme. Mais derrière ce terme se déploie une grande variété de #pensées et de #pratiques_militantes.
    Rompant avec une approche chic et apolitique aujourd’hui en vogue, ce livre restitue la richesse et la diversité des théories développées par cette mouvance née il y a plus de 40 ans : critique radicale du #capitalisme et de la #technoscience, redécouverte des sagesses et #savoir-faire traditionnels, réappropriation par les femmes de leur #corps, #apprentissage d’un rapport intime au #cosmos
    Dans ce road trip philosophique alternant reportage et analyse, l’auteure nous emmène sur les pas des écoféministes, depuis les Cévennes où certaines tentent l’aventure de la vie en autonomie, jusqu’au nord de l’Inde, chez la star du mouvement #Vandana_Shiva. Elle révèle aussi les ambiguïtés de ce courant, où se croisent Occidentaux en quête d’alternatives sociales et de transformations personnelles, ONG poursuivant leurs propres stratégies commerciales et #politiques, et #luttes concrètes de femmes et de communautés indigènes dans les pays du Sud.

    #colonialisme #agriculture #intersectionnalité

  • #Covid-19 : les seigneurs revisitent la basse-cour
    https://joellepalmieri.org/2020/11/05/covid-19-les-seigneurs-revisitent-la-basse-cour

    Résumons-nous. En #France, après l’instauration le 14 octobre 2020 d’un couvre-feupour gérer la crise sanitaire, le gouvernement décide, le 30 courant sans consultation du Parlement, le retour à un confinement national, ouvrant cette fois l’accès au travail, à l’école, aux maisons de retraite et aux supermarchés, mais toujours pas aux commerces de proximité, aux lieux … Lire la suite →

    #Humeurs #Domination #Guerre #Luttes #Occident #Pensée #Résistance #Recherche #Religion


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  • #Covid-19 : le choix des maux
    https://joellepalmieri.org/2020/10/20/covid-19-le-choix-des-maux

    La chose est maintenant claire. En utilisant le terme « couvre-feu » pour qualifier le 14 octobre 2020 l’ensemble des mesures gouvernementales liées à l’aggravation de la crise sanitaire en #France, le Président de la République continue de banaliser ses choix militaristes. Ce parti pris a été relevé : Macron utilise une locution qui a marqué l’Histoire du … Lire la suite →

    #Humeurs #Afrique #Allemagne #Andrée_Michel #Belgique #Domination #Espagne #Europe #Italie #Luttes #Média #Militarisation #Résistance #Royaume_uni #Violences


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