• #BALLAST • Les #mobilisations_environnementales à l’intersection des #luttes_voyageuses ?

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    Revenant sur six années d’enquête et de vie par­ta­gée avec les habi­tants des #aires_d’accueil de « #gens_du_voyage », l’#ethnologue #Lise_Foisneau ana­lyse les consé­quences de l’incendie de #Lubrizol sur les luttes voya­geuses. Paradoxalement, les récentes #batailles_envi­ron­ne­men­tales ont jeté un voile d’ombre sup­plé­men­taire sur les mul­tiples atteintes aux droits fon­da­men­taux subies par les col­lec­tifs roma­ni et voya­geurs. Depuis la fin de la Seconde Guerre mon­diale, les « gens du voyage » n’ont ces­sé de com­battre la condi­tion qui leur est faite : inter­dic­tions de sta­tion­ne­ment, expul­sions, ter­rains dési­gnés, des­truc­tions de lieux de vie. Comment les #sciences_sociales peuvent-elles objec­ti­ver leurs #résis­tances à cet #encam­pe­ment ordinaire ?

    Un par­fum de cho­co­lat flot­tait autour de l’aire d’accueil de Saint-Menet, à Marseille, lorsque j’y allai pour la pre­mière fois en 2014. À la véri­té, ce jour-là, le vent souf­flait dans la bonne direc­tion : l’odeur pro­ve­nant de la Chocolaterie de Provence l’emportait sur une autre que je n’avais pas encore iden­ti­fiée, un effluve asphyxiant de plas­tique brû­lé. Car nuit et jour, l’usine Arkema rejette des tonnes de ben­zène, un can­cé­ro­gène avé­ré. L’aire d’accueil de Saint-Menet se trouve à moins de 500 mètres d’Arkema. Elle est sou­vent enve­lop­pée par un nuage invi­sible mais oppres­sant. Impossible d’échapper à cette odeur suf­fo­cante qui entre en vous. Je n’ai pas déce­lé ce relent toxique immé­dia­te­ment parce que mes autres sens étaient déjà assaillis. Vue et ouïe étaient satu­rées par les tour­billons venus de l’autoroute et de la voie fer­rée, cha­cune à moins de 20 mètres des cara­vanes, et par le gré­sille­ment d’un impo­sant trans­for­ma­teur élec­trique. En basse conti­nue, un bruit sem­blable à un bour­don­ne­ment pro­ve­nait d’un cir­cuit de modé­lisme pour voi­tures télécommandées.