• « Ne muselez pas le Lycée autogéré de Paris, il m’a permis de me construire »
    https://reporterre.net/Ne-muselez-pas-le-Lycee-autogere-de-Paris-il-m-a-permis-de-me-construire

    Le Lycée autogéré de Paris « m’a permis d’accéder à une vie plus consciente, plus démocratique et épanouie », explique l’auteur de cette tribune, inquiet pour la sauvegarde de l’indépendance de l’établissement.
    Paolo Jacob, élève au Lycée autogéré de Paris de 2014 à 2016, est aujourd’hui documentariste.

    Personnellement, comme une majorité d’élèves, je suis venu au LAP non par affinité politique — je n’avais alors jamais entendu parler d’autogestion —, mais parce que ce lycée m’offrait la possibilité de poursuivre ma scolarité sans être projeté dans le monde du travail, sort que l’on réserve aux mauvais élèves comme je le fus depuis mon entrée à l’école.

    Je me rappelle du principal du collège Jules-Ferry, qui essayait de me convaincre de devenir électricien, métier par ailleurs très honorable, mais qui m’avait été plaqué dessus sans prendre en considération l’adolescent que j’étais. Et pourtant à l’époque, je cultivais déjà quelques passions en dehors de l’école, comme la photographie.
    [...]
    Mon constat, c’est qu’aucun professeur ne s’est penché sur mes difficultés, aucune administration, aucune assistante sociale, psychologue n’est entré en intimité avec l’adolescent que j’étais pour l’aider à sortir de cette torpeur qui dura des années.
    [...]
    Dans le système scolaire traditionnel, nous sommes scindés, nous ne faisons pas partie prenante du collectif, nous n’apprenons pas à réfléchir ni à dialoguer ensemble, à nous sentir coresponsables de l’apprentissage de nos camarades. Nos intuitions, notre curiosité, nos désirs, notre expressivité sont perçus comme des freins à une pédagogie normative.

    Le LAP, au contraire, les valorise. C’est à la fin de ma troisième, alors que mes résultats étaient toujours aussi catastrophiques, que j’entendis parler du Lycée autogéré. J’y entrai en classe de seconde.

    Pour moi, le LAP a d’abord été une respiration. Dans ce nouveau système de valeurs, j’ai pu prendre le temps de trouver mes marques, de m’octroyer des libertés sans en être sanctionné.

    Au LAP, il n’y a nulle autorité pour te faire fermer ton clapet par abus de pouvoir. Nous sommes responsables de notre relation aux autres et ne nous cachons pas derrière une fonction et une hiérarchie. La libre expression laisse à chacun sa place, aux grandes gueules comme aux plus timides, qui sont encouragés à participer lors de rassemblements hebdomadaires.

    Dans ce système où je pouvais exister en tant que personne, ma relation autrefois conflictuelle aux professeurs a aussitôt disparu. Ces derniers sont devenus des alliés dans ma scolarité.
    [...]
    J’ai côtoyé là-bas nombre de lycéens qui ont pu s’octroyer du temps pour approfondir une pratique, bénéficiant d’une infrastructure et de l’accompagnement des professeurs et de leurs camarades pour se mettre à fond dans la musique, la cuisine ou encore le théâtre.

    Moi-même j’ai pu sérieusement travailler ma pratique de la photographie, notamment sous l’impulsion d’une professeure passionnée et curieuse de mon travail. Je passais des heures au laboratoire de photo argentique du lycée. Je m’y perdais, souvent seul et en silence, à la redécouverte des images que j’avais capturées lors de mes excursions dans Paris. Ces moments d’exploration sont à l’origine de mes aspirations actuelles de documentariste.

    #éducation #lycée_autogéré_de_Paris #LAP

    • Comment pouvons-nous encore nous considérer dans une société démocratique si l’enseignement empêche les élèves de se coconstruire dans leurs discours et dans leurs actes ? L’école conventionnelle ne laisse pas de temps à l’intelligence et à l’organisation collective, elle pousse chacun à la docilité, au respect des normes et des croyances établies. Sur quelle vérité repose ce système ? Celle qui croit que l’enfant est inférieur, trop bête pour pouvoir agir et penser avec autonomie ? Quelles études, quels diplômes, quelles contraintes faut-il encaisser avant d’être jugé apte à penser par soi-même ?

      Aujourd’hui, le caractère alternatif du LAP est remis en cause par les institutions. Après le refus du recteur de l’Académie de Paris de renouveler en l’état la convention dérogatoire du lycée (juin 2022), le ministère de l’Éducation a diligenté une enquête administrative pour évaluer sa pédagogie : le temps consacré aux ateliers, espaces de découverte et d’ouverture ne nuit-il pas au temps d’apprentissage académique ? L’absence d’obligation de présence pour les élèves n’est-elle pas nuisible ? Etc.

      Isolés du projet d’ensemble — l’apprentissage de l’autonomie et de l’esprit critique —, les points relevés peuvent sembler problématiques. Mais, personnellement, c’est cette pratique de la liberté et de la joie d’apprendre qui m’a permis d’accéder à une vie plus consciente, plus démocratique et épanouie. À ce titre, l’héritage du LAP est infiniment précieux, et il nous faut sauvegarder son indépendance.

    • Le seul lycée autogéré de Paris doit le rester
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/le-seul-lycee-autogere-de-paris-doit-le-rester-20231123_7NFFIEAB6RDYZKHS2

      Les attaques menées depuis 2022 contre le LAP visent à rentabiliser et à normaliser son fonctionnement. Supprimer la libre fréquentation et l’autogestion par la mise en place d’une autorité institutionnelle reviendrait à vider l’expérience de son contenu, dénonce un collectif de personnalités civiles dont Etienne Balibar, Annie Ernaux, Philippe Meirieu, Nancy Huston ou encore Catherine Corsini.

  • Non à l’instrumentalisation de l’enseignement professionnel - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2023/05/non-a-linstrumentalisation-de-lenseignement-professionnel

    Avec la réforme, les élèves de terminale seront confrontés au choix entre un stage prolongé en entreprises en vue d’une insertion professionnelle immédiatement après le bac, et un module de quatre semaines pour préparer une entrée en BTS. Qui choisira de renoncer à la rémunération, même faible, pour les études supérieures ?

    Cette mesure institutionnalise le tri social comme une fatalité. Les élèves défavorisés deviennent des agents économiques qu’il faut vite mener vers les marchés locaux du travail puisque l’État propose en plus de corréler sa nouvelle carte de formation sur les entreprises locales, au lieu d’assurer une vision globale qui permette aussi les mobilités.

    L’avenir des élèves pauvres est donc moins soumis à leurs aspirations qu’aux besoins du bassin où ils résident. Ce que l’on appelle la vision adéquationniste. Nous la refusons. Nous continuons d’affirmer que l’enseignement professionnel doit offrir aux élèves un enseignement équilibré entre matières générales (songez qu’ils n’ont toujours pas d’enseignement de philosophie) et formation professionnelle et qu’il n’est pas du rôle de l’État éducateur de surfer sur la misère sociale en fournissant aux entreprises une main-d’œuvre bon marché.

  • Refroidir encore les eaux glacées du calcul égoïste

    Réforme du #travail : ce que prépare Macron | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/reforme-du-travail-ce-que-prepare-macron-1782116

    « Au retour de l’été, après discussions avec les partenaires sociaux, le gouvernement va soumettre un texte », a expliqué Emmanuel Macron, précisant : « C’est un tout, car il y a la réforme de l’assurance-chômage, la valorisation des acquis de l’expérience, la qualification ». Il a évoqué également la réforme du #lycée_professionnel et de l’#apprentissage, l’#emploi_des_seniors et la création de #France_Travail.

    Dans le gouvernement d’Elisabeth Borne a été créé un poste de ministre chargé de l’Enseignement et de la Formation professionnels sous double tutelle, celle des ministres du Travail et de l’Education nationale.
    C’est Carole Grandjean, macroniste de la première heure jusqu’ici députée LREM de Meurthe-et-Moselle, membre de la commission des Affaires sociales, et ex-responsable ressources humaines chez Elior, qui en a hérité.

    #entreprise_France #chômage #rsa #rua #économie #exploitation #retraites #winter_is_coming_once_again

  • « C’est fou à quel point ces #murs et ces #grilles sont hautes. On côtoie ces murs en permanence.
    Ils limitent notre quotidien. Ils sont l’affirmation de la négation de l’autre.
    Mais on les a intégrés, leur #violence a été assimilée. On accepte sans le percevoir le #pouvoir de contrainte, la #dépossession de l’#espace qu’ils représentent »

    #géographie_urbaine #villes #urban_matter #barrières

    Source : une #BD de #Margot_Gustaedt dont le titre est "Les renards sans pelage" , qui n’a pas été publiée. C’est son travail de diplôme.

    La BD porte sur les #violences_policières et sur l’affaire du #lycée_Arago

    D’autres travaux de Margot, que j’ai rencontrée en Grèce lors d’une summer school à Athènes sur les villes-refuge, car elle travaillait à une nouvelle BD avec une étudiante qui suivait la summer school :
    https://margotgustaedt.tumblr.com

    ping @reka @davduf @isskein

    • Ne pas mourir comme des chiens

      Les luttes se croisent et se ressemblent, comme celles des Kurdes et des gilets jaunes. Le même combat pour la liberté et l’égalité sociale rencontre la même répression. La dessinatrice Mamoste Dîn nous fait découvrir le camp autogéré d’exilé·es kurdes de Lavrio en Grèce. Dans un subtil va-et-vient entre la Grèce et la France, entre les histoires personnelles et les combats politiques des activistes kurdes et de la jeune Judith, venue documenter leur quotidien, nous partageons un moment de la vie du camp et apprenons à connaître et à aimer ses habitant·es.


      https://seenthis.net/messages/845470

      #BD #bande_dessinée

    • GRECIA : IN CORSO LO SGOMBERO DEL CAMPO PROFUGHI DI LAVRIO, AUTORGANIZZATO SECONDO I PRINCIPI DEL CONFEDERALISMO DEMOCRATICO

      Raid della polizia greca al campo profughi autogestito di Lavrio, vicino Atene, abitato da rifugiati curdi, siriani e turchi che dal 2017 controllano e organizzano la struttura – sorta negli anni ’80 – secondo i princìpi del confederalismo democratico e senza la presenza, all’interno, di autorità e istituzioni dello stato greco.

      La polizia ellenica ha fatto irruzione nel campo di Lavrio intorno alle 03:00 di oggi, mercoledì 5 luglio, iniziando a deportare gli abitanti in altre strutture, chiuse e controllate dalle autorità, a 200 km di distanza.

      Il ministero greco per la migrazione e l’asilo ha comunicato “la chiusura graduale del campo profughi, perchè non adatto ad ospitare rifugiati”. In realtà l’attacco al campo di Lavrio è politico, e risponde alle pressioni del governo turco. Ankara, e in particolare il regime di Erdogan, Akp e Mhp, preme su Atene per lo smantellamento. Per lo stato turco Lavrio “ospita membri del Partito dei Lavoratori del Kurdistan (Pkk) e di altri gruppi fuorilegge della sinistra turca”, con Erdogan che ha definito Lavrio un “campo di addestramento per terroristi”.

      https://www.radiondadurto.org/2023/07/05/grecia-in-corso-lo-sgombero-del-campo-profughi-di-lavrio-autorganizza

    • In Lavrio, a self-governed camp of Kurdish exiles

      A reportage from Lavrio, approximately 60 km to the southeast of Athens, done in December 2017, during a long halt in a self-governed camp of Kurdish exiles.

      High on the mast, a flag of the PKK1floats above a group of two-storey buildings reminiscent of a disaffected high school. Built some sixty years ago one hour south of Athens in the harbor town of Lavrio in order to shelter refugees fleeing the Soviet Union, and located in the heart of the town a few steps away from the harbour, for the past 35 years the camp has mostly sheltered Kurdish and Turkish political exiles, mainly members or sympathizers of the PKK but also of the MLKP and of the MKP2. For the past 3 years they have been joined by Kurdish families fleeing the war in Syria. The first camp was insufficient to greet them all, a second camp was opened on a vacant lot on the outskirts of town, at the foot of hills covered in Mediterranean vegetation; this second camp is made up of refurbished containers better suited to sheltering families than the shared rooms in the main camp.
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      Up until July 31 2017, the Greek government provided daily aid to the exiles through the Greek Red Cross. But under pressure from Turkey, it abruptly ceased all contacts with the camp and its occupants, and has left the premises and completely withdrawn from all aid. A vague justification for closing down the camp was provided for “non-compliance with Greek and European laws”, notably as pertains to “entrances and exits”. If this kind of pressure exerted by Turkey is nothing new since regime opponents are in the camp, the inhabitants can now only rely on the solidarity of the locals and of organizations such as the Greek church which brings food parcels to the occupants every week. This, despite the fact the influx of exiles has not dwindled.

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      A self-governed camp

      The camp occupants’ refusal to abandon their self-governance served as an excuse for the Greek State’s withdrawal.

      “There’s an organization in the camp. A committee is elected by the occupants, of which I’m the spokesperson,” Sedat, a man in his forties, explains. “We organize daily life within the camp, we manage communications with the associations who come in, with the Greek government. We must also manage hygiene and life in general. Within this committe, there is also a youth committee subdivided into several sub-committees: culture, art…We must manage the circulation of people, the budget, it’s difficult but with so many refugees, it’s important work. The occupants choose their representatives and we manage as best we can until we leave. Then, they hold new elections.”

      “350 people live here. Women, men, in all kinds of situations. They can stay between a year to two and a half years. Most stay between 5 to 6 months. There is no governmental aid nor aid from international organizations. We must organize and cover all our expenses. We hope the Greek government won’t use any kind of force against us, but we think the Greek people will be on our side, the camp has existed for over 35 years. The PKK is well known locally, and so are the Kurds. The Turkish government has exerted pressure on the Greek government in an attempt to destroy this camp. We make a local contribution to the Greek economy by buying from the local bakery, and from the local shops. The Greeks are also suffering from a financial crisis, but we try to link up with the local people. We try not to be too much of a bother. We know we are in their country, that we are guests here.”

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      “We’re not here for the fun of it.”

      He continues: “We’re not here for the fun of it. If there is war in our country, it is because of international powers, but we don’t judge the peoples of Europe. We would also love to be living in our country. The biggest need is for an official recognition of this camp, there are people from all four parts of Kurdistan here. We would wish to obtain the status of a refugee camp despite the attacks from the Turkish State. We do not wish to live in camps with people who joined ISIS. Three of our activists were murdered by the Turkish State in the heart of Paris, we don’t want to see that happening here. They still have a list of people they want killed, our occupants are afraid. And we want to protect them. This is why we want this official status. Refugees have rights, we ask international organizations to recognize us. The people here are not children of wealthy ones but we try to live in dignity. If they imagine they will make us back down by starving us to death, they are mistaken I don’t want to go into the details of our insufficiency of funds. As is the case for every woman, man, child, baby and young person, the people here have the same needs. Food, hygiene, everything you need to live with dignity, do we have all that? Of course not, but we try to live with minimal conditions. I have been here for 5 months. In Kurdistan, I was responsible for the BDP in Bitlis3. They wanted to jail me, I had to flee. Perhaps we were not brave enough to fight,” he concludes with a bitter smile.

      We find many elected members of the HDP or of the BDP like Sedat in the camp. The story of each of the occupants in the camp in worthy of a novel. We meet several young people who had to leave Kurdistan because they were threatened with several years in jail for having upheld the use of the Kurdish language, for having participated in demonstrations, others for their political, cultural and social involvement.

      As a whole, the families from Rojava are less politically aware. They have fled from war, and have often lost members of their family. The camp is also a refuge for several women who had to flee alone with their children. For all of them the road was hazardous.

      Mohammed relates : “We fled from Damascus. We arrived in Cizire,4then in Qamislo5for work. Then we passed over into South Kurdistan in Duhok, then into Turkey. We walked for over 9 hours. Once in Turkey, they asked us for 900 Turkey lira to take us to Istanbul? We stayed over 15 days over there. We went to Edirne,6my children had nothing left to eat. The police saw us and told us to to away, to go away from there. All they wanted was to get rid of us. We stayed with someone for two nights, and crossed the river to the other side around 7PM. We went through the forest. You have to be quick or else you never get through. We walked for a for long time. We have been here for 3 months. I don’t know when we will leave. When we will get out of here. The Assad government sentenced me to 6 years in jail, if only they told me I wouldn’t be sentenced, I would go straight back to Qamislo.”
      Self-governance and daily management

      Even more than the precarious living conditions, the hardest for the refugees is dealing with the waiting and the boredom that settles over them along with the feeling of no longer having any grip over the course of events. Despite the days that stretch out, all of them hang on to the hope of rapidly finding a way to reach the country of their destination.

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      For them, Greece is nothing but a transit station. Uncertainty about the future keeps them from investing fully in the present moment. Starting an activity in the camp, learning Greek, launching a project with an objective in the middle term, would be acknowledging that the wait may be long, thus pushing further into the future the goal they gave themselves when they took the hard decision to leave – a choice that was no such thing when the alternative was either prison or death; an expensive choice also, smugglers demanding several thousand euros at each stage of the journey, eliminating by the same token the ones who can’t afford to leave. Far from family and friends, the exiles’ morale gets eroded as the months go by, even if friendships are born in the camp between people sharing common histories and cultures. Reunions also, on occasion, with old companions from the struggle or from university.

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      Every week, the occupants of each room meet to criticize and self-criticize, and to discuss ways to improve the organization. This is also the time for resolving any tensions that may have cropped up: so-and-so did not wash the dishes when it was his turn to do so, another stayed in bed past noon… Or to express one’s unhappiness, as did G. who talks about the depressing time at New Year’s, far from his family, after spending six months waiting, and seeing no end to it. Each room then designates a representative to the camp’s general assembly which chooses the elected committee for the overall organization. This system is based on that of democratic confederalism, the PKK’s political paradigm since 2005, which aims at organizing society in assemblies, from the lowest rung, known as the commune, to the largest. Within the camp, each room thus corresponds to a commune.

      The youth committee also attempts to organize activities. Discussion sessions and debates are held four days a week. The passing months see different celebrations or commemorations. In December, for instance, a ceremony was organized to honor the martyrs of Roboski and, a few days later, a large section of the camp got involved in organizing the New Year celebration, a rare moment of collective relaxation.

      The rest of the time, the exiles relieve the boredom from morning till night by walking around the camp or by seaside and by drinking tea or coffee in the vicinity. Some go fishing early in the morning, others go to Athens for a few days to settle administrative formalities, to walk around or to visit acquaintances who have chosen to live there in one of the many self-administered squats in town. The Kurdish movement participated in the opening of City Plaza, notably, one of the most developed reception centers for exiles.

      A lot of discussions occur in the camp, around everything and nothing, over news from Kurdistan, but mostly about ways to leave. Upon arriving in Greece, the exiles spend a few days in custody, after which they are given a paper informing them they must make an appointment to file a request for asylum. This official request often takes over a year to be processed, and the ones making the request are mostly political cadres to whom the Party forbids clandestine passages. The others seek clandestine means for leaving Greece and filing their request in another country. The Dublin III Rule stipulates that the asylum request must be processed in the country where it is first registered, a way for France and Germany to avoid dealing with exiles who arrived through other countries. However, none of the exiles wish to stay in Greece.

      Since smugglers are forbidden access to the camp, the exiles contact them by phone. The smugglers send them photos of dozens of IDs from all European countries. Everyone then tries to find one with a face resembling his own. These are sold several thousand euros, with uncertain outcomes; several have tried to get through the controls with them, only to get caught. Others think to leave on foot, with or without smugglers, but failures are even greater that way. End of 2017, the situation became even harder with reinforced border controls. Siyar, who has been in the camp for 3 months, puts at only fifteen people or so the number of those who have managed to get through.

      The exiles head where their family ties are or, failing those, where they have friends. Germany, Switzerland and Sweden are the destinations of choice. For many, France has maintained an image of sympathy towards the Kurds, but it has been largely tarnished by the conditions it has reserved to migrants these last years. Moreover, learning the language is complicated. For the younger ones hope to master the language of their host country as soon as possible in order to pick up their studies or their professional activity.

      If the search for better living conditions spurs on most of the exiles, many also see it as a way to continue their political struggle sheltered from repression.

      As is the case in the cultural sector, for Hassan, a young literature professor who had to run out of his classroom to avoid arrest for upholding the use of the Kurdish tongue. The young man hopes to go on working for the recognition and development of the zaza dialect. In pedagogy, as for Dilek* who was destined for teaching until the police tried to force her into becoming an informer, threatening her with heavy jail sentences when she refused. Or to make known the PKK’s struggle, as for Fırat* : “I’ve been here for 3 months. I want to continue my activities in Europe. After living the Kurdish reality, it is essential to talk about it, to share our project. This is a moral duty for every Kurd. We must tell our story to the world. We must explain what is going on, we must tell of the sufferings, widen the struggle. (…) Democratic confederalism must not only take root only in Rojava, it must spread to the whole world. It may evolve in Rojava, but it must go on improving. It must not be limited to that area, but must spread to the four corners of Kurdistan. It is thus my duty to explain why I am here, it is my responsibility as a Kurd. We must fight for our people, for democratic confederalism.”

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      https://www.kedistan.net/2018/03/07/lavrio-self-governed-camp-kurdish-exiles

  • Reconnaissance faciale au lycée : l’expérimentation avant la généralisation
    https://www.laquadrature.net/2018/12/19/reconnaissance-faciale-au-lycee-lexperimentation-avant-la-generalisati

    Le 14 décembre dernier, le Conseil Régional de PACA a voté une mesure visant à faire installer, à partir de 2019, des dispositifs de reconnaissance faciale à l’entrée de deux lycées de Nice et de…

    #Surveillance

  • #Lycée_viticole d’#Amboise : des réfugiés en formation pour devenir #vignerons

    Ils sont neuf, originaires du Soudan, d’Afghanistan et d’Érythrée et sont réfugiés en France. Depuis la rentrée de septembre, ils sont en formation au lycée viticole d’Amboise pour devenir #ouvrier_viticole. Une formation de 8 mois avec déjà une entreprise prête à les accueillir.


    https://www.francebleu.fr/infos/education/lycee-viticole-d-amboise-des-refugies-en-formation-pour-devenir-vignerons
    #intégration_professionnelle #travail #formation #réfugiés #asile #migrations #France

  • Mouvement lycéen : une cartographie inédite, Mattea Battaglia et Camille Stromboni
    https://www.lemonde.fr/education/article/2018/12/13/mouvement-lyceen-une-cartographie-inedite_5396741_1473685.html

    L’effervescence, partie de la province et des petites villes, ne se structure pas selon les schémas traditionnels de mobilisation de la #jeunesse. On parle d’un réveil des enfants des « #gilets_jaunes ».

    Les enseignants l’admettent volontiers : la mobilisation lycéenne qui s’est déployée dans le sillage des « gilets jaunes » les a pris de court. Pas seulement par la contagion rapide d’une académie à l’autre – jusqu’à 470 #lycées ont été perturbés sur 4 000 au total, dont 2 500 publics. Pas seulement par son installation dans la durée (deux semaines de #blocages) ou par ses excès de violence localisés [et ses #violences_policières généralisées, ndc] , d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) à Orléans (Loiret) en passant par Blagnac (Haute-Garonne) ou Mantes-la-Jolie (Yvelines).

    Ce qui interpelle les observateurs de ce mouvement de jeunesse, qu’ils soient sociologues, proviseurs ou chercheurs, c’est bien sa géographie, alors qu’une nouvelle journée de #mobilisation s’annonce ce vendredi. Quelques exemples suffisent à dessiner ses contours inédits. A Paris, les grands lycées de l’Est – ceux du cours de Vincennes dans le 20e arrondissement notamment – n’ont pas joué le rôle moteur qu’ils endossent habituellement, contre la loi travail, la loi Fillon, le lycée Darcos, le contrat première embauche (CPE)… A Rouen, les chemins empruntés par les lycéens sont eux aussi venus rebattre la carte habituelle des mobilisations : plutôt que des établissements « bourgeois » de la rive droite, les premiers défilés sont partis des lycées plus populaires, de la rive gauche.

    Les « enfants des “gilets jaunes” » ?

    Les autres exemples avancés se résument, souvent, aux noms de villes de taille moyenne qui, jour après jour, ont vu leur jeunesse faire les gros titres de la presse locale : à Digne-les-Bains, chef-lieu des Alpes-de-Haute-Provence, un millier de lycéens sont descendus dans la rue. A Cambrai (Nord), ils étaient 600 à manifester. A Dijon, en Côte-d’Or, on en a recensé 200 devant le rectorat…

    Est-ce une mobilisation des « enfants des “gilets jaunes” » ? Le réveil d’une frange de la jeunesse qui partage, avec ses parents, des fins de mois difficiles et un sentiment de déclassement ? C’est l’une des grilles d’analyse retenues. « Sur les ronds-points s’observe une cohésion intergénérationnelle, défend Michelle Zancarini-Fournel, historienne. On voit des #jeunes rejoindre des #retraités, c’est suffisamment rare pour être souligné. »

    Nous l’avons vérifié dans plusieurs académies – dont Lille, Montpellier et Marseille – en épluchant la presse quotidienne régionale, en sollicitant les rectorats, mais aussi, au cas par cas, les personnels des établissements bloqués.

    Dans l’académie de Lille, aux côtés des élèves lillois – ceux du lycée international Montebello, bloqué à répétition –, la jeunesse de Denain et de Liévin a, elle aussi, donné de la voix, parfois en endossant un gilet jaune, alors que le mouvement débutait à peine, le 30 novembre. Les lycéens de Cambrai, de Coudekerque-Branche, ou, dans le Pas-de-Calais, de Lens ou d’Oignies ont ensuite rejoint le mouvement, au fil de plusieurs journées de mobilisation nationale – lundi 3 décembre, jeudi 6, vendredi 7 ou encore le « mardi noir » du 11 décembre. « Se font entendre des territoires périurbains souvent très défavorisés, qui peinent à se relever de la crise de l’industrie, constate un universitaire lillois qui a souhaité garder l’anonymat [? ndc]. C’est relativement inédit. »

    « Deux logiques se superposent »

    On assiste à une possible « inversion des déclencheurs du mouvement », avance l’historien Claude Lelièvre : « L’effervescence n’est pas à Paris. Elle est en province et dans les petites #villes, ce qui ne veut pas dire qu’elle est périphérique », souligne-t-il.

    Autour de Montpellier, parmi les premiers établissements mobilisés, se sont illustrés un #lycée_d’enseignement_professionnel agricole à Frontignan (Hérault) et un centre de #formation des #apprentis à Rodilhan (Gard). Devant ce CFA, le 5 décembre, une quarantaine d’#élèves ont installé un « barrage filtrant » en soutien aux « gilets jaunes ». Dans la foulée, plusieurs établissements nîmois se sont mobilisés. Le 7, le mouvement s’étendait, dans l’Hérault, à Montpellier, Lodève, Lunel, Agde, Sète…

    Face aux débordements, la rectrice, Béatrice Gilles – anciennement en poste à Créteil – a appelé les #lycéens au calme. « Ce sont des zones très pauvres, très désocialisées que l’on voit s’animer, confirme l’universitaire montpelliérain Yann Bisiou. Pendant ce temps-là, certains grands lycées de Montpellier ne bougent pas. »

    Il y a, depuis Mai 68, une forme de régularité dans la construction des mouvements de jeunesse qui semble aujourd’hui s’infléchir, abonde l’enseignant-chercheur Vincent Troger. « Un mouvement se déclenche toujours soit contre une réforme éducative, soit pour rejoindre une contestation sociale, explique-t-il. Dans le cas présent, les deux logiques se superposent. L’originalité est aussi là. » A Nantes, où il enseigne, Vincent Troger a ainsi le sentiment que plusieurs « lycées de la périphérie », contrairement aux mobilisations antérieures, ont joué le rôle de « moteurs ».

    « L’étincelle est partie des #filières technologiques [cf. la lutte contre le contrat d’insertion professionnel (CIP) qui prévoyait en 1994 un salaire égal à 80 % du salaire de référence pour le spas insérés", jeunes, ndc] »

    A Béziers (Hérault), Bruno Modica, professeur d’histoire, constate que la « vague » s’est élancée des lycées professionnels et polyvalents avant de gagner le centre-ville. « Ce sont les enfants des villages périphériques de Béziers qui se font entendre, dit-il, et pas les jeunes politisés ou les casseurs professionnels. »

    Des casseurs, on a pu en voir à l’œuvre dans les académies de Créteil, Versailles et Toulouse notamment, là où l’institution a comptabilisé le plus de blocages ayant dégénéré. « Que les établissements de banlieue autour de moi se mobilisent, en soi, ça ne me surprend pas, confie un enseignant d’Aubervilliers, lui-même mobilisé. Mais à ce point-là, c’est du jamais-vu en éducation prioritaire depuis une dizaine d’années. »
    Au sein même des lycées, c’est sur le profil des jeunes engagés qu’insiste Stéphane Rio, enseignant d’histoire à Marseille. « L’étincelle est partie des filières technologiques, de manière rapide et éruptive », témoigne-t-il. Ce professeur dit avoir d’abord vu sur les blocus des jeunes peu politisés, parlant autant d’eux que de leurs parents. Des adolescents qui n’ont pas toujours les codes des « bons élèves », ne réclament pas d’« AG », ne veulent pas nécessairement rejoindre les défilés. « Ils prônent le blocage pur et simple, observe-t-il, pour tenir le lycée comme on tient un rond-point. »

    A la tête d’un lycée de Liévin (Pas-de-Calais), devant lequel une centaine de jeunes se sont relayés durant huit jours, ce proviseur ne dit pas autre chose : « Ce ne sont pas nos jeunes intellos qui sont en première ligne », lâche-t-il.

    « Une crainte commune »

    Dans l’académie de Marseille, où les débordements ont poussé à la fermeture préventive d’au moins cinq établissements, la jeunesse s’est d’abord illustrée à Martigues avant de battre le pavé dans la cité phocéenne, Aix, Gardanne, etc.

    Ici comme ailleurs, disent les syndicalistes, il semble qu’un tournant ait été pris dans le sillage des interpellations de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et des images des 151 jeunes agenouillés, les mains sur la tête, qui ont inondé les réseaux sociaux le 6 décembre.

    Depuis, à écouter les enseignants, le mot d’ordre « proprement lycéens » résonne plus haut. « Les jeunesses se sont unies, reprend Stéphane Rio, pour dire leur crainte commune : que les réformes en cours – celles du lycée, du bac, de Parcoursup – accroissent des inégalités dont ils seront les premières victimes. »
    « Le bac ne sera plus le même selon les établissements », martèlent-ils d’un blocage à l’autre. Et la sélection à l’entrée de l’université les laissera « sur le carreau ».

    Ça sent quand même ce 68 que j’ai pas vécu, la libération de la parole et la prise de parti, la découverte de ce que les singularités créent de collectif si la situation s’y prête. Ça rappelle ces belles manifs qui comme l’ouvrier marche d’atelier en atelier dans et contre l’usine lycéens et collégiens manifestaient d’un établissement scolaire à l’autre, du technique au général ; ça rappelle La horde d’or, ce moment de la fin des ’60 où ceux qui étaient confinés aux formations techniques et professionnelles ont été mêlés aux étudiants, entrainant un bordel général qui a mis en cause toutes les fonctions productives
    #scolarisés
    http://ordadoro.info/?q=content/«-un-poignard-dans-le-cœur-de-la-ville-capitaliste-»

    • Lycéens et étudiants rejoignent les « gilets jaunes » dans le rejet de la Macronie, Violaine Morin

      « Qui ne saute pas est macroniste ! » Sur le quai de la ligne 4, à la station de métro Châtelet à Paris, un groupe de lycéens survoltés bondit comme un seul homme. On croise quelques élèves de Charlemagne, un établissement du 4e arrondissement, souvent « en pointe » dans les contestations lycéennes. Direction la place Saint-Michel, où quelques groupes peignent des banderoles étalées sur le sol en attendant midi, l’heure du rassemblement à l’appel de trois syndicats, l’Union nationale lycéenne (UNL), la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) et le Syndicat général des lycéens (SGL).

      La bouche de métro déverse, à intervalles réguliers, des grappes de jeunes gens qui viennent grossir les rangs. Dix jours après le début de la contestation, les lycéens seront 2 600, selon la Préfecture de police, à manifester, mardi 11 décembre, pour 450 lycées perturbés dans toute la France – parmi lesquels 60 sont bloqués sur plus de 2 500, selon un bilan du ministère de l’éducation nationale communiqué à la mi-journée. Dans une ambiance festive, les manifestants entonnent des slogans classiques. Pour rappeler des souvenirs aux lycéens de n’importe quelle génération, il suffit d’insérer le nom du ministre de leur jeunesse – François Fillon, Claude Allègre – devant les mots « si tu savais, ta réforme, ta réforme… »

      Mais ici, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a cédé la place à Emmanuel Macron, comme si la personne du président de la République cristallisait toutes les passions de ce mouvement qui tente de profiter de l’élan des « gilets jaunes ». « Ni les professeurs ni les étrangers, c’est Macron qu’il faut virer », scandent les jeunes, en alternant avec « Macron, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ». Le ministre, pourtant à la manœuvre de trois chantiers parmi ceux qui forment les points de crispation – la réforme du baccalauréat, Parcoursup et les suppressions de postes dans le second degré –, est le grand « absent » de la manifestation qui doit cheminer jusque sous ses fenêtres.

      Au-delà de ce rejet collectif, les lycéens tombent difficilement d’accord sur les mots d’ordre. « Les mouvements de jeunesse souffrent souvent de n’être pas assez clairs et pas assez unis », concède Tito, en 1re au lycée Fénelon. Pour pallier ce problème, deux assemblées générales ont été organisées dans son établissement afin de définir « pourquoi on manifeste ». L’ensemble des revendications tient donc en un slogan, répété tout l’après-midi : « Contre Parcoursup, allez allez, contre le nouveau bac, allez allez, contre le SNU [service national universel], allez allez. » Mais dans le détail, les préoccupations varient selon les profils et les âges.
      Les élèves de banlieue, venus souvent avec leurs enseignants, s’inquiètent d’un baccalauréat « dévalué » par rapport à celui des lycées de centre-ville. Younes, en 1re au lycée Angela-Davis de la Plaine Saint-Denis, craint que ses amis de 2de, qui seront les premiers à passer le nouveau bac – composé d’un contrôle continu et de quatre épreuves terminales –, n’obtiennent un diplôme au rabais. « Je viens d’un quartier défavorisé où on a la réputation de vouloir tout brûler, plaide-t-il. Notre bac ne vaudra pas la même chose que celui des beaux quartiers. »

      Chenoa, élève de 2de à Noisy-le-Grand, se sent un peu à l’abri de cette « dévaluation » dans son lycée international sélectif. Elle fera partie de la première génération du baccalauréat « nouvelle formule ». Pour elle, cette réforme est « bâclée ». La jeune fille ne « comprend même pas » comment devront s’organiser ses choix pour l’année prochaine, alors que la carte des spécialités disponibles dans chaque lycée doit être annoncée fin décembre – un calendrier accéléré, semble-t-il, pour apaiser les inquiétudes des lycéens.

      Les étudiants, eux, se sont joint au rassemblement des lycéens après une assemblée générale tenue dans la matinée sur la place de la Sorbonne. Salomé et ses camarades, inscrites en licence d’espagnol à Paris-IV, veulent « prêter main-forte » aux lycéens. Mais les étudiants tentent de mobiliser sur leurs propres dossiers, par exemple sur la hausse des frais de scolarité pour les étrangers. « On est contents que les lycéens se soient mobilisés, tempère Salomé. On ne veut pas faire passer nos revendications avant les leurs, aujourd’hui, on est là pour eux. »

      Mais pourquoi ne pas être descendus dans la rue avant ? Parcoursup a connu sa première saison cet été, la réforme du bac est sur les rails depuis le printemps… De toute évidence, l’occasion offerte par la contestation des « gilets jaunes » était trop belle pour ne pas tenter de s’en saisir, même si les manifestants se défendent de tout opportunisme. « Ils ont réussi à mobiliser et cela a créé de l’espoir », analyse Tito, le lycéen de Fénelon.
      Les plus militants s’en remettent aux précédents historiques de la convergence des luttes entre étudiants et travailleurs. « La force sociale des “gilets jaunes” est incontestable, il faut en profiter », juge Léo, étudiant en philosophie à Paris-I. Partout dans le cortège, on entend des accents communs avec les revendications des « gilets jaunes », sur ce gouvernement qui ne prête qu’aux riches, ce service public qui souffre, ces manifestants brimés.

      L’interpellation musclée des lycéens de Mantes-la-Jolie (Yvelines), alignés à genoux sur le sol, le 6 décembre, est évoquée plusieurs fois. La vidéo, qui a fait le tour des réseaux sociaux, a choqué la communauté éducative. « On ne peut pas laisser faire ça », enrage un enseignant d’Aubervilliers. A plusieurs reprises, les manifestants se mettront à genoux sur la chaussée, mains sur la tête. Julien, un élève de 1re ES de la Plaine Saint-Denis à qui l’on demande s’il n’a pas peur devant de telles images, répond que lui et ses camarades s’efforcent de maintenir un blocus pacifique. « Bien sûr que j’ai peur que ça devienne violent, ajoute-t-il après un temps de réflexion. Et en même temps, si je ne fais rien, qui va le faire pour moi ? »

  • Vérité et Justice pour #Pascal_Verrier

    A la fin du mois d’août 2018, Pascal Verrier, professeur de philosophie au #lycée_Montaigne à #Paris a appris par un arrêté ministériel qu’il était mis à la #retraite_d’office. Il s’agit d’une #sanction de la plus haute gravité équivalente à une #révocation. Le fait est rarissime et touche une personne qui a enseigné pendant trente huit ans sans jamais avoir été inquiété d’aucune manière. Le préjudice moral et matériel est énorme.

    Outre l’atteinte à sa dignité, il devra vivre d’une retraite de mille trois cent quatre vingt euros net jusqu’à la fin de sa vie, presque la moitié de ce à quoi il aurait eu droit s’il avait pu terminer sa carrière.
    Le ministère reconnaît que ce type de sanction est réservé à des cas extrêmes, trafic de stupéfiants, violences, harcèlement, insulte et outrage. Or Pascal Verrier n’a jamais commis aucun de ces délits.

    Que lui est il donc reproché pour subir une #sanction aussi violente et exceptionnelle ?

    L’enquête menée contre lui se focalise sur certains propos qui auraient été tenus en présence d’élèves. Pourtant, la commission disciplinaire rectorale qui s’est réunie pour examiner son cas au mois de juin 2018 a estimé, une fois entendus les nombreux témoins présents et pris en compte les témoignages écrits et les documents présentés pour sa défense, que rien de ce qui lui avait été reproché ne valait d’être sanctionné ne serait-ce que d’un avertissement. Mieux encore, les nombreux témoignages d’élèves réfutent l’existence même de ces propos.

    Le #Directeur_Général_des_Ressources_Humaines (#DGRH) du ministère de l’éducation nationale a pourtant décidé de passer outre l’avis de cette commission et il s’est prononcé pour sa mise à la retraite d’office sur la base d’un dossier vide de faits en ne prenant en compte que les éléments à charge produits par sa direction.

    On ne peut que s’interroger sur les raisons qui ont poussé le ministre de l’éducation nationale à s’en prendre avec une telle violence à Pascal Verrier.

    Est-ce le militant dérangeant, connu pour ses engagements politiques et syndicaux, fondateur de la fédération de l’éducation du #Syndicat_Unitaire_et_Démocratique (#SUD) et élu du personnel, que l’on a voulu faire taire ?

    Est-ce le professeur intransigeant refusant d’adapter ses notes et ses appréciations aux désirs des élèves dont les parents sont influents dans un prestigieux lycée parisien et qui revendique sa liberté de ton et d’esprit, que l’on a voulu abattre ?

    Pascal Verrier a décidé de se défendre jusqu’au bout afin de démontrer le caractère fallacieux des accusations qui lui sont faites et de dénoncer le caractère politique et inique de cette procédure et de cette décision qui le frappe. Il réclame d’être rétabli dans son poste, son honneur et ses droits.

    Il est de plus soutenu dans son combat par plusieurs pétitions et motions votées par des centaines de collègues et nombre d’anciens élèves ainsi que par l’Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public (APPEP), la Confédération Française de l’Encadrement Confédération Générale des Cadres (CFE CGC), la Confédération Générale du Travail (CGT), la CGT Force Ouvrière, le Syndicat National de l’Enseignement Secondaire (SNES) de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) et la Fédération de l’Education de SUD.

    Son comité de soutien a ainsi créé une caisse de solidarité que nous vous proposons d’abonder.

    En signant cette pétition je l’assure de tout mon soutien.

    Comité de Soutien à Pascal Verrier

    http://fischer02003.over-blog.com/2018/10/petition-pour-pascal-verrier.html
    #enseignement #France

    • L’acharnement contre Pascal Verrier continue !

      Grâce aux nombreux et généreux dons recueillis au moyen de la cagnotte de soutien en ligne, le comité a pu doter Pascal d’un avocat choisi avec soin et réputé en particulier pour ses compétences en droit public : Maître Benoit ARVIS.

      Il a déposé un recours au Conseil Supérieur de la fonction publique ainsi qu’au Tribunal administratif. Il a également déposé un référé suspension contre l’arrêté qui actait la mise à la retraite d’office de Pascal Verrier.

      Premier acte de cette bataille juridique : le 7 novembre dernier, après avoir entendu les anciens élèves de Pascal Verrier témoins des faits et consulté les nombreuses pièces du dossier, le juge des référés a fait droit à notre requête et exigé la réintégration de Pascal Verrier dans sa fonction à compter du 6 décembre 2018. L’un des 13 motifs d’annulation de la décision du ministère se prononçait même sur le fond du dossier ( ce qui n’est en rien nécessaire), relevant le caractère disproportionné de la sanction.

      Le Ministère n’ayant pas fait appel, nous avons pu nous réjouir de cette première victoire.

      C’est donc avec confiance que le comité, l’avocat et le commissaire paritaire du syndicat Sud éducation ont accompagné Pascal à une convocation au Rectorat le 10 décembre dernier.

      Nous pensions qu’il s’agissait d’envisager les conditions de son retour en fonction. Or, il se vit remettre une notification ministérielle de sanction nouvelle.

      Le nouvel arrêté exécute le référé en le réintégrant fictivement du 7 novembre au 10 décembre mais en l’excluant sans traitement dès le lendemain pour 18 mois dont 12 avec sursis.

      Nous sommes là dans une situation inédite qui a conduit l’avocat à rédiger immédiatement trois recours dont un nouveau référé-suspension en urgence.

      Pascal subit en effet l’infliction brutale d’une sanction disciplinaire par un procédé inique car seulement destiné à faire échec à l’exécution d’une décision de la justice administrative.

      Par cette résistance abusive le Ministère entend anticonstitutionnellement que soit donnée à une décision administrative (l’arrêté d’exclusion du 10 décembre 2018), une force exécutoire supérieure à celle d’une décision juridictionnelle (l’ordonnance du 7 novembre 2018).

      L’arrêté du 10 décembre a en outre été adopté en violation du principe de non cumul des sanctions (non bis in idem). En effet, ajouter à la première sanction de mise à la retraite d’office, une sanction d’exclusion temporaire de 18 mois est radicalement illégal.

      Le Comité de soutien à Pascal Verrier

      https://www.sudeducation.org/L-acharnement-contre-Pascal-Verrier-continue.html

  • L’#habitus pour les nuls : plonger dans un lycée élitiste pour comprendre (enfin) de quoi parlait Bourdieu

    Si la notion d’habitus vous a souvent intimidé ou collé la migraine quand on cite Bourdieu ou même Durkheim, découvrez le #documentaire de #Julie_Gavras au #lycée parisien Victor Duruy, qui donne à voir des réussites scolaires ou des façons de parler comme des héritages limpides.


    https://www.franceculture.fr/sociologie/lhabitus-pour-les-nuls
    #élite #France #éducation #enseignement #lycée_Victor_Duruy #Paris #film

    • Les bonnes conditions

      Pendant près de quinze ans, la réalisatrice Julie Gavras a suivi huit adolescents des quartiers chics. Un portrait par l’intime des futures élites, à rebrousse-poil des #stéréotypes.

      Ils sont enfants de bijoutiers, de publicitaires ou de directeurs financiers. Nés avec une cuillère en argent dans la bouche, ils en ont aussi les #problèmes spécifiques : pression de la réussite, exemple intimidant de leurs parents, activités extrascolaires chronophages… Quelle est la part de #déterminisme_social dans leurs pensées, leurs #aspirations, leur quotidien ? Que leur a-t-on transmis, que veulent-ils perpétuer ? Pendant près de quinze ans, Julie Gavras a suivi d’anciens élèves du lycée Victor-Duruy dans le très chic 7e arrondissement de Paris, accompagnée d’Emmanuelle Tricoire, leur professeure d’histoire-géographie. De leurs 16 ans jusqu’à la veille de leurs 30 ans, la réalisatrice les a retrouvés chaque année, de 2003 à 2016, pour consigner leurs confidences, donnant à voir – de l’intérieur – une facette de la reproduction des élites.

      Premières fois
      D’une durée exceptionnelle, le tournage a favorisé le rapport de confiance et le libre cours de la parole, permettant de filmer au plus près ces « primo-arrivants » dans la vie active. D’où la variété des portraits, bienveillants sans être complaisants, intimes sans voyeurisme. À travers eux, le documentaire donne à voir cette décennie déterminante de la vie, période universelle des « premières fois » : amours, voyages, appartements, travail... Chaque fragment de vie s’insère dans un puzzle, dessinant peu à peu les contours d’une classe sociale aisée, rarement représentée à l’écran de façon juste. Tout autant miroir d’une époque, avec ses tendances et son contexte particulier, ce travail de longue haleine s’attaque aux stéréotypes et se regarde comme une saga miniature, ménageant un certain suspense : seront-ils fidèles à leur « bonne condition » ?

      https://www.arte.tv/fr/videos/066346-000-A/les-bonnes-conditions
      #classes_sociales #reproduction_sociale #adolescence #héritage #bourgeoisie

  • Le #fascisme à l’état gazeux. Récit et #croquis des comparutions immédiates suite à l’occupation du lycée Arago

    Une épizootie globale contamine inexorablement l’ensemble des espèces qui ont choisi de faire du devenir-mercantile l’alpha et l’oméga de toutes les relations. Qu’on l’appelle « autoritarisme électoral », « techno-populisme », « dictature de l’extrême-centre », « semi-démocratie », « tournant autoritaire », « monarchie élective », ces expressions disent toutes le processus d’une fascisation en cours. Comme le disait Camus : « Le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses » [1].

    Ce fascisme à l’état gazeux s’exhibe dans tout son faste aux audiences d’un tribunal flambant neuf : le TGI de Paris-Batignolles. Celui-ci a été construit par la société Bouygues en un temps record sur un projet de l’architecte du Centre Georges Pompidou : Renzo Piano. Le « geste symbolique » de Piano, (selon l’expression des critiques) mélange avant-garde et gardes à vue, proposant une machine à juger qui combine élégamment justice industrielle et hôpital général de l’ancien régime version 2.0. L’impeccable modernisme du bâtiment blanc porte une utopie concrète : l’ambition de soigner définitivement déviants, professionnels du désordre, délinquants, escrocs, hors-la-loi, exclus, exilés et manifestants gagnés par la rage et les fièvres protestataires de toutes sortes. Il s’agit d’abord de protéger d’une épidémie. Commémoration oblige, cette tour hygiéniste au design soigné ambitionne d’être au fascisme chic des années 2018, ce que le centre Pompidou a été au modernisme des années 68. Ce phare est le symbole autant que le symptôme du fascisme à l’état gazeux.
    À des fins de redressement moral, afin de démontrer aussi l’efficacité avant-gardiste de la gestion des foules à la française (avec son inimitable système de garde à vue) c’est ici qu’ont été déférés et jetés dans des culs-de-basse-fosse soixante adolescents mineurs (et autant de majeurs). Car être déféré devant un tribunal après quarante-huit heures de garde à vue pour avoir occupé un lycée (qui était parfois son propre lycée) pendant moins d’une demi-heure, voilà qui ne s’était jamais vu dans les archives judiciaires d’aucune société démocratique. Au sein de ce gigantisme, les salles d’audience de ce temple n’acceptent que quinze personnes seulement, c’est du moins ce que m’annoncent dix policiers en arme à l’entrée. Dans la salle, un groupe de jeunes femmes fait donc maintenant face au juge qui leur intime l’ordre de se lever puis de se rassoir deux heures durant, comme à la messe. « -Levez-vous ! (tous se lèvent) « –Voilà c’est bien. » fait le président. Quel est l’objet de ce rituel étrange ?
    Aucune de ces jeunes-filles n’a de condamnations, aucune n’a de casier judiciaire. Les « assaillantes » sont pourtant accusées d’être « entrées de vive force » (sic) dans le Lycée Arago, en bousculant le gardien qui leur avait « gentiment ouvert la porte ». Comme sous l’effet d’une attaque terroriste à laquelle ils se seraient longuement préparés, les enseignants se sont immédiatement enfermés dans la salle des professeurs, le proviseur a appelé la police. L’examen de personnalité de ces curieuses accusées révèle un parcours criminel singulier. « -Pourquoi êtes-vous venu de Corse, madame G. ? » « -Pour faire un doctorat de sociologie à Paris, je le complète en ce moment par un diplôme d’ingénieur agronome (en cours) » « -Ah, bien, bien, bien… » répond le président pensif. On leur reproche d’avoir d’emblée refusé des prélèvements ADN, « alors qu’il ne s’agit que d’un simple coton » explique le juge. Il en profite pour plaider que c’est là l’indice certain d’une récidive possible, voire imminente. Au moment des faits, la plupart des accusées portaient sur elles un sac à dos, un Kway, un téléphone portable, des clefs, et même un passe Navigo, et de fait, la « marée humaine » du lendemain est une manifestation qui promettait son content de banques saccagées, si l’on relâchait les accusées.

    À la pointe des dernières technologies, la police scientifique apporte maintenant un faisceau d’indices accablants : des photos savamment sous-exposées (clair-obscur dramatique et mystérieuse pénombre, façon Caravage ou Georges de La Tour) sont projetées au mur de la salle d’audience. Sur l’une d’elles, quelques dossiers trainent à terre : la photo est légendée « objets manipulés ». Un autre cliché montre un masque chirurgical, une tasse à café qui semble en apesanteur, des cotons de maquillage et des cendriers à même le sol, ce sont là des « dégradations ». Une serrure a été forcée, un trousseau de clefs a été subtilisé, il aurait permis d’ouvrir des portes.

    Autant le président semble hésitant, autant le procureur paraît jeune. On ne le sent pas très sûr de lui. D’emblée, il se laisse aller à dire que les accusées ont toutes fait beaucoup plus d’études que lui. Mais il doit très vite incarner le méchant du film, alors il tente d’assumer un rôle auquel il n’est pas préparé. Pour donner le change, l’air sombre, il surjoue et s’emballe : « Ces jeunes gens ont fait des études brillantes, on pourrait penser que cela implique un certain respect de la loi, du bien et du mal, eh bien non parce qu’elles refusent les empreintes génétiques, ce qui implique un risque de réitération de fait ». Un tag est projeté : « N.T.R., Arago, même combat ». Quelle mystérieuse solidarité relie maintenant les N.T.R. les « Nique ta race », ceux qui n’ont le respect de rien et ces intellos précaires ? Abyssale question. On sent le même genre de désarroi que dans les propos récents de Gérard Collomb qui affirme : « Ce qui est étonnant, c’est que les blacks blocks puissent intervenir au milieu d’une foule qui finalement ne réagit pas ». Est-ce le signe de l’éternel retour, à l’ère de l’Iphone, de ces classes dangereuses, ces misérables qui s’abandonnaient –à la fin de la Restauration - « à toutes les haines, toutes les violences, toutes les violations ». On perçoit le sentiment d’une insécurité fondamentale dans leurs propos, comme si aujourd’hui, le grand fleuve souterrain d’une archaïque révolte, d’un crime social collectif refaisait surface, niant toute logique de progrès.

    « Et pourquoi récidiveraient-elles ? » demande un avocat. Le président, quant à lui, a son explication : « -C’est la convergence des luttes ! » avance-il-doctement. Le concept semble désigner dans sa bouche quelque chose qui serait la possibilité de réitération d’infraction et la rechute d’une maladie grave. A l’âge biopolitique, le tribunal est un hôpital, sa fonction prophylactique c’est de prévoir l’imprévisible, et surtout, de guérir de la possibilité même de tout imprévisible pour que chacun puisse continuer de consommer en paix. Pourquoi diable des jeunes-gens diplômés manifestent-ils contre Parcoursup ? Pourquoi refusent-ils qu’on transforme les universités en annexe du Pôle emploi (CV, Lettres de motivation, etc…) ?

    S’il y a délit d’intrusion, pour ces jeunes, la peine a déjà été exécutée puisqu’ils ont subi une garde à vue interminable et humiliante. Que reste-t-il à juger après que la police ait énoncé et fait exécuter la sanction. Quand la police se prend pour la justice, toute séparation des pouvoirs s’effondre, l’état de droit sombre. A quoi bon la justice si la police s’est déjà prononcée et fait exécuter quarante-huit heures de détention ? La vice-présidente a compris la situation, elle se tait, consternée, humiliée. Acculé par les ordres du ministère, le tribunal a été pris au piège. Le voilà maintenant condamné au ridicule, puisqu’il n’est que la chambre d’enregistrement des décisions de police. En tant que prof de fac, un capitaine de gendarmerie m’a demandé de dénoncer des « bloqueurs d’examen », quand tout le monde devient flic, la fascisation des esprits prend définitivement corps. Ce fascisme à l’état gazeux n’est plus un fascisme de parade, ce techno-populisme est passé « de la chair à canon à la pâte à informer » comme le disait Gilles Châtelet [2] ; mais surtout la numérisation a permis un développement sans précédent du contrôle social. C’est la raison pour laquelle la collusion de la répression politique et des dispositifs anti-terroristes ont pu user des mêmes dispositions juridiques à l’échelle planétaire. Des processus de gouvernance, de surveillance et de répression circulent à l’échelle globale. Police, justice, pouvoir politique passent maintenant l’un dans l’autre comme s’interpénètrent des gaz.

    Le fascisme à l’état gazeux est une manière de brouiller volontairement les cartes pour réprimer et intimider au mépris de l’état de droit. C’est la raison pour laquelle, les avocats n’auront aucun mal à démontrer (mais un peu tard) que non seulement le dossier est vide, mais que le risque de récidive est nul. Ce procès est « infiniment politique », les accusées ont une conscience plus grande de l’état de droit et de la justice sociale que ceux qui ont combiné cette machination judiciaire.

    Dans le grand bâtiment vide de Renzo Piano, inauguré en grande pompe au mois d’avril 2018 par François Molins -procureur de la République de Paris-, les robocops surveillent une accusée. Un ange passe, celle-ci s’évade en rêve. Dans ces lieux, l’amateur de promenades architecturales ne peut que penser à la « casa del Fascio », construite à Côme (Italie) par Giuseppe Terragni. Elle partage avec la salle des pas perdus du bâtiment de Renzo Piano une même esthétique du vide. Le bâtiment de Terragni a été simultanément une icône du mouvement moderne en architecture et un joyau de l’architecture mussolinienne. Ce qui pose la question de la fascination techniciste que le fascisme à l’état gazeux partage avec le futurisme et le modernisme. La passion politique et policière du gaz lacrymogène n’est-elle pas la parfaite métaphore de ce fascisme à l’état gazeux ? Si le macronisme est l’autre nom du vide, c’est peut-être une des raisons pour lesquelles, il se répand partout comme un gaz suffoquant, ne ménageant aucune échappatoire possible. Mais c’est un gaz à la fois inflammable… et explosif.


    https://lundi.am/Le-fascisme-a-l-etat-gazeux
    #arago #lycée_arago #parcours_sup #parcoursup #France #dessins

  • Attaqué par des militants « se réclamant du GUD », le lycée autogéré de Paris porte plainte
    Romain Herreros, Huffington Post, le 25 mars 2018
    https://www.huffingtonpost.fr/2018/03/25/attaque-par-des-militants-se-reclamant-du-gud-le-lycee-autogere-de-pa

    #Paris #milices_fascistes #lycée_autogéré #GUD

    #répression violente coordonnée dans les #universités en #France ? Liste ici :
    https://seenthis.net/messages/679256

  • 50 ans après le 22 mars 1968 : #répression violente coordonnée dans les #universités en #France ? Ils veulent recommencer #mai_68 ou le #fascisme de 1928 ?

    #recension :

    #Toulouse (#flics) :
    https://seenthis.net/messages/678981
    https://seenthis.net/messages/693354

    #Grenoble (#flics et #fachos) :
    https://seenthis.net/messages/678989
    https://seenthis.net/messages/679212
    https://seenthis.net/messages/682451
    https://seenthis.net/messages/689394
    https://seenthis.net/messages/689755
    https://seenthis.net/messages/690723

    #Montpellier (#milices_fascistes) :
    https://seenthis.net/messages/679029
    https://seenthis.net/messages/679073
    https://seenthis.net/messages/679117
    https://seenthis.net/messages/679206
    https://seenthis.net/messages/679406
    https://seenthis.net/messages/679721
    https://seenthis.net/messages/680045
    https://seenthis.net/messages/680287
    https://seenthis.net/messages/680319
    https://seenthis.net/messages/680868
    https://seenthis.net/messages/683854

    #Strasbourg (#flics et #milices_fascistes) :
    https://seenthis.net/messages/679151
    https://seenthis.net/messages/681346

    #Lille (#CRS et #milices_fascistes) :
    https://seenthis.net/messages/679247
    https://seenthis.net/messages/679565
    https://seenthis.net/messages/679787
    https://seenthis.net/messages/680506
    https://seenthis.net/messages/681401
    https://seenthis.net/messages/687645

    #Paris (#milices_fascistes et #flics) :
    https://twitter.com/lautogere/status/976791851142385664/photo/1
    https://seenthis.net/messages/679301
    https://seenthis.net/messages/680788
    https://seenthis.net/messages/682422
    https://seenthis.net/messages/682475
    https://seenthis.net/messages/683823
    https://seenthis.net/messages/687853
    https://seenthis.net/messages/687903
    https://seenthis.net/messages/688513
    https://seenthis.net/messages/688897
    https://seenthis.net/messages/689394
    https://seenthis.net/messages/689595
    https://seenthis.net/messages/693367
    https://seenthis.net/messages/693589
    https://seenthis.net/messages/695399
    https://seenthis.net/messages/695499

    et aussi ce qui concerne le #lycée #Arago à Paris (#flics). Quelques liens :
    https://seenthis.net/messages/696783
    https://seenthis.net/messages/696803
    https://seenthis.net/messages/696895
    https://seenthis.net/messages/697030
    https://seenthis.net/messages/697374
    https://seenthis.net/messages/698202
    https://seenthis.net/messages/701382

    #Bordeaux (#flics)
    https://seenthis.net/messages/680892

    #Dijon (#flics)
    https://dijoncter.info/?recit-de-l-occupation-de-la-maison-de-l-universite-104

    #Nantes :
    https://seenthis.net/messages/676910
    https://seenthis.net/messages/676986
    https://seenthis.net/messages/678173
    https://seenthis.net/messages/678961
    https://seenthis.net/messages/680559
    https://seenthis.net/messages/680565
    https://seenthis.net/messages/682630
    https://seenthis.net/messages/687845
    https://seenthis.net/messages/671718 (enseignants sanctionnés, voir ci dessous)

    #Nice :
    https://seenthis.net/messages/683418

    #Lyon (#flics) :
    https://seenthis.net/messages/682713
    https://seenthis.net/messages/687159
    https://seenthis.net/messages/689506
    https://seenthis.net/messages/694806

    #Marseille :
    https://seenthis.net/messages/683755

    #Nancy (#flics)
    https://seenthis.net/messages/692614

    A propos de la montée de l’extrême droite en France et de ses pratiques de plus en plus violentes :
    https://seenthis.net/messages/684368
    https://seenthis.net/messages/684448

    A propos de la répression étatique grandissante du mouvement social en France :
    https://seenthis.net/messages/699900
    https://seenthis.net/messages/700734
    https://seenthis.net/messages/700734

    Ailleurs qu’en France :
    https://seenthis.net/messages/701194

    Articles globaux :
    https://seenthis.net/messages/688187
    https://seenthis.net/messages/713881

    Dans le cadre des #Gilets_Jaunes (décembre 2018) :
    https://seenthis.net/messages/737434
    https://seenthis.net/messages/741687
    https://seenthis.net/messages/741773
    https://seenthis.net/messages/741813
    https://seenthis.net/messages/741924
    https://seenthis.net/messages/741959
    https://seenthis.net/messages/744912
    https://seenthis.net/messages/746449

    https://www.youtube.com/watch?v=053igl9JC8A

    #CRS #Violence_policière #Violences_policières #brutalité_policière #complicité_police_milice_fasciste #extrême_droite

    • Pétel Pétain (Montpellier)
      https://lepressoir-info.org/spip.php?article1196

      Durant l’après-midi et le début de soirée, une vingtaine de personnes est restée dans l’amphithéâtre, proférant insultes et menaces. « Cette nuit, ne dormez que d’un oeil » ; « Faudra pas se plaindre une fois aux urgences ».

      L’un des occupants a alors été pris à partie et frappé par certains d’entre eux, menés par le professeur d’université en droit de la santé M. François Vialla.

      Le doyen de l’université Phillipe Pétel a, tout le long de l’occupation, encouragé ce petit groupe d’étudiants à perturber celle-ci. Suite au refus de sa demande d’intervention policière par la préfecture, le ton monte : « vous nous prenez en otage, nous allons devoir répondre » s’exclame M. Pétel.

      « Pris en otage », par une centaine d’étudiants et de travailleurs, qui ont occupé pacifiquement un amphithéâtre pour s’organiser conjointement contre la série de loi scélérate de destruction du service public portée par le gouvernement Macron.

      Entre minuit et une heure, le doyen et ses adjoints contactent des étudiants en droit qui participaient à l’occupation, leur demandant de quitter l’amphithéâtre « avant que ça chauffe ». Dans les minutes qui suivent, une dizaine d’individus cagoulés, armés de bâtons et de taser le rejoint dans un coin du hall central.

      #Manifs ce vendredi à Toulouse, Rennes, Paris, ...
      #Occupations à Bordeaux, Lille...

      Appel à manifester et agir le 28 mars, fac de droit occupée de Lille
      https://twitter.com/LilleInsurgee/status/977307094062858243
      https://pbs.twimg.com/media/DZAWz80WAAAul-j.jpg:large

      #étudiants_en_lutte #AG_inter_sectorielle

    • French university protests threaten to spread after violence | World news
      Angelique Chrisafis, The Guardian, le 26 mars 2018
      https://seenthis.net/messages/680045

      Violences à la fac de Montpellier : qui sont les vrais coupables ?
      François-Xavier Lucas, Le Figaro, le 26 mars 2018
      https://seenthis.net/messages/680287

      Peste brune à la fac de Montpellier
      Émilien Urbach, L’Humanité, le 26 mars, 2018
      https://seenthis.net/messages/680319

      La mobilisation étudiante se renforce malgré la répression
      Baptiste Giraud et Maxime Lerolle, Reporterre, le 27 mars 2018
      https://seenthis.net/messages/680281

      Des étudiants de Lille 2 agressés par des militants d’extrême droite après une Assemblée Générale
      Quentin Vasseur, France Info, le 27 mars 2018
      https://seenthis.net/messages/680506

    • Reçu avec ce commentaire sur la liste GeoTamTam :

      D’après cette carte jointe (source J. LeMazier) le mouvement étudiant de protestation contre la loi ORE et qui semblait limité à quelques universités métropolitaines se diffuse . Il concerne désormais Paris et des universités de taille plus restreinte (Nîmes, Le Mans) avec des traditions plus limitées de combativité.

      La tendance est clairement à l’extension nationale.

      L’agression de Montpellier joue-t-elle un rôle ? Il est probable que le niveau central a essayé de calmer le jeu en poussant très vite Pétel à la démission et sans doute en empêchant l’enterrement des plaintes par le parquet local. Mais en dépit de cette recherche d’apaisement et parce qu’il dépasse le cadre strict de cette affaire, le mouvement continue à s’étendre. Il faudrait désormais ajouter Nancy à la carte.

    • Un splendide isolement. Les politiques françaises du maintien de l’ordre

      Tandis qu’en France, la police tenue pour coupable d’acharnement appelle à un rassemblement contre la « haine anti-flics », en Allemagne, en Suède, en Suisse, l’interaction entre police et manifestants se distingue par la maîtrise et le dialogue. La police française résiste aux nouveaux modèles de maintien de l’ordre, articulés autour de la notion de désescalade. O. Fillieule et F. Jobard expliquent les raisons de ce retranchement doctrinal.

      http://www.laviedesidees.fr/Un-splendide-isolement.html
      Un article qui date de mai 2016, relayé ces jours sur twitter par Edwy Plenel, avec ce commentaire :

      « De toutes les manifestations du pouvoir, celle qui impressionne le plus les hommes, c’est la retenue » (Thucydide). En ces temps de manifestations étudiantes, relire cette instructive étude comparative sur le maintien de l’ordre

      https://twitter.com/edwyplenel/status/980008123976036353

    • #Nantes : la fac est à nous, la fac est à toi et moi
      https://seenthis.net/messages/680565

      [Nantes - Agenda des luttes] Pour une montée en puissance du #mouvement social
      https://seenthis.net/messages/680559

      [Nantes] 22 mars : début d’une #lutte prolongée ?
      https://seenthis.net/messages/678961

      #Nantes:occupations d’amphis en soutien à Toulouse
      https://seenthis.net/messages/678173

      [16 mars - #Nantes] La situation à la fac après quatre jours de blocage
      https://seenthis.net/messages/676986

      #Nantes, 15 mars, éclaircies dans un ciel gris ?
      https://seenthis.net/messages/676910

      /.../ et y’en a surement d’autres aussi depuis mais on dirait que le flux ne marche plus depuis 5 jours ?

    • #Grenoble : un bâtiment de la fac bloqué

      La mobilisation contre #Parcoursup prend de l’ampleur sur le campus de l’agglomération grenobloise.

      La mobilisation contre la loi Orientation réussite étudiante (#ORE) et son fameux Parcoursup a franchi un cap, jeudi matin, à l’université Grenoble Alpes (UGA). Pour la première fois, un bâtiment universitaire, l’UFR Arts et sciences humaines, a été bloqué. Devant le bâtiment vide et fermé aux entrées obstruées par des poubelles et des grilles, une assemblée générale (AG) a eu lieu jeudi matin, suivie par plusieurs centaines d’étudiants (400 selon l’Unef). L’#occupation du lieu a été votée pour en faire « le quartier général » de la mobilisation, ainsi que le blocage, à partir de lundi matin, du bâtiment principal de la faculté de lettres et langues. Pour Joris Rouillon, président de l’Unef Grenoble « la mobilisation prend clairement de l’ampleur à Grenoble ces dernières semaines ». L’Unef soutient les décisions de blocage et d’occupation prises par l’AG, « à condition que cela se passe dans les meilleures conditions et que le bâtiment occupé devienne un lieu de débats ».

      L’université, dans un communiqué publié à la mi-journée, a estimé qu’il s’agit « d’un mouvement de protestation très isolé », que « le reste du campus n’est pas impacté par ce mouvement » et indique que « les cours ont lieu normalement ». Dans l’après-midi, les étudiants chargés de mettre en application les décisions de l’AG, face aux portes fermées de l’UFR et à l’absence de réponse de l’université à leur demande de remise des clefs, ont décidé de ne pas investir les lieux face à la perspective probable d’un recours aux forces de l’ordre pour les évacuer.

      « Vols et propos outrageux »

      Le blocage « simple » de l’UFR des arts et sciences humaines continuera vendredi et sera étendu à partir de lundi au bâtiment principal de la fac de lettres et langues. Ce bras de fer intervient dans un contexte tendu, après une occupation des locaux de la présidence de l’UGA par les étudiants, mardi après-midi, qui s’est prolongée en soirée. Selon l’UGA, « le bâtiment de la Présidence a été envahi puis saccagé par des individus dont certains avaient le visage dissimulé. De nombreux dégâts matériels, vols et propos outrageux ont été recensés ». L’UGA estime à 20 000 euros les dégâts, a porté plainte et condamné « avec la plus grande fermeté ces actes de violences ».

      Côté étudiant, on explique que l’occupation « courtoise » décidée en AG, s’est déroulée dans le calme, sans dégâts tout l’après-midi et on s’interroge sur l’ampleur réelle des dégâts annoncés. « Ce qui s’est passé après la fin de l’occupation étudiante, en début de soirée, sont des actes individuels que nous ne soutenons pas », insiste le syndicat Solidaires étudiants Grenoble. L’Unef « condamne toute forme de dégradation » et « regrette ce qui s’est passé », tout en indiquant que le président de l’université, Patrick Lévy, devait « rendre des comptes ».

      Au-delà de la loi ORE, les étudiants grenoblois sont mobilisés contre Patrick Lévy et demandent sa démission. Ils lui reprochent d’avoir demandé à la préfecture de l’Isère, le 22 mars dernier, l’évacuation d’un colloque sur l’agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), organisé sur le campus et envahis par des étudiants et militants protestataires. L’évacuation musclée par la police a été qualifiée de « violente » par les étudiants qui déplorent quatre blessés soignés à l’hôpital, dont deux pour des plaies ouvertes.

      http://www.liberation.fr/france/2018/04/05/grenoble-un-batiment-de-la-fac-bloque_1641355

    • Depuis la fac de Tolbiac occupée, dont on peut suivre l’actualité sur Commune libre de Tolbiac :https://twitter.com/TolbiacLibre, deux #vidéo marrantes et critiques
      Parodie d’émission tv :
      https://www.facebook.com/Grozeille.co/posts/2037828256469842
      Auto-conférence de presse avec masques et chien
      https://www.facebook.com/Paris1Deter/videos/1804222176546044

      Une vue de l’attaque d’hier
      https://twitter.com/TolbiacLibre/status/982376528599232512
      ils avaient emmenés avec eux un reporter (ex FN)
      https://www.facebook.com/taranisnews/videos/2050679391812238

      Après avoir dûment commémoré 68, la présidence de la fac de Nanterre refuse de laisser des locaux disponibles pour la coordination nationale de ce week-end, via @paris
      https://paris-luttes.info/le-president-de-l-universite-de-9915

    • Une milice d’extrême droite attaque l’université bloquée de Paris I :

      Six personnes en garde à vue après des échauffourées au site de Tolbiac de l’université Paris-I
      Le Monde, le 7 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/683823

      Fac de droit de Montpellier :

      Jean-Luc Coronel de Boissezon s’explique, six jours après sa mise en examen
      Guillaume Roulland, France Bleu Hérault, le 4 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/683854

    • Les enseignants précaires de l’université disent leur ras-le-bol

      Doctorants ou même déjà titulaires d’un doctorat, ils enchaînent les vacations en attendant un poste, parfois pour 1 000 euros par mois. Les collectifs de défense se multiplient dans les établissements.

      http://www.lemonde.fr/campus/article/2018/04/06/les-enseignants-precaires-de-l-universite-disent-leur-ras-le-bol_5281438_440
      #travail #précariat #précarisation #précarité

    • A propos de la montée de l’extrême droite en France et de ses pratiques de plus en plus violentes :

      Forces de l’ordre liées à l’ultra-droite violente : la DGSI s’inquiète
      Matthieu Suc et Marine Turchi, Médiapart, le 9 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/684368

      Fachos 2.0 ou comment les idées d’extrême droite se répandent jusque chez vous
      Stéphane François, The Conversation, le 9 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/684448

    • Urgent. Le gouvernement aurait donné l’ordre de débloquer les facs coûte que coûte

      Une coïncidence, la vague de répression actuelle contre les facs bloquées ? Pas du tout. Au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal aurait donné l’ordre aux présidents d’université de faire débloquer l’ensemble des sites mobilisés par tous les moyens nécessaires, y compris par la force.


      http://www.revolutionpermanente.fr/Urgent-Le-gouvernement-aurait-donne-l-ordre-de-debloquer-les-fa

    • Nantes et #ParcoursSup :

      Parcoursup : à l’université de Nantes, devant le refus de trier les dossiers, la présidence riposte
      Laura Taillandier, L’Etudiant, le 17 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/687845

      Paris :

      Sexe, drogue et violence : Brenard de la Villederrière est de retour à Tolbiac
      Tolbiac Automedia, Youtube, le 18 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/687853

      https://www.youtube.com/watch?v=Lo6xe3cfIVY

      Dénonçant la « dictature macronienne », des élèves bloquent l’accès à Sciences Po
      Soazig Le Nevé, Le Monde, le 18 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/687903

    • Les étudiant·e·s ont raison de se révolter contre l’ordre de la sélection et de la répression

      250 universitaires dont Etienne Balibar, Ludivine Bantigny, Stéphane Beaud, Frédéric Lordon, Toni Negri, Judith Revel, Danièle Linhart, Michèle Riot-Sarcey, Alessandro Stella... s’insurgent de la répression à l’œuvre aujourd’hui sur les campus. « Les mêmes arguments ou presque, un demi-siècle après 68, sont resservis, pour faire sonner l’heure de la matraque et discréditer la jeunesse » relèvent-ils.

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/180418/les-etudiant-e-s-ont-raison-de-se-revolter-contre-l-ordre-de-la-sele

    • Un étudiant a été grièvement blessé lors de l’évacuation très violente de #Tolbiac par la police

      L’évacuation de la faculté de Tolbiac, vendredi matin, s’est déroulée dans une extrême violence de la part de la police. Un étudiant, déséquilibré par un policier, est tombé de plusieurs mètres de hauteur. Il est grièvement blessé.

      (...) Récit de l’accident, que vous retrouverez à la fin de l’article : Désiré*, présent depuis neuf jours, rapporte les détails de l’accident : « On s’échappait par les toits, à l’arrière du bâtiment, pour descendre dans une petite rue à côté. Les gars de la BAC [Brigade anti-criminalité] étaient à nos trousses. Un camarade a voulu enjamber le parapet pour se laisser glisser le long du mur. Un baqueux lui a chopé la cheville. Ç’a l’a déséquilibré, et le camarade est tombé du haut du toit, en plein sur le nez. On a voulu le réanimer. Il ne bougeait pas. Du sang sortait de ses oreilles… » Désiré* et ses camarades ont aussitôt appelé les pompiers, « en courant ». Emmené par les pompiers, dans un état d’inconscience, on ne sait pas dans quel hôpital il se trouve. Quoi qu’il en soit, la rue où a eu lieu sa chute demeure barrée par la police. Désiré*, qui est allé y jeter un coup d’œil, revient, fulminant de rage : « Les enfoirés ! Ils ont effacé toutes les traces de sang ! »

      https://reporterre.net/Un-etudiant-a-ete-grievement-blesse-lors-de-l-evacuation-tres-violente-d

    • Evacuation de l’université de Tolbiac : un étudiant annoncé gravement blessé

      Lors de l’évacuation par la police du site universitaire de Tolbiac à Paris, ce vendredi 20 avril à l’aube, un étudiant s’est grièvement blessé à la tête, annonce à « Marianne » la représentante de l’Unef dans cette université. Le préfecture maintient de son côté qu’il n’y a eu aucun blessé.

      https://www.marianne.net/societe/evacuation-de-l-universite-de-tolbiac-paris-un-etudiant-annonce-gravement-

    • Question(-piège) envoyée via formulaire électronique par le président de mon université...

      No comment.

      « Êtes-vous favorable à la liberté d’accès aux bâtiments des étudiants et des personnels permettant notamment la mise en œuvre des examens dans des conditions normales à l’Université Grenoble Alpes ? »

      Réponses proposées : "Oui, je suis favorable" "Non, je ne suis pas favorable" "Je ne me prononce pas »

      Je répète. No comment.

    • Rassemblement de soutien à Tolbiac
      Indymedia Grenoble, le 20 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/689394

      Blessé grave à Tolbiac : un témoin avoue avoir menti, le site « Reporterre » rétropédale
      Libération, le 24 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/689595

      « Une ligne rouge a été franchie par l’équipe présidentielle », un membre du Conseil d’Administration de Lyon 2 démissionne
      Bernard Bouché, Rebellyon, le 25 avril 2018
      https://seenthis.net/messages/689506

    • Réponse des étudiant·es de Strasbourg à une question qui leur a été posée dans un sondage... j’imagine que c’est le même genre de questions à laquelle on a eu droit à l’Université de Grenoble.


      https://twitter.com/MHoussayH/status/988860257056247808

      Pour rappel, « notre » question :

      « Êtes-vous favorable à la liberté d’accès aux bâtiments des étudiants et des personnels permettant notamment la mise en œuvre des examens dans des conditions normales à l’Université Grenoble Alpes ? »

    • Université Grenoble-Alpes : étudiants et enseignants grévistes prévoient de nouveaux blocages

      FIL INFO – Un millier de personnes, étudiants et personnels confondus, se sont réunies ce mardi 24 avril en assemblée générale afin de discuter des suites de la mobilisation contre la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants (Ore). Outre le boycott du vote électronique, ils ont voté la poursuite des actions de blocages.


      https://www.placegrenet.fr/2018/04/24/universite-grenoble-alpes-etudiants-enseignants-grevistes-prevoient-de-nouveaux-blocages/187719

    • L’Université en danger : la situation est grave !

      La Coordination nationale des universités, réunie à Paris le samedi 5 mai 2018, a rassemblé des représentant.e.s de 38 établissements de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La CNU appelle à la grève illimitée jusqu’au retrait de la loi ORE, à l’arrêt de la répression policière dans les universités et à la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour la rentrée 2018.

      https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/050518/l-universite-en-danger-la-situation-est-grave

    • Ce matin, violences policières sur le campus de Grenoble...

      Ici une vidéo, partagée sur FB, du coup, je ne sais pas si tout le monde y a accès :
      https://www.facebook.com/nicolas.marlin.73/videos/2062844813730002
      https://twitter.com/NMarlin_/status/993389402121482241
      Mais je ne sais pas comment faire autrement pour partager la vidéo...

      Dans tous les cas, ici 2 témoignages, reçus par email, d’enseignants-chercheurs de l’UGA, que j’ai anonymisé :

      Cher YYY,

      En tant que directeur du département d’histoire, et attentif au fait que les étudiants victimes des brutalités policières ce matin étaient en partie des étudiants d’histoire et que l’étudiant victime de menaces de mort est, si je ne me trompe pas, un étudiant d’histoire, je suis très inquiet.

      J’ai affiché publiquement mon hostilité viscérale à la présence policière sur un campus universitaire, qui ne fait qu’envenimer la situation, et les faits semblent malheureusement me donner raison.

      Je souhaiterais donc - et je pense être le porte-parole de mes collègues historiens - que tu sollicites la Présidence pour avoir des explications concernant les événements inqualifiables qui se sont déroulés ce matin à la galerie des amphis et les violences subies par les étudiants, qui pour partie sont des étudiants d’histoire dont j’ai la charge et qui sont en principe sous ma protection. Je souhaite aussi que le cas de l ’étudiant Tordjman, que j’ai eu en cours et qui a été menacé de mort, soit sérieusement pris en compte par la Présidence.

      Je tiens aussi à te remercier de n’avoir jamais, parfois contre vents et marées, sollicité les dites « forces de l’ordre » ou, pire encore, les vigiles, sinistres et coûteuses milices d’une époque nauséabonde, pour pacifier - je ne trouve pas d’autre terme - l’ARSH. C’est tout en ton honneur, et en l’honneur des personnes, dignes, qui t’entourent.

      Bien amicalement,
      XXX

      –-----------------------

      Chers tous,

      Je voudrais m’insurger à mon tour contre l’usage qui a été délibérément fait de la violence ce matin contre des étudiants qui n’opposaient aucune résistance et ne manifestaient aucune violence. Je peux d’autant plus l’affirmer et en être choqué que j’étais, pour un examen de licence 3, présent devant le bâtiment. Devant des policiers visiblement venus pour en découdre, les étudiants n’ont jamais montré une quelconque agressivité. Une fois l’ordre d’intervenir donné, les policiers ont fait un usage de la force disproportionné, gazant à hauteur de visages tous les étudiants présents dans le périmètre (moi y compris) et ont agressé un étudiant qui n’y était pour rien, l’immobilisant en l’écrasant à plusieurs (pratique désormais interdite, il me semble) et l’emmenant le visage en sang. Lorsque devant ce déferlement de violence inutile, j’ai tenté de m’interposer pour protéger les étudiants menacés, j’ai reçu un coup de matraque, de bouclier et des insultes.J’aimerais que la présidence (le président, tout simplement) s’explique et m’explique la raison pour laquelle il donne l’ordre aux forces du désordre de venir agresser des étudiants et des enseignants sur le campus.
      J’ai encore le goût aigre des gazes lacrymogènes dans la gorge.
      Cordialement,

      ZZZZZ

    • Et, cerise sur le gâteau... voici un message que le président de l’université de Grenoble, Patrick Lévy, a envoyé aujourd’hui...
      A gerber !

      Nouvelle action de blocage violent pour empêcher la tenue d’examens - lundi 7 mai 2018

      Mesdames, Messieurs, Chers collègues,

      Ce matin, 580 étudiants de l’UFR ARSH et de l’UFR SHS étaient convoqués pour passer leurs partiels à la galerie des amphithéâtres, bâtiment Pierre Mendès France, sur le campus de Saint Martin d’Hères de l’Université Grenoble Alpes. Aux alentours de 6h30, une vingtaine de bloqueurs ont commencé à entraver les accès au bâtiment, en usant de violence à l’égard des agents de sécurité (envoi d’excréments notamment), ce qui a contribué à faire monter la tension. Ils ont ensuite fait savoir qu’ils étaient déterminés à rester.

      Au vu des tensions depuis plusieurs semaines entre bloqueurs et étudiants désireux de passer leurs examens, je ne pouvais laisser seuls face à face des bloqueurs et des étudiants qui souhaitent aller passer leurs examens. Aussi, j’ai demandé l’intervention des forces de police. Les bloqueurs ont souhaité rester malgré la présence des forces de l’ordre, et se sont volontairement affrontés avec les forces de police, entravant par là même le passage d’étudiants qui souhaitaient malgré tout intégrer le bâtiment (entrave vers l’accès au cordon de sécurité, insultes, etc.).

      Au regard de la tournure des événements, avec un niveau de tension croissant, il était devenu impossible de laisser les étudiants passer leurs examens à l’heure prévue. Pour les protéger, et compte tenu de l’état de stress dans lequel certains ont pu être mis – évidemment défavorable au passage de leur partiel, j’ai demandé le report des examens prévus à la galerie des amphithéâtres à 8h et à 11h. Les examens organisés dans les autres bâtiments, y compris le bâtiment Stendhal, se sont tous tenus sans problème.

      Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, je dénonce toute violence, notamment celle d’une trentaine de bloqueurs, empêchant le libre accès des personnels et de centaines d’étudiants à un bâtiment de l’université et ce faisant la tenue d’examens. Je réitère mon accord pour des discussions ouvertes et sereines, comme je le fais chaque semaine lors d’un échange avec les syndicats étudiants représentatifs.

      Afin de préserver la valeur des diplômes de l’Université et de respecter l’ensemble des étudiants, je réaffirme, comme exposé depuis le début des événements, qu’il n’y aura aucun aménagement d’épreuve. La Présidence mettra tout en œuvre avec l’appui de l’administration pour la tenue effective des examens tels que prévu dans le règlement des études de chaque diplôme.

      Bien cordialement,

      Patrick Lévy
      Président de l’Université Grenoble Alpes

    • Ta video marche meme si on a pas de compte facebook @cdb_77
      C’est dans cette fac qu’un prof ou membre du personnel cagoulé accompagné de néo-nazis est venu tabasser des élèves ? Le président à pas été suspendu pour une faute aussi grave ?

      edit : non c’etait à Montpellier.
      En tout cas ces présidents d’université on sais ce qu’illes auraient fait pendant l’occupation.

    • #Nancy : une loi antiterroriste utilisée contre le mouvement étudiant
      Stéphane Ortega, Rapports de Force, le 7 mai 2018
      https://seenthis.net/messages/692614

      À Nancy, un étudiant est poursuivi pour n’avoir pas donné le code PIN de son téléphone portable pendant sa garde à vue faisant suite à l’intervention de la police sur le campus le 3 mai. Il est accusé du refus de donner la clef d’un système de chiffrement ayant pu servir à la commission d’un délit. Une infraction inscrite dans la loi sur la sécurité quotidienne votée en France au lendemain des attentats du World Trade Center en 2001.

    • Une lettre adressée à la direction de l’ARSH (Arts et Sciences humaines) par une étudiante de l’Université de Grenoble (lettre que j’ai anonymisée) :

      Lettre adressée à la direction, l’administration et au corps professoral de l’ARSH concernant les évènements de Lundi matin contre des étudiants de l’ARSH. Par xxxx, Elue représentante étudiante de l’UFR ARSH, déléguée L3 Histoire, Présidente des Apprentis Chercheurs de l’ARSH, Apolitisée.

      Chère ARSH,
      « J’ai mal à mon Université. »
      En tant que représentante élue étudiante de l’UFR ARSH je me dois de réagir, sous la volonté des étudiants de l’UFR, à l’atteinte physique qui nous a été portée lundi matin devant la galerie des amphis et à donner voix et mots à notre communauté. Vous étiez nombreux à assister à cet évènement choquant et abusif. Il n’est plus question de politique ! Il n’est plus question de manifestants ou non manifestants ! La direction n’a pas fait de distinctions lorsqu’elle a ordonné cette intervention, elle a marché sur les libertés et les droits de chacun d’entre nous !
      Notre université fonctionne grâce à quatre principaux collaborateurs et à la teneur de leur relation : la direction, l’administration, le corps professoral, et le corps étudiant. J’aime ce mot : Relation, n’est-il pas bien commode ? Pour notre part la qualité de notre relation avec la direction est passée de médiocre, à exécrable ! Elle se résume à ceci : la direction de l’UGA a fait exactement ce qu’elle voulait faire au mépris de ses étudiants et de notre respect. Elle nous a donné rendez vous à une heure, une date et un lieu précis sur le campus pour passer un examen. Nous sommes venus, et nous nous sommes fait frapper et gazer. Il n’y a rien de plus à ajouter. Nous ne viendrons plus si c’est à cela que devons nous attendre.
      Quand un collaborateur nous tyrannise, ce n’est plus un collaborateur. Et comme un tyran ne comprend que la force, nous sommes prêts aujourd’hui à faire preuve de plus de force. La direction de l’Université se heurtait récemment à un groupe d’étudiants mobilisés pour la défense de leurs idées vis-à-vis d’une loi gouvernementale. A présent, qu’elle se prépare à se heurter à tous ses étudiants, ceux qui croient encore que nous sommes libres, ceux qui croient encore à un état de liberté, de justice et d’équité, et non de violence, ceux qui croient que nous ne sommes plus en sécurité ici, ceux qui sont blessés, outrés et scandalisés par cette intervention gratuite sur des innocents, ceux qui ont peur pour leur avenir et leurs partiels et qui ne comprennent pas pourquoi l’UGA n’est pas de leur côté, et ceux qui se battent depuis le début pour que Faculté et Egalité continuent de rimer. La direction de l’Université a en face d’elle non plus des étudiants dispersés et en désaccord, mais une seule et unique voix étudiante, celle qui crie sous vos matraques, celle qui crie colère, justice et liberté ! « Vives nos partiels, on aime se faire frapper ! ».
      Vives nos partiels, on aime se faire frapper !
      L’ensemble des élus étudiants de l’ARSH et les étudiants de l’ARSH s’accordent la plupart sous ces mots : Nombreux d’entre nous, arshiens, avons été atteint physiquement ou moralement par cette attaque. Direction de l’ARSH, administration de l’ARSH, professeurs de l’ARSH, êtes-vous de notre côté en ce temps de troubles où la direction de l’UGA ordonne ces violences ?
      Nous voici dans une situation complexe. La plupart des étudiants de l’ARSH ne veulent pas mettre en péril leurs examens et donc leur diplôme. Néanmoins, accepter de notre part de nous rendre sur les lieux des examens et à l’heure de notre convocation est d’une part un danger physique et d’autre part cela revient à accepter ce qu’il s’est passé lundi matin et à continuer d’assurer notre part du contrat avec la direction de l’UGA. Et cela, nous le refusons catégoriquement. J’espère que vous comprendrez. Par ailleurs, nous savons et reconnaissons l’immense courage, professionnalisme et entraide dont les professeurs et l’administration font preuve depuis le début de cette crise Grenobloise. Nous ne voulons pas nous positionner face à vous, mais avec vous. En respectant notre front contre la direction de l’UGA. Pour l’heure, comprenez que pour nous, nous rendre sur les lieux des convocations aux examens est en proie à plusieurs débats. Et nous paraît être, pour les raisons énoncées juste au-dessus, une très mauvaise chose. Comprenez aussi qu’en tant qu’élue étudiante non politisée, de la liste des Arshiens, je me suis entretenue avec des leaders du mouvement étudiants qui manifestent contre la loi ORE (appelés vulgairement « les bloqueurs ») afin d’assurer mon soutien et celui des étudiants de l’ARSH, non pas à leurs valeurs politiques, mais au refus et à l’opposition à la présente direction de l’UGA et ses méthodes d’agissements. Nous nous unissons contre un front commun, et pour se faire, la situation actuelle ne donne à la multitude (donc comprenant les étudiants lambda et non politisés et aussi les autres) que je représente, qu’une solution possible, semble-t-il ? Soutenir les actions contre l’UGA et refuser d’honorer notre part du contrat en tant qu’étudiant à l’Université Grenoble Alpes ? Nous sommes ouverts à la discussion, et je vous demande, chers tous, chers arshiens, de nous entendre et de répondre à mon dialogue afin que nous trouvions une solution pour la multitude arshienne. Les étudiants de l’ARSH que je représente, mes collègues, mes amis, sont inquiets et ont également envie de s’exprimer après ce Lundi. Je vous ai exposé nos positions. J’attends votre réponse, les étudiants de l’ARSH attendent votre réponse. Soyez assurés cependant, de la fermeté de nos décisions.
      Néanmoins, soyez assurés également que certain d’entre nous se sentent forcés de se rendre aux examens, et ils y iront. J’espère de tout mon coeur qui ne leur arrivera rien…

    • HALTE AUX VIOLENCES DU GOUVERNEMENT SUR LES CAMPUS UNIVERSITAIRES

      Dans le cadre du mouvement de protestation contre la loi Orientation et Réussite des Étudiants (loi dite ORE) et la sélection à l’entrée de l’université, les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises ces derniers mois (voir la liste des sites concernés ci-dessous) dans des locaux universitaires ou les campus, soit à la demande des président.e.s d’université, soit à la suite de décisions judiciaires.

      La fréquence et la violence de ces interventions sont inédites. Diurnes ou nocturnes, annoncées ou non, elles ont donné le plus souvent lieu à des coups de matraque, des gazages, des étouffements, des insultes à l’encontre des usagers et des personnels. Ces actes de violence physique et psychologique, qui peuvent laisser de graves séquelles, sont inacceptables et le SNESUP-FSU les condamne fermement.

      Par ailleurs, nous observons que les président.e.s d’université font de plus en plus appel à des sociétés privées de sécurité qui accomplissent sous leur autorité des tâches de maintien de l’ordre, dont certaines sont susceptibles de constituer des entorses à la loi : contrôles d’identité, filtrage des étudiants, déblocages de bâtiments, interdiction d’accès aux examens... Le SNESUP-FSU tient à rappeler que les vigiles, qui doivent être agréés et titulaires d’une carte professionnelle, peuvent effectuer une inspection visuelle des bagages à main, mais, non assermentés, ils ne sont pas autorisés à procéder à des contrôles d’identité. Rappelons plus généralement que selon les termes de l’article L613-2 du code de la sécurité intérieure il est interdit aux agents des sociétés privées de surveillance et de gardiennage de « s’immiscer, à quelque moment et sous quelque forme que ce soit, dans le déroulement d’un conflit du travail ou d’événements s’y rapportant ».

      La violence n’est pas une réponse acceptable à un mouvement social légitime et au défaut de dialogue, tant au niveau local que national. Ces interventions policières violentes ne visent pas à mettre fin à des troubles à l’ordre public, mais bel et bien à intimider celles et ceux qui aujourd’hui protestent de manière non violente contre la « casse » de l’enseignement supérieur et de la recherche publique. Cette violence révèle l’incapacité du Gouvernement à répondre aux revendications légitimement exprimées.

      Le SNESUP-FSU demande au Gouvernement de mettre fin à cet usage de la force publique et rappelle son attachement au respect des franchises universitaires. Les universités sont des lieux de débat où la violence ne peut être tolérée. Le SNESUP-FSU apporte tout son soutien aux victimes et demande la levée de toutes les poursuites intentées aux étudiant.e.s et personnels interpellé.e.s. n

      Liste – non exhaustive - des sites concernés par des interventions policières violentes :

      • Toulouse Le Mirail : 9 mai • Rennes-II : 2 mai • Nancy : 25 avril & 3 mai • Lyon-II : 13 avril • Nanterre : 10 avril • Lille : 9 avril • Tolbiac (Paris-I) : 7 avril • Nantes : 4 avril • Paul-Valery (Montpellier) : 23 mars • Grenoble-Alpes : 22 mars, 23 avril & 7 mai • Strasbourg : 22 mars & 4 avril • Dijon : 16 mars • La Victoire (Bordeaux) : 7 mars

      Message reçu via mailing-list du syndicat SNESUP, 11.05.2018

    • A propos de Grenoble, je tombe là dessus, mais j’anonymise aussi :
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      À Grenoble, ça continue…

      Après une consultation fantoche :

      “Êtes-vous favorable à la liberté d’accès aux bâtiments des étudiants et des personnels permettant notamment la mise en œuvre des examens dans les conditions normales à l’Université Grenoble Alpes ?”

      et plus que douteuse dans sa mise en place, la présidence assurant dans son invitation de vote (mail du 24 avril) :

      La consultation est organisée par des moyens électroniques permettant d’assurer l’anonymat des réponses. Elle fait l’objet d’une déclaration à la CNIL dans le respect des obligations informatiques et libertés. Les données seront conservées une semaine.

      Or, il s’avérerait que c’était un mensonge délibéré :
      https://www.facebook.com/LICORNEGrenoble/posts/1810852848952928

      La présidence semble s’être senti pousser des ailes avec les résultats de ce vote boycotté par la plupart des organisations syndicales (toutes ?). Elle a ainsi continué à dépenser sans compter pour "sécuriser" l’entrée de certains bâtiments en déployant des effectifs d’agents de sécurité privés jamais vus sur le campus.

      Une entrée tellement sécurisée que les entreprises contractées ne laissaient pas toujours entrer les enseignants-chercheurs.

      Mais comme ces effectifs exceptionnels ne sont pas toujours suffisant pour "la mise en œuvre des examens dans les conditions normales", les examens sont délocalisés, les enseignants en charge des examens étant parfois mis au courant du lieu de l’examen à peine 24h avant leur tenue.

      Mais comme ce n’est pas encore assez normal, la présidence a fait appel à la police à plusieurs reprises, par exemple le 3 mai.

      Encore plus normal, cette lettre d’un prof, le 7 mai :

      Je voudrais m’insurger à mon tour contre l’usage qui a été délibérément fait de la violence ce matin contre des étudiants qui n’opposaient aucune résistance et ne manifestaient aucune violence. Je peux d’autant plus l’affirmer et en être choqué que j’étais, pour un examen de licence 3, présent devant le bâtiment. Devant des policiers visiblement venus pour en découdre, les étudiants n’ont jamais montré une quelconque agressivité. Une fois l’ordre d’intervenir donné, les policiers ont fait un usage de la force disproportionné, gazant à hauteur de visages tous les étudiants présents dans le périmètre (moi y compris) et ont agressé un étudiant qui n’y était pour rien, l’immobilisant en l’écrasant à plusieurs (pratique désormais interdite, il me semble) et l’emmenant le visage en sang. Lorsque devant ce déferlement de violence inutile, j’ai tenté de m’interposer pour protéger les étudiants menacés, j’ai reçu un coup de matraque, de bouclier et des insultes.J’aimerais que la présidence (le président, tout simplement) s’explique et m’explique la raison pour laquelle il donne l’ordre aux forces du désordre de venir agresser des étudiants et des enseignants sur le campus.
      J’ai encore le goût aigre des gazes lacrymogènes dans la gorge.

      Voir aussi le point de vue étudiant :
      https://twitter.com/NMarlin_/status/993389402121482241

      De ce fait, nous commençons à nous organiser un peu moins peu… et quelques initiatives commencent à se mettre en place :
      http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article8306

      À part ça, tout va bien, Raphaël Enthoven et consort peuvent continuer à donner des leçons d’objectivité aux étudiants mobilisés…

    • Toulouse : l’étudiant grièvement blessé par la police témoigne
      Lundi Matin, le 10 mai 2018
      https://seenthis.net/messages/693354

      PARIS 8 OCCUPÉE : LES ÉTUDIANT-E-S DÉGAGENT UN FLIC DE LEUR FAC !
      Saint-Denis VIII Révolutionnaire, Facebook, le 10 mai 2018
      https://seenthis.net/messages/693367

      Paris 8 occupée : les étudiant-e-s dégagent un flic de leur AG !
      Paris-Luttes Info, le 11 mai 2018
      https://seenthis.net/messages/693589

    • Reçu via une mailing-list de personnels qui ont réagi aux violences policières de l’Université Grenoble Alpes (j’anonymise), 14.05.2018 :

      La question des tensions entre étudiants est en effet aussi à prendre en compte, sans la minorer : une poignée de personnes violentes (ce que les étudiants mobilisés contre la loi ORE ne sont pas), soutenues par l’#extrême_droite, comme on l’a vu dans d’autres universités, se manifeste de plus en plus régulièrement. Il semble que la présidence n’ait toujours pas porté plainte contre les tentatives d’incendie des jardins d’utopie. La question des examens est aussi une réflexion sur ce que nous pouvons faire pour ne pas créer des situations de tension.

    • Témoignage, reçu par email aujourd’hui, 14.05.2018. Témoignage que j’anonymise, comme coutume, et qui se rapporte aux événements du 7 mai sur le campus de Grenoble :

      Enseignant dans le secondaire et par ailleurs en reprise d’études, je faisais
      partie le 7 mai dernier des étudiants convoqués à leurs examens. Contrairement
      aux messages alarmistes répétés du président de l’université (qui n’était pas
      présent sur place), aucune tension n’était perceptible à mon arrivée vers 7H45
      et ce jusqu’à ce déploiement de violence inouïe de la part de forces de
      l’ordre à l’encontre d’étudiants totalement pacifiques. J’ai été (et je reste)
      profondément choqué et révolté devant un usage de la force totalement
      disproportionné : plusieurs policiers casqués, munis de matraques et de
      boucliers se ruant sans ménagement aucun (visiblement très pressés de « faire
      mal ») sur des étudiants pacifiques venus passer leurs partiels. Comme monsieur
      xxxxx, je m’insurge contre le traitement (non réglementaire d’ailleurs)
      infligé à un étudiant malmené à terre par plusieurs policiers faisant preuve
      d’un acharnement particulièrement choquant. J’ai également été amené à
      tranquilliser une étudiante particulièrement choquée et atteinte de manière
      sévère par des gaz lacrymogènes. J’ai aussi discuté avec un pompier soignant
      un de mes collègues étudiant tellement malmené qu’il en avait l’épaule démise
      (diagnostic du pompier) et je passe sur les étudiants ayant subis les gaz à
      hauteur de visage (là aussi, je doute que la déontologie policière soit
      respectée !!!) ou une autre tellement choquée qu’elle en vomissait.

    • L’université de Nanterre fera passer des examens en ligne, une AG étudiante s’y oppose

      Deux cents étudiants réunis en assemblée générale ont voté le blocage administratif de l’université pour empêcher que les partiels soient organisés à distance.


      http://www.lemonde.fr/campus/article/2018/05/15/l-universite-de-nanterre-fera-passer-des-examens-en-ligne-une-ag-etudiante-s

    • Universités : violences policières et privatisation de la sécurité

      Le gouvernement et de nombreux présidents d’université ont fait en moins de deux semaines le grand ménage de printemps sur les campus mobilisés. A coups de matraque et de « police privée » ! Universitaires et élus s’inquiètent ou s’insurgent. Billet écrit à quatre mains avec Isabelle Krzywkowski et publication de deux lettres ouvertes, de Grenoble et de Strasbourg.


      https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/160518/universites-violences-policieres-et-privatisation-de-la-securite

      https://www.youtube.com/watch?v=MtykzA_bQVs

    • Soutien à notre collègue chercheur et aux étudiant.e.s victimes de violences policières à l’EHESS le 1er mai
      L’IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux) Paris, le 14 mai 2018

      Le 1er mai 2018 vers 20h30, notre collègue Nicolas Jaoul, chercheur au CNRS (IRIS), ainsi que des étudiant.e.s, ont été victimes de violences policières attestées par différents témoignages écrits et audiovisuels. Elles/ils se trouvaient à l’EHESS au 96 boulevard Raspail, occupée depuis la veille par les étudiant.e.s, lorsque des manifestant.e.s poursuivi.e.s par des policiers se sont réfugié.e.s sur le site, aussitôt fermé par ses occupants et encerclé par la police. Nicolas Jaoul, qui cherchait une voie de sortie à l’arrière du bâtiment, s’est fait rouer de coups et mettre à terre par cinq agents de la police nationale en équipement anti-émeute. Alors qu’il n’opposait aucune résistance et déclinait son identité et sa fonction d’enseignant-chercheur, il a été insulté et a reçu des coups de pieds dans la tête. Les policiers l’ont menacé, lui disant qu’après ce qu’ils s’apprêtaient à lui faire subir, il « ne pourrait plus jamais se relever » et qu’ils allaient le « faire payer pour les étudiants », qui « font ça à cause de toutes les merdes » qu’il leur apprenait. Par ailleurs, une quinzaine de policiers, dans un état de rage manifeste, tentaient de forcer la porte cochère, bloquée de l’intérieur par les étudiants, qui ont reçu des coups de bâton-tonfa et des jets de gaz lacrymogène à quelques centimètres du visage. Les policiers se sont retirés après l’intervention sur place du Président et du bureau de l’EHESS, qui ont accepté de raccompagner jusqu’au métro les étudiant.e.s souhaitant sortir du site et inquiets de possibles représailles dans le quartier.

      De nombreux témoignages, y compris au sein du bureau de l’EHESS, soulignent l’état d’excitation des policiers, s’accordant à considérer que la résistance des étudiant.e.s empêchant l’accès du site à la police, puis l’intervention du Président ont évité ce soir-là des faits de violence dramatiques – une petite centaine d’étudiants étant encerclés, avec pour seule « échappatoire » l’échafaudage de chantier sur un bâtiment voisin.

      De nombreux membres de l’IRIS étudient et dénoncent depuis longtemps les mésusages de la force et le climat de violence discrétionnaire auxquels sont souvent confrontés les habitant.e.s des quartiers populaires, les migrant.e.s et les minorités racisées. A présent, cette violence s’exerce aussi dans nos universités. D’ailleurs, les répressions de manifestations ou d’occupations dans les universités de Grenoble, Strasbourg, Nanterre, Paris 1 ou encore Toulouse ces dernières semaines indiquent une routinisation de l’usage disproportionné de la force en première instance, sans préavis de dispersion ni aménagement de voie de retrait.

      La mission première de l’université est l’enseignement et la recherche, et cette mission s’est construite historiquement dans une perspective de liberté de pensée, de gratuité et d’ouverture sociale. Nous sommes aujourd’hui concernés par la remise en cause de ces principes, par les atteintes souvent violentes aux franchises universitaires, par la paupérisation de l’université et le tri social à l’entrée comme mode de gestion de l’insuffisance chronique de ressources.

      Dès lors, nous personnels, étudiant.e.s, chercheur.e.s, et enseignant.e.s-chercheur.e.s de l’IRIS, condamnons la politique de répression violente des mobilisations étudiantes et réaffirmons notre soutien entier à celles et ceux qui, au sein des universités et institutions de recherche, et en solidarité avec d’autres secteurs du service public, se mobilisent contre les réformes en cours, et notamment le projet de loi ORE.

      Nous tenons à souligner que les faits qui se sont déroulés le 1er mai à l’intérieur et à la sortie de l’EHESS 96 bd Raspail sont graves. Nous soutenons notre collègue, les étudiant.e.s agressé.e.s et blessé.e.s, et d’une façon générale les étudiant.e.s mobilisé.e.s, dont nous saluons le courage et l’engagement.

      Nous regrettons fortement l’état d’indifférence qui s’installe au sein de nos institutions vis-à-vis des luttes en cours et de leur traitement policier et tenons à nous en démarquer activement. Nous saluons l’attachement de la présidence de l’EHESS aux franchises universitaires et son engagement à les défendre. Aussi, nous appelons les présidences de l’EHESS, du CNRS, de l’INSERM, et de l’Université de Paris 13 à condamner fermement et publiquement ces violences policières injustifiables dans les locaux de l’EHESS et à leur sortie, rétablissant par là-même auprès du personnel et des étudiant.e.s mobilisé.e.s un climat de confiance et de sécurité.

      Signataires :

      L’IRIS

      Julie Ancian
      Aurélie Audeval
      Christelle Avril
      Anne-Claire Baratault
      Adèle Blazquez
      Etienne Bard
      Véronique Bayer
      Benoit Belloni
      Elisabeth Belmas
      Pierre Benetti
      Abdel-Halim Berretima
      Thierry Bonnot
      Véronique Bontemps
      Stefano Bory
      Elsa Boulet
      Michel Bozon
      Hélène Bretin
      Aurélien Cadet
      Pénélope Calmejane
      Julie Castro
      Chiara Calzolaio
      Mona Claro
      Guigone Camus
      Lisa Carayon
      Gaëlle Chartier
      Antoinette Chauvenet
      Isabelle Clair
      Natacha Collomb
      Pamela Colombo
      Emilie Counil
      Christel Cournil
      Christophe Coutanceau
      Sébastien Dalgalarrondo
      Gisèle Dambuyant
      Blandine Destremeau
      Helena Devillers
      Antonella Di Trani
      Antonin Dubois
      Marie Ducellier
      Emmanuelle Durand
      Franck Enjolras
      Didier Fassin
      Camille Foubert
      Tristan Fournier
      Marcos Garcia de Teresa
      Nolwenn Gauthier
      Jérémie Gauthier
      Maziyar Ghiabi
      Sabine Guez
      Déborah Guy
      Pascale Haag
      Benoit Hachet
      Ratiba Hadj-Moussa
      Boris Hauray
      Thomas Huet
      Moritz Hunsmann
      Daniele Inda
      Gaelle Krikorian
      Anouche Kunth
      Rose-Marie Lagrave
      Flavienne Lanna
      Corinne Lanzarini
      Eliane de Latour
      Michèle Leclerc-Olive
      Clémence Léobal
      Chowra Makaremi
      Hadrien Malier
      Audrey Marcillat
      Pascal Marichalar
      Marion Maudet
      Ali Mekki
      Franck Mermier
      Anne-Charlotte Millepied
      Danielle Moyse
      Julia Monge
      Bernard Müller
      Michel Naepels
      Magnifique Neza
      Barbara Niederer
      Gérard Noiriel
      Cécile Offroy
      Shahnaz Ojaghi
      Julie Pagis
      Michel Peraldi
      Constance Perrin-Joly
      Luisa Piart
      Anna Pomaro
      Giovanni Prete
      Luigigiovanni Quarta
      Paco Rapin
      Zoe Rollin
      Sahar Saeidnia
      Monique de Saint Martin
      Caroline de Saint Pierre
      Claire Salem
      Sarah Sandré
      Sara Scata
      Mohammed Sharqawi
      Constance Schuller
      Regis Schlagdenhauffen
      Nathanaëlle Soler
      Alexis Spire
      Annie Thébaud- Mony
      Cécile Thomé
      Mathieu Trachman
      Benoit Trépied
      Anne-Sophie Vozari
      Hugo Wainsztok
      Eric Wittersheim

      Reçu par email, le 17.05.2018

    • Au rassemblement à Nation, les témoignages des parents de la centaine de lycéens embarqués en garde à vue depuis hier à #Arago font froid dans le dos. Certains cherchent encore leurs enfants, des jeunes filles de 16 ans sont détenues dans des conditions brutales et indécentes.

      https://twitter.com/cmoreldarleux/status/999336371469869056

      Et à défiler :

      https://twitter.com/StephChehab/status/999364881299202048?s=19
      https://twitter.com/TaranisNews/status/999384857724772353
      https://twitter.com/TaranisNews/status/999384857724772353
      #Arago #garde_à_vue #GAV #Lycée_Arago #détention

    • Reçu via une mailing-list contre les violences policières sur le campus... Je partage ici en anonymisant.

      Voici un communiqué de XXXXX, dont l’adresse mail universitaire a été bloquée par l’université, à destination de tous les étudiant-e-s de l’UGA. Ceci n’étant pas une prise de parole personnelle, je ne donnerais suite à aucune éventuelle réponse. Bonne lecture.

      Bonsoir à toutes et à tous,
      J’ai décidé d’envoyer ce mail, à l’intégralité des étudiant-e-s de l’UGA, car il me semble que la situation que nous vivons toutes et tous aujourd’hui sur le campus est hors de contrôle, et qu’il est bien temps, de se poser, et de parler non pas avec des grands discours, mais avec des faits.
      Hélas, les faits sont révoltants. Bien que nous ne soyons pas d’accord, de toute évidence, avec les moyens d’actions que peuvent prendre nos luttes, il me semble cependant qu’il y a certaines limites qui ne peuvent nullement être dépassés. Certes, personnellement je ne suis pas tout blanc nous plus. J’ai moi-même, dans un moment de rage, lancé un fond de bouteille d’eau sur la tête d’un anti bloqueur, ce que je regrette, et je tiens à m’excuser avec cette personne qui se reconnaitra. Certes, je participe activement au blocage des examens, ce qui, de toute évidence, met à mal plusieurs personnes. Certes, j’ai moi-même confronté les actions de membres de la direction et autres sur des réseaux sociaux. Hélas, toutes ces choses, qui sont dérangeantes, en effet, ne sont rien face à ce que moi-même je subis depuis maintenant un mois, et ne sont rien face à un ensemble de choses que toutes les personnes mobilisées nous subissons depuis plusieurs semaines.
      Bien que cette liste ne soit guère exhaustive, j’ai préféré me référer uniquement aux faits que je peux démontrer avec des preuves à l’appui. Je vais diviser cette liste en plusieurs sous catégories, de choses qui me semblent inadmissibles.

      Veuillez consulter ce lien pour l’intégralité des photos servant à appuyer mon argumentaire : https://drive.google.com/drive/folders/1BnD9OPg5wpCX8VjjVPfJWJLoX6Goofli?usp=sharing

      Violences policières à l’université :

      – Le 23 avril, lors du deuxième blocage du bâtiment DLST, les forces de police sont venues pour débloquer le bâtiment. Des membres du personnel (des profs, mais aussi des services), des étudiant-e-s, ainsi que des sympathisant-e-s à notre cause, ont été chargés par les forces de l’ordre. Le résultat fût extrêmement grave : une enseignante à l’hôpital, un étudiant en garde à vue (c’était la première fois qu’il participait au mouvement), et plusieurs personnes agressées. Sur ces deux vidéos, il est possible de voir (hélas pas très clairement, la qualité de la vidéo laisse beaucoup à désirer), une étudiante se faire étrangler par un agent de police. https://www.facebook.com/alain.deraucourt/videos/10156262891188373 et https://www.facebook.com/alain.deraucourt/videos/10156262891378373

      – Le 26 avril, lors du blocage du bâtiment les Alpilles, des forces de l’ordre ont procédé à un déblocage extrêmement violent du bâtiment. Il est possible de voir sur la vidéo un policier de la BAC (brigade anti criminalité, oui ils envoient la BAC face à des étudiant-e-s) taper à plusieurs reprises et ceci avec une extrême violence, et, avec un certain sadisme que nous pouvons observer avec le geste qu’il fait avec son bras. Voici la vidéo https://www.facebook.com/GrenobleEnLuttte/videos/1910151649003227

      – Lundi 7 mai, les forces de l’ordre sont venues pour débloquer la galerie des amphis. Alors qu’une foule d’étudiant-e-s qui n’avaient rien à voir avec le mouvement, ni la grève, attendait l’ouverture du bâtiment, les forces de l’ordre ont chargé la foule et les manifestant-e-s. Des enseignant-e-s, des étudiant-e-s, grévistes ou pas, ont été matraqué-e-s, gazé-e-s, violenté-e-s par les forces de police. Encore une fois, trois personnes ont dû aller à l’hôpital. Suite à cela, l’administration du bâtiment ARSH a annulé les partiels et les a aménagés sous forme de devoir maison chronométré. Voici la vidéo : https://www.facebook.com/nicolas.marlin.73/videos/2062844813730002

      – Les violences policières ne concernent pas que Grenoble, hélas, mais l’ensemble des universités mobilisées contre le plan Vidal et son monde. Voici une vidéo des violences à Rennes : https://www.facebook.com/AG.Rennes2/videos/770955669760965

      – Suite à l’évacuation de l’université de Toulouse, un étudiant a été gravement blessé par l’explosion d’une grenade policière. (Image dans le lien plus haut)


      Violences provenant de groupuscules :
      – Le 23 mars, un groupuscule est rentré à l’occupation de Montpellier. Plusieurs étudiant-e-s ont été agressés par des barres de fers, par des barres en bois, et autres armes. Voici la vidéo https://www.facebook.com/ajplusfrancais/videos/572890946411892

      – Le dimanche 22 avril, un incendie criminel a été déclenché sur le campus, par des inconnus. Le bâtiment qui a brûlé est le jardin des utopies, qui se trouvaient à quelques mètres de la Bibliothèque Universitaire Droit-Lettre. Sur cette vidéo, commenté de manière assez pauvre, je m’excuse, nous pouvons observer la violence des flammes qui auraient pu brûler la bibliothèque si le feu n’avait pas été contenu. https://www.facebook.com/alain.deraucourt/videos/10156260293908373

      – La nuit dernière, celle entre le dimanche 13 et le lundi 14 mai, nous avons reçu des informations diverses nous alertant d’une attaque des anti-bloqueurs, qui comptaient venir à plusieurs dizaines, voire une centaine, pour nous dégager à coups de bâton et de barres de fer. Finalement une très large mobilisation des étudiant-e-s en lutte a dissuadé ce groupuscule de venir. (Images dans le lien plus haut)

      – J’ai moi-même subi plusieurs attaques sur des réseaux sociaux, dignes de d’harcèlement scolaire de lycée. Des attaques ad-hominem se moquant de mon surpoids, usurpant mon nom et mon image sans mon consentement (actes illégaux). En dehors du ridicule de ces attaques, cela s’avère extrêmement dangereux pour moi, vu que depuis que ce groupuscule me met en évidence, j’ai reçu plusieurs menaces de mort par Facebook et autres plateformes. (Images dans le lien plus haut)

      Violences provenant de membres de l’administration et des agents de sécurités :
      – Depuis le début du mouvement, Patrick Lévy, président de l’université Grenoble Alpes maintient une communication extrêmement violente, qui incite à la violence à l’égard de nous autres manifestant-e-s pacifistes. Par ailleurs, toutes les violences policières ayant eu lieu sur le campus sont de sa responsabilité, vu que seul le président de l’université peut décider de faire intervenir les forces de police sur le domaine universitaire.

      – Depuis le premier blocage du DLST, Yves Markowicz ne cesse d’utiliser les réseaux sociaux, sur lesquels il insulte continuellement les étudiant-e-s et enseignant-e-s en grève, encourageant la violence et la haine. Dans d’autres images il donne des détails sur les résultats scolaires de ses étudiant-e-s, ce qui est complétement illégal. (Images dans le lien plus haut)


      – Hier, 14 mai, j’ai été empêché pendant un temps d’accéder au bâtiment universitaire IAE, où mon partiel de Croissance et Fluctuations devait avoir lieu. Grâce à l’intervention d’Alexis Garapin, directeur d’UFR de la faculté d’économie de Grenoble, j’ai pu me rendre à mon examen. Si je n’avais pas pu, j’aurais dû rembourser 4700 euros de bourse au CROUS, mettant ainsi fin à mes études puisque je suis très précaire. Par ailleurs, l’agent de sécurité qui m’empêchait de rentrer m’a humilié devant tous mes camarades, pendant que des policiers prenaient en photo le moment où j’ai dû ramasser mes affaires qui étaient tombées. Quand j’ai pu rentrer au bâtiment, un agent de sécurité m’a suivi jusqu’à ma salle d’examen. La radio de l’agent sonnait tellement fort que presque la moitié de l’amphi écoutait les appels radio alors qu’un partiel était en cours. L’après-midi, trois vigiles faisant plusieurs fois ma taille, ont suivis tout mes déplacements à l’intérieur du bâtiment. J’ai fait une crise d’angoisse pendant que je composais, ce qui m’a empêché de composer correctement. Deux agents de sécurité m’ont même suivi dans le tram lors du retour sur le campus, plusieurs de mes camarades de classe en sont témoins. Ceci m’a vraiment mis sur les nerfs, ce qui s’est traduit par un comportement violent de ma part. Je me suis excusé auprès des camarades qui ont dû supporter ma panique et mes nerfs.

      – Le même traitement a été donné à d’autres étudiant-e-s en lutte lors des examens. L’université menace systématiquement les étudiant-e-s de commission disciplinaire, faisant en sorte que leur parole ne soit pas écoutée par leurs camarades de classe.


      Pour donner suite à toutes ces violences, inadmissibles, il est temps de faire un constat : certes, nous ne sommes pas toutes et tous d’accord avec les moyens d’action et de lutte, mais, il me semble, nous ne pouvons que nous consterner face à l’inadmissible.
      C’est ainsi, que je fais un appel à votre sens de la démocratie, votre respect de la liberté de faire grève, et vous demande de nous soutenir, massivement, sur les réseaux sociaux, dans les blocages (si ce mode d’action vous convient), dans les assemblées générales et dans les dates de mobilisation.
      Je vous invite à venir demain, mercredi 16 mai à 6 heures du matin devant le CLV, afin de bloquer le plus grand nombre possible de partiels, pour démontrer que notre mouvement est loin d’être minoritaire, pour protester contre l’inadmissible, pour protester contre les violences.
      Mais mon appel ne s’arrête point-là. Essayez de vous organiser, dans chaque composante, faites des réunions, des assemblées générales de composante (l’ARSH, l’IUGA et le BSHM l’ont déjà fait), décidez entre vous les modes d’actions que vous semblent légitimes et souhaitables, par exemple : bloquer des examens, organiser des grèves massives de copies, organiser des débats, des rassemblements.
      Voila le fond même de notre mouvement. Patrick Lévy pense, dans son ignorance et son mépris, que je suis le « leader charismatique » du mouvement. Rien n’est plus éloigné de la réalité, car justement, notre mouvement n’a pas de leader, n’a pas de chef, n’a pas de meneurs. Notre mouvement se crée, se modèle, s’organise, par l’auto-gestion, par des comités de mobilisations où tout le monde vote, où tout le monde débat autour des modalités d’actions, autours des moyens de lutte. Organisons-nous donc tous et toutes ensemble, contre la loi ORE, contre les violences, contre la barbarie d’une répression que n’a jamais atteint un tel degré à l’université de Grenoble.
      Mobilisons-nous donc ! Disons non aux partiels surveillés par des agents de sécurité violents. Disons non à la présence policière sur notre campus ! Disons non à la violence des anti-bloqueurs. Bref, disons non à la violence, à la barbarie, à la haine.
      Mobilisons nos enseignant-e-s, en leur envoyant ce mail, afin qu’ils et elles puissent le faire tourner entre eux et elles.
      Rendez-vous demain, et après-demain, et les jours qui suivent, à 6h devant le CLV pour continuer les blocages jusqu’à l’aménagement des examens (comme cela a été fait à l’ARSH).
      Et rendez vous le 22 mai à 10 heures devant la place de la gare de Grenoble pour la grande manifestation nationale !
      Il est temps de montrer que nous sommes une majorité !
      Non à la haine ! Non à la violence ! Non à la sélection !

    • Non, nos étudiants ne font pas « n’importe quoi » ! Lettre sur deux conceptions de l’université

      TRIBUNE LIBRE – En pleine période de manifestations liées à la loi Ore (loi relative à l’Orientation et à la réussite des étudiants), les tensions entre ses opposants et la présidence de l’Université Grenoble-Alpes (UGA) perdurent. Le président de l’Université a, mercredi 16 mai, tenu des propos sur les étudiants qui ont suscité de nombreuses réactions. Parmi elles, cette lettre, signée par bon nombre de professeur(e)s de l’UGA.

      Monsieur le Président,

      Le mépris que vous déversez depuis des semaines sur les étudiants et sur les personnels, tant par vos courriers internes que dans la presse, est insupportable.

      La goutte d’eau qui fait déborder le vase

      Non seulement vous ne vous êtes pas une fois préoccupé de l’état de santé des étudiants et des personnels blessés, physiquement et psychiquement, par les interventions policières et les vigiles que vous commanditez ;

      Non seulement vous noircissez et criminalisez à plaisir, mais heureusement jusqu’au ridicule (du « saccage » aux « excréments »), une mobilisation légitime et nécessaire ;

      Non seulement votre plébiscite nous a doublement pris pour des imbéciles, par sa formulation, puis par sa publication biaisée des résultats ;

      Mais voici que vous nous salissez publiquement dans la presse (Dauphiné libéré, 16 mai 2018). Car, oui, c’est nous insulter, nos étudiants et nous mêmes, leurs enseignants, que de prétendre qu’ils font « n’importe quoi » et cherchent à « torpiller l’université ».

      Une vision différente de l’université

      C’est l’honneur en tout cas des disciplines de sciences humaines et sociales – mais aussi de toute pratique universitaire – que de se nourrir du débat, et non de l’apprentissage par cœur de données à recracher dans des QCM. C’est aussi leur honneur de se nourrir de la pensée collective, et non de la concurrence. Par cette formule, on comprend mieux, certes, la distance incommensurable et inaliénable qui nous sépare du modèle que vous prônez, et que les étudiants refusent.

      Nous soutenons pleinement et avec enthousiasme le fait que nos étudiants « ont travaillé collectivement » pendant les examens, et même le fait qu’ils aient mangé des crêpes. Quel pédagogue ne se réjouirait pas d’un apprentissage qui se fait dans la joie ? Nous saluons leur inventivité, leur curiosité, leur ironie critique et leur goût du partage. Nous les remercions et les félicitons d’avoir ainsi su mettre en pratique et en discussion leurs cours et leurs lectures.

      Nous vous invitons, Monsieur le Président, à méditer cette pensée de Cornélius Castoriadis : « Nous appelons praxis ce faire dans lequel l’autre ou les autres sont visés comme êtres autonomes et considérés comme l’agent essentiel du développement de leur propre autonomie. La vraie politique, la vraie pédagogie, la vraie médecine, pour autant qu’elles ont jamais existé, appartiennent à la praxis. » (L’Institution imaginaire de la société, 1975, 1999, p. 112)

      Premiers signataires (en ordre alphabétique) : Jennifer Buyck – Rémi Clot-Goudard – Jean-Marc Colletta – Sylvain Coulange – Cristina Del Biaggio – Laurence Delpérié – Giovanni Depau – Catherine Frier – Nathalie Gary – Florent Gaudez – Franck Gaudichaud – Myriam Houssay-Holzschuch – Caroline Imbert – Marie-Paule Jacques – Kirsten Koop – Olivier Kraif – Isabelle Krzywkowski – Francis Lazarus – Lison Leneveler – Sébastien Leroux – Tanguy Martin-Payen – Sarah Mekdjian – Chloé Muteau-Jaouen – Judith Nelson – Martial Pisani – Marianne Prévost – Olivier Razac – Fanny Rinck – Julie Sorba – Jean-Yves Tizot

      https://www.placegrenet.fr/2018/05/24/non-nos-etudiants-ne-nimporte-quoi-lettre-deux-conceptions-de-luniversite/192678

      Et vous l’aurez vu, je suis parmi les premièr·es signataires !

    • Les médias s’empressent à parler de « 1 mio EUR » de dégâts aux bâtiments de la fac de Grenoble suite à l’occupation par les étudiant·es :
      VIDÉO - Plus « d’un million d’euros » de dégâts dans un bâtiment de la fac de Grenoble débloqué jeudi

      Après six semaines d’occupation, les opposants à la loi ORE ont quitté le #Centre_des_Langues_Vivantes (#CLV), le bâtiment qu’ils occupaient depuis six semaines. Face aux dégâts considérables, l’UGA va déposer plainte. Le CLV ne devrait pas être utilisable pour la rentrée en septembre.

      https://www.francebleu.fr/infos/education/video-le-dernier-batiment-occupe-de-la-fac-de-grenoble-debloque-les-degat

      Ici la réaction de deux collègues, reçues par email le 27.05.2018.
      Je copie-colle leur message, en l’anonymisant :

      Bonjour à tous,

      Non les étudiants n’ont pas fait 1 million d’euros de dégâts au CLV (il faudrait certainement commencer par diviser ce chiffre par 10 pour s’approcher d’un chiffre discutable)
      Pourtant, ce chiffre circule dans les médias nationaux sans aucune mise en discussion à ma connaissance (toujours l’excellent travail des journalistes qui prennent les informations données par les autorités pour la vérité)
      Ces mêmes autorités (et médias) qui versent des larmes de crocodile sur la désinformation et autres « fake news »...

      Or, la lutte politique passe d’une manière décisive par la définition de la réalité : d’où vient ce chiffre ? qui l’a produit et comment ? est-il possible de se donner les moyens d’un contre-chiffre ? etc.

      J’ajoute que si les dégradations commises aux CLV restent problématiques, ce serait une terrible défaite éthique et théorique d’accepter l’équivalence « dégradation »="dévastation" (lu dans un message de l’administration) et 100.000 (?)=1 millions (cf. la fin du 1984, d’Orwell)

      –-----------

      Bonjour à tou.te.s,
      Il est important de rappeler que le CLV était déjà classé avant les grèves contre la loi comme bâtiment à rénover. Le toit végétalisé était déjà à refaire, de même que de nombreux aspects du bâtiment. Le chiffre de 1 millions d’euros comprend nécessairement les travaux qui étaient déjà prévus.
      Par ailleurs il a été dit que les tours d’ordi avaient été volées (apparemment elles avaient été enlevées bien avant et déplacées pour que des étudiants passent le TOEIC ailleurs) et que le système d’alarme ne fonctionne plus (mais il avait été supprimé pour la galerie des amphis et potentiellement aussi pour le CLV par l’université elle-même).
      On peut aussi rappeler combien cette situation entre en écho avec un mouvement qui a été réprimé par la violence policière et dans le silence assourdissant des autorités, qui envoyaient les forces de l’ordre mais n’ont jamais ouvert de discussions.
      Pour finir le « Makhno <3 » sur le bâtiment de Science Po est à voir (et ça rime).
      Bien à toutes et tous,

    • A propos de la répression grandissante du mouvement social :

      Gérard Collomb défend sa vision du maintien de l’ordre

      Confrontés à de nouvelles formes d’affrontements, policiers et gendarmes tentent d’adapter leur méthode.
      Julia Pascual, le Monde, le 8 juin 2018
      https://seenthis.net/messages/700734

      PHOTOS - VIDEOS : revivez la visite du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb en Dordogne
      Antoine Balandra, France Bleu Périgord, le 8 juin 2018
      https://seenthis.net/messages/700734

    • Nantes : suspension de fonctions validée pour le sociologue opposé à la loi ORE
      Guillaume Frouin, Libération, le 10 juillet 2018
      http://www.liberation.fr/france/2018/07/10/nantes-suspension-de-fonctions-validee-pour-le-sociologue-oppose-a-la-loi

      Nantes : deux enseignants sanctionnés après les blocages à l’université
      Maïa Courtois, Libération, le 2 août 2018
      http://www.liberation.fr/france/2018/08/02/nantes-deux-enseignants-sanctionnes-apres-les-blocages-a-l-universite_167

      Les textes de ces deux articles ici :
      https://seenthis.net/messages/671718

      Un article revient sur cette année de mobilisation et de répression :

      Fac : désorientation, occupation, répression
      La Brique, le 9 août 2018
      https://seenthis.net/messages/713881

    • Coups de pieds dans la tête d’un prof : Les 5 policiers voulaient le « faire payer pour les étudiants »

      A l’#EHESS, le #1er_mai 2018 vers 20h30, Nicolas Jaoul, chercheur au CNRS (IRIS), ainsi que des étudiant.e.s, ont été victimes de violences policières. Insultes, mise à terre, coups de pieds dans la tête, menaces. Nous relayons ci-dessous le communiqué de soutien de personnels, étudiant.e.s, chercheur.e.s, et enseignant.e.s-chercheur.e.s de l’IRIS.

      Soutien à notre collègue chercheur et aux étudiant.e.s victimes de violences policières à l’EHESS le 1er mai

      L’IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux) Paris, le 14 mai 2018

      Le 1er mai 2018 vers 20h30, notre collègue Nicolas Jaoul, chercheur au CNRS (IRIS), ainsi que des étudiant.e.s, ont été victimes de violences policières attestées par différents témoignages écrits et audiovisuels. Elles/ils se trouvaient à l’EHESS au 96 boulevard Raspail, occupée depuis la veille par les étudiant.e.s, lorsque des manifestant.e.s poursuivi.e.s par des policiers se sont réfugié.e.s sur le site, aussitôt fermé par ses occupants et encerclé par la police. Nicolas Jaoul, qui cherchait une voie de sortie à l’arrière du bâtiment, s’est fait rouer de coups et mettre à terre par cinq agents de la police nationale en équipement anti-émeute. Alors qu’il n’opposait aucune résistance et déclinait son identité et sa fonction d’enseignant-chercheur, il a été insulté et a reçu des coups de pieds dans la tête. Les policiers l’ont menacé, lui disant qu’après ce qu’ils s’apprêtaient à lui faire subir, il « ne pourrait plus jamais se relever » et qu’ils allaient le « faire payer pour les étudiants », qui « font ça à cause de toutes les merdes » qu’il leur apprenait. Par ailleurs, une quinzaine de policiers, dans un état de rage manifeste, tentaient de forcer la porte cochère, bloquée de l’intérieur par les étudiants, qui ont reçu des coups de bâton-tonfa et des jets de gaz lacrymogène à quelques centimètres du visage. Les policiers se sont retirés après l’intervention sur place du Président et du bureau de l’EHESS, qui ont accepté de raccompagner jusqu’au métro les étudiant.e.s souhaitant sortir du site et inquiets de possibles représailles dans le quartier.

      De nombreux témoignages, y compris au sein du bureau de l’EHESS, soulignent l’état d’excitation des policiers, s’accordant à considérer que la résistance des étudiant.e.s empêchant l’accès du site à la police, puis l’intervention du Président ont évité ce soir-là des faits de violence dramatiques – une petite centaine d’étudiants étant encerclés, avec pour seule « échappatoire » l’échafaudage de chantier sur un bâtiment voisin.

      De nombreux membres de l’IRIS étudient et dénoncent depuis longtemps les mésusages de la force et le climat de violence discrétionnaire auxquels sont souvent confrontés les habitant.e.s des quartiers populaires, les migrant.e.s et les minorités racisées. A présent, cette violence s’exerce aussi dans nos universités. D’ailleurs, les répressions de manifestations ou d’occupations dans les universités de Grenoble, Strasbourg, Nanterre, Paris 1 ou encore Toulouse ces dernières semaines indiquent une routinisation de l’usage disproportionné de la force en première instance, sans préavis de dispersion ni aménagement de voie de retrait.

      La mission première de l’université est l’enseignement et la recherche, et cette mission s’est construite historiquement dans une perspective de liberté de pensée, de gratuité et d’ouverture sociale. Nous sommes aujourd’hui concernés par la remise en cause de ces principes, par les atteintes souvent violentes aux franchises universitaires, par la paupérisation de l’université et le tri social à l’entrée comme mode de gestion de l’insuffisance chronique de ressources.

      Dès lors, nous personnels, étudiant.e.s, chercheur.e.s, et enseignant.e.s-chercheur.e.s de l’IRIS, condamnons la politique de répression violente des mobilisations étudiantes et réaffirmons notre soutien entier à celles et ceux qui, au sein des universités et institutions de recherche, et en solidarité avec d’autres secteurs du service public, se mobilisent contre les réformes en cours, et notamment le projet de loi ORE.

      Nous tenons à souligner que les faits qui se sont déroulés le 1er mai à l’intérieur et à la sortie de l’EHESS 96 bd Raspail sont graves. Nous soutenons notre collègue, les étudiant.e.s agressé.e.s et blessé.e.s, et d’une façon générale les étudiant.e.s mobilisé.e.s, dont nous saluons le courage et l’engagement.

      Nous regrettons fortement l’état d’indifférence qui s’installe au sein de nos institutions vis-à-vis des luttes en cours et de leur traitement policier et tenons à nous en démarquer activement. Nous saluons l’attachement de la présidence de l’EHESS aux franchises universitaires et son engagement à les défendre. Aussi, nous appelons les présidences de l’EHESS, du CNRS, de l’INSERM, et de l’Université de Paris 13 à condamner fermement et publiquement ces violences policières injustifiables dans les locaux de l’EHESS et à leur sortie, rétablissant par là-même auprès du personnel et des étudiant.e.s mobilisé.e.s un climat de confiance et de sécurité.

      Signataires :

      L’IRIS

      Julie Ancian
      Aurélie Audeval
      Christelle Avril
      Anne-Claire Baratault
      Adèle Blazquez
      Etienne Bard
      Véronique Bayer
      Benoit Belloni
      Elisabeth Belmas
      Pierre Benetti
      Abdel-Halim Berretima
      Thierry Bonnot
      Véronique Bontemps
      Stefano Bory
      Elsa Boulet
      Michel Bozon
      Hélène Bretin
      Aurélien Cadet
      Pénélope Calmejane
      Julie Castro
      Chiara Calzolaio
      Mona Claro
      Guigone Camus
      Lisa Carayon
      Gaëlle Chartier
      Antoinette Chauvenet
      Isabelle Clair
      Natacha Collomb
      Pamela Colombo
      Emilie Counil
      Christel Cournil
      Christophe Coutanceau
      Sébastien Dalgalarrondo
      Gisèle Dambuyant
      Blandine Destremeau
      Helena Devillers
      Antonella Di Trani
      Antonin Dubois
      Marie Ducellier
      Emmanuelle Durand
      Franck Enjolras
      Didier Fassin
      Camille Foubert
      Tristan Fournier
      Marcos Garcia de Teresa
      Nolwenn Gauthier
      Jérémie Gauthier
      Maziyar Ghiabi
      Sabine Guez
      Déborah Guy
      Pascale Haag
      Benoit Hachet
      Ratiba Hadj-Moussa
      Boris Hauray
      Thomas Huet
      Moritz Hunsmann
      Daniele Inda
      Gaelle Krikorian
      Anouche Kunth
      Rose-Marie Lagrave
      Flavienne Lanna
      Corinne Lanzarini
      Eliane de Latour
      Michèle Leclerc-Olive
      Clémence Léobal
      Chowra Makaremi
      Hadrien Malier
      Audrey Marcillat
      Pascal Marichalar
      Marion Maudet
      Ali Mekki
      Franck Mermier
      Anne-Charlotte Millepied
      Danielle Moyse
      Julia Monge
      Bernard Müller
      Michel Naepels
      Magnifique Neza
      Barbara Niederer
      Gérard Noiriel
      Cécile Offroy
      Shahnaz Ojaghi
      Julie Pagis
      Michel Peraldi
      Constance Perrin-Joly
      Luisa Piart
      Anna Pomaro
      Giovanni Prete
      Luigigiovanni Quarta
      Paco Rapin
      Zoe Rollin
      Sahar Saeidnia
      Monique de Saint Martin
      Caroline de Saint Pierre
      Claire Salem
      Sarah Sandré
      Sara Scata
      Mohammed Sharqawi
      Constance Schuller
      Regis Schlagdenhauffen
      Nathanaëlle Soler
      Alexis Spire
      Annie Thébaud- Mony
      Cécile Thomé
      Mathieu Trachman
      Benoit Trépied
      Anne-Sophie Vozari
      Hugo Wainsztok
      Eric Wittersheim

      http://www.revolutionpermanente.fr/Coups-de-pieds-dans-la-tete-d-un-prof-Les-5-policiers-voulaient

    • Arago, comico, Renzo Piano : retour sur la répression du 22 mai

      Une soixantaine de personnalités et des syndicats appellent à soutenir les victimes de la vaste opération policière et judiciaire qui a frappé les occupants de ce lycée parisien.

      Au moment où la France affiche mondialement son patrimoine historique de Mai 1968, la belle commémoration se trouve traversée par une constellation de luttes (des cheminot.e.s, étudiant.e.s, soignant.e.s jusqu’aux postier.e.s) qui répondent aux attaques historiques de Macron et de son gouvernement. La séquence de luttes hétérogènes ouverte depuis avril et le début de la grève des cheminot.e.s est la première période de conflit d’ampleur contre le plan quinquennal de restructuration de « la start-up France ». Le projet macronien fait feu de tout bois : après les salarié.e.s du privé visé.e.s par les ordonnances, les syndicalistes remuants à licencier, contre les salarié.e.s à statut – cheminot.e.s « privilégié.e.s », fonctionnaires, les entrants à l’université à mieux sélectionner, bientôt les chômeurs. Ironie du moment : on célèbre la marchandise photogénique « casseurs » de 68 et on réprime toute conflictualité sociale et politique.

      De nombreuses facs occupées contre la sélection et parcoursup sont évacuées manu militari, des partiels placés sous contrôle policier, des postiers en lutte dans le 92 et leurs soutiens sont nassés par les CRS au centre de tri de la Défense, des cheminot.e.s en grève contre le « pacte ferroviaire » évacué.e.s du centre de tri de Villeneuve-Saint-Georges. Quant aux manifestations, elles sont rituellement noyées sous les gaz lacrymogènes. Après le 1er Mai, un battage médiatique est organisé autour des « black blocs » « casseurs », et les irrationnelles pulsions destructrices contre les vitrines de banques, d’assurances ou de McDo. « ILS veulent des examens en chocolat », a dit en substance le Président, ils devraient plutôt travailler sans broncher dans un McDo franchisé. Gérard Collomb qui se félicite toujours, en bon chef de guerre, des opérations de sa police, à la ZAD où un jeune homme de 21 ans vient de perdre une main, à la frontière italienne et ailleurs contre les migrants, annonce bille en tête : pour manifester il faudra désormais dénoncer son voisin de cortège potentiel « casseur ».

      Mais voilà que la Justice vient seconder les œuvres de la Police.
      Que s’est-il passé le 22 mai au lycée Arago ?

      À la fin de la manifestation du 22 mai des travailleuses et travailleurs du secteur public, ouverte par un cortège de tête énergique malgré l’orage, une occupation s’improvise place de la Nation. Il s’agit de faire une assemblée générale à l’heure où les résultats de parcoursup sont en train de tomber, laissant sur le carreau près de 400 000 lycéen.e.s. Une centaine d’occupants sont au rendez-vous, discutent, s’organisent, et découvrent les belles arcades en pierre de taille cachées aux yeux du quidam qui entourent la cour.

      Aux alentours de 19 heures, les CRS pénètrent brutalement dans le lycée : interpellations, fouilles, contrôles d’identité. Les occupant.e.s sont embarqué.e.s dans des bus en direction du commissariat de l’Évangile dans le XVIIIe arrondissement. Un des bus plein à craquer stationne près de cinq heures dans la cour du commissariat – pas d’air, pas d’eau, pas de toilettes. Tout le monde est gardé à vue, y compris les mineurs, et dispatché dans différents commissariats, de la Goutte-d’Or jusqu’à Puteaux ou Villeneuve-la-Garenne. Les occupant.e.s du lycée Arago sont mêlé.e.s à la trentaine d’arrêté.e.s de la manifestation.
      « Nos enfants ont été enlevés »

      La loterie commence. Certains font 24, d’autres 48 heures de garde à vue. Certains sont déférés, d’autres non. Sur ordre du parquet, des procédures judiciaires sont improvisées. Certains font l’objet de rappels à la loi, d’autres d’enquêtes. Quinze personnes sont présentées en comparution immédiate. Tous ont refusé d’être jugés immédiatement et sont reconvoqués le 15 juin mais deux jeunes hommes ont été placés en détention provisoire. Les autres sortent avec des contrôles judiciaires : interdiction du XIIe arrondissement, interdiction de voir ses camarades, interdiction de manifester.

      Le traitement des mineur.e.s indigne à raison les parents d’élèves et l’opinion. Des nouvelles ne sont données aux parents que tard dans la nuit et ils ignorent quel sort sera réservé à leur enfant.

      Ce qui frappe, ce sont les conditions de la garde à vue – cellules minuscules, pleines de pisse, coups de pression des policiers ; un jeune homme reçoit une gifle – mais surtout la qualification des délits.

      En substance, deux qualifications sont retenues pour tous : « Intrusion non autorisée dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement scolaire commise en réunion » et « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens ».

      La première s’appuie sur une loi promulguée en mars 2010 pour prévenir la contestation au sein des établissements scolaires. Si le délit de « réunion » a été mis en place sous Sarkozy et visait d’abord les jeunes de banlieue regroupés dans des halls d’immeuble, il est maintenant étendu aux manifestations, aux actions politiques, et considéré comme une circonstance aggravante. La seconde qualification est la plus impressionniste : le fait délictueux n’a plus besoin d’avoir été accompli, il s’agit de le prévenir. Le fait n’a plus besoin d’être établi, comme dans le film Minority Report, il s’agit de légiférer sur un élément aussi impalpable qu’un but supposé. Le droit s’affranchit définitivement du fait. À ce régime, tout devient preuve : un K-Way bleu un jour de pluie signe d’appartenance au « black bloc », du sérum physiologique marque d’une violence inflexible contre la police.

      Ces qualifications permettent de distribuer des rappels à la loi : une mesure apparemment bénigne mais qui ne permet pas de se défendre, ne respecte aucun principe contradictoire, et pourra peser en cas de « récidive ». Celles-ci justifient des comparutions immédiates, plus sérieuses, où les peines encourues ne sont pas minces et où on risque la prison si l’on demande le report de son procès. Les deux personnes présentées en comparution immédiate ont rejoint les nombreux prisonniers de France en attente de leur procès.

      Ces procès sont l’occasion de voir à l’œuvre le nouveau TGI de Paris, véritable complexe architecturel situé Porte de Clichy, dans le XVIIe arrondissement. L’architecte Renzo Piano nous décrit son œuvre : « L’édifice ne devait pas apparaître comme obscur ou hermétique, il devait exprimer son rôle et pas sa force ; c’est un bâtiment photosensible, le verre de ses façades reflète le ciel et la ville. » C’est en effet un grand complexe panoptique, monstre de six étages, ultra-moderne, hyper-sécurisé. Les cellules sont neuves, répétitives à l’infini, alvéolaires, tellement nombreuses qu’elles isolent les détenu.e.s les un.e.s des autres. Nous approchons de l’isolation sensorielle : ni son, ni odeur, une énorme lumière dérègle toute notion de jour et de nuit. Tout est fait pour sonner, isoler, rendre docile, vulnérable ce qui est combattu.

      Une très vaste opération policière et judiciaire a eu lieu ce 22 mai. Cette journée fait suite à la répression du 1er Mai. À la manifestation du 26 mai aussi, de manière revancharde et préventive, la police a arrêté avant la manifestation une trentaine de personnes. L’État tente de remettre en ordre le cortège de tête et de prévenir toute agitation lycéenne contre la sélection.

      Le mode opératoire – interpellations, garde à vue, défèrements à cette échelle – est le produit évident d’une volonté politique. Mais, ce 22 mai, la méthode s’est mêlée à l’improvisation. Des outils policiers et judiciaires relativement inédits ont été mis en place, notamment sur des mineur.e.s. Ces mesures représentent l’extension et la systématisation de mesures ordinairement réservées à la petite délinquance et testées sur les lycéens de Seine-Saint-Denis (lycée Suger) en mars 2017. Le droit est de manière obscène utilisé à des fins politiques : si c’est habituellement le cas, là c’est visible. Ce 22 mai, une population préservée socialement a fait l’expérience d’un traitement que l’État réservait jusqu’à présent aux classes populaires et particulièrement aux banlieues. Ce qui apparaît, c’est la possibilité que ce type de mesures se banalisent, se propagent à grande vitesse à toutes les sphères de la vie sociale. Rencontrons-nous, montrons-nous, ne les laissons pas faire.
      Soyons là en particulier :

      Lors du concert de soutien qui aura le mercredi 13 juin à la Brèche (EHESS, 96 boulevard Raspail, Paris).

      Lors des procès qui commenceront ce vendredi 15 juin au tribunal de grande instance de Paris (Cité judiciaire de Paris, 29-45 avenue de la Porte-de-Clichy, métro, RER C Porte-de-Clichy).

      Signataires : Des arrêtés et inculpés du 22 mai et leurs soutiens, Sud Éducation, CNT-Sans Papiers 75, Sud Poste Haut de Seine, la CNT-Solidarité Ouvrière, la CGT-HPE, Plateforme d’enquête militante,

      Pouria Amirshahi, directeur de Politis, Nils Andersson, ancien éditeur, Bertrand Bernard, éditeur, Bastien Cabot, historien, Emmanuelle Canut, sciences du langage (Université de Lille), Elodie Cassan, professeure de philosophie, Laurence De Cock, historienne, Elsa Daillancourt, artiste, Alain Damasio, écrivain, Alèssi Dell’Umbria, auteur-réalisateur, Emmanuel Dockes, juriste, Elsa Dorlin, philosophe (Université Paris VIII), Jean-Marc Dupuis, directeur artistique, Michel Duret, directeur d’association, Stéphane Elmadjian, réalisateur, Jules Falquet, sociologue féministe (Université Paris Diderot), Fantazio, musicien, Eric Fassin, sociologue (Université Paris VIII), Jean-Louis Fournel, italianiste (Université Paris VIII), Jean-Luc Gautero, philosophe (Université Nice-Sophia Antipolis), Odile Henry, sociologue (Université Paris VIII), Sarah Hatchuel, littérature et cinéma (Université du Havre-Normandie), Régis Hébette, Directeur du théâtre de l’Echangeur, Valerie Hillion, professeure des écoles, Praline Gay-Para, auteure comédienne, Frédéric Goldbronn, documentariste, Laurent Hurard, artiste, Nicolas Jaoul, anthropologue (CNRS-IRIS), Georges Labica, philosophe, Dominique Larièpe, retraitée, Mathilde Larrère, historienne, François Lelièvre, directeur de « la Sèvre nantaise », Catherine Libert, réalisatrice, Laurence Lizé, économiste (Université Paris I Sorbonne), Olivier Long, universitaire et peintre, Seb Martel, musicien, Guillaume Meurice, chroniqueur à France Inter, Isabelle Meyrat, juriste (Université de Cergy-Pontoise), Guylaine Monnier, auteure, Yves Pagès, écrivain et éditeur, Alain Parrau, littérature (Université Paris VII), Karine Parrot, juriste (Université de Cergy-Pontoise), Evelyne Perrin, LDH94, Monique Pineau, syndicaliste Sud Santé, Emmanuelle Posse, professeur de philosophie dans le 93 et mère d’une inculpée, Zahra Pourazizi, auteure et poétesse, Philippe Poutou, syndicaliste et homme politique, Jacek Przybyszewski, artiste, Serge Quadruppani, écrivain, Nathalie Quintane, écrivaine, Gaël Quirante, Syndicaliste, Josep Rafanell I Ora, psychotérapeute, Jean Rochard, producteur de musique, Muriel Roland, artiste et pédagogue du théâtre (Université Paris VIII), Fabien Tarrit, économiste (Université de Reims Champagne-Ardenne), Isabelle Saint-Saens, membre du GISTI, Juliette Saladin, conceptrice graphique, Makis Solomos, musicologue (Université Paris VIII), Romain Telliez, historien (Université Paris 1 Sorbonne), Bruno Turcq, chercheur sur les changements climatiques (Université de Lima, Pérou).

      https://www.politis.fr/articles/2018/06/arago-comico-renzo-piano-retour-sur-la-repression-du-22-mai-38960

    • Toulouse : l’étudiant blessé s’inquiète des zones d’ombre de l’enquête

      Blessé par une grenade de désencerclement lors d’une opération faisant suite à l’expulsion de la fac du Mirail au printemps, #Guilhèm, étudiant, attend toujours les conclusions des enquêtes. Ses avocates réclament le « désarmement » de la police du quotidien.

      La vie de Guilhèm, vingt quatre ans, a basculé le 9 mai 2018, lors d’une intervention policière consécutive à l’évacuation de l’université de Toulouse. Presque deux mois après les faits, le jeune homme tenait, Vendredi 6 Juillet 2018, une conférence de presse en compagnie de ses avocates, Claire Dujardin et Sara Khoury. Il a livré son récit de l’explosion d’une grenade de désencerclement qui, le 9 mai 2018, l’aurait blessé, à proximité de la gare de Toulouse Matabiau.

      Les derniers étudiants occupant l’université du Mirail venaient d’être évacués à la suite d’une opération policière mettant un terme à un mouvement de grève et d’occupation long de plusieurs mois. « Nous étions un groupe d’étudiants pacifiques, chassés de l’université, et nous nous dirigions vers un local de la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCF), à l’invitation de cheminots », témoigne Guilhèm, la voix encore fragile, assis entre ses deux avocates, « nous nous sommes fait encercler par des policiers et, alors que je tournais le dos, j’ai été attrapé par derrière, tiré par les cheveux et maintenu par les deux bras. Quelqu’un est venu par derrière écraser ma gorge. Plus que la violence des paroles, ce qui m’a perturbé à ce moment-là, c’est que je n’arrivais plus à respirer. J’ai essayé de me dégager de l’étreinte, mais j’ai pris au moins cinq coups de poing assez violents sur le front. À ce moment-là, j’ai les deux mains maintenues et je suis dénué de toute défense. Et là, il y a quelque chose qui a arrêté tout cela, une explosion qui m’a semblé énorme et qui m’a fait très mal à l’intérieur de moi, comme si je m’étais pris une balle ». C’est en fait une grenade de désencerclement qui vient d’exploser à côté de lui.

      D’abord amené en Garde A Vue (GAV), il est rapidement transféré aux urgences où il va être menotté, selon son récit, jusqu’à ce que les policiers soient contraints de lui ôter les bracelets afin qu’il puisse passer un scanner. Bilan, plusieurs jours d’hospitalisation, un hémo pneumo thorax, le poumon gauche décollé de la plèvre et soixante dix centilitres de sang et de l’air écoulé entre les deux, des brûlures au second degré sur les bras et dans le dos, un hématome à l’intérieur du larynx et des douleurs pendant plus d’un mois.

      Une vidéo de l’interpellation qui a causé ces lésions a été diffusée dès le premier juin 2018 sur le site Lundi Matin. On y voit aussi les policiers faire un usage abondant des gaz lacrymogènes. Au lendemain de l’opération, une version a circulé, selon laquelle deux policiers avaient aussi été blessés légèrement dans l’explosion de la grenade. Mais depuis, aucune précision n’a été donnée pour confirmer cette version.

      À ce stade, deux enquêtes ont été confiées à la sûreté départementale, l’une portant sur l’auteur des coups et l’autre visant Guilhèm pour d’éventuels faits de dégradations, selon une version de source policière relayée le 10 mai 2018 par la Dépêche du Midi et démentie par l’intéressé, l’étudiant aurait été interpellé par des forces de police après avoir détérioré une caméra dans le métro. Une troisième enquête a été confiée à l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) et le parquet toulousain, joint par Mediapart, Samedi 7 Juillet 2018, a fait savoir qu’il attendait les conclusions de l’enquête de l’IGPN pour se prononcer sur le fond.

      Du côté de Guilhèm, ses avocates s’étonnent des nombreuses zones d’ombre du dossier, « au vu des rares éléments disponibles, nous n’étions pas dans un cadre qui, légalement, permettait l’usage d’une telle arme », note Sara Khoury qui s’interroge, « pourquoi le policier, porteur ou lanceur de la grenade, n’a-t-il pas été mis en examen ». La thèse d’une explosion accidentelle de la grenade, mise en avant par les autorités, est battue en brèche. « Une grenade qui serait tombée de la poche d’un policier et qui se serait dégoupillée toute seule, c’est un peu étrange », note Sara Khoury.

      Quand bien même il s’agirait d’un accident, « les forces de l’ordre sont censées maîtriser leurs armes », ajoute Guilhèm pour qui « dans les deux cas, accident ou pas, c’est aussi grave ».

      Pour ses avocates, l’affaire doit être replacée dans un cadre plus large. « Nous avons tous en tête la mort d’Adama Traoré, mort étouffé lors d’une interpellation violente », souligne Claire Dujardin, « en France, les opérations de maintien de l’ordre sont plus dangereuses que dans d’autres pays d’Europe ».

      « Mais l’état assume complètement le fait que, lors d’une intervention policière, il y ait des morts, des blessés et des personnes qui sont mutilées », déplore sa collègue, faisant référence au rapport de l’IGPN du 26 juin 2018 qui recense les blessés et tués en France lors d’interventions policières. Pour les deux femmes, « l’état doit désarmer la police ». « Nous ne parlons pas des opérations contre les terroristes. Nous parlons du quotidien », précise Claire Dujardin.

      Aujourd’hui, Guilhèm n’a plus de douleurs physiques liées à son interpellation. Mais le simple fait de croiser des voitures de police ou de voir clignoter des gyrophares, assure-t-il, lui est encore difficile. « J’ai été sidéré par ce qui s’est passé. Je mesure un mètre et soixante dix centimètres pour cinquante kilogrammes et je n’ai à aucun moment fait preuve de violence. Qu’est-ce qui explique l’usage d’une arme contre moi ». Par une sinistre concordance des temps, le comité Vérité et Justice du département de la Haute Garonne appelait Samedi 7 Juillet 2018 à 17 heures à un rassemblement après la mort d’un jeune, dans le quartier de Breil-Malville à Nantes, « en soutien aux victimes, à leurs proches et aux révoltes ».

      https://www.mediapart.fr/journal/france/070718/toulouse-l-etudiant-blesse-s-inquiete-des-zones-d-ombre-de-l-enquete

    • Protestation contre la loi ORE à Nanterre : deux étudiants condamnés, une relaxe

      Trois étudiants étaient poursuivis pour violences contre des policiers à la fac lors des protestations contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), en avril dernier.

      Ils viennent d’être condamnés mais promettent pourtant que « la mobilisation pour la relaxe ne fait que commencer ». Déclaré coupable de violence sur un policier lors de l’assemblée générale qui avait dégénéré à l’université de Nanterre, le 9 avril dernier, Victor Mendez n’accepte pas la décision du tribunal. Micro en main devant le palais de justice, l’étudiant de 22 ans fustige les juges, qui ont « voulu faire des exemples » en lui infligeant quatre mois de prison avec sursis pour avoir mordu un policier.

      Et en condamnant son camarade Roga, 29 ans, à six mois ferme sans lui imposer un séjour derrière les barreaux : la peine est aménageable. Lui n’est plus étudiant mais il était présent dans la salle du bâtiment E ce 9 avril, alors que débutait la contestation de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE). Un groupe d’étudiants occupaient une salle du bâtiment, les CRS sont intervenus pour les déloger. Et la situation a dégénéré.
      Un rassemblement devant le tribunal

      Avec Victor et Roga, un troisième étudiant, Stanislas, a été jugé pour violence sur un policier lors du procès, qui a eu lieu le 19 septembre. Lui a été relaxé « au bénéfice du doute ». Avant que les trois prévenus n’entrent dans le palais de justice, ils étaient rassemblés devant les grilles avec environ 200 personnes venues témoigner de leur soutien. Une foule de laquelle émergent les drapeaux des syndicats Sud solidaires, Solidaires étudiants, SNEP Sup FSU, ceux du Parti ouvrier et du NPA. Et la banderole des postiers des Hauts-de-Seine en grève.

      Quelques minutes après le jugement, Roga a décidé d’en faire appel. Victor, lui, doit d’abord discuter de cette option avec son avocat. La « relaxe » encore espérée ne peut venir que de cet éventuel deuxième procès. En tout cas, dès jeudi, les étudiants prévoient une assemblée générale à l’université contre cette décision de justice.

      http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/etudiants-de-nanterre-deux-condamnations-une-relaxe-17-10-2018-7921008.ph

    • Procès Arago Épisode 2 : les multiples entorses policières sous silence

      Deuxième salve de procès pour les occupants du lycée Arago à Paris le 22 mai dernier contre Parcoursup. Parmi les 102 inculpés, 11 passaient devant le tribunal le 19 et 22 octobre. Malgré les vices de procédure, des conditions d’interpellation violant l’article 3 de la Convention Européenne des droits de l’homme, les procureurs ont requis des peines allant jusqu’à la prison avec sursis contre les militants anti-Parcoursup.

      22 mai 2018. La contestation anti-Parcoursup bat son plein et se joint à la manifestation de la Fonction Publique qui termine place de la Nation, à quelques centaines de mètres du lycée Arago. Une centaine de militants décident d’entrer dans le lycée pour l’occuper et tenir une Assemblée générale qui tourne court : les forces de l’ordre entrent dans le bâtiment et arrêtent l’ensemble des militants personnes présentes. Parmi eux, de nombreux étudiants, mais aussi des mineurs.

      Tous seront envoyés en garde-à-vue, pour 48 heures, dans les différents commissariats parisiens. Pour une partie d’entre eux, la soirée commence par une séquestration de 4 heures dans un bus de police : entassés, sans possibilité d’aller aux toilettes ni de boire. Aucune garde-à-vue signifiée avant ces 4 heures. Aucun moyen de contacter ses proches, y compris pour les mineurs. Dès le 22 mai s’exprime de la part de l’exécutif une volonté de frapper fort et criminaliser l’opposition étudiante et lycéenne au désastre annoncé du Plan Étudiant.

      Parmi les 300 arrestations, 102 seront inculpés. Parmi les chefs d’accusations portés à l’encontre des personnes arrêtées ce 22 mai : celui d’une « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations » et d’une « intrusion dans un établissement scolaire ». Dès le mois de juin, les premiers procès commencent. Les premières comparutions immédiates n’ont rien donné. Rien dans les dossiers. Pour ces procès de juin, les procureurs jouent également la montre : faute d’éléments, les procès sont reportés à décembre 2018.

      Un procès politique

      Le 19 et 22 octobre, 11 personnes ont de nouveau été appelées à passer devant le tribunal de Paris. Pour les avocats des inculpés, l’objectif est de requalifier l’inculpation - « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations », tout droit sorti de la législation anti-terroriste - en « infraction politique ». A deux reprises, vendredi et dimanche, les magistrats refuseront cette requête. C’est pourtant ce qui sous-tend toute l’affaire des inculpés d’Arago : punir les militants, couper les têtes du mouvement de la jeunesse, faire un exemple. Et dans la procédure judiciaire, tout est fait pour éviter que ces procès prennent l’ampleur médiatique qui devrait leur être accordée. D’abord, en étalant les procès sur une année : les procès de juin ont été reportés à décembre ; pour ceux d’octobre, 7 ont été renvoyés à septembre 2019, deux à une date ultérieure non déterminée, et pour deux, le verdict sera rendu en décembre. Puis en rendant des peines, aléatoires et arbitraires, allant de la relaxe à la prison avec sursis (requis contre deux inculpés du 22 octobre) en passant par des rappels à la loi ou des contrôles judiciaires. Plusieurs avocats de la défense ont écrit au juge pour tenter d’obtenir des éclaircissements sur la différence de traitement pour des faits similaires : la demande est restée jusqu’à maintenant sans réponse.

      « Un PV du commissariat du 4ème arrondissement avec un tampon du 18ème »

      Parmi les cas renvoyés, on retrouve ceux de deux inculpés dont les procès verbaux de garde-à-vue sont truffés d’erreur. Pour l’un, « le procès verbal a l’entête du commissariat du 4ème arrondissement alors que le tampon est celui du 18ème arrondissement. En attendant, on ne sait pas où elle a passé la garde-à-vue » raconte une mère d’inculpée, ayant assisté au procès. Sur un autre c’est la date qui n’est pas conforme : le procès verbal est daté du 23 mai alors que les garde-à-vue ont débuté le soir du 22. La défense a beau pointer les multiples entorses à la loi et les vices de procédures, le magistrat abonde dans le sens du procureur. Parmi ces entorses, la notification de garde-à-vue après 4 heures d’interpellation plutôt qu’une ou encore les 4 heures de séquestration dans un bus de la police qui violent l’article 3 de la Convention Européenne des droits de l’homme. Pour justifier les abus policiers, le procureur invoquera des « circonstances exceptionnelles », les atteintes des occupants d’Arago à la « sûreté de l’État », des arguments tout droit sortis de l’arsenal anti-terroriste pour justifier de la détention d’une centaine de militants, dont de nombreux mineurs.

      Une plainte de la proviseure d’Arago pour le « vol de 20 iPad Neuf et 2 usagés »

      Autre élément à charge qui vient s’ajouter pour un des interpellés, dont le procès du 15 juin a été renvoyé au 4 décembre prochain, une accusation de « recel de vol ». La proviseure du lycée Arago a porté plainte pour le vol de 20 iPad neufs et de deux usagés. Or, parmi tous les interpellés du 22 mai, tous ont subi une fouille au corps avant d’être embarqué en garde-à-vue dans les conditions que l’on sait. Ainsi, le mystère reste entier : comment ces iPads auraient-ils pu sortir du lycée ce jour là ?

      Pour les soutiens et les proches venus assistés au procès ce 19 et 22 octobre, outre les incohérences, il y a une « disproportion entre toutes les entorses contre la police et la très grande sévérité contre les inculpés ». Parmi les 11 inculpés passés à la barre, il a été requis une peine de deux mois de prison avec sursis, une peine de prison de deux mois avec sursis assorti d’une amende de 500 euros. Pour les autres le procès a été renvoyé à septembre 2019 ou à une date ultérieure non déterminée faute de PV conforme.

      En sortant du tribunal, les proches ont pu être accompagnés, à leur sortie du tribunal, par les services des renseignements généraux. Une manière de signer ces procès de la marque de l’État policier…


      http://www.revolutionpermanente.fr/Proces-Arago-Episode-2-les-multiples-entorses-policieres-sous-s

  • #Lycée_militaire de #Saint-Cyr : une machine à broyer les femmes - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/03/22/lycee-saint-cyr-une-machine-a-broyer-les-femmes_1638211

    « Libération » a enquêté sur le #sexisme érigé en système au sein des #classes_préparatoires militaires par un puissant groupe d’élèves : les « tradis ». Entre humiliations et #harcèlement_moral, tout est fait pour saper les ambitions des étudiantes.

    #armée #misogynie

    • C’est une lettre, rédigée avec rage et remplie de rancœur, qui a sonné l’heure de la rébellion au lycée militaire de Saint-Cyr-l’Ecole (Yvelines). Celle de Mathilde (1), 20 ans, élève de deuxième année de classe préparatoire dans l’établissement, envoyée au président Macron, le samedi 2 décembre 2017. Avec ces mots, reflets d’une plaie à vif : « J’avais jusqu’à présent le projet d’intégrer l’Ecole spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr. […] J’ai honte d’avoir voulu aller dans une armée qui n’est pas prête à recevoir des femmes. J’ai appris que porter un vagin ruine une carrière, une vocation, une vie. » Mathilde rêvait d’être officière de l’armée de terre. Ces deux années de prépa au lycée de Saint-Cyr, réputées être le meilleur tremplin pour atteindre cet objectif, ont fracassé son rêve.

      Harcèlement moral, intimidations, insultes, humiliations, marginalisation, coups bas : depuis son arrivée, en septembre 2016, Mathilde se sent « persécutée » par un groupe de garçons « prêts à tout » pour la voir abandonner le concours d’entrée à l’ESM (lire encadré).
      « Réactionnaire »

      Ils se nomment communément les « tradis » et ont réussi leur pari : la jeune femme souhaite retourner dans le civil à la fin de l’année, écœurée par le monde militaire et sa misogynie corrosive. Ce n’est malheureusement pas la seule. Dans la « corniche » de Saint-Cyr (l’ensemble des classes préparatoires du lycée), ce sexisme psychologiquement virulent, orchestré par une minorité puissante (environ 60 élèves sur 230), est subi de manière quotidienne par une large majorité d’étudiantes. « Sans que le commandement ne bouge d’un orteil », s’insurge Mathilde.

      La lettre adressée à Emmanuel Macron était porteuse d’espoir, d’un balbutiement de révolte. Elle a fait pschitt. Quelques tables rondes ont été organisées au lycée… Mais aucune mesure n’a été annoncée après. Alors, face à cette « passivité », Mathilde a choisi de contacter Libération pour alerter sur ce « vase clos réactionnaire et paternaliste ». Au fil des jours, une quinzaine d’autres personnes ont, elles aussi, spontanément souhaité libérer la parole. Leurs témoignages couvrent une période allant de 2013 à aujourd’hui. Filles (très majoritairement) et garçons, ex-étudiants, élèves actuels anciens membres de l’encadrement : tous décrivent à Libé le sexisme systémique des classes préparatoires au lycée militaire de Saint-Cyr. Ou comment sévit depuis des générations le clan des tradis pour évincer leurs camarades féminines et broyer leurs ambitions. En quasi toute impunité.
      « Youle »

      Mercredi 29 novembre 2017, trois jours avant l’envoi de la lettre. Comme tous les ans à cette même date, c’est jour de fête au lycée militaire de Saint-Cyr : l’établissement hanté par le souvenir napoléonien célèbre la fameuse bataille d’Austerlitz en organisant la soirée du « 2S » lors de laquelle les élèves proposent des « sketchs ». Ce soir-là, une dizaine d’élèves (que des garçons) arrivent torse nu pour danser sur scène. Sur la peau, ils ont peint le symbole µ. Prononcé « mu », c’est un nom de code signifiant « misogyne », nous explique Agathe, une ancienne élève d’hypokhâgne du lycée. « Il est tagué dans la cour, il est gravé sur les tables de classe. Bref, il est partout », assure-t-elle. Quelques minutes de show plus tard, une jeune fille, volontaire, entre en scène afin de se faire « faussement » scalper par les jeunes hommes. Qui la mènent ensuite à leur chef en criant : « Youlez les… » avant d’entendre une partie du public masculin répondre d’une seule voix : « …grosses ! »

      « Youlez les grosses » signifie « scalpez les filles ». Car dans le langage interne que les tradis se transmettent d’année en année, les « grosses », ce sont les jeunes femmes. Parce qu’elles « sont juste bonnes à être engrossées », explique à Libération Marie, qui a fait une première année de prépa à Saint-Cyr-l’Ecole avant de changer d’orientation. La « youle » ? « C’est le nom de la coiffure que les tradis arborent pour se différencier du reste des élèves », renchérit Marie. Très court sur les côtés, longue mèche sur le haut du crâne. Mathilde se souvient de cette soirée : « Les filles de l’assemblée sont restées abasourdies. On ne savait pas trop si cela signifiait que nous n’étions pas les bienvenues ou si c’était carrément une menace de mort. Dans tous les cas, c’était de la misogynie clairement exposée. »

      Quelques filles sont bien allées voir la direction du lycée pour protester contre ce sketch douteux. Selon elles, il avait été validé en amont par la direction du lycée qui ne pouvait plus changer son fusil d’épaule. Aurore, 20 ans, étudiante à bout de nerfs, se souvient : « Le commandement nous a répondu qu’il ne fallait pas que nous prenions la mouche pour une simple blague potache. » Du côté du ministère, on affirme à Libération que les sketchs seront interdits lors de la prochaine soirée « 2S ». « Je n’y crois pas. C’est toujours la même hypocrisie. Ici, on laisse les filles se faire opprimer et on ne sanctionne jamais les bourreaux », dénonce Aurore.

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      « Contre-nature »

      Les « bourreaux », ce sont eux : les Mohicans, la Mafia, l’Inquisition, la Ferme et les Gaulois. Des « familles » de garçons ultraconservateurs perpétuées chaque année par un système de parrainage, qui n’acceptent toujours pas la présence de jeunes filles dans la corniche. Elles sont pourtant officiellement admises depuis 1986, même si les premières étudiantes sont arrivées au début des années 2000. Ce groupe masculiniste, à la fois occulte et hyperstructuré, est officiellement interdit par l’autorité militaire. Et pour cause. Dans les couloirs de leurs dortoirs, ils brandissent fièrement le drapeau des confédérés américains, devenu dans le monde entier un signe de ralliement raciste, ou s’habillent avec des bretelles à ses couleurs. Selon des sources internes, des croix gammées auraient été retrouvées dessinées à la craie sur certaines chaises, avec l’inscription Deutschland über alles (un extrait de l’hymne allemand utilisé par les nazis). Le 20 novembre dernier, jour de la mort de Franco, des témoins rapportent les avoir entendus louer les « valeurs » du dictateur espagnol. Sur Facebook, les tradis « likent » des groupes qui militent contre l’avortement. Ces jeunes adultes, de 17 à 21 ans, sont nostalgiques « de la religion d’Etat, des colonies… » observe un de leurs anciens professeurs : « Et ils pensent qu’accorder des congés paternité, c’est contre-nature. » Tous les mercredis, ils vont à la messe au lycée et tous les dimanches à Versailles, ville voisine à environ 5 kilomètres de Saint-Cyr-l’Ecole, dans une église où elle est dite en latin. En 2013, une majorité de tradis ont rejoint la Manif pour tous et des autocollants du mouvement fleurissaient dans l’établissement. L’année dernière, ils se sont procuré un drapeau gay pour le brûler au lycée. Une information recoupée par plusieurs témoins. D’ailleurs, un des sketchs organisé lors du « 2S » de 2016 montrait un homme symboliquement envoyé au bûcher (avec des fumigènes). Il portait des bretelles arc-en-ciel.

      Chaque année, les hostilités débutent fin septembre, quand les tradis font le tour des dortoirs pour recruter parmi les nouveaux. « Si tu ne rejoins pas leurs rangs, tu seras considéré comme un "souz" [un sous-homme, ndlr], déplore Pierre, élève de classe prépa. Les tradis sont dans cette logique de "si tu n’es pas avec nous tu es contre nous". Les non-suiveurs sont marginalisés durant le reste de l’année. Mais je ne peux pas vraiment me plaindre quand je vois ce que les tradis réservent aux étudiantes. » Car leur cible, ce sont les filles. Pour s’excuser de vouloir leur mettre des bâtons dans les roues, ils plaident parfois la concurrence logique d’une prépa exigeante comme celle de Saint-Cyr. Les filles leur prendraient des places, qui sont chères. « Mais si ce n’était que ça, ils n’auraient pas de raison de s’entraider entre eux, contrebalance un observateur de l’intérieur. En réalité, selon eux, les filles ne devraient tout simplement pas être là. Les femmes sont des êtres merveilleux, doux et gentils, mais mieux à la maison à faire des enfants. » « Ils n’ont aucune vision complexe du monde, assène un de leurs anciens professeurs. La sensualité, la sexualité, ils ne connaissent pas. Pour certains, une fille c’est une sœur ou une maman. » En clair, elles n’ont rien à faire là.

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      « A mort les grosses »

      Les nombreux témoignages recueillis par Libé parlent de « haine palpable » et de « guerre froide ». Coups de pied dans les portes la nuit pour empêcher les filles de dormir, défécation devant leur chambre, refus de manger à la même table qu’elles à la cantine, menaces de « scalp » (toujours lui), pancartes « à mort les grosses » affichées dans l’internat, chansons composées des termes « salopes » et autres « cuissssss » marmonnées au passage d’une élève en couple (et donc soupçonnée d’avoir des relations sexuelles), remise du « concombre d’or » devant toute la promotion à la jeune fille qui a « le plus cuissé durant l’année »… Sans oublier l’ignorance ritualisée ou « l’indifférence courtoise » comme la surnomment les tradis eux-mêmes : cet usage qui consiste à ne jamais adresser la parole aux filles. Jamais, au point de ne pas transmettre les consignes du commandement ou à les prévenir des contrôles scolaires. Et donc à les pénaliser dans leurs études.

      « On retrouve les filles en pleurs dans les couloirs, prêtes à tout arrêter du jour au lendemain, rapporte une source interne. Entre le stress des concours, l’intensité des semaines de cours et ce sexisme en situation de force, beaucoup d’étudiantes n’arrivent plus à contrôler leur sentiment de détresse. » Aurore n’a pas peur de parler de harcèlement sexiste : « Je me sens humiliée dans mon identité de femme et bafouée dans mon droit d’être ici. Ça m’a rendue malade. J’ai longtemps eu des nausées, des maux de ventre, un corps épuisé. J’en ai parlé à un médecin qui m’a confirmé que tout n’était que psychologique. »

      « Leur but, c’est qu’on décroche en fin de première année », synthétise Rebecca qui est sortie de la prépa en juin 2016 sans concourir pour l’ESM. L’ancienne apprentie officière a tenu trois ans, avec une année de « khûbe » (redoublement), mais en « craquant » à chaque vacance. Aujourd’hui, la jeune femme se dit « dégoûtée » du métier qui la faisait rêver plus jeune. Même constat pour Noémie, ancienne élève de la prépa Saint-Cyr aujourd’hui en réorientation. Elle ambitionnait de devenir pilote de l’armée de l’air, mais elle a entre-temps « totalement perdu confiance en elle ». Déléguée élue lors de son unique année de classe prépa, la jeune fille a été toute l’année « boycottée » au profit de son vice-délégué et membre de la famille tradi. « On me disait toujours "va travailler, va te reposer, ton vice-délégué va s’en charger". Il n’y avait que six tradis sur une classe de 30 élèves mais j’ai fini par être transparente aux yeux de tout le monde. Certains ont commencé à me traiter de salope et à dire que je n’étais bonne à rien. Je pleurais trop régulièrement, je voulais tout le temps rentrer chez moi. Les tradis ont réussi à me faire penser que je n’étais pas assez douée pour devenir officière. Je suis partie. »

      Coralie a tenu trois années de prépa jusqu’à son intégration à l’ESM de Saint-Cyr. Après quelques mois à l’ESM, elle a choisi d’abandonner. Désenchantée. « Je m’étais interdit de craquer en prépa car je pensais qu’à l’Ecole spéciale, les garçons tradis disparaîtraient dans la masse. J’ai cru pouvoir me débarrasser d’eux, je me suis trompée. » C’est une réalité que la jeune femme n’avait pas assez appréhendée : les garçons du groupe des tradis du lycée, fondé sur l’entraide scolaire et la démotivation des concurrents, sont des « bêtes à concours » qu’on retrouve en nombre sur les bancs de l’ESM. « En arrivant à Coëtquidan (Morbihan), j’ai retrouvé les pires, lâche Coralie. On m’a de nouveau traitée comme une sous-merde. Ce sentiment de ne jamais être à sa place est épuisant. J’ai fini par craquer. Je n’ai pas eu la force que je voulais. »

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      Fermer les yeux

      Le phénomène n’est ni nouveau, ni inconnu pour le ministère des Armées. Depuis la rentrée 2014, un « référent mixité » est en poste dans chaque lycée militaire et une inspection générale a lieu chaque année pour faire le tour de l’ambiance qui y règne. En 2015, la section « sciences économiques » de la prépa Saint-Cyr a été purement et simplement supprimée aux motifs de « comportements discriminatoires à l’égard des élèves féminines » et de « conduites vexatoires et blessantes » de la part des tradis. « Une mesure forte », appuie le chef du service d’information de l’armée de terre, le colonel Benoît Brulon, vers qui nous a orientés la direction de l’établissement. Elle aurait permis de « largement améliorer le climat ces quatre dernières années », continue-t-il. D’ailleurs, le rapport Galtier, rendu au ministère des Armées début 2018 à la suite de l’inspection du lycée, établit les mêmes conclusions, selon le général Pierre Liot de Nortbecourt, adjoint au directeur des ressources humaines de l’armée de terre en charge des lycées militaires et des écoles de formation initiales. « Reste une problématique dans une section », reconnaît-il. Les lettres, dans laquelle les tradis sont aujourd’hui les plus actifs. « De la méchanceté, des bêtises, un effet de groupe », brosse le général. Il s’agit de jeunes garçons qui sont déjà dans le collimateur des autorités du lycée. »

      Des témoins dénoncent pourtant un « double discours » entretenu par le commandement à la tête du lycée de Saint-Cyr. C’est vrai, à chaque début de rentrée scolaire, les petits nouveaux sont avertis par le chef de corps et les capitaines de la présence nuisible des familles tradis. « Ils font semblant de prendre les choses en main mais ce n’est que de la forme. Au vu de leur passivité tout le reste de l’année, on se demande s’ils ne cautionnent pas au fond la mentalité des tradis », explique l’une de nos sources. Selon elle, des dizaines de rapports d’élèves ont été transmis à la direction l’an passé, sans qu’aucune sanction ne soit prise. En interne, une majorité de témoins s’entendent pour dire que le véritable blocage se situe au niveau des plus hauts gradés.

      Au fond, le phénomène est simple : les prépas sont noyautées par le groupe des garçons ultras, beaucoup de filles et quelques garçons abandonnent. Les tradis, eux, parviennent à intégrer l’école puis à devenir officiers. Et se retrouvent ainsi dans la potentialité d’encadrer les formations des plus jeunes. Et sont portés, même inconsciemment, à fermer les yeux sur certaines pratiques qui leur rappellent leurs jeunes années. « Que des élèves fascistes me mènent la vie dure, je peux m’en remettre, soupire Marie, une ancienne élève de prépa littéraire. Que mes futurs chefs de régiment fassent la sourde oreille, c’est inadmissible. Le manque d’engagement des cadres encourage les éléments perturbateurs. » Et décourage les autres. Dans sa lettre, Mathilde lâche une terrible formule : « Ainsi, les fraternités se forment, c’est juste qu’il n’y a pas de sœurs. »

      #fraternité #masculinité #virilité #fascisme

    • http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/04/17/je-n-ai-jamais-rencontre-une-soldate-heureuse_1181997_3224.html

      Hypokâgne, khâgne, Sciences Po... et l’armée. Engagée à 22 ans, reçue à Saint-Cyr, Marine Baron a démissionné deux ans plus tard, révoltée par le machisme ordinaire des militaires. Elle relate son expérience dans « Lieutenante »

      Vous vous êtes engagée dans l’armée à 22 ans, vous l’avez quittée à 24 et vous avez écrit un témoignage dans lequel vous dites, dès le début : « Je ne suis pas faite pour l’armée. » Auriez-vous fait tout un livre pour ce simple constat ?

      Certainement pas. J’ai le sentiment que ce que j’ai vécu et ce que je peux en dire dépasse mon cas personnel. Il m’a été naturel d’écrire. Mon rôle dans l’armée était déjà d’écrire, j’étais officier de communication, je devais donner une bonne image de l’institution. En parallèle, il y avait ce que je vivais, et ce qu’il m’a été donné de voir chez certaines femmes militaires - il y en avait peu dans mon unité. Je me suis dit que si je ne disais pas ce que j’avais vu et expérimenté, personne ne le dirait à ma place.

      A quel moment de votre vie avez-vous eu ce désir de devenir militaire ?

      Dès l’adolescence. Je n’ai jamais rêvé d’un autre métier. Mais je ne le formulais pas vraiment, je restais assez fidèle à mon milieu bourgeois, intellectuel. J’ai fait les études qu’on attendait de moi, hypokhâgne, khâgne et Sciences Po. Je me suis mariée à 18 ans et j’ai divorcé à 21 ans. J’avais quitté ma famille pour me marier, puis mon autre famille en divorçant. Je n’avais plus d’attaches ou de comptes à rendre, je pouvais donc consentir à mon désir.

      Mais pourquoi ce désir d’armée et pourquoi la marine ?

      Sur la marine, on a beaucoup plaisanté, comme si je voulais me conformer à mon prénom, Marine... Mais la marine m’a toujours fascinée... Des voyages au long cours, une certaine idée de la liberté. Le désir d’armée ? Peut-être parce que je n’ai pas eu de vrai modèle d’autorité. Ma mère, qui m’a élevée, était... je dirais, un peu bobo soixante-huitarde, même si c’est réducteur. Mes parents étaient divorcés, et mon père n’a pas été très présent dans mon éducation. Venant d’une famille éclatée, je voulais retrouver quelque chose d’uni. C’était certainement aussi un geste de révolte contre ma mère, antimilitariste. Et un désir d’idéal - servir une cause.

      Vous citez une phrase, une sorte de maxime de l’armée : « Il n’y a pas de sexes dans l’armée, il n’y a que des militaires. » Est-ce la réalité ?

      Il y a un seul sexe, le masculin. On le sait d’emblée quand on est une femme : on entre dans l’armée avec le fantasme de s’abstraire du féminin. On a le désir de se fondre dans cette collectivité unisexe. On essaie de faire oublier qu’on est une femme, mais on est toujours rappelée à l’ordre, ramenée et réduite à son sexe. Jamais je ne me suis autant sentie désignée comme femme. Si je faisais une bourde, c’était parce que j’étais une femme. Si on faisait un exercice difficile et que je serrais les dents pour ne rien dire alors que les hommes, eux, se plaignaient, c’est tout de même moi que l’instructeur réprimandait.

      A suivre votre parcours, à lire les portraits de femmes que vous faites, on a le sentiment qu’aucune femme ne peut être heureuse dans l’armée. Pourtant les femmes continuent de s’engager et toutes ne partent pas au bout de deux ans...

      Il y en a aussi qui partent bien avant. Mais je suis persuadée que dans certaines unités où il y a suffisamment de femmes, leur condition est meilleure. Dans la marine, il y a entre 12 % et 15 % de femmes mais dans mon unité, c’était 2 %, voire 1 %. Je pense que certaines femmes militaires ne se sont pas reconnues dans mon discours. Mais je n’ai eu aucune réaction de leur part. En revanche, j’ai reçu des témoignages de femmes qui, contrairement à moi, sont restées dans l’armée et qui m’ont remerciée d’avoir brisé le silence, d’avoir raconté mon expérience dans laquelle elles se sont retrouvées.

      Un de vos supérieurs vous a dit : « Ici, les femmes ont la condition qu’elles méritent. » Avez-vous quelque chose à lui répondre ?

      Je connais ce discours. Si on morfle, c’est qu’on l’a cherché. En fait, on est venue dans l’armée seulement pour se trouver un homme. C’est stupide. Dans mon unité, certains étaient furieux de voir arriver une femme. D’autres étaient contents, mais pour de mauvaises raisons, parce qu’ils ne voient les femmes que comme des objets de désir.

      Vous citez des propos qui semblent d’un autre âge, le moindre étant de désigner toujours une femme comme « la miss ». Mais n’est-ce pas le fait d’une minorité ?

      Chacun a plus ou moins un discours sexiste. Même si seule une grosse minorité est ouvertement misogyne, c’est en fait toléré par tous, ou presque tous. Et c’est cela qui est grave : la plupart laissent faire, comme ils le font avec les propos racistes.

      Les misogynes et les racistes, ce sont les mêmes ?
      Ce serait trop simple. J’ai vu des misogynes carabinés se révolter contre des propos racistes. Et inversement, des racistes ont parfois pris ma défense. On ne peut pas s’en tenir aux idées reçues.

      Vous n’avez pas donné les véritables identités des officiers de votre unité. Mais ils ne pouvaient pas ne pas se reconnaître. Ont-ils réagi ?

      Pas officiellement. Et une fois encore, je n’ai eu que les réactions positives. Ceux qui ont détesté mon propos ne se sont pas manifestés.

      Curieusement, c’est quand vous entrez à Saint-Cyr Coëtquidan, qui apparaît comme la voie royale, que vous craquez.

      Saint-Cyr, c’était la concrétisation de mon intégration dans l’armée. Dans la marine, j’étais « volontaire officier aspirant ». C’était une situation précaire. J’ai passé le concours de Saint-Cyr dans l’enthousiasme, pour faire carrière. J’y tenais. Ma passion pour l’armée était réelle. Je voulais qu’on m’y accepte. Je ne voulais pas admettre que j’étais usée par les deux années que je venais de vivre. Je suis arrivée à Saint-Cyr, persuadée que j’allais signer pour quinze ans minimum. J’avais quelques semaines pour me dédire. J’ai soudain réalisé que je ne tiendrais pas, et je suis partie.

      Vous n’avez pas tenu, mais y a-t-il vraiment un problème de fond, qui toucherait toutes les femmes ?

      Je le crois. Certes, j’étais dans une unité très masculine. Et j’ai sûrement fait des erreurs. Mais pour les quatre femmes qui ont été dans cette unité, ça s’est mal passé. Il est impossible qu’elles aient toutes été anormalement faibles et fragiles.

      Il y a des difficultés pour les femmes dans toutes les entreprises.

      Certainement, mais, dans l’armée, il n’y a aucune acceptation de la mixité. Dès que les hommes ont peur, ils sont traités de gonzesses.

      Cela existe dans le civil aussi.

      Peut-être. Mais, dans l’armée, tant qu’il y aura, accolée au féminin, une image de faiblesse qui est l’antimodèle absolu de la ligne de conduite militaire, la situation des femmes ne sera pas bonne.

      Il y a pourtant des soldates heureuses.

      Je n’en ai pas rencontré. Maintenant que je parle avec d’anciennes militaires, je vois que certaines ont su trouver leur espace. Mais quand j’y étais, je n’ai pas rencontré une seule femme qui me dise « c’est super, l’armée ».

      Avez-vous des regrets ?

      Passé le soulagement, oui, car j’ai toujours un attachement à cette idée de servir la France, et surtout de défendre la démocratie. Je suis attachée à mon pays. D’ailleurs, combien y a-t-il de pays où j’aurais pu écrire un livre critique sur l’armée sans être inquiétée ? Et puis, bien sûr, il y a des choses qui me manquent dans la vie civile. Des rapports humains très forts, où, même dans les affrontements, on se sent vivre.

      A-t-on essayé de vous retenir ?

      Une copine de chambrée m’a dit : « Ne pars pas, tu vas à nouveau dépendre d’un homme ! » Comme si, dans l’armée, on dépendait d’autre chose que des hommes...

    • http://www.liberation.fr/france/2018/03/22/j-etais-un-bourreau-la-confession-d-un-tradi-repenti_1638206

      Oui, je traitais les féminines de « grosses », je pratiquais l’indifférence courtoise [ne plus parler aux filles, ndlr] et j’ai beaucoup ri lors du sketch de la jeune femme scalpée.

      #courtoisie #galanterie #sens_commun #manif_pour_tous #religion #catholicisme #homophobie #racisme #grossophobie

      L’État français donne des armes à ces gens là alors que ca devrait être les derniers de la terre à pouvoir y toucher.

    • C’est pas seulement les valeurs militaire, ce sont les valeurs catholiques. Un papa dans une maman pour tous, les femmes à la maison sans droit sur rien et surtout pas leur corps, soumission à la hiérarchie, croyance aveugle, goût pour la génuflexion, sado-masochisme... Rien de plus logique qu’on trouve autant de catholiques dans cette école d’artisans bouchers et surtout chez les plus agressifs contre les femmes.

    • Dit donc les éditions triomphe ca fait pas révé. Quel dessins monstrueusement moche !

      Un autre article sur l’e-monde sous #paywall
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/03/23/harcelement-moral-de-jeunes-filles-au-lycee-militaire-de-saint-cyr-l-enquete

      La jeune femme explique avoir été persécutée pendant deux ans par un petit groupe de garçons, résolus à lui faire abandonner ses études.

      On parle quant même d’un « petit » groupe d’une 60 ène d’élèves sur 230 (26% des élèves, plus d’1 sur 4 ! ) avec la hiérarchie qui les soutiens jusqu’au plus haut niveau.

      Extrêmement influents au sein de l’établissement, ces jeunes hommes gravitent dans la sphère catholique traditionaliste – ils assistent à la messe en latin le mercredi et le dimanche –, se disent souvent proches des milieux d’extrême droite et affichent ouvertement des positions contre les homosexuels et l’avortement.

      Les témoignages recueillis décrivent des jeunes hommes « prêts à tout » pour éliminer toute forme de concurrence pour l’entrée à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr – le Graal pour ces étudiants. Si bien qu’il n’est pas rare de voir arriver « les pires » à Coëtquidan (Morbihan), et par conséquent de les retrouver parmi les officiers de l’armée.

      La direction de l’établissement qui, dans un premier temps, évoquait de simples « blagues potaches », remue depuis ciel et terre pour étouffer l’écho médiatique qu’a reçu l’affaire révélée par Libération. « Ici, on laisse les filles se faire opprimer et on ne sanctionne jamais les bourreaux », déplore une ancienne élève du lycée militaire.

      L’armée veux faire croire que ces élèves misogynes, homophobe et racistes passent leur vie à Saint Cyr et ne vont pas pourrir la vie des femmes, des homos et des personnes racisées partout ou ils se rendent. Si 1/4 des militaires sont des misogynes, homophobes et racistes actifs, les 3/4 restants ça les dérangeait pas tant qu’on en parlait pas dans les journaux.

      .
      .
      .

      Le problème a été « résorbé »

      Ahah

      –----
      Dans le commentaires de l’article, qui sont rigolos pour une fois, les fachos sont aux abois. Je découvre que les élèves de l’école Saint Cyr ont de drôles d’occupations au puy-du-fou pour faire la promo de Villier.

      https://www.youtube.com/watch?v=mBtNbd4KbAs

      https://www.youtube.com/watch?v=cGmxwGyRfNI


      Là on peu voire qu’il y en a plus que 60 « tradi » et que les femmes il n’y en a pas (même si il peut y avoir des femmes « tradi » là on en voie pas).

      –---
      Quand la troupe tolère les femmes elles sont mise à l’arrière.
      https://www.youtube.com/watch?v=BYjW4bHMsbM


      https://www.youtube.com/watch?v=DYWPO6P_G5k

      Dans ces deux videos je remarque que les élèves noirs sont mis plutot dans les premiers rangs (sauf une ou deux exception). Ca veux pas dire qu’il y a pas de racisme, mais je pense que ca reflète la volonté de l’armée de recruté des hommes racisés (mise en avant) et surtout pas des femmes, racisées ou pas.

    • Ben, si, les Éditions du Triomphe, ça fait rêver ! Du moins certains : le Triomphe est le nom de la cérémonie de fin de première année à Saint-Cyr Coëtquidan. Les élèves y passent de rien à tout (ou presque, il reste encore quelques années d’étude…) en passant d’élèves-officiers à aspirants. La cérémonie est nocturne et son moment culminant est lorsque toute la promo est rassemblée et que « l’officiant » donne les ordres :
      – À genoux, les hommes !
      – Debout, les officiers !

      Pour l’ordre dans le défilé, je crois me souvenir de ma jeunesse, que la disposition dans le peloton est régie par taille décroissante. Ceci dit, l’autre école militaire (qui a le privilège d’ouvrir le défilé du 14 juillet) fait de façon constante le choix de mettre des filles au premier rang.

      https://www.youtube.com/watch?v=ByJ4e94yW20

      Palaiseau : ces élèves de Polytechnique vont ouvrir le défilé sur les Champs-Elysées - Le Parisien
      http://www.leparisien.fr/palaiseau-91120/palaiseau-ces-eleves-de-polytechnique-vont-ouvrir-le-defile-sur-les-champ

      Cette année, l’ordre de marche sera différent des précédents. Traditionnellement, les femmes sont devant, puis l’ordre va des plus grands au plus petits par taille, « pour effrayer l’adversaire », ajoute Joséphine. La délégation d’élèves est dirigée par un chasseur alpin et « tout est donc inversé, ce sera par ordre décroissant que nous défilerons, reprend l’étudiante. Peut-être parce qu’en montagne les plus petits ouvrent la voie ».

      Chacun a les traditions qu’il choisit.

      Ceci dit, à l’X les filles ont dû se battre puisqu’au début elles n’avaient pas accès aux vrais symboles polytechniciens :
      • elles portaient un tricorne et non le bicorne de leurs camarades garçons,
      • elles n’avaient pas droit au port de l’épée.
      Comme on peut le vérifier aisément sur cette photo d’Anne Chopinet, major de la première promo qui acceptait des filles (tricorne et absence d’épée - et donc du ceinturon)

    • A la suite de l’enquête de Libération qui a révélé le système bien rodé d’exclusion des filles au sein des classes préparatoires du lycée militaire de Saint-Cyr-l’Ecole (Yvelines), le conseil disciplinaire de l’établissement a voté ce jeudi l’exclusion définitive de deux étudiants impliqués dans des faits de harcèlement sexiste. Il s’agit des deux « chefs » du clan des « tradis », ce groupe minoritaire d’étudiants qui noyaute les classes prépas du lycée pour en exclure les élèves filles au prétexte qu’elles n’auraient pas leur place dans l’armée.

      Selon une source interne, une petite dizaine d’autres élèves « tradis » pourraient eux aussi passer devant le conseil de discipline dans les semaines à venir. Le 4 avril dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, s’était engagée devant l’Assemblée nationale à exclure de Saint-Cyr-l’Ecole « les élèves impliqués dans ces faits ».

      Cette première exclusion est surtout symbolique : ces jeunes hommes de deuxième année de prépa sont autorisés à passer les concours (qui débutent la semaine prochaine) et ne manqueront finalement que les sessions de révisions du mois de mai pour préparer les oraux (les cours sont d’ores et déjà terminés).

      http://www.liberation.fr/direct/element/harcelement-au-lycee-militaire-de-saint-cyr-deux-eleves-tradis-definitive

      Je rappel ce que cette brève désigne par « minorité » : un groupe d’une 60 ène d’élèves sur 230 (26% des élèves, plus d’1 sur 4 ! ) avec la hiérarchie qui les soutiens jusqu’au plus haut niveau.
      2 exclusions symboliques des meneurs, 10 élèves en conseil de dicipline ce qui ne changera rien à l’ordinaire de ce que s’infligent ces machos dans leur club fasciste, et pas de conséquences dans la hiérarchie de l’école qui est pourtant clairement impliquée dans tous les témoignages. L’armée valide le comportement des tradis en faisant quelques gesticulations vaguement symboliques pour la presse.

  • Passe-droit scolaire pour la famille Le Drian : Mediapart prouve ses « stupidités »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/080318/passe-droit-scolaire-pour-la-famille-le-drian-mediapart-prouve-ses-stupidi

    Jean-Pierre Elkabbach et #Jean-Yves_Le_Drian ce jeudi. © Capture d’écran CNews Le ministre des affaires étrangères a tenté de déminer la polémique sur les conditions d’inscription dérogatoires de ses petits-enfants au #lycée_français_de_Barcelone après intervention directe de son cabinet et de l’appareil diplomatique. De nouveaux documents affaiblissent la version officielle.

    #France

  • Le ministre Le Drian met la diplomatie française au service de ses petits-fils
    https://www.mediapart.fr/journal/france/060318/le-ministre-le-drian-met-la-diplomatie-francaise-au-service-de-ses-petits-

    Le ministre des affaires étrangères est un des poids lourds de l’exécutif d’Emmanuel Macron. © Reuters À la rentrée scolaire 2017, deux adolescents ont pu s’inscrire après la date limite de dépôt des dossiers dans le prestigieux #lycée_français_de_Barcelone. L’établissement a refusé des centaines d’élèves cette année-là. Mais les heureux élus ont pu compter sur le soutien de leur aïeul, #Jean-Yves_Le_Drian, ministre des affaires étrangères dont le cabinet s’est directement impliqué dans le dossier. Pour convaincre, une visite du ministre a même été mise dans la balance.

    #France #ministère_des_affaires_étrangères

  • Petite mise à jour postes ouverts (publiés) #MCF #ESR. On suit toujours la tendance qui conduit à 0 postes ouverts en 2030.


    https://twitter.com/mixlamalice/status/966986699040612352

    Avec ce commentaire intéressant :

    Pas étonnant alors qu’ils mettent en place #parcours_sup qui réduit l’accès à l’Université : plus de lycéens, moins de profs : la #sélection organisée ...

    https://twitter.com/ben_schnecken/status/967001264390361089

    #postes #travail #université #statistiques #chiffres #MCF #France #it_has_begun

    En route vers une université sans enseignant·es !

    • Commentaire reçu via la mailing-list Geotamtam, avec des références utiles :

      Sur ces questions de "sélection" (qui ne peut pas avoir d’autre fonction que d’éliminer les "indésirables") et les réformes en cours, mais aussi sur les questions angoissées de notre ex-collègue sur qui s’intéresse au devenir des étudiant-es et aux inégalités et injustices de ce système, le réflexe doit être selon moi de lire ce que les chercheurs et chercheuses spécialistes ont pu écrire de sérieux sur la question et les leçons qu’ils/elles en tirent. Il y aurait beaucoup de références à donner, surtout si on pense qu’il faudrait une mise en contexte par quelques décennies de travaux sur les trajectoires scolaires, leurs conditions et leurs effets...

      Par exemple, il y a certes un manque évident et énormissime de moyens, mais selon Beaud et Millet (réf plus bas) : "Au delà des questions pratiques, bien sûr importantes, que pose le pilotage de cette réforme et de la situation actuelle de l’université, affaiblie par la conjonction de 10 ans de LRU, de disette budgétaire et de plusieurs décennies d’accroissement des effectifs étudiants, il apparaît essentiel de replacer au cœur des débats la réflexion sur la fonction sociale de l’université en France."

      Pour ce faire, je vais me limiter à une seule analyse récente de la logique des réformes depuis le processus de Bologne (Economistes attérés, en PJ) et quelques publications, avec un livre qui est devenu un classique, et si vous n’avez pas le temps quelques textes qui en sont inséparables et dont certains titres sont très explicites : la "sélection à l’université" semble en effet "une fausse solution à un problème mal posé".

      – Trois courtes analyses des réformes en cours :

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2017, "Parcoursup, une réforme conservatrice ?", AOC, en ligne
      https://aoc.media/analyse/2018/02/06/parcoursup-reforme-conservatrice

      BEAUD Stéphane, "Les enjeux cachés de la réforme du bas", Alternatives économiques,
      https://www.alternatives-economiques.fr/enjeux-caches-de-reforme-bac/00083206

      BEAUD Stéphane, MILLET Mathias, "La réforme Macron de l’université", La Vie des idées,
      http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html

      – Quelques publications sur des recherches sociologiques qui les fondent :

      BODIN Romuald, MILLET Mathias, 2011, « La question de l’« abandon » et des inégalités dans les premiers cycles à l’université », Savoir/Agir, vol. 17, no. 3, 2011, pp. 65-73.
      https://www.cairn.info/revue-savoir-agir-2011-3-page-65.htm

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2013, L’Université n’est pas en crise. Les transformations de l’enseignement supérieur : enjeux et idées reçues, Editions du Croquant, coll. savoir/agir, Bellecombes-en-Bauge, 213 p.
      http://journals.openedition.org/rfp/4259

      BODIN Romuald, ORANGE Sophie, 2013, « La barrière ne fera pas le niveau. La sélection à l’université : une fausse solution à un problème mal posé », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 199, no. 4, pp. 102-117.
      https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2013-4-page-102.htm car PJ trop lourde

      + Un autre livre très récent que je n’ai pas encore lu :
      Annabelle Allouch, La Société du concours. L’empire des classements scolaires, 2017, Paris, Le Seuil.
      http://www.seuil.com/ouvrage/la-societe-du-concours-annabelle-allouch/9782021350258

    • Conférence de presse / collectif des E.C. lillois refus du classement sur #Parcoursup

      Reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 3 avril 2018

      Nous sommes un collectif d’enseignant.e.s chercheur.e.s de l’Université de Lille. Nous avons organisé une conférence de presse jeudi 29 mars 2018 pour dire que nous ne classerons pas les dossiers des lycéens sur Parcoursup. Cette information a été relayée par TF1, France 3, France Inter, La Voix du Nord bientôt Libération et Médiacités.

      Nous vous transmettons le matériel que nous avons constitué - dossier de presse et une page synthétique d’arguments - pour réaliser depuis vos Universités des actions pour publiciser le refus et l’impossibilité technique d’appliquer la réforme ORE. Nous sommes de plus en plus nombreux à refuser ce classement : déjà sept Départements (Institut de Sociologie et d’Anthropologie,Département de sociologie et développement social, Départements de Science Politique, de Culture, d’Espagnol, d’Info Com, de Japonais) et de nombreux collègues dans l’ensemble des sites de l’Université de Lille.

      https://www.franceinter.fr/emissions/le-journal-de-7h30
      http://www.lavoixdunord.fr/347100/article/2018-03-29/des-enseignants-de-l-universite-de-lille-refusent-de-participer-au-clas
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/emissions/jt-1920-nord-pas-de-calais (à partir de 8 minutes environ)
      et la vidéo de la conférence de presse :https://www.pscp.tv/w/1lPJqnRQrrlxb

      Le Collectif des enseignant.e.s chercheur.e.s lillois.e.s pour l’égalité d’accès à l’université

    • Pourquoi s’opposer à Parcoursup ?

      Voici quelques éléments de réponse reçu d’une collègue qui elle-même a reçu d’un collègue le 05.04.2018 :

      1) Parcoursup est, qu’on le veuille ou non, un outil de sélection. Même si nous ne souhaitons pas faire de sélection, nous, à l’ARSH, l’outil est là à l’échelle nationale et ouvre la possibilité de le faire ; il est clair que certaines filières ou certains établissements vont s’en emparer (et les témoignages sur le site vers lequel conduit le lien que je vous ai envoyé sont explicites). La concurrence entre établissements est à prévoir à court terme. Nous sommes en train de prendre nos responsabilités à l’échelle nationale, pas simplement locale. Je tiens à ce que ce soit clair pour tout le monde.

      2) Le fonctionnement de l’outil n’est pas plus clair ni plus juste que celui d’APB : a) à cause du paramétrage local ; b) à cause de la correction par le Rectorat (selon des modalités opaques).

      3) L’outil n’empêche aucunement l’arbitraire le plus total dans le recrutement. (Là encore, je parle à l’échelle nationale, pas seulement de ce que nous nous apprêtons à faire ou non.)

      4) Les procédures à l’oeuvre dans les lycées en amont pour remplir Fiche Avenir, etc., sont elles-mêmes ouvertes au flou et à l’arbitraire. (Si l’on me répond qu’il faut faire confiance aux collègues du secondaire pour les remplir, je répondrais que l’évaluation nationale par l’examen du baccalauréat, préparé et corrigé par les collègues du secondaire, consistait précisément à leur faire confiance.)

      5) Le problème de l’outil, du paramétrage, etc. cache la misère des universités : diminution du nombre de postes ouverts au concours, tandis que le nombre d’étudiants augmentent (un rapport de 2015 prévoyait cette progression explicitement).

      6) Quand on comprime le nombre de postes alors que le nombre d’étudiants augmente, on prépare le terrain à une apparition de nouvelles « licences sous tension ».

      7) Actuellement, les « licences sous tension » concernent me semble-t-il 5% de l’effectif étudiant global. Mettre en place une procédure de sélection générale pour un problème qui concerne si peu de filières et d’étudiants paraît démesuré.

      8) Ce qu’on appelle « taux d’échec » n’est pas qu’un taux d’échec (mais inclut la réorientation, le mûrissement des projets, etc.). Il y a un taux d’évaporation normal en première année. Quand aux autres, il s’agit bien évidemment de les aider. Mais Parcoursup est une chose, le soutien aux étudiants qui en ont besoin en est une autre.

      Je rappelle également de nombreuses postures d’UFR et départements en France qui refuse la sélection.

      Par exemple :
      Université Paris Descartes

      UFR SHS, le département de sciences sociales « ne fera pas remonter de critères de classement et n’assumera pas la responsabilité de procéder au classement des candidatures. Il renvoie au rectorat la responsabilité et le soin de procéder à l’application de cette sélection. » (vote du 7 mars 2018, 28 votes pour, 1 contre et 1 abstention).

      UFR SHS, pour le département de Sciences de l’éducation idem.

    • L’Onisep menacé

      Message reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 06.04.2018

      Mesdames, Messieurs,

      Les personnels de l’#Onisep, établissement public sous tutelle des ministères chargés de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur se mobilisent pour défendre le service public de l’orientation.

      Le gouvernement prévoit en effet de confier la compétence d’information sur l’orientation aux régions dès janvier 2019, d’après le projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », présenté en conseil des ministres le 18 avril prochain.

      Les délégations régionales de l’Onisep et leurs personnels seraient transférés aux régions. Les CIO seraient progressivement supprimés et les Psy EN affectés dans les EPLE.

      Ce qui est en jeu dans ce projet :

      – La neutralité de l’information : les régions auront tendance à valoriser les formations locales correspondant aux besoins économiques définis à court terme par les branches professionnelles suivant les besoins du moment.

      – L’égalité d’accès à l’information sur l’ensemble du territoire national. L’information donnée aux élèves, aux étudiants et à leurs familles s’arrêtera aux frontières régionales, ce qui est un non-sens à l’heure où les parcours de formation se réalisent à l’échelle nationale et internationale. Par ailleurs, cette information sera soumise aux changements et aléas politiques.

      – Le risque que l’orientation devienne un nouveau secteur marchand où fleuriront les « coaches en orientation » dans les espaces laissés libres par les CIO.

      Une autre dimension importante semble être ignorée dans ce projet : les délégations régionales déclinent en région académique les politiques éducatives nationales en matière d’information et d’orientation. Elles appuient les projets académiques portés par les recteurs, sous de multiples formes : publications dédiées ; conseils et appui aux équipes éducatives dans la mise en œuvre de leur mission d’aide à l’orientation des élèves (organisation de formations ; interventions sur sites ; mise à disposition des ressources documentaires et pédagogiques…).

      Ce démantèlement du service public d’information et d’orientation de l’Éducation nationale aura pour conséquence de priver les familles, les jeunes et les adultes d’un service de conseil et d’accompagnement gratuit, totalement neutre et accessible à tous.

    • Appel à une journée nationale de mobilisation et d’actions dans le supérieur et la recherche le 10 avril 2018

      Reçu via la mailing-list GeoTamTam, le 06.04.2018 :

      Le gouvernement doit entendre la colère qui monte, retirer la
      #loi_Vidal et répondre aux revendications du personnel du supérieur et de la recherche

      Paris, le 5 avril 2018

      Après le succès de la journée nationale de mobilisation du 22 mars dans la fonction publique qui a réuni plus de 400 000 manifestant.e.s dans toute la France, après celles des 3 et 4 avril avec la grève des cheminots et le soutien des étudiant.e.s et de toute une partie de la population, le nombre d’universités et d’établissements mobilisés pour le retrait de la loi Vidal-ORE et contre la plate-forme Parcoursup ne cesse de croître. À ce jour, des assemblées générales sont régulièrement organisées dans au moins 25 établissements et plusieurs d’entre eux sont bloqués ou occupés. Bientôt, une centaine de départements ou UFR se seront engagés à ne pas participer au tri social des dossiers des lycéen.ne.s et à accepter tous les bachelier/ière.s. Non seulement le gouvernement reste sourd aux revendications des étudiant.e.s et des travailleur/euse.s engagé.e.s dans ces mouvements, mais il ouvre d’autres chantiers de réformes qui apparaissent comme autant de provocations :
      ◼ les députés LREM, via la commission des finances de l’Assemblée nationale, viennent de passer commande à la Cour des comptes d’un rapport en vue d’augmenter les frais d’inscription à l’université ;
      ◼ la ministre de l’ESRI et le gouvernement entendent modifier l’arrêté licence avec les objectifs suivants : réviser à la baisse le nombre d’heures de formation, en finir avec la compensation des notes, individualiser les parcours, permettre des inscriptions « à la carte » au détriment des progressions pédagogiques, faire intervenir le monde « socio-économique » afin de « professionnaliser » ce diplôme, doubler l’évaluation des connaissances par la certification de « blocs de compétences »… Tout cela aura pour conséquence de casser les collectifs d’apprentissage et de mettre à mal le cadre national de la licence pour assujettir l’Université aux seules finalités économiques et du marché de l’emploi ;
      ◼ au travers des « chantiers de transformation publique » le gouvernement entend s’attaquer au statut de fonctionnaire pourtant garant de la liberté pédagogique, de l’indépendance de la recherche, de la qualification des agent.e.s et du service de l’intérêt général : il souhaite augmenter encore le recours aux contractuel.le.s, plus « flexibles », afin de diminuer le nombre d’agent.e.s sous statut et de recourir à de « nouvelles formes de contrat », ce qui pourrait bien se traduire par la mise en place du contrat de mission ; il souhaite individualiser encore plus les rémunérations en gelant le point d’indice pour tous les agent.e.s et en augmentant les primes données à une minorité ; il « offre » à celles et ceux qui refuseraient une mobilité forcée un « départ volontaire »…
      ◼ la ministre et le gouvernement remettent en cause les organismes nationaux de recherche, au travers des restructurations imposées et des politiques de site. Cette évolution est illustrée par les récentes propositions du jury des Idex validées par le Premier ministre qui permettraient aux président.e.s d’Idex d’amender les projets de budgets des institutions fondatrices et d’exercer un droit de veto sur le recrutement des enseignant.e.s-chercheur/euse.s, enseignant.e.s et chercheur/euse.s de ces mêmes institutions : soit une véritable mise sous tutelle des Idex, des différents établissements y compris des organismes nationaux de recherche, remettant en cause leur mission nationale de service public de la recherche.

      Toutes les lignes rouges que nos organisations avaient déjà explicitées lors de la pseudo-concertation des mois de septembre-octobre 2017 à propos de l’accès en premier cycle sont franchies et ce gouvernement, comme les précédents, refuse d’investir en proportion de l’augmentation, dont chacun devrait pourtant se féliciter, des effectifs dans l’ESR. Dans ce contexte, toutes ces réformes visent à casser la démocratisation en affaiblissant le service public, les statuts des fonctionnaires, et à ouvrir les missions de l’enseignement supérieur à un marché concurrentiel qui doit mener à une privatisation rampante. Elles conduisent à abandonner toute politique nationale de recherche. Les étudiant.e.s, les lycéen.ne.s et les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche s’opposent à ces réformes et demandent au gouvernement de répondre à leurs revendications.

      LES ORGANISATIONS SOUSSIGNÉES EXIGENT :
      ◼ une augmentation des salaires ;
      ◼ l’abrogation du jour de carence ;
      ◼ la défense et la pérennisation du système de retraites par répartition et des régimes particuliers ;
      ◼ un plan pluriannuel de création d’emplois de fonctionnaires, enseignant.e.s-chercheur/euse.s, chercheur/euse.s, ingénieur.e.s, technicien.ne.s, personnels de bibliothèques et administratifs, à hauteur de 6 000 créations par an pendant dix ans ; et dès à présent, le dégel de tous les emplois vacants ;
      ◼ la fin de la politique de précarisation et la mise en place d’un plan de titularisation des contractuel.le.s et vacataires de l’ESR ;
      ◼ une réelle augmentation du financement public de l’ESR : 3 milliards d’euros par an pendant dix ans pour atteindre l’objectif de 1 % du PIB pour la recherche publique et de 2 % du PIB pour l’enseignement supérieur ;
      ◼ la préservation et la consolidation du statut général de la fonction publique ;
      ◼ un moratoire sur tous les processus d’expérimentation, de restructuration et de fusion d’établissements et organismes ;
      ◼ le maintien du baccalauréat comme diplôme national et premier grade universitaire, garantissant l’accès de toutes et tous les bachelier/ière.s sur tout le territoire aux filières post-bac et aux établissements de leur choix ;
      ◼ l’abandon de l’instauration de blocs de compétences en lieu et place des diplômes et des qualifications ;
      ◼ l’abandon du projet de loi sur le premier cycle post-bac, l’ouverture de places supplémentaires et le refus de toute sélection à l’entrée à l’université.

      AUSSI NOS ORGANISATIONS APPELLENT-ELLES :
      ➔ à organiser des assemblées générales dans tous les établissements afin de débattre des modalités d’actions locales et des suites à donner ;
      ➔ à construire en convergence avec les autres secteurs en lutte des actions dans la durée pour la défense des services publics et de nos statuts ;
      ➔ à définir les modalités d’action pour lutter contre toutes les formes de restructurations actuellement en cours dans l’enseignement supérieur et la recherche publics ;
      ➔ à organiser une journée nationale d’action et de manifestation, le mardi 10 avril 2018, contre la loi Vidal-ORE, sa plate-forme Parcoursup et contre tous les projets de démantèlement et de marchandisation de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. CGT FERC-SUP,

      SNTRS-CGT, CGT-INRA, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SNESUP-FSU, SNEP-FSU, SNETAP-FSU, SLU, SOLIDAIRES ÉTUDIANT.E.S, SUD ÉDUCATION, SUD RECHERCHE EPST, UNEF, FIDL, SGL, UNL

    • Sur Parcoursup-12 points

      Message de Sarah Mekdjian, reçu par email le 09.04.2018 via la mailing-list GeoTamTam:

      Alors que les contestations contre Parcousup s’intensifient, je me permets de partager avec vous 12 points d’analyse relatifs à cette réforme -je m’excuse d’avance pour les collègues qui ne sont pas en France- :

      1) Le fonctionnement de l’outil n’est pas plus clair ni plus juste que celui d’#APB : a) à cause du paramétrage local ; b) à cause de la correction par le Rectorat (selon des modalités opaques).

      2) L’outil n’empêche aucunement l’#arbitraire le plus total dans le recrutement. Là où il est annoncé un « #classement » (i.e « #sélection ») « qualitative » et au « mérite », les algorithmes locaux et tous différents ne permettent aucune appréciation qualitative des candidatures.

      3) Les procédures à l’oeuvre dans les lycées en amont pour remplir #Fiche_Avenir, etc., sont elles-mêmes ouvertes au flou et à l’arbitraire. (Si l’on répond qu’il faut faire confiance aux collègues du secondaire pour les remplir, je répondrais que l’évaluation nationale par l’examen du baccalauréat, préparé et corrigé par les collègues du secondaire, consistait précisément à leur faire confiance.)

      4) Le problème de l’outil, du paramétrage, etc. cache la misère des universités : diminution du nombre de postes ouverts au concours, tandis que le nombre d’étudiants augmentent (un rapport de 2015 prévoyait cette progression explicitement).

      5) Quand on comprime le nombre de postes alors que le nombre d’étudiants augmente, on prépare le terrain à une apparition de nouvelles « #licences_sous_tension ».

      6) Actuellement, les « licences sous tension » concernent environ 5% de l’effectif étudiant global. Mettre en place une procédure de sélection générale pour un problème qui concerne si peu de filières et d’étudiants paraît démesuré.

      7) Ce qu’on appelle « #taux_d'échec » n’est pas qu’un taux d’#échec (mais inclut la #réorientation, le mûrissement des projets, etc.). Il y a un taux d’évaporation normal en première année. Quand aux autres, il s’agit bien évidemment de les aider. Mais Parcoursup est une chose, le soutien aux étudiants qui en ont besoin en est une autre.

      8) Sélectionner les étudiant.e.s dès la Première revient à écarter des profils d’étudiant.e.s qui peuvent mûrir plus tard et à un autre rythme.

      9) Parcoursup est un outil de #marginalisation avancée des élèves qui sortent des bacs technologiques (possibilité de paramétrer l’#algorithme pour favoriser telle ou telle filière du bac), des élèves aux parcours non-linéaires, étudiant.e.s, personnes en reprise d’étude, personnes étrangères ayant fait une partie de leurs parcours ailleurs, et qui avaient jusque là encore le droit de choisir l’université pour se cultiver, apprendre dans des horizons disciplinaires différents, mûrir leurs parcours autrement ;

      10) En favorisant la mise en concurrence des étudiants comme des formations, plus ou moins sélectives parce que plus ou moins attractives, ce plan acte la mise en place d’un marché de l’enseignement supérieur. Chaque lycéen, autoentrepreneur de son #parcours_scolaire, doit faire en sorte de se faire recruter par une #formation.

      11) Les formations pour les « #oui_si » quand elles sont financées relèvent de fonds qui ne sont pas pérennes, tandis que les moyens structurels (les postes notamment) sont toujours soumis à la loi d’airain de l’ « austérité » présentée comme une « nécessité historique », alors qu’elle relève bien sûr de choix politiques contestables.

      12) Un autre choix est possible : la dernière explosion en date du nombre de bacheliers s’était traduite en 1991 par exemple par le plan #U2000, créant huit nouvelles universités dont quatre en Ile-de-France. Aujourd’hui, le gouvernement choisit une option qui se traduira par une marginalisation des bacheliers scolairement les plus faibles.

      Enfin, présenter Parcoursup comme un outil purement gestionnaire est particulièrement contestable ; Parcoursup relève d’abord d’un choix politique : celui de rendre le #service_public de l’enseignement sélectif, sur la base d’une mise en #concurrence des universités, des formations et des étudiant.e.s. Il s’agit d’une nouvelle mesure politique d’une réduction du service public, réduit à un marché.

    • Université du Mans : le vrai visage de Parcoursup

      Addendum [10 avril 2018 au soir] : Suite à la publication de cet article, un communiqué de l’Université du Mans est venu apporter un contre point à ce qui est décrit ci dessous. Nous avons effectué quelques modifications mineures suite à ce communiqué (voir les passages entre […]).

      Au final, il apparaît donc que la présidence de l’Université du Mans s’est clairement prononcée contre la sélection universitaire – mais qu’au niveau de l’UFR Sciences, certaines personnes ont fait du zèle dans leur présentation sur comment utiliser le logiciel de sélection… Par ailleurs ce que nous avons lu comme des « ordres » ne devrait finalement être interprété que comme des « incitations » de la part de ces sélectionneurs zélés. Faut-il en être soulagé ?

      https://obs-selection.rogueesr.fr/universite-du-mans-le-vrai-visage-de-parcoursup

    • #Observatoire de la sélection universitaire

      Ce site est un espace de témoignage. Il vise à offrir un regard sur les coulisses de Parcoursup et sur la manière dont la sélection des étudiant.e.s est effectuée.

      Nous faisons appel à vous, universitaires et à vous, enseignant.es du secondaire.

      Vous allez participer, de gré ou de force, à cette sélection. Comment allez-vous procéder pour classer des milliers de dossiers ? Avec quels moyens humains ? Sur quels critères ? Quels sont les algorithmes utilisés ? Témoignez ! Que vous soyez professionnel.le au lycée ou à l’université, vous aiderez les lycéen.ne.s à comprendre le fonctionnement de cette procédure pour l’instant extrêmement opaque. Grâce à votre témoignage, elles et ils seront mieux armé.e.s pour y faire face, voire pour demander sa modification ou son retrait.

      https://obs-selection.rogueesr.fr

    • Nous, universitaires, soutenons et accompagnons les étudiants dans leur contestation de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) et de Parcoursup

      Nous, universitaires*, soutenons et accompagnons les étudiants dans leur contestation de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) et de Parcoursup depuis le début de leur mouvement. Notre prise de position s’explique d’abord par notre rejet de toute forme de sélection à l’entrée de l’université. Or, la nouvelle loi instaure une sélection hypocrite : d’un côté, les responsables gouvernementaux refusent catégoriquement d’utiliser ce mot, mais de l’autre, on nous demande de classer les candidatures de sorte qu’un couperet tombera une fois les capacités d’accueil des filières saturées.

      Le gouvernement défend sa loi en invoquant une politique d’orientation destinée à pallier les échecs en premier cycle. Mais il ne donne aucun moyen pour mettre en place les cours de mise à niveau dont il annonce unilatéralement la mise en place. L’affirmation récente de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, qui évoque un milliard d’euros destiné à la refonte du premier cycle est une « fake news » – c’est-à-dire, en réalité et en français, une propagande. Un milliard d’euros représente 7,5% du budget total 2018 de l’Enseignement supérieur (13,4 milliards d’euros). Une dotation supplémentaire d’un milliard d’euros, rien que pour le premier cycle, devrait être largement visible, ce qui n’est pas le cas. Et à notre connaissance, aucune loi rectificative du budget n’est annoncée.

      Autre argument utilisé par le gouvernement : rien ne serait pire que le tirage au sort pratiqué l’année dernière via le logiciel admission post-bac (APB) pour 1% des bacheliers dans les filières en tension. En réalité, le système APB a révélé l’impossibilité d’accueillir tous les étudiants faute de place et de moyens. En juillet 2017, le ministère a reconnu que 87 000 demandes d’inscription n’étaient pas satisfaites, soit plus du quart du total des nouveaux entrants à l’université en 2016 ! Le fait qu’un mode de sélection (sur dossier, pour tous les bacheliers) se substitue à un autre a pour objectif presque avoué de différer, sinon d’écarter dans l’immédiat, un certain nombre de candidats.

      Le problème posé par le nombre de candidatures n’a pas disparu. Au contraire, on sait, pour des raisons démographiques, qu’il va se tendre davantage. L’année 2018-2019 correspond au baby-boom de l’an 2000, et se traduit par une explosion démographique prévisible depuis longtemps. Le gouvernement préfère la sélection au financement des universités à la hauteur des besoins. Or, toute la politique du gouvernement est fondée sur la volonté de ne pas donner davantage de moyens à l’Enseignement supérieur malgré les difficultés auxquelles il est confronté depuis des années.

      Si nous soutenons les étudiants, c’est enfin parce nous assistons impuissants, à une inexorable dégradation de l’enseignement supérieur depuis une vingtaine d’années. Les dix dernières années ont été marquées par la réduction drastique des budgets et le gel des créations de postes à l’université. N’oublions pas que la Loi LRU de 2008 [Loi relative aux libertés et responsabilités des universités] a donné lieu en 2009 à une grève de plusieurs semaines dans l’enseignement supérieur, la plus longue jamais enregistrée. Depuis, la situation n’a cessé d’empirer. Le service public de l’enseignement supérieur se dégrade autant, sinon plus, que celui du transport ferroviaire ou des hôpitaux.

      Il serait vain, nous dit-on, d’accueillir davantage d’étudiants à l’université dès lors qu’ils n’ont pas le niveau. Ce serait un gaspillage des deniers publics ! Mais la finalité de l’éducation nationale n’est-elle pas d’éduquer et de former ? Ce qui fait la noblesse de notre métier n’est-il pas d’élever le niveau de ceux qui ne l’ont pas, c’est-à-dire pas encore ? Quel serait notre rôle s’il s’agissait seulement de dispenser des cours à ceux qui n’ont aucun problème et qui ont la chance d’avoir le niveau et d’être doués pour les études supérieures ? Qui prétendrait avoir trouvé son chemin à 16 ans ou 18 ans comme l’imposent Parcoursup et la loi ORE ?

      L’université est un formidable révélateur de talents, un lieu où s’expérimente l’autonomie, où se développe l’esprit critique. Bon nombre d’étudiants qui ont fait des études brillantes à l’université n’étaient pas des élèves remarquables dans le secondaire et n’ont pas eu une bonne mention au baccalauréat. Auraient-ils été retenus si la sélection s’était appliquée alors ? Pourquoi devrions-nous abandonner ce vivier et renoncer, par une sélection absurde, à donner leur chance à tous ceux qui ont le degré minimum, à savoir le baccalauréat ? La France est-elle riche à ce point de talents avérés pour que les enseignants renoncent à leur vocation première : former, éduquer et faire progresser vers les meilleurs niveaux ?

      Nous appelons les enseignants du second degré, les lycéens, les parents d’élèves, et tous les citoyens à soutenir notre action en signant cette #pétition !

      http://www.parcourssup.eu

    • Thomas Piketty : « Parcoursup : peut mieux faire »

      Chaque société a besoin d’un grand récit pour justifier ses inégalités. Dans les sociétés contemporaines, il s’agit du récit méritocratique : l’inégalité moderne est juste, car elle découle d’un processus librement choisi où chacun a les mêmes chances. Le problème est qu’il existe un gouffre béant entre les proclamations méritocratiques officielles et la réalité.

      Aux Etats-Unis, les chances d’accès à l’enseignement supérieur sont presque entièrement déterminées par le revenu des parents : elles sont d’à peine 20 % pour les 10 % les plus pauvres, et dépassent 90 % pour les 10 % les plus riches. Encore faut-il préciser qu’il ne s’agit pas du tout du même enseignement supérieur dans les deux cas. Il est possible que les choses soient un peu moins extrêmes en France. Mais en vérité on ne sait pas très bien, car il est impossible d’accéder aux mêmes données.
      « Malheureusement, il est à craindre que tout cela ne fasse que renforcer l’inégalité et l’opacité du système »

      Dans un tel contexte, la réforme française du système d’affectation des étudiants, avec le passage de la plateforme APB à Parcoursup, est potentiellement pleine de promesses. Malheureusement, il est à craindre que tout cela ne fasse que renforcer l’inégalité et l’opacité du système. Précisons d’emblée que la prise en compte des notes, des séries et du dossier scolaire dans les admissions universitaires (principale nouveauté de Parcoursup) n’est pas forcément une mauvaise chose en soi.

      A partir du moment où les notes sont prises en compte depuis toujours pour les admissions en classes préparatoires (dans le cadre d’#APB comme de Parcoursup), ce que personne ne semble remettre en cause, on voit mal pourquoi elles ne joueraient aucun rôle pour les universités. Certes, les notes ne sont pas toujours justes, et le système de notation lui-même doit être repensé. Mais elles contiennent tout de même un peu d’information utile, a priori davantage que le tirage...

      http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/10/thomas-piketty-parcoursup-peut-mieux-faire_5254719_3232.html

    • Message de la CGT Grenoble :
      Personnels, étudiant·e·s : ne nous laissons pas diviser !

      Sur le campus de Grenoble, les étudiant·e·s sont entré·e·s en lutte contre la loi ORE et son application à l’UGA.

      Il paraît clair, au vu des décisions et communications de ces derniers jours, que la présidence de l’UGA travaille activement à l’épuisement de ce mouvement étudiant, par tous les moyens imaginables : pressions, menaces, divisions de toutes sortes, désinformation.

      La CGT FERCSup Grenoble rappelle sa solidarité et son soutien aux étudiant·e·s mobilisé·e·s. La grève et les piquets de grèves sont des moyens d’actions pacifiques et légitimes. Ce qui nous paraît insupportable en revanche, c’est de voir des étudiant·e·s, usagèr·e·s de notre service public, ou des collègues, matraqué·e·s, blessé·e·s, hospitalisé·e·s pour avoir voulu manifester leurs opinions.

      Dans ce contexte, nous sommes particulièrement solidaires des personnels dont les conditions de travail, déjà fortement dégradées par les réformes, fusions et réorganisations successives, sont aujourd’hui impactées du fait du mouvement étudiant. Dans sa stratégie d’épuisement et d’opposition systématique des personnels aux étudiants et des étudiants aux personnels (déplacement massif de cours, instabilité des services, tournées nocturnes systématiques en vue de déblocages de bâtiments), la présidence joue un jeu dangereux pour le personnel de l’UGA. D’une part, en augmentant de manière très alarmante la charge de travail de certains personnels. D’autre part, en réquisitionnant les personnels ou des agents extérieurs pour débloquer les bâtiments par la force, parfois même la nuit. Ceux-ci se trouvent mis en porte à faux avec leurs missions. La présidence orchestre une situation de confrontation dangereuse pour les personnels et les étudiants.

      Personnels de l’université, notre mission première n’est pas de nous opposer aux étudiant·e·s. La mobilisation des personnels, syndicalistes et élues mardi soir a d’ailleurs fait reculer la présidence sur l’intervention des forces de l’ordre pour évacuer le CLV occupé, et permis l’apaisement de la situation pour le moment.

      Collectivement, nous pouvons réfléchir et agir, pour ne pas se retrouver seul face aux injonctions de nos directions, et plus largement pour contrer les réformes qui nous empêchent de faire correctement notre travail. Nous vous proposons de venir en discuter à l’assemblée générale des personnels ce midi.

      Reçu par email, le 12.04.2018

    • La réforme Macron de l’université

      Alors que l’université accueille les enfants de la démocratisation scolaire, la réforme Macron permet aux établissements d’enseignement supérieur de sélectionner leurs étudiants. Défendant l’université comme lieu de formation et de recherches, S. Beaud et M. Millet invitent à s’interroger sur le sens de la poursuite d’études dans une société démocratique.

      http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html

    • Mariage pour tous – à propos de l’#algorithme de Parcoursup

      Comment faire pour que se correspondent les préférences des étudiants et les préférences des universités ? #APB s’appuyait sur le modèle du « mariage collectif » des mathématiciens Gale et Shapley (qui marier avec qui ? peut-on rester non marié ?), dans lequel les femmes (les étudiants) proposent et les hommes (les facs) disposent. Est-ce la même chose avec Parcoursup ? Alors que les premières réponses parviennent ce 22 mai aux candidats qui y ont inscrit leurs vœux, revenons sur le problème du choix algorithmique et de ce qu’il implique.

      https://aoc.media/opinion/2018/05/21/mariage-a-propos-de-lalgorithme-de-parcoursup

    • Voici une proposition de loi enregistrée à la présidence du Sénat le 17 mai 2018 qui vise à pénaliser (jusqu’à 1 an emprisonnement, 7500 euros d’amende) les blocages des examens dans le cas d’un mouvement social :
      https://www.senat.fr/leg/ppl17-485.html

      Après l’article 431-22 du code pénal, il est inséré un article 431-22-1 ainsi rédigé :

      « Art. L. 431-22-1. - Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou sans y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but d’entraver l’organisation de l’examen terminal universitaire permettant d’apprécier les aptitudes et l’acquisition des connaissances mentionné à l’article L. 613-1 du code de l’éducation, est puni d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende. »

      https://www.publicsenat.fr/article/societe/des-senateurs-veulent-sanctionner-penalement-les-bloqueurs-dans-les-univ

    • Christine Jarrige : « On se dirige vers la fin du #service_public de l’#orientation_scolaire »

      Les centres d’information et d’orientation sont menacés, selon les syndicats, par un article du projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », examiné cette semaine à l’Assemblée nationale. Cette réforme prévoit le transfert de leurs compétences aux régions. Christine Jarrige, conseillère d’orientation-psychologue en Seine-Saint-Denis et membre du collectif des psychologues du Snes-FSU, revient sur l’inquiétude de ses confrères.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/150618/christine-jarrige-se-dirige-vers-la-fin-du-service-public-de-l-orientation

    • Idéologique, injuste, infaisable : Parcoursup, largement refusé, va-t-il imploser ?

      La plateforme « Parcoursup » d’admission à l’Université fait l’objet de fortes critiques. Au moment où les demandes sont transmises aux universités pour réponse sous 6 semaines, de nombreux universitaires, départements, UFR et même universités entières refusent de le mettre en œuvre, soutenus par la plupart des syndicats du secondaire et du supérieur. Pourquoi ? Et si « Parcoursup » implosait ?

      https://blogs.mediapart.fr/philippe-blanchet/blog/070418/ideologique-injuste-infaisable-parcoursup-largement-refuse-va-t-il-i

    • Les universités britanniques contre la #marchandisation_du_savoir

      Au moment où, en France, le mouvement contre l’actuelle réforme de l’accès aux études supérieures prend de l’ampleur et que les blocages se multiplient, les universités britanniques connaissent une grève sans précédent. Les personnels enseignants et chercheurs protestent contre la remise en cause radicale du système des retraites. Mais ce qui se joue là, comme ailleurs, c’est d’abord une lutte contre la marchandisation du savoir, synonyme de dégradation des conditions de travail et d’appauvrissement généralisé.


      Depuis le 26 février, la quasi-totalité des universités britanniques est en grève : 65 universités sur 68 ont en effet cessé les enseignements et la recherche. Le personnel administratif et les bibliothécaires se sont joints au mouvement de protestation. Il s’agit d’une grève en défense des retraites qui concerne l’ensemble du personnel employé dans l’enseignement supérieur. Elle a été déclenchée à la suite de l’échec des négociations entre University UK (UUK), une structure indépendante qui représente les présidences des universités et Universities and Colleges Union (UCU), le principal syndicat des enseignants et du personnel administratif au sein de l’université. Une troisième partie est pour le moment restée en retrait : le Universities Superannuation Scheme (USS), qui est l’organisme chargé de gérer au quotidien les retraites dans le secteur.
      Le point de désaccord porte sur une remise en cause radicale du système des retraites. UUK, invoquant un déficit de 7 milliards d’euros de la caisse des retraites, veut mettre un terme au régime actuel. Le montant des retraites est indexé au salaire final, ce qui garantit une retraite stable et à un niveau décent (defined benefit pension). UUK veut lui substituer un système beaucoup moins favorable qui prévoit que le montant des retraites ne sera plus garanti. Celui-ci dépendra des fluctuations des marchés boursiers. Ce changement aboutit à la privatisation totale des retraites et à un appauvrissement des retraité.e.s de l’enseignement supérieur.

      L’inquiétude est réelle chez les plus jeunes collègues, chez les thèsard.e.s qui se destinent à une carrière universitaire : à quoi bon étudier longtemps dans un environnement sélectif pour toucher une retraite de misère ?
      Selon une étude de UCU, la perte en revenus serait en moyenne de 12 000 euros par an pour chaque enseignant.e. C’est une moyenne car un.e universitaire âgé.e d’une quarantaine d’années pourrait perdre entre 14 000 et 18 000 euros. Un.e maître.sse de conférences qui a débuté sa carrière en 2007 pourrait ne recevoir que 7.000 euros de retraite annuelle si le nouveau régime était adopté. Ajoutons à cela le problème du gel des salaires : ceux des universitaires n’ont augmenté que d’1 % sur les 10 dernières années. Mais le recul du pouvoir d’achat ne concerne pas tout le monde. Le dirigeant le mieux payé de UUK a perçu une augmentation de salaire de 50% en 2014. Il gagne plus d’1 million d’euros par an.
      Pour certain.es membres de la profession, ce coup de force est si désastreux qu’il remet en cause le fait même de pouvoir prendre sa retraite. L’inquiétude est réelle chez les plus jeunes collègues, chez les thèsard.e.s qui se destinent à une carrière universitaire : à quoi bon étudier longtemps dans un environnement sélectif pour toucher une retraite de misère ? Les conditions statutaires des universitaires au Royaume-Uni se sont dégradées en deux temps : à partir des années 80, leur pouvoir d’achat a sensiblement baissé. Il n’a jamais été revalorisé depuis. Dans les années 90, les méthodes du management du privé ont été introduites au motif de « professionnaliser » les pratiques (multiplication des audits et développement de la bureaucratie autour des tâches d’enseignement et de recherche, transfert de tâches administratives jusqu’alors assurées par des adminstrateur.ice.s aux universitaires). Les enseignant.e.s du supérieur doivent effectuer 35 heures de travail par semaine. Des études ont montré que si le corps enseignant s’en tenait à ce plafond légal, un tiers de leur travail hebdomadaire ne pourrait être effectué. Les universitaires travaillent donc gratuitement des centaines d’heures chaque année en connaissance de cause.
      Dans l’université britannique, en partie privatisée, il est difficile de décrocher un poste, les charges d’administration sont importantes et l’impératif de publication et d’obtention de bourses de recherche accentuent le stress général. Les conditions de travail et d’enseignement sont certes meilleures que dans la plupart des universités continentales, notamment la France (infrastructure moderne, bureau personnel, etc.). Étant données les cadences de travail et l’érosion continuelle des salaires, les retraites fixées à un niveau décent garantissent à toutes et à tous une vieillesse à l’abri du besoin. Cette réforme menace de détruire ce dernier « conquis » universitaire. D’où l’émoi et la colère générale.

      C’est sur la base de données chiffrées fallacieuses que UUK a prescrit la fin du système de retraite garantie et plongé l’université dans l’une des plus grandes crises de son histoire.
      Les universitaires britanniques sont traditionnellement peu enclin.e.s à faire grève. Mes collègues estiment que faire grève, c’est pénaliser injustement les étudiant.e.s et affaiblir leur position dans un paysage universitaire précarisé. Les postes à vie (tenured positions) sont devenus hypothétiques de nos jours. On peut perdre son emploi du jour au lendemain si l’institution considère que le département ou l’emploi lui-même n’est plus économiquement « viable ».
      Dans une évaluation contestée par UCU, UUK a affirmé que la caisse des retraites USS était en déficit à hauteur de 7 milliards d’euros. Les experts du syndicat ont estimé que ce chiffre était fantaisiste et qu’il n’y avait, de fait, aucun déficit. Une étude indépendante a montré que les recettes (paiement des cotisations) étaient supérieures aux dépenses (paiement des retraites). La majorité des contributeurs au fonds de pension USS sont dans les premières années de leur carrière. Le fond ne risque donc pas de se tarir. La question du « déficit » repose sur une hypothèse chiffrée totalement improbable : celle de la faillite et de la fermeture simultanée de l’ensemble des universités du pays. Autant dire que pour qu’une telle hypothèse se vérifie, il faudrait compter avec une attaque nucléaire sur le Royaume-Uni. C’est donc sur la base de données chiffrées fallacieuses que UUK a prescrit la fin du système de retraite garantie et plongé l’université dans l’une des plus grandes crises de son histoire.
      D’autres observateur.ice.s ont noté que le montant du « déficit » (en toute mauvaise foi invoqué par UUK) correspond au montant des réductions de cotisation des universités à la caisse des retraites depuis 20 ans. À partir de 1997, les présidences d’université ne paient plus que 1 4% du montant des salaires alors qu’autrefois elles s’acquittaient de 18,55 %. Il suffirait donc de revenir aux versements antérieurs pour retrouver un équilibre (qui existe déjà sans cela).
      Une consultation des universités a été organisée mais elle a été entachée d’irrégularités graves. Parmi les 42 % de réponses d’institutions qui souhaitaient prendre « moins de risque » (c’est-à-dire qui acceptent la privatisation des retraites), les réponses d’Oxford et de Cambridge comptèrent pour une voix chacune alors que ces institutions ne sont pas des membres individuels, mais une structure fédérale rassemblant plusieurs Colleges. Cette autre manipulation douteuse a eu pour effet de faire monter à 42 % le score des institutions favorables au projet proposé par UUK, alors que le score réel était de 33 %. UUK a décidé de passer outre les réponses largement défavorables à sa proposition et d’imposer la réforme controversée.
      Depuis le début de la grève, une vingtaine de présidents d’universités (Provosts, Chancellors ou Vice-Chancellors) ont mis en garde publiquement UUK contre une réforme des retraites qui est rejetée par l’ensemble du personnel universitaire. Certain.e.s dirigeant.e.s d’institutions avaient dans un premier temps apporté leur soutien au projet de UUK avant de changer d’avis devant l’ampleur de la colère des universitaires.

      Les piquets de grève sont fournis, combatifs et joyeux, en dépit de températures souvent glaciales.
      UUK a sous-estimé l’opposition à son projet. La grève est massivement suivie depuis un mois. Les dernières semaines de cours de l’année académique ont été annulées ou largement perturbées. Les piquets de grève sont fournis, combatifs et joyeux, en dépit de températures souvent glaciales. Les collègues organisent des teach-outs, des cours improvisés et politisés dans la rue, dans les pubs, partout où ils/elles peuvent se réfugier. Après deux semaines de grève, UUK a fait parvenir à UCU un autre projet qui a été accepté par la direction du syndicat. Soumis au vote de ses membres, ce texte, au contenu vague, a été jugé insuffisant et unanimement rejeté. Sur Twitter des hashtags sont apparus : #NoCapitulation, #RejectUUKDeal, #Solidarity ou encore #TheStrikeGoesOn.
      UUK, par sa brutalité et son arrogance, est parvenu à radicaliser et à unifier une profession traditionnellement peu combative. Le 28 mars, la direction modérée de UCU, en dépit de l’opposition de la majorité des membres, a imposé la mise au vote d’une nouvelle proposition de UUK prévoyant la mise en place d’un comité bipartite chargé de résoudre le conflit. Une fois de plus, la proposition de UUK a été jugée ambiguë et insuffisante au regard de la revendication principale des grévistes : le maintien d’un niveau de retraite garanti. Entre UUK et le monde universitaire, la confiance est totalement rompue.
      UUK a enfin mal évalué la réaction des étudiant.e.s. Ceux.lles-ci sont décu.e.s de l’annulation des cours, mais ils/elles ont bien compris les raisons de la grève : comment l’université pourrait-elle recruter des enseignant.e.s ou des chercheur.se.s de qualité en leur promettant de telles retraites ? Le premier jour de la grève, mes collègues et moi avons reçu un email de soutien très chaleureux signé par plus des deux tiers des étudiant.e.s de mon département. Des étudiant.e.s se sont joint.e.s au piquets de grève, ont apporté aux grévistes des boissons chaudes et de la nourriture ou encore ont occupé l’université nuit et jour en solidarité avec les grévistes. Nombre d’entre-eux/elles refusent la privatisation des études.

      L’université apparaît aujourd’hui comme l’un des derniers îlots de résistance dans un pays où les systèmes de retraite misérables et aléatoires sont devenus la norme.
      Le mouvement de privatisation des retraites au Royaume-Uni n’est pas nouveau. L’université apparaît aujourd’hui comme l’un des derniers îlots de résistance dans un pays où les systèmes de retraite misérables et aléatoires sont devenus la norme. Il y a 25 ans, 8 millions de salarié.e.s bénéficiaient de retraites indexées sur le salaire final. Aujourd’hui, près de 6 millions ont des retraites soumis aux aléas des marchés boursiers. Si les salarié.e.s savent ce qu’ils/elles versent à leur caisse de retraite, ils/elles ne peuvent connaître le montant réel de leur retraite quand ils/elles cesseront leur activité professionnelle.
      Cette évolution s’explique par l’affaiblissement des syndicats dans le secteur privé à partir des années 80. Les employeurs ont profité du nouveau rapport de force pour progressivement baisser le montant de leur cotisation et accroître leurs gains. Les retraites qui dépendent des cotations en bourse coûtent moins cher à l’employeur puisque sa cotisation est largement réduite. On estime qu’un employeur contribue en moyenne à hauteur de 15 % des revenus dans un système de retraite garanti, contre seulement 3 % dans un système privatisé. Les risques sont maintenant presque totalement transférés aux salarié.e.s. Mieux vaut, dans ces conditions, ne pas prendre sa retraite pendant un cycle de récession économique ou après un krach financier comme celui de 2008.
      À partir des gouvernements Thatcher, la machine de propagande s’est mise en marche : les retraites à montant garanti seraient trop « généreuses » et trop « onéreuses ». En outre, la privatisation des retraites a été présentée comme une « liberté » accordée aux travailleur.se.s. Les salarié.e.s. pourraient choisir de confier leur argent à des fonds de pension qui auraient à cœur d’investir dans les « meilleurs » portefeuilles d’action. Cette « liberté » est bien sûr une illusion totale étant donnée la complexité des choix à opérer. Dans la plupart des cas, les individus s’en remettent aveuglément aux décisions opaques des fonds de pension. Autrement dit, les salarié.e.s jouent leur argent et leur retraite à la roulette.
      Le secteur public, sous la pression des conservateurs et de la presse de droite (et avec l’aval du New Labour de Tony Blair) s’est peu à peu aligné sur le privé. L’argument est bien rodé : en temps de crise économique, les salaires du privé et du public sont quasiment identiques. Le personnel du public, qui bénéficie (en principe) de la sécurité de l’emploi, jouirait de retraites « généreuses » qui seraient devenues « injustifiables » auprès des contribuables britanniques. Il s’agit donc de niveler par le bas et de donner à tous et toutes des retraites de misère.
      La remise en cause des retraites des universitaires participe d’une tentative de transformation générale de l’enseignement supérieur ; une transformation de son fonctionnement, mais aussi de ses objectifs principaux. Les frais de scolarité, introduits en 1998 par Tony Blair, sont plafonnés aujourd’hui à 10.000 euros par an (£9.250). Les présidences d’université les plus riches et prestigieuses (Oxford, Cambridge, Imperial College, UCL, LSE, etc.) souhaitent depuis plusieurs années que ce plafonnement légal soit retiré. Il s’agirait alors, dans la logique de la Ivy League étatsunienne, de fixer des frais d’inscription aussi élevés que les familles les plus riches seraient disposées à payer. Les universités moins réputées devraient se contenter de frais de scolarité inférieurs, ce qui aurait pour effet de davantage creuser les inégalités de ressource entre universités de renommée internationale et le reste des établissements.
      La marchandisation rampante et le consumérisme estudiantin sont le fruit de décisions politiques prises au cours des trente dernières années et qui ont culminé avec la publication du Higher Education and Research Act de 2017. Le gouvernement conservateur a alors officiellement reconnu que l’université n’était plus seulement un lieu d’apprentissage critique et de travail intellectuel, mais aussi un espace marchand dans lequel divers pourvoyeurs de services (les universités) sont en compétition pour gagner les ressources disponibles (financement de l’État, bourses de recherche et frais d’inscription payés au prix fort par les étudiant.e.s).

      Certain.e.s étudiant.e.s ont le sentiment d’acheter un diplôme et ces « client.e.s » attendent de leur institution qu’elle accomplisse avec professionnalisme et célérité ses devoirs à leur égard.
      La question des frais d’inscription a radicalement changé les mentalités au sein de l’université. Certain.e.s étudiant.e.s ont le sentiment d’acheter un diplôme. Ces « client.e.s » attendent de leur institution qu’elle accomplisse avec professionnalisme et célérité ses devoirs à leur égard : un professeur par trop « exigeant » dans ses notations ou sur le plan de la charge de travail sera parfois critiqué par des étudiants. Les demandes de rencontres personnalisées (one to one tutorials) se multiplient. Des étudiant.e.s attendent une réponse rapide à leurs emails, y compris le weekend. Cette pression générale culmine avec la publication annuelle du National Student Survey, introduit en 2005. Ce questionnaire est rempli en ligne. Le gouvernement souhaite savoir si ces « étudiant.e.s-consommateur.ice.s » sont « satisfaits de leur expérience » universitaire. Aucun des « services » n’est laissé à l’écart : qualité des enseignements, disponibilité du corps enseignant, célérité dans la remise des devoirs écrits, qualité du feedback, des services administratifs, de l’infrastructure mais aussi, last but not least, qualité des services « récréatifs » sur le campus (sociétés savantes, sports, activités culturelles, conférences, voyages, etc.).
      Il suffit, dans un département, qu’une poignée d’étudiant.e.s « déçu.e.s » note sévèrement ces services pour que la note générale baisse fortement. Mon département en sciences sociales et politiques européennes a connu cette mésaventure il y a deux ans après avoir obtenu des scores élevés les années précédentes. Pourtant, le personnel enseignant et administratif était le même et notre enthousiasme à la tâche identique. Avec le chef de département, j’ai été convoqué par des bureaucrates de l’université à de nombreuses réunions où nous étions censés expliquer les raisons de cette « chute ». Nous devions proposer des mesures pour veiller à ce que cette « contre-performance » ne se renouvelle pas. Nous étions conscients que ces résultats tenaient au mécontentement ponctuel d’une minorité active, et nous n’avions aucune mesure académique à proposer pour y remédier. Nous avons dû cependant jouer le jeu et promettre des « réformes ». L’une d’entre elles consistait à inviter nos étudiants de dernière année à boire un verre au pub (aux frais du département) une fois par mois pour « discuter dans un cadre amical de questions en rapport avec les enseignements ». Cette proposition démagogique fut accueillie très favorablement par les bureaucrates de mon institution. Cette année-là, le taux de satisfaction des étudiant.e.s atteignit un niveau record.
      On peut, à ce stade, se demander pourquoi les président.e.s d’université maltraitent des employé.e.s qualifié.e.s dont ils/elles ont le plus grand besoin pour maintenir la bonne réputation de leur établissement. La raison est aussi simple qu’insidieuse : pour pouvoir être accueillantes, modernes et richement dotées en services divers, les universités ont besoin d’énormément d’argent. Il faut sans cesse construire de nouveaux bâtiments pour accueillir un nombre d’étudiant.e.s qui ne cesse de croître (une source de revenu phénoménale), et embaucher des administrateur.ice.s souvent mieux payé.e.s que les universitaires, qui vont veiller à ce que « l’expérience estudiandine » soit good value for money (bon rapport qualité-prix).
      Il faut aussi noter que les président.e.s d’université, pour la plupart issu.e.s du privé, perçoivent des salaires et des avantages en nature qui sont comparables à ceux des dirigeants de multinationales. On assiste donc à une course à la dépense : chaque université essaie d’attirer des candidat.e.s en leur vantant des degrees de rêve sur des brochures luxueuses. La course à la dépense entraîne une autre course : celle à l’emprunt. On estime que les universités britanniques ont emprunté près de 4 milliards d’euros depuis 2016 ; une somme énorme comparée aux 30 milliards de recettes annuelles de l’ensemble des universités britanniques.
      Les universités sont donc lourdement endettées. On peut même parler de « bulle toxique » d’endettement similaire à celle qui a prévalu dans le système bancaire pré-2008. Ayant besoin de cash, les présidences d’universités les plus « compétitives » ont compris que si elles parvenaient à se délester de leur responsabilité financière en matière de retraite, elles pourraient emprunter davantage auprès des banques pour continuer d’investir… dans la pierre.
      Enseignant.e.s, chercheur.se.s, personnel administratif et étudiant.e.s sont réuni.e.s dans une lutte contre la marchandisation du savoir, synonyme de dégradation des conditions de travail et d’appauvrissement généralisé. Il est impossible de prédire quelle sera l’issue de ce conflit, mais une chose est déjà acquise à ce stade : cette grève est le symptôme d’un mal profond qui ronge l’un des meilleurs systèmes universitaires du monde. Ce mal s’appelle la précarisation (surtout celle des jeunes collègues avec la prolifération des contrats à durée déterminée), l’absence de démocratie et de transparence dans l’institution, l’absurde bureaucratisation des tâches enseignantes et de recherche ou encore la perte progressive d’autonomie d’une profession qui ne peut être utile à la société que si elle est protégée de la cupidité capitaliste.

      https://aoc.media/opinion/2018/04/03/universites-britanniques-contre-marchandisation-savoir
      #UK #Angleterre

    • Lettre des Enseignants non titulaires UFR 09 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, reçue via email, le 12.05.2018.

      Chers et chères collègues,

      L’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR 09 de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne réunie le 11 mai 2018 s’associe aux demandes qui ont été faites de la tenue d’une AG de l’UFR la semaine prochaine afin d’aborder à la fois la question des modalités d’évaluations des étudiants et les réformes actuelles de l’université.
      Nous revendiquons le droit de participer à la prise de décision. Dans le cas contraire, nous nous réservons le droit de ne pas participer aux examens.

      Afin d’ouvrir le débat et en vue de cette AG, nous vous prions de trouver ci-dessous un texte d’analyse et de prise de positions de l’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR 09 réunie le 11 mai.

      « Le mouvement contre la loi ORE et contre Parcoursup n’est pas seulement un mouvement qui concerne les candidats à l’entrée à l’Université. Il concerne l’ensemble des personnels de l’enseignement
      supérieur et de la recherche. En effet, cette réforme s’inscrit dans une
      longue tendance de diminution des moyens attribués à notre
      administration, de privatisation progressive de l’enseignement
      supérieur, de suppression du cadre national des diplômes, c’est-à-dire
      de la reconnaissance des qualifications par les employeurs à travers les
      conventions collectives. Elle s’inscrit aussi dans le mouvement plus
      général d’attaques de la fonction publique et du statut des
      fonctionnaires, et, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, de
      privatisation rampante de l’éducation nationale et de l’enseignement
      supérieur et de la recherche et de la mise en cause des concours de
      recrutement des enseignants.

      Les universités connaissent, depuis au moins une dizaine d’année,
      c’est-à-dire au moins depuis le passage à la RCE^1
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf> élargies
      de profonds changements. La loi LRU de 2007, du fait de l’autonomie
      budgétaire, a été le moyen pour le ministère de l’enseignement supérieur
      et de la recherche, et en réalité derrière lui pour le ministère du
      budget, de faire endosser aux universités les conséquences des manques
      de moyens financiers accordés par l’État. Ce qui a eu pour effet, la
      suppression de postes à l’université et dans la recherche (à Paris 1,
      cette année 36 % des postes vacants d’enseignants-chercheurs ont été
      gelés) le triplement du nombre d’agents contractuels, la diminution des
      moyens rapportés à chaque étudiant (pour rappel, les dépenses engagées
      par un étudiant en classe préparatoire sont en moyenne de 15 052 euros
      par an et de 10 576 euros pour un étudiant à l’université).

      Cette nouvelle réforme de l’université vise à diminuer une nouvelle fois
      les moyens attribués à l’enseignement supérieur public. En effet, alors
      que le nombre de jeunes en âge d’entrer à l’université a augmenté, du
      fait de la croissance démographique de la fin des années 1990 et du
      début des années 2000 et de l’augmentation de la proportion de jeunes
      obtenant le baccalauréat, les différents gouvernements successifs ont
      fait le choix de ne pas augmenter les moyens alloués à notre secteur. Il
      est tout à fait possible de créer les places nécessaires pour accueillir
      ces candidats. Cela a été fait pour la rentrée 1969 avec, par exemple,
      la création de trois nouvelles universités expérimentales (Vincennes,
      Dauphine et Luminy). Le plan U 2000 lancé en 1991 constitue un autre
      exemple de création de places et d’établissements pour absorber la
      croissance démographique étudiante. Ce plan national a constitué une
      masse globale d’investissements de 40,3 milliards de francs sur neuf
      ans. Il a permis la construction de 3,5 millions de mètres carrés de
      nouveaux bâtiments universitaires et huit nouvelles universités en
      France dont quatre en Île-de-France (Évry, Cergy, Marne-la-Vallée,
      Versailles-Saint-Quentin). Parcoursup n’est pas qu’une solution
      technique aux dysfonctionnements d’APB, qui étaient dus à la saturation
      du système. Elle vise à faire endosser par les universités les choix
      budgétaires du gouvernement.

      À Paris 1, on assiste à une diminution du nombre
      d’enseignants-chercheurs titulaires ainsi que du nombre de doctorants
      contractuels, à des sur services de plus en plus importants, à un
      accroissement du recours aux vacataires pour assurer des charges
      d’enseignements. Pour prendre l’exemple de l’histoire médiévale, il y
      avait en 2010-2011 41 titulaires et contractuels temps plein (7 rang A,
      15 rang B, 1 PRAG, 4 ATER à temps complet et 14 moniteurs) pour 580
      étudiants en L1. En 2016-2017, il n’y avait plus que 29,5 titulaires et
      contractuels temps plein (5 rang A, 15 rang B dont 3 IUF - soit
      l’équivalent de 13 rang B temps plein, 1 PRAG, 1,5 ATER et 9 moniteurs)
      pour 785 étudiants en L1. Les TD sont passés pour les mêmes années de 24
      à 35 étudiants avec, par ailleurs, un recours de plus en plus
      systématique à des vacataires. Pour les fondamentales en histoire en L1
      et L2, les TD assurés par des vacataires représentent l’équivalent de
      897 heures (4 postes ½ d’ATER temps plein ou de maître de conférence)Ces
      choix budgétaires conduisent également à un manque chronique de
      personnel administratif, à la fermeture de la BIS le samedi (1^er
      semestre 2016-2017) qui s’est transformée en ouverture sans
      possibilité de commander des ouvrages ce jour-là, à une augmentation des
      tarifs d’entrée à la BIS pour les chercheurs qui ne sont pas de nos
      universités. Pour les étudiants, cela se traduit par des TD de plus en
      plus chargés, un manque de place dans nos bibliothèques, un nombre de
      manuels de base trop peu importants rapportés au nombre d’étudiants.

      Cette réforme ne sera pas la dernière de l’université. Nous savons que
      d’ici quelques semaines ou quelques mois au plus, sera sur la table une
      réforme qui aura pour conséquence l’accroissement de « l’autonomie » des
      universités, la suppression du diplôme de la licence remplacé par une
      addition de modules ; la fin de l’obligation des 1 500 heures
      d’enseignement pour une licence ; le développement des enseignements
      appelés non présentiels qui aura pour effet la forte diminution du
      nombre d’heures de cours magistraux ; la modulation des frais
      d’inscription des étudiants en fonction du nombre de modules et en
      fonction du choix qu’ils feront entre des enseignements à distance,
      c’est-à-dire seuls derrière leur écran, et des enseignements réalisés en
      classe en face d’un enseignant ; l’augmentation des frais d’inscription
      (à titre d’exemple, les masters Vidal à Nice, dont les montants des
      frais d’inscription s’élèvent à 4 000 euros) ; la possible suppression
      de la distinction entre les CM et les TD ; la suppression des partiels
      de fin de semestre ; des modalités d’évaluations qui ne seraient plus
      définies nationalement. Les diplômes modulaires auront pour conséquence
      de détruire le cadre national des diplômes (niveau de qualification
      reconnu dans les conventions collectives et donnant droit à un salaire
      supérieur au SMIC) et d’augmenter les droits d’inscription (pour les DU,
      les droits d’inscription sont librement fixés par chaque université).
      Pour les personnels, BIATSS, la gestion des parcours individualisés et
      des blocs de compétences mènera à un surcroît de travail et de stress.

      Cette réforme fait par ailleurs partie d’une attaque contre l’éducation
      nationale : la réforme du baccalauréat général, en détruisant les trois
      filières existantes, en supprimant le caractère national de ce diplôme,
      va lui-aussi accroître les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur
      des lycéens. Nous le savons depuis des années, et en particulier depuis
      la réforme de 2009, qui a modifié les concours de recrutement, ceux-ci
      sont en danger. Il est certain que le nombre de postes offerts au
      recrutement va continuer à diminuer^2
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf>.
      Par ailleurs, les carrières d’enseignants n’attirent plus, à la fois du
      fait de la faiblesse des salaires, due à la non revalorisation du point
      d’indice et la non revalorisation des salaires des enseignants en
      particulier, et du fait de la dégradation des conditions de travail.
      Dans le même temps, on observe le recours croissant aux enseignants
      contractuels (l’an prochain l’académie de Versailles a prévu de recruter
      600 professeurs contractuels). Cela nous concerne directement, d’abord
      peut-être car, pour beaucoup nous sommes certifiés ou agrégés, et que
      pour certains d’entre nous, nous avons exercé ou exercerons dans le
      secondaire ; enfin aussi, car la préparation à l’agrégation et au CAPES
      est l’une des formations importantes de notre UFR et que la bibliothèque
      Lavisse est la bibliothèque de l’agrégation, tout comme les oraux se
      préparent à l’institut de géographie et à la BIS.

      Nous, ATER, doctorants contractuels ayant une mission d’enseignement,
      vacataires, sommes opposés aux réformes en cours qui entraîneront la
      destruction du métier que nous désirons exercer et pour lequel nous
      avons consacré plusieurs années de formation et nous nous déclarons
      opposés aux transformations des modalités d’entrée à l’université. Nous
      nous associons à ce mouvement, et appelons tous nos collègues,
      non-titulaires et titulaires, et tous les étudiants de notre université
      à entrer dans la lutte.

      C’est pourquoi, nous soutenons les étudiants et les personnels mobilisés
      de Paris 1 et de l’ensemble des universités françaises.

      Saisissons nous de cette occasion pour nous opposer à la mise en
      concurrence généralisée, et, ainsi défendre, ensemble, nos conditions de
      travail, nos conditions d’étude et notre avenir.

      En conséquence de quoi, nous portons les revendications suivantes :

      /La loi ORE/

      Nous demandons l’abrogation de la loi ORE. En effet, l’offre de
      formation universitaire doit s’adapter au nombre de jeunes ayant obtenu
      le baccalauréat et désirant suivre une formation supérieure à
      l’université, et, autant qu’il est possible, dans les filières
      auxquelles ils aspirent.

      Cela implique l’accroissement du nombre de places dans l’enseignement
      supérieur, et en particulier dans les IUT, afin que les bacheliers issus
      des filières professionnelles et technologiques puissent aussi y avoir
      accès, et, plus généralement, dans les filières dites en tension. La
      sélection ou bien le tirage au sort ne sont pas la solution à la
      croissance démographique.

      Nous sommes favorables à la mise en place de mesures d’accompagnement
      des étudiants entrant à l’université et dont le niveau n’est pas
      suffisant pour suivre le cursus qu’ils ont choisi.

      Immédiatement, nous demandons que les candidats puissent classer leurs
      vœux sur Parcoursup. Il est, en effet, tout à fait possible de demander
      aux 800 000 candidats de se connecter sur la plateforme et de
      hiérarchiser leurs 10 vœux, comme ils l’auraient fait avec Admission
      Post Bac en 2017. Une fois ces vœux hiérarchisés, il sera possible de
      déterminer les formations dans lesquelles il manque des places pour que
      l’ensemble des bacheliers puisse être affectés sur leur premier vœu
      universitaire. Cette hiérarchisation permettra d’une part de limiter les
      listes d’attente dans tous les secteurs (universitaire comme STS et
      CPGE), et d’autre part d’éviter que les 20 % de « meilleurs » bacheliers
      monopolisent les places en leur proposant « seulement » le vœu qu’ils
      auront classé premier.

      /
      /
      /Accroissement des moyens de l’université/

      Nous demandons l’augmentation du budget du ministère de l’Enseignement
      supérieur et de la recherche afin d’améliorer les conditions matérielles
      d’étude des étudiants. Ce qui implique la construction de locaux
      supplémentaires, l’augmentation des dotations des bibliothèques,
      l’augmentation du nombre d’enseignants-chercheurs titulaires de la
      fonction publique, ainsi que du personnel administratif et technique,
      lui aussi recruté sous le statut de fonctionnaire d’État. L’embauche de
      personnels administratifs doit permettre de décharger les enseignants
      chercheurs autant que possible et améliorer les conditions de travail
      des agents administratifs confrontés à l’alourdissement de leur charge
      de travail et à l’intensification de celui-ci.

      Nous sommes début mai, il reste le temps, comme en 1968, de déclencher
      un plan d’urgence pour la rentrée prochaine en créant les places
      (c’est-à-dire les postes et les mètres carrés) permettant d’affecter un
      maximum de bacheliers sur leur premier vœu.

      /Amélioration des conditions matérielles des salariés de l’université : /

      Nous demandons la revalorisation de nos rémunérations qui doit passer
      par l’augmentation du point d’indice pour tous les fonctionnaires, et
      aussi par une augmentation de la rémunération des jeunes chercheurs.

      Outre l’augmentation du nombre de postes, qui doit passer par un dégel
      des postes de fonctionnaires, nous demandons la titularisation ou la
      CDIsation des personnels en CDD.

      Nous nous opposons à toute remise en cause du statut des enseignants
      chercheurs dont nous savons que le ministère de l’ESR n’a pas renoncé à
      sa transformation, malgré sa défaite partielle de 2009.

      /Revendications spécifiques aux doctorants et aux enseignants non
      titulaires/

      Nous soutenons les revendications portées par le mouvement de
      mobilisation des doctorants, et en particulier la mensualisation du
      traitement des vacataires ; l’élargissement de l’exonération des frais
      d’inscription pour les doctorants de Paris 1 qui sont aussi vacataires
      de l’université et l’exonération pour les doctorants sur critères
      sociaux ; le remboursement des frais de transport pour les vacataires et
      sur critères sociaux pour les autres doctorants ; amélioration des
      conditions matérielles de travail ; augmentation des financements de
      thèse (contrats doctoraux et postes d’ATER pour que les doctorants
      soient rémunérés pour le travail.

      /Plan licence à venir/

      Nous exigeons le maintien de la licence comme examen national et
      qualifiant, d’un contenu disciplinaire en présentiel de 1500 heures
      minimum.

      Nous demandons le respect des statuts des enseignants chercheurs :
      comptabilisation des heures sur la base du présentiel (avec maintien de
      la distinction CM/TD), modulation seulement sur demande de
      l’enseignant-chercheur (cette demande expresse restant le seul acquis
      obtenu lors des négociations de 2009 sur le statut des EC). »

      /L’assemblée générale des enseignants non titulaires de l’UFR d’histoire
      de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne réunie le 11 mai 2018./

      1
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf
      s’agit de compétences budgétaires et de gestion des ressources humaines
      (recrutement d’agents contractuels et gestion des primes, répartition
      des obligations de services et création de dispositifs d’intéressement)

      2
      <https://mail.google.com/mail/u/1/#m_-1151261675030741013_m_1533638842899132911_m_5854701268593517903_sdf
      2017, 7 315 postes étaient ouverts pour l’ensemble des CAPES dont 680 en
      histoire-géographie et 1920 postes pour toutes les agrégations, dont 90
      en histoire. En 2018, 5 833 postes étaient ouverts pour l’ensemble des
      CAPES, dont 540 en histoire ; pour l’agrégation les chiffres étaient de
      1 555 dont 72 en histoire.

    • Où va le train des réformes de l’université ?

      Edith GALY, Enseignante-Chercheure à l’Université Nice Sophia-Antipolis et Bruno DAUVIER, Enseignant-Chercheur à Aix-Marseille Université vous livrent leur analyse concernant la mutation importante que subit le paysage universitaire depuis quelques mois, participant d’un changement radical de vision de l’université.

      https://blogs.mediapart.fr/edith-galy/blog/120518/ou-va-le-train-des-reformes-de-luniversite

    • Universités : non à l’éviction politique des professeurs non-titulaires !

      Les professeur.e.s « non-titulaires » (précaires aux statuts divers) sont plus d’un tiers des enseignant.e.s dans les universités. Plus mobilisé.e.s que les titulaires contre Parcoursup et la loi ORE, elles/ils sont tenu.e.s à l’écart des consultations internes. La motion des professeur.e.s non titulaires de l’UFR d’histoire de Paris 1 Panthéon-Sorbonne évoque ce problème dans un texte magnifique.

      https://blogs.mediapart.fr/jerome-valluy/blog/130518/universites-non-leviction-politique-des-professeurs-non-titulaires

    • Parcoursup, le niveau qui baisse et la théorie des mariages stables (Partie 1/2).

      Le moment est propice à un mouvement offensif de refondation de l’Université, dans un retour aux sources [1]. Comment, à partir de nos pratiques, repenser l’institution sociale dédiée à la production, à la transmission, à la critique et à la conservation des savoirs ? Comment reprendre possession de nos métiers et, simplement, faire ? Ce point de vue, stratégique et fondateur, à l’opposé de toute tentation réactionnaire faisant miroiter un âge d’or auquel il s’agirait de revenir, nous avait jusqu’à présent retenus de formuler une analyse des réformes du baccalauréat et de la licence. Pourquoi s’opposer à une loi sur le mode du “non à…” quand il y a pareille nécessité à tout recommencer, à tout reconstruire, à tout ré-instituer à partir de l’idée même d’Université ? N’est-il pas temps qu’une coordination des universitaires voie le jour, qui porte les exigences d’une pareille auto-institution ?

      Les textes critiques consacrés à ParcourSup et à la loi Vidal [2] laissent pendantes plusieurs questions importantes, auxquelles nous consacrerons un billet en deux parties — mais trois points :

      Les algorithmes qui sous-tendent les systèmes APB et ParcourSup sont radicalement différents. Que nous apprend leur comparaison sur l’idéologie des hauts-fonctionnaires qui ont conçu ParcourSup et sur leurs capacités de mise en œuvre ? Que va-t-il se passer lors du crash-test en conditions réelles, la dernière semaine de mai ?
      La loi Vidal suscite l’adhésion d’une partie significative des universitaires, insoupçonnables de croire aux éléments de langage indigents propagés du ministère aux militants d’En Marche en passant par les bureaucraties universitaires [3]. Dès lors, à quels problèmes réels pensent-ils que cette loi répond ? Comment poser correctement les problèmes du niveau des étudiants et des rapports entre Université et grandes écoles ?
      Les réformes en cours ne sont pas des mesures techniques puisqu’elles ont été théorisées dès le rapport Aghion-Cohen de 2004 [4]. Dès lors, il devient primordial de remettre ces mesures en perspective par rapport au projet global de mutation du système universitaire, d’essence néolibérale.

      Ce qui a buggé dans APB, ce n’est pas le logiciel, mais bien l’Etat. — Cédric Villani

      Le passage du système APB [5] au système ParcourSup traduit une tentative de plateformisation gestionnaire de l’Etat, ici pour orienter les bacheliers dans les filières d’enseignement supérieur. De prime abord, il s’agit d’affecter au mieux 887 681 étudiants dans 13 200 formations, ce qui constitue un problème d’optimisation bien posé en théorie des jeux : le “problème des mariages stables”. Sa résolution nécessite d’avoir posé au préalable les critères en vertu de quoi l’optimisation est opérée, c’est-à-dire le choix politique, l’idéologie. Dans le système APB, les candidats formulaient des vœux ordonnés. L’affectation y était faite de sorte à optimiser globalement les formations proposées aux étudiants selon l’ordre de préférence qu’ils avaient au préalable spécifié, en suivant le meilleur algorithme connu pour le problème des mariages stables : celui conçu par Gale et Shapley en 1962. Ainsi, APB a pu réussir à attribuer un vœu à 4 étudiants sur 5 dès le premier tour, témoignant de la puissance de l’algorithme pour remplir l’objectif politique assigné.

      A l’évidence, la plateforme ParcourSup ne vise pas le même objectif puisqu’elle repose sur les règles suivantes :

      Les candidats ne classent plus leurs vœux mais fournissent des éléments d’appréciation de leur “capital humain” (notes scolaires, lettres de motivation, CV, lycée d’origine, hobbies, etc., ce qui fournit des indications claires sur leur milieu social). [6]
      Les universités sont dotées d’outils de classement des candidats, locaux et opaques, permettant de contourner la loi Informatique & Liberté, qui prohibe toute décision fondée sur un algorithme aveugle.
      Les résultats seront donnés de manière synchrone et les choix des candidats se feront “au fil de l’eau”.

      ParcourSup est en premier lieu une entreprise de contrôle des subjectivités, conforme à la théorie du capital humain [7]. Ce contrôle passe par un système de normes produites par la techno-bureaucratie et qu’il s’agit de faire intégrer aux universitaires, aux étudiants et à leurs familles : il s’agit de les occuper — au sens commun comme au sens militaire. En imaginant que l’on puisse classer un candidat en passant 5 minutes sur son dossier, le classement des 7 millions de vœux déposés sur ParcourSup consommerait en pure perte deux siècles de travail — 80 000 journées de 7 h. On réalise alors que le CV et les lettres de motivation ne serviront pas à classer les candidatures : elles ne sont exigées que pour imposer l’image d’un recrutement professionnel et faire disparaître le baccalauréat comme certification nationale ouvrant droit aux études universitaires. L’anxiété que ces éléments aussi absurdes qu’inutiles ont générée dans les familles des lycéens a donc été pensée pour marquer les esprits.

      Si la plateforme ParcourSup ne repose plus, à l’évidence, sur la maximisation du niveau de satisfaction des bacheliers vis-à-vis de leurs vœux, puisque les vœux n’y sont plus ordonnés, elle ne repose pas plus sur une optimisation du niveau de satisfaction des formations — qui eût permis l’utilisation du même algorithme de Gale et Shapley. La raison est fort simple : toutes les formations ont intérêt, pour leur propre logique d’appréciation, à attirer les mêmes étudiants. Dès lors, la probabilité est forte qu’un candidat en tête d’un classement réalisé pour une formation le soit également dans les classements de toutes les autres formations dans lesquelles il aura déposé des voeux. La pondération de différents critères entre les formations n’affectera que marginalement ce fait. Le jour où les candidats recevront leurs réponses, l’élite scolairement et socialement dominante sera donc mécaniquement sélectionnée pour la quasi totalité des places disponibles : winners take all. Parions, en vertu du principe de Pareto, que 20% des candidats monopoliseront 80% des places disponibles au soir du 22 mai, provoquant un mouvement d’angoisse à quelques semaines du bac et un mouvement de fuite des mieux dotés en “capital humain” vers les formations privées, chères et de très mauvaise qualité. Les candidats non retenus seront placés dans des files d’attente qui seront résorbées avec des temps de réponse de 7 jours du 22 mai au 25 juin, de 3 jours du 26 juin au 20 août et de 1 jour à partir du 21 août. Selon toute probabilité, un candidat moyen devra attendre longtemps pour se voir proposer un de ses vœux, qui n’a qu’une faible chance d’être la formation la plus désirée, le conduisant à un choix par défaut.

      Il existe un palliatif risqué pour atténuer la taille des files d’attente : surbooker les filières en pariant sur le nombre de candidats qui refuseront la proposition. En vertu du principe de Murphy — tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal — plus les responsables du tri sélectif se croiront astucieux et pratiqueront la spéculation et plus le chaos s’installera. Si les commissions de tri visent trop bas, elles risquent le “sousbooking” et si elles visent trop haut, le surbooking.

      En résumé, la plateforme ParcourSup a remplacé l’algorithme APB d’optimisation de la satisfaction des étudiants vis-à-vis de leurs vœux par une usine à gaz bureaucratique et chronophage. Elle agit comme un révélateur de l’idéologie hégémonique : l’ensemble du dispositif se focalise sur les “meilleurs étudiants” qu’il s’agit d’attirer dans les “meilleurs formations”. Cette fiction du “premium” est obtenue en dégradant ce qui est proposé au plus grand nombre : explosion des délais d’attente, encouragement à fuire vers les formations médiocres du privé, rejet de l’idée d’un optimum de satisfaction collective, solution de “mariage” étudiant/formation sous-optimale. Elle agit également comme révélateur de l’absence de formation à la recherche des hauts-fonctionnaires ministériels, qui ignorent manifestement tout des conditions d’expérimentation qui eussent permis à la plateforme de ne pas optimiser… le mécontentement général et la dégradation de l’Université.

      [1] Des grandes écoles se vantant d’être sélectives mais souffrant de demeurer invisibles dans l’inepte classement de Shanghai opèrent le mouvement inverse, se contentant d’usurper le label “université”, comme si ce changement cosmétique pouvait leur conférer la grandeur de celle-là…

      [2] Les enjeux cachés de la réforme du bac. Stéphane Beaud
      La réforme Macron de l’université. Stéphane Beaud et Mathias Millet
      ParcoursUp, une réforme conservatrice.Romuald Bodin et Sophie Orange
      Sélection à l’université : idées fausses et convergences inattendues. Philippe Coulangeon
      "En marche" vers la destruction de l’université. Eric Berr et Léonard Moulin
      Les étudiants livrés au marché de l’anxiété. Annabelle Allouch
      Tribune-pétition de soutien aux étudiants. Collectif
      Diaporama de réponse de Sauvons l’Université. Laurence Giavarini, Élie Haddad et Valérie Robert

      [3] Dans un premier temps, les éléments de langage à répéter en boucle étaient : “Etre contre ParcoursUp, c’est être pour le tirage au sort.”, “Nous investissons un milliard dans l’Université.”, “Ce n’est pas une sélection, c’est une orientation qui met l’étudiant au cœur du système.”, “Les examens, c’est la sélection par l’échec.”, “Il faut arrêter la désinformation.”, etc. Le perroquet doit maintenant disqualifier le mouvement étudiant : “Le mouvement est minoritaire et vient d’agitateurs professionnels politisés.” “Cette minorité prend en otage pour planter les partiels.”, “Des éléments violents”, “Rien de commun avec 68 où il y avait un vrai rêve ; en 2018, il y a une véritable angoisse à laquelle il faut répondre par plus de pédagogie”.
      Contredire ces mots d’ordre nécessiterait un travail à temps plein. Prenons un exemple. Pour connaître le budget de l’Université, il convient de regarder dans les jaunes budgétaires jaunes budgétaires, non l’enveloppe budgétaire globale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (qui augmente pour financer le déplafonnement du Crédit d’Impôts Recherche) mais les programmes 150 et 231. Il apparaît alors que ce budget est passé de 13,01 milliards € à 13,19 milliards € entre 2017 et 2018, sans prendre en compte de possibles annulations de crédits en fin d’année. Cette différence correspond exactement à l’inflation. Du milliard annoncé il n’existe pas le plus petit centime. Pour plus d’information, on pourra se reporter au diaporama de réponse de Sauvons l’Université.

      [4] www.groupejeanpierrevernant.info/RapportCohenAghion.pdf
      voir aussi
      www.groupejeanpierrevernant.info/SlidesAghion.pdf

      [5] Dossier de presse d’APB

      [6] Cette règle a fait la fortune d’officines douteuses de coaching en orientation.

      [7] Nous allons consacrer le troisième volet de notre synthèse sur le néolibéralisme à la théorie du capital humain.

      http://www.groupejeanpierrevernant.info/#Parcoursup1

      #APB #algorithme

    • Quand Parcoursup généralise l’#arbitraire social, les étudiants ont raison de se révolter

      Ils pérorent sur la faible mobilisation contre Parcoursup et ses « agitateurs professionnels ». Mais ils n’en sont pas moins inquiets. Certes, toutes les universités ne voient pas leur fonctionnement régulier scandé par des assemblées générales, des cours alternatifs, des blocages bien pacifiques et des déblocages souvent violents. Certes, ce sont davantage dans les départements de lettres et de sciences sociales que les étudiants se mobilisent. Il n’en reste pas moins que cette mobilisation est significative, et la stratégie du gouvernement pour l’endiguer en témoigne.

      L’heure est à la disqualification du mouvement. Tantôt en l’infantilisant, les « examens en chocolat » que réclameraient les étudiants mobilisés ont les mêmes accents que ceux qu’utilisait le gaullisme finissant il y a cinquante ans (le mouvement décrit à ses débuts comme le prurit d’étudiants oisifs). Tantôt en activant les peurs que peut susciter, lors de toute effervescence sociale, la vision de « dégradations » dans des locaux universitaires dont on oublie qu’ils étaient avant le mouvement souvent dégradés (cf. Tolbiac).

      Au-delà de la répression dont il est l’objet, le mouvement contre Parcoursup est significatif aussi parce qu’il témoigne d’une #prise_de_conscience de la grande transformation de l’enseignement supérieur à l’œuvre. Car, derrière Parcoursup, il y a un train de réformes délétères que le gouvernement veut faire passer dans la foulée : redéfinition de la licence, qui la videra d’une partie de ses contenus disciplinaires, limitation de l’accès au master pour les étudiants qui obtiendront ces peaux d’âne dans des « universités Potemkine », dualisation accrue de l’enseignement supérieur avec l’émergence de dix universités d’#excellence et la transformation subséquente des autres en quasi-collèges universitaires, augmentation massive des #droits_d’inscription.

      Mais, dans l’immédiat, il y a cette mobilisation contre Parcoursup. Une mobilisation solidaire des étudiants… pour les lycéens qu’ils ont été. Parce que ce sont bien d’abord les lycéens qui seront victimes de ce nouveau dispositif indûment présenté comme d’orientation et de réussite. Les ratés du dispositif Admission post-bac (APB) – le tirage au sort (marginal, puisqu’il concernait bien moins de 1 % des candidats) – ont été instrumentalisés pour mettre en place Parcoursup, qui généralise l’arbitraire, non plus celui du hasard, mais celui de l’origine sociale. Car Parcoursup est bien un dispositif de sélection sociale, derrière les apparences d’une orientation « rationalisée ».

      Si la prise en compte des résultats scolaires antérieurs est déjà le cas pour la partie sélective de l’enseignement supérieur, la spécificité de l’université, qui en fait aussi sa grandeur, est de ne pas tenir compte du « casier scolaire » des étudiants, ni des notes, ni du type de baccalauréat obtenu. On ne niera pas que les bacheliers technologiques et plus encore professionnels rencontrent dans un premier temps plus de difficultés que les autres à l’université, surtout dans les conditions matérielles dégradées que l’on sait. Mais il reste qu’un nombre significatif d’entre eux, avec un peu plus de temps, vont pleinement réussir, faisant oublier leur origine scolaire, aujourd’hui si stigmatisée.

      Voici l’une des raisons pour lesquelles les sociologues, à qui l’on fait pourtant régulièrement le procès d’être « déterministes », s’opposent majoritairement à Parcoursup. Le regard sociologique conduit aussi forcément à dévoiler, derrière la #sélection_scolaire en amont de l’université, une sélection sociale. En 2016, selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale (« Repères et références statistiques 2017 »), les enfants d’ouvriers ou d’employés représentent 54,7 % des élèves de bac pro, 45,4 % des bacheliers technologiques, 31,6 % des lycéens de terminale générale.

      Mais Parcoursup va bien au-delà d’une sélection au faciès de bac ou au profil de notes. Les critères sociaux sont prépondérants derrière la neutralité apparente de l’algorithme. Les élèves doivent ainsi rédiger un « projet de formation motivé ». Les élèves ? Ou plutôt leurs parents, ceux d’entre eux qui ont les capitaux nécessaires (économiques, sociaux, culturels) pour décrypter les « attendus » (souvent flous dans leur généralité) des filières universitaires, et y ajuster ensuite la lettre de motivation étayée et le CV associé.

      Des officines privées proposent d’ailleurs déjà ce type de prestations. C’est dire dans tous les cas le caractère artificiel de la motivation de ce projet « personnel ». Mais, en amont, il y a aussi cette évaluation par le lycée d’origine des « compétences » sociales (comme telles socialement discriminées) de l’élève. Dans la « #fiche_avenir », les professeurs principaux doivent se prononcer sur l’engagement et l’esprit d’initiative des élèves !

      On est loin de critères scolaires et sera ainsi valorisé un « savoir-être » davantage cultivé dans les milieux favorisés. Le proviseur, quant à lui, comme s’il connaissait individuellement chaque élève, est appelé à évaluer sa capacité à réussir dans la formation visée. Il vaudra mieux avoir été un élève docile, ne pas s’être fait remarquer par son comportement ou ses prises de position. Mais les proviseurs développeront également des stratégies d’établissement, notamment dans l’enseignement privé. Les universitaires, présidents de jury de bac, puisqu’il s’agit là du premier grade universitaire, les voient déjà à l’œuvre : la distribution des « #avis » (très favorable, favorable, assez favorable, doit faire ses preuves) est toujours très généreuse (et assez largement déconnectée des résultats chiffrés) dans ces établissements engagés dans des rapports de clientèle avec les familles socialement plus aisées (38 % des élèves du privé étaient issus de milieux sociaux favorisés, contre 20,5 % pour le public). Or ces avis sont déterminants au moment des délibérations pour l’obtention des mentions ou pour que les notes du candidat soient relevées afin d’obtenir le diplôme ou d’accéder au rattrapage.

      On le voit, Parcoursup est bien un dispositif, politiquement assumé, de #sélection_sociale.

      https://www.humanite.fr/quand-parcoursup-generalise-larbitraire-social-les-etudiants-ont-raison-de-
      #taxes_universitaires

    • Parcoursup : « Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement »

      Plus de 6 000 dossiers à trier, suivant des critères variables et discutables… Alors que les premiers résultats tombent ce mardi, une enseignante raconte à « Libération » ses cinq semaines de dilemmes.

      Montée d’adrénaline en perspective. Quelque 800 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation connaîtront ce mardi les premiers résultats de leurs souhaits d’affectation dans le supérieur pour la rentrée prochaine. Le vrai changement concerne l’entrée à l’université. Ces dernières semaines, les enseignants-chercheurs ont été invités à classer les candidatures des élèves. Certains se sont pliés à l’exercice avec goût, voyant là une chance de choisir les meilleurs profils et faire grimper les taux de réussite en licence. D’autres ont refusé catégoriquement, furieux de ce qu’ils considèrent comme une sélection à peine déguisée. D’autres encore y sont allés à tâtons, partagés entre souci de mettre les mains dans le cambouis pour ne pas léser les futurs bacheliers et frustration face à une réforme menée sans les moyens ni le temps nécessaire pour la mettre en place comme ils le voudraient. L’enseignante à qui nous donnons la parole fait partie de ceux-là. Elle ne souhaite pas que son nom apparaisse, tant cette réforme crispe et divise au sein de la communauté universitaire. Avec quatre collègues volontaires, elle s’est retrouvée à trier plus de 6000 dossiers en cinq semaines. En septembre, environ 800 élèves rejoindront les bancs de sa fac.
      « YouTube, à côté, c’est rien »

      « On en a fini avec ce Parcoursup. Je ne dirai pas encore que je suis soulagée, mais du moins contente qu’on s’en soit sortis. On a fait le boulot, classé les candidatures. Désormais, c’est au dessus que cela se passe. Les élèves n’ont pas idée de nos dilemmes depuis un mois et demi… Heureusement qu’ils ne savent pas, cela dit.

      « Ma tâche consistait à classer plus de 6000 dossiers. Ce n’était pas de dire si tel ou tel élève a bien travaillé. Ou si on aime tel ou tel profil. Spontanément, c’est ce qu’on a envie de faire. Surtout quand on se retrouve face à une somme gigantesque d’informations. C’est très addictif. YouTube, à côté, c’est rien. On sait tout sur leur vie scolaire et même plus : identité, sexe. Le nom de leur lycée figure dans le dossier. La consigne était de ne pas en tenir compte, mais techniquement, il reste possible de classer avec ce critère. Il y a aussi les bulletins scolaires, avec toutes les notes, les moyennes de la classe, les appréciations des professeurs… Les lettres de motivation aussi. Beaucoup se ressemblent. Mais dans le lot, certaines sont sincères et touchantes. J’ai en tête cet élève : "J’ai changé, je jouais trop aux jeux vidéo. Là, j’ai arrêté, je suis très motivé." Trop mignon. Cela pourrait prêter à sourire. Mais je peux vous dire qu’on n’a pas ri. Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement en entrant dans le détail des candidatures. Il faut arriver à se détacher de leurs histoires personnelles. J’ai parfois été prise de vertiges.

      « Rassurer l’ordinateur »

      « Tous les responsables de formation ont joué aux apprentis sorciers. Je ne comprends pas que le ministère n’ait pas imposé dès le début des critères uniformes. Depuis le départ, on confond autonomie et pouvoir d’expertise des équipes. Il y a un gros contresens. Pour moi, il était essentiel que les critères, "les attendus" [c’est le terme officiel, ndlr], soient les mêmes par discipline. Que la définition de ce qu’on estime être un bon élève pour des études de droit, par exemple, soit identique dans toutes les facs. Au début, j’ai cru que l’uniformisation des attendus au niveau national serait une garantie… jusqu’à ce qu’on nous annonce a posteriori qu’attendus et paramètres informatiques étaient deux choses différentes et que chacun déterminerait librement ses paramètres de classement. Quelle transparence ! Comment traduire "bonne qualité rédactionnelle" ? Ou "esprit logique" ?

      « Dans ma commission d’examen des vœux, nous avons débattu des heures et des heures. Comme nous avions plus de 6 000 dossiers à trier, il était inenvisageable de les classer manuellement. Le risque d’aléa était trop grand. On a donc décidé de recourir à un préclassement par ordinateur, à partir d’une moyenne de différentes notes. C’est un peu compliqué à expliquer, mais en gros on a appliqué aux notes des coefficients semblables à ceux du bac. Si l’élève est en scientifique option physique-chimie, il aura investi plus de temps sur cette matière à fort coefficient, donc il nous semble logique d’en tenir compte. En revanche, on a écarté la note de sport. C’est contestable, mais c’était l’avis majoritaire.

      « J’oubliais. Dans la masse d’informations, nous avions aussi la fameuse fiche avenir, remplie par l’équipe de professeurs du lycée… Ils ont évalué la méthode de travail, l’autonomie, l’engagement, l’esprit d’initiative et la capacité à s’investir de chaque élève. On s’est vite aperçu que ces appréciations étaient très variables et subjectives, surtout faites dans l’urgence. Comment les profs peuvent savoir avec certitude comment vont évoluer leurs jeunes élèves ? On a beaucoup, beaucoup débattu entre nous. Finalement, on en a un peu tenu compte, surtout par respect pour le travail des collègues du secondaire. En revanche, nous n’avons pas retenu les commentaires du chef d’établissement. Il devait se prononcer sur "la capacité à réussir" et "la cohérence du projet" de l’élève. Qu’en sait-il ?

      « Une fois nos critères paramétrés, quand on a appuyé sur le bouton pour avoir notre classement, on s’est retrouvé face à un os : sur l’ensemble des dossiers, on en avait des milliers ex æquo, au millième près. C’était logique et prévisible. Pas besoin d’avoir fait une licence de maths pour comprendre qu’un classement sur la base d’une note sur 20 engendre de nombreux ex æquo. En soi, ce n’est pas un problème : que je me retrouve demain avec un amphi rempli d’élèves ex æquo n’est pas un souci. Sauf que la machine, elle, ne peut pas le supporter. Le logiciel Parcoursup refuse de traiter un classement de ce type… On s’est donc retrouvés à chercher un moyen de les départager. C’était absurde et cela a pris un temps fou aux collègues qui ont essayé de le faire manuellement. Une solution technique n’a été diffusée que début mai pour départager sur une seule note, le plus souvent celle de français ou de mathématiques, parce qu’il fallait une matière présente dans tous les dossiers. Tout ça pour rassurer l’ordinateur…
      « Humiliant »

      Une fois le gros du classement fait avec la machine, on s’est réparti les dossiers pour vérifier à la main qu’il n’y avait pas d’anomalie. Pour ma part, je n’en ai pas détecté. On devait aussi classer manuellement une partie des dossiers, par exemple ceux des élèves venant de l’étranger ou reprenant leurs études. Nous avions, de mémoire, un chasseur alpin qui voulait faire du droit, une Anglaise qui expliquait dans sa lettre s’être très impliquée dans la lutte contre la prostitution infantile et désirant reprendre des études en France. Des Grecs aussi, l’un d’eux expliquant vouloir fuir la crise économique de son pays. Pourquoi les en empêcher ? Nous avons décidé collectivement de les mettre en haut du classement pour être sûrs que la machine Parcoursup leur donne leur chance. Espérons maintenant que les élèves ne vont pas connaître notre cuisine interne et leur rang, sinon certains vont prendre la grosse tête !

      « Quand je discute de cette réforme à droite et à gauche, je me rends compte que beaucoup d’enseignants ont finalement joué le jeu : à ne pas compter leurs heures, à essayer tant bien que mal de faire le travail dans les temps et avec le plus de rigueur possible. Mais au bout du compte, pour quel résultat ? Quel changement ? Demain, beaucoup vont déchanter, en se rendant compte qu’ils ont travaillé pour rien. En réalité, de nombreuses filières ne sont pas prisées. Cette année, elles ont l’impression d’avoir reçu beaucoup de candidatures, mais c’est mécanique, à cause de la non-hiérarchisation des vœux. Au bout du compte, les facs seront obligées de prendre tous les candidats qui voudront venir… même si le collègue en a mis certains tout en bas du classement en estimant qu’ils n’ont pas le niveau. Il y a un côté humiliant pour notre travail. Autre chose, paradoxale : l’autonomie des universités mise en avant est très relative, les éléments les plus importants nous ont échappé. Par exemple, nous avons appris le taux de sectorisation seulement le 14 mai : ce qui veut dire que beaucoup de dossiers que nous avons épluchés et pris soin de classer seront écartés automatiquement car ils sont hors secteur… Les élèves ignoraient ce critère au moment de faire leurs vœux. C’est honteux ! En définitive, je n’ai aucune idée des élèves qui seront dans mon amphi à la rentrée. Est-ce ceux qui sont en haut de mon classement ? Ou, au contraire, ceux qui sont tout en bas, car les autres auront préféré aller ailleurs ? On lance nationalement des grandes réformes, en demandant à tous les fonctionnaires de se plier en quatre, mais pourquoi au bout du compte ? Cela me met en colère. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/21/parcoursup-il-y-a-un-cote-hyperviolent-a-operer-un-classement_1651672?xto

    • La FSU dénonce le fiasco de Parcoursup :

      400 000 lycéen.ne.s mis dans l’angoisse juste avant le bac !

      Communiqué du mardi 22 mai 2018

      Les premiers chiffres sont vertigineux : selon la ministre, 400 000 lycéen.ne.s sont "en attente" ou “refusé.e.s” sur l’ensemble de leurs vœux (soit 50% des inscrits).

      La FSU constate avec affliction que ces premiers chiffres dépassent les analyses les plus pessimistes quant à l’usage de la plate-forme "Parcoursup" pour affecter les bacheliers .

      Depuis des mois, la FSU a dénoncé la méthode choisie par le gouvernement qui institutionnalise une forme de tri social des bacheliers pour leur inscription en premier cycle universitaire.

      Plus de la moitié des futurs bacheliers reçoivent un premier signal décourageant à quelques jours du baccalauréat. C’est inacceptable !

      Le gouvernement a fait le choix de refuser d’entendre l’expression de la jeunesse à accéder à une formation et un diplôme de l’enseignement supérieur. Depuis des mois, un mouvement social conteste les fondements de la politique de sélection à l’entrée de l’université. Le gouvernement s’enferme dans le déni et choisit la répression comme seule réponse.

      La FSU exige que tous les lycéens lauréats du baccalauréat puissent choisir leurs études. Ce qui nécessite :

      un renforcement de l’orientation scolaire comme mission de l’éducation nationale et un renoncement du transfert de cette mission aux régions et aux opérateurs privés,
      une augmentation des moyens dans l’enseignement supérieur pour accroître le nombre de place afin d’accueillir toutes les bachelières et tous les bacheliers qui le souhaitent dans de bonnes conditions d’encadrement et d’études.
      Pour la FSU, l’avenir des jeunes ne peut se réduire à des visions de court terme, et certainement pas à une logique de tri.

      La FSU exige que les MEN et MESRI ouvrent sans tarder des négociations pour construire une autre politique pour l’enseignement supérieur et un système d’affectation national, transparent, juste et respectueux des aspirations des lycéennes et des lycéens.

      Reçu par email, le 23.05.2018

    • Parcoursup : « Sept refus et trois "en attente", j’ai encore rien dit à mes parents »

      Élèves, profs, enseignants-chercheurs… Tous sont en première ligne face à la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, qui se met en place à toute vitesse. « Libération » leur donne la parole pour qu’ils racontent les bouleversements en cours. Aujourd’hui, Salem, 17 ans.

      Quelque 810 000 élèves de terminale et étudiants en réorientation ont découvert mardi soir les premiers résultats de leurs souhaits d’affectation dans le supérieur pour la rentrée prochaine. Les règles du jeu ont changé cette année, avec le classement des dossiers opérés par les universités et la nouvelle plateforme Parcoursup.

      Elèves de terminale, étudiants en réorientation, profs, parents… Depuis le début de l’année, Libération donne la parole à tous ceux qui sont en première ligne dans l’application de cette réforme d’ampleur. Pour que chacun raconte, avec ses mots et son ressenti, les changements vécus de l’intérieur. Le 22 mai, les premiers résultats ont été publiés.

      Aujourd’hui, Salem, 17 ans, en terminale ES au lycée Jean Dautet, à La Rochelle

      « Sur dix vœux, j’ai sept refus et on m’a mis sur liste d’attente pour les trois autres vœux dans des universités. J’avais demandé des DUT d’informatique et de techniques de commercialisation. Et l’université, en droit et en informatique. Etre sur liste d’attente pour des facs, c’est quand même affolant.

      Je ne suis pas un élève très mauvais, ni très bon, je suis un élève moyen qui donne de lui-même, ma moyenne générale tourne autour de 10-12. J’ai de bonnes notes en maths et mes appréciations sont bonnes. J’ai juste raté un trimestre sur deux ans.

      Je n’appréhendais pas vraiment l’arrivée des réponses, d’ailleurs je ne me suis pas précipité à 18 heures pour voir ce qu’il en était, puisque je m’étais dit que j’allais être accepté au moins dans une université sans difficulté. J’espérais même avoir une chance d’être sur liste d’attente pour les DUT, même si je ne suis pas prioritaire pour ces formations. Là, c’est un « non » catégorique. J’aurais aimé avoir un entretien au moins pour montrer ma motivation et qu’ils se basent sur autre chose que des notes et des appréciations.

      Je n’ai pas encore annoncé la nouvelle à mes parents. Ils vont percevoir ça comme un échec scolaire et j’ai peur qu’ils soient déçus. On se projette dans le futur et quand on n’a rien, le retour à la réalité est plutôt désagréable. Je garde l’espoir de remonter dans la liste d’attente et d’être accepté dans une des universités. Beaucoup ont demandé des facs en roue de secours, donc des places vont se libérer, mais ça m’énerve de savoir que même si je suis accepté, c’est par défaut.

      J’ai vu qu’on pouvait voir sa place sur les listes d’attente. Pour la fac de droit, je suis 598e sur 1040 (pour 300 places), pour celle d’informatique 355e sur 532 (pour 140 places disponibles) et la troisième en informatique à Pau 236e sur 251 (pour 30 places disponibles). Cela donne une idée, mais finalement ça m’inquiète encore plus. Le système est d’autant plus pervers que les réponses arrivent avant le bac. J’ai déjà un ami qui m’a dit que ça le décourageait. Ceux qui ont été acceptés, ça les motive bien sûr à décrocher le diplôme, mais quand on essuie des refus, qu’on est en attente, c’est plutôt l’inverse.

      Ça perturbe également nos révisions. Je trouve ça complètement ridicule de regarder sans cesse sur Parcoursup pour voir si on a gagné des places ou non. Certains ont envie de réviser, de se débarrasser de ça et d’avoir l’esprit tranquille. En plus, c’est contraignant, si on est accepté, mais qu’on n’a pas validé notre choix [dans les 7 jours, ndlr], on peut se retrouver sans rien. Du coup, on va être obligé de regarder tous les jours.

      Le plus angoissant est de se dire : "Si je n’ai rien à la fin de la semaine, qu’est-ce que je fais l’an prochain ?" Je sais qu’on peut avoir des réponses jusqu’en septembre, mais c’est angoissant. J’aimerais passer un été tranquille. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/23/parcoursup-sept-refus-et-trois-en-attente-j-ai-encore-rien-dit-a-mes-pare

    • La FSU dénonce le fiasco de Parcoursup : 400 000 lycéen·ne·s mis dans l’angoisse juste avant le bac !

      Les premiers chiffres sont vertigineux : selon la ministre, 400 000 lycéen.ne.s sont "en attente" ou “refusé.e.s” sur l’ensemble de leurs vœux (soit 50% des inscrits).

      La FSU constate avec affliction que ces premiers chiffres dépassent les analyses les plus pessimistes quant à l’usage de la plate-forme "Parcoursup" pour affecter les bacheliers .

      Depuis des mois, la FSU a dénoncé la méthode choisie par le gouvernement qui institutionnalise une forme de tri social des bacheliers pour leur inscription en premier cycle universitaire.

      Plus de la moitié des futurs bacheliers reçoivent un premier signal décourageant à quelques jours du baccalauréat. C’est inacceptable !

      Le gouvernement a fait le choix de refuser d’entendre l’expression de la jeunesse à accéder à une formation et un diplôme de l’enseignement supérieur. Depuis des mois, un mouvement social conteste les fondements de la politique de sélection à l’entrée de l’université. Le gouvernement s’enferme dans le déni et choisit la répression comme seule réponse.

      La FSU exige que tous les lycéens lauréats du baccalauréat puissent choisir leurs études. Ce qui nécessite :

      un renforcement de l’orientation scolaire comme mission de l’éducation nationale et un renoncement du transfert de cette mission aux régions et aux opérateurs privés,

      une augmentation des moyens dans l’enseignement supérieur pour accroître le nombre de place afin d’accueillir toutes les bachelières et tous les bacheliers qui le souhaitent dans de bonnes conditions d’encadrement et d’études.

      Pour la FSU, l’avenir des jeunes ne peut se réduire à des visions de court terme, et certainement pas à une logique de tri.

      La FSU exige que les MEN et MESRI ouvrent sans tarder des négociations pour construire une autre politique pour l’enseignement supérieur et un système d’affectation national, transparent, juste et respectueux des aspirations des lycéennes et des lycéens.

      http://fsu.fr/La-FSU-denonce-le-fiasco-de-Parcoursup-400-000-lyceen-ne-s-mis-dans-l-angoisse.h

    • « Parcoursup laisse explicitement un "système" administrer, classer, ordonner les rêves d’une génération »

      Dans la procédure elle-même, dans son autorité et sa technicité, il manque un respect fondamental de la liberté et du potentiel de chacun, qui se trouve au contraire réduit de façon opaque à un passé scolaire et bien souvent à un territoire d’origine, déplore la sociologue Cécile Van de Velde dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. Parcoursup pose, de façon limpide, la question de la place relative de l’« être » et du « système » dans notre société. A l’heure où les consciences s’aiguisent contre certaines dérives de la gestion de masse des données personnelles ( big data , Facebook, intelligence artificielle...), nous sommes paradoxalement en train d’expérimenter une allocation automatisée des places et des chemins de vie.

      La question n’est point ici de trancher le débat sur la sélection universitaire, mais de constater que, dans son opérationnalisation même, Parcoursup pose désormais une question philosophique plus large et fondamentale : celle de ces « petits aménagements », anodins en apparence, destinés à une « gestion optimale » des ressources, mais qui touchent en réalité de façon profonde les fondements mêmes de nos libertés individuelles et de notre démocratie. Cette même démarche pourrait concerner demain l’allocation des soins ou le placement des individus en recherche d’emploi par exemple.

      Car de façon concrète, Parcoursup c’est laisser explicitement un « système » administrer, classer, ordonner les rêvesd’une génération. C’est laisser symboliquement une organisation centralisée trier les choix et les possibles d’unindividu.

      Colère des jeunes

      Dans la procédure elle-même, dans son autorité et sa technicité, il manque un respect fondamental et affiché de la liberté et du potentiel de chacun, qui se trouve ici au contraire réduit de façon opaque à un passé scolaire et bien souvent à un territoire d’origine.

      Ce dispositif ne fera qu’augmenter la colère sourde des jeunes contre un « système » qui leur fait mal, dans uncontexte français où cette période post-bac constitue justement un moment charnière de la vie d’une génération : plus qu’ailleurs, elle est considérée comme déterminante et décisive pour tout l’avenir professionnel de l’individu, et génère du stress personnel, familial et social.

      Le critère d’optimalité recherché est de maximiser le nombre de personnes inscrites, et non pas la satisfaction réelle des étudiants

      Même si le système de gestion était « parfait », la question est de savoir si nous trouvons normal que des individus aient explicitement leurs aspirations menacées voire oblitérées par une autorité centrale, allouant les places et lesavenirs.

      Nous sommes en train de soumettre les jeunes Français à une expérimentation incertaine, qui plus est à grande échelle, tout en trahissant notre propre promesse sociale d’une université ouverte. Or, sans être idéales, lesexpériences des autres pays nous montrent qu’il peut en être autrement.

      Pas moins cruel que le tirage au sort

      Parcoursup nous place devant une dérive techniciste de la recherche de l’optimalité. On nous propose unerencontre des attentes et des places, mais le « contrat » est en réalité bien asymétrique : le mode opératoire interdit l’expression même des préférences individuelles et met à plat dix choix, alors même que les universités doivent classer chacune des candidatures.

      Le critère d’optimalité recherché est de maximiser le nombre de personnes inscrites, et non pas la satisfaction réelle des étudiants : sans classement des voeux, celle-ci ne peut être prise en compte dans la procédure. Comment défendre un système si implacable dans un monde où la communication directe d’institution à individu est devenue si aisée ?

      Ce dispositif, même s’il promeut dans l’absolu une meilleure allocation des places, n’est symboliquement pas moins cruel que le tirage au sort. De plus, une telle organisation ne donne pas les garanties de protection du règlement européen sur la protection des données (RGDP), entré en vigueur le 25 mai 2018, quant à l’acceptation libre du service ou des traitements automatisés.

      Une entrave de plus

      Parcoursup constitue en quelque sorte une mauvaise réponse technique à l’enjeu réel du manque de ressources universitaires. Il ne fera pas l’économie d’un vrai débat sur ce que nous voulons vraiment pour nos universités, et quelle que soit la réponse politique donnée à la question de la sélection, à une prise en compte plus humanisée des aspirations des jeunes adultes.

      Parcoursup, c’est aussi une entrave de plus posée dans l’espace des possibles de ces jeunes générations, déjà touchées par des perspectives assombries. Que dire par exemple des lycéens initialement en difficulté, mais qui se sont révélés ensuite d’excellents étudiants à l’Université ? Dans Parcoursup, ils n’auront sans doute pas cette seconde chance, et cela ne fera que renforcer le déterminisme français classant les individus en fonction de la réussite scolaire initiale.

      Les sociétés de demain devraient plutôt refuser de réduire systématiquement les individus à leur seul parcours antérieur, et soutenir le droit à un nouveau départ. Cette « petite réduction » de la liberté de choix est en réalité unebrèche majeure dans nos valeurs et notre culture, ainsi que dans le contrat social et générationnel. Pouvons-nous nous satisfaire d’un système dont nous ne voudrions ni pour nous-mêmes ni pour nos enfants ?

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/30/parcoursup-laisse-explicitement-un-systeme-administrer-classer-ordonner-les-

    • #Saint-Denis : le #lycée_Paul-Eluard engage la lutte contre Parcoursup

      Les élèves de l’établissement dyonisien ont bloqué leur lycée ce jeudi matin, avant de se rassembler sous les fenêtres de la mairie. C’est la première mobilisation d’ampleur contre Parcoursup dans le département.


      http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/saint-denis-le-lycee-paul-eluard-engage-la-lutte-contre-parcoursup-31-05-

    • « Cette réforme renforce l’exclusion territoriale, je le mesure dans ma ville »

      Depuis le début de l’année, « Libération » donne la parole à ceux qui sont en première ligne dans l’application de cette réforme. Aujourd’hui, la maire d’Aubervilliers (93), inquiète pour « ses » jeunes.

      http://www.liberation.fr/france/2018/06/04/cette-reforme-renforce-l-exclusion-territoriale-je-le-mesure-dans-ma-vill

      Avec ce commentaire sur twitter :

      Les interfaces d’inscription dans le supérieur sont un vrai feuilleton ! Pourtant, #APB et #Parcoursup ne sont que des variantes d’une même logique – l’arbre qui cache la forêt de la paupérisation de l’université. Les médias vont-ils un jour soulever le capot ?

      https://twitter.com/gunthert/status/1003943051645992961

    • Parcoursup : l’ire des profs de #Paris-Diderot

      Le directeur de l’UFR chimie de l’université est particulièrement « agacé ». Le rectorat, via son nouveau logiciel, favorise les bacheliers parisiens médiocres.

      Rémi Losno, le directeur de l’UFR chimie de l’université Paris-Diderot, fait partie de ces professeurs « très agacés ». L’an dernier, sur les 110 places offertes en première année de chimie au sein de cette université parisienne prisée, « environ 40 % étaient occupées par des lycéens venus de banlieue ou de province ». Cette année, le rectorat, via le logiciel Parcoursup, n’autorise pas la filière à prendre plus de 3 % de bacheliers non parisiens.

      http://etudiant.lefigaro.fr/article/parcoursup-l-ire-des-profs-de-paris-diderot_57d4384c-6ccb-11e8-9dc

    • Parcoursup : quand le reportage tourne à la conférence de presse

      A #Strasbourg, le rectorat a rondement verrouillé ce qui était censé être un aperçu concret du travail fait par la commission qui travaille sur les dossiers qui n’ont récolté que des « non ».

      Le ministère de l’Enseignement supérieur semblait jouer enfin la transparence sur Parcoursup. En fait, il jouait la comédie. La demande de reportage maintes fois formulée pour avoir accès aux coulisses avait abouti : oui, il serait possible d’assister à une commission d’accès à l’enseignement supérieur. Et là, on verrait le sort réservé à ces lycéens ou étudiants dans l’impasse, à ceux dont la machine n’a opposé que des « non » aux vœux de formation. Formidable. Le service presse à Paris avait indiqué la porte qu’il était permis de pousser : celle du rectorat de Strasbourg où une commission, rendez-vous hebdomadaire, avait lieu vendredi matin.

      8h20 sur le perron. Mais qui est ce groupe ? Salut les confrères ! Ils sont tous là, et rient jaune. Car chacun pensait être seul, et on est une dizaine. Direction une salle de réunion toute en boiseries. Instant logistique, les télés ici, les radios là, les membres de la commission en face, en demi-cercle c’est mieux. Faudrait pas tout gâcher, que les images soient mauvaises. Mais attention, ce n’est pas une conférence de presse, il s’agit bien d’un reportage. On aura le privilège d’observer discrètement une tranche de réel, un moment confidentiel de l’administration où des acteurs de l’éducation, proviseurs, directeurs de formations universitaires, spécialistes de l’enseignement vont statuer sur des cas individuels. Des dossiers de presse ont néanmoins été préparés. Juste au cas où, sans doute.

      Les membres de la commission s’installent silencieusement devant leurs beaux chevalets nominatifs. Ils ont sûrement le trac. La rectrice, Sophie Béjean, entre en scène, fait le tour pour serrer la main des journalistes. Avec elle, tout est toujours sous contrôle. Elle a cette réputation. Trois coups, lever de rideau. Elle explique d’un ton pédagogue le fonctionnement du dispositif. Juste histoire de rappeler les règles du jeu aux participants. Des fois qu’ils les aient oubliées. L’occasion aussi de nous faire bien comprendre que c’est un travail de fond remarquable qui est conduit, de l’accompagnement individualisé, minutieux, du cousu main qui rassemble largement sur le terrain. Un monde merveilleux où aucun jeune ne sera oublié.

      Cinq cas ce matin, sur un total de 221 saisies pour l’académie de Strasbourg. Des jeunes sans solution qui ont cliqué sur le site pour saisir cette commission. L’histoire ne dit pas ce qu’il advient des autres. Des décrocheurs de Parcoursup qui n’ont essuyé que des refus et n’ont pas cliqué pour demander de l’aide, un plan B. Voilà qu’on nous distribue des fiches anonymisées, avec vœux, résultats scolaires, motivation. Le chef de l’information et de l’orientation résume chacun. Ton monocorde, la rectrice conduit la séance, se tourne vers les uns, les autres, en fonction des « pistes » envisagées. En gros, on corrige les vœux. Et curieusement, il y en a pour tout le monde : une fois elle se renseigne auprès de l’IUT ou l’université sur les formations en tension, une autre auprès du Crous pour trouver un logement à une jeune fille qui aura une place mais en Lorraine, ou encore vers le conseiller d’orientation parce qu’il faudra affiner un projet professionnel. C’est vraiment super quand le hasard fait bien les choses.

      Tous ces cas d’école, bien différents, bien complémentaires donnent l’opportunité à chacun, autour de la table, de faire de la retape pour sa formation ou son dispositif. Pas de débat. Ont-ils assez répété leur texte ? L’ensemble, ronronnant, manque un peu de naturel. Et voilà que l’audiovisuel veut faire des interviews. Ce n’était pas prévu dans la séquence. Faudrait pas qu’on croit que c’est un point presse. Minauderies de circonstances. Puisque c’est une demande des journalistes… Après, il faut partir. La commission poursuit son travail hors presse indique la rectrice. Pauvre Sophie Béjean, elle doit y passer un temps fou, à éplucher les bulletins scolaires de ces ados qui, s’ils n’avaient pas rempli Parcoursup avec leurs pieds, n’en seraient pas là.

      http://www.liberation.fr/france/2018/06/10/parcoursup-quand-le-reportage-tourne-a-la-conference-de-presse_1657997

    • #Nanterre : la dernière université débloquée

      Après deux mois d’occupation et de blocage, les étudiants de l’université de Nanterre ont évacué les lieux mercredi soir.

      Le déblocage de l’université de Nanterre marque donc la fin du mouvement étudiant contre la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur. Après deux mois de protestation contre cette réforme jugée sélective et contraire à l’égalité des chances, les quelques étudiants qui occupaient l’un des bâtiments de l’université de Nanterre ont quitté les lieux « dans le calme » mercredi 13 juin en fin de journée.

      Débuté en février dernier, la mobilisation des étudiants s’était propagée dans une quinzaine de facs, dont celle de Nanterre. Plusieurs fois fermée et perturbée, l’université est la dernière à avoir été évacuée.
      Deux mois d’occupation

      Deux mois que le bâtiment E de l’université de Nanterre était occupé par une dizaine d’étudiants. Le 9 avril, le président de l’établissement avait demandé l’intervention des forces de l’ordre pour déloger les perturbateurs. Réfugiés sur le toit, sept étudiants avaient été interpellés pour rébellion. Une intervention qui ne les a pas empêchés de reconduire le blocage dès le lendemain.

      A quelques jours des examens, les professeurs de Nanterre avaient aussi apporté leur soutien en votant un 20/20 politique. Les partiels ont d’ailleurs dû être reportés suite au blocage, puis délocalisés à cause des perturbations dans les centres d’examens.
      Lire aussi :Les examens des étudiants de Nanterre reportés
      Des négociations entre les étudiants et l’université

      Finalement, c’est une négociation entre les étudiants et l’université qui a mis fin à l’occupation. Cette fois, pas de forces de l’ordre pour venir les déloger. « Les étudiants sont partis d’eux-mêmes », confirme l’administration à l’AFP.

      En échange, les étudiants ont demandé à l’université de leur transmettre les attendus et les algorithmes de Parcoursup, la plateforme d’admission post-bac, pour plus de transparence. La présidence a également affirmé qu’une large consultation sur l’avenir de l’enseignement supérieur serait organisée comme l’ont exigés les étudiants.
      Une nouvelle mobilisation dès la rentrée

      Même si l’université a retrouvé son calme, la mobilisation ne devrait pas s’arrêter là. « Le combat contre la loi ORE va recommencer en septembre avec la question des ‘sans-fac’ », a précisé un étudiant. Actuellement, 22 500 lycéens n’ont reçu que des réponses négatives sur Parcoursup et 139 700 candidats sont encore en attente, sans savoir s’ils pourront poursuivre leurs études à la rentrée.


      https://www.orientation-education.com/article/nanterre-la-derniere-universite-debloquee

    • Les #quotas_géographiques dans Parcoursup nourrissent les craintes de #discriminations

      Les rectorats ont dû fixer un taux de candidats extra-académiques, qui varie de 1 % à 70 %. La plate-forme d’admission dans le supérieur rouvre ce mardi.


      https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/26/les-quotas-geographiques-dans-parcoursup-nourrissent-les-craintes-de-discrim

    • Peut-on refuser parcoursup ?

      Enseignant en philosophie, l’arrivée de la #loi_ORE et de parcoursup cette année ont été un véritable calvaire pour le professeur principal que j’étais en terminale littéraire. Au début personne ne savait vraiment ce qu’il adviendrait mais peu à peu les choses sont devenues très claires. Cette réforme est une des plus importantes que j’ai eu à vivre depuis 30 ans. La sélection qu’elle induit à l’entrée de l’Université et les bouleversements que vont produire les critères sur lesquels elle se fonde sont fondamentaux pour les élèves, mais le silence quasi général des enseignant-e-s et des parents dans mon établissement est peut-être ma plus grande sidération. J’ai malgré tout décidé de continuer la lutte avec les moyens modestes du combat isolé, en refusant la charge de professeur principal à travers une lettre ouverte au proviseur de mon lycée. La publication de ce courrier ici sera peut-être ressentie comme une démarche narcissique plutôt que comme un appui sérieux pour changer les choses mais il m’a semblé nécessaire de le faire, pour ne pas rester seul.

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      Monsieur le Proviseur,

      Comme l’heure des vœux pour la prochaine année scolaire est arrivée, je me permets de vous préciser par ce courrier plus officiel et précis ce que j’ai déjà pu dire succinctement en votre présence en conseil de classe.

      Professeur principal de terminale depuis presque 30 ans et souvent en série littéraire comme la philosophie que j’enseigne m’y prédispose (au vu du nombre d’heures partagées avec les élèves de cette filière), j’ai toujours essayé de guider les futur-e-s bachelier-e-s dans leurs choix d’études supérieures avec la conviction que personne n’est figé dans son être et que toute personne peut changer. « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons en faire. » disait Bergson et j’ai toujours considéré que le déterminisme statistique n’est vrai que si on l’applique et que la volonté de quiconque peut permettre d’inventer son avenir. Ce principe philosophique me semble découler des valeurs humanistes qui doivent nous guider dans notre tâche. Dans ce cadre j’ai cependant toujours intégré que certaines filières particulières et techniques nécessitent un minimum d’acquis spécifiques et que le type d’enseignement qu’on y pratique impose des classes à effectif réduit donc des choix précis. Mais j’ai toujours pensé que la connaissance universitaire devait rester ouverte à tou-te-s sans quoi le sens même de toute éducation serait perdu, à savoir le goût pour la connaissance sans fin, le risque admis de commettre des erreurs pour les redresser, la construction d’un esprit critique nécessaire à la liberté de penser, l’apprentissage de l’autonomie réelle, la rencontre avec l’autre, … socle de la construction de tout être humain émancipé.

      La loi ORE et Parcoursup, en instituant de fait une sélection à l’entrée de l’Université, ne permettent plus d’ouvrir à chaque élève les mêmes horizons. Bien sûr, on nous assène que c’est pour ne plus procéder à d’injustes tirages au sort des bachelier-e-s qu’on a fait cette loi et qu’on l’a mise en œuvre avant même qu’elle soit adoptée par nos élu-e-s. Mais on peut tout de même se demander comment on a réussi, en si peu de temps, à mettre un dispositif comme celui-là en place alors qu’on a été incapable, depuis 1998, de voir venir l’afflux d’étudiant-e-s lié à un surcroît de naissance ? Le tirage au sort est donc bien lié à cette surnatalité connue et non anticipée et pas à APB.

      Quoi qu’il en soit, cette réforme disruptive est certainement la plus importante que j’ai eu à subir dans ma carrière et, ne pouvant l’assumer, je ne souhaite donc plus être professeur principal.

      Je ne me sens pas capable d’expliquer à mes élèves, le jour de l’élection des délégué-e-s de classe, qu’être élu-e leur donnera un avantage au titre d’un engagement que d’autres n’ont pas pu avoir parce qu’ils n’ont pas rassemblé assez de voix.

      Je ne me vois pas dire à ces autres d’aller prendre une carte de membre dans une association humanitaire (tant qu’à faire), juste pour avoir une attestation qui prouvera leur engagement extérieur.

      Je ne me sens pas de dire aux élèves dont la vie intime est si lourde qu’ils préfèrent la taire et qui n’ont pas la force de faire mieux que de venir en cours chaque jour, qu’ils perdront des points dans la grande répartition des places.

      Je ne me sens pas capable de dire à mes élèves qu’ils doivent renoncer à la vérité pour se plier à une rationalité algorithmique qui préférera les lettres de motivations formatées à 1500 signes plutôt qu’un courrier sincère.

      Je ne me vois pas conseiller à mes élèves de faire croire qu’ils ont fait des voyages à l’étranger pour qu’un calculateur leur octroie un supplément de points.

      Je ne pourrais pas continuer de leur laisser croire que le baccalauréat est le premier grade universitaire, comme le dit pourtant la loi, alors que c’est dorénavant faux.

      Enfin plus égoïstement, je ne pourrai pas me résoudre à abandonner les principes philosophiques et professionnels qui m’ont guidé depuis ces 30 dernières années, à savoir que je suis seulement là pour donner le goût du doute, l’envie de penser par soi-même et sûrement pas que pour soi-même, pour susciter la remise en cause de ce qu’on nous présente comme « inéluctable », pour que chacun ne pense pas qu’il faut finir avant l’autre dans un quelconque classement pour avoir plus de chance de trouver une place dans la société, pour donner accès à des valeurs dégagées de la simple utilité, pour permettre que ces valeurs et principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité ne soient pas que des mots posés au fronton des lycées mais résonnent dans les intentions de chacun-e. Je ne peux donc pas conseiller à mes élèves d’aller faire la queue devant des écoles dans lesquelles on laisse d’abord entrer une certaine « aristocratie scolaire » pour qu’elle choisisse de prendre ce qui l’intéresse, et d’attendre leur tour pour prendre ce qu’il restera.

      Elève de terminale désintéressé, fils de mineur « n’ayant obtenu qu’un bac G2 » (comptabilité), je crois qu’avec Parcoursup j’aurais été loin dans la queue pour entrer dans les facs de psychologie et philosophie que je voulais faire et dans lesquelles j’ai pourtant été diplômé. Mes profs m’auraient certainement et fortement conseillé, pour mon bien, de demander un BTS « facile » sans quoi je n’aurais pas d’avis favorable… Voilà pourquoi je ne veux pas avoir à devenir celui que je n’aurais pas voulu rencontrer quand j’étais en terminale.

      J’ai conscience de vos obligations quant à la nécessité de mettre deux professeurs principaux dans chaque terminale mais je ne doute pas que vous trouverez des volontaires bien plus compétent-e-s que moi. Pour ma part je ne veux pas scier la branche sur laquelle je suis assis et dévaloriser le baccalauréat qui ne garantit plus rien, encore moins avec l’annonce de sa réforme qui va faire de la philosophie la tâche noire qu’il faudra rapidement nettoyer.

      J’ai tenu à formuler ma position par écrit car je pense qu’elle concerne tout-e-s celles et ceux que l’avenir de l’Education intéresse et je tiens à leur faire connaître ouvertement tellement le silence autour de cette question du sens de notre métier m’effraie.

      En espérant que, quand bien même vous ne puissiez accéder à ma demande vous la comprendrez, je vous prie, Monsieur le Proviseur, d’accepter mes sincères et libres salutations.

      Didier Thévenieau

      https://dthevenieau.wordpress.com/2018/06/27/peut-on-refuser-parcoursup

    • #Nantes : suspension de fonctions validée pour le sociologue opposé à la loi ORE

      La juge des référés a finalement rejeté la requête de #Gildas_Loirand. Le maître de conférences à l’université de Nantes reste suspendu de fonctions jusqu’au 1er octobre, après avoir « harangué » des étudiants opposés à la loi ORE.


      http://www.liberation.fr/france/2018/07/10/nantes-suspension-de-fonctions-validee-pour-le-sociologue-oppose-a-la-loi

    • Parcoursup : les syndicats saisissent le #Défenseur_des_droits

      Ils exigent la publication des critères utilisés par les universités pour classer les candidatures des élèves, alors que plus de 100 000 jeunes n’ont aucune solution pour la rentrée.

      Voilà que le Défenseur des droits est invité à mettre son nez dans Parcoursup. Ce mardi, plusieurs organisations syndicales ont déposé une saisine sur son bureau, pour plus de transparence et au nom de la lutte contre les discriminations. L’appel, qui se veut « unitaire », est en effet assez cosmopolite : il est signé par l’Unef (étudiants), la FCPE (parents d’élèves), l’UNL (lycéens), le Snuep-FSU (enseignants-chercheurs), le Sneptes (personnel technique des universités), la CGT-éducation, mais aussi le SAF (avocats). « Alors que plus de 70 000 jeunes se retrouvent toujours sans aucune solution d’inscription dans l’enseignement supérieur, le gouvernement refuse de transmettre les critères de sélection utilisés par les établissements universitaires », dénoncent-ils d’une seule voix.

      À lire aussi :Parcoursup : « Il y a un côté hyperviolent à opérer un classement »

      Ils réclament la publication des « algorithmes locaux ». Au printemps, quand les universités ont reçu les dossiers des élèves, il leur a été demandé de classer les candidatures. Dans les UFR, chaque équipe a trié les dossiers comme elle a voulu (ou pu), en fonction de critères de leur choix. Certaines se sont pris la tête des heures pour s’entendre sur les critères les « plus justes » possible, d’autres moins. Quand le nombre de candidature était très élevé pour trier dossier par dossier, les enseignants-chercheurs ont utilisé des « modules d’aide à la décision ». Que l’on appelle aussi les algorithmes locaux.
      « Limites de ce système »

      Les organisations syndicales réclament la publication des paramétrages de ces algorithmes. « Ces critères ont eu un impact plus que déterminant sur la possibilité des jeunes de pouvoir étudier dans la filière de leur choix, disent-ils. Les témoignages démontrant les limites de ce système se multiplient : un pourcentage de boursiers inégalement réparti entre académies, une surreprésentation des jeunes d’origine sociale modeste parmi celles∙ceux se retrouvant sans solution d’inscription, des pratiques de pondération des notes en fonction du classement des lycées, une mise au ban des candidats issus de baccalauréats professionnels ou technologiques. »

      Le communiqué parle de 70 000 jeunes toujours sans rien pour la rentrée. En réalité, ils sont 102 000 sans aucune solution, selon les derniers chiffres ministériels. Auxquels viennent s’ajouter les 149 000 qui sont toujours dans l’angoisse, car « en attente de mieux » : ceux-là ont certes reçu une proposition mais dans une filière demandée par défaut et dans laquelle ils ne veulent pas aller… Ils espèrent remonter sur les listes d’attente qui patinent.

      http://www.liberation.fr/france/2018/07/17/parcoursup-les-syndicats-saisissent-le-defenseur-des-droits_1667087

    • Très inquiétant...

      #Nantes : deux enseignants sanctionnés après les blocages à l’université

      La direction de l’université de Nantes reproche à deux enseignants-chercheurs leur présence au côté d’étudiants ayant empêché la tenue d’examens dans le cadre des manifestations contre Parcoursup. Les enseignants réaffirment, quant à eux, leur rôle de médiateurs.

      Du jamais vu, selon le syndicat Snesup-FSU. L’université de Nantes a sanctionné, ce mardi 31 juillet, deux de ses enseignants-chercheurs, en raison de leur présence aux côtés d’étudiants lors du blocage d’examens dans le cadre des manifestations contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) qui a mis en place la plateforme controversée Parcoursup. Le premier, le sociologue #Gildas_Loirand, a écopé de six mois de retard sur l’avancement d’échelon ; sa collègue, qui souhaite garder l’anonymat, a pris un blâme. Des sanctions administratives symboliques, mais que le syndicat Snesup-FSU dénonce dans un communiqué comme une « restriction inédite des droits des enseignants-chercheurs à manifester » d’une « extrême gravité ».

      Les faits reprochés aux deux enseignants remontent au 18 mai. Ce jour-là, les étudiants nantais doivent passer des examens. Depuis le mois de mars, nombre d’entre eux organisent des actions contre la sélection à l’université amenée par la loi ORE et Parcoursup. Mary David, enseignante et cosecrétaire du Snesup-FSU à Nantes, insiste sur le contexte tendu. « Les collègues qui voulaient se mettre en grève ont fait face à des mesures d’intimidation, affirme-t-elle. Et aux examens, les cadres de la présidence prenaient des photographies d’étudiants. Plusieurs d’entre eux ont témoigné de menaces comme "on connaît ton nom", "tu ne pourras pas t’inscrire dans une autre université"… »
      Tentative de médiation

      Les syndicats Sud et Snesup-FSU décident alors d’installer une « présence syndicale » sur les lieux d’examens pour jouer un « rôle collectif de médiation », explique Mary David. Dans une salle où certains jeunes refusent de composer, des cadres de l’université récupèrent les cartes de tous les étudiants et « menacent de ne plus les rendre ». L’examen est annulé. Les syndicats interviennent, le dialogue s’apaise. Les cadres quittent la salle, suivis par des étudiants qui, selon la syndicaliste, « les questionnent vivement sur les cartes, mais sans bousculades ni violences : d’ailleurs la sécurité n’a pas bronché ». Seuls Gildas Loirand et sa collègue s’attardent. Le sociologue explique : « Nous nous sommes interposés entre les étudiants et le personnel administratif, suite à la rétention des cartes servant à repérer ceux ayant perturbé les examens. » Mais les deux collègues assurent n’avoir pas eu à intervenir physiquement.

      Le jour même, le président de l’université, Olivier Laboux, donne une conférence de presse, au cours de laquelle il affirme que « des personnels administratifs de l’université ont été poursuivis sur environ 300 mètres, insultés, menacés, entravés, bousculés physiquement par des dizaines d’étudiants et deux enseignants de l’université ». Il promet des sanctions. Gildas Loirand sera suspendu de ses fonctions pour avoir répondu dans un mail interne à cette accusation (suspension qui a été annulée par la nouvelle décision). « Ce qui nous est reproché ne correspond pas à ce que nous sommes, ni à ce que nous avons fait. Ce sont des propos mensongers. On aurait dû nous dire merci, et on se retrouve sanctionnés », estime le sociologue.
      « On ne se mobilise pas impunément »

      Très vite, une commission disciplinaire est convoquée. Elle se réunit le 20 juillet et sanctionne Gildas Loirand et sa collègue : respectivement six mois de retard sur l’avancement d’échelon et blâme. « Un dossier monté entièrement à charge », juge la syndicaliste Mary David, remarquant que la commission ne comportait « que des représentants de la liste du président ». Le verdict rendu pour la collègue de Gildas Loirand mentionne que cette dernière s’est associée « par ses paroles et sa posture » à la démarche des manifestants. Et qu’elle n’a tenu un rôle de médiatrice « qu’à la fin ». Ces considérations ne sont pas étayées d’exemples précis de propos ou de gestes violents. « J’ai sollicité l’audition de plusieurs témoins à décharge, mais ils n’ont pas été entendus », regrette de son côté le sociologue. Les deux enseignants-chercheurs, épaulés par un avocat, ont fait appel auprès du Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche).

      Lors de sa conférence de presse, Olivier Laboux avait annoncé que des plaintes avaient été déposées : les enseignants en ont eu cinq entre les mains, dont quatre leur sont adressées de manière nominative. « Ce sont des dénonciations calomnieuses, que nous allons donc poursuivre en justice, et j’ai confiance », assure, à leur propos, Gildas Loirand. Il ne néglige pas la teneur « politique et médiatique » du feuilleton lancé le 18 mai par Olivier Laboux : « Il s’est trouvé emporté dans un tourbillon qu’il n’a pas contrôlé, et la commission a suivi. » Mary David considère que l’affaire est moins locale que nationale : « Au-delà d’eux, le message donné aux enseignants c’est qu’on ne se mobilise pas impunément, on le fait au risque de sa carrière. C’est dans l’air du temps, et c’est inquiétant. »

      http://www.liberation.fr/france/2018/08/02/nantes-deux-enseignants-sanctionnes-apres-les-blocages-a-l-universite_167
      #sanctions

    • Parcoursup : les jeunes doivent maintenant répondre dans la journée

      Depuis lundi, les bacheliers en attente sont sommés d’accepter ou de refuser une proposition dans la journée. Le coup d’envoi du sprint final de la plateforme.

      Si vous ne savez pas encore où vous allez étudier à la rentrée, on vous déconseille de vous couper du monde pour évacuer le stress. À partir de ce lundi, Parcoursup passe à la vitesse supérieure et change ses règles du jeu.

      Désormais, les jeunes encore en attente sur la plateforme devront répondre le jour même. Jusqu’à samedi, ils avaient trois jours plein pour entériner leur choix, délai déjà ramené à 48 heures dimanche.

      But de ce changement de calendrier, annoncé dès le début de la procédure : accélérer le traitement des dossiers dans la dernière ligne droite de Parcoursup, dont la procédure principale se termine mercredi. Et permettre de continuer de vider la colonne des jeunes « en attente », dont le chiffre a bougé au ralenti une bonne partie de l’été. La rentrée d’une partie des formations, qui pourront actualiser leur liste en fonction des éventuels absents, à traiter d’autres dossiers.
      « Je ne veux pas risquer de perdre une année »

      Ce lundi, ils sont encore 10 222 à patienter selon les données fournies par Parcoursup. Il faut aussi prendre en compte les 41 806 candidats inactifs, c’est-à-dire les recalés qui n’ont pas lancé la procédure complémentaire ou n’ont pas saisi leur commission rectorale régionale, chargée de proposer des solutions aux laissés pour compte. Ce qui porte le nombre de candidats en stand-by à un peu plus de 50 000.

      Placée en attente pour trois BTS en région parisienne, Johanna* est rivée sur son téléphone depuis quelques jours. « Dès que l’un d’eux m’accepte, je dis tout de suite oui, explique la jeune femme, installée à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). Je ne veux pas risquer de perdre une année et je vais regarder souvent mon application Parcoursup pour ne rien louper. »

      La plateforme termine sa phase principale. Cela ne signifie pas que les étudiants sans affectation sont condamnés à une année blanche s’ils n’ont rien d’ici là. Une procédure complémentaire, lancée depuis le 26 juin, permet à ceux qui n’ont essuyé que des refus de candidater à des formations où il reste des places vacantes. Un petit « rab » de temps qui prend fin le 21 septembre.

      http://www.leparisien.fr/societe/parcoursup-les-jeunes-doivent-maintenant-repondre-dans-la-journee-03-09-2

    • 300 étudiants attendent toujours leur inscription à la fac de #Nanterre

      Une centaine d’étudiants et quelques syndicalistes venus les soutenir ce mardi après-midi, au pied de la présidence de l’Université Paris Nanterre, ont demandé l’examen de 300 étudiants en attente d’inscription.

      « Et la fac elle est à qui ? », « Elle est à nous ! », « A qui, à qui, à qui ? », « A nous, à nous, à nous ! ». Les slogans du mouvement universitaire ont de nouveau résonné dans les allées de la faculté de Nanterre, scandés par le leader de la contestation étudiante d’avril et mai 2018, Victor Mendez, membre de l’Unef. Cette fois-ci, ce n’est pas la loi ORE qui est dans le viseur mais la situation d’étudiants sans affectation pour cette rentrée…

      « Nous avons les dossiers de plus de 300 étudiants de licence 1 (L 1) à master 2 (M 2) qui n’ont pas pu s’inscrire, c’est trois fois plus que les autres années », explique Elsa, étudiante en L 3 Humanités à Nanterre et nouvelle adhérente de l’Unef. « Sur Parcoursup, certains se retrouvent aujourd’hui en attente ou refusés sur tous leurs vœux, reprend-elle. Mais ce qui est incompréhensible, c’est qu’il y ait aussi des gens en attente pour les arts du spectacle, par exemple, alors que les enseignants nous disaient qu’il y avait plus de places que de demandes ! »
      « Parce qu’on vient de banlieue, on a aucune chance d’être inscrit dans une bonne fac »

      Au pied du bâtiment B, Louis, un lycéen du Val-de-Marne, accepté à l’université Paris-Est Créteil - son vœu de « sécurité » - espère toujours que l’un de ses autres vœux à Nanterre et dans des universités parisiennes soient acceptés. « Parce qu’on vient de banlieue, on a aucune chance d’être inscrit dans une bonne fac car elles sont toutes à Paris », déplore-t-il.

      « Pour les inscriptions en L 1, on n’a pas la main, c’est fait au niveau national, il faut voir avec l’académie », a répété en boucle Baptiste Bondu, directeur de cabinet du président, qui a répondu aux sollicitations des étudiants faisant la queue sur les marches pour l’interroger sur leur dossier.

      « Au 31 août, mais les chiffres évoluent tous les jours, il nous restait 388 places vacantes sur 6 118 places en première année de licence, pour 3 800 candidats en attente sur Parcoursup ayant émis un vœu pour Nanterre, sachant que les filières où il reste des places, comme l’allemand, ne sont pas demandées », insiste le directeur de cabinet.
      Surbooking sur les filières en tension

      « En première année, 97 % des filières sont remplies, pour d’autres, nous avons dû faire du surbooking, détaille Baptiste Bondu. Les filières en tension sont les Staps (sports), où nous avons près de 400 inscrits en L 1 et où nous avons dû en accueillir 20 supplémentaires, la psycho et le droit. Mais aussi l’éco-gestion, AES (administration économique et sociale), les arts du spectacle, l’anthropologie, les sciences politiques et les filières de langue comprenant de l’anglais… Autant de licences où nous avons dû ouvrir cinq à dix places supplémentaires. »

      Mais ces places ne suffiront pas à satisfaire la demande, loin de là. En attendant, le directeur de cabinet a assuré aux manifestants qu’il recevrait une délégation vendredi et que les quelque 250 dossiers remis par les syndicats seraient examinés.

      http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/300-etudiants-attendent-toujours-leur-inscription-a-la-fac-de-nanterre-04

    • Parcoursup : un bilan jugé désastreux par les syndicats

      Huit syndicats et associations d’enseignants, de parents d’élèves, d’étudiants et de lycéens, dressent un bilan alternatif et bien plus sombre que celui présenté à la rentrée par Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur. L’année universitaire démarre dans une grande confusion.

      « Un peu moins de 2500 ». C’est le nombre de candidats toujours sans aucune affectation à l’issue de la procédure normale de Parcoursup, selon les chiffres donnés par la ministre de l’Enseignement supérieur le 14 septembre sur l’antenne de France Info. Le dernier tableau de bord publié par le ministère en date du 5 septembre indique pour sa part : 7745 postulants, dont 3674 nouveaux bacheliers à qui aucune proposition dans l’enseignement supérieur n’a été faite. Sur un total de 812 047 inscrits. Un décompte définitif sera fourni d’ici mardi prochain, après la clôture le 21 septembre de la période complémentaire devant proposer aux étudiants non admis des places dans les formations non saturées.

      En ne retenant que les nouveaux bacheliers dans son chiffre de 2500 jeunes sans aucune admission, la ministre triche, au moins un peu. « C’est clairement un mensonge. Ils veulent présenter comme un progrès social quelque chose qui relève de la sélection et qui défavorise les classes populaires », tranche Brendan Chabannes du syndicat Sud-éducation. Ainsi, 2500 étudiants sans formation dans le supérieur peut paraître dérisoire comparé à la totalité des inscrits. Mais un chiffre peut en cacher un autre. Même plusieurs autres.

      Au cours d’une conférence de presse commune, les syndicats enseignants du supérieur (FSU, Sud-éducation, CGT et FO), les représentants de parents d’élèves de la FCPE et ceux des étudiants et lycéens (UNEF et UNL) ont présenté un bilan très éloigné du satisfecit de la ministre de l’Enseignement supérieur. Ils soulignent que parmi les 583 032 candidats ayant accepté une proposition dans Parcoursup, 71 804 conservent d’autres vœux en attente. Une situation tendant à confirmer les critiques formulées par les syndicats opposés à la loi « orientation et réussite des étudiants » et à Parcoursup. À savoir, un dispositif ne permettant pas aux étudiants de sélectionner la formation de leur choix.

      Galèresup pour des dizaines de milliers d’étudiants

      En plus d’une insatisfaction sur les études proposées pour au moins 71 000 étudiants, 39 500 autres candidats sont devenus « inactifs » mi-juillet par un simple changement de dénomination des catégories répertoriées par le ministère. Initialement considérés pour la plupart comme étant sur liste d’attente, ils sont maintenant « contactés par les équipes de Parcoursup pour identifier leurs souhaits ». Mais une autre catégorie se détache, celle de ceux ayant « quitté la procédure ». Ils sont 181 757, un chiffre considérable. Même en soustrayant les lycéens qui ont raté leur baccalauréat, cela représente encore près de 100 000 jeunes qui sont sortis du système en cours de route.

      Pas vraiment une réussite pour la plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur. Depuis la fin des épreuves du baccalauréat, le système est grippé. Les vœux conservés correspondant aux souhaits réels des étudiants bloquent les admissions dans de nombreuses filières. « Ils n’ont pas fait leur rentrée et sont dans la nature en attendant une place », constate Brendan Chabannes de Sud-éducation qui observe des universités vides et des filières peinant à faire le plein. Avec pour corollaire « un flou le plus total » sur l’organisation des enseignements comme sur les dispositifs de mise à niveau prévus dans la réforme. « Au lieu d’une prétendue sélection au mérite, nous assistons à une sélection par le fric », ironise le syndicaliste en annonçant une forte augmentation des inscriptions dans les établissements privés.

      « Pour les étudiants, c’est beaucoup d’angoisse et d’incompréhensions depuis le début d’été », souligne Marie Buisson responsable de la fédération CGT de l’éducation. Avec en prime pour elle une aberration : « ce sont les jeunes les moins bien classés, ceux ayant le plus de difficultés à accéder aux études post-bac qui ont eu les réponses les plus tardives. Et plus de rater la rentrée, ils ont du retard sur les bourses et le logement par les Crous ». Une situation censée rentrer dans l’ordre pour tous les étudiants le 21 septembre, date de la fin de la période complémentaire de Parcoursup. Mais rien n’est moins sûr. Des contractuels auraient été recrutés par l’académie de Créteil jusqu’à la mi-octobre pour aider les étudiants en attente d’affectation selon Brendan Chabannes.

      https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/parcoursup-un-bilan-juge-desastreux-par-les-syndicats-09212221

    • Lycéens contre le #tri_sélectif

      Le monde de l’éducation aura vécu une fin d’année agitée. À la protestation contre la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers non européens s’est greffée une mobilisation lycéenne inédite, apparue dans la France périurbaine.

      Un courriel suffit parfois pour saisir l’affolement d’un ministère en butte à la contestation. Ce 12 décembre, voilà deux semaines que l’agitation se répand dans les lycées français. Un directeur des services de l’éducation nationale écrit aux chefs d’établissement de son académie : « Afin d’éviter que ne s’installent chez nos élèves et leurs parents des éléments d’information relatifs à la réforme du lycée et du baccalauréat tronqués, incomplets, voire fallacieux, je vous demanderai de bien vouloir veiller à ce que nos établissements ne puissent accueillir des temps de réunion communs entre enseignants, parents d’élèves et élèves (1). » Interdire la discussion pour étouffer l’opposition : cette méthode illustre le pouvoir démesuré gagné par les proviseurs, devenus « managers de la République (2) », au détriment des enseignants — une évolution que la réforme du lycée et de l’accès à l’enseignement supérieur ne fera qu’amplifier.

      Tout a commencé le 30 novembre, à l’appel de l’Union nationale lycéenne (UNL). Souhaitant faire savoir que « la jeunesse aussi est en colère », le syndicat a exhorté les élèves à bloquer leurs établissements pour dénoncer, pêle-mêle, le lycée à la carte, la sélection à l’université, les suppressions de postes, la réduction des enseignements généraux dans les filières professionnelles, mais aussi la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), la réforme de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), le service national universel… Au printemps dernier, l’UNL avait échoué à mobiliser contre Parcoursup, la nouvelle plate-forme d’inscription en ligne dans l’enseignement supérieur. Les problèmes soulevés par le syndicat demeuraient abstraits aux yeux de nombreux élèves ; les organisations d’enseignants, dont l’engagement aux côtés des lycéens joue souvent un rôle moteur, étaient divisées. Quelques mois plus tard, une génération de bacheliers a essuyé les plâtres, et l’histoire va se dérouler autrement.

      Au jour dit, plus de cent lycées sont totalement bloqués. Non pas dans les grands centres urbains, comme il est de coutume dans ce type de mouvement, mais dans des zones rurales et périurbaines, dans des villes petites et moyennes — à Gien, Ingré, Laval, Beaugency, Pithiviers, Saint-Priest, Givors, Neuville-sur-Saône, Guérande, Tours, Sète, Vitré, Blagnac… La protestation continue les jours suivants et s’étend bientôt aux banlieues populaires et aux grandes métropoles. Le 11 décembre, plus de 450 établissements sont bloqués ou fortement perturbés ; des manifestations rassemblent des milliers d’élèves.
      Le souvenir de la désastreuse première campagne Parcoursup

      Cette cartographie particulière ne s’explique pas seulement par l’effet d’entraînement du mouvement des « gilets jaunes ». Les territoires périurbains pourraient être les premiers à pâtir des réformes en cours. Celle du lycée prévoit de substituer aux filières actuelles (scientifique, littéraire…) un système « à la carte », où les élèves pourront choisir entre douze « enseignements de spécialité » selon le parcours qu’ils veulent suivre à l’université. Si plusieurs enseignements (mathématiques, histoire-géographie, physique-chimie…) seront a priori disponibles partout, d’autres (numérique et sciences informatiques, sciences de l’ingénieur, arts…) ne le seront que dans certains établissements — la décision appartient aux rectorats, après demande des proviseurs —, au risque de créer une logique de spécialisation. Pour les élèves des grandes villes, celle-ci sera peu préjudiciable : il y aura bien, dans les environs, un établissement proposant le bon cocktail. Mais, dans les petites villes, les lycéens devront-ils renoncer à la formation de leur choix ? Ou parcourir des dizaines de kilomètres ?

      À cette crainte s’ajoute le souvenir de la désastreuse première campagne Parcoursup : des dossiers d’inscription pléthoriques, des listes d’attente interminables, l’angoisse des réponses négatives, l’opacité de la procédure… Tout le monde connaît quelqu’un qui voulait s’inscrire dans une discipline mais s’est retrouvé dans une autre ; ou qui a pu rejoindre la filière désirée, mais à trois cents kilomètres de chez lui. Lors de sa conférence de presse de rentrée, la ministre de l’enseignement supérieur, Mme Frédérique Vidal, avait minimisé ces difficultés. Selon elle, Parcoursup a été une « vraie réussite » qui, loin d’avoir instauré la sélection, a « favorisé la démocratisation de l’enseignement supérieur », tous les candidats ayant reçu des propositions « au plus près de leurs vœux ».

      En réalité, il est très difficile de mesurer le niveau de satisfaction des élèves, un élément rarement pris en compte dans le discours institutionnel — sans même parler de leur niveau d’anxiété. Chaque candidat de terminale était invité, en mars, à émettre dix vœux, sans les hiérarchiser (3). On pouvait donc « accepter une proposition d’admission », mais par défaut, car on jugeait sa place trop incertaine sur la liste d’attente de la filière désirée. Parmi les 583 000 candidats ayant accepté une proposition (sur 812 000 inscrits en mars 2018), plus de 71 000 conservaient à la fin de la procédure principale (le 5 septembre) d’autres vœux en attente ; on peut supposer qu’ils espéraient mieux (4). À ces insatisfaits il faut ajouter près de 40 000 « inactifs » — les radiés du système, restés trop longtemps passifs — et les quelque 180 000 candidats ayant « quitté la procédure ». Soit parce qu’ils n’ont pas obtenu le baccalauréat (la moitié), soit parce qu’ils ont disparu des radars. Ont-ils renoncé aux études supérieures ? Se sont-ils inscrits dans un établissement privé ? Le ministère ne donne aucun détail. Mais nombre d’écoles privées se sont félicitées d’une explosion des demandes.

      L’angoisse générée par Parcoursup a particulièrement frappé les élèves des établissements accueillant une population défavorisée, où les premiers résultats ont fait l’effet d’une douche froide. À Nanterre, 76 % des élèves d’une classe de filière littéraire n’ont alors eu que des réponses négatives ou « en attente ». La proportion s’élevait à 82 % dans une terminale technologique de Beauvais, et même à 92 % dans une classe technologique d’Asnières-sur-Seine (5). En moyenne, 71 % des élèves de série générale ont reçu une réponse positive dès le premier jour, contre 50 % dans les séries technologiques et 45 % dans les séries professionnelles (6). Si ces résultats ne valaient pas rejet définitif, ils furent source de frustration et de découragement pour de nombreux élèves, poussés à sauter sur le premier accord en sous-estimant leurs chances d’obtenir mieux. Parcoursup a ainsi pénalisé les bacheliers des filières professionnelles, dont les inscriptions à l’université ont chuté de 13,7 % entre 2017 et 2018. « Nous ferons en sorte que l’on arrête, par exemple, de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde », avait annoncé le président Emmanuel Macron peu après son élection. En ce sens, la plate-forme a effectivement été une « vraie réussite ».

      La gestion du temps s’est imposée comme un critère central de l’accès à l’enseignement supérieur. En 2018, la procédure s’étalait sur près de neuf mois, de janvier à septembre. Pendant l’été, environ 66 000 candidats se trouvaient toujours sur liste d’attente. Cela a désorganisé les filières du supérieur, qui se voyaient dans l’impossibilité de dresser la liste de leurs inscrits, et retardé l’accès au logement des étudiants : difficile de postuler pour une place dans une résidence universitaire sans connaître son lieu d’études… « La durée de la procédure a entretenu un sentiment d’insécurité », a reconnu Mme Vidal, qui a décidé d’écourter l’anxiété de deux mois pour la session 2019.
      L’élève devient le produit d’une série d’opérations qu’il ne contrôle pas

      Cet ajustement n’est pas seulement technique. Le dispositif Parcoursup saucissonne le jugement scolaire — le processus de classement, d’appréciation, de notation des élèves — en une suite de phases auxquelles le lycéen doit se conformer. Il structure l’orientation et la candidature selon un parcours linéaire qui ne souffre aucun accroc : de décembre à avril, l’information et la formulation des vœux ; d’avril à mai, l’attente des résultats ; de mai à juillet, le choix. La plate-forme s’impose ainsi comme un levier proprement « disciplinaire », au sens où elle contraint chaque famille et chaque élève à des cycles et à des tâches ritualisées face auxquels tous ne sont pas égaux : aller chercher l’information sur les filières, préparer les lettres de motivation… Pendant de longs mois, le lycéen devient le produit d’une série d’opérations de tri, de classement et de calcul qu’il ne contrôle pas. Son avenir se joue à coups d’algorithmes fondés sur des critères dont il ne connaît rien, ou presque.

      Dans un tel système, le droit à l’erreur ou le droit de « ne pas savoir quoi faire » n’existe pas. Tout déraillement, tout ralentissement est sanctionné par un rappel à l’ordre. On pense aux mises en garde adressées par l’administration aux lycéens demeurant « en attente » d’une réponse alors qu’une formation leur avait déjà donné un accord. « On encourage tous ceux qui ont eu une proposition à aller s’inscrire », n’a cessé de répéter le ministère. Pour faire plier les hésitants, les règles ont même changé en cours de route. À partir de juillet, les inscrits n’avaient plus que trois jours pour confirmer un vœu, faute de quoi toutes les propositions étaient annulées. Ces candidats indécis espéraient sans doute une meilleure proposition, mais on les accusait de ne pas libérer les places assez vite. Ils étaient rendus responsables non seulement de leur propre attente, mais aussi de celle des autres.

      Traditionnellement, les sociologues considèrent que la légitimité du jugement scolaire relève de l’organisation de sa procédure. Son caractère acceptable dépend de la transparence des critères, de l’équité de leur usage, mais aussi de la publication des résultats dans un délai raisonnable. Or les élèves des filières professionnelles, souvent issus des milieux populaires, ont patienté en moyenne dix-sept jours pour recevoir une première réponse positive, contre quatre pour les titulaires d’un bac général. L’attente est devenue le reflet des inégalités sociales, incarnant et redoublant la violence du classement.

      Avec Parcoursup, des dizaines de milliers de jeunes sont restés dans l’#incertitude durant des mois, pour des raisons qui leur paraissaient obscures et parfois injustes. En procédant ainsi, l’institution les a poussés à perdre confiance en eux, mais également à douter du système scolaire, social et politique qui produit le classement — un constat également valable pour l’enseignant qui prépare l’élève et pour la famille qui l’accompagne. Voilà, pour le moment, le principal acquis des réformes éducatives de la présidence de M. Macron.

      https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ALLOUCH/59445

    • Parcoursup : réponse du #Défenseur_des_droits

      Le SNPTES se félicite de la réponse et des recommandations faites par le Défenseur des droits concernant la plateforme Parcoursup.

      En effet, face à un manque de transparence de la procédure d’affectation dans le premier cycle supérieur des candidats, le SNPTES, conjointement à un collectif d’organisations syndicales et d’associations, avait décidé de saisir le Défenseur des droits.

      Pour le SNPTES, chaque candidate et candidat doit pouvoir connaître et comprendre l’ensemble de la procédure et des critères que les établissements utilisent pour évaluer leur dossier. Le SNPTES est convaincu également que les personnels qui ont la charge d’étudier ces candidatures n’ont aucune volonté de cacher ces critères et, que surtout, ceux-ci n’ont aucune volonté discriminatoire.

      Ainsi donc, le SNPTES s’était grandement étonné de la volonté de la ministre de ne pas laisser les établissements communiquer l’ensemble des éléments et protocoles utilisés lors de la lecture des candidatures. Le Défenseur des droits nous donne raison et recommande donc à la ministre de prendre toutes les mesures nécessaires afin « de rendre publiques toutes les informations relatives au traitement, y compris algorithmique, et à l’évaluation des dossiers des candidats par les commissions locales ».

      En outre, le Défenseur des droits incite la ministre de rendre effective la mobilité géographique des candidats, d’harmoniser les pratiques d’accueil des boursiers et favoriser l’accès aux études supérieures des candidats issus de baccalauréats technologiques et professionnels. Tous ces points sont directement corrélés aux capacités d’accueils insuffisantes de notre enseignement supérieur. Le SNPTES ne cesse de le clamer, ces problèmes d’ordre organisationnels ne perdurent que parce que l’État ne consent pas à mettre les moyens nécessaires à la formation de sa jeunesse… et aucun quota ni aucune procédure d’affectation ne pourra compenser ça !

      http://www.snptes.fr/Parcoursup-reponse-du-Defenseur.html

  • La vie est trop courte pour s’épiler la chatte


    #poils #épilation

    Es-tu un·e fils/fille de pub ?


    #publicité

    Mon #corps, mon #genre, ta gueule

    L’#amour est une construction sociale

    Legalize trans


    #genre #transgenre

    Les tas d’urgence


    (#état_d'urgence)

    –-> Vu le 10.09.2017 sur ce qu’on appelle l’"autoroute des vélos" à #Grenoble (sur un petit morceau que j’emprunte tous les jours pour aller au bureau).
    #graffitis #art_de_rue #street-art

    cc @reka @clemencel

  • Ce qu’il ne s’est pas passé à suger
    Pas de lycée sans feu
    par Ferdinand Cazalis
    paru dans CQFD n°153 (avril 2017)
    http://cqfd-journal.org/Pas-de-lycee-sans-feu

    Aujourd’hui encore au lycée Suger, malgré les revendications du personnel et des parents, il y a seulement 5 surveillants pour 1 200 élèves. Peu importe, sur les chaînes de télévision, la présidente du conseil régional Valérie Pécresse a rappelé ses 70 000 euros de budget pour installer de nouvelles caméras aux abords du lycée. De quoi faire jaunir le rire des enseignants : « Oui, on a besoin de caméras, blague Dominique, parce qu’on est un bahut de l’audiovisuel, donc donnez des caméras aux élèves pour qu’ils puissent étudier. Les caméras de surveillance, nos élèves nous le disent : “Soit on les casse, soit on met des capuches.” Alors que quand il y a un surveillant, c’est humain, ça se règle en discutant. » Et sur BFMTV, lorsque la ministre de l’Éducation Najat-Belkacem réagit aux événements, c’est avec la veste de l’Intérieur : « Il y a une digue qui semble avoir sauté hier, qui a été l’introduction de la violence, non plus seulement sur le parvis des établissements, mais à l’intérieur. C’est un fait gravissime, donc il faut absolument être ferme dans la réponse […], et c’est la raison pour laquelle j’ai augmenté de 30% les forces de police dans le cadre de ce qu’on appelle les équipes mobiles de sécurité (EMS). » Sur des réformes éducatives, ou à l’adresse des parents et des élèves, pas un mot.

    Ces « EMS » sont des agents « volants », recrutés la plupart du temps chez les retraités de la police, et chargés de gérer les « situations de crise » dans l’enceinte scolaire, en particulier dans les banlieues. Leur apparition date de 2009, lorsque des bagarres éclatent dans le lycée Jean-Baptiste-Clément de Gagny, en Seine-Saint-Denis toujours. La vision de jeunes encagoulés pénétrant le « sanctuaire » de l’école défraie alors la chronique. Le président Sarkozy ne rate pas l’occasion d’ouvrir sa gueule de Karcher : « Les violences en milieu scolaire sont une autre forme, non pas de l’incivilité, terme bien trop faible, mais de la délinquance, du crime, voire de la barbarie. » Il est grand temps de recruter des agents de police spéciaux pour ces barbares que les enseignants gnan-gnan ne parviennent pas à maîtriser.

    Huit ans après, pour dresser le bilan dans les quartiers populaires de cette « sécurisation militaire », comme le dit un chef d’équipe EMS, on peut se reporter au rapport commandé à l’Institut national des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice : « Alors que les formes antérieures de partenariat police/école s’inscrivent dans une logique délégataire des enjeux de sécurité de l’école vers le monde policier et s’appliquent à maintenir une distance entre le travail de police et l’école, avec les EMS, des policiers sont invités à venir faire la police dans l’école à côté de personnels de la communauté éducative. […] Après avoir fait ses preuves, la police entrerait enfin dans l’école pour y exercer des fonctions de police. Des choses jusque-là inconcevables deviendraient possibles... […] On passerait ainsi en réalité de la police à l’école, à la police de l’école. »

    #CQFD #Violence_Policière #Lycée_Suger #La_Police_Tue

  • Croquis. A #Grasse, le « terroriste » n’était pas ce qu’on croyait
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170317/croquis-grasse-le-terroriste-n-etait-pas-ce-qu-croyait

    À Grasse, un lycéen a tiré sur ses camarades et sur le proviseur de son établissement en blessant plusieurs d’entre eux. D’abord présenté comme un acte terroriste, ce fait divers grave, mais sans portée nationale, a pris une dimension démesurée. Il est le symptôme d’une dérive collective.

    #France #Lycée_Tocqueville #terrorisme

  • 1870, une défaite choisie. colloque « Henri Guillemin et la Commune - le moment du peuple ? »
    Site Les Ami(e)s d’Henri Guillemin

    Intervention d’Annie Lacroix-Riz au colloque « Henri Guillemin et la Commune - le moment du peuple ? », le 19 novembre 2016 à Paris.
    Historienne, ancienne élève de l’ENS, agrégée d’histoire, docteur d’Etat, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII-Denis Diderot 

    http://www.henriguillemin.org/portfolio-view/annie-lacroix-riz

    http://www.dailymotion.com/video/x57mq8b_la-commune-de-paris-annie-lacroix-riz-colloque-henri-guillemin-

    Le drame de 1870 et la Commune - Henri Guillemin
    https://www.youtube.com/watch?v=P3opSWNFebk&list=PL9loupBcMDBN_aBoCfF6xy5HMU5nwYkl9

    L’affaire Bazaine - Henri Guillemin (1962)

    https://www.youtube.com/watch?v=euKkr_v-wFY

    Le fascisme en France - Henri Guillemin
    https://www.youtube.com/watch?v=W7OZWeZvUNU

    #1870 #bazaine #république_des_jules #guerre #france #allemagne #choix_de_la_defaite #Henri_Guillemin #facisme

  • Un manuel anti-IVG distri­bué dans des lycées privés (VSD)
    http://www.vsd.fr/actualite/avortement-un-manuel-anti-ivg-distribue-dans-des-lycees-prives-17110

    Le fasci­cule est édité par la Fonda­tion Lejeune, une asso­cia­tion ouver­te­ment anti-avor­te­ment et anti-eutha­na­sie, dont la char­gée de commu­ni­ca­tion n’est autre que Ludi­vine de La Rochère, la prési­dente de la Manif pour Tous.

    #éducation #éducation_sexuelle #enseignement_catholique #lycée_privé #droit_à_l'avortement #IVG