#mécanisation

  • À #France_Travail, l’essor du #contrôle_algorithmique

    « #Score_de_suspicion » visant à évaluer l’honnêteté des chômeur·ses, « #score_d’employabilité » visant à mesurer leur « #attractivité », algorithmes de #détection des demandeur·ses d’emploi en situation de « perte de confiance », en « besoin de redynamisation » ou encore à « risque de dispersion »… France Travail multiplie les #expérimentations de #profilage_algorithmique des personnes sans emploi.

    Mise à jour du 12 juillet 2024 : le directeur général de France Travail a souhaité utiliser son droit de réponse. Vous la trouverez à la suite de l’article.

    Après avoir traité de l’utilisation par la #CAF d’un algorithme de notation des allocataires, nous montrons ici que cette pratique est aussi partagée par France Travail, ex-#Pôle_Emploi. À France Travail, elle s’inscrit plus largement dans le cadre d’un processus de #numérisation_forcée du #service_public de l’#emploi.

    –-> Retrouvez l’ensemble de nos publications sur l’utilisation par les organismes sociaux d’algorithmes à des fins de contrôle social sur notre page dédiée et notre Gitlab : https://git.laquadrature.net/la-quadrature-du-net/algo-et-controle.

    Au nom de la « #rationalisation » de l’action publique et d’une promesse « d’#accompagnement_personnalisé » et de « #relation_augmentée », se dessine ainsi l’horizon d’un service public de l’emploi largement automatisé. Cette #automatisation est rendue possible par le recours à une myriade d’algorithmes qui, de l’inscription au suivi régulier, se voient chargés d’analyser nos données afin de mieux nous évaluer, nous trier et nous classer. Soit une extension des logiques de #surveillance_de_masse visant à un #contrôle_social toujours plus fin et contribuant à une #déshumanisation de l’accompagnement social.

    De la CAF à France Travail : vers la multiplication des « scores de suspicion

    C’est, ici encore, au nom de la « #lutte_contre_la_fraude » que fut développé le premier algorithme de #profilage au sein de France Travail. Les premiers travaux visant à évaluer algorithmiquement l’#honnêteté des personnes sans emploi furent lancés dès 2013 dans la foulée de l’officialisation par la CAF de son algorithme de notation des allocataires. Après des premiers essais en interne jugés « frustrants » [1], France Travail – à l’époque Pôle Emploi – se tourne vers le secteur privé. C’est ainsi que le développement d’un outil de détermination de la probité des demandeur·ses d’emploi fut confié à #Cap_Gemini, une multinationale du CAC40 [2].

    La #notation des chômeur·ses est généralisée en 2018. La présentation qui en est faite par France Travail donne à voir, comme à la CAF, l’imaginaire d’une institution assiégée par des chômeur·ses présumé·es malhonnêtes. Ses dirigeant·es expliquent que l’algorithme assigne un « score de suspicion » – dans le texte – visant à détecter les chômeur·ses les plus susceptibles « d’#escroquerie » grâce à l’exploitation de « #signaux_faibles » [3]. Une fois l’ensemble des personnes sans emploi notées, un système d’« #alertes » déclenche ainsi des #contrôles lorsque l’algorithme détecte des situations « suspectes » (emploi fictif, usurpation d’identité, reprise d’emploi non déclarée) [4].

    Pour l’heure, France Travail s’est refusé à nous communiquer le code source de l’algorithme. Au passage, notons que ses dirigeants ont par ailleurs refusé, en violation flagrante du droit français, de fournir la moindre information aux demandeur·ses d’emploi que nous avions accompagné·es pour exercer leur droit d’accès au titre du #RGPD [5]. Nous avons cependant obtenu, via l’accès à certains documents techniques, la liste des variables utilisées.

    On y retrouve une grande partie des données détenues par France Travail. Aux variables personnelles comme la nationalité, l’âge ou les modalités de contact (mails, téléphone…) s’ajoutent les données relatives à notre vie professionnelle (employeur·se, dates de début et de fin de contrat, cause de rupture, emploi dans la fonction publique, secteur d’activité…) ainsi que nos #données financières (RIB, droits au chômage…). À ceci s’ajoute l’utilisation des données récupérées par France Travail lors de la connexion à l’espace personnel (adresse IP, cookies, user-agent). La liste complète permet d’entrevoir l’ampleur de la #surveillance_numérique à l’œuvre, tout comme les risques de #discriminations que ce système comporte [6].

    #Profilage_psychologique et gestion de masse

    Fort de ce premier « succès », France Travail décide d’accroître l’usage d’algorithmes de profilage. C’est ainsi que, dès 2018, ses dirigeant·es lancent le programme #Intelligence_Emploi [7]. Son ambition affichée est de mettre l’#intelligence_artificielle « au service de l’emploi » pour « révéler à chaque demandeur d’emploi son #potentiel_de_recrutement » [8].

    Un des axes de travail retient notre attention : « Accélérer l’accès et le retour à l’emploi [via un] #diagnostic “augmenté” pour un accompagnement plus personnalisé ». Ici, l’#IA doit permettre de d’« augmenter la capacité de diagnostic » relative aux « traitements des aspects motivationnels » via la « détection de signaux psychologiques » [9]. En son sein, deux cas d’usage retenus sont particulièrement frappants.

    Le premier est le développement d’algorithmes visant à « anticiper les éventuels #décrochages », prévenir les « #risques_de_rupture » [10] ou encore « détecter les moments où ils [les personnes au chômage] peuvent se sentir découragés ou en situation de fragilité » [11].

    Ces travaux ont trouvé, au moins en partie [12], un premier aboutissement dans l’outil du #Journal_de_la_Recherche_d’Emploi (#JRE) actuellement expérimenté dans plusieurs régions de France [13]. Le JRE assigne à chaque incrit·e quatre scores de « profilage psychologique » visant respectivement à évaluer la « dynamique de recherche » d’emploi, les « signes de perte de confiance », le « besoin de #redynamisation » ou les « risques de dispersion » [14].

    Ces informations sont synthétisées et présentées aux conseiller·es sous la forme d’un tableau de bord. « Parcours à analyser », « Situations à examiner », « Dynamique de recherche faible » : des alertes sont remontées concernant les chômeur·ses jugé·es déficient·es par tel ou tel algorithme. Le ou la conseiller·e doit alors faire un « #diagnostic_de_situation » – via l’interface numérique – afin d’« adapter l’intensité » des « actions d’accompagnement ». Et là encore, ils et elles peuvent s’appuyer sur des « #conseils_personnalisés » générés par un dernier algorithme [15].

    Contrôle, #mécanisation et déshumanisation de l’accompagnement : voilà la réalité de ce que le directeur de France Travail appelle « l’accompagnement sur mesure de masse » [16].

    Diagnostic et score d’#employabilité

    Le second cas d’usage est tout aussi inquiétant. Il s’agit de déterminer la « qualité » d’un·e demandeur·se d’emploi. Ou, pour reprendre les termes officiels, son « employabilité » [17]. Ce projet n’est pas encore déployé à grande échelle, mais nous savons qu’une première version – basée, elle, sur des techniques d’intelligence artificielle [18] – a été développée en 2021 [19].

    L’algorithme alloue à chaque inscrit·e un score prédisant ses « chances de retour à l’emploi ». Véritable outil automatique de #tri des chômeur·ses, il vise à organiser la « #priorisation des actions d’accompagnement » [20] en fonction d’un supposé #degré_d’autonomie de la personne sans emploi.

    Si les informations disponibles sur ce projet sont limitées, on peut imaginer que ce score permettra le contrôle en temps réel de la « progression de la #recherche_d’emploi » via les actions entreprises pour améliorer « l’attractivité [de leur] profil » [21]. Il serait alors un indicateur d’évaluation en continu de la bonne volonté des chômeur·ses.

    Mais on peut aussi penser qu’il sera utilisé pour inciter les personnes sans emploi à se diriger vers les « #métiers_en_tension », dont une majorité concentre les conditions de travail les plus difficiles. En demandant aux chômeur·ses d’améliorer leur score, via une #réorientation, ils et elles seraient encouragé·es à accepter un emploi au rabais.

    Agenda partagé & agences virtuelles

    Mais l’étendue du processus de numérisation à l’oeuvre à France Travail va bien au-delà de ces exemples. Côté contrôle numérique, citons l’interface « #XP_RSA » [22], l’outil numérique déployé dans le cadre de la récente réforme du #RSA. Cette interface n’est rien d’autre qu’un agenda partagé permettant de déclarer, et de contrôler, les quinze à vingt « #heures_d’activité » hebdomadaires dont vont devoir s’acquitter les bénéficiaires du minima social. Son remplissage forcé est un pas supplémentaire vers le #flicage des plus précaires.

    Côté IA, France Travail a lancé en 2024 le programme « #Data_IA » [23], successeur d’Intelligence Emploi mentionné plus haut. Présenté avec fracas au salon de l’« innovation technologique » VivaTech – organisé par le groupe Publicis –, on retrouve parmi les projets en développement une #IA_générative visant à numériser l’accompagnement et la #recherche_d’emploi (« #Match_FT ») [24]. France Travail s’intéresse aussi aux « #maraudes_numériques » pour « remobiliser les jeunes les plus éloignés de l’emploi » [25] et au développement d’« #agences_virtuelles » [26].

    #Austérité, automatisation et #précarisation

    La numérisation de France Travail signe la naissance d’un modèle de gestion de masse où coexistent une multitude d’algorithmes ayant chacun la tâche de nous classifier selon une dimension donnée. Risque de « fraude », de « dispersion », de « perte de confiance », suivi des diverses obligations : les capacités de collecte et de traitements de données sont mises au service de la détection, en temps réel, des moindres écarts à des normes et règles toujours plus complexes [27]. Cette numérisation à marche forcée sert avant tout à contrôler les personnes sans emploi [28].

    À l’heure où Gabriel Attal annonce une énième réforme de l’assurance-chômage passée en force alors que l’Assemblée nationale est dissoute, ce contrôle ne cache plus son but : forcer les plus précaires à accepter des #conditions_de_travail toujours plus dégradées [29].

    Loin des promesses de « libérer du temps pour les conseillers » ou d’offrir un accompagnement « plus réactif et plus personnalisé » [30] aux personnes sans emploi, cette numérisation contribue à la déshumanisation d’un service essentiel et à l’#exclusion des plus précaires, voire tend à une généralisation du #non-recours_aux_droits. Il ne s’agit pas d’idéaliser le traitement « au guichet », mais de rappeler que la numérisation forcée accentue les écueils de ce dernier. En accompagnant la fermeture des points d’accueil, elle transfère une partie du travail administratif aux personnes usagères du service public, participant à l’éloignement de celles et ceux qui ne sont pas en mesure de le prendre en charge [31].

    En standardisant les processus d’accompagnement, via la #quantification de chaque action et le profilage de toute une population, elle restreint les possibilités d’échange et supprime toute possibilité d’accompagnement réellement personnalisé [32].

    En facilitant le contrôle généralisé, elle accentue enfin la #stigmatisation des plus précaires et participe activement à leur #paupérisation.

    –-

    Mise à jour du 12 juillet 2024

    À la suite de notre article, France Travail, via son directeur général Thibaut Guilly, a souhaité exercer son droit de réponse que nous publions ci-dessous in extenso.

    « Madame, Monsieur,

    Je reviens vers vous suite à mon précédent courrier du 2 juillet.

    Bien que le délai de 3 jours prévu à l’article 1.1-III de la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique soit aujourd’hui expiré, je constate que le droit de réponse qui vous a été adressé n’a pas été publié. Pour rappel, le non-respect de cette obligation est passible d’une amende de 3 750 €.

    Aussi, je réitère par la présente ma demande de publication d’un droit de réponse suite à la parution le 25 juin 2024 de l’article intitulé « A France Travail, l’essor du contrôle algorithmique » (librement accessible à l’adresse : https://www.laquadrature.net/2024/06/25/a-france-travail-lessor-du-controle-algorithmique).

    Dans cet article, vous évoquez un « service public de l’emploi largement automatisé », ainsi qu’une utilisation des algorithmes qui « contribue à la déshumanisation d’un service essentiel », favorise « la stigmatisation des plus précaires et participe activement à leur paupérisation » et constitue « un pas supplémentaire vers le flicage des plus précaires ». Il s’agirait d’une « extension des logiques de surveillance de masse visant à un contrôle social toujours plus fin et contribuant à une déshumanisation de l’accompagnement social », cette « numérisation à marche forcée ser[van]t avant tout à contrôler les personnes sans emploi ». Vous faites également état de « la fermeture des points d’accueil ».

    Nous nous inscrivons en faux contre ces propos erronés qui conduisent à jeter un discrédit sur le travail des plus de 55 000 collaborateurs qui accompagnent chaque jour les demandeurs d’emploi et les entreprises et à travestir la réalité concernant l’usage que nous faisons de ces algorithmes.

    L’utilisation des algorithmes au sein de France Travail ne vise en aucun cas à remplacer le travail des conseillers. L’intelligence artificielle (IA) vient en complément et ne se substitue jamais à une intervention humaine. Au contraire, nous concevons les algorithmes et l’IA comme des outils d’aide à la décision pour les conseillers ou un moyen de leur libérer du temps administratif afin de leur permettre de se consacrer pleinement à l’accompagnement des demandeurs d’emploi.

    Toute utilisation d’algorithmes est en outre encadrée par une charte éthique (https://www.francetravail.org/accueil/communiques/pole-emploi-se-dote-dune-charte-pour-une-utilisation-ethique-de-linte) qui décrit nos engagements pour garantir un cadre de confiance respectueux des valeurs de France Travail, à l’opposé de toute « notation de chômeurs » que vous pointez dans votre article. Un comité d’éthique externe composé de personnalités qualifiées garantit le respect de ce cadre. En aucun cas, les algorithmes ne sont utilisés pour « encourager les demandeurs d’emploi à accepter des emplois au rabais ».

    Concernant la « mécanisation » ou la « déshumanisation » de l’accompagnement que vous avancez, c’est méconnaitre le travail que réalisent les conseillers quotidiennement dans plus de 900 agences ou par téléphone. Aucun projet de fermeture d’agence n’est d’ailleurs envisagé contrairement à ce que vous dites et France Travail est un des rares services publics à être ouvert tous les jours, sur flux le matin et sur rendez-vous l’après-midi. Plus de 8,8 millions de personnes sont venues dans nos agences l’année dernière. Cet accueil en agence reflète justement notre politique de proximité et d’accompagnement notamment des plus précaires. L’ambition de la loi pour le plein emploi est en outre de renforcer l’accompagnement humain des plus éloignés, en particulier des bénéficiaires du RSA.

    Vous parlez enfin de « flicage des plus précaires » à travers l’utilisation d’algorithmes concernant le contrôle de la recherche d’emploi et la lutte contre la fraude. Il convient tout d’abord de souligner que ce sont deux activités distinctes, le contrôle de la recherche d’emploi ne saurait être assimilé à de la lutte contre de la fraude, qui est, par définition, une activité illégale et susceptible de poursuites pénales. Sur ce dernier point, l’utilisation des données dans la lutte contre la fraude vise avant tout à protéger nos usagers. En effet, la majorité des situations recherchées par les équipes de France Travail ne concerne pas des demandeurs d’emploi mais des individus qui détournent les services d’indemnisation du chômage, bien souvent au préjudice de nos usagers : usurpation d’identité des demandeurs d’emploi pour s’approprier leurs droits à l’assurance chômage ou détourner leurs paiements, individus se fabricant un faux passé professionnel ou une fausse résidence en France pour ouvrir des droits indus. Concernant le contrôle de la recherche d’emploi, là encore nous réfutons vivement l’idée selon laquelle nous mènerions une chasse aux plus précaires. Tout demandeur d’emploi inscrit à France Travail bénéficie de droits mais a également des devoirs qui lui sont présentés dès son inscription, dont celui de rechercher activement un emploi. 600 conseillers sont dédiés à ce contrôle et là encore, l’IA est un outil d’aide et en aucun la pierre angulaire des contrôles réalisés par ces conseillers en contact avec les demandeurs d’emploi tout au long de ce processus de contrôle. Là encore votre article méconnaît le travail de nos conseillers et constitue une atteinte à leur engagement et à leur intégrité.

    Je vous remercie de publier sans délai ce droit de réponse. A défaut, je me réserve la possibilité de saisir les juridictions à cet effet.

    Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sincères salutations.

    Thibaut Guilluy »

    Notre réponse :

    À la suite de notre article, France Travail, via son directeur général Thibaut Guilly, nous a initialement écrit pour faire des remarques d’ordre général sur notre article. Puis, dans une nouvelle lettre reçue aujourd’hui, il est subitement passé aux menaces : nous n’aurions, selon lui, pas fait droit à sa prétendue « demande de publication d’un droit de réponse ». Ces menaces sont particulièrement malvenues et, au demeurant, totalement vaines, puisque rien dans son courrier initial n’indiquait qu’il s’agissait d’une demande de droit de réponse…

    Le directeur général de France Travail s’en tient à une poignée d’éléments de langage sans jamais répondre sur le fond. Pas un mot sur la multiplication des algorithmes de profilage à des fins de contrôle. Tout au plus y apprend-on que des algorithmes d’IA sont aussi utilisés à des fins de « contrôle de la recherche d’emploi », ce que nous ignorions.

    Cette lettre se borne ainsi à un simple exercice, maladroit et malvenu, de communication. Elle s’essaye vainement à réfuter l’expression de « flicage des plus précaires » pour décrire les outils de surveillance des allocataires du RSA. La mise en place d’un agenda partagé pour le contrôle des 15 à 20 heures d’activité de ces dernier·ès serait ainsi – il faut savoir apprécier l’humour – une mesure visant à « renforcer l’accompagnement humain ».

    Quant à l’impact de la numérisation sur l’accueil des plus précaires, le directeur général de France Travail nie la réalité, tout comme son homologue de la CNAF, afin de minimiser l’étendue de la surveillance et le projet politique sous-jacent. Qu’a-t-il donc à répondre à la Défenseure des droits qui, en 2022 dans son deuxième rapportsur la dématérialisation des services publics, rappelait la hausse des inégalités et des réclamations en raison de cette dématérialisation « à marche forcée » ?

    Enfin, opposer, comme le fait cette lettre, le travail des salarié·es de France Travail et notre action de documentation et d’alerte sur les abus de l’administration est stérile : la déshumanisation et le changement de nature du service public se font non seulement au détriment des personnes au chômage mais également des agent·es de France Travail, comme l’ont dénoncé syndicats et associations au moment de la réforme de l’assurance chômage et la transformation de Pôle Emploi en France Travail [33].

    Ce que cette lettre souligne avant tout c’est donc l’absence de recul, de capacité de remise en cause et d’esprit critique du directeur général de France Travail quant à l’extension des logiques de contrôle numérique au sein de son institution. Ou sa pleine adhésion à ce projet.
    Notes

    [1] Voir cette note de synthèsenote de synthèse revenant sur les premières expérimentation faites par Pôle Emploi.

    [2] Voir cet article sur l’implication de Cap Gemini dans la réalisation de l’outil de scoring.

    [3] L’expression « score de suspicion » est extraite de l’analyse d’impact disponible ici, celle de « signaux faibles » d’une note de suivi des travaux OCAPI 2018 disponible ici, celle d’« indices » de l’ article présentant la collaboration de France Travail avec Cap Gemini. Quant au terme d’« escroquerie », il est issu d’un échange de mails avec un·e responsable de France Travail.

    [4] L’algorithme utilisé semble se baser sur des arbres de décisions, sélectionnés via XGBoost. Les principaux cas d’entraînement semblent être la détection de périodes d’activité dites « fictives » – soit des périodes de travail déclarées mais non travaillées – d’usurpation d’identité et de reprise d’emploi non déclarée. Voir ce document.

    [5] Nous accompagnons différentes personnes dans des demandes d’accès à leurs données personnelles. Pour l’instant, France Travail s’est systématiquement opposé à leur donner toute information, en violation du droit.

    [6] Voir notamment nos articles sur l’algorithme de la CAF, en tout point similaire à cette page.

    [7] Ce programme, financé à hauteur de 20 millions d’euros par le Fond de Transformation de l’Action Publique a été construit autour de 3 axes et s’est déroulé de 2018 à 2022. Voir notamment la note de 2020 envoyée à la DINUM par France Travail, disponible ici.

    [8] Rapport annuel 2018 de Pôle Emploi disponible ici.

    [9] Voir cette note envoyée par Pôle Emploi à la DINUM.

    [10] voir note 9

    [11] Voir ce support de webinaire.

    [12] En partie puisqu’au cœur des algorithmes du JRE, nulle trace de machine learning ou de traitements statistiques complexes. Chaque score résulte de l’application de règles simples, bien loin des ambitions initiales de recours à l’intelligence artificielle. Les dirigeant·es de France Travail semblent ici avoir éprouvé les limites d’un techno-solutionnisme béat. Voir ce document. À noter aussi que ce document évoque une « brique IA Mire » portant sur la détection de « situations de décrochage ». Il se pourrait donc que des algorithmes plus avancés soient en développement.

    [13] Le JRE est une refonte de l’interface numérique. Voir à ce sujet l’excellent article de Basta disponible ici. Si le JRE ne semble pas avoir été créé dans le cadre du programme Intelligence Emploi, il semble avoir été le cadre d’expérimentations de plusieurs des solutions produites. Voir ici.

    [14] Voir le document « Fiches pratiques à destination des conseillers » portant sur le JRE disponible ici.

    [15] Les documents les plus parlants sur la mécanisation de l’accompagnement via le JRE sont ce support et ce document à destination des conseiller·es. Voir aussi les documents que nous mettons en ligne sur l’utilisation d’IA pour générer des conseils automatisés, consultables par les personnes sans emploi et les conseiller·es.

    [16] Voir cette interview du directeur actuel de France Travail.

    [17] Pour un aperçu historique de la notion d’employabilité, voir le chapitre 5 de France Travail : Gérer le chômage de massse de J.-M Pillon.

    [18] Voir cette note envoyée par Pôle Emploi à la DINUM en 2020.

    [19] Voir cette autre note envoyée par Pôle Emploi à la DINUM en 2021.

    [20] voir note 18

    [21] Voir ce document sur l’utilisation de l’IA à Pôle Emploi.

    [22] Voir ce document de présentation de XP RSA.

    [23] Voir ce document de présentation du programme Data IA.

    [24] Pour Match FT, voir cet entretien, ce tweet et cet article de la Banque des Territoires. Voir aussi Chat FT, l’IA générative pour l’instant dédiée aux conseillers·es, dans ce document.

    [25] Voir ce tweet.

    [26] Voir ce tweet.

    [27] Sur la réforme à venir, voir notamment cet article du Monde. Sur le triplement des contrôles, voir cet articledu même journal.

    [28] Sur l’histoire du contrôle à France Travail, voir le livre Chômeurs, vos papiers de C. Vivès, L. Sigalo Santos, J.-M. Pillon, V. Dubois et H. Clouet, le rapport Le contrôle des chômeurs de J.-M. Méon, E. Pierru et V. Dubois disponible Sur le triplement des contrôles, voir ici et le livre France Travail : gérer le chômage de masse de Jean-Marie Pillon.

    [29] voir note 27

    [30] Voir, entre autres, cette vidéo du responsable du programme Data IA.

    [31] Voir le livre L’Etat social à distance de Clara Deville.

    [32] Voir le texte Déshumaniser le travail social de Keltoum Brahan et Muriel Bombardi, publié dans le numéro de février 2017 de CQFD.

    [33] La CGT a dénoncé une réforme qui n’« est pas favorable » aux personnes sans emploi. La CGT Pôle Emploi y voit une numérisation du service public qui « détruira les nécessaires relations humaines, et accentuera la fracture numérique et donc la précarité » et une réforme qui va « renforcer les devoirs au détriment des droits », ou encore « accroître les tensions entre les agents et les demandeurs d’emploi ». Solidaires a dénoncé le caractère « trompeur » de l’accompagnement. Côté personnes sans emploi, le constat est le même : cette transformation rend les personnes « Coupable[s] d’être au chômage » d’après le comité National CGT des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires. Enfin, les associations de solidarité et des syndicats ont ensemble dénoncé dans le Monde le « risque des contrôles abusifs de la situation globale des ménages ».

    https://lagrappe.info/?A-France-Travail-l-essor-du-controle-algorithmique-1132
    #algorithme #chômage #profilage

  • Olivier Hamant, chercheur en #biologie et #biophysique :

    « Dans la question socio-écologique ce qui domine c’est le climat. On a réduit la #complexité_écologique à une molécule, le #CO2, c’est une aberration.

    Du coup les solutions qu’on apporte c’est pour réduire la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Cet été en Islande on a construit la première grande usine de capture CO2.

    Un enfant de 5 ans comprendrait que ça n’a aucun sens, c’est bcp d’énergie et de métaux et c’est une opération financière. On a privatisé le CO2.

    Le #climat c’est le pire levier, il faut commencer par la #biodiversité. Notre #performance est une #guerre_à_la_vie.

    La #biodiversité ça coute rien, on peut le faire à toutes les échelles et c’est positif pour le #climat et les #pénuries »

    Eloquente prise de parole d’Olivier Hamant qui rappelle que la révolution à accomplir est avant tout culturelle et non une question d’#innovation technologique.

    Pour faire de la robustesse, il nous faut aller contre la performance et sortir du #capitalisme en s’inspirant des pratiques naissantes à la marge telles les #coopératives et l’#économie_de_la_fonctionnalité & de l’usage."

    https://x.com/GabrielMalek9/status/1847973387106152647

    Survie dans le Chaos : La #robustesse à l’épreuve ? #Olivier_Hamant
    https://www.youtube.com/watch?v=JPW_m8JBl2Q

    #CO2 #économie_de_l'usage #imprévisibilité #fluctuation #compétition #colonisation #mécanisation #grande_accélération #culte_de_la_performance #délire_de_la_performance #agriculture_circulaire #basculement #interactions #crises

  • Toujours puce. Les macrodégâts de la #microélectronique

    Exercice de mathématiques :
    En pleine alerte sécheresse niveau 4, l’usine #STMicroelectronics consomme 156 litres d’eau par seconde. Pour produire deux fois plus de #puces indispensables à la vie connectée, l’Etat lui donne 2,9 milliards d’euros, soit la possibilité de consommer 347 litres par seconde. A l’aide des informations que contiennent ces pages, estimez le temps qu’il faudra aux élus locaux pour s’apercevoir que les intérêts de STMicroelectronics s’opposent à ceux des citoyens.

    Une bande dessinée docu-fiction sur l’#impact_environnemental d’une usine de #semi-conducteurs et les clivages politiques qu’elle suscite.

    https://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/toujours_puce.html

    #eau #BD #bande-dessinée #livre

    • Les macrodégâts de la microélectronique

      Contre l’un des géants mondiaux de la fabrication de puces électroniques, une importante lutte a lieu depuis plus de deux ans près de #Grenoble, dans la vallée du #Grésivaudan. La BD « Toujours puce. Les macrodégâts de la microélectronique » revient sur l’histoire de ce combat contre l’accaparement des ressources en eau et un mode de vie toujours plus connecté.

      La supposée #transition_numérique en cours conduit à un accaparement croissant de l’eau, accentuant les dynamiques anciennes du #capitalisme_industriel. Seule la réduction de ce secteur, la baisse de ses productions, et la contraction des usages numériques permettrait d’enrayer la crise qui se dessine. Voilà en quelques mots l’inévitable conclusion qui surgit à la lecture de cette passionnante enquête graphique et dessinée.

      Le sujet pourrait paraître ardu – comment les usines de semi-conducteurs accaparent l’eau du Grésivaudan au détriment des habitants ? – pourtant le récit emporte le lecteur dans un tourbillon d’informations et de révélations essentielles pour comprendre le monde qui se construit peu à peu. Jouant sur le registre de l’humour et de la caricature, les autrices et illustratrices de ce livre ont réussi le tour de force de proposer une analyse à la fois précise, informée, pédagogique mais jamais ennuyeuse !
      Les usages de l’eau

      On le sait, l’#industrialisation d’une production – c’est-à-dire sa #concentration et sa #mécanisation pour accroître la #productivité – nécessite toujours un #accaparement_de_l’eau au bénéfice de certains et au détriment d’autres, rompant des équilibres patiemment et longuement élaborés. Dans les économies anciennes fondées sur la putréfaction des matières organiques, à l’image des peaux qu’il fallait tremper pour les nettoyer et les assouplir, la question de l’eau, de son accès comme de son accaparement se posait déjà mais les conflits restaient de faible intensité et dispersés. Les capacités de monopolisation demeuraient réduites même si dès le XVIIIe siècle apparaissent des mines et quelques manufactures importantes.

      La situation commence à changer à partir des années 1850-1860 lorsque s’ouvre en Europe un régime d’accaparement industriel de l’eau. Certains usages deviennent prioritaires au nom d’une nouvelle conception du progrès identifié à la croissance de la production des biens manufacturés. Les grands filateurs et peigneurs de laine ont ainsi besoin de quantités importantes d’eau pour nettoyer les fibres ou évacuer les déchets de leurs usines. Ainsi, à Roubaix dans le Nord, les capitalistes du textile consomment déjà des milliers de m³ d’eau par jour au milieu du XIXe siècle, provoquant de nombreux débats avec les habitants. La nécessité de fournir de l’eau à l’industrie conduit les industriels et les autorités à remodeler le milieu naturel pour satisfaire ces intérêts, parfois au détriment des usages communs.

      Par la suite, au cours du XXe siècle, partout dans le monde l’eau est utilisée en quantité croissante par l’industrie lourde, chimique et sidérurgique, pour le refroidissement des appareils et des produits incandescents, l’épuration des gaz et des fumées, la production de vapeur, ou dans les mines pour le remblayage hydraulique et le lavage du charbon et des minerais.

      Depuis la grande accélération des transformations environnementales à partir des années 1950, l’industrialisation des usages de l’eau ne cesse de s’intensifier. L’agriculture, avec ses grandes cultures irriguées et ses élevages intensifs, nécessite toujours plus d’eau, conduisant aujourd’hui aux vastes projets de méga-bassines au cœur de l’actualité et des mobilisations.

      L’industrialisation des loisirs depuis les années 1970 impose également des consommations ostentatoires et des gabegies d’eau, pensons à la multiplication des golfs, des piscines privées (plus de 1,5 million aujourd’hui), ou à la pratique de la neige artificielle dans les stations de ski. En 1985, seules 35 stations françaises étaient équipées et 150 ha ainsi enneigés, aujourd’hui la plupart des stations sont équipées et plus de 25 000 ha sont enneigés en accaparant l’eau. Au début du XXIe siècle, les problèmes d’accaparement s’accentuent encore alors que le changement climatique, les risques de sécheresse, la surpopulation conduisent à l’essor des besoins et à la montée incessante des tensions et des guerres de l’eau.
      Accaparements numériques

      Aujourd’hui, parmi les multiples usages qui s’empilent et créent une pression croissante sur la ressource vitale en eau dans de nombreux territoires s’imposent les industries dites « stratégiques », celles qui accompagnent la numérisation du monde. A cet égard l’exemple de STMicroelectronics décrit dans cette BD est emblématique. Le groupe est le résultat d’une fusion et s’est imposé comme l’un des 10 géants mondiaux du secteur. L’une de ses usines est installée à Crolles près de Grenoble. Dans le Grésivaudan, les anciennes papeteries fondées sur l’énergie hydraulique ont toutes fermé, laissant la place à l’industrie des semi-conducteurs devenus des composants essentiels de la croissance contemporaine (aéronautique, automobile, télécommunications, domotique, armement…).

      Pour faire simple, les semi-conducteurs et ce qu’on appelle les puces électroniques sont à l’électronique ce que le pétrole est à l’industrie en général : un composant essentiel, mais souvent invisible, présent dans de nombreux objets, depuis les ordinateurs, les smartphones, jusqu’aux voitures et panneaux solaires. Les semi-conducteurs sont des matériaux qui se situent entre un conducteur et un isolant. Fabriqués à partir de matières premières comme le silicium et le germanium, l’arséniure de gallium ou le carbure de silicium, ils servent à gérer le flux de courant dans l’électronique. Sans eux le capitalisme high tech s’arrête, c’est pourquoi le spectre de leur pénurie est devenu une préoccupation obsédante.

      La fabrication de ces composants est au cœur de la bataille que se livrent les États-Unis et la Chine pour la domination du secteur des hautes technologies alors que l’essentiel de la capacité mondiale de fabrication est localisé en Chine et en Asie de l’Est. Or, les États-Unis comme l’Europe souhaitent retrouver une maîtrise sur cette production. L’Union européenne ambitionne ainsi de produire d’ici à 2023 20 % des semi-conducteurs dans le monde, soit un doublement de sa part actuelle. Emmanuel Macron a présenté de son côté un plan d’investissement de 30 milliards d’euros pour soutenir les acteurs du secteur et les start-ups. Représentant un marché de centaines de milliards de dollars chaque année, la production de ces matériaux connaît une croissance constante et est devenue un enjeu stratégique et géopolitique global. Comme le rappellent les autrices en mettant en scène le Président de la République dès le début du récit – « la réindustrialisation de la France commence ici » s’exclame t-il – Grenoble doit devenir selon la novlangue en vigueur une « Silicon Valley » à la française des technologies du futur.

      Pourtant célébré comme la solution aux crises écologiques, le monde numérique ne cesse d’ajouter des strates supplémentaires d’accaparement, inventant sans cesse de nouveaux besoins en eau, pour refroidir les centrales nucléaires ou les data centers comme pour fabriquer des puces électroniques. À titre d’exemple, chaque année, ce sont plus de 16 milliards de litres d’eau qui sont absorbés par les centres de données de Google aux États-Unis pour leur refroidissement. L’extraction, le traitement et le raffinage des minerais indispensables à la quincaillerie numérique se fait également dans des territoires où la pression sur les ressources hydriques est déjà forte.

      Manifs dans le Grésivaudan

      Dans ce contexte, durant plusieurs jours, du 5 au 8 avril 2024, une large mobilisation a eu lieu à Grenoble contre l’agrandissement des usines de microélectronique à Crolles. Parallèlement à la multiplication des mobilisations contre les industries nuisibles et à l’essor des luttes locales soutenues notamment par le mouvement des Soulèvements de la Terre, la situation grenobloise devient emblématique de multiples configurations en France, comme à l’étranger.

      Pour l’occasion, les rues et murs de la ville ont été recouverts d’affiches dénonçant la numérisation et son monde et appelant à arrêter l’industrie des puces électroniques et l’accaparement de l’eau qu’elle provoque. Au-delà des enjeux locaux, ce week-end de mobilisation riche s’est accompagné de débats, d’ateliers, et d’une grande manifestation, marquant l’apogée d’une lutte qui dure depuis plusieurs mois contre l’extension des usines high tech.

      Le site de STMicroelectronics à Crolles décrit dans ce livre est en effet emblématique car il est l’un des plus importants en Europe. Dans un contexte de panique face aux pénuries de puces, révélé notamment lors du covid en 2022 fut annoncé un projet d’extension prévoyant de doubler la capacité de production d’ici 2035, ce qui pourrait porter la consommation d’eau potable du site à 12,3 millions de mètres cubes par an. Ce projet a suscité une levée de boucliers et contraint les autorités à lancer une « concertation » à la dernière minute. Levant le voile sur un projet discret, défendu par tout ce que la République compte de notables et de soutiens du productivisme. Cette lutte locale est exemplaire, elle a aussi été en partie victorieuse puisqu’un autre industriel du semi-conducteur (l’entreprise Soitec) a annoncé la suspension d’un projet d’agrandissement d’installations industrielles sur des terrains agricoles à proximité.

      Au-delà des enjeux proprement locaux et de l’opposition à un projet néfaste pour l’environnement, les militants de l’association STopMicro ont su aiguiser leur critique, pointer les ambivalences et impasses de ces immenses projets industriels soutenus par l’État et le gouvernement Macron au nom de l’indépendance nationale, de la réindustrialisation et de l’inéluctabilité du monde numérique. Ils ont mené l’enquête sur les semi-conducteurs à Grenoble et ailleurs, documentés la diversité des nuisances que génèrent ces industries, à commencer par leur consommation d’eau potable délirante, et questionné la numérisation du monde à laquelle elles œuvrent.

      Dessiner les luttes

      La bande dessinée – travail de fiction – que vous tenez entre vos mains s’inspire largement de ces faits réels, mais elle les transforme et les adapte puisqu’il s’agit d’abord d’une œuvre artistique. Les autrices ont choisi de mettre en scène la lutte contre l’accaparement de l’eau à travers le regard de Gobi, un habitant confronté au greenwashing de la communication politique et industrielle, qui s’éveille et se politise peu à peu sur la question de l’eau. Proposant un récit à la fois pédagogique et engagé, les autrices révèlent les soubassements socio-environnementaux des minuscules composants électroniques.

      Face à la naïveté du personnage central confronté au manque d’eau et à l’incrédulité de devoir abandonner le « mythe du progrès », Sable incarne l’activiste consciente et engagée, elle représente aussi la voix de la sagesse et de l’honnêteté alors que partout semble triompher la compromission et l’intérêt particulier. C’est elle qui rappelle que « la technologie n’est pas un truc neutre, un outil comme un autre qu’on pourrait “bien” ou “mal” employer. C’est un choix politique, un modèle de société », qui implique en amont l’extractivisme et en aval la contamination. Derrière l’usine et les promesses de « dématérialisation » il y a un métabolisme socio-écologique destructeur, fondé sur la seule croissance, au détriment des humains et du vivant.

      L’un des nombreux mérites de cette BD est la clarté et la précision de l’enquête menée, les autrices et illustratrices ont conduit, conjointement avec les militants de l’association grenobloise STopMicro un travail d’investigation remarquable, décrivant aussi bien le fonctionnement intérieur de l’usine, les modes de production, que les chaînes globales de la mondialisation dans lesquelles s’inscrit le commerce de ces puces, à commencer par les usages militaires. Les autrices ont également su faire preuve d’imagination, et l’enquête est complétée de scènes imaginaires pleines d’humour.

      Grâce à ce travail on suit autant le cycle de l’eau que le secret des réunions stratégiques des industriels et des élus. On pénètre dans les réunions discrètes des cadres de l’entreprise et des agences censées les réguler. Le récit nous ouvre les bureaux où se prennent les décisions comme les espaces de travail, ces « salles blanches » où trime une main-d’œuvre exploitée. Confinés dans des territoires à l’écart, relégués dans les marges, les espaces productifs et les impacts environnementaux des objets du quotidien ne sont pas toujours visibles. L’un des immenses mérites de cette bande dessinée qui fait autant appel à l’imagination, à l’humour et à l’ironie qu’à une documentation minutieuse est de révéler l’invisible, de montrer le fonctionnement du solutionnisme technologique et des promesses ambiantes, portés aussi bien par l’extrême-droite anti-écologiste que par les macroniens vantant la start up nation et la réindustrialisation.

      L’opposition aux puces n’est pas récente, elle a commencé avec des collectifs de professionnels comme des agriculteurs s’opposant à l’usage de puces pour contrôler les troupeaux. Le collectif « Faut pas pucer » créé autour de 2010 a mené l’enquête sur ces technologies de contrôle tout en contestant la numérisation du monde. Mais au-delà des usages, c’est aussi la phase amont de la production qui doit être questionnée, comme dans le Grésivaudan où l’accaparement de l’eau pour le traitement et le nettoyage des microprocesseurs menace d’accentuer les pénuries et la contamination de cours d’eau pourtant de plus en plus sous tension à l’heure du changement climatique.

      Au-delà d’un site industriel particulier, c’est le sens même de ce type d’usines et des produits qu’elles fabriquent qui devrait être mis en débat en portant une attention particulière à l’eau, cette ressource vitale pourtant de plus en plus rare. Ce récit graphique y contribue de façon salutaire. L’enjeu n’est pas de repousser plus loin la construction de ces usines, ou de les renvoyer dans les suds, mais bien de pointer l’impasse de ce type de production industrielle, particulièrement dans le contexte climatique actuel, et la nécessité d’engager une décrue des consommations numériques. La conclusion est inéluctable : c’est le choix même de ces productions qui doit être remis en cause, et les modes de vie qui leur sont associés.

      https://www.terrestres.org/2024/10/08/les-macrodegats-de-la-microelectronique

  • Les #Voix_croisées - #Xaraasi_Xanne



    Using rare cinematic, photographic and sound archives, Xaraasi Xanne (Crossing Voices) recounts the exemplary adventure of #Somankidi_Coura, an agricultural #cooperative created in #Mali in 1977 by western African immigrant workers living in workers’ residences in France. The story of this improbable, utopic return to the Sahel region follows a winding path that travels through the ecological and decolonial challenges and conflicts of agriculture practices and sensing from the 1970s to the present day. One of the major actors of the movement, #Bouba_Touré, tells this story by plunging into the heart of his personal archives, which document the fights of farmers in France and in Mali, as well as those of immigrant workers, over a period of decades. The film is also a story about dialogues and transmission, friendships and cinematic geographies. Over the course of the film, different voices, enter the sound-scape to accompany Bouba Touré’s telling; they bring the tale of a forgotten memory toward a possible future sung by a polyphonic griot.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64570
    #film #documentaire #film_documentaire #travailleurs_immigrés #coopérative_agricole #Somankidi #agriculture #retour_au_pays #fleuve_Sénégal #régularisation #sans-papiers #travailleurs_sans-papiers #travail #exploitation #logement #racisme #mal-logement #foyer #marchands_de_sommeil #conditions_de_vie #taudis #tuberculeuse #Fode_Sylla #lutte #grève_des_loyers #université_libre_de_Vincennes #L'Archer #Djiali_Ben_Ali #Association_culturelle_des_travailleurs_africains_en_France (#ACTAF) #manoeuvres #main_d'oeuvre_non_qualifiée #grève #Sahel #famine #1971 #sécheresse #Haute-Volta #aide_humanitaire #exode_rural #Larzac #récupération_des_sols #charité #luttes_de_libération #termites #Samé #aide_au_retour #luttes #arachide #travail_forcé #modernisation #mécanisation #graines #semences #endettement #Kayes #autonomie #femmes #genre #irrigation #radio #radio_rurale_Kayes #radio_rurale #permaculture #intelligence_collective

    –—

    A partir de 1h07’14, où l’on explique que les lois restrictives contre les migrations fixent les gens... alors qu’avant il y avait de la #migration_circulaire : beaucoup de personnes venaient en France 1-2 ans, repartaient au pays et ne revenaient plus jamais en France...
    #fermeture_des_frontières #sédentarisation #agroécologie

  • Terre : aux racines du capitalisme

    L’élément terre, dans son acception économique peut s’entendre de deux manières : la terre à exploiter, dont on peut tirer des ressources et du profit, et la Terre à préserver et à “sauver” d’un #capitalisme_prédateur qui l’épuise. L’idée de parler de capital Terre reprend deux notions incluses dans le terme Terre, à savoir comprendre la Terre à la fois comme notre planète et à la fois comme une ressource foncière. On ressent bien l’ambivalence dans l’expression capital Terre : la Terre est à la fois notre espace de vie, un espace commun et un bien précieux à préserver, mais elle est aussi une ressource dans laquelle puiser des richesses et dont on peut retirer des profits.
    Du 12ème au 19ème siècle : comment la croissance se fonde-t-elle sur le travail de la terre ?

    Selon Alessandro Stanziani, l’histoire économique de la terre comme capital commence au 12ème siècle, il précise "selon Fernand Braudel et Werner Sombart le capitalisme commence au 12ème siècle. Le capitalisme selon Braudel est identifié par le monopole, plutôt que la concurrence, et par la finance. Je complète cette définition avec la notion que les ressources sont uniquement à exploiter et non pas à préserver pour le futur et surtout que le travail doit être soumis à des contraintes sévères au long de plusieurs siècles. De ce point de vue-là, je n’associe pas, comme Marx, le travail et le capitalisme au travail salarié et au prolétaires, au contraire, j’associe les formes multiples du capitalisme aux formes différentes du travail contraint. D’où la possibilité d’inclure les régimes qui commencent au 12ème siècle sous le nom de capitalisme". Par ailleurs, du 12e au 19e, la hausse de la production agricole correspond à une augmentation des surfaces cultivées, en effet les déforestations n’ont cessé d’être présentes du néolithique au haut Moyen-Âge et elles s’accélèrent fortement entre le 8e et le 13e siècle. Cependant, même au 12ème siècle des contestations contre le déboisement et l’exploitation de la terre à des fins productives agraires existaient déjà, Alessandro Stanziani ajoute "les résistances sont importantes, plusieurs acteurs se rendent compte de la nécessité de préserver les forêts afin d’avoir de bonnes récoltes à côté, mais aussi pour des intérêts économiques, politiques et sociaux. Cette résistance est celle d’un capitalisme que j’appelle foncier, agraire et quasi industriel, qui va du 12ème au 19ème siècle".
    De 1870 à 1970 : vers un modèle productiviste et une surexploitation de l’élément terre

    Pendant ces décennies, l’exploitation des ressources de la terre et le système capitaliste connaissent des changements majeurs, marqués par une intensification remarquable. Alessandro Stanziani précise "dans l’agriculture et dans le pays du Nord, la mécanisation est très lente, mais on constate un changement significatif avec les semences. Après la crise de 29, aux Etats-Unis, on s’intéresse aux semences hybrides. Il y a des investissements massifs, on donne des semences hybrides aux fermiers américains et ensuite, on vend ces mêmes semences à l’Europe avec l’aide du plan Marshal et on impose aux agriculteurs européens d’avoir recours aux semences hybrides. L’avantage des semences hybrides, ce sont des rendements faramineux, ça commence par le maïs, la plante des plaines américaines, et de fait on arrive à nourrir de plus en plus de population à l’échelle mondiale. L’inconvénient c’est que les semences hybrides ont une durée de vie très courte, de un ou deux ans, pour qu’elles soient rentables il faut beaucoup de fertilisants chimiques. Les producteurs de semences produisent aussi le fertilisants chimiques, ils sont gagnants des deux côtés. Par ailleurs, ces producteurs ont le monopole et l’exclusivité de ce marché. Enfin, les rendements des hybrides commencent à décroître après 20 ans".
    De 1970 à 2050 : spéculer sur le capital Terre : la terre face à la libéralisation des marchés

    Les bouleversements majeurs ont lieu pendant les années 1970 : la fin du système de Bretton Woods, les chocs pétroliers, le déclin du keynésianisme et de l’État social en Occident et le début des réformes en Chine.
    Par ailleurs, la spéculation sur les produits agricoles s’élargit aux terres elles-mêmes : il ne s’agit pas seulement d’échanger des produits virtuels dont la plupart ne verront jamais le jour, mais de contrôler ces flux hypothétiques à l’échelle mondiale. Selon Alessandro Stanziani "avec le néolibéralisme des années 80 et surtout dans les années 1990, on assiste à la libéralisation totale des Bourses de marchandises, avec les spéculations sur les matières premières et sur le blé, et on arrive jusqu’aux crises de 2008/2010 et jusqu’au crise de nos jours sur la vie chère. C’est-à-dire que c’est une pénurie qui est provoquée, non pas par de mauvaises récoltes, mais surtout par les spéculations".

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco/terre-aux-racines-du-capitalisme-8719942

    #capitalisme #terre #agriculture #histoire #économie_capitaliste #terres #Alessandro_Stanziani #capital_terre #spéculation #exploitation #foncier #ressource_foncière #à_écouter #ressources_pédagogiques #croissance #déforestation #forêts #déboisement #mécanisation #semences #semences_hybrides #plan_Marshal #maïs #rendements #industrie_agro-alimentaire #fertilisants #néolibéralisme #blé #matières_premières #pénurie #podcast #audio

    • Capital Terre. Une histoire longue du monde d’après (XIIe-XXIe siècle)

      Et si le cœur du problème de la faim dans le monde n’était pas la hausse de la population mais plutôt les modalités de la production agricole et surtout de la distribution au profit des plus riches ? Dans cet essai engagé pour des sociétés plus solidaires et plus justes, qui retrace l’histoire longue du capitalisme, Alessandro Stanziani propose de renouer avec le contrat social cher à J.-J. Rousseau et de faire de la démocratie, de l’égalité sociale et de l’environnement les trois piliers du monde d’après. Défenseur d’une politique publique conciliant croissance économique et démographique, droits du travail, lutte contre les inégalités et protection de la planète, il plaide pour la fin des spéculations sur les denrées alimentaires, de l’accaparement des terres et de la propriété industrielle, en particulier sur les semences, véritable « patrimoine de l’humanité », et prône une refonte plus égalitaire de la fiscalité et des finances publiques.
      Une pensée économique globale, qui se préoccupe autant de l’avenir de l’Asie et de l’Afrique que de celui de l’Europe, par un brillant historien reconnu à l’international et fort de décennies de recherches sur le terrain dans le monde entier.

      https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/capital-terre-9782228929257
      #livre

  • Agriculture de conservation : quand le « sans-labour » gagne du terrain AFP - 13 Juin 2019 - ngu/im/tq/eb
    https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/agriculture-de-conservation-quand-le-sans-labour-gagne-du-terrain-8ae226

    « A certains moments, la chimie ne marche plus. Qu’est-ce qu’on fait ? Il faut qu’on remette de l’agronomie dans notre système » : comme Stéphane Schoumacher, céréalier dans la Marne, de plus en plus d’agriculteurs tentent l’agriculture sans labour, pour réduire leurs charges et ramener de la vie dans les sols.


    Stéphane Schoumacher, céréalier à Cuchery, le 5 juin 2019 dans la Marne ( AFP / FRANCOIS NASCIMBENI )

    Abrités sous un hangar, alors que la pluie tombe dru sur les champs de blé et de colza de la Marne, une dizaine d’agriculteurs écoutent avec attention un ingénieur agronome, animateur du club Agrosol pour le compte de la coopérative Vivescia, leur expliquer comment modifier leurs pratiques et passer en agriculture de conservation des sols (ACS).
    Jean-Luc Forrler brandit des pieds de colza, attaqués par des charançons (coléoptères blottis dans les tiges qui éclatent, NDLR) : « Il faut nourrir vos plants, les insectes vont privilégier les colzas les plus chétifs », explique à ces paysans de tous âges M. Forrler, véritable « coach » des paysans.

    « Entre 1998 et 2000, les cours des céréales étaient très bas, il fallait trouver des moyens de baisser les charges », rappelle-t-il pour expliquer son engagement dans ces pratiques.
    Dans le viseur, la mécanisation, qui représente "plus de 50% des charges", selon Stéphane Schoumacher, hôte de ce tour de plaine.


    Stéphane Schoumacher, céréalier à Cuchery, le 5 juin 2019 dans la Marne ( AFP / FRANCOIS NASCIMBENI )

    Car ce type d’agriculture, qui repose sur trois leviers -suppression du labour, modification des rotations et couverts végétaux entre les cultures pour ne jamais laisser les parcelles à nu, vise aussi à « assurer un revenu correct sur l’exploitation », explique Savine Oustrain, de Vivescia.

    La moisson catastrophique de 2016 a, selon elle, agi comme un déclic : « Depuis trois ans, le club Agrosol est passé de 100 membres à 350 dans le Grand Est. Certains agriculteurs se sont rendu compte qu’il fallait peut-être changer de système ».
    Sous un ciel chargé de nuages gris, M. Schoumacher admire ses champs de blé d’un beau vert tendre, avant d’arracher une motte de terre pour montrer la qualité retrouvée de ses sols, dans lesquels on observe les restes de cultures précédentes, comme des résidus de maïs.
    « Les résidus se décomposent plus lentement et servent de garde-manger pour les vers de terre. Plus vous avez de résidus, plus vous avez de vie du sol », explique-t-il.

    Une aubaine pour le revenu... et le climat
    Mais ces techniques peuvent également servir contre le changement climatique : les couverts végétaux plantés entre les cultures, souvent des légumineuses comme le pois, captent l’azote de l’air pour le fixer dans le sol.


    Stéphane Schoumacher, céréalier à Cuchery, le 5 juin 2019 dans la Marne ( AFP / FRANCOIS NASCIMBENI )

    Outre cet apport d’azote, « les insecticides, ça fait quatre ans qu’on s’en passe en colza, dans les cultures céréalières, ça fait deux ans et demi, sans impact sur le rendement », assure Etienne Mignot, en école d’ingénieur, dont le père est engagé en agriculture de conservation depuis cinq ans.

    Mais, car il y a un « mais », « aujourd’hui, les plus grosses difficultés, c’est avec les herbicides, on n’arrive pas à faire sans », explique M. Mignot.
    Une fois par an, les agriculteurs en ACS recourent au glyphosate, cancérogène probable selon une agence internationale, pour nettoyer leur parcelle des couverts végétaux, afin que la culture qu’ils plantent puisse se développer.

    Sur la ferme familiale, assure Etienne Mignot, c’est 0,2, 0,3 litre par hectare, pas plus.
    En contrepartie, « on a moins de travail (superficiel) du sol. On est en moyenne à 40 à 50 litres de fioul à l’hectare. En système conventionnel, c’est 70 à 80 litres ».

    « Face à des incidents climatiques de plus en plus fréquents, et de plus en plus accentués, on est plus résilient », fait valoir M. Schoumacher, qui assure que « le fait de ne pas travailler les sols, ça protège votre sol du gros orage, de la sécheresse », car l’eau « va s’infiltrer plus vite », grâce aux vers de terre et aux racines qui aèrent le sol.
    « Toutes les charges phytosanitaires sont divisées par deux », ajoute-t-il. Il voit dans l’interdiction du glyphosate le seul frein potentiel au développement de cette pratique.
    Mais selon M. Forrler, pour les néophytes, « le problème est beaucoup plus psychologique que technique. La question qui revient le plus, c’est : +Je ne sais pas si je fais bien ?+. Du jour au lendemain, vous changez totalement de mode d’emploi. C’est là que la notion de groupe est importante ».
    ngu/im/tq/eb

    #fuel #carburant #engins_agricole #mécanisation de l’#agriculture #céréales #glyphosate #phytosanitaires #labourage #céréales #climat

  • Sulle tracce del marmo della discordia

    Le montagne sventrate, le falde inquinate, il viavai di camion, i morti sul lavoro, le infiltrazioni criminali, la mancata distribuzione di una ricchezza collettiva. Carrara è schiacciata dai signori del marmo. Non sono cave: sono miniere. La roccia estratta qui non nisce in sculture e non alimenta più la liera artigianale locale. Parte per l’Asia oppure, in gran percentuale, finisce nei dentifrici, nella carta e in altre decine di prodotti. È il business del carbonato di calcio. Un’attività dominata dalla multinazionale svizzera #Omya che qui possiede un grosso stabilimento industriale.


    https://www.wereport.fr/articles/sulle-tracce-del-marmo-della-discordia-area
    #marbre #extractivisme #Carrara #Italie #pollution #carbonate_de_calcium #multinationales #Suisse #mondialisation #géographie_de_la_mondialisation #globalisation

    • A Carrara, sulle tracce del marmo della discordia

      Le montagne sventrate, le falde inquinate, il via vai di camion, i morti sul lavoro, la mancata distribuzione di una ricchezza collettiva. Carrara è schiacciata dai signori del marmo. Non sono cave: sono miniere. La roccia estratta qui non finisce in sculture e non alimenta più la filiera artigianale locale. Parte per l’Asia oppure, in gran percentuale, finisce nei dentifrici, nella carta e in altre decine di prodotti. È il business del carbonato di calcio. Un’attività dominata dalla multinazionale svizzera Omya che qui possiede un grosso stabilimento industriale.

      Sembra un ghiacciaio ma è un bacino minerario. Tutto è bianco sporco. Le rocce, le strade, la polvere. Le montagne sono divorate dalle ruspe. Decine di camion, carichi di blocchi o di detriti, scendono a valle da stradine improvvisate. Persino la nostra Panda 4X4 fatica sul ripido pendio sterrato. Stiamo salendo alla cava Michelangelo, una delle più pregiate del bacino marmifero di Carrara, in Toscana. Qui viene estratto lo statuario, il marmo venduto anche a 4.600 franchi la tonnellata. In questa grossa cava lavorano circa una dozzina di persone.

      Riccardo, 52 anni di cui trenta passati a estrarre roccia, sta manovrando un blocco con il filo diamantato. Il sole che batte a picco sul marmo dà l’effetto di un forno. «D’estate è così mentre d’inverno è freddo e umido» ci racconta questo figlio e nipote di cavatori. Riccardo spiega con orgoglio il suo lavoro. Poi conclude: «Spero che mio figlio faccia qualcos’altro nella vita».

      Un lavoro rischioso

      La situazione nelle cave è sicuramente migliorata rispetto a qualche anno fa, ma il lavoro qui resta rischioso. L’ultimo decesso è dello scorso mese di luglio: Luca Savio, 37 anni, papà di un piccolo bambino, è stato travolto da un blocco in un deposito. Aveva un contratto di lavoro di sei giorni. A maggio, Luciano Pampana, un operaio di 58 anni, è invece morto schiacciato sotto una pala meccanica. «Qui i servi della gleba versano sangue» ha esclamato don Raffaello, il parroco di Carrara che nella sua omelia dopo questa morte si è scagliato contro il business del marmo: «Le Apuane sono sfregiate e pochi si arricchiscono!»

      «Le Apuane sono sfregiate e pochi si arricchiscono!».

      Don Raffaele, parroco di Carrara
      Fine della citazione

      I sindacati hanno indetto un giorno di sciopero e chiesto la chiusura delle cave non in regola. Negli ultimi dodici anni vi sono stati undici incidenti mortali, di cui sei tra il 2015 e il 2016. «È decisamente troppo se si calcola che in tutta la provincia i cavatori sono circa 600» esclama Roberto Venturini, segretario della Fillea Cgil di Massa Carrara che ci accompagna nella visita. Per il sindacalista vi è un solo modo per rendere compatibile questa attività con l’ambiente e con una cittadinanza che sempre meno tollera le cave: «Bisogna rallentare la produzione e aumentare il numero di dipendenti».
      «Monocoltura del marmo»

      Carrara e la vicina Massa sono un microcosmo rappresentativo delle attuali problematiche dell’economia: l’automatizzazione, la maledizione delle risorse, la concentrazione delle ricchezze, il conflitto tra ambiente e lavoro. Un conflitto, questo, che è emerso in queste zone già negli anni 80 attorno al polo chimico situato nella piana, verso il mare. Nel 1987 ci fu il primo referendum consultivo d’Europa con cui i cittadini si espressero a favore della chiusura dello stabilimento Farmoplant della Montedison. Ciò che avvenne, però, solo un anno dopo, a seguito dell’esplosione di un serbatoio di Rogor, pesticida cui già il nome dà inquietudine.

      In pochi anni, a catena, tutti gli stabilimenti cessarono le attività lasciando come eredità terreni inquinati e una schiera di disoccupati. Oggi la zona industriale si è trasferita dal mare alle montagne.

      L’unico settore che tira è quello estrattivo tanto che qui si parla di “monocultura del marmo”, in comparazione a quei paesi che hanno fatto di un prodotto destinato all’esportazione la sola attività economica. E così in pochi ci guadagnano mentre alla collettività rimangono le briciole e gli effetti nocivi.

      I ricavi crescono, gli impieghi no

      Nello scorso triennio il settore, dal punto di vista del ricavo, è cresciuto all’incirca del 5% all’anno. Difficile trovare un altro comparto in così rapida crescita. I profitti, però, sono sempre più concentrati.

      Gli addetti sono sempre meno e una crescente percentuale dell’attività di trasformazione è ormai svolta all’estero: dall’inizio degli anni duemila gli impieghi diretti sono diminuiti di oltre il 30%, passando da quasi 7’000 a circa 4’750 unità. Negli ultimi anni nelle cave sempre più meccanizzate sono stati persi più di 300 posti di lavoro; altri 300 sono scomparsi nelle attività di trasformazione e nella lavorazione.

      Ma anche attorno a queste cifre vi è scontro. Da un lato gli ambientalisti, dall’altro i rappresentanti del mondo imprenditoriale con i primi che tendono a sminuirne l’impatto economico e i secondi che mettono in valore l’effetto occupazionale del settore. La sola certezza, qui, è che quel marmo che ha plasmato l’identità ribelle dei carrarrini e fatto conoscere la città nel mondo intero è oggi sinonimo di conflitto.
      «Una comunità arrabbiata e ferita»

      «Dal marmo il territorio si aspetterebbe molto di più», ci spiega Paolo Gozzani, segretario della Cgil di Massa e Carrara. Il quale aggiunge: «Questa è una comunità arrabbiata e ferita che vede i signori del marmo come un potere arrogante, che si accaparra la ricchezza derivata da questa materia prima senza dare al territorio la possibilità di migliorarsi da un punto di vista sociale, dei servizi e senza fare in modo che, attorno al marmo, si sviluppi una vera e propria filiera».

      Un’opinione condivisa da Giulio Milani, uno scrittore che ha dedicato un libro alla devastazione territoriale di questa terra, dalla chimica al marmo: «L’industria del marmo c’è sempre stata in questa zona, ma negli ultimi anni è diventata una turboindustria che sta mettendo in crisi il territorio».

      Milani s’interroga sul presente e sul futuro dei suoi tre figli in un luogo che ha già sofferto per le conseguenze dell’inquinamento della chimica: «Tutte le volte in cui piove i fiumi diventano bianchi come latte a causa della marmittola, la polvere di marmo; a Carrara vi sono state quattro gravi alluvioni in nove anni legate al dissesto idrogeologico del territorio. Per questo parlo di costi sociali di questa attività. Dobbiamo ormai considerare che questo è diventato un distretto minerario vero e proprio e noi ci viviamo dentro».

      A supporto di questa situazione vi è la netta presa di posizione del procuratore capo di Massa, Aldo Giubilaro, che lo scorso mese di maggio ha illustrato l’entità di un’operazione effettuata presso diverse società attive nella lavorazione del marmo dalla quale è emerso uno spaccato di irregolarità ambientali diffuse: «Salvo rari casi, sicuramente encomiabili, sembra essere una regola per le aziende del lapideo al piano, quella di non rispettare le normative sull’impatto ambientale con conseguenze decisamente deleterie per chi vive in questa zona (…). Non si tratta solo di un problema ambientale, ma riguarda anche e soprattutto la salute dei cittadini che vivono in questa provincia, purtroppo maglia nera per il numero di tumori in tutta la Toscana» ha affermato questo magistrato noto per aver più volte criticato l’omertà del settore.
      Il carbonato svizzero

      Lasciata la cava, con la nostra Panda 4X4 ridiscendiamo a valle. Ai lati della strada diversi ravaneti, le vallate dove una volta si riversavano i detriti derivati dalla scavazione.

      Sotto numerosi camion sono in fila per scaricare le loro benne cariche di sassi. Il rumore degli scarichi e della frantumazione è incessante. Siamo di fronte a quello che è chiamato «il mulino»: i sassi qui vengono frantumati in scaglie.

      Una volta effettuata l’operazione, i camion imboccano la Strada dei marmi – sei chilometri di gallerie costati 138 milioni di franchi pubblici e destinati solo al trasporto del marmo – che sbuca verso il mare, a pochi passi da un grosso stabilimento industriale. È la fabbrica della Omya Spa dove le scaglie di marmo vengono lavorate fino a renderle carbonato di calcio, un prodotto sempre più richiesto.

      Questa farina di marmo la si trova dappertutto, nei dentifrici, nella carta e in altre decine di prodotti. La Omya Spa è una filiale della Omya Schweiz, che ha sede nel Canton Argovia. Pur essendo un’impresa familiare, poco nota al grande pubblico e non quotata in borsa, stiamo parlando di una vera e propria multinazionale: con 180 stabilimenti in 55 paesi Omya è il leader mondiale del carbonato di calcio. In Toscana ha campo libero. Nel 2014 il gruppo elvetico ha acquistato lo stabilimento del principale concorrente, la francese Imerys. Non solo: Omya ha preso importanti partecipazioni in quattro aziende attive nell’estrazione che la riforniscono di materia prima.

      Le polveri del boom

      A Carrara e dintorni si respirano le polveri di questo boom. Si stima che i blocchi di marmo rappresentino soltanto il 25% del materiale estratto: il restante 75% sono detriti. Una volta le scaglie erano considerate un rifiuto fastidioso, che impediva l’avanzata degli scavi e che veniva liberato nei ravaneti.

      Poi, nel 1987, arrivò Raul Gardini che con la sua Calcestruzzi Spa entrò nel business delle cave e ottenne un maxi contratto per la desolforazione delle centrali a carbone della Enel: un’attività in cui il carbonato di calcio era essenziale. L’industriale Raul Gardini morì suicida sulla scia di Tangentopoli, ma a Carrara rimase e si sviluppò questa nuova attività.

      Il business del carbonato di calcio ha dato un’accelerata all’attività estrattiva e ha permesso di tenere aperte cave che altrimenti sarebbero già state chiuse. Lo abbiamo visto alle pendici del Monte Sagro, all’interno del Parco delle Apuane, marchio Unesco: questa montagna, come ci ha mostrato Eros Tetti, dell’associazione Salviamo le Apuane, continua ad essere scarnificata per alimentare proprio il commercio del carbonato.

      La corsa alla polvere di marmo tocca anche il versante lucano. A Seravezza, un paesino a mezz’ora di auto da Carrara, abbiamo incontrato un gruppo di cittadini che si batte contro l’aumento incontrollato dell’attività di scavo: «Il comitato – ci spiegano i promotori – nasce proprio in risposta alla riapertura di tre cave di marmo sul Monte Costa. Siamo preoccupati per il nostro territorio e ci siamo interrogati sugli effetti che questi siti estrattivi avranno sulla nostra cittadinanza».
      Le parti nobili partono all’estero

      Se gran parte della roccia viene sbriciolata, la parte nobile – i blocchi di marmo – partono per il mondo. Così, interi e grezzi. Verranno poi lavorati direttamente all’estero, dove la manodopera costa meno.

      Se prima la regione di Massa e Carrara era un centro mondiale dell’arte e dell’artigianato legato al marmo, oggi la filiera legata all’estrazione è praticamente scomparsa. Ce lo racconta Boutros Romhein, un rinomato scultore siriano, da 35 anni a Carrara dove, oltre a realizzare enormi sculture, insegna agli studenti di tutto il mondo i segreti di questa nobile roccia: «Non ci sono ormai più artigiani sulla via Carriona, che parte dalle cave e va fino al mare. Una volta era un tutt’uno di piccole e grandi aziende che producevano sculture o materiale per l’architettura. Oggi possiamo dire che non c’è più nessuno».

      Una percezione confermata dai dati. Nel 2017 l’esportazione dei blocchi di marmo italiano è aumentata del 37%. È stata, in particolare, la provincia di Massa Carrara a realizzare il fatturato estero più alto con un export del valore di circa 212 milioni di euro. In calo, invece, i lavorati di marmo: per la provincia, nel 2017, la diminuzione è stata del 6,6%. I blocchi partono interi per gli Stati Uniti, la Cina, l’India e per i Paesi arabi.
      Il marmo dei Bin Laden

      Significativo di questa dinamica mondiale è lo sbarco a Carrara della famiglia saudita dei Bin Laden. Già grandi acquirenti di marmo per le loro attività edili, i Bin Laden sono ora entrati direttamente nell’attività estrattiva.

      Nel 2014 la famiglia saudita ha investito 45 milioni di euro per assicurarsi il controllo della società Erton che detiene il 50% della Marmi Carrara, il gruppo più importante del comprensorio del marmo, che attraverso la Società Apuana Marmi (Sam) controlla un terzo delle concessioni. Quattro famiglie carraresi si sono così riempite le tasche e messo parte delle cave nelle mani della CpC Holding, società controllata dalla Saudi Binladin Group.
      Un bacino minerario vero e proprio

      A Carrara siamo davanti non più a un’economia di cava, ma ad un bacino minerario vero e proprio. Così come nelle Ande e in Africa, nelle zone cioè dove l’estrazione di minerali è più selvaggia, il lato oscuro di questo business – mischiato alla pesante eredità lasciata dall’industria chimica e al fatto di non aver saputo sviluppare alternative economiche al marmo – hanno generato tutta una serie di effetti negativi: inquinamento, malattie, disoccupazione e disagio sociale.

      Nella graduatoria sulla qualità di vita 2017 curata dal dipartimento di statistiche dell’Università La Sapienza di Roma, la provincia di Massa-Carrara figura al 98esimo posto su 110. Se guardiamo i dettagli di questa classifica, la provincia è addirittura penultima per il fattore ambiente, 107esima per disagio sociale, 103esima per il superamento quotidiano della media di polveri sottili disperse nell’aria e 95esima per gli infortuni sul lavoro.

      Anche se non è possibile fare un legame diretto con il marmo, in questa terra vi è inoltre un’incidenza di malattie oncologiche fra le più elevate in Italia. In particolare vi un indice molto elevato nei mesoteliomi pleurici, la cui causa è quasi certamente dovuta alle tipologie di lavorazioni svolte in passato e all’eredità di prodotti tossici tuttora da smaltire. Per quanto riguarda il lavoro: nel 2017, Massa Carrara è stata la seconda provincia d’Italia con l’incremento più grande di disoccupazione (+36,7%). Il business del marmo e del suo derivato, il carbonato di calcio, sembra anch’esso continuare a crescere.


      https://www.tvsvizzera.it/tvs/cultura-e-dintorni/economia-mineraria_a-carrara--sulle-tracce-del-marmo-della-discordia/44377160
      #décès #risque #accident #morts #travail #Farmoplant #Montedison #Rogor #mécanisation #inondations #environnement #cancer #santé #Strad_dei_marmi #suisse #dentifrice #Argovie #Imerys #Calcestruzzi_Spa #Raul_Gardini #Monte_Sagro #Parco_delle_Apuane #résistance #Salviamo_le_Apuane #Seravezza #Monte_Costa #Bin_Laden #Arabie_Saoudite #Erton #Società_Apuana_Marmi (#Sam) #CpC_Holding #Saudi_Binladin_Group #chômage #pollution

    • “La terra bianca. Marmo, chimica e altri disastri” di #Giulio_Milani

      Mi balena in mente un quadro, come un’epifania, intercettato anni fa nel vivaio del d’Orsay, perché quelle opere respirano e non venitemi a dire che non assorbono luce e non emettono ossigeno. Sono creature folte e sempre assetate. Le spigolatrici di Jean-François Millet incastra tre donne su un lenzuolo di terra. Sono chinate, sono ingobbite, sono stanche e senza volto. La fatica rivendica il possesso feudale di quelle facce. Ma malgrado le loro schiene lontane da ogni verticale, malgrado tutte le ore inarcate e incallite, quelle lavoratrici sanno che il suolo non sputa. Che dal ventre di semi e raccolte dipende la loro vita. E anche quella che non conoscono. Non esiste(va) legame più forte. Perché il tempo presente fa pensare all’imperfetto.

      Il libro di Giulio Milani La terra bianca (Laterza, 2015) è l’ennesimo emblema della frattura, l’ulteriore dolente puntata di una serie d’inchieste sullo stupro più o meno inconsapevole subito dal nostro Paese.

      Siamo avvezzi ai fuochi campani, allo sfregio dell’agro aversano, all’idea che i rifiuti si sommergano, oppure che s-fumino altissimi a ingozzare le nuvole. Tutto già digerito. Il potere dei media gonfia il clamore e poi lo normalizza. Ci anestetizza. Ma la tragedia ambientale cambia dialetto. E in questo caso parla toscano. Nell’enclave assoluta del marmo.

      «Un’onda pietrificata, una sterminata scogliera di fossili» nella zona di confine tra la bassa Liguria e l’Emilia, che comprende la doppia provincia di Massa Carrara, le Alpi Apuane e una costola di Mar Tirreno.

      Giulio Milani, scrittore e direttore responsabile della casa editrice Transeuropa, ha sempre abitato qui, il bacino delle cave, un poligono colonizzato dalle industrie fin dagli anni Cinquanta. «Ex Farmoplant-Montedison. Ex Rumianca-Enichem. Ex Bario-Solvay. Ex Italiana Coke».

      Una sequela di sposalizi chimici e divorzi malconci che hanno divelto, macellato, svuotato un territorio rendendolo una tra le aree più inquinate d’Italia «anche per le polveri sottili prodotte dal traffico incessante dei mezzi pesanti, tra i quali i sempre più numerosi e caratteristici camion coi pianali per il trasporto di blocchi di marmo grandi alle volte come interi container e, in misura molto maggiore, i ribaltabili carichi fino al colmo di scaglie detritiche per i mille usi non ornamentali della pietra». «Fumi di latte», un impasto pestifero sbriciolato nell’aria, che la gente del luogo ingurgita ogni giorno, pensando non sia immaginabile un ipotetico altrimenti. Perché le cave sono lavoro e senza lavoro si muore. Ma a quanto pare anche a causa del lavoro.

      L’inchiesta di Milani parte da un episodio miliare: Il 17 luglio del 1988 il serbatoio di un pesticida (il Rogor), occultato malamente tra i Formulati liquidi per eludere la legge, scoppia come un attentato nello stabilimento Farmoplant- Montedison, partorendo una nube tossica diluita per 2000 kmq, soprattutto su Marina di Massa e Marina di Carrara. Nessun morto e chissà quante vittime. Perché il disastro più maligno è quello che s’incassa tardi, che s’incista nelle crepe, acquattato nelle vie respiratorie, nell’alcova dei polmoni, tra reni e vescica.

      Dopo proteste di ogni tipo la fabbrica fu chiusa, ma non la scia di condanne pronta a chiedere asilo dentro troppi cittadini. Il motivo? Le pratiche più diffuse da molte di quelle aziende riguardavano lo smaltimento “sportivo” dei rifiuti. Ovviamente tossico-nocivi, tramite la termodistruzione per opera dell’inceneritore Lurgi nel caso della Farmoplant, attraverso interramenti silenziosi e consenzienti in tutti gli altri. Abbuffare le zolle di veleni e poi coprirle di ulivi e ammalarsi d’olio e non capirlo mai per tempo.

      Ma il libro di Milani procede oltre, traccia una geometria spazio-temporale molto complessa, diagonali d’analisi che scavalcano il singolo episodio e pennellano il profilo di una provincia abusata attraverso la Storia, in prima istanza dalla fatica delle cave, dove i dispositivi di protezione sono stati per decenni fantasmi senza guanti. Operai falciati come insetti per un cumulo distratto, schiacciati da un peso sfuggito al controllo. Poi il vespaio furioso dell’industria estrattiva e dei suoi sversamenti. E la smania noncurante di usare la terra come un tappeto. Come un sepolcro ben ammobiliato.

      Milani ci racconta per salti, di uomini capaci di opporsi al male, dello stormo partigiano della Resistenza Apuana, negli echi di guerra nelle steppe di Russia (suo argomento di laurea). «Si erano battuti per tre giorni di seguito. Per tre giorni e due notti si erano sacrificati, a turno, ai piedi di una quota da riconquistare». Poi di altri uomini anni in anni più vicini, intenti a riagguantare la pulizia dei fatti, a denunciare gli illeciti, a spingere forze, a non tacere. Come Marcello Palagi, principale esponente del movimento per la chiusura della Farmoplant; come Alberto Grossi, regista del documentario Aut Out.«Se si altera la morfologia di un luogo non ne vengono modificati solo i caratteri distintivi, ma anche quelli invisibili, come l’alimentazione degli acquiferi e il clima. Sono a rischio le sorgenti, si perdono i fiori, e forse anche la poesia». E lo scempio continua.

      Chi pagherà per ogni verso bruciato, per lo sguardo rappreso in un cucchiaio d’orrore? Per la strage travestita da capitolo ordinario, senza nessun dittatore da offendere? Per le diagnosi neoplastiche di cui smettiamo di stupirci? Sempre noi, che se restiamo fermi avremo solo terre sane dipinte in un museo.

      http://www.flaneri.com/2016/05/25/la-terra-bianca-giulio-milani

      #livre

    • La malédiction du marbre de Carrare

      Le fameux marbre de Carrare n’est pas seulement symbole de luxe. Le site est surtout devenu un des hauts lieux de l’extraction du carbonate de calcium, utilisé notamment dans la fabrication des dentifrices. Une exploitation industrielle qui défigure le paysage et s’accompagne de morts sur les chantiers, de pollution et d’accaparement des ressources par une élite locale et par des acteurs internationaux, dont la famille Ben Laden et la multinationale suisse Omya.


      https://www.swissinfo.ch/fre/economie/pollution--maladies-et-gros-profits_la-mal%C3%A9diction-du-marbre-de-carrare/44416350

    • Gli affari sul marmo delle #Apuane e i riflessi su salute e ambiente

      A Massa e Carrara la “#marmettola” prodotta dalla lavorazione della roccia nelle cave impatta sulle falde. Diverse realtà locali denunciano la gestione problematica delle aziende e le ricadute ambientali del settore. Ecco perché

      Sopra la vallata del fiume Frigido, nel Comune di Massa, c’è una cava inattiva da circa tre anni. Ci avviciniamo in un giorno di sole, risalendo il sentiero che si inerpica nel canale tra cumuli di massi bianchi. Dal tunnel scavato nel marmo si sente l’acqua che scroscia. “Le #Alpi_Apuane sono come un serbatoio, è il famoso carsismo: l’acqua penetra in abbondanza nella roccia, in direzioni che non conosciamo perché non seguono quelle dello spartiacque di superficie, e poi scende formando le sorgenti. Quella che senti, però, alla sorgente del Frigido non arriverà mai”, spiega Nicola Cavazzuti del Club alpino italiano (Cai), che da anni denuncia gli impatti ambientali delle circa ottanta cave attive a Carrara alle quali si aggiungono le quindici di Massa. Tra quest’ultime, molte rientrano all’interno del Parco regionale delle Alpi Apuane.

      L’ultima denuncia risale all’inizio di giugno quando il Cai e altre realtà come il Gruppo d’Intervento Giuridico (GrIG) e Italia Nostra hanno presentato un’istanza di accesso civico a una serie di soggetti istituzionali, tra i quali la Regione Toscana, il ministero dell’Ambiente e i carabinieri forestali, per ottenere informazioni sulle azioni intraprese a tutela dell’ambiente, inviando anche un esposto alla procura di Massa. Al centro della denuncia c’è il fenomeno della “marmettola”, la polvere prodotta dall’estrazione e dalla lavorazione del marmo. Per le associazioni, produce un inquinamento “gravissimo, conclamato e ormai cronico delle acque destinate all’uso potabile”.

      Il problema è noto da decenni e anche se oggi viene gestita come un rifiuto e sono aumentate le prescrizioni per evitare che si diffonda nell’ambiente, le realtà del territorio denunciano che spesso è ancora abbandonata sui piazzali delle cave. Così quando piove viene trascinata nei fiumi cementificandone il letto e riducendo l’habitat di microflora e piccoli organismi. “Le situazioni più critiche sono state osservate nel fiume Frigido e nel torrente Carrione”, si legge nelle conclusioni del “#Progetto_Cave” dell’#Agenzia_regionale_per_la_protezione_ambientale_della_Toscana (#Arpat), monitoraggio durato dal 2017 al 2019. In quegli anni l’Arpat ha effettuato una serie di controlli nelle cave di Massa, Carrara e Lucca, anche in merito alla gestione della marmettola, che “hanno evidenziato una diffusa illegalità e dato luogo a un consistente numero di sanzioni amministrative e di notizie di reato all’autorità giudiziaria”. Nel 2018, scrive Arpat, 18 cave su 60 hanno avuto un “controllo regolare”.

      La marmettola finisce anche nelle falde. Secondo un articolo scientifico del 2019, redatto da docenti e ricercatori dell’università di Firenze, dell’Aquila e del Cnr, si è “accumulata negli acquiferi” con effetti “non ancora noti nel dettaglio” ma che potrebbero modificare “l’idrodinamica delle reti carsiche riducendone la capacità di accumulo”.

      A Forno, frazione di Massa dove nasce il Frigido, il problema è esploso il 19 novembre 2022. “La sorgente è diventata bianca e per dieci giorni l’erogazione dell’acqua è stata sospesa -racconta Cavazzuti-. È un problema costante, tanto che negli anni Novanta è stato costruito questo impianto di depurazione”, dice indicando le sue grandi vasche. Pochi metri più a monte, tra i massi di un fosso in secca, si è accumulato uno strato di marmettola. Le immagini di fiumi e torrenti di colore bianco sono una costante sui giornali locali. Quelle del Carrione che attraversa Carrara, scattate il 13 aprile 2023, sono arrivate anche sulla scrivania del ministero dell’Ambiente che ha chiesto all’Istituto superiore per la protezione e la ricerca ambientale (Ispra) di valutare se si tratti di danno ambientale.

      A Forno, frazione di Massa dove nasce il Frigido, il problema è esploso il 19 novembre 2022. “La sorgente è diventata bianca e per dieci giorni l’erogazione dell’acqua è stata sospesa -racconta Cavazzuti-. È un problema costante, tanto che negli anni Novanta è stato costruito questo impianto di depurazione”, dice indicando le sue grandi vasche. Pochi metri più a monte, tra i massi di un fosso in secca, si è accumulato uno strato di marmettola. Le immagini di fiumi e torrenti di colore bianco sono una costante sui giornali locali. Quelle del Carrione che attraversa Carrara, scattate il 13 aprile 2023, sono arrivate anche sulla scrivania del ministero dell’Ambiente che ha chiesto all’Istituto superiore per la protezione e la ricerca ambientale (Ispra) di valutare se si tratti di danno ambientale.

      Il problema della marmettola si è aggravato con l’introduzione di strumenti più efficienti, come il filo diamantato, che ha reso possibile la lavorazione dei blocchi anche a monte. Le nuove tecnologie hanno anche generato un’impennata della quantità di materiale estratto, che oggi ammonta a quattro milioni di tonnellate all’anno. “Le montagne spariscono davanti ai nostri occhi”, commenta Grossi. Nonostante Carrara sia famosa per il suo marmo, secondo dati forniti dal Comune alla sezione locale di Legambiente, nel 2022 solo il 18,6% del materiale è stato estratto in blocchi (utilizzato quindi per uso ornamentale). “Il danno alla montagna viene inferto per ricavare detriti di carbonato di calcio che dagli anni Novanta è diventato un affare perché impiegato per vari usi industriali, dall’alimentazione alle vernici -denuncia Paola Antonioli, presidente di Legambiente Carrara che da 15 anni raccoglie i dati comunali-. Purtroppo non possiamo collegare i dati alle rispettive cave, perché l’amministrazione li ha secretati fornendoli solo in modo anonimo. Ma è importante saperli: alcune aziende estraggono il 90% di detriti e vorremmo che venissero chiuse”. Il Piano regionale cave del 2020 ha affrontato il nodo fissando il quantitativo minimo di blocchi, introducendo però delle deroghe. Per Antonioli “la norma è stata stravolta e le cave che non rispettano i parametri non sono mai state chiuse”.

      Per gli imprenditori del marmo il territorio non può fare a meno di un settore che, secondo un report di Confindustria con dati del 2017, vale il 15% del Pil provinciale per un fatturato totale di quasi un miliardo, di cui 560 milioni di export e rappresenta il 7% degli occupati. Per gli ambientalisti però il marmo grezzo che parte per l’estero, in particolare per la Cina, è sempre di più e i lavoratori sono sempre meno. Dal 1994 al 2020, secondo Fondo Marmo, ente che riunisce industriali e sindacati, il numero di dipendenti è sceso del 36%. Il calo più marcato riguarda i lavoratori impiegati “al piano”: meno 50,9%. Laboratori e segherie, invece, sono crollati del 55%.

      Gli incidenti sul lavoro però non si fermano. Nonostante l’Inail abbia certificato un calo del rischio infortunistico, la provincia di Massa Carrara vanta il primato per gli incidenti mortali nel settore tra il 2015 e il 2019, sette in totale. Anche il 2023 ha già avuto la sua vittima nel bacino apuano, anche se in provincia di Lucca: il 13 maggio Ugo Antonio Orsi, 55 anni, è rimasto schiacciato da un masso che si è staccato dal costone in una cava a Minucciano, in Garfagnana. “Questa è una storia di sfruttamento di beni comuni che arricchiscono le tasche di pochi privati. Ammesso che si possa compensare un simile danno, quasi nulla viene risarcito alla comunità -commenta Paolo Pileri, docente di Pianificazione urbanistica al Politecnico di Milano-. Comparando i canoni di concessione e il contributo di estrazione incassato ogni anno dal comune di Carrara con la quantità di blocchi prodotti, ho calcolato che per ogni tonnellata di marmo rimangono al territorio circa 25 euro a fronte di un prezzo di vendita che va da 800 a 8mila euro. Preciso che si tratta di dati parziali, ottenuti grazie al lavoro di attivisti locali, che non sono resi accessibili così che tutti possano conoscere la situazione. Un pezzo di Paese viene così distrutto per alimentare un modello di sviluppo tossico”.

      https://altreconomia.it/gli-affari-sul-marmo-delle-apuane-e-i-riflessi-su-salute-e-ambiente

  • Au coeur de l’Amérique du charbon

    Fidèle à sa promesse de relancer l’#industrie_du_charbon aux États-Unis, Donald Trump a assoupli la réglementation et permis d’en augmenter la production. Un espoir pour les mines et l’économie de la #Virginie-Occidentale.

    Dans ce petit État traversé par les #Appalaches, qui se pare à l’automne de couleurs chatoyantes, résonne encore le sifflement des locomotives chargées de charbon. Depuis l’élection de Donald #Trump, l’espoir renaît en Virginie-Occidentale, une région économiquement sinistrée. Selon les statistiques de l’administration minière fédérale, 1 345 emplois y ont été créés dans la filière « charbon » au cours de l’année 2017.
    Pour ce #documentaire, la réalisatrice Carmen Butta a suivi une famille de mineurs et le travail de ces derniers jusque dans les entrailles de la terre. Elle a également assisté à une messe pentecôtiste et rencontré le shérif Martin West, qui a décidé d’attaquer en justice les trois plus puissants groupes pharmaceutiques américains pour les ravages causés par la surconsommation d’opioïdes.


    https://www.arte.tv/fr/videos/075788-000-A/au-coeur-de-l-amerique-du-charbon
    #charbon #montagne #industrie_minière #USA #Etats-Unis #pollution #extractivisme #cancer #santé #silicose #mines #film #religion #drogue #destruction #pauvreté #chasse #chômage #évasion_fiscale #Welch #désindustrialisation #mécanisation #oxycodone #big-pharma #big_pharma #industrie_pharmaceutique #misère #toxicomanie #opioïdes #overdose

    #espérance_de_vie des hommes = 64 ans, soit la plus basse des Etats-Unis

    • C’est de la video @aude_v et après en avoir écouté plus je suis moins enthousiaste. Roland Gori est ce que j’appel un #phallosophe cad un patriarche qui pontifie au masculin neutre comme si les femmes n’existaient simplement pas et qui de toute façon n’a pas perdu son temps ni à les lire, ni à les cités dans ses conférences.

    • J’ai abandonné au bout de 18 minutes ^^ (j’ai essayé)
      Les tics de langage et le coté trop « universitaire » m’ont calmé.

      J’avais trouvé le thème et l’intro intéressant.
      C’est probablement la dernière fois que je poste un truc pas écouté/lu, désolé.

    • Oui ses tics de langage sont assez fatiguant mais bon ca c’est pas ce qui m’a dérangé le plus. Ce qui est remarquable aussi dans la conférence sur l’imposture c’est le spectacle d’un Roland Gori qui exerce ses privilège de dominant sans aucun complexe et avec une aisance assez typique d’un vieux mâle blanc habitué à n’en faire qu’a sa tête depuis toujours sans que personne ne lui dise rien.
      Son exposé déborde du temps établie par les organisateurices (vraiment beaucoup en plus), et au lieu de demander poliment « est-ce que je peu avoir plus de temps svp ? » ou « est-ce que je peu empiété sur le temps du débat svp ? », il continue son discours peinard sans s’inquiète des consignes et dit toutes les 20 minutes qu’il va déborder encore de 10 minutes et cela de manière péremptoire et répété pendant largement plus de 40 minutes. Il ne demande pas, il prend ce dont il à envie sans se soucié de rien.

      Autre truc qui me fait toujours soupirer avec les phallopsophes et les dominants c’est leur capacité à se déclaré digne de gouverner et s’autoproclamés sages, profonds, vrais... Au début de la conf il cite Camus qui dit que les seuls hommes intègres, libres ou vrai sont les artistes (Camus est un artiste comme par hasard) et Gori dit que c’est valable pour les artisans parce qu’il y a art dans artisans et on apprend que Gori se considère comme artisan (le hasard encore lol). Ce qui le mettrait à l’abri de la vacuité du monde et ferai de lui un être authentique, pas comme les experts et prolétaires qu’il dénonce comme étant dans le mécanisme (tout en étant lui même dans une posture d’expert pendant toute la conf et tout en disposant du temps des autres alors qu’il dit que le temps est la grande valeur du XXI). C’est le même vice qui rend Platon complètement ridicule avec son philosophe roi. Un philosophe qui dit que les philosophes sont les seuls dignes d’avoir le pouvoir, un artiste qui dit que seul les artistes sont dignes, qui peu prendre ces mecs au sérieux après des affirmations pareilles ?
      En tant qu’artiste je ne pense pas que les artistes soient à l’abri de la vacuité du tout (Platon le pensait pas non plus d’ailleurs mais il était pas artiste cqfd). Les artistes sont le reflet de leur époque, ce sont pas des surhommes et si on suis la logique de Gori, les artistes du XXI sont tous obligatoirement des imposteurs (je dit pas imposteuses ni surfemmes vu qu’il y a pas de femmes dans le monde de Gori ni dans celui de Platon et des phallosophes) car la thèse de Gori est que l’imposture serait la caractéristique de notre époque. Un artiste qui ne serait pas vide, faux, menteur, tricheur, escroc ne sera pas reconnu comme artiste par ses contemporain·ne·s.

      Par contre @0gust1 je trouve pas que c’est un problème de poster des choses pas lus ou pas écoutés sur seenthis. Je le fait souvent, ca me sert de mémo pour mes liens. L’intitulé de la conf donnait envie, il fallait écouter pour découvrir que c’etait surtout de la psy pour dominants et de la phallosophie. Et pour avoir écouté en entier il y a quand même des idées intéressantes.

  • BOUQUINS#6 [La #révolte des #tracteurs-Yann Brékilien]
    https://coutoentrelesdents.noblogs.org/bouquins9-la-revolte-des-tracteurs-yann-brekilien

    Pour ce deuxième jour de l’année, le #bouquin La révolte des tracteurs écrit en #1967 par #yann_brékilien (un indépendantiste breton qui a fait partie de la résistance, en 39-45 au sein des FTP), nous rappelle à quel point les … Continue reading →

    #ANTICAPITALISME #MANIFESTATIONS #bretagne #campagnes #crs #exode_rural #livre #mai_68 #mécanisation #morlaix #paysans #quimper

  • FRANCE : Le réseau croissant des agriculteurs bio
    A la recherche des #semences perdues - RFI
    http://webdoc.rfi.fr/semences-biodiversite-france-senegal-ethiopie-iran-indonesie/france/?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=twitter&ns_mchannel=social&ns_link

    a France possède une filière agricole très industrialisée, l’exploitation se fait sur des grandes surfaces avec une très haute productivité.

    La Révolution agricole française a eu lieu au début des années 1950, l’urgence était de nourrir les Français au sortir de la guerre. L’arrivée de la #mécanisation et de la recherche variétale a permis d’augmenter les rendements. Mais cette course à la productivité a plongé de nombreux agriculteurs dans une spirale infernale : ils doivent produire toujours plus, causant ainsi l’effondrement des cours mondiaux. Les cours très bas et les marges des intermédiaires asphyxient financièrement les agriculteurs qui ont du mal à survivre.

    Pour sortir de ce cercle vicieux, certains agriculteurs se sont tournés vers l’#agriculture_biologique : une #agriculture qui redécouvre les variétés locales, des plus petites surfaces et une plus grande #diversité de produits de haute qualité.

    #révolution_verte

  • Technologie et progrès - Jean-Baptiste Fressoz et Celia Izoard (janvier 2014)
    https://vimeo.com/85419235


    https://vimeo.com/85419291

    Invité⋅e⋅s pas la fondation Copernic à parler du lien entre la technologie et le progrès, le progressisme, la gauche.

    #critique_techno #Histoire #politique #technologie #mécanisation #pouvoir #dépossession #progrès #progressisme #gauche #libéralisme #capitalisme #Celia_Izoard #Jean-Baptiste_Fressoz

  • Un très long article de François Jarrige sur la mécanisation de l’imprimerie et ses relations avec le genre !
    chez @tranbert

    Le mauvais genre de la machine
    https://sniadecki.wordpress.com/2016/03/10/jarrige-genre

    Au XIXe siècle, « l’ancien régime typographique » laisse la place à l’ère des productions imprimées industrielles. Si l’impression se transforme rapidement dès la première moitié du XIXe siècle, le travail d’assemblage des caractères en plomb réalisé par le compositeur change peu avant l’introduction des linotypes au tournant du XXe siècle. Cette stabilité du système technique, généralement expliquée par l’imperfection des méthodes de composition mécanique, s’enracine en réalité dans la complexité des rapports sociaux et des enjeux culturels soulevés par les nouveaux procédés. En France en effet, comme en Angleterre, les premières machines à composer mises au point au cours des années 1840 sont précocement associées au travail des femmes. Les fabricants jouent de cette identification pour promouvoir des machines permettant d’utiliser une main-d’œuvre bon marché. De leur côté, les ouvriers du livre instrumentalisent la dimension sexuée des artefacts techniques pour préserver l’espace de travail. Ni transformation inexorable, ni impossibilité technique, le changement des méthodes de composition émerge finalement au terme d’un processus lent d’acclimatation et de négociation entre les différents acteurs du monde de l’imprimerie.

    #François_Jarrige #mécanisation #genre #Histoire #imprimerie #XIXème

  • Conférence au Musée de l’Homme
    http://www.museedelhomme.fr/sites/museedelhomme.fr/files/styles/bandeau/public/thumbnails/image/page-24-la-fuite-devant-le-mammouthpaul-joseph-jamin-huile-sur-toile-1

    Aujourd’hui j’ai été voire une des conférence du cycle « L’animal dans tous ses états » dont j’avais parlé ici http://seenthis.net/messages/445366 (j’étais pas de bonne humeur ce jour là !)

    C’était très interessant, sur les animaux de boucherie.
    En étudiant le programme d’un peu plus près j’ai vu que le Jeudi 28 janvier 2015 de 14 h à 17 h il y a entre autre une intervention de #Jocelyne_Porcher ainsi que des intervenants sur la question du #spécisme et de l’ #antispécisme. Je met le programme complet des deux prochaines conférences.

    Jeudi 21 janvier 2015 de 14 h à 17 h

    Statut(s) de l’animal de compagnie, au service de l’Homme et sacré
    Modérateur : Christophe Guitton (Vétérinaire, spécialiste du droit de l’animal)

    Statut(s) du chat à travers l’histoire par Jean-Denis Vigne (Archéozoologue, Directeur de recherche au CNRS – UMR 7209 Archéozoologie Archéobotanique)
    Peut-on manger le bœuf avec lequel on a labouré ses champs ? Usages et mésusages des animaux domestiques en Grèce et à Rome par Christophe Chandezon (Professeur d’Histoire ancienne, Université de Montpellier Paul-Valéry)
    L’homme et le taureau dans la tauromachie par Francis Wolff (Philosophe, Professeur émérite à l’ENS de Paris)
    Au cœur du sacré, l’animal sacrificiel par Anne-Marie Brisebarre (Ethnologue, Directrice de recherche émérite au CNRS, Collège de France)

    Jeudi 28 janvier 2015 de 14 h à 17 h

    Débats autour des droits des animaux
    Modérateur : Denis Vialou (Préhistorien, Professeur émérite au Muséum national d’Histoire naturelle, Département de Préhistoire)

    Nos cousins les grands singes par Shelly Masi (Primatologue, Muséum national d’Histoire naturelle, Département Hommes, Natures, Sociétés)
    Droits de l’animal et antispécisme par Enrique Utria (Philosophe, Université de Rouen, traducteur de Les Droits des animaux de Tom Regan, éd. Hermann, 2013)
    Point de vue d’un zootechnicien par Bernard Denis (Vétérinaire, Président de la Société d’Ethnozootechnie)
    Théorie du don et travail animal par Jocelyne Porcher (Sociologue, Directrice de recherche à l’INRA-SAD)

    cc @aude_v @sandburg @odilon @martin5 @nicolasm

    J’ai raté la première conférence mais il devrait en principe y avoir un enregistrement disponible sur le site du musée. Je mettrais les liens a ce moment là.

    Le publique semblait principalement composé de collègues archéozoologues, médiévistes, ethnologues, archéologues, historien·ne·s. Il y a eu à la fin un petit débat, sur le #carnisme, #végétarisme, #végétalisme, les #vegans, l’ #industrialisation, la #mécanisation de l’ #agriculture, la #chasse, le #paysage et pas mal de choses souvent bien débattues ici. Les mots #zoophages et #sarcophages ont été prononcés et à la fin j’ai pu discuter un peu de #cannibalisme avec Marylène Patou-Mathis. Du coup je suis de bien meilleur humeur que lors de ma dernière visite au musée. Alors le musée de l’Homme me plait pas mais l’auditorium Jean Rouche il est sympas.

  • (1) L’agriculture durable, enjeu majeur pour la croissance de l’Afrique - Libération
    http://www.liberation.fr/evenements-libe/2015/10/11/l-agriculture-durable-enjeu-majeur-pour-la-croissance-de-l-afrique_140207

    Et c’est une ancienne de chez veolia qui le dit...

    D’ici 2050, la population africaine devrait doubler pour compter 2,2 milliards d’habitants. Un quart de la population de la planète – et autant de bouches à nourrir - vivront alors sur ce continent. Quelle place donner à l’agriculture dans ce contexte ?

    L’#agriculture devrait constituer un levier majeur de la croissance de demain en Afrique. Mais pour cela, le continent devra se tourner vers une agriculture maraichère et vivrière raisonnée, c’est-à-dire basée sur des pratiques #agro-écologiques utilisant les services rendus par les écosystèmes plutôt que de les remplacer par des engrais et pesticides. Une agriculture plus respectueuse des #sols, de la #biodiversité et de l’environnement, mais permettant de produire presqu’autant que l’intensif. Son intérêt est multiple. D’abord elle est écologiquement intéressante et en plus, elle nécessite, contrairement à l’agriculture intensive, une main d’œuvre importante. Elle est donc créatrice d’emplois. Elle créé ainsi du lien social et permet ainsi de maintenir une vie en dehors des villes, à l’heure où l’urbanisation apparaît galopante, et elle permet aux populations rurales d’acquérir une autonomie financière. C’est aussi un enjeu d’émancipation pour les femmes, celles-ci étant très souvent derrière ces petites structures agricoles. L’agriculture coche tellement de cases qu’il apparaît délirant de ne pas davantage l’évoquer lorsqu’on parle de l’Afrique de demain.
    Où se situe l’Afrique dans cette démarche ?

    Très loin ! Le modèle productiviste des années 1970-80 n’a pas fait des ravages que dans les pays occidentaux. En introduisant un modèle de production intensif basé sur la #mécanisation et la #monoculture, la coopération a fait beaucoup de dégâts, notamment au niveau des sols qui se sont retrouvés épuisés par cette agriculture agressive. Au Niger et au Mali, des milliers d’hectares ont ainsi été détruits. Mais aussi progressivement la petite agriculture, incapable de faire face à cette concurrence.

    #maraîchage #agriculture_vivrière

  • One Woman’s Attempt to Unionize #Amazon - Vanessa Veselka - Technology - The Atlantic
    http://www.theatlantic.com/technology/archive/2011/12/in-the-wake-of-protest-one-womans-attempt-to-unionize-amazon/249853

    Inspired by the WTO protests, a demonstrator took a job in an Amazon warehouse to try and unionize the workers there

    (excellent) #syndicalisme #mécanisation via @opironet

    Amazon wasn’t the kind of place where you just asked to work somewhere else, not in that union-phobic environment. I had to come up with a reason that was believable yet utterly harmless. So I told them I was into river rafting and wanted to build my upper body strength. It was exactly the kind of innocuous self-expression Amazon supported. I was moved immediately.

    Amazon’s success didn’t just come from predatory buying and selling practices. Nor did it come from of simple ingenuity. It was a combination of these elements and deals struck by one generation with itself regarding personal identity, worker’s rights, and the value of stock speculation. Was the right to have green hair and torn t-shirts worth it? Was our need to be understood more important than a living wage? Were these even the choices we faced?

    (...) The brilliance of their approach was that they let you belong. They wanted your ideas. They took them and made money off them and paid you $9.50 if you put in some years. But for a generation of latchkey kids, many of whom craved that tribal sense of belonging more than anything, it really was a family.