• Un collectif de plus de 120 médecins généralistes dénonce des pressions de l’assurance maladie pour réduire les #arrêts_de_travail
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/arrets-de-travail-des-medecins-denoncent-des-pressions-de-lassurance-mala

    En cette fin 2023, des milliers de médecins traitants sont « priés » par l’Assurance maladie de prescrire moins d’arrêts de travail, sur ordre de Bercy. « Priés », ou, plus exactement menacés de sanctions s’ils n’appliquent pas les procédures de mises sous objectif (MSO), et de mises sous accord préalable (MSAP).

    La MSO consiste à faire signer au médecin un contrat avec l’#Assurance_maladie, l’engageant à baisser ses prescriptions d’arrêt de travail d’un certain pourcentage. Si le médecin n’y parvient pas, il est sanctionné par une #amende de 6 800 euros en moyenne, renouvelable après chaque période d’observation… S’il refuse la MSO, le médecin se voit imposer la MSAP, qui l’oblige, pour chaque prescription d’arrêt, à solliciter l’accord préalable du médecin-conseil de l’Assurance maladie. Il est en quelque sorte mis sous tutelle : à la fois infantilisé vis-à-vis de ses patients, et culpabilisé puisqu’il sera rendu responsable par la Sécurité sociale du retard de paiement des indemnités journalières que cela entraîne.

    Ces procédures sont appliquées tous les ans depuis 2004 à de nombreux médecins désignés « forts prescripteurs ». Mais en 2023, le nombre de médecins déclarés en excès statistique et donc inquiétés par la Sécurité sociale a explosé, touchant plusieurs milliers d’entre eux, soit environ un quart des médecins traitants.

    Dans le viseur de la Sécu

    Chaque médecin traitant est statistiquement comparé à un groupe de médecins estimé comparable, alors que cette comparaison repose presque exclusivement sur des critères socio-économiques de sa commune d’exercice, et non pas sur les pathologies de ses patients. Or, une patientèle peut être très différente d’un médecin à l’autre, et donc générer d’importants écarts de prescription.

    Par exemple, un médecin installé dans un quartier « populaire » risque d’avoir beaucoup de patients pratiquant des travaux manuels et pénibles, présentant des pathologies musculo-squelettiques, par exemple des tendinites, nécessitant souvent des arrêts de #travail.

    D’autres médecins traitants qui pratiquent la psychothérapie prennent en charge de nombreux patients fragiles au niveau psychiatrique, dont l’état de santé nécessite parfois des prescriptions d’arrêts longs ou répétés. Ces médecins se trouvent de facto dans le viseur de la Sécurité sociale.

    En outre, cette comparaison se base sur des indicateurs parfois inexacts : arrêts de travail prescrits par d’autres médecins imputés au médecin traitant, failles quotidiennes dans les logiciels de l’Assurance maladie. Il est fréquent que des médecins se voient attribuer certains actes techniques qu’ils ne pratiquent jamais !

    L’Assurance maladie ne semble plus s’intéresser à la #santé des #patients. Lors de nos convocations à la Sécurité sociale, nous devons nous justifier sans donner d’éléments médicaux. Quelles que soient nos explications, l’entretien se termine presque toujours par une menace de sanctions… Seuls les chiffres comptent, aux dépens de la santé du patient. C’est le #délit_statistique. Nous n’exerçons plus sereinement notre métier : dans notre esprit se télescopent l’intérêt du patient et le nôtre. Soit nous choisissons de prioriser la santé du patient et prescrivons l’arrêt qui nous met en danger statistique, soit nous priorisons notre sécurité statistique et mettons de côté la santé du patient, en contradiction avec notre éthique.

    Des symptômes de souffrance au travail

    Nous appréhendons à présent les consultations qui pourraient mener à la prescription d’un arrêt, perdant parfois l’empathie nécessaire pour nos patients et développons nous-mêmes des symptômes traduisant notre souffrance au travail. Le « #management » que l’Assurance maladie exerce sur nous a de sérieuses analogies avec le management funeste qui fut celui de grandes entreprises… et avec celui que subissent nombre de nos patients en burn-out.

    Par ailleurs, tenir pour seuls responsables les médecins traitants de la hausse du montant des #indemnités_journalières est injuste et contre-productif.

    Cette hausse a bien été expliquée par de nombreux économistes : hausse du nombre d’actifs, de leurs salaires et donc du montant des indemnités journalières, vieillissement des actifs, hausse des maladies de longue durée, des maladies mentales, les suites de Covid, etc. Sans oublier l’impact déprimant et angoissant du monde, entre pandémie, guerres, perte du pouvoir d’achat et bien sûr la question climatique… De plus, le manque global de toutes les spécialités médicales, dont les médecins du travail et de médecins-conseils de la Sécurité sociale chargés de favoriser le retour au travail des patients, ne fait que retarder leur prise en charge et leur retour au travail.

    Par ailleurs, trop de médecins d’autres spécialités délèguent au #médecin_traitant la prescription de l’arrêt de travail qu’ils pourraient rédiger eux-mêmes.

    La France manque cruellement de médecins traitants, avec une baisse des effectifs de plus de 10% depuis 2010. C’est une spécialité très exigeante et l’une des moins rémunérées.

    Laissez-nous soigner !

    Les pressions croissantes de l’Assurance maladie ne font qu’aggraver ce déficit : les jeunes ne veulent plus s’installer, et de nombreux médecins déjà installés se déconventionnent ou se désinstallent, blessés et épuisés.

    Nous acceptons bien entendu les contrôles de l’Assurance maladie, car il s’agit d’argent public, mais uniquement sur des critères médicaux, dossier par dossier. Nous refusons le contrôle statistique, déshumanisé, déconnecté des pathologies de nos patients. Ce ne sont ni des individus standards que nous recevons, ni des chiffres, ce sont des êtres humains, tous différents.

    Laissez-nous exercer notre métier sereinement, qui nous fait accompagner le patient de la naissance jusqu’à la mort, nous place en première ligne, et parfois en dernier rempart quand tout s’effondre.

    Laissez-nous soigner en toute humanité !

    Ni complaisants, ni délinquants. Soignants, tout simplement.

    #soins #maltraitance #médecine #médecine_générale

  • T’es fatigué ? Prends donc un interne ! – LEXTERNE
    https://lexterne.wordpress.com/2021/05/17/tes-fatigue-prends-donc-un-interne

    Pour porter la lourde tâche de laisser votre cabinet à un interne deux jours par semaine, vous recevez une rémunération de 600 euros par mois. Lorsque l’interne est en stage au cabinet libéral, il est rémunéré par le CHU qui se fait ensuite rembourser par les ARS. Lorsque que l’interne de SASPAS remplace purement et simplement le médecin libéral (ce qui est généralement le cas), nous avons donc, en pratique, un médecin payé par la collectivité (l’interne) pour remplacer un médecin libéral deux jours par semaines, qui, lui, récupère l’argent de ses consultations sans les faire et même un petit bonus de 600 euros.

    • Après en avoir discuté avec un maître de stage universitaire voici quelques éléments contradictoires.

      Il s’agit d’un article très caricatural qui ne représente pas la majorité des maîtres de stage.

      La #Médecine_Générale ne s’apprend pas à l’hôpital mais au contact des patients dans les cabinets médicaux de ville ou de campagne sous la tutelle de maîtres de stage qui supervisent leurs internes.

      Le règlement interdit au #maître_de_stage de se faire remplacer par son interne. La situation décrite est caricaturale car dans la grande majorité des cas les maîtres de stage ont bien un rôle pédagogique et espèrent bien transmettre leur expérience aux #internes.
      Toutes les consultations faites par l’interne dans la journée sont débriefées et leurs actions éventuellement corrigées si nécessaires par le maître de stage.

      Il existe certainement des situations critiquables qui sont bien connues des associations d’internes qui en fin de stage émettent des notes favorables ou défavorables, ce qui permet aux nouveaux internes de bien choisir leurs stages et d’éviter les stages problématiques.

      On peut bien sûr rêver d’un système de santé public qui serait étayé par un réseau de dispensaires de Médecine générale pris en charge par l’état ou les ARS.

      De nombreux médecins seraient certainement volontaires pour travailler 35h/semaine en ayant leurs congés payés et leurs retraites financées au lieu d’être les médecins de premier recours les moins bien rémunérés à l’acte d’Europe, tout en travaillant 50 à 60 heures / semaine sans compter les gardes de nuit et de Week-end pour assurer la permanence des soins.

      Quant à la rémunération de 600 euros elle est normalement partagée par les trois ou quatre maîtres de stage qui reçoivent l’interne dans leur cabinet ou la maison de santé.
      #SASPAS

  • Comment lutter contre les « déserts médicaux » ? | CGET
    http://www.cget.gouv.fr/actualites/comment-lutter-contre-deserts-medicaux

    Cette nouvelle édition de « En Bref » analyse les facteurs d’attractivité pour l’installation des jeunes médecins généralistes dans le but de lutter contre leur inégale répartition sur les territoires.

    Alors que de nombreux travaux pointent l’aggravation des disparités en termes de géographie médicale, le Gouvernement a fait de la lutte contre les déserts médicaux une de ses priorités.

    C’est dans cette optique que le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) a analysé les principaux facteurs d’attractivité pour l’installation des jeunes médecins et identifié des leviers d’action pour la soutenir.

    À découvrir également, des exemples de bonnes pratiques ainsi qu’un focus sur les mesures issues du Comité interministériel aux ruralités du 13 mars 2015 pour enrayer la désertification médicale.

    http://www.cget.gouv.fr/sites/default/files/pdf/actualite/417/bref-04-cget-09-2015.pdf

    Au Mans plusieurs médecins (dont le mien) sont partis en retraite et ne sont pas remplacés.
    #désert_médical #santé #médecine_générale

  • #Santé : bientôt moins de généralistes que de spécialistes en France - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2014/06/05/bientot-moins-de-generalistes-que-de-specialistes-en-france_1034137

    La baisse des médecins généralistes s’est accentuée, atteignant -6,5% de 2007 à 2014, alors que leurs confrères spécialisés dans d’autres disciplines (hors chirurgie) ont connu une augmentation de +6,1% sur la même période (+6,7% pour la chirurgie). Une tendance bien partie pour perdurer, prévient le Cnom.

    Ainsi, si l’on compte actuellement 90 630 médecins généralistes pour 84 335 spécialistes (hors chirurgiens), le rapport devrait s’inverser d’ici 2020, avec 88 158 spécialistes pour 86 203 médecins généralistes, selon les prévisions du Conseil.

    #médecine_générale

    • Toujours la politique de l’offre : réduire les dépenses en méprisant les besoins... et en laissant crever plus vite les plus pauvres. Sauf que ça ne marche pas du tout en santé publique.

      Cela dit, il faut voir aussi ce qu’ils forment. Sans déconner, le nombre de vendeurs de bagnoles que je peux croiser... beaucoup de spécialistes qui, manifestement, sont là pour le statut, l’entrée au Rotary et se payer une femme décorative. Mais c’est une tendance qui monte doucement chez les généralistes.