• Onques ne vit si misérable engeance qui prohiba, interdit, défendit, cloua au pilori ! | Culture numérique
    https://www.culture-numerique.fr/?p=7653

    L’Assemblée nationale vient de voter, en deuxième lecture (62 voix pour, une seule contre !) , l’article additionnel au Code de l’éducation qui, de fait, interdit, sauf disposition dérogatoire au règlement intérieur, l’usage des téléphones mobiles et autres moyens de communication (tablettes, objets connectés…) dans les écoles et collèges de France. Rappelons que d’éventuelles dispositions dérogatoires au principe général d’interdiction sur les circonstances et lieux peuvent êtres votées par le Conseil d’administration, que le règlement intérieur dans sa globalité doit être validé par les proviseurs vie scolaire des directions académiques et que ces gens-là ont la réputation d’avoir l’œil sourcilleux…

    • Alors effectivement d’accord avec mes deux collègues précités, en revanche je ne peux m’empêcher de relever cette aimable contradiction : ne remarquez vous rien sur cette photo ?

      J’en avais vu une autre sur la palissade de l’assemble en travaux l’année dernière mais je ne parviens pas à remettre la main dessus et sur laquelle c’était encore plus flagrant, en fait ils et elles étaient toutes et tous sur Facebook et Twitter (et aucun ou aucune sur Seenthis, ce qui est uen bénédiction)

    • Tout cela est très ambivalent. Il est évident que ces outils sont utiles. Il est consternant de constater comme nous ne sommes pas dupes : leur utilisation réelle consiste essentiellement à faire des trucs qui détournent l’attention de l’instant présent.
      Mais je ne peux qu’être consterné par l’interdiction par la loi... quoique l’ouverture aux exceptions peut laisser présager qu’il sera possible aux équipes enseignantes d’intégrer ces outils dans un cadre plus à même d’éviter les usages délétères dont ils souhaitent se prémunir ?

    • Pour moi, #interdire est toujours la réponse des faibles et des incompétents. #Éduquer me semble bien plus efficace : ma fille a eu son premier ordinateur à 3 ans, mais on lui a appris à s’en servir et surtout à en comprendre les limites. Le portable est arrivé bien plus tard (après les camarades) et là aussi, avec toute une éducation sur les problèmes d’attention, de concentration, de dispersion, de distraction, incidences sur le sommeil et donc la mémorisation.
      Quand j’étais gosse, c’était la calculatrice toute simple qui était interdite. Ensuite, seulement celle qui faisait des graphiques… maintenant, ils en font des tonnes avec la calculatrice quasi-ordinateur avec verrouillage à la con.

      Plutôt que d’interdire les outils de notre temps, on ferait mieux d’éduquer non seulement à leur usage, mais aussi à travailler les aptitudes qui sont indispensables. Je crois voir que l’éducation à la concentration, aux techniques de mémorisation, aux processus cognitifs, c’est un peu au petit bonheur la chance. D’où l’appétence pour les prothèses.

      Je trouve ça con de se priver d’outils efficaces. Je trouve encore plus con qu’on n’apprenne pas à s’en servir avec efficience et à se prémunir des comportements addictifs. Comme toujours, on interdit un truc pour le rendre désirable et on en favorise ainsi les #mésusages.

    • Discussion ce WE avec une instit’ de maternelle. Ils vont installer les tableaux numériques cet été. En maternelle. La formation des instits aura lieu en novembre. D’ici là, les tableaux resteront éteints. Et ensuite... il faudra voir les cas d’usage. Personnellement, je ne vois pas. Mais chuis pas instit’. Il y a déjà tellement à faire sans écran à cet âge... Et... pour quoi faire ?
      Et puis il y a la formation des formateurs. Ils ont déjà tellement à enseigner, on leur demande en plus d’utiliser un outil mal conçu. J’ai eu ce souci dans tous les cours d’informatique depuis que je suis gamin : des profs à qui on demande d’être sachant sur une matière qui ne permet pas de l’être sans y avoir passé un temps qu’ils n’ont pas... ça donne des cours mal foutus avec des élèves qui voient bien que leur enseignant est mal à l’aise...

    • La semaine dernière j’ai offert un jeu de memory avec des cartes en bois pour les trois ans de ma petite-fille. Elle kiffe grave. Et elle trouve que Pépé-Phil déchire au memory.

      Cette année en classe d’anglais en quatrième d’Adèle-Zoé, l’enseignante a fait conduire un sondage à propos des usages connectés des unes et des autres, les élèves devaient répondre en anglais à un questionnaire en anglais à propos de leurs usages connectés, temps passé quotidiennement devant un écran de télévision, d’ordinateur, de téléphone, tablette, de console que sais-je, type d’activité, puis ensuite calculs de pourcentages et représentation des résultats toujours en anglais.

      La prof a ensuite emporté les résultats de cette enquête qu’elle conduisait uniquement, croyait-elle, à des fins pédagogiques (avec notamment le croisement des matières très en vogue à Decroly, d’où le calcul des pourcentages en anglais) lors d’un conseil de profs et ils et elles se sont regardées effarées, moins les élèves étaient connectés et consommateurs et consomatrices d’écran et plus forte était leur concentration en classe ou réputée telle dans les devoirs à la maison.

      Chaque année lors des réunions de parents d’élèves, il y a quelques parents pour réclamer à corps et à cri que les cahiers de texte et/ou toutes sortes d’autres organes de communication soient en ligne parce que pour elles et eux c’est plus facile à suivre sur leur téléphone et toutes les applications suggérées pour ce faire sont des trucs de google et autres et quand on argue en retour qu’on n’est pas super pressé (je parle pour moi) que des données concernant nos enfants entrent dans des silos de données, on passe pour un dangereux paranoïaque (et comme sa propre fille est réputée bonne élève, on voit bien comment certains et certaines soupçonnent que cette dernière ne doit pas rire tous les jours à force de méthodes coercitives et forcément paranoïaques, alors que ma méthode est simple, je ne regarde jamais dans le cahier de texte de mes enfants)

    • Ah tiens, c’est drôle, j’écoutais à l’instant l’interview radio de Yves Bonnardel à propos de son livre La domination adulte https://seenthis.net/messages/431121 où l’on parle de l’éducation à l’incompétence et du statut d’enfermement et de non-droits des enfants.
      Cette loi est censée résoudre un problème de désintérêt de l’école. Ce désintérêt patent se fait au profit de facebook et des textos qui sont addictifs ? Alors, suivons les recherches intelligentes sur le traitement des addictions, avec des lieux encadrés et dédiés pour accompagner les drogués, avec les drogués : des salles de shoot, des échanges de paroles, du respect pour les personnes.
      Sinon ce n’est qu’une façon de masquer le manque de remise en question du #dressage_scolaire en renforçant un peu plus l’exaspération des enfants et en les soumettant à un nouveau type d’humiliation.

  • <nettime> Human at the Wheel - Jordan Crandall
    https://www.mail-archive.com/nettime-l@mail.kein.org/msg03678.html

    A flurry of videos made by Tesla drivers has appeared on YouTube, demonstrating the car’s new Autopilot features. We see the road through the POV of the (male) driver-author, who narrates the scene in voiceover — interpreting what the software is doing. Each clip culminates in a “close call,” with the implication that the software is to blame ("Tesla Autopilot tried to kill me!" reads one headline). In nearly every video, the driver is misusing the technology — a possibility the company had not apparently considered. Aghast at the behavior of these drivers, Elon Musk announced that new constraints will be added to the software “to minimize the possibility of people doing crazy things with it.”

    #autopilote #voiture_autopilotée #mésusage #robotisation

  • Usages, mésusages | InternetActu
    http://internetactu.blog.lemonde.fr/2012/08/24/usages-mesusages/#xtor=RSS-32280322

    C’est en lisant Paul Ariès (Wikipédia), rédacteur en chef du Sarkophage - notamment La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance -, que j’ai mieux compris les limites qui me chiffonnaient dans la consommation collaborative. Celle-ci nous est souvent présentée sous les atours du partage et du don, alors qu’elle n’en est pas toujours. Le covoiturage et l’autopartage ne sont pas inspirés par une vision altruiste, comme on l’entend trop souvent. Le premier moteur du covoiturage et de l’autopartage n’est pas le partage, mais l’économie. Ce n’est pas sauver la planète qui motive les covoitureurs et les autopartageurs, mais amoindrir l’impact de la crise sur leurs finances personnelles, comme le soulignait déjà l’étude 2010 de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France (.pdf). Les utilisateurs de ces services sont d’abord à la recherche de revenus complémentaires.

    [...]

    Quand on propose de vendre une part de repas supplémentaire (comme sur Super-marmite ou Gobble son équivalent américain), on vend la part du pauvre de l’ancien temps, celle qui a disparu avec l’urbanisation de nos sociétés, celle qui s’est déportée dans les associations caritatives. Celle qui, il y a longtemps, était réservée à l’inconnu de passage et que nos sociétés urbanisées ont renvoyée à la rue. Les autostoppeurs deviennent des covoitureurs qui vont devoir payer leur écot pour voyager, là où ils voyageaient auparavant gratuitement en tendant le pouce aux autres. L’accueil chez soi se marchande : du prêt de canapé de Couchsurfing il n’y a qu’un pas pour glisser à la monétisation de la chambre d’ami d’AirBNB.

    [...]

    Il faut distinguer ce qui relève du don et ce qui relève d’une nouvelle forme de marchandisation de la société, s’insérant toujours un peu plus profondément au coeur des rapports humains.

    [...]

    « On oppose ainsi faussement la frugalité à la surconsommation, alors qu’il ne s’agit pas de consommer moins, mais de (re)devenir des usagers, maîtres de leurs usages », explique Paul Ariès. En conclusion de son livre, celui-ci nous invite à réfléchir à la « gratuité de l’usage » et au « renchérissement du mésusage ».

    « Pourquoi payer au même tarif le mètre cube d’eau pour faire son ménage et remplir sa piscine privée ? Pourquoi payer les mêmes impôts fonciers pour une résidence principale et secondaire ? Pourquoi payer son essence, son électricité, son gaz le même prix pour un usage normal et un mésusage ? L’eau va-t-elle manquer ? C’est une raison de plus pour en rendre gratuit le bon usage et renchérir ou interdire le mésusage. Ce paradigme s’oppose à celui de la société dominante : que signifierait en effet l’adoption programmée d’une taxe sur le carbone si ce n’est le fait de vider les rues des voitures des plus pauvres pour que les riches puissent rouler plus vite ? (...) Le danger serait bien sûr que cette politique renforce les inégalités en permettant l’accès aux mésusages à une petite minorité fortunée. Le pire serait de cantonner le peuple au nécessaire (au sérieux) et de libérer, moyennant finances, le futile, le frivole, aux classes aisées. »

    #consommation #mésusage