• As, rois, dames et savants
    https://laviedesidees.fr/Bert-Lamy-Les-cartes-a-jouer-du-savoir

    Classements, fichiers, catalogues, le recyclage des cartes à jouer apparaît comme un moment charnière dans les transformations des pratiques savantes du XVIIe au XIXe siècles. À propos de : J.-F. Bert, J. Lamy (dir.), Les cartes à jouer du savoir. Détournements savants au #XVIIIe_siècle, Schwabe Verlag

    #Philosophie #méthode #épistémologie #histoire_des_sciences #jeu

  • La #géographie, c’est de droite ?

    En pleine torpeur estivale, les géographes #Aurélien_Delpirou et #Martin_Vanier publient une tribune dans Le Monde pour rappeler à l’ordre #Thomas_Piketty. Sur son blog, celui-ci aurait commis de coupables approximations dans un billet sur les inégalités territoriales. Hypothèse : la querelle de chiffres soulève surtout la question du rôle des sciences sociales. (Manouk Borzakian)

    Il y a des noms qu’il ne faut pas prononcer à la légère, comme Beetlejuice. Plus dangereux encore, l’usage des mots espace, spatialité et territoire : les dégainer dans le cyberespace public nécessite de soigneusement peser le pour et le contre. Au risque de voir surgir, tel un esprit maléfique réveillé par mégarde dans une vieille maison hantée, pour les plus chanceux un tweet ironique ou, pour les âmes maudites, une tribune dans Libération ou Le Monde signée Michel Lussault et/ou Jacques Lévy, gardiens du temple de la vraie géographie qui pense et se pense.

    Inconscient de ces dangers, Thomas Piketty s’est fendu, le 11 juillet, d’un billet de blog sur les #inégalités_territoriales (https://www.lemonde.fr/blog/piketty/2023/07/11/la-france-et-ses-fractures-territoriales). L’économiste médiatique y défend deux idées. Premièrement, les inégalités territoriales se sont creusées en #France depuis une génération, phénomène paradoxalement (?) renforcé par les mécanismes de #redistribution. Deuxièmement, les #banlieues qui s’embrasent depuis la mort de Nahel Merzouk ont beaucoup en commun avec les #petites_villes et #villages souffrant de #relégation_sociospatiale – même si les défis à relever varient selon les contextes. De ces deux prémisses découle une conclusion importante : il incombe à la #gauche de rassembler politiquement ces deux ensembles, dont les raisons objectives de s’allier l’emportent sur les différences.

    À l’appui de son raisonnement, le fondateur de l’École d’économie de Paris apporte quelques données macroéconomiques : le PIB par habitant à l’échelle départementale, les prix de l’immobilier à l’échelle des communes et, au niveau communal encore, le revenu moyen. C’est un peu court, mais c’est un billet de blog de quelques centaines de mots, pas une thèse de doctorat.

    Sus aux #amalgames

    Quelques jours après la publication de ce billet, Le Monde publie une tribune assassine signée Aurélien Delpirou et Martin Vanier, respectivement Maître de conférences et Professeur à l’École d’urbanisme de Paris – et membre, pour le second, d’ACADIE, cabinet de conseil qui se propose d’« écrire les territoires » et de « dessiner la chose publique ». Point important, les deux géographes n’attaquent pas leur collègue économiste, au nom de leur expertise disciplinaire, sur sa supposée ignorance des questions territoriales. Ils lui reprochent le manque de rigueur de sa démonstration.

    Principale faiblesse dénoncée, les #données, trop superficielles, ne permettraient pas de conclusions claires ni assurées. Voire, elles mèneraient à des contresens. 1) Thomas Piketty s’arrête sur les valeurs extrêmes – les plus riches et les plus pauvres – et ignore les cas intermédiaires. 2) Il mélange inégalités productives (le #PIB) et sociales (le #revenu). 3) Il ne propose pas de comparaison internationale, occultant que la France est « l’un des pays de l’OCDE où les contrastes régionaux sont le moins prononcés » (si c’est pire ailleurs, c’est que ce n’est pas si mal chez nous).

    Plus grave, les géographes accusent l’économiste de pratiquer des amalgames hâtifs, sa « vue d’avion » effaçant les subtilités et la diversité des #inégalités_sociospatiales. Il s’agit, c’est le principal angle d’attaque, de disqualifier le propos de #Piketty au nom de la #complexité du réel. Et d’affirmer : les choses sont moins simples qu’il n’y paraît, les exceptions abondent et toute tentative de catégoriser le réel flirte avec la #simplification abusive.

    La droite applaudit bruyamment, par le biais de ses brigades de twittos partageant l’article à tour de bras et annonçant l’exécution scientifique de l’économiste star. Mais alors, la géographie serait-elle de droite ? Étudier l’espace serait-il gage de tendances réactionnaires, comme l’ont laissé entendre plusieurs générations d’historiens et, moins directement mais sans pitié, un sociologue célèbre et lui aussi très médiatisé ?

    Pensée bourgeoise et pensée critique

    D’abord, on comprend les deux géographes redresseurs de torts. Il y a mille et une raisons, à commencer par le mode de fonctionnement de la télévision (format, durée des débats, modalité de sélection des personnalités invitées sur les plateaux, etc.), de clouer au pilori les scientifiques surmédiatisés, qui donnent à qui veut l’entendre leur avis sur tout et n’importe quoi, sans se soucier de sortir de leur champ de compétence. On pourrait même imaginer une mesure de salubrité publique : à partir d’un certain nombre de passages à la télévision, disons trois par an, tout économiste, philosophe, politologue ou autre spécialiste des sciences cognitives devrait se soumettre à une cérémonie publique de passage au goudron et aux plumes pour expier son attitude narcissique et, partant, en contradiction flagrante avec les règles de base de la production scientifique.

    Mais cette charge contre le texte de Thomas Piketty – au-delà d’un débat chiffré impossible à trancher ici – donne surtout le sentiment de relever d’une certaine vision de la #recherche. Aurélien Delpirou et Martin Vanier invoquent la rigueur intellectuelle – indispensable, aucun doute, même si la tentation est grande de les accuser de couper les cheveux en quatre – pour reléguer les #sciences_sociales à leur supposée #neutralité. Géographes, économistes ou sociologues seraient là pour fournir des données, éventuellement quelques théories, le cas échéant pour prodiguer des conseils techniques à la puissance publique. Mais, au nom de leur nécessaire neutralité, pas pour intervenir dans le débat politique – au sens où la politique ne se résume pas à des choix stratégiques, d’aménagement par exemple.

    Cette posture ne va pas de soi. En 1937, #Max_Horkheimer propose, dans un article clé, une distinction entre « #théorie_traditionnelle » et « #théorie_critique ». Le fondateur, avec #Theodor_Adorno, de l’#École_de_Francfort, y récuse l’idée cartésienne d’une science sociale détachée de son contexte et fermée sur elle-même. Contre cette « fausse conscience » du « savant bourgeois de l’ère libérale », le philosophe allemand défend une science sociale « critique », c’est-à-dire un outil au service de la transformation sociale et de l’émancipation humaine. L’une et l’autre passent par la #critique de l’ordre établi, dont il faut sans cesse rappeler la contingence : d’autres formes de société, guidées par la #raison, sont souhaitables et possibles.

    Quarante ans plus tard, #David_Harvey adopte une posture similaire. Lors d’une conférence donnée en 1978 – Nicolas Vieillecazes l’évoque dans sa préface à Géographie de la domination –, le géographe britannique se démarque de la géographie « bourgeoise ». Il reproche à cette dernière de ne pas relier les parties (les cas particuliers étudiés) au tout (le fonctionnement de la société capitaliste) ; et de nier que la position sociohistorique d’un chercheur ou d’une chercheuse informe inévitablement sa pensée, nécessitant un effort constant d’auto-questionnement. Ouf, ce n’est donc pas la géographie qui est de droite, pas plus que la chimie ou la pétanque.

    Neutralité vs #objectivité

    Il y a un pas, qu’on ne franchira pas, avant de voir en Thomas Piketty un héritier de l’École de Francfort. Mais son texte a le mérite d’assumer l’entrelacement du scientifique – tenter de mesurer les inégalités et objectiver leur potentielle creusement – et du politique – relever collectivement le défi de ces injustices, en particulier sur le plan de la #stratégie_politique.

    S’il est évident que la discussion sur les bonnes et les mauvaises manières de mesurer les #inégalités, territoriales ou autres, doit avoir lieu en confrontant des données aussi fines et rigoureuses que possible, ce n’est pas manquer d’objectivité que de revendiquer un agenda politique. On peut même, avec Boaventura de Sousa Santos, opposer neutralité et objectivité. Le sociologue portugais, pour des raisons proches de celles d’Horkheimer, voit dans la neutralité en sciences sociales une #illusion – une illusion dangereuse, car être conscient de ses biais éventuels reste le seul moyen de les limiter. Mais cela n’empêche en rien l’objectivité, c’est-à-dire l’application scrupuleuse de #méthodes_scientifiques à un objet de recherche – dans le recueil des données, leur traitement et leur interprétation.

    En reprochant à Thomas Piketty sa #superficialité, en parlant d’un débat pris « en otage », en dénonçant une prétendue « bien-pensance de l’indignation », Aurélien Delpirou et Martin Vanier désignent l’arbre de la #rigueur_intellectuelle pour ne pas voir la forêt des problèmes – socioéconomiques, mais aussi urbanistiques – menant à l’embrasement de banlieues cumulant relégation et stigmatisation depuis un demi-siècle. Ils figent la pensée, en font une matière inerte dans laquelle pourront piocher quelques technocrates pour justifier leurs décisions, tout au plus.

    Qu’ils le veuillent ou non – et c’est certainement à leur corps défendant – c’est bien la frange réactionnaire de la twittosphère, en lutte contre le « socialisme », le « wokisme » et la « culture de l’excuse », qui se repait de leur mise au point.

    https://blogs.mediapart.fr/geographies-en-mouvement/blog/010823/la-geographie-cest-de-droite

  • Mort de #Nahel : « Ils sont rattrapés par le réel »

    #Ali_Rabeh, maire de #Trappes, et #Amal_Bentounsi, fondatrice du collectif Urgence, notre police assassine, reviennent dans « À l’air libre » sur la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre, et les révoltes qui ont suivi dans de nombreuses villes de France.

    https://www.youtube.com/watch?v=euw03owAwU8&embeds_widget_referrer=https%3A%2F%2Fwww.mediapart.fr%2

    https://www.mediapart.fr/journal/france/290623/mort-de-nahel-ils-sont-rattrapes-par-le-reel
    #violences_policières #banlieues #quartiers_populaires #naïveté

    • « #Emmanuel_Macron ne comprend rien aux banlieues »

      Ali Rabeh, maire de Trappes (Yvelines), a participé à l’Élysée à la rencontre entre le chef de l’État et quelque 200 maires, le 4 juillet, pour évoquer la révolte des quartiers populaires. Il dénonce sans langue de bois l’incapacité du Président à comprendre ce qui se joue dans les banlieues et son manque de perspectives pour l’avenir.

      Vous avez été reçu mardi 4 juillet à l’Élysée par le président de la République avec des dizaines d’autres maires. Comment ça s’est passé ?

      Ali Rabeh : Le Président a fait une introduction très courte pour mettre en scène sa volonté de nous écouter, de nous câliner à court terme, en nous disant à quel point on était formidable. Puis ça a viré à la #thérapie_de_groupe. On se serait cru aux #alcooliques_anonymes. Tout le monde était là à demander son petit bout de subvention, à se plaindre de la suppression de la taxe d’habitation, de la taille des LBD pour la police municipale ou de l’absence du droit de fouiller les coffres de voiture… Chacun a vidé son sac mais, à part ça et nous proposer l’accélération de la prise en charge par les #assurances, c’est le néant. La question primordiale pour moi n’est pas de savoir si on va pouvoir réinstaller des caméras de surveillances en urgence, ou comment réparer quelques mètres de voiries ou des bâtiments incendiés. Si c’est cela, on prend rendez-vous avec le cabinet du ministre de la Ville ou celui des Collectivités territoriales. Mais ce n’est pas du niveau présidentiel.

      Quand on parle avec le président de la nation, c’est pour cerner les #causes_structurelles du problème et fixer un cap afin d’éviter que ça ne se reproduise. Et là-dessus on n’a eu #aucune_réponse, ni #aucune_méthode. Il nous a dit qu’il avait besoin d’y réfléchir cet été. En fait, Emmanuel Macron voulait réunir une assemblée déstructurée, sans discours commun. Il a préféré ça au front commun de l’association #Ville_&_Banlieue réunissant des maires de gauche et de droite qui structurent ensemble un discours et des #revendications. Mais le Président refuse de travailler avec ces maires unis. Il préfère 200 maires en mode grand débat qui va dans tous les sens, parce que ça lui donne le beau rôle. En réalité, on affaire à des #amateurs qui improvisent. Globalement ce n’était pas à la hauteur.

      Le Président n’a donc rien évoqué, par exemple, de l’#appel_de_Grigny ou des nombreuses #propositions déjà faites par le passé sur les problématiques liées aux #banlieues et qui ne datent quand même pas d’hier ?

      Non. Il a fait du « Macron » : il a repris quelques éléments de ce qu’on racontait et il en fait un discours général. Il avait besoin d‘afficher qu’il avait les maires autour de lui, il nous a réunis en urgence pendant que les cendres sont brûlantes, ce qu’il a refusé de faire avant que ça n’explose. Et ce, malgré nos supplications. Pendant des mois, l’association Ville & Banlieue a harcelé le cabinet de Mme Borne pour que soit convoqué un Conseil interministériel des villes conformément à ce qu’avait promis le Président. Cela ne s’est jamais fait. Macron n’a pas tenu sa parole. On a eu du #mépris, de l’#arrogance et de l’#ignorance. Il n’a pas écouté les nombreuses #alertes des maires de banlieue parce qu’il pensait que nous étions des cassandres, des pleureuses qui réclament de l’argent. C’est sa vision des territoires. Elle rappelle celle qu’il a des chômeurs vus comme des gens qui ne veulent pas travailler alors qu’il suffirait de traverser la route. Emmanuel Macron n’a donc pas vu venir l’explosion. Fondamentalement, il ne comprend rien aux banlieues. Il ne comprend rien à ce qu’il s’est passé ces derniers jours.

      A-t-il au moins évoqué le #plan_Borloo qu’il a balayé d’un revers de main en 2018 ?

      Je m’attendais justement à ce qu’il annonce quelque chose de cet acabit. Il ne l’a pas fait. Il a fait un petit mea-culpa en disant qu’à l’époque du rapport Borloo, sur la forme il n’avait pas été adroit mais il affirme que la plupart des mesures sont mises en œuvre. Il prétend, tout content de lui, qu’il y a plus de milliards aujourd’hui qu’hier et que le plan Borloo est appliqué sans le dire. C’était #grotesque. J’aurais aimé qu’il nous annonce une reprise de la #méthode_Borloo : on fait travailler ensemble les centaines de maires et d’associatifs. On se donne six mois pour construire des propositions actualisées par rapport au rapport Borloo et s’imposer une méthode. Lui a dit : « J’ai besoin de l’été pour réfléchir. » Mais quelle est notre place là-dedans ?

      Dans ses prises de paroles publiques, le Président a fustigé la #responsabilité des #parents qui seraient incapables de tenir leurs enfants. Qu’en pensez-vous ?

      Qu’il faut commencer par faire respecter les mesures éducatives prescrites par les tribunaux. Pour ces mamans qui n’arrivent pas à gérer leurs enfants dont certains déconnent, les magistrats imposent des éducateurs spécialisés chargés de les accompagner dans leur #fonction_parentale. Or, ces mesures ne sont pas appliquées faute de moyens. C’est facile après de les accabler et de vouloir les taper au porte-monnaie mais commençons par mettre les moyens pour soutenir et accompagner les #familles_monoparentales en difficulté.

      Le deuxième élément avancé ce sont les #réseaux_sociaux

      C’est du niveau café du commerce. C’est ce qu’on entend au comptoir : « Faut que les parents s’occupent de leur môme, faut les taper aux allocs. Le problème ce sont les réseaux sociaux ou les jeux vidéo… » Quand on connaît la réalité c’est un peu court comme réponse. On peut choisir d’aller à la simplicité ou on peut se poser la question fondamentale des #ghettos de pauvres et de riches. Pour moi l’enjeu c’est la #mixité_sociale : comment les quartiers « politique de la ville » restent des quartiers « #politique_de_la_ville » trente ans après. Or personne ne veut vraiment l’aborder car c’est la montagne à gravir.

      Vous avez abordé cette question lors de votre intervention à l’Élysée. Comment le Président a-t-il réagi ?

      Il a semblé réceptif quand j’ai évoqué les ghettos de riches et les #maires_délinquants qui, depuis vingt-deux ans, ne respectent pas la #loi_SRU. Il a improvisé une réponse en évoquant le fait que dans le cadre des J.O, l’État prenait la main sur les permis de construire en décrétant des opérations d’intérêt national, un moyen de déroger au droit classique de l’#urbanisme. Il s’est demandé pourquoi ne pas l’envisager pour les #logements_sociaux. S’il le fait, j’applaudis des deux mains. Ça serait courageux. Mais je pense qu’il a complètement improvisé cette réponse.

      En ce moment, on assiste à une #répression_judiciaire extrêmement ferme : de nombreux jeunes sans casier judiciaire sont condamnés à des peines de prison ferme. Est-ce de nature à calmer les choses, à envoyer un message fort ?

      Non. On l’a toujours fait. À chaque émeute, on a utilisé la matraque. Pareil pour les gilets jaunes. Pensez-vous que la #colère est moins forte et que cela nous prémunit pour demain ? Pas du tout. Que les peines soient sévères pour des gens qui ont mis le feu pourquoi pas, mais ça ne retiendra le bras d’aucun émeutier dans les années qui viennent.

      Vous avez été dans les rues de Trappes pour calmer les jeunes. Qu’est-ce qui vous a marqué ?

      La rupture avec les institutions est vertigineuse. Elle va au-delà de ce que j’imaginais. J’ai vu dans les yeux des jeunes une véritable #haine de la police qui m’a glacé le sang. Certains étaient déterminés à en découdre. Un jeune homme de 16 ans m’a dit « Ce soir on va régler les comptes », comme s’il attendait ce moment depuis longtemps. Il m’a raconté des séances d’#humiliation et de #violence qu’il dit avoir subies il y a quelques mois de la part d’un équipage de police à #Trappes. Beaucoup m’ont dit : « Ça aurait pu être nous à la place de Nahel : on connaît des policiers qui auraient pu nous faire ça. » J’ai tenté de leur dire qu’il fallait laisser la justice faire son travail. Leur réponse a été sans appel : « Jamais ça ne marchera ! Il va ressortir libre comme tous ceux qui nous ont mis la misère. » Ils disent la même chose de l’#impunité des politiques comme Nicolas Sarkozy qui, pour eux, n’ira jamais en prison malgré ses nombreuses condamnations. Qui peut leur donner tort ?

      Il se développe aussi un discours politique extrêmement virulent sur le lien de ces #violences_urbaines avec les origines supposément immigrées des jeunes émeutiers. Qu’en pensez-vous ?

      Quand Robert Ménard a frontalement dit, dans cette réunion des maires, que le problème provenait de l’#immigration, le président de la République n’a pas tiqué. Une partie de la salle, principalement des maires LR, a même applaudi des deux mains. Il y a un #glissement_identitaire très inquiétant. Culturellement, l’extrême droite a contaminé la droite qui se lâche désormais sur ces sujets. Ces situations demandent de raisonner pour aller chercher les causes réelles et profondes du malaise comme l’absence d’#équité, la concentration d’#inégalités, d’#injustices, de #frustrations et d’#échecs. C’est beaucoup plus simple de s’intéresser à la pigmentation de la peau ou d’expliquer que ce sont des musulmans ou des Africains violents par nature ou mal élevés.

      Comment ces discours sont-ils perçus par les habitants de Trappes ?

      Comme la confirmation de ce qu’ils pensent déjà : la société française les déteste. Dans les médias, matin, midi et soir, ils subissent continuellement des #discours_haineux et stigmatisant de gens comme Éric Zemmour, Marine le Pen, Éric Ciotti, etc. qui insultent leurs parents et eux-mêmes au regard de leur couleur de peau, leur religion ou leur statut de jeune de banlieue. Ils ont le sentiment d’être les #rebuts_de_la_nation. Quotidiennement, ils ont aussi affaire à une #police qui malheureusement contient en son sein des éléments racistes qui l’expriment sur la voie publique dans l’exercice de leur métier. Ça infuse. Les jeunes ne sont pas surpris de l’interprétation qui est faite des émeutes. En réalité ils l’écoutent très peu, parce qu’ils ont l’habitude d’être insultés.

      D’après vous, que faut-il faire dans l’#urgence ?

      Il faut arrêter de réfléchir dans l’urgence. Il faut s’engager sur une politique qui change les choses sur dix à quinze ans. C’est possible. On peut desserrer l’étau qui pèse sur les quartiers en construisant des logements sociaux dans les villes qui en ont moins. Moi, je ne demande pas plus de subventions. Je veux que dans quinze à vingt ans, on me retire les subventions « politique de la ville » parce que je n’en aurai plus besoin. C’est l’ambition qu’on doit porter.

      Et sur le court terme ?

      Il faut envoyer des signaux. Revenir sur la loi 2017 car cela protégera les policiers qui arrêteront de faire usage de leurs armes à tort et à travers, s’exposant ainsi à des plaintes pour homicide volontaire, et cela protégera les jeunes qui n’auront plus peur de se faire tirer comme des lapins. Il faut aussi engager un grand #dialogue entre la police et les jeunes. On l’a amorcé à Trappes avec le commissaire et ça produit des résultats. Le commissaire a fait l’effort de venir écouter des jeunes hermétiquement hostiles à la police, tout en rappelant le cadre et la règle, la logique des forces de l’ordre. C’était très riche. Quelques semaines plus tard le commissaire m’a dit que ses équipes avaient réussi une intervention dans le quartier parce que ces jeunes ont calmé le jeu en disant « on le connaît, il nous respecte ». Il faut lancer un #cercle_vertueux de #dialogue_police-population, et #jeunesse en particulier, dans les mois qui viennent. La police doit reprendre l’habitude de parler avec sa population et être acceptée par elle. Mettons la police autour de la table avec les jeunes, les parents du quartier, des éducateurs, les élus locaux pour parler paisiblement du ressenti des uns et des autres. Il peut y avoir des signaux constructifs de cet ordre-là. Or là on est dans la culpabilisation des parents. Ça ne va pas dans le bon sens.

      https://www.politis.fr/articles/2023/07/emmanuel-macron-ne-comprend-rien-aux-banlieues
      #Macron #ignorance

    • Entre Emmanuel Macron et les banlieues, le #rendez-vous_manqué

      En 2017, le volontarisme du chef de l’Etat avait fait naître des #espoirs dans les #quartiers_populaires. Malgré la relance de la #rénovation_urbaine, le rejet du plan Borloo comme son discours sur le #séparatisme l’ont peu à peu coupé des habitants.

      Il n’y a « pas de solution miracle ». Surtout pas « avec plus d’argent », a prévenu le chef de l’Etat devant quelque 250 maires réunis à l’Elysée, mardi 4 juillet, sur l’air du « trop, c’est trop » : « La santé est gratuite, l’école est gratuite, et on a parfois le sentiment que ce n’est jamais assez. » Dans la crise des violences urbaines qui a meurtri 500 villes, après la mort du jeune Nahel M. tué par un policier, le président de la République a durci le ton, allant jusqu’à rappeler à l’ordre des parents. Une méthode résumée hâtivement la veille par le préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh, sur France Bleu : « C’est deux claques, et au lit ! »

      L’urgence politique, dit-on dans le camp présidentiel, est de rassurer une opinion publique encore sous le choc des destructions et des pillages. « Une écrasante majorité de Français se raidit, avec une demande d’autorité forte, confirme Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. Déjà sous Sarkozy, l’idée dominait qu’on en faisait trop pour les banlieues. Les dégradations réactivent cette opinion. Emmanuel Macron est sur une crête difficile à tenir. »

      Ce raidissement intervient sur fond de #fracture territoriale et politique. « L’opposition entre la France des quartiers et celle des campagnes nous revient en pleine figure. Si on met encore de l’argent, on accentuera la fracture », pense Saïd Ahamada, ex-député de la majorité à Marseille. « Les gens en ont ras le bol, ils ne peuvent plus entendre que ces quartiers sont abandonnés », abonde Arnaud Robinet, maire de Reims, qui abrite sept #quartiers_prioritaires_de_la_politique_de_la_ville (#QPV), et membre du parti d’Edouard Philippe.

      (#paywall)

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/07/06/entre-emmanuel-macron-et-les-banlieues-le-rendez-vous-manque_6180759_823448.

  • A multinational Delphi consensus to end the COVID-19 public health threat
    https://www.nature.com/articles/s41586-022-05398-2

    Abstract
    Despite notable scientific and medical advances, broader political, socioeconomic and behavioural factors continue to undercut the response to the #COVID-19 pandemic. Here we convened, as part of this Delphi study, a diverse, multidisciplinary panel of 386 academic, health, non-governmental organization, government and other experts in COVID-19 response from 112 countries and territories to recommend specific actions to end this persistent global threat to public health. The panel developed a set of 41 consensus statements and 57 recommendations to governments, health systems, industry and other key stakeholders across six domains: communication; health systems; vaccination; prevention; treatment and care; and inequities. In the wake of nearly three years of fragmented global and national responses, it is instructive to note that three of the highest-ranked recommendations call for the adoption of whole-of-society and whole-of-government approaches, while maintaining proven prevention measures using a vaccines-plus approach that employs a range of public health and financial support measures to complement vaccination. Other recommendations with at least 99% combined agreement advise governments and other stakeholders to improve communication, rebuild public trust and engage communities in the management of pandemic responses. The findings of the study, which have been further endorsed by 184 organizations globally, include points of unanimous agreement, as well as six recommendations with >5% disagreement, that provide health and social policy actions to address inadequacies in the pandemic response and help to bring this public health threat to an end.

    #méthode_de_Delphes

  • Contre l’imposture et le pseudo-rationalisme | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-zilsel-2020-2-page-15.htm

    Rien ne distingue en soi un énoncé scientifique d’un autre qui ne l’est pas ; ce n’est pas plus le statut de l’énonciateur qui confère un caractère scientifique à son énoncé. Ce qui établit la scientificité, ce sont les normes de probation scientifiques, qui ont une histoire et présentent de légères variations selon les domaines, composant une géographie disciplinaire. La véridiction savante repose sur la recension de faits objectivables, publiés avec leur appareil probatoire (données, graphiques, raisonnements, développement en métalangage mathématique, etc.), avec une bibliographie établissant l’état de l’art sur le sujet. Elle suppose l’absence de conflits d’intérêts, ou leur explicitation, quand ils ne sont pas de nature à fausser l’objectivité. Elle passe par la disputatio des résultats obtenus avec les pairs, c’est-à-dire avec les autres scientifiques ayant produit un travail savant dans un sujet connexe : il n’y a de vérité scientifique que comme visée collective, jamais comme dévoilement individuel d’une vérité préexistante.

    […]

    Le pseudo-rationalisme se nourrit ainsi de la frustration de cadres supérieurs qui conjuguent un attrait pour la science et un éloignement prolongé vis-à-vis de sa pratique : la formation professionnelle des Grandes Écoles ne les a jamais confrontés qu’à des problèmes qui admettent des solutions calculatoires préétablies. Il témoigne de l’héritage délétère du système napoléonien, fondé sur le concours, qui n’a jamais réussi à se réformer pour se rapprocher du système humboldtien, fondé sur la science.

    […]

    Pourtant, de la méthode scientifique, telle que je l’ai définie plus haut, il ne reste presque rien hormis la reproduction objectivée et raisonnée de phénomènes présentés comme paranormaux. En particulier, toute la dimension collective du travail de véridiction scientifique s’en trouve évacuée. La zététique prétend au contraire transposer la méthode scientifique à l’échelle de l’individu comme mode d’appréhension de son environnement quotidien, le doute méthodique et l’exercice du raisonnement étant supposés lui permettre de réfuter des croyances par leur seul exercice. Comparé au rationalisme, c’est non seulement l’institution scientifique qui est congédiée au profit du seul doute, mais aussi la responsabilité du savant dans le développement technoscientifique.

    […]

    Plus récemment, Michael Shermer, fondateur et président de la Skeptics Society, et rédacteur en chef de la revue Skeptic, fondamentaliste chrétien devenu « libertarien », a écrit que Mussolini et Hitler étaient les représentants de la gauche italienne et allemande des années 1920, puis ceci, qui témoigne du degré de finesse analytique de cette communauté : « Good to remember that Nazi = National Socialism. Not far right but far left. » On peut conclure a minima que le bréviaire du doute méthodique et des biais cognitifs n’immunise pas contre la falsification historique, et ne saurait remplacer ni la fréquentation de livres d’histoire ni une solide culture en sciences humaines. Cependant, il convient de s’interroger sur la permanence d’une porosité de la communauté pseudo-rationaliste au confusionnisme politique.

    […]

    La seconde caractéristique des pseudo-rationalistes est de substituer la « vulgarisation » à la publication scientifique. […] Il s’agirait donc de substituer l’exercice du doute et de la raison individuelle au régime collectif de véridiction scientifique. Wikipedia qui privilégie ordinairement les sources secondaires (quotidiens, rapports d’agences gouvernementales, etc.) sur les sources proprement scientifiques, a peut-être contribué à façonner le vocabulaire des plus jeunes des pseudo-rationalistes, qui ne cessent de se revendiquer du « consensus » contre le « cherry-picking » – termes inusités dans la recherche scientifique. À supposer qu’il y ait une crise du journalisme scientifique, liée au double impératif de rendre compte de l’« actualité » et de capter l’attention, l’éthique minimale consisterait à promouvoir les références à la littérature scientifique primaire. S’il faut prêter attention à ces polémiques, c’est plutôt comme symptôme d’un mal réel plus profond : l’abandon graduel de l’éducation du plus grand nombre au raisonnement et à la science.

    (signalé dans un com par @colporteur mais méritait un seen dédié)

    #Bruno_Andreotti #raison #rationalisme #science #scientificité #épistémologie #méthode_scientifique #extrême-droite #confusionnisme #marxisme_culturel

  • Hervérifie : « On ne peut pas se fier aux études après le Lancegate »

    TLDR comparaison : l’article dans le Lancet a été rétracté par les auteurs eux-mêmes 14 jours après avec des excuses, tandis que les deux études de Raoult sont toujours publiées et citées DEUX ANS plus tard, alors que tout le monde est maintenant d’accord que tout est faux voire falsifié.

    Conclusion : si on peut se fier aux études, il peut y avoir des erreurs chez n’importe qui, ce qui compte c’est que ce soit rétracté sincèrement après signalement (ce qui est le cas souvent).

    🧠 Repost (malheureusement je pense pertinent) d’un classique.

    🩺 J’ai publié ceci pour la première fois en juin 2020, choqué que Mr Raoult n’ait pas rétracté ses études après 3 mois.

    🩺 Depuis il a admis que les conclusions étaient fausses, et je l’ai mise à jour en août 2021… Près d’un an et demi après la publication. Et depuis, des membres de l’IHU affirment que les résultats ont été falsifiés. Ses études n’ont toujours pas été rétractées. Nous approchons de leur deuxième anniversaire.

    🩺 Après la publication, la semaine dernière, de la tragique disparition d’un médecin qui avait eu le malheur d’accorder sa confiance à Mr Raoult au sujet des « traitements précoces », je pense qu’il est bon de rappeler que Mr Raoult, jusqu’à preuve du contraire, est a minima un menteur (il a menti sur les résultats) et un charlatan (il a prescrit un traitement qui n’avait pas fait la preuve de son efficacité).

    🩺 Puisqu’environ 15 000 personnes se sont abonnées depuis le repost d’août 2021, que Mr Raoult continue de mentir sur sa chaîne YouTube et y fait des millions de vues, et que je suis super occupé cette semaine, je mets a jour 🤗
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    🧠 L’étude publiée le 22 mai 2020 dans le Lancet [1] a été rétractée [2] par les auteurs et par le journal ensuite, du fait de graves problèmes.
    ❶ Que peut-on en conclure ?
    ❷ Comment ce désastre - c’en est un - largement dénoncé par Mr Raoult à l’époque - qui s’exprime toujours autant sur sa chaîne YouTube et empile des millions de vues - se compare-t-il aux publications de ce dernier ?
    ❸ Les publications scientifiques en général, et du Lancet ou de Mr Raoult en particulier, sont-elles fiables ?
    ⚠️ Il s’agit d’une publication clivante (j’en suis conscient mais il faut bien s’y attaquer puisque près de deux ans plus tard on me parle encore du Lancet…) et dense, le texte est long (mais résumé au début pas de panique).
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    🧠 Version courte :
    1️⃣ M. Mehra concluait de façon prudente à l’inefficacité de l’Hydroxychloroquine +/- HCQ et à une augmentation de la mortalité, dans un contexte hospitalier uniquement, il n’affirmait pas de lien de causalité, et n’excluait pas les facteurs confondants. Il concluait au final que l’utilisation devait pour le moment être limitée aux essais cliniques.
    ✔︎ Ces conclusions prudentes étaient peut-être valides, ou peut-être fausses, voire mensongères : on ne le saura sans doute jamais puisque les données brutes ne sont pas accessibles (mon avis : le passif de Surgisphère me laisse penser que la 3e option est la plus probable).
    ✔︎ L’étude a été rétractée en 2 semaines, d’un point de vue scientifique elle n’existe littéralement plus depuis plus d’un an et demi, et n’aura existé que 14 jours.
    ✔︎ Le Lancet a modifié son système de revue par les pairs, clairement défaillant pour le coup.
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    2️⃣ M. Raoult concluait de façon extrêmement confiante à des résultats « tellement significatifs et évidents » démontrant l’efficacité indubitable de l’hydroxychloroquine, et n’hésitait pas à recommander son utilisation chez tous les patients COVID-19. Il allait jusqu’à recommander des études pour discuter l’utilisation en préventif chez des patients sains.
    ✖︎ Malgré ces conclusions très affirmatives, les deux études de M. Raoult [3,4] sont au mieux ininterprétables [5], au pire mensongères [6], voire illégales [7,8]. C’est un fait consensuel dans le milieu médical et de la recherche.
    ✖︎ Il a admis après 10 mois et 3500 citations que la première ne montrait pas d’efficacité clinique (au contraire).
    ✖︎ Mais il ne l’a pas rétractée.
    ✖︎ Et il continue d’affirmer que l’hydroxychloroquine est efficace contre la COVID-19 (ce qui est faux).
    ✖︎ En novembre dernier, Mediapart révélait que plusieurs membres de l’IHU accusaient Mr Raoult d’avoir délibérément falsifié les résultats afin de faire croire à une efficacité de l’hydroxychloroquine (en modifiant le seuil de positivité des PCR). Ces accusations graves semblent suffisamment sérieuses pour avoir motivé une enquête de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (toujours en cours à ma connaissance).
    ✖︎ La seconde étude n’a pas été rétractée.
    ✖︎ Nous en sommes à bientôt 2 ans depuis la publication.
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    🧠 Conclusion : dans le domaine de la recherche scientifique, il y aura des gens qui se trompent ou se font avoir, et il y aura des menteurs, c’est attendu (il s’agit d’êtres humains).
    ✔︎ Les premiers reconnaîtront leurs erreurs, et en tiendront compte.
    
✖︎ Les seconds continueront de mentir, et sortiront peut-être même trois livres vendus en supermarché entre temps, qui sait. Notons que M. Raoult n’en est pas à son premier rodéo pour ce qui est de la fraude scientifique [9,10] (si vous le pensiez intègre et « réputé mondialement », accrochez-vous à votre chaise).
    ⛔️ Au demeurant, force est de constater que :
    ⚠️ Le problème de l’étude de M. Mehra a été certes lamentablement loupé par le Lancet, mais il a été repéré en quelques jours par la communauté scientifique, les auteurs et le journal en ont immédiatement tenu compte, et l’étude a été rétractée dans le doute en 2 semaines.
    ➜ Imperfect but good science.
    ⚠️ Les MULTIPLES problèmes autrement plus graves des deux études de M. Raoult ont été lamentablement « loupés » par ses confrères ses amis ses employés ses lieutenants les relecteurs des journaux qui les ont publiées, ils ont été là encore pointés par la communauté en quelques jours, mais M. Raoult a balayé les critiques d’un revers de main en traitant les contradicteurs, globalement, de crétins ignares et corrompus, et il n’a jamais rétracté ses études.
    ➜ Dishonest, bad bad BAD science.
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    🧠 Rappel des faits concernant le Lancet :
    🩺 Cette étude observationnelle massive ne confirmait pas de bénéfice sur l’évolution et/ou la mortalité dans le traitement hospitalier précoce de la CoVid-19 avec des protocoles associant chloroquine ou hydroxychloroquine, seules ou associées à l’azithromycine (principalement).
    🩺 Elle trouvait par ailleurs une association entre ces traitements et une surmortalité d’une part, et des complications cardiaques graves d’autre part, sans inférer de lien de causalité du fait de sa nature observationnelle (possibilité d’un facteur confondant caché non exclue, bien que présenté comme statistiquement peu probable).
    🩺 Elle précisait ne pas démontrer l’inefficacité ou la dangerosité de ces traitements, du fait de sa nature observationnelle, mais appelait à vérifier ces résultats par des études randomisées en double aveugle, avant de prétendre prescrire ces traitements à des patients en dehors d’essais cliniques.
    __________
    1️⃣ Il n’aura fallu que quelques jours pour que la communauté scientifique mondiale s’étonne principalement :
    ● De plusieurs erreurs d’attribution de données, sans conséquences sur les résultats mais très intrigantes.
    ● Du fait que certains hôpitaux cités déclaraient ne pas avoir fourni de données, ce qui était très suspect.
    ● Devant ces anomalies, de l’absence de données brutes (ce qui n’est pas souhaitable, bien que courant) dans la publication, et de l’étonnante rapidité de traitement de ces données massives par le fournisseur des données, une entreprise privée nommée Surgisphère, jeune, petite et passablement inexpérimentée, appartenant à l’un des 4 auteurs.
    ● Ce qui a amené le Lancet a émettre une alerte sur cette étude (ce qui est normal).
    ⚠️ Les remarques sont extrêmement courantes dans le milieu de la publication scientifique, c’est le principe du système :
    ● Le journal publie généralement les questions les plus pertinentes qui lui sont directement adressées.
    ● Il offre ensuite un droit de réponse aux auteurs, souvent accompagné, si besoin, de modifications à l’article original.
    ● L’égo du chercheur peut-être un peu (beaucoup) malmené, mais la science et la connaissance en sortent gagnantes, et... “C’est l’jeu ma pauv’ Lucette” 👍
    __________
    2️⃣ Face ces remarques justifiées, 3 des 4 auteurs ont réagi rapidement et de façon semble-t-il adaptée :
    ● En corrigeant les erreurs pointées dans un premier temps.
    ● En organisant ensuite un audit indépendant de leur fournisseur de données (le 4e auteur...).
    ● L’auditeur a donc contacté Surgisphère pour obtenir le détail des données brutes, données que... Surgisphère lui aurait formellement refusées, pour d’obscurs motifs de confidentialité.
    __________
    3️⃣ Devant l’impossibilité de fournir ces données brutes, et surtout d’en assurer l’authenticité et l’exactitude, les auteurs ont pris la seule décision rationnelle et intellectuellement honnête :
    ● Ils ont présenté leurs excuses pour l’insuffisance de leurs vérifications avant la publication : ils sont en faute, c’est en effet lamentable.
    ● Ils ont demandé la rétractation de leur article (nul doute que le Lancet aurait pris cette décision, si ils ne l’avaient pas fait d’eux-mêmes).
    ● L’ensemble de ce processus aura pris en tout et pour tout moins de deux semaines, entre la publication et le retrait.
    ● L’avenir nous dira que Surgisphère (qui a disparu depuis) était une société hautement suspecte…
    ● Le Lancet, coupable de ne pas avoir vu ce que la communauté scientifique a vu en quelques jours, a depuis annoncé avoir modifié son process de revue par les pairs…
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    🧠 Questions :
    1️⃣ Qu’est-ce que cette rétractation nous apprend au sujet de la chloroquine, de l’hydroxychloroquine, et de leur association avec l’azithromycine ?
    🩺 Absolument rien.
    ● C’est le principe d’une rétractation : peu importe la raison (fraude, erreur, ou comme ici pour le moment impossibilité de vérifier de façon certaine la source des données brutes), les données et/ou conclusions rétractées ne doivent pas être prises en compte, c’est tout.
    ● A moins que les données brutes ne soient un jour fournies, et qu’elles ne s’avèrent exactes (ce qui est tout à fait possible), ”tout se passe comme si” cette étude n’avait jamais existé (et ce, même si elles s’avèrent un jour fausses, voire frauduleuses).
    ● De fait, plus personne dans le monde de la recherche ou de la médecine ne cite cette étude depuis qu’elle a été rétractée, ses résultats et conclusions ont tout simplement cessé d’exister.
    ● Les seules personnes qui en parlent encore sont celles qui ignorent comment la recherche scientifique fonctionne, ou qui trouvent un intérêt à prétendre qu’ils l’ignorent.
    2️⃣ Qu’est-ce que cette rétractation nous apprend au sujet des études scientifiques ?
    🩺 Beaucoup de choses, entre autres :
    ❶ Que les erreurs sont courantes, attendues, et normales dans le monde de la recherche scientifique et médicale. Imaginer que tous les chercheurs “trouvent” du premier coup est absurde. Tous les plus grands scientifiques de l’histoire se sont lamentablement “vautrés”, à un stade ou à un autre de leur carrière, et les 3 co-auteurs de cette étude se sont “vautrés” dans les grandes largeurs en analysant des données dont ils n’avaient pas vérifié la provenance...
    ❷ Que les fraudes sont également possibles, et qu’ici, cette hypothèse n’est pas exclue (le 4e auteur notamment, fournisseur des données, semble suspect…)
    ❸ Que quand un scientifique ne peut pas démontrer son propos avec des données factuelles, vérifiables et reproductibles, aussi réputé soit-il, peu importe le prestige du journal qui le publie, il DOIT se rétracter, et son propos n’existe plus et n’est plus pris en compte (et surtout n’est plus cité par d’autres études… Suivez mon regard), quel qu’il soit.
    ❹ Que quand un scientifique se trompe, et qu’on le lui démontre, il DOIT accepter son erreur, et changer de discours, afin que ce discours soit en accord avec la réalité des faits objectivables.
    ❺ Que si il ne le fait pas, non seulement son propos n’existe pas, mais son honnêteté peut légitimement être mise en doute (l’erreur potentielle devient mensonge factuel).
    ❻ Que quand une faille méthodologique majeure existe dans une étude, peu importe la réputation ou la popularité de l’auteur (ou du journal), la conclusion n’a que peu, ou plus du tout de valeur : elle n’existe pas, pas plus que les données sur lesquelles elle prétendait ou pensait se baser.
    ➐ Que la méthode scientifique est auto-correctrice, et que si l’on respecte cette méthode (lecture par les pairs, prise en compte des critiques, méthodologie solide, publication de la méthodologie et des données brutes, tentative de reproduction des résultats, remise en question, auto-critique, retrait éventuel), les erreurs sont généralement rapidement corrigées.
    ➑ Que le propos de ceux qui se prétendent scientifiques, mais s’asseoient avec panache sur la méthode scientifique, n’a pas plus de valeur qu’un horoscope 🤗
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    🧠 A la lumière de ces enseignements, je vous soumets les critiques les plus courantes concernant les deux premières « études » publiées par M. Raoult en 2020 :
    🩺 Etudes qui selon lui démontraient sans aucune ambiguité l’efficacité de l’Hydroxychloroquine (et de l’Azithromycine) contre la COVID 19.
    🩺 Etudes qui justifiaient selon lui la prescription à tous les cas positifs (!)
    🩺 Ainsi que des études pour discuter d’une prescription préventive (!)
    ⚠️ Après environ 500 jours, soit près de 2 ans, aucune de ces études n’a été rétractée, et la première a été citée plusieurs milliers de fois par d’autres auteurs, en plus d’avoir directement influé sur la politique sanitaire désastreuse du Brésil, de l’Inde, de plusieurs états américains, etc. (Avec le succès retentissant que l’on sait).
    __________
    1️⃣ Etude 1 :
    ⚠️ Des conflits d’intérêts grossiers
    ○ L’un des auteurs est rédacteur en chef de la revue
    ○ C’est aussi un employé de l’IHU
    ➜ Qui travaille donc pour M. Raoult
    ⚠️ Ce qui explique la rapidité de la publication
    ○ Article soumis à publication 4 jours après la fin de l’étude
    ○ Et accepté en 24h (!!!) après « revue par les pairs »
    ➜ Il n’y a pas eu de revue par les pairs
    ⚠️ Effectif (beaucoup) trop faible
    ○ 20 patients traités…
    ○ 16 patients non traités…
    ⚠️ Violations du protocole multiples
    ○ 2 enfants inclus (ni prévu, ni autorisé)
    ○ Ajout azithromycine (ni prévu, ni autorisé)
    ⚠️ Des patients qui apparaissent
    ○ L’HCQ n’était autorisée que chez les patients graves hospitalisés
    ➜ Hospitalisation de patients asymptomatiques
    ➜ Hospitalisation de patients sans test PCR
    ⚠️ Des patients qui disparaissent
    ○ 26 patients traités, 20 comptés
    ○ 6 auraient été « perdus »
    ○ 1 s’est retiré sans raisons données
    ○ 1 n’a pas toléré les effets secondaires
    ○ 4 ont vu leur état s’aggraver
    ➜ Dont 3 ont fini en réanimation
    ➜ Et 1 est décédé
    ⚠️ Pas de groupe témoin valide
    ○ Groupe traité : 51.2 ans
    ○ Groupe « témoin » : 37.3 ans
    ○ Patients non appariés (logique…)
    ➜ Il se s’agit donc pas d’un témoin
    ⚠️ Variable mesurée : ADN via RT-PCR
    ○ Avec deux méthodes différentes
    ○ Qui ne sont pas détaillées
    ⚠️ Des données ininterprétables
    ○ Beaucoup de faux positifs
    ○ Certains négatifs redeviennent positifs
    ➜ Pas de conclusion possible
    ⚠️ Des données manquantes
    ○ Les auteurs ont extrapolé les données
    ○ A partir de données déjà non fiables (cf supra)
    ⚠️ Des données falsifiées ?
    ○ Selon plusieurs membres de l’IHU
    ➜ Enquête de l’APHM en cours
    ⚠️ En incluant tous les patients
    ○ Aucun effet visible
    ○ Sur TOUS les critères (cliniques ou biologiques)
    ⚠️ Taux de mortalité très faible
    ○ 99% des gens guériront sans traitement
    ○ Il faut ÉNORMÉMENT de patients pour voir un effet
    ➜ Impossible de conclure sur aussi peu de patients
    ⛔️ Revue par les pairs indépendantes plusieurs moins plus tard
    💬 « Cette étude souffre de lacunes méthodologiques majeures qui la rendent presque sinon complètement non informative (…) Le ton du rapport, présenté comme une preuve d’un effet de l’hydroxychloroquine et même en recommandant son utilisation, est non seulement non fondé, mais, étant donné la demande désespérée d’un traitement pour Covid-19, couplée avec le côté potentiellement de graves effets de l’hydroxychloroquine, totalement irresponsable »
    __________
    2️⃣ Etude 2 :
    ⚠️ Des conflits d’intérêts grossiers
    ○ L’auteur est rédacteur en chef adjoint de la revue
    ○ C’est aussi un employé de l’IHU
    ➜ Qui travaille donc pour M. Raoult
    ⚠️ Pas de groupe contrôle
    ○ Pas d’évaluation des facteurs confondants (!)
    ○ Notamment le tableau initial (gravité)
    ○ Les comorbidités
    ○ Ou même l’âge
    ➜ Cf infra
    ⚠️ Effectif bien trop faible pour voir un effet sur
    ○ Une maladie qui guérit seule dans 85% des cas
    ○ Une maladie qui guérit dans 99.5% des cas
    ➜ Cf étude 1, il faut BEAUCOUP de monde
    ⚠️ Mensonge sur la nature observationnelle
    ○ Il s’agit d’une étude interventionelle
    ○ Puisque la prescription est hors AMM…
    ○ Chez des patients non graves…
    ➜ Esquivant ainsi l’agrément de l’Agence du Médicament
    ➜ Et l’agrément du Comité de Protection des Personnes
    ➜ Qui n’ont pas été demandés, ou obtenus
    ⚠️ Des malades pas bien malades…
    ○ Âge médian : 52 ans
    ➜ Contre 72 ans pour les patients hospitalisés
    ➜ Sachant que 71% des décès ont plus de 75 ans
    ○ 92% avaient un score de gravité faible
    ○ 85% n’avaient pas de fièvre
    ○ 43% n’avaient pas de comorbidités
    ➜ Contre 22% pour les cas graves
    ○ La moitié n’avait pas d’atteinte pulmonaire
    ○ 85% n’ont pas eu besoin d’oxygène
    ○ 5% étaient carrément asymptomatiques
    ⚠️ Un protocole violé, comme pour la 1e étude
    ○ Les cas graves ont eu de la CEFTRIAXONE
    ○ Les critères de sortie ont changé en cours d’étude
    ⚠️ Malgré tout ceci
    ○ Aucun effet démontré sur la mortalité
    _________________________________
    📚 Sources :
    ▪️Les études dont nous parlons ici, et la rétractation
    [1] https://www.thelancet.com/.../PIIS0140-6736(20.../fulltext
    [2] https://www.thelancet.com/.../PIIS0140-6736(20.../fulltext
    [3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7102549
    [4] https://www.mediterranee-infection.com/.../COVID-IHU-2-1.pdf
    ▪️La revue par les pairs de la première étude de M. Raoult
    [5] https://www.sciencedirect.com/.../pii/S0924857920302338...# !
    ▪️ Les accusations de fraude
    [6] https://www.lepoint.fr/.../hydroxychloroquine-didier...
    ▪️ L’investigation (encore) de l’ANSM sur la légalité des études de l’IHU
    [7] https://www.egora.fr/.../67530-essais-cliniques-du-pr...
    ▪️L’avis des Comités de Protection de la Personne à l’INSERM
    [8] https://cerpop.inserm.fr/.../couderc-bettina-19-novembre... (Page 36)
    ▪️Plus de lecture sur la « science » selon M. Raoult
    [9] https://www.les-crises.fr/didier-raoult.../comment-page-3 (soft)
    [10] https://rechercheindependante.blogspot.com/.../la-fraude... (à charge, mais accrochez vous à votre chaise)

    #Hervérifie #science #relecture #méthode_scientifique #rétractation #erreur #Didier_Raoult #Lancet

    • Le « fossé » avec la Belgique est probablement à relativiser car il y a de très grosses disparités démographiques, sociales et de couverture santé.

      A ceci j’ajouterai cette observation empirique de dernière minute bruxelloise : des gamins autour de petit poilu en sont à leur deuxième contamination en deux mois (delta puis omicron ?) sachant qu’ils sortent de trois à quatre semaines de congés (une semaine ajoutée en décembre parce que c’était déjà n’importe quoi).
      > OK, forme plus « bénine » mais pas pour tous + quid des covid longs chez les kids ? quid des conséquences de ces infections à répétition ?

      Plus de garderies par manque de personnel (hautement malade), réduction des trains pour la même raison + fréquentation en baisse... ça sent le pâté hospitalier en prévision.

  • David Cayley, De la vie, 2021 – Et vous n’avez encore rien vu…
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/11/22/cayley-vie

    Ou comment légitimer de rien faire ou presque avec érudition, mais érudition philo-littéraire, avec en fait aucune connaissance de comment fonctionne le consensus scientifique (c’est fou tous les philos qui critiquent « La Science » en disant très justement qu’il n’y a pas Une Science… tout en le prétendant en fait eux-mêmes dans le même mouvement ! alors que dans la réalité de tous les jours, c’est beaucoup de débats, de relectures, de tests pour reproduire ou pas les observations des collègues, etc).

    Cela a engendré une censure efficace, d’abord pour ne pas ébruiter des désaccords scientifiques et ensuite pour conférer une apparence d’évidences irréfutables à ce qui n’est en réalité que précaution douteuse sur le plan scientifique. (On peut penser d’une part à la marginalisation d’experts en santé publique tel le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, Richard Schabas et de l’ancien directeur du centre international pour les maladies infectieuses du Manitoba, JoelKettner, en raison de leur désaccord. Et d’autre part, à l’utilisation des masques, déclarés inutiles au début de la pandémie, puis rendus obligatoires et indiscutables sans apporter davantage de preuves de leur utilité.)

    Un grand classique : on critique La Science MAIS attention, si ya UNE OU DEUX brebis galeuses bardées de diplômes « Science » qui elles vont dans mon sens, alors là je n’hésite pas à les citer !

    Sauf qu’il vaut mieux le dire et redire mille fois : le consensus scientifique ça marche pas comme ça : dans l’histoire de la recherche, presque à aucun moment une brebis galeuse n’a eu raison contre l’ensemble de toutes les personnes en capacité de la relire, de la comprendre, et de reproduire ce qu’elle avance. Ce pourquoi dans l’immense majorité des cas, ce qui est prouvé comme fonctionnant sur un problème ("le paracétamol diminue la douleur" … « le masque bien porté fait baisser drastiquement la propagation des virus en aérosol » …) c’est toujours des milliers de cherchereuses qui ont réussi à reproduire le même constat à travers le monde entier, dans plein de situations différentes, ce qui a permis de confirmer une hypothèse de départ.

    Les gens qui mettent en avant les quelques voix dissonantes sont en gros toujours des gens qui 1) n’ont aucune compétence dans le sujet en question et 2) qui ont magiquement déjà une réponse en tête (moi je CROIS que l’hydroxychloroquine ça marche) et qui vont ensuite chercher les quelques personnes et rares articles qui vont aller dans leur sens.

    À en croire Illich, les surprises faisaient le sel de sa vie.

    Surpriiiise tu viens de choper le covid et tu vas avoir des séquelles physiques et neurologiques pendant des mois et peut-être des années…

    Surpriiiise tu viens de refiler le covid à ton père et il est entre la vie et la mort avec des tubes partout…

    J’ai hâte !

    Un risque est une probabilité répartie dans une population, ce n’est pas une personne. Une personne invite au discernement, c’est-à-dire qu’elle nous invite à nous concentrer attentivement sur une histoire unique.

    Et un beau jour on découvrit l’épidémiologie, dont la discipline entière est d’étudier et se demander quoi faire lorsqu’une maladie se propage dans une population entière (et pire encore quand c’est la planète entière), et non pas comment soigner telle personne précise…

    Une personne qui s’est cassée la jambe, avec son histoire personnelle, ça n’a rien à avoir avec gérer la peste bubonique (par exemple). « Oh tiens votre peau devient toute noire et je vais vous soigner vous en particulier avec votre histoire particulière » … => ridicule.

    Cela ne signifie pas que le risque n’a pas de place légitime dans le monde. Un actuaire a besoin de connaître précisément la fréquence de certains évènements contraires ; un chirurgien négligerait son devoir s’il ne pesait pas le pour et le contre d’une intervention. Il s’agit ici, comme dans la pensée d’Illich en général, d’une question de degré ou d’équilibre.

    Comment se contredire deux phrases plus loin. Bah oui, c’est justement le principe de l’épidémiologie gros bêtassou illettré.

    Lorsque trois éminents épidémiologistes, Sunetra Gupta, Jayanta Bhattacharya et Martin Kulldorf publièrent la Déclaration de Great Barrington

    On parle de la déclaration organisée par un énorme think tank libertarien, qui nie le réchauffement climatique et investie des millions dans l’industrie fossile ? Mais ça c’est des supers alliés ! Illich serait ravi !

    (Je ne voudrais pas insister sur ce qui devrait être évident, mais une société donnée ne peut pas être, au même moment, confinée et non confinée, ce qui serait le seul moyen de comparer les deux situations de manière sûre et « scientifique ».)

    T’es au courant que la pandémie a touché la Terre entière ? Et que donc c’est une maladie qui touche de manière relativement similaire tous les êtres humains de toutes les sociétés ? Et que donc il est parfaitement possible de voir les différences entre les pays/régions qui ont confiné, et les autres pas ? Il est aussi possible de voir les différences dans un même pays entre des mois sans confiner puis tout d’un coup ce que ça a fait une fois confiné (genre en Angleterre).

    Ce qui m’inquiète le plus dans tout cela est le renforcement de ce que j’ai appelé ailleurs le « mythe de la science », ce qui signifie essentiellement qu’il existe une institution appelée science, s’exprimant d’une seule voix et de manière indiscutable. Chaque fois que quelqu’un parle de « la science », il convoque le mythe. En raison de leur nature, les sciences sont plurielles, contestables et sujettes à d’interminables révisions compliquées. En parler au singulier et faire de cet amalgame un oracle a deux conséquences profondément pernicieuses.

    La seconde conséquence pernicieuse de ce mythe est de nuire aux sciences elles-mêmes. En dépit de la censure qui s’est exercée pendant la pandémie, les désaccords fondamentaux qui ont, dès le début, divisé les épidémiologistes, les virologues, les spécialistes des maladies infectieuses et les experts en santé publique n’ont pu échapper à ceux qui ont l’esprit un tant soit peu ouvert et disposent de sources variées. Ces désaccords sont normaux, prévisibles et sains. C’est la fiction d’unanimité soutenue par ceux qui prétendent savoir et obéir à la science qui est malsaine. À mon avis, cette fiction perpétue une fausse représentation des sciences, dont sont exclus toute variabilité, toute contingence, et tout préjugé. Pire encore, son fondamentalisme engendre cette antiscience à laquelle elle tente de s’opposer. Les sciences s’épanouiront et rempliront leur rôle lorsqu’on cessera de les confondre avec la voix de la nature ou avec la voix de Dieu.

    Cf l’intro du début : « La Science » en tant que grand tout est essentiellement mis en avance par : 1) les politiques et technocrates, qui veulent faire accepter des choses, et 2) les critiques dans son genre. Là pour le covid, ya quand même des milliers de milliers de pages de preuves (mais faut pas être paresseux et les chercher plutôt que de parler en abstraction) qui montrent parfaitement qu’il y a eu plein de débats, plein de tests, plein d’hypothèses, dans la communauté scientifique. Et qu’après des mois de débats, d’expériences, de reproduction des expériences des autres, etc, il c’est DÉGAGÉ un consensus : le virus se propage essentiellement par aérosol, et du coup mettre des masques sérieusement c’est cool pour tout le monde, aérer sérieusement c’est cool, et ne PAS mettre de masque dans un lieu fermé c’est augmenter immensément les risques de propagation (et donc de morts dans le territoire en question), etc, etc.

    Le contraste a été brutal dans le cas de la pratique religieuse. On a approuvé et encouragé les rituels de santé et de sécurité et interdit les rituels religieux.

    Trop dur !

    #David_Cayley #Ivan_Illich #Illich #Jean-Pierre_Dupuy #débat #philosophie #antiscience #consensus_scientifique #méthode_scientifique #vie #Jésus (il parait que c’est important de savoir ce que faisait Jésus dans ce débat)

    • @rastapopoulos
      Voilà une belle manière de ne pas lire un texte en voulant n’y voir que ce que l’on connait déjà !

      Vers la fin on peut tout de même lire ceci :

      J’ai raconté plus haut l’histoire du jeune homme qui, suite à la conférence d’Illich sur Némesis médicale , se demandait si Illich proposait de « laisser mourir les gens ». Je suis bien sûr qu’on pourrait me poser la même question aujourd’hui. C’est une question étrange car elle implique qu’il dépend de moi, ou d’Illich, ou de quiconque peut être interpelé de cette manière, d’autoriser ou non autrui à mourir.

      Mais le progressiste ne supporte pas que l’on discute "la Science". Dès que l’on questionne ses certitudes, il vous demande si vous préférez « laisser mourir les gens »...

      Les représentations antiques des Parques les montrent en train de filer et de couper le fil de la destinée, distribuant à chacun sa part définitive dès la naissance. La représentation contemporaine montre exactement l’inverse. Rien ne détermine notre destin hormis la vigilance des institutions qui nous protègent. Nous vivrons jusqu’à ce qu’on nous « autorise » à mourir, à la fin du traitement.

      Le progressiste ne voit pas de problème a contraindre les gens, si c’est pour leur bien. Obligation vaccinale, QR Code, confinement des non-vaccinés, et quoi d’autre encore... pourvu qu’il soit "scientifiquement démontré" que c’est "efficace"...

      L’hubris qui caractérise cette représentation est l’image inversée de l’ancienne. Illich était l’homme du « juste milieu », ce qui ne signifiait pas la médiocrité à ses yeux, mais un discernement sur le fil du rasoir constamment renouvelé. Il ne préconisait pas plus de laisser mourir les gens au hasard que de les maintenir en vie à tout prix. Rien ne nous indique le point d’équilibre à l’avance, mais ce n’est certainement pas en interdisant la discussion que nous le trouverons.

      Le progressiste ne supporte pas qu’il n’y ai pas de solution rapide et définitive à un problème. Il lui faut de l’hydroxychloroquine, des vaccins, ou une stratégie "Zéro Covid". Il ne peut pas admettre que le virus continuera à circuler quoi qu’il fasse (et quoi qu’il soit effectivement nécessaire de faire pour limiter les dégâts), parce que c’est quelque chose de trop petit et insaisissable pour être maîtrisé. Un peu comme la radioactivité d’un réacteur nucléaire en fusion...

      Et donc, le progressiste n’admet d’autre solution que technique, le reste - la destruction de la vie sociale, le renforcement de l’arbitraire - il s’en fout. Et puisque cela ne marche pas, il lui faut des bouc émissaires :

      les foutaises sur la liberté et Macron il est méchant, ça tient tant qu’on ne considère pas qu’il y a une conséquence réellement mortelle au « choix » de ne pas se faire vacciner. Et que ce choix a pour conséquence de tuer des gens. Si ça vous fait chier de l’entendre, continuez à vous enterrer la tête dans le cul, mais ne venez pas couiner que ce sont les autres qui sont méchants.

      https://seenthis.net/messages/936603
      C’est dans un post d’ @arno .

      Le progressiste manie avec virtuosité les chiffres et les stats, car il s’est lui-même si bien identifié aux experts et au point de vue du gouvernement - c’est-à-dire à la domination - qu’il se considère lui-même comme une variable d’ajustement. Stade suprême de l’aliénation...

      Un risque est une probabilité répartie dans une population, ce n’est pas une personne. Une personne invite au discernement, c’est-à-dire qu’elle nous invite à nous concentrer attentivement sur une histoire unique.

      Explication : si dans une population une stat établi que les individus ont tant de probabilité de mourir de tel chose, ou de diffuser telle maladie, cela ne veut pas dire que tous les individus ont la même probabilité de le faire, mais seulement que c’est une moyenne. Et donc, on ne peut pas imputer a un individu ou à une fraction de la population la cause ou la responsabilité de quelque chose à partir de stats. On ne peut pas non plus justifier des mesures générales sur la base de ces stats : il faudrait avant tout faire appel au #discernement des personnes.

      Mais c’est pas une solution technique, donc ça ne vaut rien, n’est-ce pas !?

      Mais le progressiste ne s’indigne pas plus que ça que certains qualifient d’ assassins certaines catégories ni des mesures de discrimination à l’égard de ceux qu’il considère comme des déviants.

      Le progressiste oublie facilement l’histoire, et particulièrement celle des sciences. Car à propos de " comment fonctionne le consensus scientifique ", on pourrait parler de l’idéologie scientifique #eugénisme qui avait pignon sur rue au début du XXe siècle.

      Là également à " aucun moment une brebis galeuse n’a eu raison contre l’ensemble de toutes les personnes en capacité de la relire, de la comprendre, et de reproduire ce qu’elle avance " car il s’agissait de rien de moins que d’éviter la dégénérescence de la race humaine.

      Là aussi des solutions techniques ont été mises en œuvre et des populations ont été stigmatisées pour leurs mauvais comportements sociaux et reproductifs, jusque dans des pays tout ce qu’il y a de (socio-)démocratiques...

      Autrement dit, le consensus scientifique d’un jour n’est peut-être pas celui de demain, et l’expérimentation dans le #laboratoire-monde n’a pas encore livrée tous ses résultats...

      Donc, oui, ce texte de David Cayley n’est pas parfait ni irréprochable. C’est vraiment étonnant, n’est-ce pas ?!?

      Il cite des libéraux, en effet. Mais quand les soi-disant progressistes ont renoncé à défendre la liberté et l’autonomie (le discernement) des personnes, vers qui se tourner ?

      https://sniadecki.wordpress.com/tag/mathieu-slama

      Ou pensent-ils qu’Illich lui-même a tort ?

    • Le débat est important, il me semble. Est-ce que vous en savez plus sur Richard Schabas, l’ancien directeur du centre international pour les maladies infectieuses du Manitoba, et Joel Kettner ? à toutes fins utiles j’aurai voulu comprendre les positions qu’ils ont tenu ou tiennent.

  • Avis du COMETS « Communication scientifique en situation de crise sanitaire : profusion, richesse et dérives » | COMETS
    https://comite-ethique.cnrs.fr/avis-du-comets-communication-scientifique-en-situation-de-crise-

    Le COMETS publie un nouvel Avis « Communication scientifique en situation de crise sanitaire : profusion, richesse et dérives » (n°2021-42), approuvé le 25 juin 2021.

    Accéder à l’avis : https://comite-ethique.cnrs.fr/wp-content/uploads/2021/09/AVIS-2021-42.pdf

    RÉSUMÉ – Le COMETS traite, dans cet avis, des multiples formes prises par la communication scientifique dans le contexte de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19, due au SARS-CoV-2. Le recul de près de deux ans de crise permet de dresser un premier bilan des forces et faiblesses de cette communication. Nous examinons tout d’abord de quelle manière la crise a impacté la communication au sein de la communauté scientifique. Puis nous montrons combien la pertinence de la communication offerte au public par l’entremise de diverses sources d’informations a été déterminante dans la perception que les citoyens ont eu de la crise et dans leur adhésion au discours scientifique. Nous abordons la question de l’articulation entre la mission des experts scientifiques et les impératifs des décideurs. Enfin, nous évoquons les difficultés rencontrées par les scientifiques lorsqu’ils sont confrontés à la défiance des citoyens envers la science et à l’émergence d’un « populisme scientifique ». 
    L’avis débute par un constat optimiste : les connaissances sur le SARS-CoV-2 et la COVID-19 ont très rapidement évolué grâce à une mobilisation inédite de la communauté scientifique internationale, au partage des données et à une politique éditoriale d’ouverture des publications, toutes initiatives qui sont les conséquences des récentes avancées permises par la Science Ouverte. Mais, le COMETS porte aussi un regard critique sur certaines dérives éditoriales et notamment sur les écarts à l‘intégrité scientifique, à la déontologie et à l’éthique qui ont accompagné la publication de travaux contestables portant sur des traitements de la COVID-19 par l’hydroxychloroquine. D’une manière plus générale, le COMETS déplore le comportement irresponsable de certains chercheurs qui ignorent, ou veulent ignorer, les fondements de la démarche scientifique que sont la rigueur, l’honnêteté, la fiabilité et la transparence des méthodes utilisées et l’évaluation critique des publications par les pairs. Les dérives constatées sont lourdes de conséquences par leur impact sur la santé et parce qu’elles contribuent à la défiance des citoyens vis-à-vis de la science et des scientifiques. Cette défiance est d’autant plus difficile à lever que les connaissances sur le virus et la pandémie étant en constante évolution, toute information, considérée comme vérité un jour, peut se trouver démentie le lendemain. Les diverses sources d’informations — institutionnelles, presse, médias, mais aussi réseaux sociaux — ont été des vecteurs déterminants pour éclairer les citoyens. Le COMETS tient à souligner le souci de partage des connaissances avec le public de l’ensemble de la communauté scientifique et salue le difficile et indispensable travail des journalistes. Cependant, force est de constater que les dérives ont été nombreuses : certains médias de grande écoute ont favorisé une « communication spectacle » volontiers polémique et entretenu la confusion entre vérité scientifique et opinion. Des médias ont également servi de tribune à des scientifiques pour y développer des thèses contestables. Les nouveaux médiateurs de l’information que sont internet et les réseaux sociaux ont aussi contribué à la désinformation du public et à la propagation des croyances complotistes. Le COMETS tente d’analyser les raisons qui ont conduit certains citoyens à adhérer à ces croyances complotistes et comment a pu se propager une vague de « populisme scientifique » dans laquelle l’opinion prime sur le fait scientifique.
    Le COMETS s’est aussi penché sur la délicate question de l’articulation entre expertise scientifique et décision politique dans un contexte de crise et in fine sur la recevabilité du message de l’expert lorsqu’il est communiqué aux citoyens. 
    En conclusion, la communication de crise a mis à jour une crise de la communication scientifique aux multiples facettes et d’une portée générale. L’un des enjeux pour la résoudre est indubitablement d’élever le niveau de culture scientifique des citoyens mais aussi des décideurs politiques, un devoir éthique auquel les chercheurs doivent contribuer.

    • 2. Des écarts à l‘intégrité scientifique, à la déontologie et à l’éthique lourds de conséquences
      Face à l’urgence de trouver des solutions thérapeutiques à la COVID-19, des acteurs de la recherche et du monde médical ont soutenu que l’intuition ou le « bon sens », médical seraient suffisants pour décider de l’efficacité et de la sécurité d’un traitement. Ils ont déclaré être les tenants d’une « éthique du traitement » qui serait opposée à une « éthique de la recherche ». Ce discours a servi la promotion, par Didier Raoult et son équipe de l’IHU de Marseille, du traitement de la COVID-19 par un antipaludéen connu de longue date, l’hydroxychloroquine (HCQ). Largement ouvert au public, dans des conditions peu respectueuses des règles de déontologie médicale, le traitement a fait l’objet d’un emballement médiatique et politique alors même que son efficacité sur la COVID-19 ne reposait que sur une étude clinique contestable. Les dérives qui ont accompagné la publication de cette étude dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents ont alerté la communauté scientifique (voir Annexe 1). Elles sont édifiantes : accepté 24 heures après sa soumission, l’article a eu, dès sa parution, un énorme impact international ; il a été critiqué sur sa méthodologie (élimination de cas, biais statistiques, absence de preuves robustes,) et suscité des commentaires sur le processus de validation par les pairs, l’un des signataires, Jean-Marc Rolain, étant aussi l’éditeur en chef de cette revue. Face à la pression de la communauté scientifique, l’article a été ré-évalué postérieurement à sa publication. L’expertise, rendue publique par la revue, a recommandé le retrait de l’article, ce qui n’a pas été fait, son éditeur en chef l’ayant seulement « ouvert à la discussion ». On ne peut que déplorer une décision qui remet en cause le jugement par les pairs et va à l’encontre des critiques unanimes de ces derniers.

      Près de 40 % des articles publiés dans l’International Journal of Antimicrobial Agents depuis sa création en 2013 ont été co-signés par son éditeur en chef, Jean-Marc Rolain, et un, voire plusieurs, membres de l’IHU de Marseille dont Didier Raoult. De tels conflits d’intérêt jettent la suspicion sur la validité de leurs travaux et sont d’autant plus critiquables que cette autopromotion contribue à l’avancement de carrière des auteurs et au financement de leur recherche, tous deux conditionnés par le nombre de leurs publications. 26 L’article de D. Raoult et son équipe oblige à un questionnement sur la responsabilité des auteurs face à l’énorme impact de leurs résultats en termes de soins. On peut s’inquiéter de ce que cette étude si peu probante ait pu susciter une telle adhésion du public. Il a été impossible par la suite d’en corriger les effets. Comme nous le discutons plus loin, cette situation rassemble beaucoup des ingrédients de ce qui s’apparente au « populisme scientifique ».

    • Dans le contexte de la crise sanitaire, le soutien sans partage d’une partie de la population au traitement à l’HCQ préconisé par Didier Raoult revêt certains traits du populisme scientifique : méfiance à l’égard de ceux qui s’expriment mais ne fournissent pas de clefs immédiates aux questions posées ; préférence pour les solutions simples et rassurantes ; défiance vis à vis des élites supposées ignorantes des réalités de terrain ; opposition de communautés régionales éloignées du centre de gravité parisien de prise des décisions ; rejet des affirmations des scientifiques jugés compromis par leur proximité avec l’instance politique qu’ils conseillent ; enfin une forme de fascination exercée par une « personnalité forte » qui s’affirme par ses défis contre la représentativité académique.

      La dérive populiste de la science peut être aussi le fait d’un responsable politique. Ainsi, Philippe Douste-Blazy, ancien ministre et professeur de santé publique, et Christian Perronne, professeur de médecine, lançaient début avril 2020 une pétition en ligne demandant au gouvernement d ’accélérer les procédures de mise à disposition du traitement à l’HCQ et recueillaient près de 600.000 signatures ! Quelques jours plus tard était publié un sondage du Parisien, largement répercuté dans d’autres médias, qui portait sur « la croyance » du public en l’efficacité de l’HCQ 44. On ne peut que s ’inquiéter que le choix d ’un traitement puisse être décidé par l’opinion publique sur la base d’une pétition ou d’un sondage et que des décisions politiques puissent être prises en se fondant sur des croyances ou des arguments irrationnels, faisant uniquement appel à la peur ou l’émotion.

      #CNRS #éthique #science #méthode_scientifique #populisme_scientifique #communication #vulgarisation #médias #Didier_Raoult

    • Bizarrement, alors que la rédaction du rapport est annoncé comme ayant couru jusqu’à août 2021, aucune mention de Mucchielli dans ce rapport, alors que ses conneries durent depuis plus d’un an donc la même période que le rapport. Et alors que lui il est interne au CNRS, donc le comité d’éthique devrait en parler au moins autant que les personnalités extérieures.

    • Lynchage et reprise en main par la propagande du régime...vous avez des places à sauver ? Ou est la « catastrophe évitée de justesse » que vous imputez à la seule l’HCQ ? Elle est là avec son QR-code et ses bruits de bottes...

    • L’un des enjeux pour […] résoudre [la communication de crise] est indubitablement d’élever le niveau de culture scientifique des citoyens mais aussi des décideurs politiques, un devoir éthique auquel les chercheurs doivent contribuer.

      Et de changer de type de décideurs politiques ?

  • Vaccin et magnétisme : la mise au point des confrères de l’infirmière antivax [Accès Libre] - Charente Libre.fr
    https://www.charentelibre.fr/2021/08/19/un-cardiologue-charentais-rejoint-la-sphere-des-antivaxles-masques-son

    Les masques ? Dangereux pour la santé. Le vaccin contre le covid ? Il rend magnétique. C’est ce que soutient une "étude" baptisée "Opération Secret 16" et menée par un médecin charentais. Le Dr Julien Devilleger n’est pas virologue mais cardiologue à Angoulême et La Rochefoucauld. Samedi soir, il était invité sur le plateau de "La Une TV", une web-télé anti-pass sanitaire qui vient d’être lancée par Richard Boutry. L’ex-présentateur du Soir 3 fédère désormais les complotistes, s’affiche dans toutes les manifs et propose à ses fans de lui envoyer des dons par La Poste.

    Samedi soir, l’émission fleuve (3h30), déjà regardée par plus de 150.000 personnes, rassemblait plusieurs médecins : une enseignante suisse et un ancien radiologue qui ont participé au documentaire "Hold-up", qui promettait de raconter la face cachée de l’épidémie mais qui accumulait les contre-vérités, un psychiatre de Dijon ou encore Tal Schaller, ancien médecin partisan de l’urinothérapie. Et donc Julien Devilleger que Richard Boutry présente comme "un grand spécialiste, qui prend tous les risques par rapport à l’ARS et au conseil de l’Ordre, en venant sur ce plateau". Rappelons de nouveau que Julien Devilleger est avant tout spécialiste du coeur.

    Le Charentais explique avoir vu sur le web les vidéos montrant des fourchettes ou des téléphones aimantés sur des épaules vaccinées. Le Dr Devilleger, d’abord sceptique, a voulu vérifier, dans la lignée d’une étude luxembourgeoise.
    Une première étude réalisée par un consultant

    L’étude qu’il a réalisée et qui n’a pas grand-chose de scientifique vise à étudier l’aimantation d’une pièce d’un euro chez 75 patients vaccinés, en comparaison à un groupe témoin de 30 personnes non vaccinées. Nom de code : "Opération Secret 16".

    Ses résultats montreraient "une aimantation beaucoup plus fréquente chez les vaccinés (35/75) par rapport aux non-vaccinés (2/30). Cette aimantation est beaucoup plus fréquente en cas de vaccination Astra (17/28 vaccinés) par rapport aux non vaccinés (2/30)", écrit le médecin dans un document disponible en ligne. Il y précise que les tests ont été faits sur peau sèche et non transpirante.

    Le Monde (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/06/17/magnet-challenge-comment-expliquer-que-des-aimants-collent-a-la-peau-avec-ou) avait consacré un article en juin au pseudo-magnétisme des vaccins, donnant la parole à plusieurs spécialistes de la physique et du magnétisme. Ils expliquaient que ce phénomène d’aimantation « n’a rien à voir avec le vaccin ni même avec l’aimant mais avec la peau humaine, qui sécrète du sébum ».

    Héhé… On a des bons en Charente aussi…

    #méthode_scientifique_pour_les_nuls#magnetisme_vs_sebum

  • A l’université, l’objectif d’une rentrée sur site à 100 % maintenu
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/07/29/a-l-universite-l-objectif-d-une-rentree-sur-site-a-100-maintenu_6089920_4401

    L’objectif d’une rentrée sur site à 100 % dans les universités « est plus que jamais maintenu », a déclaré la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dans une interview au quotidien Ouest-France publiée jeudi 29 juillet. Pour cela, les gestes barrières et le port du masque seront maintenus.

    Taratatsoin pouët pouët ! Oyez la fanfare ! (heu, elle jouerait pas un peu faux, la fanfare ?)

    #méthode_coué #autruche #irresponsables #covid19

    • https://theconversation.com/methode-miyawaki-pourquoi-les-microforets-ne-sont-pas-vraiment-des-

      Concrètement, il s’agit de restaurer un « écosystème forestier » en plantant de jeunes arbres très serrés (3 au m² en moyenne) et en privilégiant des espèces locales. La technique peut s’appliquer en ville, mais pas que. Ses promoteurs mettent en avant la croissance rapide des arbres et la restauration d’un « écosystème forestier » en quelques années, sans intervention humaine au-delà de la plantation. L’idée est séduisante et la rhétorique évocatrice, mais est-ce la panacée pour autant ?

      Oui, une microforêt pousse vite, haut et (presque) sans entretien : c’est un gros avantage. Mais si elle pousse si haut si vite, c’est que les arbres cherchent tous à accéder le plus rapidement possible à la lumière, à l’eau et aux nutriments, avant que leurs voisins n’accaparent ces ressources.

      Comme le chantait si bien ce groupe venu du Nord, « The winner takes it all » : premier arrivé, premier servi ! En écologie, on appelle ce phénomène la compétition. C’est naturel, il n’y a pas lieu de s’en offusquer. Mais cela a une conséquence immédiate : c’est l’hécatombe.
      Une des rares études menées en Europe sur l’efficacité de la « méthode de Miyawaki » fait état de 61 à 84 % de mortalité des arbres 12 ans après la plantation. Ce n’est pas un problème en soi, cela signifie seulement que toutes les jeunes pousses plantées dans une métropole ne donneront pas, à terme, des arbres. La nuance est de taille.

      https://www.sfecologie.org/regard/regards-3-mouquet

      Transcendant les questions éthiques associées à l’impact de l’homme sur la nature, notre société a trouvé dans cette notion de « service » une rationalisation quasi économique du concept de diversité biologique. Au delà des limites et des dérives d’une simple approche comptable de la diversité (et qui seront discutées dans un autre regard), il y a un vrai raisonnement liant diversité et fonctionnement des écosystèmes. Raisonnement souvent méconnu voir inconnu de ceux-là même qui en défendent l’importance pour notre société ! Ce regard donc, pour, indépendamment du débat sur l’économie de la biodiversité, mieux expliquer les mécanismes biologiques qui lient la diversité des espèces (ou diversité spécifique) au fonctionnement des écosystèmes.

    • 12 ans de recul c’est peu pour se prononcer sur la validité de la méthode.
      Certes la densité de plantation de la méthode Miyawaki peut paraitre excessive et inutile (80% de perte) mais pendant leur durée de vie les végétaux ne font pas que se concurrencer ils assurent aussi la couverture du sol, le maintien de l’humidité, un abri pour la faune et un apport d’humus lors de leur décomposition.
      Pour donner la mesure, La densité d’un semis naturel est de 100 plants/m2 (100 000/ha) la densité finale (+ 150 ans) de nos forets cultivées (futaies) est de 100 plants à l’hectare (un arbre tous les 10 metres). Le taux de survie est donc de 0,1% mais sur des parcelles expérimentales laissées volontairement sans interventions humaines, au bout d’un siècle il reste parfois un seul arbre/hectare, car la nature s’en fout du rendement !
      Finalement comme toujours la nature fait mieux avec moins de dépense d’énergie et l’humain avec sa logique comptable veut surtout faire « plus vite ».

  • Garantir une #liberté_académique effective

    Ce billet est consacré à la notion de liberté académique. Auparavant, nous traitons succinctement de trois sujets d’actualité.

    #Maccarthysme — Depuis le 16 février, nous vivons une de ces séquences maccarthystes qui ont fait le quotidien des Bolsonaro, Trump, Johnson et autres Orbán [1], et qui se répètent désormais dans le nôtre. L’attaque de l’exécutif contre les scientifiques a été déclenchée à l’approche des élections régionales par Mme #Vidal, possiblement tête de liste à Nice. Cet épisode politicien consternant ouvre la campagne des présidentielles pour le chef de l’État ainsi que pour les autres ministres chargés de chasser sur les terres lexicales de l’#extrême_droite. La charge consiste à désigner comme non scientifiques certains domaines de la #recherche et à les associer au #terrorisme, par un nom chimérique construit sur le modèle de l’adjectif « #judéo-bolchévique », de sinistre mémoire. La #menace est réelle. Mais elle ne vient pas des travaux insufflés par une libido politique, qui innervent aujourd’hui un grand nombre de disciplines des sciences dures et humaines, elle vient de la #stratégie_politique qui accuse la recherche et l’#Université d’être politisées tout en leur enjoignant ailleurs de légitimer les choix « sociétaux » des politiques [2] ou de répondre dans l’urgence à une crise par des appels à projet [3]. Elle s’entend dans ce lexique confusionniste et moraliste qui prétend dire ce qu’est la #science sans en passer par la #méthode_scientifique. Elle se reconnaît à la fiction du débat qui occupe l’#espace_médiatique par #tribunes de #presse et, bien pire, sur les plateaux des chaînes de #télévision singeant le modèle de Fox News et des médias ultraconservateurs états-uniens.

    La menace nous appelle donc à forger de solides réseaux de #solidarité pour les affronter et à nous réarmer intellectuellement, pour réinstituer l’Université.

    #Zéro_Covid — Nous avons à nouveau demandé au Président de la République, au Premier Ministre et au Ministre de la santé de recevoir une délégation de chercheurs pour proposer une série de mesures de sécurisation sanitaire composant une stratégie globale Zéro Covid (https://rogueesr.fr/zero-covid), conformément à la tribune (https://rogueesr.fr/zero-covid) signée, déjà, par plus de mille chercheuses et chercheurs.

    #Hcéres — Dans ce contexte, il peut être pertinent de revenir sur le fonctionnement du Hcéres, instance symptomatique s’il en est des menaces institutionnelles qui pèsent sur la liberté académique. Le collège du Hcéres réuni le 1er mars a entériné le recrutement de M. #Larrouturou comme directeur du département d’évaluation des organismes nationaux de recherche. M. Larrouturou était, avant sa démission le soir de l’adoption de la LPR, à la tête de la Direction générale de la recherche et de l’innovation (DGRI). À ce titre, il a organisé la nomination de M. #Coulhon à la présidence du collège du Hcéres. À qui en douterait encore, ce renvoi d’ascenseur confirme l’imbrication des différentes bureaucraties de la recherche et leur entre-soi conduisant au #conflit_d’intérêt permanent.

    Certains militants d’une fausse liberté académique, dans une tribune récemment publiée, ont par ailleurs présenté le département d’évaluation de la recherche comme l’instance légitime pour une mission de contrôle politique des facultés. Il est donc intéressant de relever que ce département demeurera dirigé par un conférencier occasionnel de l’#Action_Française, le mouvement de #Charles_Maurras à qui l’on doit le mythe de l’Université inféodée aux quatre États confédérés (Juifs, Protestants, Francs-Maçons, « Métèques ») [4].

    Enfin, trois membres d’instances nationales de La République en Marche apparaissent dorénavant dans l’organigramme du Hcéres, confortant les craintes de constitution d’un ministère Bis en charge de la reprise en main de la recherche.

    Garantir une liberté académique effective — Vous trouverez ici la première partie de notre synthèse : Réinstituer la liberté académique : https://rogueesr.fr/liberte-academique.

    –---

    [1] À ce sujet, on pourra lire l’actualité récente en Angleterre, frappante de similitude :

    - Government to appoint “free-speech champion” for English universities : https://www.theguardian.com/world/2021/feb/14/government-to-appoint-free-speech-champion-for-universities-heritage-hi
    - A political scientist defends white identity policies : https://www.newyorker.com/news/q-and-a/a-political-scientist-defends-white-identity-politics-eric-kaufmann-white
    - Gavin Williamson using “misleading” research to justify campus free-speech law : https://www.theguardian.com/education/2021/feb/27/gavin-williamson-using-misleading-research-to-justify-campus-free-speec

    [2] Le CNRS célèbre ses 80 ans : http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-cnrs-celebre-ses-80-ans

    [3] Face aux attentats : un an de mobilisation au CNRS : https://www.cnrs.fr/fr/face-aux-attentats-un-de-mobilisation-au-cnrs

    [4] Les convictions politiques de la personne en question n’auraient pas vocation à apparaître sur la place publique s’il n’était pas précisément question de lui confier une mission de contrôle politique des universités. D’autre part, nous nous refusons à mentionner des liens vers des pages pointant vers des sites d’extrême-droite. Les lecteurs soucieux de vérification les trouveront sans peine.

    https://rogueesr.fr/2021/03/03
    #libertés_académiques

    –—

    ajouté au fil de discussion autour des propos tenus par Vidal :
    https://seenthis.net/messages/902062

    • La #résistance s’organise à #Sorbonne_Univresité

      Les paniques identitaires n’ont pas leur place à @Sorbonne_Univ_ !

      Le 07 et 08 Janvier se tiendra en Sorbonne le colloque « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture ».
      Nous nous opposons à l’accueil des idées réactionnaires au sein de notre université

      Avec Solidaires Étu SU, l’ASU, la BAFFE et le NPA Jussieu-ENS, nous dénonçons l’accueil de ce pseudo colloque portant sur la "cancel culture" et la lutte contre les discriminations qui menacerait "le monde éducatif, où elle y a déjà causé quelques dégâts" d’après sa description.

      Nous demandons à ce que @Sorbonne_Univ_ se désolidarise de la tenue d’un tel colloque dans l’un de ses campus !
      Nous soulignons également la présence du ministre Blanquer qui préfère à l’éducation nationale crédibiliser les fantasmes identitaires !

      https://twitter.com/UNEFsorbonneU/status/1479104625533804551

      #résistance

    • Ceci n’est pas un colloque universitaire - communiqué

      Du 7 au 8 Janvier, l’association loi 1901 "Le Collège de Philosophie" présidé par l’un de nos collègues de la Faculté des Lettres (Pierre-Henri Tavoillot) organise un colloque intitulé « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture ». Utilisant pernicieusement le crédit de l’université qui l’héberge - l’université est un lieu de liberté d’expression, cette réunion partisane se présente comme un colloque "d’échanges scientifiques" visant à « étudier les tenants et aboutissants de la pensée décoloniale, "wokisme", ou "cancel culture" et comment elle s’introduit dans le système éducatif pour y imposer une morale au détriment de l’esprit critique » (sic). Les conclusions de ce "colloque" sont déjà connues, puisqu’elles sont dans son titre : la "cancel culture" (terme utilisé par les conservateurs américains et amalgamé ici avec la pensée décoloniale, courant intellectuel anti-raciste) venue des États-Unis aurait détruit les sciences et la culture, et il faudrait les reconstruire. Par un grossier retournement de la réalité, ce pseudo-colloque universitaire implémente exactement ce qu’il entend dénoncer : le camouflage d’une idéologie sous couvert de recherche universitaire, aidé par la localisation de cette réunion politique dans une université !

      La liberté d’expression est la règle à l’université, et il est donc possible d’y organiser des réunions politiques. Une réunion de La France Insoumise ou d’En Marche qui y aurait lieu n’entraînerait aucun doute sur l’absence de caractère universitaire d’une telle réunion. Par contre, un "colloque" organisé par "le Collège de Philosophie" (qui n’a aucune reconnaissance universitaire) utilise la tutelle du lieu pour déguiser des propos idéologiques en "recherche" ou "échanges scientifiques".

      SUD Éducation appelle les collègues de toute catégorie professionnelle et les étudiant.e.s à ne pas tomber dans le panneau de ce colloque idéologique pseudo-scientifique
      1. Un parti pris idéologique revendiqué, indigne d’un vrai colloque scientifique

      Sans prendre en compte la réalité du racisme, du sexisme, des oppressions coloniales, ce colloque s’oppose à leur étude sociologique ou historique. Le constat est fait dès la présentation du colloque : un "ordre moral" serait introduit (comment ? par qui ?) qui serait "incompatible" avec le système éducatif. On parle d’ailleurs de "wokisme" ou de "cancel culture" dont les définitions sont absentes, ce qui peut laisser penser que les organisateurs et organisatrices ne les connaissent pas elles-mêmes ou choisissent délibérément de les garder dans le flou (rendant ainsi plus facile leur caricature et leur condamnation). On peut remarquer que le terme "pensée décoloniale", présenté comme synonyme de ces termes, est au contraire revendiqué par des courants anti-racistes, ce qui confirme la connaissance rigoureuse que les organisateurs du colloque semblent avoir des courants de pensée dont ils entendent discuter.
      Et surtout, dans ce "colloque", aucune trace de la disputatio, une des règles de base de la recherche et de son intégrité. Aucun-e représentant-e des études décoloniales n’intervient dans cet évènement. Ceci n’est donc pas un colloque universitaire mais un colloque politique et idéologique.

      2. Une réunion politique et publicitaire

      Les intervenant.e.s de ce colloque ne sont pas neutres. Une discussion sérieuse autour de questions scientifiques impliquerait la présence d’intervenant.e.s varié.e.s et la possibilité d’un débat contradictoire. Toutefois, beaucoup des intervenant.e.s invité.e.s sont connu.e.s plutôt pour leur opposition médiatique aux questions de l’antiracisme et du féminisme, que pour leur travaux de recherche sur ces questions : Mathieu Bock-Côté et ses aspirations identitaires décrites dans "L’empire du politiquement correct", qui remplace désormais Éric Zemmour sur CNEWS, Jacques Julliard qui ironise sur une gauche qui aurait abandonné la nation et l’identité nationale au profit de la diversité (voir les conclusions "L’esprit du peuple"), Nathalie Heinich dont on peut supposer qu’elle parlera "des enjeux épistémologiques de la post-vérité" plutôt en tant que signataire de la tribune "Non au séparatisme islamiste" du Figaro (mars 2018) qu’en tant que sociologue de l’art, pour prendre des exemples connus... De plus que vient faire une table ronde de "témoins" du "néoracisme", invitant entre autres Pascal Bruckner, essayiste, dans un colloque universitaire ? La présence du romancier fait résonner ses propos manichéen sur la lutte contre l’islamophobie, la comparant à une "chasse aux sorcières", ou ses accusations contre Rokhaya Diallo, mettant en cause son militantisme comme ayant entraîné les attentats meurtriers contre Charlie Hebdo en 2015. Face à des intervenant.e.s aussi politisé.e.s et venu.e.s défendre leurs écrits politiques au regard du programme, où est la contradiction ? Remarquons que le ministre de l’Éducation Nationale semble avoir le temps de sonner le départ de ces deux jours de réunion, alors que la situation des établissements scolaires est catastrophique.

      3. Un évènement de propagande de la "pensée" réactionnaire

      En conséquence, nous appelons nos collègues et les étudiant.e.s de Sorbonne Université a être vigilant.e.s vis-à-vis du déguisement universitaire d’une idéologie réactionnaire en vogue actuellement. Ce "colloque" ne peut être considéré comme indépendant des attaques médiatiques et politiciennes envers des collègues, accusé.e.s d’"islamogauchisme" par les ministres de l’ESR et de l’Éducation Nationale, ainsi que des personnalités politiques dans la droite ligne de l’extrême-droite qui en d’autres temps accusait l’Université d’être sous l’emprise judéo-maçonnique (voir la Une de Paris Soir du samedi 31 Novembre 1940). Nous pensons que ce colloque pseudo-scientifique vise à légitimer ces attaques, et à censurer toute pensée universitaire critique des dominations. Dans le respect des traditions universitaires, nous appelons au contraire à défendre les libertés pédagogiques et de recherche et l’indépendance de nos collègues face à l’ingérence des tutelles politiques nationales ou régionales. Ce n’est que dans de telles conditions que la recherche et les idées nouvelles peuvent s’épanouir !

      https://sud-su.fr/spip.php?article36

    • Communiqué FERC Sup Sorbonne Université - Ceci est-il un colloque universitaire ?

      Les 7 et 8 janvier 2022 se tiendra dans un amphithéâtre de la Sorbonne un événement intitulé « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture ».

      Cette réunion se présente comme un colloque "d’échanges scientifiques" visant à "étudier les tenants et aboutissants de la pensée décoloniale, "wokisme", ou "cancel culture" et comment elle s’introduit dans le système éducatif pour y imposer une morale au détriment de l’esprit critique".

      Ce colloque va être ouvert par Blanquer le ministre de l’Éducation nationale qui affirmait il y a un an, sans jamais être revenu sur ses dires que « Notre société a été beaucoup trop perméable à des courants de pensée « Ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages », « Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire ».

      Ce colloque pourrait-il être instrumentalisé en meeting politique qui s’inscrirait dans la droite ligne des discours de Blanquer et Vidal ? Blanquer, comme Vidal, prétendent que l’islamogauchisme (terme maintenant remplacé par celui de wokisme) « gangrène l’université ». Or, cette parole ministérielle, pendant une année de campagne présidentielle, et en pleine pandémie qui étouffe encore un peu plus les personnels de l’éducation nationale et l’hôpital, dans un colloque universitaire soulève des questions bien légitimes.

      En outre, cet événement est organisé sur le site de Sorbonne Université. Dès lors, la responsabilité et l’image de notre université sont engagées.

      La plupart des intervenants de cette manifestation sont signataires du « manifeste des 100 » qui appelait à la dénonciation des "islamo-gauchistes". Un certain nombre sont également membres de l’« Observatoire du décolonialisme », dont l’activité principale semble aussi être de dénoncer des collègues sur internet. Cet événement qui aura lieu les 7 et 8 janvier reprend les mêmes thèmes, en évitant soigneusement le terme d’« islamo-gauchisme » (devenu trop sulfureux ?) mais en ciblant les études décoloniales, sans laisser place au débat contradictoire. Ainsi, le colloque annoncé pourrait paraître comme une opération politique à laquelle participeront des personnes qui appellent régulièrement à la dénonciation et à la censure de collègues sur le site de l’« Observatoire du décolonialisme ».

      Il y a pourtant moins d’un an, l’ancien président de Sorbonne Université, Jean Chambaz avait pris position très clairement au sujet de l’"islamo-gauchisme", à contre-courant des déclarations de la ministre Mme Vidal : "Il y a une orientation de ce gouvernement qui va draguer des secteurs de l’opinion publique dans des endroits assez nauséabonds" "L’islamo-gauchisme est un terme absolument peu précis, issu des milieux de la droite extrême, repris par certains députés LR qui voudraient interdire l’enseignement de certaines disciplines à l’université. On se croirait dans l’ancienne Union soviétique. Ça me fait davantage penser aux slogans du 20e siècle dénonçant le judéo-bolchévisme." Selon l’ancien président de Sorbonne Université, le mal qui "gangrène" la société n’est pas cet "islamo-gauchisme" mal défini et qui est agité, selon lui, comme un chiffon rouge. "On accole deux mots qui font peur pour ne pas définir une réalité. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? martèle-t-il. Qu’est-ce qui gangrène la société ? C’est la discrimination, c’est la ghettoïsation, c’est l’inégalité sociale dans l’accès au travail, dans l’accès à l’éducation, à la culture, et l’échec des politiques publiques dans ce domaine depuis cinquante ans.".

      Nous ne demandons pas l’annulation de cette manifestation qui doit être reconnue comme telle. Mais il ne peut y avoir d’appel à la délation et de chasse à certains collègues. Ce que nous attendons de la nouvelle présidente de l’université, c’est un engagement lié à votre fonction qui vous charge d’une mission de protection des personnels de l’université.

      Pour mémoire, début 2021, comme 2000 personnes qui avaient signé cette réponse au manifeste des 100, votre prédécesseur M.Chambaz avait accordé la protection fonctionnelle aux collègues qui en avaient fait la demande après avoir été mis en cause publiquement dans cette chasse aux sorcières.

      Ce que nous attendons donc de la présidence de l’université, c’est qu’elle donne l’assurance à nos collègues :

      - qu’il sera accordé systématiquement le bénéfice de la protection fonctionnelle à toutes celles et tous ceux qui seront mis-es en cause publiquement dans l’exercice de leurs missions d’enseignement et de recherche,
      - et qu’il sera donné pour consigne à la direction des affaires juridiques de l’université d’effectuer un signalement auprès du ministère de l’intérieur pour toute dénonciation calomnieuse publiée sur internet ou ailleurs, sur simple demande de la personne concernée.

      https://www.ferc-cgt.org/communqiue-ferc-sup-sorbonne-universite-ceci-est-il-un-colloque-universita

  • Covid-19 : « Au lieu de clamer que ça va être dur, nous devrions réaffirmer que l’on va s’en sortir » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/12/18/au-lieu-de-clamer-que-ca-va-etre-dur-nous-devrions-reaffirmer-que-l-on-va

    Pour Bruno Falissard, directeur du centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, il est normal que les gens n’aillent pas bien à cause de la crise sanitaire. Mais il s’inquiète du ton alarmiste de certains psychiatres.

    Polytechnicien et pédopsychiatre, le professeur Bruno Falissard a un parcours unique. Il dirige un des plus grands centres de recherche en épidémiologie, spécialisé dans les maladies mentales, le Cesp. Il s’inquiète du ton alarmiste de certains de ses collègues sur une supposée troisième vague, cette fois-ci de troubles psychiatriques.

    Les Français seraient déprimés, angoissés, à cause du Covid. Certains évoquent le spectre d’une troisième vague, cette fois psychiatrique. Mais n’est-ce pas sain, en ces temps difficiles, de ne pas être en forme ?
    D’abord, restons modestes et constatons que c’est une situation compliquée à analyser. Ensuite, nous avons peu de données fiables. Certes, le gouvernement a déclaré fin novembre qu’il y avait une multiplication par deux du nombre d’états dépressifs, sur la base de chiffres de Santé publique France. Or, lorsque l’on regarde précisément les données, cela correspond à une éc[…]

    #paywall

    • propre lien:

      http://www.internetactu.net/2021/01/11/la-societe-de-la-prediction-en-ses-limites

      Les chercheurs et les entreprises n’ont cessé de tenir des déclarations optimistes sur la capacité à prévoir des phénomènes allant des crimes aux tremblements de terre (des modélisations prédictives d’ailleurs très liées entre elles) en utilisant des #méthodes #statistiques et algorithmiques fondées sur les données, expliquent-ils. Un optimisme souvent largement partagé par le public et les décideurs politiques. Toutefois, l’analyse de la littérature sur ces sujets souligne combien ces méthodes se révèlent dans les faits produire des résultats bien en deçà des attentes. Pour les deux professeurs, l’enjeu du cours est de comprendre si les limites de la prédiction vont s’estomper à mesure que les ensembles de données s’agrandissent et que les capacités de calcul s’améliorent, ou si les limites fondamentales de la #prédiction sont là pour rester. « Si nous entrons dans un monde où l’avenir est prévisible, nous devons commencer à nous préparer à ses conséquences, bonnes et mauvaises. Si, en revanche, les allégations commerciales sont exagérées, nous devons disposer des connaissances nécessaires pour les repousser efficacement. »

      [...]

      Limits to prediction: pre-read
      https://www.cs.princeton.edu/~arvindn/teaching/limits-to-prediction-pre-read.pdf

  • Le #Choix

    Pourquoi ces voyages en train qui l’emmènent toujours ailleurs, avec pour seule compagnie une valise et une carte famille nombreuse ? Pourquoi ce sentiment de n’être jamais à sa place ? Pourquoi ce slogan réclamant le droit à l’avortement semble-t-il lui être adressé ? Pourquoi ce prénom si peu approprié ? Les réponses à ces questions se trouvent au fond d’un carton oublié dans le grenier de la maison familiale.

    https://www.lavillebrule.com/catalogue/le-choix,44

    #BD #livre

    #avortement #contraception #Mouvement_pour_la_libération_de_l'avortement_et_la_contraception (#MLAC) #méthode_Karman #procès_de_Bobigny #planning_familial #France #Simon_Veil #loi_Veil #histoire #IVG #silence

  • Du coeur au ventre
    #Documentaire d’Alice Gauvin. 38 minutes. Diffusé le 28 octobre 2012 dans 13h15 Le Dimanche sur France 2.

    Il y a 40 ans, une jeune fille de 17 ans, Marie-Claire était jugée au #Tribunal de Bobigny. Jugée pour avoir avorté.
    Nous sommes en 1972 et l’#avortement est interdit en #France.
    Les #femmes avortent quand même, dans la #clandestinité et des conditions dramatiques, parfois au péril de leur vie.
    Des femmes, des médecins vont s’engager pour briser la #loi_du_silence et obtenir une loi qui autorise l’#interruption_volontaire_de_grossesse.
    C’est l’histoire d’un #combat, d’un débat passionné. Sur la #vie, la #mort, et un acte encore #tabou aujourd’hui.
    « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement » dira Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale. « Il suffit d’écouter les femmes ».

    https://vimeo.com/77331979


    #IVG #film #film_documentaire #histoire #justice #planning_familial #avortement_clandestin #faiseuses_d'anges #Suisse #décès #343_femmes #résistance #lutte #avortement_libre #343_salopes #Marie-Claire_Chevalier #procès_de_Bobigny #procès_politique #Gisèle_Halimi #injustice #loi #aspiration #méthode_Karman #Grenoble #Villeneuve #Joëlle_Brunerie-Kauffmann #Olivier_Bernard #manifeste_des_médecins #choix #désobéissance_civile #maternité #parentalité #liberté #Simon_Veil #Simon_Iff #clause_de_conscience #commandos #anti-IVG #commandos_anti-IVG #RU_486 #centre_IVG #loi_Bachelot #hôpitaux_publics #tabou

  • Onfray : fin de partie - Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2020/07/01/onfray-fin-de-partie

    Oui, je rejoins l’approche d’Élisabeth Roudinesco. L’érudition, la précision des connaissances, ne sont pas des détails dans les différends qui nous opposent à Onfray et aux autres falsificateurs. De mon côté, je suis intervenu sur une petite chose, Charlotte Corday, parce qu’elle relevait de ma spécialité, mais aussi parce qu’elle me permettait de poser une question infiniment plus large : au fond, il s’agissait de démontrer par la preuve qu’Onfray, qui se présentait comme un démythificateur, était en réalité un falsificateur qui, au lieu d’émanciper son public comme il prétendait le faire, le manipulait en réalité. Dans un livre paru chez Galilée en 20094, Onfray se travestissait en historien, pour proposer un éloge de la meurtrière de Marat, Charlotte Corday. Au cours de ma thèse, j’avais identifié Corday comme une des figures importantes de la droite conservatrice et royaliste du XIXe siècle, puis de l’extrême droite du XXème siècle. Une figure dont il faut rappeler qu’elle a assassiné un journaliste et député. Quoiqu’on pense de Marat, faire l’éloge de Charlotte Corday, censée représenter « tous ceux qui, aujourd’hui, opposent la vertu à la corruption politique » (p. 81), est d’une violence innommable. Comme Élisabeth Roudinesco, j’ai par ailleurs été surpris par la même tendance à la falsification et à la mystification. Dans son livre, Onfray inventait de toutes pièces des citations de Marat, semblait croire sérieusement que le cannibalisme était une pratique fréquente sous la Révolution… La liste des erreurs et manipulations est interminable. En tant qu’historien de la Révolution française, je possédais les outils pour comprendre immédiatement que rien de ce qu’Onfray écrivait ne provenait d’aucune source ni d’aucune archive, mais qu’il avait puisé dans toute la tradition de la contre-révolution catholique et royaliste, surtout la tradition utilisée par l’extrême droite du XXème siècle, y compris par Drieu la Rochelle. En vérité la Charlotte Corday dont Onfray faisait l’éloge n’a jamais existé que sous la plume des hommes proches de la droite fascisante ! C’est ce dur labeur du métier d’historien, l’érudition dont parlait Élisabeth Roudinesco, qui nous permettait de détecter l’origine de cette pensée, et de dénoncer son caractère profondément dangereux et réactionnaire. Car dans ce projet fondé sur la destruction du régime de la preuve, sur la falsification et le travestissement des sources, c’est tout l’outillage scientifique issu des Lumières qui se trouve balayé : tous les outils et procédés qui nous permettent de débattre en commun à partir des mêmes critères, était radicalement remis en cause.

  • Le dossier CHLOROQUINE
    https://www.youtube.com/watch?v=a6oW35QKC-Q

    Depuis une publication de l’équipe de Didier Raoult, en mars, un traitement contre la covid19 (d’abord la chloroquine, puis l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine) fait polémique dans toutes les strates de la société. La polarisation immédiate du débat a rendu une bonne partie de la population totalement sourde aux arguments contradictoires. Pour se faire un avis, il faut reprendre à la source les informations rendues publiques dans leur contexte et retracer la chronologie des éléments de preuve... et des éléments de doute. Disposons-nous d’assez de fait pour avoir une opinion sur les traitements proposés ?

    Invités : Damien BARRAUD (FakeMed) & Hervé SEITZ (CNRS)

    Long interview par La Tronche en Biais de Damien Barraud & Hervé Seitz autour de la recherche sur la Chloroquine, et les publications scientifiques en général.

    #LaTroncheEnBiais #scepticisme #raoult #méthode

    (le son est affreux les premières minutes, mais c’est correct ensuite)

  • Sept ans de #rapports #IGPN analysés : « Une absence de sincérité dans la recherche de la #transparence » - Page 2 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/sept-ans-de-rapports-igpn-analyses-une-absence-de-sincerite-dans-la-recher ?
    #violences_policieres

    À partir de 2015, les données concernant les #violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique sont publiées en pourcentage et non plus en chiffres bruts. Que nous dit ce changement de #méthode ?

    Sebastian Roché : Ce n’est pas un changement de méthode mais de présentation. Le manque de transparence du ministère de l’intérieur est une autre faiblesse manifeste et qui, si elle ne s’aggrave pas, progresse de manière très faible et lente. Lorsqu’on peut lire des rapports réguliers, on peut noter les insuffisances. Lorsqu’il n’y en avait pas, on ne pouvait même pas le faire. C’est le côté positif. Le côté sombre, c’est l’absence de sincérité dans la recherche de la transparence vis-à-vis du public, qui se traduit par la pauvreté et la partialité des informations communiquées au public. Cela s’explique par le fait que ni le ministre de l’intérieur, ni le premier ministre, ni le président, ni l’Assemblée nationale n’exigent de l’IGPN et de sa sœur l’IGGN [Inspection générale de la gendarmerie nationale] de progresser.

    [...]

    Sebastian Roché : Le nombre de sanctions diminue pour une activité de police inchangée. Il faudrait le rapporter aux effectifs, mais ils n’ont pas baissé depuis 2012, donc on peut abandonner cette piste. Une bonne partie de la baisse, ce sont les blâmes : « c’est pas bien » et on n’en parle plus. Le reste est stable, donc je dirais : business as usual. Il faut savoir que depuis 2009-2010, le contrôleur anglais de l’Independent Office for Police Conduct (IOPC) enregistre plus de 30 000 plaintes par an, soit au moins trois fois plus de signalements qu’en France (en tenant compte du fait qu’une partie des plaintes passent pas l’Inspection générale de la gendarmerie nationale). On voit bien, par comparaison, l’insensibilité aux doléances des citoyens de la part de l’IGPN. Le système français décourage de diverses manières (qui ne sont pas étudiées) le dépôt de plainte : déclaration de la directrice qui montre l’absence d’indépendance, déclarations du ministre, et anticipation corrélative de l’inefficacité de la plainte, sanctions rares et très lointaines des policiers, etc. Et l’État n’a pas de vision d’ensemble des plaintes par un système consolidé de toutes les polices.

    • IGPN : plongée dans la fabrique de l’impunité - Page 1 | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/igpn-plongee-dans-la-fabrique-de-l-impunite

      Chloé Chalot revient sur l’affaire de Sébastien M., blessé à la tête lors d’une manifestation de gilets jaunes, le 12 janvier 2019 à Paris par un tir de lanceur de balles de défense (LBD), lui occasionnant 30 jours d’interruption totale de travail. 

      À partir de vidéos de témoins, une brigade d’une vingtaine de policiers en civil est identifiée. Il s’agit des Détachements d’action rapide (les DAR renommés depuis les BRAV-M), des binômes à moto, résurgence des « voltigeurs » interdits depuis la mort de Malik Oussekine en 1986. Trois détenteurs de LBD sont identifiés. Auditionné par l’IGPN, le lieutenant commandant la brigade confirme les tirs, mais explique ne pas être en mesure « de donner le nombre de cartouches ». 

      Et pour cause, les fiches dites TSUA, qui permettent de suivre l’usage des armes avec l’heure, le lieu et l’auteur n’ont pas été rédigées « sur instruction de la hiérarchie », selon le lieutenant , car « il y avait trop de tirs et il était inutile de faire un écrit ».

      On apprend que « les consignes initiales au début des manifestations des gilets jaunes étaient de ne pas rédiger » de fiches. « Les détenteurs de LBD donnaient le nombre de munitions tirées et l’officier faisait une synthèse. »

      C’est ainsi que la non-traçabilité des tirs des policiers était organisée par la hiérarchie, ordres contraires au règlement. Les trois policiers porteurs de LBD ont, au cours de leur audition, nié être les auteurs de tirs. L’un d’entre eux affirme « ne pas se souvenir avoir fait usage du LBD ».

  • Creating Spaces for Justice-Oriented Research: Critical Reflections of a Researcher/Teacher and Her Advisor | Waldon | The International Journal of Critical Pedagogy
    http://libjournal.uncg.edu/ijcp/article/view/1552

    This article explores the critical reflections of a doctoral candidate and her advisor on the design and implementation of the candidate’s study, how space was created for such scholarship, and the challenges and catalysts for successfully navigating and shifting trenchant epistemological and methodological positions. Adopting an autoethnographic stance, we examine our navigation of the conceptual, structural and interpersonal tensions of doing critical research in a mainstream institution. The results highlight our experiences in a) re-conceptualizing the purpose of research by moving beyond doing “hit-and-run” research to research as praxis in marginalized communities, b) re-conceptualizing data gathering and analysis as justice-oriented rather than as “methodolatry” and c) understanding reflexively the tensions caused in the final stages of the dissertation as the novice advisor privileged a product-orientation over a person-orientation in her mentoring stance. This study underscores the importance of ensuring that humanizing pedagogy is employed consistently and unambiguously through the doctoral advising process.

    #méthodes_critiques

  • Chloroquine : encore une nouvelle étude à la méthodologie douteuse
    https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-chloroquine-encore-nouvelle-etude-methodologie-douteuse

    Une nouvelle étude prépubliée au sujet de la chloroquine fait parler d’elle sur les réseaux sociaux. Pourtant, elle donne à voir une méthodologie assez douteuse, parsemée d’erreurs ou de manipulations de données qui invalident complètement ses résultats.

    La polémique autour de l’hydroxychloroquine (HCQ) et de l’azitrhomycine (AZI) n’en finit plus. Nous le rappelons, aucun traitement n’a fait ses preuves conformément aux standards actuels de l’évaluation d’une thérapeutique contre la Covid-19. Que ce soit le Remdesivir, le tocilizumab ou l’hydroxychloroquine, on ne sait pas si la balance bénéfices/risques de ces traitements est positive dans cette indication précise qui guérit spontanément dans 95 % des cas. Et dans l’urgence, mieux vaut ne pas se précipiter. Nous attendons toujours la publication de l’essai américain sur le Remdesivir qui viendra s’ajouter à l’essai chinois négatif, publié dans The Lancet. Sur le tocilizumab, l’annonce de l’AP-HP s’est retrouvée être un véritable fiasco : il s’ensuivit plusieurs démissions selon le Canard enchaîné. Concernant l’HCQ et l’AZI, le scandale continue, avec une nouvelle étude à la méthodologie plus que douteuse, réalisée par une équipe française dont un défenseur de la chloroquine : le Professeur Perronne.
    […]
    Un cas d’école pour savoir ce qu’il ne faut pas faire
    Il serait illusoire de dire que nous avons regardé toutes les études prépubliées concernant la chloroquine. Il y en a beaucoup trop. Nous avons choisi celle-ci car elle a fait beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux. Ceci est très dommageable car ce genre d’étude prépubliée ne devrait pas servir à la communication auprès du grand public. Aussi, comme nous le disions, elle a été dirigée par un défenseur de la chloroquine. On s’attendrait donc, pour des personnes qui défendent une thérapeutique, qu’ils mènent une étude solide pour convaincre l’ensemble de la communauté scientifique. Malheureusement, ce n’est pas le cas.

    L’article s’intitule : « Hydroxychloroquine plus azithromycine : un intérêt potentiel pour réduire la morbidité hospitalière due à la pneumonie Covid-19 (HI-ZY-COVID) ? ».

  • « Je ne suis pas complotiste, mais… » : à propos de l’affaire Raoult – Allodoxia
    http://allodoxia.odilefillod.fr/2020/04/26/je-ne-suis-pas-complotiste-mais-a-propos-de-laffaire-raoult

    Citée dans un article, Odile Fillod a dû se pencher sur l’affaire Raoult, et elle l’a fait avec toute sa rigueur et son exhaustivité habituelles ! Wow !

    Le directeur de recherche en sociologie Laurent Mucchielli a publié sur son blog un texte dénonçant la médiocrité médiatique et les intérêts pharmaceutiques se cachant selon lui « derrière la polémique Raoult ». Ce texte ayant participé à la désinformation et au complotisme délétères provoqués par les déclarations de Didier Raoult, pâtissant d’un fort biais de confirmation et d’une absence de vérification des informations, m’a d’autant moins laissée indifférente que j’y suis citée. Ma réponse à cette mise en cause me donne l’occasion d’exposer les faits qui sont au cœur de ce qu’il convient plutôt d’appeler l’affaire Raoult.

    #Odile_Fillod #Didier_Raoult #Raoult #chloroquine #hydroxychloroquine #santé #méthode_scientifique

    • Ah merde, Mucchielli, heureusement que je n’ai pas vu passer son texte avant :/
      Comme si les dernières possibilités d’intelligence théorique et de réflexions du monde (d’avant) se sabordaient lamentablement sans même se rendre compte de leur inconsistance. (Lepage/Damasio/Mucchielli, à qui le tour ?)

      Nous y voila, nous ne sommes plus à l’âge de pierre ou des métaux ni dans le capitalisme cognitif de l’immédiateté mais à l’âge de l’invisible.
      L’imaginaire en retour de force dans nos réalités, l’hypnose collective face à la raison quand la fiction humaine construit notre sort et nos afflictions en temps réel. Voila que les peurs et les dangers variés s’érigent en politique pour contrôler le monde par une guerre sans autre ennemi que l’Autre.
      Comme dans une émission pour enfants qui accapare les cerveaux un à un, voici venue l’ère de la suspicion et des insinuations où viennent s’enfoncer la vanité de ceux qui espèrent un pouvoir de persuasion magique.

      bon courage au #monde_d'après

      et merci pour cet article qui met les #points_sur_les_i

      #Raoultisation

    • J’ai lu son texte a la parution par un lien twitter, j’etais abasourdi. J’ai immédiatement faIs une recherche Ella roche et elle n’existe pas en tant que journaliste, c’est un fake. Je soupçonne Mucchielli d’en être l’auteur. Tout ça est bien décevant.

    • Laurent Mucchielli a jugé utile de préciser que l’autrice du texte qu’il publie, Ella Roche, était une « journaliste précaire ». Etait-ce parce que c’est à ses yeux un gage de qualité de son travail ? Ou pour montrer qu’il a les fréquentations qu’il faut (il se tient bien à l’écart des nanti-es) ? Ou plutôt pour inciter une rédaction à l’embaucher ? Je me pose la question, de même qu’on pourrait se demander pourquoi c’est sur son blog que ce texte censé être le produit d’un travail journalistique a été publié. Je veux croire que c’est parce qu’aucun média digne de ce nom n’en a voulu.

      Je confirme que quand tu es journaliste précaire, tu ne publies pas sur les blogs des copains des articles sur des sujets chauds bouillants ! C’est le minimum à savoir faire, sinon c’est pas ton métier, tu fais journaliste à côté et t’es pas précaire, t’es prof, chargée de com, éditrice d’un journal d’entreprise ou animatrice d’ateliers d’écriture...

    • @ericw Je trouve ca tellement gros, une journaliste qui n’existe pas, un papier sans publication.
      Voire plus haut
      "Les motivations méprisables et obscures des « anti-Raoult »

      En fait, nous disent Ella Roche et Laurent Mucchielli".
      Tout cette histoire est une foire à l’irrationalité la plus totale ou le mensonge n’est jamais trop gros. Et c’est un marseillais qui te le dit.

    • Tout cette histoire est une foire à l’irrationalité la plus totale ou le mensonge n’est jamais trop gros. Et c’est un marseillais qui te le dit.

      Du point de vue de la pratique locale ça se tient effectivement.