• Eboueur et fier de l’être
    http://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/05/01/eboueur-et-fier-de-l-etre_4911592_4497916.html

    « Sur l’échelle sociale, on est tout en bas. Le regard des gens change dès que tu parles de ton métier. Tu descends d’un étage. L’éboueur qui vous dit qu’il n’a jamais ressenti le mépris, il ment. Il faudrait qu’un directeur de banque vienne à notre place, qu’il sente ce qu’on ressent. C’est indescriptible. J’ai un collègue, Charles, qui a défilé comme soldat sur les Champs-Elysées. Dans les rues, l’année d’après, avec la tenue jaune, je peux vous dire que plus personne ne l’applaudissait…

    Il y a tellement d’a priori sur nous  : on fait grève, on est des fainéants, des privilégiés, des bons à rien, bons qu’à un métier de merde. Quand on leur ­demande ce qu’ils font, certains collègues répondent «  agent technique à Bordeaux Métropole  ». Mais si on n’assume pas, on ne changera pas les mentalités  ! On voit des gens se boucher le nez avec leur écharpe quand ils passent à côté du camion, même quand c’est la collecte des papiers et que ça ne sent rien. On a de beaux camions, des tenues nickel, mais c’est une histoire de perception.

    #travail

    • profession du père , sur les fiches de renseignements scolaires , éboueur , c’était plus payant d’etre migris discriminé... en plus impossible d’essayer de le faire entendre sans avoir les menaces du zorroburka d’alors !

    • A tous les gens qui likent, pour de vrai, vous avez envie de le faire ce boulot ? Remuer des caisses de merde de dizaines de kilos ?
      Ou vous préférez vos boulots d’intellos ?

    • Tu sais @bob, moi qui n’ai toujours eu que tes tafs saisionniers, le jour où un de mes potes a fait la saison comme éboueur, avec plus de 2000 euros par mois pour 5 heures de taf, je me suis dit que nos représentations étaient complêtement connes, car la plupart des autres saisonniers gagnés beaucoup moins pour des tafs pas plus réjouissants, par exemple les domestiques, parce que c’est ça le terme, des hôtels ou des campings (j’te jure que des chiottes c’est pire que des poubelles, en général). En gros, ce que je veux dire c’est que des tafs de merde, sans mauvais jeu de mot, c’est la plupart des tafs. Donc, je rejoins @RastaPopoulos, le problème c’est la répartition des tâches ingrates à la maison comme à la ville. En ce qui concerne la pensée, ou la création artistique, elles aussi doivent être partagées, mais pas rémunérées (et pourtant j’ai fait des études de sciences humaines et de théâtre dans le but de gagner ma vie de cette manière, et j’espère bien que ça fonctionne un jour ou l’autre)
      À ce propos je crois que c’est important que les intellectuels précaires prennent conscience qu’ils ne sont pas des producteurs mais des employés. Ce qui nous obligent à nous mettre au second plan, si nous croyons à la lutte des classes et, surtout, aux effets de l’appartenance de classe sur les représentations du monde.

    • Je rejoins aussi @rastapopoulos sur l’idée que les boulots ingrats ou pénibles, mais d’une importance vitale pour la communauté, soient assumés de manière tournante par la communauté. Que chacun en prenne bien la mesure, que ce soit en pénibilité qu’en utilité.

      Éboueurs, un boulot vital, oui, et qui a probablement plus contribué à l’augmentation de l’espérance de vie que les médecins, surtout quand ils s’estiment supérieurs à leurs patients.

      Mon grand-père était un sale type, mais il m’avait enseigné le respect des boueux, ses copains de bistrot, parce que sans eux, me disait-il, nos rues seraient jonchées d’ordures où prolifèreraient les rats et les maladies et que, bourgeois ou manants, nous aurions tous une vie nettement moins longue et intéressante…

      Finalement, pour rejoindre @cazueladepolo, être prolo, effectivement, ça construit durablement les représentations sociales !

    • Entendu au parc - comme quoi tout le monde n’a pas le même point de vue sur les agents communaux, d’une maman à son enfant qui lui disait de mettre son papier à la poubelle (oui) : « il faut que les poubelleurs ils aient encore du travail, (sous-entendu pour qu’ils ne se retrouvent pas au chômage) alors je laisse mon papier par terre ».

    • Chez nous le balayeur de rue n’existe plus. Dans les annéees 1980 on pouvait encore saluer son balayeur de quartier qui faisait sa ronde chaque jour comme le facteur. On les connaissait, ils étaient là quotidiennement et remplissaient une fonction utile. Tous les deux étaient d’ailleurs bien payés.

      Aujourd’hui le balayeur municipal a cédé la place à une petite voiture qui passe une fois toutes les semaines. Chaque jour c’est un facteur différent en plus des livreurs d’Ebay et d’Amazon qui sonnent à n’importe quelle heure chez tous les habitants . On ne peut pas leur parler, parce qu’il n’ont plus le temps. De toute manière mamie ne le ferait pas parce que ce sont des Russes, des Turcs ou des Arabes, alors elle n’a pas envie de papoter avec eux comme elle le faisait avec leur collègue du passé.

      C’est pareil pour les éboueurs. Avant ils avaient droit à un joli pourboire pour Noël qui représentait parfois la moitié d’un salaire mensuel. A travers le statut d’employé municipal la sécurité d’emploi et les avantages de la convention collective leurs étaient garantis. Aujourd’hui ce sont les ouvriers de trois ou quatres entreprises privées qui viennent chercher les diverses poubelles spécialisées. On les recrute parmi les nombreux chômeurs et ne leur concède qu’un SMIC pour des heures de travail interminables. Personne ne leur parle encore.

      Voilà comment les petits gens vivent la mondialisation et le libéralisme.

    • sur les eboueur.e.s à Paris je peu donner quelques infos. Il faut distingué les eboueur.e.s qui balayent et sont « au cul du camion » qui touchent le SMIG pour 35h par semaine avec quelques primes, des conducteur.ice.s de véhicules qui ont un salaire de 600 à 800 euros de plus + les primes et sont beaucoup moins nombreu.ses.x que les premier.e.s
      Pour la ville de Paris le ramassage des ordures a été privatisé dans la plus part des arrondissements. C’est pas évident a voire mais sur les camions en plus du sigle « pp- propreté de Paris » il y a un autre logo style Veholia ou autre selon le sous traitant. Les eboueur.e.s de la ville font toujours le balayage, ramassage des encombrants, le nettoyage après les marchés, l’efficace des tags, l’arachage des affiches sauvages, Et la pause de panneaux électoraux et puis les feuilles mortes. Le nettoyage apres les manifs, sur le perif la nuit, après les accidents de la route et pour les coins a pisses bien coriaces sont fait par une brigade spéciale qui a des horaires différents. Pour paris il y a 8600 agents de propreté dont environ 20% de femmes. La première eboueure est arrivée en 2002. Et deux conductrices viennent d’être nommees.
      Et pour ta question bob c’est rigolo que tu la pause car je suis justement une intello postulante pour ce job (d’où mes infos sur le taff)

    • @mad_meg ne le fais pas, tu es comme un pianiste qui doit faire attention à ne pas exposer ses mains au riques du travail manuel :-)

      Pour toi un tel boulot risque de se transformer en perte de temps de vie, parce que tu tu as autre chose à faire. OK, c’est faire preuve de beaucoup de courage et d’esprit social quand on ne dédaigne pas le travail manuel. Dans une société juste on verra tous les normaliens et lauréats d’HEC travailler comme plongeur ou éboueur pendant quelques années de leur vie. Malheureusement ce n’est pas pour demain, alors il est d’autant plus urgent de passer au choses essentielles une fois qu’on arrive au bout des quelques années de jeunesse. Nous savons que cette perspective est réservée aux chanceux et aux combattant/e/s acharné/e/s.

      Alors il faut se battre et ne jamais se laisser décourager, ne jamais accepter les détours imposés. Je comprends qu’on se trouve parfois dans une situation où on a l’impression qu’on nous presse le canon du revolver contre la tempe , comme on dit chez nous, mais en vérité on se laisse faire parce qu’on n’ose pas sauter le pas. Il y a une vielle maman à soigner, des enfants à élever, et cette peur, soeur de la mauvaise conscience, ce fardeau qu’on a cloué sur nos épaules pendant notre enfance.

      Il existe une quantité illimitée de raisons pour accepter des choses qui nous empêchent de grandir, de devenir indépendants, de développer notre créativité et savoir-faire dans l’intérêt du monde entier. La vie est plus simple quand on a vécu et compris ses choses parce qu’on n’a plus d’excuses.

      Mais qu’est-ce que je raconte. Chacun et chacune de nous doit juger de sa propre situation et prendre ses décisons aussi indépendamment que possible. Donc j’arrête de me mêler dans des affaires qui ne me concernent que très indirectement.

      Disons que je préfère regarder tes créations accomplies au plaisir des échanges avec la syndicaliste éboueuse que tu incarnerais sans doute avec une perfection aussi impressionnante ;-)

    • Merci @klaus de t’inquiété pour mes petites mains. :)
      C’est pas sur qu’ils veuillent de moi à la propreté de Paris, je manque quant même un peu de biscottos et c’est possible que mon profil atypique les mette mal à l’aise ou qu’il y ai trop de candidat·e·s avec de meilleurs aptitudes pour ce travail que moi. Et je ne compte pas arrêter de dessiner, même si je pense que dans les premiers temps je vais être surtout occupé à dormir avec des bandes enduites de crème anti-inflammatoire sur les bras, les tibias comme dit le monsieur de l’article. ^^


      edit : @klaus ne t’inquiete plus pour mes petites mains. La ville ne m’as pas embauché.