Détenue depuis l’interception du bateau de la Flottille pour Gaza, l’eurodéputée Rima Hassan devrait être expulsée vers Paris jeudi 12 juin. Hadeel Abu Saleh, avocate de l’organisation Adalah, raconte à « l’Humanité », les conditions de sa détention en Israël.
Vous avez pu voir Rima Hassan, quel est son état d’esprit alors qu’elle a annoncé son intention d’entamer une grève de la faim ?
Oui je l’ai vue mercredi dans la prison de Neve Tirza, qui est une prison pour femme située à proximité de celle où elle était auparavant détenue avec les autres militants, à Givon. Lors de notre rencontre, elle m’a dit que si les autorités israéliennes la maintenaient en isolement, alors elle entamerait une grève de la faim. Puisque les autorités israéliennes prenaient des mesures punitives à son encontre et à l’encontre de Tiago Ávila, elle voulait faire une déclaration et faire pression.
Après être sortie de la prison de Neve Tirza à 16 h 30, j’ai appris vers 17 heures qu’elle était retransférée à la prison de Givon. Elle a donc été ramenée là où les autres militants se trouvaient, donc je présume qu’elle n’a pas entamé de grève de la faim. Mais je n’ai aucun contact avec elle pour l’instant.
Les autorités israéliennes l’ont donc d’abord transférée à la prison de Neve Tirza et l’ont ensuite placée en isolement après qu’elle a écrit « Free Palestine » sur un mur de la prison de Givon. Plus tard, les mêmes autorités l’ont ramenée au premier endroit. Quelle est leur stratégie, à votre avis ?
Tout d’abord, je pense qu’ils veulent lui compliquer la vie. Ils se sont montrés agressifs à son égard dès son arrivée. Par exemple, au département des expulsions, l’enquête a tout de suite été très agressive. Lors de son audition qui s’est tenue en hébreu, Rima a demandé une traduction, ce qui lui a été refusé.
Je sais que des diplomates étaient impliqués, que l’ambassade de France les a contactés. Quand j’étais à la prison de Neve Tirza, j’ai essayé de faire pression sur les autorités pénitentiaires pour qu’elles la ramènent à Givon, mais elles n’ont pas accepté. Une demi-heure après que je suis sortie, j’ai reçu un appel disant que l’ambassade avait réussi à faire pression sur eux pour qu’ils la ramènent à Givon. Après cela, ils l’ont finalement renvoyée.
Donc vous nous confirmez que les autorités françaises ont agi en sa faveur ?
C’est ce que nous avons appris. De mon côté, je suis intervenue mais les autorités m’ont répondu que la décision de transfert avait été prise et qu’elles ne pouvaient pas l’annuler. Mais, selon l’appel que j’ai reçu de l’ambassade, les autorités françaises ont fait pression sur les autorités israéliennes et c’est ainsi que Rima Hassan a été renvoyée vers la prison de Givon.
D’après ce qu’elle vous a dit, quels traitements lui ont été réservés au cours de sa détention ?
Tout d’abord, ils n’ont cessé de l’insulter et de se moquer de son idéologie. Mercredi, lorsque Rima Hassan a été transférée à Neve Tirzah, elle a été envoyée dans une cellule insalubre, sans fenêtre, avec des cafards, des mégots de cigarettes et des eaux usées sous le lit. Ils ne m’ont pas autorisé à rentrer dans la cellule, ils ne le font jamais, mais je peux vous dire, en tant qu’avocate qui rend visite aux détenus de cette prison, que ce ne sont pas des conditions habituelles.
Elle m’a également expliqué qu’elle n’avait pas la possibilité de prendre une douche et qu’on ne lui donnait pas à manger. En raison de son placement à l’isolement, elle n’a pas non plus eu le droit de sortir en promenade. Normalement, les prisonniers sont autorisés à sortir pendant une heure.
Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé sur X que Rima Hassan et les trois autres français qui se trouvaient à bord du Madleen seraient expulsés en France jeudi ou vendredi, pouvez-vous nous le confirmer ?
Selon les informations que nous avons reçues, les services israéliens de l’immigration lui ont prévu une place dans un avion qui décolle à 16 h 30. Cela dépend de sa décision, si elle décide de partir ou non. Mais elle a déclaré au cours de son audition que si on ne le relâche pas pour qu’elle puisse continuer sa mission avec la flottille, elle préférait être expulsée.