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      🎙️ Enseignant, spécialiste de la #guerre_informationnelle et des enjeux numériques, Fabrice Epelboin décrypte dans cette première partie d’entretien les mutations profondes de nos régimes politiques à l’ère des #réseaux-sociaux.

      Vivons-nous encore en démocratie, ou bien dans une oligarchie ? Les plateformes comme TikTok ou Twitter peuvent-elles être compatibles avec une expression libre et éclairée ? Et comment comprendre les nouvelles droites radicales qui émergent un peu partout dans le monde, des libertariens californiens au trumpisme version Bannon ?

      Un entretien dense, sur l’état des #libertés, la #captologie, la fabrique de l’ #opinion et la fin de la social-démocratie en #Europe.

      ⏱ Chapitres :
      – 00:00:00 – Introduction
      – 00:02:05 – Peter Thiel, JD Vance, le #fascisme de Bannon, #MAGA00:06:59 – Ce que dit la rupture entre #Trump et #Musk
      – 00:11:15 – Pourquoi ce goût pour la censure en France
      – 00:14:50 – Comprendre le bandwagon effect
      – 00:17:54 – Alex Hitchens, AD Laurent… le ridicule de la commission TikTok
      – 00:23:00 – Le divorce entre peuple et élites (immigration, RIC…)
      – 00:29:21 – Algorithmes, captologie, bulles de filtre
      – 00:35:25 – TikTok et la revanche de la #Chine

      🎤 Journaliste : Thomas Arrighi_

  • Mieux s’alimenter pour moins cher, l’objectif des supermarchés et réseaux d’achat coopératifs

    #Supermarchés_coopératifs et #groupements_d'achat proposent aux consommateurs une meilleure alimentation à des #prix plus accessibles. Ils cherchent maintenant à toucher un public plus large et plus mixte socialement.

    A la #Louve, les caissiers et les caissières sont aussi des clients. Ils font partie des 4 000 coopérateurs du supermarché coopératif et participatif qui a ouvert ses portes en 2016 dans un quartier populaire du nord de la capitale. Toutes les quatre semaines, chaque coopérateur vient assurer un service bénévole. Les tâches sont variées : mise en rayon, nettoyage, travail administratif…

    Pour devenir membre de la #coopérative, ils ont versé cent euros, et en ont acheté dix parts sociales à10 euros. #La_Louve a fait des émules, à Toulon, Toulouse, Lille, Bruxelles, d’autres supermarchés coopératifs et participatifs ont ouvert leurs portes même s’ils sont de taille plus modeste.

    C’est en visitant #Brooklyn en 2009 que #Tom_Boothe, l’un des cofondateurs du projet, découvre la #Park_Slope_Food_Coop (#PSFC), fondée en 1973. « Pendant les années 1970, dans le sillage du mouvement hippie, de nombreux magasins participatifs, inspirés des #épiceries_coopératives, ont vu le jour. Mais presque tous ont disparu dans les années 1980. Seul PSFC a survécu », raconte-t-il. PSFC a aidé à la naissance de la Louve.

    L’histoire des coopératives de consommateurs est bien plus ancienne et remonte la première moitié du XIXe siècle. En 1844, à #Rochdale en Angleterre, des tisserands se sont rassemblés pour fonder les #Equitables pionniers de Rochdale. Constatant que leur niveau de vie dépendait des marchands qui fixaient les prix des marchandises qu’ils achetaient, ils ont créé un magasin coopératif.

    Leur but était non seulement de garantir aux clients des prix raisonnables, mais aussi une bonne qualité des produits à une époque où les fraudes étaient légion. Rapidement, la taille de la coopérative s’est accrue au point de compter plus de 10 000 membres en 1880.

    Une large gamme de produits

    La Louve propose une palette étendue de produits alimentaires et d’hygiène. Dans un même rayon voisinent grandes marques, produits bio et produits « gourmets », mais tous sont de 20 % à 50 % moins chers que dans la grande distribution. Les produits vendus sont choisis par les adhérents via un classeur de suggestions.

    « Notre but n’est pas d’être un complément, mais de permettre d’acheter l’ensemble des produits : nous ne nous en interdisons aucun. Nous ne sommes pas un club, mais un #magasin où des adultes font leurs choix en conscience », explique Tom Boothe.

    Tous les produits ne sont donc pas biologiques. « On peut acheter à la Louve des tomates en hiver, mais dans les faits, nous en vendons très peu », précise toutefois Tom Boothe.

    Si la Louve a vocation à toucher le public le plus large, dans les faits, cela reste compliqué : 10 % des membres ne souscrivent qu’une part sociale car ils sont bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), étudiants boursiers ou en service civique. 16 % payent leur souscription en plusieurs chèques.

    « Ceux qui fréquentent la Louve sont sans doute plus "blancs" et ont des revenus plus élevés que la moyenne de la population. Malgré une action volontariste, dont des portes ouvertes tous les premiers samedis du mois, les gens du quartier présument que comme nous sommes un supermarché alternatif, cela va être plus cher », regrette-t-il.

    Un chèque-déjeuner avec bonus alimentation durable

    Elargir l’accès à une alimentation de qualité, c’est la démarche d’une autre coopérative, #Up_Coop, la société coopérative et participative (Scop) qui a popularisé le #chèque-déjeuner. « Le titre-restaurant s’étant largement démocratisé auprès des salariés, nous nous sommes demandé comment ramener ces ressources vers l’économie locale », explique Yassir Fichtali, directeur général secteur public chez Up Coop.

    En 2023, la Scop s’est donc associée à la ville de #Creil pour lancer le programme #Up+. La municipalité a proposé de bonifier sur une cagnotte la somme versée à ses agents s’ils l’utilisent sur la ville de Creil, et encore davantage en centre-ville. La carte #Up_Déjeuner devient ainsi un outil pour soutenir le commerce de centre-ville.

    « Nous allons tirer maintenant ce fil vers l’alimentation durable, inciter les gens à passer de la junk food à des achats dans des magasins bio, du vrac… », poursuit-il.

    Plusieurs villes se sont ensuite engagées dans le programme Up+ : Bourg-en-Bresse, Valenciennes, Haguenau, Nancy, Halluin, Mulhouse, Bagnolet et Angers. En Seine-Saint-Denis et dans le Gers, Up Coop participe à des expérimentations visant à orienter vers une #alimentation_durable la consommation de populations en difficulté.

    Le département du 93 a ainsi mis en place sur quatre territoires un #chèque_alimentation sous forme de carte, #Vital’im, en ciblant à chaque fois un public spécifique : à Montreuil, les personnes accompagnées par le CCAS, à Villetaneuse, un public étudiant, à Clichy-sous-Bois et Sevran, des familles. Son montant est bonifié de 50 % si les achats sont effectués chez un commerçant durable (Biocoop, primeurs locaux, les commerces et producteurs locaux).

    « On ne peut pas demander à des personnes en difficulté de payer le juste prix du durable. Cette politique publique permet à des publics de ne plus avoir à arbitrer entre le #pouvoir_d’achat et le #pouvoir_d’agir », commente Yassir Fichtali.

    Les CCAS, la Fondation Armée du salut, Action contre la faim sont associés à cette initiative. « Certains bénéficiaires n’osaient pas entrer dans un Biocoop, ils avaient l’impression que ce n’était pas pour eux. Des #freins que l’on peut déconstruire », souligne-t-il. Encore faut-il que cette offre alimentaire durable existe sur le territoire : à Clichy-sous-Bois, ce n’est par exemple pas le cas.

    Cette difficulté n’existe pas dans le département rural du Gers, où Up Coop participe au programme public #Mieux_manger, lancé en 2024. La mission a d’abord consisté à affilier les producteurs bio. Un groupement d’intérêt public rassemblant des collectivités et des associations a ensuite identifié plusieurs centaines de personnes destinataires d’une bonification en cas d’achat alimentaire durable et cette bonification évolue au fil des usages.

    « L’idée de cette expérimentation est de vérifier que le changement des pratiques va perdurer même si la bonification baisse », indique Yassir Fichtali.

    #Vrac, un groupement d’achat agroécologique

    #Vers_un_réseau_d’achat_en_commun (Vrac) mobilise aussi le soutien des pouvoirs publics dans une démarche résolument démocratique, en proposant des achats alimentaires sans emballages issus de l’agroécologie. Depuis 2013, il permet ainsi aux plus modestes – mais pas seulement – de se réapproprier leur #consommation_alimentaire.

    Au départ, son initiateur, #Boris_Tavernier, qui avait monté à Lyon un bar restaurant coopératif cuisinant des produits paysans, a été sollicité par un bailleur social lyonnais et la Fondation Abbé-Pierre (désormais Fondation pour le logement des défavorisés) pour monter un projet d’achat en commun afin d’améliorer le pouvoir d’achat des locataires. C’est ainsi qu’est né le premier #groupement_d’achat sous forme d’association.

    « Pas question toutefois de chercher les prix les plus bas, mais plutôt d’orienter les achats vers une alimentation durable et de qualité rémunératrice pour les producteurs », explique Lorana Vincent, déléguée générale de Vrac France, l’association nationale qui rassemble désormais 22 structures locales.

    Douze ans après, le réseau emploie une centaine de salariés. Une épicerie éphémère ouvre une fois par mois dans un local de chacun des quartiers où le réseau est implanté (association, maison des jeunes et de la culture, centre social…). Des bénévoles pèsent les produits, et chaque adhérent apporte ses contenants.

    En 2013, le projet a été lancé dans le quartier lyonnais de la #Duchère, à #Villeurbanne et #Vaux-en-Velin. L’initiative s’est tout d’abord heurtée à l’absence d’offre de qualité dans ces territoires emblématiques de la politique de la ville où le hard discount est très présent, et aux réticences de leurs habitants. Pour vaincre celles-ci, Vrac s’est appuyé sur des personnes-ressources, en très grande majorité des femmes.

    « Nous leur avons fait goûter les produits sans les présenter comme bio. Nous avons construit avec elles le catalogue en partant de leurs besoins. L’#huile_d’olive a été un formidable levier. Elles se sont emparées du projet », poursuit Lorana Vincent.

    Cette démarche de #démocratie_alimentaire s’est inscrite dans le temps. Sur chaque territoire, un « club produits » associant bénéficiaires et bénévoles est régulièrement réuni pour faire évoluer le catalogue. Les produits sont vendus sans marge, à un prix rémunérateur pour le producteur.

    « Vrac est un espace collectif où les habitantes et les habitantes ont accès à l’information sur l’origine des produits, la rémunération des producteurs. Cela permet de prendre ses décisions de manière éclairée et participe à faire de l’alimentation un sujet politique. »

    Le soutien crucial des pouvoirs publics

    Cette absence de marge est rendue possible par des #financements_publics. Depuis 2023, Vrac est notamment soutenu par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), via le fonds #Mieux_manger_pour_tous. Les habitants des #quartiers_populaires peuvent acheter les produits 10 % moins cher que les prix coûtants, et même 50 % pour les personnes bénéficiant des minima sociaux.

    Si l’aventure Vrac a commencé dans ces quartiers populaires et continue à s’y développer, le réseau souhaite s’adresser à tous et toutes. Certes, les personnes non issues de ces quartiers payent, elles, 10 % de plus par rapport au prix coûtant. Mais « c’est un prix d’équilibre, cela permet que leurs achats ne coûtent rien au réseau », souligne Lorana Vincent. Et cela reste inférieur à ce qui se pratique dans le commerce traditionnel.

    Cette volonté de favoriser la mixité sociale est au cœur de la démarche de Vrac. « ATD Quart-monde a pour habitude de rappeler qu’une politique pour les pauvres, c’est une pauvre politique », conclut sa déléguée générale.

    https://www.alternatives-economiques.fr/mieux-salimenter-cher-lobjectif-supermarches-reseaux-d/00114404
    #alimentation #qualité #réseaux #supermarché_participatif #bénévolat #mixité_sociale

  • #Corps de rêve : quand l’#extrême_droite dicte les #normes_esthétiques

    Corps tonique, mince, reproductif et blanc : de la tradwife aux réseaux sociaux, comment l’extrême droite tente d’imposer une esthétique réactionnaire et hygiéniste.

    En mars dernier, les images de la secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis, posant devant des prisonniers vénézuéliens déportés vers un centre pénitentiaire du Salvador, sont devenues virales. Look glamour. Maquillage prononcé. Longue chevelure ondulée. Rolex, pantalon slim et tee-shirt moulant. L’image de ce corps parfait exposé devant des hommes non-blancs, torse nu, mis en cage, est apparue comme le symbole du modèle de féminité qui domine les politiques néoréactionnaires.

    Les langages et les images des industries de la #mode et de la beauté s’adaptent très bien à l’atmosphère culturelle produite par l’extrême droite dans le monde occidental. Au-delà de l’obsession de la #minceur, des prescriptions esthétiques âgistes, toute une #culture_du_corps eugéniste et autoritaire s’immisce dans les modes de consommation de la beauté et du bien-être.

    De la tradwife à la chanteuse country

    Elle circule dans les médias populaires, amplifiée par les algorithmes, dans le luxe, ou les sphères politiques, artistiques. L’univers #Maga aux États-Unis la recycle ad nauseam. De la #tradwife à la chanteuse country, jusqu’aux tendances « #girlboss », les idées réactionnaires sont incarnées par une #esthétique_corporelle genrée aisément identifiable : corps tonique, mince ; cheveux raides, longs (idéalement blonds) ; peau blanche ; maquillage prononcé ; chirurgie esthétique ; efficience productive et reproductive (le corps qui produit des richesses est aussi celui qui enfante).

    Cette conception hygiéniste, raciste, classiste et transphobe de la #féminité s’affirme contre un modèle repoussoir : celui du corps improductif de la #femme de gauche – « fauchée » (#broke), « laide » (#ugly), « pas rasée » (#female_armpit_hair) – pour reprendre les termes d’un musicien conservateur sur Fox News. Le corps des « femmes laides » décrivant finalement l’ensemble du corps politique situé à gauche, moche, non-blanc, sale et pauvre.

    Cette esthétique réactionnaire agressive n’est pas exclusive à l’Amérique blanche. On se rappelle les sorties, en France, contre « la gauche sale et débraillée qui crie partout », visant à disqualifier la Nupes. Les propos sur les « punks à chiens » sur les bancs situés à gauche de l’Assemblée nationale, ou encore sur la « ménopause » d’une politicienne féministe médiatique…

    Véhicules idéologiques

    Ces discours implicitement ou explicitement genrés sont compatibles avec l’esthétique « filtre » des réseaux sociaux qui les imposent massivement. Ils ringardisent un activisme intersectionnel de type #nappy, anti-grossophobie ou body-positif, qui refuse que la différence conduise à une existence recluse, où on ne s’expose pas publiquement, où on ne peut ni s’aimer ni l’être en retour.

    Cette « #déchettisation » de la différence trouve dans la #représentation du corps des #femmes son terrain d’expression favori, faisant de la mode, des tutos maquillage, des vidéos de fitness ou de lifestyle des véhicules idéologiques redoutablement efficaces, jouant sur notre image sociale et nos désirs.

    Qui rêve de mourir sans famille, sans ami·es, entouré de chats ? D’être moche, démuni et sale ? Ces questions peuvent apparaître ridicules, mais elles nourrissent un système de représentations affectives et genrées qui est un des fonds de commerce de l’extrême droite. Il faut s’y opposer avec énergie. Et réveiller les puissances libératrices du difforme, de l’inassimilable, de l’improductif, des monstres et autres figures impures et merveilleuses, dans la formation d’#imaginaires et de pratiques anti-autoritaires, vivantes et féroces.

    https://www.politis.fr/articles/2025/05/corps-de-reve-quand-lextreme-droite-dicte-les-normes-esthetiques
    #esthétique #beauté #hygiénisme #âgisme #genre #idéologie

  • En République tchèque, des castors à la rescousse pour construire des barrages sur un site naturel protégé
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/en-republique-tcheque-un-projet-de-barrage-bloque-par-des-procedures-ad

    Huit castors ont construit gratuitement en quelques jours un barrage exactement au bon endroit, dans une zone naturelle protégée, qui devait connaître depuis sept ans des travaux d’aménagement pour être transformée en zone humide.

  • « L’Europe refuse de voir que Vladimir Poutine mène en réalité une guerre contre elle et contre l’Occident »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/24/l-europe-refuse-de-voir-que-vladimir-poutine-mene-en-realite-une-guerre-cont

    Qu’attend encore l’Europe ? Il y a dix ans, lorsque les troupes russes ont occupé la Crimée et lancé une insurrection de criminels et de séparatistes dans l’est de l’Ukraine, on pouvait encore se permettre d’être « choqué » et « stupéfait ». Même à la veille du 24 février 2022, après des mois de déploiement de centaines de milliers de soldats russes, on refusait encore de croire qu’on en arriverait à un véritable conflit territorial de grande ampleur contre un pays européen.

    Depuis trois ans maintenant, l’Europe voit presque quotidiennement aux informations ce qui se passe à moins de deux heures de vol d’ici : le bombardement incessant des villes, la fuite de millions de personnes hors des zones de guerre et au-delà des frontières, d’innombrables crimes perpétrés contre la population civile, des frappes de missiles à proximité d’installations nucléaires – bref, l’anéantissement des moyens de subsistance de la nation ukrainienne. Il s’agit de plonger l’Ukraine dans le froid et l’obscurité et de la contraindre à la capitulation.

    Tout cela ne se passe pas quelque part on ne sait où mais en plein cœur de l’Europe. C’est Kiev, ville millénaire avec ses cathédrales et ses monastères, qui est touchée. A Kharkiv, métropole aux gratte-ciel modernistes des années 1920, des quartiers entiers sont en ruine. Même la « petite Vienne » (Lviv, l’ancienne Lemberg habsbourgeoise) n’a pas été épargnée par les missiles russes. Odessa, dont nous connaissons la promenade et l’escalier du Potemkine grâce au film de Sergueï Eisenstein (1898-1948), Le Cuirassé Potemkine (1927), est livrée aux attaques de drones iraniens. Comment réagiraient les Européens si des bombes tombaient sur Trieste, en Italie, ou sur Marseille ?

    Une dangereuse illusion
    C’est une dangereuse illusion de supposer qu’il ne s’agit que d’un conflit russo-ukrainien. Depuis le début, les dirigeants russes n’ont laissé planer aucun doute, ni par leurs déclarations ni par leurs actes, sur leurs objectifs : reprendre le contrôle de l’Europe centrale et orientale et restaurer l’Europe de Yalta, que Milan Kundera (1929-2023) avait appelée un jour l’« Occident kidnappé », dans un article paru en 1983 dans la revue Le Débat (Gallimard).

    Un avant-goût nous en est donné dans les territoires occupés de l’est de l’Ukraine, avec les camps d’emprisonnement et les chambres de torture. L’Europe, qui détourne les yeux, refuse de voir que Vladimir Poutine mène en réalité une guerre contre l’Europe et l’Occident.

    Cela est pourtant exprimé ouvertement dans un langage qui combine les mythes panslavistes du théoricien du XIXe siècle, Nikolaï Danilevski (1822-1885), avec les diatribes des propagandistes moscovites actuels contre la « Gayrope », la décadence de l’Occident et le « libéralisme totalitaire ». Les idéologues de Poutine connaissent la vulnérabilité du monde transatlantique, ils analysent les rivalités au sein de l’Union européenne ainsi que les conflits sociaux propres à chaque Etat. Poutine est passé maître dans l’art d’attiser les peurs et les ressentiments, mais il est surtout un expert dans l’instrumentalisation de la peur que la Russie, puissance nucléaire, utilise à tout moment pour faire du chantage – non sans succès, comme en témoigne le déclin de la solidarité envers l’Ukraine dans de nombreux pays européens.

    La guerre de Poutine ne vise pas seulement à épuiser les Ukrainiens après plus de mille jours de combats, mais aussi à saper la volonté d’aide de l’Occident, à engendrer l’usure et la résignation d’une société submergée par les crises. Il ne s’agit pas seulement de désinformation ciblée ou de la destruction de la crédibilité par un relativisme généralisé du type « Nothing Is True and Everything Is Possible » (« Rien n’est vrai et tout est possible »), du journaliste britannique Peter Pomerantsev, mais aussi d’actions concrètes de subversion et de sabotage, qui ont récemment visé des infrastructures militaires.

    La #Russie de #Poutine cherche à devenir le centre de tous les courants #nationalistes et hostiles à l’Europe. « #Briser_l’épine_dorsale de l’Europe », telle est la formule de Sergueï Karaganov, si nécessaire par l’emploi d’armes nucléaires, mais l’option la plus avantageuse serait un accord avec le président américain, sans que ni l’Ukraine ni les Européens aient leur mot à dire.

    Les Européens, qui ont pu compter jusqu’ici sur la protection militaire des Etats-Unis, doivent désormais apprendre à ne compter enfin que sur eux-mêmes, comme l’a bien montré le discours arrogant et provocateur tenu le 14 février par le vice-président J. D. Vance lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. La capitulation de l’Ukraine aux conditions russes – la cession des territoires occupés, le désarmement, la neutralité sans garanties de sécurité – reviendrait à livrer une nation européenne aux appétits d’une puissance néo-impérialiste à tendance fascisante.

    Manifestations d’#érosion
    Il n’est pas possible de savoir si et comment les Européens, abandonnés par un Donald Trump version #MAGA (« Make America Great Again »), réussiront à s’affirmer. Il ne s’agit pas seulement d’être capable de se défendre et de faire la guerre, l’enjeu est aussi le combat idéologique contre le poutinisme et sa vision du monde. Une nouvelle frontière et un nouveau front traversent aujourd’hui le continent. Ce sont surtout les #Ukrainiens, les #Polonais et les #Baltes qui sont en première ligne pour défendre l’Europe, bientôt suivis, il faut l’espérer, par une « alliance des volontaires » qui savent ce qui est en jeu.

    Des manifestations d’érosion sont aujourd’hui partout visibles, qu’il s’agisse de la querelle sur l’immigration, du coût de la défense, du fossé croissant entre les riches et les pauvres, du conflit entre les intérêts nationaux particuliers et le bien commun à l’Europe.

    Pour relever ce défi, il est utile de se replonger dans l’histoire des grands débats intellectuels européens du XXe siècle. Je pense à La #Trahison des clercs (Grasset, 1927) du philosophe Julien Benda (1867-1956), écrit en pleine crise morale des années 1920, mais surtout au combat de toute une vie mené par Raymond Aron (1905-1983) contre la tentation totalitaire, et surtout au message plein d’espoir qu’il avait formulé il y a près d’un demi-siècle, certes dans un tout autre contexte historique, dans son livre Plaidoyer pour l’Europe décadente (Robert Laffont, 1977) : « Les crises de l’Europe ne sont pas seulement des signes d’épuisement, de résignation et d’angoisse face à l’avenir, mais aussi des signes de la vitalité persistante d’une civilisation qui, par l’autocritique et l’autocorrection, est en mesure de se réinventer. »

    Personne ne peut dire ‒ et les historiens ont appris que toute histoire est ouverte ‒ comment l’Europe sortira de sa #crise au terme d’une longue période d’après-guerre.

    (Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses)

    #Karl_Schlögel est un historien allemand. Il a reçu, le 11 décembre 2024, le 18e prix Jacques Delors du livre européen pour son essai « L’Avenir se joue à Kyiv. Leçons ukrainiennes », traduit de l’allemand et préfacé par Thomas Serrier (Gallimard, 2024).

    • Là aussi c’est délirant ! Il faudrait qu’on aille mourir la bas ? Parce que les russes veulent annexer Sedan ? Pour reprendre certaines infos du Monde, ça arrivera avant ou après que Poutine meure du cancer ? Ou que son peuple l’ait largué ? Est-ce qu’il reste assez de soldats russes pour nous envahir (cause l’Ukraine dominait le combat armé et les soldats russes passaient au « hachoir à viande ») ? Bah, la seule chose de sûr c’est que ce journal n’a même plus sa place au sortir du trône.
      C’est des dingues, ou alors ils veulent leur livre de chair...

    • Une "livre de chair", vous mégotez @butadaie ! Dans ces affaires, de masse, on compte au minimum par quintal.

      Et puis n’en déplaise aux amateurs de clichés fangeux qui viennent en meute avant, pendant et après les créateurs, ce type qui veut se venger des humiliations que lui ont fait subir les chrétiens, à lui et son peuple, ce

      (...) Shylock, méprisé de tous, tient aussi une longue tirade sur l’humanité des Juifs et l’absurdité des préjugés antisémites qui en font, dans certaines représentations, un personnage tragique voire sympathique.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Shylock

      « Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? Un Juif n’a-t-il pas des mains, des organes, des dimensions, des sens, de l’affection, de la passion ; nourri avec la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé aux mêmes maladies, soigné de la même façon, dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été que les Chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?
      Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ? »

      William Shakespeare, Le Marchand de Venise, Acte III, scène 114

  • DeepSeek : Nvidia perd près de 590 milliards de dollars en valorisation boursière après l’annonce de la start-up chinoise d’IA
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/28/nvidia-perd-600-milliards-et-entraine-dans-sa-chute-le-nasdaq_6519363_3234.h

    Le cours du fabricant de semi-conducteurs s’est effondré, conséquence des bons résultats de l’application chinoise, qui a fait éclater la bulle de l’intelligence artificielle qui portait le Nasdaq depuis deux ans.

    #oups #magaga

  • Opinion | How Long Can the Alliance Between Tech Titans and the MAGA Faithful Last ? - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2025/01/18/opinion/donald-trump-tech-musk-bannon.html

    Sur les relations entre l’extrême-droite de la tech et le mouvement MAGA plutôt chrétien et lié à la terre. Intéressant.

    Mr. Musk and Mr. Ramaswamy are both slightly comic public figures, prone to dopamine-addled mucking-about in arguments on X. The outsize attention they draw can end up obscuring the complicated interplay between the imperatives of MAGA and the Tech Right.

    “I think the Tech Right is going to win in the short-term,” said Razib Khan, a geneticist and tech consultant who is friendly with many figures in both the MAGA and Tech Right spheres. As he saw it, the talent and money were mostly on the side of tech.

    “The Tech Right is pro-American,” he said. But it’s pro-American in the sense that they see America as “an empire that takes over the world and goes interplanetary.” This was too rationalist of an approach for many on the MAGA side, which is shaped in large part by Christian faith and, at least for some, a belief that America should be a homeland for “heritage Americans” of Northern European extraction. They are “not excited about the American Empire,” he said, or racing into space. They care more about the values of a “pre-1960s America, the values of a Western civilization.”

    Both sides see their path as the best approach to make America more dynamic — the MAGA intellectuals through a hoped-for “refounding” that would restore a sense of national identity and purpose, and the Tech Right through drawing the best talent from a worldwide pool, and letting competition and capitalism rip.

    Mr. Trump himself has kept something like a kingly remove from the early squabbles of the aristocracy emerging in his shadow. His vice president, JD Vance, might be able to act as an intermediary between these rival wings. A former venture capitalist married to the daughter of Indian immigrants, he nonetheless adopted the populist-nationalist style of politics.

    #Trump #Tech_Right #MAGA

  • No Fact-Checking and More Hate Speech: Meta Goes MAGA | WIRED
    https://www.wired.com/story/plaintext-meta-zuckerberg-maga-trump

    par Steven Levy

    Since Donald Trump won back the presidency on November 5, a parade of Silicon Valley luminaries have been engaging in an unseemly grovel-fest, making pilgrimages to Mar-a-Lago, shoveling million-dollar contributions to his inaugural fund, and meddling in the editorial departments of the publications they own in an apparent attempt to gain the new leader’s favor. Yesterday, Meta founder and CEO Mark Zuckerberg said, “hold my beer.”

    In a five-minute Instagram video, rocking his new curly hairdo and a $900,000 Gruebal Forsey watch, Zuckerberg announced a series of drastic policy changes that could open the floodgates of misinformation and hate speech on Facebook, Threads, and Instagram. His rationale parroted talking points that right-wing legislators, pundits, and Trump himself have been hammering for years. And Zuckerberg wasn’t coy about the timing, explicitly saying the new political regime was a factor in his thinking: “The recent elections also feel like a cultural tipping point towards once again prioritizing speech,” he said in the video.

    In the same letter to Jordan, the former left-leaning CEO took a vow that he would no longer side with either political party. “My goal is to be neutral and not play a role one way or another—or to even appear to be playing a role,” he wrote. Now that Trump is elected, that’s all out the window. “It feels like we’re in a new era now,” he said in yesterday’s video. Apparently, it’s an era where private companies change their rules to ensure they’re in sync with the party in power. In the last week alone, Zuckerberg replaced the departing Nick Clegg, the company’s former president of global affairs, with Joel Kaplan, a former GOP operative and clerk to the late Justice Anthony Scalia, who once urged Facebook to ignore misinformation during the 2016 election. Zuckerberg also tapped Ultimate Fighting Championship president Dana White, an ardent Trump supporter, to sit on Meta’s board.

    Another indication that there’s a MAGA element to these changes is Zuckerberg’s announcement that he’s moving Meta’s trust and safety and content moderation teams from California to Texas. Once again, he said out loud that the reasons for the geographical move were political: “I think that will help us build trust to do this work in places where there is less concern about the bias of our teams.” Hello, Mark? This move simply anchors Meta’s content arbiters in a location with a potentially different bias. It’s also a conspicuous statement that Zuckerberg himself might consider California—Trump’s kryptonite—as a less savory place to work than deep-red Texas.

    Ironically, this is all happening at a moment when Meta has arguably succeeded in making improvements to its once-miserable record of taking down hate speech and other legal, but toxic, posts. In 2019, when I spent a day in one of the company’s content moderation offices, the beleaguered moderators working there told me that dealing with gray areas like hate speech was the one thing that AI could never do. But more recently, Meta’s chief AI scientist Yann LeCun revealed that generative AI tools had changed the game. “Five years ago, of all the hate speech that Facebook removed from the platform, about 20 to 25 percent was taken down preemptively by AI systems before anybody saw it,” he told me in an interview late in 2023. “Last year, it was 95 percent.”

    Now, Meta says it’s throwing that win into the dumpster. It will change the algorithm, and AI will no longer proactively block “lower severity” policy violations like hate speech and, presumably, bullying. (Meta says that it remains committed to vigilantly blocking “high severity” illegal content, like terrorism and child exploitation.) Meta also has made a series of changes to its speech policies permitting certain kinds of comments formerly deemed hateful. One of those hits a right-wing hot button—gender and sexual identity. For example, now it’s OK to allege that gay or transgender people are mentally ill or call them just plain weird on Facebook.

    #Meta #Zuckerberg #MAGA #Steven_Levy

  • Stratégie Global Gateway : une étude révèle que les aides de l’UE sont détournées au profit d’entreprises européennes – Euractiv FR
    https://www.euractiv.fr/section/commission-europeenne/news/strategie-global-gateway-une-etude-revele-que-les-aides-de-lue-sont-detourn

    Une récente étude constate que plus de 60 % des projets de la stratégie « Global Gateway » bénéficient à des entreprises européennes, ce qui signifique qu’il existe un risque que l’Union européenne (UE) détourne son budget pour l’aide afin de servir ses intérêts commerciaux et géopolitiques.

    #MEGA #MAGA #colonialisme #capitalisme #impérialisme #népotisme (ils cumulent tous les ismes les plus pourris)

  • Coop ou pas coop de trouver une alternative à la grande distribution ?

    Un #magasin sans client, sans salarié, sans marge, sans contrôle, sans espace de pouvoir où la confiance règne vous y croyez ? Difficile, tant le modèle et les valeurs de la grande distribution, et plus largement capitalistes et bourgeoises ont façonnés nos habitus. Néanmoins, parmi nous certains cherchent l’alternative : supermarchés coopératifs, collaboratifs, épiceries participatives, citoyennes, etc. Des alternatives qui pourtant reprennent nombre des promesses de la grande distribution et de ses valeurs. Les épiceries “autogérées”, “libres” ou encore en “gestion directe” tranchent dans ce paysage. Lieux d’apprentissage de nouvelles habitudes, de remise en cause frontale du pouvoir pyramidal et pseudo-horizontal. Ce modèle sera évidemment à dépasser après la révolution, mais d’ici-là il fait figure de favori pour une #émancipation collective et individuelle.

    Le supermarché : une #utopie_capitaliste désirable pour les tenants de la croyance au mérite

    Le supermarché est le modèle hégémonique de #distribution_alimentaire. #Modèle apparu seulement en 1961 en région parisienne il s’est imposé en quelques décennies en colonisant nos vies, nos corps, nos désirs et nos paysages. Cette utopie capitaliste est devenue réalité à coup de #propagande mais également d’adhésion résonnant toujours avec les promesses de l’époque : travaille, obéis, consomme ; triptyque infernal où le 3e pilier permet l’acceptation voire l’adhésion aux deux autres à la mesure du mérite individuel fantasmé.

    Malgré le succès et l’hégémonie de ce modèle, il a parallèlement toujours suscité du rejet : son ambiance aseptisée et criarde, industrielle et déshumanisante, la relation de prédation sur les fournisseurs et les délocalisations qui en découlent, sa privatisation par les bourgeois, la volonté de manipuler pour faire acheter plus ou plus différenciant et cher, le greenwashing (le fait de servir de l’écologie de manière opportuniste pour des raisons commerciales), etc., tout ceci alimente les critiques et le rejet chez une frange de la population pour qui la recherche d’alternative devient motrice.

    C’est donc contre ce modèle que se (re)créent des #alternatives se réclamant d’une démarche plus démocratique, plus inclusive, ou de réappropriation par le citoyen… Or, ces alternatives se réalisent en partant du #modèle_dominant, jouent sur son terrain selon ses règles et finalement tendent à reproduire souvent coûte que coûte, parfois inconsciemment, les promesses et les côtés désirables du supermarché.
    Comme le dit Alain Accardo dans De Notre Servitude Involontaire “ce qu’il faut se résoudre à remettre en question – et c’est sans doute la pire difficulté dans la lutte contre le système capitaliste -, c’est l’#art_de_vivre qu’il a rendu possible et désirable aux yeux du plus grand nombre.”
    Le supermarché “coopératif”, l’épicerie participative : des pseudo alternatives au discours trompeur

    Un supermarché dit “coopératif” est… un supermarché ! Le projet est de reproduire la promesse mais en supprimant la part dévolue habituellement aux bourgeois : l’appellation “coopératif” fait référence à la structure juridique où les #salariés ont le #pouvoir et ne reversent pas de dividende à des actionnaires. Mais les salariés ont tendance à se comporter collectivement comme un bourgeois propriétaire d’un “moyen de production” et le recrutement est souvent affinitaire : un bourgeois à plusieurs. La valeur captée sur le #travail_bénévole est redistribuée essentiellement à quelques salariés. Dans ce type de supermarché, les consommateurs doivent être sociétaires et “donner” du temps pour faire tourner la boutique, en plus du travail salarié qui y a lieu. Cette “#coopération” ou “#participation” ou “#collaboration” c’est 3h de travail obligatoire tous les mois sous peine de sanctions (contrôles à l’entrée du magasin pour éventuellement vous en interdire l’accès). Ces heures obligatoires sont cyniquement là pour créer un attachement des #bénévoles au supermarché, comme l’explique aux futurs lanceurs de projet le fondateur de Park Slope Food le supermarché New-Yorkais qui a inspiré tous les autres. Dans le documentaire FoodCoop réalisé par le fondateur de la Louve pour promouvoir ce modèle :”Si vous demandez à quelqu’un l’une des choses les plus précieuses de sa vie, c’est-à-dire un peu de son temps sur terre (…), la connexion est établie.”

    L’autre spécificité de ce modèle est l’#assemblée_générale annuelle pour la #démocratie, guère mobilisatrice et non propice à la délibération collective. Pour information, La Louve en 2021 obtient, par voie électronique 449 participations à son AG pour plus de 4000 membres, soit 11%. Presque trois fois moins avant la mise en place de cette solution, en 2019 : 188 présents et représentés soit 4,7%. À Scopeli l’AG se tiendra en 2022 avec 208 sur 2600 membres, soit 8% et enfin à la Cagette sur 3200 membres actifs il y aura 143 présents et 119 représentés soit 8,2%

    Pour le reste, vous ne serez pas dépaysés, votre parcours ressemblera à celui dans un supermarché traditionnel. Bien loin des promesses de solidarité, de convivialité, de résistance qui n’ont su aboutir. Les militants voient de plus en plus clairement les impasses de ce modèle mais il fleurit néanmoins dans de nouvelles grandes villes, souvent récupéré comme plan de carrière par des entrepreneurs de l’#ESS qui y voient l’occasion de se créer un poste à terme ou de développer un business model autour de la vente de logiciel de gestion d’épicerie en utilisant ce souhait de milliers de gens de trouver une alternative à la grande distribution.

    #La_Louve, le premier supermarché de ce genre, a ouvert à Paris en 2016. Plus de 4000 membres, pour plus d’1,5 million d’euros d’investissement au départ, 3 années de lancement et 7,7 millions de chiffre d’affaires en 2021. À la création il revendiquait des produits moins chers, de fonctionner ensemble autrement, ne pas verser de dividende et de choisir ses produits. Cette dernière est toujours mise en avant sur la page d’accueil de leur site web : “Nous n’étions pas satisfaits de l’offre alimentaire qui nous était proposée, alors nous avons décidé de créer notre propre supermarché.” L’ambition est faible et le bilan moins flatteur encore : vous retrouverez la plupart des produits présents dans les grandes enseignes (loin derrière la spécificité d’une Biocoop, c’est pour dire…), à des #prix toujours relativement élevés (application d’un taux de 20% de marge).

    À plus petite échelle existent les épiceries “participatives”. La filiation avec le #supermarché_collaboratif est directe, avec d’une cinquantaine à quelques centaines de personnes. Elles ne peuvent généralement pas soutenir de #salariat et amènent des relations moins impersonnelles grâce à leur taille “plus humaine”. Pour autant, certaines épiceries sont des tremplins vers le modèle de supermarché et de création d’emploi pour les initiateurs. Il en existe donc avec salariés. Les marges, selon la motivation à la croissance varient entre 0 et 30%.

    #MonEpi, startup et marque leader sur un segment de marché qu’ils s’efforcent de créer, souhaite faire tourner son “modèle économique” en margeant sur les producteurs (marges arrières de 3% sur les producteurs qui font annuellement plus de 10 000 euros via la plateforme). Ce modèle très conforme aux idées du moment est largement subventionné et soutenu par des collectivités rurales ou d’autres acteurs de l’ESS et de la start-up nation comme Bouge ton Coq qui propose de partager vos données avec Airbnb lorsque vous souhaitez en savoir plus sur les épiceries, surfant sur la “transition” ou la “résilience”.

    Pour attirer le citoyen dynamique, on utilise un discours confus voire trompeur. Le fondateur de MonEpi vante volontiers un modèle “autogéré”, sans #hiérarchie, sans chef : “On a enlevé le pouvoir et le profit” . L’informatique serait, en plus d’être incontournable (“pour faire ce que l’on ne saurait pas faire autrement”), salvatrice car elle réduit les espaces de pouvoir en prenant les décisions complexes à la place des humains. Pourtant cette gestion informatisée met toutes les fonctions dans les mains de quelques sachant, le tout centralisé par la SAS MonEpi. De surcroit, ces épiceries se dotent généralement (et sont incitées à le faire via les modèles de statut fournis par MonEpi) d’une #organisation pyramidale où le simple membre “participe” obligatoirement à 2-3h de travail par mois tandis que la plupart des décisions sont prises par un bureau ou autre “comité de pilotage”, secondé par des commissions permanentes sur des sujets précis (hygiène, choix des produits, accès au local, etc.). Dans certains collectifs, le fait de participer à ces prises de décision dispense du travail obligatoire d’intendance qui incombe aux simples membres…

    Pour finir, nous pouvons nous demander si ces initiatives ne produisent pas des effets plus insidieux encore, comme la possibilité pour la sous-bourgeoisie qui se pense de gauche de se différencier à bon compte : un lieu d’entre-soi privilégié où on te vend, en plus de tes produits, de l’engagement citoyen bas de gamme, une sorte d’ubérisation de la BA citoyenne, où beaucoup semblent se satisfaire d’un énième avatar de la consom’action en se persuadant de lutter contre la grande distribution. De plus, bien que cela soit inconscient ou de bonne foi chez certains, nous observons dans les discours de nombre de ces initiatives ce que l’on pourrait appeler de l’#autogestion-washing, où les #inégalités_de_pouvoir sont masqués derrière des mots-clés et des slogans (Cf. “Le test de l’Autogestion” en fin d’article).

    L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Et on pourrait s’en contenter et même y adhérer faute de mieux. Mais ne peut-on pas s’interroger sur les raisons de poursuivre dans des voies qui ont clairement démontré leurs limites alors même qu’un modèle semble apporter des réponses ?

    L’épicerie autogérée et autogouvernée / libre : une #utopie_libertaire qui a fait ses preuves

    Parfois nommé épicerie autogérée, #coopérative_alimentaire_autogérée, #épicerie_libre ou encore #épicerie_en_gestion_directe, ce modèle de #commun rompt nettement avec nombre des logiques décrites précédemment. Il est hélas largement invisibilisé par la communication des modèles sus-nommés et paradoxalement par son caractère incroyable au sens premier du terme : ça n’est pas croyable, ça remet en question trop de pratiques culturelles, il est difficile d’en tirer un bénéfice personnel, c’est trop beau pour être vrai…Car de loin, cela ressemble à une épicerie, il y a bien des produits en rayon mais ce n’est pas un commerce, c’est un commun basé sur l’#égalité et la #confiance. L’autogestion dont il est question ici se rapproche de sa définition : la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés.

    Mais commençons par du concret ? À #Cocoricoop , épicerie autogérée à Villers-Cotterêts (02), toute personne qui le souhaite peut devenir membre, moyennant une participation libre aux frais annuels (en moyenne 45€ par foyer couvrant loyer, assurance, banque, électricité) et le pré-paiement de ses futures courses (le 1er versement est en général compris entre 50€ et 150€, montant qui est reporté au crédit d’une fiche individuelle de compte). À partir de là, chacun.e a accès aux clés, au local 24h/24 et 7 jours/7, à la trésorerie et peut passer commande seul ou à plusieurs. Les 120 foyers membres actuels peuvent venir faire leurs courses pendant et hors des permanences. Ces permanences sont tenues par d’autres membres, bénévolement, sans obligation. Sur place, des étagères de diverses formes et tailles, de récup ou construites sur place sont alignées contre les murs et plus ou moins généreusement remplies de produits. On y fait ses courses, pèse ses aliments si besoin puis on se dirige vers la caisse… Pour constater qu’il n’y en a pas. Il faut sortir une calculatrice et calculer soi-même le montant de ses courses. Puis, ouvrir le classeur contenant sa fiche personnelle de suivi et déduire ce montant de son solde (somme des pré-paiements moins somme des achats). Personne ne surveille par dessus son épaule, la confiance règne.

    Côté “courses”, c’est aussi simple que cela, mais on peut y ajouter tout un tas d’étapes, comme discuter, accueillir un nouveau membre, récupérer une débroussailleuse, participer à un atelier banderoles pour la prochaine manif (etc.). Qu’en est-il de l’organisation et l’approvisionnement ?

    Ce modèle de #commun dont la forme épicerie est le prétexte, cherche avant tout, à instituer fondamentalement et structurellement au sein d’un collectif les règles établissant une égalité politique réelle. Toutes les personnes ont le droit de décider et prendre toutes les initiatives qu’elles souhaitent. “#Chez_Louise” dans le Périgord (Les Salles-Lavauguyon, 87) ou encore à #Dionycoop (St-Denis, 93), comme dans toutes les épiceries libres, tout le monde peut, sans consultation ou délibération, décider d’une permanence, réorganiser le local, organiser une soirée, etc. Mieux encore, toute personne est de la même manière légitime pour passer commande au nom du collectif en engageant les fonds disponibles dans la trésorerie commune auprès de tout fournisseur ou distributeur de son choix. La trésorerie est constituée de la somme des dépôts de chaque membre. Les membres sont incités à laisser immobilisé sur leur fiche individuelle une partie de leurs dépôts. Au #Champ_Libre (Preuilly-Sur-Claise, 37), 85 membres disposent de dépôts moyens de 40-50€ permettant de remplir les étagères de 3500€ selon l’adage, “les dépôts font les stocks”. La personne qui passe la commande s’assure que les produits arrivent à bon port et peut faire appel pour cela au collectif.

    D’une manière générale, les décisions n’ont pas à être prises collectivement mais chacun.e peut solliciter des avis.

    Côté finances, à #Haricocoop (Soissons, 02), quelques règles de bonne gestion ont été instituées. Une #créditomancienne (personne qui lit dans les comptes bancaires) vérifie que le compte est toujours en positif et un “arroseur” paye les factures. La “crédito” n’a aucun droit de regard sur les prises de décision individuelle, elle peut seulement mettre en attente une commande si la trésorerie est insuffisante. Il n’y a pas de bon ou de mauvais arroseur : il voit une facture, il paye. Une autre personne enfin vérifie que chacun a payé une participation annuelle aux frais, sans juger du montant. Ces rôles et d’une manière générale, toute tâche, tournent, par tirage au sort, tous les ans afin d’éviter l’effet “fonction” et impliquer de nouvelles personnes.

    Tout repose donc sur les libres initiatives des membres, sans obligations : “ce qui sera fait sera fait, ce qui ne sera pas fait ne sera pas fait”. Ainsi, si des besoins apparaissent, toute personne peut se saisir de la chose et tenter d’y apporter une réponse. Le corolaire étant que si personne ne décide d’agir alors rien ne sera fait et les rayons pourraient être vides, le local fermé, les produits dans les cartons, (etc.). Il devient naturel d’accepter ces ‘manques’ s’il se produisent, comme conséquence de notre inaction collective et individuelle ou l’émanation de notre niveau d’exigence du moment.

    Toute personne peut décider et faire, mais… osera-t-elle ? L’épicerie libre ne cherche pas à proposer de beaux rayons, tous les produits, un maximum de membres et de chiffre d’affaires, contrairement à ce qui peut être mis en avant par d’autres initiatives. Certes cela peut se produire mais comme une simple conséquence, si la gestion directe et le commun sont bien institués ou que cela correspond au niveau d’exigence du groupe. C’est à l’aune du sentiment de #légitimité, que chacun s’empare du pouvoir de décider, de faire, d’expérimenter ou non, que se mesure selon nous, le succès d’une épicerie de ce type. La pierre angulaire de ces initiatives d’épiceries libres et autogouvernées repose sur la conscience et la volonté d’instituer un commun en le soulageant de tous les espaces de pouvoir que l’on rencontre habituellement, sans lequel l’émancipation s’avèrera mensongère ou élitiste. Une méfiance vis-à-vis de certains de nos réflexes culturels est de mise afin de “s’affranchir de deux fléaux également abominables : l’habitude d’obéir et le désir de commander.” (Manuel Gonzáles Prada) .

    L’autogestion, l’#autogouvernement, la gestion directe, est une pratique humaine qui a l’air utopique parce que marginalisée ou réprimée dans notre société : nous apprenons pendant toute notre vie à fonctionner de manière autoritaire, individualiste et capitaliste. Aussi, l’autogestion de l’épicerie ne pourra que bénéficier d’une vigilance de chaque instant de chacun et chacune et d’une modestie vis-à-vis de cette pratique collective et individuelle. Autrement, parce que les habitudes culturelles de domination/soumission reviennent au galop, le modèle risque de basculer vers l’épicerie participative par exemple. Il convient donc de se poser la question de “qu’est-ce qui en moi/nous a déjà été “acheté”, approprié par le système, et fait de moi/nous un complice qui s’ignore ?” ^9 (ACCARDO) et qui pourrait mettre à mal ce bien commun.

    S’affranchir de nos habitus capitalistes ne vient pas sans effort. Ce modèle-là ne fait pas mine de les ignorer, ni d’ignorer le pouvoir qu’ont les structures et les institutions pour conditionner nos comportements. C’est ainsi qu’il institue des “règles du jeu” particulières pour nous soutenir dans notre quête de #confiance_mutuelle et d’#égalité_politique. Elles se résument ainsi :

    Ce modèle d’épicerie libre diffère ainsi très largement des modèles que nous avons pu voir plus tôt. Là où la Louve cherche l’attachement via la contrainte, les épiceries autogérées cherchent l’#appropriation et l’émancipation par ses membres en leur donnant toutes les cartes. Nous soulignons ci-dessous quelques unes de ces différences majeures :

    Peut-on trouver une alternative vraiment anticapitaliste de distribution alimentaire ?

    Reste que quelque soit le modèle, il s’insère parfaitement dans la #société_de_consommation, parlementant avec les distributeurs et fournisseurs. Il ne remet pas en cause frontalement la logique de l’#économie_libérale qui a crée une séparation entre #consommateur et #producteur, qui donne une valeur comptable aux personnes et justifie les inégalités d’accès aux ressources sur l’échelle de la croyance au mérite. Il ne règle pas non plus par magie les oppressions systémiques.

    Ainsi, tout libertaire qu’il soit, ce modèle d’épicerie libre pourrait quand même n’être qu’un énième moyen de distinction sociale petit-bourgeois et ce, même si une épicerie de ce type a ouvert dans un des quartiers les plus défavorisés du département de l’Aisne (réservée aux personnes du quartier qui s’autogouvernent) et que ce modèle génère très peu de barrière à l’entrée (peu d’administratif, peu d’informatique,…).

    On pourrait aussi légitimement se poser la question de la priorité à créer ce type d’épicerie par rapport à toutes les choses militantes que l’on a besoin de mettre en place ou des luttes quotidiennes à mener. Mais nous avons besoin de lieux d’émancipation qui ne recréent pas sans cesse notre soumission aux logiques bourgeoises et à leurs intérêts et institutions. Une telle épicerie permet d’apprendre à mieux s’organiser collectivement en diminuant notre dépendance aux magasins capitalistes pour s’approvisionner (y compris sur le non alimentaire). C’est d’autant plus valable en période de grève puisqu’on a tendance à enrichir le supermarché à chaque barbecue ou pour approvisionner nos cantines et nos moyens de lutte.

    Au-delà de l’intérêt organisationnel, c’est un modèle de commun qui remet en question concrètement et quotidiennement les promesses et les croyances liées à la grande distribution. C’est très simple et très rapide à monter. Aucune raison de s’en priver d’ici la révolution !
    Le Test de l’Autogestion : un outil rapide et puissant pour tester les organisations qui s’en réclament

    À la manière du test de Bechdel qui permet en trois critères de mettre en lumière la sous-représentation des femmes et la sur-représentation des hommes dans des films, nous vous proposons un nouvel outil pour dénicher les embuscades tendues par l’autogestion-washing, en toute simplicité : “le test de l’Autogestion” :

    Les critères sont :

    - Pas d’AGs ;

    - Pas de salarié ;

    - Pas de gestion informatisée.

    Ces 3 critères ne sont pas respectés ? Le collectif ou l’organisme n’est pas autogéré.

    Il les coche tous ? C’est prometteur, vous tenez peut être là une initiative sans donneur d’ordre individuel ni collectif, humain comme machine ! Attention, le test de l’autogestion permet d’éliminer la plupart des faux prétendants au titre, mais il n’est pas une garantie à 100% d’un modèle autogéré, il faudra pousser l’analyse plus loin. Comme le test de Bechdel ne vous garantit pas un film respectant l’égalité femme-homme.

    Il faut parfois adapter les termes, peut être le collectif testé n’a pas d’Assemblée Générale mais est doté de Réunions de pilotage, n’a pas de salarié mais des services civiques, n’a pas de bureau mais des commissions/groupe de travail permanents, n’a pas de logiciel informatique de gestion mais les documents de gestion ne sont pas accessibles sur place ?
    Pour aller plus loin :

    Le collectif Cooplib fait un travail de documentation de ce modèle de commun et d’autogestion. Ses membres accompagnent de manière militante les personnes ou collectifs qui veulent se lancer (= gratuit).

    Sur Cooplib.fr, vous trouverez des informations et des documents plus détaillés :

    – La brochure Cocoricoop

    – Un modèle de Statuts associatif adapté à l’autogestion

    – La carte des épiceries autogérées

    – Le Référentiel (règles du jeu détaillées)

    – Le manuel d’autogestion appliqué aux épiceries est en cours d’édition et en précommande sur Hello Asso

    Ces outils sont adaptés à la situation particulière des épiceries mais ils sont transposables au moins en partie à la plupart de nos autres projets militants qui se voudraient vraiment autogérés (bar, librairie, laverie, cantine, camping,…). Pour des expérimentations plus techniques (ex : garage, ferme, festival,…), une montée en compétence des membres semble nécessaire.

    D’autres ressources :

    – Quelques capsules vidéos : http://fede-coop.org/faq-en-videos

    – “Les consommateurs ouvrent leur épiceries, quel modèle choisir pour votre ville ou votre village ?”, les éditions libertaires.

    https://www.frustrationmagazine.fr/coop-grande-distribution
    #alternative #grande_distribution #supermarchés #capitalisme #épiceries #auto-gestion #autogestion #gestion_directe #distribution_alimentaire

    sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/1014023

  • [A Question Of Wave] # 012 : Le top de la pulsion négative
    https://www.radiopanik.org/emissions/a-question-of-wave/012-le-top-de-la-pulsion-negative

    Surexcités qu’on est par l’ennui fait hymne des Buzzcocks (quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon…), on ne peut pas ne pas mettre son nez dans les affaires de Howard Devoto, qui a le goût (l’outrecuidance !) de quitter le groupe qu’il a co-créé avec Pete Shelley quelques mois plus tôt , juste après la parution du premier disque, Spiral Scratch, enregistré en trois heures et mixé en deux par Martin Hannett, autoproduit sur New Hormones, le label du groupe et dont est extrait Boredom - la première prise est la bonne, à un overdub de guitare près – qu’on a entendu, d’abord dans sa version originale puis dans celle, plus posée au premier abord, de #magazine, captée lors de son deuxième passage chez John Peel, le 24 juillet 1978, sur les ondes de la BBC. A QUESTION OF WAVE # 012 - playlist 00:00 (...)

    #musique #post-punk #new_wave #real_life #musique,magazine,post-punk,new_wave,real_life
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/a-question-of-wave/012-le-top-de-la-pulsion-negative_16144__1.mp3

  • Carbusters
    http://carfree.fr/index.php/2023/05/24/carbusters

    Carbusters ou « Car Busters » était un magazine trimestriel lancé lors des Assises “Vers des Villes sans Voitures” qui se sont déroulées à Lyon en octobre 1997. Publié en partenariat avec Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Argumentaires #Fin_de_l'automobile #Livres #Marche_à_pied #Newsletter #Ressources #Transports_publics #Vélo #2000 #actions #activisme #anti-voitures #carfree #magazines #monde

  • Inflation, comparatif prix au détails et prix de la matière première en France, sur un an Le web grande conso - Olivier Dauvers

    Mars 2022 à Mars 2023 Prix au détails :
    Sirops + 17 %
    Huiles + 22 %
    Biscuits + 15 %
    Arabicas + 14 %

    Avril 2022 à Avril 2023 Prix de la matière première :
    Sucre + 28 %
    Huile(Tournesol) - 55 %
    Blé -40%
    Café Arabica -16 %

    La petite musique de la renégociation se fait de plus en plus entendre. Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont ainsi écrit aux industriels il y a quelques jours pour les y préparer. Les distributeurs, eux, attendent juin de pied ferme puisqu’avec l’assentiment du gouvernement ils vont pouvoir repartir à la bataille.
    Problème : les premiers concernés (les industriels) ont eux-aussi le sentiment d’être soutenus par le politique, en l’occurrence les députés qui ont voté comme un seul homme la loi de leur collègue Descrozaille. Soutenus dans leur volonté de reconstituer leurs marges.

    Factuellement, il y a pourtant du grain à moudre. Quiconque suit les prix en rayons en a l’intuition : les prix des stars de la grande conso ont “inflaté” davantage que leur marché. Prenez ces 4 catégories : sirops, huiles, biscuits et café arabicas. A chaque fois, l’écart d’inflation entre les “grandes” marques et la moyenne (toutes marques) est élevée. Difficile de l’expliquer autrement que par la tentation (naturelle et légitime, il faut l’admettre) de reconstituer ses marges à l’occasion des nouveaux tarifs.

    Seconde raison qui milite pour une renégociation à la baisse : l’évolution des matières premières. Certes, le lien n’est pas toujours direct ou proportionnel entre matières premières et PVC en rayon. Il est même parfois partiel (le sucre pour des sirops qui intègrent aussi des fruits ou l’huile de tournesol pour une huile multi-variétés, etc.). Il n’empêche : les matières premières donnent une tendance de la direction du vent : inflation ou déflation 😉 Le blé, par exemple. Bien plus bas aujourd’hui qu’il y a un an, au plus fort de la spéculation, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. Logiquement, le prix des biscuits (utilisation de céréales directes) ou du couple volaille/porc (céréales indirectes) devrait l’intégrer. C’est précisément le rôle des “renégos” à venir. Et tant pis si… ça pique !

    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2023/04/17/renegociations-oui-il-y-a-du-grain-a-moudre

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • 1,1 % d’augmentation des prix, pour la semaine du 6 au 13 Mars ! Le xeb grande conso - Olivier Dauvers
    – 3,3 % sur 4 semaines

    Comme toujours, les faits sont têtus.
    Voilà donc les Français face au mur de l’inflation (ou “Mars rouge”, rayez la mention qui vous chagrine le plus mais, en réalité, c’est pareil !).
    Selon le baromètre hebdo A3 Distrib / Éditions Dauvers, la semaine dernière s’est en effet soldée par une nouvelle accélération du rythme d’inflation : + 1,1 %.

    J’voudrais pas dramatiser mais ça fait quand même un rythme annuel de plus de 50 %. _


    Si c’est pas un “mur”, j’n’y connais rien en maçonnerie !
    Et si on élargit la focale, * sur les 5 dernières semaines, l’inflation atteint 4 %.
    Jamais la conso n’avait été confrontée à un tel soubresaut.
    Que ceux qui voient l’inflation depuis leur fiche de paie (plus confortable que la moyenne) ne l’oublient pas…
    Quand la boite de raviolis Panzani ou le sirop de grenadine Teisseire sont 10 % plus chers aujourd’hui qu’au 1er janvier, le pain de mie Harrys ou le Leerdammer 9 % (et tellement d’autres d’exemples), la “France des centimes” (telle que la présente le sociologue Jean Viard) est, elle, dans le… rouge.

    Source : https://www.olivierdauvers.fr/2023/03/13/mur-dinflation-ou-mars-rouge-on-y-est

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • Mars rouge (ou printemps noir) : on y est ! Le web grande conso

    Peu importe la sémantique… Que vous préfériez mars rouge ou printemps noir n’y changera rien. Les faits sont là et, comme toujours, têtus. Voilà les Français face au mur d’inflation annoncé depuis des mois. Voilà 4 semaines que notre panier de 150 majeurs (les produits que les Français voient le plus) s’envole littéralement. 0,7 % d’inflation hebdo ou plus encore sur la dernière semaine (+ 0,8 %). Un rythme jamais connu avant (n’en déplaise à ceux qui expliquent “lissage des hausses”, “moyennisation”, etc.). Et quand bien même (et par magie) l’inflation s’arrêterait là, voilà déjà plus de 4 % dans la besace en 2 mois. Qui s’ajoute donc à l’inflation 2022 pour atteindre le niveau incroyable de 19,8 %. Autant le dire : si les 20 % n’étaient pas dépassés d’ici à la semaine prochaine, ça serait une (très) heureuse surprise. Mais pour avoir feuilleté quelques cadenciers pendant le week-end (chacun se détend comme il peut), j’ai peur d’être déçu.

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes #marges

  • #Inflation : Avant “Mars rouge”, voici déjà “Février orange”…
    https://www.olivierdauvers.fr/2023/02/13/avant-mars-rouge-voici-deja-fevrier-orange

    Nouveau point hebdomadaire du baromètre inflation A3 Distrib / Éditions Dauvers. Et nouvelle stupéfaction. La semaine dernière, les prix des 150 marques majeures de notre scope (celles sur lesquelles se posent tellement d’yeux qu’elles fondent la perception de l’inflation) ont encore augmenté de… 0,7 %. Dit comme ça, ça impressionne peu. Mais le rythme actuel est juste inouïe… Depuis le début de l’année, c’est-à-dire en 6 semaines, l’inflation alimentaire sur ces majeurs dépasse donc déjà 2 %. Et, ce, alors que le mois de mars est encore devant. Bref, avant “Mars rouge” (que j’ai pronostiqué il y a déjà plus d’un mois, c’était sur le plateau de BFM), voici en attendant… “Février orange”. Ça doit s’appeler les préliminaires. Et, pour le coup, c’est pas drôle.

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #commerce #actionnaires #dividendes

  • Pricing : Casino ose… le tarif (majoré) du dimanche ! Olivier Dauvers - Le web grande conso
    https://www.olivierdauvers.fr/2023/02/08/pricing-casino-ose-le-tarif-majore-du-dimanche

    Il y a bientôt quatre ans, Jean-Charles Naouri évoquait pour la première fois son intérêt pour le “pricing dynamique”. En clair ne pas proposer le même prix tous les jours ou à tous les moments de la journée. C’est désormais le cas avec un pricing spécifique pour le dimanche dans les hypers de Casino. Ce qu’a révélé VIGIE GRANDE CONSO il y a quelques jours…


    En 2019, en marge de la présentation des résultats financiers de l’exercice 2018, Jean-Charles Naouri, patron et propriétaire de Casino, évoquait le “pricing dynamique” ou “yield management” des prix (revoir ici). En clair – et selon ses termes – que “les prix puissent varier en fonction des jours et des heures”. Après une expérimentation qui aurait eu lieu chez Franprix (jamais démontrée, d’où le conditionnel), c’est désormais à grande échelle dans le réseau Géant / Casino Hyper Frais. Et, cette fois-ci, c’est avéré (si mon p’tit doigt est bien informé, c’est pas d’hier…)

    Pour en avoir le cœur net (car j’avoue ne pas y avoir cru à l’origine comme quelques “patrons” que je sondais sur le principe même du pricing dynamique), pour en avoir le cœur net, donc, j’ai relevé les prix de centaines de produits le samedi après-midi et le dimanche matin. Pour l’exercice, seuls certains produits étaient de facto éligibles : avec une étiquette électronique (ce qui est le cas de la grande majorité du PGC / Frais LS) et hors promotion prospectus (le prix étant alors annoncé, donc figé).

    Sur ces produits “éligibles”, environ la moitié étaient majorés le dimanche.  Avec, dans les 5 hypers visités, un niveau moyen d’augmentation très homogène, environ 15 % . Particularité : tant les marques nationales que les MDD sont concernées par la majoration. Avec des cas réellement stupéfiants au point de s’interroger sur le réel pilotage de l’exercice…  Impossible en effet de ne pas être surpris devant les 36 % d’inflation dominicale de Danette pistache (voir infographie), sur un prix déjà en limite haute du marché (2,10 € vs PVC moyen France : 1,75 €) même en retranchant les 10 % de remise via l’abonnement Casino Max. 

    Autre surprise : l’absence de cohérence évidente dans le choix des produits majorés. Difficile d’expliquer par exemple que la bouteille de Ricard de 50 cl soit majorée, celle de 70 cl non. Autres cas : sur les pâtes MDD. Certaines références sont inflatées, d’autres non. Et pas nécessairement les mêmes d’un hyper à l’autre.

    Interrogé, Casino confirme l’adoption de ce pricing dynamique. Avec, en l’espèce, deux justifications. D’abord, le service rendu, en l’occurrence l’ouverture le dimanche, notamment après-midi où l’enseigne est, de fait, la seule à exploiter autant de magasins en mode autonome. Reste que l’argument n’est pas valable pour le dimanche matin où, désormais, trois hypers sur quatre sont ouverts ! Seconde explication : les coûts plus élevés, notamment le lundi matin pour remettre les magasins “au carré”. 

    Au-delà, il est certain que le prix d’acceptation peut évoluer en fonction des circonstances et des alternatives qui existent ou non. Exemple peut-être caricatural mais facile à comprendre : une boîte de préservatifs. Sa valeur (perçue) peut varier en fonction de la disponibilité plus au moins facile du produit. Mais ces produits sont-ils vraiment nombreux ? 

    La vraie question est probablement ailleurs : le principe même du pricing dynamique est-il socialement acceptable ? Si le yield management n’émeut plus guère dans l’aérien ou les lignes TGV, pas certain que sur le sujet – bien plus sensible – de l’accès à l’alimentation, la majoration des prix lorsque les concurrents sont fermés (puisque c’est le premier argument de Casino) soit compris autrement que par l’envie de… “profiter”. Économiquement, ça peut se défendre. Commercialement, c’est déjà délicat (dans la confiance qui se tisse avec le client puisque rien n’est évidemment dit en magasins). Socialement, il y a carrément un sacré doute. Les prochaines semaines le diront. Mais, là encore, le mérite de Casino sera de mener la R&D pour le compte de tous ! Comme avec les premiers magasins autonomes il y a trois ans. Et, de fait, sur ce sujet, Casino a ouvert la voie, désormais suivie par Carrefour. De là à ce que Casino soit aussi suivi sur ça hein…

    #inflation #prix #tarif #super_marché #magasins #courses #bénéfices #travail le dimanche #commerce

    • ENFIN !

      Quand je vois des retraité.e.s faire les courses le dimanche au casino de Marcq en Baroeul (chez les grandes bourgeoises et les grands bourgeois) j’ai une sacrée envie de leur faire décharger les camions, remplir les rayons et tenir la caisse.

    • J’ai du mal à me positionner. Faire travailler le dimanche dans des secteurs où on pourrait éviter, je trouve ca vraiment capitaliste. Et pour réduire la demande le dimanche, quoi de mieux qu’une augmentation de prix. Comme ca, les personnes conscientes du mal qu’elles feraient en réclamant des services des autres le dimanche sont épargnées et celles non conscientes payent le prix fort. C’est OK.
      Mais évidemment, on peut aussi faire le rapprochement entre le prix et les charges patronales doublées le dimanche (enfin, là, je suis pas sur, proximité, donc déplacement du WE sur 2 autres jours de la semaine sans contrepartie... mais je me trompe peut etre en droit). Donc c’est un patron, qui mécontent de payer des charges, les fait payer à ses clients. En vrai, c’est OK aussi.
      Et dernier point. Qui est la victime ? Des bobo qui étaient bien trop pris le samedi par leurs loisirs, ou des pauvres contraints de bosser le samedi au point de ne pas pouvoir faire leurs courses ?

    • La cible, c’est faire de l’argent car bousiller la vie des employés, si ça coute c’est pas bien.
      Les pauvres contraints de bosser le samedi  ? ? ? ? ? Est tu actionnaire de Casino ?

      L’ouverture des supermarchés le dimanche n’apporte aucun chiffre d’affaire supplémentaire, les achats sont « lissés » sur 7 jours au lieu de 6.
      Les clients ne peuvent dépenser plus.
      C’est du délire de manager.

    • Les enseignes Casino s’engagent à ne plus majorer les prix le dimanche afp
      https://www.lefigaro.fr/conso/les-enseignes-casino-s-engagent-a-ne-plus-majorer-les-prix-le-dimanche-2023

      Avec des hausses pouvant aller jusqu’à 36%, l’enseigne pratiquait le « pricing dynamique ».

      Les enseignes Casino, notamment les hypermarchés Casino Hyper Frais (ex Géant), ont assuré vendredi avoir renoncé au « pricing dynamique le dimanche », en d’autres termes à une majoration des prix en rayons, révélée par l’expert en consommation Olivier Dauvers. « Les enseignes Casino, fortes de toutes leurs initiatives en faveur du pouvoir d’achat, ont pris la décision de ne plus appliquer fin janvier le pricing dynamique le dimanche » , a indiqué la communication de l’enseigne dans une déclaration écrite.

      En milieu de semaine, Olivier Dauvers avait publié sur son blog « Le Web Grande Conso » des relevés de prix dans cinq hypermarchés sous enseigne Casino, desquels ils ressortaient qu’environ la moitié des prix relevés étaient « majorés le dimanche » par rapport au samedi après-midi. Il prenait l’exemple de quatre crèmes Danette pistache passant de 2 euros 10 le samedi après-midi à 2 euros 85 le dimanche matin, soit une hausse de prix de 36%. Au global, il a recensé une « augmentation très homogène, environ 15% ».

      « Les enseignes Casino ont instauré depuis décembre 2018 un service, inédit alors, d’ouverture dominicale sur toute la journée » , a rappelé vendredi la communication de ces enseignes. « À l’époque, ce service qui apporte un confort supplémentaire au consommateur s’était vu accompagné d’une expérimentation visant à appliquer une variation tarifaire mineure sur les produits et ce, exclusivement les dimanches ».

      La révélation de cette tarification dynamique, qui rappelle par exemple le prix des billets d’avion ou de TGV, a fait l’objet de nombreux commentaires, dans un contexte de forte inflation où les consommateurs sont très sensibles au prix des produits qu’ils achètent.

      Sur Twitter, le rédacteur en chef du magazine spécialisé LSA Yves Puget a rappelé que la pratique était « légale », qu’il s’agissait d’une « pratique de base dans l’e-commerce », se demandant si nous allions « vers la fin du prix unique », avec une variation en fonction des jours ou des formats de magasins. De son côté, le blog spécialisé dans l’actualité des produits de grande consommation Marketing PGC a estimé que Casino, groupe propriétaire de nombreuses enseignes (Monoprix, Franprix, Naturalia ou le e-commerçant CDiscount) avait « brisé un tabou » , ce dont le ° « secteur de la distribution peut (se) féliciter » , mais tout en rendant « le sujet explosif auprès du grand public ». _

  • Chasse-Goupille 18
    http://carfree.fr/index.php/2022/12/12/chasse-goupille-18

    Le nouveau Chasse-Goupille vient de paraitre. Comme à l’accoutumée entre les pages du petit fanzine photocopié chacun-e dénichera d’incroyables histoires et d’ébouriffantes illustrations. L’édito louvoie entre l’écologie, les frites et Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Vélo #bordeaux #cyclistes #magazines #vélorution