« Les violences policières découlent directement de la volonté des gouvernants d’annihiler toute contestation »
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par Vanessa Codaccioni
Tribune. Les violences policières de ces derniers mois en France, dénoncées de toute part, ont été et sont toujours niées par ceux qui détiennent le pouvoir. Elles sont aussi toujours légitimées et justifiées par l’institution policière elle-même, à commencer par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), qui ne sanctionne que très rarement – pour ne pas dire jamais – les auteurs de violences, mortelles ou non mortelles.
A défaut d’invoquer à chaque fois la légitime défense, qui est le principal fondement à l’usage des armes par la police, ses rapports et conclusions soulignent, pour la plupart, la nécessité de l’emploi de la force et son caractère proportionné, si ce n’est n’imputent la responsabilité des blessures et des décès aux victimes elles-mêmes.
Dans le cadre du maintien de l’ordre, et c’est ce que montre de manière exemplaire le rapport relatif à la mort de Steve Maia Caniço, mort noyé à la suite d’une intervention policière dans la nuit du 21 juin au 22 juin, à Nantes, non seulement les agents sont toujours censés avoir « bien agi », avec discernement et professionnalisme, mais les violences sont constamment justifiées par les troubles à l’ordre public. Les déclarations de celles et ceux qui gouvernent, alliées à l’impunité dont bénéficient les policiers, tendent ainsi à étouffer les possibles scandales liés à ce que l’on peut appeler des « bavures », et à faire comme si elles n’avaient pas existé.
Pour autant, personne ne peut raisonnablement ignorer les violences qui se déroulent depuis octobre 2018 dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes » : la mort de Zineb Redouane, atteinte au visage par un tir de grenade lacrymogène le 1er décembre à Marseille, et dont l’auteur n’a toujours pas été identifié ; des milliers de blessés, des centaines de mutilés, sans compter toutes les personnes contrôlées, nassées, gardées à vue et arrêtées.
Des violences qui font système
La compréhension des violences policières nécessite de les réinscrire dans deux stratégies de répression qui tendent aujourd’hui à s’indifférencier : l’antiterrorisme d’un côté et la gestion des mouvements sociaux l’autre. En réalité, la police n’a fait, ces derniers mois, que donner à voir la stratégie française de maintien de l’ordre, caractérisée notamment par la multiplication des corps-à-corps et des charges et par l’usage d’armes dites « de force intermédiaire », dont les grenades de désencerclement et les LBD, par ailleurs reconnus par la réglementation internationale comme « armes de guerre ».