• See the White House’s East Wing demolition from satellite images | CNN
    https://www.cnn.com/2025/10/23/us/east-wing-white-house-satellite-photos-invs
    https://media.cnn.com/api/v1/images/stellar/prod/october-28-2024.jpg
    https://media.cnn.com/api/v1/images/stellar/prod/october-23-2025.jpg
    The White House on October 28, 2024 and on Thursday.
    Planet Labs PBC

    As excavators dug into the side of the White House this week, photos and videos made clear just how dramatically President Donald Trump’s plans to build a new ballroom will affect the historic structure.

    Now, satellite images offer a new perspective on the scope of the work.

    A satellite image taken Thursday morning shows the entire East Wing of the White House has been demolished. Piles of debris outline where the building, which traditionally served as the office of the First Lady, once stood.

    In a spot that previously housed a portico, an excavator can be seen consolidating the rubble to be hauled away. The colonnade that led from the Executive Residence to the East Wing has also been nearly removed, with only the last section, which touches the Residence, remaining.

    Nearby, construction for the ballroom that will replace the East Wing is already underway. A small area that could be part of the new building’s foundation has been excavated, and a cement mixer can be seen waiting in front of the Treasury Department.

    https://media.cnn.com/api/v1/images/stellar/prod/ap25296603874064.jpg
    Construction workers, bottom right, stand atop the US Treasury building and watch as demolition work continues on the East Wing of the White House, on Thursday, October 23. The demolition is part of President Donald Trump’s plan to build a ballroom on the eastern side of the White House.
    Jacquelyn Martin/AP

    (la galerie contient 13 photos)

    • ... c’est sous Theodore Roosevelt, en 1902, que l’aile Est a pris la forme qu’on lui a connue ces dernières décennies. Puis Franklin D. Roosevelt ajouta en 1942 de nouveaux bureaux pour accompagner l’explosion du personnel présidentiel — décision elle aussi controversée car prise en pleine Seconde Guerre mondiale. FDR profita aussi de cette extension pour creuser un refuge souterrain : le Presidential Emergency Operations Center. (...)

      [...]

      Les historiens regrettent quant à eux, au-delà de l’absence de décision collective et d’implication du Congrès, le changement de nature de l’édifice. « C’est contraire à la vision des Pères Fondateurs de l’Amérique », a ainsi averti dans nos colonnes Edward Lengel, historien, ancien responsable (2016 à 2018) de la White House Historical Association, la fondation privée qui veille à la préservation de l’histoire de la #Maison_Blanche.

      « Avant d’être un lieu de pouvoir, la Maison Blanche a d’abord été une résidence pour les Présidents, mais aussi symboliquement la maison du peuple, poursuit l’historien. Jusqu’à la guerre civile (1861-1865), elle était accessible aux Américains, qui pouvaient y entrer sans aucun contrôle de sécurité. Elle avait été pensée comme un contraste au palais de Versailles. Elle ne devait pas être au-dessus des gens. En faire un lieu pour distraire les dignitaires et les élites est à l’opposé de ce que la Maison Blanche symbolise pour les Américains. »

      https://www.leparisien.fr/international/etats-unis/bureaux-de-la-premiere-dame-cinema-bunker-cetait-quoi-laile-est-de-la-mai

      Trump, hors-la-loi, en son bunker
      https://www.leshumanites-media.com/post/trump-hors-la-loi-en-son-bunker

      Donald Trump aussi connaît l’endroit. Le 29 mai 2020, en plein mouvement Black Lives Matter, alors que des milliers de manifestants se rassemblaient devant les grilles de la Maison-Blanche et que plusieurs affrontements avaient éclaté à Lafayette Square, le Secret Service avait décidé d’évacuer le président, ainsi que Melania et Barron Trump, vers le PEOC par mesure de sécurité.​ Selon plusieurs sources de presse (AP, New York Times, CNN, Washington Post), Trump serait resté dans le #bunker environ une heure, avant de regagner ses appartements.

      Un laps de temps suffisant pour lui donner des idées ? D’après plusieurs sources de CBS News citées depuis le 22  octobre  dernier, le bunker situé sous l’aile Est de la Maison-Blanche sera modernisé dans le cadre du vaste chantier de reconstruction lancé par Trump. Les journalistes de CBS (notamment Jennifer  Jacobs, correspondante à la Maison-Blanche) ont confirmé que la White House Military  Office supervise directement cette "rénovation", parallèlement à la démolition complète de l’aile  Est et à la construction de la nouvelle salle de bal présidentielle. On n’en saura pas plus : c’est « secret défense ». Après les journalistes, même les membres du Congrès seront tenus à l’écart. Après avoir entrepris de purger l’armée de tout élément déloyal, le secrétaire d’État à la Guerre, Peter Hegseth e exigé le 15 octobre que toute interaction avec les membres du Congrès, leurs collaborateurs ou les médias soit validée par l’Office of Legislative Affairs du département de la Défense. Le texte stipule que «  toute communication non autorisée pourrait compromettre les priorités du Département essentielles à l’atteinte de nos objectifs législatifs  »

      On n’en saura pas davantage sur les plus 70 millions de dollars d’« armes légères, munitions et accessoires de munitions » affectés à l’ICE (police de l’immigration) depuis le 20 janvier. Gaz lacrymogènes, balles en poivre ? Que recouvrent exactement les « armes chimiques » qui figurent parmi les ordres de commande ? S’agit-il d’aller débusquer le narcotrafiquant dans la jungle amazonienne ou colombienne ? De traquer le migrant clandestin dans la jungle urbaine de Chicago, Los Angeles ou New York ? Ou, plus vraisemblablement, de mater l’« ennemi intérieur » qui s’époumone en « No Kings » ? Car, selon toute vraisemblance, ce redoutable « ennemi intérieur » s’apprête à remporter dans les grandes largeurs les prochaines élections de mi-mandat (midterms) dans un an, le 23 novembre 2026. Donald Trump ne peut pas perdre ces élections ; il perdrait alors sa majorité au Congrès. Mais il ne peut non plus les gagner. Seule solution : les annuler, en invoquant un cas de force majeure (une insurrection ?) qu’il aura lui-même provoqué. Réfugié dans son bunker archi-sécurisé et modernisé de la Maison-Blanche, il tiendra jusqu’au bout du bout.

      #É-U

  • Ok Seenthis, maintenant fais moi une carte de France qui agrège toutes ces autres cartes, pour me donner LE trou du cul du monde où il fait bon vivre :

    Aucun polluant dans l’eau potable (ou le moins possible) :
    https://seenthis.net/messages/1140946

    Avec des nappes phréatiques pas trop pourries :
    https://seenthis.net/messages/1013319
    https://seenthis.net/messages/989999

    Sans fuite dans le réseau d’eau potable :
    https://seenthis.net/messages/1046929

    Utilisant le moins de pesticides dans les environs :
    https://seenthis.net/messages/1085286

    Avec le moins de sécheresse dans les 50 prochaines années :
    https://seenthis.net/messages/1101579

    Pas proche d’un site SEVESO :
    https://seenthis.net/messages/754202

    Avec une faible pollution de l’air :
    https://seenthis.net/messages/1015774

    Avec une densité correcte de voies cyclables :
    https://seenthis.net/messages/1018111

    À moins de 15min d’une ligne de train (si possible en vélo) :
    https://seenthis.net/messages/1038770
    https://seenthis.net/messages/1065638

    Avec encore des haies/du bocage (diversité) :
    https://seenthis.net/messages/1104833

    Et bien sûr pas dans une commune de gros racistes :
    https://seenthis.net/messages/1015774

    J’oublie sûrement encore quelques critères.

    Voilà, j’aimerais bien avoir le résultat dans moins de 10 ans (d’ici à ce que je puisse changer de région). Merci.

    #cartographie #France #intelligence_collective :)

  • #Eyal_Weizman : Israël déploie à #Gaza une « #architecture_de_la_mort »

    Comment établir la #matérialité du #génocide ? Depuis le 7 octobre 2023, Forensic Architecture travaille à dévoiler par la #cartographie la #destruction_systématique, par #Israël, des #infrastructures de la société palestinienne, qui s’en trouve « déracinée ». Entretien avec son fondateur.

    Regroupant des architectes, des journalistes, des universitaires comme des artistes, le laboratoire pluridisciplinaire #Forensic_Architecture s’est illustré ces dernières années en enquêtant sur différents crimes de guerre, en Syrie ou en Ukraine, ou encore sur des violences policières. En septembre 2022, Forensic Architecture avait notamment montré comment l’armée israélienne a sciemment exécuté la journaliste Shireen Abu Akleh (Al Jazeera) au cours d’un reportage à Jénine (Cisjordanie).

    Au lendemain du 7-Octobre, l’équipe a commencé à travailler sur l’offensive israélienne contre Gaza, convaincue que s’y déroulait une entreprise de #destruction d’une ampleur inédite.

    Ce travail a abouti à la publication de plusieurs rapports visant à mener une « #cartographie_du_génocide ». L’un de ces rapports a montré en juillet l’organisation de la #famine par Israël, notamment à travers les attaques contre l’#agriculture.

    Le fondateur de Forensic Architecture, l’architecte israélien Eyal Weizman, explique à Mediapart pourquoi son organisation, basée à l’université Goldsmiths à Londres (Royaume-Uni), et qui compte désormais une douzaine de bureaux dans le monde, a choisi d’accompagner la plainte pour génocide déposée contre Israël devant la Cour internationale de justice à La Haye (Pays-Bas). Il revient sur la notion de « #génocide_colonial » au cœur de son prochain livre. Entretien.

    Mediapart : Forensic Architecture a commencé à documenter le génocide perpétré à Gaza juste après le 7-Octobre. De quelle manière travaillez-vous sur ce terrain ? Est-ce un travail de même nature que les enquêtes que vous avez menées jusque-là ?

    Eyal Weizman : Non, c’est complètement différent. Normalement, Forensic Architecture peut passer un an à travailler sur une séquence d’une seconde. Dans un cas de violence policière, par exemple, comme on l’a fait en France avec notre partenaire #Index, c’est dans cette temporalité que nous travaillons.

    Concernant le génocide en cours à Gaza, on ne peut évidemment pas fonctionner comme ça. Nous avons donc commencé par collecter des informations sur des dizaines de milliers d’événements, puis nous avons essayé de comprendre quels liens existaient entre toutes ces situations.

    Face à des #crimes_de_guerre, nous essayons d’établir si ce sont des civils ou des combattants qui ont été tués, si c’était proportionné, etc. Dans le cas d’un génocide, c’est la relation entre une énorme multiplicité de cas qui est déterminante. Est-ce qu’il y a un #système, un #dessein, un #plan ?

    L’#intentionnalité est au cœur de la notion de génocide, selon la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide. Elle peut être établie par des #schémas_d’action qui donnent un sens à des cas a priori isolés. Au-delà de toutes les déclarations génocidaires du gouvernement israélien depuis le 7-Octobre, notre travail a consisté à faire apparaître ces schémas sur nos cartes.

    De quelle manière ? Quels sont vos outils ?

    Concrètement, dans chaque cas que nous investiguons, le bombardement de tel centre alimentaire, la destruction de tel terrain agricole, nous sauvegardons les vidéos, les images que nous recevons, nous les authentifions et nous analysons « l’#incident » : cela s’est passé là à telle heure, tel jour, etc.

    Ensuite, nous avons différents #modèles_mathématiques pour regarder les relations entre ces différents événements. Quel est le système derrière ? Pouvons-nous établir qu’il y a un plan visant à détruire le peuple palestinien en tout ou en partie, ce qui est la définition du génocide ?

    Si nous voyons qu’Israël détruit systématiquement les #terres_agricoles, qu’ensuite il empêche l’#aide_alimentaire d’entrer dans Gaza et cible les centres de #distribution_alimentaire, le #dessein qui apparaît alors est celui d’affamer la population. La famine à Gaza est créée par cette multiplicité d’actions.

    L’article II, c) de la convention des Nations unies mentionne la « #soumission_intentionnelle » de la population à « à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ». Vous ne tuez pas les gens directement, mais vous les tuez en détruisant l’#infrastructure qui rend leur vie possible.

    Si vous détruisez l’accès à la #nourriture, si vous détruisez les #hôpitaux, si vous détruisez les #écoles, si vous détruisez les #maisons, ce que j’appelle une « #violence_architecturale », alors les conditions de vie sont anéanties et la mort arrive lentement, parfois indirectement.

    La famine ravage aujourd’hui Gaza. Or vous montrez, notamment dans le dernier rapport de Forensic Architecture, qui couvre la période du 18 mars au 1er août, comment cela correspond à un objectif d’#anéantissement méthodiquement poursuivi.

    Gaza est une bande de terre longue et fine qui a deux types de sols. Des #sols sablonneux, du côté ouest, et des sols argileux à l’est. Quasiment toute l’agriculture à Gaza se situe à l’est de la route Salah al-Din, artère principale de la bande de Gaza. Et c’est cette partie qui a justement été la plus ciblée pour pousser la population vers les terres les plus difficiles à cultiver.

    Ce que nous avons vu depuis le début du génocide, c’est une campagne systématique pour détruire la #souveraineté_alimentaire palestinienne, par la destruction des #champs, des #vergers, la destruction des moyens de pêcher – tous les bateaux ont été détruits…

    Les Palestiniens n’ont plus les moyens de se nourrir. Ils dépendent entièrement de l’#aide_humanitaire qui passe par les checkpoints contrôlés par Israël. Israël a un contrôle total, peut ouvrir ou fermer le robinet. Parfois, il a dû l’ouvrir un peu sous la pression internationale, mais jamais assez.

    Toute la matrice de la société palestinienne, tous les lieux de distribution de la nourriture, les familles, les associations caritatives, les mosquées, les boulangeries, tout ce qui permet la #résilience de la population, a été systématiquement ciblé. C’est une tentative de détruire la société palestinienne, en attaquant les #liens_invisibles qui la constitue.

    À la place, Israël a construit des espaces nouveaux pour la distribution de nourriture qui sont en réalité des trappes de la mort.

    C’est-à-dire ?

    Vous devez penser Gaza à la fois comme une zone de #démolition et comme une zone de #construction. Parce que les #bulldozers israéliens détruisent les bâtiments palestiniens, mais avec les décombres, ils construisent une #architecture complètement nouvelle.

    Par exemple, ils ont construit des centres de distribution alimentaire à partir des gravats des maisons détruites, selon ce que j’appelle une architecture de la mort. Ils le font dans une petite enceinte qui devient un genre de « #trappe_de_mort » où les gens peuvent se faire facilement tirer dessus par les forces israéliennes. Tout est fait pour qu’il soit très compliqué et très dangereux d’essayer d’y obtenir de la nourriture.

    Les #gravats des maisons servent aussi à construire des jetées dans la mer, des petites #collines qui permettent à l’armée de surveiller Gaza, un territoire globalement plat.

    L’architecture, en tant qu’#organisation_de_l’espace, est un très bon cadre pour analyser le génocide car elle est basée, elle aussi, sur une intention.

    C’est ce qui forme la base de votre contribution à la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël, devant la Cour internationale de justice, pour génocide.

    Oui, c’est tout ce travail qui a permis de produire un rapport de 825 pages pour l’équipe juridique de l’Afrique du Sud, qui sert de base factuelle dans cette procédure.

    Nous amenons des éléments de #preuve concernant la destruction des hôpitaux, de l’agriculture, de l’#éducation, l’organisation de la famine, et nous montrons comment tout cela marche ensemble.

    Nous considérons le procès intenté par l’Afrique du Sud contre Israël comme une chance pour les droits humains et le droit international. Ce qui s’y joue est, selon nous, très important. Qu’un pays qui a souffert de l’apartheid, qui a expérimenté le colonialisme de peuplement, un pays du Sud, attaque Israël, défendu par les pays occidentaux dans leur ensemble…, c’est un événement historique. C’est pourquoi nous sommes très engagés dans cette plainte.

    Nous n’avons pas l’illusion que la Cour puisse avoir un impact sur les événements en cours, mais il existe une puissance historique, symbolique dans cette affaire.

    Dans l’enquête que vous avez menée sur l’assassinat de la photojournaliste #Fatma_Hassona, vous dites que les forces israéliennes ont pixelisé l’image satellitaire de la toiture de sa maison pour brouiller les preuves. Est-ce de plus en plus compliqué pour vous de travailler avec les #images ? Les témoins qui vous envoient des photos, des vidéos, prennent aussi des risques énormes.

    Oui, c’est un enjeu. C’est très difficile de télécharger des vidéos à Gaza. Les connexions sont systématiquement coupées, trouver du réseau est difficile. Mais malgré les difficultés, malgré le fait que les personnes risquent leur vie pour tourner des images, les gens continuent à nous envoyer des #vidéos de Gaza comme des bouteilles à la mer.

    Vous ouvrez la bouteille, vous lisez ce message avec un soin infini pour honorer le risque qu’ils ont pris. Nous avons donc des protocoles très précis pour ne pas exposer nos sources sur le terrain. Nous faisons très attention à retirer toutes les indications qui pourraient permettre d’identifier ou de localiser nos sources.

    Nous ne sollicitons jamais de vidéos, de photos. Les gens nous les envoient parce qu’ils nous connaissent et qu’ils nous font confiance. Mais nous préférons encore les prendre lorsqu’elles sont déjà en ligne, parce que cela assure mieux la sécurité des personnes.

    Le climat dans lequel vous travaillez sur Gaza est particulièrement difficile. Votre bureau allemand a dû récemment fermer.

    L’État allemand a retiré les financements et, effectivement, cela a conduit à fermer ce bureau en janvier. De façon générale, après le 7-Octobre, j’ai été accusé d’être antisémite dans plusieurs pays où nous travaillons, en Israël bien sûr mais particulièrement en Allemagne. Pour moi qui viens d’une famille juive rescapée d’Auschwitz, entendre cela dans ce pays est particulièrement douloureux.

    Cela dit, nous avons encore une très petite équipe dans ce pays, qui vient juste de dévoiler un très important cas de violence policière lié aux manifestations de soutien à Gaza. La police avait accusé des manifestants d’avoir violemment molesté un policier à Berlin. Le gouvernement en avait profité pour interdire les manifestations de soutien à la Palestine. Nous avons pu établir que les faits étaient à l’opposé de la version officielle. En réalité, le policier a frappé un manifestant tellement fort qu’il s’est cassé la main. Donc, ils pensaient se débarrasser de nous mais ils n’ont pas complètement réussi…

    Concernant le climat, mon université à Londres est actuellement sous enquête pour antisémitisme et je sais que c’est en partie à cause de l’activité de Forensic Architecture.

    Je veux être très sérieux sur ce sujet, parce qu’il y a vraiment de l’antisémitisme, notamment en France, et il est meurtrier. La sécurité des juifs là où ils vivent doit être garantie.

    Mais Israël, à force de faire passer la défense des droits humains, le droit international pour de l’antisémitisme, crée encore plus d’#antisémitisme. Ce qui me donne de l’espoir, ce sont ces jeunes juifs dans différents pays qui rejettent l’État génocidaire. Ils sont le futur.

    Vous travaillez à un livre qui sortira dans quelques mois. Vous y parlez de ce que vous appelez « le génocide colonial ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ce concept ?

    Quand on pense au génocide, nous avons en tête l’Holocauste. Un crime perpétré sur un temps et un espace resserré. Mais un génocide peut prendre différentes formes.

    Le génocide des Palestiniens n’a pas commencé le 7-Octobre. Pour le comprendre, il faut regarder l’#histoire_longue et la transformation de l’environnement, des lieux de vie palestiniens.

    Je voudrais, à travers un travail sur les cartes, sur les sols, revenir sur l’histoire de la création de la bande de Gaza, de l’expulsion des Palestiniens du sud de la Palestine et la façon dont les villages palestiniens ont été littéralement rayés de la carte. Il faut comprendre comment les #colonies_israéliennes ont été localisées sur ce territoire, en particulier les #kibboutz, construits sur les ruines des #villages_palestiniens.

    Ce sera, à travers l’#histoire_de_l’environnement et l’histoire des sols, une longue histoire de Gaza. Une grande partie des habitants de Gaza étaient auparavant des #bédouins. Pas des nomades, mais des #agriculteurs qui habitaient autour du fleuve #Waadi_Gaza. Ils y avaient élaboré des #techniques_agricoles très sophistiquées. Je travaille en particulier sur le village d’#Al-Ma’in, d’où viennent l’historien Salman Abu Sitta et le célèbre médecin palestinien Ghassan Abu Sitta.

    Nous essayons de reconstruire précisément la manière dont la colonisation a transformé le #paysage, l’#environnement. C’est ce qui permet d’inscrire le génocide post 7-Octobre dans un bien plus long processus de #colonialisme_de_peuplement, qui est une forme de génocide.

    Après le 7-Octobre, Israël a transformé Gaza en #désert. Mais là encore, c’est une histoire bien plus longue. On connaît le slogan revendiqué en Israël d’avoir fait « #fleurir_le_désert ». Mais Gaza n’a jamais été un désert. La région a toujours été habitée par des bédouins palestiniens qui cultivaient notamment de l’#orge à destination des Britanniques, qui s’en servaient pour la #bière. Jusqu’en 1948, c’était un territoire luxuriant.

    Vous travaillez sur l’#effacement de ces #traces. Voire, sur l’#effacement_des_traces_de_l’effacement, qui est aussi une caractéristique des entreprises génocidaires.

    Quand les Israéliens détruisaient un village palestinien, ils ne détruisaient pas seulement les bâtiments. Ils labouraient la terre, et même les #cimetières et les #routes.

    Et, s’il y avait un champ qui était labouré dans un sens, ils le labouraient dans l’autre sens. Pour effacer toute trace, effectivement, des formes de vie qui existaient jusque-là. Aujourd’hui, j’observe les mêmes phénomènes, à la différence que le labour est fait par des bulldozers.

    La destruction, c’est une chose. Par mon activité au sein de Forensic Architecture, j’ai vu beaucoup de destructions de bâtiments. Mais ce que je vois à Gaza, ce n’est pas simplement des bâtiments détruits, je vois la destruction des sols eux-mêmes, de la terre, ce que j’appelle « déraciner » Gaza.

    À l’époque de la création d’Israël, une forme de #torture vis-à-vis des Palestiniens était de les amener sur les lieux où leur village avait été rasé et dont il ne restait rien. Pas même une trace.

    C’est pour cela que vous avez voulu vous focaliser sur les sols, la #terre ?

    Oui, parce que organiser la #désertification à Gaza est politique. Construire des #barrages pour détourner l’#eau au profit d’Israël, c’est utiliser l’environnement pour expulser les Palestiniens de leurs #terres.

    #Créer_le_désert est une caractéristique continuelle du génocide. C’est la destruction des formes d’#habitabilité. D’abord Israël crée un désert, puis y envoie les Palestiniens. Si l’on pense au génocide arménien et au génocide en #Namibie par les Allemands, dans ces deux cas le désert a été un « outil » de destruction.

    Je travaille aussi sur les dommages causés en profondeur aux sols. Depuis le 7-Octobre, Israël a lancé des bombes qui explosent à 30 mètres sous terre, officiellement pour détruire les tunnels du Hamas.

    Ces bombes contiennent énormément de #produits_chimiques qui contaminent en profondeur les sols, et ce, pour des décennies. De l’eau salée a aussi été injectée dans la terre, ce qui a endommagé l’aquifère. La poussière de tous les bâtiments détruits à Gaza s’est infiltrée en profondeur et, là encore, va créer une pollution pour de très nombreuses années. C’est aussi politique. Contaminer les #sous-sols, c’est aussi détruire les capacités d’habiter des générations à venir.

    Je pense que le colonialisme de peuplement, comme l’a dit l’anthropologue Patrick Wolfe, a une logique d’#élimination. La plupart des gens qui meurent dans le génocide colonial ne meurent pas de façon violente. Bien sûr, il y a des #massacres. Mais les gens meurent de #causes_secondaires. C’est comme un génocide sur la durée.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010925/eyal-weizman-israel-deploie-gaza-une-architecture-de-la-mort

    #architecture_Forensique #ressources_pédagogiques #contamination #pollution #bombes #verticalité

    voir aussi :
    DIAGRAMMES - INTENTION GÉNOCIDAIRE
    https://seenthis.net/messages/1118337
    signalé par @reka

    ping @isskein

  • Scientist exposes anti-wind groups as oil-funded. Now they want to silence him.

    Oil-funded groups are engaging in strategic harassment to stop scientists from revealing the nature of their politically-linked disinformation networks – in what should be a surprise to nobody.

    A new report came out last week from the Climate & Development Lab (CDL) at Brown University, titled “Legal Entanglements: Mapping Connections of Anti-Offshore Wind Groups and their Lawyers in the Eastern United States.”

    The study focuses on several examples of law firms with connections to anti-wind groups, the fossil fuel industry, and the American political right wing. These fossil-funded groups have spread disinformation to slow the adoption of clean and cheap wind power, in order to keep America addicted to the poison that the fossil fuel industry wants to keep selling us.

    https://electrek.co/2025/08/25/scientist-exposes-anti-wind-groups-as-oil-funded-now-they-want-to-silence-h

    Et aussi :

    Law Firm Pressures Brown University to Erase Research on Anti-Wind Groups
    The firm, which represents opponents of offshore wind, said it would complain to Brown’s federal and private funding sources.

    https://www.nytimes.com/2025/08/25/climate/brown-university-offshore-wind-marzulla.html?unlocked_article_code=1.g08.cA

  • La Procura contesta l’assoluzione di Maysoon Majidi
    https://www.meltingpot.org/2025/08/la-procura-contesta-lassoluzione-di-maysoon-majidi

    L’assoluzione pronunciata dal Tribunale di Crotone del 5 febbraio 2025 sembrava aver posto fine alla vicenda giudiziaria che aveva visto coinvolta l’attivista curdo-iraniana Maisoon Majidi, imputata di favoreggiamento dell’immigrazione clandestina a seguito dell’arresto dopo lo sbarco sulle coste italiane. La donna era stata fermata mentre tentava di allontanarsi attraverso la boscaglia insieme pochi altri migranti, tra cui il capitano dell’imbarcazione, ed era stata accusata di aver coadiuvato la navigazione di un natante con a bordo circa settanta persone partite dalla Turchia. Tuttavia, la giovane donna non ha fatto in tempo a riprendere la sua vita in mano, dopo la (...)

    #Notizie #Chiara_Lo_Bianco

  • Protection policière : Les poules de Yaël Braun-Pivet sous bonne escorte | Le Canard enchaîné
    https://www.lecanardenchaine.fr/politique/51570-les-poules-de-braun-pivet-sous-bonne-escorte

    A la fin de la session parlementaire, Yaël Braun-Pivet n’avait qu’une envie : enfourcher son vélo électrique et partir sur les routes pour «  échanger avec les Français à bâtons rompus  » («  Paris Match  », 31/7). Elle a donné des consignes très précises aux CRS qui gardent sa maison du Vésinet. Les poulets ont été priés de bien vouloir nourrir ses poules. Caltez, volaille !

    La prestigieuse CRS1 est rapidement montée sur ses ergots. C’est que cette flicaille n’appartient pas à n’importe quelle basse-cour. La compagnie qui fournit des motards pour l’escorte présidentielle est dévolue à la protection des personnalités. Pas à la surveillance des ­gallinacés.

    #police_croupion

  • Abitare illegale

    Tra Europa e Stati Uniti un viaggio nelle più differenti esperienze abitative, dalle case occupate italiane ai wagenplatz in Germania, dai villaggi rom e sinti del nord Italia, ai pueblos ocupados in Spagna. Ma non solo: ecovillaggi e comuni, slum urbani e baraccopoli, autocostruzioni e tendopoli. Una ricerca che decostruirà le certezze sull’abitare del così detto primo mondo, scritta con la passione dell’attivista e il rigore dello studioso.

    https://milieuedizioni.it/product/abitare-illegale

    #habitations #illégalité #marginalité #habité #habiter #maisons #Europe #USA #Etats-Unis #livre #marges

  • [Nantes] 2004-2024 : Les 20 ans d’une loi d’exclusion Projection et Échange
    https://nantes.indymedia.org/events/149328/nantes-2004-2024-les-20-ans-dune-loi-dexclusion-projection-et-echa

    15 mars 2004, il y a tout juste 20 ans, la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques est instaurée après avoir provoqué des débats, des polémiques et des exclusions de lycéennes. Ce film va à la rencontre de certaines d’entre elles, dont Lila et Alma Levy, qui…

    #Anti-répression #Antifascisme #Art/culture #Education #islamophobie_d'Etat #Racisme #Maison_des_haubans #Nantes

  • La #maison_en_A : une #alternative solide, pas chère et à construire seul

    À 65 ans, #Elizabeth_Faure a construit quasiment toute seule sa #maison_en_forme_de_A, pour 40 000 euros. Une alternative féministe, écologiste et peu chère, qui essaime grâce à ses conseils.

    Le long de la route bordée de merisiers, les champs s’étalent à perte de vue dans le vallon, sous un ciel azur. Puis, derrière quelques maisons, un grand triangle apparaît dans le paysage tout vert. En se rapprochant, au fond d’un lotissement, la figure est, en réalité, une maison. Une maison en forme de A.

    Bienvenue chez Elizabeth Faure. C’est dans le village de Lusignac, en Dordogne, qu’elle a construit sa maison quasiment toute seule, en 2013, à 65 ans, pour 40 000 euros. Une « maison pour les fauchés », comme elle le dit, dans laquelle on a rapidement envie de rester.

    L’édifice en bois de 180 m2 sur deux étages est doté d’une terrasse donnant sur un petit bois. L’autre côté s’ouvre sur un jardin peuplé de bananiers du Japon, d’aeoniums, de yuccas et d’un potager. Posée sur des piliers, la bâtisse a peu d’emprise au sol.

    https://www.youtube.com/watch?v=t6-DCuS4fSY

    « J’ai fait au moins cher »

    En train de cueillir quelques herbes aromatiques pour le repas, Elizabeth avait proposé, avant même notre rencontre, de venir dormir la veille dans le dortoir des invités au premier étage, puis de rester déjeuner. La « vieille hippie », comme elle se surnomme, aime recevoir du monde et a rendu sa maison conviviale.

    Malgré l’inclinaison des murs formée par le toit à double pente, on ne se sent pas du tout écrasé, au contraire, la hauteur sous plafond est confortable. La cuisine et le salon forment une large pièce éclairée grâce à plusieurs grandes fenêtres. Les poutres apparentes, les murs sont ornés de calligraphies et, à côté des chaises en bambou, une balançoire trône au milieu du séjour.

    « Ces meubles, c’est de la récup’. Dans cette maison, j’ai fait au moins cher », dit la septuagénaire aux yeux bleus perçants derrière ses lunettes. Elizabeth explique n’avoir « rien inventé » : « Les maisons en forme de A existent depuis la nuit des temps, c’est la forme la plus solide et la plus simple, donc la moins chère, à construire soi-même. »

    Autodidacte

    Lorsqu’elle a démarré son projet en 2013, Elizabeth vivait du RSA, le revenu de solidarité active : « Je n’ai jamais cherché à faire du fric dans ma vie. Si j’ai voulu être bâtisseuse, c’était pour aider les pauvres, les riches n’avaient pas besoin de moi. »

    Après une enfance au Maroc, Elizabeth est arrivée en France à l’adolescence. Rapidement, elle a cherché à partir, d’abord au Canada, puis en Angleterre. « Mon père a refusé de payer mes études d’architecte, il trouvait que ça ne servait à rien, car j’étais une fille. Je me suis débrouillée seule pour les financer et je suis allée à Londres. »

    À la fin des années 1960, elle a vécu dans des maisons menacées de démolition par la construction d’une autoroute autour de la capitale britannique, et en parallèle, elle en a rénovées plusieurs pour des familles dans le besoin. « En occupant ces squats, on a gagné la lutte contre l’autoroute. Des gens y habitent encore pour 1 livre par mois [près de 1,20 euro] », sourit-elle, avant d’allumer sa cigarette roulée et de se servir un verre de vin rouge.

    Après s’être mariée à un Anglais et avoir donné naissance à sa fille en 1975, Elizabeth a multiplié les chantiers de rénovation à New York, Paris ou en Dordogne, souvent gracieusement.

    En 2003, une idée lui est venue en regardant un reportage sur des cabanes pour SDF, réalisées par l’association Emmaüs. « C’était vraiment pas terrible, se souvient-elle. On peut être pauvre, sans être obligé de vivre dans la misère. Je me suis dit que je pouvais faire mieux. » Elle a proposé à l’association de fabriquer des maisons en A de 25 m2 pour 6 000 euros. Sans succès.
    « On me disait que je n’y arriverais jamais »

    Pas de quoi lui faire perdre sa détermination pour autant. « Je me suis dit qu’un jour, je la construirais pour moi. L’idée était de montrer que si une vieille de 65 ans sans trop de moyens pouvait construire sa maison, tout le monde pouvait le faire. » En 2013, la désormais célibataire a sauté le pas et a acheté le terrain à la mairie de Lusignac.

    « À la base, un ami devait m’aider, mais il a préféré partir en vacances et je me suis retrouvée toute seule. » Malgré les critiques — « les gens me disaient que j’étais folle, que je n’y arriverais jamais » —, elle a démarré en février 2013 par la construction d’une cabane de jardin afin de vivre sur le chantier.

    Seconde étape, les fondations sous la pluie : « C’était difficile, il y avait de la boue partout et le sol était très dur, je devais creuser à la pelleteuse puis terminer au marteau-piqueur », retrace Elizabeth. Elle s’est ensuite occupée de l’installation de la fosse septique, « le plus important dans une maison ! »

    Pour lever les premiers des dix-huit triangles formant la structure de la maison, Elizabeth a fait appel à « [s]on meilleur pote anglais Hugues et le cantonnier du village, qui est venu avec un ami ». Pour le reste, « je devais trouver des astuces pour porter des choses lourdes. Quand tu es seul, tu dois être malin. Tu te construis toi-même, tu apprends tes limites et tu te dépasses, c’est super pour l’estime de soi ! »

    Le plancher posé, Elizabeth a installé les panneaux constitués de copeaux de bois, pour avoir une bonne isolation thermique. « Pour les fixer sur la structure, il a fallu 15 kilos de clous ! » Elle a également utilisé de la laine de verre et du polystyrène extrudé à l’extérieur. Pour la toiture, elle a posé des tuiles en bitume pour éventuellement installer des panneaux solaires. « Je l’aurais bien fait, mais je n’ai pas les sous. »

    Sept mois plus tard, la structure a été terminée et Elizabeth a emménagé dans sa maison. Restait l’isolation avant la chute des températures à l’automne. En juin 2014, un an et demi après le début des travaux, « je prenais ma douche dans ma salle de bain, l’essentiel était là ».

    La levée des triangles, les pauses dans la piscine gonflable avec Hugues autour d’un verre de vin rouge, l’installation de l’électricité et de la plomberie… tout est raconté dans le documentaire La Maison en A de Morgane Launay, une amie d’Elizabeth qui a tout plaqué pour suivre le chantier pendant un an. Présenté dans des cinémas de la région, puis mis en accès libre sur internet en 2018, le documentaire a été repéré par les magasins de bricolage Castorama, qui feront un reportage sur la maison en A en 2020. De quoi créer un boom.
    Des tutos pour essaimer

    « Malgré le Covid et les restrictions sanitaires, des centaines de gens défilaient chez moi pour voir la maison, ils avaient plein de questions pour construire la leur, se rappelle Elizabeth. J’ai reçu aussi des appels de personnes au Canada, aux Comores, en Nouvelle-Calédonie… C’était fou. »

    L’affluence est devenue telle qu’elle a limité les visites au samedi. « Je recevais encore 50 personnes toutes les semaines. Mon amie Morgane a proposé de créer une chaîne YouTube avec des tutoriels, pour éviter de répéter tout le temps la même chose. »

    Leur chaîne sobrement intitulée La Maison en A propose ainsi une cinquantaine de vidéos détaillant toutes les étapes du projet, du permis de construire à l’étude thermique en passant par l’assemblage de l’ossature. À l’image, on y voit par exemple Elizabeth expliquer, un décamètre et un crayon à la main, comment gérer les imprévus : « Là, on va être obligé de raccourcir ce madrier pour que ça passe, je suis nulle à chier à la tronçonneuse, mais on s’en fout, on fait ce que l’on peut ! » s’exclame-t-elle, toujours avec un franc-parler naturel.

    Malgré les plus de 800 000 vues sur le documentaire et les 3 millions de personnes qui suivent sa chaîne YouTube et ses réseaux sociaux, Elizabeth n’a pas touché d’argent. « Ce n’était pas le but, j’ai réalisé le rêve de ma vie : permettre aux gens de faire leur maison tout seul, pour pas cher. »

    Depuis, une centaine de maisons en A ont été construites en France, y compris une en Russie, et 200 autres sont en construction dans l’Hexagone. En Dordogne, une dizaine de personnes se sont installées pour cette raison. Face à l’engouement, dans le territoire du Ribéracois où elle habite, « on ne délivre plus de permis de construire pour les maisons en A, sous prétexte qu’elles dénaturent le paysage rural, c’est lamentable », souffle Elizabeth.

    Parmi les membres de la communauté de la maison en A, « il y a des jeunes et des vieux de tous les milieux sociaux, plusieurs sont devenus des amis ». En revanche, Elizabeth ne supporte pas ceux qui lui disent comment elle aurait dû faire telle ou telle chose. « Face à ces mecs-là, je n’ai plus la patience. La dernière fois, un type me dit que mes conseils pour faire de la peinture à la farine ne fonctionnent pas. Évidemment, il avait sauté des étapes... », raconte celle qui a toute sa vie fait face à la présomption d’incompétence sur les chantiers.

    C’est pour cette raison qu’Elizabeth préfère travailler avec des femmes, à l’exception de son meilleur ami Hugues. Que ce soit Morgane Launay, la réalisatrice du documentaire, ou Ambre Chatelain, qui écrit une bande dessinée en aquarelle sur Elizabeth, cette dernière préfère parler de leurs talents plutôt que des siens. « L’idée de cette BD, c’est de s’adresser aux petites filles, pour leur montrer qu’elles aussi pourraient construire leur maison. On a tout de même décidé de garder quelques gros mots, ça permet d’être plus libre ! »

    https://reporterre.net/La-maison-en-A-une-alternative-solide-pas-chere-et-a-construire-seul
    #auto-fabrication #logement #auto-construction
    #tuto #tutoriel

  • Editions Allia - Livre - L’Art d’en sortir
    https://www.editions-allia.com/fr/livre/1069/l-art-d-en-sortir

    Tour à tour cinéaste, metteur en scène, chef de troupe et tête chercheuse : ces entretiens nous embarquent à la poursuite de l’insaisissable Marc’O !

    Marc-Gilbert Guillaumin, dit Marc’O avait 6 ans de moins en 2019 soit 92 ans.
    https://seenthis.net/messages/790992
    #histoire #Allia

  • Dans les #banlieues, la naissance d’une #écologie_populaire et émancipatrice

    Accusés d’être indifférents aux questions écologiques, voire d’y être opposés, les habitants des #quartiers_populaires sont pourtant en première ligne des effets du dérèglement climatique. À l’avant-poste d’une écologie qui se veut plus discrète, conscients des #inégalités_structurelles des territoires qu’ils occupent, ils sont de plus en plus nombreux à revendiquer une écologie populaire et émancipatrice.

    En mai 2021, dans les quartiers populaires de #Bagnolet, en #Seine-Saint-Denis, le syndicat Front de mères et l’association #Alternatiba créent la première #Maison_de_l’écologie_populaire, sous le nom de #Verdragon. L’objectif  ? Mettre en place des projets écologiques au plus près des besoins des habitants des quartiers populaires. Dès l’ouverture, les membres du syndicat #Front_de_mères, créé deux ans plus tôt par la politologue et militante #Fatima_Ouassak, sont taxés de #communautarisme après la parution d’une tribune adressée au maire de Bagnolet qui les accuse de propager des idées «  indigénistes et racialistes  » et d’utiliser Alternatiba comme caution écologiste.

    En réponse à ces attaques, Alternatiba publie un communiqué de soutien qui rappelle que «  ce sont les milieux populaires et particulièrement les personnes racisées qui sont et seront les plus touchés par l’aggravation du #changement_climatique  ». Depuis, le lieu poursuit sa vie, entre l’organisation de soirées pour discuter des rapports du GIEC, d’expositions sur les luttes paysannes, ou encore via la distribution de paniers de légumes avec l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Mais les attaques qu’ont subies les co-fondatrices de Verdragon peu après l’ouverture du lieu révèlent la difficulté de faire émerger un endroit qui réunit les habitants des quartiers populaires autour de l’écologie. Comme si ces derniers, emmurés dans des grandes tours, devaient s’accommoder d’un territoire où s’entassent datacenters, usines polluantes ou échangeurs autoroutiers, sans jamais espérer s’en affranchir.

    Des réalités multiples

    D’abord, qu’entend-on par quartiers populaires  ? Dans sa thèse, la géographe #Léa_Billen rappelle que cette catégorie a tendance à gommer des réalités plurielles  : «  Ce que j’appelle “quartiers populaires” désigne des quartiers classés en #politique_de_la_ville. Mais il s’agit d’une toute petite partie de ce qu’on appelle plus largement “quartiers populaires”, des territoires à la fois très divers d’un point de vue urbain, avec des quartiers de #grands_ensembles, des #faubourgs_ouvriers, des centres anciens plus ou moins dégradés et du point de vue de leurs habitants, avec une #mixité_sociale plus ou moins importante. Mais ce qui les rassemble, ce sont des #inégalités_sociales, urbaines et économiques très fortes.  » Son travail de terrain s’est concentré sur les initiatives qui «  transforment les modes de vie au quotidien  », comme l’installation de #composteurs de quartier ou de #jardinières partagées, les #groupements_d’achats de produits écologiques ou encore la mise en place d’ateliers d’#autoréparation.

    Des initiatives qui s’inscrivent dans une diversité de modes d’action  : mobilisations contre un projet d’aménagement, interpellation de la ville ou du bailleur, actions de sensibilisation… S’il n’existe pas à ce jour d’études quantitatives pour le démontrer, «  ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires, d’après la géographe. Elles sont juste très discrètes, car les personnes qui les portent ne communiquent pas forcément sur leurs actions en dehors du territoire concerné. Parfois, même, les personnes qui font vivre ces initiatives ne se revendiquent pas de l’écologie.  »

    Pouvoir aux régies

    Cette écologie, plus silencieuse, se retrouve par exemple dans les #régies_de_quartier. Apparues dans les années 1980, elles viennent au départ répondre au problème de chômage des habitants des quartiers prioritaires. Elles fonctionnent sur un modèle hybride  : elles cumulent le statut d’association à celui d’entreprise d’insertion et les habitants sont majoritaires aux côtés d’élus, de représentants d’associations ou d’institutions aux instances de décision. Au départ, les régies de quartier se chargent principalement de l’entretien des lieux publics ou des résidences de quartiers et de l’insertion par l’emploi. Depuis l’arrivée de l’écologiste et ancien membre d’EELV Mathieu Glaymann à la direction de la régie de quartier de Saint-Denis, la régie s’est transformée en laboratoire de la #transition_écologique. Récupération et valorisation de cartons et de cagettes en bois, vide-grenier toutes les trois semaines, livraison en cyclo-logistique, ateliers zéro déchet, entretien des espaces publics avec des produits éco-labellisés… Les projets fleurissent sur le territoire.

    «  Ces initiatives sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne le croit en quartiers populaires. Elles sont juste très discrètes.  »

    Aujourd’hui, 60 % du chiffre d’affaires de la régie de Saint-Denis repose sur des projets en lien avec la transition écologique  : «  Les régies de quartier en Seine-Saint-Denis comptent environ 500 salariés, affirme Mathieu Glaymann. Et dans notre régie, nous recrutons dans 95 % des cas des habitants de Saint-Denis. Il ne faut pas sous-estimer cet outil.  » Un puissant levier d’#émancipation, donc, qui fait écho à la stratégie d’#ancrage_territorial que la politologue et militante Fatima Ouassak revendique dans son essai La Puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire (La Découverte, 2020 : https://www.editionsladecouverte.fr/la_puissance_des_meres-9782348059377). L’autrice fait référence à l’#attachement ressenti par les habitants pour un territoire, critère indispensable selon elle, pour garantir sa protection.

    La théorie de l’indifférence

    Si le terme «  écologie  » est néanmoins toujours mis à distance par certains, «  c’est parce [qu’il] est associé à un discours dominant qui exclut les habitants des quartiers populaires et qui considère que l’écologie ne les concernerait pas, voire qu’ils y seraient même hostiles, note Léa Billen. Ce discours est performatif  : il produit un sentiment d’#impuissance chez ces habitants qui peuvent effectivement finir par penser que ce n’est pas pour eux  ». Pour en saisir les causes profondes, il faut revenir à l’histoire des politiques qui ont bâti ces quartiers. À partir des années 1960, le gouvernement décide de construire des grands ensembles pour répondre au défi du relogement des classes moyennes.

    Or, «  la construction des grands ensembles n’est pas accompagnée d’aménagements alentour  : il manquait beaucoup d’équipements publics, sociaux et culturels. Et malgré les plaintes des habitants de la classe moyenne, l’État est resté passif, analyse #Hacène_Belmessous, auteur de l’ouvrage Petite histoire politique des banlieues populaires (Syllepse, 2022), pour lequel il a fouillé les archives des municipalités populaires en périphérie des villes. Ces populations ont fini par céder à l’achat de maisons individuelles, laissant place à une population immigrée extra-européenne à qui l’on avait longtemps refusé l’accès à ces logements.  » Par la suite, la politique de #rénovation_urbaine dans les banlieues populaires qui se poursuit en 2003 après les émeutes des années 1990 est «  d’abord une tentative d’éliminer un problème politique  », poursuit le chercheur. L’objectif n’est pas de créer un meilleur cadre de vie pour les habitants, mais plutôt «  d’ouvrir les cités pour que la police puisse intervenir  ».

    Des quartiers qui étouffent

    Ces inégalités ont structuré les banlieues populaires. S’y ajoutent aujourd’hui des injustices environnementales. Documentées aux États-Unis depuis les années 1980, où les nuisances et pollutions frappent plus fréquemment les populations afro-américaines, elles deviennent une préoccupation en Europe à partir des années 2000. «  On étouffe à l’intérieur, entre les quatre murs des appartements HLM, trois étroits, trop chauds l’été, véritables passoires thermiques l’hiver, où l’air est pollué par l’ameublement bon marché  », constate aujourd’hui l’essayiste Fatima Ouassak, dans son ouvrage Pour une écologie pirate (Seuil, 2023). Mais aussi à l’extérieur, «  entre les quatre murs du quartier, submergés par le bruit des voitures, les odeurs nauséabondes, l’éclairage artificiel et la pollution atmosphérique  », poursuit-elle.

    «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    En 2021, le Réseau action climat (RAC) et l’Unicef ont publié un rapport sur les liens entre la pauvreté des enfants et la pollution de l’air. Chez les enfants, «  cette exposition peut entraîner des problèmes respiratoires et immunitaires, mais aussi des pathologies telles que le diabète, l’obésité ou la dépression  », souligne le rapport. Si les populations les plus riches résident aussi dans les centres urbains, là où la pollution atmosphérique est la plus forte, les conséquences ne sont pas les mêmes pour les plus précaires. «  Les inégalités d’accès aux soins, liées aux revenus ou à la catégorie sociale, font qu’un même degré d’exposition a un impact différent sur la santé  », confirme l’Observatoire des inégalités dans une de ses analyses.
    S’émanciper des clichés

    Ces injustices sont de plus en plus largement dénoncées. Contre un discours écologique «  déconnecté des réalités des classes populaires  », #Féris_Barkat, né à Illkirch près de Strasbourg, a cofondé l’association #Banlieues_climat fin 2022, à tout juste 20 ans. Son but  ? Sensibiliser les jeunes de banlieue aux enjeux écologiques et leur permettre d’être formateurs à leur tour. Selon lui, l’écologie est avant tout un moyen de mettre en lumière des inégalités sociales «  peu audibles pour les politiques  ». Plusieurs membres de Banlieues climat sont ainsi allés former des parlementaires. Sept au total – dont le député La France insoumise François Ruffin et l’écologiste Marie-Charlotte Garin – ont bénéficié d’une formation de trois heures donnée par Féris, Sanaa, Someïa, Aymen, Imane et Khadim, le 17 janvier à l’Assemblée nationale. L’idée de cette formation est d’interpeller les élus. Pour le cofondateur de Banlieues climat, si leur message ne passe pas auprès des jeunes de banlieue, «  c’est une question de posture  »  : «  Le problème n’est pas le message, mais le messager. Pour embarquer les catégories populaires, il faut créer des rapports plus horizontaux.  »

    Il y a aussi «  un manque de représentativité  », constate #Amine_Kessaci, âgé de 21 ans et originaire des quartiers nord de Marseille. En juin 2020, il a créé l’association Conscience qui mène des projets de sensibilisation et organise des campagnes de ramassage de #déchets dans son quartier. L’initiative prend vite et sera bientôt déclinée localement dans d’autres quartiers populaires en France. Un succès rapide qu’il attribue au fait que «  ces initiatives sont portées par d’autres jeunes de quartiers  ». Aujourd’hui, s’il se présente aux élections européennes de juin, sur la liste menée par l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, c’est principalement pour porter la voix des quartiers populaires et déconstruire les stéréotypes qui leur sont associés.

    À l’affirmation que l’écologie ne parlerait pas aux habitants des quartiers, il répond  : «  Au contraire  ! Le 2 décembre, plusieurs personnes de mon quartier sont montées à Paris avec moi au meeting de Marie Toussaint. Elles se sont retrouvées dans son discours et ont compris ce qu’elle défendait.  » De son côté, Féris Barkat annonce que l’association Banlieues climat aura bientôt un lieu dédié à leur formation, depuis peu certifiée par le Ministère de l’Enseignement supérieur, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Car, conclut-il, «  si les classes populaires ne sont pas outillées dès le départ à cause des inégalités d’accès à la connaissance, nous misons, au contraire, sur l’intelligence  ».

    https://www.socialter.fr/article/banlieue-climat-inegalites-ecologie-populaire
    #écologie

  • Les maisons de santé aux prises avec le #financement par projet
    https://metropolitiques.eu/Les-maisons-de-sante-aux-prises-avec-le-financement-par-projet.html

    Éclairant l’héritage militant de trois maisons de santé, Renaud Gay et François-Xavier Schweyer analysent le soutien des autorités municipales et sanitaires locales à leur action contre les #inégalités de santé ainsi que les limites et ambiguïtés de leurs financements par projet. Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), qui regroupent des professionnel·les exerçant en libéral et censé·es travailler de manière coordonnée, se sont imposées dès la fin des années 2000 comme l’une des principales #Terrains

    / santé, inégalités, financement, #socialisme_municipal, maison de santé

    #santé #maison_de_santé
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_gay-schweyer.pdf

  • A #Genève, une maison accueille des pensionnaires #Alzheimer précoce. Une première en Suisse.

    https://www.rts.ch/play/tv/12h45/video/a-geneve-une-maison-accueille-des-pensionnaires-alzheimer-precoce--une-premiere-

    #Maison_Hemma. La maison des personnes actives à la mémoire fragile

    La maison Hemma a ouvert ses portes en septembre 2023. Elle est habitée par des personnes qui sont au milieu de leur vie active et qui rencontrent des problèmes de mémoire. Hemma est une villa double spacieuse et confortable. Elle peut accueillir jusqu’à 8 personnes. Chaque habitant dispose de sa propre chambre aménagée à son goût. Les habitants utilisent ensemble les pièces communes, c’est à dire les cuisines, les salles de bain, les salons ou la salle de loisirs. Les habitants peuvent accueillir leurs familles et leurs amis quand ils veulent. Des espaces privatifs sont prévus à cet effet. La maison Hemma dispose également d’un grand jardin. Bref : il y a tout ce qu’il faut pour se sentir bien chez soi.

    https://maisonhemma.ch
    #Hemma

    #démence_sénile #maison_de_retraite #EHPAD #vieillesse #Suisse #reportage

  • #Conférence #Palestine : « quand la solidarité se transforme en occupation, La Palestine des bailleurs de fonds » par Sbeih Sbeih
    https://nantes.indymedia.org/events/139838/conference-palestine-quand-la-solidarite-se-transforme-en-occupati

    Sbeih Sbeih, sociologue palestinien, nous parlera de la « Palestine des bailleurs de fonds ». Il questionne l’hypocrisie de l’aide internationale en matière de développement en se concentrant sur des actions qui renforcent la « société civile »sans permettre l’indépendance des palestiniens. Sans remettre en cause les raisons profondes du…

    #Maison_des_haubans #Nantes

  • « On fait comme si on allait survivre » : le département PS de l’Hérault supprime 100% de ses subventions à la culture
    https://www.liberation.fr/culture/on-fait-comme-si-on-allait-survivre-le-departement-socialiste-de-lherault

    Les structures artistiques financées par des tutelles à gauche sont-elles mieux préservées des coupes budgétaires que celles qui dépendent des collectivités de droite et ne cachent pas leur désir de se débarrasser d’une conception de la culture comme service public ? Kléber Mesquida, président (PS) du conseil départemental de l’Hérault, se distingue en ayant annoncé, lundi 27 janvier, lors d’une réunion avec les vice-présidences, une coupe de 100 % du budget alloué à la culture dans son département. On peut le dire autrement : l’Hérault, doté d’un budget annuel de 2 milliards d’euros, dont la part culturelle non obligatoire représente entre 5 et 6 millions d’euros, sera le seul département de France qui consacrera zéro centime à la culture dès 2025. L’annonce, confirmée par le service de communication du département, n’est pas encore officielle. Nathalie Garraud, codirectrice du théâtre des 13 Vents à Montpellier, ne s’explique pas ce silence : « Il est anxiogène de ne pas savoir fin janvier de combien le budget 2025 sera amputé, surtout si la suppression est totale. Aujourd’hui, la moindre somme compte. Rien a été notifié aux structures. » Et précise : « L’économie des théâtres publics repose sur un financement croisé, il est très important financièrement mais aussi symboliquement que tous les territoires d’un partenaire soient impliqués. »

  • « Les ruines de Mayotte ont mis en évidence l’importance de la tôle ondulée », Jean-Baptiste Fressoz
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/02/les-ruines-de-mayotte-ont-mis-en-evidence-l-importance-de-la-tole-ondulee_64

    « On a été capables de rebâtir Notre-Dame en cinq ans, ce serait quand même un drame qu’on n’arrive pas à rebâtir Mayotte », lâchait Emmanuel Macron, le 19 décembre 2024, en déplacement sur l’île. Le 30 décembre, François Bayrou proposait un délai plus court encore : « Peut-être deux ans. » Et pour y parvenir, le premier ministre évoquait le recours à des maisons préfabriquées, bon marché, « faciles à monter ».

    Urgence, reconstruction, préfabrication : dans une thèse récemment soutenue à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville, Antoine Perron a raconté l’histoire de cette association qui s’impose comme une évidence après les catastrophes du XXe siècle (« La machine contre le métier. Les architectes et la critique de l’industrialisation du bâtiment [France 1940 à 1980] »).

    Si l’idée de préfabrication apparaît au XIXe siècle, la pratique demeure marginale jusqu’à la première guerre mondiale. En 1918, face au manque de matériaux et de main-d’œuvre, l’espoir d’une reconstruction rapide des régions dévastées par les combats s’évanouit. La #préfabrication s’impose pour loger les réfugiés. Le service des travaux de première urgence utilise d’anciennes baraques militaires, puis fait appel à la société Eternit qui commercialise des #maisons_préfabriquées en plaques d’amiante-ciment.

    Un capital important

    La préfabrication suscite un regain d’intérêt après la seconde guerre mondiale. Le déficit de logements est alors immense. En 1947, la France produisait un #logement pour 1 000 habitants par an, cinq fois moins que les pays d’Europe du Nord. Le ministère de la #reconstruction lance une série de concours visant à accélérer et à moderniser la construction par la préfabrication. Des subventions sont accordées en échange du respect par les entrepreneurs de plans types et de prix plafonds amputant parfois d’un tiers les devis classiques.

    La préfabrication est employée à grande échelle pour construire des villes entières. Ces concours se soldent le plus souvent par des échecs. La raison est principalement technique : transporter des éléments lourds est coûteux, leur précision dimensionnelle est insuffisante, ils jouent davantage avec les effets de la dilatation, et leur jointage est problématique : souffrant de nombreuses malfaçons, ces logements « modernes » d’après-guerre seront unanimement critiqués et souvent démolis.

    Si la préfabrication lourde fut un échec, l’utilisation d’éléments produits en usine a connu en revanche un succès extraordinaire. Les ruines de #Mayotte ont mis en évidence l’importance de la tôle ondulée. Dans Quoi de neuf ? (Seuil, 2013), l’historien britannique David Edgerton soulignait son caractère crucial dans l’histoire des techniques du XXe siècle. Apparu dans le Royaume-Uni en voie d’industrialisation, son usage devient massif lors de l’#urbanisation rapide du monde pauvre après 1950.

    Comme il s’agit d’un des rares éléments qui ne peuvent être produits sur place, les #tôles_ondulées constituent un capital important. Elles sont récupérées, réutilisées et revendues. En 1994, au Rwanda, les Hutu pillèrent systématiquement les tôles ondulées des Tutsi. Et quand les Hutu durent fuir au Congo, ils emportèrent les tôles ondulées ou les enterrèrent dans leurs champs. Si la tôle ondulée est une technique clé du monde pauvre, elle n’est pas antithétique à la construction en dur : en Australie ou en Nouvelle-Zélande, elle est utilisée par les colons depuis le XIXe siècle et a même acquis de nos jours un cachet d’architecture vernaculaire.

    La « reconstruction de Mayotte » est un défi sans commune mesure avec celle de Notre-Dame. Des centaines de milliers de logements ont été détruits ou endommagés. Rappelons que la France entière ne produit qu’environ 400 000 logements par an. Il est aussi probable que la reconstruction de l’île dépende moins de solutions techniques toutes faites comme les « maisons préfabriquées faciles à monter » invoquées par François Bayrou que de la disponibilité de matériaux de construction éprouvés et bon marché (pisé, briques, parpaing, ciment, tôle ondulée…).

    Quant à la construction en dur qui a montré son utilité pendant le cyclone, elle dépend surtout de la sécurisation du statut des populations précaires qui pourront investir à la fois leur temps et leur argent dans l’#autoconstruction de leur maison.

    #habitat #villes

    • Faut-il « empêcher la reconstruction des bidonvilles » à Mayotte ? La promesse de François Bayrou fait débat
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/03/la-promesse-d-empecher-la-reconstruction-des-bidonvilles-a-mayotte-fait-deba

      « On voit mal comment l’Etat, qui peine déjà à répondre aux besoins, pourrait envoyer les forces de l’ordre empêcher la reconstruction des bidonvilles, complète le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, Manuel Domergue. Les annonces du premier ministre sont néanmoins dangereuses : des citoyens pourraient se sentir autorisés à les appliquer, créant un risque d’affrontement avec les personnes qui tentent de se récréer un toit. »

      (...) La situation des immigrés à Mayotte, même en situation régulière, est compliquée par le fait qu’ils ont très rarement accès aux aides sociales, conditionnées dans le département à l’obtention d’un titre de séjour de dix ans. Et par le refus de déterritorialiser leurs titres de séjour : « Ils ne peuvent donc pas se rendre dans l’Hexagone ou à La Réunion, ce qui permettrait pourtant de réduire le besoin de relogement sur place », explique la doctorante.

      (...) La loi sur la rénovation de l’habitat dégradé, promulguée en avril, a, pour sa part, étendu la possibilité pour un propriétaire guyanais ou mahorais de demander l’intervention des forces de l’ordre si un habitat informel est érigé sur son terrain : ce délai de flagrance a été porté à 96 heures, au lieu de 48 heures.

      Quelles solutions seront proposées pour héberger ou reloger les ex-habitants des #bidonvilles ? Les élus mahorais insistent sur la nécessité d’expulser ceux qui sont en situation irrégulière – environ un adulte sur deux serait concerné, sans considérer ceux qui, parents d’un enfant français, ne seront pas expulsables, selon des enquêtes récentes.

      https://justpaste.it/gqiwk

    • Bidonvilles à Mayotte : le préfet prend un arrêté pour restreindre la vente de tôles bac acier
      https://www.francetvinfo.fr/meteo/cyclone-ouragan/cyclone-chido-a-mayotte/bidonvilles-a-mayotte-le-prefet-prend-un-arrete-pour-restreindre-la-ven

      Le préfet de Mayotte annonce, vendredi 3 janvier, sur X, avoir pris un arrêté "restreignant la vente de tôles bac acier aux particuliers réparant leur domicile sur présentation d’un justificatif d’identité et d’un justificatif de domicile, et les professionnels". Il entre en vigueur samedi. Lors de son déplacement dans le département, le Premier ministre François Bayrou a promis de prendre des mesures pour "interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles". Il a détaillé son plan « Mayotte debout » pour la reconstruction sur l’archipel après le passage du cyclone Chido.

      "Cette mesure vise à protéger les Mahorais, alors que lors du passage du cyclone Chido, les constructions et clôtures en tôle ont été détruites et les tôles ont constitué des projectiles, occasionnant un risque pour la vie humaine et la sécurité des biens et des personnes", justifie vendredi le préfet de Mayotte.

      edit Mayotte : Malgré l’engagement de François Bayrou, la plupart des bidonvilles sont déjà reconstruits
      https://www.20minutes.fr/societe/4131833-20250103-mayotte-malgre-engagement-bayrou-plupart-bidonvilles-deja

      La maison que rebâtit Soubira Attoumani avec son frère à Cavani Sud est ainsi « moins résistante que celle qui était là avant », soupire l’homme de 41 ans. Il désigne les tôles en patchwork : « Vous voyez la différence de couleur ? Certaines étaient celles d’origine, d’autres ont été récupérées, d’autres achetées ». « Avant, on pouvait étudier quelle planche on mettait, l’endroit où on construisait, aujourd’hui c’est la précipitation », explique-t-il.
      Pour Abdou Ansoirdine aussi, « c’était mieux avant, quand c’était neuf ». Le boulanger confie avoir dépensé 400 euros pour racheter « 27 tôles » mais avoir dû se rabattre sur « de la récupération, à gauche, à droite, pour le reste ».
      Chaher a « mis deux jours » à remettre sur pied la maison familiale, entièrement détruite par les vents. Sourire aux lèvres, il montre fièrement les panneaux solaires installés sur le toit, qui lui procurent une précieuse électricité, défaillante sur l’île après Chido.

      Les habitants sont obligés de « bricoler » pour ne pas « avoir à dormir dehors », se désole Youssoufi Said qui a été contraint d’utiliser du bois plutôt que de la tôle. « L’urgence, c’est de s’abriter pour faire face à la saison des pluies, puisqu’il n’y a pas de solutions proposées par l’Etat », soupire, fataliste, Soubira Attoumani.

  • La maison centrale de Clairvaux – Criminocorpus Lab
    https://criminocorpus-lab.cnrs.fr/2024/11/13/la-maison-centrale-de-clairvaux

    Abbaye cistercienne reconvertie en #établissement_pénitentiaire en 1808, la #maison_centrale_de_Clairvaux fut durant plus de 150 ans la plus grande #maison_centrale de France. Elle a définitivement fermé ses portes au mois de mai 2023, remplacée par le #centre_pénitentiaire de Troyes-Lavau inauguré au mois de décembre de la même année.

    #Criminocorpus met à disposition dans le #musée un ensemble documentaire pour découvrir l’histoire de ce lieu singulier.

    https://criminocorpus.org/fr/expositions/la-maison-centrale-de-clairvaux
    https://seenthis.net/messages/723664
    https://seenthis.net/messages/930318

  • La vidéosurveillance algorithmique, expérimentée pendant les JO, va être généralisée par le gouvernement Barnier
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/info-franceinfo-la-videosurveillance-algorithmique-experimentee-pendant

    Le ministère de l’Intérieur assurait jusqu’ici que l’expérimentation n’irait pas au-delà de la période des Jeux olympiques, même si le texte de la loi prévoyait déjà une prolongation jusqu’au 31 mars 2025.

  • Sorry, GenAI is NOT going to 10x computer programming
    https://garymarcus.substack.com/p/sorry-genai-is-not-going-to-10x-computer

    We spent 18 months hearing about how Generative AI was going to “10x” coding, improving programmer productivity by a factor of 10.

    The data are coming in – and it’s not.

    "Si tu comprends le problème, et que ta structure de données est correcte, tu es un de ces programmeurs à la productivité x10.

    • « ah mais nous, notre IA, elle sait détecter si une structure de données est correcte, et elle sait comprendre le problème, puis elle sait quelle expérience utilisateur est la meilleure, et enfin, pour tout vous dire, elle est super efficace, elle sait comment tout résoudre. Elle s’appelle Skynet, et c’est un vrai rouleau compresseur. Elle élimine les problèmes, pour tout dire, et ça, c’est pas x10, c’est x1000, au minimum »

    • Use it to type faster, not as a substitute for clear thinking about algorithms + data structures.

      C’est exactement ça, ça doit me faire gagner quelques minutes par jour tout au plus, quand l’IDE (Phpstorm) me suggère mes lignes de code dans un contexte très précis, et que je dois toutefois retravailler une fois sur 2 mais ça me tape la moitié du code quoi (bon, certains diront que c’est même pas de l’IA ça). Loin du x10 hein.

    • Figurez-vous qu’on va insérer de l’IA dans une application. Le client doit nous transmettre sa spécification incessamment. Dans l’application, pour qualifier le projet, il y a une information, qui possède 3 modalités. Et en fait, les vendeurs, à priori, ne renseignent pas forcément correctement l’information. Plus par flemme à mon sens, que par incompétence. Et donc, le client final doit donner une photo de son projet. Et depuis la photo de ce projet, et l’IA qui va être mise en œuvre (un opencv entraîné, j’imagine), on va choisir une des trois valeurs. J’imagine. On attend la spec’.

      Un des membres de l’équipe hier : « on a le droit de refuser de répondre à certaines demandes ? »

      (je précise qu’évidemment, on ne va pas nous demander de la préparer cette IA, j’imagine qu’ils vont nous imposer un fournisseur, avec une API magique, et une dépendance externe, donc, où nous n’aurons aucune valeur ajoutée...)

  • La #double_vie de l’#abbé_Pierre à #Genève

    L’abbé Pierre séjournait régulièrement dans la Cité de Calvin. Il avait ses habitudes dans un hôtel proche du quartier chaud des Pâquis où une célèbre prostituée a révélé l’avoir croisé. Dans le même temps, la RTS a pu déterminer qu’il entretenait une liaison avec une femme de sa communauté.

    Sciée en deux, la #plaque de l’abbé Pierre, sur la vigne à #Farinet, à #Saillon (VS), laisse deviner le désarroi de ceux qui furent ses amis autrefois. L’association de la Vigne de Farinet assume pleinement cet acte, décidé après les révélations sur les accusations de violences sexuelles à l’encontre du célèbre religieux.

    Sept semaines après les premières annonces, l’abbé Pierre, mort en 2007 à l’âge de 94 ans, est visé par 17 nouveaux témoignages l’accusant de violences sexuelles sur une période allant des années 1950 aux années 2000.

    « Cette brisure marque ce qui s’est passé dans bien des cœurs des Suisses et d’autres personnes. Il y a quelque chose qui s’est brisé. Il y a une figure emblématique qui est tombée de son piédestal », explique le coprésident de l’Association de la Vigne à Farinet, dimanche dans le 19h30 de la RTS.

    Client du quartier chaud des Pâquis

    En Suisse, bien avant ces accusations d’agressions, la vie sexuelle de l’abbé Pierre avait déjà défrayé la chronique. Lors de ses nombreux séjours à Genève, le religieux logeait dans un établissement situé à deux pas du quartier chaud des Pâquis, l’hôtel International & Terminus. Il a fréquenté à l’époque la #maison_close d’une célèbre prostituée de la place : #Grisélidis_Real. Cette dernière l’a révélé publiquement en direct à la télévision, le 15 mai 1990, dans l’émission Ciel, mon mardi ! sur TF1.

    Elle voulait mettre le clergé face à ses responsabilités. « La patronne nous avait dit : venez regarder par le trou de serrure de la salle de bains, il y a quelqu’un qui attend son tour. C’était quelqu’un d’extraordinaire, qui a fait beaucoup de bien à l’humanité. Jamais j’en ai parlé, mais aujourd’hui, je ne peux plus me taire. C’était un abbé, c’était l’abbé Pierre et je l’ai vu », a affirmé Grisélidis Réal devant un Christophe Dechavanne médusé.

    Selon son fils, un travailleur social qui a œuvré pour défendre les victimes d’abus, ce témoignage lui a coûté extrêmement cher. « A la suite de cette émission, elle m’a dit, si c’était à refaire, je ne suis pas sûr que je le referais. Parce que les réactions ont été très violentes. On lui a craché à la figure dans la rue. Elle a reçu beaucoup de lettres d’insultes et de menaces », détaille Igor Schimek.

    Liaison avec une femme à Genève

    Ces révélations sont restées sans suite. L’abbé Pierre, Henri Grouès de son vrai nom, a poursuivi ses allées et venues à Genève. Le Pôle enquête de la RTS a pu déterminer qu’il entretenait une liaison avec une femme de la communauté. Cette dernière l’accompagnait, en secret, lors de certains de ses déplacements.

    L’abbé rencontrait d’autres femmes dans le même temps. Une personne qui l’a côtoyé à Genève a expliqué à la RTS qu’il avait pour habitude de mettre en garde celles qui l’approchaient, redoutant de potentiels dérapages.

    Contactée par la RTS, la communauté des chiffonniers d’Emmaüs Genève conteste avoir eu connaissance de ces faits. Toutefois, son président annonce qu’il va demander la semaine prochaine à son comité que soit retirée toute référence à l’abbé Pierre.

    Emmaüs international, la maison mère, a depuis juillet mandaté un cabinet spécialisé pour traiter les accusations d’agressions sexuelles visant l’abbé Pierre. A ce jour, deux personnes se sont annoncées pour des faits s’étant produits en Suisse.

    https://www.rts.ch/info/regions/geneve/2024/article/la-double-vie-de-l-abbe-pierre-a-geneve-28631634.html

    #prostitution #toponymie

    • Selon [le] fils [de Grisélidis], un travailleur social qui a œuvré pour défendre les victimes d’abus, ce témoignage lui a coûté extrêmement cher. « A la suite de cette émission, elle m’a dit, si c’était à refaire, je ne suis pas sûr que je le referais. Parce que les réactions ont été très violentes. On lui a craché à la figure dans la rue. Elle a reçu beaucoup de lettres d’insultes et de menaces », détaille Igor Schimek.

  • L’hallucination du jour sur Le Monde :

    En direct, Michel Barnier : les chefs de LR demandent au premier ministre une « politique de droite » avec « plus de sécurité » et « moins d’immigration »

    #mais_quelle_surprise !
    Moi qui pensait qu’ils allaient demander de donner tout le pouvoir aux soviets !

    Allez, faites-vous du mal :
    https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/09/12/en-direct-michel-barnier-les-republicains-demandent-au-premier-ministre-une-

  • Dans les prisons, des places en plus pendant les Jeux olympiques de Paris 2024

    C’est l’un des points qui fut le plus surveillé par les services du ministère de la #justice dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de Paris : les prisons franciliennes seront-elles en mesure de répondre à une éventuelle arrivée exceptionnelle de détenus ?
    Dans sa circulaire de janvier, Eric Dupond-Moretti, ministre de la justice, mettait l’accent sur les plans d’action prioritaire, parmi lesquels une politique répressive accrue. Ainsi, le garde des sceaux écrivait qu’il fallait une « mise en place d’une politique pénale déterminée prévoyant des réponses rapides, fortes et systématiques à l’ensemble des infractions pénales ayant pour objet ou pour effet de troubler le bon déroulement des Jeux olympiques et paralympiques 2024 ».

    Etaient particulièrement visés les faits de menaces ou de violences sexistes et sexuelles, les infractions commises en raison de l’orientation sexuelle, d’une religion ou de toute autre cause de discrimination, l’utilisation de drones à des fins détournées, le survol d’un aéronef sur une zone interdite, ou encore les fausses alertes à la bombe. Les juridictions se sont organisées en conséquence, avec notamment des audiences supplémentaires de comparutions immédiates.
    Difficile d’agir sur certains maillons de la chaîne pénale sans en affecter l’ensemble : une répression accrue signifie plus d’arrestations, plus de procédures et donc – éventuellement – plus de condamnations à de la prison ferme. Or, la #prison française connaît une crise structurelle de #surpopulation_carcérale avec une densité moyenne de plus de 126 %, selon les chiffres du ministère de la justice.

    A la limite de l’asphyxie

    Selon la direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris, qui recouvre la région Ile-de-France, où se dérouleront la majorité des épreuves des Jeux, la densité atteint globalement plus de 138 %. Parmi les établissements pénitentiaires, les #maisons_d’arrêt (courtes peines et prévenus) sont particulièrement touchées, avec près de 153 % d’occupation.

    En Ile-de-France, douze établissements sont à la limite de l’asphyxie et dépassent les 120 % de densité, dont huit maisons d’arrêt. Par exemple : Bois-d’Arcy (Yvelines), 240,5 % ; Villepinte (Seine-Saint-Denis), 179 % ; Nanterre, 175 % ; la Santé, à #Paris, près de 152 % ; Fresnes (Val-de-Marne), près de 140 %.

    Du côté de la chancellerie, on se montre rassurant et on met en avant que, dans le cadre du plan de création de 15 000 nouvelles places nettes d’ici à 2027, « 886 places permettront d’accueillir les personnes incarcérées ». Elles se situent à Meaux-Chauconin-Neufmontiers (Seine-et-Marne), Osny-Pontoise (Val-d’Oise), Fleury-Mérogis (Essonne) et Noisy-Le-Grand (nouvelle prison en Seine-Saint-Denis).
    Cela s’articule avec une « politique volontariste », selon l’expression du ministère de la justice, dans l’affectation « des détenus des maisons d’arrêt dans des établissements pour peine ». En clair : on transfère, avec l’accord de la personne incarcérée et dans le cadre de son projet de réinsertion, des détenus de maisons d’arrêt dans des établissements qui ne sont pas, eux, surpeuplés. Un dispositif qui, assure le ministère, sera amplement suffisant.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/28/dans-les-prisons-des-places-en-plus-pendant-les-jeux-olympiques-de-paris-202

    #prisonniers

  • Nucléaire : EDF met un coup d’arrêt à son projet phare Nuward
    https://www.linforme.com/energie/article/nucleaire-edf-met-un-coup-d-arret-a-son-projet-phare-nuward_1845.html

    Marion Deye - 01/07/2024 à 13:34

    Coup de théâtre chez l’énergéticien : trop compliqué techniquement, son projet de mini-centrale va être suspendu.

    #SMR #nucléaire #nuward

    Ben ça alors. On te promettait pourtant, il n’y a pas si longtemps que l’abandon des américains, c’était passequ’ils étaient pas doués, et que nous, on allait leur montrer. Et puis paf.

  • Ces géants qui dominent le commerce agricole mondial

    En quelques décennies, une toute petite poignée d’acteurs a pris le contrôle du commerce mondial agricole, des #terres à la #finance. C’est le constat dressé par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Peut-on laisser à quelques groupes le destin de la sécurité alimentaire mondiale ?

    C’est un #oligopole dont on ne sait presque rien, parfois même pas son nom. Une poignée d’acteurs inconnus du grand public dominent le #commerce_mondial agroalimentaire. Mais ils font tout pour se faire oublier et cacher les empires qu’ils ont construits au fil des ans, ainsi que l’emprise qu’ils ont conquise sur le monde.

    La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a dénombré quatorze grands groupes régnant sur ce secteur. À eux seuls, les quatre premiers – #Cargill, #Archer_Daniels_Midland, #Bunge, #Louis_Dreyfus – contrôlent quelque 70 % du marché agricole mondial, selon ses estimations.

    L’envolée des #prix alimentaires partout dans le monde, nourrissant une #inflation planétaire mais aussi des pénuries et des risques aggravés de #crise_alimentaire dans les pays les plus pauvres, a amené l’institution internationale à se pencher longuement dans son dernier rapport annuel sur le rôle exercé par ces géants de l’#agrobusiness dans cette période. Il paraît écrasant.

    Si les superprofits des pétroliers ont été au cœur de toutes les discussions, ceux des géants de l’agrobusiness sont passés inaperçus. Pourtant, ils ont été les autres grands gagnants de la succession de crises (sortie de la pandémie, guerre en Ukraine, tensions géopolitiques) qui se sont enchaînées à un rythme effréné au cours des quatre dernières années.

    Celles-ci se sont traduites par une volatilité inédite du cours de toutes les matières premières agricoles (#blé, #soja, #maïs, #tournesol, #riz, #sucre, #café, #cacao) dont ces grands groupes ont su tirer parti au mieux de leurs intérêts. En 2022, Cargill, Archer Daniels Midland, Bunge et Louis Dreyfus ont réalisé un bénéfice cumulé de plus de 17 milliards de dollars, soit près du triple de leurs résultats de 2020. « Les #bénéfices totaux des neuf grandes sociétés d’#engrais au cours des cinq dernières années sont passés d’une moyenne d’environ 14 milliards de dollars avant la pandémie, à 28 milliards de dollars en 2021, puis au chiffre incroyable de 49 milliards de dollars en 2022 », ajoute le rapport de la #Cnuced.

    Les tensions sur les matières premières agricoles se sont un peu dissipées en 2023. Mais l’été dernier, comme le rappelle la Cnuced, « le prix du blé restait deux fois supérieur au cours d’avant la pandémie ». Cela est vrai pour pratiquement tous les prix agricoles, sans parler des cas spécifiques comme le cacao ou le café, qui atteignent actuellement des cours stratosphériques. Penser que des prix agricoles élevés profitent aux producteurs, « c’est ignorer le rôle majeur joué par ces groupes internationaux d’agrobusiness qui contrôlent nombre de liens dans la chaîne de valeur mondiale et dans la dynamique de la formation des prix du système mondial alimentaire », insiste l’institution des Nations unies.

    De ces groupes, on ne sait pratiquement rien. Sur les quatorze groupes repérés comme les plus importants par la Cnuced, « huit seulement sont cotés en bourse et publient leurs comptes », souligne le rapport. Tous les autres prospèrent à l’abri des regards. Jouant des frontières et des gouvernements, tous cultivent l’opacité, utilisent les failles et les porosités du système pour évoluer dans une totale impunité.

    Souvent partis du négoce, ils n’ont cessé d’étendre leur emprise, prenant le contrôle d’usines de transformation, de capacités de stockage, de compagnies de transport. Puis ils ont mis la main sur les semences et les engrais, avant de devenir de gigantesques propriétaires fonciers. Ils contrôlent désormais des centaines de milliers d’hectares en Ukraine, au Brésil, en Argentine, en Australie, au Canada. En un mot, dans tous les grands pays agricoles où ils peuvent pratiquer des cultures intensives à échelle industrielle, en pratiquant des déforestations massives, s’il le faut.

    Ils sont en position de dicter leurs conditions aux producteurs locaux et aux gouvernements, d’influencer les modes d’alimentation de toute la planète. Demain, ils n’hésiteront pas à mettre en danger les approvisionnements mondiaux, beaucoup étant prêts à troquer la production alimentaire pour celle d’agrocarburants, estimée beaucoup plus rémunératrice.

    Au cours de décennies de fusions et d’acquisitions, « de tels groupes ont pu étendre leur influence de haut en bas de la chaîne d’approvisionnement, tout en amassant d’énormes quantités de données de marché. Si une poignée de sociétés continue de détenir un pouvoir démesuré sur les systèmes alimentaires mondiaux, toute politique visant à atténuer les effets à court terme de la flambée des prix alimentaires sera vaine à long terme », prévient la Cnuced.
    Dans les pas de la finance de l’ombre

    Car un autre changement majeur est intervenu au cours des quinze dernières années, qui n’a pas été suffisamment analysé, selon le rapport : ces géants de l’agrobusiness ont non seulement changé de dimension, mais aussi de nature. Ils sont devenus des acteurs financiers à part entière – le manque de régulation sur les marchés des matières premières leur permettant d’exercer un pouvoir déterminant sur les cours et dans la formation des prix.

    Parce que les marchés agricoles sont par nature chaotiques, que les lois de l’offre et de la demande ne s’appliquent pas conformément aux théories classiques, ils ont toujours été très liés à la finance et à la spéculation. Ce sont ces marchés qui, les premiers, ont élaboré et mis en œuvre les produits dérivés financiers, négociés de gré à gré (over the counter – OTC) afin de couvrir les risques de fluctuation des prix à court, moyen et long terme.

    Mais à partir des années 1980, de nouveaux acteurs sont entrés dans le jeu : des banques et surtout nombre d’acteurs de la finance de l’ombre (hedge funds, fonds d’investissement, gestionnaires d’actifs, etc.) sont entrés sur ces marchés. Profitant de la déréglementation des marchés agricoles, ils ont investi les lieux, développé des produits dérivés financiers de plus en plus sophistiqués, ne s’appuyant plus du tout sur des contreparties physiques, et alimentant la spéculation.

    Depuis la crise de 2008, la situation a encore évolué. Les grandes sociétés de négoce ont mis leur pas dans ceux de la finance de l’ombre, allant bien au-delà de la couverture de leurs risques. Ayant à leur disposition des informations de marché que les autres n’avaient pas, elles se sont vite imposées comme des acteurs incontournables.

    « Dans ce contexte, les très grands groupes internationaux de négoce en sont arrivés à occuper une position privilégiée, en termes de fixation des prix, accédant aux financements et participant directement aux marchés financiers, affirme encore le rapport de la Cnuced. Cela a permis non seulement des opérations spéculatives sur les plateformes organisées, mais aussi un volume grandissant de transactions entre individus ou de gré à gré sur lesquelles la plupart des gouvernements des pays avancés n’ont aucune autorité ou contrôle. »
    Démultiplications spéculatives

    Les dernières années de tensions et de risques de pénuries sur les marchés agricoles ont décuplé les appétits, poussés par l’appât du gain. Selon les chiffres publiés par la Banque des règlements internationaux, le montant total des dérivés négociés de gré à gré sur les produits agricoles, l’énergie et les métaux, a atteint un pic de 886 milliards de dollars à la mi-2022, contre une moyenne de 200 milliards de dollars avant 2020. La valeur notionnelle de ces contrats représentait alors plus de 2 000 milliards de dollars.

    L’ampleur de ces sommes illustre la puissance déstabilisatrice de la finance sur ces marchés essentiels. Tous ont empoché des milliards de superprofits au détriment des populations mondiales. Une étude récente de la Société générale indique que le groupe des dix principaux fonds « dynamiques » avait réalisé un profit de 1,9 milliard de dollars sur des contrats de blé, de maïs et de soja, au début de la guerre en Ukraine, quand les cours des produits agricoles s’envolaient, après avoir perdu de l’argent sur les mêmes contrats dans les périodes précédentes.

    Dans quelle mesure les grands groupes qui contrôlent les échanges mondiaux agricoles ont-ils utilisé leur énorme pouvoir de marché pour pousser la spéculation et augmenter leurs profits ? La Cnuced est incapable de le dire. L’opacité qui règne sur ces marchés, le manque de données fiables et l’absence de régulation et de contrôle empêchent d’avoir une vision précise sur ce qu’il se passe.

    Pour la Cnuced, cependant, le fait qu’une poignée de grands groupes ait acquis une telle taille et une telle importance sur les marchés agricoles, possédant à la fois les données essentielles et des moyens financiers immenses, des instruments financiers négociés dans l’ombre, hors du regard de tout régulateur, laisse la porte ouverte à toutes les manipulations et à toutes les manœuvres.

    La faillite de la régulation

    « Les failles dans les systèmes de régulation n’ont cessé de s’élargir », note le rapport, et d’être mises à profit par les grands groupes de négoce et les traders de matières premières. Toutes les tentatives pour apporter de la lumière sur ces marchés et renforcer la réglementation ont jusqu’à présent échoué. Les réglementations restent parcellaires, multiples, changeant souvent d’une frontière à l’autre.

    Lors de la crise financière de 2008, les législateurs se sont bien gardés de toucher aux marchés de matières premières et à la finance de l’ombre, estimant qu’ils ne représentaient que des risques subalternes. De même, rien n’a été fait pour rapprocher les activités sur les marchés de matières premières et celles sur les marchés financiers, les régulateurs estimant qu’il s’agissait de deux mondes séparés.

    Les activités des grands groupes de négoce démontrent désormais que ces deux sphères sont devenues intrinsèquement liées, les opérations financières venant en soutien – en vue souvent de maximiser les profits – des échanges agricoles. « Le profit n’est pas limité à un secteur spécifique mais est spécifique à des firmes particulières. Il est possible que des profits excessifs puissent être liés à une concentration, qui ne bénéficie seulement qu’à quelques acteurs mondiaux du secteur », écrit par euphémisme le rapport.

    La Cnuced estime qu’il est plus que temps de prendre acte de la défaillance des régulations actuelles, compte tenu des risques sous-jacents, menaçant aussi bien la sécurité alimentaire mondiale que la stabilité de la planète financière. Elle propose de multiples axes de réformes. Les uns portant sur la transparence et la limitation et le contrôle des instruments financiers, sur l’instauration d’une régulation mondial, les autres sur l’application renforcée des lois antitrusts : le commerce mondial alimentaire ne pouvant être laissé aux mains d’un oligopole qui agit dans son seul intérêt.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/090424/ces-geants-qui-dominent-le-commerce-agricole-mondial
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