• « Les écarts d’âge homme/femme dans les castings irritent une critique de plus en plus attentive à leur signification sociale … »

    Pourquoi on n’ira pas voir le film Eiffel avec Romain Duris et Emma Mackey
    https://www.numero.com/fr/cinema/eiffel-romain-duris-emma-mackey-sexisme

    En tête du box-office cette semaine, le film français Eiffel a beau être d’une ambition monumentale, il nous donne surtout envie de monter dans les tours. Et ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un énième biopic…

    Il faut l’avouer : la bande-annonce d’Eiffel de Martin Bourboulon, avec ses gros plans sur la majestueuse tour parisienne en construction et ses acteurs en costumes presque aussi monumentaux que la Dame de fer, s’avère vertigineuse. Comme ses premières images mirobolantes, le biopic à 23,4 millions d’euros sur l’inventeur Gustave Eiffel a séduit les spectateurs, puisque, d’après Le Film Français, il a attiré la matinée de sa sortie, ce mercredi 13 octobre, plus de 1610 curieux. Une prouesse par temps de pandémie qui place le film en tête du box-office hexagonal, devant Le Dernier duel de Ridley Scott, Julie (en 12 chapitres) et tous les autres long-métrages qui étaient très attendus cette semaine.

    Le problème c’est que si l’on apprécie particulièrement Romain Duris et Emma Mackey, l’héroïne rock de Sex Education, l’idée de les voir réunis à l’écran pour vivre une folle liaison ne nous réjouit pas vraiment. Dans cette histoire romancée de Gustave Eiffel, l’ingénieur centralien français se lance dans un projet pharaonique pour l’Exposition universelle de 1889 qui aura lieu à Paris. Il veut construire une tour « haute de plus de mille pieds » en forme de A (comme amour), symbole phallique et dominant s’il en est, pour impressionner celle qui le passionna dans sa jeunesse et qu’il retrouve enfin. Nous sommes en 1887 et Eiffel, âgé de 55 ans à ce moment-là, est incarné par Romain Duris, qui en a 47. L’objet de son affection est, pour sa part, joué par Emma Mackey qui n’a que 25 printemps. On vous laisse imaginer, s’il s’agit de son amour de jeunesse, l’âge qu’elle avait lors de leur première rencontre, sans doute celui d’une adolescente donc. Dans la vraie vie, l’inventeur de génie à l’égo aussi surdimensionné que sa création et celle qui l’aimantait, Adrienne Bourgès, n’avaient que neuf ans d’écart. Et non pas plus de vingt, comme dans cette version romancée.

    Ce choix de casting agace d’autant plus qu’il est devenu systématique et ce même après #MeToo et les plaintes des actrices de plus 40 ans sur leur manque d’opportunités. On continue de donner des rôles de compagnes d’hommes de 50 ou 60 ans à des comédiennes de 20 ou 30 ans, comme si passé la ménopause, les femmes n’intéressaient plus personne. Si on s’attarde sur les sorties cinématographiques récentes, James Bond (Daniel Craig, 53 ans) craque pour Léa Seydoux (36 ans) dans les dernières aventures de l’agent 007. La même Léa Seydoux sera à l’affiche, le 29 décembre prochain, d’une adaptation de Philip Roth par Arnaud Desplechin, Tromperie. Et, quelle chance, l’actrice y entretiendra une relation avec Denis Podalydès, fringant jeune homme de 58 ans.

    Vous en voulez encore ? On pourra bientôt, en 2023, se délecter d’un nouveau film de Ridley Scott, Kitbag, dans lequel Jodie Comer (Killing Eve) incarnera Joséphine de Beauharnais, la compagne de Napoléon (interprété par Joaquin Phoenix). Historiquement, l’Impératrice avait 6 ans de plus que son illustre époux alors que Jodie Comer a presque 20 ans de moins que le héros du Joker (2019). Les casteurs et les cinéastes n’ont donc absolument aucune justification, autre que leur propres « daddy issues », pour continuer à nous abreuver de leurs remakes à peine déguisés et peu inspirés de Lolita qui n’excitent plus personne à part eux.

    • Je ne voie pas ce qui fait une nouvelle masculinité dans ce séjour dédié à l’érection de totems barbus en foret. C’est une réactualisation version XXIeme de la #maison_des_hommes comme on en trouve dans toutes les cultures depuis une brouette de millénaires. Ce genre de séjour favorise la fraternité et les réseaux de soutiens masculins. Pendant ces vacances de 3 jours entre hommes, qui garde les enfants, qui fait le ménage, qui n’est pas en vacance ? Pendant ces vacances de bien être masculin, qui va se trouvé un plan pour un job, qui va se fait un réseau dans la région ?

      Les hommes dans l’extrait du film disent bien qu’il s’agit de renforcé la fraternité. Ils disent vouloir sentir la connexion avec leurs ancêtres et c’est peut être un effet de la langue, mais ils ne mentionnent que les pères, grands pères. Comme si ces messieurs étaient nés exclusivement de pères et/ou n’avaient aucun intérêt à se connecté avec des mères et grands-mères ancestrales. C’est pas seulement l’effet de la langue, dire seulement ancêtre ca serait resté neutre, mais un des participant détaille les ancètres avec qui il se connectent et ne mentionne aucune femmes. C’est de l’androcentrisme assez classique, mais j’ose espéré qu’un sois disant week-end de recherche de nouvelle masculinité s’occuperait de réduire l’androcentrisme plutot que le valorisé. Mais non c’est pas un stage de nouvelle masculinité c’est un stage de nouvel enfumage patriarcale.

      Le truc aussi de se prendre pour un homme des bois est très viriliste. Se connecté avec ses ancêtres pères et grands-pères c’est aussi assez particulier. Leurs pères et grands-pères c’étaient des patriarches, qu’est-ce qu’ils ont de nouveaux à apprendre à partir d’ancêtres patriarcaux, souvent esclavagistes, guerries, xénophobes, prédateurs... ? Pourquoi les hommes du XXI ne pensent pas plutot à se faire une formation à la contraception masculine, sur le consentement sexuel ou un séjour de nouvelle masculinité dans une maison de retraite pour apprendre les soins et l’attention à celles qui sont pas des frères ? Là ca serait nouveau et ils pourraient se connectés avec leurs ancêtres.