• Îles Baléares et Canaries : Près de 600 migrants sont arrivés en moins de 48 Heures
    https://www.seneweb.com/news/Societe/iles-baleares-et-canaries-pres-de-600-mi_n_429232.html

    Îles Baléares et Canaries : Près de 600 migrants sont arrivés en moins de 48 Heures
    Par : Khady NDOYE - Seneweb.com | 28 décembre, 2023 à 22:12:11
    Îles Baléares et Canaries : Près de 600 migrants sont arrivés en moins de 48 Heures. Près de 600 migrants sont arrivés aux Baléares et aux Canaries à bord de 15 cayucos en moins de 48 heures. Parmi eux, 171 sont arrivés à Majorque, Formentera et Cabrera et plus de 400 à El Hierro et Lanzarote. Concrètement, neuf bateaux sont arrivés aux Îles Baléares dans la journée du mardi, entre l’aube et la nuit du 27 décembre. Avec à son bord 66 personnes en situation irrégulière, dont une femme et deux mineurs. 77 autres personnes voyageaient sur une autre barge dans les eaux proches de cette île.
    Toutes les personnes secourues ont été transférées au port de La Restinga et y ont reçu des soins de santé dispensés par le personnel du SUC et les volontaires de la Croix-Rouge.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#espagne#canaries#traversee#routemigratoire#atlantique#migrationirreguliere#elhierro#lanzarote#sante#majorque

  • Un vol massif de données personnelles à Pôle emploi, six millions d’inscrits pourraient être concernés - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/economie/six-millions-de-personnes-pourraient-etre-concernees-par-un-vol-de-donnee

    Nom, prénom, numéro de Sécurité sociale… Un nouvel « acte de cybermalvaillance » a touché l’opérateur, via l’un de ses prestataires. Il pourrait concerner les données de six millions de demandeurs d’emploi. La direction de Pôle emploi va porter plainte.

    La CNIL va-t-elle enquêter ? A qui va-t-on ponctionner 4% du chiffre d’affaires annuel ?

    • les [ex] chômeurs volés seront-ils prévenus ?

      il est conseillé aux demandeurs d’emploi « de rester vigilants face à tout type de démarche ou proposition qui pourrait paraître frauduleuse. » Ils seront informés individuellement, assure encore la direction. Un appui sera également disponible via la plateforme téléphonique 39 49 afin d’accompagner ceux qui auraient des interrogations en lien avec le sujet. »

      Qui est touché ? « Cela pourrait, selon le prestataire, concerner 10 millions de personnes, c’est-à-dire celles inscrites à Pôle emploi en février 2022 et celles en cessation d’inscription depuis moins de 12 mois à cette date-là », nous détaille la direction de Pôle emploi. Soit respectivement 6 et 4 millions. Et d’ajouter : « Il y a parfois des décalages dans le temps dans la transmission des documents, ce qui explique que les personnes en cessation d’inscription apparaissent dans ce fichier ».

    • Des données personnelles de dix millions de demandeurs d’emploi dérobées
      https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/08/24/des-donnees-personnelles-de-dix-millions-de-demandeurs-d-emploi-derobees_618

      Des données personnelles d’environ dix millions de personnes inscrites à Pôle emploi ont été dérobées après un « acte de cyber-malveillance », a annoncé l’établissement public ce 23 août. D’après les informations du Parisien, Majorel, spécialiste de la relation client à qui est sous-traitée la numérisation de documents envoyés par les demandeurs d’emploi, a ainsi été touché par un vol de données.

      Ah, finalement, +4 millions. Ça doit être l’inflation qui commence à baisser à l’approche du pic de la hausse.

    • https://www.ladepeche.fr/2023/08/25/piratage-informatique-massif-les-donnees-de-10-millions-de-demandeurs-demp
      J’adore l’image du #darkweb par ladepeche


      Un source code html pour un login/password classique sur un mac mais ça fait peur, c’est avec vue sur fond noir.

      On conseillera aux chômeurs inscrits à pôle emploi de changer rapidement de date de naissance, de nom de famille ou de numéro de portable, voire de déménager très vite.

    • Je vois pas trop le sens de cette arnaque puisque ces données sont en accès libre sur le site de Pôle-emploi. Suffit de se faire passer pour un employeur pour accéder aux coordonnées des chômeureuses.

      https://www.pole-emploi.fr/candidat/soyez-vigilants/acte-de-cyber-malveillance-soyez.html

      Suite à un acte de cyber malveillance dont l’un de nos prestataires a été victime, des informations personnelles vous concernant sont susceptibles d’être divulguées.
      Vos nom et prénom, votre statut actuel ou ancien de demandeur d’emploi ainsi que votre numéro de sécurité sociale pourraient être concernés.
      Vos adresses e-mail, numéros de téléphone, mots de passe et coordonnées bancaires ne sont en revanche pas concernés.

    • Vols de données des privés d’emploi inscrits à Pôle emploi : que chacun prenne ses responsabilités
      https://snjcgt.fr/2023/08/24/vols-de-donnees-des-prives-demploi-inscrits-a-pole-emploi-que-chacun-prenne-s


      Cette situation qui s’était déjà produite, à moindre échelle, en 2021 est révélatrice des choix politiques de Pôle Emploi et de l’État pour l’ensemble des services publics : sous-traitance généralisée et dématérialisation quasi-intégrale imposées tant aux privé·es d’emploi qu’aux conseiller·es, sont les résultats des politiques d’austérité budgétaire des gouvernements successifs.

      Pour la CGT, cette numérisation à marche forcée au seul service de la diminution des coûts et la mise en concurrence d’acteurs privés induisent une perte de contrôle concernant les outils pouvant garantir la sécurité des données. La #CGT revendique de développer la numérisation en utilisant les compétences des services internes, seuls capables de définir une politique de #cybersécurité et de développement de services numériques et de matériels adaptés aux besoins des usagers.

      Avec la création imposée de #France_Travail et la multiplication des intervenants, prestataires, les échanges de données et d’accès aux dossiers vont s’intensifier faisant de la sécurisation des données un point crucial. D’autant plus important concernant France Travail Handicap qui possédera des données sensibles sur l’état de santé des travailleur·ses inscrit·es.

      La CGT rappelle que récemment une entreprise d’intérim, également prestataire de Pôle Emploi, s’est fait pirater ses données et plusieurs centaines de personnes ont été victimes de prélèvements frauduleux. Aujourd’hui, la CGT est à leurs côtés dans leurs démarches judiciaires.

      La CGT et son comité national des travailleurs précaires et privés d’emploi seront très vigilants sur les suites données et les préjudices subis par les usagers de Pôle Emploi.

    • 11,4 millions d’utilisateurs de Pôle Emploi dans les mains de plusieurs pirates ? Damien Bancal, ZATAZ.COM, Gendarme réserviste
      https://www.zataz.com/114-millions-dutilisateurs-de-pole-emploi-dans-les-mains-de-plusieurs-pirates

      Mais qui est ce pirate ?

      Le groupe Clop qui a mis à mal le prestataire de services de données externe Majorel, il y a plusieurs semaines, via la faille MOVEit ? La banque ING, par exemple, avait alerté le passage des pirates chez son prestataire Majorel. Même alerte pour Deutsche Bank et Commerzbank. ClOp s’était invité via la faille MOVEIt pour mettre la main sur des données que les banques avaient transmises à Majorel. Cela pourrait être logique, Pôle Emploi parlant d’une infiltration datant de la semaine du 17 août. [les infiltrations de Cl0P ne cessent d’être révélées par les pirates eux-mêmes depuis des semaines.]

      Le pirate diffuse aussi la géolocalisation (sous forme de Longitude/Latitude) des personnes présentes dans l’un des fichiers volé.
      Ou alors, il s’agit d’un autre pirate que ZATAZ a croisé, début août, sur plusieurs blackmarket.

      Rien qu’une tarte !

      Ce pirate, un commerçant malveillant que je baptiserai « Rien qu’une tarte » [PieWithNothing]. Un spécialiste malveillant très connu dans la vente de base de données. Il officiait déjà dans différents forums pirates, dont certains fermés par les autorités tels que Raid Forum ou encore Breached.

      Le 8 août 2023, soit une semaine avant la cyber attaque annoncée par Pôle Emploi, Tarte commercialisait pour 900$ deux fichiers Pôle Emploi. Le premier de 1,2 million de personnes (2021). Le second, 10,2 millions d’enregistrements datant de 2022. Le pirate parle de données comprenant : nom complet, âge, téléphone portable, e-mail, commune, code postal, NIR, RCI, niveau de formation, expérience, permis de conduire, disponibilité d’une voiture, emploi souhaité, géolocalisation, Date. Soit 11,4 millions de données. Il n’y a pas de numéro de sécurité sociale dans cette seconde fuite (2022), mais les téléphones, les adresses électroniques, Etc. Les NIR sont dans la première base de données (2021).

      Et ce n’est pas une nouveauté ! Le même pirate avait diffusé, en 2021, sur le site Raid Forum, une base de données de 1,2 million de personnes provenant déjà de Pôle Emploi. A l’époque, il vendait cette BDD 1 200$. Il s’agit de la première BDD de la vente d’août 2023.

      Pôle emploi a tenu à souligner qu’il n’y avait « aucun risque sur l’indemnisation et l’accompagnement proposé » et que l’accès à l’espace personnel sur le site « pole-emploi.fr » restait sécurisé. Malgré cela, l’organisme a recommandé aux demandeurs d’emploi de se montrer vigilants face à toute démarche ou proposition pouvant sembler frauduleuse. Un support téléphonique sera mis à disposition via la plateforme téléphonique 39 49 pour accompagner les demandeurs d’emploi ayant des questions relatives à cette situation.

      Parmi les démarches malveillantes envisageables, ZATAZ n’en citera que deux : faux contrat de travail pour des missions de réception de chèques ou de produits volés ; infiltration d’ordinateur via des fichiers communiqués dans un courriel aux couleurs de Pôle Emploi, Etc.

    • Majorel, Cl0p, MOVEit... Le scénario probable de la fuite de données Pôle emploi | Silicon
      https://www.silicon.fr/majorel-cl0p-moveit-fuite-donnees-pole-emploi-470755.html

      Les failles en question avaient été découvertes à quelques jours d’intervalle, dans MOVEit Transfer, logiciel de transfert sécurisé de fichiers. L’une et l’autre ouvraient la voie à des injections SQL au niveau du front-end web. Avec, entre autres conséquences potentielles, l’exfiltration de données.

  • La France légitime contre la France légale Mesloub Khider
      
    "Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de la liberté, par des phrases sonores d’avocat, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours”. Auguste Blanqui (révolutionnaire socialiste français, 1805-1881). 

      
  
S’il fallait une énième preuve sur la nature dictatoriale de la démocratie bourgeoise, elle nous est de façon répressive administrée par la politique terroriste antisociale et policière du gouvernement Macron.  Plus que jamais, la démocratie est la feuille de vigne derrière laquelle se dissimule la dictature du capital.  Si en période de “paix sociale”, la classe dominante arbore sereinement le masque hypocrite de la respectabilité “démocratique”, en période d’agitations sociales radicalement revendicatives, la même classe dominante apeurée dévoile belliqueusement son véritable visage hideux. Toute sa coutumière phraséologie libérale sur le droit de grève, de manifestation, de circulation, en un mot le respect des “Droits de l’Homme” se métamorphose en son contraire. La répression devient son mode de gouvernement.

    L’intimidation, sa méthode de gestion barbouzienne. La calomnie, son moyen de communication médiatique. L’incarcération, sa technique de bannissement politique. L’arbitraire, sa conduite procédurale judiciaire. Le mépris, son expression naturelle. La manipulation, sa stratégie étatique machiavélique.   

    Le mouvement des Gilets Jaunes illustre dramatiquement cette sinistre réalité. Devant la radicalisation de ses revendications, le pouvoir de Macron a révélé toute sa cruelle brutalité, son cynisme arrogant.   

    En effet, depuis que  la France Légitime , celle du peuple, s’est enfin réveillée de sa longue léthargie sociale pour s’affirmer politiquement sur son terrain de lutte authentique,  la France légale , celle du scrutin financier, dévoile son essence foncièrement élitaire, son appartenance sociale bourgeoise, son caractère de classe, sa fonction dominatrice, ses instincts répressifs. Elle n’admet pas que  la France Légitime  puisse revendiquer son droit à se gouverner librement au nom de ses intérêts supérieurs, dès lors que  la France légale  s’est fourvoyée par sa compromission avec le monde de la finance, vendue au capital mondial, responsables de la misère généralisée.   
     
    Force est de constater que le combat des Gilets Jaunes initialement porté exclusivement par des “automobilistes en colère” ne mérite plus d’être désigné sous son appellation initiale. Car ce mouvement a transcendé ses protestations primaires originales contre l’instauration de la taxe sur le carburant pour étendre ses revendications à tous les aspects de l’existence marquée par l’injustice sociale. Dès lors, il n’est plus approprié de parler de Gilets Jaunes. Il serait plus conforme à la réalité subversive générale actuelle d’employer le vocable de “prolétaires” (qui ne dispose que de sa force de travail pour vivre-survivre), ou de l’expression “travailleurs pauvres” (car en dépit de leurs salaires ils vivent dans la pauvreté). Ou encore l’expression “La France Légitime” , opposée à  la France légale  minoritaire élitaire définitivement corrompue. 

    De toute évidence, l’explosion collective de colère des classes précarisées et prolétaires françaises est l’aboutissement de plusieurs décennies de fermentations sociales vécues dans le silence solitaire. Elle est l’expression d’une profonde misère longtemps subie dans la solitude sociale. Elle est la conséquence logique des politiques antisociales humiliantes. Elle est l’ultime défoulement violent de souffrances accumulées longuement refoulées.    

    Au reste, l’expansion massive de ce mouvement à toute la France traduit la profonde fracture sociale territoriale. Aujourd’hui, la France est traversée par une onde de choc subversive. Aucune région n’est épargnée par les secousses telluriques revendicatives sociales, économiques et politiques. L’éruption de ces révoltes protéiformes est l’expression d’une profonde misère sociale. Il n’est donc pas surprenant que plus de 84% de la population française soutiennent le mouvement de luttes des Gilets Jaunes, autrement dit  la France Légitime .

    Actuellement, la majorité des Français rejette le pouvoir de la finance macronien.  
Néanmoins, en dépit de sa radicalité et de sa popularité, ce Mouvement demeure marqué par son immaturité politique, sa fragmentation sociale, son absence organisationnelle décisionnelle, par l’inexistence d’un programme économique émancipateur foncièrement anticapitaliste.  Assurément, on n’efface pas aussi aisément un siècle de contre- révolutions infligées par le stalinisme, le fascisme, l’hitlérisme, le libéralisme, le populisme, l’islamisme. En effet, pour le moment, le Mouvement, dépourvu d’une conscience de classe claire, se limite à lutter uniquement contre les effets de l’économie capitaliste. Mais non pas encore contre le capitalisme. De là s’explique l’absence de combat total contre le pouvoir politique, source de la misère. Or, le triomphe du Mouvement dépend de sa capacité à se battre au-delà du symbolique Arc de Triomphe. Par – delà les ronds-points, faute de quoi il tournera en rond, sans gagner aucun point politique.   

    Si le Mouvement veut précipiter le processus subversif en cours vers la transformation révolutionnaire de la société, il doit s’armer d’un programme économique et politique cohérent en rupture totale avec les catégories économiques du capitalisme. Aussi, le Mouvement ne doit pas se cantonner au cadre étroit des revendications économiques. Car, quoique probablement bientôt partiellement satisfaites par le pouvoir macronien aux abois, elles ne brisent pas le moteur de la reproduction des injustices sociales, à savoir le capitalisme, personnifié par la classe dominante dont Macron ne représente qu’un simple maillon, un serviteur dévoué.   

    De l’unité politique et de l’organisation consciente du Mouvement dépend sa victoire sur la classe capitaliste mondialiste déterminée à se défendre contre le soulèvement populaire, même par la plus sanglante répression.   
    Mais  la France Légitime  armée politiquement et audacieusement triomphera contre  la France légale  surarmée policièrement et militairement. Car nous sommes entrés dans une phase révolutionnaire. En effet, pour pouvoir parler d’une période révolutionnaire,  «  il ne suffit pas que les ouvriers ne veuillent plus, il faut encore que les capitalistes ne puissent plus continuer comme auparavant ».  Or, aujourd’hui, la classe dominante ne peut plus gouverner avec la même arrogance et assurance. 

    Quoi qu’il en soit, l’usage effréné par l’Etat français de la force est un aveu de faiblesse. Le témoignage d’un affolement. La confession d’une confusion, d’une contusion politique. D’une fission sociale. L’illustration du retour de la lutte de classes dans toute sa radicalité combative, mais pas encore avec toute sa dimension politique consciente. 

    Source : http://kidermesloub.over-blog.com/2018/12/la-france-legitime-contre-la-france-legale-mais-pour-les-pro

    #Mesloub_Khider #France #légalité #légitimité #violences #rejet #majorité #manifestations

     

  • Ils ont du #pétrole et une seule idée : enrichir leurs #actionnaires
    En 2022, les cinq premiers #groupes_pétroliers occidentaux ont totalisé 180,5 milliards de dollars de #profits. Un record historique. Plutôt que d’investir dans les #énergies #renouvelables et de préparer l’avenir, ils préfèrent reverser l’essentiel à leurs actionnaires. Cette position de rente ne peut que relancer le débat sur le rôle des #majors_pétrolières.

    Martine Orange
    8 février 2023 à 19h01

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/080223/ils-ont-du-petrole-et-une-seule-idee-enrichir-leurs-actionnaires

    EnEn temps normal, les cinq premiers grands groupes pétroliers mondiaux (#ExxonMobil, #Chevron, #Shell, #BP et #Total) auraient sans doute plastronné. Au vu des circonstances, ils ont préféré faire #profil_bas. En ces temps de #crise_énergétique qui malmène #finances_publiques, entreprises et ménages, leurs profits ne peuvent que relancer le débat sur leur conduite : en 2022, ces cinq premiers groupes ont totalisé ensemble 180,5 milliards de dollars, soit 100 milliards de dollars de plus qu’en 2021, année déjà considérée comme #exceptionnelle.

    Et ces profits auraient été encore plus élevés si des opérations comptables n’étaient venues lisser les comptes. Total ainsi a enregistré un bénéfice comptable net ajusté de 36,2 milliards de dollars. Après la prise en compte de ses désinvestissements en Russie (15 milliards de dollars), son bénéfice est ramené à 20,5 milliards de dollars.

    Jamais dans leur histoire récente, les majors du Big Oil n’avaient enregistré des résultats aussi colossaux. En 2011, année où le prix du baril avait dépassé les 120 dollars, leurs profits s’élevaient à 140 milliards. Shell d’ailleurs le reconnaît : le groupe a enregistré un résultat historique (39,8 milliards de dollars), le plus élevé en 115 ans !

    À eux seuls, ces chiffres résument la folie du moment. La crise énergétique, les tensions géopolitiques, la guerre en Ukraine sur fond de crise climatique se traduisent par des déplacements financiers colossaux et une accumulation encore plus gigantesque de capitaux entre quelques mains qui mettent à profit leur position de rente, sans qu’aucun facteur redistributif ne vienne les contrarier. Un pognon de dingue, pour reprendre l’expression désormais consacrée, est accaparé au détriment de tous à court et long terme.

    Si le ministre des finances français Bruno Le Maire ne sait toujours pas ce que veut dire des superprofits, la Maison Blanche le sait, qui en a tout de suite perçu le caractère politiquement explosif. « Il est scandaleux qu’Exxon réalise un nouveau record des profits pour les compagnies pétrolières occidentales, après que les Américains ont été forcés de payer des prix si élevés à la pompe au milieu de l’invasion de Poutine », a réagi un porte-parole de la Maison Blanche dans un mail, tout de suite après la publication des résultats d’ExxonMobil annonçant 55 milliards de dollars de profits.

    Une économie mondiale toujours plus dépendante des énergies fossiles
    Derrière ces chiffres effarants se cache déjà un premier constat accablant : en dépit des grands discours et des beaux engagements, l’économie mondiale est plus carbonée que jamais. Alors que 2022 a été marquée par nombre d’événements (tempêtes, inondations, vagues de chaleur, sécheresses) prouvant la réalité des dérèglements climatiques et l’urgence de la situation, rien n’a été fait pour tenter d’endiguer le recours aux énergies fossiles. Au contraire. La demande mondiale en pétrole, gaz, hydrocarbures continue d’augmenter : elle a dépassé désormais les 100 millions de barils par jour et devrait continuer à progresser cette année, selon l’Agence internationale de l’énergie.

    Mais face à ce rebond de la consommation, l’offre n’a pas suivi. Depuis plusieurs années, les groupes pétroliers et les pays producteurs ont opté pour une stratégie de la rareté, laquelle leur semble beaucoup plus rémunératrice et sûre que de pousser à la surproduction. L’effacement des approvisionnements pétroliers et gaziers russes, à la suite des sanctions adoptées par l’Occident en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a achevé de bouleverser les équilibres existants du secteur.

    L’Europe, la poule aux œufs d’or des pétroliers
    L’impréparation et la façon brouillonne dont les pays européens ont mis en œuvre ces sanctions contre Moscou, jusqu’alors l’un des premiers, voire le premier, fournisseurs de certains pays européens, a conduit à une surenchère entre ces derniers, ainsi qu’à une spéculation effrénée. Dans leurs présentations, les grands groupes mondiaux ne manquent pas de consacrer des mentions spéciales au continent européen : « le siphonnage massif de la prospérité en dehors de l’Europe », dénoncé par le premier ministre belge à l’automne, se retrouve en partie dans les comptes de résultats de ces cinq majors.

    L’Europe a été leur poule aux œufs d’or. Les profits exceptionnels de Shell sont tirés en grande partie de ces ventes de gaz naturel liquéfié à l’Europe, tout comme BP. ExxonMobil a multiplié par deux ses profits en Europe en un an. Plus grave : l’Union européenne, qui se veut le fer de lance de la transition écologique, a tourné le dos à ses propres engagements, a relancé dans la panique ses centrales à gaz, ses centrales à charbon, et construit à toute vitesse des terminaux pour importer du gaz naturel liquéfié (GNL) et ainsi faire face aux ruptures provoquées par les sanctions à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Sans discuter les prix.

    La mise entre parenthèses des impératifs climatiques
    Cette volte-face n’a pas échappé aux majors pétrolières. Tous ces grands groupes ont tout de suite compris que le fameux signal-prix, censé être la corde de rappel économique pour contraindre la demande, n’existait pas dans un monde qui a soif d’énergie, et qui n’a d’autre solution que de se raccrocher aux énergies fossiles, faute d’alternatives.

    Dans leur présentation stratégique, les cinq majors prennent toutes note de ce revirement pour s’en réjouir. Ces dernières années, elles se posaient des questions existentielles, se demandant où était leur futur : elles avaient arrêté nombre de projets d’investissements dans l’exploration et la production, les jugeant trop risqués et pas assez rentables ; elles s’inquiétaient d’être bannies par les investisseurs et les marchés de capitaux pour non-conformité aux critères sociaux et environnementaux. Toutes ces craintes se sont volatilisées : les grands groupes pétroliers occidentaux affichent aujourd’hui une sérénité rarement vue depuis 2011, leur dernière grande année de réussite.

    Bien sûr, elles disent avoir encore des projets pour accompagner la transition écologique et développer d’autres énergies propres. ExxonMobil ne jure que par les techniques de production de l’hydrogène et la capture du carbone, entraînant tous ses concurrents sur ce chemin. Shell, qui n’a installé dans le monde que 2,2 GW d’énergies renouvelables, promet d’accentuer ses efforts dans ce domaine. Mais à côté, il y a les autres projets, ceux qui leur importent vraiment : les cinq projettent d’investir des dizaines de milliards de dollars dans les prochaines années pour relancer l’exploration et la production de gaz et de pétrole.

    Le revirement le plus spectaculaire est sans doute celui de BP. Depuis des années, les études du groupe britannique servent de référence pour l’ensemble du monde pétrolier. Il est le premier à avoir tiré la sonnette d’alarme sur la nécessaire transition écologique, le premier aussi à s’être montré le plus ambitieux dans ses objectifs de décarbonation. Tout s’est évanoui.

    Alors que BP s’était engagé auparavant à diminuer de 40 % ses productions pétrolières et gazières d’ici à 2030 afin de diminuer ses émissions et de s’engager dans une stratégie bas carbone, le président de BP, Bernard Looney, a annoncé le 6 février que tout était révisé. Au lieu de 40 % de baisse de ses émissions en 2030, il ne prévoit qu’une diminution de 25 % à cette date, l’objectif initial étant repoussé à 2050. Et même si le groupe promet d’augmenter de 8 milliards de dollars ses investissements dans les énergies renouvelables, il a décidé aussi d’investir fortement dans la production des énergies fossiles, en dépit des recommandations de l’Agence internationale de l’énergie d’arrêter les investissements dans ces énergies.

    Une taxation bien légère et pourtant contestée
    Car jamais cela n’a été aussi rentable. Un critère, cher aux investisseurs financiers, résume à lui seul la rente sur laquelle ils prospèrent : le retour sur les capitaux investis. Ce ratio a atteint des niveaux jamais vus dans une industrie lourde : 25 % pour Exxon, 20,7 % pour Chevron, 16,7 % pour Shell, 30,5 % pour BP, 28,2 % pour Total. Tous sont assis sur des montagnes de cash dépassant les 30 à 40 milliards de dollars. Une situation qui selon eux est appelée à durer au moins jusqu’en 2025. Car tous pensent que la situation sur les marchés pétroliers est appelée à rester durablement tendue, que la Russie ne reviendra pas, ou seulement par des subterfuges, sur les marchés mondiaux.

    Leurs superprofits ont donc toutes les chances de perdurer. Cela ne les empêche pas de se plaindre des « mauvaises manières » qui, selon ces cinq grands groupes, leur sont faites en Europe. Tous insistent sur « l’effort considérable » qu’ils font en raison des taxes et prélèvements qui leur ont été imposés par certains gouvernements européens et britannique, sans parler de la taxe instituée au niveau européen, sur leurs superprofits.

    ExxonMobil prétend que ces impositions lui ont coûté 1,8 milliard de dollars cette année ; Shell cite le chiffre de 2,2 milliards de dollars ; TotalEnergies de 1,7 milliard de dollars. Au nom de tous, ExxonMobil a engagé un procès pour contester la contribution décidée par la Commission européenne sur les superprofits. Compte tenu du flou juridique qui entoure cette décision, le groupe pétrolier a des chances de l’emporter.

    Attaqués de toutes parts par des forces politiques qui contestent ces profits excessifs au moment où les finances publiques sont mises à mal, les groupes pétroliers ont engagé un lobbying d’enfer et des escouades de juristes et de fiscalistes pour contrer les attaques et dissuader tout gouvernement qui serait tenté d’augmenter la fiscalité, même de façon exceptionnelle, sur leurs profits.

    Le ruissellement vers le haut de la rente pétrolière
    La question, cependant, risque de s’imposer à nouveau très vite dans nombre de pays. D’autant que les grands groupes vont avoir de plus en plus de mal à justifier l’utilisation de ces résultats exorbitants.

    Car que font-ils de ces profits colossaux ? Ils les reversent à leurs actionnaires. ExxonMobil a reversé 30 milliards de dollars à ses actionnaires, Shell 26 milliards, plus que ses dépenses d’investissement. Au total, les cinq grands groupes ont versé plus de 80 milliards de dollars sous forme de dividendes et de rachats d’actions en 2022. Ils se préparent à augmenter encore ces versements en 2023. Afin de s’attirer les bonnes grâces des marchés financiers, Chevron a annoncé un programme mammouth qui a même stupéfait Wall Street : le géant pétrolier s’est engagé à dépenser 75 milliards de dollars dans les prochaines années pour racheter ses propres actions. Ce qui n’est pas donner un grand signe de confiance dans ses activités ni même indiquer une vision d’avenir.

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    Distraire tant d’argent pour le seul bénéfice des actionnaires alors que l’on sait que la transition écologique va requérir des investissements gigantesques dans les prochaines années apparaît juste comme surréaliste. Ces sommes auraient pu être réinvesties dans d’autres projets d’énergie propre. Les dirigeants auraient pu aussi décider d’en conserver une grande partie pour créer des fonds susceptibles, le moment venu, de financer l’arrêt et le démantèlement de leurs actifs échoués. Car il y aura des dizaines de milliards d’actifs échoués dans ce secteur promis à plus ou moins long terme à entrer en voie d’extinction. Il aurait pu au moins essayer d’apporter des remèdes et des réparations aux pollutions et dégâts provoqués par leurs activités d’exploration et de production.

    Habitués depuis leur création à externaliser tous les coûts de leur activité sur la collectivité et à négliger l’intérêt général, ces grands groupes ne voient pas les raisons qu’il y aurait à changer. Ils poussent leur avantage tant que c’est possible, avant de laisser aux autres la charge de payer les ardoises finales. Des ardoises de plus en plus exorbitantes.

    • Relançons plutôt le débat sur le rôle de la classe capitaliste. Elle gagne des milliards en vendant des engins de mort et se frotte les mains à chaque bombe qui explose. D’autres profitent de la guerre pour spéculer sur le prix de l’énergie. Et d’autres encore espèrent que la guerre sera très destructrice pour vendre du béton et des matériaux de construction. C’est le mur du capitalisme qu’il faut abattre, pas seulement une de ses briques. Pour passer d’une société où tout est bon pour les profits d’une minorité infinitésimale de possédants parasites – y ­compris le pillage et le sang – à une société rationalisée par les producteurs eux-mêmes.

  • #Minorités / #Majorités

    Des #villes coupées, couturées, rafistolées, des vies assignées, mais aussi émancipées : de l’analyse des #politiques_ségrégationnistes aux réflexions sur le caractère inclusif des #espaces_publics en passant par la #négociation des expériences minoritaires individuelles et collectives, les villes constituent des lieux privilégiés de l’analyse des relations entre #groupes_minoritaires et #groupes_majoritaires. La vive actualité scientifique sur le sujet en France comme ailleurs en témoigne. On peut notamment penser au colloque Question raciale / questions urbaines (https://www.pacte-grenoble.fr/actualites/question-raciale-questions-urbaines-frontieres-territoriales-et-racia) : frontières territoriales et #racialisation organisé en février 2019 à Grenoble, au dernier numéro de l’Information géographique (2019) consacré aux géographies de la #différence en ville, ou encore aux nombreuses sessions de la conférence annuelle de l’American Association of Geographers 2020 (https://aag.secure-abstracts.com/AAG%20Annual%20Meeting%202020/sessions-gallery) abordant des questions urbaines sous l’angle des #rapports_sociaux (perspectives féministes, marxistes, empruntant à la Critical Race Theory ou aux approches du Settler Colonialism). C’est dans la continuité de cette actualité que s’inscrit le #13 de la revue Urbanités. En refusant de donner a priori la primauté thématique d’un rapport social sur un autre tout en mettant l’accent sur les mécanismes de production du minoritaire et du majoritaire, ce numéro propose une pluralité de lectures des manières dont les contextes urbains participent à la (re)production des positionnements sociaux, et par conséquent, à la redéfinition du rapport entre minorités et majorités en ville.

    http://www.revue-urbanites.fr/13-edito

    Sommaire :

    Edito

    #Minorités_sexuelles en #exil : l’expérience minoritaire en ville à l’aune de #marginalisations multiples

    Les riverains contre le nourrissage des #pigeons à #Paris

    Construire sa place en #montagne quand on vient des #quartiers_populaires : un enjeu pour l’#éducation_populaire

    Mouvements de #résistance autochtones et #street-art décolonial aux #États-Unis. De la réserve de #Standing_Rock aux murs d’#Indian_Alley

    Hiérarchie sociale et politique pour la visibilité sur le territoire dans un espace ségrégé. Le cas des républicains nord-irlandais

    « L’infusion » d’approches genrées dans l’urbanisme parisien : métaphore d’une propagation aux échelles organisationnelles et individuelles

    Point(s) de rencontres dans les villes émiriennes : le partage d’espaces publics où les minorités sont majoritaires

    #revue #urban_matter #géographie_urbaine #ségrégation #genre #peuples_autochtones #Irlande_du_Nord #Emirats_Arabes_unis #USA

    –---

    Avec cette note :

    La revue Urbanités a la joie de vous annoncer la parution en ligne de son treizième numéro thématique, consacré à la question des rapports entre minorités et majorités en ville. Nous tenons également à souligner que ce numéro ne pourrait pas exister sans les apports précieux de chercheur·e·s aux statuts largement précaires. Sans elleux, ce numéro ne compterait qu’un article et sa direction serait amputée. Ces contributeur·trice·s essentiel·le·s au fonctionnement des revues méritent une plus grande visibilité et une plus grande stabilité professionnelle, garantes d’une recherche de qualité.

  • L’#Open_science au prisme de la #Commission_européenne

    Appuyée par diverses politiques publiques, la notion de science ouverte mobilise aujourd’hui de nombreuses initiatives visant à promouvoir de nouvelles pratiques, de nouveaux enjeux pour la recherche et la société en ouvrant très rarement le débat public de façon plus contradictoire sur ces conceptions, sur les visions et les représentations qui y sont associées.Un récent numéro de la Revue française des sciences de l’information et de la communication (Chartron & Schöpfel 2017) a rassemblé différentes contributions utiles pour ces débats. L’article d’Anne Clio et Sartita Albagi (2017) a tracé des repères généalogiques sur ce mouvement, relatant les pratiques pionnières de Jean-Claude Bradley, chimiste de l’Université de Drexel, initiant des “carnets de laboratoire publics” dans les années 1990. Bradley peut être considéré comme un initiateur d’une certaine science ouverte, il avait la conviction qu’il fallait, autant que possible, mettre toutes les recherches à la disposition du public,..…

    https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ES_041_0177
    #édition_scientifique #UE #EU #Union_européenne #open_source

    • La notion de Science Ouverte dans l’Espace européen de la recherche

      Cet article analyse les prescriptions européennes en matière d’Open Science et évalue la mesure dans laquelle celles-ci contribuent à résoudre la contradiction qui leur préexiste entre les prescrits qui, au sein de l’Espace européen de la recherche, encouragent les chercheurs à ouvrir la démarche scientifique et les produits de la recherche à des parties prenantes extérieures, et ceux qui incitent à fonder les indicateurs de performance en matière de recherche sur les articles de revue savante internationale. A cet égard, la combinaison de la publication en #OA avec l’archivage d’une diversité de produits de la recherche sur des répertoires OA s’avère préférable au basculement unilatéral dans la voie dorée de l’OA, par le biais de « big deals » avec les #Majors.

      https://journals.openedition.org/rfsic/3241

  • Channel migrants: Home secretary declares major incident

    The rising number of migrants attempting to cross the Channel in small boats has been declared a “major incident” by the UK home secretary.


    https://www.bbc.com/news/uk-46705128

    #vocabulaire #terminologie #UK #Angleterre #migrations #réfugiés #invasion #mythe #préjugés #afflux #mots

  • Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire » Gérard Noiriel - 21 novembre 2018 - Le Blog de Gérard Noiriel
    https://noiriel.wordpress.com/2018/11/21/les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-lhistoire

    Dans une tribune publiée par le journal Le Monde (20/11/2018), le sociologue Pierre Merle écrit que « le mouvement des « gilets jaunes » rappelle les jacqueries de l’Ancien Régime et des périodes révolutionnaires ». Et il s’interroge : « Les leçons de l’histoire peuvent-elles encore être comprises ? »

    Je suis convaincu, moi aussi, qu’une mise en perspective historique de ce mouvement social peut nous aider à le comprendre. C’est la raison pour laquelle le terme de « jacquerie » (utilisé par d’autres commentateurs et notamment par Eric Zemmour, l’historien du Figaro récemment adoubé par France Culture dans l’émission d’Alain Finkielkraut qui illustre parfaitement le titre de son livre sur « la défaite de la pensée ») ne me paraît pas pertinent. Dans mon Histoire populaire de la France, j’ai montré que tous les mouvements sociaux depuis le Moyen Age avaient fait l’objet d’une lutte intense entre les dominants et les dominés à propos de la définition et de la représentation du peuple en lutte. Le mot « jacquerie » a servi à désigner les soulèvements de ces paysans que les élites surnommaient les « jacques », terme méprisant que l’on retrouve dans l’expression « faire le Jacques » (se comporter comme un paysan lourd et stupide).

    Le premier grand mouvement social qualifié de « jacquerie » a eu lieu au milieu du XIVe siècle, lorsque les paysans d’Ile de France se sont révoltés conte leurs seigneurs. La source principale qui a alimenté pendant des siècles le regard péjoratif porté sur les soulèvements paysans de cette époque, c’est le récit de Jean Froissart, l’historien des puissants de son temps, rédigé au cours des années 1360 et publié dans ses fameuses Chroniques. Voici comment Froissart présente la lutte de ces paysans : « Lors se assemblèrent et s’en allèrent, sans autre conseil et sans nulles armures, fors que de bâtons ferrés et de couteaux, en la maison d’un chevalier qui près de là demeurait. Si brisèrent la maison et tuèrent le chevalier, la dame et les enfants, petits et grands, et mirent le feu à la maison […]. Ces méchants gens assemblés sans chef et sans armures volaient et brûlaient tout, et tuaient sans pitié et sans merci, ainsi comme chiens enragés. Et avaient fait un roi entre eux qui était, si comme on disait adonc, de Clermont en Beauvoisis, et l’élurent le pire des mauvais ; et ce roi on l’appelait Jacques Bonhomme ».

    Ce mépris de classe présentant le chef des Jacques comme « le pire des mauvais » est invalidé par les archives qui montrent que les paysans en lutte se donnèrent pour principal porte-parole Guillaume Carle « bien sachant et bien parlant ». A la même époque, la grande lutte des artisans de Flandre fut emmenée par un tisserand, Pierre de Coninck décrit ainsi dans les Annales de Gand : « Petit de corps et de povre lignage, il avoit tant de paroles et il savoit si bien parler que c’estoit une fine merveille. Et pour cela, les tisserands, les foulons et les tondeurs le croyoient et aimoient tant qu’il ne sût chose dire ou commander qu’ils ne fissent ».

    On a là une constante dans l’histoire des mouvements populaires. Pour échapper à la stigmatisation de leur lutte, les révoltés choisissent toujours des leaders « respectables » et capables de dire tout haut ce que le peuple pense tout bas. D’autres exemples, plus tardifs, confirment l’importance du langage dans l’interprétation des luttes populaires. Par exemple, le soulèvement qui agita tout le Périgord au début du XVIIe siècle fut désigné par les élites comme le soulèvement des « croquants » ; terme que récusèrent les paysans et les artisans en se présentant eux mêmes comme les gens du « commun », Ce fut l’un des points de départ des usages populaires du terme « commune » qui fut repris en 1870-71, à Paris, par les « Communards ».

    Les commentateurs qui ont utilisé le mot « jacquerie » pour parler du mouvement des « gilets jaunes » ont voulu mettre l’accent sur un fait incontestable : le caractère spontané et inorganisé de ce conflit social. Même si ce mot est inapproprié, il est vrai qu’il existe malgré tout des points communs entre toutes les grandes révoltes populaires qui se sont succédé au cours du temps. En me fiant aux multiples reportages diffusés par les médias sur les gilets jaunes, j’ai noté plusieurs éléments qui illustrent cette permanence.

    Le principal concerne l’objet initial des revendications : le refus des nouvelles taxes sur le carburant. Les luttes antifiscales ont joué un rôle extrêmement important dans l’histoire populaire de la France. Je pense même que le peuple français s’est construit grâce à l’impôt et contre lui. Le fait que le mouvement des gilets jaunes ait été motivé par le refus de nouvelles taxes sur le carburant n’a donc rien de surprenant. Ce type de luttes antifiscales a toujours atteint son paroxysme quand le peuple a eu le sentiment qu’il devait payer sans rien obtenir en échange. Sous l’Ancien Régime, le refus de la dîme fut fréquemment lié au discrédit touchant les curés qui ne remplissaient plus leur mission religieuse, et c’est souvent lorsque les seigneurs n’assuraient plus la protection des paysans que ceux-ci refusèrent de payer de nouvelles charges. Ce n’est donc pas un hasard si le mouvement des gilets jaunes a été particulièrement suivi dans les régions où le retrait des services publics est le plus manifeste. Le sentiment, largement partagé, que l’impôt sert à enrichir la petite caste des ultra-riches, alimente un profond sentiment d’injustice dans les classes populaires.

    Ces facteurs économiques constituent donc bien l’une des causes essentielles du mouvement. Néanmoins, il faut éviter de réduire les aspirations du peuple à des revendications uniquement matérielles. L’une des inégalités les plus massives qui pénalisent les classes populaires concerne leur rapport au langage public. Les élites passent leur temps à interpréter dans leur propre langue ce que disent les dominés, en faisant comme s’il s’agissait toujours d’une formulation directe et transparente de leur expérience vécue. Mais la réalité est plus complexe. J’ai montré dans mon livre, en m’appuyant sur des analyses de Pierre Bourdieu, que la Réforme protestante avait fourni aux classes populaires un nouveau langage religieux pour nommer des souffrances qui étaient multiformes. Les paysans et les artisans du XVIe siècle disaient : « J’ai mal à la foi au lieu de dire j’ai mal partout ». Aujourd’hui, les gilets jaunes crient « j’ai mal à la taxe au lieu de dire j’ai mal partout ». Il ne s’agit pas, évidemment, de nier le fait que les questions économiques sont absolument essentielles car elles jouent un rôle déterminant dans la vie quotidienne des classes dominées. Néanmoins, il suffit d’écouter les témoignages des gilets jaunes pour constater la fréquence des propos exprimant un malaise général. Dans l’un des reportages diffusés par BFM-TV, le 17 novembre, le journaliste voulait absolument faire dire à la personne interrogée qu’elle se battait contre les taxes, mais cette militante répétait sans cesse : « on en a ras le cul » , « ras le cul », « ras le bol généralisé ».

    « Avoir mal partout » signifie aussi souffrir dans sa dignité. C’est pourquoi la dénonciation du mépris des puissants revient presque toujours dans les grandes luttes populaires et celle des gilets jaunes n’a fait que confirmer la règle. On a entendu un grand nombre de propos exprimant un sentiment d’humiliation, lequel nourrit le fort ressentiment populaire à l’égard d’Emmanuel Macron. « Pour lui, on n’est que de la merde ». Le président de la République voit ainsi revenir en boomerang l’ethnocentrisme de classe que j’ai analysé dans mon livre.

    Néanmoins, ces similitudes entre des luttes sociales de différentes époques masquent de profondes différences. Je vais m’y arrêter un moment car elles permettent de comprendre ce qui fait la spécificité du mouvement des gilets jaunes. La première différence avec les « jacqueries » médiévales tient au fait que la grande majorité des individus qui ont participé aux blocages de samedi dernier ne font pas partie des milieux les plus défavorisés de la société. Ils sont issus des milieux modestes et de la petite classe moyenne qui possèdent au moins une voiture. Alors que « la grande jacquerie » de 1358 fut un sursaut désespéré des gueux sur le point de mourir de faim, dans un contexte marqué par la guerre de Cent Ans et la peste noire.

    La deuxième différence, et c’est à mes yeux la plus importante, concerne la coordination de l’action. Comment des individus parviennent-ils à se lier entre eux pour participer à une lutte collective ? Voilà une question triviale, sans doute trop banale pour que les commentateurs la prennent au sérieux. Et pourtant elle est fondamentale. A ma connaissance, personne n’a insisté sur ce qui fait réellement la nouveauté des gilets jaunes : à savoir la dimension d’emblée nationale d’un mouvement spontané. Il s’agit en effet d’une protestation qui s’est développée simultanément sur tout le territoire français (y compris les DOM-TOM), mais avec des effectifs localement très faibles. Au total, la journée d’action a réuni moins de 300 000 personnes, ce qui est un score modeste comparé aux grandes manifestations populaires. Mais ce total est la somme des milliers d’actions groupusculaires réparties sur tout le territoire.

    Cette caractéristique du mouvement est étroitement liée aux moyens utilisés pour coordonner l’action des acteurs de la lutte. Ce ne sont pas les organisations politiques et syndicales qui l’ont assurée par leurs moyens propres, mais les « réseaux sociaux ». Les nouvelles technologies permettent ainsi de renouer avec des formes anciennes « d’action directe », mais sur une échelle beaucoup plus vaste, car elles relient des individus qui ne se connaissent pas. Facebook, twitter et les smartphones diffusent des messages immédiats (SMS) en remplaçant ainsi la correspondance écrite, notamment les tracts et la presse militante qui étaient jusqu’ici les principaux moyens dont disposaient les organisations pour coordonner l’action collective ; l’instantanéité des échanges restituant en partie la spontanéité des interactions en face à face d’autrefois.

    Toutefois les réseau sociaux, à eux seuls, n’auraient jamais pu donner une telle ampleur au mouvement des gilets jaunes. Les journalistes mettent constamment en avant ces « réseaux sociaux » pour masquer le rôle qu’ils jouent eux-mêmes dans la construction de l’action publique. Plus précisément, c’est la complémentarité entre les réseaux sociaux et les chaînes d’information continue qui ont donné à ce mouvement sa dimension d’emblée nationale. Sa popularisation résulte en grande partie de l’intense « propagande » orchestrée par les grands médias dans les jours précédents. Parti de la base, diffusé d’abord au sein de petits réseaux via facebook, l’événement a été immédiatement pris en charge par les grands médias qui ont annoncé son importance avant même qu’il ne se produise. La journée d’action du 17 novembre a été suivie par les chaînes d’information continue dès son commencement, minute par minute, « en direct » (terme qui est devenu désormais un équivalent de communication à distance d’événements en train de se produire). Les journalistes qui incarnent aujourd’hui au plus haut point le populisme (au sens vrai du terme) comme Eric Brunet qui sévit à la fois sur BFM-TV et sur RMC, n’ont pas hésité à endosser publiquement un gilet jaune, se transformant ainsi en porte-parole auto-désigné du peuple en lutte. Voilà pourquoi la chaîne a présenté ce conflit social comme un « mouvement inédit de la majorité silencieuse ».

    Une étude qui comparerait la façon dont les médias ont traité la lutte des cheminots au printemps dernier et celle des gilets jaunes serait très instructive. Aucune des journées d’action des cheminots n’a été suivie de façon continue et les téléspectateurs ont été abreuvés de témoignages d’usagers en colère contre les grévistes, alors qu’on a très peu entendu les automobilistes en colère contre les bloqueurs.

    Je suis convaincu que le traitement médiatique du mouvement des gilets jaunes illustre l’une des facettes de la nouvelle forme de démocratie dans laquelle nous sommes entrés et que Bernard Manin appelle la « démocratie du public » (cf son livre Principe du gouvernement représentatif, 1995). De même que les électeurs se prononcent en fonction de l’offre politique du moment – et de moins en moins par fidélité à un parti politique – de même les mouvements sociaux éclatent aujourd’hui en fonction d’une conjoncture et d’une actualité précises. Avec le recul du temps, on s’apercevra peut-être que l’ère des partis et des syndicats a correspondu à une période limitée de notre histoire, l’époque où les liens à distance étaient matérialisés par la communication écrite. Avant la Révolution française, un nombre incroyable de révoltes populaires ont éclaté dans le royaume de France, mais elles étaient toujours localisées, car le mode de liaison qui permettait de coordonner l’action des individus en lutte reposait sur des liens directs : la parole, l’interconnaissance, etc. L’Etat royal parvenait toujours à réprimer ces soulèvements parce qu’il contrôlait les moyens d’action à distance. La communication écrite, monopolisée par les « agents du roi », permettait de déplacer les troupes d’un endroit à l’autre pour massacrer les émeutiers.

    Dans cette perspective, la Révolution française peut être vue comme un moment tout à fait particulier, car l’ancienne tradition des révoltes locales a pu alors se combiner avec la nouvelle pratique de contestation véhiculée et coordonnée par l’écriture (cf les cahiers de doléances).

    L’intégration des classes populaires au sein de l’Etat républicain et la naissance du mouvement ouvrier industriel ont raréfié les révoltes locales et violentes, bien qu’elles n’aient jamais complètement disparu (cf le soulèvement du « Midi rouge » en 1907). La politisation des résistances populaires a permis un encadrement, une discipline, une éducation des militants, mais la contrepartie a été la délégation de pouvoir au profit des leaders des partis et des syndicats. Les mouvements sociaux qui se sont succédé entre les années 1880 et les années 1980 ont abandonné l’espoir d’une prise du pouvoir par la force, mais ils sont souvent parvenus à faire céder les dominants grâce à des grèves avec occupations d’usine, et grâce à de grandes manifestations culminant lors des « marches sur Paris » (« de la Bastille à la Nation »).

    L’une des questions que personne n’a encore posée à propos des gilets jaunes est celle-ci : pourquoi des chaînes privées dont le capital appartient à une poignée de milliardaires sont-elles amenées aujourd’hui à encourager ce genre de mouvement populaire ? La comparaison avec les siècles précédents aboutit à une conclusion évidente. Nous vivons dans un monde beaucoup plus pacifique qu’autrefois. Même si la journée des gilets jaunes a fait des victimes, celles-ci n’ont pas été fusillées par les forces de l’ordre. C’est le résultat des accidents causés par les conflits qui ont opposé le peuple bloqueur et le peuple bloqué.

    Cette pacification des relations de pouvoir permet aux médias dominants d’utiliser sans risque le registre de la violence pour mobiliser les émotions de leur public car la raison principale de leur soutien au mouvement n’est pas politique mais économique : générer de l’audience en montrant un spectacle. Dès le début de la matinée, BFM-TV a signalé des « incidents », puis a martelé en boucle le drame de cette femme écrasée par une automobiliste refusant d’être bloqué. Avantage subsidiaire pour ces chaînes auxquelles on reproche souvent leur obsession pour les faits divers, les crimes, les affaires de mœurs : en soutenant le mouvement des gilets jaunes, elles ont voulu montrer qu’elles ne négligeaient nullement les questions « sociales ».

    Au-delà de ces enjeux économiques, la classe dominante a évidemment intérêt à privilégier un mouvement présenté comme hostile aux syndicats et aux partis. Ce rejet existe en effet chez les gilets jaunes. Même si ce n’est sans doute pas voulu, le choix de la couleur jaune pour symboliser le mouvement (à la place du rouge) et de la Marseillaise (à la place de l’Internationale) rappelle malheureusement la tradition des « jaunes », terme qui a désigné pendant longtemps les syndicats à la solde du patronat. Toutefois, on peut aussi inscrire ce refus de la « récupération » politique dans le prolongement des combats que les classes populaires ont menés, depuis la Révolution française, pour défendre une conception de la citoyenneté fondée sur l’action directe. Les gilets jaunes qui bloquent les routes en refusant toute forme de récupération des partis politiques assument aussi confusément la tradition des Sans-culottes en 1792-93, des citoyens-combattants de février 1848, des Communards de 1870-71 et des anarcho-syndicalistes de la Belle Epoque.

    C’est toujours la mise en œuvre de cette citoyenneté populaire qui a permis l’irruption dans l’espace public de porte-parole qui était socialement destinés à rester dans l’ombre. Le mouvement des gilets jaunes a fait émerger un grand nombre de porte-parole de ce type. Ce qui frappe, c’est la diversité de leur profil et notamment le grand nombre de femmes, alors qu’auparavant la fonction de porte-parole était le plus souvent réservée aux hommes. La facilité avec laquelle ces leaders populaires s’expriment aujourd’hui devant les caméras est une conséquence d’une double démocratisation : l’élévation du niveau scolaire et la pénétration des techniques de communication audio-visuelle dans toutes les couches de la société. Cette compétence est complètement niée par les élites aujourd’hui ; ce qui renforce le sentiment de « mépris » au sein du peuple. Alors que les ouvriers représentent encore 20% de la population active, aucun d’entre eux n’est présent aujourd’hui à la Chambre des députés. Il faut avoir en tête cette discrimination massive pour comprendre l’ampleur du rejet populaire de la politique politicienne.

    Mais ce genre d’analyse n’effleure même pas « les professionnels de la parole publique » que sont les journalistes des chaînes d’information continue. En diffusant en boucle les propos des manifestants affirmant leur refus d’être « récupérés » par les syndicats et les partis, ils poursuivent leur propre combat pour écarter les corps intermédiaires et pour s’installer eux-mêmes comme les porte-parole légitimes des mouvements populaires. En ce sens, ils cautionnent la politique libérale d’Emmanuel Macron qui vise elle aussi à discréditer les structures collectives que se sont données les classes populaires au cours du temps.

    Etant donné le rôle crucial que jouent désormais les grands médias dans la popularisation d’un conflit social, ceux qui les dirigent savent bien qu’ils pourront siffler la fin de la récréation dès qu’ils le jugeront nécessaire, c’est-à-dire dès que l’audimat exigera qu’ils changent de cheval pour rester à la pointe de « l’actualité ». Un tel mouvement est en effet voué à l’échec car ceux qui l’animent sont privés de toute tradition de lutte autonome, de toute expérience militante. S’il monte en puissance, il se heurtera de plus en plus à l’opposition du peuple qui ne veut pas être bloqué et ces conflits seront présentés en boucle sur tous les écrans, ce qui permettra au gouvernement de réprimer les abus avec le soutien de « l’opinion ». L’absence d’un encadrement politique capable de définir une stratégie collective et de nommer le mécontentement populaire dans le langage de la lutte des classes est un autre signe de faiblesse car cela laisse la porte ouverte à toutes les dérives. N’en déplaise aux historiens (ou aux sociologues) qui idéalisent la « culture populaire », le peuple est toujours traversé par des tendances contradictoires et des jeux internes de domination. Au cours de cette journée des gilets jaunes, on a entendu des propos xénophobes, racistes, sexistes et homophobes. Certes, ils étaient très minoritaires, mais il suffit que les médias s’en emparent (comme ils l’ont fait dès le lendemain) pour que tout le mouvement soit discrédité.

    L’histoire montre pourtant qu’une lutte populaire n’est jamais complètement vaine, même quand elles est réprimée. Le mouvement des gilets jaunes place les syndicats et les partis de gauche face à leurs responsabilités. Comment s’adapter à la réalité nouvelle que constitue la « démocratie du public » pour faire en sorte que ce type de conflit social – dont on peut prévoir qu’il se reproduira fréquemment – soit intégré dans un combat plus vaste contre les inégalités et l’exploitation ? Telle est l’une des grandes questions à laquelle il faudra qu’ils répondent.

    #Vocabulaire #Jacques #Jacquerie #Croquants #Communards #Sans-culottes #dîme #taxes #justice #ethnocentrisme_de_classe #réseaux_sociaux #majorité_silencieuse #BFM #opinion #lutte_populaire #GiletsJaunes #guerre_aux_pauvres

  • #Kanaky, #Nouvelle-Calédonie & #RéférendumNC2018
    Quand les #Kanak votent, c’est pour l’indépendance
    https://pbs.twimg.com/media/DrJRhO3X4AAcaGR.jpg:large

    OUI 94,5% NON 5,5% à #Belep (dont la population est quasi-exclusivement kanak), archipel situé au nord de la Grande Terre.
    OUI 89% NON 11% pour la commune de #Canala (côte est).
    OUI 84,2% NON 15,8% à #Ouvéa, ... Mais aussi un OUI majoritaire à Poum, Gomen, Poya, Sarramea, Thio, Pouebo, Hienghène, Touho, Ponerihouen, Houailou, Lifou, Yaté, l’Île des Pins, Kouaoua ...

    Sauf que la Kanaky est une #colonie de peuplement, les #peuples_autochtones y sont largement devenus minoritaires et nous, #colons, utilisons la #démocratie comme arme de protection du #colonialisme... et donc ce #referendum arrangé qui macère depuis des années, à coup d’injonction à la réconciliation et à l’oubli, a un goût d’imposture #caldoche.

    Il va surement y avoir des soulèvements, des révoltes, qui vont, forcément, être réprimées, pas tant par la police ou l’armée que par l’étouffoir des gens qui pensent #unité & #majorité plutôt que #pluralité & #consensus...

    Pour mieux comprendre les résultats du #ReferendumNC2018 La répartition ethnique de la population sur l’île :

    Lire ou relire pour s’éclairer :

    Kanaky, autodétermination : la longue patience du peuple kanak : http://www.cnt-f.org/urp/publications-cnt/autogestion-2-kanaky-autodetermination-la-longue-patience-du-peuple-kanak via #cnt

    Sur le Mouvement des Groupes Révolutionnaires Koutumiers Kanak (MGRK) : https://lundi.am/Sur-le-Mouvement-des-Groupes-Revolutionnaires-Koutumiers-Kanak-MGRK et Le noir vote blanc : https://lundi.am/Le-noir-vote-blanc via @lundimatin

    Nouvelle-Calédonie-Kanaky : le 4 novembre, un référendum « décolonial » ? : https://npa2009.org/actualite/politique/nouvelle-caledonie-kanaky-le-4-novembre-un-referendum-decolonial via #npa

    En Nouvelle-Calédonie, société en ébullition, décolonisation en suspens : https://www.monde-diplomatique.fr/2014/07/BENSA/50620 via @mdiplo [2014]

    ... et tout plein d’articles déjà recensés sur #SeenThis, avec en particulier les compilations précieuses de @sinehebdo : https://seenthis.net/recherche?recherche=Kanaky%2C%20Caledonie&follow=all

    Suivi sur twitter chez @ADecroissance (à qui j’ai piqué une partie de cette #recension) : https://twitter.com/ADecroissance/status/1059012326941249537
    Recherche : https://twitter.com/search?f=tweets&q=%23Kanaky%20OR%20%23NouvelleCal%C3%A9donie%20OR%20%23R%C3
    Suivi sur France O : https://la1ere.francetvinfo.fr/referendum-nouvelle-caledonie-emission-speciale-france-o-646022.
    Suivi sur France 1nfo : https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/caledoniens-aux-urnes-direct-numerique-645080.html

    Pour finir, un peu de musique : Proud to be Kanak par Waan, dans une #playlist #kaneka, le son traditionnel de l’#indépendance : https://www.youtube.com/watch?v=3GYg-IqKcS8&list=PL6UhI7omDFjitWcizhk95V-5yZXJqjJvB&index=113

    #autonomie #decolonialisme

    • Kanaky indépendante !
      Solidaires, le 6 novembre 2018
      https://solidaires.org/Kanaky-independante

      A l’occasion du référendum organisé le 4 novembre, le peuple Kanak a très largement confirmé sa volonté de mettre fin à la colonisation française et d’accéder à l’indépendance. Nous ne devons pas nous laisser tromper par la proclamation officielle d’une "victoire" du non à 56,4%. Ces chiffres masquent mal un des problèmes majeurs de ce scrutin, qui entame largement sa légitimité : la composition des corps électoraux a été faite de telle façon qu’une partie de la population kanak en a été de fait exclue.

      Car les résultats là où le peuple kanak vit majoritairement sont éloquents : 82,2% de « oui » dans la province des Îles et 77,5% dans celle du Nord (25,9%, dans la troisième province, celle du Sud).

      Y compris le résultat global, qui intègre donc le vote de milliers de personnes directement issues de la politique de peuplement de la colonie appliquée durant des années par l’Etat français, est très différent de ce que les sondages annonçaient : 19,37% d’abstentions et, parmi les votes exprimés, 43,6% pour l’accès à l’indépendance.

      Au-delà des choix tactiques et politiques autour de ce scrutin, le mouvement indépendantiste va poursuivre sa juste lutte pour le droit à l’autodétermination du peuple Kanak. Celui-ci est inaliénable.

      L’Union syndicale Solidaires n’est pas une organisation de Kanaky et ne prétend nullement agir à la place des femmes et hommes de Kanaky, « dans les usines et dans les tribus » pour reprendre l’expression de nos camarades de l’USTKE. Prolongeant notre engagement anticolonialiste, qui est celui d’une partie du mouvement syndical français, notre rôle est d’informer sur la réalité coloniale, de soutenir celles et ceux qui luttent pour leur indépendance, d’être solidaires contre la répression.

      Voilà à quoi nous nous attèlerons dans les mois qui viennent, avec toutes les forces syndicales, associatives et politiques actives en France qui partagent cet engagement.

  • Extrémisme de droite : plus bruyant mais pas majoritaire

    Le phénomène migratoire polarise les gens et le paysage politique en Europe. Les faits montrent que des groupes d’extrême-droite deviennent de plus en plus bruyants, actifs et dangereux, mais que leurs rangs ne représentent pas nécessairement une plus forte #majorité.

    https://www.osar.ch/des-faits-plutot-que-des-mythes/articles-2018/extremisme-de-droite-plus-bruyant-mais-pas-majoritaire.html
    #extrême_droite #représentation
    ping @marty @albertocampiphoto

  • A l’Assemblée, la machine #LREM à l’épreuve des textes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130418/l-assemblee-la-machine-lrem-l-epreuve-des-textes

    La députée LREM Elise Fajgeles, rapporteur du projet de loi sur l’asile et l’immigration à l’Assemblée nationale, le 20 février 2018. © REUTERS/Gonzalo Fuentes Pléthorique, divers, inédit par sa composition : le groupe parlementaire de La République en marche s’est organisé durant dix mois pour soutenir au mieux le rythme du gouvernement. Mais si la forme compte, le fond rattrape ces élus sur des sujets restés flous pendant la campagne. La belle devanture se fissure devant l’absence de colonne vertébrale politique.

    #France #Assemblée_nationale #Emmanuel_Macron #majorité

  • A l’Assemblée, la machine #LREM à l’épreuve des textes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130418/lassemblee-la-machine-lrem-lepreuve-des-textes

    La députée LREM Elise Fajgeles, rapporteur du projet de loi sur l’asile et l’immigration à l’Assemblée nationale, le 20 février 2018. © REUTERS/Gonzalo Fuentes Pléthorique, divers, inédit par sa composition : le groupe parlementaire de La République en marche s’est organisé durant dix mois pour soutenir au mieux le rythme du gouvernement. Mais si la forme compte, le fond rattrape ces élus sur des sujets restés flous pendant la campagne. La belle devanture se fissure devant l’absence de colonne vertébrale politique.

    #France #Assemblée_nationale #Emmanuel_Macron #majorité

  • Mickie Krause - 10 nackte Friseusen - Apres Ski Party Eschwege
    https://www.youtube.com/watch?v=Sc6Lp3RXLHI


    Vous pouvez engager l’artiste au pseudonyme Micky Krause pour la modeste somme de 15000 Euros par soirée. Comment je le sais ? Allez regarder la vidéo suivante où il raconte comment il a réussi une carrière surprenante.

    Millionär mit Malle-Hits ? Schlagerstar Mickie Krause redet über sein Geld - WISO | ZDF
    https://www.youtube.com/watch?v=5YlqcM6SIVM

    Mickie Krause ist einer der erfolgreichsten Partymusiker Deutschlands. Mit seinem Hit „Zehn nackte Frisösen“ gelang ihm vor 18 Jahren auf Mallorca der Durchbruch. Mittlerweile ist er ein Star am „Ballermann“.

    Mickie Krause - Orange trägt nur die Müllabfuhr
    https://www.youtube.com/watch?v=p8MRCmWPuSo


    Si vous avez réuissi à regarder jusqu’ici sans vomir, cette vidéo vous fera encore plaisir.

    Mickie Krause - Finger weg von Sachen ohne Alkohol
    https://www.youtube.com/watch?v=5Y03gIzV7oQ

    #culture #musique #Majorque #Allemagne #alcoolisme

  • « Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe » de Gayle Rubin : Gayle Rubin et le sexe radical (recension par Éric Fassin, Le Monde)
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/01/13/surveiller-et-jouir-anthropologie-politique-du-sexe-de-gayle-rubin_1465008_3

    Cependant, une #radicalité nouvelle gagnait du terrain au sein du #féminisme, constituant la #pornographie et la #prostitution en emblèmes de la #domination_masculine. C’est en 1982, à Barnard College (New York), qu’éclatent au grand jour les #sex_wars. Non pas la « guerre des sexes » que le conservatisme français imputera dix ans plus tard à l’Amérique du « #politiquement_correct », mais les « #guerres_du_sexe » qui déchirent alors le féminisme entre deux logiques radicales inconciliables. Si le #sexe est politique dans les deux cas, pour le féminisme de la #domination, l’#oppression passe par la #sexualité, tandis que pour le féminisme du #désir, c’est la #libération qui passe par la sexualité.

    Certes, le colloque de Barnard vise à penser ensemble « le plaisir et le danger », soit la tension entre #jouissance et #violence. Toutefois, en butte aux attaques virulentes de leurs adversaires, qui voient en elles des collaboratrices de la domination, les participantes traitent surtout de libération. Les unes n’hésitent pas à faire alliance […] avec les conservateurs de la #Majorité_morale et la répression « #antisexe ». Les autres finissent par se dire « #pro-sexe », dans un front commun des #minorités_sexuelles où le #féminisme_radical céderait la place à un libéralisme respectueux de la #diversité des pratiques et des orientations. C’est dans ce contexte que Rubin théorise la distinction entre #genre et sexualité. Mais, faute de les articuler ensuite, n’est-ce pas s’exposer à entériner un Yalta du féminisme : à l’#hétérosexualité la domination de genre, à l’#homosexualité la libération sexuelle ?

  • BREAKING : #Ibiza déclare son #Indépendance de la #Catalogne !
    https://reflets.info/breaking-ibiza-declare-son-independance-de-la-catalogne

    Et voilà… Carles Puigdemont a mené la Catalogne au bout de son délire, le Parlement de Catalogne a déclaré son indépendance. Et pourquoi pas demain, une déclaration d’indépendance d’Ibiza, de #Palma, #Minorque ou de #Formentera, îles […]

    #Monde #Tribunes #Catalan #Ibicenco #Majorque #OVNI #Vedra

  • En #séminaire, les #députés #LREM reprennent les bases
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190917/en-seminaire-les-deputes-lrem-reprennent-les-bases

    Pendant deux jours, les élus néophytes du mouvement d’Emmanuel Macron ont tenté une professionnalisation express. Au menu : jeux de rôle et travaux pratiques. Un exercice limité par l’absence de corpus idéologique.

    #France #Emmanuel_Macron #La_République_En_Marche #majorité #parlement

  • Streaming musical : SoundCloud évite la faillite mais change de patron
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/08/11/streaming-musical-soundcloud-evite-la-faillite-mais-change-de-patron_5171602

    Le sauvetage de #SoundCloud illustre cet étonnant paradoxe : les plates-formes musicales de #streaming constituent la planche de salut de l’#industrie_musicale puisqu’elles lui ont permis de retrouver des couleurs après une décennie de marasme. Mais aussi bien les plus grosses, comme Spotify, Apple Music, Deezer, Amazon… que les petits, comme Qobuz (spécialisé en musique classique) par exemple, toutes restent encore déficitaires. Le site Pandora a été obligé, lui aussi, comme SoundCloud, de tailler sévèrement dans ses effectifs.

    Coincées entre des #majors à qui elles reversent près des trois-quart de leur chiffre d’affaires et des artistes qui se plaignent des rémunérations qui leur sont octroyées, les plates-formes doivent investir lourdement pour asseoir leur expansion internationale. Et chercher des abonnés puisque ce sont bien eux qui contribuent à la croissance de leur chiffre d’affaires (à 90 % dans le cas de Spotify).

  • Malgré l’abstention, Macron confirme son OPA
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190617/malgre-l-abstention-macron-confirme-son-opa

    En gagnant 351 des 577 sièges que compte l’Assemblée, #LREM et ses alliés du MoDem ont offert à #Emmanuel_Macron la #majorité_absolue sur laquelle il n’osait parier il y a encore quelques mois. « La victoire est claire et elle nous oblige », a affirmé le premier ministre, face à une abstention historique (56,6 %).

    #France #Assemblée_nationale #députés #Edouard_Philippe #La_République_En_Marche

  • #USA 11 ans et forcée d’épouser son violeur, membre de son église, qui l’a mise enceinte, un cas loin d’être isolé - @Slate Via @monachollet sur Twitter

    http://www.slate.fr/story/146328/monopole-mariages-mineurs

    « Les législateurs doivent comprendre que le mariage des mineurs est dévastateur au Niger et en Afghanistan –mais aussi à New-York et en Floride », écrit Nicholas Kristof (deux fois prix Pulitzer) dans les colonnes du New York Times. [...] Pour la plupart des occidentaux, les mariages de mineur-e-s et les mariages forcés font partie de la culture de pays autres que le leur. Voir une petite fille blanche être mariée de force avait donc créé une polémique. Lorsque les mariages forcés aux États-Unis ou en France sont abordés, c’est souvent sous l’angle des populations immigrées [...].

    Dans la plupart des cas, [...] les juges américains n’ont pas souhaité contredire les traditions culturelles des familles qui mariaient leurs enfants mineurs [...] ces mêmes traditions sont aussi invoquées par des familles américaines pour justifier les mariages de mineurs –notamment dans les familles chrétiennes très conservatrices. Ce que les Occidentaux considèrent comme « des abus contre les droits de l’Homme » en Afrique ou en Asie, le tolèrent-ils sur leur territoire au nom du respect des traditions culturelles de chacun ?

  • Macron, pochette-surprise présidentielle
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280317/macron-pochette-surprise-presidentielle

    Quasi-inconnu de 39 ans, #Emmanuel_Macron aspire à devenir président de la République, persuadé de sa bonne étoile. Quelle serait sa pratique du pouvoir ? Il théorise une présidence moderne et efficace… mais jongle aussi avec l’imagerie du monarque républicain. À l’université de Lille, le 14 mars © Reuters

    #France #élection_présidentielle_2017 #En_Marche ! #Jean-Yves_Le_Drian #majorité

  • La #majorité pénale à 16 ans : réponse aux sarkozistes, pas à l’insécurité ! | #Droits des #enfants
    http://jprosen.blog.lemonde.fr/2017/02/15/la-majorite-penale-a-16-ans-reponse-aux-sarkozistes-pas-a-linse

    1° Nous avons ratifié la Convention internationale du 20 novembre 1989 relative aux droits de l’enfant qui veut dans son article 1er la personne de moins de 18 ans soit tenue pour un enfant et qui dans ses articles 37 et 40 avance les termes d’une justice spécifique pour les mineurs. En d’autres termes, nous avons contracté un engagement international clair et ferme qui consiste à ne pas traiter les moins de 18 ans comme des adultes. La France n’a pas de pétrole, mais des idées et une présence sur les droits de l’homme avec de temps en temps de grandes envolées au Conseil de sécurité. Imagine-t-on l’impact international d’une France qui renierait sa parole et ses engagements sur un sujet aussi sensible ? Fillon-Trump même combat ?

    • C’est pas Fillon qui a eu cette idée : c’est Sarko qui lui a soufflé hier, à l’occasion d’une entrevue où l’atlantiste qu’il est (Sarko) lui a expliqué que pour s’en sortir par le haut, il (Fillon) lui fallait abandonner ses vues pro-Russes. J’ai la sensation que ça passe largement sous les radars, mais il y a une offensive concertée et systématique contre tous les candidats insuffisamment atlantistes...

      Un fumigène de ce genre (majorité pénale), c’est forcément une idée sortie de son cerveau (celui de Sarko) parfaitement au courant des moeurs reptiliennes de nos journalistes, prompts à relayer sans distance comme notre juge des enfants préféré est contraint de le faire.

  • Sur le plan idéologique, nous vivons sous l’empire des déconstructeurs. Depuis au moins trois décennies, dans tous les domaines, nous subissons leur action dissolvante. Politique, médias, luttes sociales, tout y passe. « L’effet de ce ‘’déconstructivisme’’ frénétique est d’ouvrir par force sur un complet chaos de la pensée où rien ne demeure des anciens concepts admis et discutés – ni le réel (si contradictoire qu’il se révélerait inassimilable), ni le pouvoir (si multiple qu’il en deviendrait insaisissable), ni la nature humaine (si floue que sa seule réalité relèverait de la fiction), ni la vérité (si conditionnée qu’il serait, par avance, vain de distinguer le vrai du faux), ni le langage (si normé qu’il tiendrait de la prison), ni le corps (si biologiquement indéfinissable qu’il n’aurait d’existence possible que dans le transgenre). »

    Dans le débat public d’aujourd’hui, les questions identitaires occupent désormais le premier plan, surtout lorsqu’elles sont le fait des minorités. Comme l’a dit Deleuze, « C’est ça, être de gauche : savoir que la minorité, c’est tout le monde. » (Abécédaire, cité par Garcia (dorénavant G.), p. 47) Le social est « marqué par la prolifération, le surgissement imprévisible de nouveaux motifs de discrimination, d’exclusion, de ‘’stigmatisation’’ ou d’ ‘’invisibilisation’’ » (G., p. 23).

    Encyclopédie de L’Agora | Renaud Garcia : une critique de gauche de la déconstruction
    http://agora.qc.ca/documents/renaud_garcia_une_critique_de_gauche_de_la_deconstruction
    #Penser #Société #Politique #2017

    • @Aude

      Ce passage me sembletout de même résumer assez bien le côté « tour de passe-passe » de son argumentaire :

      , si ce qui est a été construit et peut être déconstruit, il devient alors possible de le reconstruire. Cette métaphore aboutit à faire de la technique l’instrument de cette reconstruction. La technique est alors au service de désirs individualistes qui ne trouvent plus comme limite qu’une éthique minimaliste : faire tout ce que l’on désir sans nuire à autrui.

      Prétendre que « déconstruire » mène à servir sur un plateau à « la technique » un monde à reconstruire fait de désirs individualistes me semble instruire un faux procès - et relever d’un regard pour le moins surplombant et chargé de mépris vis à vis des personnes qui ont recours à cet outil critique dans les luttes qu’elles mènent. Et, de fait, il me semble difficile de garder grand chose de vivant de la critique si l’on jette la déconstruction - un genre de critique sans lame, à laquelle manquerait le manche. Il resterait à s’accrocher à l’idée !

      Quant à sa prétention (que je trouve assez extravagante) à ramener contre les luttes des minorités la notion de « limite » à la vie humaine (non que le présent ne foisonne de perspectives de fuites en avant sans limites : mais en imputer la cause, comme la faiblesse de l’idéologie libertaire, aux « déconstructeurs » et, à travers eux, aux luttes menées à l’extérieur du mouvement libertaire, sans lui, me semble tout simplement malhonnête)... je peine un peu à la juxtaposer avec son attachement à l’illusion (qui pour moi signe tout simplement la position de privilégié) de disposer d’un point absolu ou enraciner une révolte et une critique universelles.
      D’un côté les limites, surtout pour les autres qui critiquent mal, de l’autre l’universalisme pour lui et les siens. Cherchez l’erreur !

      D’autant plus que je ne vois pas en quoi le renoncement à cet universalisme déjà là, produit historique masculin et occidental, qu’il insiste pour présenter comme une catastrophe, interdirait de concevoir un projet, à produire ensemble sur un pied d’égalité - qui mériterait peut être bien le nom d’universel, pour le coup, ou un autre.

      En passant, sa compréhension d’une notion comme celle d’intersectionnalité - telle qu’il l’explique lors d’une interview à Radio libertaire - m’a paru des plus fantaisistes, et propre à rendre incompréhensible le simple fait que ce concept permet par exemple - mais peut-être que je me trompe - d’exprimer le fait que les individus se trouvent pour la plupart au carrefour de plusieurs oppressions, et que les oppressions se co-construisent, ce qui implique d’envisager les oppressions dans la complexité leurs interactions. Lui semble curieusement n’y voir que le germe d’un particularisme infini et diviseur pour les individus...

      Certes, Renaud Garcia n’a pas l’arrogance grossière d’un Escudero, et sa culture libertaire scolaire en impose un peu plus. (je n’ai pas lu son livre : j’ai lu et écouté les interview de lui disponible sur le net, et je suppose qu’il essaie d’en rendre compte honnêtement) Mais son propos bien que plus policé et moins outrancièrement falsifiant, ne cesse à mes yeux de trahir à quel point il parle depuis le même point de vue, et défend le même refus obstiné de se dessiller le regard.

      En l’écoutant, j’ai repensé à une fameuse phrase de Brice Hortefeux sur les auvergnats :
      « Quand il n’y en a qu’une, ça va. Le problème, avec les minorités, c’est quand il y en a plusieurs. »

    • Nous évoquions plus haut le rejet, par les pensées décontructionnistes, des grands concepts de la modernité, notamment la notion de vérité. Pour Foucault, par exemple, « un savoir n’est jamais en définitive ni vrai ni faux, mais qu’il se manifeste davantage comme un certain ‘’ régime de vérité’’ qui découpe dans la réalité, à un certain moment, des objets intelligibles » (G., p. 21). « Selon Foucault, ce que l’on appelle la ‘’vérité’’ n’est pas vraiment lié, comme on pourrait le penser selon une définition classique (aristotélicienne), au rapport de concordance entre un énoncé et des faits qui existent indépendamment de l’énonciateur. La vérité est davantage conçue comme un système de règles, toujours instable, intriqué dans un réseau complexe de pratiques et de discours, qui s’alimentent l’un l’autre. » (G., p. 20-21)

      Pour avoir lu Baudrillard (peut-être pas la référence la plus classieuse du post-modernisme...) quand j’étais encore bien jeune, je ne peux qu’abonder dans ce sens. Alors même que j’étais ébahi par le style, je ne pouvais m’empêcher d’être très chiffonné par ce rapport très spécial à la vérité (de manière triviale, je dirais qu’il s’agissait tout simplement d’un « je m’en foutisme » plus ou moins assumé). Quant aux conséquences politiques de cette façon de réfléchir, difficile de savoir quel véritable impact cela a eu, mais quand je vois l’état de décomposition de tout ce qui est, pour faire simple, à gauche du PS (et du PS lui même d’ailleurs) a priori ça n’a pas attiré les foules.

    • Gilles Deleuze et Felix Guattari ont tenté, à travers la notion de minorité, d’exprimer la double irréductibilité (à la forme-État et à la forme capital) de ces « communautés concrètes qui se situent hors du rapport de travail » : « De manière générale, les minorités ne reçoivent pas davantage une solution de leur problème par intégration, même avec des axiomes, des statuts, des autonomies, des indépendances. Leur tactique passe nécessairement par là. Mais si elles sont révolutionnaires, c’est parce qu’elles portent un mouvement plus profond qui remet en question l’axiomatique mondiale. La puissance de minorité, de particularité, trouve sa figure ou sa conscience universelle dans le prolétaire. Mais, tant que la classe ouvrière se définit par un statut acquis, ou même par un État théoriquement conquis, elle apparaît seulement comme « capital », partie du capital (capital variable), et ne sort pas du plan du capital. […] On voit mal ce que serait un État amazone, un État des femmes, ou bien un État des travailleurs précaires, un État du « refus ». Si les minorités ne constituent pas des États viables, culturellement, politiquement, économiquement, c’est parce que la forme-État ne convient pas, ni l’axiomatique du capital, ni la culture correspondante », Mille plateaux.

      et pas #déconstruction ...

    • @Aude

      je n’entend pas sous-estimer les mésusages et les détournements individualistes, à des fins de carrière militante, d’autopromotion, que tu évoques (je fais succinct, mes excuses si c’est trop simplificateur). Le monde militant à ma connaissance a toujours été le lieu de tels petits jeux de pouvoir, et je suis enclin à penser que les circonstances historiques présentes sont propices à de tels comportement.
      Mais il me semble à minima que c’est faire preuve d’une grande légèreté intellectuelle, à fortiori de la part d’un professeur de philosophie, que de prétendre que la cause se trouverait dans le concept, surtout lorsque les concepts en question ont servi à mettre à jour le fait désagréable pour l’ego que tant de révolutionnaires et autres radicaux, par bien des aspects, faisaient aussi partie du problème.

      Je ne veux pas méconnaître les expériences que tu cites : mais pour une partie des anarchistes et autres révolutionnaires, « déconstruction » est désormais un anathème, ce qui me semble une forme de défaite de la pensée, et quiconque dans son analyse des rapports de pouvoir, commence à prendre au sérieux la notion d’intersectionnalité, se fait traiter de post-moderne, par des gens qui tiennent visiblement à ne pas savoir de quoi il retourne, et à ce que leurs propres privilèges demeurent indicibles.

      Je ne pense pas que de tels résultats aient la moindre efficacité pour ce qui est de contrer ou limiter l’ampleur des problèmes que tu soulèves.
      Encore une fois, je saisis cela un peu vite, en espérant ne pas être trop simpliste.

    • @Aude

      Encore une fois, je suis d’accord en partie avec ce que tu écris.

      Mais, par exemple, l’emploi que faisait Léo Thiers Vidal de la notion d’"état agentique" m’a semblé et me semble toujours précieux pour comprendre ma propre place de mec hétéro dans le patriarcat, et la dissonance qu’il peut y avoir entre ce que je crois être et faire, et la manière dont je me trouve pris dans les rapports sociaux, dont j’ai appris à m’y installer.
      Et je ne vois pas à quoi prendre conscience de sa propre position au sein de rapports de domination structurels peut être nuisible - si ce n’est aux illusions sur la « radicalité » de la critique que nous portons, que nous nous plaisons volontiers à entretenir sur nous même, en particulier lorsqu’on se définit comme anarchiste et que l’on est un homme blanc hétéro...
      D’autant plus qu’il me semble, pour l’avoir pratiquée longtemps, que la boîte à outil anarchiste traditionnelle ne fournit aucun outil théorique pour exprimer ces questions là - ce qui n’a jamais empêché un anarchiste d’y venir pour des questions d’éthique personnelle, mais c’est une autre histoire.
      ENcore une fois, je saisis cela en vitesse.
      Pour les universitaires américains, je suis surpris de voir la fréquence à laquelle ils surgissent devant moi sous le clavier d’anarchistes français... le reste du temps, je n’en croise quasiment jamais !

  • Réformons l’élection présidentielle ! — Science étonnante n°35

    https://www.youtube.com/watch?v=ZoGH7d51bvc

    http://www.college-de-france.fr/site/pierre-rosanvallon/seminar-2012-02-29-10h00.htm

    Le jugement majoritaire : une nouvelle théorie du vote
    Michel Balinski et Rida Laraki - 29 février 2012

    http://www.college-de-france.fr//audio/rosanvallon/2011-2012/Seminaires/sem-rosanvallon-balinsk-20120229.mp3

    http://www.college-de-france.fr/media/pierre-rosanvallon/UPL8954465031560637643_Balinski__Laraki.pdf

    http://www.college-de-france.fr//video/rosanvallon/Cours%202011-2012/Francais/sem-rosanvalon-balinski-laraki-20120229.mp4

    L’exposé proposé par les deux mathématiciens a été l’occasion de se demander si l’ #expression d’une préférence devait être la conséquence d’un choix binaire ou si elle était plus complexe à exprimer. Parce que les #élections ne se résument pas toujours à un choix entre deux pairs, mais qu’elle peuvent être aussi un choix parmi un plus grand nombre, le classement peut être envisagé comme modalité d’expression des préférences. En compliquant ainsi la notion de #majorité, la proposition de Balinski et Laraki permet de réfléchir à la véritable signification de l’élection.

    La proposition de l’adoption du jugement majoritaire comme nouvelle modalité de #vote est issue d’un double constat : l’expression des #opinions par le #scrutin_majoritaire ne traduit pas nécessairement les préférences collectives ; dès lors que plus de deux candidats sont en lice, les résultats du vote peuvent être contradictoires en vertu des #paradoxes de #Condorcet et d’ #Arrow. Selon Balinski et Laraki, si les candidats sont jugés sur la base d’une échelle commune de mentions ordinales, le #scrutin peut

    1) toujours identifier un gagnant,
    2) neutraliser les paradoxes de Condorcet et d’Arrow,
    3) assurer l’égalité des voix des électeurs.

    Le #jugement_majoritaire doit ainsi permettre de dégager le candidat réellement voulu par les électeurs : il prend en compte l’ #opinion de tous les électeurs sur tous les candidats et il donne à l’électeur la #liberté totale d’exprimer ses opinions.

    Si le jugement majoritaire permet assurément de dépasser l’idée qu’une #élection est une élimination, la discussion a soulevé la question épineuse de l’homogénéisation des critères de #jugement entre les électeurs. On a également rappelé que la représentation proportionnelle était un autre moyen d’échapper au #paradoxe majoritaire, dans le cas de l’élection d’une #assemblée. Enfin, on s’est interrogé sur la capacité de persuasion du jugement majoritaire et des conditions de sa mise en œuvre – convient-il notamment de multiplier des expérimentations démocratiques locales en attendant une adoption plus large ?

    Michel Balinski est directeur de recherche de classe exceptionnelle émérite au #CNRS au laboratoire d’Économétrie de l’École polytechnique ; Rida Laraki est chargé de recherche au CNRS en section sciences et technologies de l’information dans le même laboratoire. Ensemble, ils ont publié : Majority Judgement : Measuring Ranking and Electing, #MIT Press, 2010, et « Judge : Don’t Vote », Cahier du laboratoire d’Économétrie de l’École polytechnique, 27, 2010.

    #Démocratie #mathématique