• « Le bâtiment, les machines, tout reste La Redoute sauf les salariés » : des travailleurs de l’entrepôt de Wattrelos racontent leur externalisation forcée
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/04/30/quand-la-redoute-externalise-ses-effectifs-chez-idlogistics-le-batiment-les-


    Dans l’entrepôt logistique du groupe de vente à distance La Redoute, à Wattrelos (Nord), le 28 juin 2022. ALEXIS CHRISTIAEN (PIB)/PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

    Au terme de négociations, les salariés ont notamment obtenu le maintien de leur prime d’ancienneté, de leur 13e mois, de leur prime panier (titre-restaurant) ou de la majoration des heures après 21 heures et avant 6 heures. Des mesures « garanties » selon La Redoute. Elles devront être maintenues dans le nouvel accord d’entreprise qu’il faudra forcément négocier avec IDLogistics d’ici à quinze mois. « La négociation, c’est sûr, se fera à la baisse », prédit cependant M. Bella. La loi interdit de diminuer leurs salaires même au-delà des quinze mois. Mais les équipes passent de la convention collective du commerce à distance à celle du transport routier de marchandises, jugée moins-disante. « Comme on est mieux payé que ceux d’IDLogistics, on a très peu de perspective d’augmentation désormais », commente une préparatrice de commande.

    https://archive.ph/SeYy6

    #logistique #livraison #commerce #ouvriers #ouvrières #travail_ouvrier #travail #emploi #externalisation

    • La logistique, vivier d’emplois, mais à quel prix ?
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/04/30/la-logistique-vivier-d-emplois-mais-a-quel-prix_6601858_3234.html

      La logistique, qui faisait travailler 1,56 million de salariés fin 2024, dont 400 000 à 500 000 dans des entrepôts, est l’un des secteurs qui maintiennent à flot le niveau d’emploi dans l’Hexagone. Quatre-vingt-dix mille recrutements sont attendus en 2025 dans la catégorie transports et entreposage, selon l’enquête « Besoins en main-d’œuvre » de France Travail, dont 40 400 magasiniers et préparateurs de commandes peu qualifiés (4 % de plus qu’en 2024). C’est l’un des rares métiers où les projets d’embauche augmentent en France.

      Amazon symbolise les paradoxes de la logistique. Côté face, un géant qui dynamise l’emploi local − ses effectifs en France ont été multipliés par six en dix ans, pour atteindre 24 000 personnes sur trente-cinq sites − et paie mieux que les concurrents. Côté pile, une machine inlassable, consommatrice d’intérimaires, qui peut briser en quelques années les corps et les psychismes, et où les salariés se succèdent à un rythme impressionnant.

      https://archive.ph/BgdIf
      #cadences #malades_du_travail #management_algorythmique

  • Theo Boer, professeur d’éthique néerlandais : « J’ai cru qu’un cadre rigoureux pouvait prévenir les dérives de l’euthanasie : je n’en suis plus si sûr »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/07/theo-boer-professeur-d-ethique-neerlandais-j-ai-cru-qu-un-cadre-rigoureux-po


    Tribunal à La Haye où se tenait le procès d’une médecin accusée d’avoir donné la mort à une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer, sans s’être suffisamment assurée de son consentement. A La Haye, aux Pays-Bas, le 26 août 2019. ALEKS FURTULA / AP

    Depuis plus de vingt ans, les Pays-Bas expérimentent l’#euthanasie dans un cadre présenté comme strict, balisé, #éthique. Pourtant, les chiffres publiés dans le dernier rapport du comité d’examen, daté du 24 mars, racontent une autre histoire. Celle d’un élargissement constant, d’une banalisation progressive et d’un basculement culturel silencieux.

    En 2024, le nombre d’euthanasies a connu une nouvelle hausse de 10 %. On aurait pu penser que le phénomène atteindrait un plateau, surtout après une croissance modeste de 4 % en 2023. Il n’en est rien. La dynamique repart de plus belle, et le président du comité, Jeroen Recourt, prévoit que la courbe poursuivra sa montée dans les années à venir. Ce n’est plus une fluctuation : c’est une tendance structurelle.

    On objectera peut-être que cette augmentation suit le vieillissement de la population. Mais, même en proportion des décès globaux, le phénomène continue de s’amplifier : de 5,4 % des morts en 2023 à 5,8 % en 2024. En 2017, dans certaines régions, ce pourcentage atteignait déjà 15 %, et on s’attend à ce qu’il ait augmenté depuis lors. L’euthanasie n’est plus exceptionnelle : elle devient, dans bien des cas, une #fin_de_vie parmi d’autres.

    Pression accrue

    Mais, au-delà des statistiques brutes, d’autres évolutions suscitent une profonde inquiétude. L’émergence de l’« #euthanasie_à_deux », qui permet à des couples ou à des fratries de mourir ensemble, en est une. En un an, le nombre de ces morts planifiées en tandem a bondi de 64 %, pour atteindre 108 décès en 2024. Surtout, les euthanasies pour troubles psychiatriques ont progressé de 59 % , touchant des personnes parfois très jeunes. Des patients physiquement en bonne santé, mais plongés dans des souffrances mentales que la médecine peine à soulager, demandent désormais à mourir – et obtiennent gain de cause.

    Le nombre de cas liés à la démence augmente également rapidement. Ici, une demande d’euthanasie est souvent fondée sur la crainte d’une dépendance, d’une perte de dignité ou sur un testament de vie signé bien avant les premiers symptômes. Nous entrons là dans un champ où la volonté actuelle du patient est parfois floue, et l’acte médical repose sur des interprétations.

    Dans mes échanges avec de nombreux médecins néerlandais, une constante revient : la pression s’accroît. Ce n’est plus seulement une demande individuelle, mais une attente sociale. Du fait d’une « normalité » croissante, le personnel soignant se demande : « Jusqu’où irons-nous ? A quel moment cela cessera-t-il d’être un acte de compassion pour devenir une réponse automatique aux patients qui refusent d’accepter un refus ? » Pour de bonnes raisons, le gouvernement a maintenant lancé une enquête sur les raisons de cette augmentation.

    Et pourtant, face à ces doutes, le mouvement législatif continue. Le Parlement néerlandais étudie prochainement une proposition de loi visant à accorder le suicide assisté à toute personne de plus de 74 ans, même en l’absence de pathologie grave. Le seul critère serait l’âge . Un basculement symbolique majeur : on ne meurt plus parce qu’on souffre, mais parce qu’on estime avoir assez vécu. C’est une vision radicalement nouvelle de la #vieillesse, et de la valeur que nous accordons à notre société.

    En tant qu’ancien membre d’un comité d’examen de l’euthanasie, j’ai cru, à l’époque, qu’un cadre rigoureux pouvait prévenir les dérives : je n’en suis plus si sûr. Ce que je constate, c’est que chaque ouverture du champ de l’euthanasie crée de nouvelles attentes, de nouvelles demandes, une nouvelle #normalité. La logique interne du système pousse toujours à élargir. Une souffrance jugée « insupportable » aujourd’hui l’est parfois moins que celle d’hier, mais l’issue reste la même.

    Un pari risqué

    Dans l’Hexagone, certains assurent que « la France n’est pas la Hollande », et que ces évolutions ne s’y produiront pas. C’est un pari risqué. Car, dans tous les pays où l’euthanasie ou le #suicide_assisté ont été légalisés, on observe une croissance continue du nombre de cas. Ce n’est pas une exception néerlandaise. C’est une dynamique à l’œuvre partout où la mort médicalement provoquée devient une option.

    Je ne suis pas un adversaire acharné de l’euthanasie. Dans certains cas extrêmes, elle peut être un recours ultime. Mais je suis convaincu que sa légalisation n’apaise pas la société : elle l’inquiète, la transforme, la fragilise. Elle modifie notre rapport à la vulnérabilité, à la vieillesse, à la dépendance. Elle introduit l’idée que certaines vies, dans certaines conditions, ne valent plus la peine d’être vécues – ni même d’être soignées.

    Je m’adresse ici aux Français, non pour donner des leçons, mais pour partager l’expérience de mon pays. Regardez ce qui se passe chez nous. Ecoutez les voix, même discrètes, de ceux qui doutent. Avant d’ouvrir cette porte, posez-vous une question simple mais fondamentale : sommes-nous prêts à ce que tuer devienne une #option_médicale parmi d’autres, même en présence de soins palliatifs de pointe, et même en l’absence de maladie ? Sommes-nous prêts à faire peser sur les #soignants le poids d’un tel choix ?

    Apprenez de notre expérience. Il est encore temps.

    Theo Boer est professeur d’éthique de la santé à l’université théologique protestante de Groningue (Pays-Bas) et ancien membre d’un comité de contrôle de l’euthanasie du gouvernement néerlandais.

    La question est vite répondue à dire que la liberté individuelle se fout de la théologie. C’est louper les enjeux du soin, de ce que serait une solidarité consistante, louper l’emprise de normes sociales évolutives, comme le souligne l’article, d’un ensemble de dimensions qui viennent compliquer le fier présupposé du libre-arbitre.

    #vulnérables #malades #vieux #psychiatrie

  • Pédocriminalité : les insoutenables « carnets noirs » de Joël Le Scouarnec
    https://lesjours.fr/obsessions/proces-pedocriminalite-le-scouarnec/ep1-enquete-hors-norme

    Nouvelle série. Le chirurgien est jugé à partir du 24 février pour viols et agressions sexuelles aggravés sur 299 ex-patients. Il a consigné ses actes dans ses journaux intimes.

    • Procès Le Scouarnec : comment l’ex-chirurgien pédocriminel aux 299 victimes est si longtemps « passé entre les gouttes »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/02/24/pedocriminalite-ouverture-du-proces-le-scouarnec-ex-chirurgien-aux-299-victi

      La plus importante affaire de pédocriminalité jugée en France débute à partir de lundi et pour quatre mois. Age moyen des victimes : 11 ans à l’époque des faits. Des crimes que l’accusé racontait méthodiquement dans ses journaux intimes.
      Par Florence Aubenas

      A la télévision et dans les magazines de faits divers, le docteur Joël Le Scouarnec aimait suivre les histoires d’hommes qui lui ressemblaient : les pédophiles. Il se reconnaissait en eux, fier d’être différent. A un détail près : lui ne se ferait jamais attraper. Ça n’arrivait qu’aux autres, il se sentait intouchable. Pendant toute sa carrière, aucun personnel soignant ne l’avait jamais surpris sur le fait, aucune plainte n’avait été déposée par un petit patient ou ses parents. D’une manière redoutable, le chirurgien avait inventé le crime sexuel parfait.

      Finalement arrêté en 2017, à quelques mois de sa retraite, Joël Le Scouarnec, 74 ans, va être jugé pour viols ou agressions sexuelles aggravés de 299 victimes présumées, qu’il a reconnus pour la plupart. Age moyen de ces dernières : 11 ans à l’époque des faits. Mais si le médecin comparaîtra seul dans le box, les défaillances des institutions françaises dans la protection de l’enfance devraient envahir les débats.

      C’est à Vannes, ville où se tiendra son procès devant la cour criminelle du Morbihan à partir de lundi 24 février, que la grande majorité des faits auraient eu lieu. Aujourd’hui disparue, la clinique du Sacré-Cœur était un petit établissement privé tenu par des religieuses quand Joël Le Scouarnec y a été recruté en 1994. A cette époque, le secteur de la santé s’enfonce déjà dans la misère, avec ses restructurations féroces et ses pénuries de recrutements. L’arrivée d’un chirurgien digestif de 44 ans, ancien interne des hôpitaux de Nantes, une femme et trois enfants, ressemble alors à une aubaine.

      A vrai dire, cela fait dix ans que la passion de Le Scouarnec pour son métier a commencé à s’émousser. Sa vie est ailleurs, dans sa « bulle pédophile », selon son expression, depuis qu’il a abusé d’une nièce, 8 ans, sa première victime, en 1985. Désormais, « ça » le tyrannise, il le raconte dans ses journaux intimes tenus pendant plus de trente ans, où, jour après jour, enfant après enfant, il détaille ce qu’il nomme « sa vie sexuelle ».

      Ses viols et agressions d’une dizaine de proches y sont décrits, le volet dit « familial » du dossier, pour lequel il a déjà été condamné à quinze ans de réclusion en 2020. Mais ce sont les hôpitaux qui vont devenir son principal terrain de chasse et le noyau de ce second procès. « Je n’examinais plus les enfants comme des petits malades, j’avais sur eux un regard de pédophile. Tout geste prenait une connotation sexuelle », expliquera le chirurgien pendant l’enquête.

      Au long de sa vie professionnelle, d’autres praticiens vont se faire arrêter pour crime sexuel dans la dizaine d’établissements où il a officié : un psychiatre retrouvé dans le lit d’une malade ou un manipulateur en électroradiologie en gynécologie qui avait violé deux patientes. Joël Le Scouarnec, lui, a mis au point ce qu’il a appelé sa « procédure ».

      Une alerte du FBI

      Dans les couloirs, il repère les enfants seuls dans leur chambre. Si un parent ou un soignant est présent, le chirurgien fait demi-tour : leur demander de quitter la pièce attirerait l’attention. Il revient plus tard. Pousse la porte. Lance quelques phrases, toujours les mêmes, lapidaires et professionnelles : « Je viens voir si tu as mal au ventre », ou bien « Est-ce que ça te brûle quand tu fais pipi ? » Ensuite, tout va très vite. Le bas du corps est dénudé, les mains s’y glissent, gestes furtifs maquillés en examens médicaux. La porte s’ouvre ? Il suffit de rabattre le drap.

      Joël Le Scouarnec veille à ne jamais provoquer ni traces ou douleur physique, rien qui puisse entraîner des cris. Trop de résistance le fait renoncer. Ça n’arrive jamais, ou presque. La blouse blanche, le statut d’adulte, la maladie, tout pousse les enfants à se soumettre. Les petits surtout : « L’avantage des filles de cet âge [entre 3 et 10 ans], c’est qu’on peut les toucher sans qu’elles se posent trop de questions », écrit le chirurgien dans son journal.

      Passée la puberté, ou à son approche, les viols et agressions auraient surtout été commis en salle d’opération, sous anesthésie. Le médecin évitait tout geste susceptible d’inquiéter les jeunes malades. Mais au bloc, il est impossible d’être seul, cet univers très fermé où cinq professionnels au moins se surveillent les uns les autres. « Il faut savoir être patient et compter sur sa chance », explique le journal de Joël Le Scouarnec. Une infirmière tourne le dos ? L’anesthésiste regarde ailleurs ? De nouveau, les mains du chirurgien plongent sur ou sous le drap, qui recouvre les corps endormis, hors de la zone à opérer. « J’ai fait des centaines d’interventions avec lui et je n’ai jamais rien vu », racontera plus tard un confrère.

      La première alerte va arriver dans les années 2000, de très loin : les Etats-Unis. Au cours d’une opération internationale ciblant des sites pédopornographiques sur le dark Web, la police fédérale américaine (FBI) alerte la France sur trois paiements effectués par le biais de la carte bancaire du chirurgien. Mais, le 9 décembre 2004, pas d’opération surprise à l’aube dans la maison familiale : Joël Le Scouarnec est convoqué à la #gendarmerie à Grand-Champ, près de Vannes, ce qui lui laisse le temps de dissimuler les preuves. Aucune perquisition n’a lieu à l’hôpital, aucun proche ni collègue n’est entendu.

      Imbroglio institutionnel

      Pendant sa garde à vue, pliée en vingt-cinq minutes et cinq questions, le chirurgien plaide la crise conjugale. Dès le lendemain, il est de retour dans la chambre des petits patients. Condamné en novembre 2005 à quatre mois de prison avec sursis, sans obligation de soins ni restriction professionnelle, il triomphe dans son journal : « Je suis passé entre les gouttes. »

      En 2005, il a 55 ans et vient de quitter la clinique de Vannes pour l’hôpital public de Quimperlé, dans le Finistère. Il y brigue, pour la première fois, le statut de « praticien hospitalier », un poste plus stable, mais plus contrôlé que dans le privé.

      A ce moment-là, va se nouer un imbroglio institutionnel aux conséquences terribles. Tout démarre d’un psychiatre, Thierry Bonvalot, alors président du comité médical d’établissement de l’hôpital de Quimperlé. Par un confrère, qui a expertisé Joël Le Scouarnec dans l’affaire de pédopornographie de 2004, Thierry Bonvalot a eu écho de sa condamnation et s’alarme de son recrutement dans une lettre au directeur de l’hôpital, en juin 2006, puis dans une autre au conseil départemental de l’#ordre_des_médecins du Finistère, le mois suivant. Réclamé, le casier judiciaire du chirurgien arrive. Il porte la mention : néant. Débordé, le greffe de Vannes n’a toujours pas mis le fichier à jour, sept mois après la condamnation du chirurgien, qui peut officiellement être titularisé le 1er août 2006.

      Enfin actualisé, l’extrait de casier est posté à l’ordre des médecins du Finistère en novembre de la même année. Mais au lieu d’éclaircir l’affaire, il va augmenter la confusion, faisant du cas Le Scouarnec celui dont chacun tente de se défausser. L’ordre transmet le dossier à l’antenne locale de la direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass), qui le transmet elle-même à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) – ces deux instances ont été remplacées, en 2010, par l’agence régionale de santé –, ainsi qu’au ministère de la santé.

      Admis à l’unanimité au conseil de l’ordre

      « Si sa condamnation avait été connue avant, il n’aurait pas été nommé », regrette le ministère de la santé début 2007. Mais que faire désormais ? Aucune nouvelle plainte ne vise le chirurgien. Au contraire. Dans une lettre, le directeur de l’hôpital de Quimperlé loue Joël Le Scouarnec, « sérieux et compétent » ; son recrutement aurait même sorti son établissement d’une « grave crise ». Dès lors, le ministère tranche : retour de l’affaire à l’envoyeur, c’est-à-dire à l’ordre des médecins du Finistère, garant de la moralité de la profession. La Drass estime que c’est à la Ddass de le saisir, la Ddass pense que c’est le rôle de la Drass. Personne ne bouge. Entretemps, dans le département, Joël Le Scouarnec a été admis à l’unanimité au conseil de l’ordre.

      Les courriers du psychiatre Thierry Bonvalot auraient pu déclencher des investigations administratives. Mais ils n’ont été transmis ni au ministère, ni à la Drass, ni à la Ddass. L’affaire Le Scouarnec vient de se dissoudre dans le marécage bureaucratique.
      Quand le service de chirurgie ferme à Quimperlé, Joël Le Scouarnec rejoint l’hôpital de Jonzac (Charente-Maritime) en 2008. Cette fois, son casier le suit. Mais là encore, la directrice d’alors évoquera devant les enquêteurs la pénurie de médecins. « Il était très gentil », précisera-t-elle en parlant du chirurgien. « Aucune agression physique n’ayant eu lieu », il n’est pas accompagné de mesure particulière.

      C’est une petite fille de 6 ans, alors voisine du chirurgien à Jonzac, qui a permis son arrestation en avril 2017 : il l’avait agressée au fond de son jardin. Alors seulement, ses journaux intimes ont été découverts : ils constitueront la principale pièce à charge au procès de Vannes.

      #enfants #malades #inceste #crimes_sexuels

    • Les « carnets noirs » de Joël Le Scouarnec, le chirurgien pédophile
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/01/03/les-carnets-noirs-de-joel-le-scouarnec-le-chirurgien-pedophile_6024661_16535

      Au téléphone, le gendarme répète que Joël Le Scouarnec vient d’être arrêté, mais la jeune femme n’arrive pas à l’imaginer en prison, lui « qui était toujours passé entre les mailles du filet ». Elle se trouve projetée trente ans en arrière, petite fille invitée dans le manoir des Le Scouarnec. Comme jadis, il lui semble sentir la main de son oncle Joël venir se poser sur son épaule, « une main lourde », pareille à « une chape de plomb ». Et remontent ses sentiments d’alors : « Contre lui, je ne suis rien. »

      (...) Depuis le collège, il dresse l’inventaire des livres lus, des opéras entendus, des monuments visités, des plus beaux paysages. Certains recensements pourtant obéissent à un autre ordre : 301 544 photos et vidéos pédopornographiques, rangées méthodiquement, par série et par thèmes – zoophilie, scatologie, enfants nus… Les journaux intimes du chirurgien − que des victimes ont aujourd’hui baptisés « les carnets noirs » − aussi sont découverts.
      Pendant vingt-huit ans (de 1989 à 2017), jour après jour, Le Scouarnec y détaille des abus et des viols sur des enfants dans la douzaine d’établissements où il a opéré. 349 victimes potentielles auraient déjà été dénombrées, menaçant de submerger l’enquête sous les investigations.

      https://archive.ph/XIwlo

  • Fin de vie : « Qui définit ce qui est digne ou indigne dans la mort ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/13/fin-de-vie-qui-definit-ce-qui-est-digne-ou-indigne-dans-la-mort_6545049_3232

    La courte trêve est terminée. L’examen du projet de loi sur la fin de vie, suspendu en juin 2024, sera bientôt repris. Son objectif ? Légaliser en France l’« aide active à mourir ». Une tournure pudique pour désigner le fait de provoquer, par une procédure médicalisée, la mort d’une personne malade qui le demande, par suicide assisté, en lui donnant les moyens nécessaires pour qu’elle puisse mettre fin à sa vie elle-même, ou par euthanasie, en faisant intervenir un tiers qui administrera le produit létal.

    Si le projet se présente comme un moyen de soulager les souffrances insupportables des malades dits « en fin de vie », dont la mort est imminente, ses implications vont en réalité bien au-delà. En effet, dans les pays où de telles pratiques ont été légalisées, les critères d’éligibilité se sont rapidement étendus aux malades et aux personnes handicapées dont le pronostic vital n’était pas engagé.
    Le Canada, en cinq ans, est ainsi passé d’une assistance au suicide limitée aux malades en fin de vie à une ouverture aux maladies et handicaps graves. En France, dès les débats de 2024, certains amendements ont tenté d’en élargir le champ d’application aux maladies graves et incurables « en phase avancée », indépendamment de tout pronostic vital. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes malades et handicapées, dont je fais partie, expriment une inquiétude légitime face à ce texte, dont la critique ne se résume pas aux positions catholiques réactionnaires.

    Pas de demande massive des malades

    En France, le cadre légal existant, issu des lois Claeys-Leonetti (2005 et 2016), offre déjà une réponse raisonnable aux besoins des malades en fin de vie : refus de l’acharnement thérapeutique, sédation profonde jusqu’au décès, directives anticipées. Pourquoi vouloir aller plus loin alors que les véritables problèmes concernent l’accès insuffisant aux soins palliatifs et une méconnaissance des dispositifs existants ? C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé une mission parlementaire de 2023, qui a également confirmé que les lois actuelles répondaient à la majorité des cas et que, bien accompagnés, les malades ne demandaient plus à mourir.

    Si les défenseurs très médiatisés du projet invoquent une demande massive des malades, celle-ci est notamment étayée par la convention citoyenne. A cette occasion, il a été demandé à des personnes majoritairement valides de se prononcer en se projetant de façon fictive dans des réalités (la maladie, la dépendance, le handicap, la souffrance physique et morale, la proximité de la mort) qu’elles ne vivent pas, mais craignent sans les connaître. La voix de celles et ceux qui font déjà l’expérience concrète de ces réalités, et dont la vie sera possiblement écourtée par la réforme, aurait pourtant dû être prépondérante, pour ne pas dire décisive.

    Quant à la notion de « mort digne », que les défenseurs de la loi ne cessent de mettre en avant, elle mérite aussi un examen critique. Qui définit ce qui est digne ou indigne dans la mort ? Existe-t-il des morts indignes au sens avilissantes, honteuses, déshonorantes ou méprisables ? Certainement pas, sauf à considérer que la souffrance et son expression même sont indignes, que la maladie, que le handicap et la dépendance elles-mêmes sont des indignités. Pour être dignes, donc exemplaires, les malades doivent-ils aspirer à cette mort discrète, silencieuse et aseptisée que leur promet le projet de loi ? Non, une mort n’est pas moins violente, moins dramatique, plus humaine et plus digne parce qu’elle est organisée médicalement. Sous-entendre le contraire relève davantage d’un fantasme que d’une réalité.

    « Garde-fous » illusoires

    Les arguments tirés du droit de choisir sa mort et de la liberté individuelle sont tout aussi contestables. Le suicide est déjà une liberté individuelle. S’il s’agit désormais de consacrer un droit d’accès au suicide, celui-ci doit être universel et bénéficier à tous sans conditions. Il ne peut y avoir de distinction entre les bien-portants, que l’on devrait protéger contre eux-mêmes par la prévention de leur suicide, et les personnes malades et handicapées, dont il faudrait soutenir le suicide par « voie express ». A moins d’admettre, sans vouloir l’assumer, que l’existence de ces dernières est un fardeau pour la collectivité et que leur mort est au fond moins grave, plus acceptable et souhaitable que celle des autres.

    Il n’y a, en outre, pas de liberté sans égalité. Dans un contexte de destruction des droits sociaux et du système de soins, où les conditions de vie des personnes malades et handicapées se dégradent, ce projet pourrait les conduire à choisir la mort faute d’avoir les moyens de continuer à vivre. Au Canada, la légalisation a d’ailleurs généré une demande croissante. Les décès attribuables à l’aide médicale à mourir sont ainsi passés de 2 % en 2019 à 4,1 % en 2022. Elle a également permis aux pouvoirs publics de faire des économies significatives en matière de santé.

    Les « garde-fous » prévus par la loi sont par ailleurs illusoires. Le financement des soins palliatifs, par exemple, est une promesse creuse en pleine politique d’austérité. Les échecs à l’étranger montrent que les garanties promises pour contenir les dérives ne tiennent pas. Le risque de voir mourir des personnes malades et handicapées acculées par l’exclusion, la précarité, la souffrance socio-économique, l’absence d’accès aux soins, y compris palliatifs, est trop grand pour ne pas s’opposer fermement à ce texte.

    Enfin, sur le sujet, les élus de gauche ont une responsabilité particulière. Ils ne peuvent soutenir ce projet sans trahir leurs valeurs. Dans la période lugubre que nous vivons, dans laquelle les idées fascisantes et eugénistes se déploient sans complexe, ils n’ont pas le droit de se rendre complices d’une nécropolitique qui légitime la hiérarchisation des vies et conforte les inégalités. La gauche ne peut pas avoir la mort pour seul horizon à offrir aux personnes malades et handicapées. Elle se doit de proposer avant tout des perspectives d’espoir et d’amélioration de leurs conditions de vie.

    Elisa Rojas est avocate et militante pour les droits des personnes handicapées. Elle tient le blog « Aux marches du Palais ».

    #suicide_assisté #euthanasie #vieux #malades #handicapées #loi_sur_la_fin_de_vie #fin_de_vie #aide_active_à_mourir

  • Revue de dépenses Affections de longue durée - Pour un dispositif plus efficient et équitable - Inspection générale des finances
    https://www.igf.finances.gouv.fr/igf/accueil/nos-activites/rapports-de-missions/liste-de-tous-les-rapports-de-mi/revue-de-depenses-affections-de.html

    Le dispositif des affections de longue durée permet le remboursement par l’#assurance_maladie obligatoire des tickets modérateurs afférents aux soins et prestations en rapport avec ces affections. Créé dès l’origine de la #sécurité_sociale, ce dispositif a pour objectif de protéger les assurés contre des restes à charge élevés, notamment dans le cas des #maladies_chroniques

    En 2021, ce dispositif concernait 13,7 millions de personnes et représentait 123 Md€ de dépenses de santé, soit 60 % des dépenses prises en charge par l’assurance maladie. Toutefois, les investigations menées par la mission ont permis d’estimer que le coût spécifique du dispositif #ALD représentait 12 Md€ en 2021. Fortement concentrées sur quatre groupes de pathologies, les dépenses des assurés en ALD sont dynamiques depuis 2010, notamment du fait du #vieillissement_de_la_population.
    Les investigations menées par la mission IGF – #IGAS ont permis d’établir que le dispositif ALD a été très peu modifié depuis 1986 alors que sa cohérence s’est affaiblie dans le temps, en s’adaptant peu aux évolutions thérapeutiques, et en reposant davantage sur l’appréciation des médecins. Désormais peu contrôlé par l’assurance maladie, le dispositif ALD joue un rôle insuffisamment incitatif à la réduction des dépenses de #santé.
    Enfin, la mission :
    •  Identifie des mesures permettant de générer des rendements, en partie mobilisables à court terme, en partie pilotables en termes de gains attendus. La plupart de ces mesures conduisent à un transfert de charges direct ou indirect (via les primes des assurances complémentaires santé) vers les assurés ;
    •  Formule des propositions activant des leviers plus structurels. Ces propositions sont jugées nécessaires par la mission pour piloter plus efficacement le dispositif afin d’en garantir la soutenabilité financière et l’acceptabilité sociale. La mission estime par ailleurs que ces propositions sont de nature à recentrer le dispositif sur ses objectifs initiaux, et à en ralentir la dynamique de dépenses, tout en améliorant la pertinence des soins.

    le rapport
    https://www.igf.finances.gouv.fr/files/live/sites/igf/files/contributed/Rapports%20de%20mission/2024/Revue%20de%20dépenses%20Dispositif%20affections%20de%20longue%20du

    #malades #ticket_modérateur #déremboursement #dépenses_de_santé #économie #eugénisme

    edit
    . les arrêts de travail sont également dans le collimateur (pas « seulement » chez les fonctionnaires)
    https://seenthis.net/messages/1069282
    . 1ère sortie publique de Barnier hier dans un hosto parisien : je ferais pas de miracles, mais des économies.

  • Israël convoque les ambassadeurs des pays ayant voté pour un « État palestinien » à l’ONU - RFI https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20240420-isra%C3%ABl-convoque-les-ambassadeurs-des-pays-ayant-vot%C3%A9-pour-un-

    Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé samedi 20 avril la convocation dimanche des ambassadeurs des pays du Conseil de sécurité ayant voté en faveur de l’adhésion pleine et entière des Palestiniens aux Nations unies.

    « Les ambassadeurs de France, du Japon, de la Corée du Sud, de Malte, de la République slovaque et de l’Équateur seront convoqués demain » et « une vive protestation leur sera exprimée », a indiqué le ministère sur son compte X.

    #malades

  • A la recherche d’économies, le gouvernement se penche sur les maladies chroniques | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/a-la-recherche-deconomies-le-gouvernement-se-penche-sur-les-maladies-chroni

    Reste enfin la piste des affections de longue durée (#ALD). Si l’exécutif a décidé de se pencher sur ces #maladies_chroniques, c’est que celles-ci se développent, sur fond de vieillissement de la population mais aussi de progrès médical. Celui-ci permet d’augmenter l’espérance de vie des personnes atteintes. Résultat : le nombre des bénéficiaires d’ALD augmente régulièrement, tout comme le poids des ALD dans la structure des dépenses de #santé, qui représentent près de 66 % de celles-ci (en 2020).

    Près de 20 % des Français assurés (12 millions de personnes) bénéficiaient en 2022 de la reconnaissance d’une affection longue durée par l’Assurance Maladie, car ils sont atteints d’une maladie grave, longue et coûteuse à soigner. Ce système garantit une prise en charge à 100 % des dépenses de soins par la Sécurité sociale (dans la limite des plafonds de remboursement, hors dépassements d’honoraires, franchises médicales, etc.). Parmi les ALD les plus répandues figurent le diabète, les cancers, les affections psychiatriques ou les problèmes d’insuffisance cardiaque.

    Exercice difficile

    Existant depuis le début de la Sécurité sociale, ce dispositif a été modifié en 2011, pour sortir l’hypertension artérielle de la liste des ALD, qui compte aujourd’hui une trentaine d’affections.
    Si modifier de nouveau la liste des ALD promet d’être un exercice difficile, l’exécutif pourrait chercher à agir sur d’autres tableaux. Notamment en se penchant sur les soins qui ne sont pas liés à la pathologie éligible à l’ALD, et qui ne doivent pas donner lieu à la même prise en charge à 100 % depuis 1987. Les médecins sont censés différencier les prescriptions. Pas sûr cependant que cette distinction soit toujours bien faite. L’Assurance Maladie a d’ailleurs mis ce sujet sur la table dans le cadre des négociations en cours avec les médecins libéraux sur le tarif des consultations.

    #malades #budget #coupes_budgétaires

  • Je suis pour qu’on lui fasse subir ce qu’il a fait subir aux malades qui lui demandaient de les euthanasier.

    TEMOIGNAGE. « J’ai changé d’avis sur l’euthanasie » : un médecin en fin de vie raconte comment la maladie l’a transformé
    https://www.francetvinfo.fr/societe/euthanasie/temoignage-j-ai-change-d-avis-sur-l-euthanasie-un-medecin-en-fin-de-vie

    Du temps où il exerçait encore, le docteur Bail était un homme de principes. Du genre à vous réciter le serment d’Hippocrate, le code de déontologie médicale et le cinquième commandement. « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément », lui soufflait une petite voix. « Tu ne tueras point », répétait une autre. Droit dans sa blouse, il contournait les rares appels de patients qui lui demandaient une euthanasie en douce. « Je m’engageais à rester leur médecin jusqu’à la fin et je parvenais à apaiser leurs souffrances par mes visites et par ma maîtrise des morphiniques et des antalgiques », assure-t-il.

    Pionnier des soins palliatifs dans la région de Lannion, il professa à la faculté de médecine de Brest cet art qui consiste à soigner jusqu’au bout les patients que l’on ne peut plus guérir. Il fallut l’épreuve de la maladie, en 2019, pour le faire « changer d’avis » sur l’euthanasie et le suicide assisté. « En tant que médecin, je défendais le principe que chaque vie est digne d’être vécue. Je ne le renie pas, mais j’ai compris autre chose en tant que malade », explique-t-il.

    • Mariés depuis 47 ans, Philippe Bail et sa femme, Chantal, en conviennent : avoir recours à une euthanasie au début de la maladie les aurait « privés de beaucoup de choses ». Mais le têtu Breton n’a jamais renoncé à décider du moment de sa mort. Quand il le souhaitera, il pourra demander l’arrêt de son respirateur artificiel et être plongé dans un ultime coma pour mourir, chez lui, « en quelques heures », sans souffrir de l’asphyxie qui l’attend. Il bénéficiera d’une sédation profonde et continue, maintenue jusqu’au décès, une pratique inscrite dans la loi [depuis le 04/02/2016] pour les situations de pronostic vital engagé à court terme.

      "Cette garantie de liberté ultime m’a soulagé de l’angoisse du mourir et m’a permis de me consacrer à ma faim de vivre."

    • Droit dans sa blouse, il contournait les rares appels de patients qui lui demandaient une euthanasie en douce. « Je m’engageais à rester leur médecin jusqu’à la fin et je parvenais à apaiser leurs souffrances par mes visites et par ma maîtrise des morphiniques et des antalgiques », assure-t-il.

      Exactement le même modèle que le médecin responsable des hospitalisations à domicile lors de l’agonie de mon père. Ce dernier n’était plus qu’à demi-conscient, sous perf glucosée, s’étouffait à moitié dans ses glaires, et quand on demandait à ce toubib ne serait-ce qu’augmenter la morphine, tout juste s’il ne nous traitait pas d’assassins. Crevure, saloperie. Je ne suis pas près de l’oublier ce fumier.
      Heureusement que la médecin de famille était plus lucide, et vraiment présente, elle, pas une fois par semaine comme ce salopard non, tous les jours alors qu’elle était en congés.

  • "Comme vous le savez, la mortalité infantile est désormais en hausse en France..."

    Crise de la pédiatrie : « Monsieur le président, votre silence est assourdissant », la lettre de 10 000 soignants à Emmanuel Macron

    Monsieur le président, le 21 octobre, après deux semaines seulement d’épidémies hivernales, habituelles et prévisibles, nous vous avions écrit pour vous alerter sur la situation précaire de la pédiatrie, les risques et les pertes de chance déjà encourus par les enfants, et le désespoir des soignants qui en résulte.

    Un mois plus tard, nous restons sans réponse de votre part : votre silence est assourdissant.

    Tout au long de ce mois, nous avons été confrontés à ce que nous n’osions imaginer : quotidiennement, des enfants hospitalisés sur des brancards ou sur les genoux de leurs parents aux urgences, dans un bureau réaménagé pour l’occasion, des enfants intubés et hospitalisés sans chambre dans le couloir de la réanimation, des prises en charge trop tardives et des soins précaires, des retours prématurés à domicile et des retours en catastrophe d’enfants renvoyés chez eux faute de place, des transferts hors secteurs par dizaines en réanimation, mais aussi en hospitalisation classique.

    Nous pensions que transférer des enfants à 300 kilomètres de chez eux était une dégradation majeure des soins, nous constatons désormais qu’il pouvait y avoir pire : ne plus pouvoir transférer car l’épidémie a déferlé partout, saturant l’ensemble des services de pédiatrie français. Nous culpabilisions d’envoyer des adolescents au sein de services adultes, ce sont désormais des enfants âgés de 3 ans que nous envoyons.

    Eternelle variable d’ajustement

    Et encore, toujours, les annulations de soins, les reports de chirurgie comme unique réponse de nos tutelles à l’urgence, au détriment des enfants porteurs de handicap, de maladie chronique et pédo-psychiatriques, soupape désormais permanente de l’hôpital, éternelle variable d’ajustement.

    En cette fin novembre, les rappels des soignants à peine sortis de l’hôpital pour venir aider la nuit suivante ne suffisant pas, ce sont les infirmiers des réanimations adultes qui viennent à la rescousse : ils n’ont jamais soigné un enfant, qu’à cela ne tienne, ils s’occuperont désormais de nourrissons en réanimation.

    L’épidémie annuelle de bronchiolite s’est transformée en un mauvais remake de la pandémie de Covid-19. Sauf que cette fois-ci, il n’y a pas d’alternative pour sauver l’hôpital, la pédiatrie libérale est noyée dans la vague, l’hospitalisation privée en pédiatrie est inexistante car non rentable. Et vous n’êtes pas apparu pour rassurer les parents, assurer les soignants de votre soutien et de la volonté de sauver l’hôpital public. A la place, votre gouvernement empile les enveloppes et les mesures d’urgence temporaires au fil de la catastrophe, et remet en cause les constats unanimes des soignants et des patients, les menaçant en « une » des journaux d’enquête publique.

    Mortalité infantile en hausse

    Comme vous le savez, la mortalité infantile est désormais en hausse en France, alors que sa diminution continue dans la seconde moitié du XXe siècle était notre fierté nationale. Vous n’ignorez pas les difficultés que connaît l’hôpital public en général, mais une société qui ne peut plus prendre soin des enfants est une société sur le déclin. Aucun parent, grand-parent, aucun citoyen ne peut accepter de sacrifier l’enfance et l’avenir.

    Monsieur le président de la République, il s’agit de la dernière chance de notre société pour arrêter l’hémorragie massive des soignants qui quittent l’hôpital public, désabusés, épuisés, culpabilisés. Nous demandons simplement de pouvoir faire notre travail, de soigner, sereinement. Pour cela, nous vous demandons :

    – d’être à nos côtés et de reconnaître la responsabilité de l’Etat dans la crise sanitaire majeure que nous vivons ;

    – de vous engager à prendre les mesures nécessaires pour sécuriser le travail des soignants à l’hôpital : plafond du nombre de patients par infirmier et infirmière, respect des temps de repos et des temps de formation. De mieux indemniser sur le long terme le travail de nuit et de week-end ;

    – de vous engager à prendre les mesures pour la reconnaissance de la spécificité et de l’expertise de la pédiatrie ;

    – de vous engager à remettre le service hospitalier au centre des décisions, afin que les soignants puissent orienter et décider des soins adaptés sans subir les strates administratives loin du terrain ;

    – de vous engager à augmenter le nombre de jeunes formés aux métiers du soin et à assurer la formation générale en pédiatrie de chacun, en réinstaurant notamment la pédiatrie dans les écoles d’infirmiers et d’infirmières et en restaurant les possibilités de financement des formations en puériculture.

    Nous osons espérer que les contours exacts et les applications de ces mesures seront discutés plus spécifiquement lors des Assises de la pédiatrie, au printemps 2023, mais il est indispensable que ces engagements forts sur des mesures structurelles et pérennes soient pris en amont et immédiatement.

    Monsieur le président, plus encore que jusqu’à présent, la crise actuelle pousse aux démissions toujours plus nombreuses. Dos au mur, la France saura-t-elle sauver ses enfants ?

    Premiers signataires : professeure Nadia Bahi-Buisson, présidente du conseil national des universités de pédiatrie ; docteur Emmanuel Cixous, président du syndicat national des pédiatres en établissement Hospitalier (SNPEH) ; professeur [merdeux] Robert Cohen, président du conseil national professionnel de pédiatrie ; professeure Isabelle Desguerre, co-animatrice du collectif de pédiatrie et du collectif Inter-Hôpitaux ; professeur Bruno Dohin, président du collège national hospitalier et universitaire de chirurgie pédiatrique ; Charles Eury, président du collège des infirmier(e)s puéricultrices(teurs) ; professeure Christèle Gras-Le Guen, présidente de la société française de pédiatrie (SFP) ; docteur Christophe Libert, président de l’association des psychiatres infanto-juvéniles de secteur sanitaire et médico-social (API) ; Mahmoud Rifai, Interne, président de l’association des juniors en Pédiatrie d’Ile de France (AJP) ; docteure Brigitte Virey, président du syndicat national des pédiatres français (SNPF) ; Pr Jean-Luc Jouve, président de la Commision médicale d’établissement (CME) de l’AP-HM (Marseille) et président du Conseil national des universités ; professeur Rémi Salomon, président de la CME de l’AP-HP (Paris) et président de la conférence des présidents de CME de CHU ; professeure Sabine Sarnacki, présidente de la société française de chirurgie pédiatrique ; docteur Andreas Werner, président de l’association française de pédiatrie ambulatoire de chirurgie infantile ; et 36 associations de patients dont les associations Aide aux jeunes diabétiques, Vaincre la mucovicidose, Maladie foie enfant.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/30/crise-de-la-pediatrie-monsieur-le-president-votre-silence-est-assourdissant-

    Lire aussi :
    « Oui, par manque de moyens, la pédopsychiatrie doit depuis des années trier les enfants » https://seenthis.net/messages/980921
    « La dégradation de l’hôpital public risque d’aboutir à la disparition de pans entiers d’activités et de savoir-faire »
    « Les personnels soignants quittent l’hôpital parce qu’ils ne veulent pas devenir des monstres »
    Dominique Méda : « Il pourrait être nécessaire de recruter jusqu’à 100 000 infirmiers pour un montant de 5 milliards d’euros »

    #santé_publique #pédiatrie #hôpital #enfants #malades

  • Covid-19 : des renforts de soignants et un pont aérien pour soulager les hôpitaux saturés à la Guadeloupe et à la Martinique
    https://www.lemonde.fr/sante/article/2021/08/19/covid-19-la-guadeloupe-et-la-martinique-vont-recevoir-de-nouveaux-renforts-d

    Covid-19 : des renforts de soignants et un pont aérien pour soulager les hôpitaux saturés à la Guadeloupe et à la Martinique. Des personnels de métropole arriveront vendredi pour soulager les hôpitaux antillais, d’où une dizaine de malades devraient être évacués vers la métropole.
    L’épidémie ne faiblit pas aux Antilles. De nouveaux renforts de soignants vont être envoyés, vendredi 20 août, à la Guadeloupe et à la Martinique, d’où une dizaine de malades devraient être évacués vers la métropole dans les prochains jours, a annoncé mercredi 18 août le ministère de la santé à l’Agence France-Presse (AFP). Plus de 300 professionnels de santé vont s’envoler de l’aéroport parisien d’Orly vendredi après-midi à destination de la Martinique et de la Guadeloupe, dont les hôpitaux sont saturés par les cas de Covid-19. Les soignants viendront « en soutien » des équipes « déjà sur place », selon un communiqué du ministère de la santé. Ils doivent assurer « la relève » des 240 médecins, infirmiers et aides-soignants arrivés la semaine dernière.
    Au Centre hospitalier universitaire de Guadeloupe, 40 % des lits sont désormais occupés par des patients Covid-19, et la morgue est saturée, a expliqué mercredi Gérard Cotellon, le directeur général du CHU à l’AFP. Les 46 lits de réanimation ouverts sont occupés et les urgences enregistrent jusqu’à 80 passages par jour, pour le Covid uniquement. « Tout le monde fait du Covid, même ceux dont la spécialité est loin de ce type de pathologie », a insisté M. Cotellon. De nouvelles évacuations sanitaires vers la métropole sont « en cours d’organisation pour la fin de semaine ou le tout début de semaine prochaine », afin de désengorger les services de réanimation de Pointe-à-Pitre et Fort-de-France. Le ministère envisage le transfert de huit malades par gros-porteur dans le cadre de l’opération « Hippocampe », ainsi que de trois autres patients en jet Falcon, dont « les dates et îles de départ sont en cours de calage ». Entre le 9 et le 15 août, la Guadeloupe a enregistré 7 276 nouveaux cas. Côté vaccination, 32 % des Guadeloupéens de plus de 18 ans ont reçu une première injection, quand seulement 20,9 % ont un parcours vaccinal complet.

    #Covid-19#migrant#migration#france#metropole#outremer#guadeloupe#martinique#circulationtherapeutique#evacuationsanitaire#personnelsoignant#malade

  • Trois semaines plus tard : #Covid-19 : des patients « à très haut risque » pourront être vaccinés dès lundi
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/15/covid-19-des-patients-a-tres-haut-risque-pourront-etre-vaccines-des-lundi_60

    Le premier ministre Jean Castex a annoncé qu’environ 850 000 patients pourront bénéficier de la vaccination dès lundi 18 janvier, quel que soit leur âge. Les autres malades chroniques devront attendre.

    Outre les plus de 75 ans, les personnes présentant des pathologies à « très haut risque », quel que soit leur âge, pourront se faire vacciner contre le Covid-19, à partir de lundi 18 janvier, dans l’un des « 700 centres » de vaccination, a indiqué jeudi 14 janvier le premier ministre Jean Castex. Ce sont les personnes atteintes de cancer et de maladies hématologiques malignes en cours de traitement par chimiothérapie, de maladies rénales chroniques sévères, dont les patients dialysés, des personnes ayant eu une transplantation d’organes ou souffrant de certaines maladies rares, porteuses de trisomie 21, ou atteintes de poly-pathologies chroniques, avec au moins deux insuffisances d’organes, une indication peu claire. Soit environ 850 000 personnes. « Ces patients devront avoir une prescription médicale de leur médecin traitant pour bénéficier de la vaccination », précise le ministère de la santé.

    Il a fallu la mobilisation d’associations de #patients pour que les personnes malades chroniques, jusqu’ici oubliées, deviennent prioritaires. Cette liste de « vaccination en très haute priorité des personnes à très haut risque », visible sur le site du minstère de la santé a été établie « sur avis de la Haute autorité de santé https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/le-gouvernement-ouvre-la-vaccination-aux-patients-vulnerables et du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale présidé par Alain Fischer », a indiqué Olivier Véran. « Ces pathologies les rendent très vulnérables au Covid-19 », a précisé le ministre de la santé. L’obésité – un facteur de risque de forme grave repéré tôt après l’apparition de l’épidémie – n’en fait toutefois pas partie.

    Les populations « prioritaires » définies fin juillet par le comité analyse, recherche et expertise (CARE) et le comité vaccin Covid-19 et par la Haute Autorité de santé, étaient beaucoup plus larges : 23 millions de personnes, en raison de leur âge supérieur à 65 ans, d’une pathologie chronique ou d’une obésité.

    « Pourquoi pas nous ? »

    Dans une tribune publiée sur le site du Monde, l’association de patients d’insuffisants rénaux Renaloo, qui se dit aujourd’hui satisfaite, déplorait que « la vaccination n’ [ait] simplement pas été organisée ».

    Mais « pourquoi oublier les malades cardiovasculaires, les diabétiques et les obèses ? », se demande sur Twitter Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Versailles- Saint-Quentin-en-Yvelines. De même, l’association Rose Up milite depuis des semaines pour que les malades de cancer « bénéficient dès à présent de la vaccination, y compris s’ils ne sont pas en chimiothérapie ».

    « Il est assez raisonnable de penser que les patients de plus de 60 ans en cours de traitement sont d’assez bons candidats [à la vaccination prioritaire]. De même que les patients de moins de 60 ans avec des traitements assez intensifs », abonde Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, qui fédère des centres de lutte contre cette maladie.

    « Il y a naturellement d’autres malades chroniques qui vont se dire : pourquoi pas nous ? On est encore dans une priorisation induite par la #pénurie de vaccins... C’est compliqué pour les autres pathologies aussi, comme le VIH estime Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon (APHP), on suit 3 000 patients VIH, beaucoup m’envoient des mails [pour savoir quand ils se feront vacciner], il faut leur expliquer que ce n’est pas pour tout de suite... » .
    Les autres maladies facteurs de risque, comme les pathologies cardiovasculaires, respiratoires, le diabète... « feront l’objet d’une vaccination prioritaire dans un second temps », indique l’avis du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.

    heureusement que l’on choisi des médecins comme ministres de la santé

    #vaccins #stratégie_vaccinale #vulnérables #malades_chroniques #gouvernement

    • Patients greffés et dialysés : « Chaque jour qui passe sans vaccin nous menace davantage », Nathalie Mesny,
      Présidente de Renaloo, 14 janvier 2020
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/14/patients-greffes-et-dialyses-chaque-jour-qui-passe-sans-vaccin-nous-menace-d

      La vaccination de ces populations « ultra-prioritaires », prévue par la Haute Autorité de santé, ne figure pas dans le calendrier vaccinal officiel, explique la présidente d’une association de patients insuffisants rénaux dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. Dans une décision du 17 décembre 2020, la Haute Autorité de santé (HAS) prévoyait une vaccination de sous-populations non âgées mais particulièrement vulnérables et exposées au SARS-CoV-2 très précocement dans la campagne. Les patients dialysés et greffés rénaux sont directement cités.

      Cette priorisation, que réclamait Renaloo, est absolument nécessaire, puisque le risque de décès du Covid-19 pour ces patients est de l’ordre de 15 %, équivalant à celui des résidents d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), bien qu’il concerne très souvent des personnes bien plus jeunes.

      La campagne vaccinale a débuté en France le 23 décembre 2020. A ce jour, la vaccination de ces patients « ultra-prioritaires » n’a, en dehors de la HAS, fait l’objet d’aucune information institutionnelle. Elle ne figure pas dans le calendrier vaccinal officiel. Elle n’a simplement pas été organisée.

      En attente de « consignes gouvernementales »

      La présence obligatoire trois fois par semaine des patients dialysés dans les centres faciliterait l’administration du vaccin. En revanche, les équipes de greffe rénale suivent au moins un, voire souvent plusieurs milliers de patients transplantés rénaux, et sont confrontées à la grande difficulté de réaliser leur vaccination dans des délais compatibles avec l’urgence qu’elle implique.
      Sur le terrain, les patients témoignent. On dit à certains être toujours dans l’attente de consignes gouvernementales pour les vacciner.

      D’autres sont envoyés directement vers les centres de vaccination, où ils se heurtent évidemment à des refus, puisque seuls les professionnels de plus 50 ans et les plus de 75 ans sont actuellement prioritaires.
      Certaines équipes prévoient d’ores et déjà de limiter la vaccination à une partie seulement de leurs patients : ceux qui auront la chance d’avoir une consultation programmée dans les quelques semaines à venir, les plus âgés – alors que, de facto, les plus de 75 ans vont accéder dans quelques jours aux centres de vaccination, suivis de près par les plus de 65 ans – ou encore les happy few , sélectionnés pour participer à des études cliniques.

      Décès et séquelles évitables

      Tous les autres seront laissés sans solution, renvoyés à une date ultérieure ou vers leur médecin généraliste, qui n’est évidemment pas en mesure de leur répondre.
      Certains se tournent en désespoir de cause vers les services d’information de l’Assurance-maladie, qui leur confirme rapidement qu’ « ils ne sont pas prioritaires ».

      Enfin, plusieurs équipes de greffe se sont vu purement et simplement interdire par leurs agences régionales de santé (ARS) de vacciner leurs patients, au motif « qu’ils ne sont pas prioritaires ».

      Dans le contexte du risque de flambée épidémique et d’émergence probable d’au moins un variant du virus plus contaminant dans les semaines à venir, ces retards dans l’organisation de l’accès au vaccin de personnes pour lesquelles il est hautement mortel ont des conséquences directes en termes de perte de chances mais aussi de décès et de séquelles évitables.
      Chaque jour qui passe sans vaccin nous menace davantage.

      Une urgence absolue

      Cette situation constitue une faute manifeste et grave dans la mise en œuvre de la stratégie vaccinale, ainsi qu’une entorse majeure au principe retenu pour la campagne en France, qui prévoit que la vaccination repose sur des critères équitables et soit d’abord accessible aux personnes les plus à risque.

      L’impossibilité d’accès au vaccin et les informations contradictoires auxquelles nous, les plus fragiles parmi les fragiles, sommes confrontés, suscitent une immense inquiétude, qui devrait nous être épargnée.

      Nous demandons que notre vaccination soit organisée sans délai, et en particulier que :
      – soit garanti notre accès prioritaire à l’ensemble des centres de vaccination, afin que tous ceux qui le souhaitent puissent obtenir un rendez-vous rapide, par Internet ou téléphone, et une première injection avant la fin du mois de janvier (même calendrier que les résidents d’Ehpad, dont le niveau de risque est équivalent) ;
      – soit assurée la bonne organisation de cet accès, et en particulier que les informations nécessaires nous soient sans aucun délai adressées, ainsi qu’à nos équipes de soins, aux centres de vaccination, aux établissements, agences régionales de santé, etc.

      Il s’agit d’une urgence absolue, médicale, éthique, et humaine.

      Renaloo est une association de patients insuffisants rénaux (maladies rénales, greffes, dialyse) www.renaloo.com.

  • « Accepter de prendre des risques pour vivre une vie pleine, c’est préférer mourir plutôt que vivre indignement »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/12/qu-est-ce-qui-est-plus-essentiel-que-de-pouvoir-decider-du-moment-de-sa-prop

    Accepter de prendre des risques – y compris celui de mourir – pour vivre une vie pleine, conviviale, épanouie, c’est d’une certaine manière préférer mourir plutôt que vivre indignement. C’est donc vouloir la mort plutôt qu’une vie rétrécie. Or ceux qui, en raison des souffrances, des handicaps et de la dépendance que provoquent la vieillesse ou la maladie, choisissent délibérément de mourir, que font-ils d’autre ? Il est incohérent de défendre le choix d’une vie qui inclut la mort d’un côté et de refuser la liberté de choisir celle-ci au terme d’une réflexion approfondie, conduisant à estimer sa vie « accomplie ».

    #biopolitique #paywall

    • Comment les plus âgés doivent-ils pouvoir gérer le risque lié à la pandémie due au coronavirus ? Le philosophe François Galichet défend le droit à vouloir la mort plutôt qu’une vie rétrécie.

      Tribune. La psychologue Marie de Hennezel, dans un vibrant plaidoyer (« Notre réaction au Covid-19 montre que plus on dénie la mort, moins on tolère le risque et l’incertitude », Le Monde du 8 janvier https://seenthis.net/messages/850474), défend le droit des plus âgés à « retrouver le sens des choses et aller droit à l’essentiel », et notamment à ne plus dénier la mort : « Plus on dénie la mort, moins on tolère le risque et l’incertitude. »

      Ce plaidoyer aura certainement fait sursauter tous ceux qui savent que Marie de Hennezel est une farouche adversaire de la liberté de mourir. Elle dénonce une politique qui « a voulu protéger les plus âgés en les infantilisant parfois, en les privant de leur libre choix de décider ce qui était essentiel pour eux ». Mais qu’est-ce qui est plus essentiel que de pouvoir décider du moment de sa propre mort ?

      Ce refus de l’infantilisation est effectivement attesté par de nombreuses enquêtes auprès des seniors. « Oui, je prends le risque, je préfère me sentir vivant et aller voir ma famille quitte à mourir, mais en restant libre. A notre âge, on veut profiter de ce qui nous reste. » Ils affirment préférer « vivre que durer » (« Covid-19 : “A notre âge, on veut profiter de ce qui nous reste” », Le Monde du 5 septembre 2020).

      Le refus de vivre indignement

      Accepter de prendre des risques – y compris celui de mourir – pour vivre une vie pleine, conviviale, épanouie, c’est d’une certaine manière préférer mourir plutôt que vivre indignement. C’est donc vouloir la mort plutôt qu’une vie rétrécie. Or ceux qui, en raison des souffrances, des handicaps et de la dépendance que provoquent la vieillesse ou la maladie, choisissent délibérément de mourir, que font-ils d’autre ? Il est incohérent de défendre le choix d’une vie qui inclut la mort d’un côté et de refuser la liberté de choisir celle-ci au terme d’une réflexion approfondie, conduisant à estimer sa vie « accomplie ».

      C’est pourquoi j’invite Marie de Hennezel à assumer son plaidoyer jusqu’au bout. Les personnes que j’ai accompagnées dans leur choix de mourir délibérément, comme celles qui détiennent les moyens de le faire, témoignent exactement des qualités qu’elle décrit chez les seniors.

      Lire aussi En temps de Covid-19, « les vieux entendent aussi décider de leur mort »

      Comme le montre l’enquête que j’ai menée auprès d’elles (dans mon livre Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? , Odile Jacob, 2020, chapitre 5), « elles organisent leur vie autour de ce qui est pour elles essentiel ». Elles entretiennent « un autre rapport au temps » et jouissent de tous les bienfaits de la vie, parce qu’elles savent qu’elles peuvent en sortir si elle devient intolérable. Elles ont une relation plus sereine avec leurs proches, parce qu’elles sont certaines de n’être jamais un poids pour eux.

      Seul pays d’Europe à l’interdire

      Les sondages montrent que 96 % des Français sont favorables à une aide à mourir. L’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Autriche l’ont légalisée ou s’apprêtent à le faire, après la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse. La France sera bientôt le seul pays d’Europe à l’interdire, comme elle a été l’un des derniers à abolir la peine de mort.

      Lire aussi « La médecine des personnes âgées ne peut pas tourner indéfiniment le dos à la liberté et à la mort »

      Refuser l’aide à une mort délibérée, c’est entretenir le déni de la mort que Marie de Hennezel prétend combattre ; c’est en faire une fatalité et non une composante fondamentale de notre liberté, comme l’ont reconnu bien des philosophes : Platon, Sénèque, Montaigne, Hume, Nietzsche, Cioran, entre autres.

      Un projet de loi vient d’être déposé au Sénat pour légitimer enfin l’aide à mourir. Après tant d’occasions manquées, celle-ci sera-t-elle la bonne ?

      #vieux (et, par extension, #malades...) #loi_sur_la_fin_de_vie #aide_à_mourir #suicide_assisté #éthique #euthanasie

  • Avec les brigades sanitaires du Covid-19 : « Les gens ont de plus en plus de mal à accepter les consignes »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/14/les-gens-ont-de-plus-en-plus-de-mal-a-accepter-les-consignes-avec-les-brigad

    Au printemps, la Sécurité sociale a mis en place des centres d’appels où des conseillers sont chargés du suivi des malades de l’épidémie et du traçage des cas contacts. A Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord, ils jouent un rôle sanitaire et social déterminant.

    Sullyvan Massy Notebaert jette un coup d’œil rapide à l’écran de son ordinateur. Les noms des malades à appeler en priorité apparaissent. Son casque sur les oreilles, le jeune homme compose un numéro. Il adopte le ton aimable d’un vendeur de parfums. Sauf que c’est du #Covid-19 qu’il doit parler, avec une sexagénaire dont le test s’est révélé positif. La dame s’applique à répondre aux questions de Sullyvan.

    Son histoire avec la maladie est simple, presque banale. Elle s’était confinée chez sa fille et son gendre. Le gendre a été atteint le premier, puis sa fille quelques jours plus tard. Comme elle « regarde les informations à la télévision » , la dame a fait sa valise pour rentrer rapidement chez elle. Après avoir consulté son médecin traitant, elle s’est fait tester le lendemain. C’était son tour. Ça ne l’a pas étonnée, elle commençait à tousser, à se sentir fiévreuse.

    A Sullyvan, elle jure n’avoir « pas vu un chat » depuis son retour dans son appartement. Pas de cas contact à prévenir, donc. Pour faire ses courses, le conseiller l’incite à utiliser le drive ; elle y avait déjà pensé. De toute façon, ses placards sont pleins, « comme si j’avais anticipé le truc », s’amuse-t-elle. La conversation dure encore une dizaine de minutes, la malade fait traîner. A plusieurs reprises, elle glisse qu’à son âge ce n’est pas facile le célibat et la solitude. « Au moins, vous pouvez vous isoler plus facilement ! », plaisante Sullyvan.

    Elle en rit volontiers, mais quelque chose la chiffonne : « On faisait tous très attention, les distances, le masque, le gel, nous sommes des personnes responsables, je ne comprends pas comment on l’a attrapé. » « Vous n’avez pas à vous en vouloir, répond Sullyvan, soucieux de la déculpabiliser, il n’y a pas de risque zéro. » Le jeune homme finit par raccrocher en répétant : « Ça va bien se passer, ne vous inquiétez pas. » Il sourit. L’entretien s’est déroulé de façon idéale : une malade coopérative, informée, aimable. « La plupart des gens sont comme ça », tient-il à préciser.

    Rôle à multiples facettes

    Sullyvan Massy Notebaert, 25 ans, est l’un des 10 000 agents formés par la #Sécurité_sociale au suivi des malades et au suivi de #cas_contacts pour éviter la propagation du virus. Ici, à Villeneuve-d’Ascq, l’un des quatre centres que compte le département du Nord (2,6 millions d’habitants), ils sont plus d’une centaine à se relayer ainsi, sept jours sur sept, derrière les téléphones ; trente de plus travaillent de chez eux.

    Leur mission : convaincre les malades de s’isoler, prévenir les cas contacts et les inciter à faire de même. Mais aussi informer, orienter les précaires et les fragiles, ceux pour lesquels le virus entraîne des souffrances en cascade (perte d’emploi, dépression, violence, isolement…). Rassurer également, lutter contre les « fake news », jouer tout à la fois le rôle de conseiller médical, d’assistant social et de psychologue.

    L’ancien premier ministre Edouard Philippe les avait surnommés les « brigadiers ». Ici, le terme ne plaît guère. « Trop militaire, trop anxiogène, juge Karine Brillault, la responsable de la plate-forme. Nous sommes là pour aider, on veut être sympathiques. » Elle préfère le terme de « conseiller » ou le neutre « collaborateur », très en vogue dans le monde du travail.

    « Ne pas trop se faire balader »

    Quand le gouvernement a demandé à l’Assurance-maladie de se mettre au #traçage des cas contacts, au moment du déconfinement de mai, [pffff..., ndc] l’institution a dû s’adapter à toute vitesse et monter des centres d’appels à travers le pays. « Nous avons eu dix jours pour faire face dans l’urgence et créer de nouveaux services, se souvient Hélène Saumitou Laprade, directrice adjointe de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) du Nord. On a dû mettre en place un système qui permette d’aller plus vite que la diffusion du virus pour briser la chaîne de contamination. Ce n’est pas dans notre ADN premier de gérer une crise sanitaire, on a dû innover. » En plus de l’appel au volontariat en interne, il a fallu recruter. « On cherchait des têtes bien faites, des jeunes qui savent s’exprimer correctement, qui maîtrisent l’informatique et ont le sens du contact », explique Mme Brillault.

    M. Notebaert, diplômé en master de sciences politiques – au chômage depuis que le magasin de vêtements dans lequel il travaillait a fermé avec le confinement –, avait le profil idéal, le genre à pouvoir gérer des situations complexes après une seule petite journée de formation. A quelques mètres de lui, Adam Delory, 25 ans, col roulé sombre et sourire lumineux, a également vite compris ce que l’on attendait de lui : « Il ne faut pas trop se faire balader par le patient, ne pas le laisser prendre la main sur la discussion, car on a des messages essentiels à faire passer, et savoir s’adapter aux situations. Si on entend un enfant en bas âge pleurer derrière, par exemple, il faut aller à l’essentiel. »

    Au début de l’été, les équipes étaient prêtes, mais le virus, lui, se faisait tout discret. « C’était la drôle de guerre, on attendait, mais il ne se passait rien, raconte Baptiste Marchand, directeur santé de la CPAM du Nord. Quand la deuxième vague a éclaté, au moins, nous étions prêts. » Après des semaines exténuantes, les agents commencent enfin à souffler avec le ralentissement de l’épidémie.

    L’outil informatique s’est perfectionné, eux-mêmes se sont rodés. « Au début il y avait des bugs, certaines personnes étaient appelées plusieurs fois, d’autres pas », reconnaît Mme Brillault. Aujourd’hui, alors que l’ensemble du processus – la fameuse stratégie « tester, tracer, isoler », mise en place au printemps – s’est amélioré (mise à disposition des #tests, réduction des délais d’attente des résultats, meilleure transmission des données par les labos), l’Assurance-maladie peut se targuer de contacter 94 % des #malades entre quatre et vingt-quatre heures après leur résultat.

    La confusion règne

    Ici, à Villeneuve-d’Asq, nous ne sommes pas dans un #centre_d’appels comme ceux des produits commerciaux. « On n’est pas là pour vendre des doubles vitrages », résume Adam Delory. Chaque conseiller a devant lui un calendrier en carton, pour calculer les dates de période d’isolement et de contagiosité en fonction des contaminations, des premiers symptômes, du résultat des tests. Il dispose aussi d’un épais script de sujets à aborder, qui évolue au gré des consignes venues d’en haut. Dernière en date : « Faire la promotion de l’application TousAntiCovid ».

    Autre particularité, ils peuvent consacrer le temps qu’ils veulent à un appel. « J’ai eu une dame furieuse au téléphone, car son fils avait reçu un résultat positif six jours après avoir fait le test, se souvient Kevin Quelquejeu, 28 ans, vêtu d’une salopette et d’un peu discret pull de Noël. Elle était très angoissée, car il avait subi une lourde opération l’année précédente. Elle pleurait beaucoup, je suis restée avec elle une heure et quart au bout du fil, à la fin ça allait mieux. »

    Les questions les plus fréquentes tournent autour de la durée de l’#isolement, de la contagiosité, des personnes asymptomatiques, des tests, de l’immunité. « Pour beaucoup, ce n’est pas clair, poursuit sa collègue Céline Turpin, élégante infirmière de 40 ans. Entre ce qu’ils entendent dans les médias, chez leur médecin, à la pharmacie ou chez leurs voisins, ils sont un peu perdus. » Il faut dire que, depuis des mois, tout et son contraire, ou presque, a été dit au sujet de la pandémie. Sur la période d’isolement, entre les quatorze jours annoncés au départ, puis les sept jours, beaucoup de patients n’y comprennent plus rien. Mais plutôt que de parler d’ « informations contradictoires », ici on préfère évoquer « l’évolution des directives ».

    « On sent le ras-le-bol qui monte »

    Le plus difficile : convaincre les gens de rester à l’isolement. Les cas contacts ont du mal à se plier aux règles, surtout lorsqu’ils en sont à leur deuxième ou troisième fois. La veille de notre arrivée à Villeneuve-d’Asq, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de rendre obligatoire l’isolement, une hypothèse évacuée depuis. Le vaste open space, avec ses bureaux disposés en marguerite, bruisse de cette déclaration. Contraindre les gens à rester chez eux, ici, personne n’y croit. « Impossible à mettre en œuvre », estime-t-on. Evidemment, tous savent que certains malades mentent et continuent à sortir.

    L’isolement pose de nombreux problèmes, économiques, sociaux et psychologiques. « Certains entrepreneurs testés positifs nous disent : “Je dois retourner travailler, je ne peux pas laisser mes salariés seuls, je connais les gestes barrières, je porterai un masque et je resterai dans mon bureau”, explique Céline Turpin, l’infirmière qui a intégré la plate-forme après s’être portée volontaire dans une structure hospitalière, lors de la première vague. Il faut essayer de les convaincre. Et quand on repère des problèmes sociaux qui empêchent l’isolement, on oriente sur des numéros d’aide. »

    A quelques bureaux du sien, Nathalie Ruszczynski, infirmière également, gère une situation complexe au téléphone. Une patiente explique avoir bénéficié d’un #arrêt_maladie en tant que cas contact. Entre-temps, elle a été dignostiquée positive et a donc de trois #jours_de_carence pour son arrêt. Une double peine, selon elle. « Je comprends », assure son interlocutrice tout en lui rappelant que c’est la règle : les cas contacts ne perdent pas de salaire, les « covidés » si…

    « Il faut toujours rester calme, tout en étant ferme, dit la conseillère. Ils doivent sentir que ce qu’on dit est la consigne officielle, sinon la confiance n’est pas là. Les gens ont de plus en plus de mal à accepter les consignes, ça dure depuis si longtemps… Ils sont angoissés aussi, quel que soit leur âge ou leur situation sociale. » « Ils saturent, renchérit Kevin Quelquejeu, qui a atterri ici après la fermeture de Disneyland Paris, où il enchaînait les CDD depuis quatre ans. On sent le ras le bol qui monte à l’approche de Noël. » Chacun des conseillers s’est fait raccrocher au nez au moins une ou deux fois – rien de bien grave sur des milliers d’appels. De l’avis de tous, les malades sont plutôt avides de discussion. Les plus hostiles aux mesures gouvernementales, eux, ne répondent pas au téléphone.

    Stratégies de communication

    Pour convaincre leurs interlocuteurs de s’isoler, les agents misent sur la persuasion, voire la culpabilisation. Des éléments de langage leur ont été donnés. Le mot « protection » fait ainsi figure de formule magique. « Ce sont des techniques de communication, assume Karine Brillault. Celle de l’écoute active désamorce beaucoup de colères. »

    L’apparente connivence aussi. « Je les caresse dans le sens du poil, confie en souriant Adam Delory. Si quelqu’un me dit qu’il veut retourner travailler, je lui réponds que je le comprends, que je ne l’oblige à rien. Comme ça, il baisse la garde et je peux le convaincre plus facilement en faisant appel à son sens des responsabilités. Une alliance doit se créer entre eux et nous. Ce job, c’est à 70 % de la psychologie. »

    Pour Kevin, le jeune homme si optimiste qu’il porte des pulls de Noël dès novembre, « il ne faut surtout ne pas être dans le jugement, ne pas faire de reproches ». Lui aussi a sa technique pour calmer les énervés ou les récalcitrants : « Je leur dis : “Je suis là pour vous faire des recommandations, pas pour vous fliquer. On est tous dans la même situation, moi aussi, j’en ai marre de ce confinement”. » « Même si on ne déplace pas des montagnes, j’ai l’impression de servir à quelque chose », ajoute-t-il, satisfait de « l’expérience humaine » qu’il vit depuis septembre. Mais, quand on l’interroge sur son avenir, il n’hésite pas une seconde : dès que la situation sanitaire le permettra, il retournera travailler à Disneyland.

    Toujours aucun article d’ensemble à ma connaissance sur les #agents_de_santé de terrain, et pas de plateforme, à l’exception de quelques papiers sur #covisan à Paris et un peu en IDF. Or, à part la Nouvelle Zélande et l’Australie où je ne sais quelle a pu être leur rôle, je vois pas un seul pays qui ai réussi quelque chose contre le covid qui n’en ai pas employé/utilisé un grand nombre (y compris sous la forme des "comités de quartier" de la dictature chinoise). Et ce dans un pays champion des CDD où on nous bassine depuis 40 ans avec l’exigence de flexibilité. L’âne gouvernemental n’a pas soif de #santé_publique.

  • « Tout ce que nous avons appris du sida est effacé, on gère cette épidémie comme si c’était la première » - Christian Lehmann donne la parole à un militant d’Act up
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/30/il-est-temps-d-envoyer-chier-ces-mandarins-egocentriques_1803948

    J’ai rencontré Fred Bladou dans une autre vie, en 2007, quand je militais au côté d’Act Up contre les franchises qu’imposait Nicolas Sarkozy pour défaire la prise en charge solidaire des soins. Jeune médecin en loden, bon client pour les journaux télévisés, j’ai été adopté par cette troupe courageuse. Ces « usual suspects » n’hésitaient pas à zapper les meetings de Sarkozy, à asperger de faux sang l’entrée du ministère de la Santé. Ils poursuivaient dans les allées de Solidays Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, qui réformait l’hôpital public et mettait en place la tarification à l’activité et des économies drastiques qui ont fait le lit de la situation actuelle. Nous avons perdu. Les malades ont payé dans leur chair. Parce qu’il n’y avait déjà pas d’argent magique, et que piquer de la petite monnaie dans la poche des cancéreux et des séropos était mieux vu que de taxer les stock-options, comme l’avait alors proposé Philippe Seguin, qui n’était pourtant pas exactement le sous-commandant Marcos. Toujours militant, toujours en colère, toujours activiste du sida, Fred Bladou aborde le Covid avec en mémoire la lutte contre cette autre pandémie :

    [...]

    « Françoise Barré-Sinoussi et Jean-François Delfraissy ont demandé à de nombreuses reprises la création d’une instance citoyenne composée d’acteurs de la santé, de citoyens, d’associatifs. Ces demandes sont restées vaines. La santé de toute la population ne dépend que de la décision politique sur fond de luttes fratricides entre médecins médiatiques et experts choisis prompts à soutenir un Etat défaillant. L’expérience du sida nous a enseigné que les politiques publiques, la prévention et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH se construisent entre médecins, décideurs politiques et représentants associatifs des groupes les plus exposés. Pour qu’une stratégie de santé fonctionne, il faut susciter l’adhésion du plus grand nombre. On construit avec les gens et pas pour les gens.

    « Les erreurs du gouvernement ont lâché sur la Toile des milliers de conspirationnistes. Il faut changer de braquet et coconstruire avec le peuple, une stratégie adaptée. Il est temps d’envoyer chier ces quelques mandarins égocentriques qui monopolisent le débat public et les chaînes d’infos pour vendre un traitement inefficace. Il est temps de prendre la place des associations plus préoccupées par leur train de vie et les cocktails ministériels que par notre survie, notre bien-être et notre qualité de vie.

    #act-up #sos_addictions #serge_bladou #réduction_des_risques #auto_support #acteurs_de_santé #covid-19 #prévention #mensonges_d'État #madarins #conspirationnistes #usagers_du_système_de_santé #malades

  • How #ICE Exported the Coronavirus

    An investigation reveals how Immigration and Customs Enforcement became a domestic and global spreader of COVID-19.

    Admild, an undocumented immigrant from Haiti, was feeling sick as he approached the deportation plane that was going to take him back to the country he had fled in fear. Two weeks before that day in May, while being held at an Immigration and Customs Enforcement detention facility in Louisiana, he had tested positive for the coronavirus — and he was still showing symptoms.

    He disclosed his condition to an ICE official at the airport, who sent him to a nurse.

    “She just gave me Tylenol,” said Admild, who feared reprisals if his last name was published. Not long after, he was back on the plane before landing in Port-au-Prince, one of more than 40,000 immigrants deported from the United States since March, according to ICE records.

    Even as lockdowns and other measures have been taken around the world to prevent the spread of the coronavirus, ICE has continued to detain people, move them from state to state and deport them.

    An investigation by The New York Times in collaboration with The Marshall Project reveals how unsafe conditions and scattershot testing helped turn ICE into a domestic and global spreader of the virus — and how pressure from the Trump administration led countries to take in sick deportees.

    We spoke to more than 30 immigrant detainees who described cramped and unsanitary detention centers where social distancing was near impossible and protective gear almost nonexistent. “It was like a time bomb,” said Yudanys, a Cuban immigrant held in Louisiana.

    At least four deportees interviewed by The Times, from India, Haiti, Guatemala and El Salvador, tested positive for the virus shortly after arriving from the United States.

    So far, ICE has confirmed at least 3,000 coronavirus-positive detainees in its detention centers, though testing has been limited.

    We tracked over 750 domestic ICE flights since March, carrying thousands of detainees to different centers, including some who said they were sick. Kanate, a refugee from Kyrgyzstan, was moved from the Pike County Correctional Facility in Pennsylvania to the Prairieland Detention Facility in Texas despite showing Covid-19 symptoms. He was confirmed to have the virus just a few days later.

    “I was panicking,” he said. “I thought that I will die here in this prison.”

    We also tracked over 200 deportation flights carrying migrants, some of them ill with coronavirus, to other countries from March through June. Under pressure from the Trump administration and with promises of humanitarian aid, some countries have fully cooperated with deportations.

    El Salvador and Honduras have accepted more than 6,000 deportees since March. In April, President Trump praised the presidents of both countries for their cooperation and said he would send ventilators to help treat the sickest of their coronavirus patients.

    So far, the governments of 11 countries have confirmed that deportees returned home with Covid-19.

    When asked about the agency’s role in spreading the virus by moving and deporting sick detainees, ICE said it took precautions and followed guidelines of the Centers for Disease Control and Prevention. As of last week, ICE said that it was still able to test only a sampling of immigrants before sending them home. Yet deportation flights continue.

    https://www.themarshallproject.org/2020/07/10/how-ice-exported-the-coronavirus

    #covid-19 #coronavirus #USA #Etats-Unis #migrations #migrerrance #renvois #expulsions #déportations #avions #transports_aériens #contamination #malades #rétention #détention_administrative #asile #réfugiés #déboutés #distanciation_sociale #swiftair #visualisation #cartographie #géographie

    ping @isskein @simplicissimus @karine4 @reka

  • Imen Mellaz
    @Mellazimen
    https://twitter.com/Mellazimen/status/1272929930611953666

    Cette femme, c’est ma mère. 50 ans, infirmière, elle a bossé pendant 3 mois entre 12 et 14 heures par jour. A eu le covid. Aujourd’hui, elle manifestait pour qu’on revalorise son salaire, qu’on reconnaisse son travail. Elle est asthmatique. Elle avait sa blouse. Elle fait 1m55.

    On ose me dire au téléphone, évidemment, « qu’on ne sait pas ce qu’il s’est passé avant ces vidéos, mais ayez confiance, si elle n’a rien fait on la relâche ». Oui, comme #AdamaTraore par exemple ? Bien sûr, « ayez confiance ». Elle est actuellement en garde à vue.

    Rien ne justifie de TOUTE FACON une telle interpellation. Pas quand on est désarmée, pas en blouse, pas quand on fait 1m55, pas face à autant de robocop. Non, non et non.

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    Remy Buisine
    @RemyBuisine
    https://twitter.com/RemyBuisine/status/1272935058630983681

    Une femme en blouse blanche, tirée par les cheveux, durant une interpellation, finira évacuée le visage en sang durant la manifestation aux Invalides. Elle réclamera à plusieurs reprises sa Ventoline.

    Images issue de mon direct sur @brutofficiel
    (1H45). #soignants

    #manif16juin #soignants #soignantes

  • Le gouvernement veut créer un #fichier pour les malades du coronavirus

    Le projet de loi du gouvernement prévoit la création d’un fichier spécifique rassemblant les noms des #malades du #Covid-19 ainsi que de leurs contacts. Et ce « sans le consentement » des personnes concernées.

    Comment assurer le #suivi des malades du Covid-19 et des personnes qu’ils ont croisées ? C’est pour répondre à cette question que le gouvernement entend créer un nouveau fichier, prévu par le projet de loi prorogeant l’#état_d’urgence_sanitaire, qui devrait être examiné par les parlementaires les 4 et 5 mai.

    L’article 6 du texte prévoit en effet que soient rassemblées dans un même fichier toutes les informations susceptibles d’aider à la reconstitution, par des « #brigades » d’#enquêteurs_épidémiologiques, des #relations de chacun. Le fichier, non anonyme, devrait ainsi contenir l’#identité des malades et les résultats de leurs #examens_biologiques, mais aussi plus largement la liste des personnes croisées au cours des derniers jours – car « présentant un #risque_d’infection » -, leur #adresse et leurs #déplacements. Et ce afin d’opérer, peut-on lire dans le texte du gouvernement une « #surveillance_épidémiologique aux niveaux national et local ».

    Plusieurs administrations auront accès aux données

    Le nouveau fichier, qui n’a aucun lien avec l’application de #traçage #StopCovid, dont Olivier #Véran a annoncé qu’elle ne serait pas prête le 11 mai, abritera ces #informations, d’abord collectées par le #médecin_traitant puis par les « brigades » de l’#Assurance_maladie. Des #données_personnelles extrêmement sensibles qui seront ensuite mises à la disposition non seulement des professionnels de santé en charge du suivi des personnes malades, mais aussi de plusieurs administrations comme le #ministère_de_la_santé, le service de santé des #armées, l’Assurance maladie et les #Agences_régionales_de_santé.

    Le dossier est d’autant plus sensible que les données dont il est question sont en partie couvertes par le #secret_médical. « Comme lorsque nous consultons un confrère à propos d’un patient ou lorsque nous envoyons à l’Assurance maladie les motifs médicaux d’arrêt de travail, nous serons dans le cadre d’un #secret_médical_partagé », assure le docteur Jacques Battistoni, président du premier syndicat de médecins généralistes, #MGFrance. Les #généralistes seront chargés de collecter les premières informations sur le « #premier_cercle » fréquenté par un malade dans le fichier. Ils ont d’ailleurs reçu un courrier en ce sens, jeudi 30 avril, signé par Nicolas Revel, le patron de l’Assurance maladie.

    « Je comprends que ce système puisse impressionner, car il contient des #informations_sensibles et personnelles, mais c’est un moindre mal. Il me semble vraiment indispensable si l’on ne veut pas que l’#épidémie reparte », souligne le docteur Battistoni.

    Une transmission de données « sans le #consentement des personnes »

    Autre question sensible, au cœur de ce nouveau fichier : la #transmission_des_informations qu’il contient sera opérée « sans le consentement des personnes intéressées », peut-on lire dans le projet de loi gouvernemental. Une précision qui inquiète plusieurs observateurs, comme le président de l’#Union_française_pour_une_médecine_libre (#UFML), le docteur Jérôme Marty. « Le consentement est l’un des socles de la médecine. Le fait de ne pas demander le consentement de son patient pour constituer un fichier est sans précédent. La situation d’#urgence ne peut pas tout justifier », alerte-t-il.

    « Imaginez le scandale si nous avions fait ce genre de fichiers pour le sida, poursuit-il. Cela pose un problème #éthique et déontologique important. » Ce praticien réclame l’avis Conseil de l’Ordre sur le sujet, mais aussi celui du Comité national d’éthique, de l’Académie de médecine, de la Cnil et du Conseil constitutionnel.

    « Garde-fous »

    « Que signifie cette absence de consentement ? », interroge quant à lui l’avocat Thierry Vallat. Ce spécialiste des données personnelles estime que des « #garde-fous » devront ainsi être nécessaires. « Il faut définir très précisément qui collectera les informations, la liste des informations précises, qui pourra y avoir accès et surtout pour combien de temps », insiste l’avocat. Sur ce dernier point, le gouvernement prévoit la disparition du fichier « au plus tard » un an après la promulgation de la loi.

    Mais surtout, l’avocat s’inquiète d’éventuelles #fuites de données. « Nous sommes dans un contexte exceptionnel où les services de l’État agissent très rapidement, et risquent de ne pas avoir le temps de sécuriser ce nouveau fichier. Or les données de santé font régulièrement l’objet de fuites, et elles sont extrêmement convoitées », estime-t-il.

    Dans l’ensemble, l’architecture de ce nouveau dispositif demeure assez floue. Et pour cause : il devrait ainsi être précisé, après coup, par un #décret d’application. Ce qui permettra de consulter la Cnil sur ce nouveau fichier. Jusqu’à maintenant, la Commission indépendante n’a en effet pas été sollicitée sur ce dossier sensible.

    https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sante/Le-gouvernement-veut-creer-fichier-malades-coronavirus-2020-05-03-12010923
    #coronavirus #France #loi #déontologie
    ping @etraces @isskein