• Ô mon #français !

    J’ai passé ma jeunesse à suer sur des dictées à quatre points la faute, j’ai même fini par aimer ça. Suffisamment pour m’en infliger en dehors de l’école. J’ai le souvenir d’une dictée de Pivot, retransmise en direct à la télé, que j’avais tenu mordicus à faire. Télé vieillotte, en noir et blanc avec un écran qui crépitait et un son qui grésillait, dont il fallait ajuster la fréquence de la chaine à la main à l’aide d’un bouton-potentiomètre. Évidemment, je n’étais pas très fort, et j’enfilais les fautes comme les perles. Mais j’étais fier de faire mon maximum pour faire honneur à ma langue maternelle. Paternelle aussi, d’ailleurs. Et puis j’ai appris l’anglais, avec difficulté, tant bien que mal. Ça me paraissait au moins autant abscons et complexe que le français, mais c’était ainsi. Plus tard, j’étais en Italie, alors j’ai appris l’#italien. Également avec des efforts (je ne suis pas particulièrement doué pour les langues étrangères), mais le quotidien aidant, au bout de quelques mois (enfin, environ douze !) je fus capable de tenir une conversation. J’ai compris que l’italien était bien plus simple (et cela n’empêche pas les Italiens d’avoir une culture très riche !) que le français, ne serait-ce que parce qu’il se prononce quasiment comme il s’écrit (et inversement). Contrairement au français (et à l’anglais). De quoi avoir 20/20 à une dictée d’italien. Mais pour la peine, ça ne serait pas drôle. Donc il n’y a pas de dictée en italien.

    Plus tard je suis tombé sur la vidéo d’une courte conférence intitulée « la faute de l’orthographe » par deux profs belges (inventez un mot, puis calculez combien il y aurait – théoriquement – de manières de l’écrire en français). Cette vidéo m’a ouvert l’esprit. J’ai compris que l’orthographe n’était qu’un #outil. Que la langue n’était qu’un outil ; pour communiquer, transmettre des idées, en l’occurrence. Et que si l’outil était moins complexe à utiliser qu’il ne l’est, le temps incommensurable que l’on passe à l’étudier, à tenter d’essayer de l’apprivoiser, à éventuellement vouloir le maitriser, pourrait être dédié à faire des choses plus constructives. Des maths, de la physique, écrire, lire, réfléchir, jouer de la musique, ou avec son chat, faire du ski de rando ou grimper, bref, d’autres trucs. L’orthographe devait redescendre du piédestal sur lequel mes études l’avaient placé.

    Dans le même temps (ou avant, même, plutôt), cette histoire d’#écriture_inclusive commençait à infuser. Franchement, ajouter des points au milieu des mots dans une langue aussi complexe, ça n’allait pas aider. N’était-ce pas barbare ? En plus l’#Académie_française avait pris position contre cette incongruité. Alors…

    Et puis j’ai commencé à faire pas mal de vélo, je me suis acheté un casque à conduction osseuse pour pouvoir écouter des podcasts assis sur ma selle. J’en écoute à la pelle. Je suis tombé sur les émissions de Binge Audio, je ne sais plus trop comment, et surtout sur le podcast de #Laélia_Véron, « Parler comme jamais » (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais). Notamment un épisode intitulé « Écriture inclusive : pourquoi tant de haine ? » que j’ai écouté par curiosité (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais/ecriture-inclusive-pourquoi-tant-de-haine). J’ai compris alors que l’écriture inclusive ne se limitait pas au point médian, loin s’en faut. Il y a beaucoup d’autres choses à côté. Mais alors pourquoi autant d’efforts à vouloir peser sur l’usage ? Simplement parce que les linguistes ont montré qu’une #langue_genrée avait un effet pas du tout négligeable sur les #inégalités_de_genre dans la société. Le linguiste #Pascal_Gygax, auteur de telles études, conclut un article de vulgarisation ainsi : « L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la #masculinisation de la langue et les données disent que la #masculinisation_de_la_langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. À partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir » (https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant). Quand il a commencé à vulgariser son travail, il a reçu une flopée d’insultes. Décidément, touchez pas au français… Et pourtant, y toucher, volontairement, c’est changer potentiellement les rapports au monde de la moitié de l’humanité (tout au moins des francophones).

    L’oppression de la femme par l’homme ne date pas d’hier, et le langage a été modelé par l’homme en ce sens au cours de l’histoire (comme pour leur interdire l’accès à certaines professions, par exemple). Le #patriarcat a ainsi fait son œuvre notamment via ce moyen de communication entre les humains et les humaines. Il semble n’y avoir que peu de langues, dans le monde, tout au moins celui qui vit dans les sociétés dites occidentales (même si elles sont aussi à l’orient suite aux colonisations), qui ne sont pas genrées, et ainsi, masculinisées.

    Le patriarcat est une forme de #capitalisme. Ce dernier est l’#exploitation des ressources naturelles (ce que l’on nomme pudiquement externalités !) ad nauseam, qui génère des pollutions (autres externalités) ad nauseam, mais c’est aussi l’exploitation des humains (ressources « humaines »). Dans ce cadre, le patriarcat se fait un malin plaisir à exploiter un peu plus les femmes. Dès qu’il s’agit d’augmenter les profits et de trouver des marchés, le capitalisme n’a aucune limite, même si l’Histoire a tout de même réussi à mettre fin au marché de l’esclavagisme. Enfin, pas partout ; et les femmes y sont probablement les plus mal loties.

    Pour mettre fin à ce capitalisme destructeur (de la planète, des sociétés humaines, de l’humanité), et à ses avatars que sont les nombreuses inégalités, dont les inégalités de #genre sous la forme du patriarcat qui perdurent y compris en France, il n’y a pas qu’une façon de faire, une méthode idéale, tracée, parfaite, avec un protocole qui resterait à appliquer. Ce qui est sûr, c’est que sans aplanir ces inégalités, c’est voué à l’échec, comme en témoigne le mouvement des Gilets Jaunes. La « solution » est nébulaire et diffuse, c’est pourquoi il faut faire feu de tout bois et utiliser tous les leviers disponibles. La langue, qui est l’outil avec lequel nous communiquons, est dans cette lutte d’une capitale importance : elle fabrique et façonne notre société ainsi que les rapports que nous avons entre nous.

    La langue française actuelle (re)construite historiquement petit à petit par la classe bourgeoise masculine dominante comme un outil d’accès réservé à l’#élite (masculine) n’est pas immuable : l’outil peut très bien être retourné pour servir la cause. Et donc évoluer dans une direction souhaitable. Inclusive. En somme, un effort minuscule (changer à la marge notre façon d’écrire et de parler) pour un résultat immense : une diminution des inégalités de genre ! Le jeu en vaut certainement la chandelle d’autant qu’il est appuyé par les résultats de la #linguistique. Les enjeux écologiques de frontières planétaires que nous sommes en train de dépasser sont très liés à la question des #inégalités : toute l’humanité n’est pas responsable des pollutions diverses et variées, seulement une minorité, la plus riche. Inégalités de richesse donc, mais aussi, et c’est lié, de genre, de race, de handicap, de classe, de religion, nord-sud, et j’en passe. Dans le jeu de celui qui est le plus fort, ce dernier trouve toujours un moyen d’enfoncer les plus faibles ; et tous les coups sont permis.

    Quand on identifie un nouvel outil dont il est démontré [1] qu’il pourrait permettre de diminuer une partie de ces inégalités pourquoi s’enfoncer dans un #conservatisme mortifère ? Allons-y ! Qu’avons-nous à perdre ? Le #français_inclusif, même si les études scientifiques se trompaient sur sa propension à diminuer les inégalités de genre, n’en serait pas moins toujours le moyen de communication au sein des sociétés francophones. Quant au #point_médian, ce n’est jamais qu’un raccourci à l’écrit, il n’est pas obligatoire [2], alors pourquoi tant de haine ? Je vous conseille la lecture de « Eutopia » de Camille Leboulanger, un roman qui raconte une société où la notion de propriété privée est abolie (non seulement des habitations, mais aussi de la nature, et même la notion de famille est revisitée !), seule perdure la propriété d’usage. Le roman est écrit au féminin générique. Vous verrez, ça rafraichit !

    Mais la langue française n’attise pas les passions que sur les questions de genre. Je vous invite à lire le tract Gallimard « Le français va très bien, merci » par le collectif des Linguistes atterrés (https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci). Quelques citations glanées çà et là pour un panorama de ce que j’en retiens : « Le français n’a jamais été homogène. Le #standard unique est un mythe. » 300 millions de personnes parlent français dans le monde, il fait partie des cinq langues les plus parlées sur la planète. « Le français n’est pas envahi par l’anglais. […] Le contact entre les langues ressemble davantage à un jeu à somme positive qu’à une guerre : ce que « gagne » l’une, l’autre ne le perd pas. […] Le #mélange, l’impur sont signe de vitalité pour une langue. Le séparé, le pur, une vue de l’esprit, un idéal, une langue statufiée. La langue se renouvèle d’abord parce que le monde change et qu’il faut le nommer, pour le meilleur et pour le pire (« covid » est-il un mot anglais ou français ?), mais aussi par besoin expressif, par jeu, pour faire place aux jeunes, aux autres, à l’altérité. » Autre idée reçue : « le français n’est pas règlementé par l’Académie française. » Elle n’a aucun pouvoir sur la langue, et ne renferme aucun (ni aucune d’ailleurs) spécialiste de la langue puisqu’aucun (ni aucune) linguiste n’y siège. Son dictionnaire est obsolète et sa grammaire encore plus. Dans leur ouvrage « Le français est à nous ! », les linguistes Laélia Véron et Maria Candea posent la question « Au XXIe siècle, à quoi sert l’Académie française ? » Elles répondent : « À rien. Rigoureusement à rien. C’est une institution d’opérette. […] qui sert encore à recycler confortablement des personnalités, grâce à un patrimoine exorbitant et à des finances opaques. » L’orthographe est compliquée : « Il est devenu pratiquement impossible d’écrire sans faire aucune faute. » Cela parce que l’orthographe n’a pas été réformée depuis quasiment deux siècles : la dernière réforme en date, celle de 1990 « peine à s’imposer dans les pratiques. […] Et si notre orthographe ne parvient pas à faire peau neuve, c’est parce qu’elle est devenue un #marqueur_social extrêmement puissant qui donne l’illusion de pouvoir juger des facultés linguistiques de quelqu’un sans entrer dans la complexité de la syntaxe, du vocabulaire ou de tout ce qui constitue la véritable qualité d’un texte écrit. » Bref. Convaincu que réformer l’orthographe est un nivèlement par le haut, j’ai décidé, depuis la lecture de cet opus, d’appliquer la réforme de 1990 au mieux. Pour cela, je m’aide du logiciel Antidote (https://www.antidote.info/fr/blogue/enquetes/redaction-inclusive), qui est également utilisé par les étudiantes et les étudiants à l’université au Québec, tout comme elles (et les nôtres aussi) utilisent la calculatrice. Il y a beaucoup d’autres choses dans ce petit livre, que je vous laisse découvrir. Car vous allez le lire, maintenant, n’est-ce pas ?

    [1] « Le langage inclusif […] a bien l’effet pour lequel il est préconisé : réduire les stéréotypes de genre et augmenter la visibilité des femmes. »

    [2] Même si : « L’usage du point médian permet de supprimer le biais de représentation vers le masculin. » selon le psycholinguiste Léo Varnet.

    http://gblanc.fr/spip.php?article780
    #langue #langue_française #orthographe 

    • La faute de l’orthographe | #Arnaud_Hoedt et #Jérôme_Piron

      Nous avons été profs de français. Sommés de nous offusquer des #fautes_d'orthographe, nous avons été pris pour les curés de la langue. Nous avons écrit pour dédramatiser, pour réfléchir ensemble et puis aussi parce que nous avons toujours pensé que l’#Académie_Française avait un vrai potentiel comique. « Les deux belges qui veulent simplifier la langue française » : tout est faux dans cette phrase. Pas « simplifier » mais bien faire preuve d’esprit critique, se demander si tout se vaut dans notre orthographe. Pas deux Belges, mais bien deux curieux qui veulent transmettre le travail des linguistes de toute la francophonie, pas même la « langue française », seulement son orthographe. Car l’orthographe, c’est pas la langue, c’est juste le code graphique qui permet de la retranscrire. Passion pour les uns, chemin de croix pour les autres, elle est sacrée pour tous. Et pourtant, il ne s’agit peut-être que d’un énorme #malentendu. Arnaud Hoedt et Jérôme Piron sont linguistes de formation. Ils ont vécu 25 ans sans se connaître, mais c’était moins bien. Ils ont ensuite enseigné pendant 15 ans dans la même école. Quand Arnaud participe à la rédaction des programmes de français en Belgique, Jérôme se spécialise en médiation culturelle. En 2016, ils écrivent et mettent en scène le spectacle « La Convivialité », au Théâtre National de Bruxelles. Ce spectacle conférence qui traite de la question du rapport dogmatique à l’orthographe tourne depuis 3 ans dans toute la francophonie. Dans la foulée, ils publient l’ouvrage « La faute de l’orthographe », aux éditions Textuel. Ils se définissent comme suit : « Linguistes dilet(t)antes. Pédagogues en (robe de) chambre. Tentent de corriger le participe passé. Écrivent des trucs. Vrais-Faux Comédiens. Bouffeurs d’Académicien ». A la question « est-ce que ça se dit ? » , Arnaud et Jérôme répondent invariablement « oui, tu viens de le faire ».

      https://www.ted.com/talks/arnaud_hoedt_jerome_piron_la_faute_de_l_orthographe
      #tedx

    • Comment le masculin forge la pensée de l’#enfant

      Les données disent que la langue masculinisée influence nos pensées. C’est du moins la conclusion du nouveau livre du psycholinguiste fribourgeois Pascal Gygax.

      Le cerveau pense-t-il au masculin ? C’est la question que pose Pascal Gygax, psycholinguiste à l’Université de Fribourg, en titre d’un livre* publié récemment avec la linguiste Sandrine Zufferey et la psychologue sociale Ute Gabriel. Pas de suspense inutile : la réponse est oui. L’ouvrage le montre à travers une multitude d’études suisses et internationales qui ont analysé l’influence du langage genré sur les représentations sexistes. « Sur ce sujet, il y a cinquante ans de recherches et quelque 200 études, explique Pascal Gygax, premier auteur. Il était temps d’écrire un livre grand public pour recadrer le débat, qui est devenu très passionnel. » Les réactions à l’ouvrage en attestent. « Depuis dix-sept ans que je travaille sur cette thématique, je n’ai jamais reçu autant d’insultes, confie le Biennois. Il s’agit surtout d’hommes blancs quinquagénaires ou sexagénaires dans des positions dominantes qui m’écrivent pour m’expliquer leur point de vue, souvent très peu documenté. C’est dommage, car le but était justement de prendre de la hauteur de manière scientifique. »

      Le livre se penche en particulier sur l’interprétation de la forme grammaticale dite « générique ». En français, en allemand, en anglais et dans d’autres langues, le genre masculin est également utilisé pour le genre « neutre », au singulier ou au pluriel (en plus de son sens « spécifique »). Exemple tiré du livre : « When a kid goes to school, he often feels excited on the first day » (« Quand un enfant va à l’école, il se sent souvent excité le premier jour »). Le « he » a ici fonction de générique. En français, on peut l’expliquer de la manière suivante : dans « Il y a beaucoup d’excellents chercheurs en Suisse », le mot « chercheur » devrait également inclure tous les genres. Problème : ce sens générique n’est pas perçu comme tel.
      Le générique n’est pas neutre

      En 1984, Janet Hyde, une chercheuse étatsunienne, a demandé à des personnes en formation d’âges différents d’écrire une histoire commençant par la phrase avec l’enfant citée au paragraphe précédent. Chez les universitaires, 21% des récits portaient sur un personnage féminin contre 7% chez les 5-12 ans. Pour l’immense majorité, le masculin a donc induit une représentation masculine.

      En 2008, une étude de Pascal Gygax et de ses collègues a montré qu’en français et en allemand, il était difficile d’appréhender des suites de phrases présentant des femmes après des amorces avec un métier ou une activité au masculin pluriel (« les musiciens », par exemple), donc pouvant agir comme générique. En clair : il est naïf de penser que le générique puisse être complètement détaché du masculin.

      L’ouvrage regorge aussi d’exemples qui témoignent à quel point la langue a été construite autour du masculin. Il n’est pas innocent que l’on dise « Adam et Eve » et « mari et femme ». Selon une méta-analyse réalisée en 2016 par Peter Hegarty et ses collègues, l’ordre de mention est souvent lié à l’importance perçue des entités mentionnées. Et cette masculinisation est au moins en partie intentionnelle, expose le livre. On apprend par exemple qu’aux Etats-Unis et en Angleterre, le pronom pluriel neutre « they » était utilisé jusqu’au XIXe siècle comme singulier lorsque l’on ne connaissait pas le genre d’une personne. Mais que des grammairiens ont imposé le pronom « he » (« il ») comme générique, le jugeant plus « digne ». Le « they » revient en force aujourd’hui.

      Ce langage activement androcentré « nous force à voir le monde au travers d’un prisme masculin », participant aux inégalités entre les genres, soutient l’ouvrage. C’est là qu’intervient le langage inclusif, boîte à outils permettant de « démasculiniser » l’expression orale et écrite. En français ou en allemand, les doublets (« écrivaines et écrivains ») ou les formes contractées des doublets (« écrivain·es ») peuvent par exemple être utiles pour réduire les stéréotypes associés aux métiers. Sabine Sczesny le confirme. Professeure de psychologie sociale à l’Université de Berne, elle a notamment réalisé des travaux mettant au jour un lien entre attitude sexiste et opposition au langage inclusif : « Les filles sont plus intéressées par les professions typiquement masculines lorsqu’elles leur sont présentées sous forme de conomination par rapport à la forme masculine. »
      Le chat des voisins

      Anne Dister, professeure de linguistique à l’Université Saint-Louis de Bruxelles, pense également qu’il est judicieux de mentionner les professions avec un double nom si elles sont stéréotypées masculines, et de mentionner les titres de postes masculins et féminins dans les offres d’emploi. Toutefois, elle juge inutile de vouloir systématiquement tout féminiser et plaide pour « l’économie du langage ». « Dans certains contextes, ce n’est simplement pas pertinent. Si je raconte que mes voisins ont adopté un chat, quel est l’intérêt de préciser leur genre ? »

      Anne Dister juge par ailleurs que le générique, dans les interactions langagières au quotidien, est très bien compris comme tel : « Qui pense sérieusement que les femmes ne peuvent pas traverser sur un passage pour piétons ? » Elle conteste aussi les affirmations selon lesquelles la langue aurait été entièrement masculinisée par les grammairiens : « Le lexique pour certains noms, assurément. Mais pas la grammaire. On prend d’ailleurs toujours les mêmes exemples. » Et de poursuivre : « Ce qui invisibilise, ce n’est pas tant le masculin que notre connaissance du monde. Aujourd’hui, le terme « ministre » qui est épicène n’active pas les mêmes représentations qu’il y a cinquante ans. » La linguiste sait de quoi elle parle. Avec Marie-Louise Moreau, elle a analysé l’évolution des termes utilisés par les candidates aux élections européennes en France et en Belgique pour se décrire depuis 1989 (« sénatrice » ou « sénateur », typiquement). Résultat : la féminisation est massive.

      Accordons-nous trop d’importance au langage ? N’est-il pas uniquement le reflet de la société et appelé à évoluer avec elle ? « Il ne sert presque à rien de se poser cette question, répond Pascal Gygax. L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la masculinisation de la langue et les données disent que la masculinisation de la langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. A partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir. »

      Les attaques personnelles subies après la publication du livre n’entament d’ailleurs en rien l’engagement du chercheur, très présent dans les médias : « J’ai toujours eu envie de sortir de la bulle académique. »

      *« Le cerveau pense-t-il au masculin ? », Pascal Gygax, Sandrine Zufferey, Ute Gabriel, Le Robert, 2021, 176 pages

      https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant

    • Le français va très bien, merci

      « Nous, linguistes de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, sommes proprement atterrées par l’ampleur de la diffusion d’idées fausses sur la langue française. » Les Linguistes atterrées
      Les discours sur les "fautes" saturent quasiment l’espace éditorial et médiatique contemporain. Mais la différence entre une faute et une évolution, c’est la place qu’elle occupera à long terme dans l’usage. Et l’usage, ça s’étudie avec minutie. C’est le travail des linguistes. Face aux rengaines déclinistes, il devient indispensable de rétablir la rigueur des faits. Non, l’orthographe n’est pas immuable en français. Non, les jeunes, les provinciaux ou les Belges ne "déforment" pas la langue. Oui, le participe passé tend à devenir invariable. Non, le français n’appartient pas à la France. Oui, tout le monde a un accent, voire plusieurs. Dix idées reçues sur la langue, et surtout trente propositions pour en sortir.

      https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci
      #Linguistes_atterrées

    • J’ai écrit : il meure. Tranquilou. Au bout de deux jours je me suis dit mmm il y a quelque chose qui ne va pas. J’ai cherché et trouvé : il meurt ! Me suis dit ,mais pourquoi écrire il meure comme ça ? Quelle raison logique ? Pas trouvé de réponses satisfaisantes . Il y a toujours moyen de faire des fautes, TOUJOURS ! C’est pénible.

  • La longue histoire de la ménopause
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/22/la-longue-histoire-de-la-menopause_6207346_3232.html

    Je me réjouissais d’apprendre quelque chose sur la ménopause et que ce tabou soit levé, pour au moins prévenir les femmes. Bah, j’ai l’impression de repartir 100 ans en arrière avec cet article qui pleure la perte de séduction.

    Il me semblait pourtant que dans le deuxième sexe, Beauvoir (1949) fait l’apologie de la ménopause, dans le sens où le corps est enfin libéré de ses obligations essentialistes d’enfantement et d’attractivité. Elle en parle alors comme d’une nouvelle vie, d’être enfin à soi.

    #malegaze #paywall #aliénation

  • Malea: an investigation into the ‘Ndrangheta groups between Calabria and Luxembourg
    https://irpimedia.irpi.eu/en-malea-investigation-ndrangheta-calabria-luxembourg

    Since the 1980s, a group of Calabrian entrepreneurs have been living in Luxembourg. Their sons now own pubs and restaurants. However, according to an investigation by the anti-Mafia prosecutor’s office, however, they are linked to a cosca from a small town in Calabria Clicca per leggere l’articolo Malea: an investigation into the ‘Ndrangheta groups between Calabria and Luxembourg pubblicato su IrpiMedia.

  • Brainwashed - Le sexisme au cinéma - Regarder le documentaire complet | ARTE

    https://www.arte.tv/fr/videos/110260-000-A/brainwashed-le-sexisme-au-cinema

    Analysant avec rigueur plus de 175 extraits de films, la réalisatrice Nina Menkes montre qu’un sexisme systémique guide la représentation des femmes au cinéma. Le septième art, « langage commun de la culture du viol » ?

    De Metropolis à Eyes Wide Shut en passant par The Breakfast Club, Il était une fois à Hollywood¸ After Hours de Scorsese ou même Titane, de Julia Ducournau, Nina Menkes analyse plus de 175 extraits de films sur une période allant de 1896 à 2020 en focalisant son attention sur les plans de femmes dans le cinéma de Hollywood (soit 80 % des contenus de « divertissement » diffusés à travers le monde) et d’ailleurs.

    C’est vrai qu’à un moment je ne suis plus allée au cinéma parce que j’étais lasse de voir se répéter à l’envie la propagande de la domination masculine. Super analyse en tout cas !

    • Ça recroise bien les analyses de Titiou Lecoq sur l’argent https://seenthis.net/messages/1015512 L’histoire d’hollywood qui passe aux mains de la finance qui n’est constituée que d’hommes. Comme en informatique, au début du cinéma il y a avait autant de femmes que d’hommes. Dès qu’il y a du pouvoir, les hommes chassent les femmes, au propre comme au figuré.
      Le passage du travelling sur le corps nu et les fesses de l’esclave noir violé par sa maitresse est incroyable pour souligner les rapports de domination qui sont mis en place sur les corps quand ils sont filmés d’une certaine manière.

      Ça donne envie de retracer l’histoire de la représentation picturale des femmes, du processus continuel de réification par les images, cf histoire de la peinture / photos / films etc.

      #malegaze

  • Brainwashed - Le sexisme au cinéma
    https://www.arte.tv/fr/videos/110260-000-A/brainwashed-le-sexisme-au-cinema

    Analysant avec rigueur plus de 175 extraits de films, la réalisatrice Nina Menkes montre qu’un #sexisme systémique guide la représentation des femmes au #cinéma. Le septième art, « langage commun de la culture du viol » ?
    [...]
    Hommes et femmes sont filmés différemment. De ce constat implacable et rigoureusement étayé, Nina Menkes met en évidence la #réification des protagonistes féminines dans le cinéma, message plus ou moins conscient qui aboutit selon elle à un « langage commun de la culture du viol ». Car dans l’immense majorité des cas exposés, les femmes sont montrées à l’écran comme objet du regard, souvent silencieuses, décorrélées de leur environnement, fragmentées à l’image (poitrine, fesses...) et réduites à une simple fonction sexuelle. Le ralenti, par exemple, est utilisé pour les filmer en tant que corps sur lesquels le regard s’attarde, tandis qu’au masculin on n’y recourt que pour des scènes d’action. Désormais confronté à la critique féministe, le milieu du cinéma ne semble pas prêt à se réformer en profondeur. Fondée aussi sur l’une de ses conférences ("Sexe et pouvoir : le langage visuel du cinéma") et sur les témoignages d’actrices et d’essayistes, à l’instar de Laura Mulvey (qui a défini en 1975 le « #male_gaze », le « regard masculin »), la démonstration de Nina Menkes crève littéralement les yeux (et l’écran). La réalisatrice revient également sur sa propre expérience de spectatrice soumise à son corps défendant au diktat du male gaze pour nous interroger avec acuité : comment réinventer la représentation des femmes ?

    • Female gaze : outil partout concept nulle part @lucile https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-regard-culturel/le-regard-culturel-chronique-du-lundi-11-septembre-2023-7350822

      (…) Le cinéma confort

      Oui à peu près l’inverse de l’analyse filmique, et ce même si - et c’est troublant -, Nina Menkes emploie tout un tas de termes techniques : zoom, travelling, plan, découpage, point de vue etc. A l’appui, Bardot nue auprès de Piccoli dans Le Mépris, Rita Hayworth regardée par Orson Welles sur le bateau de La Dame de Shangaï, une scène de Raging Bull, dans laquelle des hommes parlent d‘une femme qu’on entend pas. Quel lien formel, quelle continuité contextuelle, la statistique règne en maîtresse, une statistique idiote et nue, décorrélée de sa nécessaire analyse. Tout ça pour montrer que l’expression d’un point de vue, en cinéma ce qu’on appelle la mise en scène, est dans le fond, une forme de manipulation nécessairement toxique, une manière de violenter le spectateur qui ne serait pas un homme hétérosexuel. C’est assez frappant cette manière de psychologiser l’analyse, d’ailleurs plusieurs psys sont interviewés pendant le film qui assènent des banalités effrayantes sur l’identification au personnage. La conclusion est tout à fait révélatrice, qui clame son espoir je cite “de retrouver son expérience intime à l’identique dans un plan de cinéma”. Bazardée avec le point de vue, la question complexe de l’identification, ramenée à une pure notion psychologique, confondue en fait avec la reconnaissance : ce qu’on appelle de ses vœux, c’est un cinéma où on se reconnaît en tous points, ce qu’on appelle un “safe space”, ce lieu du confort où l’on ne peut être que seul. J’y vois, à l’échelle de l’analyse filmique, tout un devenir-développement personnel de la théorie, et avec lui, un repli sur des valeurs individualistes peu compatible avec le combat.

    • @thibnton Intéressant mais le problème de ces très courtes trois minutes c’est que ça ne permet pas de dire pourquoi ça ne fonctionne pas, qu’est-ce que le contexte apporterait de plus ? Qu’est-ce que voudrait dire concrètement une analyse critique du rapport statistique ?

      Car dans l’histoire du male gaze, qui est effectivement statistique, peu importe qu’il y ait telle ou telle exception, tel ou tel contexte : c’est la régularité, la permanence, la quantité, le systémisme qui fait le problème, et non pas tel film précis, tel homme réalisateur précis ("not all directors" ?).

      Par ailleurs, il est difficile/problématique de reprocher le manque de critique cinématographique, à une critique qui est globale, culturelle, politique, donc qui n’est justement pas sur un plan artistique/esthétique.

      C’est peu ou prou comme si à une critique du système capitalisme en général, on opposait « oui mais il faut voire au cas par cas chaque patron, chaque entreprise à son contexte… », tu vois le problème ?

      En revanche, la critique du safe space à tout pris (alors que c’est pas le but d’une œuvre d’art, que ce soit film, littérature, peinture ou autre) me parait intéressante à développer… mais ne peut pas être argumentée pareil, qu’on considère qu’il y ait bien un male gaze systémique, ou pas.

  • The New Man of 4chan
    https://thebaffler.com/salvos/new-man-4chan-nagle

    A propos d’une source de violence au centre de l’empire

    March 2016 by Angela Nagle - “The first of our kind has struck fear into the hearts of America,” announced one commenter last year on the giddily offensive /r9k/ board of the notorious, anarchic site 4chan. “This is only the beginning. The Beta Rebellion has begun. Soon, more of our brothers will take up arms to become martyrs to this revolution.” The post, dated October 1, was referring to the news that twenty-six-year-old Chris Harper-Mercer had killed nine classmates and injured nine others before shooting himself at Umpqua Community College in Roseburg, Oregon.

    The night before the shooting, an earlier post on /r9k/ had, in veiled but ominous terms, warned fellow commenters from the Northwestern United States that it would be a good idea to steer clear of school that day. The implication was not lost on the /r9k/ community. The first responder in the thread asked, “Is the beta uprising finally going down?” while others encouraged the anonymous poster and gave him tips on how to conduct a mass shooting. The apparent link between the post and the killer remains under FBI investigation, but in the immediate wake of Harper-Mercer’s rampage, a number of the board’s users hailed it as a victory for the beta rebellion.

    The details that emerged about Harper-Mercer’s online life made it difficult not to resort to stereotyping. On a dating site, he had listed pop-culture obsessions typical of “beta” shut-ins, including “internet, killing zombies, movies, music, reading,” and added that he lived “with parents.” His profile specified that he was looking for a companion with a shared set of personality traits: “introvert, loner, lover, geek, nerd.” The term “beta,” in the circles Harper-Mercer frequented, is an ironic inversion of the fabled swagger of the alpha male. Whereas alphas tend to be macho, sporty, and mainstream in their tastes, betas see themselves as less dominant males, withdrawn, obsessional, and curatorial in their cultural habits.

    Withdrawn does not necessarily imply peaceable, however, which is where the “uprising” and “rebellion” parts of the beta identity come in. This particular brand of computer-enabled detachment easily seeps into a mindset of entitled violence and is accompanied by a mixture of influences from the far right to the countercultural left. The email on Harper-Mercer’s dating profile was ironcross45@gmail.com, but he was also a member of a group named “Doesn’t Like Organized Religion,” and blogged that “The material world is a lie . . . Most people will spend hours standing in front of stores just to buy a new iphone.” Harper-Mercer left behind a manifesto in which he described his feelings of social and sexual rejection and showed he had studied mass killers. It was reminiscent of the video—circulated widely among exponents of the beta rebellion—recorded by “virgin killer” Elliot Rodger, who murdered six victims and injured fourteen more in Isla Vista, California, explaining how his own shooting spree was rooted in sexual frustration.
    Going Beta

    On men’s rights sites and in some geeky subcultures, “beta male” is a common term of identification, one of both belonging and self-mockery. It has become a popular meme on 4chan’s recreationally obnoxious /b/ board, a precursor to /r9k/ that produced hacker collectives such as Anonymous while also incubating scores of anti-feminist online attacks in recent years. Know Your Meme records the earliest use of the term “beta uprising” in 2011, on the men’s rights movement blog Fight for Justice. From around 2013, the beta-male uprising was a regular topic among 4chan users; it encompassed elaborate fantasies of revenge against attractive women, macho jocks, and other “normies” with majority tastes and attitudes.

    Can “traditional ideas about gender” really be bursting forth from an Internet culture that also features a male My Little Pony fandom?

    The post alleged to be Harper-Mercer’s school shooting alert came with an image of Pepe the Frog, a character lifted from the Matt Furie comic strip Boy’s Club, angrily brandishing a gun. This, too, was a trope of the beta rebellion: in his original cartoon form, Pepe was a sad sack, prone to bouts of humiliation. But as his froggy visage got meme-fied on 4chan, he took on a distinctly more menacing aspect. Pepe became a favorite icon of last-straw ranters spewing extreme misogyny, racism, and vengefulness. Much to the irritation of geeks, Pepe also became popular among normies, which is why you can find videos on YouTube of angry Pepe in a red rage accompanied by variations of the male scream, “Normies! Get the fuck off my board!”

    Overwrought digital threats and confrontational online rhetoric are nearly as old as the Internet itself. Posters on 4chan/b/’s more transgressive threads regularly claim that they are about to do terrible things to themselves and others.

    But some posters are also acting out those fantasies. Among the stale memes, repeat posts, true-life confessions, pre-rampage tip-offs, and cock-and-bull stories that make beta forums so impenetrable, sometimes even insiders can’t tell which are which. In November 2014, an anonymous 4chan user submitted several photos of what appeared to be a woman’s naked and strangled corpse, along with a confession: “Turns out it’s way harder to strangle someone to death than it looks on the movies . . . Her son will be home from school soon. He’ll find her then call the cops. I just wanted to share the pics before they find me. I bought a bb gun that looks realistic enough. When they come, I’ll pull it and it will be suicide by cop. I understand the doubts. Just check the fucking news. I have to lose my phone now.”

    Later that same day, police in Port Orchard, Washington, announced that they were investigating a suspected homicide, after the thirteen-year-old son of a woman in her early thirties found her dead in their home. The victim, Amber Lynn Coplin, was indeed the woman in the 4chan/b/ photo. Her thirty-three-year-old live-in boyfriend, David Michael Kalac, was arrested after a brief police chase and charged with murder. Every dead body on 4chan is a joke, unless it isn’t.

    Elliot Rodger’s rampage, too, was real. On a spring day in 2014, Rodger stabbed his roommates, drove to a University of California–Santa Barbara sorority house, and hammered on the door. When he was denied entry, Rodger shot at people outside, in the end killing mostly men. The rampage ended when he crashed into a parked vehicle; police found him dead in his car with a self-inflicted gunshot wound in his head.

    Midway through his massacre, Rodger uploaded a final video to YouTube, titled “Elliot Rodger’s Retribution,” outlining his purpose. He announced his desire to punish women for rejecting him and railed against sexually active, macho, dominant men, whom he called “brutes” and “animals”:

    Well, this is my last video, it all has to come to this. Tomorrow is the day of retribution, the day in which I will have my revenge against humanity, against all of you . . . I’ve been through college for two and a half years, more than that actually, and I’m still a virgin. It has been very torturous . . . I don’t know why you girls aren’t attracted to me, but I will punish you all for it . . . I’m the perfect guy and yet you throw yourselves at these obnoxious men instead of me, the supreme gentleman.

    The 4Chan War on Women

    Rodger also left behind a lengthy autobiographical manuscript, titled My Twisted World. In it, he describes his frustration at not being able to find a girlfriend, his hatred of women, and his contempt for ethnic minorities and interracial couples (in spite of his own mixed-race background). The manifesto specifically mentions a “War on Women,” which will unfold in two stages: “The Second Phase will take place on the Day of Retribution itself, just before the climactic massacre . . . My War on Women . . . I will attack the very girls who represent everything I hate in the female gender: The hottest sorority of UCSB.”

    On 4chan/b/, the day the story broke, Rodger was the subject of much fevered attention. One contributor posted a selfie of Rodger from his Facebook profile and wrote, “Elliot Rodger, the supreme gentleman, was part of /b/. Discuss.” “That dude was fairly good looking,” one commenter remarked. “He must’ve just been the beta to end all betas if he never got laid.” Another commenter wrote, “Manifesto had ‘I do not forget, I do not forgive’ and ‘kissless virgin,’ etc., he was a /b/tard.” Rodger’s “I do not forget, I do not forgive” was likely a reference to a sign-off used by Anonymous, which emerged from 4chan/b/. Anonymous has gone on to do some activist work that intersects with feminist concerns, including the exposure of the names of those allegedly involved in the ugly Steubenville, Ohio, rape case. But the Anonymous doxer who exposed the high school footballers went on to be accused of sexual assault himself. Whoever the target, the group’s vengeful sensibility survives, not only in the Guy Fawkes iconography that has been adopted by various protest movements, but also in the beta rebellion’s reformist rhetoric.

    Rodger identified as an “incel,” or involuntarily celibate. He would troll Bodybuilding.com’s “miscellaneous” section posting comments like “Men shouldn’t have to look and act like big, animalistic beasts to get women. The fact that women still prioritize brute strength just shows that their minds haven’t fully evolved.” After the Harper-Mercer shootings, one 4chan commenter wrote, “/r9k/ needs a new martyr alongside our hallowed Elliot.”

    Rodger’s online identity is traceable to several other forums, too, including the now-defunct PUAhate, where men laid into pick-up artists for putting women on a pedestal and occasionally espoused hardcore separatism in the vein of the Men Going Their Own Way movement. Rodger wrote in his long manifesto that on PUAhate he had discovered “a forum full of men who are starved of sex, just like me.” He also frequented a subreddit for incels called ForeverAlone (referencing a meme made popular by 4chan) and one called TheRedPill (alluding to The Matrix movie), which hosts anti-feminist men and men who take a dim view of what is involved in the game of sexual conquest. After the Rodger massacre, a thread appeared on TheRedPill called “Omega man kills 6 and commits suicide.” One commenter on the thread wrote:

    If you read his manifesto, you also learn that he pedestaled pussy to an extreme degree basically his entire life since puberty. It turned into hating of women and sex in the very end, but it was twenty years of making vagina the Holy Grail of his existence that really fucked up his head.

    To which another commenter responded:

    Feminists and religious zealots strive to take all sexual outlets away from men, be it prostitution, sex travel, or mere pornography for masturbation. Thus these politicians bear partial responsibility for increasing sex crimes against women and children, and probably for the mayhem created by Elliot Rodger.

    And another, sympathetically:

    He was incel. Lonliness [sic] and extreme sexual deprivation can have extremely serious psychological effects on some people . . . this kind of shit breaks a young man’s spirit.

    Like Uber, but for Violent Misogyny

    It’s easy to mistake the beta rebellion for a youthful, but otherwise undifferentiated, variation on the bad old tradition of patriarchy. Yet the phenomenon bears the unmistakable signs of a new, net-bred brand of misogyny. It exists squarely within the libertarian ethos that infused computer cultures spanning from the early, back-to-the-land, frontier hacker culture of the sixties and seventies to the Californian rebel capitalism of the dotcom neoliberalism of the nineties.

    As the same frontier sensibility that characterized early Internet culture also runs through American gun culture, it’s no great surprise that the rites of gun worship and principled geek isolation should overlap—or that they should find expression in the targeting of women whom beta men believe are dedicated to a matriarchal thwarting of male freedom and desire. But this seamless convergence of women-demonizing forces is, indeed, something new under the sun, an innovative incarnation of the free-floating male grievance that, as we’ve seen, metastasizes through culture. It’s striking, then, to note just how thoroughly both the press and the social media–centric feminist commentariat have consigned the beta rebellion to the dustbin of outmoded patriarchy—treating it as an obsolescing bug, as opposed to a distressing feature, of today’s Internet discourse.

    In her 2013 book Cybersexism, feminist journalist Laurie Penny admits that the culture of digital woman-hating does indeed have a surface affinity with geek culture, but then goes on to suggest that online misogyny is a conservative remnant of the pre-Internet past. “We have a brave new world which looks far too much like the cruel old world” and “recreates offline prejudices,” she writes.

    Academics have echoed this view, characterizing online misogyny as the politics of conservatism and patriarchy reproducing itself anachronistically in new media, or as just another emanation of hegemonic masculinity. For example, in a study of gender and age bias in online communities, Jonathan Warren, Sharon Stoerger, and Ken Kelley wrote that “many age-old forms of discrimination appear to have been preserved.” Pamela Turton-Turner analyzed “recent online hate campaigns mobilized against females,” which, she argues, are “symptomatic of a broader normalization of old-style sexism.” Adrienne Shaw agreed in an article titled “The Internet Is Full of Jerks Because the World Is Full of Jerks,” stating that “misogyny, racism, homophobia, etc. were not invented by the internet.”

    In response to Harper-Mercer’s massacre, Salon ran the headline, “Toxic Masculinity Is Tearing Us Apart.” The Huffington Post and Ms. magazine ran articles declaring the problem was “masculinity, masculinity, masculinity.” Writer Soraya Chemaly asserted, “What we really need . . . is a public conversation about hegemonic masculinity in the United States. . . . Schools, parents, coaches and religious communities all need to be thinking deeply about how traditional ideas about gender and gender stereotypes work to create a national culture.”
    All the Young Dudes

    But how, exactly, does “hegemonic masculinity” accurately sum up a scene explicitly identifying as beta male? And can “traditional ideas about gender” really be bursting forth from an Internet culture that also features gender-bending pornography, discussions about bisexual curiosity, and a male My Little Pony fandom? What’s more, can a retreat from the traditional authority of the nuclear family into an extended adolescence of videogames, porn, and pranks really be described as patriarchal?

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    Those seeking to defend their ideological turf will say that the killers are measuring themselves against a damaging masculine ideal, but at what point is this stretching the hegemonic masculinity theory so far that it becomes tautological—and a rote explanation for all bad male behavior?

    In fact, a great deal about the beta-male rebellion runs counter to theories of masculinity advanced by scholars like R. W. Connell and Michael Kimmel. In her 2005 book Masculinities, Connell lists the words “nerd” and “geek” among the terms that stigmatize marginal masculinities. The beta style draws from a countercultural genealogy and identifies itself against feminism but also against social conservatism, political correctness, mainstream consumer culture, and most important, against hegemonic masculinity itself.

    The self-organized corps of women-hating men, by the lights of conventional academic-feminist theory, should be united in the repression of any and all gay male tendencies expressed online. But 4chan/b/ traffics openly in gay and trans pornography and hosts discussions of bisexual attraction. During one such discussion, a /b/ user wrote, “Why can’t you just tell yourself you’re bi and be happy with that? When I first came here /b/ made me question my sexuality real fucking fast. Just admit you’re half faggot half straight and be done with it, no shame in that.”

    Similarly, the beta view of gender is complicated by an anti-mass-culture outlook. As copycat threats multiplied on /r9k/ after the Harper-Mercer shootings, one commenter advised, “Make sure you got molotovs. it is really easy and painfully [sic] way to kill many normies.” Another wrote that “Chads and Staceys” should be targeted, referencing a 4chan meme devoted to a parodic figure known as Chad Thundercock. As his name none too subtly suggests, Chad is a stand-in for the young, attractive, muscular football player claiming dominance over the beta-world in the contest for sexual success with women. Chad and his female equivalent Stacey are embodiments of the “normies” meme—and are typically depicted as sports playing, small-town ciphers of mass culture with generic tastes. One famous post, accompanied by an image of a football player and cheerleader kissing, describes with relish a fantasy of the couple going home together in his Ford, him crashing, and Stacey’s “last moments spent in utter agony” as she tries to tear her “bronze arm” free.
    Remedial Class

    As one patiently surveys the varieties of online expression favored by beta males, it becomes apparent that, in addition to their all too palpable sense of self-loathing, they’re further actuated by a pronounced sort of class contempt. One key source of their rage—against both the sexual pecking order and society at large—is that their own sense of superiority over the masses, the unspecial “normies,” is not reflected back to them by others in real life.

    Beta-male defenders like Breitbart tech editor Milo Yiannopoulos have argued that feminism has created cruel conditions for men who are different and geeky, while some feminists criticize the beta rebellion even as they regard the marginalized masculinities at its heart as a progressive force—a kind of counter-hegemonic corrective to an older notion of masculinity based on physical strength and machismo. But surely the idea that geeks are a victim group is out of date today. The American high school movie cliché has for several decades been the story of the geeks and the jocks. Invariably in such popcult fables, we see how the bullied members of the former group go on to prosper and thrive in adulthood with their superior intellect, while the discredited high school impresarios of physical prowess languish in small-town backwaters, mired in dead-end blue-collar jobs and unhappy marriages. The hard-to-miss moral is that the geeks shall inherit the earth—and that the athletic, macho, blue-collar male, once admired for his physical strength, now deserves his own decline.

    Women have long figured in the countercultural imagination as avatars of a vain, mindless consumerism. This is the tradition that 4chan is really carrying on.

    The beta insurgents likewise heap scorn on the conservative cultural mores of the small-town and blue-collar populace. Indeed, the beta-sphere is almost as fiercely opposed to conservative family values as it is to feminism. For a pretty typical example from 4chan, a gruesome image was once posted on /b/ of an aborted fetus, lying on a doctor’s table beside instruments and blood. The poster who uploaded the photo wrote, “I am undecided about abortion. On the one hand I support it because it is killing children. On the other, it gives women a choice.” Commenting on another image of a severely handicapped newborn child accompanied by a discussion of whether the mother should have had an abortion, another 4chan/b/ commenter wrote, “This is literally a sack of cells with a heart beat, it is not a human being. This is just Christfags being Christfags.” Outsiders to the subculture will no doubt be confused by this term, which seems to be mocking pro-life conservatives as gay, but “fags” as a suffix is ubiquitous on 4chan and exists alongside discussions of gay sexual fantasies and a general knowing awareness of the failed masculinity and outsider identity of those using the term. Like much of beta culture, this practice tries to carve out a cultural politics that rejects both the strict moral values of conservatism and the constraining political correctness that beta adherents associate with feminism and liberalism.

    In this way, the betas don’t easily map onto either end of the Kulturkampf, and are therefore liable to confuse ideologues. A notorious hacker and troll known as weev was the primary orchestrator of attacks against female technology blogger, programmer, and game developer Kathy Sierra in 2007. The weev offensive, joined by many others in the hacker-troll milieu, involved “doxing,” posting personal details about Sierra’s family and home address among highly sexualized and threatening messages, like photoshopped images of her with a noose beside her head, with a shooting target pointed at her face, and being gagged with a thong.

    In response to the attacks, Sierra closed down her blog and withdrew from speaking engagements and public life. In the time since the attack, weev has since become famous for hacking a phone company—a maneuver that triggered a Twitter-based #freeweev campaign, which gained support from prominent progressive endorsers such as Laurie Penny and Gabriella Coleman. Embarrassingly for those who expressed the view, fashionable in the heyday of the Occupy movement, that 4chan/b/ is a “counter-hegemonic space” and that trolls in the 4chan/b/ vein are, as Coleman argued, inheritors of the Dadaist and Situationist traditions, weev is a fascist sympathizer with a swastika tattoo on his chest. Penny claimed to be unaware of his far-right views, while Coleman not only continues to defend his rights as a hacker, but also presents him as an endearingly impish figure in her latest book.
    Fascism, for the Lulz

    The casual racism embedded in this geeky beta world comes wrapped in several layers of self-protective irony, with black masculinity treated as both the object of jealousy and of hatred. Commentators like Coleman have lent a certain credibility to the beta uprising’s contention that its motives are misinterpreted by a public that fails to grasp its unique brand of postmodern wit. Some people, they say, simply “don’t get” that the betas are in it strictly “for the lulz.” But while forum chatter certainly doesn’t inevitably escalate to violence and even the worst speech does not amount to violence, some of 4chan’s self-described geeks have taken their faux-ironic bigotry offline. After the November 2015 shooting of five Black Lives Matter protesters in Minneapolis, a video emerged of two of the men involved, clad in balaclavas and driving to the BLM protest, saying, “We just wanted to give everyone a heads up on /pol/”—referring to the politics board on 4chan, a group that partially overlaps with the /b/ community. The speaker then points at the camera and says, “Stay white.”

    Significantly, weev’s sensibility fuses elements of the anti-establishment far right, like the militia movement (which styles its anti-government activities a form of “leaderless resistance”), with the left-leaning vision of the old anti-establishment counterculture. In a recent magazine interview, a journalist spoke to some of the hackers and trolls of Anonymous, LulzSec, and 4chan/b/, including weev (a.k.a. Andrew Auernheimer):

    I’m at a restaurant with Auernheimer and his friend Jaime Cochrane, who is a softly spoken transgender troll from the group Rustle League, so-called because “that’s what trolling is, it’s rustling people’s jimmies.” They’re explaining to me their version of what trolls do. “It’s not bullying,” says Cochrane. “It’s satirical performance art.” Cyberbullies who drive teenagers to suicide have crossed the line. However, trolling is the more high-minded business of what Cochrane calls “aggressive rhetoric,” a tradition that goes back to Socrates, Jesus and the trickster god Loki, from Norse mythology. Auernheimer likens himself to Shakespeare’s Puck. Cochrane aspires to Lenny Bruce and Andy Kaufman. They talk of culture jamming, the art of disrupting the status quo to make people think. They talk of Abbie Hoffman.

    Along with the presupposition that misogyny must spring from conservatism often comes the notion that transgression and countercultural gestures are somehow incompatible with it. But women have long figured in the countercultural imagination as agents of conformity and avatars of a vain, mindless consumerism. It seems to me that this is the tradition that 4chan and the wider beta-sphere, perhaps unknowingly, are really carrying on. Simon Reynolds and Joy Press’s brilliant 1996 study The Sex Revolts charts how the attribution of blame to women for the bland conformism of post-war America influenced the counterculture. In 1942’s Generation of Vipers, the pulp novelist and social critic Philip Wylie described an America in a state of national decline and shallow materialism due to the feminizing influence of the “destroying mother.” Wylie described feminized mass culture—a.k.a. “momism”—as “matriarchal sentimentality, goo slop, hidden cruelty.” Norman Mailer presented the psychopath as a noble and transgressive figure, who used his charismatic force to oppose feminized mass culture and emasculating consumer capitalism. “We are victims of a matriarchy here my friends,” says Harding, a psychiatric inmate in Ken Kesey’s classic counterculture novel, One Flew Over the Cuckoo’s Nest. And in Fight Club—the 1996 Chuck Palahniuk novel famously adapted to the screen in 1999 by David Fincher and invoked as a quasi-biblical authority on 4chan—Tyler Durden’s pink soap, made from the reconstituted fat of women who have undergone liposuction and had it contemptuously “[sold] back to them,” acts as a potent symbol.

    Here the counterculturalists of the beta world are tapping into a misogynic tradition—only it’s aligned with the bohemian left, not the buttoned-down right. Long before the postwar counterculture emerged, Emma Bovary symbolized the dreary and banal feminine massification of culture for nineteenth-century culture rebels. Channeling this same tradition, the beta world inveighs continually against the advanced feminization and massification of Internet-age culture. This is why their misogyny sits so comfortably alongside their mix of geeky and countercultural styles and why the pat “hegemonic masculinity” answer is so inadequate.
    The Tangled Net

    Today, we see the weirdly parallel ascent of an Internet-centric feminism that, like the beta revolution, glories in geeky countercultural elitism, and whose most enthusiastic partisans spend a great deal of time attacking other women for being insufficiently radical. Many of these feminists are active on the microblogging site Tumblr, and they are less apt to write about material issues that have concerned left-wing feminists for decades, like parental leave or unequal pay, than about the online obsession du jour: from feminist video games to coloring books, cosplay, knitting, cupcakes, microaggressions, trigger warnings, no-platforming, bi-erasure, and the fastidious avoidance of anything remotely resembling cultural appropriation. The recent popular left candidates Bernie Sanders (in the United States) and Jeremy Corbyn (in the United Kingdom) have come in for heavy rhetorical fire from this new wave of wired feminists, who deride them both as retrograde prophets of “brocialism.”

    In response to the Oregon attacks, Milo Yiannopoulos wrote, “Today’s man-punishing, feminized culture is creating killers. . . . Why not harness that [masculine] power and set men back to work? To make America great again, we need to rescue our lost generation of young males.” According to a wealth of scholarship cited by Steven Pinker in The Better Angels of Our Nature, the feminization of culture is a feature of the decline of violence, not a cause, and there are many countries with better work and childcare conditions for women than America that are not producing mass shooters. Yiannopoulos conflates two enemy forces: Young geeks may be the losers in the cruel and chaotic modern free market of sexual choice, but they are the relative winners in the dominant economic ideology of the day. It is the geeks—those who merged the counterculture with information technology in the 1990s—who have already inherited the earth.

    In the information age, the tastes and values of geeks are elevated above the masculine virtues of physical strength and material productivity that preceded them. Today, the market ideology of the information society is ascendant—particularly with its main Anglophone challengers tarred as brocialists—and it is immensely comfortable with its cultural power, which means that it happily accommodates transgression, gender fluidity, self-expression, and an abundant choice of niche online subcultural identities. It’s been a depressing spectacle to see two post-political, economically illiterate forms of subcultural identity politics—Tumblr feminist and beta/hacker anti-feminist—doing battle online. This feminism certainly has things to answer for; in addition to its penchant for sabotaging its own allies, it must be challenged on the damage it has done to university life with its militant opposition to free speech. But only one side of this new Internet gender rivalry is producing killers, and despite what polemicists such as Yiannopoulos are saying, it isn’t the feminists.

    #USA #internet #masculinisme #mass_shooting

  • MMA : Musk vs Zuck, pour la gloire du bizness | Libé | 13.08.23

    https://www.liberation.fr/economie/economie-numerique/elon-musk-contre-mark-zuckerberg-un-combat-kif-kif-beigne-beigne-20230813

    Au bout de sept années de joutes verbales, auraient-ils décidé d’en venir aux mains ? L’explication est un poil simpliste. Car, souligne Clément Dubreuil, professeur de marketing à la Kedge Business School, l’embrouille a tout d’une stratégie commerciale bien connue : celle du clash.

    « Le cas d’école que l’on évoque souvent en marketing, c’est l’histoire de Pepsi et Coca-Cola », repère le spécialiste. Une rivalité incarnée dès les années 80 dans une campagne publicitaire de Pepsi. L’entreprise fait alors goûter à l’aveugle les deux boissons. L’objectif : « prouver » que le goût de la canette bleue est meilleur. « La technique de la rivalité en marketing ne date pas d’hier mais elle a pris beaucoup d’importance avec les réseaux sociaux. Depuis, on observe une escalade dans le trash », relate Clément Dubreuil.

    BMW contre Audi, McDonald’s contre Burger King, Samsung contre Apple… La technique est déployée par bien d’autres enseignes. Y compris dans le rap, à l’image de la bataille Booba versus Kaaris, achevée en une rixe mémorable à l’aéroport d’Orly, ou sur les réseaux sociaux. Alors que Squeezie s’apprête à détrôner Cyprien de sa place de youtubeur français le plus suivi en 2019, les vidéastes s’écharpent avec humour et en musique. « Cyprien, Cypri-rien, Squeezie first, numéro un », martèle ironiquement l’un des refrains. L’un des clips fait 31 millions de vues, l’autre 21.

  • Malea, l’indagine sulla locale di ‘ndrangheta tra Mammola e il Lussemburgo
    https://irpimedia.irpi.eu/openlux-indagine-malea-ndrangheta-mammola-lussemburgo

    Dagli anni Ottanta, un gruppo di imprenditori calabresi vive in Lussemburgo. I figli, oggi, possiedono pub e ristoranti. Secondo un’indagine della Dda di Reggio calabria, però, sarebbero legati a una cosca di Mammola Clicca per leggere l’articolo Malea, l’indagine sulla locale di ‘ndrangheta tra Mammola e il Lussemburgo pubblicato su IrpiMedia.

  • #Barbie

    Parallèlement au monde réel, il existe Barbieland, un monde parfait où les poupées Barbie vivent joyeusement, persuadées d’avoir rendu les filles humaines heureuses. Mais un jour, une Barbie commence à se poser des questions et à devenir humaine.

    Sur les conseils d’une Barbie bizarre, elle part pour le monde réel afin de retrouver la fille à laquelle elle appartenait afin de pouvoir retrouver sa #perfection. Dans sa quête, elle est accompagnée par un #Ken fou amoureux d’elle qui va également trouver un sens à sa vie dans le monde réel…

    https://www.youtube.com/watch?v=5oBOyBxxHlk&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.genre-ecran.net


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbie_(film)
    #film #comédie #patriarcat #stéréotype #réalité

    • Une opération commerciale de #blanchiment_féministe

      Voilà un (trop) bel exemple de la capacité d’Hollywood de récupérer même les avancées politiques et idéologiques qui paraissent a priori les plus contradictoires avec ses visées capitalistes : soit un moment fort de la lutte d’#émancipation des femmes (depuis le déclenchement de #MeToo), une entreprise capitaliste (#Mattel) qui produit depuis 50 ans la Barbie, une #poupée mondialement célèbre figurant le #stéréotype_féminin le plus aliénant de la #société_de_consommation, et dont les ventes sont en déclin du fait des critiques féministes. Résultat : une actrice productrice, Margot Robbie, connue pour son féminisme fait appel à une jeune réalisatrice, Greta Gerwig, qui s’est fait connaître pour ses portraits progressistes de personnages féminins (Lady Bird, 2017 ; Les Filles du docteur March, 2021), pour faire un film qui reconfigure Barbie au prisme du féminisme contemporain, avec le financement de Mattel (le film a coûté 100 millions de dollars) qui orchestrera la promotion du film et la relance des ventes de poupées par la même occasion… Mattel n’a pas caché son ambition de créer une franchise, à l’image de Marvel.

      Le film porte la marque de cette alliance de la carpe et du lapin, en tentant d’orchestrer la régénération féministe du monde de Barbie, tout en voulant nous faire croire que la conception d’origine de la Barbie (par une femme) était un projet émancipateur : permettre aux petites filles de cesser de jouer à la maman avec leur poupon, pour se projeter dans une image flatteuse d’elles-mêmes en tant que femmes.

      Le film met d’abord en scène le « Barbie Land » habité par toutes les déclinaisons de la poupée que Mattel a mis sur le marché depuis 50 ans, dont celle qui se nomme elle-même comme la « #Barbie_stéréotypée » (incarnée par Margot Robbie) et qui est au centre de ce petit monde où les hommes, les Ken, ont besoin du regard des femmes pour se sentir exister (on aura reconnu l’inversion du monde où les femmes dépendent du « #male_gaze », tel que le cinéma mainstream le construit). Mais ce monde se détraque le jour où Barbie a une pensée morbide : elle devra partir dans le monde réel à la recherche de la femme qui a dessiné cette Barbie dépressive pour la neutraliser.

      Elle part avec Ken (Ryan Gosling) pour la Californie, où ils ont la surprise (divine pour Ken) de découvrir une société patriarcale où les femmes sont au service des hommes et exclues du pouvoir : le conseil d’administration de Mattel que Barbie va rencontrer, est exclusivement masculin et n’aura de cesse de faire repartir Barbie dans son monde, pour éviter toute contamination du monde réel avec le Barbie Land où le pouvoir feint d’appartenir aux femmes. Cette représentation satirique de la direction de Mattel relève davantage d’un stéréotype du cinéma hollywoodien contemporain que d’une critique réelle du capitalisme états-unien.

      Barbie rencontre deux femmes au look latino, une mère et sa fille, aussi brunes qu’elle est blonde, qui sont à l’origine de son dysfonctionnement. C’est Gloria, la mère (America Ferrera), employée chez Mattel, qui a dessiné des déclinaisons négatives de Barbie, alors que sa fille Sasha (Ariana Greenblatt) formule les critiques féministes de Barbie. Elles vont bizarrement devenir les alliées de Barbie pour l’aider à retrouver Barbie Land, qui entretemps est passé sous domination masculine, suite à la découverte faite par Ken du patriarcat dans le monde réel.

      La suite est assez confuse : la guerre des sexes dans Barbie Land donne lieu à plusieurs séquences mettant en valeur chorégraphiquement la plastique masculine, avant que les Barbies reprennent le pouvoir, galvanisées par le discours féministe de Gloria. Mais Barbie choisit finalement de revenir dans le monde réel avec ses deux alliées humaines, et sa première démarche en tant que « vraie femme » est de prendre rendez-vous dans une clinique gynécologique : on peut s’interroger sur cette fin qui réduit le discours féministe à une vision essentialiste de « la » femme…

      https://www.genre-ecran.net/?barbie=
      #féminisme

    • Féminisme et Barbie, Ana Dumitrescu

      https://blogs.mediapart.fr/ana-dumitrescu/blog/230723/feminisme-et-barbie

      Barbie : ce qui a attisé ma curiosité et m’a incité à y aller, ce sont les nombreux commentaires selon lesquels ce film est « féministe ». Mais le fond du #film tourne finalement autour de Ken et non pas de Barbie. C’est lui qui impose le débat et qui contraint l’action. Attention, je « spoile » l’intégralité du film pour le décrypter.

      un bon article opportunément signalé par @biggrizzly pour faire suite au propos d’une identitaire d’extrême droite dénonçant le wokism-féminisme (...) https://seenthis.net/messages/1011025

      (c’est pas tant l’alliance de la carpe et du lapin que féministes bankable sur le marché de la désintégration de tout discernement)

      ce Dumitrescu : #toctoc

      #cinéma

    • en vrai, Ken est un chic type, il a mis la mer à Tarbes.
      https://www.leboncoin.fr/ventes_immobilieres/2383862345.htm

      Nous vous présentons cette magnifique villa avec piscine sur le centre ville de Tarbes. Une jolie maison de 145 m2, avec 4 chambres dont une suite parentale avec salle d’eau et dressing. Maison sur 3 niveaux , avec 3 terrasse, salle de sport / fitness, grand dressing, cuisine d’été, et grand garage.

    • Greta Gerwig entre dans le club très masculin des films qui ont rapporté plus de 1 milliard de dollars
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/11/avec-barbie-greta-gerwig-entre-dans-le-club-tres-masculin-des-films-qui-ont-

      EN UN GRAPHIQUE – Jamais un film réalisé par une femme, sans coréalisateur masculin, n’avait dépassé ce montant symbolique au box-office mondial.

      #$ #cinéma #femwashing

    • ça vous paraît lunaire que des gens voient dans Barbie de la promotion de l’homosexualité ?? Louise Kervella, PhD @ForzaBombardier
      https://twitter.com/ForzaBombardier/status/1691121401271574529

      L’obsession représentationniste vous aveugle vous êtes incapables de voir une critique de l’hétérosexualité
      littéralement à la fin Barbie s’émancipe de son couple qui lui apportait rien en devenant humaine et Ken comprend qu’il n’a pas besoin du regarde d’une femme pour être heureux et qu’il se suffit à lui-même
      On peut pas comprendre l’homophobie des État réactionnaires sans comprendre le rôle que joue le couple hétérosexuel dans le capitalisme à savoir la reproduction de la force de travail. Tout ce qui remet en cause le couple hétérosexuel peut-être un danger pour la classe dirigeante
      En plus on a vu plusieurs articles passer qui disaient que des femmes rompaient avec leur mec après avoir vu Barbie. C’est de ça qu’ont peur les pays qui l’interdise. Bien sûr c’est pas un film révolutionnaire non plus faut pas exagérer, mais il porte une critique

      y’a une différence entre la possibilité réelle pour le film de convaincre à l’homosexualité politique et la peur que ça arrive de la part de la bourgeoisie. Faut voir comment ils exagèrent à 1000% tous les combats féministes. Genre les suffragettes qui veulent le droit
      De vote sont présentée comme voulant asservir les hommes. Les militantes pour l’avortement sont présentées comme des tueuses d’enfants sanguinaires qui veulent que l’humanité cesse de se reproduire. Les militants pour le mariage gay sont présentés comme voulant supprimer la
      Famille hétérosexuelle. Moi ça me choque pas que Barbie qui critique un peu le patriarcat et le couple hétérosexuel, le montre comme pas nécessaire pour être heureux soit présenté comme de la promotion de l’homosexualité (en plus les hommes portent du rose)

      #hétérosexualité #couple #homosexualité

    • Barbie, la #femme_parfaite ?

      Plus de soixante ans après sa naissance, la poupée Barbie séduit toujours autant. Entre stéréotypes et discours émancipateurs, exploration d’un jouet iconique qui s’est transformé au gré des époques.

      Nul besoin de la présenter. Adoptée par plusieurs générations d’enfants, Barbie est une véritable icône intergénérationnelle. Imaginée en 1959 par la femme d’affaires américaine Ruth Handler, la célèbre poupée s’est rapidement retrouvée dans tous les foyers américains avant de conquérir le reste du monde. Astronaute, chirurgienne ou encore candidate à la présidentielle, Barbie devait initialement encourager les petites filles à se projeter dans des carrières masculines. Longtemps décriée pour sa silhouette filiforme et ses proportions irréalistes, elle incarne aujourd’hui une forme de diversité : au gré de ses avatars, elle est ainsi représentée dans un fauteuil roulant ou porteuse de trisomie 21. Désormais héroïne d’un film au prestigieux casting, la poupée est aussi devenue une influenceuse très suivie sur les réseaux sociaux.

      https://www.youtube.com/watch?v=gB_Ws3uRM5Q


      #icône #Ruth_Handler #Mattel #Lilli #poupée #modèle #Rolemodel #diversité #féminisme #féminité #jeu #hijab #voile #hijarbie #corps

  • Les Rivières

    Mai Hua, femme française d’origine vietnamienne, est une mère divorcée de deux enfants. En 2013, avec sa mère, elle ramène sa grand-mère mourante en France. Alors que cette dernière renaît de manière miraculeuse, un passé non résolu refait surface : Mai devient l’héritière d’une #mémoire_familiale complexe et douloureuse qu’elle ne veut pas transmettre à sa fille. À travers cette #lignée de femmes et sa quête de vérité, la réalisatrice plonge dans une archéologie familiale à la fois intime et universelle.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64618_0
    #film #documentaire #film_documentaire
    #histoire_familiale #femmes_maudites #malédiction #inceste #mémoire_familiale #enfants_trahis #colère #abandon

  • Antiféminisme et garçons-fleurs en Corée
    https://laviedesidees.fr/Antifeminisme-et-garcons-fleurs-en-Coree.html

    L’élection de Yoon Suk-yeol comme président de la Corée du Sud, avec sa rhétorique antiféministe, contraste avec la féminisation croissante des hommes et des garçons, particulièrement dans la K-pop. Paradoxe étonnant ou errements de la lutte contre les #inégalités ?

    #International #populisme #femmes #Asie #masculinité
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220916_coree.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220916_coree.pdf

  • Des classes dépossédées
    https://laviedesidees.fr/Des-classes-depossedees.html

    Face à l’inflation qui grève les budgets des ménages, les réserves patrimoniales feront toute la différence. Que deviendront ceux qui en sont dépourvus ? Il est urgent de prendre la mesure de cette inégalité structurelle entre les classes sociales et les groupes d’âge.

    #Société #pauvreté #crise #patrimoine
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220913_duvoux_yang-3.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220913_duvoux_yang-4.docx

  • Etiopia, i conti col passato: la strage di Addis Abeba del 1937

    Sono passati 85 anni ma gli eccidi compiuti dagli invasori italiani - quello di Addis Abeba e quello successivo di Debre Libanòs, ai danni di centinaia di monaci cristiano-copti -, sembrano non avere lasciato traccia nella memoria comune italiana, come del resto tutto il nostro passato coloniale. In Etiopia, invece, il 19 febbraio rappresenta il momento del ricordo di una tragedia collettiva

    È il 19 febbraio del 1937, nel calendario etiopico il 12 Yekatit 1929. Addis Abeba è in festa per celebrare davanti al Ghebì imperiale la nascita di Vittorio Emanuele, il figlio del re, del nuovo imperatore d’Etiopia. Otto granate esplodono alle spalle del viceré, il temutissimo Rodolfo Graziani, e provocano la morte di sette persone e circa cinquanta feriti. Sino al 21 febbraio la capitale etiopica sarà messa a ferro e fuoco, causando la morte e il ferimento di migliaia di civili.

    Quella strage, “Il massacro di Addis Abeba” come è stata definita dallo storico Ian Campbell nel suo testo dedicato all’analisi degli eventi avvenuti nel febbraio 1937, rappresenta solo l’inizio di una carneficina che coinvolgerà anche il monastero cristiano-copto di Debre Libanòs. Luogo mistico situato nella regione Oromo, a nord di Addis Abeba, divenne teatro di una storica “vergogna italiana” (per riprendere il sottotitolo del testo di Campbell).

    Paolo Borruso, nel suo testo Debre Libanòs 1937: il più grave crimine di guerra dell’Italia (edito da Laterza nel 2020), ricostruisce le inquietanti vicende che hanno contraddistinto una delle pagine più buie del colonialismo italiano. Il convento di Debre Libanòs era considerato il luogo di ospitalità di alcuni degli attivisti della resistenza etiopica che avevano partecipato all’attentato contro il viceré, anche se dalle ricostruzioni di Borruso emerge che gli attentatori si fossero solo ritirati brevemente presso il monastero.

    La strage, compiuta dalle truppe italiane guidate dal generale Pietro Maletti ai danni dei monaci, si consumò tra il 21 e il 29 maggio 1937, causando la morte di circa 450 monaci. Le spedizioni punitive elaborate dalla mente del generale Graziani (passato alla storia come il “macellaio del Fezzan”, per i metodi feroci utilizzati nella riconquista dell’area libica tra il 1929 e il 1930), sembra facessero parte di un piano ben dettagliato di violenza su vasta scala che aveva lo scopo di esibire la forza delle truppe coloniali italiane e costringere alla resa l’élite etiopica.

    Sono passati 85 anni ma, sia la strage di Addis Abeba, sia il massacro di Debre Libanòs, sembrano non avere lasciato traccia nella memoria comune italiana, come del resto tutto il nostro passato coloniale. Tralasciando le meritorie ricostruzioni storiche di Angelo Del Boca, la storiografia italiana ha poco sottolineato la gravità dei crimini commessi durante l’occupazione italiana dell’Etiopia.

    Nel 2006 alla Camera dei deputati fu presentato un progetto di legge recante il seguente titolo: Istituzione del «Giorno della memoria in ricordo delle vittime africane durante l’occupazione coloniale italiana». Nel preambolo della proposta di legge si riconosce l’importanza della strage e la si definisce come “giornata simbolo in memoria delle migliaia di civili africani etiopici, eritrei, libici e somali, morti nel corso delle conquiste coloniali”.

    In Etiopia, invece, il 19 febbraio rappresenta il momento di condivisione di una tragedia collettiva. Nel 1955 un obelisco è stato eretto nella capitale per commemorare questa “inutile strage” e da allora, anche durante il governo socialista del Derg, ogni presidente ha reso omaggio alle vittime del colonialismo italiano. Se ancora parzialmente restano sul terreno le vestigia dell’architettura italiana in Etiopia (uno fra tanti il quartiere Incis, oggi Kazanchis), nella nostra memoria non vi sono neppure le macerie.

    https://www.nigrizia.it/notizia/etiopia-i-conti-col-passato-la-strage-di-addis-abeba-del-1937

    #fascisme #Italie #colonialisme #massacre #massacre_d'Addis_Abeba #19_février_1937 #Debre_Libanòs #Ethiopie #Italie #Italie_coloniale #colonialisme #histoire #passé_colonial #Rodolfo_Graziani #Graziani #Pietro_Maletti #Maletti #macellaio_del_Fezzan #violence #Incis #Kazanchis

    –-

    ajouté à ce fil de discussion:
    #Addis_Ababa_massacre memorial service – in pictures
    https://seenthis.net/messages/671162
    et à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

    • Debre Libanos 1937. Il più grave crimine di guerra dell’Italia

      Tra il 20 e il 29 maggio 1937 ebbe luogo, in Etiopia, il più grave eccidio di cristiani mai avvenuto nel continente africano: nel villaggio monastico di Debre Libanos, il più celebre e popolare santuario del cristianesimo etiopico, furono uccisi circa 2000 tra monaci e pellegrini, ritenuti ‘conniventi’ con l’attentato subito, il 19 febbraio, dal viceré Rodolfo Graziani. Fu un massacro pianificato e attuato con un’accurata strategia per causare il massimo numero di vittime, oltrepassando di gran lunga le logiche di un’operazione strettamente militare. Esso rappresentò l’apice di un’azione repressiva ad ampio raggio, tesa a stroncare la resistenza etiopica e a colpire, in particolare, il cuore della tradizione cristiana per il suo storico legame con il potere imperiale del negus. All’eccidio, attuato in luoghi isolati e lontani dalla vista, seguirono i danni collaterali, come il trafugamento di beni sacri, mai ritrovati, e le deportazioni di centinaia di ‘sopravvissuti’ in campi di concentramento o in località italiane, mentre la Chiesa etiopica subiva il totale asservimento al regime coloniale. L’accanimento con cui fu condotta l’esecuzione trovò terreno in una propaganda (sia politica che ‘religiosa’) che andò oltre l’esaltazione della conquista, fino al disprezzo che cominciò a circolare negli ambienti coloniali fascisti ed ecclesiastici nei confronti dei cristiani e del clero etiopici, con pesanti giudizi sulla loro fama di ‘eretici’, scismatici. Venne a mancare, insomma, un argine ad azioni che andarono oltre l’obiettivo della sottomissione, legittimate da una politica sempre più orientata in senso razzista. I responsabili di quel tragico evento non furono mai processati e non ne è rimasta traccia nella memoria storica italiana. A distanza di ottant’anni, la vicenda riappare con contorni precisi e inequivocabili che esigono di essere conosciuti in tutte le loro implicazioni storiche.

      https://www.laterza.it/scheda-libro/?isbn=9788858139639
      #crimes_de_guerre #livre

  • Wes Anderson voudrait déjeuner – sur The French Dispatch - AOC (paywall, c’est la conclusion, j’ai pas vu le film mais apprécié cette lecture) https://aoc.media/critique/2021/10/26/wes-anderson-voudrait-dejeuner-sur-the-french-dispatch

    (…) Cela en dit surtout long sur le #journalisme. Car Wes Anderson a toujours su recouvrir d’une sorte de chic des zones de notre paysage collectif totalement fossilisées : il a filmé des hôtels middle Europa comme on n’en trouve plus nulle part. Il a filmé des scouts. Il a mis en scène des gens assez riches pour voyager loin avec tout un assortiment de malles siglées, avec porteurs afférents. Il a même filmé des tennismen dépressifs (quand tout le monde sait qu’ils ont été remplacés par des Ranxerox sans états d’âmes). The French Dispatch est joli mais moins inoffensif qu’on ne le croit. C’est un cercueil. C’est l’impeccable adieu à une certaine idée de la presse. Au moins lui fallait-il un Wes Anderson pour pouvoir dire que, ici comme ailleurs, elle n’a plus lieu.

    • Wes Anderson voudrait déjeuner – sur The French Dispatch
      Par Philippe Azoury
      Journaliste
      Sans rien perdre de son excentricité, en marquant, toujours, son décalage – avec sa génération, et dans ce qu’il représente à l’écran – Wes Anderson se rêve cette fois en rédacteur en chef. Avec un casting hors pair, remarqué à Cannes, The French Dispatch met en scène la rédaction d’un magazine d’information d’un autre temps, celui d’une presse intelligente, sobre, sarcastique et élégante, qui s’affirme sans fard en contre-pouvoir.

      Nous sommes en 2021, et il paraît que des journalistes rêvent de faire des films. Quoi de plus commun ?
      Nous sommes toujours en 2021 et un cinéaste, chic mais populaire, sujet d’un véritable culte, rêve quant à lui non plus de réaliser de films, mais de diriger un journal. C’est excentrique : jouir à l’idée de se voir assis derrière un grand bureau, vêtu d’un gilet beigeasse, éructant des horreurs dans sa barbe à l’adresse de pigistes sous-payés, est-ce encore de l’ordre du possible aujourd’hui ? Il y aurait encore des êtres humains dont le rêve hebdomadaire serait de bâtir un chemin de fer ? Leur a-t-on dit qu’à partir de là, ils verront dissoudre sous leurs yeux leur dernière parcelle de temps disponible, passeront leurs dimanches à essayer de faire entrer au chausse pieds des histoires trop longues, bavardes, dans des maquettes serrées jusqu’à ressembler dorénavant et un peu partout à des boîtes à chaussures d’enfants ?

      Lundi lire, mardi relire, mercredi traquer la coquille, jeudi éditer et titrer, vendredi boucler, et puis samedi et dimanche tout mettre à la poubelle car non, cette fois, ça ne tient pas, et il aurait fallu dynamiser ici, calmer le jeu là : ces semaines-là d’enfer expurgées seraient donc un fantasme pour d’autres ? Ils se voient réellement en train de presser le citron de leur imagination pour que les ventes, en berne, forcément en berne (il doit rester aujourd’hui plus d’anciens poilus de la guerre de 14 encore en vie que de journalistes qui ont connu l’âge d’or des ventes florissantes), remontent un jour ? Si oui, alors le vouloir devenir journaliste est une perversion sexuelle à rajouter à la longue liste établie par Krafft-Ebing ?
      Le cinéaste, c’est Wes Anderson. Et à en croire The French Dispatch, son nouveau film, il tient entre ses mains ce rêve malade, cette anachronie, de devenir rédacteur en chef d’un magazine d’information différent, « cassant, mais juste » en comité de rédaction, privilégiant le style et la belle écriture, et si un DA ou un SR (les journaux sont comme le rap français : ils redoublent d’acronymes) venait à lui demander : « Et au fait, pour la prochaine couv’, tu as une idée ? » notre homme serait catégorique : formellement, ne rien appliquer qui soit trop direct, ou qui fasse promotion. Faire l’inverse de la concurrence. Pas de photo, cela risquerait de faire trop de poids, trop d’entrechocs. Juste une illustration. Élégante et classique. D’un auteur ligne claire, cela va sans dire. Des traits lisibles et heureux – mais avec de l’intelligence et du sarcasme, à tous les endroits. Une folie douce volontiers hors de toute actualité. Le cinéaste imagine une presse qui ressemblerait en tout point à ses films. Le cinéaste s’imagine produire une œuvre élégante mais qui aurait la puissance ténébreuse d’un contre-pouvoir. Wes Anderson voudrait déjeuner.
      À moins que ce cinéma-là se soit lui-même inscrit dans la descendance du New Yorker. Cela fait longtemps finalement que Wes Anderson fait des journaux filmés. Aussi, avec The French Dispatch, il produit cette chose assez étrange : non pas un film inspiré de la vie d’un magazine (nous n’avons vu ici aucun reporter en bras de chemise, notant sur un calepin des informations recueillis en calant le téléphone entre l’oreille gauche et l’épaule, à la façon des Hommes du président, de Alan J. Pakula), mais monté comme un magazine. Par succession de rubriques. Cinq sections, trois grandes histoires : The Concrete Masterpiece ; Revisions to a Manifesto ; et enfin l’interminable The Private Dining Room of the Police Commissioner. Trois films dans le film, trois grands articles.
      Il lui arrive aussi, entre les pages (là où d’habitude, on met les publicités), de raconter en deux plans quelques légendes : quand le film parle avec admiration de ce type fantomatique qui, depuis vingt ans, taille son crayon dans l’espoir de retrouver un jour l’inspiration qui lui valut de signer les portraits les plus aiguisés des bas-fonds de New York (nous savons désormais, en partie grâce au travail des Éditions du sous-sol, qu’il s’agit de Joseph Mitchell), nous comprenons que Wes Anderson réinvente la presse selon des modalités qui n’ont plus cours. Mais qui s’accordent à ses désirs.
      Elles lui permettent de déplacer la rédaction du New Yorker en France. De tous les magazines édités par Condé Nast (Vogue, Vanity Fair, AD…) le New Yorker (crée en 1925 par Harold Ross) fut celui qui jamais n’eut une édition française, c’est donc pratique : il n’y a pas de réel, toujours plus gluant et fatigant, pour gâter la sauce et gâcher le fantasme, et le cinéaste peut s’en donner à cœur joie.
      Délocaliser New York à Paris, donc ? Non, même pas : dans une ville imaginaire qui serait française jusqu’au bout des ongles et porterait le nom d’Ennui-sur-Blasé. Ennui-sur-Blasé, dans les faits, c’est Angoulême, où le film a été tourné et pour beaucoup post-produit : Angoulême, la ville de l’image, la capitale de la BD, qui est avec le journalisme l’autre référent du film.
      The French Dispatch est un film qui laisse songeur tout autant qu’il fascine.
      Il y a longtemps que Wes Anderson ne dialogue plus avec d’autres cinéastes, mais vit dans un monde dont les contours fonctionnent en circuit fermés, toujours plus loin de la réalité immédiate, monde qui, de bonds en bonds, de clichés en image d’Épinal, nous regarde sous des couches de représentations dénuées de présence. C’est la merveille de son cinéma, c’est aussi son problème.
      Depuis plus de vingt ans qu’il enchante (La Famille Tenenbaum, La Vie aquatique, The Darjeeling Limited) , Wes Anderson a perdu de loin en loin l’attachement qu’il pouvait encore avoir avec l’imaginaire d’une génération. Ce n’était en rien un documentariste, mais dans quelques années, des historiens futés pourront toujours scruter, dans La Famille Tenenbaum par exemple, les signes culturels et mondains qui pouvaient réunir sous une même histoires quelques silhouettes autour desquelles se fantasmait une génération de hipsters à barbe et bonnets, qui question chaussettes encourageaient la couleur et prirent Williamsburg d’assaut pour en faire l’épicentre d’une mode – on serait bien en peine de dire une idéologie.
      Aujourd’hui, Wes Anderson a démissionné de ce monde-là, de cette nécessité à représenter ceux de son âge. Son cinéma n’a cessé de s’éloigner de l’humain. Ses personnages étaient ouvertement prisonniers du cliché, des parodies sur pattes, mais on pouvait parfois songer qu’ils incarnaient une perfection inatteignable. Aujourd’hui ils ne sont plus que des fétiches, des Barbies.
      Le grand basculement vers ce cinéma où un adulte se regarde infiniment jouer à la poupée a eu lieu avec Fantastic Mister Fox en 2010, film d’animation en volume adapté du grand Roald Dahl. Film inquiétant à tous les endroits, matériellement constitué de marionnettes à poils que des centaines d’animateurs faisaient bouger dans un hangar de Londres, près d’un petit aéroport, en l’absence physique de Wes Anderson – lequel ayant définitivement basculé dans un délire démiurgique, envoyait à ses équipes une minute par jour de mouvements qu’il mimait lui-même, filmée directement sur son téléphone portable et envoyée par Messenger depuis son appartement parisien.
      L’excentrique texan n’a jamais été aussi heureux que sur ce tournage-là, loin des hommes, s’amusant dans sa chambre farcie de jouets, dans une distanciation sociale qui n’avait pas attendu la pandémie pour tenir lieu de loi. Quand il s’est agit de ressortir pour promouvoir le film, on s’aperçut que Wes Anderson portait les mêmes vêtements beiges que son renard de personnage. À ce costume, au sens (presque sexuel) japonais du terme, il n’a plus jamais dérogé.
      Depuis, son cinéma n’a jamais tout à fait renoué avec la chair et l’humain. Ses deux grands films de la décennie, The Grand Budapest Hotel et Moonrise Kingdom, riaient d’être des miniatures. Il y a quatre ans, L’Île aux chiens, son précédent film, était adapté d’un manga et réitérait le procédé de Fantastic Mister Fox.
      Aujourd’hui, The French Dispatch est un film qui laisse songeur tout autant qu’il fascine. Son premier problème n’est pas tant qu’il soit inégal (il l’est, mais tout rédac chef vous dira qu’il faut que du terne côtoie du flamboyant, pour qu’un magazine tienne ses promesses) mais d’être, comme beaucoup de magazines : prisonnier de sa direction artistique.
      Il y a un siècle, S.M. Eisenstein pouvait penser qu’en matière de cinéma le hors-champ décidait de tout (là était son marxisme). Ici, dans cet univers dépolitisé en profondeur, c’est le DA qui semble décider de tout, et cela se voit dans les deux derniers « articles » du film : l’un raconte une révolution étudiante, au printemps 1968, où à Ennui-sur-Blasé on se demande : qui a bien pu rédiger le manifeste qui l’accompagne ? Un garçon qui se prend pour un génie, une fille qui lui rappelle qu’elles sont toujours plus malines ? À moins que ça ne soit la « vieille maitresse » du jeune Saint Just, passée « corriger » le brulot à quelques endroits opportuns ? Comme par hasard, c’est aussi une journaliste du magazine. Journaliste ou correctrice ?
      On sent que la question intéresse profondément Wes Anderson, davantage que la politique elle-même. Il suffit de voir les moments de révolte produire à l’image un effet « Mai 68 dans la Rue Gamma », cocasse pour ne pas dire autre chose, pour comprendre que l’essentiel est ailleurs : dans la position accordée aux rôles et à chacun ? C’est possible…
      Même échec pour la troisième histoire, inspirée de James Baldwin, et qui voudrait se raconter depuis un talk-show à l’américaine et se perd en route dans trop de couches de récit. Peut-on se planter, en 2021, sur une figure aussi bienvenue ? Pourtant, étrangement, là encore, le film parle d’une place à trouver, d’un rôle introuvable.
      Wes Anderson a toujours su recouvrir d’une sorte de chic des zones de notre paysage collectif totalement fossilisées.
      Pour tout dire, The French Dispatch serait en partie anecdotique ou plaisant s’il n’était pas traversé dans sa première heure par un épisode tout à fait nouveau dans le cinéma de Wes Anderson, où commence à se dire quelque chose d’enfin adulte autour de cette passion devenue dévorante pour le fétiche, la fourrure et la miniaturisation du monde.
      The Concrete Masterpiece est un moment d’une folie absolue, pour qui s’intéresse de près à ce qui anime en profondeur Anderson. Il met en scène Léa Seydoux et Benicio del Toro. Ce dernier est un artiste peintre, façon ogre à la Rodin, enfermé en psychiatrie pour des siècles. Léa Seydoux est sa gardienne, sorte de louve autoritaire tout droit sortie d’un porno concentrationnaire sinon d’un film « rétro » comme on disait dans les années 1970 quand Portier de nuit fabriquait des fantaisies SM louches autour des camps.
      La peine interminable du peintre assortie au désir de la gardienne d’être autre, le temps d’une fonction réversible, vont les amener à accomplir un chemin qui ressemble d’assez près à celui de La Venus à la fourrure. La surveillante devient modèle, le prisonnier devient libre de la représenter telle qu’elle se voit, mais il lui appartient et elle le dirige, du moins le croit-elle ou s’en laisse-t-elle persuader. Car il est possible qu’elle se donne à lui totalement, sans défense, dans cette dé/figuration esthétique qu’elle encourage : car la peinture de l’ogre est devenue abstraite. Elle ressemblerait presque à du Fautrier, alors même qu’au fur et à mesure, le film lui devient charnel. Dans cette cellule/atelier/chambre, la liberté est dans la distribution des rôles et des fonctions. Personne n’y perd et aucun marchand d’art n’arrive à arrêter ce jeu de rôles affolant tout, qui touche à quelque chose de plus important encore que la simple satisfaction sexuelle. Car pour la première fois en vingt-cinq ans, le cinéma de Wes Anderson se fait déborder de présence charnelle sans rien perdre de son art de la fétichisation : au contraire, il se dit enfin pour ce qu’il est.
      Quel chemin ce cinéma va-t-il prendre après cet épisode ? À quoi ressemblera le film qu’il est en train de tourner en Espagne et pour lequel il a interdit tout journaliste d’aller sur le tournage ? Il n’y a personne comme Wes Anderson sur la planète Cinéma. Il n’est pas dans l’animation, il la regarde de loin (Oh Angoulême). Il n’est plus, et depuis longtemps, dans le cinéma tel qu’il se fait ailleurs, mais il en convoque les stars (le casting de The French Dispatch est vertigineux). Il rate le vivant, mais il s’en fiche pas mal. Il est seul et cette solitude, personne ne peut ni l’envier ni l’égaler. Il est excentrique au sens premier du terme.
      Si Wes Anderson avait été musicien, il aurait pu jouer dans des groupes anglais distingués comme The Monochrome Set, le Jazz Butcher ou The Cleaners From Venus. Il a opté pour le cinéma. Voilà maintenant qu’il le regrette. Qu’il veuille faire des journaux, cela en dit long sur lui, dont on sent depuis quelques temps qu’il cherche à sortir des pièges posés par son œuvre.
      Cela en dit surtout long sur le journalisme. Car Wes Anderson a toujours su recouvrir d’une sorte de chic des zones de notre paysage collectif totalement fossilisées : il a filmé des hôtels middle Europa comme on n’en trouve plus nulle part. Il a filmé des scouts. Il a mis en scène des gens assez riches pour voyager loin avec tout un assortiment de malles siglées, avec porteurs afférents. Il a même filmé des tennismen dépressifs (quand tout le monde sait qu’ils ont été remplacés par des Ranxerox sans états d’âmes). The French Dispatch est joli mais moins inoffensif qu’on ne le croit. C’est un cercueil. C’est l’impeccable adieu à une certaine idée de la presse. Au moins lui fallait-il un Wes Anderson pour pouvoir dire que, ici comme ailleurs, elle n’a plus lieu.
      Philippe Azoury
      Journaliste, Rédacteur en chef culture de Vanity Fair, enseignant à l’ECAL (Lausanne)

      #presse #journalisme

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Wes_Anderson

    • Il met en scène Léa Seydoux et Benicio del Toro. Ce dernier est un artiste peintre, façon ogre à la Rodin, enfermé en psychiatrie pour des siècles. Léa Seydoux est sa gardienne, sorte de louve autoritaire tout droit sortie d’un porno concentrationnaire sinon d’un film « rétro » comme on disait dans les années 1970 quand Portier de nuit fabriquait des fantaisies SM louches autour des camps.

      Beau révisionnisme historique masculiniste, voici Rodin en psychiatrie à la place de Camille Claudel et Camille Claudel en gardinenne de geôle sexualisé en BDSM via la venus à la fourrure.
      Bel effort de Philippe Azoury pour glorifié ce réalisateur de pub et lui faire la courte echelle sur les cadavres des femmes artistes. Je souligne aussi l’usage de l’expression « Ogre » souvent utiliser pour dissimulé les violeurs mais ici pour ce simili Rodin on ne saura pas...

      #invisibilisation #historicisation #excision_symbolique #révisionnisme #male_gaze #camille_claudel #ogre #fraternité #hagiographie

  • Pourquoi les femmes n’ont-elles pas de nez en BD ?
    https://www.bfmtv.com/people/bandes-dessinees/pourquoi-les-femmes-n-ont-elles-pas-de-nez-en-bd_AN-202111130031.html

    Les dessinatrices ont rapidement compris cette importance politique du nez. Même les moins engagées comme Margaux Motin : « Je me suis rendu compte au début de ma carrière quand je cherchais mon style que quand je dessinais des femmes si je dessinais juste des narines, il n’y avait plus de personnalité dans mon personnage, et que n’importe qui d’autre pouvait l’avoir dessiné. On était plus dans du dessin de stylisme de mode, ce n’est pas ce que je cherchais, mes personnages avaient besoin d’avoir une personnalité. »

  • « Z Event » : la culture du harcèlement a encore de beaux jours devant elle

    https://blogs.mediapart.fr/actuconf/blog/011121/z-event-la-culture-du-harcelement-encore-de-beaux-jours-devant-elle

    Le « Z Event », le plus gros évènement caritatif de la plateforme Twitch a atteint un record de dons ce week-end, avec plus de 10 millions d’euros récoltés au profit de l’association Action contre la faim. Un record toutefois entaché par le harcèlement massif d’une des streameuse présente à l’évènement et qui a suscité peu de soutiens dans le milieu.

    –—

    En 2017, Amnesty International publiait ces chiffres à propos des violence en ligne à l’égard des femmes et plus particulièrement sur Twitter.

    L’ONG explique avoir interrogé 4 000 femmes dans huit pays. Via ces chiffres, Amnesty International constate que 76 % des femmes ayant déclaré avoir subi des violences ou du harcèlement sur une plateforme de réseau social ont modifié leur manière d’utiliser ces plateformes. 32 % ont cessé de publier du contenu véhiculant leur opinion sur certains sujets. En 2020, l’ONG republie un article « Twitter en 2020 : toujours toxique pour les femmes », expliquant que rien (ou presque) n’a changé.

    #harcelement #invisibilisation #femmes #sexisme #discrimination #male_gaze #censure

  • Ubérisation et après ? Comment la plateformisation ruine nos vies - davduf.net
    http://www.davduf.net/uberisation-et-apres-comment-la-plateformisation

    Fabien Lemozy et Stéphane Le Lay, sociologues, sont les co-auteurs de « Ubérisation et après » paru aux éditions du Détour, ouvrage collectif coordonné par Pascal Savoldelli. Ce matin, ils sont venus nous parler de leur étude sur les dégâts causés aux livreurs à vélo, mais pas seulement. Qui de la « plateformisation » et de la précarisation a nourri l’autre ? Comment le « management algorithmique » grignote nos libertés ? Comment les livreurs se lancent dans une « auto-accélaration » pour s’offrir une stratégie de défense individuelle, faute de combat collectif dont tout est fait pour qu’il ne puisse se tenir. Enfin : leur constat est sans appel, notre responsabilité individuelle est engagée. Il faut désinstaller ces applications.

    • Merci pour ton emission @davduf j’apprecie souvent mais ca fait un moment que j’ai un problème avec l’invisibilité des femmes dans ton emission.
      Du coup je laisse ici quelques question qui pourraient peut être te donner des idées

      Quel est l’histoire des femmes policières, depuis combien de temps il y en a, quels proportion, elles font quoi dans la police ?

      Comment ca se passe pour les femmes dans la police ?
      Est-ce qu’il y a des femmes dans la police qui sont victimes de harcelement , de discriminations ? Si oui comment ca se passe pour elles, sont -elles entendu de leur hierarchie ou sont elles doublement discriminées ?

      Est-ce qu’il y a du sexisme dans la police ?
      Si il y en a comment ca se manifeste ? J’ai souvenir d’une policière qui témoignait sur le média, elle racontait le racisme et lorsqu’on lui pose la question du sexisme elle a dit que c’etait tellement énorme, tellement perpetuel qu’elle ne relevait même plus, c’etait 10 fois par jour minimum, le racisme etait plus dilué dans le temps que le sexisme. Et pourtant j’entend très peu le sexisme de la police dénoncé....

      https://www.youtube.com/watch?v=BsRDCW1YHLc

      Les féminicides sont aussi considéré par les féministes comme une forme de terrorrisme, ca pourrait être interessant de se documenté dessus - le #male_entitlment je croi avoir documenté ca sur seenthis - pourquoi les tueurs de masse sont des hommes et pourquoi ils le font souvent après une séparation, après avoir buter les gosses, son ex et quelques passants ces mecs ne sont pourtant pas appelé des terrorristes mais comme des fous pourtant c’est une technique qui dit quelquechose à toutes les femmes qui voudraient se séparé de leur compagnon...

      https://seenthis.net/messages/698626
      https://seenthis.net/messages/644795

      Pourquoi la PJ manque autant de moyens ?
      Pourquoi les plaintes ne sont pas enregistrées ? C’est un sujet brulant pourtant j’ai rien trouvé sur ta chaine là dessus.

      https://www.facebook.com/NousToutesOrg/videos/la-police-a-lobligation-de-prendre-votre-plainte-cest-la-loi/672020240365932

      Est-ce que les policiers sont vraiment formés pour recevoir les victimes de violences sexuelles ? Comment se passent ces formation ? Qui les donnent ?

      j’ai entendu dire que la « formation » pour les violences sexistes et sexuelles sous Darmain, c’est seulement une brochure distribuée aux poulets et Darmanin présente ca comme 130.000 formations de policiers juste avec les éléctions... Malheureusement je retrouve pas la source pour ca, peut être « nous toutes » sur Instagram...

      On peu aussi se demandé si la police est pas plus dangereuse pour les femmes que d’autres institution. Aux USA on a découvert que les flics sont plus maltraitant que la moyenne des hommes avec leurs compagnes et enfants. Qu’en est il pour la France, si on n’arrive pas à savoir, pourquoi ?
      https://seenthis.net/messages/433031

  • Industrie pornographique : quatre acteurs mis en examen pour viol, dont trois écroués
    https://www.lavoixdunord.fr/1091202/article/2021-10-28/industrie-pornographique-quatre-acteurs-mis-en-examen-pour-viol-dont-tr

    Ce serait la première fois que des acteurs sont poursuivis pour viol dans les investigations visant l’industrie pornographique, en France. Une cinquantaine de victimes auraient été identifiées, selon la source proche du dossier.

    Quatre acteurs ont été mis en examen le 22 octobre pour viol, dont trois incarcérés, dans l’enquête à Paris sur la plateforme de vidéos pornographiques « French Bukkake », ont fait savoir ce jeudi une judiciaire et proche du dossier, confirmant une information de BFMTV.

    Ce serait la première fois que des acteurs sont poursuivis pour viol dans les investigations visant l’industrie pornographique, en France, selon la source proche du dossier. Une cinquantaine de victimes auraient été identifiées, selon la source proche du dossier.
    La plateforme « French Bukkake ».

    « Quatre personnes ont été présentées le 22 octobre au juge d’instruction en charge de l’affaire et ont été mises en examen du chef de viol », a indiqué une source judiciaire. « Trois d’entre elles ont été placées en détention provisoire. La dernière personne a quant à elle été placée sous contrôle judiciaire », a-t-elle précisé.

    Le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire début 2020, puis une information judiciaire le 17 octobre visant la plateforme « French Bukkake ».

    Au total, huit personnes sont poursuivies dans ce dossier, dont les investigations ont été confiées à la section de recherches de la gendarmerie de Paris.

    Mi-octobre 2020, quatre personnes avaient été mises en examen pour « proxénétisme » et « traite d’êtres humains » aggravés, dont les producteurs surnommés « Pascal OP » et « Mat Hadix ».
    « Pascal OP » et « Mat Hadix »

    « Pascal OP », en détention provisoire, est aussi poursuivi pour « blanchiment de proxénétisme aggravé et blanchiment de fraude fiscale » ainsi que pour « travail dissimulé », avait indiqué à l’époque une source proche du dossier.

    Il est connu pour sa plateforme de vidéos pornographiques « French Bukkake », où « il produit ses contenus qu’il va vendre, mais il peut aussi bosser comme cadreur, rabatteur d’actrices, ou producteur pour d’autres plateformes », avait détaillé le journaliste Robin D’Angelo, auteur d’un livre-enquête sur son infiltration dans l’industrie du porno amateur.

    Le second producteur, Mathieu L. surnommé « Mat Hadix », avait été incarcéré en décembre pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire.

    Le site « Jacquie et Michel », incarnation en France du porno amateur, est aussi visé par une enquête depuis le 10 juillet 2020 pour « viols » et « proxénétisme ».

    Après les révélations sur les violences et pratiques imposées lors des tournages, de grands groupes français du secteur, comme « Jacquie et Michel » et Dorcel, avaient annoncé en novembre 2020 leur volonté d’adopter des chartes éthiques et déontologiques.

  • artgirls_galerie
    📣 Où étaient les femmes à la Fiac Paris cette année ?

    💎 5 chiffres qu’on veut voir changer !

    👉 33% des artistes exposés dans les Online Viewing Room de la FIAC en 2021, sont des femmes.

    👉 19% des artistes exposés à la FIAC Hors les murs en 2021, sont des femmes.

    👉 37% des membres des comités de sélections de la FIAC en 2021, sont des femmes.

    👉 10% des œuvres présentées à la FIAC 2021, dont le prix excédait les 500.000 € ont été réalisées par des femmes.

    👉 78% des œuvres réalisées par des artistes femmes présentées à la FIAC 2021, avaient un prix inférieur à 50.000 €.

    Notre étude complète est disponible dans la newsletter d’aujourd’hui.
    👉 Si vous n’êtes pas encore inscrits et que vous souhaitez télécharger notre rapport vous pouvez nous envoyer votre mail en DM.

    📣 Comment changer cette situation ?
    Nos trois propositions.

    💎 Instaurer une parité femmes / hommes au sein des membres des comités de sélection : un premier pas facile à mettre en place

    💎 Favoriser et encourager la présence d’artistes femmes au sein du programme de la FIAC hors les murs

    💎 Intégrer la question de la parité aux critères de sélection des galeries

    https://www.instagram.com/p/CVdOp02o3TZ

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    #male_gaze #art #femmes #féminisme #invisibilisation #domination_masculine

  • La Barbe - La saison théâtrale 2020/2021
    https://labarbelabarbe.org/La-saison-theatrale-2020-2021

    Ils ont compris que le monde d’après sera comme le monde d’avant : masculin.
    Ils dirigent les théâtres, ils créent des spectacles, ils les mettent en scène.
    La Barbe salue bien bas cette comédie héroïque !

    La Barbe se réjouit de découvrir une programmation post confinement à la hauteur de ses espérances, voyez plutôt :

    Théâtre National de la Colline « Hiver » (direction Wajdi Mouawad)
    6 spectacles : 6 Hommes soit 100 % d’Hommes. La perfection !

    Été solidaire du Théâtre de la Ville (direction Emmanuel Demarcy-Mota)
    5 Spectacles : 5 Hommes soit 100 % d’Hommes. Un idéal !

    Les Bouffes du Nord (direction Olivier Mantei et Olivier Poubelle)
    33 spectacles : 10 Hommes, 22 collectif
    Nous déplorons qu’une femme se soit glissée dans la programmation faisant chuter la représentation des Hommes à 97 %.

    Festival d’Avignon « Automne » (direction Olivier Py)
    8 Spectacles : 6 Hommes, 1 collectif soit 87,5% d’Hommes
    Nous alertons sur la pente glissante qu’emprunte Olivier Py en confiant la mise en scène d’un spectacle à une femme. Une femme c’est un homme en moins !

    Festival Paris l’Eté (direction Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel)
    8 spectacles : 6 Hommes, 1 collectif soit 87,5% d’Hommes
    Non contents d’introduire la louve dans la bergerie (une femme codirige le théâtre), un spectacle a été confié à une femme. Prudence !

    MC93 (direction Hortense Archambault)
    35 spectacles : 25 Hommes et 4 collectifs soit 87 % d’Hommes
    Ils ont confié la direction à une femme, ils n’allaient pas non plus leur confier la mise en scène ! Bravo !

    Le Monfort (direction Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel)
    32 spectacles : 22 Hommes 5 collectif
    Lorsqu’on ouvre une brèche on doit s’attendre au déferlement : 1 femme codirige et voilà que le Monfort n’accueille plus que 84,5 % d’hommes, faisant figure de mauvais élève de notre classement. Ressaisissez vous que diable !

    Théâtre National de Strasbourg (direction Stanislas Nordey)
    20 spectacles : 16 Hommes soit 80 % d’Hommes. Fabuleux !

    La Villette (président : Didier Fusillier)
    14 spectacles : 10 Hommes, 1 collectif soit 79 % d’Hommes. Mirifique !

    Théâtre National de l’Odéon (direction Stéphane Braunshweig)
    13 spectacles : 10 Hommes soit 77 % d’Hommes. Félicitations !

    Théâtre Nanterre-Amandiers (direction Philippe Quesne)
    22 spectacles : 10 Hommes, 7 collectif soit 77 % d’Hommes. Bravo !

    Théâtre de la Cité de Toulouse (direction Galin Stoev)
    33 spectacles : 20 Hommes, 5 collectifs soit 76 % d’Hommes. Un régal pour les yeux !

    Le Phénix (direction Romaric Daurier)
    11 Spectacles : 8 Hommes soit 73 % d’Hommes. Formidable !
    P.-S.

    #theatre #metootheatre #male_gaze #invisibilisation #femmes #sexisme #discrimination #féminisme

    • A part ca le jury du prix Renaudot 2021 comporte toujours Christian Giudicelli, un proche de Madneff qui raconte les viols de mineurs en Philippine avec son ami pédocriminel.

      Le jury du prix Renaudot 2021 se compose aux dernières nouvelles de Christian Giudicelli, Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Patrick Besson, Georges-Olivier Châteaureynaud, Franz-Olivier Giesbert, Cécile Guilbert, Stéphanie Janicot, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.

      Et le gouvernement organise un nouvel appel à témoins sur l’inceste comme si les témoignages on en avait pas assez pour décider enfin d’agir.


  • Slimani – Mouawad : le sexisme déconfiné

    https://zone-critique.com/2020/03/25/slimani-mouawad-sexisme-deconfine

    C’est une évidence ; le confinement est propice à l’écriture, activité solitaire par excellence. De plus, les artistes ont un rôle important à jouer dans les situations de crise ; par leur regard, ils offrent une lecture singulière et parfois salutaire sur les évènements qui nous affectent tous. Il n’est donc pas étonnant que récemment, de nombreuses chroniques de confinement aient vu le jour, lancées par de simples anonymes ou par des artistes reconnus. Bien qu’elles soient très diverses, dans le fond comme dans la forme, elles ont pour point commun de se créer dans l’immédiateté, et de s’inventer au fil d’évènements difficiles à prévoir : elles se lancent dans l’inconnu, et sont par là même vouées au tâtonnement. En revanche, la réception de ces journaux de confinement par l’opinion publique est à géométrie variable, comme l’illustre notre rédactrice.

    961280-portrait-culture-litteratureParmi les initiatives les plus visibles, deux ont particulièrement retenu mon attention : le journal de Leïla Slimani, publié dans Le Monde, et celui de Wajdi Mouawad, diffusé sur la plateforme SoundCloud et le site du théâtre de la Colline, qu’il dirige depuis 2016. Leïla Slimani et Wajdi Mouawad parlent à la première personne, en tant qu’écrivains. Ils sont clairement dans une posture artistique et subjective. Le terme « journal » paraît donc adapté, de par sa connotation personnelle, intime. Il s’agit de partager ses pensées, ses émotions, son vécu individuel vis-à-vis d’une expérience partagée. Et en effet, par sa nature même, le confinement nous coupe des autres, nous renvoyant fatalement à nous-même, notre cellule familiale, nos conditions de vies, nos émotions.

    Il y a des échos forts entre les réflexions et les situations des deux artistes. Ils passent tous les deux leur confinement dans une maison, dans des conditions confortables. Wajdi Mouawad réside à Nogent-sur-Marne, une ville, où, dit-il, l’on se confine aisément, avec « un bois magnifique[i] », non loin de là. Leïla Slimani, de son côté, reconnait sa chance : « Je n’ai pas faim, je n’ai pas froid, j’ai une chambre à moi d’où je vous écris ces mots. J’ai le loisir de m’évader, dans des livres, dans des films[ii]. »

    Ils expriment leur sidération, leurs doutes vis-à-vis d’un avenir qui leur parait soudain plus incertain que jamais. Tous deux font appel aux mythes pour tenter de donner du sens présent : Wajdi Mouawad puise dans la mythologie grecque et les récits bibliques, Leïla Slimani parle de la Belle au bois dormant. Ils trouvent du réconfort dans l’observation de la nature : l’autrice évoque « les tilleuls sur les branches desquels apparaissent les premiers bourgeons[iii] », Wajdi Mouawad se perd dans la contemplation de l’érable du Japon qui pousse dans son jardin. Ils sont en famille. En annonçant à son fils qu’il n’y a plus d’école, Wajdi Mouawad constate la « joie de l’enfant devant les catastrophes des adultes[iv] » ; tandis que Leïla Slimani rapporte des paroles semblables : « On l’aime ce virus. C’est quand même grâce à lui qu’on est en vacances[v]. ».

    Une réception aux antipodes

    portrait-wajdi-mouawad_0_1400_1400Or, malgré toutes ces similitudes, il y a une chose qui diffère radicalement entre ces deux projets : la réception qui leur est faite.Le journal de Wajdi Mouawad a été accueilli avec enthousiasme. On peut trouver moult commentaires élogieux et remerciements sur les réseaux sociaux, et Télérama salue « Une introspection intelligente qui sait mettre les bons mots sur les sentiments qui nous traversent tous[vi] ».

    A l’inverse, le premier épisode de celui de Leïla Slimani a essuyé des critiques d’une extrême virulence. Les mêmes reproches reviennent encore et encore sur Twitter et dans les journaux : le texte est « indécent », « égocentré » ou « nombriliste », « vide », le recours au conte « niais » ou « mièvre ». On reproche à Leïla Slimani d’être une Marie-Antoinette du confinement, de n’avoir pas conscience de ses conditions de vie privilégiées. Et ce, bien qu’elle écrive « Nous ne sommes pas à égalité. Les jours qui viennent vont au contraire creuser, avec une cruauté certaine, les inégalités. Ceux qui ont peu, ceux qui n’ont rien, ceux pour qui l’avenir est tous les jours incertain, ceux-là n’ont pas la même chance que moi[vii]. ». Un des articles les plus véhéments va jusqu’à affirmer que Leïla Slimani est représentante d’une « bourgeoisie qui se rêve écrivain[viii] » – pas une véritable écrivaine, donc. La grande majorité des critiques en concluent qu’elle n’a pas la légitimité nécessaire pour relater son expérience, parce que celle-ci n’est pas représentative, et de très nombreux internautes lui ordonnent tout bonnement de se taire.

    Pourquoi des réactions aussi radicalement opposées face à des propositions artistiques aussi proches ?

    Pourquoi des réactions aussi radicalement opposées face à des propositions artistiques aussi proches ? Il y a sans doute plusieurs facteurs d’explications. D’une part, Leïla Slimani est plus visible, donc plus exposée aux critiques. A l’heure où j’écris ces lignes, l’épisode 1 du journal de Wajdi Mouawad compte 69 000 écoutes sur SoundCloud, tandis que le Monde comptabilise 300 000 abonnés. Ensuite, le public touché n’est sans doute pas tout à fait le même. Enfin, il y a des différences bien réelles de ton, et de style, et de propos, entre les deux artistes.

    Cependant, cela ne suffit pas, selon moi, à expliquer un tel écart de traitement. Les reproches adressés à Leïla Slimani pourraient tous s’appliquer à Wajdi Mouawad. Il écrit à la première personne, et s’appesantit en fait plus sur ses angoisses et sa vie privée que ne le fait l’autrice dans le Monde. Lorsqu’il prend le temps d’enterrer des araignées ou de relire l’Ancien Testament, il est très certainement assez déconnecté des préoccupations de la plupart des Français – et, contrairement à Leïla Slimani, il ne reconnait pas explicitement sa situation de privilège. Comment le public aurait-il réagi si l’écrivaine avait suggéré comme lui au lecteur « d’ouvrir ses carreaux et [de] lire un poème à voix haute au voisin d’en face[ix] » ? Elle aurait été, à coup sûr, sujette à encore plus de moqueries.

    Est-ce parce qu’il évoque souvent la guerre du Liban, qu’il a vécu enfant, et qui a forcé sa famille à s’exiler ? Son histoire personnelle lui donne-t-elle pour toujours le droit à exprimer son opinion, en n’importe quelles circonstances ? Cela serait, en soi, placer le problème sur le terrain moral, ce qui en littérature est problématique comme on le verra plus bas.

    On peut de plus remarquer que d’autres personnalités qui n’ont ni le même discours, ni le même passé, semblent tout aussi épargnées par la vindicte publique. Ainsi, l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré tient son propre journal de confinement en vidéo, dont le jour 1 compte sur YouTube plus de 200 000 vues. Il vit également dans une grande maison avec jardin. Adepte de l’humour noir, il n’hésite pas à plaisanter, entre autres, sur les risques pour les femmes confinées avec des maris violents[x], ou sur les parisiens cloitrés dans leurs petits appartements[xi] ; une attitude volontairement outrancière et provocatrice qui pourtant, ne semble choquer personne.

    Qu’est-ce qui explique donc, la colère contre Leïla Slimani ?

    À cette figure repoussoir des « indécentes », on oppose celle de la femme honnête, généralement anonyme, voire la sainte des temps modernes : l’infirmière, la caissière, l’étudiante boursière dans son 15m², etc.

    Ce qui m’a frappée tout de suite, c’est la spécificité du vocabulaire employé pour critiquer ou parodier le texte, et par extension, l’écrivaine : elle est frivole, mièvre, égocentrique, hypocrite, légère, elle romantise la situation, sa vision des choses est trop rose… Un ensemble de défauts qui, dans notre imaginaire collectif, sont très fortement associés au féminin, ou à une certaine féminité plus ou moins fantasmée. Ce constat fait, le choix des cibles, ainsi que la nature et la violence des critiques auxquelles elles ont été exposées deviennent beaucoup plus cohérents. Leïla Slimani, mais aussi Marie Darrieussecq et Lou Doillon, également attaquées, ne sont pas considérées comme des artistes, mais comme des précieuses forcément ridicules. À cette figure repoussoir des « indécentes », on oppose celle de la femme honnête, généralement anonyme, voire la sainte des temps modernes : l’infirmière, la caissière, l’étudiante boursière dans son 15m², etc. Une logique vieille comme le patriarcat. Aujourd’hui, la manière la plus simple pour une autrice d’écrire sur le confinement en étant crédible, c’est d’écrire contre les bourgeoises, quitte à insister sur sa propre précarité. L’homme qui parle de lui, quelle que soit sa classe sociale, peut prétendre à l’universalisation de son propos. La femme, si elle fait de même, est dans l’obligation de se justifier.

    On pourrait débattre sur la qualité des textes en question. La prose de Leïla Slimani ne serait pas de l’envergure de celle de Wajdi Mouawad. Ce discours est souvent utilisé face au constat des inégalités persistantes entre les hommes et les femmes dans le secteur culturel. Il y aurait moins de femmes artistes parce qu’elles auraient, tout simplement, moins de talent, ou moins de choses à dire. Cet argument est d’une certaine manière irréfutable ; la notion de « talent » et de « valeur » dans le domaine artistique est par nature subjective et flottante, surtout dans le cas d’artistes contemporains pour lesquels l’histoire n’a pas encore tranché.

    Donner la parole à Leïla Slimani ne signifie pas la confisquer aux autres, et cet acharnement pourrait bien décourager les intellectuelles qui seraient tentées de l’imiter, peu désireuses de devenir à leur tour les boucs émissaires de quiconque possède une connexion internet.

    Pourtant, ce que les chiffres nous disent encore et encore[xii], c’est que les femmes bénéficient dès le début de leur carrière de moins de crédibilité et moins d’opportunités. La plupart des trajectoires artistiques le montrent : pour développer une œuvre puissante et originale, il faut souvent du temps. Les premières productions sont généralement qualifiées de « promesses », qui ne peuvent être tenues que si les créateurs et créatrices sont encouragés. A l’inverse, il est facile de tuer dans l’œuf une vocation, ou un projet littéraire encore fragile, en les traitant avec mépris ou condescendance. Dans le cas de Leïla Slimani, bien qu’elle ne soit pas une autrice débutante, ces méthodes de décrédibilisation se sont avérées redoutablement efficaces. Dès le deuxième épisode de son journal, elle renonce à raconter ce qu’elle vit, et adopte un ton beaucoup moins personnel – on peut supposer qu’elle pratique désormais une forme d’autocensure. Dans le troisième épisode, elle se concentre sur les conditions de vie des prisonniers, tentant ainsi de se conformer à la posture morale qu’on lui réclame. On notera que cela ne semble pas émouvoir ses détracteurs, qui se désintéressent alors pour la plupart de la question. Cela est assez logique, puisqu’elle est attaquée davantage sur ce qu’elle est, ou plutôt ce qu’elle est censée représenter, que sur ce qu’elle dit.

    Quand bien même cette lecture serait fausse, et les attaques contre elle et ses consœurs n’auraient rien à voir avec leur sexe, les reproches qui leurs sont adressés restent très fragiles ; elles n’auraient pas de légitimité à parler d’elles-mêmes, ou à parler tout court, parce qu’elles sont privilégiées. Si Leïla Slimani est égocentrique lorsqu’elle consacre quelques paragraphes à elle-même, alors que dire de l’œuvre d’un autre prix Goncourt, Proust, bien au chaud dans son confort bourgeois pendant que les poilus mouraient dans les tranchées ? Ou encore de Raymond Radiguet, qui commence Le diable au corps en déclarant : « Que ceux déjà qui m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances ». Ces auteurs ne sont-ils pas indécents ? N’auraient-ils pas dû s’abstenir d’écrire ? La littérature, de par sa nature même, tend à donner de l’importance à des choses tout à fait dérisoires, y compris dans des situations de crises. C’est ainsi qu’elle peut saisir la complexité de l’expérience humaine.

    Comme le dit Wajdi Mouawad, « à cause du geste même de l’écriture, des images surgissent (…) qui donnent de la perspective, une profondeur qui me permet de voir plus loin que le bout de mon nez[xiii]. ». L’entreprise littéraire est en effet à même d’ouvrir un espace de réflexion que l’actualité brûlante ne permet pas. Elle « [défait] le confinement par ce qui nous rend humain : la parole partagée[xiv] ».

    Quoi que l’on pense de la qualité des journaux de confinement qui sont tenus aujourd’hui, il semble essentiel d’encourager, ou tout au moins de laisser être, toute tentative artistique pour continuer à dire et à penser le présent. Donner la parole à Leïla Slimani ne signifie pas la confisquer aux autres, et cet acharnement pourrait bien décourager les intellectuelles qui seraient tentées de l’imiter, peu désireuses de devenir à leur tour les boucs émissaires de quiconque possède une connexion internet. Certains voient, dans cette indignation le témoignage d’une fracture sociale de plus en plus profonde. Elle me paraît davantage être le symptôme d’un sexisme insidieux, mais puissant. Le message, somme toute, est clair : en temps de crise, laissez la parole aux hommes.

    Hélène Pierson

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