• Pourquoi je ne suis pas pro-sexe | Les Questions Composent
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    Avant y avait d’un côté, les cathos anti-sexe très coincés, et de l’autre les jeunes cools et décoincés. Il y avait d’un côté les bigots qui interdisaient le sexe sauf dans les liens sacrés du mariage, et de l’autre les super rebelles qui envoyaient chier tout ça et qui faisaient l’amour quand ils voulaient, comme ils voulaient. Et il y avait d’un côté la fille coincée qui voulait se préserver pour le mariage et se respecter, et de l’autre la fille libérée sexuellement qui s’en foutait de tout ça et qui voulait juste s’amuser.

    Or, on le sait maintenant, le patriarcat récupère tout. C’est facile, parce que le patriarcat c’est surtout des injonctions contradictoires, alors si tu en envoies balader une, il te cerne avec les autres. L’échec de la libération sexuelle, c’est quand les femmes ont voulu libérer leur sexualité et qu’on les a mises au service sexuel des hommes. On disait qu’y avait rien de mal à être une pute et que c’était mieux qu’être une sainte, parce que les saintes elles baisent pas. Ce faisant, on a bien pris soin de conserver ces deux catégories. La différence avec avant c’est que toutes les femmes peuvent être un peu des putes avant d’être des saintes. Comprenez qu’elles peuvent un peu se mettre au service sexuel des hommes, avant de se caser.

    Avant il fallait surtout pas être une salope. Maintenant il faut pas, mais quand même un petit peu, sinon tu es une coincée, et être une coincée, c’est mal.

    Et c’est ça être anti-sexe : être coincé. Si tu es anti-sexe, tu fais forcément partie de ces bigots, de ces coincés, de ces bourges catho frigides. De ces mal baisées. Un bon coup de pine leur ferait du bien, elles seraient plus détendues ensuite. Elles sauraient que le sexe c’est BON, que le sexe c’est BIEN, que le sexe c’est de l’amusement et du fun.

    On me traite de bigote parce que j’aimerais un monde non seulement sans salariat d’aucune sorte, mais aussi sans prostitution parce que je pense que « vendre son cul ou ses bras », non, c’est pas forcément exactement la même chose. Que peut-être être contraint à des actes sexuels n’est pas la même chose qu’être contraint à quoi que ce soit d’autre. Qu’une agression sexuelle n’équivaut pas à une agression tout court. On me traite de bigote parce que je pense que se forcer à du sexe pour sauver son couple, c’est plus violent que se forcer à faire un effort sur la régularité du lavage de vaisselle. Que le sexe, oui, c’est quelque chose de particulier, qui touche à l’intime. On me traite de coincée, de frigide. Ça doit être ça, je dois être juste « mal baisée », je vois pas à quel point le sexe c’est Le Bien.

    Dire « la prostitution c’est du sexe », à mon avis c’est se placer du côté des clients : pour des prostituées, et pour pas mal d’épouses également d’ailleurs, c’est pas avant tout du travail ? Dire « le viol c’est du sexe », c’est se placer du côté des violeurs, parce que pour les victimes, c’est pas du sexe, bien sur ça impacte leur sexualité peut-être, du moins pour une partie d’entre elles, mais le viol pour les victimes c’est une agression, c’est injuste, c’est révoltant, ça concerne leur corps mais pour elles, c’est pas un acte sexuel. Et dire « le sexe c’est fun » c’est se placer du côté des hommes, parce que le sexe c’est pas QUE fun pour les femmes.

    Attentions, je dis pas que les femmes n’aiment pas le sexe. A mon avis, les femmes apprécient plus le sexe que ce qu’on veut bien raconter. À titre personnel, j me suis toujours demandée comment faisaient les femmes qui font du « chantage au sexe » en mode : si tu fais pas la vaisselle, pas de sexe. Elles ont jamais envie ? Peut-être qu’elles salissent davantage de vaisselle dans l’espoir que leur Jules la lavera et gagnera le droit de les baiser ? ou peut-être qu’elles aiment juste pas ça, jamais ?

    N’empêche qu’on le voit avec cet exemple, le sexe n’est pas que de l’amusement pour les femmes. C’est une monnaie d’échange pour obtenir quelque chose. C’est du travail, donc. Et si c’est du travail, c’est pas forcément marrant.

    Et dans le cadre conjugal, le sexe c’est même au-delà du travail, ça devient carrément une corvée. Il faut lire comment les femmes parlent de sexe sur les forums de mères. « moi j’arrête pas pendant les grossesses, sinon c’est plus dur de s’y remettre après ». Une fois j’ai demandé si ça dérangeait pas leurs mecs de les baiser alors qu’elles n’en éprouvent visiblement aucune envie. J’ai dit : mais ça doit se voir, que vous avez pas envie, que vous attendez que ça se termine, et ils s’en rendent même pas compte ? J’ai eu une réponse du style « ho tu sais les hommes, si tu les prends par le bon bout, une fois qu’ils sont partis ils font plus attention à rien ».

    Gerbe.

    Et il faudrait que je sois pro-sexe, dans cette société où le sexe, c’est ça ?

    On nous pousse à être pro-sexe, à être « pour le sexe », à considérer le sexe comme uniquement drôle et marrant, avec des pressions sociales qui sont à base de stigmates (le stigmate de la coincée, de la prude, de la « catho », surtout dans les milieux militants d’ailleurs, mais pas que). Ce faisant, les dominants, ceux pour qui le sexe n’est que drôle, s’approprient les termes du débat.

    #prostitution #culture_du_viol #sexisme #patriarcat

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : Pourquoi ne parlerions nous pas de violence et de masculinité ?
    http://hypathie.blogspot.fr/2012/12/pourquoi-ne-parlerions-nous-pas-de.html


    En 2010, dans un article intitulé « Suicide by Mass Murder », Rachel Kalish et Michael Kimmel ont donné un nom à ce phénomène : l’« aggrieved entitlement » (droit acquis lésé). Dans leur article, ils décrivent une « culture de masculinité hégémonique aux États-Unis », qui crée un « sentiment de droit acquis lésé, propice à la violence ». Pour les jeunes hommes, et surtout les hommes blancs, la colère et la violence sont des privilèges auxquels les autres personnes ne peuvent prétendre, et dont l’exercice hors de cette caste, est clairement puni. Quant à notre système carcéral industrialisé, il déborde d’un nombre disproportionné de jeunes hommes noirs. Alors que les hommes qui tuent une partenaire intime écopent en moyenne de peines de deux à six ans, les femmes qui tuent leur conjoint sont condamnées, en moyenne, à 15 ans de prison. Le privilège de se mettre en colère et d’user de violence n’est pas également distribué. Pas plus que le fait d’admettre que les hommes souffrent de maladie mentale, un domaine que nous dépeignons comme presque exclusivement réservé aux filles et aux femmes.

    #droit_aquis_lese

    • Les jeunes hommes noirs sont plus punis (plus longtemps) que les jeunes hommes blancs, ou bien ils sont plus enclins à laisser exprimer de la colère et de la violence que les hommes blancs ? C’est ambigu, et cette information de la fréquentation des prisons vient semer le trouble dans le raisonnement.
      Pour ma part, je fais l’hypothèse que les hommes noirs américains sont plus enclins à laisser exprimer de la colère et de la violence que les hommes blancs, mais pour des raisons sociologiques, et non des raisons racistes. Du coup la précision sur la couleur de peau des prisonniers vient parasiter le raisonnement.
      Il faudrait se concentrer sur l’étude des verdicts des condamnations masculines pour des faits de violence équivalents, selon qu’on est blanc ou noir, si l’on veut appuyer la thèse de l’« aggrieved entitlement ».

      C’est dommage, car pour le reste, le sujet est pertinent. On sait bien aussi qu’une clémence abjecte est accordée aux violeurs masculins victimes de leurs hormones...
      Ici encore la violence serait le pendant de la virilité... Circonstances atténuantes..

    • J’avais pas vu ta remarque @petit_ecran_de_fumee pour moi la phrase que tu commente est claire, elle indique que la violence des groupes dominés (les noirs et les femmes) sont bien plus réprimé que les dominants (hommes blancs) mais je ne voie nulle part l’idée que les hommes noirs seraient plus violents, au contraire le texte dit plusieurs fois que niveau meurtre de masse c’est de la violence masculine et blanche qui domine très très largement et que si l’aspect blanc de cette violence est parfois commenter, le côté du sexe et du genre n’est que peu questionner et encor moins de ce côté de l’Atlantique.