« La #domination au #travail est beaucoup plus dure qu’avant » | L’Echo
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N’oublions pas également que comme il n’y a pas d’étanchéité entre travail et non-travail, les souffrances professionnelles ont des conséquences dommageables immédiates sur la vie de famille, les loisirs et même la vie dans la Cité dans la mesure où l’on a tendance à s’y comporter comme au travail : chacun pour soi.
En outre, les stratégies de déni ont un effet de désensibilisation qui conduit à une banalisation de l’injustice : si je nie ma propre souffrance, je ne peux pas reconnaître celle des autres. C’est un retournement sinistre : pour tenir individuellement, on aggrave le malheur social.
Dans ce contexte, on peut se demander si un tel système ne risque pas de s’effondrer – puisqu’il ne fonctionne que par le concours des travailleurs. Les cas d’effondrement moral existent. Durant la guerre du Vietnam, par exemple, des régiments entiers ont dit : « Fini ! On n’avance plus ! », quitte à être tués – quand ils ne tuaient pas leurs propres officiers. En entreprise, si l’exigence de performance devient insoutenable, le risque d’effondrement collectif existe aussi.