Témoignage reçu par mail
Ce jeudi 12 Mai, j’ai manifesté à Lille contre la loi El Khomri et l’utilisation du 49.3 par le gouvernement.
Participant en fin de cortège aux côtés des Interluttants de Solidaires et du Parti de Gauche, nous avons été bloqué après avoir passé la grand place. Le cortège n’avançant plus, j’ai remonté les rangs et j’ai constaté que le cortège avait été scindé en deux au niveau du square Foch par deux cordons de CRS.
Dans un premier temps, la rue nationale seule était bloquée, les trottoirs étaient accessibles et les passants pouvaient encore passer. Dans un second temps, des renforts de CRS sont venus bloquer les trottoirs. Les CRS ont donc fait face durant une bonne 1/2 heure à la queue du cortège, dans une atmosphère parfois tendue, parfois bon enfant, tant et si bien que nous en sommes venus à discuter avec « nos » CRS les plus proches.
C’est lors d’un de ces échanges avec « mon » CRS le plus proche que j’entends des dizaines d’explosions simultanées, par réflexe je me retourne, mets mes mains sur mes oreilles et regarde le sol, c’est alors que je vois entre mes pieds un objet rectangulaire, qui vient de tomber, j’entends une énorme détonation et je ressens immédiatement deux douleurs au niveau de la jambe, l’une à la cheville, l’autre au genou, et je n’entend plus que des bruits lointains, je n’ai pas encore réalisé qu´une grenade assourdissante vient d’exploser au moment où je subis une charge des CRS boucliers en avant.
Tout le monde court dans tous les sens, les CRS chassent les personnes qui restent isolées, et je me mets à l’écart pour voir l’état de mon genou. Vous avez le résultat en photo.
Je me retrouve donc derrière le cordon de CRS, le gros des manifestants à fui dans les rues adjacentes. Nous ne sommes plus très nombreux et je vois un ami qui, en colère va exprimer son desarroi aux quelques CRS restés au niveau du square.
Il est calme, mais leur rappelle que HSBC, dont l’agence est á proximité, fait partie des nombreuses banques qui organisent l’évasion fiscale et coûtent 80 milliards d’Euros par an au pays. Il s’exprime donc calmement, sans violence, sans geste déplacé, sans injures et à distance des CRS, toujours au moins 3 mètres.
Manifestement, cela déplaît à la chefferie policière, qui d’un geste signifie à un préposé de saisir l’importun pour effectuer un contrôle d’identité. Dans l’instant qui suit, l’ami est contrôlé, son sac à dos vidé puis ses mains sont jointes dans son dos, liées avec des liens en plastic puis il est emmené au poste.
Il est l’un des trois interpellés dont nous irons exiger la libération au commissariat central à Lille Sud quelques heures plus tard, où nous subirons 4 nouvelles charges de CRS.
Je vais me renseigner auprès des camarades.
ATTERRÉE !!!
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