• Je suis prof. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en #hommage à #Samuel_Paty

    Les lignes qui suivent ont été inspirées par la nouvelle atroce de la mise à mort de mon collègue, Samuel Paty, et par la difficile semaine qui s’en est suivie. En hommage à un #enseignant qui croyait en l’#éducation, en la #raison_humaine et en la #liberté_d’expression, elles proposent une quinzaine de réflexions appelant, malgré l’émotion, à penser le présent, et en débattre, avec raison. Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage. Continuer de penser librement, d’exprimer, d’échanger les arguments, me parait le meilleur des hommages.

    1. Il y a d’abord eu, en apprenant la nouvelle, l’#horreur, la #tristesse, la #peur, devant le #crime commis, et des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime. Puis s’y est mêlée une #rage causée par tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, et avant même d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants qui avaient mené au pire, se sont empressés de dégainer des kits théoriques tendant à minimiser l’#atrocité du crime ou à dissoudre toute la #responsabilité de l’assassin (ou possiblement des assassins) dans des entités excessivement extensibles (que ce soit « l’#islamisation » ou « l’#islamophobie ») – sans compter ceux qui instrumentalisent l’horreur pour des agendas qu’on connait trop bien : rétablissement de la peine de mort, chasse aux immigré.e.s, chasse aux musulman.e.s.

    2. Il y a ensuite eu une peur, ou des peurs, en voyant repartir tellement vite, et à la puissance dix, une forme de réaction gouvernementale qui a de longue date fait les preuves de son #inefficacité (contre la #violence_terroriste) et de sa #nocivité (pour l’état du vivre-ensemble et des droits humains) : au lieu d’augmenter comme il faut les moyens policiers pour enquêter plus et mieux qu’on ne le fait déjà, pour surveiller, remonter des filières bien ciblées et les démanteler, mais aussi assurer en temps réel la protection des personnes qui la demandent, au moment où elles la demandent, on fait du spectacle avec des boucs émissaires.

    Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats qui pourraient advenir dans le futur, sur la prévention desquels, c’est le moins que je puisse dire, toutes les énergies gouvernementales ne me semblent pas concentrées.

    3. Puis, au fil des lectures, une #gêne s’est installée, concernant ce que, sur les #réseaux_sociaux, je pouvais lire, « dans mon camp » cette fois-ci – c’est-à-dire principalement chez des gens dont je partage plus ou moins une certaine conception du combat antiraciste. Ce qui tout d’abord m’a gêné fut le fait d’énoncer tout de suite des analyses explicatives alors qu’au fond on ne savait à peu près rien sur le détail des faits : quel comportement avait eu précisément Samuel Paty, en montrant quels dessins, quelles interactions avaient eu lieu après-coup avec les élèves, avec les parents, qui avait protesté et en quels termes, sous quelles forme, qui avait envenimé le contentieux et comment s’était produit l’embrasement des réseaux sociaux, et enfin quel était le profil de l’assassin, quel était son vécu russe, tchétchène, français – son vécu dans toutes ses dimensions (familiale, socio-économique, scolaire, médicale), sa sociabilité et ses accointances (ou absences d’accointances) religieuses, politiques, délinquantes, terroristes ?

    J’étais gêné par exemple par le fait que soit souvent validée a priori, dès les premières heures qui suivirent le crime, l’hypothèse que Samuel Paty avait « déconné », alors qu’on n’était même pas certain par exemple que c’était le dessin dégoutant du prophète cul nu (j’y reviendrai) qui avait été montré en classe (puisqu’on lisait aussi que le professeur avait déposé plainte « pour diffamation » suite aux accusations proférées contre lui), et qu’on ne savait rien des conditions et de la manière dont il avait agencé son cours.

    4. Par ailleurs, dans l’hypothèse (qui a fini par se confirmer) que c’était bien ce dessin, effectivement problématique (j’y reviendrai), qui avait servi de déclencheur ou de prétexte pour la campagne contre Samuel Paty, autre chose me gênait. D’abord cet oubli : montrer un #dessin, aussi problématique soit-il, obscène, grossier, de mauvais goût, ou même raciste, peut très bien s’intégrer dans une #démarche_pédagogique, particulièrement en cours d’histoire – après tout, nous montrons bien des #caricatures anti-juives ignobles quand nous étudions la montée de l’antisémitisme, me confiait un collègue historien, et cela ne constitue évidemment pas en soi une pure et simple perpétuation de l’#offense_raciste. Les deux cas sont différents par bien des aspects, mais dans tous les cas tout se joue dans la manière dont les documents sont présentés et ensuite collectivement commentés, analysés, critiqués. Or, sur ladite manière, en l’occurrence, nous sommes restés longtemps sans savoir ce qui exactement s’était passé, et ce que nous avons fini par appendre est que Samuel Paty n’avait pas eu d’intention maligne : il s’agissait vraiment de discuter de la liberté d’expression, autour d’un cas particulièrement litigieux.

    5. En outre, s’il s’est avéré ensuite, dans les récits qui ont pu être reconstitués (notamment dans Libération), que Samuel Paty n’avait fait aucun usage malveillant de ces caricatures, et que les parents d’élèves qui s’étaient au départ inquiétés l’avaient assez rapidement et facilement compris après discussion, s’il s’est avéré aussi qu’au-delà de cet épisode particulier, Samuel Paty était un professeur très impliqué et apprécié, chaleureux, blagueur, il est dommageable que d’emblée, il n’ait pas été martelé ceci, aussi bien par les inconditionnels de l’ « esprit Charlie » que par les personnes légitimement choquées par certaines des caricatures : que même dans le cas contraire, même si le professeur avait « déconné », que ce soit un peu ou beaucoup, que même s’il avait manqué de précautions pédagogiques, que même s’il avait intentionnellement cherché à blesser, bref : que même s’il avait été un « mauvais prof », hautain, fumiste, ou même raciste, rien, absolument rien ne justifiait ce qui a été commis.

    Je me doute bien que, dans la plupart des réactions à chaud, cela allait sans dire, mais je pense que, dans le monde où l’on vit, et où se passent ces horreurs, tout désormais en la matière (je veux dire : en matière de mise à distance de l’hyper-violence) doit être dit, partout, même ce qui va sans dire.

    En d’autres termes, même si l’on juge nécessaire de rappeler, à l’occasion de ce crime et des discussions qu’il relance, qu’il est bon que tout ne soit pas permis en matière de liberté d’expression, cela n’est selon moi tenable que si l’on y adjoint un autre rappel : qu’il est bon aussi que tout ne soit pas permis dans la manière de limiter la liberté d’expression, dans la manière de réagir aux discours offensants, et plus précisément que doit être absolument proscrit le recours à la #violence_physique, a fortiori au #meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps, je le répète, où cela ne va plus sans dire.

    6. La remarque qui précède est, me semble-t-il, le grand non-dit qui manque le plus dans tout le débat public tel qu’il se polarise depuis des années entre les « Charlie », inconditionnels de « la liberté d’expression », et les « pas Charlie », soucieux de poser des « #limites » à la « #liberté_d’offenser » : ni la liberté d’expression ni sa nécessaire #limitation ne doivent en fait être posées comme l’impératif catégorique et fondamental. Les deux sont plaidables, mais dans un #espace_de_parole soumis à une autre loi fondamentale, sur laquelle tout le monde pourrait et devrait se mettre d’accord au préalable, et qui est le refus absolu de la violence physique.

    Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses :

    – celles par exemple qui amalgament le prophète des musulmans (et donc – par une inévitable association d’idées – l’ensemble des fidèles qui le vénèrent) à un terroriste, en le figurant par exemple surarmé, le nez crochu, le regard exorbité, la mine patibulaire, ou coiffé d’un turban en forme de bombe ;

    – celle également qui blesse gratuitement les croyants (et les croyants lambda, tolérants, non-violents, tout autant voire davantage que des « djihadistes » avides de prétextes à faire couler le sang), en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus ;

    – celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe ;

    – celle qui annonce « une roumaine » (la joueuse Simona Halep), gagnante de Roland-Garros, et la représente en rom au physique disgracieux, brandissant la coupe et criant « ferraille ! ferraille ! » ;

    – celle qui nous demande d’imaginer « le petit Aylan », enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort) ;

    – celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs « allocs » ;

    – celle qui fantasme une invasion ou une « islamisation » en forme de « grand remplacement », par exemple en nous montrant un musulman barbu dont la barbe démesurée envahit toute la page de Une, malgré un minuscule Macron luttant « contre le séparatisme », armé de ciseaux, mais ne parvenant qu’à en couper que quelques poils ;

    – celle qui alimente le même fantasme d’invasion en figurant un Macron, déclarant que le port du foulard par des femmes musulmanes « ne le regarde pas » en tant que président, tandis que le reste de la page n’est occupé que par des femmes voilées, avec une légende digne d’un tract d’extrême droite : « La République islamique en marche ».

    Sur chacun de ces dessins, publiés en Une pour la plupart, je pourrais argumenter en détail, pour expliquer en quoi je les juge odieux, et souvent racistes. Bien d’autres exemples pourraient d’ailleurs être évoqués, comme une couverture publiée à l’occasion d’un attentat meurtrier commis à Bruxelles en mars 2016 et revendiqué par Daesh (ayant entraîné la mort de 32 personnes et fait 340 blessés), et figurant de manière pour le moins choquante le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter « Papaoutai » tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité. La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.

    On a le droit de détester cet #humour, on a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au #mépris ou à la #haine_raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation. Mais – cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément – quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur #brutalité, de leur #indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur #racisme parfois, la #violence_symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’#homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de #justification.

    On a en somme le droit de dénoncer avec la plus grande vigueur la violence symbolique des caricatures quand on la juge illégitime et nocive, car elle peut l’être, à condition toutefois de dire désormais ce qui, je le répète, aurait dû continuer d’aller sans dire mais va beaucoup mieux, désormais, en le disant : qu’aucune violence symbolique ne justifie l’hyper-violence physique. Cela vaut pour les pires dessins de Charlie comme pour les pires répliques d’un Zemmour ou d’un Dieudonné, comme pour tout ce qui nous offense – du plutôt #douteux au parfaitement #abject.

    Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le #droit_à_la_caricature mais pas le droit à la #critique des caricatures ? Que devient le #débat_démocratique si toute critique radicale de #Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une #incitation_à_la_violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite ?

    Mais inversement, que devient cet espace démocratique si la dénonciation de l’intolérable et l’appel à le faire cesser ne sont pas précédés et tempérés par le rappel clair et explicite de l’interdit fondamental du meurtre ?

    7. Autre chose m’a gêné dans certaines analyses : l’interrogation sur les « #vrais_responsables », formulation qui laisse entendre que « derrière » un responsable « apparent » (l’assassin) il y aurait « les vrais responsables », qui seraient d’autres que lui. Or s’il me parait bien sûr nécessaire d’envisager dans toute sa force et toute sa complexité l’impact des #déterminismes_sociaux, il est problématique de dissoudre dans ces déterminismes toute la #responsabilité_individuelle de ce jeune de 18 ans – ce que la sociologie ne fait pas, contrairement à ce que prétendent certains polémistes, mais que certains discours peuvent parfois faire.

    Que chacun s’interroge toujours sur sa possible responsabilité est plutôt une bonne chose à mes yeux, si toutefois on ne pousse pas le zèle jusqu’à un « on est tous coupables » qui dissout toute #culpabilité réelle et arrange les affaires des principaux coupables. Ce qui m’a gêné est l’enchaînement de questions qui, en réponse à la question « qui a tué ? », met comme en concurrence, à égalité, d’une part celui qui a effectivement commis le crime, et d’autre part d’autres personnes ou groupes sociaux (la direction de l’école, la police, le père d’élève ayant lancé la campagne publique contre Samuel Paty sur Youtube, sa fille qui semble l’avoir induit en erreur sur le déroulement de ses cours) qui, quel que soit leur niveau de responsabilité, n’ont en aucun cas « tué » – la distinction peut paraitre simple, voire simpliste, mais me parait, pour ma part, cruciale à maintenir.

    8. Ce qui m’a gêné, aussi, et même écoeuré lorsque l’oubli était assumé, et que « le système » néolibéral et islamophobe devenait « le principal responsable », voire « l’ennemi qu’il nous faut combattre », au singulier, ce fut une absence, dans la liste des personnes ou des groupes sociaux pouvant, au-delà de l’individu #Abdoullakh_Abouyezidovitch, se partager une part de responsabilité. Ce qui me gêna fut l’oubli ou la minoration du rôle de l’entourage plus ou moins immédiat du tueur – qu’il s’agisse d’un groupe terroriste organisé ou d’un groupe plus informel de proches ou de moins proches (via les réseaux sociaux), sans oublier, bien entendu, l’acolyte de l’irresponsable « père en colère » : un certain #Abdelhakim_Sefrioui, entrepreneur de haine pourtant bien connu, démasqué et ostracisé de longue date dans les milieux militants, à commencer par les milieux pro-palestiniens et la militance anti-islamophobie.

    Je connais les travaux sociologiques qui critiquent à juste titre l’approche mainstream, focalisée exclusivement les techniques de propagande des organisations terroristes, et qui déplacent la focale sur l’étude des conditions sociales rendant audible et « efficace » lesdites techniques de #propagande. Mais justement, on ne peut prendre en compte ces conditions sociales sans observer aussi comment elles pèsent d’une façon singulière sur les individus, dont la responsabilité n’est pas évacuée. Et l’on ne peut pas écarter, notamment, la responsabilité des individus ou des groupes d’ « engraineurs », surtout si l’on pose la question en ces termes : « qui a tué ? ».

    9. Le temps du #choc, du #deuil et de l’#amertume « contre mon propre camp » fut cela dit parasité assez vite par un vacarme médiatique assourdissant, charriant son lot d’#infamie dans des proportions autrement plus terrifiantes. #Samuel_Gontier, fidèle « au poste », en a donné un aperçu glaçant :

    – des panels politiques dans lesquels « l’équilibre » invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, Les Républicains, Rassemblement national), et où les différentes familles de la gauche (Verts, PS, PCF, France insoumise, sans même parler de l’extrême gauche) sont tout simplement exclues ;

    – des « débats » où sont mis sérieusement à l’agenda l’interdiction du #voile dans tout l’espace public, l’expulsion de toutes les femmes portant le #foulard, la #déchéance_de_nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des « #bagnes » « dans îles Kerguelen », le rétablissement de la #peine_de_mort, et enfin la « #criminalisation » de toutes les idéologies musulmanes conservatrices, « pas seulement le #djihadisme mais aussi l’#islamisme » (un peu comme si, à la suite des attentats des Brigades Rouges, de la Fraction Armée Rouge ou d’Action Directe, on avait voulu criminaliser, donc interdire et dissoudre toute la gauche socialiste, communiste, écologiste ou radicale, sous prétexte qu’elle partageait avec les groupes terroristes « l’opposition au capitalisme ») ;

    – des « plateaux » sur lesquels un #Manuel_Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains : « S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du #droit_européen, faire évoluer notre #Constitution, il faut le faire. », « Je l’ai dit en 2015, nous sommes en #guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper. ».

    10. Puis, très vite, il y a eu cette offensive du ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin contre le #CCIF (#Collectif_Contre_l’Islamophobie_en_France), dénuée de tout fondement du point de vue de la #lutte_anti-terroriste – puisque l’association n’a évidemment pris aucune part dans le crime du 17 octobre 2020, ni même dans la campagne publique (sur Youtube et Twitter) qui y a conduit.

    Cette dénonciation – proprement calomnieuse, donc – s’est autorisée en fait d’une montée en généralité, en abstraction et même en « nébulosité », et d’un grossier sophisme : le meurtre de Samuel Paty est une atteinte aux « #valeurs » et aux « institutions » de « la #République », que justement le CCIF « combat » aussi – moyennant quoi le CCIF a « quelque chose à voir » avec ce crime et il doit donc être dissous, CQFD. L’accusation n’en demeure pas moins fantaisiste autant qu’infamante, puisque le « combat » de l’association, loin de viser les principes et les institutions républicaines en tant que telles, vise tout au contraire leur manque d’effectivité : toute l’activité du CCIF (c’est vérifiable, sur le site de l’association aussi bien que dans les rapports des journalistes, au fil de l’actualité, depuis des années) consiste à combattre la #discrimination en raison de l’appartenance ou de la pratique réelle ou supposée d’une religion, donc à faire appliquer une loi de la république. Le CCIF réalise ce travail par les moyens les plus républicains qui soient, en rappelant l’état du Droit, en proposant des médiations ou en portant devant la #Justice, institution républicaine s’il en est, des cas d’atteinte au principe d’#égalité, principe républicain s’il en est.

    Ce travail fait donc du CCIF une institution précieuse (en tout cas dans une république démocratique) qu’on appelle un « #contre-pouvoir » : en d’autres termes, un ennemi de l’arbitraire d’État et non de la « République ». Son travail d’#alerte contribue même à sauver ladite République, d’elle-même pourrait-on dire, ou plutôt de ses serviteurs défaillants et de ses démons que sont le racisme et la discrimination.

    Il s’est rapidement avéré, du coup, que cette offensive sans rapport réel avec la lutte anti-terroriste s’inscrivait en fait dans un tout autre agenda, dont on avait connu les prémisses dès le début de mandat d’Emmanuel Macron, dans les injures violentes et les tentatives d’interdiction de Jean-Michel #Blanquer contre le syndicat #Sud_éducation_93, ou plus récemment dans l’acharnement haineux du député #Robin_Réda, censé diriger une audition parlementaire antiraciste, contre les associations de soutien aux immigrés, et notamment le #GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Cet agenda est ni plus ni moins que la mise hors-jeu des « corps intermédiaires » de la société civile, et en premier lieu des #contre-pouvoirs que sont les associations antiracistes et de défense des droits humains, ainsi que les #syndicats, en attendant le tour des partis politiques – confère, déjà, la brutalisation du débat politique, et notamment les attaques tout à fait inouïes, contraires pour le coup à la tradition républicaine, de #Gérald_Darmanin contre les écologistes (#Julien_Bayou, #Sandra_Regol et #Esther_Benbassa) puis contre la #France_insoumise et son supposé « #islamo-gauchisme qui a détruit la république », ces dernières semaines, avant donc le meurtre de Samuel Paty.

    Un agenda dans lequel figure aussi, on vient de l’apprendre, un combat judiciaire contre le site d’information #Mediapart.

    11. Il y a eu ensuite l’annonce de ces « actions coup de poing » contre des associations et des lieux de culte musulmans, dont le ministre de l’Intérieur lui-même a admis qu’elles n’avaient aucun lien avec l’enquête sur le meurtre de Samuel Paty, mais qu’elles servaient avant tout à « #adresser_un_message », afin que « la #sidération change de camp ». L’aveu est terrible : l’heure n’est pas à la défense d’un modèle (démocratique, libéral, fondé sur l’État de Droit et ouvert à la pluralité des opinions) contre un autre (obscurantiste, fascisant, fondé sur la terreur), mais à une #rivalité_mimétique. À la #terreur on répond par la terreur, sans même prétendre, comme le fit naguère un Charles Pasqua, qu’on va « terroriser les terroristes » : ceux que l’on va terroriser ne sont pas les terroristes, on le sait, on le dit, on s’en contrefout et on répond au meurtre par la #bêtise et la #brutalité, à l’#obscurantisme « religieux » par l’obscurantisme « civil », au #chaos de l’#hyper-violence par le chaos de l’#arbitraire d’État.

    12. On cible donc des #mosquées alors même qu’on apprend (notamment dans la remarquable enquête de Jean-Baptiste Naudet, dans L’Obs) que le tueur ne fréquentait aucune mosquée – ce qui était le cas, déjà, de bien d’autres tueurs lors des précédents attentats.

    On s’attaque au « #séparatisme » et au « #repli_communautaire » alors même qu’on apprend (dans la même enquête) que le tueur n’avait aucune attache ou sociabilité dans sa communauté – ce qui là encore a souvent été le cas dans le passé.

    On préconise des cours intensifs de #catéchisme_laïque dans les #écoles, des formations intensives sur la liberté d’expression, avec distribution de « caricatures » dans tous les lycées, alors que le tueur était déscolarisé depuis un moment et n’avait commencé à se « radicaliser » qu’en dehors de l’#école (et là encore se rejoue un schéma déjà connu : il se trouve qu’un des tueurs du Bataclan fut élève dans l’établissement où j’exerce, un élève dont tous les professeurs se souviennent comme d’un élève sans histoires, et dont la famille n’a pu observer des manifestations de « #radicalisation » qu’après son bac et son passage à l’université, une fois qu’il était entré dans la vie professionnelle).

    Et enfin, ultime protection : Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des #supermarchés ! Il y aurait matière à rire s’il n’y avait pas péril en la demeure. On pourrait s’amuser d’une telle #absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin et les moyens, si l’enjeu n’était pas si grave. On pourrait sourire devant les gesticulations martiales d’un ministre qui avoue lui-même tirer « à côté » des véritables coupables et complices, lorsque par exemple il ordonne des opérations contre des #institutions_musulmanes « sans lien avec l’enquête ». On pourrait sourire s’il ne venait pas de se produire une attaque meurtrière atroce, qui advient après plusieurs autres, et s’il n’y avait pas lieu d’être sérieux, raisonnable, concentré sur quelques objectifs bien définis : mieux surveiller, repérer, voir venir, mieux prévenir, mieux intervenir dans l’urgence, mieux protéger. On pourrait se payer le luxe de se disperser et de discuter des #tenues_vestimentaires ou des #rayons_de_supermarché s’il n’y avait pas des vies humaines en jeu – certes pas la vie de nos dirigeants, surprotégés par une garde rapprochée, mais celles, notamment, des professeurs et des élèves.

    13. Cette #futilité, cette #frivolité, cette bêtise serait moins coupable s’il n’y avait pas aussi un gros soubassement de #violence_islamophobe. Cette bêtise serait innocente, elle ne porterait pas à conséquence si les mises en débat du #vêtement ou de l’#alimentation des diverses « communautés religieuses » n’étaient pas surdéterminées, depuis de longues années, par de très lourds et violents #stéréotypes racistes. On pourrait causer lingerie et régime alimentaire si les us et coutumes religieux n’étaient pas des #stigmates sur-exploités par les racistes de tout poil, si le refus du #porc ou de l’#alcool par exemple, ou bien le port d’un foulard, n’étaient pas depuis des années des motifs récurrents d’#injure, d’#agression, de discrimination dans les études ou dans l’emploi.

    Il y a donc une bêtise insondable dans cette mise en cause absolument hors-sujet des commerces ou des rayons d’ « #alimentation_communautaire » qui, dixit Darmanin, « flatteraient » les « plus bas instincts », alors que (confère toujours l’excellente enquête de Jean-Baptiste Naudet dans L’Obs) l’homme qui a tué Samuel Paty (comme l’ensemble des précédents auteurs d’attentats meurtriers) n’avait précisément pas d’ancrage dans une « communauté » – ni dans l’immigration tchétchène, ni dans une communauté religieuse localisée, puisqu’il ne fréquentait aucune mosquée.

    Et il y a dans cette bêtise une #méchanceté tout aussi insondable : un racisme sordide, à l’encontre des #musulmans bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi un mépris, une injure, un piétinement de la mémoire des morts #juifs – puisque parmi les victimes récentes des tueries terroristes, il y a précisément des clients d’un commerce communautaire, l’#Hyper_Cacher, choisis pour cible et tués précisément en tant que tels.

    Telle est la vérité, cruelle, qui vient d’emblée s’opposer aux élucubrations de Gérald Darmanin : en incriminant les modes de vie « communautaires », et plus précisément la fréquentation de lieux de culte ou de commerces « communautaires », le ministre stigmatise non pas les coupables de la violence terroriste (qui se caractérisent au contraire par la #solitude, l’#isolement, le surf sur #internet, l’absence d’#attaches_communautaires et de pratique religieuse assidue, l’absence en tout cas de fréquentation de #lieux_de_cultes) mais bien certaines de ses victimes (des fidèles attaqués sur leur lieu de culte, ou de courses).

    14. Puis, quelques jours à peine après l’effroyable attentat, sans aucune concertation sur le terrain, auprès de la profession concernée, est tombée par voie de presse (comme d’habitude) une stupéfiante nouvelle : l’ensemble des Conseils régionaux de France a décidé de faire distribuer un « #recueil_de_caricatures » (on ne sait pas lesquelles) dans tous les lycées. S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, disait la chanson. Qu’ils aillent donc, ces élus, distribuer eux-mêmes leurs petites bibles républicaines, sur les marchés. Mais non : c’est notre sang à nous, petits profs de merde, méprisés, sous-payés, insultés depuis des années, qui doit couler, a-t-il été décidé en haut lieu. Et possiblement aussi celui de nos élèves.

    Car il faut se rendre à l’évidence : si cette information est confirmée, et si nous acceptons ce rôle de héros et martyrs d’un pouvoir qui joue aux petits soldats de plomb avec des profs et des élèves de chair et d’os, nous devenons officiellement la cible privilégiée des groupes terroristes. À un ennemi qui ne fonctionne, dans ses choix de cibles et dans sa communication politique, qu’au défi, au symbole et à l’invocation de l’honneur du Prophète, nos dirigeants répondent en toute #irresponsabilité par le #défi, le #symbole, et la remise en jeu de l’image du Prophète. À quoi doit-on s’attendre ? Y sommes-nous prêts ? Moi non.

    15. Comme si tout cela ne suffisait pas, voici enfin que le leader de l’opposition de gauche, celui dont on pouvait espérer, au vu de ses engagements récents, quelques mises en garde élémentaires mais salutaires contre les #amalgames et la #stigmatisation haineuse des musulmans, n’en finit pas de nous surprendre ou plutôt de nous consterner, de nous horrifier, puisqu’il s’oppose effectivement à la chasse aux musulmans, mais pour nous inviter aussitôt à une autre chasse : la #chasse_aux_Tchétchènes :

    « Moi, je pense qu’il y a un problème avec la #communauté_tchétchène en France ».

    Il suffit donc de deux crimes, commis tous les deux par une personne d’origine tchétchène, ces dernières années (l’attentat de l’Opéra en 2018, et celui de Conflans en 2020), plus une méga-rixe à Dijon cet été impliquant quelques dizaines de #Tchétchènes, pour que notre homme de gauche infère tranquillement un « #problème_tchétchène », impliquant toute une « communauté » de plusieurs dizaines de milliers de personnes vivant en France.

    « Ils sont arrivés en France car le gouvernement français, qui était très hostile à Vladimir Poutine, les accueillait à bras ouverts », nous explique Jean-Luc #Mélenchon. « À bras ouverts », donc, comme dans un discours de Le Pen – le père ou la fille. Et l’on a bien entendu : le motif de l’#asile est une inexplicable « hostilité » de la France contre le pauvre Poutine – et certainement pas une persécution sanglante commise par ledit Poutine, se déclarant prêt à aller « buter » lesdits Tchétchènes « jusque dans les chiottes ».

    « Il y a sans doute de très bonnes personnes dans cette communauté » finit-il par concéder à son intervieweur interloqué. On a bien lu, là encore : « sans doute ». Ce n’est donc même pas sûr. Et « de très bonnes personnes », ce qui veut dire en bon français : quelques-unes, pas des masses.

    « Mais c’est notre #devoir_national de s’en assurer », s’empresse-t-il d’ajouter – donc même le « sans doute » n’aura pas fait long feu. Et pour finir en apothéose :

    « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres qui ont des activités dans l’#islamisme_politique (...), doivent être capturés et expulsés ».

    Là encore, on a bien lu : « tous les dossiers des Tchétchènes présents en France », « un par un » ! Quant aux suspects, ils ne seront pas « interpellés », ni « arrêtés », mais « capturés » : le vocabulaire est celui de la #chasse, du #safari. Voici donc où nous emmène le chef du principal parti d’opposition de gauche.

    16. Enfin, quand on écrira l’histoire de ces temps obscurs, il faudra aussi raconter cela : comment, à l’heure où la nation était invitée à s’unir dans le deuil, dans la défense d’un modèle démocratique, dans le refus de la violence, une violente campagne de presse et de tweet fut menée pour que soient purement et simplement virés et remplacés les responsables de l’#Observatoire_de_la_laïcité, #Nicolas_Cadène et #Jean-Louis_Bianco, pourtant restés toujours fidèles à l’esprit et à la lettre des lois laïques, et que les deux hommes furent à cette fin accusés d’avoir « désarmé » la République et de s’être « mis au service » des « ennemis » de ladite #laïcité et de ladite république – en somme d’être les complices d’un tueur de prof, puisque c’est de cet ennemi-là qu’il était question.

    Il faudra raconter que des universitaires absolument irréprochables sur ces questions, comme #Mame_Fatou_Niang et #Éric_Fassin, furent mis en cause violemment par des tweeters, l’une en recevant d’abjectes vidéos de décapitation, l’autre en recevant des #menaces de subir la même chose, avec dans les deux cas l’accusation d’être responsables de la mort de Samuel Paty.

    Il faudra se souvenir qu’un intellectuel renommé, invité sur tous les plateaux, proféra tranquillement, là encore sans être recadré par les animateurs, le même type d’accusations à l’encontre de la journaliste et chroniqueuse #Rokhaya_Diallo : en critiquant #Charlie_Hebdo, elle aurait « poussé à armer les bras des tueurs », et « entrainé » la mort des douze de Charlie hebdo.

    Il faudra se souvenir qu’au sommet de l’État, enfin, en ces temps de deuil, de concorde nationale et de combat contre l’obscurantisme, le ministre de l’Éducation nationale lui-même attisa ce genre de mauvaise querelle et de #mauvais_procès – c’est un euphémisme – en déclarant notamment ceci :

    « Ce qu’on appelle l’#islamo-gauchisme fait des ravages, il fait des ravages à l’#université. Il fait des ravages quand l’#UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

    Il faudra raconter ce que ces sophismes et ces purs et simples mensonges ont construit ou tenté de construire : un « #consensus_national » fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé et un « plus jamais ça » sincère et réfléchi. Un « consensus » singulièrement diviseur en vérité, excluant de manière radicale et brutale tous les contre-pouvoirs humanistes et progressistes qui pourraient tempérer la violence de l’arbitraire d’État, et apporter leur contribution à l’élaboration d’une riposte anti-terroriste pertinente et efficace : le mouvement antiraciste, l’opposition de gauche, la #sociologie_critique... Et incluant en revanche, sans le moindre état d’âme, une droite républicaine radicalisée comme jamais, ainsi que l’#extrême_droite lepéniste.

    Je ne sais comment conclure, sinon en redisant mon accablement, ma tristesse, mon désarroi, ma peur – pourquoi le cacher ? – et mon sentiment d’#impuissance face à une #brutalisation en marche. La brutalisation de la #vie_politique s’était certes enclenchée bien avant ce crime atroce – l’évolution du #maintien_de l’ordre pendant tous les derniers mouvements sociaux en témoigne, et les noms de Lallement et de Benalla en sont deux bons emblèmes. Mais cet attentat, comme les précédents, nous fait évidemment franchir un cap dans l’#horreur. Quant à la réponse à cette horreur, elle s’annonce désastreuse et, loin d’opposer efficacement la force à la force (ce qui peut se faire mais suppose le discernement), elle rajoute de la violence aveugle à de la violence aveugle – tout en nous exposant et en nous fragilisant comme jamais. Naïvement, avec sans doute un peu de cet idéalisme qui animait Samuel Paty, j’en appelle au #sursaut_collectif, et à la #raison.

    Pour reprendre un mot d’ordre apparu suite à ce crime atroce, #je_suis_prof. Je suis prof au sens où je me sens solidaire de Samuel Paty, où sa mort me bouleverse et me terrifie, mais je suis prof aussi parce que c’est tout simplement le métier que j’exerce. Je suis prof et je crois donc en la raison, en l’#éducation, en la #discussion. Depuis vingt-cinq ans, j’enseigne avec passion la philosophie et je m’efforce de transmettre le goût de la pensée, de la liberté de penser, de l’échange d’arguments, du débat contradictoire. Je suis prof et je m’efforce de transmettre ces belles valeurs complémentaires que sont la #tolérance, la #capacité_d’indignation face à l’intolérable, et la #non-violence dans l’#indignation et le combat pour ses idées.

    Je suis prof et depuis vingt-cinq ans je m’efforce de promouvoir le #respect et l’#égalité_de_traitement, contre tous les racismes, tous les sexismes, toutes les homophobies, tous les systèmes inégalitaires. Et je refuse d’aller mourir au front pour une croisade faussement « républicaine », menée par un ministre de l’Intérieur qui a commencé sa carrière politique, entre 2004 et 2008, dans le girons de l’extrême droite monarchiste (auprès de #Christian_Vanneste et de #Politique_magazine, l’organe de l’#Action_française). Je suis prof et je refuse de sacrifier tout ce en quoi je crois pour la carrière d’un ministre qui en 2012, encore, militait avec acharnement, aux côtés de « La manif pour tous », pour que les homosexuels n’aient pas les mêmes droits que les autres – sans parler de son rapport aux femmes, pour le moins problématique, et de ce que notre grand républicain appelle, en un délicat euphémisme, sa « vie de jeune homme ».

    Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905, et qui n’est rien d’autre qu’une machine à produire plus de #liberté, d’#égalité et de #fraternité. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini. C’est au contraire une politique liberticide, discriminatoire donc inégalitaire, suspicieuse ou haineuse plutôt que fraternelle, que je vois se mettre en place, sans même l’excuse de l’efficacité face au terrorisme.

    Je suis prof, et cette #vraie_laïcité, ce goût de la pensée et de la #parole_libre, je souhaite continuer de les promouvoir. Et je souhaite pour cela rester en vie. Et je souhaite pour cela rester libre, maître de mes #choix_pédagogiques, dans des conditions matérielles qui permettent de travailler. Et je refuse donc de devenir l’otage d’un costume de héros ou de martyr taillé pour moi par des aventuriers sans jugeote, sans cœur et sans principes – ces faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants.

    https://lmsi.net/Je-suis-prof

    #Pierre_Tevanian

    –—

    –-> déjà signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/882390
    https://seenthis.net/messages/882583
    ... mais je voulais mettre le texte complet.

  • La #preuve dans les demandes d’#asile en raison de l’#orientation_sexuelle


    https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/rapport_cersa.pdf

    Terrain effectué par #Manuela_Salcedo_Robledo :

    Recherches en cours :
    « Droit d’asile pour les minorités sexuelles : comment construire la preuve de l’intime ? » financé par le Défenseur des droits et le CNRS, dirigé par Daniel Borrillo (Paris 10- LEGS).
    « Les interprètes-médiateurs en contexte migratoire » au sein du projet UPL, « Genre, Sexualité en migration ».

    https://legs.cnrs.fr/lequipe/membres/manuela-salcedo-robledo

    #migrations #réfugiés #LGBT #homosexualité #France #procédure_d'asile #persécution #rapport

  • Manuel Valls, en toute « complaisance » | Sébastien Fontenelle
    http://les-jours-heureux.nursit.com/spip.php?article8

    Après l’abominable meurtre, le vendredi 16 octobre 2020, d’un professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine, Manuel Valls, ex-premier ministre, a pointé ce qu’il appelle la « responsabilité » du journaliste Edwy Plenel - qu’il tient pour un « complice », parmi beaucoup d’autres, de « l’islamisme radical ». Source : Les Jours Heureux

  • La possibilité d’une #île… pour migrants

    Partout dans le monde, les demandeurs d’asile sont de plus en plus souvent relégués sur des îles comme on le faisait autrefois des bagnards et des lépreux. Qu’est-ce que ces prisons à ciel ouvert disent de notre regard sur les migrants ?

    Un lieu le plus loin possible des regards et d’où il serait impossible de s’échapper. C’était déjà ce que les Anglais cherchaient pour se débarrasser de l’encombrant Napoléon. Ils l’avaient trouvé à #Sainte-Hélène, îlot volcanique paumé au milieu de l’Atlantique sud à près de 2 000 km des côtes de la Namibie et plus de 3 000 km du Brésil.

    Deux cents ans plus tard, les voilà qui envisagent de nouveau d’avoir recours à cette improbable petite île devenue célèbre malgré elle. Cette fois, ce ne serait pas un empereur qu’on enverrait croupir sur ce bout de terre, mais des réfugiés. Oui, des réfugiés. Le ministère de l’Intérieur britannique étudie la possibilité d’installer un centre de rétention pour demandeurs d’asile sur l’un de ses territoires d’outre-mer, à Sainte-Hélène ou sur l’île de l’Ascension. Insensé ?

    Ce ne seraient pourtant pas les premiers à se laisser séduire par la possibilité d’une île. Les Australiens ont déjà une longue expérience en la matière. Ne voulant pas de demandeurs d’asile chez eux, ils ont ouvert, dès 2001, un centre de rétention sur l’île Christmas, un territoire extérieur australien au large de l’Indonésie. Et depuis 2012, ils expédient tout migrant débarquant clandestinement sur leurs côtes dans des camps offshore situés sur Manus, une île de #Papouasie-Nouvelle-Guinée, et Nauru, une république insulaire d’#Océanie.

    https://www.nouvelobs.com/art/fdff98b8-7bb0-4806-a83f-799cec7d59e2
    #îles #réfugiés #asile #migrations #Australie #Manus_Island #Nauru #UK #Angleterre

  • « Lire la ville » de Chantal Deckmyn
    https://topophile.net/savoir/lire-la-ville-de-chantal-deckmyn

    Ce livre vient à son heure, alors que la question du vivre ensemble se pose avec acuité du fait des multiples fractionnements de la société française pour des raisons économiques, sociales, et politiques, aggravées par les inégalités existantes face à l’accès à un habitat décent pour tous qui en sont la conséquence. La ville, qu’on... Voir l’article

    • Lire la ville. Manuel pour une hospitalité de l’espace public

      Ce livre est un #manifeste pour la ville. Ce n’est ni un pamphlet ni une critique amère ou nostalgique de notre réalité. C’est un #manuel pratique qui s’adosse à une pensée et à une #éthique de la ville, qui part de l’existant et tente de le saisir. L’ouvrage croise les dimensions spatiales et sociales de la ville. Il ne cherche pas à convaincre. Il expose, pas à pas, le bénéfice que représenterait pour tous, individuellement et collectivement, un #espace_public civil, favorisant la #citoyenneté, l’#égalité et la #solidarité. L’ouvrage, composé de 19 entrées thématiques (bancs, sols, gares, sûreté urbaine…), propose un choix de #préconisations qui, sans prétendre à l’exhaustivité ni à la perfection, tendent vers une éthique des interventions dans la ville.
      Chaque entrée, éclairée par les enjeux anthropologiques et politiques de l’espace public, comporte des #recommandations, explore des aspects pratiques, évoque quelques-unes de ses dimensions sémantiques, historiques ou artistiques. Des exemples, des contre-exemples, des illustrations, une marche à suivre permettent de penser les différentes problématiques en regard de cas concrets. L’ouvrage intéressera tout un chacun, des élus et des aménageurs aux amoureux de la #poétique_urbaine.

      https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Lire_la_ville-9782373680492.html

      #Chantal_Deckmyn #livre #géographie_urbaine #urbanisme #urban_matter

  • Yvelines. Chatou : le saxophoniste Hal Singer est décédé | 78actu
    https://actu.fr/ile-de-france/chatou_78146/yvelines-chatou-le-saxophoniste-hal-singer-est-decede_35622299.html

    La Ville de Chatou (Yvelines) annonce le décès du saxophoniste Hal Singer sur sa page Facebook. Âgé de 100 ans, le musicien vivait dans la commune depuis 20 ans.

    https://www.youtube.com/watch?v=VYhHirX0dnk


    https://www.youtube.com/watch?v=wNidPIo8tKU

  • Associations attaquées : un guide et des témoignages pour faire face et riposter

    L.A coalition et ses membres présentent un guide pratique inédit pour "Faire face et riposter aux #attaques contre les #libertés_associatives", le fruit d’un travail collectif de réflexion et de capitalisation d’expériences sur les attaques subies et, à plusieurs reprises, heureusement surmontées par des associations et collectifs.

    En France comme dans d’autres pays d’Europe, l’action militante se heurte à un environnement de plus en plus hostile, fait d’attaques politiques, financières, administratives, judiciaires ou policières, mais également contre la capacité des personnes à s’organiser. Nulle exagération derrière ce constat : il est le corollaire d’une dégradation générale des #libertés_publiques dans un grand nombre de pays dans le monde, en Europe comme en France.

    Ce guide méthodologique inédit s’attache à décrypter les différents types d’attaques et les meilleures moyens d’y répondre afin de renforcer la résilience des associations et collectifs. Il s’appuie sur des témoignages et des expériences vécues afin de tirer le meilleur de ces épreuves et de partager les stratégies qui rendent plus fort et permettent de transformer une attaque en opportunité de riposte afin de promouvoir le développement des libertés associatives.

    Extraits

    Ne pas avoir peur de communiquer

    Certaines associations peuvent être tentées de rester silencieuses pour ne pas envenimer une situation déjà compliquée. De fait la prudence peut, parfois, imposer la discrétion et permettre de « gagner du temps » pour mieux maîtriser son tempo. Mais « ne pas communiquer en espérant que ça passe peut finir par être grave », estime Sihem Zine, présidente d’Action Droits des Musulmans. « Il y a des moments où il faut laisser couler, notamment face aux trolls, mais quand une notoriété est mise en cause sur les réseaux sociaux par une personnalité publique, il faut riposter et répondre rapidement » plaide Erika Campelo de VoxPublic.

    Mobiliser son réseau dans une optique de soutien

    L’un des défis à relever est donc de réussir à fédérer une solidarité inter-associative au-delà de son propre secteur d’activités (l’accueil des migrants, la défense de l’environnement, etc.). C’est ce qu’a réussi l’Alliance citoyenne Aubervilliers en ralliant à elle d’autres associations et des personnalités locales. Au-delà des différences d’objet et de sensibilité, cela permet de porter un discours collectif autour de l’idée : quand une association est attaquée, c’est la liberté associative qui est menacée !

    https://www.lacoalition.fr/Associations-attaquees-un-guide-et-des-temoignages-pour-faire-face-et-ri
    #associations #résistance #guide #manuel #France

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  • Reintegration Handbook - Practical guidance on the design, implementation and monitoring of reintegration assistance

    Overview:
    This Handbook aims to provide practical guidance on the design, implementation and monitoring of reintegration assistance for returnees. While reintegration is a process taking place in different return contexts (for example following spontaneous, forced or assisted voluntary returns, or internal displacement), the Handbook focuses on assistance provided to migrants unable or unwilling to remain in the host country.

    The Handbook has been conceived as a hands-on tool, targeting the various stakeholders involved in the provision of reintegration-related support at different levels and at different stages: project developers, project managers and case managers but also policy makers and other reintegration practitioners. The Handbook is written on the basis that the goal of reintegration assistance is to foster sustainable reintegration, defined in the next section, for returnees and that this requires a whole-of-government approach, through the adoption of coordinated measures, policies, and practices between relevant stakeholders at the international, regional, national and local levels. Each module will specify which target audience it is aimed at.

    Module 1: An integrated approach to reintegration – describes the basic concepts of return and reintegration and explains IOM’s integrated approach to reintegration. It also lays out the general considerations when developing a comprehensive reintegration programme, including assessments, staffing and budgeting.
    Module 2: Reintegration assistance at the individual level – outlines suggested steps for assisting returnees, taking into account the economic, social and psychosocial dimensions of reintegration.
    Module 3: Reintegration assistance at the community level – provides guidance on assessing community needs and engaging the community in reintegration activities. It also provides examples of community-level reintegration initiatives in the economic, social and psychosocial dimensions.
    Module 4: Reintegration assistance at the structural level – proposes ways to strengthen capacities of all actors and to promote stakeholder engagement and ownership in reintegration programming. It suggests approaches for mainstreaming reintegration into existing policies and strategies.
    Module 5: Monitoring and evaluation of reintegration assistance – provides guidance and tools to design programmes, monitor interventions and carry out evaluations to maximize effectiveness and learning
    Annexes provide additional useful tools and further guidance on specific reintegration interventions.

    https://publications.iom.int/fr/books/reintegration-handbook-practical-guidance-design-implementation-an
    #réintégration #IOM #OIM #manuel #handbook #guide #renvois #expulsions

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  • #Sans-papiers, mais pas sans #droits

    Sans-papiers, mais pas sans droits s’adresse aux sans-papiers et aux personnes qui les accompagnent.

    Contrairement à ce que l’on croit trop souvent, les étrangers et étrangères en situation irrégulière ou précaire sur le territoire français ont des #droits_fondamentaux.

    Cette note pratique recense et explicite ces droits.

    Elle est constituée de #fiches_synthétiques et thématiques réunies par catégorie de droits ou de thèmes : #Citoyenneté (aide aux sans-papiers, contrôle d’identité, droit d’association et droit syndical), #Santé (assurance maladie, AME, dispositif soins urgents et vitaux, lieux de soins, IVG), #Vie_quotidienne (domiciliation, compte bancaire, services postaux, impôt, aide juridictionnelle, culture), #Couples (mariage, pacs, concubinage), #Enfants (naissance et reconnaissance, ASE, PMI, école, bourses scolaires, cantine et activités périscolaires), Aides diverses (collectivités locales, transports), #Hébergement, #Logement, #Travail (accident du travail, emploi illégal, régularisation, conseil de prud’hommes).

    Sans-papiers, mais pas sans droits a aussi pour vocation d’inciter à faire valoir ces droits, notamment au moyen d’actions collectives, à ne pas s’arrêter aux éventuels risques encourus et, surtout, à ne pas céder aux abus commis, notamment par les autorités administratives.

    Cette publication est une invitation à un #combat_citoyen.

    A télécharger ici :
    http://www.gisti.org/spip.php?article6247#tele
    #manuel #guide #migrations #Le_Gisti #Gisti #France

    ping @karine4

  • Notre corps, nous-mêmes : manuel féministe
    http://www.radiogrenouille.com/actualites-2/sujets/manuel-feministe-entretien-avec-deux-autrices-de-notre-corps-nous-m

    Ouvrage de référence publié en 1971 aux Etats-Unis et traduit dans plus de trente langues : « Notre corps, nous-mêmes » a permis à des millions de femmes d’apprendre à connaître leurs corps, à le considérer et à le défendre. Longtemps introuvable en librairie, il y a fait son grand retour le 20 février, dans une version augmentée et actualisée. Un collectif d’autrice a travaillé pendant trois ans, en récoltant des témoignages, en participant à des groupes de travail et en se rapprochant d’autres collectifs. Pour parvenir à une somme qui parle de désir, de masturbation, de contraception mais aussi de violences sexistes et d’auto-défense. Durée : 35 min. Source : Radio (...)

    https://audio.ausha.co/yvGQ8HXvgrw8.mp3

  • Reprise des écoles : A #Grenoble, message d’une enseignante de maternelle à une amie...
    07.05.2020

    Bonjour,

    Nous sommes en train d’organiser le retour en #classe prévu le 25 mai.
    Les conditions de #reprise vont être très contraignantes pour nous comme pour les enfants et il est important que vous soyez au courant de certains #impératifs.

    En effet, vos enfants ne vont pas être regroupés par classe, donc pas forcément avec leur enseignante respective et leurs camarades. Les enfants des soignants et du personnel de gestion de la crise seront accueillis de droit tous les jours. En raison des limitations des #effectifs, les autres enfants se verront ou pas (nous espérons pouvoir répondre à toutes les demandes) proposer 1 ou 2 jours d’accueil par semaine.

    La répartition se fera en fonction de critères bien précis afin de répondre au #protocole_sanitaire imposé par le Gouvernement.

    Les activités des enfants vont être individuelles, sans #aucun_contact les uns avec les autres, les adultes compris. Il leur sera interdit de circuler dans la classe et de #toucher au matériel qui ne leur est pas attribué. Aucun adulte, ni aucun enfant n’a le droit de toucher le matériel des autres ou d’utiliser un #matériel_collectif (pas de correction, pas de #jeux de ballons, pas de jeux de société, etc).

    Les groupes ne se rencontreront pas dans l’école (les entrées et sorties différentes, les #récréations_décalées, les #repas dans les classes, ni les #siestes).
    Afin que le matériel reste individuel, nous allons créer des #barquettes au nom de votre enfant. Les adultes eux-mêmes, n’auront pas le droit d’y toucher après les avoir mises en place et laisser plusieurs jours sans y toucher.
    Tous les #jouets des classes seront supprimés.

    Votre rôle pour les enfants qui pourront revenir en classe (pour le
    moment nous n’avons pas suffisamment d’informations pour vous dire si votre enfant pourra revenir en classe) :
    – Expliquer à vos enfants les conditions d’ouverture de l’école (ils ne doivent pas s’approcher de leurs camarades et des adultes) ;
    – Respecter les #gestes_barrières ;
    – Ne pas toucher le matériel qui n’est pas dans sa #barquette_individuelle ;
    – Prendre tous les matins la #température de votre enfant et le garder à la maison en cas de symptôme (toux, éternuement, essoufflement, mal de gorge, fatigue, troubles digestifs, sensation de fièvre, etc) .
    – Interdiction d’envoyer son enfant à l’école si l’élève ou un membre de sa famille présente les mêmes #symptômes cités ci-dessus.

    En toute transparence, nous nous devons de vous informer de ces conditions de reprise très particulières.

    L’#enseignement_à_distance sera le même que celui dispensé en classe.

    Bien cordialement,

    L’équipe enseignante

    #déconfinement #le_monde_d'après #école #réouverture_des_écoles #organisation

    L’école de demain, cette #prison pour #enfants...

    • Petite géographie de l’#espace_carcéral... euh je veux dire de l’#espace_scolaire.

      Alors que nous allons réouvrir les établissements scolaires, je m’interroge, en « bonne » géographe que je suis, sur l’espace scolaire tel qu’il va être donné à pratiquer par les élèves ces prochains jours.

      J’ai lu, relu, lu une dizaine de fois le protocole sanitaire. #Rubalise. Je n’avais jamais lu autant de fois en si peu de pages un mot que je n’avais jamais employé jusque-là.

      Mise à l’écart du mobilier scolaire + rubalise. Nous ne pourrons plus accéder aux #manuels, nous ne pouvons faire de #photocopies, les #salles_informatiques et les #tablettes sont interdites. Pour faire cours dans les disciplines où les élèves n’ont pas leur propre #manuel_scolaire, nous allons nous amuser.

      Pas grave, j’ai de l’imagination. On va utiliser les #jeux_de_société que j’ai et qui portent sur l’histoire. Ces derniers jours, j’avais repris les règles de « Bruges », parfait pour réviser la ville au Moyen Âge. Ah non, je n’ai pas le droit de prêter du matériel. Faire un plateau fabriqué à coup de photocopies ? Ah non, pas de photocopies. Bon, je range Bruges, Carcassonne, Notre Dame, Agricola, et les Mystères de l’Abbaye. 5 idées sympas pour réviser le Moyen Âge. Rubalise.

      Pas grave, j’ai de l’imagination. Si j’utilisais Plickers, c’est top ça, un quizz projeté au tableau, les élèves n’ont qu’à lever le code dans le sens de leur réponse, je photographie de loin leurs réponses, et... ah non, pas de prêt de matériel, mes codes plastifiés ne pourront servir. Rubalise.

      Pas grave, j’ai de l’imagination. Oui, mais voilà, pas d’îlot, chaque élève doit disposer de 4 m2 mais ne peut être positionné face à un autre élève. En langues vivantes, ils doivent pourtant leur faire travailler « la #coopération ». Les nouveaux #protocoles_pédagogiques prévoient aussi qu’en français, les élèves doivent maîtriser la tape sur un clavier. Sans clavier. Sans ordinateur. Sans... tout, sauf des rubans autour d’eux. Rubalise.

      Bon, passons, regardons plus loin, on réfléchira aux « activités » plus tard. C’est la consigne de l’établissement. On ne fait plus cours, on ne fait plus de séquences qui prennent du sens en tant qu’apprentissages, on devra « plus tard » prévoir des « #activités ». L’école est bien moins qu’un centre de loisirs, les activités sont seules maîtres, certes, mais elles seront prévues en dernier. On va les occuper dans leurs 4 m2 entourés de rubans. Rubalise.

      Mais bon, admettons, il y a des circonstances. L’important est certainement de permettre aux élèves de retrouver un lien avec l’école, avec le lieu même qu’est l’école. C’est tout à fait justifié. Mais quel #lien ? Qu’est devenu ce #lieu ?

      Aménagement de la salle de classe :
      mise à l’écart du #mobilier + rubalise
      4 m2 par élève, pas de #face_à_face, pas d’#îlot.
      #sens_de_circulation dans la salle indiqué au moyen de #scotch_au_sol
      interdire la #circulation dans la classe

      Aménagement des couloirs et escaliers :
      rubalise, #marques_au_sol pour #distanciation
      un sens pour l’entrée, un sens pour la sortie
      pas d’accès au #gymnase, pas d’accès aux #vestiaires

      Récréation :
      pas de descente dans la #cour
      #pause en classe (où les élèves n’ont pas le droit de bouger de leur table)
      pas d’#objets, pas de #livres, pas de jeux, rien dans les mains
      rubalise sur les bancs pour en interdire l’accès le matin
      #WC : entrée un à un, sur les 6 points WC de l’établissement, pour un effectif de 1065 élèves
      rubalise dans les #toilettes + affichages consignes de #lavage_des_mains
      pas le droit au repas

      Qu’est-ce donc que ce lieu où tout est mis sous ruban, où il existe des sens circulatoires marqués au sol, où les heures de promenade dans la cour sont limitées dans le temps et dans l’espace, où ces heures doivent se faire sans contact avec les autres prisonniers, euh, je veux dire élèves ?

      Qu’est-ce donc que ce lieu où quelques minutes par jour sont consacrés à un « enseignement » qui n’a que pour but de faire croire aux enfermés qu’ils ont quelques minutes loin de leur routine dans l’espace punitif les privant de leurs mobilités ?

      Rubalise.

      Chaque ligne de plus du protocole m’a glacée. J’ai eu l’impression de relire les travaux d’Olivier Milhaud lorsque, jeunes géographes, nous travaillions et échangions sur nos thèses. Les travaux sur... la #prison.

      « #Surveiller_et_punir », écrivait Michel Foucault.
      « #Séparer_pour_punir », ont écrit les géographes.

      « La prison est une peine géographique : elle punit par l’#espace. Elle tient des populations détenues à distance de leurs proches et les confine dans des #lieux_clos. »

      L’école est en train de devenir une #peine_géographique. On n’y enseignera pas, on y contrôlera des élèves qui, heureux de revenir à l’école pour y retrouver un lieu de savoirs et de #socialisation, vont faire l’expérience brutale de cet #enfermement_par_l'espace. Rubalise.

      #SansMoi

      PS : Je vous recommande fortement la lecture de :
      Olivier Milhaud, 2017, Séparer et punir. Une géographie des prisons françaises, CNRS Editions.
      Marie Morelle, 2019, Yaoundé carcérale : géographie d’une ville et de sa prison, ENS Éditions, disponible en ligne : https://books.openedition.org/enseditions/11445

      https://www.facebook.com/benedicte.tratnjek/posts/10156922338365059

      Texte de #Bénédicte_Tratnjek (@ville_en)

    • Alors, j’essaie de comprendre, pour la reprise...

      Injonction du ministère : finir le programme en retirant un chapitre ou deux
      Injonction du rectorat depuis le 16 mars : interdiction de voir de nouvelles connaissances et notions, ne faire que des approfondissements de ce qui a été vu avant fermeture
      => Donc, on finit le programme sans faire de nouveaux chapitres... 🤔

      Injonction du ministère : faire les compétences de type « pratiquer différents langages » avec des croquis de synthèse à produire en géographie
      Injonction de l’établissement : interdiction des manuels, interdiction des photocopies, interdiction de toucher les cahiers pour les corriger, interdiction d’aller en salle informatique ou d’utiliser les tablettes, interdiction d’utiliser les téléphones personnels, interdiction de fournir le moindre fond de cartes en gros
      => Donc, on fait des croquis de synthèse sans documents, sans fonds de cartes, tout en faisant des connaissances déjà vues en réussissant à finir le programme sans avoir le droit de le faire... 🤔

      Je veux bien plein de choses, mais là je ne suis pas sûre de comprendre ce qu’on attend de moi...

      https://www.facebook.com/benedicte.tratnjek.2/posts/261127465252876

      Toujours @ville_en

  • Antoine Volodine : « Je ne suis pas un cas psychiatrique ! »
    https://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20100824.BIB5527/antoine-volodine-je-ne-suis-pas-un-cas-psychiatrique.html

    Alors oui, j’ai une vision extrêmement pessimiste, tout en conservant ce sentiment qu’il est absolument nécessaire de se battre, quelle que soit la connaissance qu’on puisse avoir du futur. Même en prison, on continue à dire des choses, à reconstruire le passé, un présent, inventer un futur, alors qu’on est entre les murs ; ce qui arrive à mes personnages.

    Lutz Bassmann : « L’extinction de l’humanité est plausible »
    https://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20100824.BIB5532/lutz-bassmann-l-extinction-de-l-humanite-est-plausible.html

    On peut aussi considérer que ce sont ces lumières et ces rêves de bonheur qui ont mené au pire...

    L. Bassmann Oui, c’est quelque chose qui nous est très douloureux, et qu’on utilise beaucoup dans nos livres : dès que l’espoir se met en marche, on va vers le cauchemar. La révolution qui est systématiquement invoquée dans nos livres, et qui devait ouvrir des portes lumineuses, n’ouvre que des portes de prison. Mais cette révolution devait être faite. Elle a été tellement trahie, déformée, cauchemardisée, qu’effectivement c’est très bizarre de l’invoquer encore. Mais cette bizarrerie fait nos personnages, et notre parole.

    Manuela Draeger : Ceci n’est pas un gag
    https://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20100824.BIB5533/manuela-draeger-ceci-n-est-pas-un-gag.html

    Et il n’y aura pas de jaloux si un seul est récompensé...

    M. Draeger Nous avons une longue pratique du collectif.

    #Post_exotisme #Antoine_volodine #Lutz_Bassmann #Manuela_Draegger

  • Interview de M. #Manuel_Valls, ministre de l’intérieur, à RMC le 25 septembre 2013, sur la polémique concernant l’intégration des #Roms dans la société française, l’élargissement de l’espace Schengen à la Roumanie et à la Bulgarie, la situation de la sécurité à Marseille et le projet de refonte des sous-préfectures.

    Ça montre qu’il y a des familles, souvent avec des enfants, qui peuvent parfaitement s’insérer et s’intégrer dans notre société - mais c’est une minorité et, je le répète, mais ça vous savez il ne faut ni discriminer, ni se voiler la face, ni faire preuve d’angélisme, les Roms ont vocation à rester dans leur pays et à s’y intégrer là-bas et nous ne pouvons pas, nous
    (...)
    Ces familles ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie - les choses doivent être de ce point de vue-là très clair et, en même temps, il faut trouver les solutions
    (...)
    Pour s’installer, qu’on soit d’un autre pays de l’Union européenne, eh bien on a vocation à quitter le territoire.

    https://www.vie-publique.fr/discours/189085-interview-de-m-manuel-valls-ministre-de-linterieur-rmc-le-25-sep
    –-> Je mets ici alors que ça date... parce que c’est une des premières fois (la première ?) où l’expression « #vocation_à_quitté_le_territoire » a été prononcée... par #Valls donc en 2013, et qui s’est ensuite généralisées, notamment pour les #déboutés de l’#asile

    du coup, c’est une expression pour @sinehebdo pour sa collection sur les #mots #terminologie #vocabulaire autour des #migrations et #réfugiés :
    « personne qui a vocation à quitter le territoire »

    expression signalée par @karine4

    @isskein peut peut-être faire un historique plus précis de cela...

    • Au lycée cet abruti aimait ni trop les livres, ni trop les autres, mais le football. Puis, arrivé à la fac, à Tolbiac la rouge, il s’est intéressé avec deux potes mais sans le montrer, à « la politique », dans une université où le mieux placé, le plus beau et le plus grand des panneaux d’affichage était -contrairement à celui des syndicats et des gauchistes- autonome, sauvage et intouchable pour la sécu de la fac. Ces trois là rasaient les murs. Seul le futur publicitaire Fouks se montrait en AG et dans les couloirs. Ce qui le meut, c’est la revanche de l’ordre. Voilà comment le journal de tous les pouvoirs raconte la chose, à sa façon.

      Valls, Bauer, Fouks : le pacte de Tolbiac, Ariane Chemin, 26 novembre 2012
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/26/valls-bauer-fouks-le-pacte-de-tolbiac_1795920_823448.html


      Manuel Valls, ministre de l’intérieur, le 6 novembre 2012, à l’Assemblée nationale, à Paris. AFP/PATRICK KOVARIK

      C’est à la fac de Tolbiac, en 1980, que Manuel, Alain et Stéphane ont posé les bases du futur logiciel de la gauche des années 2000, entre libéralisme et sécuritarisme.

      Les deux étages de Drouant, le restaurant parisien des prix Goncourt, place Gaillon, ont été privatisés. Un e-mail – avec annonce d’une cagnotte pour un cadeau commun – est parvenu à la bonne centaine d’invités conviés ce 5 mai 2012. Manuel Valls, Alain Bauer et Stéphane Fouks fêtent leurs 150 ans. Prudemment – et pour cause –, les spécialistes d’intelligence économique et les fonctionnaires de police ont noté le rendez-vous, puis effacé l’e-mail : "On ne sait jamais."

      Il y a là des patrons, des pontes du renseignement, des politiques, autant de cercles qui s’emmêlent tandis que sur les tablées le bon vin abolit les frontières. L’aréopage d’initiés digresse sur le rituel qui accompagne chacun de ces anniversaires, où les couches d’invités prospèrent et se sédimentent au fil des ans : c’est toujours un fraisier qui clôt le déjeuner. Le dessert préféré de "Baubau", comme le ministre de l’intérieur et le coprésident d’Havas Worldwide continuent aujourd’hui d’appeler le consultant et ancien conseiller pour la sécurité de Nicolas Sarkozy, Alain Bauer.

      Cette année, pourtant, la fête ne ressemble pas tout à fait à celle de Reims, l’an passé, ni aux précédentes. Alain Ducasse a fini par arriver mais il manque "Manuel". In extremis, le porte-parole de la campagne du candidat socialiste a séché. Le lendemain, en effet, François Hollande joue sa place à l’Elysée, et Julien Dray vient de manquer de tout gâcher en invitant Dominique Strauss-Kahn, mis en examen pour proxénétisme, à son anniversaire à lui.

      ASSEMBLÉE HÉTÉROCLITE

      Les trois hommes sont trop copains pour ne pas savoir pardonner cette absence prudente ; trop professionnels pour ne pas anticiper les risques d’une telle réunion. Que dirait-on d’agapes réunissant un futur ministre de gauche, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, homme lige de la droite, et… le porte-parole de l’UMP sur les questions de sécurité, Bruno Beschizza ?

      Les strauss-kahniens Jean-Marie Le Guen, Jean-Christophe Cambadélis, François Kalfon, Anne Hommel et Jean-Jacques Urvoas se rendent donc sans l’ami Valls chez Drouant retrouver les PDG invités par Stéphane Fouks. Antoine Frérot, le patron de Veolia, est venu avec son communicant Laurent Obadia –un intime d’Alexandre Djouhri, le mystérieux intermédiaire en cour sous la Sarkozye. Autour des nappes blanches, on trouve aussi tout le réseau policier d’Alain Bauer – son "canal historique", dit l’un d’eux : le criminologue Xavier Raufer, formé à la droite extrême, le commissaire André-Michel Ventre, le secrétaire général du syndicat Alliance Jean-Claude Delage…

      Les "frères" se saluent d’une table à l’autre : avec Philippe Guglielmi, pas moins de deux anciens grands maîtres du Grand Orient de France, que Alain Bauer a présidé de 2000 à 2003, sont du happening de Drouant. On offre des livres rares, des alcools forts millésimés. Les "anciens" de Tolbiac, les "copains d’avant", ont aussi préparé pour chacun des hôtes un reportage photo : des clichés sépia qui racontent la genèse d’une amitié "de plus de trente ans".

      HAUT LIEU DE LA CONTESTATION

      Tolbiac. La fameuse fac de béton brut construite cinq ans après Mai 68, que personne n’a jamais réussi à appeler Centre Pierre-Mendès-France, et où un prof nommé Robert Badinter eut droit à vingt minutes d’applaudissements quand son amphi apprit sa nomination au ministère de la justice. En cette toute fin des années Giscard où la politique se fait encore dans les facs, Tolbiac est devenue le haut lieu de la contestation contre la politique économique de Raymond Barre et la circulaire Bonnet hostile aux étudiants étrangers. C’est l’époque où le service militaire est encore la règle – un étudiant vient de descendre en rappel la façade de la fac pour taguer le slogan "Service à six mois".

      Pas un hasard si, une ou deux fois par semaine, les "grands frères" de ces jeunes gens qui tentent de jouer les prolongations de Mai 68 viennent faire un tour à Tolbiac. Il y a Julien Dray, pour quelques mois encore trotskiste de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), et Jean-Christophe Cambadélis, la tête d’affiche des lambertistes de l’Organisation communiste internationaliste (OCI), qui couvent les étudiants d’un œil efficace. Il y a aussi Jean-Marie Le Guen, ancien chef de la Jeunesse socialiste. Face à eux, un trio de trois garçons déjà inséparables qui, à 18ans, se sont trouvés et ne se lâcheront plus.

      "Quand j’arrive à la fac en octobre 1980, je tombe sur un mec en cravate et un petit barbu", se souvient Manuel Valls. Il est alors un jeune Catalan qui peste de ne pas pouvoir voter pour la présidentielle – il ne sera naturalisé français qu’en 1982 – et porte les mêmes cheveux drus et le même regard sombre qu’aujourd’hui. Le mec en cravate, c’est Alain Bauer. Il est le fils d’un marchand de textiles. Pour impressionner, il laisse dire qu’il est un descendant d’Otto Bauer, le grand marxiste autrichien du début du XXe siècle. Il porte déjà des costumes trois pièces qui enserrent des rondeurs de notable, et jette son loden vert sur ses épaules comme une cape. Il a adhéré au PS à 15 ans et fait partie des plus jeunes francs-maçons de France.
      A Tolbiac, il retrouve le "petit barbu" déjà croisé au lycée Arago, à Paris : Stéphane Fouks. Ce fils d’un ancien communiste juif et résistant fut l’un des responsables d’une éphémère coordination lycéenne. Les trois garçons ont le même âge. Bauer potasse le droit constit’. Fouks veut s’orienter vers les sciences politiques. Valls a choisi l’histoire.

      "BUVEURS DE CAMOMILLE"

      Tous les trois, surtout, sont rocardiens. Rocardiens ? Le mot désigne une espèce rare à l’époque. "Des gens en costume, alors que nous on est en blousons de cuir, prêts à dégainer les manches de pioche de nos sacs marins achetés aux puces, se souvient le journaliste Serge Faubert, alors au service d’ordre de la LCR – l’homme qui a descendu la façade de la fac en rappel. Ils étaient comme des buveurs de camomille à une fête de la bière. Pour nous les socialistes étaient des sociaux-traîtres, alors l’aile droite du parti…" A l’époque, l’étiquette veut surtout dire qu’on se méfie de ce Mitterrand qu’adulent Le Guen et ses amis et – point commun avec les lambertistes – qu’on vomit les "cocos".

      "On était déjà très sociaux-démocrates, pas très refaiseurs de monde, se souvient Alain Bauer. L’autogestion, on n’y croyait pas nous-mêmes. Notre référence, c’était Mendès France, pas Lénine ou Trotski." Pendant que L’Echo des cocos d’éco se félicite des nationalisations à 100% et de la rupture avec le capitalisme promises par François Mitterrand, "SF", "MV" et "AB" s’indignent dans le Rosé de Tolbiac, une feuille ronéotypée qui sent bon l’alcool à brûler, du passé de travailleur volontaire en Allemagne de Georges Marchais ou de la destruction d’un foyer d’immigrés à Vitry.

      "Nous étions les sabras du rocardisme", sourit Fouks, le plus militant des trois. Pour le trio, Michel Rocard n’est pas seulement l’homme du "parler vrai". "Pas encore ce type incompréhensible que les Guignols mettront en boîte", comme dit Valls dans un excellent livre d’entretiens (Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche !) menés en 2008 chez Robert Laffont par le journaliste Claude Askolovitch – un autre convive de Drouant. L’ex-leader du PSU est le champion qui doit les emmener au sommet.

      "NETTOYER LA FAC DES GAUCHISTES"

      Curieuse ambiance et étranges alliances qui se nouent en ce début des années 1980. "On ne se méfie pas d’eux, alors que les rocardiens n’avaient qu’une mission : nettoyer la fac des gauchistes en faisant alliance avec les lambertistes, raconte Serge Faubert, imposer les socialistes à Tolbiac sous l’étiquette d’un nouveau syndicat, fondé en 1980, l’UNEF-ID", "indépendante et démocratique", chargée de concurrencer l’UNEF dirigée par le PC.

      "Entre nous, les vieux rocardiens, nous disions en rigolant : “Ces trois-là, on a intérêt à bien les former, au moins, le jour où ils nous assassineront, ils feront ça proprement !”", raconte le constitutionnaliste Guy Carcassonne. "Nous étions idéologiquement des rocardiens, et politiquement des mitterrandistes", confirme Fouks. Prêts à tout, y compris à accepter de devenir les paravents de ces lambertistes sulfureux.

      UNEF-ID, conseil d’administration de la MNEF, la mutuelle étudiante qui finira par briser les socialistes qui l’ont approchée de trop près, clubs rocardiens : le trio est partout. Les lambertistes de l’UNEF-ID aident Alain Bauer – que "Camba" présentera ensuite à Pierre Lambert, le dirigeant de l’OCI et le pape caché de toute cette histoire – à devenir, en 1982, vice-président de Paris-I-Tolbiac.

      "Quand on a vu Bauer arriver à la fac avec sa voiture et son chauffeur, on s’est dit que, là, il avait des réseaux qu’on n’aurait jamais, même à 50 ans", soupire un adversaire d’alors. En remerciement du coup de pouce, Alain Bauer fait confier – discret hold-up – la gestion de la cafet’ de la fac (une mine d’or dans ce 13e arrondissement étudiant) à un homme tout de cuir noir vêtu : Bernard Rayard, autre lambertiste officiel, plus sûrement joueur de poker et homme d’affaires.

      "CHACUN UNE TÂCHE"

      Premiers coups politiques. Premier succès. Déjà, au sein du trio, les zones d’influence se dessinent. Julien Dray jure que l’anecdote est vraie. "J’arrive un jour à la cafet’ de Tolbiac, confie le conseiller régional socialiste. J’ai le triumvirat en face de moi. Je dis à Bauer qu’on va bosser ensemble dans l’UNEF-ID, que je vais coordonner tout ça. Bauer se lance dans les confidences : “Moi, je rêve un jour d’être grand maître.” Fouks prend la parole à son tour : “Moi, je ne veux pas forcément faire de la politique mon métier ; j’aime la communication.” Valls prend la parole le dernier : “Moi, j’aime la France, j’aimerais bien devenir président de la République. Mais pour ça, avant, il faut que je sois français.”" Le pacte secret…

      "Chacun des trois avait déjà un morpho-type : communicant, agitateur politique, et, au choix, flic ou homme de réseaux", résume "Camba". "Aux Jeunesses socialistes, ils ont chacun une tâche, confirme Jean-Claude Petitdemange, le patron de l’appareil rocardien, qui couve le trio : Manuel, la politique et la vie publique ; Bauer, la tactique et les manœuvres d’appareil ; Stéphane, la communication. Stéphane pensait d’ailleurs à l’époque à créer sa petite boîte, mais je l’avais mis en contact avec Jacques Pilhan [gourou de la comm’ politique] qui cherchait quelqu’un…"

      Dès 1985, aux Arcs, en Savoie, pour les journées des Jeunes rocardiens, l’étudiant déploie son savoir-faire. "Stéphane me remplissait les salles avec 500 ou 1000 personnes. Tout était fait au cordeau", raconte Petitdemange. Lors du mouvement de l’hiver 1986 contre la loi Devaquet sur l’université, ils se partagent de nouveau le travail. A Bauer, les contacts avec la préfecture de police afin d’éviter les dérapages. "Alain était notre ministre de l’intérieur", sourit Fouks. "Il était comme un poisson dans l’eau. C’est tout juste s’il ne faisait pas estafette lui-même", ajoute "Camba". Il noue ainsi des contacts avec les renseignements généraux, alors dirigés par Philippe Massoni, emballé par cet interlocuteur étudiant si respectueux de l’ordre. Ou avec Jean-Marc Berlioz, le nouveau "M. Sécurité" de Renault, ex-conseiller de Sarkozy et futur convive du "dîner chez Drouant"...


      Le criminologue Alain Bauer a été conseiller sécurité du président Sarkozy. AFP/BERTRAND GUAY

      La politique est un monde plus cruel que celui des affaires. Pendant que Stéphane Fouks invente la communication politique et institutionnelle chez EuroRSCG et évite de se montrer trop regardant sur ses clients en Afrique ou en Europe de l’Est, tandis qu’Alain Bauer, surfant sur le développement des polices municipales, se lance dans l’ingénierie sécuritaire et la vidéosurveillance à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), Manuel Valls, atypique licencié d’histoire dans un monde d’énarques, gravit les marches du pouvoir.

      Avant le congrès du PS de Lille, en 1987, le trio est convoqué par Petitdemange. "J’ai une place au comité directeur, à vous de choisir qui y va." D’après Bauer – mais aussi Fouks –, le trio met le poste aux voix : trois bulletins secrets pour Valls – le futur député de l’Essonne a voté pour lui-même. "Ils sont revenus en me disant : ce sera Manuel", raconte Petitdemange.

      "Tout ça est une légende absolue inventée par Alain", soupire aujourd’hui le locataire de la place Beauvau. A un quart de siècle de distance, la "légende" peut en effet devenir politiquement encombrante pour un ministre ambitieux. Car la donne a changé. Fouks, qui voyait déjà son champion DSK à l’Elysée, a accueilli avec une grimace l’outsider Hollande et s’est trouvé fragilisé cet été chez Havas. Quant à Bauer, il a purement et simplement basculé à droite en… 2007.
      "Si Alain pense qu’être sarkozyste est utile et cohérent, il en a le droit, balayait Valls il y a quatre ans. L’amitié transcende les clivages politiques (…). On se retrouve sur la sécurité et, globalement, on est toujours en phase." Aujourd’hui, le ministre précise : "Je lui ai dit que je regrettais qu’il ait travaillé pour Sarko, car je ne peux plus le prendre dans mon cabinet."

      Qu’importe l’organigramme. Le criminologue est toujours là, au bout du fil ou dans le bureau du ministre, pour livrer les derniers chiffres de la délinquance, son avis sur le terrorisme, les quartiers nord de Marseille, le danger islamiste, la mafia en Corse. Toujours vigilant, aussi, pour protéger le réseau, qu’il s’est constitué sous la droite, des purges, dont la place Beauvau a, de fait, été épargnée. Quant à Fouks, l’autre "plus proche ami", il reste prêt à surveiller l’opinion, peaufiner son image, commander un "quali" ou tester les discours du ministre : avant le congrès annuel de l’USM à Toulouse, cet automne, il l’a fait sur des magistrats.

      AMITIÉ DURABLE

      "Dans un monde politique qui revendique l’amateurisme comme une vertu, nous voulons être un îlot de professionnalisme", confie non sans ironie l’un des membres du trio. Dans les couloirs de Tolbiac, ils ont appris l’essentiel. "Le parcours de Manuel s’est fait autour de ce logiciel découvert à la fac : à 18 ans, nous avons compris qu’on peut être minoritaire dans les amphis et majoritaire dans les urnes, que notre rapport de force dans l’opinion était plus important que dans l’appareil", dit Stéphane Fouks.

      "A notre fausse fraternité militante, trois mecs d’un pragmatisme consommé ont préféré l’amitié durable", convient aujourd’hui Serge Faubert. Trois inséparables qui mettent depuis trente-deux ans connaissances et réseaux au pot commun. Un exemple ? Depuis juin, Bruno Beschizza, porte-parole de l’UMP sur la sécurité, est chargé de répliquer à chaque "coup" ou annonce de Manuel Valls. Alors, il rappelle à chacun – que peut-il dire d’autre ? – que "le ministre est de gauche", à défaut d’avoir autre chose à lui reprocher. La mansuétude de l’élu UMP doit peut-être aussi à d’autres détails. Alain Bauer a gentiment accepté il y a quelques années de devenir le parrain de l’un de ses enfants. Malgré l’alternance, Valls lui a gardé un bureau place Beauvau. Et Fouks a trinqué avec lui chez Drouant.

      J’ai jamais vu un liguard qui dise « cocos » comme le Figaro à la place de stal (mais qui informe les journalistes ! Pauvre Ariane Chemin : citer comme fait militant une banderole, pour le Tolbiac de l’époque, c’est vraiment mettre la barre très très bas).
      Ils ont été majoritaires dans l’appareil - celui qui a goinfré la MNEF et ses budgets, pour l’OCI, où étaient aussi Le Guen et Jospin, et celui plus imaginatif et politique qui a monté SOS-Race, dont Dray ex-LCR et futur collectionneur de montres de grand luxe était la figure de proue, derrière la marionnette promo sponsorisée par la haute couture Harlem Désir, pour tuer l’autonomie des mouvements issues de l’immigration) et inexistants dans les ag. Bref, cet article est drôle, pour partie informatif (voter pour soi quand on est trois ?!) et assez mal informé.
      Et, oui, si Valls tient tant à « la France », c’est comme un assimilé pris dans la surenchère du converti, contre les nouveaux arrivants (que ils doivent faire la preuve qu’ils l’aiment où qu’ils la quittent). C’est trop psychologisant, mais ça a toujours été un minable, faut pas chercher loin, y a rien la dedans que des petits mécanismes sordides.
      #Manuel_Valls

  • Petite mise à jour Manu Chao… La dernière datant de 2018 : https://seenthis.net/messages/721754

    En ce moment, des petits moments en confinement, signalé par @sinehebdo
    https://seenthis.net/messages/838983
    Playlist complète ici (mais bizarre le lecteur intégré met pas les flèches suivant précédent)
    https://www.youtube.com/watch?v=sYVPp2_0Gc8&list=PL-Avjv9Wf8553R6RclSq2h_6-niZZieoW

    Une chanson anti frontières l’année dernière
    Bloody Border
    https://seenthis.net/messages/839080
    https://www.youtube.com/watch?v=UYPwCi-zYeo

    Il avait déjà fait un truc avec le même producteur reggae Chalart58, en 2017
    Manu Chao / Chalart58 : PALABRAS DE VERDAD
    https://www.youtube.com/watch?v=dqz0A4iA2rI

    En ce début d’année en Asie, Inde, Bingladesh
    "Huelga de amores" Manu Chao ruta Dharavi (Mumbai)
    https://www.youtube.com/watch?v=79my_HZqwfY

    Manu Chao : « Vida Tómbola » fron Dhaka (Bangladesh)
    https://www.youtube.com/watch?v=RkiKNfO28ZU

    Manu Chao : King of the Bongo (Natarani - Ahmedabad)
    https://www.youtube.com/watch?v=CLiC45aZgh4

    Il y a quelques mois pour Playing For Change, avec Bunny Wailer et d’autres
    Soul Rebel featuring Bunny Wailer and Manu Chao | Song Around The World | Playing For Change
    https://www.youtube.com/watch?v=7-dRks5QVQo

    La même chanson mais tout seul un an avant
    MANU CHAO : SOUL REBEL
    https://www.youtube.com/watch?v=h2DhuD5bijs

    En 2018, en soutien à l’association de femmes de ménages Las Kellys, contre l’exploitation dans les hôtels :
    Manu Chao y Llacuna F.C en ‘HOTEL EXPLOTACIÓN : LAS KELLYS’ !!!
    https://www.youtube.com/watch?v=g0tJDPRWpQc

    En 2018 pour l’ONG Payamedicos, avec des n’enfants
    LA RISA BONITA / Manu Chao y Che Sudaka para LOS PAYAMEDICOS !!!
    https://www.youtube.com/watch?v=hmR-my24UEk

    En 2018 en Colombie
    Manu Chao : EXPRESO DEL HIELO ( Río Magdalena, 2018)
    https://www.youtube.com/watch?v=OTaVN5wYJ-0

    Une autre chanson politique en 2018
    Manu Chao : EL BOCA RIVER (long version)
    https://www.youtube.com/watch?v=x-Tz1AR57Xg

    En tant que TI.PO.TA, avec sa compagne (en tout cas à ce moment) Klelia, que j’avais raté au moment du dernier seen en 2018
    "Sunrise" - Manu Chao - Klelia - Sokratis « Ti.po.ta »
    https://www.youtube.com/watch?v=EJL0onAL9Ag

    #musique #chanson #politique #Manu_Chao

  • Playlist du confinement par Fuzati et ses milliers de vinyles. Chaque jour Fuzati propose un disque. Comme c’est sur FB, je vais les compiler ici au fur et à mesure.

    À chaque fois il met les pochettes et un extrait filmé de son propre vinyle.
    Je tenterai, si j’ai le temps, pour chacun de trouver le morceau entier voire l’album, mais possible que ça n’existe pas sur les trucs rares.

    Oui il y a de la bossa nova dans le lot, dsl @mad_meg :p
    Mais surtout du jazz funk.

    🦠Jour 1 : #Edu_Lobo « Missa Breve ». Dispo sur Youtube et Spotify.
    #Brésil #bossa_nova
    https://www.youtube.com/watch?v=B_8nw1n7Hzw

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 2 : #James_Mason « Rhythm of Life ». Dispo sur Spotify et YouTube.
    #jazz #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=SR8mxGDgdhc

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 3 : McNeal&Niles « Thrust ». Dispo sur YouTube
    #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=sULp1QWQEA0

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 4 : Magnum « Fully loaded ». Dispo sur Spotify et YouTube 🕺
    #funk #groove
    https://www.youtube.com/watch?v=eA5RFV3Q-gQ&list=PLtnzVENr5rVP-6bhMzDGdMxT4tgHJx9ZC

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 5 : Newban « 2 ». Dispo sur Spotify et YouTube 🔥
    #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=MuLQaSYvg_E

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 6 : #Johnny_Hammond « Gears ». Produit par Larry et Alphonso Mizell. « Tell me what to do »👉« Stay at home ». Dispo sur Spotify, Deezer, YouTube 🥁🎺
    #jazz #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=vuUWt48IeAw

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 7 : #Banda_black_Rio « Maria fumaça ». Dispo sur Spotify, Deezer, YouTube 🎼
    #Brésil #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=47u2AKBpmD0

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 8 : #Manu_Dibango « Kusini ». RIP 🖤 Dispo sur YouTube seulement 🤷‍♂️
    #afro-jazz #jazz
    https://www.youtube.com/watch?v=IgDg4Ybms3E

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 9 : #Bill_Summers « Feel the heat ». Pochette🤢, musique 🔥.
    Dispo que sur YouTube 🤷‍♂️

    #Brésil #groove #Fender_Rhodes
    https://www.youtube.com/watch?v=lTkiXdY7MR4

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 10 : #Michael_Longo « 900 shares of the blues » RIP Mike Longo💔
    Dispo sur Spotify et toutes les plateformes 💥

    #jazz #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=vt1wnK6snXY

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 11 : #Charles_Earland « Odyssey ». Si tu as reconnu le sample de Second Crusade « May the funk be with you » tu es un champion 🏆💪🏻. Dispo que sur YouTube 🙄.
    #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=1YwPIrXgHbE

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 12 : #Mighty_Ryeders - Spread the message
    #jazz #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=U9rjYdqlWLU

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 13 : #Starcrost La pochette ressemble à un tableau de pizzeria mais le disque est bien meilleur que des lasagnes surgelées.
    #jazz #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=ijZqMOxSgLY

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 14 : #Ronnie_Foster - Two headed freap 🎼🕺🔥
    #blue_note #jazz #funk #jazz-fusion #organ
    https://www.youtube.com/watch?v=9-tvD6m1H28

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 15 : #Ted_Coleman_band - Taking care of business. La musique idéale pour une croisière 🌊🛳
    #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=-UEaSNfMDRs

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 16 : #Change - Miracles
    Bon pour l instant c est ni l un ni l autre🤦‍♂️. « Hold tight ». Tout l album est dispo sur Spotify et YouTube 🥳😎

    #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=KfBuWB5OwGI

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 17 : #Placebo - Ball of eyes. Superbe album de jazz-funk 🇧🇪 🔥💸 même si, entre nous, j ai toujours trouvé ce disque un peu sur côté 🤓
    #Marc_Moulin #jazz-funk #Belgique
    https://www.youtube.com/watch?v=jpUZ3WbfMMQ

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 19 : #Lô_Borges 🇧🇷 Extraordinaire est un qualificatif qui convient parfaitement à cet album.
    #Brésil
    https://www.youtube.com/watch?v=XdEAmUv1mAg

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 20 : #Milton_Nascimento & #Lô_Borges : Clube da esquina.
    #Brésil
    Quand j’étais en terminale, il y avait une brésilienne dans ma classe qui m’avait passé une compile avec des morceaux brésiliens. Je l’avais copié sur K7 mais comme un con, je n’avais pas noté le tracklisting. Pendant 10 ans j’ai écouté « O trem Azul » mon morceau préféré sur cette compil, sans savoir ce qu’était ce morceau qui m’obsédait. Il n’y avait pas Shazam à cette époque. Un soir en écoutant des snippets sur cdandlp, je suis retombé sur ce morceau et j’ai enfin su ce que c’était. J’ai direct acheté ce disque (second pressage) au vendeur, un disquaire de Rennes, Blind spot les angles mort. C’était il y a presque 20 ans et depuis j’ai énormément écouté cet album. Le Arthur Verocai a atteint un statut mythique du fait de sa rareté mais pour moi le meilleur disque sorti au Brésil c’est ce fabuleux album, que certains vont avoir la chance de découvrir avec ce post.
    https://www.youtube.com/watch?v=kZNdbBYLliE

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 21 : #Ghetto_brothers - Power-Fuerza 💪🏽
    #pop #rock
    A écouter avant ou après avoir regardé Thé Warriors (Les guerriers de la nuit) ou le doc 80 blocks from Tiffany’s. Le coronavirus aurait pas osé traîner dans le Bronx de cette époque.
    https://www.youtube.com/watch?v=8wRz9AnfI7I

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 22 : #Piri - Voces querem mate.🇧🇷
    #Brésil #flûte
    Donc quelqu’un est arrivé en disant : « j’ai une super idée pour la pochette, vous allez vous mettre dans une vieille charrette. Mais pour que ce soit drôle vous serez tous nus ». On savait vivre avant le covid 19. Ps : tout l album est genial.
    https://www.youtube.com/watch?v=V0wXoB0ISpM

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 23 : #Patrice_Rushen - Before the dawn
    #jazz #funk
    https://www.youtube.com/watch?v=OXg-1odYYxw

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 24 : #Joe_Henderson - Mode for Joe
    #jazz
    Line up absolument dingue, avec Lee Morgan à la trompette, Curtis Fuller au trombone, Bobby Hutcherson aux vibes, Cedar Walton au piano, Ron carter à la basse, Joe Chambers à la batterie et Joe Henderson au ténor saxophone 🎷
    https://www.youtube.com/watch?v=sk1rT9Xsuc0

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 25 : #Herbie_Hancock - Sunlight ☀️😎
    #jazz #funk
    Sur le recto de la pochette Herbie sourit. Pas seulement parce qu’il vient de s’acheter un costume de pimp. Le recto nous révèle en effet qu’il possède un Minimoog, un Polymoog, un micromoog, un Yamaha CP-30, un ARP odyssey, un ARP 2600, in clavinet, un ARP string ensemble et tout un tas d’autres synthés grâce auxquels il a pu composer ce morceau incroyable qu’est « I thought it was you ». Effectivement, il y a de quoi sourire
    https://www.youtube.com/watch?v=xDyyaT8Tp8g

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 26 : #Cesar_Mariano & cia - Sao Paulo Brasil
    #jazz #funk #jazz-fusion
    Dans mon top 5 des albums de jazz fusion brésiliens🇧🇷
    https://www.youtube.com/watch?v=IraZdUbyNvs

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 27 : #Milton_Nascimento - Minas 🇧🇷🔥
    #Brésil #groove
    https://www.youtube.com/watch?v=VYQN22FaPGg

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 28 : #D.R._Hooker - The truth. 🎸🤘🏻 🔥
    En ces temps agités, difficile de dire qui détient la vérité. Celle de Dr. Hooker me convient parfaitement.
    https://www.youtube.com/watch?v=k3pmbwoLY8U

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 29 : #Ronald_Mesquita - Bresil 72 🇧🇷🔥
    Mets du ☀️ dans ton salon.
    Disque trouvé une fois en OG sans pochette et un peu flingué en diggant avec @youri__youri (Un des meilleurs disquaires de Paris, pour ceux qui n ont pas eu la chance de connaître son magasin). Le repress sonne bien aussi.
    https://www.youtube.com/watch?v=ivHm1YtPTxs

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 30 : #Edison_Machado e samba novo 🇧🇷🥁🎺
    Un album qui réunit Moacir Santos, Paulo Moura, Raulzinho, J.T Meirelles et Tenorio Jr ne peut que être fantastique.
    https://www.youtube.com/watch?v=AMuUWxwhNjY

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 31 : #Hector_Costita sexteto - Impacto 👊🔥🔥
    Superbe album de jazz 🇧🇷 paru en 1964
    https://www.youtube.com/watch?v=jRQdEOTcmG4

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 32 : #Buster_Williams - Pinnacle. 🇺🇸
    Buster williams est un super bassiste, Muse records un super label. Qu’est ce qu’il vous faut de plus ? Sonny Fortune et Woody Shaw ? Et bien ils sont aussi sur le disque. 🔥
    https://www.youtube.com/watch?v=nbPNwGRmGzA

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 33 : #Christophe - La route de Salina Au revoir 😢
    https://www.youtube.com/watch?v=AtbnQAqXjaE

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 34 : #Mulatu_Astatke - Mulatu of Ethiopia 🇪🇹
    #jazz #ethiojazz
    https://www.youtube.com/watch?v=0ApwZaao0Q8

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠 Jour 35 : #Marius_Cultier - Ouelele Souskai
    #jazz #piano
    Aujourd’hui il faisait un temps à rester chez soi et écouter l’immense pianiste martiniquais Marius Cultier ☀️😎
    https://eatingstanding.bandcamp.com/album/ouelele-souskai

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 36 : #Marcos_Valle - previsao do tempo. 🇧🇷🏊‍♂️
    Il va falloir du temps avant de pouvoir retourner à la piscine mais en attendant on peut toujours écouter ce superbe album de Marcos Valle, son meilleur selon mon avis totalement subjectif. Allez quand même écouter 👂 les autres parce qu’ils sont tous bons.
    https://www.youtube.com/watch?v=OpJGBzz9B8g&list=PLOAPJm_E2dz2b570t9DFA7jzh936PU_DS

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 37 : #Wee - You can fly on my aeroplane ✈️👌
    On va pas aller très loin, les frontières sont fermées 🤦‍♂️😁 Merci @thenumerogroup d’avoir réédité ce disque.
    https://www.youtube.com/watch?v=ZA83aODYKW8

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 38 : #Stevie_Wonder - Innervisions.👓
    Règle n 1 du diggin : ne jamais oublier les classiques. Cet album est 🔥🔥🔥Merci @recordgrouch de m’avoir vendu ce disque.
    https://www.youtube.com/watch?v=ZkluFWf0yys

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 39 : #Darwin_Jones - Darwins theory 🔥🔥🕺
    #funk
    Enregistré en 1978 et sorti 31 ans plus tard🤷‍♂️Espérons que ce soit pas le cas pour Vanité 😁
    https://www.youtube.com/watch?v=Qzv7EdG_Gfs

    🎶🎶🎶🎶🎶

    🦠Jour 40 : #Bobby_Hutcherson - Happenings
    #jazz #vibraphone
    Herbie Hancock est au piano, Joe Chambers à la batterie 🥁 Bob Cranshaw à la basse et Bobby Hutcherson aux vibes et marimba.
    https://www.youtube.com/watch?v=ZTWm3OMDBkc&list=PLWuqeV9DLDpoaInCywDRPcPJ1xN7BqchO

    🎶🎶🎶🎶🎶

    #musique #vinyle #jazz #soul #funk #bossa_nova #Fuzati
    ping @sinehebdo

  • Il y tellement de chroniques qui se contentent de recopier la notice wikipédia avec ses erreurs (non, il n’a pas accompagné Gainsbourg) ou des choix bizarres (parmi toutes ses collaborations, pourquoi tout le monde cité Sly Dunbar alors qu’elle n’est pas très significative ? Est-ce parce que c’est l’une des premières à sortir sur discogs ?)...

    Mieux valent des témoignages :

    Nous n’attendions pas que ce virus te tue et dérobe nos adieux
    #Léonora_Miano, France Inter, le 25 mars 2020
    https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-25-mars-2020

    (ou ma chronique !!! Tonton Manu...
    Dror, Entre Les Oreilles, le 25 mars 2020
    https://seenthis.net/messages/834128 )

    #Manu_Dibango #coronavirus #Musique #TRISTE

  • Tonton Manu...
    Dror, Entre Les Oreilles, le 25 mars 2020
    https://entrelesoreilles.blogspot.com/2020/03/tonton-manu.html


    Bellevilloise, février 2014

    Premier ami touché par le coronavirus, notre oncle à toutes et à tous, le grandissime Manu Dibango, sa grosse voix et son gros saxophone ténor... Qui me sort de 3 mois de pause de ce blog...

    De très belles photos ici :
    https://pro.magnumphotos.com/Package/2K1HRGOJR7ZH?mc_cid=5d79d1e41b&mc_eid=f1e92b4ea4

    Alors bien sûr comme toujours, on a envie de se plonger dans sa musique... Je suis loin de connaître tout ce qu’il a fait, mais on peut distinguer plusieurs périodes :

    1) la fin des années 1960. Il est à Paris, il a réuni autour de lui un groupe fantastique avec lequel il anime l’émission Pulsations, travaille aussi pour le cinéma et la publicité. Entre 1967 et 1969, il accompagne Nino Ferrer, au saxophone mais aussi au vibraphone et à l’orgue, et c’est lui au sax ténor sur Mon Copain Bismarck. Il accompagne aussi de nombreux musiciens de passage qui veulent enregistrer un disque à Paris, par exemple Hal Singer (Brother I’m With You, chanson politisée), T-Bone Walker (l’excellent disque Good Feelin’), ou Franklin Boukaka (Le Bûcheron, avec un super solo de sax)...
    https://www.youtube.com/watch?v=WnXb2Ntlpzg


    https://www.youtube.com/watch?v=NLaA6ydtI1k

    https://www.youtube.com/watch?v=VSyZAdMyTac

    https://www.youtube.com/watch?v=bO2K1bfsF8k

    2) 1972, il enregistre Soul Makossa et ce sera son unique immense tube planétaire qui le suivra jusqu’à sa mort, et sera ravivé par des « reprises » de Michael Jackson (Wanna Be Starting Something) et Rihanna (Don’t Stop the Music) qui ne le citent pas mais, semblerait-il, l’auraient compensé financièrement pour éviter des procès. Il part alors aux États-Unis et tourne dans le monde entier, Zaïre, Côte d’Ivoire... Dans le même style, de cette période, je recommande l’album Afrovision (1976).
    https://www.youtube.com/watch?v=o0CeFX6E2yI


    https://www.youtube.com/watch?v=NSrGsZ4fjiE

    3) En 1985 il revient au devant de la scène en France en composant Tam Tam pour l’Ethiopie, qui lui vaut ensuite d’être invité partout comme guest star. De cette époque, on peut conseiller l’album Electric Afric, où apparaît Herbie Hancock. En 1987, on le croise sur Sweet Fanta Diallo de Alpha Blondy, sur Fever de Nicole Croisille avec Paco Séry, et moi j’aime aussi beaucoup son apparition dans Tosangela, aux côtés de Ray Léma, Lokua Kanza et Jacques Higelin...
    https://www.youtube.com/watch?v=YhFcoad4pLg


    https://www.youtube.com/watch?v=Gr2O-lXD5Cc

    https://www.youtube.com/watch?v=wv15GiQ4sVg

    https://www.youtube.com/watch?v=v-oYflSezm8

    https://www.youtube.com/watch?v=2qXFFoAChUI

    4) Dans les années 2000, on le trouve encore sur la BO de Kirikou et les Bêtes Sauvages (2005), ou aux côtés des Nubians (Immortel Cheikh Anta Diop en 2003), de Salif Keita (Talé, 2012), ou de Cheick Tidiane Seck (Timbuktu, The Music Of Randy Weston, sa dernière apparition en octobre 2019).
    https://www.youtube.com/watch?v=6g_pYWqAELw


    https://www.youtube.com/watch?v=UEA49LPe7FE

    https://www.youtube.com/watch?v=sq4CludyMjU

    https://www.youtube.com/watch?v=3O_PYTp1fA4

    En 2008, il fêtait ses 75 ans au Caveau de la Huchette, là où il avait commencé en arrivant à Paris. Pour l’occasion il se remet à l’orgue et au vibraphone en plus de son saxophone. J’y étais et j’ai filmé le rappel (ma première vidéo sur Youtube, 130.000 vues à ce jour !)... Soul Makossa bien sûr :
    https://www.youtube.com/watch?v=3IiEQjCpKlI

    Saleté de virus. Restez chez vous pour épargner Hal Singer, Ray Lema, Salif Keita ou Cheick Tidiane Seck...

    Pour plus de détails, sur certaines parties de sa vie en tout cas :

    Salut Manu ! hommage à notre oncle d’Afrique
    Vladimir Cagnolari, Pan African Music, le 24 mars 2020
    https://seenthis.net/messages/833942

    #Manu_Dibango #coronavirus #Musique #TRISTE
    #shameless_autopromo #Entre_Les_Oreilles

  • Un long article de PAM pour la mort de Manu Dibango

    Salut Manu ! hommage à notre oncle d’Afrique
    https://pan-african-music.com/manu-dibango-hommage

    En ce triste jour, PAM rend hommage à Manu Dibango que le Covid-19 vient d’emporter. Le musicien, généreux pionnier, a tissé des ponts entre l’Afrique et le monde. Retour sur les premiers chapitres de son fantastique roman.

    #Manu_Dibango #musique #jazz #afro-jazz #RIP #saxophone #coronavirus