• L’#écologie de la carte bleue

    "Et si le consommateur, en réalité, n’y était pour rien, ou pour pas grand chose dans la terrible situation que nous vivons ? Et si le consommateur n’était pas lui-même « produit », ou inventé ? Et s’il fallait parler de « surproduction » plutôt que de « surconsommation », et rayer pour toujours ce mot de notre vocabulaire politique ?"

    Quand la jeunesse s’engage en écologie, quelques singes savants croient bon de faire remarquer que les jeunes feraient bien de commencer par « moins consommer », « s’acheter moins de vêtements » ou « jeter leur smartphone » avant de prétendre donner des leçons aux gouvernants.

    Cette même sagesse demi-habile s’oppose à toute élucubration anti-capitaliste en écologie en rétorquant systématiquement : « c’est bien beau de critiquer le #capitalisme, jeune fille, mais nous sommes tous responsables dans cette société consumériste ! si on n’avait pas trois télés et quatre ordinateurs par foyer, on pourrait critiquer le système ! »

    On retrouve jusq’au cœur des mouvements écologistes cette #auto-flagellation militante sur le thème de la « consommation », de la « surconsommation », voire de « l’#hyperconsommation ». Agir sur la consommation apparaît à nombre d’individus et d’organisations comme une solution simple et à portée de main, et donc comme un objectif politique intéressant : on fait donc des die-in dans les centres commerciaux, on bloque les McDo, on appelle au boycott ou à une consommation « bio et équitable ».

    Tentons une idée provocante : et si le consommateur, en réalité, n’y était pour rien, ou pour pas grand chose dans la terrible situation que nous vivons ? Et si le consommateur n’était pas lui-même « produit », ou inventé ? Et s’il fallait parler de « surproduction » plutôt que de « surconsommation », et rayer pour toujours ce mot de notre vocabulaire politique ? Et s’il fallait cesser d’agir en consommateur pour agir vraiment ? Donnons une chance à ces hypothèses, avec ce texte.

    Parmi les idées reçues les plus tenaces en écologie, il y a l’idée que la « surconsommation »1 serait le principal moteur de la destruction de l’environnement. L’humanité, prise comme « somme d’individus humains » sans tenir compte de ses hiérarchies ni de ses conflits internes, se serait rendue coupable, au fil des siècles, de « consommer » beaucoup trop de ressources naturelles. Un jour spécifique marque même le moment de l’année à partir duquel « l’humanité » commence à « surconsommer » : le jour du dépassement, qu’on atteint désormais dès juillet. Et combien de fois n’a-t-on pas entendu que les feux en Amazonie étaient directement causés par les steaks dans « nos assiettes » ?

    Nous soutenons, en revanche, que la théorie de la surconsommation vise à réduire la pratique écologiste à des choix de supermarché, à des petits ajustements dans un quotidien qui ne change pas vraiment, à une sorte d’écologie de la carte bleue. Alors que l’écologie pourrait aussi bien être une révolte contre les rapports sociaux et économiques à l’origine de la destruction du vivant. Le discours sur la « surconsommation » produit des sujets qui ne se conçoivent que comme des consommateurs coupables2. Il maintient l’écologiste dans le carcan de la société marchande, alors qu’il devrait s’en extirper, construisant avec d’autres les solidarités nécessaires pour faire naître un monde sans Amazon ou Intermarché. L’idée de surconsommation nous met des ornières et des chaînes qu’il nous faut arracher.

    En réalité, le consommateur en tant que figure historique apparue lors des deux derniers siècles n’y est pour rien (ou presque) dans la crise écologique que nous traversons. Le consommateur en tant que tel et les comportements qui lui sont associés n’ont d’ailleurs pas toujours existé, ni toujours été conçus comme tels : on voit apparaître les grands magasins et les réclames au XIXe siècle, et la consommation jadis réservée aux bourgeois se répandit finalement aux classes populaires lors de la première moitié du XXe siècle. La « naissance » du consommateur a servi à deux choses : écouler le surplus de marchandises produites par le capitalisme, et réintégrer les gens dans les rapports marchands sur leur temps de loisir, fraîchement arraché par des luttes sociales, pour couper court à tout ennui improductif ou désir de révolte. D’une certaine manière, la « consommation » a étendu le travail sur le temps de loisir, de sorte que nous continuons à travailler au bon fonctionnement de l’économie une fois sorti du bureau ou de l’usine.

    Dans l’imaginaire culturel de pas mal d’Occidentaux, le consommateur est assimilé à une sorte de zombie impuissant, incapable de se distinguer de la masse et se précipitant sur la marchandise lors des périodes de soldes. Cette image répond parfois au besoin des plus riches de stigmatiser la consommation des classes populaires, tout en se revendiquant d’une consommation plus intelligente et éclairée. Cependant, nous pourrions reprendre la figure du zombie à notre compte afin de caractériser l’impuissance et la passivité de ceux et celles dont le seul horizon politique se réduit à « consommer mieux » ou « moins ».

    Si l’on veut que l’écologie tape là où ça fait mal, elle devra cesser de tracer une ligne de séparation artificielle entre la « surconsommation » et la surproduction là où elles ne sont que trop intimement liées : la surconsommation est avant tout un effet de la surproduction. Mais ce n’est pas suffisant. Car la surproduction est aussi un effet, ou plutôt un problème chronique du capitalisme, qui a besoin de transformer de plus en plus de choses et de personnes en marchandises pour créer de la valeur. Il n’y a rien d’autre, derrière la « surconsommation » que la compulsion de croissance qui est inhérente au capitalisme. Si on peut toujours réduire sa consommation individuelle, le capitalisme aura toujours besoin que la consommation totale augmente, pour que la croissance continue.

    Le consommateur n’est donc pas une personne autant qu’il est une figure, un instrument de logiques qui dépassent son individualité. Cette distinction entre l’individu et la figure telle qu’elle est construite socialement va se révéler fondamentale pour la suite. Car si on peut absoudre en grande partie le consommateur de sa responsabilité dans la « crise écologique », il n’en faut pas moins l’assassiner ! Assassiner en nous le consommateur, cela veut dire donner une chance à l’humain se cachant sous l’identité désuète de producteur ou de consommateur, qui l’écrase tel un rocher ; faire exploser le carcan de la consommation, pour redécouvrir la multiplicité des activités et des actions nécessaires à une reprise en main de la question écologique.
    Existe-t-il un « choix de consommation » ?

    Prenons au mot l’idée de « surconsommation » : très bien, vous prétendez que nous, les petits individus, nous serions coupables de trop consommer. Essayons de déterminer à grands traits qui est responsable de quoi. Quelle est la position du consommateur dans l’économie ? Est-ce une position démocratique, depuis laquelle le consommateur peut décider, influer sur le cours du monde, arrêter la destruction des forêts et l’exploitation des pauvres ?

    A) Le « consommateur » arrive en bout de chaîne, une fois que tout a été choisi pour lui.

    Que s’est-il passé pour que le steak dans lequel croque le « consommateur » provoque des incendies en Amazonie ? Que s’est-il passé pour que l’ordinateur sur lequel je tape enrichisse des milices et exploite des mineurs au Nord-Kivu (Congo) ? Les critiques de la surconsommation ne s’intéressent pas beaucoup au contenu de cette mystérieuse chaîne de causes à effets. La vérité est très simple, tout le monde la connaît : le consommateur ne maîtrise rien du processus de production qui a mené au produit qu’il consomme.

    C’est la définition même du capitalisme, qui ne possède aucun caractère démocratique : une classe d’individus, les capitalistes, possèdent les moyens de production, ils décident donc de ce qui va être produit, et de comment cela va être produit (par exemple, une entreprise – Ikea – va couper illégalement du bois en Roumanie, puis l’importer en France sous forme de meubles). Les autres, les citoyens-consommateurs, sont privés des moyens de production, et sont donc réduits à travailler au service des capitalistes (en coupant du bois illégalement), et à consommer les produits que ces derniers leur proposent (chez Ikea)3.

    « Qu’à cela ne tienne ! » disent certains, « mais les capitalistes ne font que répondre à une demande, il suffit donc de ne plus consommer les produits qui détruisent la planète, et tout ira bien ! » C’est la tactique du boycott. Cette tactique fait l’impasse sur trois points très importants :

    1) L’asymétrie d’information est énorme entre le « consommateur » et les entreprises. Le consommateur, qui consomme hors de son temps de travail, n’a pas forcément les moyens, ni le temps, ni l’envie de devenir un Sherlock Holmes enquêtant sur sa propre consommation4. Même s’il souhaitait mener l’enquête, il aurait bien du mal à surpasser les grandes entreprises, qui elles s’appliquent bien à cacher les effets néfastes de leur activité. Ainsi, ExxonMobil, un géant pétrolier américain, était au courant du réchauffement climatique depuis les années 80, mais a investi massivement afin d’entretenir les doutes sur ce sujet, mentant même à ses investisseurs. De même, on nous présente régulièrement le parfait produit, la parfaite solution, équitable, bio, durable, avant de nous avouer quelques mois ou années plus tard que c’est en fait une catastrophe.

    2) Nous ne « choisissons » pas vraiment de consommer la plupart des choses que nous consommons. Nous naissons tous dans un monde déjà organisé autour des autoroutes, des aéroports, des ports, des centrales thermiques et nucléaires, et où l’économie marche au pétrole. Qui a choisi de construire tout ça ? « Nos parents » ? Ou les « décideurs », les capitalistes, les États ? Ces choix décisifs sur notre « mode de vie » ont été faits par une minorité (blanche et très riche), puis imposés à tout le reste du monde par la violence (colonisation). Qui peut aujourd’hui communiquer sans téléphone, qui peut prétendre à un emploi en périphérie sans avoir une voiture ? C’est le fonctionnement même de l’économie qui rend ces choses nécessaires, pas le fait que les « consommateurs » les consomment.

    3) Or, ce qui est premier dans l’économie, c’est l’offre, non la demande (la production, non la consommation). Car ceux qui ont le pouvoir, ceux qui prennent les décisions importantes, ceux qui produisent artificiellement des besoins par la privation et des normes par la publicité, ceux qui extorquent, qui pillent, qui dépossèdent, qui exploitent, ce ne sont pas « les consommateurs ». Certains organisent l’économie à leur profit, d’autres, les « consommateurs » n’ont le « choix » que de s’y adapter comme ils peuvent. C’est le mode de production dans lequel nous vivons qui est un scandale, et sa hiérarchie fondamentalement anti-démocratique. Le boycott n’a donc de sens que s’il s’étend à tout ce mode de production, et que s’il cherche à inventer d’autres manières de produire.

    B) La consommation des « consommateurs » est la plus petite partie de la consommation

    Enfin, rappelons rapidement qui sont les véritables « consommateurs ». Ceux qui consomment le plus, on l’oublie trop souvent, sont les grands producteurs, les grandes entreprises (les mêmes qui nous poussent à la consommation !). Car pour produire des marchandises, il faut bien consommer. Pour produire, par exemple, un meuble Ikea avec du bois roumain illégalement coupé, il me faut consommer des machines et des salariés pour couper le bois, d’autres pour le transporter, d’autres encore pour le transformer et l’assembler en meuble, et enfin, il me faut consommerdes directeurs marketing, des tonnes de papier, et des spots publicitaires pour que ce meuble se vende (trouve un petit « consommateur »).

    Dans une même logique, quel impact puis-je avoir en prenant des douches courtes, quand 90 % de l’eau est utilisée par l’industrie et l’agriculture ? A quoi sert-il que je me mette au « zéro déchet » quand les déchets des ménages représentent 10 % seulement de la masse totale des déchets produits ?5 Cela ne sert pas à rien, du point de vue d’une démarche personnelle — mais il ne faut pas se mentir sur l’impact de ces « petits gestes ». L’idée n’est pas d’opposer vulgairement « gestes individuels » et « actions collectives », qui pourraient aller de pair dans une optique de révolte contre un monde aliénant dans lequel on cherche d’autres manières d’exister, tout en travaillant à le renverser. Il s’agit uniquement de démanteler les discours nous appelant à faire chacun-e de notre mieux, tout en faisant totalement l’impasse sur les luttes collectives.

    Un rapport du think tank Carbon46 montre qu’avec tous les efforts du monde, des individus « héroïques » restreignant drastiquement leur consommation, mangeant végétarien et local, ne se déplaçant qu’à vélo ou en covoiturage, achetant tout d’occasion, ne réduiraient que 25% de leur empreinte carbone. Notons que ce genre de préoccupations héroïques intéressent surtout ceux qui ont le luxe d’avoir une grosse empreinte carbone, et le loisir de réfléchir à la réduire ; notons ensuite qu’il y a bien d’autres problèmes écologiques que le climat et l’empreinte carbone (pollution des océans, épuisement des sols, extinction des espèces, etc.) ; ajoutons enfin que ce chiffre de 25% est une parfaite (et fausse) abstraction : cette « étude considère l’empreinte carbone d’un ‘Français moyen’. Elle est égale à l’empreinte carbone du pays divisée par le nombre d’habitants [on fait donc abstraction de tous les rapports économiques de hiérarchie évoqués plus haut]. Ce Français moyen n’existe évidemment pas : il n’est qu’une vue de l’esprit qui permet de manipuler des données commodes [et qui a le malheureux effet de rapporter à des individus ce qui pourrait être rapporté à des entreprises, à des décideurs, à des choix historiques] ».

    La marge de « choix » du consommateur est donc extrêmement réduite. Consacrerait-il toute sa vie de consommateur à moins consommer qu’il ne changerait pas grand-chose à l’affaire. Là où le consommateur se prive d’une dizaine de trajets en avion dans sa vie, un zadiste, en bloquant la construction d’un aéroport, empêche des milliers de trajets en avion d’avoir lieu. Mais un zadiste, précisément, n’agit pas en consommateur. Pourquoi veut-on que nous agissions en consommateurs ? Y avait-il des consommateurs au Moyen-Âge, y en a-t-il sur les îles Andaman, où vit le peuple des Sentinelles7 ? Non. C’est donc qu’ils ont été inventés et produits à un moment de l’histoire. Qui a eu cette mauvaise idée ?
    Qui a inventé les surconsommateurs ? Les surproducteurs

    « La société de consommation, c’est aussi la société d’apprentissage de la consommation, de dressage social à la consommation–c’est-à-dire un mode nouveau et spécifique de socialisation en rapport avec l’émergence de nouvelles forces productives. »

    La Société de Consommation, Jean Baudrillard.

    L’invention de la figure et des comportements du consommateur correspond à une période bien précise de l’histoire économique. Sans avoir l’ambition d’en faire une analyse très détaillée, pointons-en rapidement les grandes lignes. Il y a d’abord une cause économique à l’invention du consommateur, c’est la nécessité d’écouler un surplus de marchandises. Ce besoin d’écouler la surproduction, de trouver des débouchés est une contrainte inhérente au mode de production capitaliste : pour créer de la valeur, il faut produire des marchandises, et il faut que ces marchandises soient achetées. Puisque le mode de production capitaliste carbure à la croissance (on investit pour récupérer une plus-value), il produit toujours plus de marchandises, peu importe la demande. Si la demande ne suit pas, il faut donc la créer artificiellement : c’est là qu’interviennent la publicité, les hausses de salaire, la baisse du temps de travail, les politiques fordistes et keynésiennes — et donc, la figure du consommateur : pour écouler le surplus de marchandises.

    Il y a aussi une cause politique : au début du XXe siècle, les luttes sociales et le spectre du communisme ont forcé les États et les capitalistes à faire des « concessions » (baisse du temps de travail, systèmes de protection sociale). L’invention du consommateur a donc répondu à un besoin politique : que les individus libérés sur leur temps de loisir ne passent pas ce temps à être heureux et improductifs, à faire des émeutes ou la révolution — non, bien mieux, qu’ils le passent à continuer à travailler pour les capitalistes : à consommer. Il n’y a là aucun « désir naturel de consommer » : placés sous tutelle de l’État qui revendique le monopole de la solidarité avec ses programmes de protection sociale (en cours de démantèlement), privés de nos amitiés par l’atomisation du travail, de l’urbanisation et des logements, qui structurellement empêchent toute vie commune, nous sommes forcés à la solitude, dont la seule échappatoire misérable consiste en la consommation effrénée des fragments de la vie des autres, que ce soit des séries Netflix ou des photos sur Instagram.

    Dans L’événement anthropocène, les chercheurs Jean-Baptiste Fressoz et Christophe Bonneuil montrent que la société de consommation et l’American way of life ont entièrement été produits par des dispositifs matériels et institutionnels au tournant des XIXe et XXe. Pour écouler le surplus de marchandises des usines tayloriennes, on commence à mettre des « marques » sur les produits, on encourage la vente par correspondance, on crée des supermarchés et des self-services ; la publicité, succédant à la réclame, fait l’apologie de la consommation comme mode de vie et marqueur de normalité sociale (elle suggère au consommateur qu’il souffre de défauts à corriger : il a besoin de cette pommade anti-ride).

    En même temps, la consommation de masse sert tout à fait explicitement à discipliner les travailleurs dans les usines : pour contrer l’absentéisme, Henry Ford crée la « journée à 5 dollars », et les grandes entreprises comme Ford, General Motors et General Electric mettent en place le « crédit à la consommation » (« acheter maintenant et payer plus tard ») pour inciter leurs travailleurs à acquérir leurs biens de consommation. La réparation, le recyclage, la sobriété sont présentés comme néfastes pour l’économie nationale, tandis que la consommation ostentatoire, la mode, l’obsolescence deviennent des pratiques respectables. Les syndicats finissent par trahir leurs idéaux révolutionnaires, et se contentent de revendiquer l’indexation des salaires sur les prix pour augmenter la consommation.

    Dira-t-on que les gens « surconsomment » beaucoup trop de trajets en voiture ? Le livre Road and Rail montre comment la centralité de la voiture dans l’urbanisme contemporain a été imposée partout au début du XXe (par des grandes compagnies et les Etats) malgré de fortes résistances de la population, alors que le tramway était le mode de transport (en commun) majoritaire. Dira-t-on que les gens « surconsomment » du chauffage, de l’électricité, des machines domestiques, depuis leurs petites maisons périurbaines ? Tout cela est le fruit de politiques publiques et du lobbying d’entreprises qui ont poussé activement les gens à devenir des « petits propriétaires » de lotissements de banlieue alimentés au tout-électrique (voir The Bulldozer in the Countryside, d’Adam Rome). Dira-t-on que « l’humanité » et « les consommateurs » ont été bien mal avisés le jour où ils se sont assemblés démocratiquement pour « choisir » le pétrole comme carburant du capitalisme ? Le livre d’Andreas Malm, Fossil Capital et celui de Timothy Mitchell, Carbon Democracy, démontrent que le choix des énergies fossiles, et en particulier celui du pétrole, a été le fait des classes capitalistes occidentales qui l’ont imposé à toute la planète, par la violence et au mépris de toute démocratie. Carbon Democracy revient par ailleurs sur la notion de « développement », qui plutôt que de représenter une volonté de progrès communément admise comme positive, cachait une volonté clairement colonialiste d’insérer les territoires et peuples victimes des impérialismes dans la division du travail global, tenue ensemble par une machinerie fonctionnant à base d’énergies fossiles8.
    Sauver la vie, tuer le zombie

    Tout a donc été fait pour qu’il soit extrêmement pénible au consommateur de résoudre le problème écologique. La figure et les comportements du consommateurs ont même été produits, pourrait-on dire, pour être impuissants, pour répondre sagement aux besoins de l’économie. Arrivés à ce point, nous jugeons donc le consommateur : non coupable de la catastrophe écologique qu’est notre monde.

    Le consommateur n’est pas coupable, certes, mais il faut tout de même le condamner à mort. Tous les bons films de zombies sont des films sur la société de consommation (voir l’excellent Zombie de Georges Romero). Le consommateur est cette créature étrange, à peine vivante, qui peuple les rues, les supermarchés, les parcs de loisir, les yeux dans le vide ou rivés sur son téléphone, faussement satisfaite, irrémédiablement solitaire et impuissante. Qui peut devenir agressive si on la contrarie dans son malheur. Retrouver un pouvoir d’action en écologie suppose une dézombification collective : il faut tuer en chacun de nous le consommateur.

    Voici donc quelques pistes et méthodes qui seront très utiles à cet effet. D’une part, le consommateur est produit de l’extérieur. Rien de plus efficace que de massacrer les consommateurs à la source, là où ils sont produits. On pourrait donc croire qu’il faut s’attaquer à la publicité, et à vrai dire les actions anti-pub sont toujours très réjouissantes, mais le cœur du problème n’est pas là. Dans une économie capitaliste, nous sommes des consommateurs avant tout parce que nous ne possédons pas et ne maîtrisons pas les moyens de production. Nous ne savons plus produire nos propres vêtements, notre propre nourriture, notre propre maison, comme tout le monde savait le faire il y a quelques siècles. On cessera donc d’autant plus d’être des consommateurs qu’on aura exproprié ceux qui s’accaparent les moyens de production, et qu’on se sera réapproprié collectivement les savoir-faire et les techniques nécessaires à une vie commune libre (jardiner, cultiver, coudre, construire, réparer, etc.).

    D’autre part, le consommateur nous tient de l’intérieur, quand nous sommes incapables de concevoir l’action écologique autrement que comme un acte de consommation (consommer moins, consommer mieux, et cela inclut le vote dans une démocratie libérale, qui n’est qu’un acte de consommation politique). Le consommateur est une figure inoffensive, il ne peut agir qu’en négatif en arrêtant de consommer tel produit. Il ne peut que s’indigner d’avoir été dupé quand on lui a fait manger du steak de cheval. Tuer le consommateur qui sommeille en nous ne signifie pas « arrêter de consommer » mais arrêter d’agir en consommateur, donc reconsidérer l’éventail des possibles dans les modes d’action. On ne fait jamais mieux pour son empreinte carbone ou pour l’écologie en général que lorsqu’on bloque des grands projets inutiles, et il y en a des tonnes sur le territoire français9.

    On ne redira jamais assez la richesse de ce que fut la ZAD de Notre-Dame-des-Landes du point de vue de l’action : recours juridiques, blocages économiques, mobilisations de masse, émeutes en centre ville, journées de conférences et d’accueil sur la zad, sabotage de nuit, construction de cabanes et de monuments artistiques, agriculture, musique, « non-marché » à prix libre, freeshop, convergence des luttes, tout cela a activement contribué à bloquer le projet d’aéroport, et à produire d’autres modes de vie. On ne trouve là rien qui relève de la « consommation », et ce fut la plus grande victoire de l’écologie française depuis bien longtemps.

    Il nous faut aussi poser sérieusement la question du renversement des institutions en place. On voit mal ce que pourraient faire une somme de consommateurs solitaires ou d’électeurs-tous-les-cinq-ans contre une chose aussi énorme que le système économique qui détruit la planète. Les gilets jaunes, les marches et les occupations sont un bon début — pour l’instant en échec, il est vrai : travaillons à offrir une suite grandiose !

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    Notes

    1.↑Voir cet excellent article : https://theconversation.com/face-a-lurgence-climatique-mefions-nous-de-la-sur-responsabilisatio

    2.↑Sur la « production des consommateurs », il peut être utile de lire Marx :https://www.marxists.org/francais/marx/works/1857/08/km18570829.htm ; Debord, La Société du spectacle ; ou Louis Pinto, L’invention du consommateur.

    3.↑A propos de ces histoires de bois, voir : https://www.greenpeace.fr/bois-illegal-en-amazonie-la-france-impliquee ; https://www.greenpeace.fr/special-cash-investigation-les-forets-menacees-par-une-razzia-sur-le-bois

    4.↑NB. Sur ce point, nous ne revenons pas sur le postulat selon lequel il existerait des manières de consommer (et donc de produire) plus ou moins néfastes, certaines bienveillantes, voire bénéfiques et éthiques, et d’autres non,—au contraire, la notion même de consommation « éthique » n’est qu’un mythe capitaliste, le monde marchand y étant forcément régi par les logiques de l’exploitation du vivant. Par exemple, il n’existe pas encore de véritable produits « vegan », puisqu’à plusieurs endroits de leurs chaînes de production, ces produits reposent encore sur l’utilisation de fumier ou d’autres produits d’origine animale.

    5.↑Les lieux communs sur les différences de consommation entre individus et entreprises sont tirés d’un recueil de lieux communs : Cyril Dion, Petit manuel de résistance contemporaine.

    6.↑Le rapport de Carbon4 : http://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/06/Publication-Carbone-4-Faire-sa-part-pouvoir-responsabilite-climat.pdf

    7.↑https://fr.wikipedia.org/wiki/Sentinelles_(peuple)

    8.↑Pour aller plus loin, voir deux sources d’inspiration de cet article : le chapitre « Phagocène » dans l’indispensable L’événement anthropocène de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, et la vidéo de Fressoz : « Transition, piège à cons », https://www.youtube.com/watch?v=lO0r5O4-2wU

    9.↑Pour Paris, à propos de grands projets, voir : https://lundi.am/Contre-les-grands-projets-depuis-Paris-Desobeissance-ecolo-Paris

    https://blogs.mediapart.fr/desobeissance-ecolo-paris/blog/151019/l-ecologie-de-la-carte-bleue-1
    #culpabilité #culpabilisation #surconsommation #surproduction #production #consommation #système #consumérisme #société_marchande #marchandisation #croissance #boycott
    signalé aussi par @monolecte
    https://seenthis.net/messages/1019622

  • Alternatives #open_source : la #Commission_européenne va créer un #consortium pour les #communs_numériques

    La France et l’Allemagne sont parmi les membres fondateurs. « L’une des priorités stratégiques de l’Europe est de renforcer les alternatives ouvertes, interopérables et souveraines. »

    La Commission européenne annonce avoir adopté le 29 octobre « une décision établissant le consortium pour une #infrastructure_numérique_européenne_commune [#European_Digital_Infrastructure_Consortium ou DC-EDIC en anglais], un nouvel instrument permettant aux États membres de développer, de déployer et d’exploiter conjointement des #infrastructures_numériques transfrontières dotées d’une gouvernance et d’une personnalité juridique spécifiques ».

    Faciliter l’accès au financement

    Ce consortium aura son siège à Paris. La France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie en sont les membres fondateurs, les autres États membres pouvant adhérer à tout moment. Le Luxembourg, la Slovénie et la Pologne y participent déjà en tant qu’observateurs. L’objectif affiché est une réduction de la #dépendance de l’Union européenne « à l’égard des infrastructures et technologies numériques importées », qui « crée des vulnérabilités pour son économie et sa démocratie. L’une des priorités stratégiques de l’Europe est donc de renforcer les alternatives ouvertes, interopérables et souveraines.

    La mission du DC-EDIC est de mettre en œuvre un projet multinational sur les biens communs numériques dans les domaines de l’infrastructure et des services de données communs européens et de l’administration publique connectée. Elle mettra en commun les ressources des États membres et assurera la coordination avec les communautés afin de développer, de maintenir et d’étendre les biens communs numériques et de faciliter leur adoption. »

    Parmi les actions annoncées, le consortium devra « faciliter l’accès au financement, notamment par l’intermédiaire d’un guichet unique physique et en ligne et d’un pôle d’expertise ».

    IA, cloud, suites collaboratives, réseaux sociaux...

    Dans son propre communiqué, la Direction interministérielle du numérique (Dinum) précise que le consortium a pour objectifs de :

    • « proposer des alternatives ouvertes dans des domaines clés comme l’#intelligence_artificielle, le #cloud, les suites collaboratives, la #cybersécurité, la #géomatique ou les réseaux sociaux ;
    • renforcer l’écosystème européen en mobilisant les communautés techniques, académiques, publiques et privées ;
    • mettre en place un mécanisme de financement durable pour soutenir la production, la maintenance et la diffusion de ces communs à l’échelle européenne ;
    • encourager leur adoption par les administrations, les entreprises et les citoyens. »

    Par défaut sous #licence_libre

    La Commission indique que « pour maximiser la réutilisation et la transparence, tout logiciel développé conjointement est par défaut publié sous licence libre et open source. Les #marchés_publics respecteront les principes de non-discrimination et la politique en matière de données imposera des pratiques conformes au #RGPD, y compris des dispositions pour enquêter sur les atteintes à la sécurité.

    Les prochaines étapes prévues comprennent le recrutement officiel du directeur et de l’équipe fondatrice, et le lancement d’un projet de soutien au DEP [le Programme Europe numérique, un fonds de l’UE créé en 2021]. D’ici à 2027, #DC-EDIC mettra en place un guichet unique et un pôle d’expertise, ainsi qu’un forum et un prix sur les communs numériques et un rapport annuel sur l’état des communs numériques. »

    Ce consortium devrait être officiellement lancé le 11 décembre 2025 à La Haye, annonce la Dinum.

    Le #Programme_Europe_numérique indique qu’il « fournit un financement stratégique pour relever ces défis [les capacités numériques et la cybersécurité de l’UE], en soutenant des projets dans des domaines de compétences clés tels que le calcul haute performance, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les compétences numériques avancées et en veillant à la large diffusion des technologies numériques dans l’économie et la société.

    Il accompagne l’industrie, les petites et moyennes entreprises (PME) et l’administration publique dans leur transformation numérique grâce à un réseau renforcé de #pôles_européens_d'innovation_numérique (#PEI). »

    https://www.zdnet.fr/blogs/l-esprit-libre/alternatives-open-source-la-commission-europeenne-va-creer-un-consortium-pour-
    #alternative #souveraineté #interopérabilité #souveraineté_numérique

  • #Carbone_de_sang : comment un programme de #compensation des #émissions_de_carbone rapporte des millions grâce aux #terres autochtones du nord du #Kenya (2023)

    Depuis la création du premier parc national aux États-Unis il y a 150 ans, des “Aires protégées” ont été créées par les colonisateurs et les élites qui ont volé les terres des #peuples_autochtones et des communautés locales, au nom de la “#conservation”. Aujourd’hui, malgré les terribles violations des droits humains commises dans ces zones, et en l’absence de preuves solides attestant qu’elles contribuent à enrayer la perte de biodiversité, les grandes ONG de conservation (telles que #WWF et #WCS) continuent de présenter les Aires protégées comme la "solution" aux problèmes environnementaux bien réels auxquels nous sommes confrontés.

    Affublées d’une appellation en apparence innocente, “Solutions fondées sur la Nature”, les #Aires_protégées sont désormais proposées comme un moyen d’atténuer le #changement_climatique. On prétend que ces Aires peuvent “protéger” contre la #déforestation et d’autres activités qui libèrent du #carbone, et qu’elles pourraient donc être utilisées pour “compenser” les émissions de carbone produites ailleurs. En pratique, cela signifie que les Aires protégées peuvent être utilisées pour générer des "#crédits_carbone" que les pollueurs – qu’ils soient des entreprises, des gouvernements ou des particuliers – peuvent acheter sur les marchés pour “compenser” leurs émissions. En théorie, tout le monde est gagnant : plus il y a d’Aires protégées, plus le changement climatique est atténué. La biodiversité et le climat sont tous les deux sauvés !

    Mais la réalité est bien différente.

    "Ces personnes ont vendu notre air." Emanuel, peuple rendille, nord du Kenya

    La #compensation par les crédits carbone fait partie d’un nouveau courant de #marchandisation de la #nature. Ces projets fixent un prix à la nature, traitant les terres des communautés autochtones et locales comme un stock de carbone à échanger sur le marché afin que les pollueurs puissent continuer à polluer, que l’industrie de la conservation puisse mettre la main sur des milliards de dollars et que les spéculateurs puissent en tirer des profits. Les peuples autochtones et les communautés locales se retrouvent ainsi dépossédés et privés de leurs moyens de subsistance. Les mécanismes de compensation des #Solutions_fondées_sur_la_Nature sont du #colonialisme par le carbone et n’arrêteront pas la crise climatique.

    #Survival fait campagne pour mettre fin aux projets de compensation carbone dans les Aires protégées où les droits des peuples autochtones sont violés.

    La meilleure façon de protéger notre planète est de reconnaître et de respecter les #droits_territoriaux des peuples autochtones.

    https://www.survivalinternational.fr/campagnes/carbone-de-sang
    #éco-blanchissement #protection_de_la_nature #green-washing

  • L’#Observatoire_de_l’immigration_et_de_la_démographie, un #think_tank qui fabrique de la peur

    Complètement absent de la sphère académique, l’organisme, inconnu il y a deux ans, jouit d’une certaine audience dans l’espace public. S’il ne triche pas sur les chiffres, il les met au service d’une vision alarmiste de l’immigration.

    L’« échec collectif » de l’immigration étudiante, le « cercle vicieux » du coût de l’immigration, la « ruée » des Afghans vers l’Europe, l’asile « hors contrôle », l’« appel d’air » de la régularisation… A intervalles réguliers depuis deux ans, un think tank distille des études sur l’immigration, livrant clés en main des éléments de langage à quiconque voudrait agrémenter le débat public de considérations alarmistes. Avec un succès certain.

    L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (#OID) jouit d’une confortable exposition médiatique. Son directeur, #Nicolas_Pouvreau-Monti, est régulièrement convié sur les plateaux des médias de Vincent Bolloré, CNews ou Europe 1, mais il a aussi été plusieurs fois l’invité de Franceinfo ou du magazine d’actualité d’Arte, « 28 minutes ». Il obtient fréquemment la reprise de ses tribunes et publications dans Valeurs actuelles, Le Journal du dimanche, Le Point, Le Figaro ou encore Marianne. Le 31 août, François Bayrou, encore premier ministre, avait même dû répondre à l’intervieweuse star du groupe Bolloré, Sonia Mabrouk, qui l’interrogeait sur les « 3,4 points de PIB [produit intérieur brut] » que coûte l’immigration, selon un « organisme de référence » : l’OID.

    Une consécration pour cette structure que personne ne connaissait avant 2023. M. Pouvreau-Monti ne boude pas son plaisir. Ce trentenaire a pu quitter son poste de conseiller chez Accenture pour se consacrer à temps plein à l’OID. Lorsqu’il a fondé l’observatoire en 2020 avec « cinq copains », trois ans après avoir été diplômé de Sciences Po Paris, il savait qu’il y avait « une place à prendre dans le #marché_des_idées ».

    A l’en croire, l’OID propose « une vision rationnelle et dépassionnée, fondée sur la rigueur scientifique et l’efficacité politique ». Surtout, il prend à rebours le « #rassurisme qui relativise l’ampleur des flux », un prisme qui jouirait selon lui d’une « hégémonie » dans les débats d’experts. Experts qui, eux, constatent, déroutés, l’audience et la respectabilité acquises par l’OID. Affiliée à l’Institut convergences migrations (ICM), un établissement de recherche, l’économiste Flore Gubert se désole : « Leur force de frappe est impressionnante, alors qu’à l’ICM nous sommes 800 chercheurs et nous ne sommes pas audibles. C’est décourageant. »

    Le constat est d’autant plus amer chez certains chercheurs qu’à force de se présenter sous les airs d’un « GIEC de l’immigration » (Paris Match, 5 janvier 2024), l’OID est confondu avec un organe scientifique… qu’il n’est pas. Car pour l’essentiel, il revisite des travaux de la statistique publique, souvent issus de l’Insee ou de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Ils sont complètement absents de la sphère académique », tient ainsi à souligner Jérôme Valette, économiste des migrations au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).

    #Fonds_Périclès

    Et si l’OID se prévaut d’un « conseil scientifique », un seul de ses membres, #Gérard-François_Dumont, est docteur en sciences économiques et a dirigé des thèses. Il est par ailleurs connu pour présider la revue nataliste Population et Avenir et avoir contribué à l’étude qui fit la une du Figaro Magazine, en 1985, sous le titre « Serons-nous encore français dans 30 ans ? », accompagné de l’image d’une Marianne voilée. A l’époque, M. Dumont s’inquiétait, aux côtés de l’écrivain ultraréactionnaire #Jean_Raspail, de l’écart entre la #fécondité des Françaises et celle des « non-Européennes ».
    Parmi les quatre autres membres du conseil scientifique de l’OID, on trouve l’ancien diplomate #Xavier_Driencourt, qui préside aussi le comité stratégique du magazine d’extrême droite Frontières ; l’avocat et ancien conseiller sécurité de Valérie Pécresse, Thibault de Montbrial ; l’ex-préfet #Michel_Aubouin, contributeur occasionnel du mensuel d’extrême droite Causeur ; et l’ex-directeur général de la sécurité extérieure, #Pierre_Brochand, à qui l’on prête d’avoir conseillé Eric Zemmour pour peaufiner son programme de la présidentielle en 2022.

    De quoi orienter la « science » diffusée par l’OID, dont on sait mal comment il se finance. « Je ne ressens pas le besoin de #transparence », évacue M. Pouvreau-Monti à ce sujet, mentionnant vaguement « plusieurs centaines de donateurs ». On sait pour sûr qu’il bénéficie depuis 2023 du fonds Périclès, du millionnaire réactionnaire et partisan du rapprochement entre la droite et l’extrême droite, #Pierre-Edouard_Stérin. L’ambition du fonds est sans ambiguïté de « transformer durablement le paysage politique et social français ».

    M. Pouvreau-Monti, lui, est convaincu qu’il faut un mandat présidentiel pour entreprendre des « grandes manœuvres » en matière d’immigration, qui passent par une réforme de la Constitution ou la dénonciation de la Convention européenne des droits de l’homme. Peu étonnant pour celui qui était membre, à Sciences Po, de l’association souverainiste #Critique_de_la_raison_européenne, fondée par #Alexandre_Loubet – aujourd’hui député Rassemblement national (RN) de la Moselle et conseiller spécial de #Jordan_Bardella –, et dont a également été membre active #Sarah_Knafo, députée européenne Reconquête !.

    « On voit monter la défiance vis-à-vis du politique qui fait semblant de pouvoir, en même temps qu’on voit monter une crise de l’intégration. Le risque, c’est la rupture démocratique. Il y a urgence », déroule M. Pouvreau-Monti. Pour convaincre, il a été à l’école des conservateurs américains, en tant que lauréat de la #bourse_Tocqueville, fondée par un autre partisan de l’« union des droites », proche de M. Stérin et « conseiller opérationnel » de Périclès, #Alexandre_Pesey. A ce titre, il participe en 2019 à un voyage aux Etats-Unis, où il est formé au « passage médias et à la levée de fonds ».

    Vernis de respectabilité

    Pour marteler ses idées, l’OID s’appuie sur des « #chiffres béliers » : 66 % des étudiants étrangers n’obtiennent pas leur licence en trois ans, seuls 34 % des immigrés arrivés en 2023 occupaient un emploi en 2024, ou encore 580 millions de personnes dans le monde sont éligibles au droit d’asile en France. Pour s’en faire l’écho, outre ses relais médiatiques, M. Pouvreau-Monti se targue d’avoir une « surface de contact » qui va du bloc central à l’extrême droite, et il voudrait bien « mettre un pied à gauche ».

    L’OID a été reçu par le cabinet de #Gérald_Darmanin quand celui-ci était Place Beauvau, et #Bruno_Retailleau, alors ministre de l’intérieur, ne l’a pas moins bien traité. En novembre 2024, sur invitation d’élus #Les_Républicains, le think tank organise une conférence à l’Assemblée nationale et une autre au Sénat, sur le thème de la « crise de l’asile ».

    Quelques mois auparavant, en avril 2024, M. Pouvreau-Monti était reçu à la direction générale des étrangers en France, l’administration centrale chargée des immigrés, pour animer un « petit déjeuner » en présence d’une vingtaine de membres du personnel, dont le directeur lui-même, ainsi que des chefs de bureau et autres chargés de mission, sur le thème « L’immigration en France aujourd’hui. Un état des lieux ». « Le contenu de l’intervention a été très mal perçu, rapporte néanmoins une source interne à l’administration. On l’a fait remonter en disant, en substance, plus jamais ça. »

    Pas de quoi faire craquer le vernis de respectabilité de l’Observatoire qui s’offrait en juin, en signature d’une note sur les Afghans, la contribution du directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, #Didier_Leschi. Le préfet chevènementiste présente, dans cette parution, l’immigration afghane comme un « phénomène massif », constitué de « jeunes, masculins, peu scolarisés », au « conservatisme social (…) difficilement compatible avec les valeurs françaises ». « On s’est croisé avec Didier Leschi sur cette idée, se souvient M. Pouvreau-Monti. Et on est allé voir la #Fondapol », un think tank qui a coédité l’étude de 35 pages. Interrogé sur le parti pris idéologique de l’OID, M. Leschi souligne au contraire l’excellence de leurs notes. « Ils s’intéressent aux effets sociaux de l’immigration que les chercheurs de gauche éludent, valorise le haut fonctionnaire. Et personne ne les prend en défaut sur les données. »

    Une assertion partiellement vraie. Le démographe François Héran, qui a occupé la chaire Migrations du Collège de France, a lu les 38 notes de l’OID. Il relève « des #biais de méthode, permettant de grossir les ordres de grandeur », comme le fait de citer des chiffres absolus de migrants sans jamais les rapporter à la population des pays d’accueil.

    Ainsi, M. Leschi parle d’une « ruée afghane vers l’Europe » alors que « les demandes d’asile des Afghans cumulées entre 2014 et 2024 totalisent 21 personnes pour 10 000 habitants », relativise M. Héran. La même étude présente la France comme le « pays de l’asile afghan ». Or, « sur les 929 200 Afghans enregistrés comme demandeurs d’asile dans l’Union européenne dans la même période, 11 % l’ont été en France, 39 % en Allemagne ».

    « Approximations » économiques

    M. Héran égrène les exemples. En janvier, Le Point dévoile une étude de l’OID selon laquelle 580 millions de personnes dans le monde pourraient obtenir l’asile en France. Le RN relaie cette extrapolation dans une campagne d’adhésion. Pourtant, « 80 % des déplacés externes dans le monde restent dans les pays limitrophes », rappelle M. Héran, qui note qu’un think tank britannique avait déjà estimé les demandeurs d’asile potentiels à plus de 700 millions, mais… pour le Royaume-Uni.

    De même, dans sa note sur « L’immigration dans les territoires. Quinze ans de bouleversement (2006-2021) », l’OID s’alarme d’un « basculement » des communes du Grand Ouest, où la présence immigrée a doublé. « Or, les données de l’Insee montrent qu’à l’échelle régionale il s’agit le plus souvent d’un passage de 2 % à 4 % ou de 3 % à 6 %. » « Le message martelé par l’OID est tout sauf “dépassionné”, conclut le chercheur. La France serait “débordée” par l’immigration. » Pourtant, « selon les données de l’OCDE ou de l’ONU, la France se situe au 35e rang dans le monde par la proportion d’immigrés et au 17e rang de l’Europe occidentale ».

    En matière économique, les parutions de l’OID suscitent les mêmes réticences au sein de la communauté scientifique. Le think tank insiste régulièrement sur la dégradation des comptes publics causée par l’immigration, en citant un chiffre de l’OCDE selon lequel les immigrés ne financent que 86 % des #dépenses_publiques qui leur sont affectées. « Ce chiffre est vrai, réagit l’économiste Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’OCDE. Mais pour les natifs, c’est 96 %. Donc les natifs non plus ne financent pas la totalité des #dépenses_publiques qui leur sont affectées. Et comme ils représentent 90 % de la population, ce sont eux qui créent le déficit public. »

    Economiste au Cepii, Lionel Ragot épingle à son tour les « #approximations » de l’OID selon lequel si les immigrés avaient le même taux d’#emploi que les natifs, le gain pour le PIB français serait de 3,4 points. « Pour obtenir ce chiffre, ils considèrent que le taux d’emploi des immigrés et de leurs descendants augmenterait de 3,36 points s’il rejoignait celui des personnes sans ascendance migratoire et ils reportent cette augmentation au PIB, résume M. Ragot. Or, ce n’est pas parce que la population active augmente de 3,36 % que le PIB va augmenter de 3,36 %. Il faut considérer le nombre d’heures travaillées et pondérer ce volume par un indice de capital humain reflétant la qualité du #travail. Ensuite, le taux de croissance du PIB doit être pondéré par la part de la rémunération du facteur travail dans le revenu national. » Le chiffrage de l’OID apparaît donc largement surestimé.

    Dans une autre étude, l’OID évalue cette fois à 41 milliards d’euros le #coût net de l’immigration, en partant d’un coût brut estimé à 75 milliards d’euros, auquel le think tank retranche les impôts et les #cotisations_sociales versées par les étrangers. « Non seulement on ne sait pas comment ils obtiennent le chiffrage des recettes, mais en outre cela voudrait dire que les étrangers ne contribuent qu’à hauteur de 45,3 % aux dépenses publiques qui leur sont consacrées, analyse M. Ragot. Or, dans l’étude sur l’impact de l’immigration sur l’économie française, l’OID reprenait le ratio de 86 % de l’OCDE. La différence est énorme et à l’arrivée, les immigrés coûtent beaucoup plus cher. » Le mal est fait. Les chiffres s’instillent dans le débat public. Repris sur les plateaux télé et dans les journaux. A l’ère de la post-vérité, la croyance a gagné sur la réalité des faits.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/29/l-observatoire-de-l-immigration-et-de-la-demographie-un-think-tank-qui-fabri
    #extrême_droite #peur #migrations #alarmisme #réfugiés #propagande #économie #préjugés
    ping @karine4

    –-

    ajouté à la métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »...
    https://seenthis.net/messages/971875

  • #Amazon prévoit de remplacer plus d’un demi-million d’#emplois par des #robots

    Le géant de l’e-commerce s’apprête à supprimer, dès ce mardi 28 octobre, plus de 30 000 postes de « cols blancs », et prépare un avenir où 75 % des opérations seront prises en charge par des #IA et des robots. De quoi raviver la crainte d’une apocalypse sur le marché de l’emploi.

    Ça y est, le « #grand_remplacement » par l’IA a commencé. Selon les informations obtenues par Reuters, Amazon prévoit de licencier jusqu’à 30 000 personnes à travers le monde dès ce mardi 28 octobre, soit près de 10 % de ses quelque 350 000 salariés en « col blanc ». Des ressources humaines au service Cloud en passant par le marketing, ces emplois de bureau sont aujourd’hui en première ligne face à la vague de l’intelligence artificielle.

    « Cette dernière initiative indique qu’Amazon réalise probablement suffisamment de gains de #productivité grâce à l’IA au sein de ses équipes pour justifier une réduction substantielle des #effectifs », a déclaré Sky Canaves, analyste chez eMarketer, auprès de Reuters. Alors même que l’entreprise a engrangé 18 milliards de dollars de profits en 2024, « Amazon a également subi des pressions à court terme pour compenser les investissements à long terme dans le développement de son infrastructure d’IA. »

    « La fin de l’humanité »

    Il n’en fallait pas plus pour raviver la crainte d’une apocalypse sur le #marché_du_travail. « L’IA signe la fin de l’humanité », « Ce n’est que le début », pouvait-on lire sur les réseaux sociaux à la suite de ces annonces. Cette seconde affirmation n’est pas complètement fausse puisque selon un rapport interne d’Amazon consulté par le New York Times le 21 octobre, la multinationale compte également couper dans la main-d’œuvre de ses entrepôts. À terme, 75 % de ses opérations pourraient être automatisées à l’aide d’IA et de robots, sans sacrifier ses objectifs de croissance.

    L’an dernier, rappelle le quotidien new-yorkais, les dirigeants d’Amazon ont déclaré au conseil d’administration qu’ils espéraient que ces technologies leur éviteront d’augmenter les effectifs aux États-Unis au cours des prochaines années… tout en vendant deux fois plus de produits d’ici 2033. Chose qui aurait, sans l’IA, nécessité l’embauche de 600 000 personnes.

    Tri des stocks, automatisation de l’emballage et du déplacement des articles… L’entreprise affirme disposer d’un million de robots à travers le monde, et est convaincue que les humains qui s’en occupent représenteront les emplois de demain. De quoi transformer en profondeur les emplois de la #logistique et du #transport, voués à devenir plus qualifiés et plus rares dans le futur. Même les livreurs du géant de l’e-commerce seront « augmentés » grâce à des lunettes connectées leur affichant les instructions de navigation et de livraison en temps réel.

    Mots tabous

    Une réalité que le deuxième employeur privé aux États-Unis ne semble pas encore prêt à assumer. Dans ce rapport, on apprend qu’Amazon tient à son image de « bonne entreprise citoyenne » et que pour compenser les conséquences de ses choix stratégiques sur le marché de l’emploi américain, celle-ci prévoit de participer davantage à des événements communautaires dans les zones où les pertes d’emplois risquent d’être importantes. L’entreprise envisage aussi d’éviter l’utilisation de termes comme « #automatisation » et « IA », privilégiant des mots comme « technologie avancée » et « #cobot » au lieu de « robot » pour mettre l’accent sur la collaboration des machines avec les êtres humains.

    Dans un communiqué, Amazon a indiqué que les documents consultés par le New York Times étaient « incomplets » et ne « reflétaient pas la stratégie globale de recrutement de l’entreprise », dans la mesure où elle prévoyait d’embaucher 250 000 personnes pour les fêtes de fin d’année – sans préciser combien de ses postes seraient permanents. De son côté, Jeff Bezos a assuré, lors de la Tech Week, le congrès de la technologie de Turin (Italie) début octobre, que la bulle de l’IA allait être « bénéfique, parce que quand la poussière retombe et qu’on compte les gagnants, la société profite de ces inventions. » Pas sûr que les 30 000 personnes licenciées l’entendent de cette oreille…

    https://usbeketrica.com/fr/article/amazon-prevoit-de-remplacer-plus-d-un-demi-million-d-emplois-par-des-ro
    #travail #licenciement #remplacement #AI #intelligence_artificielle #terminologie #mots

    voir aussi :
    Des milliers de licenciements chez Amazon : l’intelligence artificielle va-t-elle finir par prendre nos emplois ? (signalé par @fsoulabaille) :
    https://seenthis.net/messages/1143716

    • Est-ce que les collectivités locales qui ont fait des ponts d’or à Amazon au prétexte de la création d’emploi vont demander le remboursement des subventions ?

  • frittura mista|radio fabbrica 04/11/2025@0
    https://radioblackout.org/podcast/frittura-mistaradio-fabbrica-04-11-2025

    Il primo approfondimento della serata lo abbiamo fatto in compagnia di #Marco_Veruggio del puntocritco.info, per commentare insieme l’annuncio da parte di #amazon di voler procedere a licenziare 14mila suoi dipendenti. Abbiamo provato ad andare alle radici di questa scelta, passando in rassegna i vari motivi che hanno portato a ciò; ma abbiamo anche analizzato […]

    #Alessandra_Alberti #antimilitarismo #convegno #convegno_antimilitarista #cub #docenti #la_scuola_non_si_arruola #licenziamenti #logistica #Margherita_Napoletano #milano #Ospedale_San_Raffaele #Osservatorio_contro_la_militarizzazione_nelle_scuole #Puntocritico.info #Sanità #scuola
    https://radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/11/F_m_04_11_Marco-Veruggio-puntocritico.info-su-licenziamenti-annunciat

  • Sick of Feeling Like a Tourist? There’s a Tour for That

    With visitors increasingly interested in the social and political realities of global tourist hot spots, some local guides are adapting their offerings.

    I arrived in Athens for the first time last May with visions of alabaster architecture and picturesque avenues. But when I arrived in Petralona, the central neighborhood where I was staying, I found vacant storefronts, broken sidewalks and crumbling, graffiti-covered buildings.

    The more I explored, the more I wondered why parts of this ancient city had come to convey urban decay rather than classical charm.

    A tour of the Acropolis would most likely not provide answers. Searching on Airbnb Experiences for something more relevant, I found the Athens Social and Political Walk. Its tagline: “How did the ‘cradle of democracy’ become the ‘basket case of Europe’?” I signed up for a similar tour offered by the guide.

    I met the guide, a 35-year-old Spanish-born political scientist named Isaac Caballero Suey, and five other participants near bustling Omonoia Square. Mr. Suey, who had close-cropped hair and glasses, started off by explaining that contemporary Athens has almost nothing in common with the Ancient Greece of Aristotle. These days the city is a petri dish for pretty much every major postmillennial social ill — gentrification, wealth disparity, refugee and immigrant crises, and infrastructure decay.

    With tourism putting pressure on vacation hot spots like Athens, Buenos Aires, Mexico City and Rio de Janeiro, experiences like Mr. Suey’s are drawing curious visitors. They offer a counterpoint to traditional tourism narratives and a way to learn about the tensions affecting the people who actually live in these places.
    Glimpses of an Unseen City

    For three hours, Mr. Suey led us through parts of the city most travelers would ignore or avoid — where abandoned schools and dingy apartments abutted high-rise hotels, and empty arcades concealed vacation rentals.

    He gave us a glimpse of the world inhabited by mostly unseen Athenians, including immigrants and squatters. He connected these locations to issues like corruption, cultural displacement and politics, and shared enlightening stories of grass-roots organizing and mutual aid.

    The tour scrambled my preconceptions, leaving me with an appreciation for Athens as it was rather than as I had imagined it. I wasn’t the only one.

    “The more traditional tourist narratives feel dismissive of the people who live in these places, like they’re not important, and it’s no surprise that places like Athens have struggled to find a modern identity because of this,” said Peter Allen, a 38-year-old software engineer from Liverpool who was also on the tour.

    Mr. Allen, who could be described as a digital nomad, slots into the typical Athens Social and Political Walk demographic, Mr. Suey said: left-leaning frequent travelers, mostly from major cities. “Professors, people of social sciences, politics, economics, but also a lot of tech people,” he explained. “I could even tell you they love the brand Patagonia.”

    Mr. Suey, who also offers tours like Understanding the Refugee Crisis and the Greek LGBTQ History Walk, noted that most bookings are last-minute, suggesting that curious tourists may seek out his distinctive analysis only after they’re exposed to the official “This is Athens” visitors’ guide.

    “My goal is to give you an image of what’s going on in the country, and this is not what tourism boards are interested in,” Mr. Suey said. “I see myself as a political scientist, and what I do is like a documentary.” It is also a business. My tour cost 32 euros, or about $37.

    Encouraged by feedback from participants, he started a company called Planetwonk to bring similar tours to destinations like Buenos Aires, Manila, Mexico City and Rio de Janeiro.

    Beyond ‘Tequila Tours’

    Mr. Suey put me in touch with his partner in Mexico City, a 27-year-old graduate student of art history named Gustavo Sánchez. When he responded to Mr. Suey’s job posting on LinkedIn last year, Mr. Sánchez was working as a traditional, federally credentialed guide doing “tequila tours, very mariachi, very stereotypical,” he said in a phone interview. “Those tours are fun, but if we only do those, we’re exoticizing the country. We’re hiding the problems.”

    Tensions have recently been rising in Mexico City as well-heeled tourists and remote workers have driven up the cost of real estate and food prices, and demonstrations erupted last summer.

    Well versed in Mexico City’s history of corruption and protest, and with Mr. Suey’s guidance, Mr. Sánchez created the Mexico City Social and Political Tour (€34). Mr. Sánchez takes his guests — primarily students, journalists and nonprofit workers — to places like La Merced, the neighborhood that’s home to Mexico City’s largest market and has struggled with government neglect, and Plaza Tlaxcoaque, the site of a former secret prison where dissidents were tortured, which now hosts a large encampment of homeless people.

    “Other guides believe we shouldn’t talk about the bad things happening here. I think that’s unethical,” he said, noting that to his knowledge he’s the only guide in the city leading tours of this type. “I love Mexico City. I’ve studied its history. When you love a place, you can criticize it, because you want it to change.”

    These types of tours offer an alternative to the crowded predictability of social-media-driven tourism, but they existed long before Instagram and its peers. The Catalonian artist and writer Joan Brossa organized a one-night-only “anti-tourism” tour of Barcelona in 1979.

    More recently, in Portugal, Bruno Gomes started We Hate Tourism Tours in 2008, during a painful economic downturn. A skater and surfer, Mr. Gomes used to schlep visiting friends around Lisbon in his van, skipping popular destinations for his personal favorites and planting the seeds of his current company. Today, along with a staff of eight, he offers tours like We Hate Landmarks and Real Life Suburbia, starting at €47 a person. Mr. Gomes and his team still bypass popular sites like the Moorish Castle in Sintra in favor of less-visited alternatives of guides’ choosing.

    “I’m a designer and an artist,” Mr. Gomes said. “My colleague, she’s a journalist. We have an engineer. We have a musician. No one really has anything to do with tourism. We just share what we love.”
    Space for ‘Anti-Tourism’

    Traditional tour operators in Athens and Mexico City don’t seem to mind the competition. Representatives from the nonprofit operator This Is Athens and El Taco Club, a service in Mexico City that employs 80 guides and hosts thousands of guests annually, both used the term “complementary” to describe the nontraditional experience these so-called anti-tourism tours provide.

    The common spirit behind these experiences is an urge toward counterprogramming, but they can diverge in their approach to doing business. In fact, some are not businesses at all.

    Kyle Kajihiro, a University of Hawaii professor of ethnic studies, has spent more than 20 years leading informal tours of Oahu, mostly for friends and colleagues, that challenge the erasure of Native Hawaiians by American colonialism and military expansion. He calls these outings DeTours.

    Dr. Kajihiro does zero marketing for DeTours, nor does he charge for them, and they’re not really targeted at the general public. Instead, when interested people reach out, he screens them to gauge their commitment to Native Hawaiian issues like land rights and food sovereignty. DeTours, he says, are not a commercial venture but rather a way to connect like-minded activists.

    “I think there’s a market for alternatives that are less ethically problematic, that even feel affirming of certain values people have. And there’s a need to have a different kind of story being told,” he said. “But I’m troubled by the way that even good intentions can become a commodified experience.”

    The notion of anti-tourism tours may seem contradictory, but according to Anu Taranath, a faculty member at the University of Washington and the author of “Beyond Guilt Trips: Mindful Travel in an Unequal World,” embracing the full breadth of these tours — from Mr. Suey’s expansive approach to Dr. Kajihiro’s strategic exclusivity — could help drive a necessary shift in travel habits.

    “We need to operate on all levels,” Dr. Taranth said. Anti-tourism “isn’t antithetical to tourism, but our definition of tourism should open up.”

    “None of those are simple conversations to have,” she added, “but I’m seeing people wanting to understand where we are and how we got here, and what it means to do something different.”

    https://www.nytimes.com/2025/10/29/travel/athens-mexico-tourism.html
    via @fil
    #anti-tourisme #résistance #villes #urbanisme #airBnB #surtourisme #tourisme_de_masse #urban_matter #Athènes #Buenos_Aires #Mexico_City #Rio_de_Janeiro #alternative #contre-narration #TRUST #master_TRUST

  • Crimini di guerra italiani - una storia difficile

    Il podcast segue il percorso personale e intellettuale di una giovane autrice, #Anita_Fallani, che, partendo da una riflessione sui crimini di guerra contemporanei, si interroga sul ruolo dell’Italia in episodi simili avvenuti nel passato.

    Attraverso interviste, letture, visite in archivio, il podcast costruisce un’indagine in tempo reale, con la protagonista che guida gli ascoltatori nella sua scoperta.

    Ogni episodio ruota attorno a interviste a studiosi, l’utilizzo di documenti storici e frammenti audio di repertorio, da cui l’autrice trae nuovi spunti per un racconto a metà tra un’inchiesta storica e una ricerca personale.

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLlcZfiOunO5H-vthLFdVSc6kuk_sDhTlW

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    Il presente che brucia

    Anita trasmette a chi ascolta la sua inquietudine per le guerre in corso oggi e per il modo in cui i crimini di guerra vengono trattati sui media e nelle corti internazionali.

    Per questo si mette in contatto con Cuno Tarfusser, ex Giudice Penale Internazionale. Il giudice spiega cos’è un crimine di guerra e come questi reati sono definiti e perseguiti. Ma gli italiani hanno mai commesso crimini simili? Anita decide di scoprirlo e inizia a contattare storici specializzati, tra cui Valentina Nocentini, docente di Lingua e Cultura italiana alla Pepperdine University e Valeria Deplano docente di Storia contemporanea presso l’Università degli Studi di Cagliari.

    La Libia oggi è un posto dove il rispetto del diritto umanitario è una chimera. Qui l’Italia continua ad avere un rapporto forte e ambiguo. Ma proprio la Libia è stato il primo teatro di guerra in cui militari italiani hanno commesso delle azioni che, oggi, definiremmo crimini di guerra..

    https://www.youtube.com/watch?v=ie5OtCZET58&list=PLlcZfiOunO5H-vthLFdVSc6kuk_sDhTlW&index=5


    #Libye

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    Col ferro e col fuoco

    Anita si imbatte nella vicenda Gheddafi-Berlusconi, la visita in Italia del 2009, la conferenza privata con pubblico “solo femminile” e ovviamente la foto di Omar al-Mukhtar cucita sulla divisa.

    Anita incontrerà gli storici Valeria Deplano ed Eric Gobetti per raccontare un’altra Italia, l’Italia di Mussolini che annuncia sprezzante che «Col ferro e col fuoco, imporremo la nostra civiltà» per giustificare le nuove imprese coloniali.

    Da un lato si “pacifica” la Libia e dall’altro si aggredisce l’Etiopia. Qui gli italiani si macchiano di varie brutalità, dall’uso dei gas alla strage di Debre Libanos…

    Qui emergono due personaggi molto rilevanti, “i due marescialli” : Rodolfo Graziani e Pietro Badoglio. Badoglio assumerà il governo dell’Italia dopo la deposizione di Mussolini mentre Graziani riformerà l’esercito fascista della RSI.

    Eppure nessuno dei due sarà mai processato per crimini di guerra.

    https://www.youtube.com/watch?v=KPbaCIurMM8&list=PLlcZfiOunO5H-vthLFdVSc6kuk_sDhTlW&index=4


    #Silvio_Berlusconi #pacte_d'amitié #Mouammar_Kadhafi #Kadhafi #Omar_al-Mukhtar #colonialisme #colonisation #Mussolini #Benito_Mussolini #fascisme #Ethiopie #Debre_Libanos #RSI #Rodolfo_Graziani #Pietro_Badoglio

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    Si ammazza troppo poco!

    Generale #Mario_Roatta, Generale #Alessandro_Pirzio_Biroli, Generale #Mario_Robotti, Generale #Carlo_Tucci, Generale #Silvio_Bonini. È importante notare che, nonostante le accuse, molti di questi individui non furono mai processati, e le richieste di estradizione da parte dei paesi vittime spesso non furono accolte. La mancanza di processi e la scarsa documentazione pubblica hanno contribuito a una limitata consapevolezza storica su questi crimini.

    Anita si concentra su alcuni casi eclatanti avvenuti in Grecia e Jugoslavia, parlandone con Eric Gobetti e Marco Mondini sui campi di concentramento italiani di #Arbe per slavi e greci. Emergono dispacci, comandi, ordini tragici, uno è quello che ha dato il titolo all’episodio…

    https://www.youtube.com/watch?v=xg_mUlc_ZjA&list=PLlcZfiOunO5H-vthLFdVSc6kuk_sDhTlW&index=3


    #justice #impunité #Grèce #Yougoslavie #camps_de_concentration

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    Nessuna giustizia nessuna pace

    È cambiato il momento storico. La guerra fredda è finita, sono riemersi dei fascicoli volutamente dimenticati per decenni in un armadio. Fascicoli che contenevano migliaia di documenti riguardanti i crimini commessi dai nazifascisti dopo l’8 Settembre del 1943. Inizia la prima stagione processuale italiana contro questi criminali. Anita intervista il procuratore #Marco_de_Paolis che condusse gli interrogatori, Isabella Insolvibile, professoressa di Storia contemporanea all’Università Mercatorum e lo storico Marco Mondini, per capire invece la storia dei crimini di guerra fascisti compiuti sul territorio italiano. Una storia che inizia ben prima dell’8 settembre del 1943…

    https://www.youtube.com/watch?v=W-3vBvvkcvU&list=PLlcZfiOunO5H-vthLFdVSc6kuk_sDhTlW&index=2

    #podcast #audio
    #histoire #historicisation #crimes_de_guerre #Italie #archive

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    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

  • #Algues_vertes, l’histoire interdite

    Pas moins de 3 hommes et 40 animaux ont été retrouvés morts sur les plages bretonnes. L’identité du tueur est un secret de polichinelle : les algues vertes. Un demi-siècle de fabrique du silence raconté dans une enquête fleuve.Des échantillons qui disparaissent dans les laboratoires, des corps enterrés avant d’être autopsiés, des jeux d’influence, des pressions et un silence de plomb. L’intrigue a pour décor le littoral breton et elle se joue depuis des dizaines d’années. Inès Léraud et Pierre Van Hove proposent une enquête sans précédent, faisant intervenir lanceurs d’alerte, scientifiques, agriculteurs et politiques.

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-algues-vertes-l-histoire-interdite/album-algues-vertes-l-histoire-interdite
    #BD #livre #bande-dessinée
    #Bretagne #algues #plages #hydrogène_sulfuré (#H25) #Côtes_d'Armor #intoxication #santé_publique #Halte_aux_marées_vertes #omerta #Thierry_Morfoisse #justice #Nicol_Environnement #Screg-Colas #Bouygues #Sauvegarde_du_Trégor #silence #déni #agriculture #modernisation #remembrement #industrialisation #élevage_hors-sol #industrice_porcine #agriculture_intensive #pollution #eau_potable #Marc_Le_Fur #porcherie #nitrates #modernisation_agricole #engrais #Institut_scientifique_et_technique_de_l'environnement (#ISTE) #Christian_Bursan #industrie_agro-alimentaire #stratégie_de_l'incertitude #plan_algues_vertes (#PAV) #subventions #lisier #CRESEB #CSEB #conseil_régional_de_bretagne #France #comité_de_convergence_des_intérêts_bretons (#CCIB) #Produit_de_Bretagne #Institut_de_Locarn #Club_des_Trente #Breizh_Europe #Les_dîners_celtiques #Les_amis_du_cochon #tourisme #dépendance #terreur #suicides #banques #grande_distribution #argent_public #élevage #sodiaal #Triskalia #Synutra #Laïta #Jean-René_Auffray #vasières_du_Guessant

    • Les marées vertes

      Qu’y a-t-il de commun entre les plages de Bretagne, la lagune de Venise, et le littoral chinois de Qingdao ?

      Tous les trois ont fait la « une » des journaux en raison d’impressionnantes « marées vertes », causées par l’accumulation estivale de macroalgues du genre Ulva.

      Ces marées vertes sont la forme la plus visible d’un enrichissement excessif des eaux marines. Cela ne doit pas faire oublier la forme planctonique, bien plus étendue vers le large, qu’on appelle « eaux colorées ». Ces phénomènes peuvent s’avérer dangereux tant pour la faune marine, que pour le promeneur du littoral ou le consommateur de coquillages. Alors quelle est la cause de ce soudain dérèglement ? Peut-on y remédier ?

      Depuis quand y a-t-il des marées vertes ? Est-ce un phénomène permanent ou saisonnier ? Que fait-on pour se débarrasser d’une marée verte déjà formée ? Quels sont les impacts sur l’écosystème marin ? Quelles sont les nuisances pour la société humaine ? Peut-on tirer de l’énergie des algues vertes ? Quelle est l’attitude du monde agricole ? Que fait l’administration pour diminuer la nuisance ? Eaux « rouges » contre marées « vertes » : quelles différences pour l’environnement ?

      Autant de questions auxquelles ce petit livre répond sans complaisance ni catastrophisme, au plus près de la connaissance scientifique actuelle, loin des polémiques qui masquent trop souvent la réalité ! Il intéressera les personnes soucieuses de la qualité de leur environnement côtier.

      https://www.quae.com/produit/1402/9782759225552/les-marees-vertes

  • #Diella, première #ministre artificielle en #Albanie : le #piège de la #féminisation des #IA

    Pour la première fois dans l’histoire, une intelligence artificielle a fait en Albanie son entrée au sein d’un #gouvernement. Au-delà des questionnements sur la place des IA dans la #décision_publique, la nomination de Diella comme ministre chargée des #marchés_publics suscite des interrogations sur la féminisation quasi systématique des avatars IA. Cette pratique trompeuse qui entretient les #stéréotypes de #genre perpétue l’#objectification des femmes et facilite la #manipulation.

    Le gouvernement albanais vient de créer la surprise en nommant Diella, une intelligence artificielle (IA), au poste de ministre des marchés publics. Présentée comme un atout dans la lutte contre la #corruption, Diella serait chargée d’analyser les #appels_d’offres, repérer les #conflits_d’intérêts et garantir l’#impartialité des #décisions_publiques.

    Cette initiative inédite marque une étape historique. Pour la première fois, une IA entre officiellement dans un gouvernement, ici, sous les traits d’un #avatar_numérique féminin. Mais au-delà du coup médiatique, et des questionnements éthiques que peut soulever cette nomination – peut-on vraiment gouverner avec une IA ?, elle suscite des interrogations fondamentales sur la féminisation quasi systématique des agents IA.

    Pourquoi Diella est-elle une #femme artificielle ? Et quelles sont les implications de cette féminisation de l’IA ?

    Diella : un cas d’école problématique

    L’IA a déjà été utilisée comme outil de gouvernance. Certaines villes se servent, par exemple, des #algorithmes pour optimiser les #transports ou pour détecter la #fraude. Mais en nommant une IA au rang de ministre, l’Albanie franchit une étape symbolique majeure : plus qu’un outil, elle devient une #figure féminine publique, censée incarner des #valeurs de #transparence et de #justice.

    La #promesse est séduisante : même si une IA peut reproduire ou amplifier les #biais de ceux qui l’ont programmée, une machine ne peut, en théorie, ni accepter de pots-de-vin ni favoriser des proches. Elle paraît offrir une garantie d’impartialité dans un pays où les scandales de corruption entachent la vie politique. L’Albanie est, en effet, classée 80e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption, selon Transparency International.

    Mais cette vision occulte un problème central : les conséquences éthiques de la féminisation de l’IA sont loin d’être anodines.

    Pourquoi les IA sont-elles presque toujours féminines ?

    Depuis #Siri (Apple), #Alexa (Amazon) #Cortana (Microsoft) ou encore #Sophia, le premier robot ayant obtenu la nationalité saoudienne en 2017, la plupart des assistants virtuels et robots intelligents ont été dotés d’une voix, d’un visage, d’un corps ou d’un prénom féminins. Ce n’est pas un hasard.

    Dans une première recherche sur la question, nous avons montré que nous percevons les bots féminins comme plus chaleureux, plus dignes de confiance, voire même plus humains que leurs équivalents masculins.

    Pourquoi ? Parce que les femmes sont, en moyenne, perçues comme plus chaleureuses et plus susceptibles d’éprouver des #émotions que les hommes… et ces qualités font défaut aux machines. La féminisation des objets en IA contribue donc à humaniser ces objets.

    Cette féminisation s’appuie sur des stéréotypes bien ancrés : la femme serait « naturellement » plus douce, attentive et empathique. En dotant leurs machines de ces attributs, les concepteurs compensent la froideur et l’artificialité des algorithmes et facilitent leur acceptation et leur adoption.

    Quand la féminisation devient #manipulation

    Mais cette pratique soulève des problèmes éthiques majeurs, que j’ai développés dans un article récent publié dans les pages du Journal of Business Ethics.

    Cet article compare les implications éthiques de l’usage d’attributs genrés et sexués féminins dans deux contextes. D’un côté, la #publicité, où l’on recourt depuis longtemps à des #représentations_féminines idéalisées pour séduire les consommateurs. De l’autre, les agents IA, qui reprennent aujourd’hui ces mêmes codes. Cette mise en parallèle permet de montrer que, dans les deux cas, la féminisation engendre trois dangers majeurs : #tromperie, #objectification, et #discrimination.

    - La tromperie et la manipulation

    Attribuer artificiellement des caractéristiques humaines et féminines à des machines exploite nos réactions inconscientes et automatiques aux traits néoténiques (caractéristiques juvéniles associées aux traits féminins comme les yeux ronds, des traits arrondis) qui évoquent inconsciemment l’innocence et, donc, l’honnêteté et la sincérité.

    Cette manipulation subtile pourrait faciliter l’acceptation de décisions algorithmiques potentiellement problématiques. Une IA féminisée fait croire qu’elle est plus humaine, plus empathique, plus « digne de confiance ». Or, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un programme informatique, sans émotions ni conscience – question qui commence à être discutée –, dont les décisions peuvent être biaisées voire instrumentalisées.

    – L’objectification littérale

    Contrairement à la publicité qui compare métaphoriquement les femmes à des objets, l’intelligence artificielle va plus loin : elle transforme littéralement la femme en objet programmable (une machine, un algorithme). Les IA féminines réduisent les attributs féminins à de simples outils de service : des machines obéissantes, disponibles en permanence. Cette mécanisation de la féminité reproduit et amplifie les logiques publicitaires d’objectification, mais avec une dimension inédite : l’interactivité.

    Résultat, des chercheurs relèvent la persistance de propos agressifs et à caractère sexuel dans les interactions avec ces assistantes, normalisant ainsi des comportements abusifs envers les « femmes-machines » qui risquent de se reporter sur les vraies femmes… In fine, l’humanisation et la féminisation de l’IA peut paradoxalement conduire à une déshumanisation accrue des femmes.

    - La perpétuation de stéréotypes

    À première vue, Diella pourrait apparaître comme une victoire symbolique : une femme – même virtuelle – accède à un poste de ministre. Dans un pays où la politique reste dominée par les hommes, et alors que la plupart des IA féminines sont des assistantes, certains y verront un signe d’égalité.

    Mais cette lecture naïve et optimiste occulte un paradoxe. Alors que les femmes réelles peinent à accéder aux plus hautes fonctions dans de nombreux gouvernements, c’est une femme artificielle qui incarne l’intégrité au pouvoir. Surnommée « la servante des marchés publics », c’est en réalité une femme sans pouvoir d’agir. On retrouve ici un vieux schéma : « l’Ève artificielle », façonnée pour correspondre à un idéal de docilité et de pureté. Une ministre parfaite, car obéissante et inaltérable… et qui ne remettra jamais en cause le système qui l’a créée.

    L’IA au féminin, sainte dévouée ou Ève manipulatrice

    La féminisation des IA repose en réalité sur deux tropes profondément enracinés dans notre imaginaire, qui réduisent l’identité féminine à l’archétype de la sainte dévouée ou de l’Ève manipulatrice.

    La #sainte_dévouée, c’est l’image de la femme pure, obéissante, entièrement tournée vers les autres. Dans le cas de Diella, elle se manifeste par une promesse de transparence et de loyauté absolue, une figure de vertu incorruptible au service de l’État et de son peuple.

    La représentation visuelle de Diella rappelle d’ailleurs fortement l’iconographie de la Vierge Marie : visage doux, regard baissé, attitude humble, et voile blanc. Ces codes esthétiques religieux associent cette IA à une figure de pureté et de dévouement absolu. Mais en faisant de l’IA une figure féminine idéalisée et docile, on alimente un sexisme bienveillant qui enferme les femmes réelles dans ces mêmes stéréotypes.

    L’Ève manipulatrice : dans la culture populaire, la confiance accordée à une IA féminisée se transforme en soupçon de tromperie ou de danger. Exemple emblématique : le film de science-fiction Ex Machina, dans lequel le héros est dupé par une IA dont il tombe amoureux.

    Si Diella venait à servir d’instrument politique pour justifier certaines décisions opaques, elle pourrait elle aussi être perçue sous ce prisme : non plus comme une garante de transparence, mais comme une figure de dissimulation.

    Ces deux représentations contradictoires – la vierge sacrificielle et la séductrice perfide – continuent de structurer nos perceptions des femmes et se projettent désormais sur des artefacts technologiques, alimentant une boucle qui influence à son tour la manière dont les femmes réelles sont perçues.

    Pour une IA non humanisée et non genrée

    Plutôt que d’humaniser et de genrer l’IA, assumons-la comme une nouvelle espèce technologique : ni homme ni femme, ni humaine ni divine, mais un outil distinct, pensé pour compléter nos capacités et non pour les imiter. Cela suppose de lui donner une apparence et une voix non humaines, afin d’éviter toute confusion, toute tromperie et toute manipulation.

    Le développement des IA devrait s’appuyer sur une transparence totale, en représentant l’IA pour ce qu’elle est vraiment, à savoir un algorithme.

    Enfin, les concepteurs devraient rendre publics la composition de leurs équipes, les publics visés, les choix de conception. Car, derrière l’apparente neutralité des algorithmes et de leur interface, il y a toujours des décisions humaines, culturelles et politiques.

    L’arrivée de Diella au gouvernement albanais doit ouvrir un débat de fond : comment voulons-nous représenter l’IA ? Alors que ces technologies occupent une place croissante dans nos vies, il est urgent de réfléchir à la façon dont leur représentation façonne nos démocraties et nos relations humaines.

    https://theconversation.com/diella-premiere-ministre-artificielle-en-albanie-le-piege-de-la-fem
    #AI #intelligence_artificielle

  • Datong, une ancienne ville minière au nord de la Chine devenue une destination touristique à bas prix
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/23/datong-une-ancienne-ville-miniere-au-nord-de-la-chine-devenue-une-destinatio


    Dans la rue Est, à Datong (Shanxi), dans le nord de la Chine, le 5 octobre 2024. CFOTO/FUTURE PUBLISHING/GETTY IMAGES

    La cité du nord du pays a parié sur une transition touristique, portée par la reconstruction de son centre-ville et la réhabilitation de ses friches minières. (...)

    En 2008, son ancien maire, Geng Yanbo, rêvant d’un retour aux sources impériales pour sa #ville, a lancé un chantier colossal de remodelage de la cité, en créant notamment de toutes pièces un centre ancien entouré de remparts reconstitués. Cette gigantesque opération a nécessité la destruction de 140 000 logements et le déplacement de 500 000 résidents, l’équivalent de la population lyonnaise.

    Les travaux viennent de se terminer. Pour les financer, la municipalité s’est endettée à hauteur de 13 milliards de yuans (près de 1,6 milliard d’euros), mais le succès est au rendez-vous. En 2024, Datong a ainsi vu son nombre de visiteurs bondir de 108 % par rapport à 2023, selon la municipalité, à près 16,7 millions de visiteurs, attirés à la fois par le fameux centre-ville, ses nombreux musées et monuments et, en dehors de la ville, par les grottes de Yungang et le Temple suspendu.

    https://justpaste.it/3noki

    #Chine #urbanisme #marché_intérieur #tourisme

  • Et si l’immigration était un #projet_de_société positif et accueillant ?

    Le #Québec peut être cette nation qui sait conjuguer son désir d’affirmation tout en ouvrant les bras.

    Dans un contexte mondial où l’on assiste à la montée des mouvements antidroits et des pratiques autoritaires, dont le principal « #ennemi » est les personnes migrantes, la joute oratoire sur l’immigration à laquelle nous assistons à #Québec a de quoi nous inquiéter.

    Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) nous dit en substance que l’immigration est une #menace, et qu’il y en a trop. Une partie de l’opposition surenchérit. Ce faisant, on induit la population en erreur avec toutes sortes de #chiffres douteux, faisant monter un sentiment anti-immigrant empreint de #préjugés, discriminatoire. Cela nourrit un #climat_social polarisé et délétère.

    Plusieurs commentateurs ont critiqué l’escalade du #discours_anti-immigrants entre la CAQ et le Parti québécois (PQ). Il est important de comprendre qu’il s’agit là d’un #discours qui s’inscrit dans une logique portée par les #mouvements_antidroits, dont font aussi partie les mouvances identitaires. Alors à qui profite ce discours, et à quels desseins ? Cela ressemble à une #politisation opportuniste et électoraliste de l’immigration.

    Ces jours-ci se tiennent des consultations sur la planification de l’immigration au Québec. Le gouvernement a déjà annoncé son intention de réduire considérablement le nombre d’immigrants temporaires et permanents. De nombreux intervenants seront entendus jusqu’au 30 octobre. Plusieurs représentent des secteurs économiques qui emploient des travailleuses et des travailleurs étrangers. Il y a donc fort à parier que ces intervenants plaideront l’importance de maintenir un bon niveau d’immigration, notamment temporaire, pour assurer des besoins immédiats en main-d’œuvre.

    Amnistie ne se prononce pas sur le nombre de personnes immigrantes qu’un État souhaite accueillir. Toutefois, nous rappelons que pour tout programme d’immigration, les États, dans ce cas-ci le Québec, ont l’obligation de le déployer en tout respect et en toute protection des droits de ces personnes, et en respect du #droit_international.

    Ce qui inquiète Amnistie, c’est donc la #rhétorique_négative à l’égard de l’#immigration mise de l’avant pour justifier sa réduction, la façon dont c’est fait et les effets sur les personnes concernées. Nous sommes également inquiets de la tendance privilégiant une #immigration_temporaire au détriment de l’#immigration_permanente qui s’est accentuée ces dernières années.

    La CAQ promet depuis son élection en 2018 une réduction importante du nombre de personnes immigrantes au Québec. Cependant, pour répondre aux demandes des employeurs, le gouvernement n’aura eu de cesse de faire appel à un nombre accru de migrants temporaires, grossissant ainsi le bassin d’une population vulnérable.

    Les élus — de la CAQ et du PQ, principalement — déplorent souvent la forte augmentation du nombre de résidents non permanents, laissant entendre qu’il s’agirait d’un phénomène subi par le Québec et imposé par le fédéral. Or, c’est le #Programme_des_travailleurs_étrangers_temporaires (#PTET), sur lequel Québec a le plein contrôle, qui a connu l’augmentation la plus forte depuis 2018, soit 651 %.

    Cette augmentation record montre notre dépendance à l’égard de la main-d’œuvre temporaire pour des besoins permanents dans nombre de secteurs économiques. Les #employeurs comme le gouvernement doivent donc se demander si c’est vraiment d’une immigration temporaire dont ils ont besoin et qu’ont-ils à gagner à ce que ces personnes demeurent prisonnières d’un statut précaire ? Est-il plus pratique d’avoir recours à une immigration temporaire plus malléable, et en quelque sorte jetable ? Le projet est-il de bâtir une société basée sur un #marché_du_travail à deux vitesses, où certaines personnes ne peuvent se prévaloir de tous leurs droits en raison de leur statut migratoire précaire ?

    Les personnes migrantes travaillant au Québec dans le cadre du PTET sont précarisées en raison de leur #statut et des conditions inhérentes à leur #permis_de_travail fermé, qui les lie à un seul employeur. C’est ce qu’a confirmé l’enquête d’Amnistie internationale publiée en début d’année, qui conclut que la conception même du PTET exposait les travailleuses et travailleurs migrants à l’#exploitation et à une #discrimination systémique, ce qui place le #Canada et le Québec en situation de violation de leurs obligations internationales en matière de protection des droits de la personne.

    Lors de son passage au Canada en 2024, le rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, Tomoya Obokata, avait d’ailleurs dénoncé le PTET, qui, selon lui, alimente des « formes contemporaines d’esclavage ».

    À cela, ni le gouvernement ni aucun autre parti n’a réagi ni proposé de rectifier la situation. Comme si ces personnes ne comptaient pas ou n’étaient pas des êtres humains à part entière ?

    Tous les partis semblent préférer discourir sur la « #capacité_d’accueil », chacun y allant de son chiffre « magique ». Cela fait des années que la notion de « capacité d’accueil » est utilisée pour laisser entendre une limite objective dans la société et dans l’infrastructure sociale du Québec en matière d’immigration. Les personnes migrantes sont ainsi blâmées pour les manquements des politiques gouvernementales des dernières décennies dans nos services sociaux, la crise du logement et — pourquoi pas — le déclin du français. Ce discours favorise la #discrimination, présentant l’immigration comme un défi à craindre et à contenir plutôt que comme une #richesse dont la société québécoise tire de grands bénéfices.

    Lors des consultations sur la planification de l’immigration en 2023, plusieurs intervenants, dont Amnistie internationale, ont critiqué le discours négatif entourant la notion de « capacité d’accueil » et son absence d’assise scientifique. Le professeur sociologue-démographe Victor Piché, de l’Université Laval, proposait alors de parler de « #volonté_d’accueil » : si on augmente cette dernière, on augmente notre « capacité d’accueil », disait-il en résumé.

    Le Québec a la « #capacité_d’accueillir » une vision positive de l’immigration, où chaque personne peut jouir pleinement de ses droits et contribuer à enrichir sa société d’accueil. Le Québec peut être cette nation qui sait conjuguer son désir d’affirmation tout en ouvrant les bras pour accueillir des personnes venues de tous les horizons, avec toute l’humanité qu’on lui connaît.

    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/926868/si-immigration-etait-projet-societe-positif-accueillant
    #discours #narration #migrations #temporaire #main-d’oeuvre #travail #économie #précarisation #vulnérabilité #vulnérabilisation

    ping @karine4

  • L’#Espagne stimule sa prospérité grâce à l’immigration, un cas unique en Europe

    Madrid assume une politique migratoire ouverte. Portée par l’afflux de travailleurs latino-américains, l’économie espagnole devrait croître de 2,6 % en 2025.

    A rebours d’une Europe obsédée par la fermeture, l’Espagne affiche un visage singulier. Son économie tourne à plein régime, 2,6 % de croissance estimée pour 2025, selon les prévisions de Madrid, dopée par une #immigration massive, venue en grande partie d’Amérique latine. Une vague migratoire assumée, encouragée par le gouvernement du premier ministre socialiste, #Pedro_Sanchez.

    Les #chiffres sont éloquents : depuis 2023, la population espagnole s’est accrue de 1,2 million de personnes, portée par l’arrivée d’étrangers. En un an et demi, plus de 800 000 nouveaux venus se sont installés dans la péninsule. Le pays compte désormais un peu plus de 49 millions d’habitants, dont 7 millions d’étrangers (14,3 %).

    Le Maroc reste le premier pays d’origine, avec plus de 1 million de ressortissants, mais les flux latino-américains ont explosé : + 74 % pour la Colombie depuis 2020, + 57 % pour le Venezuela et + 60 % pour le Pérou. Ces migrants, dispensés de visa, entrent le plus souvent en Espagne comme touristes avant de s’y installer durablement. Les aéroports sont ainsi devenus la principale porte d’entrée du pays.

    Réponse à « l’#hiver_démographique »

    Selon une étude publiée en juin par la Banque d’Espagne, l’immigration a contribué pour 0,4 à 0,7 point à la croissance du produit intérieur brut par habitant entre 2022 et 2024, soit près d’un quart de la hausse totale du niveau de vie. L’agence de notation américaine S&P, qui a relevé en septembre la note souveraine du pays de A à A+, a souligné « un #marché_du_travail dynamique nourri par une migration ciblée destinée à compenser les pénuries de main-d’œuvre nées après la pandémie ».

    Depuis quelques années, la croissance de la #population_active espagnole a été presque entièrement portée par l’immigration. D’après l’Institut national de la statistique (INE), en 2022 et en 2023, les étrangers ont représenté près de 80 % des nouveaux actifs. En 2024, ils ont entièrement compensé la baisse du nombre de travailleurs espagnols.

    Les étrangers sont surreprésentés dans les secteurs moteurs de la croissance espagnole. Ils constituent 28 % de la main-d’œuvre dans l’#hôtellerie et la #restauration et 20 % dans la #construction. Mais leur présence dépasse désormais les emplois peu qualifiés. « On les trouve dans la santé, la technologie, l’entrepreneuriat ; 90 % des nouveaux travailleurs indépendants sont des migrants », souligne Gonzalo Fanjul, directeur de recherche de la fondation PorCausa, spécialisée dans l’analyse des phénomènes migratoires.

    Ce n’est pas la première fois que l’Espagne ouvre grand ses portes. Au début des années 2000, l’économie, portée par la bulle immobilière, réclamait déjà de la main-d’œuvre : entre 2000 et 2010, la population étrangère a progressé de façon exponentielle pour atteindre 6 millions de personnes. « Cette première expérience, globalement réussie, a préparé le terrain », estime Gonzalo Fanjul.

    Conscient du #vieillissement accéléré du pays – le solde naturel est négatif depuis 2015 –, le gouvernement socialiste a choisi d’en faire un levier. Depuis mai 2025, la réforme du règlement sur les étrangers a encore assoupli la procédure d’« #arraigo » (« #enracinement ») afin de régulariser progressivement les 500 000 à 700 000 personnes actuellement en situation irrégulière. Cette voie, fondée sur la preuve d’une #résidence de deux ans seulement, offre cinq types d’ancrage : social, socioprofessionnel, familial, de « formation » et de « seconde chance ».

    Pedro Sanchez revendique cette singularité. Au #récit sécuritaire dominant en Europe, il oppose une vision pragmatique et humaniste : l’immigration comme #richesse et comme réponse à « l’hiver démographique ». Il rappelle volontiers qu’« il n’y a pas si longtemps, l’Espagne était aussi un pays de migrants ».

    Tendance irréversible

    Les #entreprises, confrontées à des pénuries de main-d’œuvre dans le #tourisme, la construction ou les services, soutiennent ouvertement cette approche. « Nous sommes un pays d’accueil et nous avons besoin de travailleurs venus d’ailleurs ; il faut former les jeunes migrants pour qu’ils deviennent nos futurs ingénieurs », a déclaré Antonio Garamendi, président de la Confédération espagnole des entreprises.

    Mais le succès a son revers. L’afflux de nouveaux habitants accentue les tensions sur le #logement : il en manquerait près de 700 000, selon la Banque d’Espagne. Si l’immigration reste plutôt bien perçue, elle figurait parmi les principales préoccupations des Espagnols en septembre 2024, avant d’être dépassée par le logement et l’accès à la santé. Les émeutes racistes de Torre-Pacheco, en Murcie, en juillet, ont toutefois rappelé la fragilité de cet équilibre.

    Pour contrecarrer le discours de Pedro Sanchez et se distinguer de l’extrême droite de Vox, qui appelle à l’expulsion de « tous ceux venus vivre de l’effort des autres » ou « imposer une religion bizarre », le Parti populaire (PP, conservateur) a esquissé, en septembre, une « #troisième_voie », prônant une immigration « légale et utile ». Le texte souligne « le lien spécial qui unit l’Espagne aux nations sœurs de l’Amérique hispanique, avec lesquelles nous partageons langue, histoire et valeurs ».

    Derrière les débats politiques, la tendance paraît irréversible. Dès 2000, un rapport de l’Organisation des nations unies prévenait que l’Espagne aurait besoin de 12 millions de migrants, d’ici à 2050, pour maintenir son équilibre démographique. Vingt-cinq ans plus tard, la Banque d’Espagne estime ce besoin à 24 millions. « L’immigration est ici pour rester, il n’y a pas de retour en arrière possible », conclut M. Fanjul.

    Pour un pays qui fut longtemps une terre d’émigration, cette conversion rapide en destination d’accueil pourrait bien devenir son nouvel atout stratégique et, peut-être, le visage le plus inattendu de sa réussite économique.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/21/singuliere-en-europe-l-espagne-stimule-sa-prosperite-grace-a-l-immigration_6

    #ouverture #économie #démographie #migrations #travail #régularisation #pragmatisme #statistiques

    ping @karine4

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    ajouté à la métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »...
    https://seenthis.net/messages/971875

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    voir aussi :
    First refugees arrive in tiny Catalan villages under repopulation plan
    https://seenthis.net/messages/983054

    • ‘It’s a question of humanity’: how a small Spanish town made headlines over its immigration stance

      Mayor explains why #Villamalea unanimously backed call to regularise undocumented migrants – across party lines.

      Flanked by farmland and nestled among the deep valleys of central Spain, few in Villamalea, a town of 4,200 people, expected to find their tranquil home splashed across Spanish media this summer.

      “I’ve never been contacted by so many media outlets in my life,” said José Núñez Pérez, the conservative mayor of Villamalea. With a laugh, he added: “It made me question, just what have we done here?”

      Everyone wanted to speak to him about the same thing; a town council motion, approved unanimously and across party lines, calling on the central government to push forward with a stalled proposal to regularise undocumented migrants in Spain.

      “To us, it was the most natural thing in the world,” explained Núñez Pérez, as he paused to greet residents in the town’s central plaza. In recent decades, migrants from across the globe had been atrracted to Villamalea for the many jobs on offer.

      The steady supply of labour had helped turn the town into an agricultural heavyweight – about 70% of the mushrooms sold in Spain come from here – while also transforming Villamalea into a rich tapestry of residents whose roots trace back to 32 countries.

      For the 11 town councillors who backed the motion to grant papers to undocumented migrants – from Núñez Pérez’s People’s party to the Socialists and the United Left – this reality took precedence over party lines.

      “We didn’t even debate it, we were all onboard right away,” said Núñez Pérez. “There’s a lot of work to be done here. And there could be even more – the problem for these companies is that they can’t find enough people to work.”

      With the town’s companies weighing up whether to bring in temporary foreign workers, it only made sense to allow those who were already here a fair chance at a foothold. “It’s not just economics, it’s a question of humanity,” said the mayor.

      In late August, the president of the European Central Bank, Christine Lagarde, said gross domestic output in Germany would have been about 6% lower in 2019 if it hadn’t been for foreign workers. The picture was similar across the eurozone, she said. “Although they represented only around 9% of the total labour force in 2022, foreign workers have accounted for half of its growth over the past three years.”

      In Spain, where the Socialist prime minister has insisted that migration is an opportunity, a surge in arrivals has helped to make the country a bright spot among Europe’s plodding economies.

      Of late, even some of the most ardent critics of immigration have conceded its necessity; in June Italy’s Giorgia Meloni, the far-right leader who has long called irregular migrants a threat to Europe’s future, said her government would issue nearly 500,000 new work visas for non-EU nationals in the coming years, in addition to the 450,000 handed out since she took power.

      While regularisation programmes have long been used across the EU, with 43 put in place by more than a dozen countries between 1996 and 2008, in Villamalea the push to grant papers was also rooted in the town’s history.

      During much of the 20th century, the town’s residents were forced to fan out across Europe in search of work, said Venancio Cuenca Lopéz, the head of a local retiree association. “Some of them had papers, but some had no papers, no job offers, nothing,” he said. “We can’t say: ‘Well we did it, but now we’re against it.’ We’re all human beings, we need to have some empathy.”

      He pushed back against claims that regularisation would push down wages. “There are companies that take advantage of undocumented workers, forcing them to work in poor conditions and paying them little. Then Spaniards can’t work because they’re competing with people who are getting paid peanuts,” he said. “So we regularise them, everyone has the same conditions.”

      The Guardian spoke to 10 or so residents, all of whom expressed support for the motion. From the pensioners who make up about a quarter of the town’s population to the around 20% who were born abroad – the majority from Morocco or Romania – residents shrugged off the far-right’s efforts to disparage diversity. “Here everyone has their life and their world, but when we get to together we all get along,” said María Anguix García.

      At Villamalea’s town hall, officials are swift to cite the efforts many have made to foster integration, keenly aware that they’re doing so against a backdrop of swirling disinformation about migration.

      “There was a day when people who practise Islam went to the church and got to know the prayer space and then they did the reverse; the Catholics went to the mosque and experienced it,” said the mayor “And around two months later, the five religions we have in Villamalea came together to pray in the church.”

      When the flood of media requests poured in earlier this year, most wanted to know how Núñez Pérez reconciled his stance with others in the conservative People’s party, particularly as the leader, Alberto Núñez Feijóo, was increasingly linking immigration to insecurity.

      Across the country, PP politicians have entered into governments supported by the far-right, anti-immigrant Vox party. As a result, PP politicians have lurched further to the right, leading to motions such as the one recently seen in Jumilla, a town of about 27,000 residents, where the PP-led council backed a ban on religious gatherings in public sports centres that appeared to target Muslims.

      Núñez Pérez bristled at the comparison. “I’ve always said that I’m not paid by my party, I’m paid by the people of this town,” he said. “In my party, as in all parties, there are differences of opinion. But if you look at the wider picture, we’re not that different.”

      It was, after all, the PP who had carried out more regularisation programmes than any other party since Spain returned to democracy.

      Others in the PP had also followed in Núñez Pérez’s footsteps; in late September, about 20 miles (32km) away in the town of Tarazona de la Mancha, a similar mix of councillors, though headed by a Socialist mayor, had come together to unanimously pass their own motion calling on the central government to grant papers to undocumented migrants.

      Even so, Núñez Pérez knew that the fact that he was a conservative mayor backing regularisation had become a “morbid” fascination for many. “But I think it’s the most natural thing; I know what happens in my town, we live quietly, we live in peace and we learn from each other,” he said. “In interviews they always ask me about my political party. But just because someone fires a shot over there, it doesn’t mean we’re all going to do the same.”

      https://www.theguardian.com/world/2025/oct/11/small-spanish-town-headlines-immigration-villamalea
      #villes-refuge #régularisation #José_Núñez_Pérez

    • #Torre_del_Burgo, en Espagne, un village qui revit grâce aux immigrés

      Isolement, exode rural et fermeture de services publics : au nord de Madrid, dans une région parfois surnommée la « Laponie espagnole », plusieurs villages étaient voués à disparaître. L’arrivée et l’installation de personnes migrantes ont tout changé.

      Depuis Guadalajara, il faut quitter la route départementale et s’enfoncer dans une rue étroite pour apercevoir les maisonnettes, l’église et la mairie. Vendredi 3 octobre, à l’heure du déjeuner, les ruelles de Torre del Burgo sont désertes. Seuls des chats osent s’aventurer sur la Plaza Major, égayée de façades colorées. Certaines maisons tombent en ruine, et un vieux terrain vague n’a visiblement jamais trouvé preneur. On fait le tour du village en dix minutes.

      À environ une heure de route au nord de Madrid, Torre del Burgo aurait pu tout bonnement disparaître si des personnes étrangères ne s’y étaient pas installées dans les années 2000. Ici, les immigré·es représenteraient entre 70 et 90 % de la population. Mais dans son bureau, le maire, José Carlos Moreno, insiste sur un point : « On n’a pas de réfugiés ni de migrants illégaux. » De sa voix rauque, il le répète une seconde fois pour être sûr d’être bien compris.

      Lui qui n’aime pas tellement l’exercice des interviews ne voudrait surtout pas que l’image de son parti soit entachée. Le Parti populaire (PP, droite) ne cache pas ses positions sur l’immigration, qu’il souhaite « ordonnée et régulée, en lien avec le marché du travail ». Il va jusqu’à reprendre les thèses racistes de l’extrême droite, comme le prétendu « appel d’air », qui laisse entendre que de bonnes politiques d’accueil pousseraient d’autres personnes à venir en Espagne.

      Le maire de Torre del Burgo adopte donc la ligne du parti, mais il reconnaît tout de même que sans les étrangers « légaux », le village serait sans doute mort. Au total, 21 nationalités s’y côtoient, entre les Bulgares (majoritaires), les Marocain·es, un Camerounais, des Italien·nes ou des Ukrainien·nes. « Vous savez ce que c’est, quand une famille vient, elle en amène une autre », commente le maire, en poste depuis quatorze ans.

      Les rares Espagnol·es qui possèdent un logement ici ne viennent que l’été, pour profiter de leur résidence secondaire. Les immigré·es y vivent à l’année, et travaillent le plus souvent dans l’agriculture et la logistique, deux secteurs florissants dans la région, connue notamment pour sa production d’asperges vertes.
      Déclin démographique

      Outre les questions liées à la régularisation des sans-papiers, qui ont occupé le débat public en Espagne ces dernières années, un autre volet pousse le gouvernement socialiste à prendre position en faveur de l’accueil des étrangers et étrangères : celui de la démographie. Sans l’immigration, « la population espagnole pourrait chuter de 48 à 24 millions [d’habitant·es] d’ici 2100 », soulignent les auteurs du rapport « Politique migratoire : l’exception espagnole », réalisé par la chercheuse en droit européen Tania Racho et le consultant indépendant Antoine de Clerck.

      Les Marocain·es, les Colombien·nes et les Vénézuélien·nes représentent les trois premières nationalités d’origine parmi la population espagnole ; et seuls deux pays de l’Union européenne (UE) figurent dans le top 10, la Roumanie et la France. Ces arrivées s’expliquent par les anciennes colonies en Amérique latine, la proximité géographique de certains pays et la liberté de circulation pour les pays de l’UE. Les immigré·es qui viennent en Espagne sont « globalement plus jeunes que la population espagnole », relève le rapport.

      Sans immigration, « l’Espagne est exposée à une décroissance démographique majeure d’ici 2040, qui mettrait son modèle social et économique sous forte tension », affirment l’auteur et l’autrice, en s’appuyant sur les données de l’institut national de la statistique espagnol (INE). Une solution, donc, aux problèmes démographiques en Espagne ? « Les sans-papiers dans le pays, c’est une folie, tranche le maire de Torre del Burgo. Mais pour les autres [les étrangers en situation régulière – ndlr], oui, ça peut être une solution. »

      La province de Guadalajara, aux mains des socialistes depuis 2019, semble avoir fait ce pari, au point de proposer une aide pour le paiement de l’impôt foncier, afin d’inciter les jeunes de moins de 35 ans à acheter un bien immobilier dans la région. Ainsi, le taux de prélèvement chute à 3 % (contre 10 % à Madrid). « Sans ça, le village allait disparaître », explique Daria, une jeune trentenaire qui pensait en bénéficier lorsqu’elle a acquis, avec son mari, sa maison deux ans plus tôt.

      Mais alors qu’elle répondait aux critères, elle s’est heurtée à un refus lorsqu’elle est allée prendre des nouvelles de sa demande, un an plus tard : « On m’a dit qu’on n’aurait rien, sans explication », dit-elle depuis sa cuisine, ouverte sur le salon, où des pizzas maison sont tout juste sorties du four. Ici, elle a retrouvé le calme auquel elle aspirait, après avoir quitté en 2017 la ville de Melitopol, en Ukraine, désormais aux mains des Russes.

      D’une voix forte et dans un espagnol quasi parfait, qu’elle a appris seule, elle raconte avoir suivi son mari, venu en Espagne en 2015 pour travailler dans le BTP. « À combien s’élève le salaire minimum en Ukraine, déjà ? », interroge Daria en s’adressant à sa mère, venue lui rendre visite. Réponse : « 120 euros ». Daria lève les sourcils : « En Espagne, on peut gagner 1 000 euros par mois. » Le choix était vite fait.

      Son mari a des déplacements un peu partout, « alors [ils] n’avai[ent] pas vraiment besoin d’être basés à Madrid ». Le couple a choisi de s’installer ici, où ils pouvaient acheter une maison moins chère. Leur fille aînée, âgée de 7 ans, se plaît bien mieux au village que dans la capitale, où la famille a vécu un temps.
      Des opportunités

      « C’est un village d’immigrés, lance Daria, tout en précisant qu’il compte quinze enfants, contre deux seulement dans le village voisin. Tout le monde se connaît, il y a de l’entraide, de la sécurité. » L’école, située à l’entrée du village au bord de la route, tombe en ruine depuis bien longtemps. Alors Daria a passé le permis, afin de pouvoir déposer et récupérer ses filles chaque jour à Tortola de Henares, à onze kilomètres de là.

      Elle regrette l’absence d’une école et d’un vrai parc de jeu et voudrait voir plus d’investissements pour la rénovation de vieilles bâtisses. Mais lorsqu’on lui a récemment demandé quelle était sa « ville préférée » en Espagne, elle a répondu sans hésiter « Torre del Burgo ».

      Au milieu du village, vendredi après-midi, Sabina* s’avance vers les poubelles collectives pour y déposer un sac. À 38 ans, elle a donné naissance à deux enfants ici, après avoir rejoint son mari, venu pour travailler en Espagne dix ans plus tôt. « C’est sûr que le village serait beaucoup plus désert sans nous », dit-elle.

      Vêtue de noir, les cheveux tirés en arrière et le teint halé, elle raconte avoir préféré éviter une grande ville comme Madrid, « où tout est plus compliqué pour les étrangers ». « Ici, on a trouvé un logement facilement car il y avait peu d’habitants, et on travaille dans la cueillette des asperges, la logistique ou le ménage. »

      En quelques années, le village aurait doublé sa population grâce à l’arrivée des immigré·es, atteignant aujourd’hui 493 habitant·es selon l’INE. Il serait celui qui compte le taux le plus élevé d’étrangers et étrangères en Espagne.

      Non loin de là, le village de Heras de Ayuso s’est lui aussi repeuplé grâce aux immigré·es. Lui aussi a été confronté à l’exode rural et à la fermeture d’entreprises et de services publics, comme l’explique un article d’El Confidencial, réalisé avec la fondation PorCausa, qui tente de changer les regards sur les migrations. Surnommée la « Laponie espagnole », cette région souffre du taux de dépeuplement le plus élevé d’Europe.

      Daria, qui espère demander bientôt sa naturalisation, compte bien rester à Torre del Burgo. Sa mère, qui a fui l’Ukraine en 2022 après le début de la guerre d’invasion russe, apprend petit à petit l’espagnol et travaille comme cuisinière. Elle se dit heureuse d’avoir retrouvé sa fille, mais aussi sa sœur (la tante de Daria), installée en Espagne depuis plusieurs années. Et si la guerre s’arrêtait ? « Je crois que nous resterons, répond Daria. Mes filles ont grandi ici, elles parlent espagnol, elles ont la culture espagnole. On a tous envie de rester. »

      https://www.mediapart.fr/journal/international/241025/torre-del-burgo-en-espagne-un-village-qui-revit-grace-aux-immigres

  • Comment le tableau « Le Désespéré », de Gustave Courbet, s’est discrètement retrouvé propriété du Qatar
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2025/10/21/comment-le-desespere-de-gustave-courbet-s-est-retrouve-propriete-du-qatar_66


    Autoportrait, dit « Le Désespéré » (entre 1843 et 1845), de Gustave Courbet. COLLECTION PARTICULIÈRE

    Faute de moyens, et pour éviter de perdre la face, les musées français jonglent désormais avec des montages juridiques pour le moins acrobatiques. A l’image de cette garde alternée du Désespéré, de Gustave Courbet, entre le Musée d’Orsay et le Qatar, révélée à la surprise générale le 13 octobre, en pleine cérémonie d’hommage à Sylvain Amic, ancien président du musée, mort brutalement en août.

    [...]

    En 2014, Monique Cugnier-Cusenier, âgée de 86 ans et sans descendance, se résout à céder le tableau. « Elle a toujours cru qu’elle vendait à une Américaine, c’était inscrit dans l’acte notarié, et il était prévu que le tableau reste en France », assure Christine Martin-Veillet, qui s’étonne que la sortie du territoire de l’œuvre soit annoncée quelques mois après la mort de la vieille dame, en mars 2025.

    Le Qatar, à l’époque, rafle à prix d’or le nec plus ultra de l’art moderne et contemporain. Malgré le secret des transactions, quelques achats spectaculaires filtrent habilement dans la presse entre 2010 et 2017, un Paul Gauguin de la période tahitienne à 300 millions de dollars, une version des Joueurs de cartes, de Paul Cézanne, à 250 millions de dollars, un Mark Rothko à 70 millions de dollars… Suffisamment pour étaler la puissance du Qatar et soigner sa légende dans le monde de l’art.

    En France aussi, l’Emirat fait une razzia dans les grandes collections françaises, notamment chez les Durand-Ruel et les Rothschild, en emportant, selon les informations du Monde, des toiles majeures d’Odilon Redon, de Claude Monet, de Pablo Picasso ou d’Yves Klein. Une partie de la collection de Claude Berri a également été discrètement déroutée en 2010 vers le Qatar, au grand dam du Centre Pompidou qui devait en être récipiendaire par le biais d’une dation voulue par le cinéaste.

    A notre connaissance, l’Emirat possède aussi des pièces d’Edouard Manet et d’Edgar Degas, prêtées au Musée d’Orsay pour l’exposition des deux peintres en 2023, et au moins deux œuvres de Gustave Caillebotte, une version des célèbres Raboteurs de parquet, ainsi que Canotiers ramant sur l’Yerres, prêtés à l’exposition « Caillebotte. Peindre les hommes ».

    https://justpaste.it/6bpzd

    Si la France avait eu la sagesse de vendre les joyaux de la couronne au Qatar, il resterait aisé d’aller les contempler pour le prix d’un séjour.

    #Qatar #musées #Art_Mill_Museum #marché_de_l'art (dans le haut du panier)

    • Prêt du « Désespéré » de Courbet à la France : « C’est le destin immémorial des œuvres d’art d’être captées par la puissance et par l’argent »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/11/02/pret-du-desespere-de-courbet-a-la-france-c-est-le-destin-immemorial-des-uvre

      Plus sérieusement, la défense européenne de la localisation du patrimoine, dont la loi française du 31 décembre 1992, qui a été contournée dans le cas du Désespéré, doit composer avec un autre idéal régulateur, celui d’universalité du patrimoine.

      En matière de musées, celui-ci se traduit dans la déclaration de 2002 sur les « musées universels » qui se conclut ainsi : « Restreindre le champ des musées possédant des collections diverses et multiformes desservirait l’ensemble des visiteurs. » Signée par une vingtaine d’institutions muséales, toutes occidentales, elle ne peut échapper au soupçon d’être l’assez piteuse défense d’un statu quo historique qu’au prix de sa propre universalisation. Des musées universels, oui, mais partout.

      https://justpaste.it/9vwwp

      #argent

  • Plus d’un million d’annonces : comment Airbnb a fait de la France son terrain de jeu favori
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/19/plus-d-un-million-d-annonces-comment-airbnb-a-fait-de-la-france-son-terrain-


    [quatorze boites à clés sur pierre de taille]

    « L’ogre Airbnb (1/6). » En quinze ans, le site s’est imposé en France, « pays des vacances » et destination touristique phare, grâce à un lobbying efficace et une #fiscalité douce. Au point d’aggraver la crise du #logement. La firme étend désormais son offre pour poursuivre son essor.

    Devant l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris, un drôle de ballet se déroule cinq ou six fois par jour : des 2 CV colorées se garent en double file, récupèrent des touristes, puis partent vers les rues étroites du Quartier latin. Deux heures de promenade, 95 euros par personne : un petit business qui doit son existence à #Airbnb. C’est sur cette plateforme que les clients de Frédéric Baena – des Américains, pour l’essentiel – achètent cette « expérience ». « Sans Airbnb, je ne me serais jamais lancé », admet cet ancien financier, qui possède sept 2 CV et emploie plusieurs guides chauffeurs. Des activités comme celles-ci, on en trouve plus d’un millier en France sur la plateforme. Tournée des cavistes à Lyon, promenade « chantée » dans Montmartre avec une soprano, cours de pétanque à Marseille, découverte de Deauville (Calvados) en side-car… Airbnb permet aussi de réserver des prestations à domicile, que l’on soit voyageur ou non : une manucure, un coiffeur, un chef cuisinier, un coach sportif.

    Après avoir dynamité le marché de l’#hébergement_touristique, la multinationale américaine s’imposera-t-elle dans celui des activités, et plus globalement, des #services_à_la_personne ? C’est l’ambition de la direction, qui a annoncé en mai un investissement de 200 millions d’euros pour mettre sur orbite ces nouvelles dimensions. L’enjeu : capter davantage de dépenses des voyageurs. Le principe est simple : attirer des #microentrepreneurs, et prélever une #commission (entre 15 % et 20 %) sur chaque prestation vendue.

    Contrairement à ses concurrents déjà présents sur ce marché des activités (Viator, GetYourGuide), l’atout d’Airbnb est de pouvoir proposer des « packages » qui associent le logement à ces prestations, et de capitaliser sur l’immense base de données qu’elle s’est constituée sur ses clients. « On veut devenir l’Amazon des services », résumait Brian Chesky, le PDG de l’entreprise californienne, au magazine américain The Verge, en juin.

    D’ici à trois ans, Airbnb estime pouvoir tirer un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars (850 millions d’euros) de ces nouvelles activités. Une petite fraction des 11 milliards de dollars qu’elle a réalisés en 2024 sur son cœur de métier, la location courte durée. Mais où les nuages s’amoncellent, alors que les budgets vacances se resserrent dans ses principaux marchés, et que, de New York à Barcelone, en passant par Paris, Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) ou Annecy, les réglementations locales se durcissent. Si le groupe est aujourd’hui au faîte de sa puissance, de multiples signaux indiquent que pour les #meublés_touristiques, la fin de l’âge d’or approche. En septembre, Brian Chesky déclarait, lors d’une conférence organisée par le magazine Skift, qu’il n’était « pas content » du taux de croissance de son entreprise, et que la diversification était absolument nécessaire.

    https://justpaste.it/3kxbm

    #tourisme #monopole #diversification #services #capitalisme_de_plateforme #uberisation

    • L’intérêt de Home exchange, c’est, comme chez les autres dealers, la première dose. Ces 1500 points, utilisables, ça fait des nuitées moins chères qu’un lit d’auberge de jeunesse en dortoir (on en est là).

      Après, si on y prend goût, et qu’on va au-delà de la simple conso des points initiaux, ça se corse. Tu reçois des demandes de gens qui ont une ou des baraques qui valent 200 ou 350 points (ça va loin, on m’a parlé d’un cas US côte ouest, N-Y, plus Crète). Ou quelqu’un te sollicite alors qu’il propose un lieu de séjour dans ta propre ville pour 5 fois plus de points que toi. Ou bien tu cherches des lieux de séjour, et c’est écrit « frais de ménage de 50 euros ». Ça comprend aussi des Airbnb, des gens qui te racontent qu’il préfèrent que leur résidence secondaire serve (et là, y a de tout....), de la surévaluation des apparts, bref, l’esprit de lucre transpire (même si il n’y pas que ça, loin de là).

      C’est comme les SEL, ça dissout pas magiquement les rapports sociaux. Ta chambre ou ton deux pièces, tu vas le plus souvent devoir les céder longtemps pour t’offrir une semaine ailleurs (sauf dans les coins paumés, sauf dans des grandes villes à l’offre abondante).

      L’aspect absolument décisif qui justifie de passer par ce racket (ils se constituent eux-aussi un giga fichier et le prix augmente chaque année), c’est qu’il n’est nul besoin d’être propriétaire. Comme il n’y a pas de transaction marchande, a priori ton proprio ou ta CAF peut ni casser ton bail, ni te réclamer un indu d’APL. Et ça c’est à faire savoir parmi les non proprios susceptibles d’investir dans une adhésion, puis des transports, afin de changer d’air (je finis par me demander si il y en a ici, des non-proprios, m’enfin vous devez en connaitre).

      Sinon, dans nos société régies par la séparation, il y a pléthore d’entreprises de mise en relation (ah ah ah). On peut payer un autre site pour garder des animaux domestiques en échange d’un lieu de séjour, ou faire garder les siens par qui logerait chez soi. ah que « freedom to travel » malgré que ça coute cher (si on veut se payer des frites en centre ville, par exemple)
      https://www.trustedhousesitters.com

      edit ne surtout pas négliger le théâtre des évaluations, la réputation du site, des demandeurs/offreurs en dépend !

      again @touti, non 1GP représente pas 1€. Tes 1500GP t’ont coûté 170€ et valent au mieux, 25 nuits dans des chambres chez l’habitant, ou 10 nuits dans des endroits plus indépendants pas trop clinquants. Donc c’est un bon plan. Les euros, ça reviendra lorsqu’il faudra renouveler l’adhésion, si jamais.

    • « Airbnb a façonné l’idée que tout peut être rentabilisé. C’est une logique d’optimisation permanente »
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/20/airbnb-a-faconne-l-idee-que-tout-peut-etre-rentabilise-c-est-une-logique-d-o

      « L’ogre Airbnb » (2/6). A Paris, environ un tiers des annonces disponibles sur Airbnb ont été soustraites du marché de l’habitat « permanent », ce qui contribue à la crise du logement dans la capitale, explique, dans un entretien au « Monde », la chercheuse Jeanne Richon.

      Entre 2018 et 2025, le nombre de logements disponibles pour de la location courte durée a bondi de 40 % à Paris : il existe environ 60 000 annonces « actives » dans la capitale, selon les chiffres du cabinet AirDNA. Pour Jeanne Richon, doctorante à l’université Paris-Est Créteil (Val-de-Marne), qui vient d’achever une thèse sur la location meublée de courte durée dans le Grand Paris, ce système entretient un lien direct avec la #crise_du_logement sur ce territoire.

      Le phénomène Airbnb a eu des conséquences économiques et culturelles fortes en France. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

      La plateforme a permis à tout le secteur de la location de courte durée de se développer de manière rapide et importante. Des milliers de propriétaires ont découvert ses avantages : c’est un système très rentable, flexible, avec une demande forte dans de multiples territoires. Sa massification a changé notre rapport à l’#immobilier. Airbnb a incité des tas de gens à investir dans ce secteur. Aussi, de nombreux ménages se sont dit qu’ils pouvaient maintenir ou envisager d’avoir une #résidence_secondaire parce qu’ils ont la possibilité de la louer facilement. Bref, la culture « Airbnb » a rendu viable la bi-résidence pour toute une partie de la population – un phénomène accentué par le télétravail, par la facilité d’accès au crédit. La diffusion d’Airbnb a aussi façonné l’idée que tout peut être rentabilisé : on perd de l’argent à ne pas louer sa maison pendant qu’on est en vacances ailleurs. C’est une logique d’optimisation permanente.

      Avec plus de 60 000 annonces, Paris est la ville qui compte le plus de locations Airbnb. Quel a été l’impact de cet essor ?

      L’impact est surtout palpable sur l’accès au logement pour les habitants et sur les prix de l’immobilier : c’est là le vrai problème. Que des Parisiens louent leur appartement à des touristes pendant qu’ils sont en vacances, cela n’engendre pas de perte de logement pour la population. Le sujet, c’est quand on transforme des appartements qui auraient pu être des résidences principales en appartements réservés à de la location de courte durée. Et ceux-ci sont de plus en plus nombreux, même s’il est très difficile de mesurer l’ampleur du phénomène.

      J’ai estimé pour ma thèse qu’à Paris, en février 2023, environ 16 000 annonces correspondent à des appartements qui ne sont pas occupés à l’année, et réservés à de la location de courte durée – soit 28 % du total des annonces. Ce nombre monte à 21 000 annonces si on y ajoute aussi les annonces louées au mois, dont on a du mal à clarifier les usages.


      Service de #ménage dans un Airbnb parisien, en septembre 2018. THIBAULT CAMUS/AP

      Ces estimations reposent sur le croisement de divers éléments de ces annonces – leur fréquence de mise en location, la disponibilité du calendrier, la possibilité de faire une #réservation_instantanée, le fait d’être mises en ligne par un #multiloueur… A Paris, qui souffre d’un manque de logements, ce volume est conséquent, d’autant que ces meublés sont majoritairement des petites surfaces, recherchées par des jeunes actifs et des étudiants.

      Pourtant, à Paris, le secteur est très réglementé, et encore plus depuis la loi Le Meur de novembre 2024…

      C’est sûr. Théoriquement, il est interdit de louer au-delà de quatre-vingt-dix jours par an une résidence principale, et il est interdit de louer en courte durée une résidence secondaire, sauf à entrer dans un onéreux mécanisme dit de « compensation ». Mais Airbnb ne vérifie pas qu’un loueur est bien dans les clous. Si la Mairie de Paris dispose d’un service d’agents qui se déplacent et engagent des poursuites judiciaires, ils ne sont pas assez nombreux, et ces contrôles sont difficiles à exercer. Les plateformes transmettent un fichier où toutes les informations nécessaires au contrôle n’y figurent pas.

      Du côté des loueurs, il y a énormément de stratégies de contournement, comme des annonces qui sont dupliquées sur plusieurs plateformes pour contourner les seuils de nuits maximum, des « chambres chez l’habitant » qui sont en réalité des studios indépendants… C’est un casse-tête. Dans le cadre de ma thèse, j’ai rencontré de nombreux loueurs qui ignoraient la loi, ou savaient qu’ils l’enfreignaient, mais se disaient qu’au vu du nombre d’annonces à Paris il y avait peu de risque d’être contrôlés. La tentation est trop forte quand on voit les revenus que ces locations génèrent.

      Mais les villes, et notamment Paris, n’ont-elles pas besoin des Airbnb pour loger tous les touristes ? Et ne profitent-elles pas des milliers d’euros de taxe de séjour qui y sont associés ?

      C’est pour cela que les plateformes ont longtemps été ménagées par les pouvoirs publics, notamment l’Etat, et que certaines législations restent imparfaites. On a d’un côté une #économie_du_tourisme avec ses multiples retombées, de l’autre l’enjeu de logement. On a aussi beaucoup de mal, en France, à toucher à la #propriété_privée. Airbnb axe sa communication autour des propriétaires qui louent pendant leurs vacances pour compléter leurs revenus : bien sûr, ces profils existent. Mais c’est cacher le vrai problème : celui de la conversion massive de logements pour de la location de courte durée. In fine, c’est un choix politique que de décider de protéger le logement plus que les retombées économiques liées au tourisme. Je crois qu’à l’heure actuelle la location meublée de courte durée fait plus de mal que de bien à nos centres-villes.

    • Comment Airbnb encourage le recours aux conciergeries, tout en restant maître à bord
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/10/16/comment-airbnb-encourage-le-recours-aux-conciergeries-tout-en-restant-maitre

      La plateforme lance mercredi [en octobre 2024] son réseau de #concierges labellisés, pour encourager les propriétaires à avoir recours à ce type de services et garder la main sur ce marché florissant.

      Lorsque le #marché_de_l’immobilier a commencé sa dégringolade, Sarah Essadiki, conseillère dans une agence immobilière du Val-de-Marne, s’est demandé quel pouvait être son plan B. Alors que son secteur est à la peine, un autre resplendit : celui de la location de meublés touristiques. La France est devenue le deuxième marché mondial pour Airbnb : à ce jour, on y recense 960 000 annonces, soit 60 % de plus qu’en 2019, selon les données d’AirDNA, un cabinet qui extrait les données du site.

      Tout un marché de #microconciergeries s’est développé autour de cette croissance fulgurante, proposant aux propriétaires de gérer tout ou partie de cette activité à leur place. D’agente immobilière à concierge, il n’y a qu’un pas, que Sarah Essadiki franchit à l’été 2023, en créant sa structure, en parallèle de son emploi en agence. Elle commence à Montmartre, à Paris, avec l’appartement d’une connaissance, « qui partait en vacances en Thaïlande et ne voulait pas s’en occuper », raconte-t-elle. Sarah Essadiki crée l’annonce sur Airbnb, échange avec les locataires, fait le ménage, gère les commentaires… D’autres appartements arrivent dans sa besace et, deux mois plus tard, elle intègre la plateforme des concierges labellisés par Airbnb, intitulé « le réseau de co-hôtes ».

      Cette interface, jusqu’ici en phase de test, est officiellement lancée mercredi 16 octobre par Airbnb. Concrètement, ce catalogue permet à des propriétaires de trouver à proximité de chez eux des co-hôtes (des concierges, dans la novlangue Airbnb), selon les critères voulus : ménage, remise de clés, gestion d’une annonce… Seuls les concierges les mieux notés peuvent figurer dans ce réseau. L’interface d’Airbnb encadre toute la relation entre le propriétaire et son #prestataire, jusqu’au paiement de celui-ci, via une commission comprise entre 17 % et 20 % du prix de la location (les tarifs sont fixés par les concierges). Au cours des derniers mois, deux mille personnes en France ont intégré ce club de concierges, la majorité étant des #autoentrepreneurs, exerçant en parallèle à d’autres activités.

      Loin de l’économie collaborative des débuts

      La volonté de développer cette interface en dit long sur la manière dont Airbnb envisage sa croissance dans les années à venir. « La première raison pour laquelle les gens ne veulent pas mettre leur logement sur Airbnb, c’est qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper, ou qu’ils ne savent pas faire. On veut aider les propriétaires à s’alléger de tout cela », cadre Emmanuel Marill, directeur Europe d’Airbnb. En créant cette place de marché de concierges, le premier enjeu pour Airbnb est ainsi d’attirer de nouveaux propriétaires, et d’inciter ceux qui sont présents à louer plus souvent – rappelons que la plateforme se rémunère via une commission sur chaque location.

      Aussi, Airbnb a tout intérêt à pousser ses hôtes vers des #standards_hôteliers, desquels ces concierges « bien notés » sont les garants : meilleure satisfaction des clients, moins de conflits… Un esprit loin de l’économie collaborative des débuts, mais qui témoigne de la professionnalisation et de la #montée_en_gamme croissante de ce système. La multiplication des #services de conciergerie, ces dernières années, contribue aussi à la hausse des prix sur la plateforme. Selon AirDNA, le prix moyen d’une nuit sur Airbnb en France a bondi de 40 % en cinq ans.

      En outre, cette interface est une manière pour Airbnb de garder la main sur ce florissant marché de la conciergerie, en imposant ses standards, en cadrant les échanges, et en créant une forme de loyauté chez les concierges sélectionnés – même si ceux-ci n’ont pas de contrat d’exclusivité. « C’est une manière de contrôler le système », reconnaît Théophile Guettier, qui a intégré ce réseau de co-hôtes.

      Pied de nez aux conciergeries les plus installées

      En creux, en devenant une sorte de « super conciergerie », il s’agit aussi de promouvoir un modèle : celui du concierge individuel slasheur, qui n’exerce pas ce métier à temps complet mais gère quelques appartements pour arrondir ses fins de mois. C’est le cas d’Amel Ait Slimane, dont le métier principal est l’assistance à maîtrise d’ouvrage et la décoration d’intérieur. Elle s’était lancée dans la conciergerie en 2019, et a intégré le réseau de concierges d’Airbnb à l’été 2024. « Etre sur cette plateforme m’a apporté plus de business », assure-t-elle.

      En moyenne, un co-hôte gère sept logements – un peu moins pour Mme Essadiki. Elle estime qu’en 2024, elle aura touché « environ 10 000 euros » pour cette activité. « Etre co-hôte, c’est une autre manière de gagner de l’argent avec Airbnb, dans le sillage de la gig economy [économie des petits boulots] », commente M. Marill. Ce terme désigne ces jobs issus de l’économie des plateformes, qui se caractérisent aussi par la faiblesse de leurs filets de sécurité.

      La propulsion de ce réseau de co-hôtes constitue en tout cas un pied de nez aux conciergeries les plus installées, avec des salariés qui ont les moyens d’acheter des mots-clés sur Google pour recruter leurs clients… Mais qui peuvent plus facilement court-circuiter Airbnb, ou du moins, lui être moins loyaux. En 2018, Airbnb avait d’ailleurs racheté une start-up florissante dans ce domaine, la conciergerie Luckey, qui avait levé des fonds et comptait quarante-cinq salariés.

      « Alors que Booking monte en puissance sur les locations saisonnières, Airbnb cherche à préserver sa position dominante sur le marché, analyse Corentin Minet, directeur du réseau Conciergeries locatives de France. Et, pour cela, ils verrouillent tout autour d’eux. »

    • Le modèle de tourisme d’Airbnb a métamorphosé certaines villes en France, comme La Rochelle et Nice
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/21/de-la-rochelle-a-nice-comment-le-systeme-airbnb-a-change-les-villes_6648333_

      A trois heures de TGV de Paris, La Rochelle fait partie des #villes_touristiques qui ont vu leur marché immobilier transformé ces dernières années. « Juste après la pandémie de Covid-19, on a vu arriver énormément d’acquéreurs : il y a eu une ruée sur les petites surfaces du centre-ville. Ce sont des personnes qui voulaient investir dans la pierre. Elles louent sur Airbnb la plus grande partie du temps, et y séjournent quelques week-ends par an », explique Mickael Gauduchon, directeur d’une agence immobilière sur le port. Des télétravailleurs occasionnels, des retraités, ou de purs investisseurs, qui ont profité de prix d’achat au mètre carré raisonnables dans de vieux bâtiments.

      « Vraie pénurie de biens »

      Dans le même temps, des propriétaires qui avaient l’habitude de louer avec un bail classique ont basculé dans ce système de la location de courte durée, bien plus rentable, avec moins de risques d’impayés, plus de souplesse. Aujourd’hui, la municipalité estime à « 6 000 » le nombre de meublés touristiques, dont 85 % de résidences secondaires. Les étudiants, les travailleurs saisonniers, les familles éprouvent de grandes difficultés pour se loger à La Rochelle, que ce soit en location où à l’achat – car les prix n’ont cessé d’augmenter. « Les meublés touristiques ont eu un fort impact sur le marché. Depuis cinq ans, il y a une vraie pénurie de biens disponibles, en particulier pour les petites surfaces », confirme-t-on à l’agence Benoit Immobilier, sur le port de La Rochelle.


      La rue Léonce-Vieljeux, où la concentration en meublés touristiques est la plus importante du centre de La Rochelle, le 3 octobre 2025. YOHAN BONNET/HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

      Surtout, la demande touristique est là : la ville a enregistré, en 2024, près de 3 millions de nuitées de voyageurs. Séduit par une offre de meublés touristiques bon marché [sic] et commode pour les groupes et les familles, un nouveau flux de visiteurs est arrivé à La Rochelle, et s’est ajouté à la clientèle des autres hébergements touristiques. Sans Airbnb, Annemette O’Shaughnessy aurait-elle eu le réflexe et les moyens de partir en week-end dans le port charentais ? Cette Irlandaise est venue avec son mari et sa fille pour assister à un match de rugby et découvrir la ville. Elle loge dans un appartement près du port, loué sur la plateforme. « C’est beaucoup mieux qu’un hôtel, car on peut avoir notre espace, un salon, se faire à manger », explique-t-elle.

      Cet accroissement du nombre de touristes conduit à des pics de fréquentation que dénoncent de plus en plus les habitants. Mais aussi à une transformation des commerces. Marie-Christine Etienne, assistante sociale à la retraite, dresse la liste des boutiques ayant fermé récemment dans le centre-ville : « Le magasin d’optique, la boutique pour animaux, la cordonnerie, une épicerie, une quincaillerie… A la place, on a de la restauration rapide, des coffee-shops, une boutique de cookies. »

      Selon elle, la ville s’est montrée trop gourmande, multipliant les grands événements, concerts ou congrès, conduisant à un afflux de visiteurs qui saturent la ville. « Avant, on avait du monde à certaines périodes précises. Depuis la fin du Covid, c’est toute l’année. Il y a toute une nouvelle population de voyageurs qui font la fête, remplissent les bars : les nuisances sonores n’ont jamais été aussi importantes. Alors, quand je vois qu’à la gare Montparnasse [à Paris], il y a des publicités pour faire venir les gens à La Rochelle, ça me désole. »

      « Zéro vie sociale »

      Peu à peu, les liens sociaux se transforment. « Je suis le seul habitant de mon immeuble », évoque Guillaume Thébault, 34 ans, architecte à La Rochelle, qui vit dans une rue commerçante proche du port. Tous les autres appartements – cinq au total – ont peu à peu été transformés en locations de courte durée. Ses voisins sont différents chaque semaine. Il rencontre plus souvent des livreurs Uber Eats dans sa cage d’escalier. « J’ai zéro vie sociale dans mon immeuble. Je suis le témoin d’une ville qui se transforme sous l’effet de l’ubérisation de la société », affirme-t-il.


      De nombreuses boîtes à clés, sur la porte d’une conciergerie rue Réaumur, dans le centre de La Rochelle, le 3 octobre 2025. YOHAN BONNET/HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

      https://justpaste.it/d9oga

      #ville

    • Comment les stations de ski ont basculé dans l’économie du Airbnb
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/22/comment-les-stations-de-ski-ont-bascule-dans-l-economie-du-airbnb_6648811_32

      Dans ces villages, dominés par les résidences secondaires, l’irruption des plateformes a rendu beaucoup plus facile la location entre particuliers. Avec une conséquence directe sur la hausse des prix de l’immobilier.

      Benjamin Berger se souvient d’une époque pas si lointaine – les années 2000 – où de nombreux propriétaires d’appartements ou de chalets à la montagne étaient rétifs à louer leur bien à des vacanciers : ils voyaient surtout les désagréments associés. « Culturellement, l’idée d’avoir des inconnus qui dorment chez soi était mal acceptée, raconte ce spécialiste de l’immobilier en montagne, fondateur de l’agence Cimalpes, qui gère 1 200 biens en location saisonnière. On allait jusqu’à remplacer les matelas pour que certains acceptent de louer ! »

      Les temps ont bien changé. Lui a vu un moment décisif : 2008, la crise des subprimes. Les propriétaires, dont bon nombre étaient liés à l’économie financière, ont compris qu’ils ne pouvaient pas laisser des biens immobiliers sans rendements. Surtout, Airbnb, Abritel et Booking sont arrivés, rendant flexible, facile et attractive la possibilité de louer, avec d’importants revenus à la clé – tandis que les conciergeries poussaient comme des champignons. _« La culture de la résidence secondaire à la montagne a changé. Le côté investissement a pris le pas sur le côté familial et affectif , résume Louis Andrews, directeur de la plateforme de location de chalets OVO.

      La greffe a pris rapidement. En 2019, il y avait 38 000 annonces Airbnb en Savoie et Haute-Savoie. En début d’année 2025, 72 000 étaient recensées. Des stations comme Morzine, La Plagne ou Les Arcs comptent plus de 2 000 appartements ou chalets loués via Airbnb, d’après les données d’Inside Airbnb : l’offre a plus que doublé en seulement cinq ans.

      https://justpaste.it/akgy7

      Une #financiarisation_du_logement qui pèse sur la construction elle-même, et plus encore sur celle de logements sociaux.
      #investissement #rentabilité

    • « Airbnb, c’est de l’argent facile et c’est très addictif » : des milliers de personnes s’improvisent hôteliers en France
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/23/airbnb-c-est-de-l-argent-facile-et-c-est-tres-addictif-comment-des-milliers-

      Sur Internet, des sites se sont d’ailleurs spécialisés dans l’ameublement clés en main. Ils proposent des décors au design standardisé, des « packs » « Art déco », « ethnique » ou « industriel » pour habiller n’importe quelle surface, du canapé aux affiches, du plaid aux tasses à café. Qu’il séjourne à Oslo, à Paris, à Marseille ou à Budapest, le touriste, en ouvrant la porte de sa location, ne sera pas dépaysé.

      [...]

      La start-up Zorrooo, spécialisée dans les litiges du quotidien, dit avoir échangé avec plus de 300 hôtes dont l’annonce a été reléguée dans les plus lointaines pages d’Airbnb. « Nous pensons que la plateforme a changé son algorithme fin 2023, qu’elle se professionnalise et privilégie désormais les annonces avec conciergerie, co-hôte, services et expériences », affirme sa cofondatrice, Capucine Berr.

      Tout comprendre à la logique d’Airbnb et à son algorithme est devenu un métier. Elise Ripoche en a fait son activité en créant une start-up au nom très explicite, J’affiche complet. Cette agence optimise les tarifs, « pour maximiser le chiffre d’affaires », avec, quand la demande est très forte, le prix le plus haut possible et les séjours les plus longs. « La location saisonnière est globalement perçue comme “M. Dupont met sa maison sur Airbnb pour boucler ses fins de mois”. En réalité, il s’agit d’une industrie », déclare la jeune femme.

      https://justpaste.it/1pahb

      Airbnb a une réelle part de responsabilité dans la #crise_du_logement [éditorial]

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/23/airbnb-a-une-reelle-part-de-responsabilite-dans-la-crise-du-logement_6648991

      Loin du modèle « sympa » des fondateurs d’Airbnb qui, en 2008, proposaient la location d’un matelas gonflable (airbed) dans leur appartement agrémenté d’un petit déjeuner, le site à l’ergonomie efficace et pratique a non seulement dynamité le marché de la location touristique, mais a aussi encouragé la transformation de résidences principales en logements réservés à la location de courte durée.

      La progression fulgurante d’Airbnb – plus de 1 million d’annonces en août en France, soit 60 % de plus qu’en 2018 – reflète une mutation spectaculaire du rapport des propriétaires à leur bien, plus seulement un lieu d’habitation ou une rente de long terme, mais une source potentiellement très rentable d’argent facile et de mobilité. Encouragée par l’essor du #télétravail, la formule a aussi incité à l’achat de résidences secondaires « amortissables » par le biais de la location de courte durée.

      Le secteur a pris une telle ampleur qu’il fait l’objet d’une financiarisation généralisée, où les rencontres humaines encensées au début ont laissé la place aux boîtes à clés et aux conciergeries, à une #standardisation des décorations et à l’aigreur de rapports logeurs-logés basés sur les exigences matérielles illimitées de ces derniers et sur l’impitoyable sanction par les « notations ».

    • Graz (Autriche) : Un immeuble d’appartements Airbnb temporairement occupé
      https://attaque.noblogs.org/post/2025/10/21/graz-autriche-un-immeuble-dappartements-airbnb-temporairement-occup

      Dans le quartier Gries, à Graz, un immeuble presque entièrement vide, avec des appartements Airbnb, a reçu une visite anti-touristique…

      À Graz, il y a environ mille appartements Airbnb (des appartements de vacances chers à en crever, qui restent vides la plupart du temps et sont réservés aux touristes aisés). Mille appartements dans lesquels des gens pourraient vivre. Tant de place et pourtant tant d’expulsions locatives.

      Même Elke [Elke Kahr, maire de la ville ; NdAtt.] ne peut pas y faire grand-chose. La liquidation de la ville au nom du profit et le vide dystopique sont tout à fait dans l’intérêt des grandes sociétés immobilières ou des riches propriétaires privés. Nous ne restons plus à regarder, mais nous reprenons les espaces ! Occupez les maisons de votre ville ! Nos salutations vont à toutes les villes liquidées en soldes, comme Barcelone et Athènes. Contre Airbnb et son monde. FUCK GENTRIFICATION

  • Quand l’#Argentine découvre, en 2025, l’#e-commerce mondial : « Des articles beaucoup moins chers, plus variés, parfois de meilleure qualité »

    Les commandes en ligne sur #Shein, #Temu ou #Amazon ont explosé en quelques mois, depuis l’assouplissement de la réglementation et la baisse des #taxes par le gouvernement #Milei. Le secteur de l’#habillement, notamment, s’en trouve menacé.

    La veste en simili cuir, marron foncé, affiche l’éclat du neuf. « C’est Shein ! 33 dollars[28 euros] , ce n’est vraiment pas cher », s’enthousiasme Andrea Garcia, responsable en ressources humaines de 33 ans, à l’occasion d’une fête d’anniversaire à Buenos Aires. Son amie Sol Torres acquiesce. Vêtue d’un blouson noir aux liserés blancs commandé lui aussi sur le site de vente en ligne chinois, cette enseignante d’anglais de 32 ans fait défiler sur son smartphone les photos de ses dernières emplettes sur la plateforme asiatique : « Une robe noire, un pull blanc, une minijupe, un parapluie, un sac de rangement, un plateau, des gommes fantaisie, des gommettes. Le tout pour 170 000 pesos[106 euros au moment de l’achat] , c’est génial ! Ici, tu t’achètes quoi avec ça, deux articles ? Ça me met en colère » , souffle-t-elle en référence aux prix historiquement élevés en Argentine de la plupart des biens de consommation comme l’habillement, l’électroménager, l’informatique, l’ameublement, la décoration…

    Comme des milliers d’Argentins appartenant aux classes supérieures et à une partie des classes moyennes, les deux femmes découvrent le #commerce_en_ligne international avec un appétit vorace. « Les Argentins ont accès à des articles beaucoup moins chers, plus variés, parfois de meilleure qualité, sans attendre que les marques locales développent les tendances internationales », explique Alejandra Boland, consultante en #commerce_international. Pour elle, cette nouvelle façon d’acheter est perçue en Argentine comme « une sorte de fascination et de liberté ».

    En l’espace de quelques mois, les commandes en ligne, notamment auprès d’Amazon et des plateformes chinoises Shein et Temu, ont explosé. Selon les services statistiques argentins, les importations recensées dans la catégorie « autres » – qui inclut les achats sur des sites internationaux – « ont atteint[au mois de juillet 2025] le record historique de 98 millions de dollars, essentiellement en raison de l’augmentation des colis distribués par services postaux ». Cette somme représente une croissance de près de 300 % par rapport à juillet 2024.

    Milei veut faire baisser les prix

    Un bond confirmé par les acteurs de la #livraison. #Andreani, une société privée de #logistique, a ainsi vu le nombre de #livraisons en provenance de l’étranger passer de 6 000 au mois d’avril à 500 000 au mois d’août. Il a dû ouvrir un entrepôt supplémentaire de plus de 3 000 mètres carrés à Buenos Aires. L’entreprise publique de services postaux #Correo_Argentino fait état d’une « hausse significative » des commandes internationales sans fournir de chiffres.

    Dans un pays marqué par la baisse du #pouvoir_d'achat depuis la mise en place des #coupes_budgétaires du gouvernement de l’ultralibéral Javier Milei, au pouvoir depuis fin 2023, cet emballement s’explique par l’assouplissement, en novembre 2024, des règles régissant le commerce en ligne international.

    Désormais, tous les achats inférieurs à 400 dollars ne sont plus taxés, hormis par la TVA. « Pour un blouson qui coûte 100 dollars,[il fallait] payer 67 dollars de taxes. Avec la[nouvelle] mesure, la #taxe sera de 21 dollars[la TVA] », explique le gouvernement dans un communiqué. Le plafond maximal autorisé par commande a été relevé à 3 000 dollars, contre 1 000 auparavant, à raison de cinq par an au maximum. Les achats de plus de 400 dollars voient leurs #droits_de_douane diminuer dans plusieurs secteurs. Notamment dans l’habillement, où ils passent de 35 % à 20 % et s’accompagnent de la suppression de normes de contrôle et formulaires d’importation. Pour les téléphones portables, ils sont passés de 16 % à 8 % en mai et doivent être supprimés en janvier 2026.

    Après avoir été « l’un des pays les plus fermés au monde », explique Leonardo Park, économiste et chercheur au sein du centre de recherche Fundar, l’Argentine s’ouvre mais, nuance-t-il, « il s’agit d’une ouverture partielle, les #barrières_douanières continuent d’être importantes ».

    Pour l’exécutif argentin, l’objectif est de diminuer les prix et lutter contre l’#inflation. « Un relevé de produits sur des marques internationales montre qu’en Argentine un tee-shirt coûte 310 % plus cher qu’en Espagne », assurait le gouvernement dans un communiqué publié en mars. La baisse des #taxes_d'importation sur l’habillement s’inscrit dans la volonté « d’encourager la concurrence et la baisse du prix des textiles en Argentine et la baisse de l’inflation », poursuivait-il. Le recul de l’inflation est une réalité depuis l’arrivée de Milei au pouvoir. Il s’est confirmé en août (+ 1,9 % par rapport à juillet et 33,6 % sur un an contre près de 118 % en 2024), mais le gouvernement ne précise pas l’impact des importations.

    Rattraper le retard

    Auparavant, commander en ligne sur des sites étrangers n’était pas interdit. Mais, outre les barrières douanières, le système bureaucratique, aussi illisible que défaillant, décourageait les Argentins. Et seules les classes les plus aisées, qui pouvaient voyager, accédaient à des produits à moindre prix lors de leurs déplacements à l’étranger. Dans ce pays de la débrouille et de l’informel, certains proposent même un service d’#importation facilitant, contre rémunération, la livraison, dans une valise privée, d’un smartphone ou d’un ordinateur.

    « Avec les gouvernements de la caste, seuls ceux qui allaient aux Etats-Unis ou dans d’autres pays pouvaient obtenir des #vêtements ou des #produits_électroniques pas chers », avançait le ministre de la dérégulation sur X, le 15 novembre 2024, estimant que les nouvelles facilités pour importer relevaient de la « #démocratisation ». Aujourd’hui, en accédant au commerce international sur Internet, les Argentins rattrapent leur retard par rapport à d’autres pays d’Amérique latine comme le Chili, le Brésil ou le Mexique.

    « Globalement, depuis la crise de 2001, l’Argentine s’était démondialisée, alors que le monde allait dans le sens inverse, estime Guillermo Oliveto, fondateur du cabinet de conseil Consultora W, spécialisé dans la consommation. Or les Argentins aspirent à appartenir au monde, avec un lien historique fort avec l’Espagne et l’Italie. Il y a ici une tolérance au fait d’être isolé du monde mais la classe moyenne n’aime pas ça. D’autant qu’à l’ère numérique, elle est au contact de cette mondialisation 24 heures sur 24 », poursuit l’auteur de Clase media. Mito, realidad o nostalgia (« classe moyenne. Mythe, réalité ou nostalgie », Paidos, 2025, non traduit).

    Selon lui, la découverte de l’e-commerce mondial s’inscrit dans une série historique d’ouvertures : « Dans les années 1980,[une partie de] la classe moyenne allait au Brésil acheter des télévisions en couleur. Dans les années 1990, il y a eu les voyages aux Caraïbes. » Deux étapes historiques marquées par le film-culte en Argentine Plata dulce (« argent facile », de Fernando Ayala), sorti en 1982. Puis par le bling-bling du président Carlos Menem (1989-1999, droite), instigateur d’un taux de change fixe d’un peso pour un dollar, favorisant le pouvoir d’achat en dollars des Argentins tout en préparant la chute du pays vers la crise économique et sociale de 2001. Malgré cela, son premier mandat est cité en exemple par Javier Milei.

    Inquiétudes pour l’#emploi

    Si, selon Guillermo Oliveto, l’accès massif à une consommation mondiale « peut aider[à améliorer] l’humeur sociale », il ne suffit pas à convaincre la population du bien-fondé des politiques économiques du gouvernement. D’autant que « seule une partie de la population, environ un tiers, peut profiter de cette ouverture », poursuit l’expert, pour qui de nombreux Argentins attendent encore « des créations d’emplois et une amélioration du pouvoir d’achat ».

    Pour l’heure, ce sont les suppressions d’emploi qui inquiètent. Cette croissance des ventes de l’e-commerce international charrie déjà de nombreuses conséquences sur le #marché_du_travail, avertissent dans un rapport plusieurs chercheurs du centre de recherche Fundar. « L’arrivée de nouvelles importations représente un risque pour le maillage productif et l’#emploi_local », avance le rapport, estimant que plus de 430 000 postes de travail sont menacés, sans pondérer l’impact de l’e-commerce au sein des importations. L’inquiétude est forte chez les entreprises de l’habillement.

    « C’est une avalanche d’articles, produits dans des conditions fiscales, environnementales et sociales déloyales par rapport aux nôtres. Il est impossible de les concurrencer, car les importations sont vendues à des prix inférieurs aux produits locaux, pénalisés par des impôts toujours élevés », dénonce Luciano Galfione, président de la Fundacion Pro Tejer, représentant l’industrie textile.

    Ainsi, selon une enquête de Pro Tejer, les ventes du secteur du textile et de l’habillement ont baissé de 7 % au second trimestre 2025, par rapport à la même période l’année 2024 et la moitié des entreprises textile interrogées ont réduit leur production. « Avec des conséquences directes sur l’emploi », souligne Luciano Galfione. Au mois d’août, la chambre argentine du textile a annoncé qu’elle travaillait à une « #loi_anti-Shein » , sur le modèle du texte adopté au Sénat au mois de juin en France. La politique argentine est, en effet, à rebours de plusieurs pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, qui, pour protéger leurs industriels, ont supprimé, le 29 août, l’exemption de droits de douane pour les colis d’une valeur inférieure à 800 dollars.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/10/quand-l-argentine-decouvre-en-2025-l-e-commerce-mondial-des-articles-beaucou
    via @fil

  • Dix ans après avoir accueilli 1,2 million de réfugiés, l’#Allemagne dresse le #bilan

    Wir schaffen das (“Nous y arriverons”) : c’est en ces termes que l’ex-chancelière allemande #Angela_Merkel évoquait, en 2015, le défi de l’intégration de 1 200 000 réfugiés. Les #données publiées en août 2025 par l’Institut de recherche sur le #marché_du_travail et les professions (IAB) lui donnent raison (https://iab.de/publikationen/publikation/?id=10919220).

    Au lendemain de la parution de l’étude de l’institut de recherche allemand #IAB sur l’intégration des réfugiés en Allemagne, le DGB ne cachait pas son enthousiasme face à ce qui passait, en 2015, pour le pari fou d’Angela Merkel. « Ensemble, nous accomplissons souvent plus que ce que nous pensons pouvoir faire. Qui aurait cru cela possible il y a dix ans ? », réagit la Confédération allemande des syndicats. Il faut dire que les chiffres de l’IAB sont implacables : 69 % des réfugiés arrivés en Allemagne en 2015 et 2016 ont aujourd’hui un emploi (dont 5 % en tant qu’indépendants).

    Un #taux_d’emploi des #réfugiés relativement élevé

    En 2023, ils percevaient un #salaire brut moyen de 2 297 euros en 2023 (contre 2 675 euros en moyenne pour l’ensemble de la population active allemande). L’étude révèle également que le taux d’emploi des réfugiés est identique à celui de l’ensemble de la population allemande. Il est même supérieur (76 %) pour les hommes réfugiés des huit principaux pays d’origine des demandeurs d’asile – parmi lesquels la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak. En outre, 84 % d’entre eux subviennent à la totalité de leurs besoins par leur propre travail.

    Le DGB, qui salue une réussite, reste lucide. « Bien sûr, tout ne se passe pas bien. Beaucoup de réfugiés perçoivent des salaires bas, et trop peu de #femmes occupent un emploi rémunéré. » Alors qu’elles représentent un réfugié sur trois, les femmes ne sont que 35 % à travailler. L’IAB rappelle par ailleurs que si le taux de #chômage des demandeurs d’asile reste élevé (28,3 % en 2024), il était de 40,2 % en 2017.

    Besoin d’immigration pour continuer à prospérer

    À l’heure où le parti d’extrême droite #AfD – qui s’est imposé comme la première force politique dans certains Länder – agite les peurs et multiplie les contrevérités, le DGB redit sa détermination à poursuivre son action en faveur de l’accueil et de l’intégration des réfugiés dans le monde du travail et en dehors. À quelques mois des échéances électorales pour plusieurs parlements régionaux (Bade-Wurtemberg [8 mars 2026], Rhénanie-Palatinat [22 mars 2026] et Saxe-Anhalt [6 septembre 2026]), il ne fait aucun doute que les sujets de l’immigration et de l’intégration des réfugiés reviendront sur le devant de la scène. Or, selon le DGB, « l’Allemagne a besoin de l’immigration pour continuer à prospérer. Les décisions politiques ne doivent pas aller dans l’autre sens, elles ne doivent ni exclure, ni stigmatiser. Nous resterons vigilants et rappellerons ces réussites ».

    https://www.syndicalismehebdo.fr/article/dix-ans-apres-avoir-accueilli-12-million-de-refugies-lallemagne-dr
    #wir_schaffen_das #migrations #réfugiés #travail #chiffres #statistiques #emploi

    ping @karine4

  • Menaces américaines au #Venezuela : derrière la « #Guerre_contre_la_drogue »
    https://lvsl.fr/menaces-americaines-au-venezuela-derriere-la-guerre-contre-la-drogue

    La tension est à son comble entre le Venezuela et l’administration Trump. Alors qu’elle a déployé plusieurs navires de guerre au large des côtes vénézuéliennes, se disant prêt à éradiquer un « narco-État » supposément responsable de l’exportation de cocaïne sur son sol, #Nicolas_Maduro mobilise ses soutiens à Caracas et se dit prêt à « lutter contre […]

    #International #L'Amérique_latine_en_question #Donald_Trump #Marco_Rubio

  • "La mobilisation massive contre la loi Duplomb est ainsi l’indice que les territoires sont de plus en plus travaillés par ces questions. A la dépolitisation nationale des grands enjeux environnementaux répond une prise de conscience des impacts locaux de la crise écologique."
    " l’opposition à la loi Duplomb n’est pas plus le fait de « bobos-écolos » des grands centres urbains que des habitants des bourgs ou des petites villes en région. Le rejet du texte y est du même ordre de grandeur, supérieur à 60 %. Et contrairement à une idée reçue, les populations les plus modestes sont, dans cette enquête, les plus opposées à la loi controversée."

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/09/28/a-la-depolitisation-des-enjeux-environnementaux-repond-une-prise-de-conscien

    #écologie #duplomb #environnement #crise #prise_de_conscience #classes_sociales

    • « A la dépolitisation des enjeux environnementaux répond une prise de conscience des impacts locaux de la crise écologique »

      En France, les sondages se suivent et semblent tous pointer dans la même direction. Une enquête de l’IFOP, publiée fin août, ne place la « protection de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique » qu’en 16e position des préoccupations des sondés. Mi-septembre, une autre étude d’Ipsos ne faisait apparaître l’enjeu environnemental qu’à la 7e place, sur les 10 thématiques proposées. Par rapport aux enquêtes comparables conduites dans le proche passé, la chute est abrupte.

      [...]

      « il ne se passe pas une semaine en France sans qu’un captage ferme, ou que des restrictions de consommation de l’#eau_potable ne soient édictées ». Ces événements passent sous le radar de la presse nationale, mais ils sont, au cœur des territoires, parmi les manifestations les plus tangibles des dégâts infligés à l’environnement. Depuis dix ans, le nombre de personnes visées par de fortes augmentations de leur #facture_d’eau, par des alertes sur sa qualité, voire par des restrictions de consommation, a considérablement augmenté. Entre 2012 et 2023, la proportion de Français ayant reçu une eau conforme aux critères de qualité (au regard des pesticides) est passée de 95,5 % à 74,7 %. Une dégringolade de plus de 20 points.

      https://justpaste.it/9riq0

      #pesticides #eau #santé #politisation #mobilisations_locales #mobilisations_écologistes #pétition #réchauffement_climatique #marches_pour_le_climat

    • Les luttes locales ont toujours été le point fort de l’écologie. Ce fut le cas pour le nucléaire, et c’est ce même constat qui a présidé à la création des Soulèvements de la terre début 2021 à la ZAD NNDL. La nouveauté tient aux atteintes immédiates à la santé, et aux enjeux liés à l’eau.

  • « On avait tous le trac » : à Granville, des bénéficiaires du RSA défilent devant des employeurs
    https://www.ouest-france.fr/normandie/granville-50400/on-avait-tous-le-trac-a-granville-des-beneficiaires-du-rsa-defilent-dev


    Une trentaine de personnes en recherche d’emploi accompagnées de leurs coachs ont défilé devant quelque 250 personnes dont des recruteurs et des chefs d’entreprise. | OUEST-FRANCE

    Accompagnés de leurs #coachs, des bénéficiaires du #RSA ont défilé en vêtements de travail customisés face à des #recruteurs à Granville (Manche). Ce show était l’aboutissement d’une opération de quatre mois pour découvrir des #secteurs_en_tension et apprendre à se vendre.

    « L’idée de ce défilé est de montrer aux employeurs que l’on peut recruter autrement que sur CV et lettre de motivation, mais sur le savoir-être. » Samir Ghalem, le directeur départemental de #France_Travail est satisfait. Jeudi 18 septembre 2025, le défilé de mode organisé au théâtre l’Archipel à Granville (Manche) avait tous les ingrédients d’un vrai show : invités triés sur le volet, mise en scène coordonnée par Emmanuelle Polle et Victor Duclos de la Cie Le Leurre, musique d’ambiance samplée par DJ Sainte Chanèle. Mais, à la différence des défilés chics et chers, les mannequins qui défilaient sont des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA).

    #plusbellelavie

    • Normandie : Des bénéficiaires du RSA défilent devant des employeurs, des Internautes indignés parlent « d’humiliation »
      https://www.20minutes.fr/societe/4174980-20250924-normandie-beneficiaires-rsa-defilent-devant-employeurs-in

      Samir Ghalem, directeur départemental de France Travail, défend l’initiative en expliquant que « L’idée de ce défilé est de montrer aux employeurs que l’on peut recruter autrement que sur CV et lettre de motivation, mais sur le savoir-être ».

      Dans l’article publié par nos confrères, les réactions des participants, qu’il s’agisse des bénéficiaires du RSA ou des élus et employeurs potentiels, semblent plutôt positives. « Ce stage m’a permis de sortir de chez moi et d’avoir une vie sociale », explique Eddy. « L’un des objectifs était de leur faire prendre confiance en eux et de les aider à retrouver l’estime de soi au travers d’ateliers », souligne Sylvie Gâté, vice-présidente du département de la Manche, en charge de l’autonomie des personnes et de l’insertion.

      Mais sur les réseaux sociaux, le ton n’est pas du tout le même. Le terme « d’humiliation » revient de façon récurrente. (...) « Maintenant, il faut danser ou défiler, s’humilier et divertir les patrons pour peut-être obtenir un job qui ne permet pas de vivre dignement », enchérit un autre.

      Gérard (...) se remémore « un sketch de Groland sur le recrutement des caissières façon star Academy », il y a une dizaine d’années. « Ça y ressemble beaucoup, c’est terrible ». (...)

      « Ce projet est avant tout une aventure humaine [sic] qui a pour but de remobiliser les bénéficiaires du RSA grâce à la découverte de métiers dans des domaines d’activités divers au travers d’un parcours de professionnalisation de 4 mois », justifie de son côté le département de la Manche, dans un communiqué envoyé à notre rédaction. « Le défilé, sur la base du volontariat, était l’événement de clôture de cette action. » La collectivité regrette « vivement les réactions de certains sur les réseaux sociaux qui sont bien loin de la réalité du ressenti des participants ».

      Le département dresse un bilan positif de ce « parcours mené par 40 personnes a permis la signature de dix contrats, quatre entrées en formation et 15 immersions en entreprises, onze entretiens de recrutements fixés ».

      Alors les emplois qui exigent du "savoir-être" c’est effectivement des tafs de caissières, vendeurs, serveurs, aide-ménagères, aides soignantes, vigiles, partout où en étant mal payé (secteur en tension) on est en contact avec des clients.

      Sinon, avec un ami nous nous faisions la remarque qu’il y avait pas, ou si peu qu’on ne les voit pas, d’habitants de Granville originaire d’Afrique ou d’Afrique du Nord. Un élément d’ambiance semble confirmer l’épaisseur locale : une épicerie un peu fine (mais pas trop...) du bled inscrit sur ses sacs "Infusions des colonies"...
      Le « Ce stage m’a permis de sortir de chez moi et d’avoir une vie sociale » qu’on trouve toujours à publier car il fait partie du problème (privation en matière de sociabilité) aurait sans doute pu être complété par un "là, il y a des Granvillais qui me voient et doivent même me regarder" (voir le chômeur au premier plan sur la photo), mais cela ne se dit pas et ça n’aurait pas été publié dans ce journal.

      Pour finir, la comparaison avec l’esclavage oublie que les premières choses auparavant impossibles qu’ont pu faire les esclaves américains affranchis était de choisir leur conjoint.e et de vo-ya-ger.
      Le star Ac du cassos parait mieux venu lorsqu’on parle du théâtre de l’employabilité auquel on assigne les chômeurs.

      #emploi #marché_aux_Rsastes #parcours_de_professionnalisation #candidat #customisé

    • Et on vient te dire que tout cela est sur la base du volontariat.
      On peut être volontaires à se soumettre à n’importe quoi, un bon discours bien ficelé, la promesse d’une embauche, la limite du désespoir après laquelle on en a plus rien à foutre qu’on t’explique qu’il te faut teindre tes cheveux, paraitre plus jeune si tu veux avoir de l’argent pour t’offrir un logement où le plafond ne te tombe pas dessus et donc accepter d’être salariée, oui parce qu’évidemment indépendante c’est une blague, faut arrêter de surfer madame. Car cela doit être ton but : sorti de la condition de merde dans laquelle tu es et surtout en avoir honte car tu n’as pas fait tout ce qu’il fallait « pour en sortir ». Et tu es assise devant une assistante sociale qui a 20 ans de moins que toi et qui t’explique la vie.
      Donc, le contraire du volontariat c’est quoi, la rue direct et la 8/6 pour ne pas avoir trop froid ?

      Jouer à forcer son sourire de soumission et être dans le spectacle capitaliste jusqu’à dissoudre toute réflexion politique critique. Et cette volonté d’abaisser l’être humain, c’est vraiment détestable avec ces cinglés moulés dans le rôle réel des employeurs.

    • Les règles ont changé, c’est pas le même jeu : pas de marathon, mais pleins de runs (au guichet de France Travail aussi). On te promet pas du cash mais un emploi, et on te garde un peu en état pour postuler encore et encore.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/On_achève_bien_les_chevaux

      On achève bien les chevaux (They Shoot Horses, Don’t They ?) est un film américain réalisé par Sydney Pollack, sorti en 1969. Le film est inspiré du roman du même nom de Horace McCoy publié en 1935.

      Au début des années 1930, en Californie. Au cœur de la Grande Dépression, on se presse pour participer à l’un des nombreux marathons de danse organisés à travers le pays pour gagner les primes importantes qui y sont mises en jeu.

    • [Authenticité et soumission] « Fuyez si cela vous arrive » : attention au « test du sac à main » en entretien d’embauche
      https://www.leparisien.fr/sentinelles/fuyez-si-cela-vous-arrive-attention-au-test-du-sac-a-main-en-entretien-de

      Des témoignages de candidates pour un emploi décrivent une pratique illégale et discriminante de #recrutement, visant à laisser regarder le contenu de leur sac pour juger de leur capacité d’organisation.

      C’est totalement illégal : le test du sac à main, qui consiste à regarder l’intérieur de l’objet pour vérifier les capacités d’organisation d’une candidate, est une pratique sexiste et interdite.

      « Que dit votre sac à main de votre personnalité ? » La question ressemble à ces tests qui occupent les pages de magazines féminins, certainement pas à une interrogation venant d’un recruteur. C’est pourtant ce qui a été demandé à Marie (le prénom a été changé), lors d’un #entretien_d’embauche à un poste d’animatrice de vente, pour lequel elle a été invitée à présenter le contenu de son sac.

      Une demande censée évaluer sa capacité d’organisation. « Il s’agissait plutôt d’évaluer ma soumission à l’entreprise. Le vrai test qu’on me faisait passer était de savoir si j’obéissais aveuglément », reprend Marie. Une pratique interdite et sexiste — car qui porte des sacs à main ? — dans un contexte de recrutement, dont la confidentialité a été levée à la faveur d’un témoignage.

      Sur le blog américain Ask a Manager, traitant des problèmes dans le monde du travail, une internaute s’étonne qu’un recruteur ait demandé à une candidate, en fin d’entretien, s’il pouvait fouiller dans ses effets personnels. « Rien de ce que j’ai entendu depuis ne m’a paru plus étrange comme question », confie la personne à l’origine du témoignage, qui relate l’expérience de son amie sollicitant alors un poste administratif. Déstabilisée, la jeune candidate finit par accepter, pensant que le poste lui tendait les bras. Le patron, après avoir inspecté le sac, le lui rend sans un mot. Résultat : elle n’est pas retenue, malgré un entretien réussi.

      « J’ai cru à une blague »

      Difficile d’estimer la fréquence de cette pratique. Dans une majorité écrasante des cas, ce sont les #managers, en France, qui sélectionnent le candidat. Ils sont ainsi 85 % à participer à la phase du choix final, selon une étude Apec de 2022, et ils sont nombreux à être les ultimes décisionnaires. « J’étais seule face au #chef des ventes pour l’entretien, confirme d’ailleurs Marie. Au départ, c’était très classique. Nous avons parlé de ma capacité à travailler en équipe, de mon sens de la communication, de ma connaissance des produits, puis nous avons abordé mes qualités organisationnelles », décrit la trentenaire.

      Ce point ne lui fait pas peur : planifier les tâches, respecter les délais impartis, maintenir son environnement de travail rangé, Marie connaît. Elle est toutefois fébrile. Une période de #chômage de huit mois fragilise son assurance et accroît l’importance du rendez-vous. « Tout se passait bien et puis il m’a demandé s’il pouvait jeter un coup d’œil dans mon sac pour voir si tout y était aussi bien rangé que dans ma tête. J’ai cru à une blague mais il a ajouté que c’était aussi une preuve de transparence si j’acceptais, lance-t-elle encore ébahie. J’avais besoin de ce boulot, j’ai accepté et j’ai été prise mais je ne décolère pas depuis. Je savais que cette requête n’était pas normale », reconnaît cette habitante de l’Oise, par ailleurs mère solo.

      Elle pense encore avec embarras aux protections périodiques apparentes dans la poche intérieure de son sac. « Il a observé attentivement mes affaires, sans fouiller. Heureusement, ma boîte d’antidépresseurs était dans le fond. Il aurait pu, en plus, obtenir des informations médicales. C’est une violation totale de mon intimité. Tout ça pour un salaire de 1 800 € par mois », s’étrangle celle qui est désormais en poste.

      Le message de Patrice Adam, président de l’Association française de droit du travail et de la sécurité sociale (AFDT) et professeur à la faculté de droit de Nancy (Meurthe-et-Moselle). « Les textes sont très clairs : c’est totalement illégal, tranche l’expert. Lors d’un processus de recrutement, les pratiques employées doivent être pertinentes au regard de l’emploi visé. Or, ce n’est pas le cas.

      Aucune étude sérieuse n’associe la façon de ranger son sac à sa méthode de travail [ouf ! on a eu chaud]. « Par ailleurs, ce test est une véritable atteinte à la vie privée et constitue une discrimination sexuelle puisqu’il est rare qu’un homme se présente avec un sac, raille le président de l’AFDT. La candidate serait en droit de saisir un juge pour réclamer des dommages et intérêts mais nous savons qu’elle ne le fera pas. Elle n’est pas en position de force », concède l’expert.

      Que faire alors ? « Individuellement, c’est compliqué « la fouille d’un sac est strictement encadrée et ne se justifie que par des raisons impératives de sécurité ».

      Le théâtre de l’employabilité ne convainc personne et surtout pas ceux qui l’imposent. On cherche, en amont de périodes d’essai qui parfois se résument à un sketch prolongé de la part d’employé.es madré.es avant tout désireu.ses de préserver leur salaire, à vérifier l’authenticité des candidats.

      une version sans paywall #toctoc ?
      https://www.tf1info.fr/vie-pro/attention-ce-test-demande-lors-d-un-entretien-d-embauche-est-absolument-ille

      #savoir_être

    • Défilé de mode d’allocataires du RSA dans la Manche : quand la communication déraille
      https://www.lepoulpe.info/defile-de-mode-d-allocataires-du-rsa-dans-la-manche-quand-la-communicatio

      À Granville, le programme d’insertion « Le Bleu Enchanté », qui comprend notamment un défilé de mode d’allocataires du RSA face à des recruteurs, a été dénoncé par les médias et les réseaux sociaux. Ses organisateurs le défendent mordicus quand d’autres voix fustigent un système de retour à l’emploi qui pousse trop loin certains concepts, quitte à en oublier l’essentiel.

      Perrine Courbaron (à l’extrême droite sur la photo) directrice de l’insertion et de l’emploi au conseil départemental de la Manche.
      https://www.lamanchelibre.fr/actualite-983832-manche-aider-les-beneficiaires-du-rsa-a-s-en-sortir


      Mars 2022

      La Manche serre la vis autour des bénéficiaires du RSA pour les accompagner plus vite vers le retour à l’emploi.

      Une seule remarque sur ce cliché, la pendule, la france qui se lève tôt 6h45. Désolé ces gueules de déterrées me donne rdv des potron-minet, je reste couché. Y font peur.

      Granville. Le défilé de mode des bénéficiaires du RSA fait polémique
      https://www.lamanchelibre.fr/actualite-1191889-granville-le-defile-de-mode-des-beneficiaires-du-rsa

      « Des apparences de marché aux esclaves moderne », une « foire aux bestiaux », une initiative « scandaleuse, dégradante et humiliante »… Les réactions négatives sont nombreuses à la suite de l’événement « Le Bleu enchanté » relaté dans notre édition du 27 septembre. Durant cette opération qui était organisée jeudi 18 septembre dernier au théâtre de l’Archipel à Granville, une trentaine de bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) participaient à un défilé de mode en présence de recruteurs et de travailleurs sociaux.

      En réponse à ces réactions, un communiqué a été publié par les organisateurs : le Conseil départemental de la Manche, France travail et le groupement d’intérêt public Tandem (une entité créée par le Département pour l’insertion professionnelle des bénéficiaires du RSA). Dans celui-ci, les auteurs entendent dénoncer « fermement » des « récupérations et propos injurieux, contraires aux valeurs de solidarité et de bienveillance » qu’ils estiment porter. Ils indiquent que ce projet avait pour but « de remobiliser les bénéficiaires du RSA grâce à la découverte de métiers dans divers domaines d’activité, à travers un parcours de professionnalisation de quatre mois ».
      « Ce qui a été dit n’est du tout représentatif de ce que nous avons vécu »

      Ils précisent que le défilé, qui était proposé « sur la base du volontariat », intervenait en clôture de cette action. Les organisateurs livrent aussi trois témoignages de participants. « Ce qui a été dit n’est du tout représentatif de ce que nous avons vécu », rapporte une bénéficiaire tandis qu’un autre indique avoir passé « un bon moment ». Enfin, d’après les organisateurs, ce « parcours de professionnalisation », suivi par quarante personnes, a permis « la signature de dix contrats, de quatre entrées en formation et de quinze immersions en entreprises ». Onze entretiens de recrutement seraient par ailleurs fixés.

      Depuis 2022, le Département a entrepris une réorganisation de l’accompagnement des bénéficiaires du RSA. En 2024, les responsables ont annoncé le lancement d’une expérimentation du « RSA renforcé » sur les trois intercommunalités du sud-Manche, dont Granville Terre et Mer, lançant ainsi diverses actions visant à « améliorer l’orientation », favoriser la « remobilisation » et l’insertion des bénéficiaires. Au niveau national, depuis le 1er janvier 2025, chaque personne percevant le RSA doit réaliser au moins 15 heures d’activité par semaine (mise en situation professionnelle, formation…).

      Au total, le département de la Manche compte 8 460 bénéficiaires du Revenu de solidarité active.

  • Une étude montre que #marcher est bon pour la #santé, pour la planète et... pour les finances - La Montagne
    https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/une-etude-montre-que-marcher-est-bon-pour-la-sante-pour-la-planete-et-pou

    (...)

    Pour la première fois, l’#Ademe quantifie l’impact #économique et #sanitaire de la marche.

    L’augmentation des #déplacements à pied et la réduction associée de l’utilisation de la #voiture permettrait une réduction des dépenses de #voirie de 7,5 milliards d’euros par an et une économie de 1,3 milliard par an pour les ménages.

    Parmi les impacts nets les plus positifs, on retrouve l’efficacité des actifs (#productivité en augmentation de 6 à 9 % , réduction de l’#absentéisme et du #turn-over) estimée à 20 milliards d’euros par an.

    Et l’amélioration de la santé qui représente 17 milliards d’euros par an. L’activité physique éviterait ainsi 10.500 décès prématurés par an.

    Des milliards comme s’il en pleuvait.