• Exclusif - Marianne Denicourt, bannie du cinéma après avoir dénoncé la toxicité de son ex compagnon, Arnaud Desplechin, se confie - Elle
    https://www.elle.fr/Societe/News/Marianne-Denicourt-l-actrice-qui-a-prepare-le-mouvement-metoo-au-prix-de-sa-car

    Faut-il se replonger dans un passé douloureux ? « Oui, vingt ans après, cette histoire vaudrait peut-être la peine d’être racontée à nouveau », nous écrit Marianne Denicourt, début mai. Un mois plus tôt, un entretien de Juliette Binoche publié dans « Libération » a fait grand bruit. L’actrice y narre ses déboires dans le cinéma français. Seule une étincelle éclaire cette confession, la réminiscence d’un moment de sororité entre actrices : « En 2003, je devais travailler avec Arnaud Desplechin. Mais lorsque j’ai découvert le scénario de “Rois & reine”, il m’est apparu flagrant que certains épisodes de la vie de son ancienne compagne, l’actrice Marianne Denicourt, étaient utilisés et instrumentalisés. Il m’a paru évident de devoir m’assurer que Marianne était au courant de ce projet et pleinement en accord. Son fils n’étant pas encore majeur, les conséquences pouvaient être dramatiques. Je l’ai appelée, elle ignorait tout du film en préparation et était extrêmement blessée. Je n’ai pas eu d’autre choix que de refuser ce projet, quoi qu’il m’en coûte. Comme l’avait fait Emmanuelle Béart. Comme l’ont fait après d’autres actrices. »

    • C’est une sous-merde et la « grande famille de cinéma », un ramassis de lâches complaisants.

      « C’était pour lui une obsession d’être avec moi. Il m’a écrit des dizaines de lettres jusqu’à ce que je cède. Notre histoire a duré peu de temps, un an et demi environ. Une relation destructrice, avec du dénigrement, de la manipulation, j’avais perdu du poids et ma confiance en moi. Aujourd’hui, on parlerait d’emprise. » Son ami, l’acteur Emmanuel Salinger, se rappelle : « Elle semblait comme paralysée, ne sachant plus que penser, ne parvenant plus à se projeter. » Elle finit par quitter Desplechin pendant le tournage de « Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) », il ne la retient pas.

      Les mois passent, elle rencontre Daniel Auteuil. Desplechin l’apprend et l’appelle, voulant « (la) récupérer comme on tente de gagner une partie de flipper. » « Je tombe des nues, je ne donne pas suite. » Quelques mois plus tard, le film est à Cannes. « Lors de la soirée de projection, Daniel est passé me prendre, Arnaud l’a remarqué et m’a fait une scène devant tout le monde en se roulant par terre. » Le lendemain, il l’aurait attendue à l’aéroport. « Il m’a dit : tu vas voir, ça va être sanglant ! » Un récit confirmé par les proches de l’actrice.

  • L’orientation des #filles vers les filières scientifiques :
 cause acceptable ou discutable ? | #Marianne_Blanchard, février 2024
    https://carnetsrouges.fr/lorientation-des-filles-vers-les-filieres-scientifiques-cause-acceptab

    Cette focalisation sur les #stéréotypes masque aussi la réalité des violences sexistes et sexuelles à laquelle sont encore confrontées les #femmes dans certaines formations et milieux professionnels. En 2019, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) qualifiait par exemple les #écoles_d’ingénieurs de « bastion virilistes » où 63% des étudiantes déclaraient avoir déjà subi directement, ou avoir été témoin de violence sexistes ou sexuelles (#vss) sur le campus. Depuis, les révélations sur les vss dans certains établissements prestigieux (Polytechnique, CentraleSupélec) n’ont fait que renforcer ce constat. Or la question du #sexisme et des vss est presque totalement absente des discours sur la féminisation des filières scientifiques.

    #orientation

  • Géographies féministes et queers

    Dans ce podcast de 57 minutes, #Marion_Tillous, #Judicaëlle_Dietrich, #Marianne_Blidon et #Cyril_Blondel discutent des géographies féministes et queers. Elles expliquent comment ces géographies permettent de mieux saisir les #rapports_de_domination construits sur le #genre et la #sexualité. Elles affirment que ces géographies transforment notre manière de comprendre les #espaces et de penser la #production_scientifique. Ces approches questionnent aussi nos pratiques pédagogiques et nos positions au sein des institutions universitaires. Aujourd’hui, face à la multiplication des attaques, quelles sont nos perspectives de lutte ?

    Depuis l’été 2020, le gouvernement français a lancé une offensive contre les travaux universitaires en #sciences_sociales, et plus particulièrement contre les #savoirs_critiques. C’est d’abord Emmanuel Macron qui a accusé les universitaires de « casser la République en deux » , puis Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, respectivement ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche ont lancé la chasse aux supposé·es « islamogauchistes » qui a sans doute atteint son paroxysme avec le colloque de la honte des 7 et 8 janvier 2022, réunissant universitaires et intellectuel·les engagé·es dans la lutte contre le wokisme et le point médian… Cette offensive a nourri un déchainement de violences (venues principalement de l’extrême droite) contre des travaux de sciences sociales et celle·ux qui les conduisent, violences qui ciblaient principalement des chercheuses et des travaux sur les rapports sociaux de sexe et de race, ou les questions coloniales, et plus particulièrement plusieurs géographes féministes. Mais ces attaques ne datent pas d’hier, et si Rachele Borghi a été violemment prise à parti en tant que chercheuse et militante queer, par Nathalie Heinich et ses collègues du prétendu « Observatoire du décolonialisme » , elle était, depuis sa nomination à l’Université Paris Sorbonne en 2013, l’objet d’attaques de groupes d’extrême droite et de catholiques intégristes, appelant à sa démission, et provoquant des appels au viol et au meurtre. Anne-Laure Amilhat Szary, directrice du laboratoire PACTE, a elle aussi été victime d’attaques similaires, cette fois provoquées par sa défense de l’emploi du terme d’islamophobie dans un espace universitaire.
    C’est dans ce contexte qu’a été enregistré, en juin 2021, ce podcast consacré aux géographies féministes et queers.

    Pour aller plus loin, nous vous recommandons :

    - Notice « Genre » sur Hypergéo, de Marianne Blidon : https://hypergeo.eu/genre
    - « Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ? » de Claire Hancock : https://journals.openedition.org/hrc/4182
    - « De la géographie féministe à la ”gender geography ” : une lecture francophone d’un concept anglophone » de Sophie Louargant : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00261480/document
    - Et pour suivre l’actualité de la commission de géographie féministe du CNFG : https://twitter.com/geofem_cnfg : https://twitter.com/geofem_cnfg

    https://spectremedia.org/podcast/geographies-feministes-et-queers/?episode=638

    #géographie_féministe #géographie_queer #podcast #géographie

    ping @_kg_

  • Himalaya, Land of Women

    At an altitude of nearly 4,000 meters, #Sking is one of the most isolated villages in the Himalayan region of #Zanskar. In just three months, from August to October, the Zanskaris have to harvest and store all their food for the coming year. All the women-young and old alike-work nonstop, from dawn to dusk, and worry about the arrival of winter.

    Filmed from the point of view of a subjective camera by a young female ethnologist, Land of Women offers a sensitive and poetic immersion in the life of four generations of women during harvesting season. We share their rare intimacy and gradually grow attached to them.

    https://www.youtube.com/watch?v=NPic_MsN-y8

    #film #film_documentaire #film_ethnographique
    #Marianne_Chaud #montagne #Himalaya #femmes #récolte #été #moisson #Inde

  • On en a grosses - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2021/03/08/on-en-a-grosses

    Je voulais faire l’impasse sur le 8 mars et finalement, c’est le patriarcat qui a décidé de faire de cette journée aussi une journée comme toutes les autres, c’est-à-dire une journée de plus où l’on méprise les gonzesses et où l’on doit se préoccuper une fois encore des pauvres petits problèmes existentiels de ceux qui souffrent de tous leurs privilèges.

  • #Travailleurs_détachés : Paris lâche du lest, mais croit avoir sauvé l’essentiel
    https://www.mediapart.fr/journal/international/241017/travailleurs-detaches-paris-lache-du-lest-mais-croit-avoir-sauve-lessentie

    Un accord d’étape est intervenu lundi soir dans l’un des dossiers les plus épineux de l’UE. #Emmanuel_Macron veut y voir la première pierre de cette « Europe sociale » promise. Pourtant cet accord, qui reste à confirmer, n’entrera en vigueur que dans quatre ans. Et les ministres français ont lâché sur les routiers.

    #International #Economie #Commission_européenne #dumping_social #Elisabeth_Morin-Chartier #Marianne_Thyssen #Parlement_européen #Travail

  • #Travailleurs_détachés : Paris lâche du lest, mais juge avoir sauvé l’essentiel
    https://www.mediapart.fr/journal/international/241017/travailleurs-detaches-paris-lache-du-lest-mais-juge-avoir-sauve-lessentiel

    Un accord d’étape est intervenu lundi soir dans l’un des dossiers les plus épineux de l’UE, . #Emmanuel_Macron veut y voir la première pierre de cette « Europe sociale » promise pendant sa campagne. Les ministres français ont bataillé sur la durée maximale du détachement, mais ont beaucoup lâché sur les routiers.

    #International #Economie #Commission_européenne #dumping_social #Elisabeth_Morin-Chartier #Marianne_Thyssen #Parlement_européen #Travail

  • Le texte sur les travailleurs #détachés arrive à Strasbourg, toujours aussi contesté
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/020117/le-texte-sur-les-travailleurs-detaches-arrive-strasbourg-toujours-aussi-co

    C’est au tour du #Parlement_européen de se prononcer sur la directive qui prétend freiner le #dumping_social en #europe. Mais les divergences entre les capitales restent immenses. La campagne présidentielle en France ne va rien faciliter.

    #Economie #commission #Elisabeth_Morin-Chartier #Jean-Claude_Juncker #Marianne_Thyssen #social #UE

  • [vidéo] Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme | Tancrède Ramonet
    https://www.youtube.com/watch?v=h4sFRBBRu1s

    Dès son origine au XIXe siècle, l’anarchisme fait trembler le monde. Rival du socialisme, ce courant politique s’oppose aux maîtres comme aux dieux. Considérés comme des apôtres de la destruction, les anarchistes sont sévèrement réprimés. Historiens et spécialistes expliquent les origines de ce mouvement grâce à des archives souvent inédites. Durée : 2h23. Source : Relevé sur le Net...

    • Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme, le film de #Tancrède_Ramonet qui devait à l’origine sortir en même temps que le livre de #Gaetano_Manfredonia, Une histoire mondiale de l’anarchie (republié, au milieu de polémiques dont je me suis fait l’écho sur ce blogue) est aujourd’hui visible.
      Il n’est jamais inutile de rendre hommage aux militant(e)s qui ont incarné le combat révolutionnaire libertaire, et bien des (télé)spectateurs, jeunes surtout, apprendront beaucoup.
      Sans doute l’exercice, immense — même si cette « histoire de l’anarchisme » s’interrompt en 1939, après la défaite de la #Révolution_espagnole —, ne peut aller sans quelques approximations et de nombreuses omissions (pas une seconde pour les #Mujeres_libres, quand cette dernière est longuement traitée !).
      La plupart des intervenants (dont Manfredonia lui-même) sont compétents et convaincants. Une mention particulière pour #Marianne_Enckell qui sait mettre à portée de tous et toutes sa grande érudition sur un ton jamais pontifiant.

      Mais d’où vient donc la sensation d’ennui éprouvée, au moins dans la première partie ? Peut-être, paradoxalement, de la volonté naïve, et d’ailleurs sympathique, de « réhabiliter » l’anarchisme, notamment contre l’historiographie bourgeoise et stalinienne.
      Dire, toujours dans la première partie, qu’il est arrivé à l’anarchisme de « dominer le monde » est un excès sans intérêt, quand la remarque vaudrait tout au plus — ce qui n’est pas rien, il est vrai ! — pour le mouvement ouvrier international.

      http://lignesdeforce.wordpress.com/2016/10/29/une-histoire-de-lanarchisme-en-images

    • http://www.librairie-quilombo.org/IMG/arton6760.gif?1493391099
      http://www.librairie-quilombo.org/libertarias

      Indomptables, insoumises, rebelles, mères, ouvrières, paysannes, syndicalistes, combattantes et « guérillères », les libertaires espagnoles, depuis la fin du XIXe et tout au long du XXe siècle, n’ont cessé de clamer leur désir d’émancipation sociale en leur nom propre.

      Si l’histoire retient surtout le rôle déterminant du groupe Mujeres Libres lors de la guerre civile et de la révolution de 1936-1939, cet ouvrage met l’accent sur la pluralité des formes de luttes et de récits de ces militantes qui témoignent d’une véritable spécificité de l’engagement des
      #femmes_anarchistes_espagnoles.

      Contre l’invisibilisation d’un combat ponctué par l’expérience des luttes, des guerres et de l’exil, il s’agit ici, à travers les trajectoires de Francisca Saperas, Ana Delso, Antonia Fontanillas Borras, Les Solidarias, #Mujeres_libres et bien d’autres, de reconstruire une #mémoire collective au féminin, tout en soulignant le caractère transgénérationnel de l’anarchisme espagnol au sein duquel les femmes ont joué un rôle sans précédent.

      #féminisme #antipatriarcat #anarchisme #mouvement_libertaire

  • #Travailleurs_détachés : Bruxelles ose le bras de fer avec l’Est
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/210716/travailleurs-detaches-bruxelles-ose-le-bras-de-fer-avec-l-est

    La Commission européenne a refusé mercredi de prendre en compte les mises en garde des pays d’Europe orientale dans le dossier très sensible des travailleurs détachés. De quoi satisfaire les demandes de Paris. Mais les discussions qui vont s’ouvrir à l’automne au parlement européen s’annoncent très difficiles.

    #Economie #détachement #dumping_social #Guillaume_Balas #Jean-Claude_Juncker #Manuel_Valls #Marianne_Thyssen #social

  • #Travailleurs_détachés : à peine lancée, la réforme est déjà mal partie
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/190516/travailleurs-detaches-peine-lancee-la-reforme-est-deja-mal-partie

    Onze États membres de l’UE, presque tous de l’Est, viennent de dire tout le mal qu’ils pensent du projet de réforme du détachement des travailleurs. La commission pourrait revoir sa copie, dans ce dossier décisif pour en finir avec le #dumping #social en #europe. Paris et ses alliés, favorables au texte, vont-ils oser aller à la confrontation ?

    #Economie #Commission_européenne #Marianne_Thyssen #Myriam_El-Khomri #UE

  • De #Michéa à #Mélenchon Idéologues et militants du #social-chauvinisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article761

    Puisque, dans cette période de crise économique et sociale, la montée des sentiments nationalistes, et pour tout dire xénophobes, est évidente, y compris dans les partis de gauche ou d’extrême-gauche, nous avions choisi de demander à #Yves_Coleman, éditeur de la revue «  Ni patrie ni frontières  » de nous parler des mouvements de gauche qui se situent, qu’ils le revendiquent ou qu’ils l’occultent, du côté du #nationalisme.

    Le social-chauvinisme est, nous dit Yves Coleman en préambule, une vieille expression polémique utilisée durant la Première guerre mondiale par les socialistes marxistes internationalistes (Lénine, Luxembourg, etc.) pour dénoncer les sociaux-démocrates qui soutenaient leurs bourgeoisies nationales respectives en usant d’une phraséologie pseudo-radicale. Au nom de la défense de la « patrie », ces sociaux-démocrates participaient à «  l’Union sacrée  » [1] en compagnie des partis de droite (et même d’anarchistes) : ils avaient voté les crédits de guerre, renoncé à toute propagande anti-militariste ou pacifiste, refusaient de participer à une grève internationale contre la guerre et accusaient au choix, suivant leur nationalité, l’Allemagne, la France, la Russie ou l’Angleterre d’être les seuls responsables du déclenchement du conflit afin de pouvoir, chacun dans sa « patrie », blanchir les responsabilités de leur propre bourgeoisie.

    Aujourd’hui, le nationalisme est redevenu un thème porteur et même certains à l’extrême-gauche (trotskistes, maoïstes voire anarchistes) lui trouvent des vertus révolutionnaires.

    En 2015 en France un large éventail de groupes, de partis, de personnalités allant de la gauche à l’extrême-droite soutient des positions nationalistes et se retrouve sur des positions politiques que l’on pourrait résumer en sept slogans :

    Non à l’OTAN et à la domination américaine sur le monde !
    Non à l’union européenne et aux traités européens !
    Non à l’euro !
    Non à la dictature des marchés financiers !
    Oui à un État fort, doté d’une armée puissante et d’une police efficace !
    Oui à la défense nucléaire !
    Oui au protectionnisme et à un capitalisme national productif !

    La circulation et l’usage identique de concepts communs dans ces milieux très divers, qui vont de la gauche à l’extrême-droite, ne font qu’entretenir, le plus souvent délibérément, la confusion politique.

    Ces gens là, nous dit Yves Coleman préparent des alliances contre nature entre la droite et la gauche, voire entre l’extrême-droite et l’extrême-gauche, alliances qui se dessinent très bien dans les sommets et les réunions alter-mondialistes ou dans les prétendues manifestations de soutien à la Palestine. Il n’est donc pas étonnant que des intellectuels de gauche, comme par exemple Emmanuel Todd, rendent hommage dans des forums à des idéologues d’extrême-droite ou que des philosophes marxistes fréquentent des locaux d’organisation fascistes.

    Ces convergences entre intellectuels de gauche et intellectuels de droite, voire d’extrême-droite, sont toutes fondées sur la reconnaissance de la nécessité de l’existence de nations, de frontières nationales, d’économies nationales et d’Etats. Ce qu’il y a de commun entre tous ces discours social-chauvins de gauche ou de droite, c’est qu’ils invoquent la «  nation  », la «  république sociale  » pour soit-disant défendre les intérêts du «  peuple  ». Le Front de gauche, par exemple veut qu’on fasse «  place au peuple  », voire que le «  peuple prenne le pouvoir  ». Ce sont des slogans particulièrement ineptes puisque, par définition, le peuple rassemble toutes les classes sociales y compris les patrons, le personnel politique, les flics, les maffieux, les militaires.

    Sous prétexte de lutter contre la «  finance spéculative  », contre la «  mondialisation  », les social-chauvins d’aujourd’hui nous préparent les gouvernements d’union nationale de demain.

    Reste donc, alors que l’idéologie du Front national progresse dans l’opinion, à se poser la question de savoir si on peut être «  patriote  » et lutter efficacement contre les idées xénophobes de ce parti, comme affirme pouvoir le faire, par exemple, le Front de gauche C’est impossible, nous dit Yves Coleman, et il nous donne l’exemple d’un groupe libertaire anti-dogmatique qui réussit l’exploit de passer dans le même texte d’un multiculturalisme insipide à des clichés social-patriotes gaulois à la Chevènement, Mélenchon et Montebourg.

    C’est que la tradition social-chauvine est en France aussi ancienne que solidement établie. Dès l’enterrement de Jaurès [2], c’est Léon Jouhaux, issu du courant Syndicaliste révolutionnaire et alors secrétaire général de la CGT, qui se lance dans une diatribe passionnée contre le militarisme allemand. Un peu plus tard, c’est Dubreuilh, militant SFIO (Section française de l’internationale ouvrière – socialistes de l’époque) qui se drape dans Jaurès pour tenir des propos chauvins. Il est vrai que la pensée de Jaurès présentait plus que des ambiguïtés sur ce point, ce qui lui a valu récemment d’être récupéré par le Front national (voir encadré).

    Aujourd’hui, nous dit Yves Coleman, les socialistes français justifient de la même manière les interventions de l’armée française à l’extérieur.

    Le Parti communiste français quant à lui, suivit une ligne anti-militariste jusqu’en 1924 (distribution de tracts, de journaux et entretien de structures clandestines dans les casernes...). A partir de cette date, la défense des intérêts de l’URSS, le conduit progressivement à défendre des positions clairement nationalistes (vote des crédits de guerre, défense de «  l’institution militaire face à l’extrême-droite  » etc.). Après la Libération, il s’allie avec la SFIO et le MRP (Mouvement républicain populaire – démocrate chrétien) pour appliquer le programme du CNR (Conseil national de la Résistance), période qui à côté d’avancées sociales indiscutables (Sécurité sociale, «  40 heures  », retraite par répartition …) a surtout coïncidé avec une répression anti-ouvrière féroce de1944 à 1947.

    Sous prétexte de préserver l’unité nationale, de reconstruire le pays, le PCF et la CGT obligèrent les ouvriers à travailler pour des salaires de misère. Ainsi entre 1945 et 1947, le pouvoir d’achat moyen recule de 30 % environ, le pain est rationné  : 350 grammes par jour en 1944, 300 grammes en 1946 et finalement 200 grammes en octobre 1947. Et puisque, comme le disait à l’époque Maurice Thorez leader charismatique du PCF, « Produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe », la grève devint selon l’expression de Gaston Monmous-seau (secrétaire général de la CGT de l’époque) «  l’arme des trusts ». Il existe, nous dit également Yves Coleman, une tradition patriotique d’extrême-gauche depuis au moins la Commune de Paris. De même, s’il y a bien une référence politique qui fait la quasi-unanimité à gauche et à l’extrême-gauche, c’est bien celle de la vision chauvine de la Résistance à l’occupation nazie. La résistance gaullo-stalinienne continue à influencer la vision politique des militants français actuels et elle reste très présente dans la littérature, au cinéma et à la télévision, comme dans le discours politique.

    Puisque le social-chauvinisme couvre un champ politique si large, Yves Coleman nous proposa de définir les points communs à tous les sociaux-chauvins de droite ou de gauche.

    Au niveau international, ils défendent la vision d’un monde divisé en deux camps : le camp anti-impérialiste composé «  d’États progressistes  » qu’il faut soutenir et le «  camp impérialiste  ». En conséquence, ils dénoncent exclusivement le rôle de la puissance américaine et de l’OTAN. En corollaire, ils ont une sympathie marquée pour les objectifs géo-politiques de l’État russe ; sympathie qui peut aller jusqu’à un soutien à Poutine. Ils dénoncent le rôle de l’Angleterre et/ou de l’Allemagne. Ainsi, selon E. Todd et J.-L. Mélenchon, tous les malheurs de la France viennent de l’Allemagne qui veut imposer son modèle ordolibéral au reste de l’Europe. Enfin, s’ils dénoncent les institutions européennes et le Traité constitutionnel européen, c’est pour mieux exalter, au niveau intérieur, le rôle de la France et de son État, son histoire, sa «  grandeur  », etc. Ils soutiennent l’armée française - voire glorifient son rôle – ainsi que la défense nucléaire. Au niveau économique, ils sont favorable au protectionnisme français ou européen. Ils vont jusqu’à faire l’apologie du capitalisme pourvu qu’il soit productif et national (E. Todd).

    Par rapport à l’immigration, on peut déjà trouver des propos xénophobes dans des œuvres critiques anciennes (par exemple, Yves Coleman cite un texte de Guy Debord repris par des néo-nazis - voir encadré). De tels propos prolifèrent maintenant chez les nationaux-chauvins, par exemple, dans les textes de Jean-Claude Michéa [3]. On trouve dans les écrits et les propos des nationaux-chauvins certains termes et expressions très connotés tels que «  oligarchie », «  élites nomades  », «  élites mondialisées  », «  élites déterritoriali-sées  », «  hyper-classe des banques et des multinationales  » à la signification très floue. Mais derrière ces mots, ce qui se cache encore et toujours, c’est cette idée que les exploiteurs, les responsables des crises ne sont pas vraiment français, point de départ de tous les raisonnements xénophobes et antisémites.

    Ce n’est pas sur une note optimiste qu’Yves Coleman conclut son exposé. Car, selon lui , quatre facteurs internationaux contribuent au développement du social-chauvinisme dans les états européens : le chômage, les interventions militaires occidentales, la montée de l’islam politique et la difficulté de construire une puissance européenne.

    Autant dire que les internationalistes, antinationalistes ou mieux a-nationalistes, que nous sommes allons devoir continuer à ramer et lutter à contre-courant !

    CITATION JAURES

    « Quand un syndicaliste révolutionnaire s’écrie au récent congrès de Toulouse : « A bas les patries ! Vive la patrie universelle ! » il n’appelle pas de ses vœux la disparition, l’extinction des patries dans une médiocrité immense, où les caractères et les esprits perdraient leur relief et leur couleur. Encore moins appelle-t-il de ses vœux l’absorption des patries dans une énorme servitude, la domestication de toutes les patries par la patrie la plus brutale, et l’unification humaine d’un militarisme colossal. En criant : «  A bas les patries !  » il crie : «  A bas l’égoïsme et l’antagonisme des patries ! A bas les préjugés chauvins et les haines aveugles ! A bas les guerres fratricides ! A bas les patries d’oppression et de destruction !  » Il appelle à plein coeur l’universelle patrie des travailleurs libres, des nations indépendantes et amies.  »

    #Jean_Jaurès, in «  L’armée nouvelle »

    Bel exemple de discours radical en apparence, social-chauvin en réalité, qui va jusqu’à récupérer l’antipatriotisme d’un syndicaliste révolutionnaire pour justifier le patriotisme. Comme le dit Yves Coleman, du grand art !

    CITATION DEBORD

    « (…) Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. (…) Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front National) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré » … (….) Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (…) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de français et où sont-ils ? (Et qu’est-ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, des Français ? (…) les Français qui ont accepté cela sans beaucoup de révolte (sauf en 1968) sont malvenus à dire qu’ils ne se sentent plus chez eux à cause des immigrés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus personne d’autre, dans cet horrible nouveau monde de l’aliénation, que des immigrés. (…) La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains. »

    #Guy_Debord, 1985, Oeuvres complètes Gallimard 2006, pp 1588-1591

    Sans commentaire

    [1] « Union sacrée » : expression utilisée par Raymond Poincaré, président de la République, dès le 4 août 1914, pour appeler la CGT et la SFIO (en principe hostiles à la guerre) à se ranger derrière les partis de droite et la bourgeoisie nationale.

    [2] Assassiné à Paris le 31 juillet 1914 par le nationaliste Raoul Villain. Le 3 août 1914, la France entrait en guerre.

    [3] Voir les références sur le site de Yves Coleman « A propos du réactionnaire Jean-Claude Michéa (alias Nietzchéa), des Editions l’Echappée et de leur « vigilance »… en carton pâte ».
    http://www.mondialisme.org/spip.php?article1990

    #journées_iconoclates

    @anarchosyndicalisme ! n°145
    http://seenthis.net/messages/387250

    • Cet article est au mieux affligeant de superficialité et d’anachronisme. Dénoncer la marionnette social chauviniste en retuant en 2015 le PCF a tout du spectacle de fin d’année scolaire : laborieux, bâclé, et destiné à un public plus que complaisant.

      Aucune envie de plonger les mains plus avant dans une soupe passéiste et franchouillarde aussi étroitement intéressée. Le soliloque d’ « antiracistes » autoproclamés, aussi blancs que moralisateurs, serait prodigieusement ennuyeux s’il n’était aussi malhonnête et sordide que la vieille puanteur nationaliste qu’ils tiennent à nous mettre sous le nez. Mais c’est qu’ils doivent se dissimuler à eux mêmes leur propre blancheur, et à leurs lecteurs, leur lutte constante pour que l’antiracisme abstrait, et son internationalisme colonial, demeurent en dépit de tout les seuls possibles, les seuls pensables.
      Les pauvres sont visiblement dépassés, et contraints à recourir à des artifices toujours plus grossiers.

      (Tout de même, il fallait oser donner à voir aussi grossièrement qu’on ne savait pas lire la « Note sur la question des immigrés » de Debord !)

      Si l’on souhaite par contre s’intéresser aux termes actuels des luttes et de la critique de la question nationale, raciste, coloniale, on peut plutôt lire par exemple ceci :
      http://indigenes-republique.fr/vacarme-critique-les-indigenes-la-faillite-du-materialisme-abst

      C’est tout de même une lecture moins confortable.

    • Pour que chacun puisse se faire son idée, le texte complet de Debord :

      Notes sur "la question des immigrés"
      Par Guy Debord, 1985

      Tout est faux dans la « question des immigrés », exactement comme dans toute question ouvertement posée dans la société actuelle ; et pour les mêmes motifs : l’économie – c’est-à-dire l’illusion pseudo-économique – l’a apportée, et le spectacle l’a traitée.

      On ne discute que de sottises. Faut-il garder ou éliminer les immigrés ? Naturellement, le véritable immigré n’est pas l’habitant permanent d’origine étrangère, mais celui qui est perçu et se perçoit comme différent et destiné à le rester. Beaucoup d’immigrés ou leurs enfants ont la nationalité française ; beaucoup de Polonais ou d’Espagnols se sont finalement perdus dans la masse d’une population française qui était autre. Comme les déchets de l’industrie atomique ou le pétrole dans l’Océan — et là on définit moins vite et moins « scientifiquement » les seuils d’intolérance — les immigrés, produits de la même gestion du capitalisme moderne, resteront pour des siècles, des millénaires, toujours. Ils resteront parce qu’il était beaucoup plus facile d’éliminer les Juifs d’Allemagne au temps d’Hitler que les maghrébins, et autres, d’ici à présent : car il n’existe en France ni un parti nazi ni le mythe d’une race autochtone !

      Faut-il donc les assimiler ou « respecter les diversités culturelles » ? Inepte faux choix. Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. Qu’est-ce qu’un centralisme sans capitale ? Le camp de concentration n’a créé aucun Allemand parmi les Européens déportés. La diffusion du spectacle concentré ne peut uniformiser que des spectateurs. On se gargarise, en langage simplement publicitaire, de la riche expression de « diversités culturelles ». Quelles cultures ? Il n’y en a plus. Ni chrétienne ni musulmane ; ni socialiste ni scientiste. Ne parlez pas des absents. Il n’y a plus, à regarder un seul instant la vérité et l’évidence, que la dégradation spectaculaire-mondiale (américaine) de toute culture.

      Ce n’est surtout pas en votant que l’on s’assimile. Démonstration historique que le vote n’est rien, même pour les Français, qui sont électeurs et ne sont plus rien (1 parti = 1 autre parti ; un engagement électoral = son contraire ; et plus récemment un programme — dont tous savent bien qu’il ne sera pas tenu — a d’ailleurs enfin cessé d’être décevant, depuis qu’il n’envisage jamais plus aucun problème important. Qui a voté sur la disparition du pain ?). On avouait récemment ce chiffre révélateur (et sans doute manipulé en baisse) : 25 % des « citoyens » de la tranche d’âge 18-25 ans ne sont pas inscrits sur les listes électorales, par simple dégoût. Les abstentionnistes sont d’autres, qui s’y ajoutent.

      Certains mettent en avant le critère de « parler français ». Risible. Les Français actuels le parlent-ils ? Est-ce du français que parlent les analphabètes d’aujourd’hui, ou Fabius (« Bonjour les dégâts ! ») ou Françoise Castro (« Ça t’habite ou ça t’effleure ? »), ou B.-H. Lévy ? Ne va-t-on pas clairement, même s’il n’y avait aucun immigré, vers la perte de tout langage articulé et de tout raisonnement ? Quelles chansons écoute la jeunesse présente ? Quelles sectes infiniment plus ridicules que l’islam ou le catholicisme ont conquis facilement une emprise sur une certaine fraction des idiots instruits contemporains (Moon, etc.) ? Sans faire mention des autistes ou débiles profonds que de telles sectes ne recrutent pas parce qu’il n’y a pas d’intérêt économique dans l’exploitation de ce bétail : on le laisse donc en charge aux pouvoirs publics.

      Nous nous sommes faits américains. Il est normal que nous trouvions ici tous les misérables problèmes des USA, de la drogue à la Mafia, du fast-food à la prolifération des ethnies. Par exemple, l’Italie et l’Espagne, américanisées en surface et même à une assez grande profondeur, ne sont pas mélangées ethniquement. En ce sens, elles restent plus largement européennes (comme l’Algérie est nord-africaine). Nous avons ici les ennuis de l’Amérique sans en avoir la force.

      Il n’est pas sûr que le melting-pot américain fonctionne encore longtemps (par exemple avec les Chicanos qui ont une autre langue). Mais il est tout à fait sûr qu’il ne peut pas un moment fonctionner ici. Parce que c’est aux USA qu’est le centre de la fabrication du mode de vie actuel, le cœur du spectacle qui étend ses pulsations jusqu’à Moscou ou à Pékin ; et qui en tout cas ne peut laisser aucune indépendance à ses sous-traitants locaux (la compréhension de ceci montre malheureusement un assujettissement beaucoup moins superficiel que celui que voudraient détruire ou modérer les critiques habituels de « l’impérialisme »). Ici, nous ne sommes plus rien : des colonisés qui n’ont pas su se révolter, les béni-oui-oui de l’aliénation spectaculaire. Quelle prétention, envisageant la proliférante présence des immigrés de toutes couleurs, retrouvons-nous tout à coup en France, comme si l’on nous volait quelque chose qui serait encore à nous ? Et quoi donc ? Que croyons-nous, ou plutôt que faisons-nous encore semblant de croire ? C’est une fierté pour leurs rares jours de fête, quand les purs esclaves s’indignent que des métèques menacent leur indépendance !

      Le risque d’apartheid ? Il est bien réel. II est plus qu’un risque, il est une fatalité déjà là (avec sa logique des ghettos, des affrontements raciaux, et un jour des bains de sang). Une société qui se décompose entièrement est évidemment moins apte à accueillir sans trop de heurts une grande quantité d’immigrés que pouvait l’être une société cohérente et relativement heureuse. On a déjà fait observer en 1973 cette frappante adéquation entre l’évolution de la technique et l’évolution des mentalités :

      « L’environnement, qui est reconstruit toujours plus hâtivement pour le contrôle répressif et le profit, en même temps devient plus fragile et incite davantage au vandalisme. Le capitalisme à son stade spectaculaire rebâtit tout en toc et produit des incendiaires. Ainsi son décor devient partout inflammable comme un collège de France. »

      Avec la présence des immigrés (qui a déjà servi à certains syndicalistes susceptibles de dénoncer comme « guerres de religions » certaines grèves ouvrières qu’ils n’avaient pu contrôler), on peut être assurés que les pouvoirs existants vont favoriser le développement en grandeur réelle des petites expériences d’affrontements que nous avons vu mises en scène à travers des « terroristes » réels ou faux, ou des supporters d’équipes de football rivales (pas seulement des supporters anglais).

      Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front national) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré ». Tout ce qu’ils veulent tous conserver leur interdit de regarder un seul problème en face, et dans son véritable contexte. Les uns feignent de croire que ce n’est qu’une affaire de « bonne volonté antiraciste » à imposer, et les autres qu’il s’agit de faire reconnaître les droits modérés d’une « juste xénophobie ». Et tous collaborent pour considérer cette question comme si elle était la plus brûlante, presque la seule, parmi tous les effrayants problèmes qu’une société ne surmontera pas. Le ghetto du nouvel apartheid spectaculaire (pas la version locale, folklorique, d’Afrique du Sud), il est déjà là, dans la France actuelle : l’immense majorité de la population y est enfermée et abrutie ; et tout se serait passé de même s’il n’y avait pas eu un seul immigré. Qui a décidé de construire Sarcelles et les Minguettes, de détruire Paris ou Lyon ? On ne peut certes pas dire qu’aucun immigré n’a participé à cet infâme travail. Mais ils n’ont fait qu’exécuter strictement les ordres qu’on leur donnait : c’est le malheur habituel du salariat.

      Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (Et pas seulement par le statut juridique, la couleur, le faciès.) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de Français et où sont-ils ? (Et qu’est-ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, de Français ? On sait que la natalité baisse. N’est-ce pas normal ? Les Français ne peuvent plus supporter leurs enfants. Ils les envoient à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour apprendre l’analphabétisme. Et avant qu’ils aient trois ans, de plus en plus nombreux sont ceux qui les trouvent « insupportables » et les frappent plus ou moins violemment. Les enfants sont encore aimés en Espagne, en Italie, en Algérie, chez les Gitans. Pas souvent en France à présent. Ni le logement ni la ville ne sont plus faits pour les enfants (d’où la cynique publicité des urbanistes gouvernementaux sur le thème « ouvrir la ville aux enfants »). D’autre part, la contraception est répandue, l’avortement est libre. Presque tous les enfants, aujourd’hui, en France, ont été voulus. Mais non librement ! L’électeur-consommateur ne sait pas ce qu’il veut. Il « choisit » quelque chose qu’il n’aime pas. Sa structure mentale n’a plus cette cohérence de se souvenir qu’il a voulu quelque chose, quand il se retrouve déçu par l’expérience de cette chose même.

      Dans le spectacle, une société de classes a voulu, très systématiquement, éliminer l’histoire. Et maintenant on prétend regretter ce seul résultat particulier de la présence de tant d’immigrés, parce que la France « disparaît » ainsi ? Comique. Elle disparaît pour bien d’autres causes et, plus ou moins rapidement, sur presque tous les terrains.

      Les immigrés ont le plus beau droit pour vivre en France. Ils sont les représentants de la dépossession ; et la dépossession est chez elle en France, tant elle y est majoritaire et presque universelle. Les immigrés ont perdu leur culture et leurs pays, très notoirement, sans pouvoir en trouver d’autres. Et les Français sont dans le même cas, et à peine plus secrètement.

      Avec l’égalisation de toute la planète dans la misère d’un environnement nouveau et d’une intelligence purement mensongère de tout, les Français, qui ont accepté cela sans beaucoup de révolte (sauf en 1968) sont malvenus à dire qu’ils ne se sentent plus chez eux à cause des immigrés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus personne d’autre, dans cet horrible nouveau monde de l’aliénation, que des immigrés.

      Il vivra des gens sur la surface de la terre, et ici même, quand la France aura disparu. Le mélange ethnique qui dominera est imprévisible, comme leurs cultures, leurs langues mêmes. On peut affirmer que la question centrale, profondément qualitative, sera celle-ci : ces peuples futurs auront-ils dominé, par une pratique émancipée, la technique présente, qui est globalement celle du simulacre et de la dépossession ? Ou, au contraire, seront-ils dominés par elle d’une manière encore plus hiérarchique et esclavagiste qu’aujourd’hui ? Il faut envisager le pire, et combattre pour le meilleur. La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains.

      Guy Debord, 1985

      Source : Guy Debord, Œuvres complètes , Gallimard, 2006, p. 1588-1591.

    • Ce texte de Debord est puant d’ambiguïtés et de condescendance. Rien d’étonnant à ce que les xénophobes du Lys noir et d’E&R puisse le reprendre tel quel sans que cela ne leur pose de problème idéologique.

    • à ce jour, le principal reproche que je fais au texte de Debord, c’est d’apparaître tout de même comme cruellement daté, et de relever d’une lecture de la question du racisme au sein de laquelle la blancheur n’est pas une catégorie politique , le racisme n’est pas conçu comme un système de rapports sociaux de domination , bref, l’approche de la question n’y est pas matérialiste pour deux sous.
      Il se trouve que de tels manques théoriques abyssaux caractérisent justement tous les écrits publiés sur Mondialisme et par Y. Coleman à propos du racisme aujourd’hui.

      Que Mondialisme choisisse d’interpréter en compagnie de quelques nazillons ce texte comme « raciste » (même si c’est pour le condamner) tout en s’en tenant lui-même à une semblable misère théorique (dont seuls des blancs peuvent se contenter dans cette affaire) pose à mes yeux un problème autrement plus actuel et urgent que le constat de limites similaires chez un Debord il y a trente ans - limites qui étaient alors aussi celles de l’ensemble de l’antiracisme blanc.

      Que Mondialisme essaie grossièrement de donner de la sorte des gages du sérieux et de la radicalité (se payer Debord, ça en jette encore) de son anti-racisme abstrait, moral et assurément très blanc me paraît digne d’être relevé.

      Les termes en lesquels ces gens tiennent à voir abordée la question sont désormais dépassés. Pour parler en langage marxiste, il y a déjà pas mal d’années que leur critique a commencé de sentir le pourri.

    • D’autant que ceux qui lisent vraiment ce qu’écrit Y.C. depuis 13 ans sur le sujet savent très bien qu’il n’est ni « pro-israélien » ni sioniste (c’est marrant d’ailleurs parce que Lieux communs par exemple considère qu’il serait plutôt pro-Hamas et pro-islamiste !).

    • Donc Y.C. qui n’est pas « blanc », en fait l’est ; et @martin5 qui l’est peut-être, ne l’est pas ! Une chatte n’y retrouverait pas ses petits comme disait ma grand-mère. Et en terme d’abstraction vous vous posez là !

    • @Rubber

      J’ai parlé de la blancheur comme catégorie politique, et de rapports sociaux de domination.

      Que vous le vouliez ou non, vous êtes tout comme moi, Coleman et qui que ce soit pris au sein de ces rapports. Et ni vous ni lui ni moi n’avons le pouvoir de nous en abstraire magiquement.

      L’antiracisme blanc n’est même pas une moitié d’antiracisme. C’est d’abord et surtout un discours de dominant au sein des rapports sociaux de domination de race. En premier lieu, c’est son confortable soliloque que les prises de paroles des racisé-e-s menacent.

      Faites avec, ou pas : c’est à vous de voir ce que vous voulez faire. Personne ne le fera à votre place.

    • @anarchosyndicalisme : on ne tolère pas l’"insulte ad personam" dans vos fils ? Je comprends, ça a l’air bien plus grave que l’argumentum ad personam ou la simple insulte ! Ce qui m’étonne, par contre, c’est qu’en plus du zeste de cuistrerie, on y tolère néanmoins l’anathème, la citation tronquée et la censure à la petite semaine avec la bonne conscience libertaire en sautoir. Manifestement je me suis égaré en venant ici, je change donc de file. Bonne continuation dans votre voie.

  • Le siège de #Julian_Assange est une #mascarade – enquête spéciale — John PILGER
    http://www.legrandsoir.info/le-siege-de-julian-assange-est-une-mascarade-enquete-speciale.html

    « Des documents divulgués par Wikileaks depuis qu’Assange est en Angleterre », a écrit Al Burke, l’éditeur du site Nordic News Network”, un site de référence en ce qui concerne les dangers qui guettent Assange, « indiquent clairement que la Suède a régulièrement cédé à la pression des Etats-Unis dans le domaine des droits civils. Tout porte à croire que si Assange était confié aux autorités suédoises, il serait extradé vers les Etats-Unis sans aucune considération pour ses droits légaux. »

    Quelques éléments semblent indiquer que le peuple suédois et la communauté juridique locale ne soutient pas l’intransigeance du procureur #Marianne_Ny. Autrefois complètement hostile envers Assange, la presse suédoise a publié des Unes telles que « Allez à Londres, pour l’amour de Dieu. »

    Pourquoi refuse-t-elle ? Plus précisément, pourquoi n’autorise-t-elle pas aux tribunaux Suédois l’accès à des centaines de SMS que la police a enregistré depuis le téléphone d’une des deux femmes impliquées dans ces allégations de harcèlement ? Pourquoi ne les transmet-elle pas aux avocats suédois d’Assange ? Elle dit qu’elle n’est pas tenue par la loi de le faire tant qu’aucune accusation formelle n’a été portée et qu’elle ne l’a pas interrogé. Mais alors, pourquoi ne l’interroge-t-elle pas ?

    Cette semaine, la Cour d’Appel suédoise va décider d’ordonner, ou pas, à Ny de divulguer les messages SMS ; ou alors le litige finira à la Cour Suprême et à la Cour Européenne de Justice. Comble de l’ironie, les avocats suédois d’Assange ont seulement été autorisés à « visionner » les SMS, qu’ils ont donc du mémoriser.

    Un des messages de la femme en question montre clairement qu’elle ne voulait pas qu’Assange soit poursuivi, « mais que la police a insisté pour mettre la main sur lui ». Elle fut « choquée » quand ils l’ont arrêté parce qu’elle « voulait juste qu’il passe un test [VIH] ». Elle « ne voulait pas accuser JA de quoi que ce soit » et « c’est la police qui a inventé ces charges ». (Dans un témoignage, elle dit avoir été « manipulée par la police et d’autres autour d’elle ».)

    Aucune des femmes ne prétend avoir été violée. En effet, les deux ont nié avoir été violées et l’une d’entre elles a depuis tweeté, « je n’ai pas été violée ».Qu’elles ont été manipulées par la police et que leurs souhaits ignorés est une évidence – peu importe ce que racontent aujourd’hui leurs avocats. Elles sont probablement victimes d’une saga Kafkaïenne.

    Pour Assange, le seul procès qu’il ait vu c’est son procès médiatique. Le 20 Aout 2010, la police suédoise a ouvert une « investigation pour viol » et immédiatement – et illégalement – a déclaré dans les tabloïds suédois qu’il y avait un mandat d’arrêt contre Assange pour « le viol de deux femmes ». Et cette information fit le tour du monde.

    A Washington, le secrétaire à la défense des Etats-Unis Robert Gates expliqua, avec un grand sourire, que l’arrestation « était pour lui une bonne nouvelle ». Les comptes twitter associés au Pentagone décrivirent Assange comme un « violeur » et un « fugitif ».

    Moins de 24 heures après, le procureur en chef de Stockholm, Eva Finne, pris la tête de l’investigation. Elle fit immédiatement annuler le mandat, en expliquant, « Je ne crois pas qu’il y ait de raison de soupçonner qu’il ait commis un viol ». 4 jours après, elle fit annuler toute enquête, en expliquant, « Il n’y a aucun souçon d’aucun crime que ce soit ». Le dossier fut clos.

    C’est alors qu’entra en scène Claes Borgstrom, un politicien de renom du Parti Social-Démocrate alors candidat aux imminentes élections générales de Suède. Quelques jours après l’abandon du dossier par la procureure en chef, Borgstrom, en tant qu’avocat, expliqua aux médias qu’il allait représenter les deux femmes et qu’il ferait appel à un autre procureur, de la ville de Gothenberg. En l’occurrence Marianne Ny, que Borgstrom connaissait bien. Elle aussi était membre du Parti Social-Démocrate.

    Le 30 Août, Assange se rendit volontairement à un poste de police de Stockholm afin de répondre à toutes les questions qu’on lui poserait. Pour lui, le dossier était clos. Deux jours plus tard, Ny annonça qu’elle rouvrait le dossier. Un journaliste suédois demanda alors à Borgstrom pourquoi le dossier était rouvert alors qu’il venait d’être clos, en citant le témoignage d’une des deux femmes, qui avait expliqué ne pas avoir été violée. Il répondit alors, « Ah, mais elle n’est pas avocate ». L’avocat australien d’Assange James Catlin, répondit, « Tout ça est ridicule…c’est comme s’ils inventaient tout au fur et à mesure ».

    Le jour où Marianne Ny rouvrit le dossier, le dirigeant des services de renseignements militaires suédois (“MUST”) critiqua ouvertement Wikileaks dans un article intitulé « Wikileaks [est] une menace pour nos soldats ». Assange fut averti que les services de renseignements suédois, le SAP, avaient été informés par leurs homologues US que les accords de partage d’informations entre les des deux pays seraient « stoppés net » si la Suède lui permettait de rester sur son territoire.

    Pendant cinq semaines, Assange dut attendre en Suède pendant le déroulement de la nouvelle enquête. Le Guardian était alors sur le point de publier les « Rapports de Guerre » d’Irak, basés sur les révélations de Wikileaks, qu’Assange était censé superviser. Son avocat à Stockholm demanda alors à Ny si elle voyait une objection à ce qu’il quitte le pays. Elle l’autorisa à partir.

    Inexplicablement, dès qu’il eut quitté la Suède – au pic de l’intérêt médiatique pour les révélations de Wikileaks – Ny émit un Mandat d’arrêt européen et une « alerte rouge » d’Interpol normalement réservée aux dangereux criminels et aux terroristes. Traduit en cinq langues, cela allait inévitablement exciter les médias.

    Assange dut se rendre à un poste de police à Londres, fut arrêté et passa 10 jours en confinement solitaire à la prison de Wandsworth. Relâché sous caution de £340.000, il fut soumis à un contrôle électronique, obligé à se rendre quotidiennement à la police, et il fut placé en résidence surveillée, en attendant que son dossier soit transmis à la Cour Suprême. Il n’avait toujours pas été condamné pour quoi que ce soit. Ses avocats réitérèrent sa proposition d’être interrogé par Ny à Londres, en lui faisant remarquer que c’était elle qui l’avait autorisé à quitter la Suède. Ils suggérèrent un bâtiment spécial utilisé par Scotland Yard à cet effet. Elle refusa.

    Katrin Axelsson et Lisa Longstaff de Women Against Rape (Femmes Contre le Viol) écrivirent : « Les allégations contre Assange ne sont qu’un rideau de fumée derrière lequel un grand nombre de gouvernements essaient de faire tomber Wikileaks pour avoir eu l’audace de révéler au public leurs plans de guerres et d’occupations secrets, avec les conséquences en viols, meurtres et destruction que cela entraine… Les autorités se fichent tellement de la violence contre les femmes qu’elles manipulent des allégations de viols comme bon leur semble. [Assange] a clairement montré qu’il était disponible pour une interrogation par les autorités suédoises, en Angleterre, ou via Skype. Pourquoi refusent-elles cet élément essentiel pour leur enquête ? De quoi ont-ils peur ? »

  • The Border Wars and Criminal vs Alien

    Moratorium on Deportations (MDC) has been conducting workshops and teach-ins around the senate version of immigration reform. This post uses some of that analysis and also connects with Mariame Kaba’s post on criminalization.

    http://inaborderworld.org/2013/06/22/the-border-wars-and-criminal-vs-alien

    #frontière #migration #guerre_des_frontières #criminalisation #Marianne_Kaba #sécurité #réforme #USA #militarisation_des_frontières