• Der tendenzielle Fall der Profitrate: Empirische Befunde aus sechs großen Volkswirtschaften, 1870-2015 « Zeitschrift LuXemburg
    https://www.zeitschrift-luxemburg.de/der-tendenzielle-fall-der-profitrate

    Das „Gesetz des tendenziellen Falls der Profitrate“ war laut Karl Marx eines der wichtigsten Themen der politischen Ökonomie. Als ein System, das auf dem Streben nach Profit und der „endlosen Akkumulation von Kapital“ (Wallerstein 2009) beruht, benötigt der Kapitalismus eine Profitrate auf einem gewissen Niveau, um erfolgreich und stabil funktionieren zu können. Sollte sich der tendenzielle Fall der Profitrate nicht aufhalten lassen, würde er zu einer unüberwindbaren Grenze der kapitalistischen Akkumulation werden und könnte die Überlebensfähigkeit des Kapitalismus als Wirtschafts- und Gesellschaftssystem gefährden (Marx 1894, 270).

    Viele marxistische Ökonominnen und Ökonomen haben das „Gesetz des tendenziellen Falls der Profitrate“ diskutiert und beurteilt, aber empirisch ließ es sich nicht eindeutig beweisen und einige theoretische Fragen blieben ungeklärt. In diesem Text präsentiere ich zunächst aktualisierte empirische Daten zur langfristigen Bewegung der Profitrate in sechs wichtigen Ökonomien des kapitalistischen Weltsystems (das Vereinigte Königreich, Frankreich, Deutschland, die Vereinigten Staaten, Japan und China) für den Zeitraum 1855/1870 bis 2015 sowie deren gewichteten Durchschnitte. Im Anschluss daran erörtere ich die Beziehung zwischen der Profitrate und der Grenzprofitrate. Diese Untersuchung zeigt, dass das langfristige Niveau der Profitrate von dem Verhältnis der langfristigen Rate des Wirtschaftswachstums zur Nettoinvestition in produktives fixes Kapital als Anteil am Profit bestimmt wird. Daraus folgt, dass die Profitrate nur dann gegen null fällt, wenn die Wachstumsrate des Profits gegen null fällt.
    Fallende Profitrate: Marx‘ Hypothese und der empirische Befund

    Marx erörterte das „Gesetz des tendenziellen Falls der Profitrate“ im 3. Band des Kapital (Marx 1894, 221-277). Laut Marx tendiert der kapitalistische technologische Fortschritt stark zur Mechanisierung (der Ersetzung von Arbeitskraft durch fixes Kapital). Wenn die kapitalistische Produktion zunehmend kapitalintensiver wird, steige die „organische Zusammensetzung des Kapitals“ (das Verhältnis des „konstanten Kapitals“ zum „variablen Kapital“ oder das Verhältnis des in Produktionsmittel investierten Werts zum Wert der Arbeitskraft). Wenn der Anstieg der organischen Zusammensetzung des Kapitals nicht durch eine noch stärkere Steigerung der Mehrwertrate kompensiert wird, würde die Profitrate tendenziell fallen.

    Was Marx als „Gesetz des tendenziellen Falls der Profitrate“ bezeichnet, sollte am besten als eine Hypothese betrachtet werden, denn einige der mit diesem „Gesetz“ verbundenen theoretischen Fragen sind ungeklärt und ebenso fehlt es an beweiskräftiger empirischer Evidenz.
    ...

    Gesetz des tendenziellen Falls der Profitrate – Wikipedia
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Gesetz_des_tendenziellen_Falls_der_Profitrate

    #marxisme #économie #politique

  • L’hégémonie de la race : de Gramsci à Lacan. Entretien avec Richard Seymour – Revue Période @periode
    http://revueperiode.net/lhegemonie-de-la-race-de-gramsci-a-lacan-entretien-avec-richard-seymou

    Même dans ses interprétations les plus sophistiquées, le #marxisme a une fâcheuse tendance à lire le #racisme de façon instrumentale. Telle idéologie est adoptée par une série d’acteurs parce qu’elle est conforme à certains intérêts, parce qu’elle consolide une forme ou une autre d’hégémonie, parce qu’elle entretient des privilèges blancs. Pour le journaliste et chercheur indépendant Richard Seymour, ces explications sont insuffisantes. Issu d’un parcours militant au sein de la gauche révolutionnaire, Seymour montre dans cet entretien combien il est fâcheux pour les marxistes de rationaliser à outrance les comportements parfois les plus irrationnels, tels que les lynchages, les formes de violence de masse racistes. Pour faire face à ce défi théorique, il convoque Poulantzas, Stuart Hall et même Lacan. Au-delà de ces préoccupations, Seymour nous propose ici une véritable leçon de rectification, d’autocritique, pour être à la hauteur de la contre-révolution préventive des classes dominantes.

  • Iñigo Errejón : « Il est nécessaire que les forces de transformation et d’émancipation ne laissent pas l’idée de nation à la droite » (2/2)
    https://lemediapresse.fr/international/inigo-errejon-il-est-necessaire-que-les-forces-de-transformation-et-de

    Une rencontre avec Íñigo Errejón, cofondateur de #Podemos, aujourd’hui éloigné du parti-mouvement de la #Gauche espagnole sur la base de solides divergences théoriques. Dans cette seconde partie de notre entretien, mené le 29 juin 2019 : stratégies et division des gauches à #Madrid ; retour de l’extrême-droite avec Vox, « infanterie du bloc réactionnaire » ; possibilités d’un autre patriotisme.

    #Idées #International #Carmena #communisme #Errejon #Espagne #Etat #Gilets_Jaunes #Iglesias #Macron #Marxisme #peuple #populisme

  • CLR James, critical theory, and the dialectic | The Charnel-House
    https://thecharnelhouse.org/2017/11/24/clr-james-critical-theory-and-the-dialectic

    The writings of the Trinidadian Marxist and revolutionary #Cyril_Lionel_Robert_James contain some of the noblest reflections on human freedom ever put to page. Obviously the present author does not agree with all of James’ arguments, especially those concerning national self-determination as a step toward global emancipation. Eventually this mistaken belief led him to extend his “critical support” to Fidel Castro’s Cuba and Mao Tse-Tung’s China, as Matthew Quest has amply shown for Insurgent Notes. Nevertheless, there is much to be gained from reading the works of James.

    #marxisme

  • Iñigo Errejón : « L’unité de ceux d’en bas est plus grande et plus importante que l’unité de la #Gauche » (1/2)
    https://lemediapresse.fr/international/inigo-errejon-lunite-de-ceux-den-bas-est-plus-grande-et-plus-important

    Une rencontre avec Íñigo Errejón, cofondateur de #Podemos, aujourd’hui éloigné du parti-mouvement de la gauche espagnole sur la base de solides divergences théoriques. Dans la première partie de notre entretien : perspectives du mouvement des #Gilets_Jaunes, échecs et succès de Podemos, et pertinence du clivage gauche-droite.

    #Idées #International #communisme #Errejon #Espagne #Etat #Iglesias #Macron #Madrid #Marxisme #peuple #populisme

  • En #Colombie, des #leaders_sociaux tombent sous les balles par centaines
    https://lemediapresse.fr/international/en-colombie-des-leaders-sociaux-tombent-sous-les-balles-par-centaines

    Les assassinats de ces paysans, activistes et militants hantent le premier anniversaire du gouvernement droitier d’Iván #Duque, opposé à l’accord de paix entre l’ex-guérilla des #FARC et l’État.

    #International #Amérique_du_Sud #Amérique_Latine #bogota #Guérilla #Marxisme #marxiste #Révolution

  • Cause animale, véganisme et antispécisme | Le mensuel de LO
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2019/06/29/cause-animale-veganisme-et-antispecisme_132985.html

    Cet exposé a été présenté à la fête de #Lutte_Ouvrière à Presles (8-10 juin derniers), parmi plusieurs dizaines d’autres conférences-débats.

    Sommaire :
    – Les rapports entre humains et animaux  : toute une histoire
    – Les animaux désormais soumis à la loi du profit
    – La souffrance animale dans l’industrie de la viande
    – Les vrais responsables, les capitalistes
    – Tous coupables selon les antispécistes
    – La mode végane, nouvelle source de profit
    – Les marxistes, soucieux de la protection de la nature
    – Le programme révolutionnaire et la #cause_animale
    – Renverser le système capitaliste, la mère de toutes les batailles

    #capitalisme #alimentation #véganisme #végétariannisme #spécisme #marxisme

  • « Les morts se sont mis à parler » : actualité du combat des trotskystes soviétiques | Article du mensuel de #Lutte_Ouvriere
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2019/06/02/les-morts-se-sont-mis-parler-lactualite-du-combat-des-trotsk

    En janvier 2018, à Verkhnéouralsk, une petite ville de l’Oural, des ouvriers firent une découverte dans une ancienne prison. Sous le parquet d’une cellule, ils trouvèrent plus de 400 pages de publications trotskystes des années 1930, dont des numéros de la revue Le bolchevik-léniniste. Un groupe de détenus bolcheviques-léninistes (le nom que se donnaient les trotskystes soviétiques) avait rédigé ces pages, les avait copiées à la main et fait circuler. Cet isolateur, une prison à régime spécial où la police politique de Staline, le GPOu, regroupait les opposants pour mieux les isoler, compta jusqu’à près de 500 trotskystes.

    • « Les combats qu’il a menés ne sont pas affaire d’histoire, mais d’actualité pour les révolutionnaires d’aujourd’hui, car Trotsky et ses camarades sont restés les seuls à lever le drapeau du bolchevisme face à la bourgeoisie et à la contre-révolution stalinienne, en URSS comme ailleurs. Le trotskysme, et lui seul, a assuré la continuité du marxisme et du léninisme durant cette période. On ne peut être marxiste sans reprendre l’héritage du #bolchevisme, celui de la lutte pour la prise du pouvoir et contre la trahison de la #social_démocratie. De même, on ne peut valablement se revendiquer du #marxisme sans inscrire consciemment ses pas dans ceux de #Trotsky et des trotskystes soviétiques, seuls continuateurs du bolchevisme. »

  • Silvia Federici : « Le capitalisme est structurellement sexiste » par Olivier Doubre | Politis
    https://www.politis.fr/articles/2019/05/silvia-federici-le-capitalisme-est-structurellement-sexiste-40458

    Silvia Federici : Non, je ne peux pas dire cela ! J’ai beaucoup lu Marx et je considère qu’il est l’auteur absolument fondamental pour comprendre le #capitalisme jusqu’à aujourd’hui, ce système fondé sur l’exploitation du travail humain, le travail aliéné et le travail non payé. Je reconnais également sa contribution à la théorie féministe, avec sa conception de la nature humaine comme produit social et historique. J’admets tout cela, mais je demeure en désaccord avec lui sur bien des points. En particulier, le fait qu’il considère le capitalisme comme un mal nécessaire et que celui-ci aurait même une mission historique (par rapport aux périodes précédentes) de libération de l’humanité, avec le développement de l’industrie et de la productivité du travail. Mais je crois que cette conception s’est révélée ensuite tout à fait aveugle, puisqu’on sait aujourd’hui que l’industrialisation est en train de détruire la richesse sociale et non de produire la base matérielle d’une société plus juste.

    De même, la croyance de Marx dans le développement du capitalisme comme un facteur d’unification de la population mondiale et de nivellement des inégalités sociales est erronée : il n’a pas été capable de comprendre que le capitalisme est structurellement raciste et sexiste. Car il ne s’agit pas d’une ­anomalie ou d’une période temporaire lors d’une phase de son développement. Le capitalisme, ou plutôt l’accumulation capitaliste, est une accumulation de hiérarchies et d’inégalités intrinsèquement nécessaires à l’organisation et à la division du travail dans la production. Et celles-ci sont nécessaires au capitaliste pour son accumulation du travail non payé, qui n’existe pas seulement durant la journée de travail rémunérée. Car, au moyen du salaire qui fait vivre tout un foyer, le capitalisme parvient à mobiliser et à exploiter les non-salariés (dont les femmes sont une grande part) dans toute l’économie productive. Pour toutes ces raisons, je ne peux pas me définir comme marxiste !

  • En #Belgique, la guerre des gauches
    https://lemediapresse.fr/international/en-belgique-la-guerre-des-gauches

    Ce dimanche, des élections nationales et régionales auront lieu en Belgique, en parallèle des européennes. Si la gauche reste très minoritaire du côté flamand, la donne est totalement différente au sud du pays, où trois partis qui revendiquent l’étiquette, malgré leurs différences, se disputent le leadership dans des scrutins aux issues plus qu’incertaines.

    #International #Politique #Bruxelles #Ecolo #Ecologie #Elections #Marxisme #PS #PTB #Socialisme #Verts #Wallonie

  • La situation des classes laborieuses aux États-Unis d’Amérique 19 Mai 2019 Librairie Tropiques
    http://www.librairie-tropiques.fr/2019/05/la-situation-des-classes-laborieuses-aux-etats-unis-d-amerique.h

    Présentation par Nat London d’un nouveau livre de Mary-Alice Waters, publié par les éditions Pathfinder .

    https://www.youtube.com/watch?v=QAHT4r7ay-g

    Déjà publié en anglais et en espagnol, à paraître bientôt en français, ce livre fait l’état des conditions actuelles de vie, de la renaissance et des perspectives de lutte d’un des plus importants secteurs de la classe ouvrière dans le monde aujourd’hui :

    « Vous ne pouvez pas comprendre ce qui se passe aux États-Unis sans comprendre la dévastation des vies des familles de travailleurs dans des régions comme la Virginie occidentale, et l’augmentation considérable des inégalités de classe depuis la crise de 2008. »

    Un géant a commencé à bouger...
    
Hillary Clinton les appelle « les déplorables » qui habitent des régions « reculées » entre New York et San Francisco. Mais des dizaines de milliers de professeurs et de personnels des écoles de Virginie occidentale, d’Oklahoma et au-delà ont montré l’exemple par leurs grèves victorieuses en 2018. Les travailleurs à travers la Floride se sont mobilisés et ont gagné le rétablissement du droit de vote pour plus d’un millions d’anciens prisonniers.

    S’appuyant sur les meilleures traditions de lutte des opprimés et des producteurs exploités de toutes les couleurs de peau et origines nationales aux US, ils ont lutté pour la dignité et le respect pour eux-mêmes, pour leurs familles et pour tous les travailleurs.

    #usa, #Nat_London, #Pathfinder, #Working_Class, #communisme, #marxisme #GiletsJaunes #Révoltes #donald_trump

  • Kritik des Gothaer Programms
    https://marxwirklichstudieren.files.wordpress.com/2012/11/marx-kritik-des-gothaer-programms.pdf


    C’est le début de la fin. Avec le programme de Gotha (sic) le parti SPD commence son évolution du parti d’ouvriers au parti du marketing politique d’aujourd’hui.

    Friedrich Engels, London, 18./28. März 1875:
    Marx ist eben ausgezogen, er wohnt 41, Maitland Park Crescent, NW, London.

    #Allemagen #histoire #politique #SPD #marxisme

  • Erik Olin Wright : reconstruire le marxisme - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Erik-Olin-Wright-reconstruire-le-marxisme.html

    Je ne connaissais pas cet auteur, sociologue et politique... c’est passionnant.

    Disparu en janvier 2019, le sociologue américain Erik Olin Wright a consacré sa vie à échafauder les bases d’un avenir post-capitaliste de l’humanité en repensant les rapports de classes et leurs transformations, à l’aune d’un marxisme renouvelé par l’enquête empirique.

    Erik Olin Wright s’est éteint le 23 janvier 2019 à l’âge de 72 ans. Sociologue, il était surtout connu pour ses travaux sur les classes sociales qui avaient revivifié les débats théoriques et empiriques sur les structures de classe (en particulier son livre Classes publié en 1985), et conduit les sociologues américains à l’élire en 2012 à la présidence de l’Association américaine de sociologie. Mais il était aussi indéfectiblement attaché à l’espoir et au projet d’un avenir post-capitaliste de l’humanité, qu’il jugeait à la fois nécessaire, urgent et possible, ou pour reprendre ses mots à l’idée d’un socialisme démocratique [1].

    Depuis deux décennies, il avait ainsi contribué à remettre au premier plan, et au cœur de la théorie sociale et politique, la question des alternatives au capitalisme et des stratégies de transformation sociale. Son œuvre majeure sur la question est d’ailleurs le seul livre qui aura été traduit en français de son vivant [2], sous le titre Utopies réelles qui résume parfaitement sa démarche : trouver les voies d’un dépassement concret du capitalisme tout en se tenant fermement sur le terrain du possible, en rupture avec l’adaptation pseudo-réaliste au réel, mais aussi avec le repli consolateur sur les mirages néo-communautaires ou la fétichisation esthétisante de l’émeute [3], tous deux voués à laisser intact le monde tel qu’il est.

    #Erik_Olin_Wright #Sociologie #Marxisme #Classes_sociales

  • Leçons du mouvement des Gilets jaunes, Badiou
    https://drive.google.com/file/d/1VGECYnlh_LgRRwKvtgd_uSU7liyudQvm/view

    La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990.
    D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

    Où l’on vérifie que « le plus grand penseur français » (Aude Lancelin) se montre apte à dégouter du marxisme voire de toute théorisation tout lecteur un tant soit peu attentif qui se refuse à définir le soulèvement Gilets jaunes comme une mobilisation des « classes moyennes », fussent-elles « populaires ».
    Je vais pas égrener ici le genre de « catégories sociales » qui sont au coeur de ce soulèvement, du cariste à l’aide soignante, de l’infirmière aux intérimeuses. Juste signaler, par exemple, que seule l’idéologie autorise à considérer globalement les #auto_entrepreneurs comme des patrons (de qui ?!, à combien ?).

    #idéologie #Bad_You !! #shame #classes_moyennes #Gilets_Jaunes #marxisme_fossile

    • Une version reçue par mel, histoire de ne pas avoir besoin d’un compte gougueule

      Leçons du mouvement des « gilets jaunes » - Alain Badiou —

      Que faut-il penser, ce qui s’appelle penser, et non courir en aboyant, de la contradiction, violente, durable, entre le mouvement des gilets jaunes et les autorités de l’Etat, conduites par le petit président Macron ?
      J’ai dit fermement, dès le tour final des élections présidentielles, que je ne me rallierai jamais ni bien entendu à Marine Le Pen, capitaine de l’extrême-droite parlementaire, ni à Macron, qui montait ce que j’ai appelé « un coup d’Etat démocratique », au service pseudo-réformateur du grand capital.

      Aujourd’hui, je ne change évidemment rien à mon jugement sur Macron. Je le méprise sans aucune retenue. Mais que dire du mouvement des gilets jaunes ? Je dois avouer qu’en tout cas, dans ses débuts, l’année dernière, je n’y ai rien trouvé, que ce soit dans sa composition, ses affirmations ou ses pratiques, qui soit à mes yeux politiquement novateur, ou progressiste.

      Que les raisons de cette révolte soient nombreuses, et qu’à ce titre on puisse considérer le mouvement comme légitime, je l’accorde sans hésiter. Je connais la désertification des zones rurales, le triste silence des rues abandonnées dans les villes petites, et même moyennes ; l’éloignement continu, pour des masses de gens, des services publics, du reste peu à peu privatisés : dispensaires, hôpitaux, écoles, bureaux de poste, gares de la SNCF, téléphone. Je sais qu’une paupérisation, d’abord rampante, puis accélérée, affecte des populations qui, il y a quarante ans encore, bénéficiaient d’un pouvoir d’achat en progression quasi continue. Il est certain que les formes nouvelles de la fiscalité, son aggravation, peuvent apparaître comme une des causes de cette paupérisation. Je n’ignore nullement que la vie matérielle de familles entières devient un casse-tête, notamment pour de nombreuses femmes, du reste très actives dans le mouvement des gilets jaunes
      En résumé : il y a en France un très fort mécontentement de ce qu’on peut nommer la partie laborieuse, majoritairement provinciale, et aux revenus modérés, de la classe moyenne. Le mouvement des gilets jaunes est une représentation significative, en forme de révolte active et virulente, de ce mécontentement.

      Les raisons historico-économiques de cette levée sont, pour qui veut bien les entendre, parfaitement claires. Elles expliquent du reste pourquoi les gilets jaunes renvoient le début de leurs malheurs à il y a quarante ans : en gros, les années quatre-vingt, début d’une longue contre-révolution capitalo-oligarchique, appelée à tort « néo-libérale » alors qu’elle était libérale tout court. Ce qui veut dire : retour à la sauvagerie du capitalisme du XIXe siècle. Cette contre-révolution venait en réaction aux dix « années rouges » — grosso modo de 1965 à 1975 —, dont l’épicentre français fut Mai 68 et l’épicentre mondial la Révolution Culturelle en Chine. Mais elle fut considérablement accélérée par l’effondrement de l’entreprise planétaire du communisme, en URSS, puis en Chine : plus rien, à échelle mondiale, ne s’opposait à ce que le capitalisme et ses profiteurs, singulièrement l’oligarchie trans-nationale des milliardaires, exercent un pouvoir sans limites.
      Bien entendu, la bourgeoisie française a suivi le mouvement contre-révolutionnaire. Elle en a même été une capitale intellectuelle et idéologique, avec les agissements des « nouveaux philosophes », qui ont veillé à ce que l’Idée communiste soit partout pourchassée, non seulement comme fausse, mais comme criminelle. De nombreux intellectuels, renégats de Mai 68 et du maoïsme, ont été de consciencieux chiens de garde, sous des vocables fétiches et inoffensifs, comme « liberté », « démocratie », ou « notre république », de la contre-révolution bourgeoise et libérale.

      Cependant, la situation de la France, peu à peu, des années quatre-vingt à aujourd’hui, s’est dégradée. Ce pays n’est plus ce qu’il a été pendant les « trente glorieuses » de la reconstruction d’après-guerre. La France n’est plus une puissance mondiale forte, un impérialisme conquérant. On la compare couramment, aujourd’hui, à l’Italie, voire à la Grèce. La concurrence la fait reculer partout, sa rente coloniale est au bout du rouleau et demande, pour être maintenue, d’innombrables opérations militaires en Afrique, coûteuses et incertaines. En outre, comme le prix de la force de travail ouvrière est bien plus bas ailleurs qu’en France, par exemple en Asie, les grandes usines sont toutes peu à peu délocalisées vers l’étranger. Cette désindustrialisation massive entraîne une sorte de ruine sociale qui s’étend de régions entières, comme la Lorraine et sa sidérurgie ou le Nord des usines textiles et des mines de charbon, jusqu’à la banlieue parisienne, du coup livrée à la spéculation immobilière sur les innombrables friches laissées par des industries en perdition.

      La conséquence de tout cela est que la bourgeoisie française — son oligarchie dominante, les actionnaires du CAC 40 — ne peut plus entretenir à son service, sur le même pied qu’avant, notamment avant la crise de 2008, une classe moyenne politiquement servile. Cette classe moyenne a été en effet le support historique à peu près constant de la prééminence électorale des diverses droites, prééminence dirigée contre les ouvriers organisés des grandes concentrations industrielles, lesquels étaient tentés par le communisme entre les années vingt, et, justement, les années 1980-1990. D’où la levée actuelle d’une part importante, et populaire, de cette classe moyenne, qui a le sentiment d’être abandonnée, contre Macron, qui est l’agent de la « modernisation » capitaliste locale, ce qui veut dire : serrer partout la vis, économiser, austériser, privatiser, sans les égards, qui existaient encore il y a trente ans, pour le confort des classes moyennes, en échange de leur consentement au système dominant.

      Les gilets jaunes, arguant de leur bien réelle paupérisation, veulent qu’on leur paie de nouveau ce consentement au prix fort. Mais c’est absurde, puisque précisément le macronisme est le résultat du fait que l’oligarchie, premièrement a moins besoin du soutien des classes moyennes, dont le financement était coûteux, depuis que le danger communiste a disparu ; et deuxièmement n’a plus les moyens de se payer une domesticité électorale de la même envergure qu’autrefois. Et que donc, il faut aller, sous couvert de « réformes indispensables » vers une politique autoritaire : une nouvelle forme du pouvoir d’Etat servira de support à une « austérité » juteuse, étendue du peuple des chômeurs et des ouvriers jusqu’aux couches inférieures de la classe moyenne. Et ce pour le profit des vrais maîtres de ce monde, à savoir les actionnaires principaux des grands groupes de l’industrie, du commerce, des matières premières, des transports et de la communication.

      Dans le Manifeste du Parti communiste, écrit en 1848, Marx examinait déjà ce type de conjoncture, et parlait, au fond, avec précision, de ce que sont aujourd’hui nos gilets jaunes. Il écrivait ceci : La classe moyenne, les petits fabricants, les détaillants, les artisans, les paysans combattent la Bourgeoisie, parce qu’elle compromet leur existence en tant que classe moyenne. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs  ; qui plus est, ils sont réactionnaires  ; ils demandent que l’histoire fasse machine arrière.
      Ils le demandent aujourd’hui d’autant plus âprement que la bourgeoisie française n’est plus en état, vu le tour pris par le capitalisme mondialisé, de soutenir et encore moins d’augmenter leur pouvoir d’achat. Les gilets jaunes « combattent la Bourgeoisie », comme le dit Marx, c’est vrai. Mais ils le font pour restaurer un ordre ancien et périmé, et non pour inventer un nouvel ordre social et politique, dont les noms ont été, depuis le XIXe siècle, « socialisme », ou, surtout, « communisme ». Car pendant presque deux siècles, tout ce qui n’était pas peu ou prou défini selon une orientation révolutionnaire était très justement considéré comme relavant de la réaction capitaliste. Il n’y avait, en politique, que deux grandes voies. Nous devons absolument revenir vers cette conviction : deux voies, en politique, deux seulement, et jamais une poussière « démocratique » de pseudo tendances, sous la houlette d’une oligarchie qui se déclare « libérale ».
      Ces considérations générales nous permettent de revenir aux caractéristiques concrètes du mouvement des gilets jaunes. Ses caractéristiques en quelque sorte spontanées, celles qui ne sont pas dues à des interventions extérieures au courant principal de la levée, sont en réalité « réactionnaires », comme le dit Marx, mais en un sens plus moderne : on pourrait appeler la subjectivité de ce mouvement un individualisme populaire, rassemblant des colères personnelles liées aux formes neuves de la servitude aujourd’hui imposée à tous par la dictature du Capital.

      C’est la raison pour laquelle il est faux de dire, comme le font certains, que le mouvement des gilets jaunes est intrinsèquement fasciste. Non. Le fascisme organise de façon le plus souvent très disciplinée, voire militarisée, des motifs identitaires, nationaux ou racialistes. Il y a dans la présente levée inorganisée – comme l’est toujours la classe moyenne urbaine — et de ce fait même individualiste, des gens de toutes sortes, de tous métiers, qui se pensent souvent, et sincèrement, comme démocrates, qui en appellent aux lois de la République – ce qui, aujourd’hui en France, ne mange pas de pain. A vrai dire, chez la grande majorité d’entre eux, les convictions proprement politiques sont flottantes. Mais à considérer le mouvement — encore une fois tel qu’il se donne dans sa « pureté » initiale – à partir de ses rares aspects collectifs, mots d’ordre, énoncés répétés, je n’y vois rien qui me parle, m’intéresse, me mobilise. Leurs proclamations, leur désorganisation périlleuse, leurs formes d’action, leur absence assumée de pensée générale et de vision stratégique, tout cela proscrit l’inventivité politique. Je ne suis certes pas conquis par leur hostilité à toute direction incarnée, leur crainte obsessionnelle de la centralisation, du collectif unifié, crainte qui confond, comme le font tous les réactionnaires contemporains, démocratie et individualisme. Rien de tout cela n’est de nature à opposer au très odieux et misérable Macron une force progressiste, novatrice et victorieuse au long cours.
      Je sais que les adversaires de droite du mouvement, notamment chez les intellectuels renégats, les ex-révolutionnaires devenus les chantres du pouvoir policier dès lors que l’oligarchie et l’Etat leur assurent des tribunes pour leur bavardage libéral – accusent le soulèvement « gilets jaunes » d’antisémitisme ou d’homophobie, ou encore de « danger pour notre République ». Je sais aussi que s’il existe des traces de tout cela, elles sont le résultat, non d’une conviction partagée, mais d’une présence, d’une infiltration active, de l’extrême-droite dans un mouvement désorganisé au point qu’il est vulnérable à toutes les manipulations imaginables. Mais enfin, ne nous voilons pas la face : Divers indices, notamment des traces évidentes de nationalisme à courte vue, d’hostilité latente aux intellectuels, de « démocratisme » démagogique dans le style crypto-fasciste de « le peuple contre les élites », et de confusion dans les discours, doivent inciter quiconque à être prudent dans toute appréciation trop globale de ce qui se passe aujourd’hui. Acceptons de voir que les ragots des « réseaux sociaux » tenant lieu, pour la majorité des gilets jaunes, d’information objective, la conséquence en est que circulent partout dans le mouvement des pulsions complotistes aberrantes.

      Un proverbe d’autrefois dit que « tout ce qui bouge n’est pas rouge ». Et pour le moment, du « rouge », dans le mouvement des gilets, qui certes « bouge », il n’est pas question : je ne vois, outre le jaune, que du tricolore, toujours un peu suspect à mes yeux.
      Bien sûr, les ultragauches, les anti-fafs, les dormeurs éveillés de nuit-debout, ceux qui sont toujours à l’affût d’un « mouvement » à se mettre sous la dent, les vantards de « l’insurrection qui vient », célèbrent les proclamations démocratiques (en fait, individualistes et à courte vue), introduisent le culte des assemblées décentralisées, s’imaginent refaire bientôt la prise de la Bastille. Mais ce sympathique carnaval ne peut m’impressionner : il a conduit partout, depuis dix ans et plus, à de terribles défaites, payées très chères par les peuples. En effet, les « mouvements » de la dernière séquence historique, de l’Egypte et du « printemps arabe » à Occupy Wall Street, de ce dernier à la Turquie des grandes places, de cette Turquie à la Grèce des émeutes, de la Grèce aux indignés de tous bords, des indignés à Nuit Debout, de Nuit Debout aux Gilets Jaunes, et bien d’autres encore, semblent très ignorants des lois réelles et implacables qui gouvernent aujourd’hui le monde. Passés les grisants mouvements et rassemblements, les occupations de toutes sortes, ils s’étonnent que la partie soit si dure, et que toujours on échoue, voire même qu’on a, chemin faisant, consolidé l’adversaire. Mais la vérité est qu’ils n’ont même pas constitué le début d’un antagonisme réel, d’une autre voie, à portée universelle, au regard du capitalisme contemporain.

      Rien n’est plus important, dans le moment actuel, que d’avoir présentes à l’esprit les leçons de cette séquence des « mouvements », gilets jaunes compris. On peut les résumer en une seule maxime : un mouvement dont l’unité est strictement négative, ou bien échouera, donnant le plus souvent une situation pire que celle qui sévissait à son origine, ou bien devra se diviser en deux, à partir du surgissement créateur, en son sein, d’une proposition politique affirmative qui soit réellement antagonique à l’ordre dominant, proposition soutenue par une organisation disciplinée.

      Tous les mouvements des dernières années, quelle que soit leur localisation et leur durée, ont suivi une trajectoire pratiquement similaire et en vérité catastrophique :
      –- unité initiale constituée strictement contre le gouvernement en place. C’est le moment qu’on peut dire « dégagiste », de « Moubarak dégage » à « Faire la fête à Macron »
      –- unité maintenue par un mot d’ordre complémentaire lui-même exclusivement négatif, après un temps de bagarres anarchiques, quand la durée commence à peser sur l’action de masse, mot d’ordre du genre « à bas la répression », « à bas les violences policières ». Le « mouvement », alors, faute de contenu politique réel, ne se réclame plus que de ses blessures ;
      –- unité défaite par la procédure électorale, quand une partie du mouvement décide d’y participer, une autre non, sans qu’aucun contenu politique véritable ne soutienne ni la réponse positive, ni la négative. Au moment où j’écris ces lignes, la prévision électorale ramène Macron à ses scores antérieurs au mouvement des gilets, le total de la droite et de l’extrême droite à plus de 60%, et le seul espoir de la gauche défunte, la France Insoumise, à 7%.
      –- D’où : venue au pouvoir, par les élections, de pire qu’avant. Soit que la coalition déjà en place les remporte, et ce de façon écrasante (ce fut le cas en Mai 68 en France) ; ou qu’une formule « nouvelle » en fait étrangère au mouvement et fort peu agréable soit victorieuse (en Egypte, les frères musulmans, puis l’armée avec Al Sissi ; Erdogan en Turquie) ; ou que les gauchistes en parole soient élus mais capitulent aussitôt sur le contenu (Syriza en Grèce) ; ou que l’extrême droite soit à elle seule victorieuse (le cas de Trump aux USA) ; ou qu’un groupe issu du mouvement s’acoquine avec l’extrême droite pour s’installer dans le fromage gouvernemental (le cas italien, avec l’alliance du mouvement cinq étoiles et des fascistoïdes de la ligue du nord). Remarquons que ce dernier cas a ses chances en France, si parvient à fonctionner une alliance d’une organisation prétendument venue des « gilets jaunes » et de la secte électorale de Marine Le Pen.

      Tout cela parce qu’une unité négative est hors d’état de proposer une politique, et sera donc en définitive écrasée dans le combat qu’elle engage. Mais pour proposer un au-delà de la négation, encore faut-il identifier l’ennemi, et savoir ce que signifie de faire réellement autre chose que lui, absolument autre chose. Ce qui implique a minima une connaissance effective du capitalisme contemporain à échelle mondiale, de la place décadente qu’y occupe la France, des solutions de type communiste concernant la propriété, la famille (l’héritage) et l’Etat, des mesures immédiates mettant en route ces solutions, comme aussi un accord, venu d’un bilan historique, des formes d’organisation appropriées à ces impératifs.

      Pour assumer tout cela, seul une organisation ressuscitée sur des bases nouvelles peut rallier, en quelque sorte au futur, une partie des classes moyennes en déroute. Il est alors possible, comme l’écrit Marx, que [la classe moyenne] agisse révolutionnairement, par crainte de tomber dans le Prolétariat  : ils défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels  ; ils abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.

      Il y a là une indication précieuse, qui autorise une conclusion partiellement positive, mais sur un point essentiel : il existe sans doute une gauche potentielle du mouvement des gilets jaunes, une très intéressante minorité : celle que constituent ceux des activistes du mouvement qui, en fait, découvrent qu’il faut penser leur cause au futur et non au présent, et inventer, au nom de ce futur, leur ralliement à autre chose que leurs revendications statiques sur le pouvoir d’achat, les taxes, ou la réforme de la constitution parlementaire.
      On pourrait dire alors que cette minorité peut constituer une part du peuple réel, soit le peuple au sens où il porte une conviction politique stable, incarnant une voie réellement antagonique à la contre-révolution libérale.

      Bien sûr, sans incorporation massive des nouveaux prolétaires, les gilets jaunes ne peuvent représenter, tels quels, « le peuple ». Ce serait le réduire, ce peuple, à la nostalgie de la partie la plus démunie de la classe moyenne pour son statut social en perdition. Pour être, aujourd’hui, en politique, « le peuple », il faut que la foule mobilisée comporte un contingent fort et central du prolétariat nomade de nos banlieues, prolétariat venu d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est, d’Amérique latine ; il faut qu’elle affiche des signes clairs de rupture avec l’ordre dominant. D’abord dans les signes visibles, comme le drapeau rouge à la place du tricolore. Ensuite dans ce qui est dit, comme des tracts et des banderoles porteurs de directives et d’affirmations antagoniques à cet ordre. Ensuite encore, dans les exigences minimales qu’il faut clamer, par exemple l’arrêt total des privatisations et l’annulation de toutes celles qui ont eu lieu depuis le milieu des années quatre-vingt. Il faut avoir comme idée maîtresse le contrôle collectif sur tous les moyens de production, tout l’appareil bancaire, et tous les services publics (santé, éducation, transports, communication). Bref, le peuple politique ne peut se contenter, pour exister, de rassembler quelques milliers de mécontents, fussent-ils, ce que je crois, cent mille, et de réclamer d’un Etat — déclaré par ailleurs, à juste titre, détestable — qu’il veuille bien vous « considérer », organiser pour vous des référendums (lesquels, par exemple ?), entretenir quelques services de proximité et remonter un peu votre pouvoir d’achat en diminuant vos impôts.

      Mais passées les exagérations, les rodomontades, le mouvement des gilets jaunes peut être très utile dans l’avenir, comme le dit Marx : du point de vue de son futur. Si en effet nous nous tournons vers cette minorité d’activistes du mouvement des gilets jaunes qui, à force de se réunir, d’agir, de parler, ont compris en quelque sorte de façon intuitive qu’il leur fallait acquérir une vision d’ensemble, à échelle mondiale comme française, de ce qui est la source véritable de leur malheur, à savoir la contre-révolution libérale ; et qui par conséquent sont prêts à participer aux étapes successives de la construction d’une force de type nouveau ; alors, ces gilets jaunes, pensant à partir de leur futur ; contribueront sans aucun doute à l’existence, ici, d’un peuple politique. C’est pourquoi nous devons leur parler, et s’ils y consentent, organiser avec eux des réunions où se constitueront les premiers principes de ce qu’on peut appeler, ce qu’on doit appeler pour être clair, même si le mot est devenu, ces trente dernières années, à la fois maudit et obscur, un communisme, oui, un communisme nouveau. Comme l’expérience l’a montré, le rejet de ce mot a aussi bien donné le signal d’une régression politique sans précédent, celle-là même contre se lèvent, sans trop le savoir, tous les « « mouvements » de la dernière période, y compris ce qu’il y a de meilleur dans les « gilets jaunes » : les militants qui espèrent un nouveau monde.
      Pour commencer, ces nouveaux militants soutiendront ce que je crois être indispensable : créer, partout où on le peut, des grandes banlieues aux petites villes désertées, des écoles où les lois du Capital et ce que veut dire les combattre au nom d’une orientation politique totalement différente, soient enseignées et discutées de façon claire. Si au-delà de l’épisode « gilets jaunes contre Macron blanc », mais porté par ce que cet épisode avait au futur de meilleur, un tel réseau d’écoles politiques rouges pouvait voir le jour, le mouvement, par son indirecte puissance d’éveil, s’avèrerait avoir eu une véritable importance.

    • Considérer les professions intermédiaires uniquement à l’aune de la France est une erreur monumentale, actuellement, et oui, il s’agit bien de la classe moyenne à l’échelle mondiale. Et les Macron, Trump et autres Poutine gouvernent, ou plutôt dirigent, à l’échelle mondiale, eux, dans les sillons des multinationales.

    • #Livre

      Peau rouge, masques blancs
      Contre la politique coloniale de la reconnaissance

      #Glen_Sean_Coulthard

      Traduction de l’anglais par Arianne Des Rochers et Alex Gauthier
      Préface de Taiaiake Alfred

      Lire un extrait

      ISBN : 9782895962601

      Collection : Humanités

      368 pages

      Parution en Amérique du Nord : 15 février 2018

      Le paradigme hégélien de la reconnaissance, admirablement critiqué par #Frantz_Fanon dans l’œuvre phare à laquelle ce livre rend hommage, est aujourd’hui évoqué, sous sa forme libérale, dans les débats entourant l’autodétermination des peuples colonisés, notamment les peuples #autochtones d’Amérique du Nord. Politologue et militant, membre de la Nation #dénée du Nord-Ouest du Canada, l’auteur reprend ici la critique fanonienne et démontre en quoi cette reconnaissance ne fait que consolider la domination coloniale.

      Cet ouvrage de théorie politique engagée appelle à rebâtir et redéployer les pratiques culturelles des peuples colonisés sur la base de l’autoreconnaissance, seule voie vers une réelle décolonisation. Penseur marxiste, #Coulthard sait que le #marxisme ne peut s’appliquer tel quel à la lutte des Autochtones, mais il en souligne la contribution potentielle et signe ici un véritable traité de combat #décolonial et #anticapitaliste.

      « Ce livre offre une critique pénétrante du colonialisme contemporain et une vision claire de la résurgence autochtone, en plus de constituer une contribution importante à la pensée révolutionnaire. »

      #Taiaiake Alfred, extrait de la préface

  • BALLAST | Marx et l’immigration : mise au point
    https://www.revue-ballast.fr/marx-et-limmigration-mise-au-point

    Socialismes et immigration : les divergences ne sont pas seulement d’actualité. En 1845, Engels avançait que l’immigration irlandaise à contribué, en Angleterre, à « abaisser le salaire et avec lui la classe ouvrière elle-même » ; un demi-siècle plus tard, Jean Jaurès faisait l’éloge du « socialisme douanier » pour mieux « protéger la main d’œuvre française contre la main d’œuvre étrangère » bon marché ; au début des années 1910, Lénine évoquait, pour s’en féliciter cette fois, la « transmigration des peuples » créée par le capitalisme : si le leader communiste convenait volontiers du fait que les capitalistes « exploitent de la façon la plus éhontée les ouvriers émigrés », il estimait que seuls « les réactionnaires » pouvaient s’en offusquer tant celle-ci, brouillant les étroits cadres chauvins, contribuait à rassembler les ouvriers du monde entier dans une perspective, à terme, révolutionnaire. Une analyse de Marx est ainsi fréquemment mobilisée au sein de la gauche anticapitaliste — partagée qu’elle est, pour le dire à grands traits, entre sa volonté d’accueillir inconditionnellement, d’abolir les frontières, d’encadrer, de réguler ou de remettre en cause les mouvements migratoires : « l’armée de réserve » du capitalisme. Un concept tiré du chapitre 25 du Capital. Mais que recouvre-t-il vraiment ? Que devient le « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » ? Pour y voir plus clair, nous avons posé la question au philosophe Jacques Bidet, coauteur du Dictionnaire Marx contemporain et exégète marxiste.

    #immigration #marxisme #populisme

  • #Sanaz_Ahmadi : Les prisonnières ont-elles des droits ?
    https://tradfem.wordpress.com/2018/09/25/les-prisonnieres-ont-elles-des-droits

    #Kajsa_Ekis_Ekman a écrit la semaine dernière un article à propos d’un Suédois, Kristoffer Johansson*, qui sera bientôt transféré de la prison pour hommes de classe 1 (sécurité maximum) à la prison de sécurité pour femmes de classe 2. Il n’y a pas de prison pour femmes de classe 1 en Suède. Devinez pourquoi… #peaktrans #féminisme radical #marxisme #swepol

    Nous ne pouvons plus dorloter les émotions des hommes. Kristoffer Johansson a violé une femme, Vatchareeya Bangsuan. Il a étalé son sperme sur sa victime, puis l’a assassinée et débitée en morceaux. Il a ensuite feint de s’inquiéter de sa disparition et s’est joint à l’équipe de recherche de son cadavre. Le massacre de Vatchareeya Bangsuan fait partie de la terreur infligée par les hommes aux femmes.

    Le meurtre de Vatchareeya illustre une terreur avec laquelle les femmes grandissent et qui est normalisée par les institutions sociales. Ce n’est pas un hasard s’il était un homme et qu’elle était une femme. Et le fait que les émotions de Kristoffer aient aujourd’hui priorité sur la vie de femmes est une conséquence naturelle du patriarcat institutionnalisé.

    Le fait que la vie de Vatchareeya en tant que femme de couleur ne valait tellement rien que la peine de Kristoffer ait été réduite de moitié et le chef de meurtre réduit à celui d’homicide involontaire n’était pas un crachat suffisamment gros jeté au visage des femmes. Maintenant, des femmes qu’il n’avait pas encore atteintes se feront également cracher dessus.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.facebook.com/martindufresne/posts/10156357997406418?__tn__=K-R
    #prison #féminicide #meurtre #trans #femme #viol

  • Contre le #chaos de l’impérialisme en putréfaction, le programme de lutte de la classe ouvrière | Le mensuel de #Lutte_Ouvriere
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2018/09/16/contre-le-chaos-de-limperialisme-en-putrefaction-le-programm

    Il y a un lien profond, organique, entre les différents événements d’une situation mondiale chaotique, aussi bien dans son économie que dans les relations internationales et dans l’évolution politique des puissances impérialistes, et jusque dans l’incapacité de l’humanité à faire face aux conséquences écologiques de sa propre activité, du réchauffement de la planète à la transformation des océans en poubelles.
    La réalité qui s’exprime par tous ces faits et événements multiformes, c’est la présente #crise de l’#économie_capitaliste mondiale. Nous parlons de crise actuelle, car les crises rythment périodiquement l’économie capitaliste depuis ses débuts et constituent en quelque sorte son régulateur normal.

    #Trotsky, parlant des crises «  ordinaires  » du capitalisme, déclarait, en juin 1921, lors du troisième congrès de l’Internationale communiste  : «  Tant que le #capitalisme n’aura pas été brisé par une révolution prolétarienne, il vivra les mêmes périodes de hausse et de baisse, il connaîtra les mêmes cycles. Les crises et les améliorations sont propres au capitalisme dès le jour de sa naissance et l’accompagneront jusqu’à sa tombe.  »

    Mais il constatait également  : «  Pendant les périodes de développement rapide du capitalisme, les crises sont courtes et ont un caractère superficiel (…). Pendant les périodes de décadence, les crises durent longtemps et les relèvements sont momentanés, superficiels et basés sur la spéculation.  »

    L’évolution de fond, le poids déterminant de la finance, la «  transformation des actionnaires en parasites sociaux  » (Trotsky, Le #marxisme et notre époque, 1939), la décomposition de l’économie capitaliste ne datent certes pas d’aujourd’hui. La financiarisation de l’économie non plus, bien que la crise actuelle en souligne les dégâts, avec netteté.

    Ce constat avait amené Lénine, il y a un siècle déjà, à parler de l’#impérialisme comme du «  stade sénile  » du capitalisme, et Trotsky, dans le Programme de transition, à parler de «  l’agonie du capitalisme  ».

    Cette agonie dure bien plus longtemps que Lénine et Trotsky ne l’avaient espéré. Mais...

  • Le CEDETIM salue la mémoire de Samir Amin 

    Samir Amin (1931-2018), d’ascendance égyptienne et française, africain de cœur et de tous les tiers-mondes, militant altermondialiste de tous les combats contre l’impérialisme et les inégalités.
    Il restera évidemment le théoricien du développement inégal. Une explication du monde, de la persistance et du développement des inégalité structurelles dans le système-monde entre le « centre » et les « périphéries », qu’il a développé dans ses ouvrages des années 1970, comme L’accumulation à l’échelle mondiale (1970), Le développement inégal (1973), la crise de l’impérialisme (avec A. Faire, M. Hussein et G. Massiah, en 1975), et surtout L’impérialisme et le développement inégal, (aux éditions de Minuit en 1976). Le « tiers-monde » post-colonial n’est pas sous-développé, il est intégré de force au monde capitaliste , dans un système structurellement inégalitaire de développement du sous-développement. Samir Amin participera au renouvellement du marxisme et explorera des voies qui permettent de comprendre l’évolution du monde et de sa transformation. 

    Comment rompre cet engrenage ? C’est l’objet de La déconnexion : pour sortir du système mondial publié en 1986 à La découverte. Mais la chute du bloc soviétique n’a fait que renforcer ce système qui, pour lui est caractérisé par l’extrême centralisation du pouvoir dans toutes ses dimensions, locales et internationales, économiques, politiques et militaires, sociales et culturelles. Certes certains grands pays « émergent », et les rapports de forces se modifient, mais partout se creusent les inégalités, le processus de prolétarisation généralisée et s’aggravent les risques de la crise économique social et écologique constatait-il, en aout 2017 (Pour une internationale des peuples, 16 aout 2017)

    Il ne faut pas oublier que Samir Amin a aussi beaucoup étudié les sociétés et économies du Maghreb, d’Afrique occidentale, d’Egypte, à partir de son premier livre, L’Egypte nassérienne (publié aux Editions de Minuit en 1964). Il a livré quelques analyses historiques et politiques lumineuses comme, La nation arabe, nationalisme et luttes de classes, aux Editions de Minuit, 1976.

    Militant autant qu’analyste ou théoricien, Samir Amin n’a jamais cessé de proposer, d’enseigner et d’agir. De 1970 à 1980, il dirige l’IDEP (Institut Africain de Développement Economique et de planification) ; il en fait un lieu d’excellence de la recherche africaine en économie politique et un accueil et un refuge pour les intellectuels africains engagés. En 1975 il a été parmi les fondateurs du Forum du Tiers Monde à Dakar.

    Il contribue aux travaux du CETRI (Centre Tricontinental), basé à Louvain-la-Neuve (Belgique) et animé par François Houtart (1925-2017), avec qui en 1996 il fonde le Forum Mondial des Alternatives, basé au Caire. Ce forum sera en 1999 à l’origine d’une initiative Anti-Davos, prélude à ce qui deviendra lors de sa première édition à Porto Alegre en 2001 le Forum social mondial, et bien entendu Samir Amin participera activement aux FSM suivants. Il sera aussi le président du Centre d’Etudes Africaines et Arabes du Caire, correspondant du Forum du tiers Monde de Dakar.

    Il écrit des projets et manifestes, après la chute du bloc soviétique sa Critique de l’air du temps en 1997,(à l’occasion du 150ème anniversaire du manifeste communiste) Pour la Cinquième Internationale, (éditions Le Temps des cerises 2006)., Ses interprétations de la géopolitique, ces propositions font débat dans le monde des militants altermondialistes. 

    Les mouvements de contestation au XXIe siècle et singulièrement ceux du printemps arabe de 2011 l’interpelle ( Monde arabe : le printemps des peuples ? Le Temps des cerises, 2011), L’Implosion du capitalisme contemporain. Automne du capitalisme, printemps des peuples ? Éditions Delga, 2012).

    Jusqu’au bout il participera (en 2018 de Salvador de Bahia à Zagreb) à des débats et initiatives militantes, ne refusant jamais discussion ou polémique, exprimant toujours sa solidarité, tout en poursuivant études et réflexions. Il appelait quelques mois avant de nous quitter à la nécessaire mise en route de la construction d’une nouvelle Internationale des travailleurs et des peuples.

    Samir Amin, notre camarade, a accompagné le CEDETIM depuis sa création, en lien avec un des groupes qui a participé à son lancement, en 1965 à Dakar. Depuis, il a toujours participé aux débats contradictoires qui ont traversé les mouvements porteurs des luttes anti-impérialistes avec le souci constant de l’émancipation, de la libération des peuples et de la solidarité internationaliste. 

    #Marxisme #Samir_Amin #Développement_inégal #Mondialisation