• « Derrière vos décisions, ce sont des gens qui vont mourir » / extraits du livre-enquête « Les Juges et l’Assassin » sur la gestion du Covid-19

    Dans leur livre à paraître mercredi 22 janvier chez Flammarion, les journalistes du « Monde » Gérard Davet et Fabrice Lhomme reviennent, éléments inédits à l’appui, sur la façon dont l’exécutif a géré la crise engendrée en 2020 par l’épidémie. Nous en publions des extraits.
    Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

    [Le récit de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, auteurs de Les Juges et l’Assassin (Flammarion, 448 pages, 23 euros), s’appuie notamment sur une documentation très abondante, extraite en partie de la procédure judiciaire ouverte devant la Cour de justice de la République (CJR). Ainsi, les échanges mentionnés entre les différents protagonistes proviennent d’e-mails, de SMS ou de notes figurant au dossier des juges chargés de l’enquête.]

    Le 22 janvier 2020, une patiente chinoise originaire de Wuhan est hospitalisée à l’hôpital Bichat, à Paris. Elle souffre d’une forte fièvre. Avenue de Ségur [le ministère de la santé], la température monte aussi. « C’est exponentiel, non ? », s’inquiète [Agnès] Buzyn [la ministre]. Fausse alerte : apparemment, la touriste venue de Chine souffre d’une autre affection. Ouf… Malgré tout, il est temps de déployer des dispositifs pour prendre la température des passagers dans les aéroports. « Il faut s’assurer que nous avons des détecteurs… pas gagné », s’irrite [Jérôme] Salomon [le directeur général de la santé]. « Je sais, on a raison scientifiquement, mais on aura tort politiquement », lui répond Buzyn. Un tel arsenal a été mis en place pour le virus Ebola, en 2014, mais dans le cas présent, l’amplitude est bien plus large (au moins trois vols directs hebdomadaires entre Wuhan et Paris), et surtout le matériel manque. « Peut-être prendre les devants et dire pourquoi on ne le fera jamais », préconise d’ailleurs Buzyn.

    Quoi qu’il en soit, avenue de Ségur, on s’organise : Jérôme Salomon décrète le passage du Corruss, le fameux Centre de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales, en alerte de phase 2, dite renforcée.
    Le 23 janvier, la ministre de la santé s’impatiente. Tout est trop lent, trop lourd. Il y a tellement d’instances, de structures, de textes et de personnes impliqués… « Bonjour Edouard [Philippe], écrit-elle au premier ministre. Puis-je te parler un instant de la gestion de crise du coronavirus ? J’ai besoin qu’on nous voie à l’œuvre sans attendre une décision de l’OMS et surtout que les douanes, la police, ne se mettent pas à porter des #masques dans leur coin (…). Il faut une coordination. » Le même jour, l’OMS s’est résolue à ne pas lancer immédiatement le processus d’alerte internationale, ce que l’organisation appelle, dans son jargon, l’Usppi (urgence de santé publique de portée internationale). Dommage, cela aurait pu mobiliser les exécutifs de tous les pays. (…)

    Un chiffre préoccupant

    « Le 23 janvier, on est déjà en “Task Force Covid-19” et c’est la première fois qu’est faite, par l’Inserm, une analyse du risque d’importation en Europe », se souvient, de son côté, Jérôme Salomon. Qui reçoit le jour même une très mauvaise nouvelle.

    Dans un courriel, Lionel de Moissy, le pharmacien responsable des stocks d’équipements de protection, lui communique un chiffre préoccupant : il ne reste plus que 65,9 millions de masques chirurgicaux à disposition, à la plateforme de Marolles, gérée par Santé publique France (SPF), dans le département de la Marne. C’est un chiffre dérisoire, il devrait y en avoir au moins dix fois plus… A une interlocutrice qui lui demande confirmation sur le passage en « alerte renforcée », la directrice Alerte et crise de SPF, Nicole Pelletier, répond par l’affirmative. Avec cette petite explication de texte : « Ça évite le mot “crise”, c’est plus soft… »

    [...]

    « Le pire est à venir, je te l’ai toujours dit. Vous ne pourrez pas maintenir les élections (…). Nos hôpitaux vont déborder. » [Buzyn, 5 mars 2020]
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/21/derriere-vos-decisions-ce-sont-des-gens-qui-vont-mourir-decouvrez-les-extrai

    https://justpaste.it/br9hj

    #Covid-19 #santé_publique #pénurie

  • Comment le NYT a camouflé les preuves sur les masques - UnHerd
    https://unherd.com/fr/2024/08/comment-le-nyt-a-sape-les-preuves-sur-les-masques

    Un article anti-Zeynep, qui se répète beaucoup, mais fait une synthèse des débats autour de la question des masques.
    Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime bien que mon chirurgien porte un masque en salle d’op.

    Paul D. Thacker
    août 2, 2024 12 mins

    En pleine tempête des gros titres de l’élection américaine ces dernières semaines, une nouvelle a commencé à faire surface sur les réseaux sociaux, ce qui, il y a seulement quelques années, aurait déclenché une tempête médiatique frénétique. Le président Biden avait été testé positif au Covid et des vidéos postées sur X le montraient embarquant et sortant de l’Air Force One, mais sans masque.

    « Écoutez les scientifiques, soutenez les masques », a déclaré Biden lors d’un rassemblement de campagne, il y a quatre ans, critiquant Trump pour ne pas avoir porté de masque après qu’il ait attrapé le Covid. « Soutenez l’obligation de porter le masque à l’échelle nationale », a tonné Biden sous les acclamations et l’adoration. Son message de campagne a capturé un sentiment de « suivre la science » parmi les électeurs américains de gauche qui ridiculisaient quiconque remettait en question l’efficacité des masques avec l’étiquette « anti-mask ». Ceci, malgré quelques articles dans Scientific American, Wired, New York Magazine et The Atlantic rapportant que des études scientifiques ont trouvé que les masques ne semblaient pas arrêter les virus.

    Le débat sur l’efficacité des masques a pris une tournure étrange l’année dernière lorsque Zeynep Tufekci, fervente défenseure des masques, a écrit un essai dans le New York Times affirmant que « la science est claire, les masques fonctionnent ». L’article de Zeynep Tufekci a dénigré et ridiculisé une revue scientifique de l’éminente organisation médicale à but non lucratif, Cochrane, pour avoir conclu que les preuves sont « incertaines ».

    Peu de temps après la publication de son essai, la rédactrice en chef de Cochrane, Karla Soares-Weiser, a publié une déclaration pour assurer les défenseurs des masques que Cochrane mettrait à jour le langage du rapport. Les revues Cochrane sont largement considérées comme la « référence » en matière d’informations de haute qualité pour éclairer la médecine, et leur processus est laborieux, avec de multiples cycles de vérifications internes et d’évaluations par des pairs experts. Le fait que la responsable de Cochrane fasse une déclaration personnelle dans une revue publiée est sans précédent, comparable à ce que ferait le rédacteur en chef exécutif du The New York Times en écrivant un essai exprimant des opinions personnelles sur l’une des enquêtes approfondies du journal.

    L’incident a également marqué un moment étrange dans l’histoire de l’utilisation des masques. Avant la pandémie, peu, voire aucune, organisation de premier plan ne promouvait les masques pour arrêter la grippe ou autres virus respiratoires. Comme l’OMS l’a conclu dans son plan de préparation à la pandémie de 2019 : « Il y a eu un certain nombre d’essais contrôlés randomisés de haute qualité démontrant que les mesures de protection individuelle telles que l’hygiène des mains et les masques faciaux ont, au mieux, un effet limité sur la transmission de la grippe. » Il n’était donc pas surprenant que les affirmations de Zeynep Tufekci telles que « les masques fonctionnent » et les allégations de Karla Soares-Weiser selon lesquelles quelque chose n’allait pas avec le rapport des masques de Cochrane se soient révélées plus tard sans preuves réelles.

    Au début de l’année, Karla Soares-Weiser a publié une autre déclaration, expliquant cette fois que le rapport sur les masques était correct et qu’aucun changement ne serait apporté. Malgré ce revirement, le préjudice causé au rapport sur les masques de Cochrane était déjà fait. Google vous redirige directement vers l’essai de Zeynep Tufekci dans le New York Times, qui allègue des problèmes dans la revue de Cochrane.

    Mais pourquoi Karla Soares-Weiser a-t-elle changé d’avis ?

    J’ai découvert, à travers des centaines d’e-mails qui m’ont été fournis par des demandes de liberté d’information et un lanceur d’alerte de Cochrane, que Zeynep Tufekci a poussé Karla Soares-Weiser à faire la déclaration contre le rapport même sur les masques de Cochrane – un geste qui a explosé comme une grenade à l’intérieur de l’organisation.
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    Bien que Karla Soares-Weiser dirige Cochrane, des scientifiques experts dans chaque domaine spécifique rédigent et éditent les revues. Lorsqu’elle a publié précipitamment sa déclaration se plaignant du rapport sur les masques, les auteurs de la rapport ont accusé Cochrane d’avoir sacrifié la science en travaillant avec l’écrivaine « controversée » Zeynep Tufekci ; pendant ce temps, l’éditeur du rapport sur les masques a rappelé à la direction de Cochrane que les changements étaient seulement envisagés en raison d’une « couverture médiatique intense, et de critiques », et non parce qu’il y avait des problèmes dans le procédé scientifique du rapport. « J’ai eu une réunion très difficile avec le [conseil d’administration] hier », a écrit Karla Soares-Weiser quelques jours plus tard. « Je tiens bon, stressée, mais ça va. »

    Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Parce que l’attaque de Karla Soares-Weiser et de la direction de Cochrane contre leur propre rapport sur les masques illustre comment la pression médiatique et politique a sapé et supprimé des conclusions scientifiques gênantes pendant la pandémie – et continue de le faire. L’incident soulève également des questions sur l’éthique des médias et sur la pertinence actuelle de la direction de Cochrane.

    Lorsque Cochrane a publié son rapport sur les masques de 2023, c’était la septième fois dans un processus qui avait commencé 18 ans auparavant. En 2006, les chercheurs de Cochrane ont examiné la littérature scientifique pour déterminer quelles interventions pourraient arrêter la propagation des virus. Ils n’ont trouvé aucune preuve tangible que les masques fonctionnent. Les scientifiques ont ensuite mis à jour leur rapport en 2007, 2009, 2010, 2011, et 2020.

    Avec les six mises à jour, en examinant à chaque fois de nouvelles études évaluées par des pairs, les chercheurs de Cochrane ont conclu la même chose : il n’existe aucune preuve scientifique solide que les masques fonctionnent pour contrôler les virus. Et à chaque fois, la communauté scientifique a baillé d’ennui. Parce que jusqu’à la pandémie de Covid, personne n’avait envisagé un mouvement politique en faveur des masques. Pas même Zeynep Tufekci.

    « Ne vous inquiétez pas si vous ne trouvez pas de masques », a écrit Zeynep Tufekci dans un article de février 2020 pour Scientific American. « Pour les non-professionnels de la santé, se laver souvent les mains, utiliser généreusement un désinfectant pour les mains à base d’alcool et apprendre à ne pas se toucher le visage sont les interventions cliniquement prouvées les plus importantes qui existent. » En promouvant l’article sur X, Zeynep Tufekci a réitéré ce point : « Les études cliniques montrent que se laver les mains est l’étape cruciale, pas les masques. »

    Mais le mois suivant, un journaliste des médias du New York Times a félicité Zeynep Tufekci pour avoir changé d’avis dans une série de tweets du 1er mars. Cela a été suivi par un essai du 17 mars pour The New York Times qui a convaincu le CDC de modifier ses directives fédérales et de conseiller aux Américains de porter des masques.
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    Ce qui rend tout cela alarmant, c’est que Zeynep Tufekci est une sociologue universitaire, sans formation en médecine ou en santé publique. Et pourtant, elle a réussi à modifier la politique de santé publique avec une série de tweets et un essai suivi, deux mois plus tard, par une prépublication scientifique co-écrite qui promouvait l’obligation de porter le masque. « Nous recommandons que les responsables publics et les gouvernements encouragent vivement l’utilisation généralisée de masques faciaux en public, y compris l’utilisation d’une réglementation appropriée », a-t-il déclaré.

    L’auteur principal de l’étude est Jeremy Howard, un défenseur du masque et entrepreneur australien en logiciels, qui, comme Zeynep Tufekci, n’a aucune formation en santé publique ou en médecine. Le rapport a été plus tard publiée dans un journal médical et reste le seul article que j’ai pu trouver que Zeynep Tufekci a publié dans la littérature scientifique sur les masques.

    Malgré un si mince bilan de publication dans la littérature scientifique, le Raleigh News & Observer (un journal influent parmi les universitaires) a sacré Zeynep Tufekci une héroïne médiatique de la Covid, qui aurait défié le milieu médical et de la santé publique et aurait les faits exacts – mais avec des essais, pas de la science. « Au lieu de mener des expériences en laboratoire liées au Covid-19, elle a utilisé sa plateforme sur Twitter et dans les sections d’opinion de Scientific American, The Atlantic et The New York Times pour informer le public avec des conseils pratiques sur ce qu’il faut faire et pourquoi. »

    Avec le recul, il est difficile de lire cet article – qui célèbre un universitaire pour avoir fait de la science en écrivant des essais – et de ne pas se demander s’il s’agit d’un article satirique pour The Onion : « Un singe résout la théorie unifiée de la physique en un seul tweet. » Néanmoins, Zeynep Tufekci a joué le jeu, étonnée de sa capacité magique à résoudre des problèmes scientifiques complexes sans faire de science réelle – juste écrire des essais.

    « Je n’aurais jamais pensé en un million d’années écrire quelque chose qui disait essentiellement que l’Organisation mondiale de la santé et les CDC et l’établissement médical aux États-Unis et en Europe ont tort », a-t-elle déclaré au journal. Mais un petit obstacle se dressait entre Zeynep Tufekci et l’acceptation totale de l’obligation de porter le masque : Cochrane.

    Lorsque Cochrane a publié sa mise à jour sur les masques en janvier 2023, dans laquelle il a été de nouveau déclaré que l’efficacité des masques était incertaine, les critiques des politiques pandémiques ont naturellement utilisé ces conclusions scientifiques pour mettre en doute les défenseurs des masques. « Les obligations de porter le masque étaient un échec », a écrit le chroniqueur du New York Times Brett Stephens, citant une interview de Tom Jefferson, l’auteur principal du rapport des masques de Cochrane. « Ces sceptiques, qui étaient furieusement moqués comme des hurluberlus et parfois censurés en tant que ‘désinformateurs’ pour s’être opposés aux obligations, avaient raison. »

    L’ascension de Zeynep Tufekci à la notoriété publique est étroitement liée à sa défense des masques. Lire cette chronique dans The New York Times, le journal le plus important du pays, et où elle a également travaillé, a dû être irritant pour elle. Trois jours après la chronique de Stephens, Zeynep Tufekci a envoyé un e-mail à Cochrane pour une interview. Mais au lieu de contacter Jefferson ou l’un des scientifiques qui ont rédigé la rapport, Zeynep Tufekci s’est adressée directement à Michael Brown, l’un des éditeurs de Cochrane. Elle a également demandé s’il pourrait la présenter à Karla Soares-Weiser, rédactrice en chef de Cochrane, ce que Brown a accepté.
    ‘L’ascension de Zeynep Tufekci à la notoriété publique est étroitement liée à sa défense des masques.’

    Quelques jours plus tard, Karla Soares-Weiser a écrit dans un e-mail à un responsable de Cochrane qu’elle avait été « en contact avec le NYT au sujet du rapport sur les masques », demandant de l’aide pour répondre aux questions. « Je navigue dans une situation difficile », a écrit Karla Soares-Weiser par e-mail. Pendant ce temps, Zeynep Tufekci a contacté Jefferson pour un commentaire, mais il l’a ignorée.

    Le lendemain même, le Times a publié l’essai intitule « les masques fonctionnent » de Zeynep Tufekci. Étant donné la manière dont fonctionne le journalisme américain, l’article avait très probablement été rédigé et édité avant qu’elle n’ait contacté Jefferson la veille au soir pour obtenir un commentaire. Bien que 12 scientifiques différents aient été impliqués dans l’écriture et la recherche du rapport sur les masques Cochrane, Zeynep a mis en avant Jefferson. Elle l’a nommé plusieurs fois dans son essai pour avoir fait des déclarations présumées fausses sur la pandémie. Quelques heures plus tard, Cochrane a précipité la déclaration de Karla Soares-Weiser, puis s’est excusé auprès des auteurs du rapport. « Nous espérions vous informer tous avant la publication mais avons été pris de court par le NYT et avons dû nous précipiter pour publier notre déclaration, » a écrit Cochrane par e-mail aux auteurs du rapport.

    Cela n’a pas été bien reçu par les auteurs. « Je ne parlerai pas pour les autres mais je suis profondément bouleversé par le déroulement de ces événements, qui se sont produits sans notre connaissance, » a répondu Jon Conly, professeur et ancien chef du département de médecine de l’Université de Calgary. Il a insisté sur le fait que Cochrane avait sacrifié les auteurs du rapport. « Très naïf de penser que vous et le [rédacteur en chef Karla Soares-Weiser] avez parlé aux médias du NYT (sans nous en informer) et que vous leur avez fait confiance et qu’ils n’ont pas immédiatement publié ce que vous avez dit, surtout avec cette femme qui est bien connue comme une écrivaine controversée. »

    « Il n’y avait aucune intention de vous sacrifier ou de sacrifier qui que ce soit, » a répondu Brown, « puisque je me sacrifierais moi-même en tant qu’éditeur responsable de la publication. » Il a ajouté qu’il avait dit à Zeynep Tufekci qu’il soutenait le rapport et lui avait demandé de contacter les auteurs du rapport pour obtenir leurs déclarations.

    Conly m’a confirmé plus tard que Zeynep Tufekci — qui n’a pas répondu à de nombreuses demandes de commentaire — ne l’avait jamais contacté, même s’il est nommé comme auteur correspondant du rapport, que Zeynep Tufekci aurait dû contacter pour un commentaire. « Je ne sais pas avec qui Zeynep Tufekci aurait dû correspondre pour trouver l’un des auteurs qui aurait été d’accord avec elle, » a déclaré Conly.

    Comme je l’ai vu dans la correspondance interne, les éditeurs de Cochrane ont ensuite commencé à discuter de la manière de gérer les répercussions de la déclaration de Karla Soares Weiser. Brown leur a rappelé que la mise à jour utilisait le même langage qu’en 2020 et que des révisions étaient maintenant suggérées parce que Cochrane reculait devant les critiques des médias, et pas parce que la science a fait une erreur. « Bien que je sois d’accord que les changements proposés au [résumé] ajoutent de la clarté, ce n’est que sous une couverture médiatique intense et des critiques que ces révisions ont été suggérées, » a écrit Brown.
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    Cherchant un autre point de vue pour calmer les critiques de la déclaration de Karla Soares-Weiser, Lisa Bero, professeur de médecine à l’Université du Colorado et conseillère éthique de Cochrane, a suggéré que Cochrane publie les commentaires soumis par des tiers qui critiquaient également le rapport sur les masques. « Cela devrait être publié dès que possible (après avoir été vérifié pour diffamation ou obscénité), » a écrit Lisa Bero. « Il est important que les lecteurs sachent que les critiques ne sont pas seulement venues par les médias, mais aussi par les canaux formels que nous avons. »

    Mais selon Conly, le rapport avait déjà fait l’objet d’un examen par des pairs approfondi et détaillé. « Si le rédacteur en chef et l’officier éthique conspiraient pour trouver des critiques par la suite, » m’a-t-il dit, « cela semblerait être contraire à l’éthique. »

    Pendant ce temps, la déclaration de Karla Soares-Weiser et l’article de Zeynep Tufekci avaient un effet significatif en dehors de l’organisation, suscitant plusieurs articles de presse ainsi que des moqueries envers les auteurs du rapport sur le masque sur les réseaux sociaux. Laurie Garret, reporter lauréat du prix Pulitzer et auteur de plusieurs livres sur les pandémies, a accusé les auteurs du rapport sur le masque de fraude. « [C]es rigolos ont sapé la confiance du public dans [les masques] & la volonté des entreprises/gouvernements de promouvoir leur utilisation, » a-t-elle posté sur X. (Il est à noter qu’avant la pandémie, Garrett a posté sur X en 2018 que les masques ne fonctionnent pas contre la grippe et les autres virus respiratoires. « Nous savons aussi depuis plus de 100 ans que les masques ne servent à rien. »)

    L’argument a même trouve un écho en politique. Témoignant lors de sa dernière apparition devant le Congrès, la directrice du CDC, Rochelle Walensky, a cité la déclaration de Karla Soares-Weiser, affirmant à tort que Cochrane avait « rétracté » l’examen des masques. Le personnel du Congrès a dû corriger son témoignage : « Le manque de confiance dans les responsables de la santé publique devient un énorme problème, » a écrit plus tard un membre du Congrès.

    La nouvelle des actions de Karla Soares-Weiser a même atteint les plus hauts niveaux du gouvernement britannique. Cet été-là, alors qu’elle était à Londres pour un événement organisé par Cochrane, un député l’a invitée à la Portcullis House du Parlement pour expliquer sa déclaration. Cependant, selon un membre du personnel du Parlement, Karla Soares-Weiser a esquivé l’invitation et n’est jamais apparue.
    ‘La nouvelle des actions de Karla Soares-Weiser a même atteint les plus hauts niveaux du gouvernement britannique.’

    Bien qu’il se soit fait remarquer de manière proéminente dans l’essai « les masques fonctionnent », Michael Brown, de Cochrane, m’a dit que le Times avait beaucoup « manipulé » ses commentaires et qu’il n’était pas au courant que Zeynep Tufekci avait fait campagne pour des obligations de port de masque, ni qu’elle avait publié un rapport dont les conclusions contredisaient celles de Cochrane. Dans son premier e-mail à Brown, Zeynep Tufekci avait mis en avant son parcours scientifique, se présentant à la fois comme une chroniqueuse du New York Times et une universitaire avec une formation en statistiques et inférence causale, et un intérêt pour les rapports scientifiques. « J’utilise et je participe moi-même à des rapports (j’en écris bientôt un dans mon propre domaine) et je suis donc familière avec bon nombre des défis et problèmes. »

    C’est pour le moins un embellissement des références de Zeynep Tufekci. Selon Google Scholar, elle n’a publié aucun article académique cette année et le seul qu’elle a publié en 2023 était une tribune dans Nature. Quant à l’article de revue auquel Zeynep Tufekci avait fait référence, il n’a jamais été publié.

    « Je suis une personne de confiance, » m’a dit Brown, expliquant qu’il n’avait jamais vérifié l’historique de Zeynep Tufekci avant de lui parler. « Elle est définitivement plus journaliste que scientifique. Je n’étais pas d’accord avec elle, la façon dont elle l’a ensuite interprété : les masques fonctionnent. »

    « En fin de compte, notre rapport était bien fait, » a déclaré Brown. En ce qui concerne les modifications proposées au langage du rapport, Brown a expliqué que le résumé avait été rédigé par le personnel de Cochrane sous la responsabilité de Karla Soares-Weiser, et non de Tom Jefferson et des autres auteurs du rapport.

    « Elle s’est retrouvée prise dans la tourmente, » a déclaré Brown à propos de Karla Soares-Weiser, ajoutant que ses collègues l’avaient pressée car ils n’aimaient pas les conclusions selon lesquelles il n’y a pas de preuve que les masques fonctionnent. « Ce qui est vraiment difficile pour elle, en tant que rédactrice en chef. »
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    En septembre dernier, Brown a clairement exprimé son point de vue sur le procédé scientifique lorsqu’il a envoyé un e-mail à l’organisateur d’une conférence qu’il donnait, indiquant que les masques « n’ont pas d’impact majeur au niveau communautaire lorsqu’ils sont promus comme une intervention en santé publique ». Il m’a également dit qu’un rapport scientifique récent paru dans les Annals of Internal Medicine complétait les conclusions de Cochrane. « Au final, les conclusions étaient les mêmes. »

    Mais alors que Cochrane a cessé d’attaquer son propre rapport sur les masques, The New York Times continue de promouvoir la déclaration selon laquelle « les masques fonctionnent » — malgré des preuves contraires. En mai dernier, le journal a publié un essai de John M. Barry de l’Université Tulane. Dans son article, Barry a écrit : « Les masques posent une question beaucoup plus simple. Ils fonctionnent. Nous savons qu’ils fonctionnent depuis 1917, lorsqu’ils ont aidé à protéger les soldats d’une épidémie de rougeole. »

    Pourtant, nous savons que ce n’est pas vrai. Même Barry le sait. Comme il l’a écrit dans son best-seller, The Great Influenza : « Les masques portés par des millions de personnes étaient inutiles tels qu’ils étaient conçus et ne pouvaient pas empêcher la grippe. Seule la prévention de l’exposition au virus pouvait le faire. »

    Mais comme cela est devenu évident, et comme Brown l’a confirmé lors de notre conversation, les masques ne relèvent plus de la science : « Au lieu de simplement rester du domaine de la science, c’est devenu une question politique. Et les gens se sont rangés d’un côté ou de l’autre, » a-t-il dit. « Et ils ont dit certaines choses, puis ils doivent soutenir ce qu’ils ont dit précédemment. Et ils s’enlisent de plus en plus. »

    Ce que The New York Times a fait a été d’adopter un avis scientifique — les masques fonctionnent ! — et de défendre cette notion comme un décret divin — en ignorant les preuves contraires et en attaquant des chercheurs comme Tom Jefferson qui ont passé des décennies à travailler sur un sujet autrefois obscur. « C’est ce que l’avenir nous réserve, » m’a dit Jefferson. « C’est un monde à l’envers. C’est la mort de la science. »

    Paul D. Thacker is a former congressional investigator who runs The Disinformation Chronicle newsletter, and was awarded a British Journalism Award for a series that investigated COVID-19 pandemic policies.

    #Zeynep_Tufekci #Masques #Cochrane #Polémique

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      The effect, we hope, is to get a little bit closer to the truth — and to make people think again.

      Welcome to UnHerd.

      Dans la presse occidentale, quand on nomme les gens en général, on parle de « troupeau » alors que dans celle de tradition marxiste on évoquera plutôt « les masses laborieuses ». Deux salles, deux ambiances ...

    • @monolecte : ce « machin » est une histoire qui traîne aux Etats-Unis : "comment décrédibiliser Zeynep Tufekci, dont l’audience - notamment via The Atlantic ou le NYT - devient de plus en plus importante (et certes, elle peut parfois se prendre la grosse tête... mais ses interventions cnstruites - hors Twitter/X, donc - sont en général très instructives.
      La présentation de leur site est significative : "nous ne sommes pas (ce que Freud lisait très bien comme « nous voulons en fait ») là pour faire de l’opposition systématique".
      J’ai écrit un papier sur le rôle joué par Zeynep Tufekci lors de la pandémie du Covid.
      https://www.annales.org/enjeux-numeriques/2023/en-2023-03/2023-03-17.pdf
      Sur le débat spécifique des masques, il me semble que c’est surtout une question de regard à porter sur les statistiques. Le masque ne suffit pas si la proximité est longue, mais il est utile lors de passage. Et puis, même s’il s’avérait inutile du point de vue strictement médical - je doute... - il aurait toute son importance dans la construction d’une sortie de la crise du Covid. Quand le simple fait de sortir était interdit, le masque permettait de desserrer l’étau, et donc de reconstruire du vivre ensemble.
      Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que je pointe : ce sont mes archives pour réfléchir.

    • Pourquoi je pense que c’est de la merde : ne définit pas ce dont il parle. Masque = rien.

      Pour parler d’efficacité, on distingue les ≠ masques. Le chirurgical a été utilisé à tort dans un contexte de pénurie, de panique et de méconnaissance du bousin. Il sert à protéger les autres des expectorations et des gouttelettes… et ne sert donc à rien dans le contexte d’une contamination en population générale par un bousin aéroporté.

      Résumer à « le masque ne sert à rien » est donc d’une extrême médiocrité intellectuelle : il faut parler des masques conçu pour lutter contre ce type de contamination : FFP2, FFP3, N95, etc.

      Il faut parler de la manière dont c’est porté et des contextes. Il faut parler de la qualité de l’air.

      Il faut aussi citer ses sources : des études démontrent que ça ne marche pas. Lesquelles, par qui, avec quel matos, dans quel contexte ?

      Parce que justement, les masques adaptés et bien portés ont claqué au sol tout ce qui est aéroporté.

      Donc, non seulement ce torche-cul est mensonger et diffamant, mais en plus, c’est dangereux.

    • Tout à fait.
      Mais je trouve que de plus en plus le discours de droite plus ou moins extrême utilise le modèle discursif qui fut celui de l’ultra-gauche pour diffuser ses idées. Cette article en est un exemple frappant.
      Cela fut vraiment sensible en France avec les anti-vax.
      Et le problème, quand on suit un peu les débats internes aux mouvements sociaux, c’est que ce mélange et confusionnisme semble marcher, permettant à des idées et des concepts d’extrême-droite d’infuser dans le monde associatif.
      Entre les stratégies du GRECE d’Alain de Benoist et les libertariens, le retournement linguistique est un danger auquel nous devons faire face. Et peut être même que la meilleure réponse serait de ré-inventer une formulation de gauche des problèmes, une manière nouvelle d’écrire et de penser le monde, loin des slogans faciles et des rodomontades qui ne font au final que de fortifier l’extrême-droite.
      Mais ce ne sera pas facile...

    • que les masques fonctionnent pour contrôler les virus

      Il y a ça aussi, avant même de distinguer de quels types de masque, en tout premier lieu parler de « les virus » n’a AUCUN sens, concernant la diffusion. Ya millions de virus différents, et ils se transmettent de plein de manières différentes. Donc avant de parler des solutions qui marchent ou pas, il faut déjà distinguer de quel virus ou famille de virus précise on parle, et là ensuite on peut dire cette solution réduit ou pas.

      Ensuite il y a effectivement de la même façon « les masques », qui ne veut autant rien dire que « les virus ».

      Et enfin il y a le « ça marche » ou pas qui fait un peu noir ou blanc, alors que pour quasiment toutes les solutions (y compris le vaccin), ya jamais de 100%, c’est juste « ça contribue à réduire un peu/beaucoup/fortement… mais à utiliser avec d’autres choses en plus ».

  • ’The NHS sold out its staff’: Doctors whose lives were devastated by long COVID to sue health service | UK News | Sky News
    https://news.sky.com/story/the-nhs-sold-out-its-staff-doctors-whose-lives-were-devastated-by-long-cov

    A British Medical Association study of 600 doctors with long COVID last year revealed that 60% had suffered persistent ill health since contracting COVID, and around half (48%) had lost earnings.

    Dr Fearnley co-founded Long COVID Doctors for Action (LCD4A), which is today pledging legal action against the NHS for negligent workplace exposure to coronavirus, resulting in injury and financial loss.

    The group, which is being represented by the legal firm Bond Turner, claims the NHS decided to downgrade guidance as the virus took hold in March 2020, only requiring staff to wear blue surgical face masks, plastic aprons, and gloves when dealing with suspected or confirmed COVID cases.

    This is in line with World Health Organisation (WHO) guidance, which says there is only strong evidence for more restrictive masks such as FFP3s, FFP2s, and N95s, being worn for “aerosol-generating procedures” - not general care of COVID patients.

    #grande_bretagne #oms #médecins #masques #covid_long #post_covid

  • Face masks ward off #covid-19, so why are we still arguing about it? | New Scientist
    https://www.newscientist.com/article/2400394-face-masks-ward-off-covid-19-so-why-are-we-still-arguing-about

    As observational studies aren’t randomised, it is difficult to ensure there is no bias, says Dye. However, when many different observational studies all come to the same conclusion, we can have more confidence in the findings.

    #masques

  • Écoutez les personnes handicapées ou dégagez de notre chemin | griffin epstein, kate klein
    https://cabrioles.substack.com/p/ecoutez-les-personnes-handicapees

    Si le COVID-19 menace de manière disproportionnée les personnes qui sont déjà confrontées à une oppression structurelle et/ou qui ont des problèmes de santé préexistants, la pandémie est également en soi un événement handicapant de masse. Une chose est claire : pour protéger efficacement les travailleur·euses dans un monde qui n’est décidément pas post-pandémique, les syndicats devront écouter les mouvements populaires menés par les personnes handicapées et d’autres travailleur·euses opprimé·es, ou bien dégager de notre chemin.

    kate klein (iel) est animateur·ice, enseignant·e et militant·e. Iel s’organise au sein de son collectif abolitionniste local pour créer de la sécurité sans/malgré la police dans son quartier, et contre le validisme en milieu de travail avec griffin et d’autres travailleur·euses universitaires malades et handicapés. rebelpedagogy.ca

    griffin epstein (iel) est éducateur·ice blan·che fol/psychiatrisé·e, chercheu·se engagé·e localement et poéte à Toronto (Dish with One Spoon/Two Row/Treaty 13 territory). griffin.epstein.com

    Dans l’État américain du Tennessee, deux lois entravent les luttes syndicales pour la sécurité sur les lieux de travail : les employeur·euses ne peuvent pas imposer de vaccins ou de masques, et les lieux de travail ne peuvent pas être entièrement syndiqués. Ainsi, dès les premiers jours de la pandémie de COVID-19, les enseignant·es du programme de médecine, de santé et de sciences de l’université Vanderbilt de Nashville ont pris les choses en main. Iels ont créé une « banque de masques » gratuite pour les étudiant·es et le personnel en mettant en commun leurs ressources pour acheter et distribuer des masques de haute qualité. Aimi Hamraie, professeur·e, se souvient : « Nous avons fini par essayer d’obtenir de l’université qu’elle nous laisse payer ces masques sur nos fonds de recherche, parce que [...] nous fournissions ce qui devrait être une ressource et un service institutionnel pour les gens. Mais l’université n’a pas voulu nous laisser utiliser nos fonds de recherche pour acheter des masques, car il n’y a pas de catégorie dans son système de remboursement pour les EPI. » Les travailleur·euses impliqué·es ont fait savoir qu’iels ne devraient pas avoir à payer pour l’équipement de protection individuelle (EPI) sur leur lieu de travail, mais l’université n’a pas voulu bouger, et iels n’allaient pas se mettre en danger, ni mettre en danger leurs étudiant·es.

    #travail #EPI #masques #covid #syndicat

  • Stocks insuffisants de masques avant le Covid-19 : l’Etat condamné à indemniser des plaignants
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/06/stocks-insuffisants-de-masques-avant-le-covid-19-l-etat-condamne-a-indemnise

    Le gouvernement avait, à l’époque, privilégié l’idée de réserver les masques aux soignants directement exposés aux malades.

    La justice administrative a confirmé, en appel, la responsabilité de l’Etat dans la constitution d’un stock insuffisant de masques avant l’épidémie de Covid-19. Elle a également accepté une #indemnisation partielle pour certaines personnes plus exposées au risque de contamination, notamment par le biais de leur profession.

    « L’Etat a commis une faute en ne maintenant pas à un niveau suffisant un stock de masques permettant de lutter contre une pandémie liée à un agent respiratoire hautement pathogène », a considéré vendredi la cour administrative d’appel de Paris, dans une décision qui confirme un avis similaire rendu il y a un an en première instance. De même, elle confirme que « l’Etat a commis une faute dans la communication gouvernementale sur l’utilité du port du masque en début d’épidémie ».

    Au commencement de la pandémie, au début de 2020, le flou avait régné sur l’intérêt des masques chirurgicaux pour se protéger du Covid-19. Le gouvernement avait, à l’époque, privilégié l’idée de réserver les masques aux soignants directement exposés aux malades, dans un contexte de stocks insuffisants.

    La France s’était trouvée rapidement démunie, laissant parfois désemparés les professionnels de santé et d’autres métiers exposés, comme les caissières de supermarchés. Une trentaine de plaignants avaient attaqué l’Etat en justice, jugeant que cette attitude avait directement contribué au fait qu’ils avaient contracté le Covid-19.
    En juin 2022, la justice administrative ne leur avait donné raison qu’en partie. Le tribunal administratif de Paris avait jugé qu’on ne pouvait pas établir un lien direct avec les contaminations des plaignants.
    Cette fois, la cour administrative d’appel a jugé possible une indemnisation partielle pour certaines personnes. « Compte tenu de la difficulté à prouver l’origine exacte de la contamination », la cour administrative d’appel a reconnu « un droit à réparation partielle pour les personnes qui, sans qu’un comportement à risque puisse leur être reproché, ont été particulièrement exposées au virus, notamment du fait de leur profession, alors qu’elles ne pouvaient maintenir des distances physiques avec les personnes potentiellement contagieuses ».

    Elle a ainsi statué pour indemniser par exemple la famille d’un médecin généraliste. Il avait reçu à son cabinet en Seine-Saint-Denis, en mars 2020, de nombreux patients, dont certains porteurs du virus, sans avoir pu se procurer de #masques. Il est mort du Covid-19 en avril 2020. Ce médecin a « été privé d’une chance d’échapper à la contamination », a jugé la cour qui a aussi noté que l’origine professionnelle de son #Covid avait été reconnue par l’assurance-maladie.

    En revanche, la cour administrative d’appel de Paris n’a pas retenu de faute de l’Etat sur d’autres accusations liées à la gestion de crise, notamment sur la date du premier confinement ou le dépistage.

  • Dominique Costagliola : « Avec le #Covid, on a vu ce qui arrive quand on fait du court-termisme » – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/sante/dominique-costagliola-avec-le-covid-on-a-vu-ce-qui-arrive-quand-on-fait-d
    https://www.liberation.fr/resizer/URlX7q9KWYkAnAPws-tpifIoqfk=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/AL7R2UFQ5ZFYBA26LZH6QE7EKY.jpg

    Que penser de tous ces médecins qui, en janvier 2022, ont accompagné le narratif gouvernemental en expliquant qu’omicron était bénin et qu’il était illusoire de freiner sa diffusion ? Qu’une fois tous contaminés, nous serions immunisés...

    On sait ce que ça a donné : 29 millions de contaminations en 2022, dont certaines personnes réinfectées plusieurs fois. Je ne sais pas comment ces gens font pour changer d’avis et suivre les éléments de langage qu’on leur refile. Moi je n’ai jamais changé d’avis sur ce virus, et sur les mesures pour le combattre. Mais certains, pour se justifier d’avoir laissé tomber toute prudence, rétorquent : « Mais le masque, la surveillance, on n’allait tout de même pas faire ça indéfiniment . » Je leur réponds : « Quand le sida est arrivé, on a recommandé le préservatif. On n’a pas baissé les bras au bout de deux ans en prétextant que c’était chiant et que le public en avait marre. » Et cette antienne sur la lassitude du public est bien commode. On refuse des actions collectives, on en appelle à la responsabilité individuelle sans donner aux gens des outils de décodage et des moyens de se protéger. Je ne suis pas du tout, contrairement à ce que me reprochent certains, partisan de l’obligation. Pas du tout. Mais quand je prends le train, quand je vais au cinéma, je choisis de mettre un masque. Je prends une décision personnelle, certes, mais en fonction d’éléments qu’on devrait fournir à tout le monde. Or, ne pas les fournir permet de ne rien faire, ni test ni surveillance, ni même de tenir ses promesses comme celle du candidat Macron d’investir massivement sur la qualité de l’air dans les écoles, les hôpitaux et les Ehpad. Alors, certes, ça coûte de l’argent, mais comme le stock de masques coûtait de l’argent. Et on a vu ce qui arrive quand on fait du court-termisme en se disant : le futur, on s’en fout. Il n’y a dans ce pays aucun raisonnement coût efficacité sur le long terme.

    • Quelles seraient ces mesures ?

      Ces mesures de fond sont connues, et pas particulièrement coûteuses : c’est la surveillance des #eaux_usées (qui peut aussi servir pour suivre la circulation d’autres virus, la grippe, le virus respiratoire syncitial (responsable des bronchiolites), la polio…), le #testing sur des échantillons de population, plus onéreux et plus complexe à organiser, l’utilisation des masques en lieu clos, et bien sûr la #ventilation. Si on n’avait pas depuis le départ assimilé le masque au confinement, ce serait un outil utilisable en informant la population de ce qui se passe et en laissant les gens s’autodéterminer. Mais à aucun moment en France on a songé à associer les gens aux prises de décisions, et on ne leur fournit pas d’indication fiable de l’évolution de la situation, en se contentant d’endormir leur vigilance puis de sonner le tocsin. C’est de la #désinformation notoire, comme à chaque fois qu’on parle de virus de l’hiver en y incluant le Covid, qui multiplie les vagues tout au long de l’année.

      #covid #masques #vaccin

    • cette désinformation notoire est elle répréhensible ? ils ne comprennent que la voix juridique, si j’ai bien suivi, et encore ; pourquoi personne n’attaque le ministre de la santé, le gouv ou les ARS pour désinformation notoire et mise en danger de la vie des truies ?

    • Suivant les derniers articles partagés :
      1) est-ce utile de faire la 4ème dose maintenant ou faut attendre d’autres vaccins plus précis pour les derniers variants (on a lu que valait mieux avoir un rappel pas totalement au point que pas de rappel du tout) ?
      2) la campagne est ciblée toujours pour les soi-disant « personnes à risque », mais est-ce que c’est que la com ou aussi l’accès réel ? si parce qu’on est informé on veut de nous-mêmes faire le vaccin alors qu’on est pas vieux etc, est-ce qu’on a le droit, et si oui comment exactement ?

    • j’attendais le vaccin multivariant annoncé, puis, au vu du déclin dans le temps de l’effet vaccinal, j’ai renoncé et fini par faire une 5eme dose au printemps dernier.
      sans comprendre le détail de l’actuelle non organisation de la vaccination, dire fréquenter des personnes à risques suffisait par le passé pour avoir accès au vaccin, sans doute en est-il encore de même.

    • @rastapopoulos En gros, si tu es actuellement dans les temps pour une nouvelle dose (6 mois depuis la dernière), ça peut valoir le coup d’attendre 15 jours à un mois de plus… si tu as la possibilité de n’être pas surexposé à la grosse vague en cours. Genre, si tu as des gosses en bout de course niveau protection vaccinale qui sont scolarisés, c’est possiblement les 15 jours de trop qui t’attendent.
      Donc, en l’absence de politique de santé publique, tu dois évaluer tout seul ton risque au doigt mouillé et prendre une décision en espérant que le manque de données ne va pas te planter.

      Si tu es à la ramasse de plusieurs mois, on ne sait pas trop de quelle manière décline la protection immunitaire profonde, celle qui fait que tu es protégé d’une forme grave. On sait que ça tient bien au moins 6 mois et que selon les individus, ben ils vont mettre plus ou moins de temps ensuite pour se retrouver à poil devant une nouvelle infection, mais quand, comment, selon quels critères, on n’en sait rien.

      En résumé, le vaccin actuel protège surtout des formes graves. Dans les premiers mois, il diminue les risques d’être covidé, mais tu restes contaminable et transmetteur.
      L’autre problème, c’est que les vaccins ont plusieurs longueurs de retard à présent sur les mutations qui sont en mode « fête du slip » tellement on fait rien pour limiter les infections. Donc, même avec une dose récente de vaccin, on ne sait plus à quel point ça protège. Donc, attendre quelques dizaines de jours de plus pour une version un peu moins en retard n’est pas complètement déconnant… sauf si tu es surexposé au risque de contagion… surtout en ce moment où malgré l’absence volontaire de données, on a pas mal d’éléments qui laissent penser qu’on est sur la pente raide d’une très grosse vague.

      Donc, pas de réponse tranchée dans un contexte bien merdique.

      Pour ce qui est de la politique vaccinale désastreuse, il est écrit en petit en bas des reco de #SPF qu’en dehors des catégories de personnes énoncées au-dessus, toute personne qui en fera la demande pourra recevoir une dose de vaccin pourvu que la précédente date de 6 mois ou plus.

      Donc, personne ne peut te refuser. S’ils le font, c’est que ce sont soit des charlots malintentionnés adorateurs du druide des calanques, soit des charlots abrutis pas capables de lire une reco jusqu’en bas de la page.

      Tu vois si tu prends la peine de leur expliquer ou si tu as une autre meilleure option. Ou si tu les balances à l’ARS.

      Pour les gosses, c’est le vide abyssal. Déjà, pour les moins de 12 ans, faut trouver des doses pédiatriques. Je n’ai pas trouvé d’infos sur la manière de localiser les quelques points où elles sont proposées.

      Voilà.
      Bonne chasse !

    • Ouais nous on a eu un deuxième covid (arg) en juillet dans les grottes, donc va falloir attendre début d’année prochaine… Par contre le fils qui a 16 ans et a eu droit qu’à deux doses, il rentre pas dans les critères, vu que là je lis partout que la com est pour les personnes à risque mais que toute personne de plus de 18 ans peut en faire la demande… mais pour 16 ans on sait pas quoi faire, alors que rentrée scolaire.

    • Qui est éligible ?
      https://www.iledefrance.ars.sante.fr/vaccination-covid-19-en-ile-de-france-0

      La Haute Autorité de Santé (HAS) préconise qu’une dose de rappel additionnelle avec les vaccins bivalents actuellement disponibles puisse être administrée aux personnes les plus vulnérables :

      – Les résidents d’EHPAD et USLD quel que soit leur âge ;
      – Les personnes de 60 ans et plus ;
      – Les personnes immunodéprimées quel que soit leur âge ;
      – Les personnes souffrant d’une ou plusieurs comorbidités ;
      – Les femmes enceintes, dès le premier trimestre de grossesse

      La vaccination de toutes les personnes vivant dans l’entourage ou en contact régulier avec ces personnes est également recommandée.

      ce qui est déclaratif.

  • Covid : solidarité, humanité, responsabilité

    _Un fil de Jacques Caplat publié sur twitter https://twitter.com/nourrirlemonde/status/1696080159911100741 et sur mastodon https://piaille.fr/@JacquesCaplat@eldritch.cafe/110966999186302514
    enregistrement via @karacole à venir_

    « Lors de mes conférences et réunions, la plupart des participant·e·s s’étonnent de me voir porter un masque. J’en suis extrêmement déçu et préoccupé, venant de militant·e·s paysan·ne·s et écolo. »

    Explications cruciales 🔽​🔽​🔽​

    Je vais commencer par un peu d’anthropologie, avant de revenir à l’épidémiologie et à la responsabilité politique.

    1) Ce qui fonde l’humain

    Depuis notamment les travaux du paléoanthropologue kenyan Richard Leakey, il est admis que l’un des facteurs clefs dans l’évolution du primate vers Sapiens a été le soin solidaire : le groupe prend soin des plus faibles, des malades, des blessés, des bébés, des vieux. J’insiste : la vie en société et la solidarité envers les plus faibles est un des préalables au développement de l’humanité en tant que telle, c’est consubstantiel à l’humain. Cela n’a pas à être « expliqué » puisque c’est un facteur initial, une condition préalable.

    Sans solidarité envers les vulnérables, nous perdons notre humanité.

    Or cette solidarité signifie par définition refuser la simple « sélection naturelle ». Permettre aux myopes d’avoir une vie normale grâce à des lunettes, et donc d’avoir des familles et des enfants, c’est refuser que les myopes soient éliminés de l’humanité. Permettre aux bébés malades de survivre aux maladies infantiles (raison principale de « l’augmentation de l’espérance de vie » qui est une moyenne), c’est refuser que certains profils génétiques soient éliminés de l’humanité.

    Il faut donc le dire clairement : celleux qui pensent qu’il faut laisser mourir les personnes vulnérables à telle ou telle maladie se placent, fondamentalement et par définition, en dehors de l’humanité. C’est précisément pourquoi l’eugénisme est une abomination.

    2) Le Covid est actuellement endémique

    Du fait de l’irresponsabilité insoutenable de la plupart des gouvernements, particulièrement en France, le Covid s’est installé profondément.

    Je sais qu’un grand nombre d’entre vous pensent qu’il est maintenant mineur. Soyez honnêtes : si vous le pensez, vous vous mentez à vous-même pour éviter de changer vos habitudes de vie (exactement comme le font les climatonégationnistes : même mécanisme de déni). Car qui peut réellement et sérieusement penser que supprimer le thermomètre suffirait à éliminer la fièvre ?!? Soyez honnêtes (bis) : vous savez bien que tous les indicateurs de suivi du Covid ont été éliminés (quasiment plus de tests PCR, plus de remontées statistiques) et que c’est la SEULE raison de sa disparition du paysage médiatique.

    En acceptant cette mystification, vous jouez le jeu du gouvernement, que le Covid dérange à la fois parce qu’il montre son incompétence gravissime et parce qu’il perturbe l’économie.

    Les médias partagent une responsabilité, en acceptant de ne plus parler du sujet, en jouant le jeu de son invisibilisation artificielle.

    La réalité, très facile à vérifier via les publications scientifiques ou le suivi de la présence du SARS-Cov-2 dans les eaux usées (indicateur indiscutable et édifiant), est que le Covid continue à circuler constamment à un haut niveau – et en plus avec une nouvelle « vague » qui débute. Le Covid n’est pas une maladie saisonnière comme la grippe, il circule toute l’année.

    Et la rentrée scolaire va amplifier la nouvelle vague actuelle, puisque le brassage des enfants à l’école est le premier facteur de diffusion (ce fait, totalement admis et évident dans la littérature scientifique mondiale depuis deux ans, a été nié en France par les irresponsables qui nous dirigent : ce déni français est un motif supplémentaire de colère extrême).

    3) Les conséquences sanitaires et humaines du Covid

    Bien sûr, le Covid tue, et ce fait suffit déjà à ce que nous mettions en œuvre tous les moyens possibles pour le limiter. Mais c’est d’une certaine façon bien pire : il handicape à un taux très supérieur à sa létalité. S’il ne tue que 0,1% des personnes atteintes, il laisse des séquelles gravissimes chez 5 à 10% (voire 20%) des malades. Ces séquelles (notamment neurologiques et cardiaques) sont très bien documentées par les épidémiologistes et virologues à l’échelle mondiale, mais scandaleusement étouffées en France, selon la logique de déni que j’évoquais précédemment.

    Ce que l’on appelle les « Covid-longs » touchent environ 2 millions de personnes en France, provoquant plusieurs centaines de milliers d’arrêts de travail prolongés – ce qui explique d’ailleurs l’apparente baisse actuelle du chômage, qui correspond en fait tout simplement au remplacement des salarié·e·s en arrêts-maladie !
    https://www.nature.com/articles/s41579-022-00846-2

    https://static.piaille.fr/cache/media_attachments/files/110/967/058/806/178/685/original/39bbb50c1bab9311.jpeg

    Le Covid se transmet par la respiration (aérosols) mais ce n’est pas une maladie « respiratoire » comme on l’a cru au tout-début : c’est une maladie qui s’installe dans l’organisme entier et dont les affections les plus graves touchent le cœur et le système nerveux (notamment le cerveau).

    Par ailleurs, du fait de ces séquelles, les systèmes immunitaires fragilisés sont plus sensibles à d’autres maladies. À moyen et long terme, de nombreuses morts vont être attribuées à des « grippes », « crises cardiaques », « maladies auto-immunes », « AVC », etc., alors qu’elles ne seraient pas advenues sans une infection préalable de la personne par le Covid. Ça n’apparaît pas dans les statistiques des « morts du Covid » mais c’est bien une mortalité due au Covid !

    Pour votre info, plus souvent vous attrapez le Covid, plus vous risquez de telles fragilisations immunitaires et un Covid-long.

    Certains ici vont hausser les épaules et grogner « catastrophisme » alors que je cite les travaux internationaux indiscutables et faisant consensus. Si vous poussez ce soupir condescendant, vous réagissez exactement comme les climatonégationnistes.

    4) Un virus aéroporté

    Il n’y a plus aucune discussion scientifique sur la transmission du Covid : il est aéroporté.

    Oubliez les consignes simplistes de 2020 sur la « distanciation », car nous ne parlons pas ici de gouttelettes projetées à un mètre (postillons, toux, éternuements). Ces projections sont certes concentrées en SARS-Cov-2 et doivent être évitées, mais elles sont dérisoires par rapport au mode principal de transmission : la respiration.

    Les aérosols de respiration se diffusent comme la fumée de cigarette. Même si le malade vous tourne le dos, même s’il est à 20 mètres de vous à l’autre bout de la salle, ses aérosols finiront par vous atteindre si vous restez plusieurs dizaines de minutes dans la même pièce fermée.

    Dès lors, la protection ne s’obtient pas par la distanciation mais par l’aération et par le port d’un masque.

    Dans un monde idéal où le gouvernement serait responsable et compétent, un grand programme d’aération des salles publiques aurait été lancé depuis deux ans (écoles, hôpitaux, restaurants, cinémas, salles de réunion, EHPAD…). En l’absence d’une telle aération, il n’y a qu’une seule solution pour éviter de diffuser le Covid dans une pièce fermée : porter un masque. Et par pitié : un masque FFP2, car les masques chirurgicaux protègent très peu (uniquement si 100% des gens le portent, et très rigoureusement ajusté).

    Est-il vraiment nécessaire de rappeler que les trois-quart des porteurs du Covid sont asymptomatiques ? Est-il vraiment nécessaire de rappeler que même si vous n’avez aucun symptôme vous pouvez en être porteur et qu’il faut donc que VOUS portiez un masque même si vous ne pensez pas être malade ?

    5) Les « vulnérables » n’ont plus de vie sociale

    En l’absence de politique partagée de protection solidaire contre le Covid, les personnes dites « vulnérables » sont en danger de mort. En effet, les personnes immunodéprimées (notamment du fait des soins contre un cancer, ou ayant bénéficié d’une greffe, etc.), avec handicap génétique, dialysées, avec grave affection cardiaque, âgées, etc., ont un risque considérable de mourir si elles développent un Covid. Elles doivent donc absolument éviter de l’attraper. La question de la transmission est cruciale.

    Dans une salle fermée, si ces personnes vulnérables portent un masque mais que tous les autres n’en portent pas, il n’y a pas de protection suffisante. Pour que les masques protègent les vulnérables, il faut que tout le monde porte un masque.

    L’argument « portez le masque si vous avez peur mais laissez moi ne pas en porter » est une ignominie. D’une part parce qu’il place sur le terrain de la « peur » le fait de ne pas vouloir mourir (c’est abject), ensuite parce qu’il s’agit d’une insulte à l’épidémiologie et à la responsabilité médicale. Non, il ne suffit pas que les vulnérables portent un masque. Il faut que nous portions tou·te·s un masque.

    Comme ce n’est pas le cas, les personnes vulnérables n’ont pas d’autre solution que de s’interdire toute vie sociale. Iels ne peuvent plus aller au ciné, au restaurant, dans des réunions, dans des conférences, à des concerts, etc.

    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/face-au-covid-19-la-vie-en-pointille-des-immunodeprimes-ca-fait-trois-a

    6) Être humains et responsables

    Admettre cet état de fait, c’est abdiquer notre humanité. Ne pas porter de masque, c’est soit considérer comme « normal » que les personnes vulnérables n’aient plus de vie sociale, soit encore pire et considérer comme « pas grave » qu’une partie de l’humanité meurt alors qu’on pourrait facilement l’éviter. 😱​

    Car nous ne parlons pas ici d’un dilemme du tramway. Il ne s’agit pas de choisir entre « X morts » ou « Y morts ». Il s’agit juste de choisir entre « X morts » ou « mon confort personnel ». Celleux qui osent invoquer leur « liberté de ne pas porter de masque » placent leur confort personnel devant les vies humaines. Iels disent explicitement préférer que des gens meurent plutôt que de faire un effort qui ne coûte pourtant presque rien. C’est juste intolérable, inexcusable. C’est très précisément se placer en dehors de l’histoire humaine (cf. mon point 1 ci-dessus).

    Incidemment, ces cyniques sont très mal placés pour donner la leçon sur l’inaction climatique puisqu’iels font exactement la même chose : préférer « ne rien changer à nos habitudes de vie » plutôt que faire preuve de solidarité humaine. Nous aimerions tou·te·s que « la crise climatique soit finie ». Nous aimerions tou·te·s que « le Covid soit fini ». Mais nier la crise climatique ou le Covid ne servira à rien.

    7) Pallier l’inaction politique

    Alors bien sûr, les premiers irresponsables sont les gouvernements populistes, à commencer par le gouvernement français.

    Début 2022, Emmanuel Macron a promis un grand programme d’aération des écoles et lieux public. Depuis : rien, rien, rien.

    En 2020, le gouvernement avait nié l’importance des masques pour ne pas avoir à affronter sa responsabilité dans leur pénurie en France à l’époque, et cette turpitude a encore des conséquences aujourd’hui par la minimisation de l’importance des masques.

    Depuis un an, les hôpitaux n’imposent plus le masque, y compris dans des services dont les malades sont particulièrement vulnérables au Covid (cardiologie) : c’est un niveau d’irresponsabilité effroyable et criminelle.

    D’une manière générale, pour le Covid comme pour la crise climatique, le gouvernement cherche à culpabiliser les Français·es et à leur demander des efforts individuels (voire à les brimer), au lieu d’assumer sa responsabilité politique.

    OK. Mais cette critique politique ne nous autorise pas à la politique du pire, ne nous autorise pas à ne rien faire et laisser mourir les vulnérables.

    Certains réseaux anarchistes et syndicaux agissent heureusement et mettent en place des procédures sanitaires responsables. C’est le cas par exemple ici de « Révolution permanente » (cf. image).

    Des comptes et sites partagent les ressources sur « l’autodéfense sanitaire » pour lutter contre les maladies aéroportées, tels @/arra ou @/cabrioles

    https://static.piaille.fr/cache/media_attachments/files/110/967/203/379/688/910/original/52d837066aa64032.jpeg

    L’aération des lieux publics limiterait considérablement la transmission et permettrait donc une vie sociale pour tou·te·s, mais aurait également un effet d’atténuation des vagues et du « niveau endémique constant », ce qui réduirait le taux de mutation (plus on laisse circuler le virus avec le mythe délirant de « l’immunité collective » qui signifie en fait « abjection eugéniste », plus on favorise le nombre de mutations et la vitesse d’apparition de nouveaux variants) et qui réduirait progressivement la pandémie jusqu’à l’éteindre peu à peu.

    À défaut d’une telle action politique collective, nous avons une responsabilité humaine élémentaire : porter un masque dans les lieux clos. Cela ne se discute pas, sauf à nier toutes les valeurs humaines.

    #Covid #OuiAuMasque #AutoDéfenseSanitaire #CovidIsAirborne #CovidIsNotOver
    archivage https://web.archive.org/web/20230829205538/https://eldritch.cafe/@JacquesCaplat/110966999112891150

  • Des Mask Blocs se forment partout | Austin Fisher
    https://cabrioles.substack.com/p/des-mask-blocs-se-forment-partout


    Des membres d’un #Mask_Bloc manifestent pour garder les masques dans les lieux de soin à Los Angeles. Sur la banderoles et les pancartes on peut lire “Les masques dans les hopitaux sauvent des vies”, “Maintenez les masques dans les lieux de soins”, “Donnez des soins, pas le Covid”.

    MaskBlocABQ est un groupe anticapitaliste qui cherche à sensibiliser les gens à la pandémie en cours, alors que le gouvernement, les entreprises et les médias complices déclarent qu’elle est terminée. Pour résister à l’érosion de l’empathie, nous devons inviter les gens à participer à des actes de soin, de défense et de secour mutuel. Nous devons normaliser les actes d’entraide au milieu de la crise quotidienne du capitalisme et intégrer ces mécanismes dans notre travail d’organisation. Mais il s’agit également d’une question de sécurité sur le lieu de travail et d’une question de droit du travail.

    Austin Fisher est un journaliste basé à Santa Fe. Il a travaillé pour des journaux au Nouveau-Mexique et dans son État natal du Kansas, notamment le Topeka Capital-Journal, le Garden City Telegram, le Rio Grande SUN et le Santa Fe Reporter. Depuis qu’il a commencé une carrière à temps plein dans le journalisme en 2015, il vise à utiliser le journalisme pour faire entendre des voix qui ne sont généralement pas entendues dans les débats publics sur les inégalités économiques, le maintien de l’ordre et le racisme environnemental.

    · Nous aimerions dédier cette publication aux formidables camarades du Mask Bloc Paris qui s’organisent pour distribuer gratuitement des masques de qualité (FFP2) devant des établissements de santé et lors d’évènements militants (comme la Pride des Banlieues), et exiger le retour de ce geste collectif de protection mutuelle qu’est le port du masque dans les lieux de soin ·

    #covid #masques #RDR #solidarité

  • Le Covid n’a pas disparu, mais l’empathie, le soin et la solidarité oui | Tithi Bhattacharya
    https://cabrioles.substack.com/p/le-covid-na-pas-disparu-mais-lempathie

    Les effets à long terme de cette culture de plus en plus répandue de la malveillance décontractée se feront sentir pendant longtemps, inhibant l’empathie, l’attention et la solidarité dans de nombreux domaines de la vie sociale.

    Tithi Bhattacharya est professeure d’histoire de l’Asie du Sud à à la Purdue University (USA). Elle est l’autrice de The Sentinels of Culture : Class, Education, and the Colonial Intellectual in Bengal (Oxford University Press, 2005) et l’éditrice de l’étude désormais classique, Social Reproduction Theory : Remapping Class, Recentering Oppression (Pluto Press, 2017). Elle a récemment co-écrit le populaire Féminisme pour les 99% : Un Manifeste (La Découverte, 2019) qui a été traduit dans plus de 30 langues. Elle écrit beaucoup sur la théorie marxiste, le genre et l’islamophobie. Ses travaux ont été publiés dans le Journal of Asian Studies, South Asia Research, Electronic Intifada, Jacobin, Salon.com, The Nation et la New Left Review. Elle est membre du comité de rédaction des revues Studies on Asia et Spectre. Plusieurs de ses articles ont été traduits en français par la revue Contretemps, dont deux sur la pandémie de Covid-19.

    Tout au long des années 2020-2021, j’ai écrit de nombreux articles sur le COVID pour tenter de souligner à la fois la gravité de la maladie et l’incapacité des gouvernements capitalistes à assurer la santé et la sécurité de leurs citoyen·nes, en particulier les plus vulnérables d’entre elleux, face à une pandémie mondiale. J’ai également publié une série intitulée « Dépêches depuis les premières lignes de soins », dans laquelle j’ai essayé de faire entendre la voix des travailleur·euses essentiel·les pendant la pandémie. Mais j’ai aussi une autre histoire à partager, différente à la fois en termes de registre et de nature. La différence entre tous les autres travaux que j’ai réalisés sur le COVID et ce que vous lirez ci-dessous est la même qu’entre une ordonnance et une plaie ouverte.

    Printemps 2021 : Au moins, j’ai...

    Je retourne au travail, à contrecœur, doublement masquée, doublement vaccinée. Ma demande de pouvoir enseigner en ligne de manière formelle a été refusée par mon université. Je dois maintenant utiliser des idées et des stratégies vagues, à demi formées, pour me protéger et protéger mon enfant. Je souffre d’asthme sévère et mon pneumologue m’a récemment dit que ma capacité pulmonaire n’était que de 40 %.

    Première humiliation : partager mes antécédents médicaux intimes avec une classe remplie d’étudiant·es de première année, pour la plupart âgé·es de 18 ans.

    #toctoc #empathie #attention #solidarité #covid #santé #travail #RDR #masques

  • Covid : des autorités déconnectées du réel ou perverses narcissiques ?
    https://www.liberation.fr/societe/sante/covid-des-autorites-deconnectees-du-reel-ou-perverses-narcissiques-202302

    Le terme « gaslighting » désigne une forme de manipulation perverse dans laquelle le manipulateur tend à faire croire à sa victime qu’elle a perdu la raison. C’est une technique fréquemment utilisée par les pervers narcissiques, un classique de la violence intraconjugale, qui doit sa désignation à un film noir de George Cukor daté de 1944, Gaslight, avec Ingrid Bergman et Charles Boyer. Dans les années 80, un mari cupide étend son emprise sur sa jeune épousée, héritière d’une fortune sur laquelle il compte bien mettre la main. Il l’isole de ses proches, la tient quasiment prisonnière dans sa grande maison londonienne de caractère gothique et, à la tombée de la nuit, baisse l’intensité des lampes à gaz de la maison pour lui faire croire qu’elle devient folle.

    En ce début d’année 2023, ce sont des centaines de milliers de personnes à risque, et ceux et celles qui se préoccupent un tant soit peu de santé publique, qui se trouvent aux prises avec une entreprise assumée de gaslighting.

    #covid-19 #santé_publique #RDR #masques #déni #gaslighting

    • (...) le gouvernement a décidé début 2023 que le virus n’existait plus, voire n’avait jamais existé. Les promesses d’un effort massif dans la qualité de l’air en lieu clos, les mécanismes de veille sanitaire permettant d’anticiper un éventuel rebond épidémique, les séquençages, la vaccination, tout a été abandonné, à l’encontre des recommandations de l’OMS s’alertant de la tendance générale à invisibiliser la pandémie. Alors même que la Chine a été sévèrement atteinte et que des millions de personnes continuent à être touchées chaque année par une maladie encore mal connue qui semble, d’après un faisceau d’études concordantes, en capacité d’attaquer durablement, au-delà de la phase initiale, l’organisme humain, avec des conséquences pulmonaires, neurologiques, cardiovasculaires et immunologiques. Comme l’avait préconisé en 2022 Gérald Kierzek, directeur général de #Doctissimo et expert de plateau télé : « Plus on le [Covid] cherche, plus on le trouve. » Et nous y sommes : plus de test, plus de masque, des courbes et des chiffres totalement déconnectés du réel, qui laissent penser que le risque est derrière nous. Jusqu’à Santé publique France qui dans ses campagnes de communication amalgame systématiquement bronchiolites, grippe, gastro-entérites et Covid, parmi « les maladies de l’hiver ». Le Covid… cette maladie qui a circulé tout au long de l’hiver 2022 et qui, selon les anciens, a duré de décembre 2021 à janvier 2023, avec cinq vagues « hivernales ».

      https://justpaste.it/7eabk

      https://seenthis.net/messages/991414

  • #DavosStandard pour tous ! (voir le # sur cuicui)

    @Pr_Logos
    https://twitter.com/Pr_Logos/status/1615847361506426884

    A Davos, les maîtres de la planète ont mis en œuvre une politique de prévention :
    – PCR pour entrer avec un bracelet d’accès lié au résultat
    – purificateurs à #filtre_HEPA partout + purificateurs #UV-C (le truc bleu)
    #ventilation ajustable
    #masques FFP2

    Le déni de transmission aéroportée, l’absence d’investissement dans la qualité de l’air, le déni de persistance pandémique.

    C’est pour vous. Pas pour les Maîtres.

    @KashPrime
    https://twitter.com/KashPrime/status/1615745744673148929

    The world’s elite at the Davos forum are enjoying every possible protection from #Covid, including #PCR testing, air filtration, UVGI light.
    Why isn’t this being offered to everyone else?
    Every school, every workplace should have the same protections as the rich and powerful.

    ça a accès aux vaccins, aux anticorps monoclonaux, aux meilleurs soins possibles dans les délais les plus brefs, mais ... il y a le #covid_long ...

    #RDR

    • À Davos, des précautions sanitaires drastiques pour protéger les milliardaires du COVID | Bruce Y. Lee
      https://cabrioles.substack.com/p/a-davos-des-precautions-sanitaires

      Alors que les élites prennent toutes les précautions possibles contre le COVID lorsqu’elles se rencontrent au Forum économique mondial, elles rentrent chez elles et nous disent que le COVID n’est plus une menace, et que la pandémie est terminée. Donc, si vous vous demandez ce qu’il faut faire au sujet du Covid-19, peut-être devriez-vous regarder de plus près ce que les dirigeant·es politiques et économiques font réellement plutôt qu’écouter ce qu’iels disent.

      Bruce Y. Lee est écrivain, journaliste et professeur en politique et gestion de la santé à la Graduate School of Public Health de la City University of New York (CUNY), où il est directeur exécutif du Center for Advanced Technology and Communication in Health (CATCH).

      // Note de #Cabrioles : Une fois n’est pas coutume nous vous proposons une traduction d’un article de nos camarades de la presse financière sur la manière dont celleux qui président à l’infection de masse se protègent du COVID. Presse financière qui, comme nous l’avions rapporté, assure un suivi sérieux des connaissances scientifiques et des impacts médicaux du COVID, à l’inverse de l’ensemble des médias de gauche. //

      #presse_financière #media #gauche

  • La guerre des chiffres ça saoule. Au doigt mouillé il y avait, à Paris, vraiment beaucoup de monde : une partie du cortège était encore au point de départ quand l’autre arrivait au point d’arrivée, signe qu’il s’agissait d’une manif de grande ampleur. Pour mettre tout le monde d’accord il faut continuer. Grève générale !


    Brassard du jour.

  • Covid-19 : comment 100 millions de #masques périmés sont partis en fumée en Gironde
    https://www.sudouest.fr/gironde/langon/covid-19-comment-100-millions-de-masques-perimes-sont-partis-en-fumee-en-gi

    Un sentiment de grand gaspillage et de manque d’efficacité de la logistique d’État collent à ce dossier. Ne pouvait-on pas distribuer gratuitement des masques dans les hôpitaux et les transports en commun avant la fin de la date de péremption ? La question est encore d’actualité sur le site de Canéjan. Soixante millions de masques dorment dans un autre bâtiment du groupe Koba. « Nous ne pouvons pas nous permettre de donner ces stocks », tranche le ministère de l’Éducation nationale qui veut rester réactif « en cas de retour de l’obligation du port du masque dans les classes ». Les dates d’utilisation du stock restant ne dépassent pas avril 2023.

  • Retour d’expériences sur des modèles de masques anti-covid (et maladies respiratoires) - FFP2 / FFP3 - CodiMD
    https://pad.lapineige.fr/-oVx0LBFTZqqnFuyqTSCgw#

    Ce pad rassemble des retours d’expériences sur divers modèles de masques, pour nous aider à trouver des références, s’y retrouver entre les différentes possibilités, et trouver le modèle qui nous convient le mieux pour se protéger :slightly_smiling_face :

    Les contributions sont bienvenues ! Y compris sur des modèles déjà référencés :slightly_smiling_face :

    La première partie est une introduction à l’utilité des masques et quelques informations générales pour s’y retrouver dans la hiérarchie des masques et leur nomemclature.
    Si vous le voulez, vous pouvez passer directement à la partie 2, qui liste des retours sur les différents masques.

  • Six mythes courants sur le COVID réfutés par un virologue et un expert en santé publique | Stephen Griffin, Simon Nicholas Williams - Cabrioles
    https://cabrioles.substack.com/p/six-mythes-courants-sur-le-covid

    Le #COVID-19 ne devient pas moins virulent. Tout le monde est à risque, même les enfants. Les meilleurs moyens de prévention sont les masques FFP2 et l’aération en intérieur. Les vaccins sont sûrs, efficaces, et réduisent la transmission du virus.

    #masques #aération #vaccin #autodéfense_sanitaire

  • Toi aussi apprends à conclure ton article sur une contradiction.

    Covid-19 : la vaccination ciblant Omicron débute, ce qu’il faut savoir
    https://www.huffingtonpost.fr/france/article/covid-19-la-vaccination-ciblant-omicron-debute-ce-qu-il-faut-savoir_2

    « Aucune tension d’approvisionnement » n’est anticipée par les autorités de santé car ce rappel est entièrement facultatif et n’est ouvert qu’à certains publics pour l’instant.

    […]

    Une campagne réussie pourrait permettre de casser la huitième vague, actuellement observée en Europe de l’ouest.

    (Oh là là, on sent qu’elle va être vachement réussie, cette campagne réussie entièrement facultative. Presque autant que le port du masque par le ministre de la santé. La huitième vague, comment qu’elle va se briser menu sur cette campagne réussie !)

  • Pourquoi les masques sont PLUS efficaces que ce que vous pensez - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=XMWidBXCxPY

    On serait passé ici à côté de cette vidéo de vulgarisation ? sortie traduite le 10 avr. 2021, d’après une vidéo anglaise du 8 sept. 2020 ? Étonnant.

    Cette vidéo traite du fonctionnement contre-intuitif des masques (qu’ils soient chirurgicaux, type FFP2/KN95/N95, ou en tissu), qui sont en réalité bien plus efficaces contre une épidémie qu’on pourrait le penser. Les masques font double emploi, et la proportion d’interactions avec masques est bien plus grande que la proportion de la population portant un masque. Donc même si les masques ne sont portés que par une partie des gens, et ne sont que partiellement efficaces, ils sont capables de réduire étonnamment bien la transmission du virus.

    La vidéo d’origine « Why Masks Work BETTER Than You’d Think » : https://www.youtube.com/watch?v=Y47t9qLc9I4


    Elle a été produite en collaboration avec Aatish Bhatia et le soutien de la fondation Heising-Simons.
    Allez sur https://aatishb.com/maskmath pour en savoir plus et pour obtenir plus de références.

    #masques #covid19 #transmission

  • Individualisme pandémique | Mediapart | 07.08.22

    https://www.mediapart.fr/journal/france/070822/face-une-pandemie-faut-il-se-contenter-d-outils-imparfaits

    De nombreux chercheurs et chercheuses l’ont souligné durant cette crise : la France, qui était à l’origine même de la santé publique à la fin du XVIIIe siècle, est maintenant l’un des pays les plus focalisés sur le soin individuel curatif. « En matière de dépenses nationales de santé, chaque fois que nous dépensons 100 euros, 96 euros vont aux soins individuels et 4 euros seulement à la prévention organisée. Le déséquilibre est très fort alors que les pays à forte politique de santé publique sont plutôt sur un ratio de 90/10 », déplore William Dab.

    Pour cet ex-directeur général de la santé, « nous avons été remarquables dans le domaine des soins : nous avons été l’un des pays où il y a eu le moins de pertes de chance. En revanche, en ce qui concerne la prévention, il y beaucoup de choses à rebâtir ». À commencer par accepter d’autres approches que la médecine curative individuelle, des approches où le « plus » est souvent mieux que le « parfait », où le mieux est parfois l’ennemi du bien.

    • Cité dans l’article:
      To mask or not to mask: Modeling the potential for face mask use by the general public to curtail the COVID-19 pandemic

      Face mask use by the general public for limiting the spread of the COVID-19 pandemic is controversial, though increasingly recommended, and the potential of this intervention is not well understood. We develop a compartmental model for assessing the community-wide impact of mask use by the general, asymptomatic public, a portion of which may be asymptomatically infectious. Model simulations, using data relevant to COVID-19 dynamics in the US states of New York and Washington, suggest that broad adoption of even relatively ineffective face masks may meaningfully reduce community transmission of COVID-19 and decrease peak hospitalizations and deaths. Moreover, mask use decreases the effective transmission rate in nearly linear proportion to the product of mask effectiveness (as a fraction of potentially infectious contacts blocked) and coverage rate (as a fraction of the general population), while the impact on epidemiologic outcomes (death, hospitalizations) is highly nonlinear, indicating masks could synergize with other non-pharmaceutical measures. Notably, masks are found to be useful with respect to both preventing illness in healthy persons and preventing asymptomatic transmission. Hypothetical mask adoption scenarios, for Washington and New York state, suggest that immediate near universal (80%) adoption of moderately (50%) effective masks could prevent on the order of 17–45% of projected deaths over two months in New York, while decreasing the peak daily death rate by 34–58%, absent other changes in epidemic dynamics. Even very weak masks (20% effective) can still be useful if the underlying transmission rate is relatively low or decreasing: In Washington, where baseline transmission is much less intense, 80% adoption of such masks could reduce mortality by 24–65% (and peak deaths 15–69%), compared to 2–9% mortality reduction in New York (peak death reduction 9–18%). Our results suggest use of face masks by the general public is potentially of high value in curtailing community transmission and the burden of the pandemic. The community-wide benefits are likely to be greatest when face masks are used in conjunction with other non-pharmaceutical practices (such as social-distancing), and when adoption is nearly universal (nation-wide) and compliance is high.

      https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.06.20055624v1

    • Et aussi cité dans l’article, l’enquête de Mediapart sur la pénurie de masques (déjà plusieurs fois cité sur seenthis) :

      Masques : les preuves d’un mensonge d’Etat

      Pénurie cachée, consignes sanitaires fantaisistes, propositions d’importations négligées, stocks toujours insuffisants, entreprises privilégiées : basée sur de nombreux témoignages et documents confidentiels, une enquête de Mediapart révèle la gestion chaotique au sommet de l’État, entre janvier et aujourd’hui, sur la question cruciale des masques. Et les mensonges qui l’ont accompagnée. Les soignants, eux, sont contaminés par centaines.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/020420/masques-les-preuves-d-un-mensonge-d-etat

  • Three myths about #COVID-19 — and the biggest challenge that lies ahead - ABC News
    https://www.abc.net.au/news/health/2022-07-29/covid-19-three-myths-challenge-lies-ahead/101274980

    L’auteur est un immunologiste expérimenté.

    As an immunologist with four decades of research on antibodies under my belt, I always felt like I had a pretty good handle on COVID-19.

    But when I caught the virus in May, my hubris quickly turned into humility.

    […]

    In May, I’d had four shots, including one just the month prior, so the emotional side of my brain wanted to believe I could finally ditch masks and get on with life like it used to be.

    I did, and was promptly infected.

    Sadly, what was almost a reality during the Delta wave became a thing of the past with the arrival of #Omicron

    #échappement_immunitaire #masques

  • Sur le Covid, le gouvernement a ouvert un boulevard aux complotistes, Christian Lehman

    On était en droit d’attendre du ministère de la Santé une information honnête, respectueuse des données scientifiques, ne passant pas sous silence les failles, les erreurs d’une gestion forcément complexe.

    La nature a horreur du vide. Voilà des mois que la communication ministérielle sur le covid oscille entre le grotesque, l’inutile et le franchement mensonger. Je passerai rapidement sur le fiasco des masques, pour rappeler qu’il fallut près de dix-huit mois avant de voir reconnue du bout des lèvres la contamination aérienne par aérosolisation. L’an dernier à la même époque, les effets indésirables post-vaccination, souvent minimes mais réels (fièvre, fatigue, courbatures, maux de tête) étaient niés. Ainsi cette affiche officielle d’un sosie de Pierre Niney sur un pédalo, partagée sur son compte Twitter par Olivier Véran le 9 juillet 2021 : « Si vous ressentez des courbatures après le vaccin, pas d’inquiétude, c’est que vous avez trop pédalé. »

    Dans le même temps, aucune information officielle n’était donnée sur l’existence de très rares myocardites post-vaccinales survenant dans les cinq jours après la seconde dose chez les garçons adolescents. Plus récemment encore, le 5 juillet 2022, le ministère des Solidarités et de la Santé publiait le tweet suivant : « #COVID19 /Pour vous protéger et protéger vos proches, lavez-vous les mains régulièrement : Utilisez du savon ou une solution hydroalcoolique. Pendant 30 secondes. Ensemble, restons prudents. » Comme l’avait énoncé le 24 juin l’éphémère porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire : « Se laver les mains ça demeure une mesure d’hygiène indispensable pour tous les virus respiratoires. »

    Dans ce contexte ou l’incompétence le dispute au cynisme, un communiqué de presse en date du 24 juinhttps://twitter.com/Santegouv_alt/status/1540363905108779009 , d’allure officielle, annonçait la création du ministère Santé & Solidarités Déserté (un compte parodique sur Twitter https://twitter.com/Santegouv_alt) : « L’Etat, à défaut d’informer, désinforme. Il est urgent qu’une communication factuelle prenne le relais. c’est l’unique possibilité d’agir positivement sur l’adhésion de la population aux mesures de prévention, à la protection de la santé de tous les citoyens et citoyennes, sur la résilience communautaire et la cohésion sociale. » Avec un logo rappelant celui du ministère, le compte parodique @Santegouv_alt commençait à aligner…. des conseils de bon sens. « #COVID19 /Puisqu’il faut tout reprendre à zéro : Savez-vous qui est fragile dans cette foule ? Nous non plus. Pour que chacun et chacune soit protégé, en milieu clos, dans les foules, portons un masque. »

    Le 28 juin, alors qu’Elisabeth Borne réunissait préfets et directeurs d’Autorités régionales de la Santé (sans masque, mais avec de petits flacons de solutions hydroalcooliques) pour faire un point sur la situation sanitaire, le compte ironisait : « Bonjour Elisabeth Borne. Des erreurs se sont (encore) glissées dans votre com : le gel hydroalcoolique est inefficace contre #COVID19. Pour vous protéger contre le virus : préférez l’extérieur. Aérez les espaces clos. Portez un masque FFP2. Stoppez la désinformation. »

    Quand, le 1er juillet, le compte du gouvernement exhortait à nouveau à se laver les mains, la réponse cinglait : « Bonjour. Nous avons bien compris que vous vous laviez les mains de la situation. Demander à la population de faire de même en faisant croire à un geste barrière efficace est une honte. #COVIDisAirborne et vous le savez. Le matraquage de ce geste barrière quasiment inutile laisse penser à la population qu’elle se protège correctement. Qu’elle a un geste citoyen. Qu’elle participe à la lutte contre l’épidémie. C’est tout simplement de la désinformation. » La nature a horreur du vide, ai-je écrit en préambule. Ainsi, quand le compte parodique publia, le 3 juillet, sa première affiche sur les gestes barrière - « Le virus se propage et reste dans l’air. Ni le gel hydroalcoolique, ni les plexiglas n’empêchent de l’inhaler. Pour que chacun et chacune soit protégé, adoptons les bons gestes : masques, aération, mesure du CO2 »- de nombreux internautes crurent à une communication gouvernementale… et saluèrent le changement de ton, avant de réaliser, comme l’écrivit l’un d’entre eux, de constater : « Un site satirique 100 fois meilleur en prévention que l’original, comment on en arrive là ? »

    Seigneur du château

    Le constat était aussi glaçant que pathétique : « Dire qu’ils payent des bureaux de consultants des millions alors qu’un twittos anonyme en slip derrière son PC fait mieux qu’eux. » L’irruption de ce compte parodique torpillant sans effort le flot d’informations officielles tronquées m’a rappelé la fameuse diatribe de Roselyne Bachelot moquant les médecins envoyés au front sans moyens de protection : « On attend que le directeur de cabinet du préfet ou de l’ARS vienne avec une petite charrette porter des masques ? Qu’est-ce que c’est que ce pays infantilisé ? Il faut quand même se prendre un peu en main. C’est ça la leçon qu’il faut tirer. Tant qu’on attendra tout du seigneur du château, on est mal ! » A l’époque, j’avais prévu que nous arriverions un jour dans la situation actuelle, et pas seulement sur le plan sanitaire, avec une population lassée d’attendre du seigneur du château un minimum de considération et de protection.

    Devant l’absence de politique de santé publique, confrontés quotidiennement à des éléments de langage creux et criminels « Vivre avec le virus », « Masquer les fragiles », des citoyens en viennent à prendre les rênes d’une communication d’autodéfense sanitaire. Si ces initiatives sont utiles et salutaires, elles disent toute la faillite de la communication du gouvernement. Depuis mars 2020, les mensonges gouvernementaux ont permis à quelques gourous autoproclamés d’installer leur emprise sur des citoyens rétifs à un président qui les avait « traités » à coups de LBD et de lacrymogènes et soudain essayait le cosplay de protecteur du peuple.

    Canaux parallèles

    On était en droit d’attendre du ministère de la Santé une information honnête, respectueuse des données scientifiques, ne passant pas sous silence les failles, les erreurs d’une gestion forcément complexe. En son absence, un boulevard a été ouvert aux complotistes. Et ceux qui prônent la protection de la population sont aujourd’hui à leur tour amenés à inventer des canaux parallèles de diffusion d’information sur les mesures de protection. Le 4 juillet, jour de sa nomination, François Braun, le nouveau ministre de la Santé, annonçait : « Le message c’est la responsabilité. La responsabilité des Français. Ça fait deux ans et demi qu’on a le Covid, je pense que les gens ont compris les messages, ils savent, nos concitoyens, que quand ils sont dans les lieux clos, dans des moyens de transport, et bien c’est plus prudent de mettre le masque, c’est prudent pour soi, c’est surtout prudent pour les autres, donc c’est ça le message principal. » Cette prise de parole avait le mérite de rappeler une mesure de prévention efficace, qui nous changeait agréablement du lavage de mains, mais semblait encore empreinte du déni gouvernemental face à la tâche qui restait encore à accomplir.

    Non, les gens n’ont pas compris les messages, parce que les messages n’ont cessé de se contredire et n’ont souvent servi qu’à entériner et légitimer des décisions politiques dont le rapport à la réalité scientifique est bien souvent à géométrie variable. Non, les Français ne savent pas qu’il est prudent de porter un masque dans les lieux clos puisque depuis six mois le ministre de la Santé précédent et le gouvernement n’ont eu de cesse de rappeler que le port du masque en lieu clos ne se justifiait plus. Tout reste à faire.

    https://www.liberation.fr/societe/sante/sur-le-covid-le-gouvernement-a-ouvert-un-boulevard-aux-complotistes-20220

    #autodéfense_sanitaire #prévention #aérosol #masques #aération