• 40 ans de réformes de l’assurance-chômage : la réduction des droits touche d’abord les plus précaires, entretien avec Mathieu Grégoire réalisé par Catherine Petillon
    https://www.franceculture.fr/economie/40-ans-de-reformes-de-lassurance-chomage-la-reduction-des-droits-touch

    Depuis quarante ans, le chômage s’est beaucoup transformé : il a augmenté mais s’est aussi modifié, avec la montée en puissance de l’emploi atypique et la multiplication des contrats courts. Qu’en est-il de la couverture du chômage ?
    [...]
    Qu’avez-vous observé sur cette période de 40 ans de réformes de l’assurance-chômage ?

    L’objet de cette étude était de s’intéresser aux droits des chômeurs à l’assurance-chômage et à l’indemnisation sur une longue période, afin de comprendre comment ont évolué ces droits, en particulier pour les salariés à l’emploi discontinu — comme les intérimaires, les intermittents, les travailleurs de l’hôtellerie ou de la restauration, les personnes en contrats courts. En somme, tous ceux qui alternent de l’emploi et du chômage, que ce soit à des rythmes très saccadés ou plus lents.

    Ces profils nous intéressaient plus particulièrement car ils ont été mis en avant lors des réformes de 2009 et 2014. Et ce sont leurs droits qui ont été remis en cause en 2017, puis très profondément avec la réforme de 2019.
    Grâce à un simulateur de droits nous avons pu comparer pour différents cas-types les effets de chaque réforme.

    Quels sont les principaux enseignements ?

    Le temps long montre des évolutions assez profondes dont les négociateurs n’ont pas forcément conscience quand ils travaillent, réforme après réforme, à modifier les droits. Or c’est intéressant, en particulier pour la dernière réforme, car cela contredit l’affirmation récurrente selon laquelle les règles de 2019 consisteraient simplement à revenir sur des droits plus généreux, accordés après la crise de 2008. Et qu’il ne s’agirait en somme que d’un retour à la normale.

    Or ce qu’on montre, c’est qu’en 40 ans, pour les salariés en emploi discontinu, jamais l’indemnisation n’a été aussi basse que celle qui est prévue dans le décret de 2019.

    Les conditions sont toujours plus restrictives ?

    On constate une inversion complète de la hiérarchie de l’indemnisation au cours de la période. En 1979, l’assurance-chômage fonctionne vraiment comme une assurance : les personnes les plus exposées au chômage sont les plus indemnisées. Mais à la fin des années 2000, pour les plus précaires, c’est une autre logique qui l’emporte : les chômeurs sont d’autant plus indemnisés qu’ils sont en emploi. Selon une logique cette fois de compte-épargne ; à chaque fois qu’ils travaillent, ils gagnent des droits supplémentaires.
    Concrètement, cela se traduit par une course-poursuite durant laquelle ils travaillent, acquièrent des droits, deviennent éligibles à l’assurance chômage, puis épuisent leurs droits, en gagnent de nouveaux et ainsi de suite. Ils remplissent leurs comptes et le consomment successivement.

    Autrement dit, l’indemnisation du chômage s’est beaucoup transformée pour inciter les salariés les plus précaires à l’emploi, davantage que pour leur assurer un revenu de remplacement pendant les périodes de chômage.
    Avec l’idée qu’il vaut mieux un mauvais emploi que pas du tout. Et les dispositifs comme l’activité réduite sont d’ailleurs une manière d’inciter à accepter des emplois dans des conditions dégradées.

    Pour ce type de travailleurs, c’est une évolution continue dans le temps ?

    L’un des résultats qui nous a surpris, c’est la stabilité totale et absolue sur quarante ans des droits des “salariés stables” — c’est-à-dire le cas d’une personne en emploi pendant une longue période, qui se retrouverait au chômage pendant 15 mois et puis retrouverait un emploi. Cette situation là donne lieu à des variations infimes. Et ça, je ne pense pas que les négociateurs en aient une conscience entière quand ils négocient à chaque réforme, les conditions d’indemnisation de l’assurance-chômage. Cela montre une forme d’impensé de la négociation, à savoir que cette figure du salariat, on n’y touche pas. Ce sont les travailleurs plus à la marge qui vont connaître des variations régulières et très importantes de leur indemnisation.

    C’est plus vrai encore depuis la réforme de 2019 ?

    Pour les salariés stables, encore une fois, cela ne change rien à ce qui existe depuis depuis 1979, à quelques exceptions près comme des mesures de dégressivité pour les hauts revenus. En revanche, pour les salariés en emploi discontinu, c’est une révolution. Cela constitue un effondrement historique de leurs droits. Notamment parce que le calcul du salaire journalier de référence prend en compte non plus simplement le salaire, mais aussi la performance d’emploi. Par exemple, un travailleur payé au Smic mais au chômage la moitié du temps considéré verra son salaire journalier divisé par deux. Cela a des effets extrêmement forts sur les droits des salariés en emploi discontinu et cela introduit encore plus l’idée de compte épargne.

    Vous avez conçu un simulateur d’indemnisation qui permet de mesurer les effets des réformes pour chaque cas type pour une période de 60 mois. Pourquoi choisir une durée si longue ?

    Les personnes en intermittence d’emploi ne sont pas souvent éligibles au chômage de façon claire. lls le deviennent au bout d’un certain temps, puis consomment leurs droits ; comme ils travaillent, ils finissent par redevenir éligibles, et ainsi de suite. Ils sont dans une intermittence de l’emploi, mais aussi de l’indemnisation. Or ne regarder qu’une seule période de droit, c’est ne pas considérer les périodes durant lesquelles les personnes ne sont pas indemnisées, ni celles durant lesquelles elles le sont à nouveau.. C’est pourquoi nous avons considéré systématiquement les parcours sur 60 mois.

    Un autre intérêt de la simulation est de mesurer la diversité des profils. Car quand on parle des salariés à l’emploi discontinu, il est essentiel de bien distinguer ceux qui ont eu un emploi stable auparavant, et ressemblent plus à des chômeurs “standard” ; et ceux qui entrent sur le marché du travail ou alors vivent en permanence dans l’intermittence de l’emploi. Ces deux cas sont désignés de la même façon, comme des précaires. En réalité, leur traitement par l’assurance-chômage est radicalement différent.

    Vous insistez aussi sur ce qu’on appelle le taux de couverture. Pourquoi est-ce important, et quel usage politique est fait de cette indicateur ?

    Le taux de couverture est simplement la part des chômeurs qui perçoivent une indemnisation. Ce taux de couverture, il a fallu qu’on le reconstitue parce que les données n’étaient pas disponibles, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer. Et on a constaté que la part des salariés indemnisés chute de façon très importante à partir de 2003, pour arriver en 2018 à la part des chômeurs indemnisés, la plus basse de toute l’Histoire depuis 1985.
    Et pourtant, la surprise c’est qu’à partir de 2016 les publications officielles se sont intéressées à un nouvel indicateur, le seul publié depuis : la part des chômeurs non pas indemnisés, mais indemnisables. C’est le cas quand on est inscrit à Pôle emploi.
    Or cet indicateur pose un certain nombre de questions puisqu’il prend en considération des gens qui ne sont pas forcément indemnisés et même sont parfois en emploi.
    Par exemple, quelqu’un qui a travaillé à temps plein durant le mois considéré mais reste inscrit à Pôle emploi, ce qui est de plus en plus courant, sera considéré comme couvert par l’assurance-chômage, dont on se félicitera alors des performances positives.

    Même si les deux indicateurs sont intéressants, cela pose un gros problème si le nouveau taux de couverture officiel occulte d’une certaine manière à la réalité, quand même beaucoup plus crue, qui est que l’indemnisation du chômage n’a jamais concerné une proportion aussi faible de chômeurs qu’à la fin des années 2010. On peut aussi penser, et c’est l’un des résultats de la simulation, que la réforme de 2019 baissera encore le nombre d’indemnisations.

    Quelle évolution des droits à l’assurance chômage ? (1979-2020) - Mathieu GREGOIRE, Claire VIVES, Jérôme DEYRIS - IRES
    http://www.ires.fr/index.php/etudes-recherches-ouvrages/etudes-des-organisations-syndicales/item/6177-quelle-evolution-des-droits-a-l-assurance-chomage-1979-2020
    https://seenthis.net/messages/858232
    #toctoc
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  • Le régime des intermittents n’est pas un privilège
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/02/28/le-regime-des-intermittents-n-est-pas-un-privilege_4375620_3232.html

    Mais ce surcoût existe-t-il vraiment ? On peut en douter. Les intermittents ne coûtent pas plus cher que les autres chômeurs : ces 3,5 % des effectifs indemnisés représentent 3,4 % des dépenses. La mesure du surcoût de 320 millions n’est que l’incarnation comptable de l’idée préconçue selon laquelle les intermittents seraient des privilégiés. Il ne s’agit ni plus ni moins que de quantifier ce « privilège » en se demandant à combien le « coût » des 100 000 intermittents s’élèverait si on les mettait au régime général. Source : Le Monde

    • Jeudi 13 mars, les partenaires « sociaux »prétendent décider du chômage, c’est-à-dire la vie de nombre de nous.

      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6852

      Si le rapport de forces restait ce qu’il est, ils n’hésiteront pas à asséner une énième mandale à ceux qui, selon eux , ne travaillent pas assez. Ils prévoient déjà de dissocier le sort des intermittents de celui des autres chômeurs en adoptant une convention Unedic « réformée » tout en prorogeant les annexes VIII et X actuelles. Quitte à décider plus tard du sort des intermittents. Certes, ce recul est dû à la mobilisation. Mais ils ont tout intérêt à saucissonner les populations concernées par leur politique (une réforme du RSA est par ailleurs en préparation).

      Si l’Unedic adoptait un « accord », comme ils disent, il resterait au gouvernement à l’agréer pour qu’il puisse s’appliquer… Bref, on est aux pièces, mais sans doute pour un petit marathon. Ces gens là ont toujours cherché à épuiser leurs proies… Souvenons-nous qu’en face, derrière les provocations et les ronds de jambe, ça rigole pas.
      Si on se bat pas pas, une nouvelle fois, cette fois, pour beaucoup d’entre nous, il ne restera effectivement plus d’autre « perspective sociale » que l’ex « minimum vieillesse ». Allons au delà de la peur, et allons-y nombreux.
      Alors quoi ? Eh bien il faut *appeler partout tous les intermittents, les chômeurs et les intérimaires à rejoindre les forces mobilisées là où il en existe et à en créer de nouvelles partout où c’est nécessaire, pour que la mobilisation se renforce et que l’on commence à compter, à notre façon.

      Pas coupables du déficit, c’est démontré, certain !. Mais, on doit encore restreindre le temps de cerveaux dont disposent nos experts. On verra ce qu’il en est dans les jours qui suivent…. Entre course aux cachets, le repli sur la survie et l’aménagement de celle-ci, que dire d’autre que « nous voulons vivre » ?
      Vous connaissez la rengaine : ce que chacun fait, si affinités, il le fait pour tous.

      Des détails suivent…

    • « Négociations » Unedic : le travail n’est pas un coût, le chômage pas un délit
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6871

      Les négociations entre les partenaires sociaux pour élaborer la convention Unédic 2014-2017 ont débuté le 17 janvier dernier. Encore une fois, il n’est question que de limiter le droit à l’assurance-chômage, sous quelque modalité que ce soit…(…)
      L’autonomie dans le travail et le refus de sa marchandisation, (…) ne peuvent pas se construire en dehors d’un cadre de protection sociale solidaire et interprofessionnel. Les actuels « bénéficiaires » de l’assurance-chômage ne peuvent pas être tenus pour responsables de la crise et du déficit de l’Unédic qu’elle entraîne, ni laissés seuls lorsqu’il s’agit de se battre pour conserver et étendre les droits d’une conquête sociale essentielle pour l’ensemble des travailleur.se.s : nous sommes toutes et tous concerné.e.s.

      Pour lutter contre la régression sociale, pour un autre partage des richesses, pour faire entendre qu’un autre modèle de société est possible, nous appelons à renforcer la mobilisation en cours pour faire exister autour de ces négociations Unédic le débat politique qu’elles méritent.

      Premiers signataires : Minga, Coopaname, Compagnie N.A.J.E, Esscoop, la Manufacture coopérative, Artenréel, les Matermittentes, SCOP Ozon, Lazzi Théâtre, Oxalis Scop, Vecteur Activités, ATTAC France, Solstice, Scic Smartfr, La Revue Eclair, Libre Informatique, Sud Culture Solidaires 34, Coordination des Intermittents et Précaires IdF, Scop276, Compagnie Jolie Môme

    • Alerte intermittents ! APS et AFD : le piège se referme déjà !
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6876

      Pendant les négociations l’hécatombe continue : les « rattrapages » gouvernementaux #APS et #AFD, bien qu’encore en vigueur, sont aujourd’hui rendues obsolètes pour tous ceux qui donnent des cours ou qui travaillent au régime « général », même pour quelques heures, sous des contrats à durée déterminée au mois.

      Par exemple un artiste ou un technicien « décroche » dans un établissement agréé, 4 heures de cours d’enseignement par semaine, soit 16 heures par mois, à 20 €/h sur un contrat de 4 mois.

      Parallèlement il a travaillé 444 heures au régime spectacle avant sa fin de droit.

      Lors de sa réadmission, Pôle Emploi ne trouvant pas les 507h requises, va lui refuser l’ARE aux annexes 8/10 : les heures de cours ne sont pas prises en compte pour les techniciens et seules 55 heures sont prises en compte pour les artistes (444h + 55h = 499h).

      Qu’à cela ne tienne : pour ouvrir des droits en APS il est possible de cumuler jusqu’à 120 heures de cours et l’APS permet de « tenir » en attendant d’avoir le total des 507 heures requises.

      Mais c’est oublier le système d’examen de situation préconisé par l’UNEDIC lors d’une réadmission au chômage spectacle. Dans l’ordre :

      N°1 : recherche des 507 heures dans les 304 ou 319 jours (ici, non admissible).

      N°2 : à défaut, recherche des conditions d’affiliation dans le régime « général » ou une autre annexe, ceci avant la recherche de droits en APS ou AFD.

      Or, depuis 2011, les règles de l’assurance-chômage ont changé : désormais on peut ouvrir des droits au régime « général » à partir de 610 heures ou 122 jours d’affiliation effectués, ce qui donne droit à 122 jours d’allocation ou davantage, la règle de base de l’Unedic étant, à partir de ce seuil : « un jour indemnisé, un jour cotisé ».

      Tout réside dans cette subtilité : affiliation = durée du contrat.

      BINGO !!!! Un contrat d’enseignement de 4 mois = 122 jours d’affiliation.

      Une ouverture de droits en ARE est donc possible à partir du seul contrat d’enseignement… au régime « général » ! Sans passer par la case APS !

      Les conséquences sont amères…

      Le mode de calcul au régime « général » produira pour notre intermittent une allocation minime puisque seules seront prises en compte les salaires de ce contrat là [6] : 64 heures à 20 € /h = 1280 € divisé par 122 jours = 10,49 € par jour !

      Et les heures cumulées au régime spectacle antérieurement à cette ouverture, pourtant non utilisées, SONT IRREMEDIABLEMENT PERDUES !!!

    • Chômage sauce MEDEF : reculer pour mieux écraser ?
      actualisation de :
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6877

      Annoncée pour ce 13 mars, l’ultime réunion des « négociations » Unedic contre les droits collectifs a été reportée au 20 mars par le MEDEF. Cela n’annonce rien de bon quant aux propositions de convention qui seront présentées ce jour là.

      Pour contrer l’attaque contre les droits en cours, il est nécessaire de se faire davantage entendre. Des mobilisations sont prévues partout en France les 12, 13, 18 mars et 20 mars :

      • Mercredi 12 mars
      Une « mobilisation culture » a, dans plusieurs villes, décidé de participer à la lutte pour les droits au chômage des intermittents au sein de la solidarité interprofessionnelle et pour la défense des droits de tous les travailleurs précaires. Affirmons cette orientation ! Oui, il faut défendre les budgets de la culture et la culture comme bien commun. Mais il reste plus que jamais vital de se battre pour l’accès aux droits et le droit à un revenu suffisant, deux conditions politiques nécessaires à ce que la culture puisse être vécue et partagée.

      • Jeudi 13 mars
      Etait annoncé comme la dernière séance de « négociations » de l’assurance chômage (cf, plus bas). Les mobilisations vont parfois changer de forme aujourd’hui.
      Ne nous laissons pas démobiliser par les manoeuvres patronales. Exprimons nos revendications, utilisons ce délai pour amplifier les mobilisations !

      • Mardi 18 mars, une journée de mobilisation interprofessionnelle intersyndicale est prévue. Si un accord avait été adopté le 13, cette journée aurait mis en difficulté les partenaires « sociaux », et en particulier une CFDT qui vient d’accepter le « pacte de responsabilité »…
      Nous avons d’autres propositions. N’attendons pas. Continuons à les faire reculer.

      • Jeudi 20 mars, lors des « négociations » Unedic
      Mobilisation partout où c’est possible !
      A Paris, Rv Place de l’Odéon à 14h pour aller au MEDEF
      Les associations de chômeurs et précaires devraient défiler en tête de cortège, avec une banderole « contre le patronat gagnons des nouveaux droits ».