• L’#excellence en temps de pandémie : chronique du #naufrage des Universités

    Entre mesures incohérentes des responsables politiques, #inaction des instances universitaires et #chaos_organisationnel dans les services, accompagner correctement les étudiants en pleine crise sanitaire sur fond de généralisation de l’#enseignement_à_distance devient une mission impossible... Petit aperçu du quotidien dans la « #Big_French_University ».

    Maîtresse de conférences depuis cinq ans dans une « grande » Université parisienne et responsable d’une L1 depuis septembre, je prends le temps aujourd’hui de décrire un peu ce à quoi ressemble la vie d’une universitaire d’un établissement qui se dit d’excellence en temps de #crise_sanitaire.

    Depuis peu, mon université a été fusionnée dans un énorme établissement, gros comme trois universités, qui désormais s’enorgueillit d’émarger au top 100 du #classement_de_Shanghai.

    Mais depuis septembre, étudiants, personnels administratifs et enseignants-chercheurs vivent un véritable #cauchemar au sein de cet établissement "d’excellence". Je ne pourrai pas retranscrire ici l’expérience des étudiants ni celle des personnels administratifs. Car je ne l’ai pas vécue de l’intérieur. Mais comme enseignante-chercheure et responsable pédagogique d’une promo de 250 étudiants de L1, j’ai un petit aperçu aussi de ce qu’elles et ils ont vécu. Si j’écris sur mon expérience personnelle en utilisant « je », ce n’est pas pour me singulariser, mais c’est pour rendre concret le quotidien actuel au sein des universités de toute une partie de celles et ceux qui y travaillent et y étudient. Ce texte se nourrit des échanges avec des collègues de mon université, enseignants-chercheurs et administratifs, et d’autres universités en France, il a été relu et amendé par plusieurs d’entre elles et eux – que je remercie.

    Depuis juillet, nous préparons une #rentrée dans des conditions d’#incertitude inégalée : crise sanitaire et #fusion. Quand je dis "nous", je parle du niveau le plus local : entre enseignants chercheurs, avec l’administration la plus proche de nous, les collègues de la logistique, de la scolarité, des ressources humaines. Car nous avons peu de nouvelles de notre Université…

    Sur la crise sanitaire

    Notre Université a acheté des licences #Zoom. Voilà à peu près tout ce qui a été fait pour anticiper la crise sanitaire qui s’annonçait pourtant. A part cela, rien n’a été fait. Rien.

    En septembre, aucune consigne claire à l’échelle de l’Université n’a été donnée : sur un site d’enseignement, il fallait respecter des #demies_jauges ; sur un autre campus du même établissement, pas de contrainte de demies jauges. Mais quelles jauges faut-il mettre en œuvre : diviser les effectifs par deux ? Mettre en place une distance d’un mètre ? Un mètre sur les côtés seulement ou devant/derrière aussi ? Les équipes logistiques s’arrachent les cheveux.

    L’université n’a rien fait pour rendre possible les #demi-groupes.

    Aucun système de semaine A/semaine B n’a été proposé et, chez nous, tout a été bricolé localement, par les enseignants-chercheurs, en faisant des simulations sur excel ("on découpe par ordre alphabétique ou par date de naissance ?"). Aucun #équipement des salles pour la captation vidéo et audio n’a été financé et mis en place, pour permettre des #cours_en_hybride : les expériences - que j’ai tentées personnellement - du "#bimodal" (faire cours à des étudiants présents et des étudiants absents en même temps) ont été faites sur l’équipement personnel de chacun.e, grâce à la caméra de mon ordinateur portable et mes propres oreillettes bluetooth. Et je ne parle pas des capteurs de CO2 ou des systèmes de #ventilation préconisés depuis des mois par des universitaires.

    Depuis, nous naviguons à vue.

    Au 1er semestre, nous avons changé trois fois de système d’organisation : jauges pleines pendant une semaine sur un site, puis demi jauge sur tous les sites, puis distanciel complet. Ce sont à chaque fois des programmes de cours qu’il faut refaire. Car sans équipement, quand on a des demi groupes, on doit dédoubler les séances, diviser le programme par deux, et faire deux fois le même cours pour chaque demi groupe. Tout en préparant des contenus et exercices pour les étudiants contraints de rester chez eux. Avec des groupes complets sur Zoom, l’#organisation change à nouveau.

    Alors même que le gouvernement annonçait la tenue des examens en présentiel en janvier, notre UFR a décidé de faire les examens à distance, pour des raisons compréhensibles d’anticipation sanitaire.

    Le gouvernement faisait de la communication, et localement on était obligé de réfléchir à ce qui était épidémiologiquement le plus réaliste. La période des #examens a été catastrophique pour les étudiants qui ont dû les passer en présentiel : des étudiants ont été entassés dans des amphis, terrorisés de ramener le virus à leurs parents déjà fragiles ; d’autres, atteints du Covid, se sont rendus en salle d’examen car ils n’étaient pas assurés sinon de pouvoir valider leur semestre. Les #examens_à_distance ne sont qu’un pis-aller, mais dans notre Licence, on a réussi à faire composer nos étudiants à distance, en bricolant encore des solutions pour éviter les serveurs surchargés de l’Université, sans grande catastrophe et sans abandon massif, on en était assez fiers.

    Le 2e semestre commence, et les #annonces_contradictoires et impossibles du gouvernement continuent.

    Le 14 janvier le gouvernement annonce que les cours reprendront en présentiel demie jauge le 25 janvier pour les étudiants de L1. Avec quels moyens ??? Les mêmes qu’en septembre, c’est-à-dire rien. Alors qu’en décembre, le président de la république avait annoncé une possible réouverture des universités 15 jours après le 20 janvier, c’est-à-dire le 10 février (au milieu d’une semaine, on voit déjà le réalisme d’une telle annonce...).

    A cette annonce, mes étudiants étrangers repartis dans leur famille en Égypte, en Turquie, ou ailleurs en France, s’affolent : ils avaient prévu de revenir pour le 8 février, conformément aux annonces du président. Mais là, ils doivent se rapatrier, et retrouver un #logement, en quelques jours ? Quant aux #équipes_pédagogiques, elles doivent encore bricoler : comment combiner #présentiel des demi groupes en TD avec le #distanciel des CM quand les étudiants sur site ne sont pas autorisés à occuper une salle de cours pour suivre un cours à distance s’il n’y a pas de prof avec eux ? Comment faire pour les créneaux qui terminent à 18h alors que les circulaires qui sortent quelques jours plus tard indiquent que les campus devront fermer à 18h, voire fermer pour permettre aux étudiants d’être chez eux à 18h ?

    Dans notre cursus de L1, 10 créneaux soit l’équivalent de 250 étudiants sont concernés par des créneaux terminant à 18h30. Dans mon université, les étudiants habitent souvent à plus d’une heure, parfois deux heures, du campus. Il faut donc qu’on passe tous les cours commençant après 16h en distanciel ? Mais si les étudiants sont dans les transports pour rentrer chez eux, comment font-ils pour suivre ces cours en distanciel ? Sur leur smartphone grâce au réseau téléphone disponible dans le métro et le RER ?

    Nous voulons revoir les étudiants. Mais les obstacles s’accumulent.

    On organise tout pour reprendre en présentiel, au moins deux semaines, et petit à petit, l’absence de cadrage, l’accumulation des #contraintes nous décourage. A quatre jours de la rentrée, sans information de nos instances ne serait-ce que sur l’heure de fermeture du campus, on se résout à faire une rentrée en distanciel. Les étudiants et nous sommes habitués à Zoom, le lien a été maintenu, peu d’abandons ont été constatés aux examens de fin de semestre.

    C’est une solution peu satisfaisante mais peut-être que c’est la seule valable... Et voilà que jeudi 21 janvier nous apprenons que les Présidences d’Université vont émettre des circulaires rendant ce retour au présentiel obligatoire. Alors même que partout dans les médias on parle de reconfinement strict et de fermeture des écoles ? Rendre le présentiel obligatoire sans moyen, sans organisation, de ces demis groupes. Je reçois aujourd’hui les jauges des salles, sans que personne ne puisse me dire s’il faudra faire des demi salles ou des salles avec distanciation de 1 mètre, ce qui ne fait pas les mêmes effectifs. Il faut prévenir d’une reprise en présentiel les 250 étudiants de notre L1 et les 37 collègues qui y enseignent deux jours avant ?

    Breaking news : à l’heure où j’écris Emmanuel Macron a annoncé une nouvelle idée brillante.

    Les étudiants devront venir un jour par semaine à la fac. Dans des jauges de 20% des capacités ? Sur la base du volontariat ? Est-ce qu’il a déjà regardé un planning de L1 ? 250 étudiants en L1 avec plusieurs Unités d’enseignement, divisés en CM et TD, c’est des dizaines et des dizaines de créneaux, de salles, d’enseignant.es. Une L1 c’est un lycée à elle toute seule dans beaucoup de filières. Un lycée sans les moyens humains pour les gérer.

    Derrière ces annonces en l’air qui donnent l’impression de prendre en compte la souffrance étudiante, ce sont des dizaines de contraintes impossibles à gérer. Les étudiants veulent de la considération, de l’argent pour payer leur loyer alors qu’ils ont perdu leurs jobs étudiants, des moyens matériels pour travailler alors que des dizaines d’entre eux suivent les cours en visio sur leur téléphone et ont dû composer aux examens sur leur smartphone !

    Les étudiants ne sont pas plus stupides ou irresponsables que le reste de la population : il y a une crise sanitaire, ils en ont conscience, certains sont à risque (oui, il y a des étudiants immuno-déprimés qui ne peuvent pas prendre le #risque de venir en cours en temps d’épidémie aiguë), ils vivent souvent avec des personnes à risque. Ils pourraient prendre leur parti du distanciel pour peu que des moyens leur soient donnés. Mais il est plus facile d’annoncer la #réouverture des universités par groupe de 7,5 étudiants, pendant 1h15, sur une jambe, avec un chapeau pointu, que de débloquer de réels moyens pour faire face à la #précarité structurelle des étudiants.

    Et dans ce contexte, que fait notre Présidence d’Université ? Quelles ont été les mesures prises pour la réouvrir correctement ? Je l’ai déjà dit, rien n’a changé depuis septembre, rien de plus n’a été mis en place.

    Sur la fusion et le fonctionnement, de l’intérieur, d’une Université d’excellence

    Mais sur cette crise sanitaire se greffe une autre crise, interne à mon Université, mais symptomatique de l’état des Universités en général.

    Donc oui, j’appartiens désormais à une Université entrée dans le top 100 des Universités du classement de Shanghai.

    Parlez-en aux étudiants qui y ont fait leur rentrée en septembre ou y ont passé leurs examens en janvier. Sur twitter, mon Université est devenu une vraie célébrité : en septembre-octobre, des tweets émanant d’étudiants et d’enseignants indiquaient l’ampleur des #dysfonctionnements. Le système informatique était totalement dysfonctionnel : dans le service informatique central, 45 emplois étaient vacants.

    Tant la fusion s’était faite dans des conditions désastreuses de gestion du personnel, tant le travail est ingrat, mal payé et mal reconnu.

    Cela a généré des semaines de problèmes d’inscriptions administratives, d’étudiants en attente de réponse des services centraux de scolarité pendant des jours et des jours, sans boîte mail universitaire et sans plateforme numérique de dépôt des cours (le fameux Moodle) pendant des semaines - les outils clés de l’enseignement à distance ou hybride.

    Pendant trois mois, en L1, nous avons fonctionné avec une liste de diffusion que j’ai dû créer moi-même avec les mails personnels des étudiants.

    Pendant des semaines, un seul informaticien a dû régler tous les dysfonctionnement de boîte mail des dizaines d’étudiants qui persistaient en novembre, décembre, janvier…

    En janvier, les médias ont relayé le désastre des examens de 2e année de médecine encore dans notre Université - avec un hashtag qui est entré dans le top 5 les plus relayés sur twitter France dans la 2e semaine de janvier, face à la catastrophe d’examens organisés en présentiel, sur des tablettes non chargées, mal configurées, des examens finalement reportés à la dernière minute. Les articles de presse ont mis en lumière plus largement la catastrophe de la fusion des études de médecine des Universités concernées : les étudiants de 2e année de cette fac de médecine fusionnée ont dû avaler le double du programme (fusion = addition) le tout en distanciel !

    Les problèmes de personnel ne concernent pas que le service informatique central.

    Ils existent aussi au niveau plus local : dans mon UFR, le poste de responsable "Apogée" est resté vacant 6 mois. Le responsable #Apogée c’est le nerf de la guerre d’une UFR : c’est lui qui permet les inscriptions en ligne de centaines d’étudiants dans des groupes de TD, qui fait les emplois du temps, qui compile les notes pour faire des jurys et donc les fameux bulletins de notes qui inquiètent tant les Ministères de l’Enseignement supérieur – et ce pour des dizaines de formations (plusieurs Licences, plusieurs Masters).

    Pendant six mois, personnels et enseignants chercheurs, nous avons essayé de pallier son absence en faisant les emplois du temps, les changements de groupe des étudiants, l’enregistrement des étudiants en situation de handicap non gérés par l’université centrale (encore une défaillance honteuse), l’organisation des jurys, etc. Mais personne n’a touché à la configuration des inscriptions, des maquettes, des notes, car il faut connaître le logiciel. Les inscriptions dans les groupes de TD du 2e semestre doivent se faire avant la rentrée du semestre 2 logiquement, idéalement dès le mois de décembre, ou début janvier.

    Mais le nouveau responsable n’arrive qu’en décembre et n’est que très peu accompagné par les services centraux de l’Université pour se familiariser aux réglages locaux du logiciel, par manque de personnel... Les inscriptions sont prévues le 18 janvier, une semaine avant la rentrée…

    Résultat : la catastrophe annoncée depuis des mois arrive, et s’ajoute à la #mauvaise_gestion de la crise sanitaire.

    Depuis lundi, les inscriptions dans les groupes de TD ne fonctionnent pas. Une fois, deux fois, trois fois les blocages se multiplient, les étudiants s’arrachent les cheveux face à un logiciel et un serveur saturés, ils inondent le secrétariat de mails inquiets, nous personnels administratifs et enseignants-chercheurs passons des heures à résoudre les problèmes. Le nouveau responsable reprend problème par problème, trouve des solutions, jusqu’à 1h du matin, tous les jours, depuis des jours, week-end compris.

    Maintenant nous voilà jeudi 21 janvier après-midi, à 3 jours de la rentrée. Sans liste d’étudiants par cours et par TD, sans informations claires sur les jauges et les horaires du campus, avec des annonces de dernière minute plus absurdes et irréalistes les unes que les autres, et on nous demande de ne pas craquer ? On nous dit que la présidence de l’Université, le ministère va nous obliger à reprendre en présentiel ? Nous renvoyant l’image de tire-au-flanc convertis au confort du distanciel ?

    L’an passé, un mouvement de grève sans précédent dans l’enseignement supérieur et la recherche a été arrêté net par le confinement de mars 2020.

    Ce mouvement de grève dénonçait l’ampleur de la précarité à l’université.

    La #précarité_étudiante, qui existait avant la crise sanitaire, nous nous rappelons de l’immolation de Anas, cet étudiant lyonnais, à l’automne 2019. La précarité des personnels de l’université : les #postes administratifs sont de plus en plus occupés par des #vacataires, formés à la va-vite, mal payés et mal considérés, qui vont voir ailleurs dès qu’ils en ont l’occasion tant les #conditions_de_travail sont mauvaises à l’université. La précarité des enseignants chercheurs : dans notre L1, dans l’équipe de 37 enseignants, 10 sont des titulaires de l’Université. 27 sont précaires, vacataires, avec des heures de cours payées des mois en retard, à un taux horaire en dessous du SMIC, qui attendent pendant des années avant de décrocher un poste de titulaire, pour les plus « chanceux » d’entre eux, tant les postes de titulaires se font rares alors que les besoins sont criants…

    Deux tiers des créneaux de cours de notre L1 sont assurés par des vacataires. Le mouvement de #grève a été arrêté par le #confinement mais la colère est restée intacte. En pleine crise sanitaire, le gouvernement a entériné une nouvelle #réforme de l’université, celle-là même contre laquelle la mobilisation dans les universités s’était construite, la fameuse #LPPR devenue #LPR, une loi qui augmente encore cette précarité, qui néglige encore les moyens nécessaires à un accueil décent des étudiants dans les universités. Le gouvernement a fait passer une loi sévèrement critiquée par une grande partie du monde universitaire au début du 2e confinement en novembre, et a fait passer ses décrets d’application le 24 décembre, la veille de Noël.

    Le gouvernement piétine le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche et nous montre maintenant du doigt parce qu’on accueillerait pas correctement les étudiants ? Parce qu’on serait réticents à les revoir en présentiel ?

    Parce que finalement, pour nous enseignants à l’université, c’est bien confortable de faire cours au chaud depuis chez soi, dans sa résidence secondaire de Normandie ?

    J’enseigne depuis mon appartement depuis novembre.

    Mon ordinateur portable est posé sur la table à manger de mon salon, car le wifi passe mal dans ma chambre dans laquelle j’ai un bureau. J’ai acheté une imprimante à mes frais car de temps en temps, il est encore utile d’imprimer des documents, mais j’ai abandonné de corriger les devoirs de mes étudiants sur papier, je les corrige sur écran. Heureusement que je ne vis pas avec mon compagnon, lui aussi enseignant-chercheur, car matériellement, nous ne pourrions pas faire cours en même temps dans la même pièce : pas assez de connexion et difficile de faire cours à tue-tête côte à côte.

    A chaque repas, mon bureau devient ma table à manger, puis redevient mon bureau.

    En « cours », j’ai des écrans noirs face à moi, mais quand je demande gentiment à mes étudiants d’activer leur vidéo, ils font un effort, même s’ils ne sont pas toujours à l’aise de montrer le lit superposé qui leur sert de décor dans leur chambre partagée avec une sœur aide-soignante à l’hôpital qui a besoin de dormir dans l’obscurité quand elle rentre d’une garde de nuit, de voir leur mère, leur frère passer dans le champ de leur caméra derrière eux. Certains restent en écran noir, et c’est plus dur pour moi de leur faire la petite morale habituelle que j’administre, quand je fais cours dans une salle, aux étudiants endormis au fond de la classe. Je ne sais pas si mon cours les gonfle, s’ils sont déprimés ou si leur connexion ne permet pas d’activer la vidéo...

    Donc non, ce n’est pas confortable l’enseignement à distance. Ce n’est pas la belle vie. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous envisageons de ne pas revoir d’étudiants en vrai avant septembre prochain.

    Je suis enseignante-chercheure. Je dois donner des cours en L1, L3, Master.

    Depuis des jours, plutôt que de préparer des scénarios de rentrée intenables ou de résoudre les problèmes des inscriptions, j’aimerais pouvoir me consacrer à l’élaboration de ces cours, réfléchir aux moyens d’intéresser des étudiants bloqués derrière leurs ordinateurs en trouvant des supports adaptés, en préparant des petits QCM interactifs destinés à capter leur attention, en posant des questions qui visent à les faire réfléchir. Je dois leur parler d’immigration, de réfugiés, de la manière dont les États catégorisent les populations, des histoires de vie qui se cachent derrière les chiffres des migrants à la frontière.

    C’est cela mon métier.

    Je suis enseignante-chercheur mais à l’heure qu’il est, si je pouvais au moins être correctement enseignante, j’en serais déjà fortement soulagée.

    Il faut donc que nos responsables politiques et nos Présidences d’université se comportent de manière responsable. En arrêtant de faire de la com’ larmoyante sur l’avenir de notre jeunesse. Et en mettant vraiment les moyens pour diminuer la souffrance de toutes et tous.

    Il s’agit de notre jeunesse, de sa formation, de son avenir professionnel et citoyen.

    La mise en péril de cette jeunesse ne date pas de la crise sanitaire, ne nous faisons pas d’illusion là-dessus.

    La #crise_des_universités est plus ancienne, leur #sous-financement devenu structurel au moins depuis les années 2000. Alors arrêtez de vous cacher derrière l’imprévu de la crise sanitaire, arrêtez de vous faire passer pour des humanistes qui vous souciez de votre jeunesse alors que depuis mars dernier, rares ou marginaux ont été les discours et mesures prises pour maintenir l’enseignement en présentiel à l’Université.

    Cela fait cinq ans que j’enseigne à l’Université et déjà, je suis épuisée. De la même manière que nos soignant.es se retrouvent désemparé.es dans les hôpitaux face à l’impossibilité d’assurer correctement leur mission de service public de santé en raison des coupes budgétaires et des impératifs gestionnaires absurdes, je suis désespérée de voir à quel point, en raison des mêmes problèmes budgétaires et gestionnaires, nous finissons, dans les Universités, par assurer si mal notre #service_public d’#éducation...

    https://blogs.mediapart.fr/une-universitaire-parmi-dautres/blog/220121/l-excellence-en-temps-de-pandemie-chronique-du-naufrage-des-universi

    #université #facs #France #covid-19 #pandémie #coronavirus #épuisement

    signalé aussi dans ce fil de discussion initié par @marielle :
    https://seenthis.net/messages/896650

  • #Vu_d’Allemagne. La #crise du #Covid rend inéluctable la réforme de l’État français

    En France, les nombreuses #bourdes dans la gestion de la crise due au Covid ont eu raison de l’#Etat_central, observe ce quotidien allemand : des #hiérarchies vieilles de plusieurs siècles sont désormais remises en question.

    Le président Macron s’est trouvé un nouveau mot : #piloter*, qui signifie “gouverner”, “prendre le commandement”. À l’entendre, on dirait qu’en cas de situation difficile il suffit que le chef tourne la barre d’une main tranquille pour que l’État et la société suivent le nouveau cap sans difficulté.

    Angela Merkel a dû elle aussi avoir récemment des moments où elle a rêvé que tout le monde la suive sans maugréer, même ces entêtés de ministres-présidents des Länder.

    Comme elle, Macron traverse à nouveau des temps difficiles. Pendant cette #pandémie, la France apparaît régulièrement en #mauvaise_posture dans l’étrange course internationale au nombre de #contaminations, #taux_d’incidence, #tests et #vaccinations. Et si leur voisin allemand a pu récemment déplorer son #fédéralisme, les Français commencent de plus en plus à désespérer de la centralisation de leur État.

    L’année 2020 a apporté les dernières preuves que celui-ci se trouve en pleine #crise_existentielle. Pendant que Macron parle de #pilotage, la société française se demande s’il y a vraiment un pilote dans le cockpit.

    L’#incompétence spectaculaire de l’État

    Le pays est désormais convaincu que l’État s’est révélé d’une incompétence spectaculaire depuis le début de la #crise_sanitaire. L’#élite française à la formation si parfaite, qui est admirée et imitée dans de nombreuses parties du monde, a collectivement échoué à un point qui fait paraître les problèmes de l’Allemagne presque ridicules à côté.

    Que cela concerne les #masques, les tests, les #tenues_de_protection et maintenant les #seringues, le chantier de la pandémie ressemble à un #dépotoir_chaotique. Le gouvernement a beau chercher à faire croire qu’il gère la crise de façon rationnelle et systématique, ce n’est souvent qu’une affirmation creuse. Dix jours après le début des vaccinations en Europe, 370 000 personnes avaient été vaccinées en Allemagne contre 7 000 en France.

    (...)

    https://www.courrierinternational.com/article/vu-dallemagne-la-crise-du-covid-rend-ineluctable-la-reforme-d

    #France #réforme #Etat #coronavirus #covid-19 #gestion_de_crise #centralisation

    #paywall

    ping @karine4

    • #gouvernance (?)

      Le terme de gouvernance est à la mode. Et pourquoi s’en étonner ? La gouvernance désigne un concept commode. Une idée descriptive de la réalité, mais aussi un idéal normatif associé à la transparence, à l’éthique, à l’efficacité de l’action publique. La gouvernance devient dès lors un mot-talisman paré de tous les fantasmes associés à l’action publique, tout en revêtant le vocabulaire rassurant de l’objectivité technique. Le mot « gouvernance » fait sérieux tout en promettant des lendemains qui chantent aux théoriciens de l’action publique. Ce faisant, le discours de la gouvernance fait l’objet d’une double confusion. La première tient aux vertus qui lui sont associées, la seconde aux défauts qui lui sont imputés.

      https://www.cairn.info/revue-interdisciplinaire-d-etudes-juridiques-2010-2-page-207.htm

  • Le « parler petit nègre », une invention coloniale
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/01/22/le-parler-petit-negre-une-invention-coloniale_6067162_3224.html

    Contrairement à ce que l’on croit souvent, le « petit nègre » n’est pas un « français élémentaire usité par les Nègres des colonies », comme l’affirmait en 1926 le Larousse du XXe siècle, mais un idiome inventé par l’administration française. « Comment voudrait-on qu’un Noir, dont la langue est d’une simplicité rudimentaire et d’une logique presque toujours absolue, assimile rapidement un idiome aussi raffiné et illogique que le nôtre ?, écrit en 1904 l’administrateur colonial Maurice Delafosse. Si nous voulons nous faire comprendre vite et bien, il nous faut parler aux Noirs en nous mettant à leur portée, c’est-à-dire leur parler petit-nègre. »

    Je me souviens qu’on a déjà référencé des textes qui expliquent ça.

  • Que répondre à celles et ceux que gêne le mot race ?

    Les races n’existent pas : bien-sûr ! Faut-il donc renoncer au mot ? Sarah Mazouz répond pas la négative, car si les races n’existent pas, les manifestations du #racisme sont toujours là, et partout : #inégalités et #préjugés, commentateurs d’extrême-droite invités sur les grandes chaînes télé, petites blagues du quotidien, #violences physiques et symboliques, et plus largement encore une #discrimination massive au travail, au logement, et dans toutes les sphères de la vie sociale. Avec pédagogie, l’auteure explique l’importance du mot « Race », et pourquoi il peut et doit être utilisé dans un tout autre sens que son acception raciste. Surtout, elle dévoile ce qui se niche derrière le refus obstiné – et prétendument antiraciste – d’utiliser le mot : un déni persistant de parler d’un #rapport_de_pouvoir, doublé d’une ignorance regrettable de la multitude des travaux existants. Parce qu’il est clair, limpide, aussi utile que percutant, nous recommandons vivement la lecture de ce livre, dont voici un extrait.

    Une scène se répète souvent. Lors de journées d’études ou de séminaires portant sur la #question_raciale ou sur les auteurs·trices spécialistes de ces questions dans le monde anglophone ou en France, il se trouve quasiment toujours une personne dans le public pour faire la remarque suivante : en France, on n’utilise pas le terme de race. Il ne peut pas être utilisé comme notion servant l’analyse scientifique parce qu’elle appartient au lexique raciste. L’utiliser, c’est croire que les races existent, donc se laisser confondre avec les tenant·e·s d’une idéologie qui prône une hiérarchie naturelle entre les groupes humains.

    Passé la lassitude de devoir répondre régulièrement à cette question, on finit par le faire. Parce que la pédagogie est faite de répétition. Parce qu’il est toujours bon de lever le malentendu. Aussi, parce que la résistance à l’usage de cette notion dit quelque chose de son histoire, de la nécessité d’explicitation qui doit, par conséquent, en régler l’emploi et tout simplement de la manière dont, précisément, les processus de #racialisation jouent dans ce que l’on admet ou non, dans ce que l’on sait ou ignore.

    On souligne alors l’idéalisme qu’il y a à croire que le problème peut être réglé par la seule suppression du mot et le #déni qui consiste à considérer l’#évitement comme la solution. On s’attache à rappeler que pour les personnes soumises aux catégorisations racialisantes, l’expérience de l’assignation ou des discriminations raciales qui peuvent en découler est quotidienne (que le mot « race » soit utilisé ou non). On peut ajouter que les #discours_racistes n’ont pas besoin du mot de race pour inférioriser les membres des groupes qu’ils visent.

    C’est le cas par exemple de l’adjectif « #ethnique », qui est souvent conçu comme une manière acceptable de qualifier les processus qui relèvent, en fait, des logiques de racialisation sans avoir à utiliser les termes de race, de racialisation ou de #racisation, comme si le terme en lui-même permettait de prémunir du geste d’#essentialisation et d’#assignation_racialisante. On peut dire « #ethnie » et penser « race » dans l’acception raciste du terme. C’est le cas, par exemple de certains textes de #Maurice_Barrès où l’écrivain antisémite parle du « nez ethnique » du capitaine Dreyfus.

    À l’instar de ce que l’universitaire britannique Satnam Vidree a fait lors d’une conférence consacrée aux rapports entre « Gauche et Race », organisé le 15 octobre 2019 au CERI (Science Po), on peut également inviter notre interlocutrice ou interlocuteur à considérer les logiques de racialisation comme un #fait_social avec lequel il faut travailler, qu’elles s’incarnent dans le #racisme_explicite ou qu’elles se manifestent insidieusement et de manière sédimentée dans nos catégories de #perception même les plus anodines.

    On peut parfois ajouter que l’#inconfort suscité par la notion de race recèle quelque chose de salutaire en ce qu’il nous empêche de croire que la question est classée et qu’il nous rappelle dans quelle(s) filiation(s) historique(s) des discours, des gestes mais aussi des choix politiques, des pratiques administratives ou des décisions juridiques peuvent continuer de s’inscrire.

    On peut également inviter à rompre avec cette #fétichisation du terme « race » en rappelant que la notion de classe a acquis sa dimension critique grâce aux travaux des penseurs socialistes et en particulier grâce à Marx. Mais avant de devenir l’instrument théorique et politique mettant en lumière l’appropriation et l’exploitation dont les membres de la classe ouvrière faisaient l’objet et servant, par le concept de lutte des classes, à analyser la structuration conflictuelle du capitalisme tout en réfléchissant à la possibilité de son dépassement, la #classe a servi une lecture naturalisée des rapports sociaux au service de l’aristocratie et de la bourgeoisie. On peut d’ailleurs à ce titre ajouter qu’une des leçons du marxisme est de rappeler le sens historique et social des concepts et que les sens et les usages qu’on en fait évoluent et sont à historiciser.

    Certain·es pourront expliquer la persistance du #malentendu en reprochant aux tenant·es d’une démarche critique de la race d’utiliser le même terme que celles et ceux qu’ils souhaitent combattre. L’idée est dans ce cas que les choses seraient plus claires si un mot différent que celui de race permettait de désigner le rapport de pouvoir que les travaux critiques désignent par la notion de race. À cette objection, on peut déjà répondre que « racialisation » et « racisation » ne font pas partie du lexique utilisé par les textes et les auteurs racistes et qu’ils ont bel et bien été inventés pour désigner les processus sociaux de production des hiérarchies raciales.

    Par ailleurs, faire cette critique, c’est une fois de plus se placer sur le seul plan lexical et faire comme si le problème tenait au mot (y avoir recours produirait le racisme, l’ôter réglerait le problème, en utiliser un autre éviterait le malentendu) et non au rejet de l’exigence de reconnaissance d’un phénomène social auquel le concept invite.

    Le débat tel qu’il se configure actuellement en France et les crispations qu’il donne à voir porte en fait précisément sur le fait de dire et d’accepter que la société française racialise. On pourrait utiliser un terme qui n’a rien à voir avec celui de race mais auquel on donnerait le contenu conceptuel de la notion critique de race, on assisterait malgré tout aux mêmes levées de boucliers. En ce sens, le problème n’est pas tant celui de l’équivoque lexicale du terme « race », que celui de la résistance politique au concept de racialisation ou de racisation.

    De même, je ne pense pas que transposer au contexte français la proposition faite par le philosophe africain-américain Michael O. Hardimon dans Rethinking Race. The Case of Deflationary Realism (2017) d’utiliser le concept de « #socialrace » mettrait fin à ce type de malentendu ou aux attaques plus violentes auxquelles on peut faire face quand on utilise la notion de race de manière critique. D’abord, sans doute que certain·e·s profiteraient de la façon dont ce mot-valise a été construit pour objecter que le fait de préciser « social » laisse entendre qu’on accepte d’autres conceptions de la notion de race. Ensuite, il me semble que les analyses proposées par le philosophe pour éviter les écueils posés par la #polysémie de la notion de race, pour métaphysiques qu’elles soient, tiennent en fait beaucoup à la façon dont le concept de race est utilisé dans le contexte états-unien. Son point de départ pour examiner les formalisations possibles du concept de race est un contexte où l’usage du terme est admis, courant et peut, de ce fait, être plus vague. D’où l’objectif de Hardimon de préciser différents sens du concept de race tout en s’attachant à limiter et à cerner le sens de l’énoncé « la race existe » – ce qu’il signifie en parlant de #réalisme_déflationniste, c’est-à-dire admettre que le concept critique de race désigne des phénomènes réels tout en limitant les cas auxquels il s’applique.

    Le cas français obéit à une chronologie différente. Pendant longtemps, le terme ne pouvait s’utiliser comme un concept décrivant un rapport de pouvoir socialement produit. Puis, il a été progressivement introduit en ce sens et c’est sur cet usage-là que les polémiques et les critiques se concentrent aujourd’hui. Transposé au contexte français, le choix de forger le mot-valise « socialrace » n’offrirait pas en fait une solution préférable à celle qui consiste à expliquer en quel sens on fait usage de la notion de race ou à utiliser les notions de racialisation ou de racisation.

    Parce que, pour le moment, il n’y a pas d’autres usages explicites de la notion de race disponibles dans les discours publics. Ensuite, parce que, au risque de me répéter, c’est bien la mise en évidence des processus de racialisation qui pose problème à celles et ceux qui s’en prennent aux travaux critiques de la race.

    Les attaques qui portent sur le choix du mot « race » ne doivent pas nous tromper. Si elles jouent de l’aubaine que constitue l’histoire de ce mot, elles se concentrent en fait précisément sur le concept critique de race, entendu donc comme processus social de racialisation ou de racisation.

    Enfin si la question n’était qu’un problème de mécompréhension de ce que l’on entend par race, la vindicte aurait cessé à partir du moment où les explications ont été données, sans que nous ayons à revenir constamment sur ce que la notion critique de race signifie ou sur ce que « racialiser » veut dire.

    https://lmsi.net/Que-repondre-a-celles-et-ceux-que-gene-le-mot-race
    #race #racisme #mots #vocabulaire #terminologie...
    Et évidemment, là, aujourd’hui en France, #séparatisme
    #Sarah_Mazouz
    #historicisation #ressources_pédagogiques

    aussi signalé ici :
    https://seenthis.net/messages/897162

    ping @isskein @karine4 @cede

    • Race

      Les répercussions mondiales de la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, l’ont montré : plus que jamais il est utile de défendre un usage critique du mot race, celui qui permet de désigner et par là de déjouer les actualisations contemporaines de l’assignation raciale.

      User de manière critique de la notion de race, c’est, en effet, décider de regarder au-delà de l’expression manifeste et facilement décelable du racisme assumé. C’est saisir la forme sédimentée, ordinaire et banalisée de l’assignation raciale et la désigner comme telle, quand elle s’exprime dans une blague ou un compliment, dans une manière de se croire attentif ou au contraire de laisser glisser le lapsus, dans le regard que l’on porte ou la compétence particulière que l’on attribue. C’est ainsi expliciter et problématiser la manière dont selon les époques et les contextes, une société construit du racial.

      Si le mot a changé d’usage et de camp, il demeure cependant tributaire de son histoire et y recourir de manière critique fait facilement l’objet d’un retournement de discrédit. Celles et ceux qui dénoncent les logiques de racialisation sont traité·es de racistes. Celles et ceux qui mettent en lumière l’expérience minoritaire en la rapportant à celle des discriminations raciales sont accusé·es d’avoir des vues hégémoniques. Dans le même temps, les discours racialisants continuent de prospérer sous le regard indifférent de la majorité.

      Si le mot de race sert à révéler, y recourir est donc d’autant plus nécessaire dans le contexte français d’une République qui pense avoir réalisé son exigence d’indifférence à la race et y être parfaitement « #aveugle », « #colour-blind », dirait-on en anglais.

      https://anamosa.fr/produit/race
      #livre

    • « Race », de Sarah Mazouz

      Sarah Mazouz est sociologue, chargée de recherches au CNRS. Ses travaux s’appuient sur des enquêtes ethnographiques et mobilisent les critical race studies, la sociologie du droit, la sociologie des politiques publiques et l’anthropologie critique de la morale. Elle montre comment s’articulent dans l’espace social immigration, nation et racialisation.

      https://soundcloud.com/radio-traces/sarah-mazouz-final


      #lecture #son

  • Macron, Maurras, Pétain et l’antisémitisme - Juives et juifs révolutionnaires
    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=3571764989559921&id=795943817142066&__tn__=K-R

    Dans un récent interview a l’express , Emmanuel Macron est revenu une nouvelle fois a la charge dans sa tentative de réhabilitation de deux figures antisémites et nationalistes majeures, #Pétain et #Maurras.

    Il s’agit ici d’une stratégie claire visant a réaffirmer le « roman national » et ainsi donner des gages au #nationalisme, en entérinant sa réhabilitation définitive dans l’imaginaire politique, la période de la seconde guerre mondiale et l’#antisémitisme étant ainsi réduits a un « incident de parcours » voir a un détail de leur histoire politique. Un appel du pied très clair a l’électorat fasciste.

    Macron prétend dissocier le Pétain de 1917, présenté comme un héros de guerre, de celui de 1940. Pourtant c’est bien le même homme qui a mis fin aux sanglantes offensives du général Nivelle, réprimé les mutins de 1917, massacré des Marocains révoltés pendant la guerre du Riff, appelé a cesser le combat face a Hitler, mis en place les lois antisémites et livré les Juifs et Juives de France aux nazis.

    Si Macron ne va pas jusqu’au révisionnisme d’Éric Zemmour et qu’il prétend condamner l’antisémitisme de Pétain, Il s’inscrit bien ici dans l’offensive nationaliste de réhabilitation de Pétain qui fait de son antisémitisme et de sa participation au génocide des Juifs et des Rroms un « point de détail » de son histoire.

    Emmanuel Macron a également évoqué Charles Maurras, en prétendant dissocier l’écrivain, le théoricien monarchiste de l’antisémite virulent. Il s’inscrit ici dans une volonté de réhabiliter un référent central pour la pensée de droite en faisant comme si son antisémitisme était accessoire dans sa pensée politique, alors qu’il est central dans sa construction théorique d’un nationalisme intégral définissant le corps national français comme blanc et catholique et faisant des juifs la figure centrale de l’antifrance (le principal des 4 prétendus « états confédérés ») contre laquelle il faudrait unifier et mobiliser les « vrais français ».

    Avec une telle rhétorique de blanchiment par dissociation, il est possible de réhabiliter nombre de criminels de guerre, qu’il s’agisse de la seconde guerre mondiale ou des guerres coloniales.

    Il n’est des lors guère étonnant de voir Macron s’inscrire au cours de la même interview dans la continuité sarkozyste de la rhétorique de « l’#identité_nationale », une tentative précédente de réhabilitation et de banalisation des thèmes nationalistes.

    Quand il parle pour appuyer son propos de la place accordée à la parole des victimes, qui serait selon lui trop importante, Emmanuel Macron reprend également une version du thème de la prétendue « dictature des minorités » qui est centrale dans la pensée d’#extrême_droite. C’est une manière de nier la réalité des rapports de force et une rhétorique d’inversion du réel dans laquelle la lutte pour la reconnaissance des effets du système raciste et ses conquêtes, arrachées le plus souvent après des années de déni par la mobilisation, sont présentées comme une prétendue preuve du « pouvoir des minorités ». En faisant passer les revendications historiques de reconnaissance et de réparation pour une « dictature émotionnelle » on les disqualifie comme objectif politique.

    Un tel discours démontre bien l’hypocrisie du pouvoir politique et d’Emmanuel Macron lorsqu’ils prétendent lutter contre l’antisémitisme alors même qu’ils œuvrent a réhabiliter les bourreaux de nos familles. Il est également un indicateur fort de la période politique que nous vivons, où le retour a un discours nationaliste de plus en plus décomplexé s’inscrit dans une réhabilitation progressive de ses théoriciens et ses figures historiques et la réduction du génocide et de l’antisémitisme au rang de détail de l’histoire française et européenne.

    Cela doit sonner comme un rappel de la nécessité de reconstituer un front uni contre le racisme, dont l’antisémitisme, d’où qu’il vienne.

    #fascisation #identité_nationale #roman_national (palimpseste du)

    • Pas d’accès à l’interview de l’Express, mais je relève ce passage dans l’article du Figaro :

      Complotisme, intégration, Pétain et privilège blanc : les grands sujets de l’interview de Macron à l’Express
      https://www.lefigaro.fr/politique/complotisme-integration-petain-et-privilege-blanc-les-grands-sujets-de-l-in

      Nous sommes devenus une société victimaire et émotionnelle. La victime a raison sur tout. Bien sûr, il est très important de reconnaître les victimes, de leur donner la parole, nous le faisons. Mais dans la plupart des sociétés occidentales, nous assistons à une forme de primat de la victime. Son discours l’emporte sur tout et écrase tout, y compris celui de la raison », juge-t-il.

      « Par conséquent, celui qui a tenu un discours antisémite ou a collaboré tombe forcément dans le camp du mal radical. Je combats avec la plus grande force l’antisémitisme et le racisme, je combats toutes les idées antisémites de Maurras mais je trouve absurde de dire que Maurras ne doit plus exister », distingue Emmanuel Macron, avant de revenir sur Pétain. « Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l’esprit de défaite et de l’antisémitisme de Pétain mais je ne peux pas nier qu’il fut le héros de 1917 et un grand militaire. On doit pouvoir le dire. À cause de la société de l’indignation, qui est bien souvent de posture, on ne regarde plus les plis de l’Histoire et on simplifie tout ».

      Un aspect frappant c’est qu’il aborde la question de la l’antisémitisme (de Pétain et Maurras) dans la foulée de sa tirade sur la « société victimaire » (« la victime a raison sur tout », « le discours [de la victime] écrase […] celui de la raison »). Quand j’ai lu ça, les bras m’en sont tombés. Il parle de victimisation, et vlan il glisse sur l’antisémitisme et la collaboration ? Il dit quoi, là, que l’attitude « victimaire » des victimes juives du génocide nazi « écrasent » le discours de la raison qui permettrait d’affirmer que Maurras et Pétain étaient de grands Hommes ?

      Le mec est pas bien dans sa tête, c’est pas possible d’être aussi con.

    • Merci pour l’info.
      Ça m’intéresse de lire la source et de lire par moi-même à quel point il serait passé d’un sujet à l’autre. Parceque de là où je me place ça pourrait très bien être des collés de moments d’interview comme ça se voit quand même très souvent pour faire le buzz sur le net...
      Surtout de la part d’un média que je trouve douteux qu’est le Figaro,. Je ne m’appuierait pas sur un article du Figaro même pour critiquer Macron (ou autre politique) c’est dire !

    • Je pense aussi qu’il s’agit d’un remontage. Mais il me semblait que l’antisémitisme et la collaboration, c’était justement presque la définition du mal radical en Europe.

    • Je me méfie aussi de la césure entre les deux parties. Mais il y a tout de même ce passage cité d’un seul bloc, qui établit à nouveau très explicitement le lien entre les deux (avoir le droit de dire que Pétain est un Grand Homme, mais on ne plus parce que posture de l’indignation victimaire…) :

      Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l’esprit de défaite et de l’antisémitisme de Pétain mais je ne peux pas nier qu’il fut le héros de 1917 et un grand militaire. On doit pouvoir le dire. À cause de la société de l’indignation, qui est bien souvent de posture, on ne regarde plus les plis de l’Histoire et on simplifie tout

    • Le « mal »... c’est pleins de choses selon moi, la mal-informations en fait partie ;-)
      Macron est un imbécile et un pantin qui se fout bien de notre gueule, par contre moi j’ai aucun soucis à séparer les actes militaire qui aurait permis à une époque lointaine (de plus d’un siècle) à la France de ne pas perdre une guerre directement chez nous, et ceux qui aurait largement participer aux meurtres en grandes quantité des moins nantis de l’époque.

    • De toute façon, c’est n’importe quoi. Petain est le pelé, le galeux depuis 1945. C’est pas d’aujourd’hui. En fait c’est Macron qui a une posture victimaire (on peut plus rien dire), ce qui est assez savoureux. Sans compter que les moins de 40 ans s’en foutent de Petain. Le traditionnel faux problème complaisamment relayé par les média mainstream. Classique.

    • Oui, je suis d’accord, c’est lui qui se comporte le plus en victime (ce qui in duit que nous aussi ? ;-) ), il ramène toujours tout à lui et à des complots politique soit-disant dirigés vers lui (ce qui est un comble quand on y réfléchit).
      Le Brut montrait vraiment ça d’ailleurs.

    • Cela fait un bon moment que la « réhabilitation de Pétain » est en cours (et peu importe, et pas seulement pour Zemmour, que son zèle ait consisté à en faire davantage que ce que les nazis exigeaient), un moment aussi qu’un philosémitisme affiché va de pair avec un antisémitisme plus ou moins larvé.
      La réhabilitation de Pétain est exemplaire du culte des chefs, des grands hommes, des hommes providentiels, dont y compris l’émergence de Mélenchon relevait.
      Malin ou pas, c’est pas l’affaire d’un type, mais dune machine de pouvoir. Le bénef escompté, lorsqu’un tenant de la mondialisation affiche en même temps son nationalisme (où on embauche des identitaires et des chevenementistes), c’est de racler du souverainiste, y compris une partie de ces gilets jaunes décomposés par la défaite.
      Le slogan pour 2022 : "Nous, français" (c’est moi ! E.M !)

      Par delà ces péripéties, il y a une thèse : il faut des personnages hors du commun (qu’ils soient experts, courageux, technocrates, militaires, ...) qui aient la force de décider pour tous et toutes, pour les riens, les imbéciles, les pas assez munis pour être dignes d’une quelconque responsabilité collective.

      #haine_de_la_démocratie.

    • Cette histoire d’hommes providentiels est à la fois un truisme et une erreur d’analyse. Parce qu’en admettant qu’on ait besoin d’un HP, pourquoi ne pas en choisir un qui ne pose pas ou peu de problème, genre de Gaulle ? A part des nonagenaires ex OAS ou PSU, il ferait l’unanimité. Alors pourquoi Petain qui fait vraiment tâche ? Parce qu’il fait tâche probablement, ça donne un petit côté non conformiste du meilleur effet. Et Macron, qui tient à son côté soi disant disruptif, aime bien ce côté dessalé, je-brise-tous-les-tabous. En fait, c’est probablement juste un connard, pleurnichard comme tous les connards. On ne tient jamais assez compte du rasoir d’Hanlon.

    • Ah... le coup d’État de de Gaulle ne posait pas de problèmes en 58 et ensuite ? Passons.

      C’est Macron qui veut se poser en homme providentiel (eh oui, ils osent tout). Ils sont nombreux à penser que la crise de la démocratie représentative, de la politique, l’absence radicale de tout projet, implique de jouer cette carte. Du sanitaire à l’environnement, il y a de la place pour des formules autoritaires qui ne reposent pas seulement sur le racisme et le nationalisme.

    • Ben oui. Plus facile de se réclamer de de Gaule que de Petain, non, quand on veut s’adosser a un homme providentiel qui fait l’unanimité ? Evidemment, c’est plus gratifiant de s’imaginer Manu en Hitler et Darmanin en Kaltenbrunner, mais c’est juste du bullshit. Petain ne peut pas juste s’expliquer par la recherche d’une legitimation d’un executif fort.

    • Ah oui, au fait, en 58, c’est pas un coup d’etat de de Gaulle mais celui d’Alger qui l’a amené au pouvoir. Ca n’en fait pas un personnage sympathique pour autant, mais nettement plus que Petain.

  • La Mauritanie frappée par une deuxième vague de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/14/la-mauritanie-frappee-par-une-deuxieme-vague-de-covid-19_6063331_3212.html

    Dans un communiqué, la présidence a expliqué que ce couvre-feu entrait en vigueur en raison d’un « accroissement inquiétant des cas de contamination au coronavirus et des décès qu’il a causés, et en renforcement des mesures barrières qui sont actuellement les meilleures armes dont nous disposions ». Des mesures sociales d’accompagnement destinées aux couches les plus pauvres doivent être envisagées. La soudaineté de ces décisions a surpris tout le monde. Début décembre pourtant, une première série de restrictions, allant de la fermeture des écoles et des universités à la réduction de la fréquence du conseil des ministres, avait déjà été décrétée. « Mais instaurer un couvre-feu pour le soir même, on n’aurait jamais pu l’imaginer, estime Ciré Kane, sociologue. Cette précipitation prouve l’échec de notre politique sanitaire. » Dès l’annonce officielle, les Nouakchottois se sont organisés pour rentrer chez eux avant l’heure fatidique. A la hâte, les coups d’envoi des matchs de football ont été avancés pour finir à temps et, vers 17 heures, les files d’attente se sont allongées devant les milliers d’épiceries que compte la capitale. Au dernier moment, il fallait acheter quelques sandwichs pour le dîner, des paquets de gâteaux et évidemment du thé. « Ce couvre-feu, c’est vraiment n’importe quoi, s’emportait Ahmed, un épicier de Tevragh Zeïna, le quartier de la capitale le plus touché par la pandémie. Les gens n’ont même pas eu le temps de s’organiser pour faire leurs courses. » La soudaineté de l’annonce alimente aussi les théories complotistes.
    Mais les chiffres officiels ne laissent aucune place au doute : depuis une quinzaine de jours, la Mauritanie, comme d’autres pays africains, est frappée de plein fouet par une deuxième vague de Covid-19. D’une trentaine de cas quotidiens fin novembre dans un pays qui compte quelque 4,4 millions d’habitants, le nombre de contaminations a bondi à une centaine début décembre pour atteindre le niveau historique de 279 cas pour 7 morts samedi 12 décembre, battant au passage le record de 227 cas établi le 24 juin. Au total, 10 780 personnes ont été touchées par le Covid-19 en Mauritanie et 222 en sont mortes.Le directeur de la santé publique Sidi Ould Zehave a déclaré samedi que les centres hospitaliers « s’approchaient de la saturation ». « La deuxième vague est bien là, explique au Monde Afrique le docteur Mohamed Mahmoud Ely Mahmoud, directeur de l’information stratégique et de la surveillance épidémiologique (Disse). Son apparition est très certainement liée au rafraîchissement des températures, mais aussi au relâchement de la population qui, après la première vague, s’est regroupée lors de cérémonies ou d’évènements sportifs. Les différents protocoles mis en place, comme le port du masque et la distanciation sociale, n’ont pas toujours été respectés. » D’autres restrictions sont-elles à prévoir dans les prochains jours ? Nul ne peut le dire, « mais je pense que la fermeture de l’espace aérien et les interdictions de déplacements entre les villes, qui avaient fortement affaibli notre économie en juin, ne sont pas à envisager », indique le directeur de la Disse.

    #Covid-19#migration#migrant#mauritanie#couvrefeu#sante#restrictionsanitaire#deplacement#frontiere#deuxiemevague

  • Entretien avec #Mathieu_Rigouste : une #généalogie coloniale de la police française
    (2017 —> pour archivage)

    L’entretien qui suit est la transcription d’une conversation ayant eu lieu le 23 septembre 2016 afin de figurer dans le 8ème numéro de The Funambulist (disponible en ligne et dans certaines librairies) dedié a une critique de la police dans differents contextes politiques et géographiques (États-Unis, Palestine, Égypte, Allemagne, Brésil, France). https://thefunambulist.net/magazine/police

    LÉOPOLD LAMBERT : Mathieu, ton travail consiste à beaucoup d’égards de mettre à jour la #généalogie_coloniale déterminante de la #police_française. J’aimerais donc commencer cette conversation avec le #massacre du #17_octobre_1961 qui a vu la police parisienne tuer entre 40 et 100 algérien-ne-s lors de manifestations ayant rassemblé environ 30 000 personnes en solidarité avec le #FLN. Lorsque nous évoquons la répression sanglante de l’état français au moment de la révolution algérienne, nous pensons souvent aux #violences commises en Algérie mais pas nécessairement en « métropole » ; c’est pourtant là que ce se détermine la police française d’aujourd’hui en relation à la partie de la population provenant d’anciennes colonies de « l’Empire » (nous en parlerons plus tard). Peux-tu nous décrire cette relation, ainsi que de la figure déterminante de #Maurice_Papon, préfet pour le régime Vichiste, puis à #Constantine en Algérie et enfin à l’œuvre à Paris donnant l’ordre d’un tel massacre ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a plusieurs racines de l’#ordre_sécuritaire. L’axe de mes recherches, c’est la #restructuration_sécuritaire qui accompagne la restructuration néolibérale du #capitalisme à l’époque contemporaine. Dans tous mes travaux je retombe sur ce mécanisme dans lequel on voit la société impérialiste française importer dans son système de #contrôle, de #surveillance, de #répression des dispositifs qui viennent des répertoires coloniaux et militaires. Au sein de l’Algérie qui est la colonie de peuplement et d’expérimentations d’une gestion militaire de la population colonisée la plus poussée, sont développés des répertoires d’#encadrement qui vont influencer en permanence, depuis 1830, la restructuration du contrôle de la population « en métropole ». Notamment par l’application de ces dispositifs sur les populations directement désignées comme étant la continuité des indigènes en Algérie, c’est-à-dire principalement les #arabes à #Paris. On a donc des répertoires particuliers, des #régimes_policiers de #violences appliqués aux colonisés « en #métropole » qui font un usage régulier de pratiques de #coercition, d’#humiliation, de #rafles, d’#assassinats, de #tortures longtemps avant la #guerre_d’Algérie et de manière continue. On a déjà une police dans les années 30 qui s’appelle #Brigade_de_surveillance_des_Nord-Africains (#BNA) qui est donc une police opérant sous critères racistes, chargée par l’utilisation de la coercition d’encadrer les français de souche nord-africaine. Ces répertoires vont se transmettre. La continuité de l’état, ça veut dire la continuité des personnels, des administrations, des bureaucraties. Et à travers la restructuration des unités de police, se transmettent des systèmes de #discours, d’#imaginaires, d’#idéologies, et de #pratiques.

    Donc au moment du 17 octobre 1961, il y a déjà tous ces répertoires qui appartiennent à l’arsenal de l’encadrement normal et quotidien des arabes à Paris. J’essaye d’alimenter une piste un peu nouvelle qui apporte un regard supplémentaire aux travaux critiques qui avaient été faits sur la question et qui essaye de montrer comment les doctrines de #contre-insurrection dominaient la pensée militaire de l’époque et comment elles ont été importées et réagencées après leur application industrielle pendant la guerre d’Algérie, notamment à partir de 1956, pour passer du répertoire militaire et colonial dans le répertoire policier de l’écrasement des arabes à Paris. Tu l’as dit, ça passe par des personnels ; on pense à la figure de Maurice Papon en effet, mais aussi à des « étages » moyens et inférieurs de la police, les #CRS, les #gendarmes_mobiles… tout le monde fait son séjour en Algérie pendant la guerre en tant que policier en formation ou pour servir puisqu’on avait utilisé la plupart des effectifs militaires et policiers disponibles à l’époque. Il y a donc déjà une masse de policiers et de gendarmes qui ont été faire la guerre aux colonisés et ils se sont appropriés le modèle de contre-insurrection, le modèle de #terreur_d’Etat. Et puis, il y a aussi tout le contingent, les « #appelés », toute une génération de jeunes mâles qui vont se construire – certains, en opposition, mais une minorité – dans cette guerre d’Algérie, et à travers toute l’économie psychique que ça suppose, les #peurs et la #férocité que ça va engendrer dans toute une génération qui prendra ensuite les manettes de la #Cinquième_République.

    Ce que j’essaye de montrer donc, et que l’on voit bien dans le discours de Maurice Papon à l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN) en 1960, c’est que lui en tant que #IGAME, c’est-à-dire super préfet itinérant en Algérie, se forme à la contre-insurrection – c’était déjà un spécialiste des mécanismes de #purges, il s’était illustré par la #déportation des juifs de Bordeaux pendant l’occupation – et donc, assez logiquement, est nommé super préfet en Algérie pour organiser l’écrasement de la #révolution_algérienne. Il se forme ainsi à la contre-insurrection et expériment une forme de remodelage d’une contre-insurrection militaire et coloniale en contre-insurrection militaro-policière et administrative. Il se fascine completement pour cette doctrine qui exhorte à se saisir de l’ennemi intérieur pour pacifier la population, qui dit que le guérillero, le partisan, est comme un poisson dans l’eau, l’eau étant la population, et donc qu’il faut se saisir de la population. Ce système idéologique et technique va être élevé au rang de doctrine d’état et devenir hégémonique dans la pensée militaire francaise à partir de 1956. Dès lors, la doctrine « de la guerre (contre) révolutionnaire » alimente la restructuration des appareils de défense intérieure, « la #défense_intérieure_du_territoire » à l’époque, c’est-à-dire les grands plans de #militarisation_du_territoire en cas d’invasion soviétique. #Papon fait partie de la plateforme de propulsion d’une analyse qui dit que probablement une invasion soviétique – c’est la grille de lecture générale de toute la pensée militaire de l’époque – serait certainement précédée de manifestations géantes communistes et nord-africaines. Papon a en quelque sorte ouvert les plans de défense intérieure du territoire le 17 octobre. Il n’y avait eu que très peu de renseignements du côté de la Préfecture et ils ont été pris au dépourvu ; lorsqu’ils se sont rendus compte le 16 au soir, ou le 17 au matin qu’il y allait il y avoir des manifestations, ils sont allés chercher dans les répertoires disponibles, en l’occurrence la défense intérieure du territoire qui sont donc des plans de gestion militaire de la métropole en cas d’invasion soviétique. Ca explique pas mal de choses sur la puissance du dispositif mis en œuvre. Sur la radio de la police, on diffusait des messages d’#action_psychologique, on disait que les arabes avaient tué dix policiers à tel endroit, etc. pour exciter la #férocité des policiers. Il y a encore un autre aspect qu’il faut prendre en compte – j’y travaille en ce moment – c’est le soulèvement des masses urbaines de décembre 1960 en Algérie. C’est un peu la réponse à la #bataille_d’Alger, c’est-à-dire la réponse du peuple colonisé à la contre-insurrection. C’est un déferlement des masses (avec des enfants, des vieux, des femmes, etc.) dans les rues des grandes villes algériennes qui déborde la militarisation, déborde la contre-insurrection militaire et policière et emporte le versant politique de la guerre d’Algérie alors que le versant militaire était quasiment perdu. Le FLN et l’#Armée_de_Libération_Nationale étaient quasiment K.O. technique, militairement parlant et c’est donc le plus petit peuple qui remporte l’aspect politique de la guerre d’Algérie. Ça va marquer très très fort les administrations, les états-majors politiques, militaires et policiers et quand Papon se fait « ramener » à Paris c’est parce qu’il est reconnu comme un spécialiste de la gestion des arabes aux colonies et qu’on lui demande de faire la même chose à Paris. Il emporte donc cette mémoire avec lui et au moment où son état-major obtient l’information qu’il va il y avoir des manifestations organisées par le FLN et que des algériens vont marcher, depuis les périphéries vers le centre-ville – c’est-à-dire le même mouvement qu’en décembre 1960 en Algérie – il va utiliser l’arsenal d’écrasement qui est à sa disposition.

    Bien entendu, tout cela va semer des graines dans toute la Cinquième République qui est fondée autour du coup d’état militaire qui porte De Gaulle au pouvoir en 1958 et à travers toute cette grammaire idéologique qui considère les arabes et les communistes comme un #ennemi_intérieur dont il faudrait se saisir pour protéger la France et « le monde libre ». Voilà pour le contexte idéologique.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans le livre qu’est devenu ta thèse, L’ennemi intérieur (La Découverte, 2009), tu décris cette généalogie dans de grands détails. Peux-tu nous parler en particulier de la manière dont la doctrine de contre-insurrection coloniale française, élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal #Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie, puis par d’autres comme #Roger_Trinquier, ou #Jacques_Massu au moment de la guerre de son indépendance a par la suite influencé d’autres polices et armées à l’échelle internationale – on pense notamment à Ariel Sharon ou David Petraeus ?

    MATHIEU RIGOUSTE : On peut dire que c’est à l’origine même de la construction de l’Etat. L’Etat se forge comme #contre-révolution. C’est un appareil qui permet aux classes dominantes de refermer soit le mouvement révolutionnaire soit le temps et l’espace de la guerre pour asseoir leur domination. Tout état se forme donc sur des appareils de contre-insurrection. Du coup, on trouve une pensée contre-insurrectionnelle chez #Sun_Tzu ou dans toute autre philosophie politique. Mais effectivement avec l’avènement de l’état nation moderne, du capitalisme et de sa version impérialiste, la contre-insurrection va elle-même prendre des formes modernes, industrielles, va se mondialiser, va se techniciser, va se rationaliser, et va évoluer en même temps que les systèmes technologiques. Du coup on a des formes modernes de doctrines de contre-insurrection chez le Maréchal Bugeaud en effet. Lui-même, son parcours et sa pensée reproduisent le mécanisme de restructuration impériale, c’est-à-dire l’importation de dispositifs issus de l’expérimentation coloniale et militaire vers le domaine du contrôle. Il va ainsi pouvoir expérimenter des pratiques contre-insurrectionelles à travers la conquête de l’Algérie avec toute sortes de dispositifs qui vont perdurer, comme les rafles, les déplacements de population, etc. et d’autres qui vont être mis de côté comme les enfumades, mais il y reste bien une logique d’extermination durant toute la conquête de l’Algérie.

    Pendant les dernières décennies de sa vie, Bugeaud ne cesse d’insister sur le fait qu’il a constitué une doctrine de contre-insurrection applicable au mouvement ouvrier en métropole. Il passe également beaucoup de temps à démontrer les similarités qu’il y aurait entre le processus révolutionnaire – ce que lui appelle « les insurrections » – au XIXe siècle en métropole et les révoltes aux colonies. À la fin de sa vie, il écrit même un livre (qui ne sera pas distribué) qui s’appelle La guerre des rues et des maisons dans lequel il propose de transférer son répertoire de contre-insurrection à la guerre en ville en métropole contre le peuple et dans lequel il développe une théorie d’architecture qui va se croiser avec toute l’hausmannisation et qui correspond à l’application de la révolution industrielle à la ville capitaliste. On va donc voir des doctrines militaires et coloniales passer dans le domaine policier en même temps que Hausmann « perce la citrouille » comme il dit ; c’est-à-dire en même temps qu’il trace les grandes avenues qui permettent à la police ou l’armée de charger les mouvements ouvriers. On introduit également tout cet imaginaire de la tuberculose, des miasmes, etc. On assimile les misérables à une maladie se répandant dans Paris et il faudrait donc faire circuler l’air. C’est comme aujourd’hui dans la rénovation urbaine, on ouvre des grands axes pour que la police puisse entrer dans les quartiers populaires le plus facilement possible et aussi pour les enfermer. Et on invoque la circulation de l’air. On a donc ces logiques avec tout un imaginaire prophylactique, hygiéniste, qui se met en place en même temps qu’on importe le répertoire contre-insurrectionnel dans le domaine de la police sur toute la seconde partie du XIXe siècle.

    Avec la restructuration impérialiste, les Etats-nation, les grandes puissances impérialistes du monde occidental vont s’échanger en permanence leurs retours d’expériences. On en a des traces dès 1917 après la révolution russe, où on voit donc les polices et les armées du monde occidental se faire des comptes rendus, s’échanger des synthèses d’expérience. Et c’est comme ça tout au long du XXe siècle. Tu parlais d’Ariel Sharon ; on a des traces du fait que des envoyés spéciaux de l’armée (et peut-être aussi de la police) israélienne qui ont été en contact et qui ont sans doute été également formés au Centre d’Instruction à la Pacification et à la contre-Guérilla (CIPCG) en Algérie. Les spécialistes de la contre-insurrection français et israéliens s’échangent donc, dès la guerre d’Algérie, des modèles d’écrasement de leurs ennemis intérieurs respectifs. On a donc une sorte de circulation permanente des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires. J’avais travaillé là-dessus pour une préface que j’ai écrite pour la réédition du Manuel du guérillero urbain ; on pense que ce manuel a beaucoup plus circulé dans les milieux contre-insurrectionnels que dans les mouvements révolutionnaires – ceux-ci disaient d’ailleurs qu’il n’avaient pas vraiment eu besoin d’un manuel de guérilla urbaine dans les années 1970. On a donc une circulation permanente et parfois paradoxale des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires, et des expériences.

    LÉOPOLD LAMBERT : Et des films comme La bataille d’Alger !

    MATHIEU RIGOUSTE : Exactement ; j’allais y venir. Ce film est d’abord censuré les premières années mais il va circuler en sous-main et il va être validé très rapidement par l’armée française qui dit que les choses se sont passées de manière très proche de ce qu’on voit dans le film. Celui-ci va donc à la fois permettre d’introduire la question contre-insurrectionnelle et le modèle français notamment. Bien que ça n’ait pas forcément forcé l’application exacte de ce modèle dans toutes les armées occidentales, on retrouve ce film dans beaucoup de formations militaires étrangères. On retrouve le film dans des mouvements révolutionnaires également : on sait par exemple que les zapatistes le projettent de temps en temps et s’en servent, d’autant que l’armée mexicaine est une grande collaboratrice de l’armée française. La gendarmerie mexicaine qui a tué des enseignants à Oaxaca il y a trois mois venait d’être formée par la gendarmerie française à ce modèle de gestion des foules, mais aussi au maniement des armes que la France vend avec.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans un autre livre, La domination policière (La Fabrique, 2012), tu dédies un chapitre entier à une branche de la police française qui est sans doute celle contribuant le plus à la continuation de la ségrégation coloniale de la société française, en particulier dans les banlieues, la Brigade AntiCriminalité (BAC). Quelqu’un comme Didier Fassin a fait une étude anthropologique très utile mais, somme toute assez académique puisque venant de l’extérieur, mais toi-même a vécu la plus grosse partie de ta vie en banlieue parisienne, à Gennevilliers et tes écrits peuvent ainsi nous donner un regard plus incarné à la violence raciste (et souvent sexiste et homophobe) qu’une telle branche de la police développe. Peux-tu brièvement nous retracer l’histoire de la BAC et nous parler de son action en banlieue ces dix dernières années (cad, depuis les révoltes de 2005) ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Les Brigades AntiCriminalités représentent assez bien ce que j’essaye de démontrer dans mes travaux sur le capitalisme sécuritaire parce qu’elle a deux origines ; c’est la fusion des polices endo-coloniales et de la restructuration néolibérale de l’État. Ce sont des polices qui vont être formées au début des années 1970 et qui vont aller puiser dans les personnels, dans les grilles idéologiques, dans les boites à outils pratiques des polices endocoloniales. Je dis endocolonial pour parler de ces polices comme la Brigade de surveillance des Nord-Africains, et par la suite les Brigades Agression et Violence qui déploient les repertoires coloniaux sur des populations internes au pays sur des critères socio-racistes. Je parle d’endocolonialisme car ce ne sont pas les mêmes régimes de violence que ce qui est appliqué aux colonies et ce ne sont pas les mêmes régimes de violence appliqués aux classes populaires blanches – les Black Panthers ne se prenaient pas tellement la tête ; ils parlaient juste de colonies intérieures. Et parce que la société impérialiste a besoin de maintenir la surexploitation et la surdomination d’une partie des classes populaires, la partie racisée, elle a aussi besoin d’une police spécifique pour ça. C’est pour ça qu’après 1945, c’est-à-dire après le vrai-faux scandale de la collaboration de la police française à la destruction des juifs d’Europe, la bourgeoisie Gaulienne invente « la France résistante » et tente de faire croire que ce racisme a été renvoyé aux oubliettes. Mais bien-sûr on va reproduire les mêmes types de dispositifs avec souvent les mêmes personnels – on va aller rechercher les gens qui étaient dans les BNA vu qu’ils savent faire et qu’on va leur refiler le même boulot – et on va trouver une nouvelle dénomination, celle des Brigades Agression et Violence. Un appareil de gestion socio-raciste va ainsi être mystifié par cette dénomination, ce qu’on retrouve également dans la dénomination d’AntiCriminalité aujourd’hui dans cette rhétorique de la « guerre à la délinquance » qui permet de cacher les appareils de production du socio-apartheid derrière des mythes légalistes.

    On se retrouve donc avec une police qui fait à peu près la même chose, qui se rationalise, se modernise, et au tout début des années 1970, c’est-à-dire juste après 1968 – parce que dans tous ces ennemis intérieurs, il y a aussi le gauchiste, la figure qui n’avait jamais complètement disparue du révolutionnaire qu’incarnait la figure du fellagha – on considère qu’il faut des polices modernes qui vont aller dans les quartiers populaires installer la nouvelle société rationnelle, optimisée, néolibérale, etc. On va donc aller chercher dans les répertoires d’idées, de pratiques, de personnels, pour forger une nouvelle police. La première expérimentation se fait en Seine-Saint-Denis, c’est pas un hasard et en 1973, on file à un ancien des Brigades Agression et Violence la charge de policer les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis et son unité va donc s’appeler la Brigade AntiCriminalité. Il va mettre à profit tout ce qu’on apprend à l’époque dans les grandes écoles de la nouvelle société, c’est-à-dire, ce qui s’appellera bientôt le néomanagement : l’application aux appareils d’état de la restructuration néolibérale dans les entreprises en quelques sortes. D’ailleurs, la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire va elle-même être transposée dans les théories néolibérales et on parlera de doctrines de « guerre économique » par exemple. Il s’agit de détruire l’entreprise ennemie, en l’empoisonnant, en quadrillant son marché, en utilisant des agents de renseignement, tout ça nait au cours des années 1970. Cette première BAC va influencer la naissance d’autres unités sur le même mode dans différente villes et on va ainsi appliquer aux quartiers populaires des méthodes de gestion endocoloniales ce qui va mener aux premières grandes révoltes contre les violences policières dans les cités.

    Il apparait également une nouvelle logique comptable qu’on va appeler aujourd’hui « la politique du chiffre » qui consiste à optimiser le rendement, la productivité de la machine policière. Faire du chiffre, ça veut dire faire le plus possible de « bâtons », c’est-à-dire des « mises-à-disposition ». Ils appellent ça « faire une affaire » ; une affaire, c’est ramener quelqu’un et une histoire à traiter pour l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) et si cette histoire est suffisamment utilisable pour en faire une affaire auprès du procureur et du coup aller jusqu’en justice et mettre cette personne en prison ou en tout cas essayer, ça fera un « bâton ». Ces bâtons gonflent une carrière et donc par exemple un commissaire qui veut « grimper », devenir préfet ou je ne sais quoi, il a tout intérêt à développer des unités de BAC dans son commissariat parce que celles-ci font beaucoup de mises-à-disposition puisqu’elles fonctionnent sur le principe du flagrant délit – les Brigades Nord-Africaines fonctionnaient déjà sur cette idée. Le principe du flagrant délit, c’est un principe de proaction. On va laisser faire l’acte illégal, on va l’encadrer, voire l’alimenter, voire même le suggérer ou le produire complétement pour pouvoir se saisir du « délinquant » au moment où il passe à l’action. La BAC est donc un appareil qui tourne beaucoup autour de la production de ses propres conditions d’extension. Cette logique de fond, c’est notamment ça qui va faire que les BAC vont se développer dans l’ère sécuritaire, c’est parce qu’elles font beaucoup de chiffre et qu’elles produisent également beaucoup de domination socioraciste, dont l’Etat a besoin pour contenir le socio-apartheid. Ceci se trouve dans le fait que le plus facile pour faire des mises-à-disposition et remplir ainsi cette mission néolibérale consiste à « faire » des ILS et des ILE : des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants – des mecs qui fument des joints – et des Infractions à la Législation sur les Étrangers – des sans-papiers. Comment on trouve du shit et des gens qui n’ont pas de papiers ? Eh bien on arrête les noirs et les arabes. On traine donc autour des quartiers populaires pour faire des arrestations au faciès sur les classes populaires de couleur.

    Voilà comment nait en gros la BAC dans les années 1970 ; elle s’est ensuite développée tout au long des années 1980, d’abord par l’intermédiaire des BAC de Surveillance de Nuit (BSN) et au début des années 1990 et l’avènement de Charles Pasqua – le symbole le plus caricaturale des logiques politiques, policières et militaires de la guerre d’Algérie et dont la carrière politique est structurée autour de la chasse à l’ennemi intérieur – au Ministère de l’Intérieur, il va intensifier cette utilisation des répertoires de contre-insurrection et va être à la pointe de la genèse du système sécuritaire français. C’est lui notamment qui va rendre possible que toutes les villes de France puisse développer des BAC. Ce qui est à nouveau très intéressant du point de vue du capitalisme sécuritaire c’est que les BAC sont des unités qui utilisent beaucoup de matériel, et qui en revendiquent beaucoup, qui « gueulent » pour être de plus en plus armées. Ça c’est très intéressant pour les industriels de la sécurité. Pour les flashballs par exemple ; les BAC ont demandé à en être armées très vite, elles veulent les nouveaux modèles et elles participent avec les industriels à créer les nouveaux modèles et, bien-sûr, c’est elles qui utilisent le plus de munitions : le flashball est utilisé tous les soirs pour tirer dans les quartiers populaires de France. C’est la même chose pour les grenades lacrymogènes ; on en voit beaucoup dans le maintien de l’ordre des manifestations de mouvements sociaux dans les centre-villes mais les gaz sont utilisés quotidiennement dans les quartiers populaires.

    Le phénomène continue de se développer dans les dix dernières années. La BAC semble vraiment caractéristique de ce capitalisme sécuritaire, notamment par sa férocité mais aussi par son aspect ultralibéral, ultraproductif, ultraoptimisé, ultraviril, ultramédiatique : la BAC se met en scène, les agents s’inspirent énormément de ce qu’ils voient à la télévision… On a même une extension de ce qu’elle a inventé comme système de domination et d’écrasement des quartiers populaires vers la gestion des autres mouvements sociaux, comme récemment des luttes contre la loi travail. Généralement, la BAC est utilisée comme dispositif de pénétration, de saisie, de capture et elle est de plus en plus combinée à des dispositifs d’encerclement, d’enfermement, d’étranglement dans lesquels on utilise plutôt les CRS, les gardes mobiles. On a vu pendant le mouvement contre la loi travail, les BAC qui étaient employées à faire « du maintien de l’ordre ». À Toulouse, on a vu les effectifs des BAC sont utilisés dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs hybrides : capable de faire et du maintien de l’ordre et de la capture, de l’intervention, de passer de l’un à l’autre en permanence, et de passer à des niveaux d’intensité très hauts très rapidement. La BAC rejoint ainsi la logique de restructuration de tous les appareils en ce moment qui consiste à devenir rhéostatique : être capable de s’adapter comme le mode de production toyotiste, c’est-à-dire s’adapter le plus instantanément à la demande, avec le moins de stock et de dépenses possibles et de la manière la plus rationalisée qui soit.

    LÉOPOLD LAMBERT : Tout comme Hacène Belmessous dans le deuxième numéro de The Funambulist, tu décris la manière dont « la rénovation urbaine » enclenchée en 2003 constitue à beaucoup d’égards une manière pour la police de s’approprier l’espace urbain des banlieues. Peux-tu nous en dire plus ? Cela intéressera sans doute beaucoup la moitié (ou le tiers) des lecteurs/-trices de The Funambulist qui sont architectes ou urbanistes !

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a effectivement un sursaut en 2003, mais ça avait commencé bien avant. Un des premiers grands quartiers qui est soumis à une politique de ce qu’ils appellent « la rénovation urbaine », mais ce qui est en fait de la destruction et du réaménagement, c’est le quartier où je suis né ; le Luth à Gennevilliers. Il s’agissait d’une coopération du Plan Pasqua et du Parti Communiste Français (PCF) qui gère la ville depuis les années 1930, tous deux ravis de se débarrasser des familles les plus pauvres et d’essayer une nouvelle forme de gestion des quartiers populaires. C’est un processus constant : la ville capitaliste au gré des crises de suraccumulation du capital, se restructure pour continuer à concentrer des masses de travailleurs pauvres autour de ses centres d’accumulation du capital. Et dans ces quartiers populaires, ces campements, ces bidonvilles, ces territoires misérables, les dominé-e-s, les exploité-e-s, les opprimé-e-s, les damné-e-s, inventent en permanence des formes d’auto-organisation, d’autonomisation, de fuites et de contre-attaques, des cultures d’insoumission et des manières de se rendre ingouvernables. Il faut donc en permanence, pour le pouvoir, à la fois une police qui permette de détruire cette dynamique d’autonomisation récurrente et de survie – parce qu’en fait les gens n’ont pas le choix – et un réaménagement des territoires : il faut à la fois ségréguer et pénétrer ces territoires pour aller y détruire tout ce qui peut émerger de subversif. Et l’urbanisme tient un rôle fondamental dans la restructuration sécuritaire de la ville capitaliste. Cette logique est déjà à l’œuvre dans les bidonvilles durant la guerre d’Algérie ; on a des polices spécialisées à la gestion des bidonvilles, c’est-à-dire au harcèlement, à la brutalisation, à la surveillance, au fichage, parfois à la torture, parfois même aux assassinats et aux disparitions d’habitants du bidonville et qui détruisent les cabanes des habitant.e.s parce que même dans le bidonville, on voit ré-émerger des formes de mises-en-commun, d’auto-organisation, de politisation révolutionnaire, de colère, d’entraide, toute sorte de choses qui menace le pouvoir et qui nécessite donc une intervention. En plus d’intervenir avec de l’idéologie, du divertissement ou de l’aménagement, il faut intervenir avec de la coercition.

    On retrouve ce processus dans toute l’histoire de la ville capitaliste ; c’est une dialectique permanente. Sauf que ce qui nait dans les années 1970, c’est un schéma qu’on va voir apparaître ; à partir du moment où on met des polices féroces, comme la BAC, autour des quartiers populaires, celles-ci produisent de la violence policière et donc produisent de la colère. Les dominé-e-s, face à ça, vont produire des tactiques, des techniques, des stratégies, des pratiques de résistance et de contre-attaque. Ça va donner lieu à des révoltes, parfois très spontanées, parfois plus organisées : une histoire des contre-attaques face à la police nait dans les années 1970 et on se rend compte, au gré de ces révoltes et de leur répression et de leur gestion médiatique que des municipalités en collaboration avec la police et les média sont capables de désigner aux pouvoirs publics et au reste de la population en général un quartier populaire comme ingérable, infâme, irrécupérable. Ceci s’accompagne d’une logique humanitaire ; aller « sauver des gens » alors que les revendications pour des meilleures conditions de vie sont permanentes et que les habitants n’obtiennent jamais rien.

    Toute cette logique va activer au cours des années 1970 la reconnaissance par les pouvoirs publics et par le capital industriel et financier du fait que lorsqu’on est capable de désigner un quartier populaire comme infâme, on va pouvoir activer un circuit de capitaux financiers d’abord, puis industriels, liés à ce qu’on va appeler de manière publicitaire « la rénovation urbaine », c’est-à-dire un protocole de restructuration de ce quartier qui peut aller jusqu’à sa destruction complète. Il va ainsi apparaitre beaucoup de régimes de restructuration : certains consistent à éloigner les populations les plus pauvres ou les moins gouvernables, d’autres vont organiser l’évacuation totale de ces populations, d’autre encore qu’on observe beaucoup depuis le début des années 2000 à travers la mystification de la mixité sociale consistent à parler de réhabilitation mais à en fait déplacer les plus pauvres, sans détruire le quartier. On fait ça à la fois avec de la police et de la prison, mais aussi avec la hausse des loyers provoquée par l’arrivée de nœuds de transports en commun qui permet de faire venir des cadres qui ne se seraient pas déplacés jusque-là ; la petite bourgeoisie à laquelle on veut permettre de venir s’installer à la place des quartiers populaires. Bref, à travers tout ce programme publicitaire qu’est la rénovation urbaine, la transformation des quartiers populaires en quartiers petits-bourgeois va attirer des flux de capitaux gigantesques, notamment liés au fait que depuis le début des années 2000, l’État investit énormément pour appuyer les pouvoirs locaux dans leur politiques de restructurations urbaines. C’est de l’argent qui va retomber immédiatement dans les poches des industriels du bâtiment et aussi dans celles des industriels de la sécurité, encore une fois, parce qu’on voit qu’une fois que la police, les média, la prison et les autorités municipales ont réussi à « déblayer le terrain », le réaménagement des quartiers se fait en partenariat avec tous les industriels du bâtiment mais aussi des technologies de surveillance, de design – les cliques du néo-urbanisme – les publicitaires, les commerces, bref tout un système d’entreprises qui vivent autour de ça. La logique de fond est à la fois le renforcement du socio-apartheid, mais aussi une forme de colonisation interne à travers l’expansion de la ville capitaliste et l’invention de nouvelles formes d’encadrement de la vie sociale.

    LÉOPOLD LAMBERT : À l’heure où nous parlons, l’état d’urgence promulgué par François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 a déjà été renouvelé trois fois. Pour un certain nombre de francais-e-s blanc-he-s de classe moyenne ou riches, cela ne représente qu’une nuisance négligeable mais pour la population racisée française, en particulier ceux et celles que l’on nomme pudiquement « musulman-ne-s d’apparence » ce régime légal donnant une latitude encore plus importante à la police insiste encore d’avantage sur l’existence d’une sous-citoyenneté qui ne dit pas son nom. Travailles-tu actuellement sur la manière dont l’état d’urgence agit comme précédent à la fois légal et dans les pratiques policières ? Peux-tu nous en parler ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Je ne travaille pas précisément sur cet aspect des choses mais bien-sûr, je suis ce qui est en train de se passer, notamment au sein des luttes dans lesquelles on avance et on réfléchit sur cet aspect-là. Et effectivement, tu le résumes bien, il y a toute une partie des strates privilégiées, même des classes populaires qui ne se rend pas compte de ce à quoi sert l’état d’urgence parce qu’il ne le voit pas et les média ont vraiment un rôle fondamental là-dedans. C’est ça aussi le socio-apartheid : les vies sont séparées, elles ne se croisent pas. Effectivement l’état d’urgence a permis une intensification de la ségrégation mais aussi de mécanismes d’oppression contre les quartiers populaires, ce qui peut rester complétement invisible pour le reste de la population. L’angle d’attaque, c’est l’Islam et les violences, ce sont des perquisitions fracassantes : explosion de la porte, on met tout le monde a terre et en joue, parfois on gaze à l’intérieur des appartements, parfois on tabasse. Ca provoque des traumatismes très forts dans les familles ; on a des récits de perquisitions en pleine nuit et les enfants, la maman, la grand-mère, plusieurs mois après, cherchent à être suivis par des psychologues. À l’école, c’est dramatique, les enfants n’y arrivent pas, après que des unités militaro-policières ont débarqué chez eux en mode anti-terrorisme. Les violences, ce sont aussi des assignations à résidence ; on a du mal à le saisir lorsqu’on ne le vit pas, mais il s’agit d’un système d’encadrement très dur car il faut aller pointer régulièrement. La plupart de ces histoires, je tiens à le dire, se dégonflent après ; il y a déjà des victoires dans les tribunaux parce que l’immense majorité de ces assignations à résidence sont fondées sur rien du tout, surtout par le fait que la personne a été désignée par quelqu’un comme étant « très pratiquante », possiblement « radicalisée », c’est de l’ordre de la délation. Ce sont donc des violences très fortes et très profondes dans les familles, principalement musulmanes à travers ces perquisitions, ces assignations à résidence et ces procédures judiciaires qui durent bien-sûr et qui épuisent. Les noms des gens sont lâchés dans la presse, toute une ville peut d’un seul coup vous considérer comme un probable terroriste.

    Donc voilà, l’état d’urgence permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires dans la France impérialiste.

    https://blogs.mediapart.fr/leopold-lambert/blog/200117/entretien-avec-mathieu-rigouste-une-genealogie-coloniale-de-la-polic
    #colonialisme #colonisation #bac #police #Algérie #France #histoire #entretien #interview

  • Télétravailler, sans masque, avant d’aller à la plage : les îles de la tentation
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/11/26/travailler-a-distance-sans-masque-avant-d-aller-a-la-plage-les-iles-de-la-te

    Il faut reconnaître que les invitations étaient tentantes. A plusieurs reprises, nos interlocuteurs ont conclu les interviews par un « Alors, convaincu de venir chez nous ? ». Le « chez nous » en question : l’île Maurice ou les Seychelles. Tout comme la Barbade et les Bermudes du côté des Caraïbes, ces coins paradisiaques situés dans l’ouest de l’océan Indien se lancent à la conquête des digital nomads, ces télétravailleurs baroudeurs qui parcourent le monde. Grâce à un visa spécial, généralement valable pendant un an, ces îles proposent un titre de séjour permettant de mêler télétravail et pieds dans le sable au soleil. Les nouveaux venus ont simplement l’interdiction d’entrer sur le marché de l’emploi local. Alors chaque office du tourisme n’hésite pas à jouer sur le côté carte postale pour attirer les indécis. Mais, derrière des clichés qui font rêver, une réalité bien plus morose s’impose : ces visas ont surtout pour but de relancer l’attractivité de ces îles. Entre confinements, frontières fermées et vacances plus locales, les touristes ont déserté ces destinations pourtant très prisées. (..) Car la demande existe. A la mi-juillet, la Barbade a reçu plus d’un millier de demandes (en provenance surtout des Etats-Unis, du Canada et du Royaume-Uni), une semaine après avoir lancé son programme « Welcome Stamp » (« tampon de bienvenue »). Mêmes chiffres pour Maurice, avec une importante proportion de demandes venant de l’Hexagone. Une bouffée d’air bienvenue, même si cela pèse peu face au 1,3 million de touristes qui se sont rendus sur l’île l’année dernière.
    Une tentation qui est source de motivation pour Ophélie. Cette trentenaire, designer pour des sites Internet et des applications, s’apprête à faire sa demande de visa pour l’île Maurice dans les prochains jours. Une ­nouvelle expérience de télétravail pour cette digital nomad qui avait passé six mois en Nouvelle-Calédonie en 2019 et quelques mois en Afrique du Sud l’année précédente. « J’ai l’impression d’être plus productive, analyse-t-elle. J’ai envie de faire mon travail assez rapidement. Cela motive quand vous savez que deux heures après vous pouvez aller plonger ou nager avec les tortues. » Ce voyage sera aussi pour elle l’occasion de passer ses diplômes de plongée et son permis bateau. « Actuellement, je suis à Metz, ce n’était pas vraiment dans mes plans », ironise-t-elle.
    Encore mieux que les découvertes sous-marines, les différentes îles mettent en avant l’absence du Covid-19 sur leur territoire pour se vendre. Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, la Barbade compte sept morts de la maladie, les Bermudes neuf, Maurice dix et les Seychelles, elles, ne déplorent aucune victime. L’existence de ces safe zones s’explique par un protocole sanitaire strict appliqué à tout nouvel arrivant. Pour séjourner à Maurice, en plus de la présentation d’un test PCR négatif réalisé avant votre départ, vous devrez ainsi respecter une quarantaine de quatorze jours dans un hôtel avant de profiter de l’île. Le prix pour redécouvrir une vie sans confinement, où le masque de plongée a davantage la cote que son homologue chirurgical.

    #Covid-19#migrant#migration#maurice#seychelles#nouvellecaledonie#bermudes#visaspecial#sante#teletravail#economie#safezone

  • #Police attitude, 60 ans de #maintien_de_l'ordre - Documentaire

    Ce film part d´un moment historique : en 2018-2019, après des affrontements violents entre forces de l´ordre et manifestants, pour la première fois la conception du maintien de l´ordre a fait l´objet de très fortes critiques et d´interrogations insistantes : quelle conception du maintien de l´ordre entraîne des blessures aussi mutilante ? N´y a t-il pas d´autres manières de faire ? Est-ce digne d´un État démocratique ? Et comment font les autres ? Pour répondre à ces questions, nous sommes revenus en arrière, traversant la question du maintien de l´ordre en contexte de manifestation depuis les années 60. Pas seulement en France, mais aussi chez nos voisins allemands et britanniques, qui depuis les années 2000 ont sérieusement repensé leur doctrine du maintien de l´ordre. Pendant ce temps, dans notre pays les autorités politiques et les forces de l´ordre, partageant la même confiance dans l´excellence d´un maintien de l´ordre « à la française » et dans le bien-fondé de l´armement qui lui est lié, ne jugeaient pas nécessaire de repenser la doctrine. Pire, ce faisant c´est la prétendue « doctrine » elle-même qui se voyait de plus en plus contredite par la réalité d´un maintien de l´ordre musclé qui devenait la seule réponse française aux nouveaux contestataires - lesquels certes ne rechignent pas devant la violence, et c´est le défi nouveau qui se pose au maintien de l´ordre. Que nous apprend in fine cette traversée de l´Histoire ? Les approches alternatives du maintien de l´ordre préférées chez nos voisins anglo-saxons ne sont sans doute pas infaillibles, mais elles ont le mérite de dessiner un horizon du maintien de l´ordre centré sur un rapport pacifié aux citoyens quand nous continuons, nous, à privilégier l´ordre et la Loi, quitte à admettre une quantité non négligeable de #violence.

    https://www.dailymotion.com/video/x7xhmcw


    #France #violences_policières
    #film #film_documentaire #Stéphane_Roché #histoire #morts_de_Charonne #Charonne #répression #mai_68 #matraque #contact #blessures #fractures #armes #CRS #haie_d'honneur #sang #fonction_républicaine #Maurice_Grimaud #déontologie #équilibre #fermeté #affrontements #surenchère #désescalade_de_la_violence #retenue #force #ajustement_de_la_force #guerilla_urbaine #CNEFG #Saint-Astier #professionnalisation #contact_direct #doctrine #maintien_de_l'ordre_à_la_française #unités_spécialisées #gendarmes_mobiles #proportionnalité #maintien_à_distance #distance #Allemagne #Royaume-Uni #policing_by_consent #UK #Angleterre #Allemagne #police_militarisée #Irlande_du_Nord #Baton_rounds #armes #armes_à_feu #brigades_anti-émeutes #morts #décès #manifestations #contestation #voltigeurs_motoportés #rapidité #23_mars_1979 #escalade #usage_proportionné_de_la_force #Brokdorf #liberté_de_manifester #innovations_techniques #voltigeurs #soulèvement_de_la_jeunesse #Malik_Oussekine #acharnement #communication #premier_mai_révolutionnaire #Berlin #1er_mai_révolutionnaire #confrontation_violente #doctrine_de_la_désescalade #émeutes #G8 #Gênes #Good_practice_for_dialogue_and_communication (#godiac) #projet_Godiac #renseignement #état_d'urgence #BAC #brigades_anti-criminalité #2005 #émeutes_urbaines #régime_de_l'émeute #banlieue #LBD #flashball #lanceur_de_balles_à_distance #LBD_40 #neutralisation #mutilations #grenades #grenade_offensive #barrage_de_Sivens #Sivens #Rémi_Fraisse #grenade_lacrymogène_instantanée #cortège_de_tête #black_bloc #black_blocs #gilets_jaunes #insurrection #détachement_d'action_rapide (#DAR) #réactivité #mobilité #gestion_de_foule #glissement #Brigades_de_répression_des_actions_violentes_motorisées (#BRAV-M) #foule #contrôle_de_la_foule #respect_de_la_loi #hantise_de_l'insurrection #adaptation #doctrine #guerre_civile #défiance #démocratie #forces_de_l'ordre #crise_politique

  • La ministra de Exteriores cierra en Senegal un acuerdo para reactivar las repatriaciones

    González Laya anuncia el envío de una patrullera y un avión de la Guardia Civil para sumarse al dispositivo de vigilancia en el país africano

    La ministra de Asuntos Exteriores, #Arancha_González_Laya, ha acordado con las autoridades de Senegal el comienzo “en breve plazo” de los vuelos de repatriación de los ciudadanos de este país que lleguen por vía irregular a Canarias. “Los equipos de ambos países ya están trabajando en ello. Esta medida va a contribuir de manera decisiva a frenar las salidas, como ya ocurrió en 2006”, aseguró la ministra durante su visita a Dakar este domingo y tras reunirse con el presidente, Macky Sall. “Ambos gobiernos estamos de acuerdo en que no habrá rutas para las actividades criminales”, dijo, en referencia a quienes organizan estos viajes. “El presidente Sall nos ha trasladado su intención de colaborar en estas repatriaciones”, añadió.

    Pese a la existencia de un acuerdo bilateral entre ambos países, los vuelos de repatriación de ciudadanos senegaleses que llegan a España por vía clandestina se encuentran paralizados a causa de la covid-19, que provocó un cierre de fronteras. El viaje realizado este domingo por González Laya a Dakar, en el que también se entrevistó con la ministra de Asuntos Exteriores senegalesa, Aissata Tall, tenía entre sus objetivos volver a activarlos. “Sabemos que es un tema muy sensible y nosotros también lo seremos”, añadió la ministra española. “Lo haremos en coordinación con Senegal, con toda discreción y respetando la dignidad de las personas”.

    González Laya explicó que, además de los equipos de ambos países, ya están trabajando con la Organización Internacional de las Migraciones (OIM) y con la Agencia de Naciones Unidas para los Refugiados (Acnur) en el proceso de identificación de los emigrantes. “Vamos a mandar un mensaje muy claro a las redes criminales de tráfico de personas y es el de no tolerar que hagan grandes beneficios a espaldas de la ley”, añadió. La ministra de Exteriores aclaró que, por ahora, no está previsto retomar estos vuelos de repatriación con Malí -dado que la mayor parte de los malienses transitan por Mauritania para llegar a Canarias y ya pueden ser expulsados a través de este país-, ni con Gambia, pues los ciudadanos de esta nacionalidad que llegan al archipiélago son una minoría.

    Además del acuerdo en materia de vuelos de repatriación, González Laya aclaró que había negociado con las autoridades senegalesas el refuerzo de los medios de vigilancia españoles frente a la emigración clandestina. Desde el año 2006, coincidiendo con la anterior crisis de los cayucos, hay dos patrulleras de la Guardia Civil y un helicóptero de la Policía Nacional operando en este país y se prevé que, también a la mayor brevedad, se trasladen a Senegal una patrullera más y un avión. “Trabajamos mano a mano con las autoridades de este país y compartimos la preocupación por la existencia de redes de tráfico de personas que enriquecen a unos pocos y ponen en riesgo a muchos”, manifestó.

    González Laya defendió la actuación del Gobierno español en la crisis migratoria en Canarias, a donde han llegado este año unas 18.000 personas por vía irregular, miles de ellos senegaleses que zarpan desde la costa de este país en cayucos. “La covid-19 ha destrozado las economías africanas y sabíamos que una consecuencia iba a ser una mayor emigración. Ha llegado una cantidad muy grande de personas en un corto periodo de tiempo. Pero España estaba preparada, llevamos meses trabajando en este asunto, tanto en la acogida, como en la colaboración de los países de origen y tránsito para impedir los mecanismos de entrada irregular dentro del marco reglamentario europeo”, explicó.

    Otro acuerdo alcanzado este domingo entre Senegal y España ha sido el de favorecer la emigración regular y ordenada. “El presidente Macky Sall tiene la voluntad de mejorar las condiciones socioeconómicas de sus ciudadanos y dar mayores oportunidades a los emprendedores, pero al mismo tiempo abrir canales para la emigración legal. Estamos de acuerdo. Vamos a trabajar para abrir una ventana para que quienes quieran ir a España puedan hacerlo de manera ordenada”, dijo González Laya, quien anunció la potenciación de mecanismos de migración circular entre ambos países. En 2019 se puso en marcha una experiencia piloto en este sentido por la que medio centenar de jóvenes pudieron ir a España a trabajar mediante contratación en origen y de manera temporal.

    Por último, la ministra de Exteriores anunció la firma de un acuerdo que permitirá a los ciudadanos senegaleses que residen legalmente en España mantener sus derechos adquiridos con la Seguridad Social y sus pensiones si deciden regresar a su país, lo que definió como “portabilidad de derechos”. En la actualidad hay unos 70.000 senegaleses residentes en España. El acuerdo también funciona a la inversa, es decir, con los españoles que viven en este país africano.

    La visita de González Laya a Senegal incluyó una visita al Puerto de Dakar para conocer de primera mano los medios con los que cuentan tanto la Guardia Civil española como la Marina senegalesa en la vigilancia de la emigración clandestina, así como un encuentro con los militares españoles de la Operación Marfil, que prestan apoyo logístico a la Operación Barkhane del Ejército francés contra el yihadismo en el Sahel, y con los empresarios españoles representados en la Cámara de Comercio de España en Senegal.

    https://elpais.com/espana/2020-11-22/la-ministra-de-exteriores-cierra-en-senegal-un-acuerdo-para-reactivar-las-re

    #Espagne #Sénégal #accord_de_réadmission #asile #migrations #réfugiés #expulsion #renvois #Méditerranée_Occidentale #militarisation_des_frontières #frontières #Canaries #îles_Canaries #vols

    ping @isskein @karine4

  • Medios aéreos y marítimos como plan de choque del Gobierno de España para «bloquear la salida de cayucos y pateras» hacia Canarias

    La ministra de Política Territorial anuncia que el Estado contará con dos buques oceánicos, una patrullera de altura, un avión, un helicóptero y una embarcación sumergida en la ruta atlántica.

    La ministra de Política Territorial del Gobierno de España, Carolina Darias, ha anunciado este viernes en su visita a Tenerife las medidas extraordinarias adoptadas desde el Ejecutivo nacional en un plan de choque para acabar con la crisis migratoria que atraviesa Canarias. Las llegadas en pateras y cayucos a Europa por Canarias suponen el 57% del total de llegadas al continente. Por ello, el Ministerio del Interior, de Exteriores, de Migraciones y de Política Territorial, en coordinación con la Vicepresidencia segunda del Gobierno estatal, han elaborado un decálogo de medidas para gestionar la situación migratoria en las Islas. Según la ministra, se trata de un «refuerzo» a las medidas ya existentes que intentan dar respuesta al fenómeno migratorio. Un fenómeno que tiene naturaleza «estructural» y que la pandemia ha complicado aún más. «La ruta atlántica ha vuelto a coger muchísima fuerza», subraya Darias, que fue subdelegada del Gobierno en el Archipiélago en 2006, durante la conocida como crisis de los cayucos.

    El Gobierno de España ha decidido apostar por reforzar a las fuerzas y cuerpos de seguridad del Estado y la vía diplomática con los países de origen para evitar que los migrantes salgan en patera o cayuco del continente africano hacia Europa. El Ejecutivo pretende reforzar la política de cooperación para mejorar las condiciones de vida de las personas en sus países de origen a través de una «respuesta conjunta y coordinada con la Unión Europea». «Tenemos que ser altamente sensibles y hacer políticas responsables porque estamos hablando de seres humanos. Debemos hacer pedagogía y rechazar cualquier manifestación xenófoba, porque Canarias nunca ha sido racista y no lo puede ser», apuntó.
    Ministerio del Interior

    Las medidas implantadas por el Ministerio del Interior, dirigido por Fernando Grande-Marlaska, pretenden «acabar con la inmigración irregular». La línea principal de actuación pasa por el refuerzo de la cooperación efectiva con los países emisores. «Vamos a contar con dos buques oceánicos, una patrullera de altura, un avión, un helicóptero y una embarcación sumergida», anuncia Darias.

    La agencia Frontex permanecerá hasta el 21 de enero de 2021 va a colaborar con el despliegue de equipos en Gran Canaria para reforzar las labores de la Policía: «Es nuestro objetivo combatir a las redes que trafican con personas». Además, el Gobierno de España está negociando con Senegal y con Frontex desplegar medios aéreos en la ruta atlántica.

    Interior va a instalar un Centro de Atención Temporal de Migrantes (CATE) en Barranco Seco que permita a la Policía Nacional contar con un espacio adecuado para realizar la reseña policial de los migrantes. Hasta el momento, el Ejército de Tierra ha instalado 23 tiendas de campaña para albergar a unas 800 personas.

    Darias ha anunciado que el ministro del Interior realizará una visita el próximo 20 de noviembre a Marruecos. Este será el séptimo viaje al país que haga Grande-Marlaska.

    Asimismo, Darias ha celebrado que se retomen las conexiones con Mauritania que permitan deportar migrantes. El pasado martes tuvo lugar el primer vuelo de deportación tras la pandemia, en el que 22 personas fueron expulsadas de Gran Canaria. De ellas, solo una era nacional mauritana. Esa misma noche, las autoridades de Mauritania confirmaron que expulsarían también de Nouakchot a las personas llegadas desde Canarias. «El Gobierno pondrá énfasis en la deportación de las personas que no estén en situación de vulnerabilidad. Las que sí lo están han sido derivadas poco a poco a la Península», asegura. Sin embargo, afirmó que no contaba con datos sobre el número de traslados al territorio peninsular desde las Islas que se han dado este año.
    Ministerio de Asuntos Exteriores

    El Gobierno de España incrementará en 500 millones de euros el presupuesto destinado a la cooperación, contando con una partida de 3.100.000 euros. Además, la ministra Arancha González visitará Senegal antes de que acabe el año.
    Ministerio de Migraciones

    El Ministerio de Defensa ha cedido el espacio de El Matorral, en Fuerteventura, al Ministerio de Migraciones y a Interior. En Tenerife, el Ejército de Tierra instala ya un nuevo espacio cedido por Defensa en Las Raíces, que se suma al acuartelamiento de Las Canteras. Es una capacidad alojativa «amplia», ha dicho Darias.

    En Gran Canaria, además del CATE del antiguo polvorín de Barranco Seco, el Colegio León de Las Palmas de Gran Canaria se abrirá como espacio de acogida «en cuestión de días». «El objetivo es que la imagen de Arguineguín no se vuelva a repetir», ha aseverado la ministra. Carolina Darias ha querido agradecer a las corporaciones locales su predisposición a colaborar con el Estado en la gestión de la acogida. Sin embargo, la ministra no ha dado una fecha concreta para el desmantelamiento del muelle. «Cuanto antes», ha respondido. «Ya han visto lo rápido que hemos instalado el CATE de Barranco Seco», defendió. Así, preguntada por los medios sobre la lentitud del Ministerio de Defensa para habilitar nuevos espacios, Darias ha defendido que «las personas que están en el muelle no son las mismas que hace unos meses». «Se ha intentado desalojar, pero las llegadas han sido frecuentes», justifica.

    Respecto a las carencias en la asistencia letrada de las personas que han llegado a las Islas en los últimos meses, la ministra ha asegurado que el Gobierno de España cumple con esta obligación. Pero ha justificado que «la intensa llegada» de migrantes ha provocado «algunas dificultades».

    El presidente del Gobierno de Canarias, Ángel Víctor Torres, ha recordado en su intervención a las personas que han muerto intentando llegar al Archipiélago. Este viernes, Senegal ha convocado una jornada de duelo a iniciativa de la población en memoria de las 480 personas que han fallecido o desaparecido rumbo a Europa.

    Torres incidió en la necesidad de cumplir con los derechos de asilo de la población migrante. «La gente que llega a Canarias en cayucos y pateras llega a Europa», reivindicó el presidente canario, apelando a la necesidad de crear corredores humanitarios con el continente. Una práctica a la que ya se comprometió la comisaria europea Ylva Johansson durante su visita al Archipiélago.

    «La llegada de inmigrantes ha sido utilizada por algunos partidos políticos para promover una fobia hacia los extranjeros», ha leído Torres, compartiendo la carta publicada por los obispos de Canarias este jueves para combatir la xenofobia y el racismo. «Es verdad que la inmigración es un fenómeno complejo, pero forma parte de nuestra historia», concluyó el presidente.

    https://www.eldiario.es/canariasahora/migraciones/gobierno-espana-anuncia-nuevas-medidas-evitar-salida-cayucos-pateras-canari

    #Canaries #îles_canaries #militarisation_des_frontières #asile #migrations #réfugiés #contrôles_frontaliers

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    Résumé de Raphaëla Laspalmas via la mailing-list Migreurop (14.11.2020):

    Le gouvernement espagnol va munir les Canaries de nouveaux moyens : 2 navires, un bateau de patrouille « en haute altitude » (pas sûre de la traduction), un avion, un hélicoptère et un sous-marin.
    Selon l’article, les arrivées en bateaux de fortune vers l’Europe par les Canaries supposent 57% du total des arrivées sur le continent ( à vérifier)
    Le gouvernement espagnol négocie avec le #Sénégal et #Frontex de nouveaux #moyens_aériens sur la #route_atlantique.
    Les autorités mauritaniennes ont annoncé qu’elles expulseraient à leur tour les migrants d’autres nationalités déportés sur son sol.
    500 millions d’euros du gouvernement espagnol pour la coopération (la nature de ladite coopération n’est pas précisée...).
    Les autorités reconnaissent des failles dans l’assistance juridique et s’en défausse sur le nombre d’arrivées.

    #Mauritanie #Espagne

  • Interior reactiva las expulsiones desde Canarias y deporta a 22 migrantes a Mauritania

    El Ministerio del Interior ha reactivado este miércoles las deportaciones de migrantes desde Canarias y ha expulsado a 22 las personas que estaban en el Centro de Internamiento de Extranjeros (CIE) de Barranco Seco hacia Mauritania. De ellas, 18 son de Senegal, dos de Gambia, uno de Guinea-Bissau y uno de Mauritania. En este momento, el CIE de Gran Canaria está vacío, y podrá albergar hasta a 42 personas a partir de hoy, ya que el juez de control, Arcadio Díaz-Tejera, en un auto estableció que este era el aforo máximo para evitar el hacinamiento y los posibles contagios en cadena, como sucedió en marzo. Entonces, el magistrado tuvo que ordenar el desalojo y el cierre, ya que trabajadores del centro contagiaron a los internos. Además, el cierre de fronteras decretado para frenar la expansión de la COVID-19 tampoco permitía las expulsiones. La reapertura se ordenó en septiembre, tras la visita del ministro Fernando Grande-Marlaska a Nouakchott.

    El ministro viajó en compañía de la comisaria europea Ylva Johansson para abordar la crisis migratoria que atraviesa el Archipiélago en la actualidad. Uno de los resultados de este encuentro fue la recuperación de las deportaciones hacia Mauritania, aprovechando el acuerdo bilateral que ambos países mantienen. Este documento recoge la expulsión a este país africano tanto de nacionales de este país como de países terceros que en su trayecto migratorio hayan partido del territorio mauritano.

    Aprovechando este epígrafe del convenio, España expulsó a finales de 2019 y comienzos de 2020 incluso a malienses. Algunos de ellos habían solicitado protección internacional ante el conflicto armado que atraviesa su país. Según Acnur, ninguna persona procedente de las regiones afectadas por esta guerra debería ser devuelta de manera forzosa, puesto que el resto del país no debe ser considerado como una alternativa adecuada al asilo hasta el momento en que la situación de seguridad, el estado de derecho y los derechos humanos hayan mejorado significativamente. Así, Acnur insta a los Estados a proporcionar acceso al territorio y a los procedimientos de asilo a las personas que huyen del conflicto en Malí.

    Grande-Marlaska y Johansson también visitaron este fin de semana Canarias, incluido el saturado muelle de Arguineguín que alberga hasta el momento a más de 2.000 personas. El viaje fue criticado por Podemos Canarias, que lo tildó de «hipócrita y decepcionante» por haberse limitado a «poco más que a hacerse una foto y unas declaraciones que son las mismas que se repiten desde hace meses».

    El ministro evidenció en su visita que su apuesta para controlar los flujos migratorios era reforzar la vigilancia y cooperar con los países de origen, poniendo el foco en la lucha contra las mafias de tráfico de personas. Marlaska aseguró que España reforzó tanto a sus Fuerzas y Cuerpos de Seguridad del Estado como a las autoridades de Mauritania. «Un avión de la Guardia Civil ha sido enviado a Nouakchott para realizar labores de prevención y facilitar los rescates en origen y así evitar más muertes»

    Como parte de la estrategia de su departamento, ha solicitado apoyo al Frontex, que ha enviado a siete agentes a Gran Canaria para identificar migrantes y «controlar la inmigración irregular». Con este fin, el ministro ha visitado Argelia, Túnez y Mauritania, y se desplazará a Marruecos el próximo 20 de noviembre. Esta estrategia ya fue empleada en 2006 con fines disuasorios hacia las personas que pretendían partir en cayucos o pateras hacia Canarias. El operativo HERA consistió en el despliegue de personal especializado en la zona, medios marítimos y aéreos que patrullaban el litoral africano, además de sistemas de satélite para controlar el Atlántico. Este equipo no lo aportó Frontex, sino los países miembros de la UE y la agencia reembolsa los costes del despliegue, tantos de los guardias de fronteras como del transporte, combustible y mantenimiento del equipo. La Agencia europea invirtió 3,2 millones de euros de los cuatro que costó la operación en el Atlántico.

    El objetivo se cumplió, ya que de las 31.678 personas que sobrevivieron a la ruta migratoria canaria ese año, se pasó a 12.478 en 2007, 9.181 en 2008, 2.246 en 2009 y a 196 en 2010.

    https://www.eldiario.es/canariasahora/migraciones/interior-reactiva-expulsiones-canarias-deporta-22-migrantes-mauritania_1_63

    –-> 22 personnes expulsées des Canaries vers la Mauritanie. Une personne mauritanienne parmi elles, les autres viennent du Sénégal, de Gambie et de Guinée Bissau. Selon l’article, la reprise des expulsions a été décidée en septembre après la visite du ministre de l’intérieur.

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    A mettre en lien avec la « réactivation des routes migratoires à travers la #Méditerranée_occidentale » :
    https://seenthis.net/messages/885310

    #Canaries #îles_Canaries #Mauritanie #expulsions #asile #migrations #réfugiés #Espagne #evelop #externalisation

    ping @_kg_ @rhoumour @isskein @karine4

    • Marruecos aumenta las deportaciones de migrantes desde el Sáhara Occidental, punto de partida clave hacia Canarias

      Hablamos con varios de los migrantes deportados por Marruecos en los últimos meses tras un pausa durante el confinamiento.

      Aminata Camara, de 25 años, es una de las 86 personas migrantes guineanas expulsadas por Marruecos el pasado 28 de septiembre desde la ciudad de Dajla. El reino marroquí retomó entonces las deportaciones de migrantes desde el Sáhara Occidental, punto de partida clave de pateras hacia Canarias. «Nos llevaron al aeropuerto, no nos tomaron las huellas, no nos pidieron nada ni los datos. Nos dieron los billetes del vuelo, sin equipaje», contaba la mujer guineana a elDiario.es mientras acababa de embarcar en el avión.

      De fondo se escuchaba el revuelo, los gritos de un grupo de mujeres, mientras ella se atropellaba al denunciar nerviosa que los militares la habían metido en un avión en Dhkala junto a otros 80 compatriotas (28 mujeres), y que los expulsaban a su país. «Los militares que nos acompañaron en el viaje nos abandonaron en el avión. Un bus nos llevó a la parte nacional del aeropuerto de Conakri y nos dejaron allí sin más, a pesar del coronavirus. Tuvimos que coger taxis para llegar a nuestras casas», denunciaba ya en su país.

      Desde entonces, han salido al menos tres aviones más con personas migrantes desde Dajla a Guinea Conakry, Senegal y Mali. El último vuelo de deportación se organizó el pasado 11 de noviembre, con alrededor de un centenar de personas que la Marina Real marroquí había interceptado en la costa atlántica intentando salir hacia las Islas Canarias. Los metieron en dos autocares en la ciudad saharaui para enviarlos en avión a Dakar. Allí, fuentes del aeropuerto, corroboran a este medio que el miércoles llegó un grupo de senegaleses.

      En el momento en que se ejecutaba la expulsión de los ciudadanos malienses el pasado 2 de octubre, elDiario.es contactó telefónicamente con Traore, el presidente de la comunidad maliense en Marruecos. «Hemos sido detenidos ilegalmente, nos cogieron en las casas y nos encerraron tres semanas en un centro de detención en El Aaiún. Hoy nos llevan al aeropuerto de Dajla para deportarnos a Mali. Somos algo más de 80 personas. Y las autoridades malienses han firmado una deportación voluntaria, mientras que nos están forzado a dejar el país sin ningún papel».

      Desde Dajla, François, que se salvó de la expulsión, asegura a este medio: «A los subsaharianos nos cogen diciendo que tenemos el coronavirus para meternos en cuarentena. Los test de PCR en los trabajos son obligatorias para los subsaharianos. Y a 115 senegaleses, 95 guineanos y 80 malienses los deportaron a sus países».

      Entre los expulsados había migrantes que residían desde hace tiempo en El Aaiún y Dajla, ciudades saharauis desde donde se registran la mayoría de las salidas en embarcaciones a Canarias, la ruta migratoria más transitada actualmente en España. Hasta el 15 de noviembre, llegaron 16.760 personas en 553 embarcaciones, según los datos del Ministerio del Interior. En plena crisis migratoria en las islas, Marlaska viaja este viernes a Marruecos con el objetivo de reforzar la cooperación en materia fronteriza y evitar la salida de pateras hacia las islas.

      Por su parte, una fuente oficial de migración desde Rabat confirma a elDiario.es los cuatro aviones de expulsión, pero con 120 personas de Mali, entre los que se encontraban cinco guineanos; 28 mujeres deportadas a Guinea Conakry y 144 senegaleses rescatados en el mar. A los que hay añadir los últimos 100 enviados a Senegal la semana pasada. «Algunos son migrantes expulsados inicialmente de Tánger, Nador, Rabat, Casablanca y Alhucemas hacia la frontera de Marruecos con Argelia en Tiouli, región de Jerada, a unos 60 kilómetros de Oujda», precisa la misma fuente. Las devoluciones se hicieron con tres de los cuatro países –el otro es Costa de Marfil– con los que Marruecos estableció un acuerdo para acceder al país sin visado.
      «Había un bebé de tres meses con nosotros»

      Aminara pasó tres semanas encerrada junto al resto de personas de origen subsahariano antes de ser expulsadas desde el Sáhara Occidental. «Había un bebé de tres meses con nosotros, otro de dos meses con su madre, dos niños de 5 y 8, una niña de 9 años», recuerda ya desde una localidad cercana a Boffa, en la región de Boké (Guinea Conakry).

      «La Gendarmería vino a la casa por la noche. Estábamos dormidos. Llamaron a la puerta y nos pidieron que abriésemos, cuando lo hicimos, nos hicieron salir y montar en los vehículos, nos llevaron a prisión y nos encerraron tres semanas.
      »¿Qué hemos hecho?", preguntaron. «Nada, tenéis que salir» respondieron los militares.

      Después la encerraron tres semanas en un centro de detención improvisado. «Nos maltrataron, nos trataban como esclavos. Pegaron a una amiga allí, y le rompieron el pie. Cuando alguien caía enfermo, lo abandonaban fuera, y nadie te miraba, ni siquiera te llevaban al hospital. Solo comíamos pan y sardinas, ni agua nos daban. Enfermó mucha gente, yo misma me puse mala. Fue un calvario», enumera apresuradamente por teléfono.

      Durante el encierro les hicieron dos veces los test PCR para detectar el coronavirus. Y después de que las autoridades firmasen junto a los representantes de los consulados su expulsión, los metieron en aviones a sus países de origen. «Nos maltrataron, nos encerraron, nos pegaron, nos hicieron todo lo malo, lo prometo», dice en un susurro.
      «Han violado nuestros derechos y queremos verdaderamente justicia»

      Precisamente, la Asociación Marroquí de Derechos Humanos (AMDH) de Nador ha denunciado detenciones forzosas desde que comenzó el confinamiento en el mes de marzo. «Estas condiciones inhumanas de confinamiento son una práctica voluntaria de las autoridades marroquíes para instar a los migrantes secuestrados a que revelen sus datos personales para posteriormente identificarlos y deportarlos contra su voluntad», mantiene la AMDH.

      Finalmente, Amina está en Guinea: «No es fácil. No tengo apoyo ni nadie que me pueda ayudar. Cuando llegamos, contactamos con Naciones Unidas. Nos dijeron que nos iban ayudar, pero después no nos han llamado, también nos ha abandonado. Nadie nos ha escuchado».

      Esta joven viajó a Marruecos para mejorar el nivel de vida. En su país, creció en la calle después de perder a sus padres. Habló con un amigo magrebí y emprendió la ruta de Argelia, pasando por Mali y entrando finalmente a Marruecos. El objetivo era trabajar, «jamás osé a cruzar a España. Lo encuentro muy peligroso. Cada día muere gente en el agua. Nunca intenté eso», confiesa.

      «Los dos años en Marruecos no había nada que hacer. Tampoco fue fácil», rememora desde Guinea. Compartía una habitación con ocho personas y trabajaba en una empresa de pescado en Dkhala, pero «los militares me pegaron y perdí mi bebé. Tuve un aborto». Tras esta desgracia, se trasladó a una residencia particular en El Aaiún «donde trabajaba día y noche por 150 euros al mes, que me llegaba para pagar el alojamiento y la comida».
      AMDH denuncia las «deportaciones forzosas» que el gobierno disfraza de «voluntarias»

      El gobierno disfraza estos vuelos con datos de «retorno voluntario» porque los están gestionando al margen de los organismos internacionales. La AMDH de Nador denunció en las redes sociales: «La deportación forzosa de migrantes subsaharianos por las autoridades marroquíes continúa desde Dajla».

      «Desalojos inhumanos que no podían hacerse sin la complicidad de las embajadas en Rabat y sin el dinero de la Unión Europea (UE)», apunta la AMDH. Incide además en sus publicaciones en Facebook en que «son expulsados con la complicidad de su embajada y con el dinero de la UE y la Organización Internacional de Migraciones (OIM)».
      «Retornos a la fuerza, y no voluntarios»

      Desde el organismo confirman que se trataba de «retornos a la fuerza, y no voluntarios». Las ONG denuncian «corrupción» porque los cónsules firmaron un retorno voluntario con Marruecos basándose en acuerdos entre los países que además se han instalado recientemente en el Sáhara Occidental, como es el caso de Guinea Conakry, Senegal y Mali.

      Moussa Coulibaly (31 años) habla con elDiario.es desde Mali. Llevaba cuatros años y medio en Marruecos, pero el 2 de octubre por la tarde fue deportado, junto a otras 83 personas malienses. «Fue el consulado el que firmó que nos trajeran al país. Nuestros gobiernos son malos. Realmente sufrimos. Las autoridades han deportado a la mayoría», delata.

      Marruecos ha retomado las deportaciones tras el confinamiento. «Desde principios de julio hasta septiembre de 2020, alrededor de 157 personas han sido expulsadas de Marruecos entre las que había 9 mujeres, 11 menores y 7 personas heridas», detallaban desde Rabat a principios de octubre.

      La AMDH ya denunció en su informe de 2019, que cerca de 600 migrantes habían sido expulsados en autocares desde un centro de internamiento de Nador al aeropuerto de Casablanca en 35 operaciones de deportación durante el año. Entonces ya desveló que los seis países que cooperan con Marruecos para deportar a sus nacionales son Camerún, Costa de Marfil, Guinea, Senegal, Mali y Burkina Faso.

      Precisamente la Organización Democrática del Trabajo (ODT) acusa al gobierno magrebí de descuidar a las personas migrantes desde que apareció la Covid–19. Denuncia en un comunicado que «el sufrimiento de los migrantes africanos en Marruecos solo se ha intensificado y exacerbado durante el período de la pandemia».

      https://www.eldiario.es/desalambre/marruecos-aumenta-deportaciones-migrantes-subsaharianos-dajla-principales-p

      #Sahara_occidental #Maroc #Dajla #Dhkala #Sénégal #Mali #Guinée-Conakry #Guinée

  • Réactivation des anciennes routes migratoires en Méditerranée occidentale

    « Les anciennes routes migratoires sont de nouveau activées en Méditerranée occidentale », c’est ce qui ressort du dernier rapport d’Alarm Phone, assistance téléphonique pour les personnes en situation de détresse en mer Méditerranée. Selon ce document, les candidats à la migration irrégulière vers l’Espagne arrivent désormais en très grande majorité du Sud du Maroc ou d’Algérie. Selon le HCR, 1.460 candidats sont arrivés entre juin et août 2020 (en plus des 2.555 arrivées de janvier à mai). Le mois de septembre a vu une nouvelle augmentation importante des arrivées avec plus de 2.000 personnes, ce qui porte le nombre total d’arrivées aux îles Canaries en 2020 à 6.116 personnes (au 27 septembre). Ce chiffre est six fois supérieur à celui de la même période en 2019. Un cinquième de ces personnes sont des femmes. Parfois, il y a eu des centaines d’arrivées dans une même journée, comme le 6 septembre qui a vu 140 arrivées en six bateaux, le 8 septembre avec 160 arrivées en sept bateaux et le 15 septembre avec 130 arrivées en dix bateaux. Toutefois, le rapport précise que le nombre d’arrivées aux îles Canaries reste loin de celui de la ”crise de los cayucos” de 2006, lorsque plus de 30.000 personnes étaient arrivées à bord de bateaux de pêche en bois, en provenance de Mauritanie et du Sénégal. Aujourd’hui, les candidats marocains et algériens représentent 60% de l’ensemble des arrivées. Pourtant, les départs du Sud du Maroc ne sont pas la règle puisqu’il y a d’autres départs de plus en plus nombreux de la Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie. Ces candidats doivent passer des jours, parfois même une semaine, en mer, presque toujours confrontés à des vents et à des conditions météorologiques défavorables. Leur seul espoir est d’être secourus par le Salvamento Maritimo, mais la zone de patrouille la SAR espagnole s’étend sur un million de kilomètres carrés. Ce territoire est terriblement vaste au cas où un bateau s’y perd, ou encore si un de ses moteurs tombe en panne ou si les personnes à bord n’ont aucun moyen de communication. A rappeler que la route des Canaries est depuis longtemps connue comme la plus meurtrière de la Méditerranée. Cependant, et même en cas de débarquement aux îles Canaries, les difficultés sont loin d’être terminées. Ces derniers mois ont considérablement aggravé la situation. En l’absence de transferts de personnes vers l’Espagne, les capacités sont déjà au-delà du point de rupture. Depuis deux mois en particulier, les nouveaux arrivants sont contraints de camper sur l’asphalte du port à leur arrivée, de dormir sur des terrains de sport, dans des entrepôts portuaires ou même dans des complexes touristiques. Depuis que les tests de la Covid-19 ont été rendus obligatoires pour les candidats à la migration en juin, il y a de longues journées d’attente sous des tentes de fortune et dans des conditions déplorables, sous un soleil de plomb avec des températures supérieures à 40°C. Le port d’Arguineguín a accueilli entre 300 et 450 personnes ces dernières semaines et les mouillages sont bondés de bateaux en bois utilisés pour le voyage. La deuxième grande évolution constatée par le rapport d’Alarm Phone concerne la forte augmentation des arrivées en provenance d’Algérie. Du mois de janvier à août, 41% des candidats à la migration à destination de l’Espagne étaient des ressortissants algériens (contre 8% pour la période équivalente en 2019). Comme toujours, les raisons en sont multiples. « Le système politique de l’ancien président Bouteflika et la crise socioéconomique apparemment insoluble conduisent souvent à la décision de quitter le pays. La crise déclenchée par la Covid-19 et les contre-mesures prises pour empêcher sa propagation ont rendu la vie quotidienne de nombreux migrants encore plus difficile. Comme un passeport algérien n’offre pratiquement aucune chance d’obtention d’un visa pour l’UE, les Algériens sont contraints de s’embarquer sur la dangereuse route maritime. Tout comme leurs voisins marocains, ils ou elles sont immédiatement séparés des autres arrivants et font l’objet d’une procédure d’expulsion accélérée. Les Algériens sont renvoyés rapidement et de force dans leur pays d’origine », explique le document. Concernant cette réactivation des anciennes routes migratoires, Mohammed Charef, directeur de l’Observatoire régional des migrations, espaces et sociétés (ORMES) (Faculté des lettres et des sciences humaines d’Agadir) nous avait indiqué dans une récente édition que cette réactivation est tout à fait normale dans un contexte de contrôle forcé des frontières. « Vous fermez les portes devant un migrant, il passe par la fenêtre. Et c’est connu que dès qu’un lieu de passage est surveillé, il devient plus dangereux et plus cher et, du coup, on cherche de nouvelles routes ou on revient aux anciennes qui ont tendance à être oubliées mais pas totalement. Prenez le cas du Maroc, Gibraltar a constitué, durant le début des années 2000, le point de passage essentiel pour les migrants, mais dès l’installation d’un système européen de surveillance, la situation a complètement changé avec l’émergence d’autres routes comme celle des Iles Canaries (qui ont constitué pendant les années 2007, 2008 et 2009 un point de passage important vers l’Espagne), l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Turquie par la suite », a-t-il précisé. Et d’observer que la question migratoire demeurera d’actualité tant qu’il y aura un déséquilibre mondial sur tous les plans (économique, social, juridique…) et tant qu’il y aura un besoin européen de migrants. « Il y a tout un pan de l’économie européenne qui dépend de la main-d’œuvre irrégulière. Même dans les forums internationaux, le patronat défend cette main-d’œuvre considérée comme moins coûteuse, maniable à volonté et corvéable à merci… », avait-il conclu.

    https://www.libe.ma/Reactivation-des-anciennes-routes-migratoires-en-Mediterranee-occidentale_a1212
    #parcours_migratoires #itinéraires_migratoires #nouvelles_routes #routes_migratoires #asile #migrations #réfugiés #Méditerranée #Méditerranée_occidentale #Canaries #îles_Canaries #Mauritanie #Sénégal

    • Arriban 1.100 inmigrantes en un día, la cifra más alta desde ‘la crisis de los cayucos’ de 2006

      Segunda manifestación en Arguineguín para reclamar la clausura del campamento de acogida del muelle

      Casi 1.100 inmigrantes, uno de ellos muerto, llegaron a Canarias a lo largo de ayer sábado a bordo de 20 embarcaciones, la cifra más alta en una sola jornada desde la “crisis de los cayucos” de 2006-2007, según las cifras que facilita el 112 una vez completados los recuentos en tierra. En concreto, los servicios de emergencia de las islas atendieron a 1.096 personas llegadas a las costas o rescatadas por Salvamento Marítimo en el Atlántico: 643 en 16 barcas en Gran Canaria, 271 en dos cayucos en Tenerife, 159 en un cayuco y una patera en El Hierro y 23 en una barquilla en La Gomera.

      Se trata de la afluencia de inmigrantes más alta del año en un solo día, con 363 personas más de las que se registraron el pasado 9 de octubre, cuando fueron rescatadas 733 personas en Canarias coincidiendo con la visita al campamento de Arguineguín del ministro de Inclusión Social y Migraciones, José Luis Escrivá.

      La Ruta Canaria se ha cobrado además este sábado una nueva vida, la de uno de los ocupantes de un cayuco localizado a 61 kilómetros de El Hierro, cuando se encontraba a la deriva. Media docena de buques de Salvamento Marítimo han participado en los diferentes rescates del día desde las cuatro de la madrugada, cuando se detectaron varias pateras a 18 millas al sur de Gran Canaria los radares del Servicio Integral de Vigilancia Exterior.

      También ayer, por segundo sábado consecutivo, vecinos de Mogán recorrieron ayer en manifestación en las calles de Arguineguín para reclamar medidas inmediatas al Estado para la gestión de la crisis migratoria que afecta a Canarias, y concretamente al municipio, donde se mantiene el campamento de emergencia que acoge a las personas migrantes que llegan a las costas del Archipiélago.

      El Ayuntamiento de Mogán informó que la manifestación fue convocada por la Cofradía de Pescadores de Arguineguín, que reivindica el traslado de las personas migrantes del puerto hacia instalaciones acondicionadas.

      https://www.laprovincia.es/canarias/2020/11/08/arriban-1-100-inmigrantes-dia-22571928.html

    • Llegan 600 migrantes durante la noche a Canarias en veinte pateras, que se suman al más de un millar de este sábado

      Todas las pateras fueron rescatadas por Salvamento Marítimo y trasladadas hasta el Muelle de Arguineguín, en Gran Canaria

      Unos 600 migrantes han llegado a Canarias durante la pasada noche a bordo de un total de 20 embarcaciones irregulares, según ha informado el Centro Coordinador de Emergencias y Seguridad (Cecoes) 112.

      Todas las pateras fueron rescatadas por Salvamento Marítimo y trasladadas hasta el Muelle de Arguineguín (Gran Canaria) para ser asistidos por Servicio de Urgencias Canario (SUC), Cruz Roja y personal del centro de salud de la zona.

      Esta veintena de embarcaciones irregulares se suman al goteo de constante de pateras durante el fin de semana, ya que durante la jornada del sábado fueron un total de 18 con más de 1.000 personas.

      https://www.laprovincia.es/canarias/2020/11/08/canarias-migrantes-22652765.html

    • 500 migrantes han muerto intentando llegar a Canarias en una semana

      Según la ONG Caminando Fronteras, 480 senegaleses han perdido la vida cuando intentaban llegar a Canarias en pateras o cayucos durante la última semana de octubre. «Es una tragedia terrible que en sólo unos días se hayan perdido tantas vidas, este año la ruta de Canarias está dejando una cifra de muertos vergonzosa», explica Helena Maleno, portavoz de la ONG

      El récord de llegadas de pateras y cayucos hasta Canarias también ha disparado otra cifra: la de los fallecidos en naufragios. Según la ONG Caminando Fronteras, durante la última semana de octubre, unos 480 migrantes fallecían en su intento por llegar al Archipiélago. Todos eran senegaleses que morían en el Atlántico cuando viajaban en pateras o cayucos. «Es una tragedia terrible que en sólo una semana haya tantas víctimas. Estamos recabando todas las informaciones que podemos sobre los naufragios de la ruta del Atlántico y estamos comprobando que las cifras de 2020 son vergonzosas», asegura Helena Maleno, portavoz de la ONG.

      Según Maleno, hace unos días recibieron llamadas de jóvenes internautas senegaleses alertándoles de estas muertes. «Teníamos constancia de dos de los naufragios y estos jóvenes nos han aportado informaciones de la Marina senegalesa y de otras organizaciones con la que hemos sumado estas 480 víctimas», cuenta la portavoz.

      Estos jóvenes internautas han organizado una jornada de duelo nacional para el próximo 13 de noviembre para recordar a las víctimas del fenómeno migratorio.

      https://cadenaser.com/emisora/2020/11/11/ser_las_palmas/1605095452_244277.html?ssm=fb

      #décès #morts #mourir_en_mer

    • Tiendas de campaña y camastros: así es el campamento para migrantes que reemplaza al de #Arguineguín

      Un año después de que se reactivara la ruta migratoria canaria en noviembre de 2019, los esperados espacios cedidos por el Ministerio de Defensa para albergar migrantes comienzan a habilitarse. La Brigada Canarias XVI del Mando de Canarias del Ejército de Tierra empezó este miércoles a levantar el campamento que gestionará el Ministerio del Interior en el antiguo polvorín de Barranco Seco, en Gran Canaria, a solo tres kilómetros del Centro de Internamiento de Extranjeros.

      El campamento está integrado por tiendas de campaña y 200 literas militares y tiene una capacidad total para 800 personas."En Arguineguín no todos dormían en camas o en literas", justifican desde Defensa en declaraciones recogidas por Desalambre.

      Según ha confirmado el departamento que dirige Fernando Grande-Marlaska, la finalidad de este espacio es que los agentes de la Policía Nacional procedan a la filiación de las personas llegadas por vía marítima a la Isla. Esta misma mañana, los propios militares procedieron a desinfectar la zona. Otro de los espacios cedidos por Defensa es el antiguo cuartel del Regimiento Canarias 50 en el barrio de La Isleta

      El antiguo polvorín de Barranco Seco sustituirá al campamento de emergencia levantado por Cruz Roja en el muelle de Arguineguín, cuyo desmantelamiento ya fue anunciado por Grande-Marlaska durante su visita a Gran Canaria en compañía de la comisaria europea Ylva Johansson. En la actualidad, unas 2.000 personas permanecen hacinadas en el puerto a la espera de los resultados de la PCR obligatoria a la que se someten al llegar al Archipiélago. La Comisión Española de Ayuda al Refugiado (CEAR) y Humans Right Watch ya advirtieron de que en el muelle no había carpas para todos, haciendo que cientos de migrantes se vieran obligados a dormir en el suelo y a la intemperie entre ratas, tal y como denunció el presidente del Cabildo de Gran Canaria, Antonio Morales, en un vídeo.

      https://www.eldiario.es/canariasahora/migraciones/tiendas-campana-camastros-campamento-migrantes-reemplaza-arguineguin_3_6408

    • ACNUR y la OIM ayudarán a Canarias a gestionar la crisis migratoria

      Las organizaciones darán su apoyo con tres efectivos destacados en Gran Canaria desde el próximo mes de enero. Quieren dar «una respuesta digna y humana» a esta «situación de emergencia».

      El Alto Comisionado de Naciones Unidas para los Refugiados (ACNUR) y la Organización Internacional para las Migraciones (OIM) ayudarán, con tres efectivos destacados en Gran Canaria desde el próximo mes de enero, a gestionar la crisis migratoria que afecta a Canarias. Así se han comprometido este lunes con el presidente canario, Ángel Víctor Torres, las representantes en España de ambas entidades Sophie Muller (ACNUR) y María Jesús Herrera (OIM), en el inicio de una visita institucional de tres días a Gran Canaria y Tenerife donde conocerán de primera mano la asistencia que se presta a las personas rescatadas de pateras y cayucos procedentes de África.

      Ambas representantes han mostrado a Torres la predisposición de las dos entidades dependientes de la ONU a ayudar a esta comunidad autónoma a dar «una respuesta digna y humana» a esta «situación de emergencia» en lo referido a la acogida, a la protección internacional que asista a estas personas, al respeto de los derechos humanos y al cumplimiento de las medidas anticovid-19.

      Después de que a Canarias hayan llegado este año 17.411 migrantes africanos, la mitad de ellos en el último mes, y de que el Gobierno español anunciara el pasado viernes un plan de choque para afrontar esta emergencia migratoria, ACNUR y la OIM quieren ver cómo pueden colaborar con las medidas propuestas, si bien advierten «cierto retraso» a la hora de habilitar los recursos necesarios para ello.

      Para responder a la solicitud de ayuda que les ha hecho el Gobierno canario, Muller y Herrera visitarán en estos tres días los «puntos calientes» de la ruta en Tenerife y Gran Canaria, donde 1.955 personas pernoctaron este domingo en el muelle de Arguineguín, tras un fin de semana con 1.347 rescatados, y elevarán un «plan de trabajo» a las direcciones de las entidades que representan. Por parte de ACNUR, Muller ha estimado que el plan de choque presentado por el Gobierno de España «incluye medidas para proporcionar una acogida más digna y humana a un volumen de llegadas muy importante».

      «El tiempo ha pasado, la situación ha empeorado y ahora hay un plan anunciado que estamos estudiando. Nos ponemos a disposición para ver cómo se puede implementar con los recursos necesarios, que vemos que están llegando, lo que consideramos una muy buena noticia. Vamos a ver cómo se implementan», ha afirmado la representante de ACNUR para España.

      Muller ha confiado en que la puesta en marcha de estas medidas de emergencia por parte del Gobierno español «sea muy humana» y ha informado de que en su visita a Gran Canaria y Tenerife pretende «ver muy en detalle la situación para poder analizarla de manera transversal, tanto respecto a las llegadas como al acceso de estas personas a servicios y derechos».

      «No pedimos promesas, estamos aquí para compartir con las autoridades nuestro análisis y previsiones y llamar la atención respecto de sus obligaciones internacionales», ha aseverado al ser preguntada por la confianza que ACNUR tiene en el plan de choque anunciado por España.

      «Desde hace meses, hemos visto que no ha sido nada fácil» absorber los flujos migratorios que registra la ruta atlántica, ha admitido Muller, quien ha estimado que, aunque «ha habido muchos intentos de poner en marcha recursos, no ha sido posible concretarlos» hasta ahora, que se «está a punto de hacerlo», por lo que ha recalcado que desde ACNUR no se quiere «criticar antes de ver si esto es así y hay esperanza de que esta vez sí va a ser posible».

      La jefa de misión para España de la OIM, María Jesús Herrera, ha asegurado que las dos organizaciones dependientes de la ONU están «preparadas para poder asistir al Gobierno». Por ello, vienen para ver en qué pueden ser útiles para que se respeten todas las medidas de seguridad ante la covid-19, los derechos de las personas que llegan, «como se está haciendo», y apostar también «por la solidaridad de las poblaciones locales españolas ante una situación internacional tan complicada».

      Herrera ha avanzado que la OIM hará «algunas propuestas para que la situación pueda mejorar» en Canarias y, como no tiene competencia en acogida, esta entidad «está dispuesta a lo que haga falta» para ayudar, como ya ha hecho en otros lugares, en «ofrecer información de primera llegada, asistencia sanitaria o retorno voluntario asistido», unas medidas que puede coordinar desde Gran Canaria, con personal propio, desde el próximo mes de enero.

      Herrera ha advertido que la OIM «no puede intervenir» en las decisiones del Gobierno español «sobre si hay o no movilidad», en referencia a los reparos que muestran tanto la Administración estatal como la propia Comisión Europea a la hora de promover derivaciones de migrantes rescatados en esta frontera sur de Europa a otras comunidades autónomas o países miembros de la UE. «Lo que queremos es que haya una política de coordinación mayor y vemos un cambio importante de coordinación en las últimas medidas anunciadas, que consideramos fundamental», ha aseverado.

      https://www.publico.es/sociedad/migracion-acnur-oim-ayudaran-canarias-gestionar-crisis-migratoria.html
      #OIM #IOM #HCR

    • El Gobierno despliega campamentos para la crisis migratoria en Canarias

      El plan de acogida para casi 7.000 personas mantiene el tapón en las islas

      El ministro de Inclusión, Seguridad Social y Migraciones, José Luis Escrivá, anunció este viernes que de aquí a finales de año Canarias contará con 7.000 plazas de acogida provisionales en carpas para vaciar el puerto de Arguineguín y los establecimientos hoteleros. El ministro aseguró en Las Palmas que esta medida aspira a “reconducir la crisis migratoria” de las islas. También se iniciarán obras para habilitar cuarteles cedidos por Defensa y consolidar una red fija de acogida en el archipiélago. El plan supone asumir que la presión migratoria en Canarias continuará. La acogida se centrará en las islas.

      “Está claro que podríamos haber llegado antes y que podríamos haber tenido mayor capacidad de anticipación, pero lo importante es mirar hacia delante”, aseguró José Luis Escrivá durante su visita del viernes. El ministro de Migraciones compareció ante los medios acompañado por el presidente de Canarias, Ángel Víctor Torres (PSOE), la secretaria de Estado de Migraciones, Hana Jalloul, y el ministro de Transportes, Movilidad y Agenda Urbana, José Luis Ábalos, tras visitar el centro de Salvamento Marítimo de Las Palmas de Gran Canaria. Junto a ellos, Escrivá presentó un plan de acogida de urgencia.

      En lo que va de año, han llegado a las costas canarias alrededor de 18.300 personas; el 65% de ellas, a Gran Canaria; el 20%, a Tenerife; y el 10%, a Fuerteventura. Del total, Escrivá calcula que apenas el 10% se puede considerar vulnerable o podrá acceder al estatus de refugiado. El epicentro de este fenómeno migratorio ha sido el puerto de Arguineguín, que aloja en la actualidad a poco más de 1.300 personas, si bien ha llegado a registrar picos de 2.300 en un dique de apenas 3.600 metros cuadrados. Además, 17 hoteles y edificios de apartamentos alojan a 5.500 migrantes, según los datos del Ministerio.

      Está previsto que las personas acogidas en los hoteles sean realojadas en las carpas provisionales de media docena de instalaciones. El ministro ha explicado que este plan de actuación constará de dos fases: una primera con soluciones de emergencia y otra, en la que se tratarán de crear redes estables.

      En Gran Canaria, el Colegio León contará con 300 plazas en carpas, si bien en un futuro se habilitarán 400 plazas en interior. Además, se está trabajando en el cuartel militar Canarias 50, que contará con 650 plazas provisionales y estará disponible a partir de diciembre. Actualmente, dicho acuartelamiento ha pasado a ser propiedad del Ministerio de Inclusión, si bien se traspasará al Ayuntamiento de Las Palmas de Gran Canaria en cuanto acabe la fase de emergencia. Más adelante, este cuartel contará con 1.150 plazas en módulos prefabricados. Además, Bankia ha cedido una nave de 7.000 metros cuadrados en un polígono industrial de la capital en cuyo interior hay capacidad para 500 personas.

      Tenerife, por su parte, cuenta ya con el cuartel de Las Canteras, que tiene capacidad para 1.800 plazas en 10 edificios. En el futuro, llegará a 2.000 plazas. Migraciones, además, está acondicionando el terreno en Las Raíces, en El Rosario. Esta es una cesión temporal del Ministerio de Defensa, donde hasta diciembre instalarán 1.500 plazas en carpas. En Fuerteventura, por último, está el acuartelamiento el Matorral, que contará con 700 plazas. Una vez que acabe esta primera fase, Gran Canaria dispondrá de 1.950 nuevas plazas de acogida; Tenerife, de 3.250 plazas, y Fuerteventura, de 700. A estas hay que añadir las 1.100 plazas en centros que dependen del ministerio que ya están en uso.

      Los recursos estables, que se irán desarrollando progresivamente a lo largo de 2021, llegarán a un total de 6.450 plazas y se financiarán con 43 millones del Fondo de Recuperación de la UE.

      La Secretaría de Estado de Migraciones tendrá en Canarias un centro de coordinación con personal estable que permita organizar las situaciones de emergencia de forma rápida, en la que también estará representada la Delegación del Gobierno en Canarias. Este centro estará en marcha en 15 días.

      No a las derivaciones

      Este plan de acogida de Migraciones supone que las islas Canarias van a seguir siendo una suerte de tapón migratorio. El ministro del Interior, Fernando Grande-Marlaska, ha descartado de hecho este viernes el traslado masivo o regular de inmigrantes desde Canarias hacia la Península, una decisión que ha vinculado con “las políticas migratorias, que son del conjunto de la UE, y no solo de España”, informa Efe. El ministro se encontraba de viaje en Rabat (Marruecos), donde se reunió con su homólogo, Abdeluafi Laftit, para tratar de contener el fenómeno migratorio. “Cuando se habla de traslado a la Península [digo]: hay que luchar contra la emigración irregular y evitar que se establezcan vías de entrada irregular a Europa”.

      Este anuncio choca con las palabras pronunciadas este viernes por el presidente canario, quien reiteró la voluntad de aceptar “solidariamente un porcentaje de migrantes” y se mostró tajante: “Me niego rotundamente a que Canarias reciba el 100% de los migrantes. No podemos solos. No podemos con eso”, aseguró tras recordar que en lo que va de año han perdido la vida entre 500 y 1.000 personas intentando alcanzar las islas.

      Diversas comunidades autónomas, entre ellas la de Castilla y León, se han mostrado dispuestas a recibir migrantes. El ministro de Migraciones, José Luis Escrivá, puntualizó sin embargo que las derivaciones se ceñirán a personas vulnerables.

      https://elpais.com/espana/2020-11-20/el-gobierno-habilitara-7000-plazas-hasta-diciembre-en-carpas-para-vaciar-arg

    • Sur les îles Canaries, les arrivées massives de migrants africains font craindre l’apparition d’une « nouvelle Lesbos »

      L’archipel espagnol connaît une brusque accélération de l’immigration provoquée par la crise liée au Covid-19 et par une surveillance accrue des entrées en Europe par la Méditerranée.

      Un port transformé en campement de fortune, des migrants transférés de manière précipitée dans des hôtels ou d’anciennes installations militaires : depuis le début de l’année, plus de 16 700 migrants africains sont arrivés illégalement sur les côtes des îles Canaries.

      Débordée par ces arrivées, l’Espagne a activé sa diplomatie : vendredi 20 novembre, le ministre de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska, doit se rendre à Rabat, au Maroc, avant une visite au Sénégal de la ministre des affaires étrangères, Arancha Gonzales, samedi.

      L’archipel de l’océan Atlantique, situé au large des côtes nord-ouest du continent africain, connaît en 2020 une immigration onze fois supérieure aux niveaux atteints en 2019. Selon le gouvernement régional des Canaries, au moins cinq cents personnes ont péri durant ces tentatives de traversée extrêmement dangereuses, les côtes africaines les plus proches se trouvant à plus d’une centaine de kilomètres.

      La crise est centrée actuellement sur Arguineguin, un petit port de l’île de Grande Canarie, l’une des sept îles de l’archipel. Depuis plusieurs jours, ce port abrite environ deux mille migrants, dans des tentes de campagne, où ils sont testés contre le Covid-19. Et si de l’eau et de la nourriture leur sont fournies, les conditions de vie sur place sont dénoncées par plusieurs organisations humanitaires.

      Quelles sont les causes de cette nouvelle crise migratoire ?

      La brusque accélération du nombre de traversées est « plus ou moins » équivalente à celle de l’année 2006, quand 30 000 migrants étaient arrivés aux Canaries en quelques mois, selon l’estimation d’un porte-parole de la Croix-Rouge à l’Agence France-Presse (AFP).

      « Beaucoup fuient les persécutions et la violence dans la région du Sahel ou en Côte-d’Ivoire, tandis que d’autres partent en raison de l’extrême pauvreté, ont estimé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) dans un communiqué commun, le 16 novembre. Les conséquences de la pandémie de Covid-19, l’insécurité alimentaire et le changement climatique sont parmi les autres facteurs à l’origine de cet exode. »

      Depuis plusieurs mois, les migrants africains ont aussi préféré la route des Canaries à celles de la Méditerranée, à la suite du renforcement des contrôles frontaliers permis par les accords conclus entre l’Union européenne (UE) avec la Libye, ainsi que la Turquie. La coopération entre l’Espagne et le Maroc sur la surveillance du détroit de Gibraltar a aussi été renforcée en 2019, poussant les réseaux de passeurs à proposer des traversées depuis le littoral du sud du pays, directement orienté vers l’archipel des îles Canaries. « Quand vous fermez une route [migratoire], une autre s’ouvre, plus chère et plus dangereuse », a commenté Judith Sunderland, vice-directrice pour l’Europe de l’organisation Human Rights Watch (HRW).

      Quels sont les dangers de la traversée vers les Canaries ?

      La route des Canaries « est la plus dangereuse, c’est celle où [les migrants] prennent le plus de risques, et il y a donc plus de morts », a déclaré à l’AFP le préfet de l’archipel, Anselmo Pestana. « Ils peuvent mettre quarante-huit heures ou plus d’une semaine, avec une mer traîtresse, des vents qui tournent et peuvent transformer les nuits en un véritable enfer », précise à l’agence Txema Santana, membre de la Commission espagnole d’aide aux réfugiés, une organisation non gouvernementale (ONG) locale.

      Les moyens de transports gérés par les réseaux de passeurs consistent en de longues pirogues en bois, fragiles et surchargées pour de tels trajets : une vingtaine d’opérations de secours menées en seulement vingt-quatre heures, entre le 18 et 19 novembre, ont permis de sauver 630 migrants, selon les chiffres de Salvamento Maritimo, une organisation de secours en mer.

      Depuis la fin de l’été, les naufrages se multiplient : deux embarcations transportant près de trois cents migrants ont notamment été secourues de justesse, le 26 octobre, après une panne de moteur au large de la Mauritanie. Quelques jours plus tôt, un incendie s’était déclaré à bord d’une pirogue au large de Mbour, à plus de 80 kilomètres au sud-est de Dakar, provoqué par « une explosion du moteur et des fûts de carburant à bord ». L’estimation officielle du nombre de morts est depuis contestée par les familles de disparus dont les corps n’ont pas été retrouvés.

      Quelle est la réponse des autorités ?

      « Nous n’allons pas transformer les Canaries en une nouvelle Lesbos », a assuré lundi le ministre de l’intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, en référence à l’emblématique île grecque, porte de l’Union européenne (UE) dont les camps sont submergés et avec des conditions de vie dénoncées par de nombreuses organisations internationales. Vendredi, celui-ci doit se rendre en visite à Rabat et rencontrer les autorités « pour renforcer la collaboration et travailler de manière conjointe (…) pour éviter ces départs » de migrants, a détaillé la ministre de la politique territoriale espagnole, Carolina Darias.

      Pour Madrid, empêcher une saturation des capacités d’accueil de l’archipel passe par l’accentuation d’une « politique de retour » déjà engagée depuis plusieurs années : à peine arrivés sur l’île, les migrants auxquels il est adressé un ordre d’expulsion sont le plus rapidement raccompagnés en avion vers leur pays d’origine. Une stratégie soutenue par la Commission européenne, qui plaide pour « augmenter les retours » des migrants « qui n’ont pas besoin de protection internationale », a expliqué sa commissaire aux affaires intérieures, la Suédoise Ylva Johansson, en visite la semaine dernière dans les Canaries.

      L’une des responsables de l’ONG Amnesty International en Espagne, Virginia Alvarez, a déploré, mercredi 18 novembre, des mesures prises trop tardivement alors que les premières alertes avaient été lancées « dès septembre ». L’organisation humanitaire a également demandé que le droit d’asile soit garanti aux migrants remplissant les conditions et qu’une aide juridique soit proposée à ceux risquant l’expulsion. Mme Carolina Darias a, de son côté, annoncé vouloir renforcer les moyens de surveillance maritimes et aériens, en détachant plusieurs navires, un sous-marin, un avion et un hélicoptère entre les Canaries et l’Afrique.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/20/les-arrivees-massives-de-migrants-africains-font-craindre-l-apparition-d-une

    • Immigration.Les Canaries espagnoles deviennent-elles des “#îles-prisons” pour les migrants ?

      Le ministère de l’Intérieur espagnol refuse de transférer les clandestins dans des centres d’accueil de la péninsule, donc de l’Union européenne. Plus de 18 000 personnes ont été recueillies en mer depuis le début l’année avant d’être transférées vers l’archipel, raconte El País.

      La crise migratoire que vit l’archipel espagnol des Canaries, avec plus de 18 000 personnes secourues cette année, est devenue une véritable poudrière sociale et politique.

      Les transferts des migrants vers le nouveau centre de prise en charge temporaire des étrangers (CATE) de Barranco Seco (Grande Canarie) [dans des installations militaires] a commencé le mercredi 18 novembre.

      Il s’agit de soulager le quai d’Arguineguín, dans la ville de Mogán, dans le sud de l’île de Grande Canarie. Le quai est saturé par l’afflux constant de pateras, ces embarcations de fortune sur lesquelles les migrants tentent d’atteindre les Canaries.
      Une incitation ?

      Entre-temps, le gouvernement ne parvient pas à s’entendre sur la façon de résoudre cette crise. L’équipe du ministre de l’Inclusion, des Migrations et de la Sécurité sociale, José Luis Escrivá, mise sur les transferts vers la péninsule pour soulager la pression sur les Canaries. Mais le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, rejette en bloc l’idée de laisser entrer des migrants en grand nombre dans la péninsule. D’autres ministères compétents en matière migratoire soutiennent la thèse de l’Intérieur et estiment que faciliter le transit vers le continent constituerait une incitation et pourrait provoquer davantage d’arrivées.

      Depuis le début de l’année, moins de 1 800 migrants ont été autorisés à débarquer sur la péninsule, selon des sources proches du dossier. “Cela se fait de façon ponctuelle, en accordant la priorité à des profils bénéficiant d’une protection internationale ainsi qu’à des collectifs vulnérables”, affirment des sources officielles. Ces migrants ne sont pas les seuls à avoir quitté l’archipel.
      Une pression maximale

      Outre les quelque 200 expulsions qui ont pu être effectuées depuis le début de l’année, il y a un nombre indéterminé de migrants, surtout marocains, qui sont parvenus à se rendre d’eux-mêmes sur la péninsule, munis de leurs passeports, mais le dispositif reste soumis à une pression maximale.

      Pour la direction générale des migrations, qui héberge environ 1 200 personnes dans des centres d’accueil, et 5 000 autres dans des hôtels et des appartements évacués en raison de la pandémie, faute d’autres lieux d’accueil dans les îles, ces transferts sont essentiels. Le réseau d’accueil ne peut tenir le choc qu’à condition qu’il y ait une rotation des usagers.
      La solution provisoire des hôtels

      Dans la péninsule, la rotation est possible, car les migrants arrivés en pateras [par le détroit de Gibraltar] ne restent pas indéfiniment dans les centres d’accueil et finissent par partir chercher du travail, à moins qu’ils ne se regroupent avec des proches ou des connaissances en Espagne et dans d’autres pays de l’UE, lorsqu’ils en ont la possibilité.

      Dans les îles, avec le volume d’arrivées actuel et le nombre limité de départs, la saturation menace. De plus, les hôtels représentent une solution provisoire et coûteuse, sans compter que cela suscite un rejet de la part d’une partie des hôteliers et de la population canariens.

      José Luis Escrivá, selon des sources impliquées dans la gestion de la crise, a voulu affréter un bateau pour transporter 800 personnes, mais le ministère de l’Intérieur s’y est opposé catégoriquement.

      Les seuls transferts autorisés sont par groupes de 30 ou 40 personnes qui voyagent hebdomadairement par bateau ou par avion, si l’on en croit certains des migrants ainsi transférés ainsi que des responsables de la prise en charge de ceux qui viennent d’arriver.
      Opacité quasi totale

      Les tensions avec le ministère de Grande-Marlaska sur cette question durent depuis l’année dernière, quand les arrivées sur l’archipel ont commencé à grimper.

      L’opacité avec laquelle sont gérés ces transferts est quasi totale. Il y a un mois, la Croix-Rouge a confirmé à El País qu’environ 1 200 personnes avaient été transférées des centres de l’archipel vers des structures d’autres provinces, entre septembre 2019 et octobre 2020.

      Les migrants en question ont été répartis sur plusieurs vols ou ont traversé par bateau, la priorité ayant été accordée aux femmes et aux enfants, mais d’autres profils ont été privilégiés, notamment ceux qui avaient des proches dans différents pays de l’UE, qu’ils souhaitaient retrouver. Un mois après que les derniers chiffres ont été publiés, période pendant laquelle près de 9 000 personnes supplémentaires ont débarqué, les porte-parole de l’Intérieur, de la direction des migrations et de la Delegación del Gobierno [équivalent de la préfecture] se refusent à actualiser les données.

      Le problème dépasse les frontières de la péninsule. L’Union européenne et des partenaires comme la France, qui absorbe un volume important des migrants entrés illégalement sur le territoire espagnol, font pression sur l’Espagne pour qu’elle freine le transit vers le continent des migrants ayant débarqué aux Canaries.

      La commissaire de l’Intérieur de l’UE, la Suédoise Ylva Johansson, l’a fait savoir clairement lors de sa visite sur l’archipel en compagnie de Grande-Marlaska, le 6 novembre. “Les personnes qui n’ont pas besoin d’une protection internationale, les migrants économiques doivent être renvoyés dans leurs pays”, a souligné la commissaire.

      La difficulté à laquelle est confrontée l’Espagne – comme d’ailleurs tous ses partenaires européens – est qu’elle ne parvient pas à renvoyer dans leurs pays tous les migrants en situation irrégulière qu’elle reçoit. Les expulsions, qui viennent de reprendre en direction de la Mauritanie et du Maroc, et qui devraient redémarrer vers le Sénégal, ne se traduisent que par un nombre limité de retours.
      Des “réponses évasives”

      Entre-temps, les autorités canariennes vivent la crise dans une profonde anxiété et réclament des solutions au gouvernement de Madrid. Le chef du gouvernement autonome canarien, le socialiste Ángel Víctor Torres, assurait il y a peu :

      L’une des mesures essentielles et urgentes est que les personnes qui sont aux Canaries, dans un esprit de solidarité et en tenant compte de la situation dans notre pays, soient transférées vers d’autres régions autonomes, et bien entendu vers l’UE, qui doit définir le modèle dont elle veut se doter pour le présent et pour l’avenir.”

      Le président du Cabildo de Grande-Canarie [l’administration locale de l’île], Antonio Morales, assure avoir posé la question des transferts lors d’une réunion avec la commissaire Ylva Johansson et le ministre Grande-Marlarska, à l’occasion de sa visite du 6 novembre dernier :

      J’ai dit clairement à la commissaire que nous n’allions pas accepter de devenir une île-prison, mais je n’ai eu droit qu’à des réponses évasives. Le problème des transferts a été un sujet tabou pendant cette réunion, l’Europe ne veut pas qu’on en parle”.

      Ce dossier est déjà devenu un grave problème politique. La grande inquiétude est que Vox, le parti d’extrême droite, n’instrumentalise cette crise pour alimenter son discours xénophobe. La pression s’accroît. Et les transferts massifs vers la péninsule ne sont toujours pas une vraie solution pour le gouvernement.

      https://www.courrierinternational.com/article/immigration-les-canaries-espagnoles-deviennent-elles-des-iles

    • Le Défenseur du Peuple qui demande la fermeture du camp d’#Arguineguín

      El Defensor del Pueblo pide a Interior el cierre del muelle de Arguineguín

      El Defensor del Pueblo ha remitido un escrito al Ministerio del Interior en el que pide el cierre del campamento del muelle de Arguineguín, en Gran Canaria, que este jueves albergaba casi un millar de migrantes, aunque ha llegado a alojar a 2.600 personas a principios de noviembre.

      Según han confirmado a Efe fuentes de la institución, la petición se produce después de que un equipo del Defensor del Pueblo hiciera por sorpresa el pasado día 16 una visita al muelle de Arguineguín, en Gran Canaria, junto a una ronda de inspecciones por la red de acogida de las islas para comprobar el trato que reciben los inmigrantes cuando llegan en cayucos o pateras a Canarias.

      El equipo técnico del Defensor del Pueblo estuvo varias horas en el campamento de emergencia de Cruz Roja de este puerto del sur de Gran Canaria para revisar sus condiciones.

      A la vista de esta inspección, la institución ha remitido esta petición de cierre del muelle de Arguineguín porque se podrían estar vulnerando derechos fundamentales.

      Las llegadas de inmigrantes se siguiendo sucediendo este jueves en una jornada en la que el muelle de Arguineguín ha vuelto a albergar a un millar de personas.

      Salvamento Marítimo desembarcó en el muelle de Arguineguín a 348 ocupantes de once embarcaciones, dos de ellos bebés, a quienes ha auxiliado al sur de Gran Canaria hasta primera hora de esta tarde del jueves.

      El muelle se abrió el 20 de agosto con capacidad teórica de 400 personas. Numerosas organizaciones como Human Rights Watch, la Comisión Española de Ayuda al Refugiado o Amnistía Internacional o el propio Gobierno de Canarias han reclamado de forma reiterada su cierre por la vulneración de derechos humanos contra los inmigrantes.

      Interior ha mostrado su intención de cerrarlo por no reunir condiciones para la acogida, pero los inmigrantes siguen llegando.

      El juez del Centro de Internamiento de Extranjeros (CIE), Arcadio Díez Tejera, ha revelado testimonios de personas que han permanecido hasta tres semanas, cuando el máximo deben ser 72 horas, lo mismo que HRW, cuya responsable para Europa, Judith Sunderland, visitó el muelle y se entrevistó con inmigrantes que había estado allí retenidos.

      Todos duermen en el suelo con mantas cedidas por Cruz Roja. Solo se les sirven bocadillos, para no usar cubiertos por seguridad. El compromiso de Migraciones es habilitar campamentos, sobre todo en instalaciones militares, para albergar a 7.000 personas, un número similar al que albergan los hoteles en estos momentos.

      https://www.eldiario.es/canariasahora/migraciones/defensor-pueblo-pide-interior-cierre-muelle-arguineguin_1_6464131.html

    • les conditions d’accueil déplorables et la non garantie des Droits des migrants:

      Un día dentro del campamento para migrantes de Arguineguín

      Menos de un litro de agua por persona, sin duchas, luchando por un cartón sobre el que dormir y comiendo hasta dos semanas tres bocadillos diarios y zumos envasados

      El cartón es duro e incómodo, pero es «mejor que dormir sobre el asfalto». S. no está acostumbrado a la fría brisa que se levanta por las noches en el muelle de Arguineguín. En la región de Marruecos en la que nació, el calor envuelve las calles incluso cuando se pone el sol. Cuando acababa el día, él y sus compañeros pedían al personal que trabaja en el muelle los cartones de las cajas que se utilizaban para cargar alimentos o material sanitario. No siempre había para todos, y eso era motivo de crispación. Al final, agazapándose, encontraban hueco suficiente dentro de las tiendas de campaña. En otras ocasiones se quedaban a la intemperie y construían casetas improvisadas colgando mantas con cuerdas sobre las vallas amarillas para poder cubrirse.

      Era habitual que quienes dormían en este borde del puerto sintieran en mitad de la madrugada el impacto de gotas frías del mar en la piel. En el campamento del sur de Gran Canaria, que ha albergado hasta 2.600 personas pese a tener capacidad para 400, a S. le costaba dormir. Algunas veces pasaba horas observando el techo de la carpa, preguntándose si valdría la pena haber apostado su vida en el mar por un futuro mejor. También pensaba en si su madre y sus hermanos estarían bien. Le habría gustado decirles que ha logrado tocar tierra firme, pero su teléfono no tiene batería y no podía cargarlo allí.

      Los migrantes de Arguineguín abrían los ojos con el primer rayo de sol. Otras veces, lo que les despertaba era la sirena de alguna ambulancia o el ajetreo de un nuevo rescate. Para desayunar, un bocadillo de atún y millo o de pechuga de pollo y un zumo envasado. Lo mismo para almorzar y también para cenar. Los días en los que se multiplicaban los desembarcos en el muelle y había hasta 2.000 migrantes en el campamento, el personal de Cruz Roja no daba abasto. Las comidas se solapaban, y el reparto del almuerzo terminaba cuando llegaba la hora de comenzar a distribuir la cena.

      Algo similar ocurría con el agua. Fuentes consultadas que han estado presentes dentro del campamento y que prefieren no revelar su identidad explican que se da una garrafa por grupos de ocho a diez personas, sin vasos. Uno de los migrantes que estuvo internado más de una semana explica que en su tienda de campaña había 110 personas, por lo que les repartían doce garrafas de ocho litros por la mañana y por la tarde. Menos de un litro por persona pese a las altas temperaturas que caracterizan a este punto de la isla.

      Morir por infecciones

      Tampoco hay duchas ni agua para lavarse las manos más allá de las botellas que tienen para beber, ni siquiera pueden lavar sus manos antes del rezo. Suelen permanecer con la misma ropa hasta que se marchan. Según fuentes que han trabajado en el campamento, cuando el volumen de personas es muy alto solo se da ropa nueva a quienes llevan prendas muy deterioradas o empapadas de la travesía. «Si no hay para todos, no pueden dársela a unos sí y a otros no. Hay mucha gente que sigue descalza o con zapatos que no son de su talla», apuntan. En cuanto al acceso a mascarillas, reciben una quirúrgica a su llegada. «Es obligatoria. Si la pedimos nos dan una nueva, pero a veces no quedan», cuenta S.

      Cuando pisan Arguineguín, se procede a su filiación. En un mismo paquete viene la hoja de registro y una pulsera. El brazalete incluye el número de la patera en la que han llegado y, en lugar del nombre y apellido de cada una de ellos, otra cifra. La pulsera es roja si la persona ha precisado atención médica en el muelle, y verde si se encuentran «bien». Después reciben asistencia médica. Una de las carpas del muelle funciona como pequeño hospital, pero las personas en un estado de extrema gravedad son evacuadas a los hospitales de la isla. Ambos están a más de una hora de distancia.

      El estado de salud y de ánimo de los migrantes aglomerados en el muelle va cayendo con el paso de los días. En algunos casos, sobre todo en el de las personas que viajan desde países subsaharianos, se desvanecen en cuanto pisan tierra después de haber estado hasta dos semanas en un cayuco. Tras recibir una primera asistencia, son ubicados en carpas, en las que no se pueden mezclar personas que hayan llegado en embarcaciones diferentes, como medida de prevención para contener la COVID-19. Cada una de las tiendas está bordeada por una valla amarilla. Cuando llega la hora del reparto de la comida, quienes se encuentran muy mal «apenas tienen fuerzas para levantarse y salir a recoger el bocadillo».

      Fuentes del Servicio Canario de Salud que han atendido a los migrantes tras su paso por el muelle de Arguineguín explican que las lesiones que presentan como consecuencia de permanecer tirados en el puerto se suman a las afecciones propias del viaje en patera. Las secuelas de la travesía son deshidratación, heridas y úlceras de presión mantenida en glúteos, caderas y rodillas, por pasar mucho tiempo en la misma posición. Después de su paso por el «campamento de la vergüenza», las peores patologías aparecen como consecuencia de una falta de higiene. «Pueden morir por infecciones y cuadros de deshidratación», apuntan.

      El equipo médico se configuró en un primer momento para la realización de pruebas PCR y seguimiento de cuarentenas. Sin embargo, los casos con los que se han encontrado permiten concluir que el virus «ha pasado a otro plano» porque «la base está fallando»: «Estamos hablando de valores y de respeto. Las necesidades de comida, bebida e higiene no están cubiertas». Atravesar todos estos obstáculos fuera y dentro de las fronteras españolas también supone un fuerte impacto para la salud mental, provocando traumas y estados de shock.

      A las mujeres, los profesionales sanitarios y el personal de Cruz Roja les hace una entrevista más larga y se analiza su situación con mayor profundidad, ante el riesgo de que hayan llegado a Canarias como víctimas de redes de trata o de haber sufrido violaciones en el trayecto. En su caso y en el de los menores, su reubicación en otros espacios desde el muelle es más ágil.

      Con las manos atadas

      Entre los ocupantes del campamento de Arguineguín hay un gesto que se repite a diario. Unen sus muñecas formando una cruz y alzan sus brazos hacia el cielo. «Es como una prisión», explica S. Esta misma señal también se reproduce en el CATE de Barranco Seco. Este domingo, un hombre que permanece allí protagonizó un pequeño altercado al hacer señas a los medios de comunicación gritando y mostrando su pasaporte. Dos magistrados han establecido en la última semana que las personas llegadas en patera a las Islas no pueden ser retenidos en el muelle más de 72 horas en contra de su voluntad. El Ministerio del Interior ha asegurado que son los propios agentes de la Policía quienes informan a los migrantes de su derecho a marcharse. Sin embargo, jóvenes como Khalil (nombre ficticio) aseguran que «no hay información». «Cuando la pedimos dicen que no nos pueden responder porque hay mucha gente. Si lo hubiera sabido, no habría estado allí once días».

      Solo este fin de semana, al menos cinco familias han podido reencontrarse en Gran Canaria. «Su madre nos ha llamado llorando muy preocupada. Ella no sabía que él iba a irse de Marruecos en patera, porque si no, no le habría dejado marcharse», cuenta Abdel a las puertas del campamento de Cruz Roja en busca de un joven de 27 años que llevaba al menos 8 días en Arguineguín. Después de al menos una hora de espera, la Policía Nacional localizó al chico, identificó a las personas que lo iban a buscar y lo dejó marchar.

      Según Efe, está circulando una pauta de recomendaciones no oficiales de qué hacer tanto en Arguineguín como en el CATE de Barranco Seco si un inmigrante quiere marcharse o si un familiar acude a buscarlo. El consejo que, según Efe, han recibido los agentes es consultar formalmente a la Sala si procede o no la salida en caso de que en ese momento no haya funcionarios de Extranjería y dejarlos salir si no se comunica que siguen detenidos.

      Los problemas de información y la falta de asistencia letrada de los migrantes ya ha sido denunciada en otras ocasiones. A muchos de ellos se les ha entregado una orden de expulsión sin haber tenido entrevistas con ningún abogado. También el decano del Colegio de Abogados de Las Palmas, Rafael Massieu, denunció el «absolutamente insuficiente» número de traductores e intérpretes en el muelle, sin tener en cuenta que las personas que llegan no hablan español y, en ocasiones, tampoco inglés o francés.

      S. ya ha salido del muelle. Aún conserva su pulsera verde y un documento que no entendía del todo bien. Es una orden de devolución que lo empuja de nuevo al «infierno» de Marruecos. «Tengo mucho miedo de volver, es peor que una prisión. Allí no hay opción de tener una vida decente, ni acceso a los derechos más elementales. Mi abuelo está enfermo. Allí tengo a mi madre y a mis hermanos. Soy el único sustento de mi familia, pero allí las oportunidades de empleo son prácticamente inexistentes y el salario es muy bajo. Quiero mejorar la situación de mi familia».

      https://www.eldiario.es/canariasahora/migraciones/dia-campamento-migrantes-arguineguin_130_6463425.html

    • les migrants qui quittent les îles pour la péninsule à leurs frais dans des vols commerciaux réguliers :

      Decenas de migrantes sortean el bloqueo de Interior y viajan por su cuenta de Canarias a la Península

      Aunque el Gobierno obstaculiza los traslados a la Península de quienes llegan en patera al archipiélago, migrantes marroquíes logran viajar a otros puntos del país en vuelos comerciales

      En el aeropuerto de Las Palmas, en la puerta de embarque de un vuelo regular con destino Málaga, cuatro policías nacionales revisan la documentación de un grupo de alrededor de 40 hombres marroquíes. Algunos aún calzan las mismas zapatillas proporcionadas por Cruz Roja en el puerto de Arguineguín tras su llegada en patera. Tras mostrar su pasaporte y el billete, comprado por ellos mismos, la mayoría accede sin problema al avión en el que dejará atrás las islas, esquivando el tapón migratorio en el que el Ministerio del Interior pretende convertir Canarias.

      Aunque el Gobierno obstaculiza los traslados a la Península de quienes llegan en patera al Archipiélago, decenas de migrantes, mayoritariamente marroquíes, llevan meses abandonando las islas por su cuenta de manera paulatina. El Ministerio del Interior sostiene que las personas que llegan a Canarias en situación irregular «no tienen documentación acreditativa para poder trasladarse porque tienen abierto un expediente de expulsión». Sin embargo, en la práctica, los viajeros, nacionales o extranjeros, no tienen que pasar por un control de Extranjería para tomar vuelos en territorio Schengen y, por lo general, solo están obligados a mostrar su pasaporte antes del embarque.

      Según fuentes policiales, por esta razón, la Policía Nacional está realizando controles de identificación extraordinarios en los aeropuertos canarios con el objetivo de evitar la salida de las islas de migrantes en situación irregular. Según indican, se han «intensificado» los controles «en origen» desde el mes de septiembre.

      elDiario.es viajó este lunes de Las Palmas a Málaga con un grupo de alrededor de 40 migrantes, llegados en patera a Gran Canaria en las últimas semanas. La mayoría de los jóvenes marroquíes accedió al avión sin problema, con sus pasaportes, en el vuelo de Ryanair número FR3351. Además del control habitual realizado en la puerta de embarque por parte del personal de la compañía, las personas con rasgos magrebíes sí fueron sometidas a un chequeo policial antes de embarcar. Cuatro agentes comprobaron que las imágenes de sus documentos coincidían con sus rostros y los dejaron pasar. Los miembros de las fuerzas de seguridad no solicitaron ningún documento adicional.

      La explicación del Ministerio del Interior es contradictoria. Por un lado, sostienen que los migrantes llegados a Málaga «estarían autorizados para viajar». Por otro, defienden que las derivaciones oficiales a la Península se limitan a aquellas personas de «perfil vulnerable», es decir, demandantes de protección internacional, enfermos, mujeres embarazadas, o personas de países con los que España no cuenta con un acuerdo de expulsión. Los jóvenes que viajaron a Málaga procedían de Marruecos, a donde el Gobierno reactivó las deportaciones el pasado 20 de noviembre.

      Los traslados autorizados de migrantes desde Canarias a la Península son competencia de los ministerios de Migraciones e Interior. El departamento dirigido por José Luis Escrivá envía al equipo de Fernando Grande-Marlaska una serie de listados de posibles personas a derivar a la Península, propuestos por las ONG que gestionan su acogida. Interior se encarga de autorizar una parte de estos, muy reducida desde principios de este año, a los que proporciona salvoconductos que permiten su viaje a pesar de encontrarse en situación irregular. El billete es financiado por la organización, que también los recoge en el lugar de destino, donde cuentan con una plaza en el sistema de atención humanitaria.

      Este no fue el caso de Hisam, una de las personas que viajó este lunes a Málaga por su cuenta. El joven marroquí, originario de un pueblo próximo a Marrakech, se compró su billete con el escaso dinero que le quedaba, y no llevaba ningún salvoconducto que facilitase su entrada en la Península. Hisam no sabe leer ni escribir, pero aprendió desde pequeño a trabajar en el campo como temporero. La sequía de este último año y el impacto de la pandemia en la economía marroquí han frenado sus oportunidades laborales, explicó, por lo que el joven decidió migrar a España a través de Canarias.

      Su trayecto migratorio no había acabado al bajar de la patera. Su objetivo era llegar a Almería, donde le esperaba su hermano para empezar de nuevo. Asegura que pasó 10 días en el campamento de migrantes improvisado del muelle de Arguineguín y, después de unos días de estancia en las plazas de acogida habilitada en los hoteles de Gran Canaria, se compró un billete junto a otros compañeros. Al aeropuerto llegó desubicado, ya que era la primera vez que viajaba. Estaba visiblemente nervioso.

      Desde Alternativa Sindical de Policía (ASP) afirman que las salidas no oficiales desde el aeropuerto de Las Palmas son habituales. «Si la foto del pasaporte corresponde con el pasajero, entonces puede pasar. Son vuelos comerciales en los que las personas se compran su billete y vuelan como un pasajero más, ya está. Pueden hacerlo y lo están haciendo», sostiene Bristol Cabrera, secretario provincial del sindicato policial en Las Palmas. «Las personas que llegan desde Marruecos y que están en España con el pasaporte pueden volar sin ningún problema. Pagan su billete y se pueden mover con su pasaporte aunque cuenten con una orden de expulsión», indica.

      «Está pasando», añade José Javier Sánchez, responsable de Inclusión Social de Cruz Roja. «Mucha gente ha salido de Canarias por su cuenta. Aunque ahora mismo no creemos que sea un número muy significativo», continúa. Desde la organización de la que depende la gestión de la mayoría de plazas de acogida de migrantes en Canarias aseguran haber percibido el abandono paulatino de sus recursos de acogida por parte de algunos migrantes que, con su pasaporte, deciden viajar sin contar con la autorización de Interior.
      El tabú de los traslados a la Península

      Antes del estado de alarma, la ONG contabilizaba el número de personas que abandonaba las plazas de acogida por su propia voluntad. Esas que, de un día para otro, desaparecen. Del 1 de enero al 15 de marzo, «cerca de 1.500 personas» se fueron por sus propios medios, sostienen desde Cruz Roja. No obstante, una vez finalizado el confinamiento, la organización considera que los abandonos de las plazas de acogida detectados durante estos meses no supone un «número significativo» con respecto a las llegadas registradas. «Si cada semana se fuesen 40 en cada vuelo, tendríamos 600 o 700 plazas libres al mes, y no estamos notando esa descongestión del número de plazas. Creemos que se están yendo poco a poco, en grupos más reducidos», indica Sánchez.

      En estos momentos no tienen cifras de los migrantes «desaparecidos» de sus recursos de acogida. Según aclara, Cruz Roja dejó de contabilizar este dato debido al «desbordamiento» en el que trabaja su personal tras el pico de llegadas registrado en los últimos meses.

      Ni Interior ni Migraciones dan apenas información acerca de los desplazamientos a la Península. El departamento dirigido por Fernando Grande-Marlaska esconde las cifras oficiales de los traslados autorizados. Su Ministerio rechaza acelerar las salidas del Archipiélago porque considera que podría generar un «efecto llamada». Según informaron fuentes policiales a Europa Press, este año se han producido 1.500 traslados desde las islas a la Península. No obstante, esta cifra es muy inferior al recuento realizado por Cruz Roja, que eleva el dato a las 2.200 migrantes derivados al resto de España solo a través de la mediación de su organización desde septiembre de 2019.

      A fecha del 15 de noviembre, 16.760 personas han alcanzado Canarias de forma irregular. De ellas, solo 7.214 se encuentran acogidas en la red de emergencia desplegada por el Gobierno en las islas, según fuentes de la Secretaría de Estado de Migraciones; cerca de 2.000 menores extranjeros no acompañados están tutelados por el Gobierno regional, aunque el dato no solo incluye los niños llegados esta año; y un millar de personas estaban alojadas en el muelle de Arguineguín. Del total de llegadas, entre 1.500 y 2.000 migrantes han sido trasladados a la Península de menara oficial. Atendiendo a estos datos, no cuadran las cifras acerca del número de migrantes albergados en el Archipiélago. Sobran, como mínimo, alrededor de 4.000 personas de las que se desconoce su paradero.

      Otro grupo de cerca de treintena de inmigrantes marroquíes voló por su cuenta desde Canarias a Sevilla esta semana. A su llegada, varios agentes los esperaban en el aeropuerto y fueron trasladados a la Jefatura Superior de Policía. Según fuentes policiales, estas personas fueron sometidas a un control de identificación en el aeropuerto de Las Palmas y, por ello, varios agentes aguardaban su llegada en la capital andaluza.

      Según SOS Racismo, «una decena» de migrantes marroquíes que aseguran haber viajado por su cuenta desde el Archipiélago a Sevilla se encuentran en estos momentos encerradas en el CIE de Aluche. Según la organización, estas personas llevan internadas en el centro desde la semana del 10 de noviembre.

      Al llegar al aeropuerto de Málaga, los jóvenes marroquíes que lograron esquivar el bloqueo de Interior fueron recogidos por sus familiares desde otros puntos de Andalucía. Otros buscaban la manera de trasladarse por su cuenta a su destino final. A Hisham no le quedaba dinero para comprar un billete de autobús hasta Almería. Se había gastado lo poco que tenía en el avión, por lo que llamó a su hermano para que fuese a buscarle.

      https://www.eldiario.es/desalambre/decenas-migrantes-sortean-bloqueo-interior-viajan-peninsula-cuenta_1_646338

    • Adiós al campamento que vulneró durante cuatro meses los derechos de miles de migrantes

      Todo comenzó el 3 de agosto, cuando 71 migrantes pasaron la noche a ras de suelo en Arguineguín. Más de cien días más tarde y después de hacinar a 2.600 personas en un espacio para 400, Interior ha desmantelado el campamento

      Adiós al muelle de la vergüenza. El ministro del Interior, Fernando Grande-Marlaska, anunció el 6 de noviembre en su visita a Canarias que «en las próximas semanas» disolvería el campamento. «No será una clausura parcial. No volverá a albergar migrantes», aseveró. 23 días más tarde y después de casi cuatro meses de funcionamiento, el campamento para migrantes levantado sobre el puerto de Arguineguín, al sur de Gran Canaria, ha sido desmantelado. Un retén de cribado sanitario será lo único que quede allí, según explicó el presidente del Gobierno autonómico, Ángel Víctor Torres. Todo comenzó el 3 de agosto. Bajo una carpa de Cruz Roja y a ras de suelo pasaron la noche 71 personas que llegaron a la isla en distintas embarcaciones desde El Aaiún, en el Sáhara Occidental. Quedaron a la espera de un lugar donde se procediera a su filiación y se les practicara la prueba PCR. «La verdad es que no es lo más ideal, pero es la única forma en la que han podido pasar la noche ahí», reconocieron entonces desde Cruz Roja.

      A partir de ese momento, la estampa comenzó a reproducirse a diario. En lugar de una sola carpa llegó a haber doce, y frente a los 71 migrantes que pernoctaron en el muelle ese lunes de verano, se hacinaron hasta 2.600, aunque la capacidad teórica del espacio era de 400 personas. El pasado viernes, después de una visita sorpresa, el Defensor del Pueblo pidió a Interior el cierre del campamento porque «se podrían estar vulnerando los derechos fundamentales». Esta petición se sumaba a las de CEAR, Amnistía Internacional o del propio Ejecutivo regional.

      La conversión del puerto de referencia de la Salvamar en un campamento precario pilló por sorpresa a todas las administraciones con competencias en la gestión de la crisis migratoria. Sin embargo, la alarma que saltó el 26 de mayo y que pasó inadvertida para las áreas de gobierno responsables ya había sentado un precedente. A la una de la madrugada de ese martes, Cruz Roja anunció que una patera había sido rescatada en las costas de Gran Canaria. Pasó la noche, y a las ocho de la mañana la entidad informó de que el grupo seguía en el muelle de Arguineguín. Por la tarde, el grupo fue trasladado a una nave del Puerto de Las Palmas habilitada ese mismo día.

      La solución tampoco resultó la más acertada para las ONG, los profesionales del Servicio Canario de Salud (SCS) y las Fuerzas y Cuerpos de Seguridad del Estado. El almacén no tenía camas, ventilación, ni duchas. Además, fueron los propios agentes de la Policía Nacional los encargados de barrer el polvo y los restos de cartón y madera del almacén «con una manguera y escobas», tal y como denunció en un oficio emitido a la Delegación del Gobierno en Canarias el jefe superior de Policía. Con el tiempo, el establecimiento fue bautizado también como la nave de la vergüenza.

      Este lugar estaba previsto como un espacio dedicado en exclusiva a la filiación de migrantes por la Policía Nacional, que custodiaba el almacén y que no podía mantener retenidas a las personas más de las 72 horas que permite la Ley de Enjuiciamiento Criminal, que solo contempla como excepciones los casos de terrorismo. Sin embargo, este primer grupo llegó a pasar más de tres días. La reacción de la Policía Nacional fue dirigir un escrito al delegado del Gobierno, Anselmo Pestana, y abandonar la nave. Los migrantes ya no estaban bajo custodia policial, pero tampoco sabían cuál era su situación administrativa ni a dónde podían dirigirse. Entonces, unas horas más tarde, fueron desplazados a recursos de Cruz Roja.
      Derechos humanos

      «Las condiciones no aseguran ni su dignidad, ni su salud». La directora adjunta de Human Rights Watch para Europa, Judith Sunderland, se trasladó el 7 de noviembre a Arguineguín, y criticó la gestión migratoria de España: «El país podría dar un ejemplo más positivo con pleno respeto a los derechos de las personas, que en el muelle no se están respetando».

      El juez de control del Centro de Internamiento de Extranjeros (CIE) de Barranco Seco, Arcadio Díaz Tejera, también denunció que se haya permitido «que personas titulares de derechos humanos pasen dos semanas en estas condiciones». El magistrado se sintió «avergonzado» con la estampa que se observó durante tres meses en este muelle: «Las Islas son las que dan la cara por toda Europa ante los pueblos colonizados que nos devuelven la visita. Canarias nunca ha sido así. Nunca nos hemos portado así con la gente».

      Según los testimonios de trabajadores del campamento y migrantes que estuvieron en él, la ausencia de carpas para todos en los momentos de más afluencia en el muelle conducía a las personas a pedir cartones para dormir y a atar mantas con cuerdas para no dormir a la intemperie. Para desayunar recibían un bocadillo de atún y millo o de pechuga de pollo y un zumo envasado. Lo mismo para almorzar y también para cenar. Los días en los que se multiplicaban los desembarcos en el muelle y había hasta 2.000 migrantes en el campamento, el personal de Cruz Roja no daba abasto. Las comidas se solapaban, y el reparto del almuerzo terminaba cuando llegaba la hora de comenzar a distribuir la cena.

      Algo similar ocurría con el agua. Se daba una garrafa por grupos de ocho a diez personas, sin vasos. Uno de los migrantes que estuvo internado más de una semana explica que en su tienda de campaña había 110 personas, por lo que les repartían doce garrafas de ocho litros por la mañana y por la tarde. Menos de un litro por persona pese a las altas temperaturas que caracterizan a este punto de la isla.

      En el muelle no había agua corriente para lavarse ni ducharse, por lo que a veces debían utilizar el agua potable para poder asearse antes del rezo. Tampoco tenían cargadores para poder cargar sus teléfonos e informar a sus familias de que habían sobrevivido a la travesía.
      Sin asistencia jurídica

      Algunos de los migrantes que entraron al muelle de Arguineguín salieron con una orden de devolución sin haber visto antes a un abogado. El defensor del pueblo en funciones, Francisco Fernández Marugán, abrió una investigación ante la queja elevada por el Colegio de Abogados de Las Palmas sobre la garantías en la asistencia jurídica de las personas migrantes que llegan a Canarias por vía marítima. Esta falta de asistencia letrada se produjo «de manera sistemática» en los últimos meses, por lo que el Consejo General de la Abogacía y los letrados del Colegio de Abogados reclaman que los migrantes cuenten con la «preceptiva asistencia jurídica que les informe de sus derechos y les guíe en todo el proceso».

      Fuentes de la Abogacía señalaron a este medio que algunos letrados se justifican apelando a la insalubridad del muelle de Arguineguín. Por ello, «se limitan a firmar el papel» que les da la Policía, sin entrevistarse con los migrantes tampoco en los hoteles donde son acogidos cuando los resultados de la PCR prueban que han dado negativo en coronavirus.
      La jueza no vio delito

      El Ayuntamiento de Mogán llevó a los tribunales las condiciones en las que estaban los migrantes en el muelle. Sin embargo, el caso fue archivado por el Juzgado de Instrucción número 2 de San Bartolomé de Tirajana. La magistrada que firmó el auto estableció que los hechos denunciados carecían «de relevancia a efectos penales», aunque reconoció que la situación era «deplorable». En el mismo escrito, la jueza determinó que los migrantes podían marcharse libremente de Arguineguín pasadas las 72 horas. «No ha quedado probado que los mismos estén en dicho recinto en contra de su voluntad, ni que se les haya impedido abandonarlo. No existe prueba alguna que acredite que los ciudadanos [...] al intentar abandonar las mismas hayan regresado por la fuerza».

      Sin embargo, algunos de los jóvenes que han pasado más de una semana sin acceso a duchas y durmiendo a la intemperie aseguran que nadie les informó de que podían irse. «Si lo hubiera sabido, no habría estado allí once días», asegura Abdel (nombre ficticio), que llegó en patera desde Marruecos el pasado 7 de noviembre a Gran Canaria. «No hay información y, cuando nosotros la pedimos dicen que no nos pueden responder porque hay mucha gente», recuerda. Por su parte, el Ministerio del Interior aseguró que «sí eran conocedores de ello».

      Tampoco la magistrada vio delito en la retención de migrantes más de 72 horas en el muelle. «El delito de detención ilegal exige un dolo específico, es decir, la voluntad de privar a otro de su libertad durante cierto tiempo. Si tal propósito no resulta evidente por las circunstancias del caso, no se cometería este delito», matiza la magistrada en el auto. Además, explicó que la permanencia de personas en el puerto durante semanas estaba provocada también por la crisis sanitaria: «No se puede realizar labor alguna - ni administrativa, ni judicial - hasta obtener los resultados de las pruebas PCR realizadas a todos los migrantes que llegan a Canarias».
      Días de tregua

      El delegado del Gobierno en Canarias ha explicado que las personas que permanecían hasta este domingo en el muelle han sido reubicadas en distintos recursos, algunos de ellos gestionados por el Ministerio del Interior, como el #CATE (#Centro_de Atención_Temporal_para_Extranjeros) de #Barranco_Seco, y otros por la cartera de Migraciones, como los complejos hoteleros del sur de Gran Canaria. Este fin de semana no ha llegado ninguna embarcación a la isla. Anselmo Pestana ha reconocido que estos «días de tregua» han permitido cumplir con el objetivo de levantar el campamento y ha justificado que el uso del muelle durante todo este tiempo se debe a la «falta de alternativas» para ubicar a las personas llegadas por vía marítima al Archipiélago. «Esperamos hacer una gestión mejor, pero recordemos la dimensión de lo que ha ocurrido. En tres días de noviembre llegaron a Canarias tantos migrantes como todo el año pasado», apuntó. Entre el 6 y 8 de noviembre, casi 2.000 personas sobrevivieron a la ruta canaria.

      El presidente canario celebró el fin de este campamento «insostenible», pero insiste en que «aún queda mucho por hacer». «Es importantísimo dispensar un trato humano digno a estas personas que se juegan la vida en la peligrosa travesía del Atlántico. También es necesario el control en origen, luchar contra las mafias, agilizar tránsitos y repatriaciones», propuso. También aprovechó para lanzar un mensaje a la población canaria: «No lo olviden. A nadie le gusta dejar atrás a la familia. Como aquellos canarios y canarias, nuestros antepasados, que se vieron obligados a dejarlo todo y a buscar otras orillas. Lo llevamos en el ADN. En Canarias no cabe la xenofobia».

      https://www.eldiario.es/canariasahora/migraciones/campamento-puso-peligro-derechos-humanos-miles-migrantes_1_6469637.html

    • Más de 1.500 kilómetros de travesía en cayuco para llegar a la isla más remota de Canarias

      El Hierro, el territorio más occidental del Archipiélago y con una población de 11.000 habitantes, se ha convertido este año en la tercera isla con más llegadas de pateras y cayucos, después de Gran Canaria y Tenerife

      Más de 500 personas han surcado en cayuco más de 1.500 kilómetros de mar para llegar a El Hierro desde Senegal y Mauritania. Esta pequeña isla canaria de 268,7 kilómetros cuadrados de superficie y 11.000 habitantes se ha convertido en la tercera del Archipiélago con más llegadas de migrantes a sus costas durante la crisis de 2020, después de Gran Canaria y Tenerife. La larga distancia que existe entre el territorio canario más alejado de África y los principales puntos de partida (Senegal, Gambia e incluso Guinea Bissau) hacen que el viaje sea más largo y más peligroso. La médico de urgencias Inmaculada Mora Peces lleva trabajando con personas migrantes desde 1994, pero recuerda al detalle la tarde del 7 de noviembre. Un buque mercante avistó a una patera con cuatro ocupantes y alertó a Salvamento Marítimo, que envió un helicóptero para su rescate. Parecía algo sencillo, pero terminó en una tragedia. Sin esperarlo, el Helimer 2020 también encontró a 33 millas del puerto herreño de La Restinga un cayuco con 160 personas, una de ellas muerta. Durante la noche, el patrón había caído al mar sin que nadie se diera cuenta. Entonces, la embarcación quedó a la deriva.

      La Salvamar Adhara acudió a la zona, subió a bordo a los cuatro migrantes de la pequeña patera y remolcó el cayuco. Ya en tierra firme, otro de los migrantes de la gran embarcación tuvo que ser trasladado de urgencia a Tenerife en estado grave y otros diez necesitaron asistencia sanitaria por deshidratación. “Estuvieron unos diez días en alta mar, hacinados. Al tercero se quedaron sin agua y comenzaron a beber del mar”, recuerda el cirujano Marc Vallvé. Para evitar la saturación del pequeño hospital de El Hierro ante el aumento de las llegadas, un grupo de sanitarios se organizó para acudir a los centros de acogida y atender allí las necesidades específicas que presentan los migrantes. Allí hacían seguimiento de las principales lesiones de los migrantes: quemaduras, úlceras, infecciones, problemas en la piel y el denominado “pie de patera”. Esta última es una lesión que aparece con frecuencia en los glúteos y en los pies. «Pasan sentados en la misma posición varios días, sus pies se mojan con agua salada, entonces van creándose llagas». En otras ocasiones se han encontrado con personas que sufren hemorragias digestivas o insuficiencias renales. Todas ellas son consecuencia del viaje, en el que permanecen en la misma posición en un espacio en el que también hacen sus necesidades.

      Ese 7 de noviembre evocó a la población herreña al 9 de agosto de 2006. Ese verano, en medio de la denominada crisis de los cayucos -el único precedente para la isla en materia migratoria-, un cayuco con 172 personas llegó por sus propios medios a La Restinga. Una embarcación de 30 metros de eslora y 3,5 de manga, construida de madera y fibra, atravesó el océano desde Senegal en un viaje de doce días. La mayoría de sus ocupantes pasó la noche en El Hierro y al día siguiente fueron derivados a Tenerife. Otros tuvieron que ser trasladados a centros hospitalarios por deshidratación e hipotermia.

      En su penúltima guardia, Mora atendió a 23 personas llegadas en una patera, entre ellas tres mujeres embarazadas y un menor de tres años. De pronto, cuando ya habían sido atendidas todas las personas, un técnico vio un zapato bajo la lona. Allí, tendido en el suelo, el cuerpo de un joven maliense de 19 años con hipotermia. Rápidamente fue trasladado al hospital con fiebre y con una frecuencia cardíaca de 180 latidos por minuto. «Salvó la vida de milagro», recuerda la doctora. El chico despertó en una ambulancia sin saber dónde estaba y con una única petición: hablar con su padre y decirle que había llegado a «español». Otro hombre al que atendió presentó una hemorragia digestiva, «probablemente como consecuencia del estrés del viaje».

      Los incidentes en este tramo se han sucedido. A principios de 2020, el 9 de febrero, una patera con 20 personas fue rescatada a 800 kilómetros del sur de la isla. Dos personas murieron en el intento y otras dos tuvieron que ser ingresadas como consecuencia de la travesía. El 24 de noviembre, Salvamento Marítimo tuvo que pedir a varios veleros que participaban en una regata trasatlántica que ayudaran a los ocupantes de una embarcación con tres menores avistada a 190 kilómetros al suroeste. Hace cinco días, otra embarcación con 49 personas llegó por sí misma a este mismo puerto. Todos eran hombres y entre ellos había un menor. Otros 48 migrantes llegaron el 8 de diciembre al municipio El Pinar. Cuatro personas tuvieron que ser derivadas al hospital con diversas patologías. En otra ocasión, encontraron la embarcación vacía. «Los cuerpos de los ocupantes estarán en el océano», aclara Mora.
      ¿Por qué El Hierro?

      Lanzarote, Fuerteventura o Gran Canaria componen la provincia oriental de Canarias y, en consecuencia, la más próxima a la costa occidental africana, con solo 120 kilómetros de distancia entre la localidad majorera de Gran Tarajal y Tarfaya (Marruecos). Con esta situación geográfica cabe preguntarse por qué tantas embarcaciones han alcanzado El Hierro, pero la complejidad y diversidad de las rutas migratorias hacia el Archipiélago despeja esta incógnita. El director insular de la isla, José Carlos Hernández Santana, ha dedicado su carrera a la atención a migrantes y al ámbito humanitario. Hernández recuerda que en latitud, El Hierro es la isla que está más al sur y, en consecuencia, La Restinga es el primer puerto con el que se encuentran. “No es que haya menos control ni menos vigilancia”, subraya.

      Del total de personas llegadas, 303 permanecen en cuatro centros habilitados y gestionados por Cruz Roja. Se trata de una residencia de estudiantes, un centro de día cedido por el Gobierno de Canarias que no se estaba utilizando, una pequeña casa ofrecida por el Cabildo insular reservada para mujeres y niños y un pabellón deportivo en Valverde, la capital. En este polideportivo se han instalado carpas con catres militares. Allí tienen libros, mesas y espacio para rezar. El único inconveniente es el frío.

      El resto, tal y como ha confirmado la Delegación del Gobierno, ha sido reubicado en espacios de acogida de otras islas una vez que terminan la cuarentena obligatoria establecida por la pandemia de COVID-19 y con una PCR negativa. Entre ellas, Tenerife, Gran Canaria y Lanzarote. El sanitario Marc Vallvé apunta que algunas personas han sido trasladadas en proceso de curación. “Algunos se han ido con vendajes. Nosotros ya no les podemos hacer seguimiento. Espero que allá donde lleguen se les siga atendiendo”. El presidente de la máxima corporación insular, Alpidio Armas (PSOE), asegura que los recursos de El Hierro “aún no están al límite” y celebra que la isla esté cumpliendo con su “cuota de solidaridad”, atendiendo a las personas que llegan a sus costas con “dignidad y solidaridad”. “La situación ahora es asumible”.

      A la isla han llegado en lo que va de año siete mujeres y varios menores, la más pequeña una niña de cuatro años. “Siempre les ofrecemos la atención sanitaria de forma individual, con un biombo para tratarlas. Cuando no hay hombres alrededor se sienten más aliviadas. Conseguimos que fueran todas agrupadas en un mismo espacio y ahora han creado un grupo de amigas”, cuenta Marc Vallvé. El cirujano asegura que el equipo médico se preocupa por saber si han sufrido abusos y violaciones durante el camino, pero hasta el momento ninguna ha hablado sobre el viaje.

      Inmaculada Mora recuerda el caso de una mujer que tuvo que ser trasladada al hospital por un fuerte dolor abdominal, «probablemente por haber bebido agua de mar». Estaba alterada y desorientada. Cuatro días después, la doctora pudo ir a visitarla en compañía de un intérprete. Lo único que ella intentaba explicar era que quería llamar por teléfono a su madre para contarle que estaba bien". Para los profesionales sanitarios es difícil comunicarse con las mujeres y llegar a saber si han sufrido algún tipo de abuso por el camino. «Muchas veces vienen de países con bajos niveles de desarrollo y sin alfabetización, por lo tanto, no hablan inglés, francés, ni portugués», apunta Inmaculada. Un obstáculo al que se suma la ausencia de intérpretes y, en concreto, de mujeres africanas que ejercen esta profesión en Canarias. «A veces ni siquiera pueden abrirse con mujeres blancas, porque creen que puedes querer aprovecharte de ellas y sacarles información», matiza la doctora. Buena parte de las mujeres que emprenden la ruta del norte, «nada más bajarse del Jeep y llegar a Marruecos son violadas». Por ello, pueden llegar embarazadas.
      Lugar de tolerancia

      Detrás del ruido de las manifestaciones y concentraciones xenófobas que han surgido en otras islas, alentadas por partidos políticos de extrema derecha, la pequeña población herreña convive tranquila con las comunidades migrantes con las que comparten territorio. “El Hierro es una isla que ha pasado penumbra, por lo que el grado de aceptación es grande”, asegura el director insular. Según él, la coordinación entre administraciones también ha permitido que el fenómeno no se perciba como un problema.

      Marc Vallvé apunta que los vecinos y vecinas han felicitado a los médicos por su labor, ofreciéndoles incluso darles ropa para que se las hagan llegar a los migrantes. Incluso entre los propios sanitarios se piden consejos, se apoyan y se vuelcan con la situación. Sin embargo, señala que en otros casos la desinformación ha permitido la circulación de bulos desmentidos en más de una ocasión y relacionados con supuestas “ayudas económicas que reciben al llegar”. Otro de los grandes temores de la población está relacionado con la COVID-19. “Lo que sí nos han trasladado es que les da miedo que aumenten los contagios. Debemos tener en cuenta que el 25% de la población herreña tiene más de 65 años”.

      Hasta el 20 de marzo, El Hierro era uno de los únicos puntos que había logrado esquivar al virus. Junto a La Gomera y a La Graciosa, sirvió de avanzadilla al resto del país en la desescalada. En este momento, según los datos del Gobierno de Canarias, no cuenta con ningún caso activo y registra un fallecido por la enfermedad. Estas estadísticas no contabilizan a los positivos llegados por mar, ya que para contabilizar “deben estar empadronados”. El cirujano asegura que la cifra de personas que llegan contagiadas es muy baja. A todas se les practica una prueba PCR y cumplen las cuarentenas pertinentes.

      Vallvé, en estos siete meses de estancia en la isla, ha podido poner nombre y apellidos a quienes antes solo veía por televisión. No cuentan con intérpretes, por lo que aprovechan a los migrantes que hablan español, inglés o francés. Si no, utilizan “el lenguaje universal” de los gestos. “Conocí a un chico de Costa de Marfil que llegó hace diez años, cuando aún era menor. Cumplió la mayoría de edad, se le caducó el pasaporte y fue deportado. Ahora ha vuelto a intentarlo. Esta vez con su hermano pequeño”.

      https://www.eldiario.es/canariasahora/migraciones/1-500-kilometros-travesia-cayuco-llegar-isla-remota-canarias_1_6516156.html

      #El_hierro

  • Back to Mauritania: Frontex repatriates migrants arriving on Canary Islands

    On Monday, a Frontex operated repatriation flight took off from Spain’s Canary Islands for Mauritania. 51 African migrants were on board. This is the third such flight this year, says the Spanish Ombudsman. The repatriations are a result of a 2003 agreement signed between Spain and Mauritania.

    As the Spanish civil guard was still looking for three boats reported missing off the Canary Islands, other reports were coming through of a Frontex repatriation flight. The flight took off on Monday according to the news agency AFP and the Spanish Ombudsman. It was carrying 51 people aboard.

    “This is the third such flight this year,” the Spanish Ombudsman told Al Jazeera English. The flights are the result of a 2003 agreement signed between Spain and Mauritania. The agreement is part of the EU policy to tighten its borders.

    Officers working with the Spanish Ombudsman (Defensor del Pueblo) and the National Mechanism for the Prevention of Torture (MNP) have inspected each Frontex flight this year and produced reports about them. According to the reports, seen by InfoMigrants, one flight took off from Gran Canaria’s airport on January 20, another on January 27 and the third on February 17, both from Tenerife North airport. All had a destination of Noadhibou in Mauritania.

    February 17 flight

    On February 17, of the 51 people on board, not one held Mauritanian nationality. 36 were from Mali, 13 from Senegal, one person from Gabon and one from Ivory Coast. MNP personnel said they carried out three interviews during the flight but the results of those interviews have not been made public. In response to a question from InfoMigrants, regarding the 51 people’s arrival date on the Canary Islands, and whether or not they had been given the opportunity to reply for asylum, we were told that this was the only information publically available.

    Although there weren’t many details regarding the flight on February 17, for the flight on January 27, MNP officers noted several irregularities. Having pointed them out, they say they received “no response” from the deportation authorities. On this flight, they found that some of the officers conducting the flight failed to wear the requisite identification numbers on their vests.

    Irregularities

    Secondly, they pointed out that medical personnel who accompany the flights did not have the full clinical histories of the persons on board. Thirdly, they found that each of the 42 people on board the January 27 flight had an identical “fit to travel” document which had been filled out by doctors in the internment centers (CIE) prior to deportation and seemed to suggest that they had no medical problem which could impede their flight.

    In this case, states the MNP report, the 42 people on board arrived on the Canary Islands on December 23, 2019. One of those aboard had Mauritanian nationality, 38 people came from Mali and three from Senegal. The report notes that four of the people intended for repatriation to Mali came from regions deemed unsafe by the United Nations Refugee Agency (UNHCR), because of their security and humanitarian situation.

    Of these four, the report notes, two of them had applied for asylum inside the internment center for foreigners (CIE). Those two didn’t fly with the others and stayed with the group at the CIE which had applied for asylum. The report also says that all those deported were notified of the deportation the same day and no interpreter was identified.

    January 20 flight

    On January 20, 46 people were deported from Gran Canaria to Mauritania. On that flight, seven people held Mauritanian citizenship, 34 were from Mali, 4 were from Senegal and one came from Ivory Coast.

    On this flight the two officers from MNP noted inaccuracies in the documentation relative to the repatriation. Again, they noted that some of the repatriation officers from Frontex did not wear vests with visible identification numbers. In this case, they also noted “a strong police presence” which accompanied, in convoy, the group of those being deported, parking near the ladder into the plane with “obvious intimidating effect.”
    A police van standing in front of the Foreigner Internment Centre CIE in Madrid Spain Photo EPAPACO CAMPOS

    Several returnees also claimed to be minors and said that they had not been tested to ascertain their ages. There were also no interpreters present who could speak all the dialects of those being deported. Some of the deportees claimed that they had not been informed of the possibility of applying for asylum and they hadn’t been told in advance that the deportation was to take place.

    EU migration policy

    All of these flights took place in the framework of a 2003 agreement signed between Spain and Mauritania. According to an Amnesty International report from 2008, the EU’s policy on migration flows hinges around two main axes: “the clauses of readmission and the joint operations of the Frontex Agency.” These so-called “readmission agreements and readmission clauses” are inserted into co-operation and association agreements or development aid deals that various EU countries have made with various countries around its borders, which are designated ’safe’ countries. Amnesty calls this one of the EU’s “preferred weapons against illegal migration.”

    It essentially allows EU countries like Spain to send back nationals to Mauritania as well as “nationals of a third country who have entered the territory of one of the two parties irregularly.” The agreements, states Amnesty are “not illegal in themselves.” Amnesty questions however whether such agreements are “fully compliant with the human rights obligations with the states party to the agreement.”

    The rights that migrants should enjoy within these agreements are the “right to liberty and freedom from arbitrary detention; protection against torture or other ill-treatment; their rights to access a fair and satisfactory asylum procedure and protection from return to a country or territory where he or she would be at risk of serious human rights violations.”

    Frontex operations in West Africa

    According to Amnesty, Frontex’s operations added another layer to these agreements when it was set up in 2004. In 2006, Frontex put in place an operation to control irregular migration from West Africa to the Canary Islands. This includes supporting Spain with experts to interview migrants arriving on the Canary Islands in order to establish their country of origin, and to which country they can be sent back; as well as conducting joint sea patrols “close to the West African coast in order to stop unseaworthy boats from continuing their dangerous journey.” Germany, France, Italy, Luxembourg and Portugal have participated in these operations alongside Spain in the past.

    In 2015, the Spanish newspaper El País looked into the arrivals of migrants from Mauritania to the Canary Islands. It said that in 2008 the Spanish police “sent a team of five police officers to train their Mauritanian counterparts. A further 25 civil guards then joined them, working with six more local officers.” They have been operating as a single unit ever since, writes El País.

    Back in 2015, the unit had a civil guard helicopter for patrolling the Mauritanian coastline, alongside two 30-meter patrol boats and two 15-meter vessels. As well as patrols the team gathers intelligence. Mauritania has introduced harsher prison sentences for anyone caught human trafficking.

    El País notes that in return for this close collaboration, between 2007 and 2011, “Spain invested around €150 million in Mauritania.”

    ‘Hard to reconcile with a respect for fundamental rights’

    In 2011, the European Greens and the Migreurop group carried out a detailed report asking whether Frontex was providing guarantees for human rights. In it they noted that sending officers to gather intelligence and effectively try and prevent people from leaving a departure country to reach Europe “was hard to reconcile with a respect for […] fundamental rights.” The report continued: “Intervening upstream to stop the departure of an individual in order to prevent illegal immigration constitutes a violation of the right of every person to leave any country.” They note that this right is “enshrined in various binding international texts.”

    Additionally, “intervening to interrupt the journey of a migrant entitled to claim international protection is also a breach of the right to asylum and the principle of non-refoulement.”

    They described agreements like that between Spain and Mauritania as “part of a move to outsource migration controls, something that is often incompatible with respect for migrants’ rights.” Specifically, they wrote, “the bilateral agreements between Italy and Libya and between Spain and Mauritania have been and continue to be the framework for regular and unpunished violations of migrants’ fundamental rights.”
    Around 42 migrants are rescued off the south coast of Gran Canaria Canary Islands Spain 8 February 2016 Photo EPASpanish Maritime Rescue Service

    A report published on the French academic portal HAL in October 2019 also confirmed the earlier reports assessment that Mauritania was playing a key role in EU migration policy. The report written by Philippe Poutignat and Jocelyne Streiff-Fénart described Mauritania as “a testing ground for European policies of migration.” It also found that “successive Mauritanian governments since […] 2005 […] have tended to found their quest for international recognition on the willingness of Mauritania to respond to EU injunctions on the control of migration flows.”

    InfoMigrants requested information from Frontex regarding flights from Spain to Mauritania. A Frontex spokesperson said that Frontex provides some funding for these flights but they rely on the national authorities to conduct the flight itself. In 2019, they operated six flights from the Canary Islands to Mauritania, repatriating a total of 146 people.

    https://www.infomigrants.net/en/post/22908/back-to-mauritania-frontex-repatriates-migrants-arriving-on-canary-isl

    –- > publié en février 2020, je mets ici pour archivage

    #Mauritanie #Canaries #Frontex #renvois #vols #vols_frontex #asile #migrations #réfugiés #déboutés #réfugiés_mauritaniens #îles_Canaries #Espagne #accord #accord_de_réadmission #accords_de_réadmission

    • Los vuelos de deportación para migrantes: entre la opacidad, los malos tratos y el abandono

      El mecanismo para la prevención de la tortura ha documentado varias irregularidades en las repatriaciones de migrantes. Los colectivos denuncian opacidad y abandono de los migrantes en países de los que ni siquiera proceden, dejándoles desamparados y sin ningún tipo de ayuda.

      Una identificación de la Policía por perfil étnico es la primera parada en el largo recorrido que un migrante sufre hasta que es devuelto a su país de origen. A partir de ahí, comienza un periplo de duración indeterminada que terminará con la expulsión de España del migrante, que quizá ni siquiera será retornado a su territorio original debido a acuerdos bilaterales entre diversos Estados africanos. Hace unos días se llevó a cabo el primer vuelo de repatriación de migrantes, con destino Mauritania, tras la reapertura de los centros de internamiento para extranjeros (CIE) después de su cierre durante los peores momentos de la pandemia. Pero, ¿cómo es ese trayecto? ¿Encierran a todos ellos en los CIE hasta que son deportados? ¿Qué pasa una vez que llegan a sus países?

      Adrián Vives es el portavoz de CIEs No Valencia, y así explica el inicio de la travesía que un migrante experimenta hasta que es repatriado: «Cuando les para la Policía y ven que no pueden identificarse, les trasladan a comisaría y allí, en extranjería, les incoan un procedimiento sancionador administrativo por estancia irregular, y se propone la expulsión. Esa persona se va a la calle pero el proceso continúa, hasta que la Subdelegación del Gobierno del territorio resuelva la expulsión del territorio nacional». No será hasta una segunda parada, también por perfil étnico, según remarca Vives, cuando la Policía pida el internamiento del migrante, sobre el que ya consta una orden de expulsión, en un CIE.

      Pero en estos centros también hay personas que no están en situación irregular, sino que han entrado a España por un puesto fronterizo no habilitado. Es lo que sucede con las pateras. «En ese caso, se les hace una orden de devolución, que es igual que la de expulsión pero con la diferencia de que no tiene aparejada una prohibición de entrada a España posterior. La devolución también se da cuando un migrante, que ha sido expulsado de España y tiene prohibida la entrada, consigue entrar de nuevo en territorio nacional», explica el activista. Es en ese momento en el que, poco a poco, los CIE se van llenando de migrantes que no han cometido ningún delito pero a los que se les priva de libertad.

      Macrodevoluciones, vuelos comerciales y Frontex

      «A veces nos hemos encontrado que el Gobierno fletaba un avión de devolución a Senegal, por ejemplo, con 100 plazas, pero en toda la península tan solo tenían retenidos a 70 de ellos, así que buscarán otras 30 personas con supuestos rasgos senegaleses para llenar el vuelo. Por eso, desde la cuenta Stop Deportación de Twitter damos avisos para que los migrantes tengan más cuidado del habitual, porque las redadas se dan a lo largo y ancho de España», continúa explicando Vives. Estos casos suelen ser frecuentes en los macrovuelos o barcos, todos ellos pagados con dinero público a empresas privadas por contratos con el Ministerio del Interior, que se dirigen hacia el África subsahariana ya que el mayor número de internos en los CIE proceden de Marruecos y Argelia.


      https://twitter.com/Stopdeportacion/status/1324311996469301248

      Frontex, la Agencia Europea de la Guardia de Fronteras y Costas, también dispone de vuelos para las devoluciones. «En ellos suelen intervenir varios países, y hacen escala. Por ejemplo, uno que parte de Francia, para en España, y de España va al país de destino. En estos casos, trabajan conjuntamente la Agencia Europea y las policías de los diferentes países», desarrolla el valenciano. Él mismo afirma que la regulación recoge que por cada persona deportada tienen que acompañarle dos agentes de Policía, así que en el vuelo hay más policías que migrantes.

      Muchos de ellos también son devueltos en vuelos comerciales. De hecho, la protesta contra las deportaciones de extranjeros que intentan llevar a cabo desde la cuenta de Twitter mencionada está orientada a estos vuelos, «para que el resto de pasajeros sepa lo que está sucediendo y vea la barbaridad que es», en términos del portavoz, quien agrega que «si los CIE son una cosa opaca, las deportaciones son otro nivel». En lo que concierne a Argelia y Marruecos, las devoluciones se suelen llevar a cabo mediante barcos y en las mismas condiciones que en los vuelos.

      Irene Carrión, miembro de la Plataforma estatal por el cierre de los CIE y el fin de las deportaciones, indica que tienen varias formas de conocer si próximamente se realizará una devolución. «Si a una persona que conoces y que ya pesa sobre ella una orden de expulsión y le llaman de comisaría para firmar algo, sabemos que lo más probable es que será mentira y solo quieren que vaya para que la detengan, y que en esas 72 horas como máximo que puede estar en los calabozos sea deportada. Por eso es tan importante el trabajo en red que tenemos a nivel estatal, porque lo que sucede en un sitio puede también suceder en otro», comenta al respecto.
      Desamparo en el país de destino

      Más allá de que ciertos periodistas avisan al colectivo de los vuelos de repatriación, los activistas de la Plataforma están pendientes de las actuaciones por parte de Grande-Marlaska, ministro de Interior. «Hay veces que no sabemos la fecha pero sí que van a suceder. Hace unas semanas el ministro hizo una visita a Mauritania y en la agenda estaba la cooperación, y al final ha salido un vuelo con ese destino, así que cuando pasan estas cosas nos empezamos a preocupar y estar más atentas», agrega la activista. Ella misma remarca que no solo se deportan migrantes a países de África, sino que también se han dado casos de vuelos con destino Rumanía y América Latina, fundamentalmente Colombia y Ecuador, y Centroamérica.

      Para los migrantes expulsados, el no llegar a su país de origen es otro de los grandes problemas a los que se tienen que enfrentar. Carrión lo ejemplifica: «España tiene un acuerdo bilateral con Mauritania para estas deportaciones en el que el país africano acepta cualquier persona que, en teoría, haya pasado por su territorio durante su periplo migratorio, por lo que se dan situaciones en las que un extranjero es devuelto a un país que no conoce ni tiene ningún tipo de red creada». Vives añade que «cuando llegan, la Policía española se los entrega a las autoridades de ese país, como un traspaso».

      Una de las denuncias principales de estos colectivos es lo que está sucediendo con las personas de Mali que son devueltas a Mauritania. «Como España, al ratificar la Convención Europea de Ginebra, no puede devolver a los malienses a su país al ser una zona en conflicto, lo que hace es dárselos a Mauritania sin importarles si, a su vez, Mauritania les dejará tirados en Mali, que es lo que están haciendo», aclara Vives. Algo parecido sucede con Marruecos, quien también recibe migrantes que no son de origen marroquí: «Aquí lo que hacen es llevarlos a la frontera del desierto y los abandonan», aclara Carrión.

      La política de externalización de fronteras permite que países como Mauritania, Marruecos y Senegal hayan establecido un acuerdo mediante el que aceptan migrantes que no son nacionales propios pero que sí han transitado por esas regiones en el trayecto migratorio. Carrión puntualiza que «a veces no existen pruebas fehacientes de que haya sido así, pero el Gobierno español se aprovecha de ello. Son acuerdos bilaterales ligados al acceso de ayudas al desarrollo para los países receptores, por eso aceptan estos convenios que no les interesan».

      Sobre el trato que reciben los afectados a la llegada del país, la integrante de la Plataforma explica que, al fin y al cabo, ellos no han cometido ningún delito, pero «en Argelia sí que pasan dos o tres días en comisaría y por eso ellos siempre tienen mucho más miedo a la devolución que otros extranjeros». Por otra parte, si tienen la fortuna de no ser castigados a su vuelta, se les presenta un nuevo problema: han podido ser retornados a una ciudad desconocida, lejana de su región de origen, sin dinero y sin pertenencias. «Te detienen por la calle en España y en menos de tres días estás metido en un vuelo sin saber a qué zona del país de destino te van a llevar y sin haber podido coger ninguna de tus pertenencias. Imagínate cómo se siente esa persona», se explaya Carrión.
      Salvaguarda de sus derechos

      Pero, ¿quién vigila que se respeten los derechos humanos de los migrantes? De esto se encarga el mecanismo para la prevención de la tortura adscrito al Defensor del Pueblo, quienes a veces de manera sorpresiva o avisando acompañan a los migrantes en los traslados. Sus resoluciones no dejan lugar a dudas: «Siempre detectan irregularidades, como que no están cumplimentados los partes médicos necesarios para emprender el viaje, que no se les ha explicado toda la información necesaria en un idioma que los afectados entiendan o que se les ha hecho esperar en una sala durante horas. Eso es lo poco que podemos saber», determina el activista de CIEs No Valencia.

      «Se trata de recomendaciones. El Defensor del Pueblo insiste mucho en la sujeción mecánica, las esposas que les ponen a los migrantes, pues ha habido casos de que se han visto esposados con las manos atrás durante largos recorridos, sobre todo cuando los trasladan en un furgón policial desde el CIE en el que se encuentran a la ciudad de la que partirá el vuelo o el barco de deportación», agrega Carrión. Por otra parte, también se han dado situaciones en las que al migrante no le han permitido ir al servicio durante todo ese trayecto, que suele ser de horas. La integrante de la Plataforma apunta algunas pautas establecidas en un protocolo para evitar el maltrato más allá del físico, como que al afectado le tengan que avisar con unas horas pautadas antes del vuelo para que puedan enviar su ropa o avisar a algún contacto que tengan en la región a la que llegarán. «Los casos más extremos son las muertes, que también las hemos documentado, como la asfixia que se produjo por una venda con el que una persona estaba amordazada», incide Vives.

      Sobre el presente más inmediato de las devoluciones de migrantes en situación irregular, la pandemia no permite conocer muchas certezas. «El Gobierno español ha priorizado estas deportaciones, pese a que existen muchos cierres de fronteras internacionales, porque considera que son una solución a lo que piensa que es un problema. Que encierren a los argelinos sin saber si los podrán deportar es, cuanto menos, deprimente», concluye la propia Carrión.

      https://www.publico.es/politica/vuelos-deportacion-migrantes-opacidad-malos-tratos-abandono.html

  • Je suis prof. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en #hommage à #Samuel_Paty

    Les lignes qui suivent ont été inspirées par la nouvelle atroce de la mise à mort de mon collègue, Samuel Paty, et par la difficile semaine qui s’en est suivie. En hommage à un #enseignant qui croyait en l’#éducation, en la #raison_humaine et en la #liberté_d’expression, elles proposent une quinzaine de réflexions appelant, malgré l’émotion, à penser le présent, et en débattre, avec raison. Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage. Continuer de penser librement, d’exprimer, d’échanger les arguments, me parait le meilleur des hommages.

    1. Il y a d’abord eu, en apprenant la nouvelle, l’#horreur, la #tristesse, la #peur, devant le #crime commis, et des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime. Puis s’y est mêlée une #rage causée par tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, et avant même d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants qui avaient mené au pire, se sont empressés de dégainer des kits théoriques tendant à minimiser l’#atrocité du crime ou à dissoudre toute la #responsabilité de l’assassin (ou possiblement des assassins) dans des entités excessivement extensibles (que ce soit « l’#islamisation » ou « l’#islamophobie ») – sans compter ceux qui instrumentalisent l’horreur pour des agendas qu’on connait trop bien : rétablissement de la peine de mort, chasse aux immigré.e.s, chasse aux musulman.e.s.

    2. Il y a ensuite eu une peur, ou des peurs, en voyant repartir tellement vite, et à la puissance dix, une forme de réaction gouvernementale qui a de longue date fait les preuves de son #inefficacité (contre la #violence_terroriste) et de sa #nocivité (pour l’état du vivre-ensemble et des droits humains) : au lieu d’augmenter comme il faut les moyens policiers pour enquêter plus et mieux qu’on ne le fait déjà, pour surveiller, remonter des filières bien ciblées et les démanteler, mais aussi assurer en temps réel la protection des personnes qui la demandent, au moment où elles la demandent, on fait du spectacle avec des boucs émissaires.

    Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats qui pourraient advenir dans le futur, sur la prévention desquels, c’est le moins que je puisse dire, toutes les énergies gouvernementales ne me semblent pas concentrées.

    3. Puis, au fil des lectures, une #gêne s’est installée, concernant ce que, sur les #réseaux_sociaux, je pouvais lire, « dans mon camp » cette fois-ci – c’est-à-dire principalement chez des gens dont je partage plus ou moins une certaine conception du combat antiraciste. Ce qui tout d’abord m’a gêné fut le fait d’énoncer tout de suite des analyses explicatives alors qu’au fond on ne savait à peu près rien sur le détail des faits : quel comportement avait eu précisément Samuel Paty, en montrant quels dessins, quelles interactions avaient eu lieu après-coup avec les élèves, avec les parents, qui avait protesté et en quels termes, sous quelles forme, qui avait envenimé le contentieux et comment s’était produit l’embrasement des réseaux sociaux, et enfin quel était le profil de l’assassin, quel était son vécu russe, tchétchène, français – son vécu dans toutes ses dimensions (familiale, socio-économique, scolaire, médicale), sa sociabilité et ses accointances (ou absences d’accointances) religieuses, politiques, délinquantes, terroristes ?

    J’étais gêné par exemple par le fait que soit souvent validée a priori, dès les premières heures qui suivirent le crime, l’hypothèse que Samuel Paty avait « déconné », alors qu’on n’était même pas certain par exemple que c’était le dessin dégoutant du prophète cul nu (j’y reviendrai) qui avait été montré en classe (puisqu’on lisait aussi que le professeur avait déposé plainte « pour diffamation » suite aux accusations proférées contre lui), et qu’on ne savait rien des conditions et de la manière dont il avait agencé son cours.

    4. Par ailleurs, dans l’hypothèse (qui a fini par se confirmer) que c’était bien ce dessin, effectivement problématique (j’y reviendrai), qui avait servi de déclencheur ou de prétexte pour la campagne contre Samuel Paty, autre chose me gênait. D’abord cet oubli : montrer un #dessin, aussi problématique soit-il, obscène, grossier, de mauvais goût, ou même raciste, peut très bien s’intégrer dans une #démarche_pédagogique, particulièrement en cours d’histoire – après tout, nous montrons bien des #caricatures anti-juives ignobles quand nous étudions la montée de l’antisémitisme, me confiait un collègue historien, et cela ne constitue évidemment pas en soi une pure et simple perpétuation de l’#offense_raciste. Les deux cas sont différents par bien des aspects, mais dans tous les cas tout se joue dans la manière dont les documents sont présentés et ensuite collectivement commentés, analysés, critiqués. Or, sur ladite manière, en l’occurrence, nous sommes restés longtemps sans savoir ce qui exactement s’était passé, et ce que nous avons fini par appendre est que Samuel Paty n’avait pas eu d’intention maligne : il s’agissait vraiment de discuter de la liberté d’expression, autour d’un cas particulièrement litigieux.

    5. En outre, s’il s’est avéré ensuite, dans les récits qui ont pu être reconstitués (notamment dans Libération), que Samuel Paty n’avait fait aucun usage malveillant de ces caricatures, et que les parents d’élèves qui s’étaient au départ inquiétés l’avaient assez rapidement et facilement compris après discussion, s’il s’est avéré aussi qu’au-delà de cet épisode particulier, Samuel Paty était un professeur très impliqué et apprécié, chaleureux, blagueur, il est dommageable que d’emblée, il n’ait pas été martelé ceci, aussi bien par les inconditionnels de l’ « esprit Charlie » que par les personnes légitimement choquées par certaines des caricatures : que même dans le cas contraire, même si le professeur avait « déconné », que ce soit un peu ou beaucoup, que même s’il avait manqué de précautions pédagogiques, que même s’il avait intentionnellement cherché à blesser, bref : que même s’il avait été un « mauvais prof », hautain, fumiste, ou même raciste, rien, absolument rien ne justifiait ce qui a été commis.

    Je me doute bien que, dans la plupart des réactions à chaud, cela allait sans dire, mais je pense que, dans le monde où l’on vit, et où se passent ces horreurs, tout désormais en la matière (je veux dire : en matière de mise à distance de l’hyper-violence) doit être dit, partout, même ce qui va sans dire.

    En d’autres termes, même si l’on juge nécessaire de rappeler, à l’occasion de ce crime et des discussions qu’il relance, qu’il est bon que tout ne soit pas permis en matière de liberté d’expression, cela n’est selon moi tenable que si l’on y adjoint un autre rappel : qu’il est bon aussi que tout ne soit pas permis dans la manière de limiter la liberté d’expression, dans la manière de réagir aux discours offensants, et plus précisément que doit être absolument proscrit le recours à la #violence_physique, a fortiori au #meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps, je le répète, où cela ne va plus sans dire.

    6. La remarque qui précède est, me semble-t-il, le grand non-dit qui manque le plus dans tout le débat public tel qu’il se polarise depuis des années entre les « Charlie », inconditionnels de « la liberté d’expression », et les « pas Charlie », soucieux de poser des « #limites » à la « #liberté_d’offenser » : ni la liberté d’expression ni sa nécessaire #limitation ne doivent en fait être posées comme l’impératif catégorique et fondamental. Les deux sont plaidables, mais dans un #espace_de_parole soumis à une autre loi fondamentale, sur laquelle tout le monde pourrait et devrait se mettre d’accord au préalable, et qui est le refus absolu de la violence physique.

    Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses :

    – celles par exemple qui amalgament le prophète des musulmans (et donc – par une inévitable association d’idées – l’ensemble des fidèles qui le vénèrent) à un terroriste, en le figurant par exemple surarmé, le nez crochu, le regard exorbité, la mine patibulaire, ou coiffé d’un turban en forme de bombe ;

    – celle également qui blesse gratuitement les croyants (et les croyants lambda, tolérants, non-violents, tout autant voire davantage que des « djihadistes » avides de prétextes à faire couler le sang), en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus ;

    – celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe ;

    – celle qui annonce « une roumaine » (la joueuse Simona Halep), gagnante de Roland-Garros, et la représente en rom au physique disgracieux, brandissant la coupe et criant « ferraille ! ferraille ! » ;

    – celle qui nous demande d’imaginer « le petit Aylan », enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort) ;

    – celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs « allocs » ;

    – celle qui fantasme une invasion ou une « islamisation » en forme de « grand remplacement », par exemple en nous montrant un musulman barbu dont la barbe démesurée envahit toute la page de Une, malgré un minuscule Macron luttant « contre le séparatisme », armé de ciseaux, mais ne parvenant qu’à en couper que quelques poils ;

    – celle qui alimente le même fantasme d’invasion en figurant un Macron, déclarant que le port du foulard par des femmes musulmanes « ne le regarde pas » en tant que président, tandis que le reste de la page n’est occupé que par des femmes voilées, avec une légende digne d’un tract d’extrême droite : « La République islamique en marche ».

    Sur chacun de ces dessins, publiés en Une pour la plupart, je pourrais argumenter en détail, pour expliquer en quoi je les juge odieux, et souvent racistes. Bien d’autres exemples pourraient d’ailleurs être évoqués, comme une couverture publiée à l’occasion d’un attentat meurtrier commis à Bruxelles en mars 2016 et revendiqué par Daesh (ayant entraîné la mort de 32 personnes et fait 340 blessés), et figurant de manière pour le moins choquante le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter « Papaoutai » tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité. La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.

    On a le droit de détester cet #humour, on a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au #mépris ou à la #haine_raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation. Mais – cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément – quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur #brutalité, de leur #indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur #racisme parfois, la #violence_symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’#homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de #justification.

    On a en somme le droit de dénoncer avec la plus grande vigueur la violence symbolique des caricatures quand on la juge illégitime et nocive, car elle peut l’être, à condition toutefois de dire désormais ce qui, je le répète, aurait dû continuer d’aller sans dire mais va beaucoup mieux, désormais, en le disant : qu’aucune violence symbolique ne justifie l’hyper-violence physique. Cela vaut pour les pires dessins de Charlie comme pour les pires répliques d’un Zemmour ou d’un Dieudonné, comme pour tout ce qui nous offense – du plutôt #douteux au parfaitement #abject.

    Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le #droit_à_la_caricature mais pas le droit à la #critique des caricatures ? Que devient le #débat_démocratique si toute critique radicale de #Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une #incitation_à_la_violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite ?

    Mais inversement, que devient cet espace démocratique si la dénonciation de l’intolérable et l’appel à le faire cesser ne sont pas précédés et tempérés par le rappel clair et explicite de l’interdit fondamental du meurtre ?

    7. Autre chose m’a gêné dans certaines analyses : l’interrogation sur les « #vrais_responsables », formulation qui laisse entendre que « derrière » un responsable « apparent » (l’assassin) il y aurait « les vrais responsables », qui seraient d’autres que lui. Or s’il me parait bien sûr nécessaire d’envisager dans toute sa force et toute sa complexité l’impact des #déterminismes_sociaux, il est problématique de dissoudre dans ces déterminismes toute la #responsabilité_individuelle de ce jeune de 18 ans – ce que la sociologie ne fait pas, contrairement à ce que prétendent certains polémistes, mais que certains discours peuvent parfois faire.

    Que chacun s’interroge toujours sur sa possible responsabilité est plutôt une bonne chose à mes yeux, si toutefois on ne pousse pas le zèle jusqu’à un « on est tous coupables » qui dissout toute #culpabilité réelle et arrange les affaires des principaux coupables. Ce qui m’a gêné est l’enchaînement de questions qui, en réponse à la question « qui a tué ? », met comme en concurrence, à égalité, d’une part celui qui a effectivement commis le crime, et d’autre part d’autres personnes ou groupes sociaux (la direction de l’école, la police, le père d’élève ayant lancé la campagne publique contre Samuel Paty sur Youtube, sa fille qui semble l’avoir induit en erreur sur le déroulement de ses cours) qui, quel que soit leur niveau de responsabilité, n’ont en aucun cas « tué » – la distinction peut paraitre simple, voire simpliste, mais me parait, pour ma part, cruciale à maintenir.

    8. Ce qui m’a gêné, aussi, et même écoeuré lorsque l’oubli était assumé, et que « le système » néolibéral et islamophobe devenait « le principal responsable », voire « l’ennemi qu’il nous faut combattre », au singulier, ce fut une absence, dans la liste des personnes ou des groupes sociaux pouvant, au-delà de l’individu #Abdoullakh_Abouyezidovitch, se partager une part de responsabilité. Ce qui me gêna fut l’oubli ou la minoration du rôle de l’entourage plus ou moins immédiat du tueur – qu’il s’agisse d’un groupe terroriste organisé ou d’un groupe plus informel de proches ou de moins proches (via les réseaux sociaux), sans oublier, bien entendu, l’acolyte de l’irresponsable « père en colère » : un certain #Abdelhakim_Sefrioui, entrepreneur de haine pourtant bien connu, démasqué et ostracisé de longue date dans les milieux militants, à commencer par les milieux pro-palestiniens et la militance anti-islamophobie.

    Je connais les travaux sociologiques qui critiquent à juste titre l’approche mainstream, focalisée exclusivement les techniques de propagande des organisations terroristes, et qui déplacent la focale sur l’étude des conditions sociales rendant audible et « efficace » lesdites techniques de #propagande. Mais justement, on ne peut prendre en compte ces conditions sociales sans observer aussi comment elles pèsent d’une façon singulière sur les individus, dont la responsabilité n’est pas évacuée. Et l’on ne peut pas écarter, notamment, la responsabilité des individus ou des groupes d’ « engraineurs », surtout si l’on pose la question en ces termes : « qui a tué ? ».

    9. Le temps du #choc, du #deuil et de l’#amertume « contre mon propre camp » fut cela dit parasité assez vite par un vacarme médiatique assourdissant, charriant son lot d’#infamie dans des proportions autrement plus terrifiantes. #Samuel_Gontier, fidèle « au poste », en a donné un aperçu glaçant :

    – des panels politiques dans lesquels « l’équilibre » invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, Les Républicains, Rassemblement national), et où les différentes familles de la gauche (Verts, PS, PCF, France insoumise, sans même parler de l’extrême gauche) sont tout simplement exclues ;

    – des « débats » où sont mis sérieusement à l’agenda l’interdiction du #voile dans tout l’espace public, l’expulsion de toutes les femmes portant le #foulard, la #déchéance_de_nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des « #bagnes » « dans îles Kerguelen », le rétablissement de la #peine_de_mort, et enfin la « #criminalisation » de toutes les idéologies musulmanes conservatrices, « pas seulement le #djihadisme mais aussi l’#islamisme » (un peu comme si, à la suite des attentats des Brigades Rouges, de la Fraction Armée Rouge ou d’Action Directe, on avait voulu criminaliser, donc interdire et dissoudre toute la gauche socialiste, communiste, écologiste ou radicale, sous prétexte qu’elle partageait avec les groupes terroristes « l’opposition au capitalisme ») ;

    – des « plateaux » sur lesquels un #Manuel_Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains : « S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du #droit_européen, faire évoluer notre #Constitution, il faut le faire. », « Je l’ai dit en 2015, nous sommes en #guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper. ».

    10. Puis, très vite, il y a eu cette offensive du ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin contre le #CCIF (#Collectif_Contre_l’Islamophobie_en_France), dénuée de tout fondement du point de vue de la #lutte_anti-terroriste – puisque l’association n’a évidemment pris aucune part dans le crime du 17 octobre 2020, ni même dans la campagne publique (sur Youtube et Twitter) qui y a conduit.

    Cette dénonciation – proprement calomnieuse, donc – s’est autorisée en fait d’une montée en généralité, en abstraction et même en « nébulosité », et d’un grossier sophisme : le meurtre de Samuel Paty est une atteinte aux « #valeurs » et aux « institutions » de « la #République », que justement le CCIF « combat » aussi – moyennant quoi le CCIF a « quelque chose à voir » avec ce crime et il doit donc être dissous, CQFD. L’accusation n’en demeure pas moins fantaisiste autant qu’infamante, puisque le « combat » de l’association, loin de viser les principes et les institutions républicaines en tant que telles, vise tout au contraire leur manque d’effectivité : toute l’activité du CCIF (c’est vérifiable, sur le site de l’association aussi bien que dans les rapports des journalistes, au fil de l’actualité, depuis des années) consiste à combattre la #discrimination en raison de l’appartenance ou de la pratique réelle ou supposée d’une religion, donc à faire appliquer une loi de la république. Le CCIF réalise ce travail par les moyens les plus républicains qui soient, en rappelant l’état du Droit, en proposant des médiations ou en portant devant la #Justice, institution républicaine s’il en est, des cas d’atteinte au principe d’#égalité, principe républicain s’il en est.

    Ce travail fait donc du CCIF une institution précieuse (en tout cas dans une république démocratique) qu’on appelle un « #contre-pouvoir » : en d’autres termes, un ennemi de l’arbitraire d’État et non de la « République ». Son travail d’#alerte contribue même à sauver ladite République, d’elle-même pourrait-on dire, ou plutôt de ses serviteurs défaillants et de ses démons que sont le racisme et la discrimination.

    Il s’est rapidement avéré, du coup, que cette offensive sans rapport réel avec la lutte anti-terroriste s’inscrivait en fait dans un tout autre agenda, dont on avait connu les prémisses dès le début de mandat d’Emmanuel Macron, dans les injures violentes et les tentatives d’interdiction de Jean-Michel #Blanquer contre le syndicat #Sud_éducation_93, ou plus récemment dans l’acharnement haineux du député #Robin_Réda, censé diriger une audition parlementaire antiraciste, contre les associations de soutien aux immigrés, et notamment le #GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Cet agenda est ni plus ni moins que la mise hors-jeu des « corps intermédiaires » de la société civile, et en premier lieu des #contre-pouvoirs que sont les associations antiracistes et de défense des droits humains, ainsi que les #syndicats, en attendant le tour des partis politiques – confère, déjà, la brutalisation du débat politique, et notamment les attaques tout à fait inouïes, contraires pour le coup à la tradition républicaine, de #Gérald_Darmanin contre les écologistes (#Julien_Bayou, #Sandra_Regol et #Esther_Benbassa) puis contre la #France_insoumise et son supposé « #islamo-gauchisme qui a détruit la république », ces dernières semaines, avant donc le meurtre de Samuel Paty.

    Un agenda dans lequel figure aussi, on vient de l’apprendre, un combat judiciaire contre le site d’information #Mediapart.

    11. Il y a eu ensuite l’annonce de ces « actions coup de poing » contre des associations et des lieux de culte musulmans, dont le ministre de l’Intérieur lui-même a admis qu’elles n’avaient aucun lien avec l’enquête sur le meurtre de Samuel Paty, mais qu’elles servaient avant tout à « #adresser_un_message », afin que « la #sidération change de camp ». L’aveu est terrible : l’heure n’est pas à la défense d’un modèle (démocratique, libéral, fondé sur l’État de Droit et ouvert à la pluralité des opinions) contre un autre (obscurantiste, fascisant, fondé sur la terreur), mais à une #rivalité_mimétique. À la #terreur on répond par la terreur, sans même prétendre, comme le fit naguère un Charles Pasqua, qu’on va « terroriser les terroristes » : ceux que l’on va terroriser ne sont pas les terroristes, on le sait, on le dit, on s’en contrefout et on répond au meurtre par la #bêtise et la #brutalité, à l’#obscurantisme « religieux » par l’obscurantisme « civil », au #chaos de l’#hyper-violence par le chaos de l’#arbitraire d’État.

    12. On cible donc des #mosquées alors même qu’on apprend (notamment dans la remarquable enquête de Jean-Baptiste Naudet, dans L’Obs) que le tueur ne fréquentait aucune mosquée – ce qui était le cas, déjà, de bien d’autres tueurs lors des précédents attentats.

    On s’attaque au « #séparatisme » et au « #repli_communautaire » alors même qu’on apprend (dans la même enquête) que le tueur n’avait aucune attache ou sociabilité dans sa communauté – ce qui là encore a souvent été le cas dans le passé.

    On préconise des cours intensifs de #catéchisme_laïque dans les #écoles, des formations intensives sur la liberté d’expression, avec distribution de « caricatures » dans tous les lycées, alors que le tueur était déscolarisé depuis un moment et n’avait commencé à se « radicaliser » qu’en dehors de l’#école (et là encore se rejoue un schéma déjà connu : il se trouve qu’un des tueurs du Bataclan fut élève dans l’établissement où j’exerce, un élève dont tous les professeurs se souviennent comme d’un élève sans histoires, et dont la famille n’a pu observer des manifestations de « #radicalisation » qu’après son bac et son passage à l’université, une fois qu’il était entré dans la vie professionnelle).

    Et enfin, ultime protection : Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des #supermarchés ! Il y aurait matière à rire s’il n’y avait pas péril en la demeure. On pourrait s’amuser d’une telle #absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin et les moyens, si l’enjeu n’était pas si grave. On pourrait sourire devant les gesticulations martiales d’un ministre qui avoue lui-même tirer « à côté » des véritables coupables et complices, lorsque par exemple il ordonne des opérations contre des #institutions_musulmanes « sans lien avec l’enquête ». On pourrait sourire s’il ne venait pas de se produire une attaque meurtrière atroce, qui advient après plusieurs autres, et s’il n’y avait pas lieu d’être sérieux, raisonnable, concentré sur quelques objectifs bien définis : mieux surveiller, repérer, voir venir, mieux prévenir, mieux intervenir dans l’urgence, mieux protéger. On pourrait se payer le luxe de se disperser et de discuter des #tenues_vestimentaires ou des #rayons_de_supermarché s’il n’y avait pas des vies humaines en jeu – certes pas la vie de nos dirigeants, surprotégés par une garde rapprochée, mais celles, notamment, des professeurs et des élèves.

    13. Cette #futilité, cette #frivolité, cette bêtise serait moins coupable s’il n’y avait pas aussi un gros soubassement de #violence_islamophobe. Cette bêtise serait innocente, elle ne porterait pas à conséquence si les mises en débat du #vêtement ou de l’#alimentation des diverses « communautés religieuses » n’étaient pas surdéterminées, depuis de longues années, par de très lourds et violents #stéréotypes racistes. On pourrait causer lingerie et régime alimentaire si les us et coutumes religieux n’étaient pas des #stigmates sur-exploités par les racistes de tout poil, si le refus du #porc ou de l’#alcool par exemple, ou bien le port d’un foulard, n’étaient pas depuis des années des motifs récurrents d’#injure, d’#agression, de discrimination dans les études ou dans l’emploi.

    Il y a donc une bêtise insondable dans cette mise en cause absolument hors-sujet des commerces ou des rayons d’ « #alimentation_communautaire » qui, dixit Darmanin, « flatteraient » les « plus bas instincts », alors que (confère toujours l’excellente enquête de Jean-Baptiste Naudet dans L’Obs) l’homme qui a tué Samuel Paty (comme l’ensemble des précédents auteurs d’attentats meurtriers) n’avait précisément pas d’ancrage dans une « communauté » – ni dans l’immigration tchétchène, ni dans une communauté religieuse localisée, puisqu’il ne fréquentait aucune mosquée.

    Et il y a dans cette bêtise une #méchanceté tout aussi insondable : un racisme sordide, à l’encontre des #musulmans bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi un mépris, une injure, un piétinement de la mémoire des morts #juifs – puisque parmi les victimes récentes des tueries terroristes, il y a précisément des clients d’un commerce communautaire, l’#Hyper_Cacher, choisis pour cible et tués précisément en tant que tels.

    Telle est la vérité, cruelle, qui vient d’emblée s’opposer aux élucubrations de Gérald Darmanin : en incriminant les modes de vie « communautaires », et plus précisément la fréquentation de lieux de culte ou de commerces « communautaires », le ministre stigmatise non pas les coupables de la violence terroriste (qui se caractérisent au contraire par la #solitude, l’#isolement, le surf sur #internet, l’absence d’#attaches_communautaires et de pratique religieuse assidue, l’absence en tout cas de fréquentation de #lieux_de_cultes) mais bien certaines de ses victimes (des fidèles attaqués sur leur lieu de culte, ou de courses).

    14. Puis, quelques jours à peine après l’effroyable attentat, sans aucune concertation sur le terrain, auprès de la profession concernée, est tombée par voie de presse (comme d’habitude) une stupéfiante nouvelle : l’ensemble des Conseils régionaux de France a décidé de faire distribuer un « #recueil_de_caricatures » (on ne sait pas lesquelles) dans tous les lycées. S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, disait la chanson. Qu’ils aillent donc, ces élus, distribuer eux-mêmes leurs petites bibles républicaines, sur les marchés. Mais non : c’est notre sang à nous, petits profs de merde, méprisés, sous-payés, insultés depuis des années, qui doit couler, a-t-il été décidé en haut lieu. Et possiblement aussi celui de nos élèves.

    Car il faut se rendre à l’évidence : si cette information est confirmée, et si nous acceptons ce rôle de héros et martyrs d’un pouvoir qui joue aux petits soldats de plomb avec des profs et des élèves de chair et d’os, nous devenons officiellement la cible privilégiée des groupes terroristes. À un ennemi qui ne fonctionne, dans ses choix de cibles et dans sa communication politique, qu’au défi, au symbole et à l’invocation de l’honneur du Prophète, nos dirigeants répondent en toute #irresponsabilité par le #défi, le #symbole, et la remise en jeu de l’image du Prophète. À quoi doit-on s’attendre ? Y sommes-nous prêts ? Moi non.

    15. Comme si tout cela ne suffisait pas, voici enfin que le leader de l’opposition de gauche, celui dont on pouvait espérer, au vu de ses engagements récents, quelques mises en garde élémentaires mais salutaires contre les #amalgames et la #stigmatisation haineuse des musulmans, n’en finit pas de nous surprendre ou plutôt de nous consterner, de nous horrifier, puisqu’il s’oppose effectivement à la chasse aux musulmans, mais pour nous inviter aussitôt à une autre chasse : la #chasse_aux_Tchétchènes :

    « Moi, je pense qu’il y a un problème avec la #communauté_tchétchène en France ».

    Il suffit donc de deux crimes, commis tous les deux par une personne d’origine tchétchène, ces dernières années (l’attentat de l’Opéra en 2018, et celui de Conflans en 2020), plus une méga-rixe à Dijon cet été impliquant quelques dizaines de #Tchétchènes, pour que notre homme de gauche infère tranquillement un « #problème_tchétchène », impliquant toute une « communauté » de plusieurs dizaines de milliers de personnes vivant en France.

    « Ils sont arrivés en France car le gouvernement français, qui était très hostile à Vladimir Poutine, les accueillait à bras ouverts », nous explique Jean-Luc #Mélenchon. « À bras ouverts », donc, comme dans un discours de Le Pen – le père ou la fille. Et l’on a bien entendu : le motif de l’#asile est une inexplicable « hostilité » de la France contre le pauvre Poutine – et certainement pas une persécution sanglante commise par ledit Poutine, se déclarant prêt à aller « buter » lesdits Tchétchènes « jusque dans les chiottes ».

    « Il y a sans doute de très bonnes personnes dans cette communauté » finit-il par concéder à son intervieweur interloqué. On a bien lu, là encore : « sans doute ». Ce n’est donc même pas sûr. Et « de très bonnes personnes », ce qui veut dire en bon français : quelques-unes, pas des masses.

    « Mais c’est notre #devoir_national de s’en assurer », s’empresse-t-il d’ajouter – donc même le « sans doute » n’aura pas fait long feu. Et pour finir en apothéose :

    « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres qui ont des activités dans l’#islamisme_politique (...), doivent être capturés et expulsés ».

    Là encore, on a bien lu : « tous les dossiers des Tchétchènes présents en France », « un par un » ! Quant aux suspects, ils ne seront pas « interpellés », ni « arrêtés », mais « capturés » : le vocabulaire est celui de la #chasse, du #safari. Voici donc où nous emmène le chef du principal parti d’opposition de gauche.

    16. Enfin, quand on écrira l’histoire de ces temps obscurs, il faudra aussi raconter cela : comment, à l’heure où la nation était invitée à s’unir dans le deuil, dans la défense d’un modèle démocratique, dans le refus de la violence, une violente campagne de presse et de tweet fut menée pour que soient purement et simplement virés et remplacés les responsables de l’#Observatoire_de_la_laïcité, #Nicolas_Cadène et #Jean-Louis_Bianco, pourtant restés toujours fidèles à l’esprit et à la lettre des lois laïques, et que les deux hommes furent à cette fin accusés d’avoir « désarmé » la République et de s’être « mis au service » des « ennemis » de ladite #laïcité et de ladite république – en somme d’être les complices d’un tueur de prof, puisque c’est de cet ennemi-là qu’il était question.

    Il faudra raconter que des universitaires absolument irréprochables sur ces questions, comme #Mame_Fatou_Niang et #Éric_Fassin, furent mis en cause violemment par des tweeters, l’une en recevant d’abjectes vidéos de décapitation, l’autre en recevant des #menaces de subir la même chose, avec dans les deux cas l’accusation d’être responsables de la mort de Samuel Paty.

    Il faudra se souvenir qu’un intellectuel renommé, invité sur tous les plateaux, proféra tranquillement, là encore sans être recadré par les animateurs, le même type d’accusations à l’encontre de la journaliste et chroniqueuse #Rokhaya_Diallo : en critiquant #Charlie_Hebdo, elle aurait « poussé à armer les bras des tueurs », et « entrainé » la mort des douze de Charlie hebdo.

    Il faudra se souvenir qu’au sommet de l’État, enfin, en ces temps de deuil, de concorde nationale et de combat contre l’obscurantisme, le ministre de l’Éducation nationale lui-même attisa ce genre de mauvaise querelle et de #mauvais_procès – c’est un euphémisme – en déclarant notamment ceci :

    « Ce qu’on appelle l’#islamo-gauchisme fait des ravages, il fait des ravages à l’#université. Il fait des ravages quand l’#UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

    Il faudra raconter ce que ces sophismes et ces purs et simples mensonges ont construit ou tenté de construire : un « #consensus_national » fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé et un « plus jamais ça » sincère et réfléchi. Un « consensus » singulièrement diviseur en vérité, excluant de manière radicale et brutale tous les contre-pouvoirs humanistes et progressistes qui pourraient tempérer la violence de l’arbitraire d’État, et apporter leur contribution à l’élaboration d’une riposte anti-terroriste pertinente et efficace : le mouvement antiraciste, l’opposition de gauche, la #sociologie_critique... Et incluant en revanche, sans le moindre état d’âme, une droite républicaine radicalisée comme jamais, ainsi que l’#extrême_droite lepéniste.

    Je ne sais comment conclure, sinon en redisant mon accablement, ma tristesse, mon désarroi, ma peur – pourquoi le cacher ? – et mon sentiment d’#impuissance face à une #brutalisation en marche. La brutalisation de la #vie_politique s’était certes enclenchée bien avant ce crime atroce – l’évolution du #maintien_de l’ordre pendant tous les derniers mouvements sociaux en témoigne, et les noms de Lallement et de Benalla en sont deux bons emblèmes. Mais cet attentat, comme les précédents, nous fait évidemment franchir un cap dans l’#horreur. Quant à la réponse à cette horreur, elle s’annonce désastreuse et, loin d’opposer efficacement la force à la force (ce qui peut se faire mais suppose le discernement), elle rajoute de la violence aveugle à de la violence aveugle – tout en nous exposant et en nous fragilisant comme jamais. Naïvement, avec sans doute un peu de cet idéalisme qui animait Samuel Paty, j’en appelle au #sursaut_collectif, et à la #raison.

    Pour reprendre un mot d’ordre apparu suite à ce crime atroce, #je_suis_prof. Je suis prof au sens où je me sens solidaire de Samuel Paty, où sa mort me bouleverse et me terrifie, mais je suis prof aussi parce que c’est tout simplement le métier que j’exerce. Je suis prof et je crois donc en la raison, en l’#éducation, en la #discussion. Depuis vingt-cinq ans, j’enseigne avec passion la philosophie et je m’efforce de transmettre le goût de la pensée, de la liberté de penser, de l’échange d’arguments, du débat contradictoire. Je suis prof et je m’efforce de transmettre ces belles valeurs complémentaires que sont la #tolérance, la #capacité_d’indignation face à l’intolérable, et la #non-violence dans l’#indignation et le combat pour ses idées.

    Je suis prof et depuis vingt-cinq ans je m’efforce de promouvoir le #respect et l’#égalité_de_traitement, contre tous les racismes, tous les sexismes, toutes les homophobies, tous les systèmes inégalitaires. Et je refuse d’aller mourir au front pour une croisade faussement « républicaine », menée par un ministre de l’Intérieur qui a commencé sa carrière politique, entre 2004 et 2008, dans le girons de l’extrême droite monarchiste (auprès de #Christian_Vanneste et de #Politique_magazine, l’organe de l’#Action_française). Je suis prof et je refuse de sacrifier tout ce en quoi je crois pour la carrière d’un ministre qui en 2012, encore, militait avec acharnement, aux côtés de « La manif pour tous », pour que les homosexuels n’aient pas les mêmes droits que les autres – sans parler de son rapport aux femmes, pour le moins problématique, et de ce que notre grand républicain appelle, en un délicat euphémisme, sa « vie de jeune homme ».

    Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905, et qui n’est rien d’autre qu’une machine à produire plus de #liberté, d’#égalité et de #fraternité. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini. C’est au contraire une politique liberticide, discriminatoire donc inégalitaire, suspicieuse ou haineuse plutôt que fraternelle, que je vois se mettre en place, sans même l’excuse de l’efficacité face au terrorisme.

    Je suis prof, et cette #vraie_laïcité, ce goût de la pensée et de la #parole_libre, je souhaite continuer de les promouvoir. Et je souhaite pour cela rester en vie. Et je souhaite pour cela rester libre, maître de mes #choix_pédagogiques, dans des conditions matérielles qui permettent de travailler. Et je refuse donc de devenir l’otage d’un costume de héros ou de martyr taillé pour moi par des aventuriers sans jugeote, sans cœur et sans principes – ces faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants.

    https://lmsi.net/Je-suis-prof

    #Pierre_Tevanian

    –—

    –-> déjà signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/882390
    https://seenthis.net/messages/882583
    ... mais je voulais mettre le texte complet.

    • En 2004, dans Vivre Ensemble, on parlait déjà de ORS...
      Abri PC du #Jaun Pass :

      La logique de la dissuasion

      Le régime d’aide d’urgence imposé aux personnes frappées de non-entrée en matière (NEM) vise à déshumaniser l’individu. Tout est fait pour leur rendre le séjour invivable et les pousser à disparaître dans la clandestinité, comme le montrent les exemples ci-dessous relevés en Suisse allemande, où les personnes frappées de NEM et les requérants déboutés de la procédure d’asile sont placés dans des « centres d’urgence » ou « centres minimaux » (Minimalzentren). Petit tour des lieux dans les cantons de Berne et Soleure.

      Le canton de Berne, pionnier en la matière, avait déjà concrétisé le principe d’assignation à un territoire (art. 13e LSEE) bien avant l’entrée en vigueur de la loi au 1er janvier 2007, en ouvrant deux centres d’urgence, l’un sur le col du Jaun en juin 2004 et l’autre qui lui a succédé en 2005, sur l’alpage du Stafelalp : « Si notre choix s’est porté sur le Col du Jaun », expliquait la Cheffe de l’Office de la population lors d’une conférence de presse le 7 juin 2004, c’est notamment parce que cette solution « (…) n’incite pas à s’attarder en Suisse. » Et que : « D’autres personnes vont l’utiliser également. Il s’agit de personnes qui ont activement empêché leur renvoi ou qui dissimulent leur identité et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une décision de refus d’entrer en matière… ».

      L’abri PC du Jaun

      Un des journalistes présents le décrit ainsi dans le Journal du Jura du 8 juin 2004 :

      « A l’extérieur, des grillages ont été installés afin que le lieu soit un peu isolé, et pour protéger les requérants d’éventuels importuns. (…) Les gens sont répartis dans des chambres de quatre à douze personnes (…) les requérants ne touchent pas d’argent liquide, mais des prestations en nature. Ce sont des bons qu’ils peuvent échanger contre de la marchandise au kiosque tenu par l’ORS (Organisation pour mandats spéciaux et en régie SA) qui gère le centre (…) ».

      Très peu de requérants s’y rendirent ; d’autres s’enfuirent, telle une mère avec une petite fille de deux ans qui vint chercher de l’aide à… Soleure ! Une jeune femme fut hospitalisée, suite à une grève de la faim.

      Sur l’alpage

      A l’abri de protection civile du col du Jaun fermé en novembre 2004, succéda le centre d’urgence du Stafelalp. En 2005, les NEM et d’autres personnes désignées comme des « NIKOS », abréviation de « Nichtkooperativ », ont été logés dans une ancienne colonie de vacances isolée, située sur l’alpage de Stafelalp. Dans ce centre, comme auparavant dans celui du Jaun, les requérants ont été cantonnés dans un périmètre de 2 km autour du centre, avec interdiction formelle de franchir ces « frontières ». Le centre de Stafelalp plus fréquenté que celui du Jaun était considéré comme « trop attractif » pour les autorités, et la durée moyenne de séjour des NEM (52 jours) trop longue. Il fallait trouver autre chose.

      En janvier 2006, le centre fut fermé et les NEM ont été réintégrés dans un centre de transit. Ils ne touchent pas d’argent mais ont droit à trois repas par jour. Ils s’y déplacent plus librement, du moins à pied. Mais le fait qu’ils ne disposent d’aucun pécule pour payer les transports publics restreint leur liberté de mouvement aux alentours et dans la commune de Lyss où est situé le centre.

      Soleure ne fait pas mieux

      Depuis mai 2006 (auparavant ils bénéficiaient d’aide en espèce et aucun hébergement n’avait été mis à leur disposition), les « NEM » soleurois sont logés dans le centre d’accueil pour requérants d’asile situé sur la montagne du Balmberg, mais ils n’y sont pas nourris. Ils y touchent 8 fr. par jour pour leur entretien, versés sur place tous les jeudis par le responsable du centre. Le contrôle de présence est journalier et ceux qui s’absentent perdent leur pécule pour les jours d’absence, voire leur droit à l’hébergement en cas de récidive. Les occupants n’ont pas le droit d’y accueillir des amis pour la nuit. Le visiteur externe doit demander une autorisation au responsable (qui lui est parfois refusée sous divers prétexte) pour y entrer.

      Là-haut sur la montagne !

      Le lieu est isolé. On y trouve trois téléskis et un restaurant, mais aucun magasin, si bien que les requérants frappés de NEM sont obligés d’utiliser l’autobus circulant de Soleure au Balmberg (prix du billet aller et retour : 11 fr.!) pour faire leurs achats et se procurer le nécessaire. Si les requérants d’asile encore en procédure, également logés dans ce centre, bénéficient de tickets de bus gratuits, ce n’est pas le cas des personnes frappées d’une NEM. Ils n’ont le droit de consulter un médecin qu’en cas d’urgence et c’est un des responsables du centre, sans formation médicale, qui prend la décision. Depuis quelques mois, les NEM doivent débourser quelques centimes pour des comprimés : antidouleurs, aspirine etc. (obtenus gratuitement auparavant) distribués sur place par le préposé à la pharmacie.

      Une stratégie efficace

      Le régime drastique, l’isolement et le nombre de descentes de police qui les terrorisent fait qu’au bout de quelques semaines, les NEM soleurois « disparaissent » dans la clandestinité. La méthode, il faut le reconnaître, est efficace et la stratégie de découragement sur laquelle l’Office des réfugiés (actuellement l’Office fédéral des migrations) avait misé dans un rapport de mars 2000 pour se débarrasser des indésirables, a l’air de se réaliser. Les six NEM qui sont encore au Balmberg ne pèsent pas lourd, en regard des centaines de ces « disparus volontaires », soumis dans les centres d’urgence « à une pression psychique insupportable » au point qu’ils ont préféré la clandestinité. Beau résultat pour un pays qui se vante d’être un Etat de droit.

      https://asile.ch/2007/02/05/suisse-allemandecentres-d%e2%80%99urgence-pour-nemla-logique-de-la-dissuasion

    • RTS | Des voix s’élèvent contre la prise en charge des migrants par des entreprises privées

      Amnesty International dénonce la situation dans le centre de migrants de Traiskirchen en #Autriche. L’organisation pointe du doigt la surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables qui y règnent. Or ce centre est géré par la filiale autrichienne de l’entreprise privée zurichoise ORS. Une nouvelle qui relance le débat sur l’encadrement des requérants par des privés.

      https://seenthis.net/messages/402089

    • The Corporate Greed of Strangers
      –-> ORS Service AG in Austria and Switzerland

      Other international players like the Swiss company ORS Service AG are also expanding into Germany. ORS in 2015 had five reception centres in Munich.

      ORS Service is based in Zurich in Switzerland and was set up as a private company to work with the Swiss federal government from 1991 to house asylum seekers. For twenty years, through to 2011, although the contract should have been retendered every five years the Swiss government did not put the contract out to tender.

      In 2011 ORS Service outbid European Homecare for the federal contract in Austria for reception centres under the responsibility of the ministry of interior. By the end of 2014, they were providing twelve reception centres including tent camps in Salzburg and Linz and being paid around 22 million euros by the federal government. ORS runs Austria’s main initial reception centre in the town of Traiskirchen, near Vienna, which was designed for around 1700 refugees. By the summer of 2015 over 3,000 refugees were living there, Amnesty International called the ORS camp ‘shameful’, with 1,500 people forced to sleep outside on lawns and nearby roads.

      On its home territory ORS Service works in partnership with the Swiss Securitas private security company in delivering a very controversial reception and accommodation policy which has included remote locations and housing asylum seekers underground in wartime military bunkers. Reception and detention policies have been influenced by Swiss politics which over the past few years have been dominated by the anti-immigrant Swiss People’s Party (UDC) which has become the largest party at the federal level. Currently refugees arriving in Switzerland have to turn over to the state any assets worth more than 1,000 Swiss francs (£690) to help pay for their upkeep, a practice that has drawn sharp rebukes for Denmark.

      https://seenthis.net/messages/465487

    • Quand l’accueil des personnes en exil devient un bizness

      A l’origine, il s’agit d’une agence d’intérim lausannoise créée en 1977 nommée ORS Services SA. En 1992, la société devient ORS Service AG et déménage à Zurich. En 2005, le fondateur de l’entreprise la revend à #Argos_Soditic qui la revend à #Invision en 2009, qui finalement la revend à #Equistone en 2013. Equistone Partners Europe est un fond d’investissement international avec des antennes dans 4 pays européens. ORS déclare un chiffre d’affaires de 65 millions de francs suisses pour 2014, essentiellement en provenance de fonds publics. Selon plusieurs médias, celui-ci atteint 85 millions en 2015 mais son bénéfice n’a jamais été divulgué. Alors quand Claude Gumy, directeur opérationnel à Fribourg dit dans le journal Le Temps « Notre but n’est pas de gagner de l’argent pour le compte d’investisseurs. Nous nous occupons avant tout d’êtres humains », de qui se moque-t-il ? Pour faire des économies l’État suisse délègue la gestion de « l’accueil » a des investisseurs qui après avoir spéculé sur les marchandises et dépouillé les pays pauvres spéculent sur les flux migratoires qu’ils ont ainsi engendrés. Leur entreprise est d’ailleurs réputée pour sa collaboration inconditionnelle avec les services étatique et la police dont les pratiques répressives ne font aucun doute.

      https://seenthis.net/messages/573420

    • Gestion de l’asile | ORS Fribourg : Quand l’État fait la sourde oreille. Business is Business ?

      Pour faire la lumière sur les agissements d’ORS, le mouvement solidaritéS et le collectif Droit de rester ont rédigé un rapport d’une trentaine de pages. Il recense les témoignages de quelques dizaines de personnes : usagèr.e.s d’ORS, bénévoles et travailleurs/euse sociaux/ales. Le groupe s’est confronté à la réticence de certain.e.s témoins potentiels. ORS interdit à ses employé.e.s de parler de l’entreprise à des personnes externes, sous peine de sanctions, même après la fin du contrat.

      https://seenthis.net/messages/786789
      #rapport

    • ODAE-romand | L’envers du décor dans les centres fédéraux

      Une demandeuse d’asile a passé près de six mois dans les CFA de #Zurich, #Boudry et de #Giffers. Dans le bulletin d’Augenauf de novembre 2020, elle raconte les #conditions_de_vie, les #brimades, #vexations et #violences quotidiennes qu’elle y a vécues. L’ODAE romand en publie quelques extraits.

      https://seenthis.net/messages/893672

      Texte original publié par Augenauf (en allemand) :
      https://www.augenauf.ch/images/BulletinProv/Bulletin_106_Nov2020.pdf

    • Lettre ouverte au SEM - Droits humains gravement violés au Centre Fédéral d’Asile de #Boudry : peut-on encore parler d’un centre “d’asile” ?

      Chères et chers journalistes et sympathisant·es,

      Vous trouverez ci-dessous une lettre ouverte que nous avons adressée ce jour au Secrétariat d’Etat aux Migrations, à travers Messieurs Mario Gattiker, Secrétaire d’Etat, et Pierre-Alain Ruffieux, responsable asile pour la Suisse romande. Elle a également été envoyée à Monsieur Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’Etat neuchâtelois en charge du Département de l’Economie et de l’Action Sociale.
      Droits humains gravement violés au Centre Fédéral d’Asile de Boudry : peut-on encore parler d’un centre “d’asile” ?

      –---

      Nous dénonçons depuis longtemps des situations inhumaines au Centre Fédéral d’Asile (CFA) de Boudry (NE)[1], mais les cas de réfugié·es subissant de #mauvais_traitements - le mot est faible - s’accroît de façon préoccupante. Ce qui se passe depuis plusieurs mois maintenant est intolérable et ne peut rester sans réaction de notre part.

      Selon nos informations et observations, nous ne sommes pas face à des cas isolés, mais devant un véritable #système_punitif, qui va au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. #Abus_de_pouvoir de certain·es agent·es de sécurité de l’entreprise #Protectas, #mépris et #comportements_racistes qui créent un climat de #peur et poussent à bout certain·es habitant·es du Centre. Visites impromptues du personnel de sécurité dans les chambres, sans frapper, ni dire bonjour, gestion catastrophique des #conflits, sans souci de calmer le jeu, ni d’écouter. "Ils ne savent pas parler, ils répriment”, raconte un habitant du Centre. Des requérant·es jugé·es arbitrairement et hâtivement comme récalcitrant·es sont enfermé·es pendant des heures dans des containers insalubres et sous-chauffés. Plusieurs témoignages attestent d’une salle sans aucun mobilier, avec des taches de sang et des odeurs de vomi et d’urine. Beaucoup en ressortent traumatisés. Une personne s’est récemment retrouvée en état d’#hypothermie [2].

      Les témoignages vont tous dans le même sens : peur de porter #plainte par #crainte des conséquences pour sa procédure d’asile ou par crainte de recroiser les mêmes agent·es de sécurité. Mais les faits sont là : utilisation abusive du #spray_au_poivre, #plaquages_au_sol, #insultes_homophobes, #harcèlement envers des personnes vulnérables et #hospitalisations suite à l’#enfermement dans des cellules. Plusieurs #tentatives_de_suicide sont attestées et il y a eu #mort d’homme : le 23 décembre, un requérant d’asile est décédé aux abords du Centre de Boudry. Il s’agissait d’une personne vulnérable, suivie en psychiatrie et qui avait déjà tenté de se suicider. Alors que cette personne avait besoin d’aide, à plusieurs reprises, le personnel de sécurité de Protectas lui a refusé l’accès au Centre, du fait de son état d’ivresse.

      A Boudry, la #violence est banalisée. Au lieu d’apaiser les conflits, les agent·es de Protectas les attisent. Des membres du personnel de sécurité abusent de leur pouvoir en faisant régner leurs propres lois. Ainsi, alors que les #cellules_d’isolement ne sont prévues que pour protéger les requérant·es d’asile et le personnel du CFA de personnes ayant un comportement violent et pour une durée n’excédant pas deux heures[3], on constate que la réalité est tout autre. Le moindre dérangement est réprimé par un #enfermement_abusif et qui dépasse souvent le temps réglementaire, allant jusqu’à un #isolement d’une nuit entière. Nous avons eu connaissance d’un mineur qui a été enfermé alors que le règlement l’interdit. De telles #privations_de_liberté sont illégales. Pour échapper à ces mauvais traitements, beaucoup quittent la procédure d’asile en cours de route.

      Les droits humains sont violés dans les CFA, en toute impunité, dans un #silence de plomb que nous voulons briser. Ce qui se passe à Boudry se passe aussi ailleurs[4] et c’est la conséquence d’une logique de camps. C’est tout un système que nous dénonçons et non pas des dysfonctionnements ponctuels.

      ***

      Face à cette gestion désastreuse et les drames humains qu’elle entraîne, nous demandons qu’une enquête indépendante soit ouverte établissant les faits en toute objectivité. En accord avec les personnes qui ont pris contact avec Droit de Rester, nous sommes prêt·es à témoigner.

      Nous demandons que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à ce système défaillant, qui transforme les CFA en prisons. Il n’est pas normal que le budget alloué à l’encadrement sécuritaire par le SEM soit plus important que celui consacré à l’encadrement social et sanitaire dans les CFA. Il est nécessaire de renverser la vapeur en engageant des professionnel·les du travail social et de la santé en nombre suffisant et ayant pour mission de soutenir, d’écouter, de soigner et de répondre aux besoins spécifiques des requérant·es d’asile. Ceci dans l’optique de créer un climat de bienveillance, réparateur des traumatismes vécus sur la route de l’exil par les personnes dont ils-elles ont la charge. Actuellement, les agent·es de sécurité ont des prérogatives immenses qui ne devraient absolument pas leur être confiées en raison d’un manque de formation flagrant.

      Nous demandons la suppression immédiate de ces cellules-containers et la refonte complète du régime de sanctions.

      Nous exigeons la fin de la privatisation du domaine de l’asile ; l’arrêt de toute collaboration avec des entreprises de sécurité ou d’encadrement privées de surcroit cotées en bourse (telles que Protectas, Securitas ou ORS) dans le cadre des CFA et autres lieux d’hébergement. L’asile n’est pas un business. L’argent attribué à ces tâches par l’Etat doit revenir à des structures sociales et de soins publiques.

      Nous exigeons transparence et respect du droit suisse et international. Actuellement les CFA sont des boîtes noires : les règlements internes sont inaccessibles, les requérant·es d’asile n’obtiennent pas les rapports des sanctions prononcées à leur encontre, rapports rédigés par Protectas dont le contenu varie à leur guise afin de justifier les sanctions aux yeux du SEM. Toute sanction devrait être prononcée par du personnel cadre du SEM.

      Nous demandons l’introduction d’un organe de médiation indépendant de gestion des plaintes vers qui les requérant·es d’asile lésé·es pourraient se tourner. Finalement, il est nécessaire d’ouvrir les portes des CFA aux organisations et personnes de la société civile – comme c’est notamment le cas en Hollande, pays dont la Suisse s’est inspirée pour mettre en œuvre le système actuel – afin de rompre l’isolement et de cesser avec ces zones de non-droit.

      Nous demandons aussi la fermeture du Centre spécifique des Verrières, restreignant la liberté de mouvement de ses occupants de par son emplacement-même et conçu comme un centre punitif. C’est de soutien psychologique et de soins dont les requérant·es d’asile, y compris celles et ceux qui sont jugés récalcitrant·es, ont besoin à leur arrivée. L’équité des soins par rapport à ceux offerts à la population résidente doit être effective. Ce sont l’isolement, l’exclusion, la promiscuité et l’armada d’interdits qui accentuent les traumatismes, les addictions, le stress et les tensions. Stop à la logique de camp !

      C’est une alerte que nous lançons. Nous espérons qu’elle sera entendue et attendons qu’elle soit suivie d’effets dans les meilleurs délais.

      Contact médias :
      Denise Graf, 076 523 59 36
      Louise Wehrli, 076 616 10 85
      Caterina Cascio, 077 928 81 82

      [1] Voir par exemple ici : https://rester.ch/wp-content/uploads/2020/05/2020.05.28_Communiqu%C3%A9_de_presse_camp_nous_d%C3%A9non%C3%A7ons-1.pdf ou là : https://www.canalalpha.ch/play/minimag/episode/3819/risque-de-suicide-quel-soutien-psy-pour-les-migrants-a-boudry

      [2] Le 17 février, la radio RTN révèle un cas d’hypothermie survenue au centre de Boudry 2 jours plus tôt : https://www.rtn.ch/rtn/Actualite/Region/20210215-Etat-d-hypothermie-au-Centre-de-Perreux.html

      [3] Voir à ce sujet les p. 51-52 du Plan d’exploitation Hébergement : https://www.plattform-ziab.ch/wp-content/uploads/2020/10/SEM_PLEX_2020.pdf

      [4] A ce sujet, sur les violences au Centre de Giffers : https://asile.ch/2020/06/23/le-courrier-violences-a-chevrilles, sur celles au centre de Bâle : https://3rgg.ch/securitas-gewalt-im-lager-basel , témoignages récoltés par Migrant Solidarity Network (1 et 2), ici le rapport de la Commission Nationale de Prévention de la Torture : https://asile.ch/wp-content/uploads/2021/01/CNPT_CFA_DEC_2020-fr-1.pdf et là le communiqué de humanrights.ch : https://www.humanrights.ch/fr/qui-sommes-nous/commentaire-violences-cfa

      Lettre reçu via la mailing-list Droit de rester, le 12.03.2021

    • Les conséquences de l’asile au rabais

      Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) est enfin sorti de son mutisme. Mercredi, sous pression, après d’énième révélations sur des cas de mauvais traitements dans les centres d’asile, il a annoncé qu’il mandatait une enquête indépendante concernant plusieurs cas de recours excessif à la force.

      C’est une avancée car, jusqu’ici, l’institution n’avait jamais reconnu de dysfonctionnements. Alors que quatre plaintes avaient été déposées contre la société de sécurité #Protectas en juin dernier par des demandeurs d’asile blessés au centre de #Chevrilles, il n’avait pas bronché, déléguant d’éventuelles sanctions à la société privée. Plus d’un an après, justice n’a toujours pas été rendue. Certains plaignants ont été expulsés…

      Le SEM affirme avoir aussi suspendu 14 membres du personnel de sécurité impliqués dans différentes affaires, notamment pour un recours abusif à des « #salles_de_réflexion », que certain·es nomment « salles de torture ». Berne a été sommé de réagir suite à un enregistrement clandestin qui prouve que les agent·es n’hésitent pas à falsifier des rapports dans le but de justifier le recours à la violence. Le SEM a annoncé qu’il allait réexaminer les modalités de recrutement du personnel de sécurité et leur formation.

      C’est un premier pas, mais insuffisant. Quatorze suspensions pour combien d’incidents impunis ? « J’ai vu des gens se faire tabasser sous mes yeux… la plupart ne portent jamais plainte. Si tu te plains, tu peux être sûr que les sévices doubleront », nous confiait hier un homme qui a résidé au centre de #Boudry et de Chevrilles.

      Les associations actives dans le domaine de la migration dénoncent depuis des années le processus de #privatisation de l’asile. La Confédération recoure à des sociétés privées pour assurer la sécurité et l’encadrement dans ses centres. Or, ces entreprises ont pour objectif de faire du profit. Il n’est pas étonnant qu’elles lésinent sur les moyens. Recrutements à la va-vite, formations inexistantes et contrats précaires engendrent des situations explosives où le personnel est démuni face à une population au parcours extrêmement difficile.

      La Suisse doit faire mieux, elle en a les moyens. Alors que des personnes cherchent ici protection, elles rencontrent violence et mépris. Il est inacceptable que nos impôts continuent à financer un système arbitraire perpétuant une terreur que les personnes migrantes ont fuit au péril de leur vie.

      https://lecourrier.ch/2021/05/06/les-consequences-de-lasile-au-rabais

    • Documentation | Violences dans les centres fédéraux d’asile

      Depuis plusieurs mois en Suisse des cas de violences perpétrées dans et autour des centres fédéraux d’asile (CFA) ont été dénoncés. Sans changements significatifs opérés, d’autres sont à craindre. Pour que les personnes réfugiées ne soient pas à nouveau des victimes isolées, il est important d’apporter un regard externe sur ce qui se passe au sein des CFA. Ces questions touchent à la cohésion sociale. Le 5 mai 2021, les résultats d’une enquête de médias associés ont été présentés au public (https://www.rts.ch/info/suisse/12175381-bavures-et-rapports-trafiques-la-securite-derape-dans-les-centres-feder), révélant à nouveau des exactions commises par les employé.es des sociétés de sécurité envers des résident.es. Le Secrétariat d’État à la migration (SEM) a réagit par voie de presse (https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-83389.html) en annonçant l’amorce d’une enquête indépendante. Les médias et la société civile jouent un rôle essentiel pour faire la lumière sur des questions de sécurité publique et de respect des droits humains.

      Le 5 mai dernier les résultats d’une enquête de la RTS (https://www.rts.ch/info/suisse/12175381-bavures-et-rapports-trafiques-la-securite-derape-dans-les-centres-feder), SRF et la WOZ a été rendue publique. En s’appuyant sur des enregistrements et témoignages, elle documente plusieurs exactions commises par les personnes en charge de la sécurité dans différents centres fédéraux d’asile. “Des rapports sont parfois truqués par les agents de sécurité pour se couvrir. En réaction à ces révélations, le Secrétariat d’État aux migrations a fait suspendre 14 de ces employés de sociétés privées et lance une enquête externe” (RTS). Le téléjournal de midi, de 19h30 et l’émission Forum en ont parlé. Le matin même, le SEM a publié un communiqué annonçant avoir été informé du recours à des “mesures coercitives disproportionnées” de la part d’agent.es de sécurité. Demandé depuis plusieurs années par la société civile, il annonce avoir chargé l’ancien juge Niklaus Oberholzer d’une enquête indépendante et vouloir réfléchir au recrutement et à la formation de ces personnes . Le quotidien Le Courrier (https://lecourrier.ch/2021/05/05/quatorze-agent%c2%b7es-de-securite-suspendu%c2%b7es) est allé à la rencontre du collectif Droit des rester Neuchâtel qui doute de ces dernières mesures : « Nous demandons que ce soit des entités publiques à but non lucratif qui gèrent l’encadrement. Celles-ci doivent engager des professionnel·les de la médiation, du travail social, de l’interculturalité et de la santé. »

      Avant cela, le 28 avril 2021 le Secrétariat d’État à la migration (SEM) avait publié un communiqué (https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-83251.html) déplorant l’augmentation des menaces envers les centres d’asile fédéraux (CFA). Il y est fait état de déprédations faites aux bâtiments, mais également de menaces et de mises en danger d’employé.es du SEM. Dans le viseur, des « groupes de gauche radicale » qui feraient appel via leur site à des actes de vandalisme, ou même appel à la violence envers des employé⸱es. Les associations de défense du droit d’asile ont condamné de tels procédés. La Plateforme Société civile dans les centres fédéraux s’est positionnée (https://mailchi.mp/d2895a50615c/neuigkeiten-baz-nouveauts-cfa) en rejetant toute forme de violence. Le collectif bâlois 3RGG -auteur d’un rapport répertoriant les actes violents envers les personnes requérantes d’asile au sein du centre fédéral d’asile du canton de Bâle (BässlerGut) – se distancie également de ces méthodes (https://asile.ch/2021/04/30/3rgg-communique-violences-dans-les-camps-federaux-dasile) qui ne sont pas les leurs. Ses auteurs regrettent que leurs appels à se mobiliser contre les violences impunies du personnel de sécurité envers des résident⸱es isolé⸱es n’ait connu que peu d’échos dans les médias et dans la vie des centres en conséquent.
      Jusqu’ici ce sont d’autres types de dénonciations de violence en lien avec les CFA qui ont été exprimées. En 2021, au CFA de Boudry (NE) c’est un cas d’hypothermie (https://lecourrier.ch/2021/02/17/hypothermies-au-centre-dasile) pour une personne placée en « cellule de dégrisement » qui a servit de révélateur à ce que Droit de rester Neuchâtel décrit comme un « réel système punitif ». En 2020, dans le centre de renvoi de Giffers, quatre #plaintes (https://asile.ch/2020/09/22/solidarite-tattes-giffers-visite-aux-requerants-qui-ont-denonce-des-violences) ont été déposées contre la société de sécurité Protectas pour des exactions envers des résident.es. A BässlerGut, le travail d’enquête (https://asile.ch/2020/07/30/enquete-violences-au-centre-federal-de-bale-quand-le-systeme-deraille) poussé qu’avait publié le collectif 3 RGG faisait état de violences graves perpétrées par des personnes en charge de la sécurité envers les personnes résidentes, avec des processus de dénonciation inefficient à l’interne. La commission nationale de prévention de la torture (CNPT) après une visite au sein de plusieurs CFA en janvier 2021 suggérait elle aussi des améliorations (https://asile.ch/2021/01/20/cnpt-rapport-dobservation-des-centres-federaux-dasile-la-violence-pointee-du-d) concernant la gestion des conflits, la prévention de la violence et la gestion des plaintes. Une des réponses offerte par le SEM est celle de la réouverture du centre spécifique des Verrières pour accueillir les personnes qui « représentent une menace pour elles-mêmes ou pour autrui ». L’OSAR s’inquiète (https://www.osar.ch/communique-de-presse/centre-des-verrieres-les-requerants-dasile-doivent-beneficier-dune-representati) de cette mise à l’écart pour des personnes généralement fragilisées. Selon l’organisation, il vaudrait bien mieux miser sur la prévention de la violence et renforcer l’encadrement.

      Liées à des conditions structurelles, ces dénonciations de part et d’autres ne s’arrêteront probablement pas là. Dans ce jeu du chat et de la souris, les médias et la société civile jouent un rôle important pour faire la lumière sur des dynamiques en présence. L’éditorial du dernier numéro de la revue Vivre Ensemble le rappelait : ” […] les centres fédéraux réunissent les deux ingrédients de la violence institutionnelle : fermés d’accès au regard public, ils donnent au personnel un pouvoir énorme sur une catégorie de personnes. Or, les véritables garde-fous à l’impunité et à l’arbitraire se situent du côté de la transparence. Et la société civile est bien là, du côté des victimes, et ne manque pas de le lui rappeler. “

      https://asile.ch/2021/05/07/documentation-violences-dans-les-centres-federaux-dasile

    • Centres fédéraux | À l’écoute des victimes

      Le #déni des autorités intenable face à la médiatisation des violences

      Le mois de mai aura vu la question des violences dans les CFA tenir une belle place dans l’actualité. D’abord avec les enquêtes de la RTS, de la SRF et de la Wochenzeitung, puis avec le rapport d’Amnesty International qui relate des cas de maltraitances à l’égard de requérant·es d’asile qui pourraient s’assimiler à de la torture [1]. Des témoignages de victimes, mais également d’ancien·es employé·es des centres ont été recueillis et des enregistrements, effectués à l’insu du personnel de sécurité, ont permis d’établir que leurs rapports de sanction à destination du SEM sont truqués.

      Ces enregistrements proviennent du téléphone d’une femme enfermée dans un container-cellule. Le mobile lui avait été confisqué par le personnel de sécurité et a capté deux heures de leurs conversations. Cela se passe donc dans la loge des agent·es de sécurité de Protectas, il y a quelques mois au CFA de Boudry dans le canton de Neuchâtel. On y entend les agent·es discuter du contenu du rapport qu’ils doivent faire parvenir au SEM pour justifier leur mise en cellule. Une agente qui n’a pas assisté aux événements est chargée de le taper. Les cellules, ce sont donc ces containers sans aucuns meubles, dotés seulement d’une petite fenêtre, à l’odeur de vomi, d’urine et tâchés de sang au sol. Les requérant·es d’asile y sont enfermé·es, parfois pendant deux heures, parfois plus. Une caméra permet de les filmer.

      Ces pratiques, éminemment choquantes ne sont pas étonnantes. Elles sont davantage la conséquence d’un système, plutôt que le fait d’individus. Car les événements qui ont eu lieu dans différents CFA, à différentes dates, se ressemblent de façon troublante. À l’origine de ces actes de violence, il y a le plus souvent des événements que l’on pourrait qualifier d’incidents. Un téléphone volé, un masque sous le nez ou une perte de patience dans la longue file d’attente pour le repas. Et plutôt que d’apaiser les conflits de façon non violente et bienveillante, le personnel de sécurité les amplifie en usant de sa force physique et verbale, de ses gros bras et de son uniforme imposant. À cela s’ajoutent des mesures radicales comme ces mises en cellule appliquées de façon arbitraire et non conforme au règlement du SEM. Comme on l’a entendu, il suffit d’enjoliver le rapport pour le SEM pour maquiller ces imperfections. Le SEM doit d’ailleurs en être conscient, mais en déléguant ces tâches à des prestataires privés, il peut allégrement fermer les yeux. La responsabilité est dissoute dans la chaîne hiérarchique. Alors que légalement le SEM est pleinement responsable.

      Les dénonciations de nombreux collectifs dans différents CFA depuis plus d’une année et à de nombreuses reprises ont longtemps été traitées avec mépris par le SEM, qui a toujours nié ou prétendu avoir pris des mesures. Il aura fallu ces preuves irréfutables et un dégât d’image important pour le faire plier, un tout petit peu.

      Il a annoncé la suspension de 14 agent·es de sécurité, un audit interne, une enquête externe à Boudry par un ancien juge fédéral, la suppression des containers et une réflexion sur la mise en place d’un bureau externe chargé de recueillir les plaintes des requérant·es d’asile. On peut se réjouir de ce dernier point. Mais reste encore à voir quelle sera la mise en œuvre concrète. Pour le reste, ne nous méprenons pas. Il ne s’agit pas là d’une révolution, mais bien d’une communication bien rôdée.

      Car évidemment il ne suffira pas que les containers insalubres soient remplacés par de jolies salles de « réflexion » aux couleurs apaisantes. Parce que sales ou propres, cela restera des cellules. Il n’est pas suffisant non plus que les agent·es de sécurité impliqué·es dans les quelques affaires récemment médiatisées soient remplacé·es par d’autres. Tant que le cadre de travail sera le même, les mêmes violences se reproduiront. Il suffit de lire le rapport d’Amnesty et les témoignages d’anciens agents de sécurité ou d’assistants sociaux pour comprendre combien celles-ci font partie de la culture d’entreprise. On ne peut que redouter qu’un nouveau lieu à haut potentiel de violence systémique sorte de terre à Genève, dans le cadre du projet de construction d’un centre fédéral au Grand-Saconnex (lire ici).

      Tant que les requérant·es d’asile continueront à être considéré·es comme une catégorie de la population à part, rien ne changera. Il faudra continuer de dénoncer ce qui se passe derrière les portes de ces centres. Et d’écouter, sans mettre en doute, la parole des réfugié·es qui se seraient bien passé de subir de nouvelles violences, après avoir fui celles de leur pays et en avoir subi sur la route de leur exil. On peut ici souligner le rôle des médias qui ont, à travers leurs investigations, contribué à amener sur la place publique des pratiques dénoncées depuis de nombreuses années par des organisations de la société civile. Et contraint les autorités d’asile à sortir du bois.

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      INÉDIT | Immersion dans la loge des agent·es de sécurité du CFA de Boudry

      L’enregistreur vocal du smartphone était enclenché. Confisqué par des agent·es de sécurité du Centre fédéral de Boudry, le téléphone d’une requérante d’asile a enregistré par inadvertance durant près de deux heures les conversations qui se sont tenues dans leur loge. Nous publions la retranscription complète et inédite de cette capture audio, anonymisée.

      Discussions entre membres du personnel, interactions avec des requérant·es d’asile : les échanges sont révélateurs d’un climat latent d’irrespect et de violence ordinaire induite par le rapport de force et le choix de confier l’encadrement des résident·es des Centres fédéraux d’asile à des agents de sécurité démunis d’outils de médiation. La gestion uniquement sécuritaire des tensions, inévitables dans des lieux de vie collectifs, l’absence de prise en compte par le personnel d’une réalité évidente, celle que les personnes logées là sont dans une angoisse existentielle liée à leur demande de protection, l’impunité renforcée par des mécanismes visant à tout régler « à l’interne », ressortent de leurs propos. Dans la dernière édition de la revue « Vivre Ensemble », nous avons publié un extrait de cet enregistrement : celui-ci montre comment les agent·es trafiquent un rapport justifiant la mise en cellule d’isolement d’une femme, en accusant celle-ci d’acte de violence. La retranscription complète de l’enregistrement montre que celle-ci était venue solliciter l’aide de la sécurité pour que celle-ci aide un enfant (en pleurs) à récupérer un téléphone portable qu’il s’était fait voler par un homme hébergé au centre, et que face au refus de l’agent, elle avait voulu en référer à la direction du centre. La suite permet de s’immerger dans un huis clos quasi fictionnel.

      https://asile.ch/2021/08/23/centres-federaux-a-lecoute-des-victimes
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      Transcription d’un enregistrement audio réalisé au Centre fédéral d’asile de Perreux (Boudry)

      Date: mercredi 20 janvier 2021, en fin de journée

      Légende

      A : femme requérante d’asile, dont le téléphone a capté cet enregistrement
      AS 1 : agent de sécurité impliqué dans la scène de démarrage du conflit
      AS 2 : agent de sécurité qui vient rapidement en renfort du 1er. Il semble qu’il y ait deux personnes derrière AS 2. Les voix sont difficiles à identifier
      AS 3 : agente de sécurité avec une fonction qui semble supérieur à AS 1 et 2
      AS 4 : agente de sécurité avec une fonction dirigeante, ou en tout cas davantage administrative car elle rédige les rapports
      + autres agent·es non-distingués les un·es des autres
      Le téléphone d’un enfant vient d’être volé dans le centre par un requérant d’asile à qui il l’avait confié. « A » interpelle alors un agent de sécurité pour lui demander d’agir et de retrouver le téléphone. L’agent de sécurité pense que l’enfant est son fils, mais ce n’est pas le cas. A enclenche alors le mode enregistrement sur son téléphone.

      A : You’re the security and you should to take a look
      Agent de sécurité 1 : No, no security for look the child, look your phone there
      A : I’ll complain, I’ll complain about that interacting
      AS 1 : No, what what, the time where you put your phone here, no security must look, it’s your mission.
      A : You’ll not try to search, not at all ?
      AS 1 : No, no, no, that your responsability.
      A : But you’re security
      AS 1 : That your responsability. Look, your children, madame, your children, they go up. The time when something happens to up, you come see security ?
      A : But normally you’re accessing the doors without permission ?
      AS 1 : I ask you, you no see your children you (mot incompréhensible)
      A : I’ll complain about that. What is your name or number of the working ? Because you’re just not searching for this telling stuff but discussing about me
      AS 1 : Yes
      A : You don’t do that. So what is your name because I need to complain.
      AS 1 : For me ?
      A : Yes or number of working.
      AS 1 : My number ?
      A : Yes
      AS 1 : For what ?
      A : For working. Because you’re working here and you have the number. I’ll complain, believe me, you don’t do your work
      AS 1 : No. Madame, I’m telling you something, ok ? I know place you’re coming from, ok ?
      A : Poland
      AS 1 : Ok in Switzer… I don’t know.
      A : We’re complainig pretty much and we’ll complain, not to the SEM, but your boss I’ll complain, Protectas, and to the SEM, to the SEM, to the government and to the everyone.
      AS 1 : If you don’t take your responsability… (en s’adressant à un autre requérant d’asile) Brother, brother, come in please. Tell this woman, ok, « if you come here… »
      A : (également à l’autre requérant d’asile) He doesn’t want to check the stealing stuff but they’re accessing the doors and checking the people. But he can’t check the stealing stuff.
      AS 1 : Can you leave me talk with him ?

      Brouhaha car A et AS 1 parlent en même temps avec beaucoup de bruits en arrière-fond et notamment l’enfant qui s’est fait voler son téléphone qui pleure. On entend plusieurs autres requérants d’asile parler de ce qui s’est passé. AS1 finit par proposer à A de se rendre à la loge des agent.es de sécurité pour discuter de l’affaire.

      AS 1 : Can you go to the security office ?
      A : (A l’enfant qui pleure) Yes, we’ll look for you phone. (à AS 1) You still didn’t tell me your number !

      Echanges entre différents requérants d’asile avec l’agent de sécurité. A redemande le numéro de l’agent et insiste.

      AS 1 : Take my picture
      A : No, I don’t want to take your picture
      AS 1 : Take my picture
      A : Ok no problem

      A le prend en photo. On entend ensuite du bruit et on imagine que l’AS1 essaie de lui retirer son téléphone et user de la force. A commence à gémir « ahouaoua, ahouaha » (« aïe » à de multiples reprises).

      https://asile.ch/2021/06/30/inedit-immersion-dans-la-loge-des-agent%c2%b7es-de-securite-du-cfa-de-boudry

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      Violences | un arrière-goût de déjà-vu

      Une enquête est en cours pour déterminer si des mesures coercitives disproportionnées ont été utilisées à l’encontre de requérants d’asile dans certains centres fédéraux. Il s’agirait, selon certains, de dérives individuelles. Selon d’autres, l’autorité a tort de sous-traiter une tâche régalienne à des sociétés privées.

      En fait, le problème se pose depuis belle lurette. En 1993 déjà, l’aumônerie genevoise auprès des requérants d’asile (AGORA) relevait, dans une lettre à l’Office fédéral des réfugiés (ODR), le SEM d’alors, que le personnel mis en place dans le Centre d’enregistrement de La Praille, inauguré l’année précédente, « n’était ni assez nombreux ni suffisamment formé pour remplir sa tâche. » L’aumônerie ajoutait que ce personnel n’assurait pas « un minimum d’écoute permettant de désamorcer les tensions ».

      La gestion de ce centre avait été confiée à l’ORS Service SA et à Securitas. Le CHERANE (Conseil pour l’hébergement des requérants non-enregistrés) qui, avec le soutien d’associations et du canton, assurait depuis deux ans l’accueil des candidats à l’asile, avait été écarté. Le M. Réfugiés de l’époque, Peter Arbenz, avait déclaré « ne pas avoir besoin d’assistants sociaux avec une mentalité tiers-mondiste ». Le Conseil d’État genevois avait boycotté l’inauguration, expliquant le refus de l’offre du CHERANE par « la crainte d’introduire le loup des œuvres d’entraide dans la bergerie fédérale ». « Les locaux de la discorde », avait titré la Tribune de Genève (18.04.1992).

      L’aumônerie, qui pouvait, avec de strictes limitations, pénétrer dans le Centre d’enregistrement, a dénoncé maintes fois, au cours des années suivantes, ce qu’elle considérait comme des abus. Certes, des membres du personnel faisait preuve d’empathie envers les requérants, mais, dans l’ensemble, le système policier établi manifestait bien plus une méfiance, voire un rejet qu’un accueil de personnes en quête de protection.

      À mes yeux, cette attitude reflétait le regard de peur, ou même d’hostilité porté par une partie de la population et des autorités sur des requérants d’asile dont beaucoup venaient de subir moult épreuves et souffrances. J’ai peur qu’il en soit toujours de même.

      https://asile.ch/2021/08/23/violences-un-arriere-gout-de-deja-vu

      #violence #torture #maltraitance #Protectas #SEM #Boudry #responsabilité

  • Migranti a #Monastir, affari & intrighi

    Ex ministri d’oltralpe consulenti della società che gestisce il lager alle porte di Cagliari.

    Chissà se Francesco, il Papa degli ultimi, si è mai ritrovato tra le mani il curriculum vitae di Ruth Metzler, la donna che da due anni guida la fondazione della Pontificia Guardia Svizzera in Vaticano. Di certo Jorge Mario Bergoglio ignora uno degli ultimi incarichi di Madame Metzler, donna multidisciplinare, capace di passare dal ruolo di ministro della Giustizia e della polizia svizzera a quello ben più privato di presidente del comitato consultivo della Ors, la multinazionale sbarcata in Sardegna per far soldi senza troppi convenevoli dalla gestione dei migranti. Business, senza se e senza ma, l’esatto contrario di quanto professato dal Santo Padre. Il comitato, nato come garante della scalata privata della Ors alla gestione dei migranti, con l’esplicito intento imperialista per la conquista del Mediterraneo, è il fiocco scintillante sull’operazione da mani sull’emigrazione. La storia di Ors, però, ora dopo ora, assume i connotati di un vero e proprio intrigo internazionale, secretato nelle rive del lago di Zurigo e in quelle del Tamigi.

    Missione Sardegna

    Lo sbarco in Italia ha una data: 8 gennaio 2020, giorno in cui la società diventa, di punto in bianco, attiva alla Camera di Commercio di Roma, come se la divina provvidenza gli avesse suggerito di tenersi pronta. Il progetto è chiaro: missione Sardegna. Gli bastano pochi mesi di attività per spazzolare tutto quello che c’era disponibile nell’Isola. In sordina conquista la gestione del Centro Rimpatri di Macomer e ai primi di marzo fa il colpaccio, a trattativa privata, sino alla definizione dell’appalto, con l’affidamento provvisorio del ghetto di Monastir. Rase al suolo le concorrenti, quasi tutte siciliane, che da sempre si erano spartite la torta infinita dell’accoglienza. Nell’oasi di Monastir, fattasi lager, non passa giorno senza una guerriglia annunciata. Polizia e carabinieri in perenne tenuta antisommossa come se in quell’enclave di criminalità e Covid latente non ci fosse un responsabile. Ors Italia, accampata in quel lager a gestire un appalto da tre milioni di euro in due anni, è silente. In prima linea tanto ci sono gli uomini e le donne dei blindati schierati in assetto permanente da guerriglia urbana, l’ennesima, sempre pronta ad esplodere.

    200 giorni per l’antimafia

    Un’assegnazione provvisoria quella della prefettura, visto che gli stessi organismi del braccio dello Stato in terra sarda non hanno ancora messo nero su bianco il certificato antimafia, indispensabile per cifre di questa portata. Un dato è eloquente: dopo 200 giorni lo Stato non ha ancora dato il via libera a quel certificato. Ritardi cronici, Covid burocratico o cos’altro? È evidente che affidare per la terza volta con proroga, in scadenza a fine mese, un appalto di questa portata non è roba di poco conto. Serve non poca freddezza per assumersi onori e soprattutto oneri. A Monastir il business, intanto, non si ferma.

    Totalizzatore

    Il totalizzatore degli introiti è in continuo aggiornamento: ieri i migranti, quasi tutti algerini, erano 183, poi, in mattinata, 25 li hanno dirottati in una struttura di Capoterra, tenuta coperta dai sigilli di segretezza. Altri 11 sono arrivati in serata. Alla conta finale delle 20 erano 169. È possibile, ma non è confermato, che i 25 dell’Alan Kurdi, quelli destinati all’Italia, vengano fatti scendere ad Olbia e poi trasferiti a Monastir, giusto per non ridurre il capitale migratorio nel quartier generale della multinazionale svizzera. Del resto stando alle parole della signora Ruth, la presidente del comitato consultivo, «la Ors è sinonimo di assistenza e alloggio professionale e umano per richiedenti asilo e rifugiati». Peccato che non abbia avuto il tempo di visionare le immagini che abbiamo proposto nel nostro giornale, forse, avrebbe evitato di spendere quelle impegnative parole per un ghetto infausto alle porte di Cagliari. Se per alloggio professionale si intende quel tugurio di sbarre e quei cumuli di puzzolente gomma piuma vuol dire che il business sta sconfinando in altro. Un dato, però, emerge inequivocabile aprendo gli scrigni di questa Ors, sede a Zurigo, in un sobborgo periferico, senza pregio e senza nemmeno una modesta targa di facciata. Sono due gli intrecci gestionali di questa società. Ci sono i piani alti e quelli comunali. Per i piani alti Juerg Benno Roetheli ha scomodato prime donne e primi uomini.

    Madame Metzler

    L’operazione sbarco nel Mediterraneo ha messo nero su bianco nomi e cognomi altisonanti. Tutti personaggi di primo piano che urlano contro immigrazione e invasione salvo, poi, diventare i paladini di una società che proprio dai migranti vuol far soldi, a palate. Pronti ad erigere muri nelle loro patrie, altrettanto protesi a costruire ponti per lo sbarco in Sardegna e non solo. Madame Metzler nell’impresa di sponsorizzazione non è rimasta sola. Al suo fianco nel comitato della Ors, quella che gestisce Monastir e Macomer, ci sono Rita Fuhrer, già ministro degli Affari sociali e della Sicurezza del Canton di Zurigo, così come Erwin Jutzet già membro del governo di Friburgo con delega alla Sicurezza e Giustizia, sino al vice cancelliere austriaco e ministro degli Affari esteri dell’Austria Michael Spindelegger. Quelli che fanno i muri a casa loro ora indicano la strategia: privatizzare la gestione e affidarsi a Ors. La società non si fa pregare e per guadagnare a piene mani dai migranti apre il fronte italico con lo sbarco in Sardegna e dintorni. Dal proscenio internazionale dei sostenitori della multinazionale a quello dietro casa, tra Roma e Avellino. È questo il secondo filone societario della Ors Italia, la compagine destinata a conquistare il governo degli imbarcati dal nord Africa verso la Sardegna.

    Il filone Avellino

    Il manager svizzero Jurge Roetheli, a capo della multinazionale del business sui migranti, non si fida di nessuno e anche per l’operazione sardo italiana non lascia spazio a incursioni esterne. Si autonomina presidente del Consiglio di amministrazione ma al suo fianco mette due uomini di stretta osservanza campana, i due Reppucci, Maurizio, nominato amministratore delegato e Antonio, già sindaco del paese di Chiusano di San Domenico, duemila anime nell’enclave di Avellino. Nella sede di Piazza Annibaliano a Roma, davanti ad un cassonetto, al numero 18, il palazzo è un crocevia di decine e decine di società, tutte nello stesso ufficio. Nessuna targa esterna per una multinazionale che per costituirsi non ha scelto le vie del centro della Capitale. Dopo la chiusura nazionale della gestione comunale dell’accoglienza, messa in campo con i decreti cosiddetti Sicurezza, si sono aperte le praterie allo sbarco senza guanti delle multinazionali nella gestione dei centri di accoglienza e rimpatrio. La Sardegna, tra Macomer e Monastir, è la prima a toccarne con mano le conseguenze.

    Retromarcia austriaca

    Prima dei due centri sardi lo hanno, però, provato in Austria che, dinanzi allo sbarco della Ors, benedetto dall’ex vice Cancelliere, ha deciso di cambiare radicalmente rotta: gestione pubblica del fenomeno migratorio. Il ragionamento d’oltralpe è stato chiaro: i privati hanno tutto l’interesse a ridurre i servizi per favorire il guadagno. Da qui la nascita dell’agenzia pubblica per l’assistenza ai rifugiati. Il quotidiano USA Today ha paragonato la gestione dei centri di accoglienza in Europa alla logica delle carceri private statunitensi, basata sul principio del taglio dei costi e della massimizzazione del profitto. Nel sistema privato, fanno rilevare, ci sono prestazioni inadeguate, pagate care e ridotte nei servizi ai minimi termini. Dalle visite mediche al cibo, dalla qualità degli alloggi all’assistenza. Nel lager di Monastir il business dei migranti è appena agli inizi. Manca il certificato antimafia e tra cinque giorni scade il contratto provvisorio e d’urgenza con gli svizzeri della Ors. Il caos regna sovrano e i denari scorrono a fiumi. Il triangolo Zurigo, Avellino e Monastir è solo la punta di un iceberg, quello degli affari sui migranti.

    https://www.unionesarda.it/articolo/news-sardegna/cagliari/2020/09/25/migranti-a-monastir-affari-intrighi-136-1063321.html

    #asile #migrations #réfugiés #ORS #Italie #Sardaigne #centre #Ruth_Metzler #Rita_Fuhrer #Erwin_Jutzet #Michael_Spindelegger #Maurizio_Repucci #Antonio_Repucci

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    Ajouté à la métaliste :
    https://seenthis.net/messages/802341

  • Captain Maurice Seddon - The Seddon Tapes Volume 1 - Boomkat
    https://boomkat.com/products/the-seddon-tapes-volume-1

    Classic British eccentric and electronics whizz Captain Maurice Seddon is subject of this remarkable collection of recordings, posthumously salvaged from tapes found strewn around his house in Datchet, directly beneath the flight path to Heathrow.

    A real treat for voyeurs and listeners who appreciate an extremely plummy British accent prone to regularly slip into German, The Seddon Tapes Vol. 1 features 12 excepts from Seddon’s taped telephone recordings, which would be received and dealt with on a homebuilt system controlled by pedals which brilliantly enough only allowed one person to speak at a time - if they were quick enough to get a word in between Seddon’s stories about school at Gordonstoun, his homemade heated clothing, or his pack of dogs.

    It’s almost worth the entry alone just to hear the Captain firmly tell an American TV fixer from The Tonight Show that he needs more money to appear on their programme, but also for amazing 8-page booklet of extensive, in-depth descriptions of Seddon’s home and history by the record’s producers, Clive Graham and William English.

    • https://www.soundohm.com/product/the-seddon-tapes-volume-1

      These recordings were collected by William English from the floor of Captain Seddon’s cottage shortly after he died and just before the building was demolished. Many other tapes were left behind. The only recordings he made were audio letters, diaries and most prolifically, his phone conversations. The 12 pieces on this LP were recorded between 1968 and 2003 and mainly consist of phone calls, incoming and outgoing; to TV and radio stations, friends, relatives, his dentist and sundry others. That anyone would routinely record their phone conversations on a 2-way system of their own devising is odd enough, but the sheer range and sometimes bizarre nature of these calls turns them into a strange ‘objet trouvé’, and offers a glimpse into the life of a man who undoubtedly left a strong impression on everyone he came into contact with. Edition of 500 numbered copies, Comes with an 8 page 12” insert to help explain it all.

      Captain #Maurice_Seddon — a living anachronism. A unique combination of eccentricity and military discipline. He also bore the confidence endowed by an elite public school education, but due to a change of family fortune he was left with no money, and eventually, no job. Far from being snobbish, he faces the world anew and becomes an inventor of heated clothes, with a tremendous willingness to talk to and meet people from all walks of life, cheerfully maintaining and advocating his own exacting standards, occasionally proclaiming a well measured indignation towards the modern age. Somehow he manages to stay (most of the time), on the right side of pomposity, by exuding a calm, forgiving good nature and natural charm. Speaking English, but lapsing into German, only adds to the eccentricity.

  • La Grande Transformation (VII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-VII

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    Au sujet de l’idéologie des trois fonctions mise en exergue par Georges Dumézil, nous ne savons pas si cette cosmovision vient de la réalité ou si elle est une vision idéologique de la réalité qui serait suggérée et imposée par les conquérants indo-européens faisant en sorte que la réalité (sociale) issue de leur conquête ne puisse plus être contestée et s’impose comme incritiquable. Nous pouvons nous poser la même question au sujet de l’existence de la nature. Est-ce une idéologie ou une cosmovision ? Quand l’idéologie est partagée par tous, alors elle est en voie de devenir une cosmovision, c’est ce qui se passe avec la nature. La nature n’est pas un concept donné, c’est un concept laborieusement acquis par le plus grand nombre dans une société qui s’adonne entièrement au commerce, c’est alors qu’il devient une cosmovision. Pourtant le concept même d’un virus pénétrant l’intimité du sujet devrait nous conduire à percevoir avec plus de subtilité l’interaction entre notre environnement et nous, nous et notre environnement, entre « culture » et « nature », pour reprendre les concepts généralement utilisés de nos jours par les anthropologues. Nous nous apercevrions alors que la frontière est désormais plus floue que nous ne le pensions, qu’elle est plus un acte de volonté de notre part qu’une réalité. (...)

    #Karl_Polanyi #Georges_Dumézil #Maurice_Godelier #cosmovision #culture #asservissement #aliénation #État #État

  • 17 octobre 1961 : plusieurs centaines de manifestants algériens furent assassinés en plein #Paris. Ce jour-là, une manifestation pacifique regroupant des milliers d’Algériens se tenait, pour protester contre le couvre-feu imposé depuis octobre 1958 entre 20 h 30 et 5 h 30, la fermeture à 19 h 30 des débits de boisson tenus par des Algériens et l’interdiction faite aux Algériens de circuler en groupe. Le préfet de police de Paris, #Maurice_Papon, était chargé d’appliquer ces mesures. Malgré son rôle dans la déportation des Juifs sous le régime de Vichy, il était devenu chef de la police parisienne sous un gouvernement dirigé par #Michel_Debré et sous la présidence de de Gaulle revenu au pouvoir en 1958. Maurice Papon eut carte blanche pour maintenir l’ordre dans Paris. En pleine guerre d’Algérie, il n’était pas question pour le gouvernement de tolérer que des Algériens manifestent pour réclamer l’indépendance de leur pays. Il ordonna à la police de réprimer violemment la manifestation. Des milliers de manifestants furent arrêtés, emprisonnés – près de 12 000 au stade Pierre de Coubertin ou au Palais des Sports – torturés, notamment par la « force de #police auxiliaire », ou expulsés vers l’Algérie. Des centaines de manifestants perdirent la vie, matraqués ou jetés dans la Seine.

    La police, une arme de classe contre les travailleurs
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/05/15/la-police-une-arme-de-classe-contre-les-travailleurs_91492.h

    Il suffit d’imaginer – et le cas a peut-être existé – un policier français qui aurait eu une carrière de trente années, commencée en 1934. Sa première mission aurait été, le 6 février 1934, sous un gouvernement de droite, de combattre dans la rue contre les milices fascistes qui marchèrent ce jour-là sur l’Assemblée nationale. Quatre ans après, il aurait réprimé tout aussi brutalement la grève générale du 30 novembre 1938, qui se solda par la condamnation à la prison de plus de 500 grévistes. Moins d’un an plus tard, il aurait appliqué les décrets de dissolution et d’interdiction des organisations ouvrières avant de jouer, pendant le régime de Pétain, le rôle particulièrement ignominieux que l’on sait dans la chasse zélée aux Juifs. Le même policier, après avoir participé à la rafle du Vél’d’Hiv et à l’arrestation quotidienne de Juifs et de communistes pour les envoyer vers les camps d’extermination, se serait ensuite vu amnistier de tout crime à partir de la fin de la guerre, passer tranquillement de policier vichyste à policier de la IVe République, et se retrouver à réprimer avec une extrême violence les grèves de mineurs du Nord, en 1948. Et il aurait pu finir sa carrière à Charonne, le 8 février 1962, où la police tua huit manifestants contre la guerre d’Algérie, ou le 17 octobre 1961, où plusieurs centaines d’Algériens furent abattus par la police et jetés à la Seine.

    #répression #FLN #guerre_d'Algérie #manifestation #violence_policière #17octobre1961 #éphéméride #17_octobre

  • 17 octobre 2020, on commémore aussi le couvre feu du 17 octobre... 1961

    A ce sujet, #Georges_Azenstarck (1934-2020) vient de mourir. Photographe pour l’Huma, il avait documenté la vie des pauvres et des ouvriers, mais aussi la nuit du #17_octobre_1961, manifestation d’Algériens contre le couvre feu !!!

    Sous les ordres de #Maurice_Papon, la police parisienne a tué des dizaines d’Algériens, dont beaucoup furent jetés à la Seine. C’était il y a 59 ans, dans Paris, le massacre de civils le plus sanglant depuis la Commune. Pendant 30 ans les rares témoins ont essayé de rompre l’omerta organisée par les États français et algériens, par les partis de droite et d’extrême droite et certains partis de gauche.

    Azenstarck, le photographe qui a témoigné contre Maurice Papon
    Chloé Leprince, France Culture, le 8 septembre 2020
    https://histoirecoloniale.net/Le-photographe-George-Azenstarck-temoin-majeur-du-17-octobre-1961

    Dans ce documentaire de Faiza Guène et Bernard Richard, produit en 2002, il décrit sa soirée passée avec son collègue photographe à « L’Huma », les cadavres qu’il voit depuis le balcon du journal, qui s’entassent en contrebas dans la rue, du côté du Rex, “comme des sacs à patates”. Il décrit aussi les Algériens que la police traîne par le col, vifs ou morts, et ce camion qu’on appelait encore “panier à salade”, qui stationne une grosse dizaine de minutes sous sa fenêtre et lui masque la vue. Lorsque le camion remettra le moteur, les cadavres entassés auront disparu. Les tirs se sont tus, Azenstarck descend en trombe, il tente de photographier ce policier qui, seau d’eau à la main, tente en vain de nettoyer le sang sur le trottoir. On l’empêche assez vite de mitrailler. Mais ses pellicules de la soirée du 17 octobre 1961 serviront a posteriori à étayer la réalité : on a bien massacré des Algériens dans les rues de Paris ce soir-là.

    Mémoire du 17 Octobre 1961 (Bernard Richard et Faïza Guène, 2002, 17 minutes)
    https://www.youtube.com/watch?v=xVGT19qOUBA

    Le témoignage du photographe, ainsi que ses tirages, sont d’autant plus précieux qu’il s’est d’abord agi de planches contact : ni le 18 octobre 1961 ni les jours qui suivront, l’Humanité ne publiera les images de Georges Azenstarck. En 2011, il montre ses photos et parle de leur disparition mystérieuse du siège de l’Humanité, au début du film de la plasticienne Ariane Tillenon :

    17 octobre 1961 : "50 ans après, je suis là" (Ariane Tillenon, 2011, 15 minutes)
    https://www.youtube.com/watch?v=8pzuDOmELdY

    #France #Paris #racisme #Algériens #FLN #guerre_d'Algérie #manifestation #violence_policière #L'Huma #17octobre1961 #immigration #bidonvilles #colonialisme #police #pogrom_policier #massacre #histoire #violences_policières #impunité #torture

  • L’ombre du général Massu menace-t-elle toujours ceux qui travaillent sur la guerre d’Algérie ?
    https://www.franceculture.fr/histoire/lombre-du-general-massu-menace-t-elle-toujours-ceux-qui-travaillent-su

    Jusqu’où le secret défense peut-il empêcher de connaître précisément ce qui s’est passé dans l’histoire de France il y a plus de soixante-dix ans - et notamment pendant la Guerre d’Algérie ? Depuis près d’un an, l’accès à de nombreuses archives tend à se refermer à la faveur de procédures toujours plus scrupuleuses… ou d’intentions plus obscures, dénonce un collectif de chercheurs et d’archivistes qui viennent de déposer une requête devant le Conseil d’Etat, le 23 septembre 2020. Leur démarche, qui associe des historiens, le collectif Maurice Audin, et plusieurs associations d’archivistes, témoigne d’un bras de fer qui ne se relâche pas. Et même, d’un pourrissement qui court depuis déjà plusieurs mois.
    [...]
    Car le collectif qui a déposé la requête devant le Conseil d’Etat l’affirme : il ne s’agit pas seulement d’une question d’organisation concrète, qui pourrait se résoudre en acceptant par exemple le principe d’une déclassification carton par carton pour aller plus vite. Eux le refusent : c’est le principe même de l’intrusion de cette instance militaire placée sous l’autorité du premier ministre que les requérants contestent, depuis la réflexion sur l’histoire, et sur l’éthique du récit historien, qui est la leur depuis plusieurs décennies.
    Du jour au lendemain, début 2020, ce sont des pans entiers de notre histoire collective qui sont ainsi retombés dans le secret et l’obscurité d’arcanes soudainement verrouillées à double tour. Concrètement, ce tour de vis de l’appareil administratif et militaire a aussi signifié un arrêt brutal de nombreux travaux d’étudiants, et plusieurs thèses stoppées en rase campagne faute d’accès aux sources. Dans les centres d’archives, les archivistes sont face à des consignes strictes : quiconque dévoilerait ou aiderait à dévoiler des documents classés s’expose à des poursuites pénales.

    des poursuites pénales ??? ...et pourtant il y avait eu une promesse faite par le gouvernement l’an dernier : https://seenthis.net/messages/806315

    La pétition : https://www.change.org/p/emmanuel-macron-nous-d%C3%A9non%C3%A7ons-une-restriction-sans-pr%C3%A9c%C3%A

    #censure #armée #guerre_d'Algérie #Maurice_Audin #disparus #secret_défense

  • #Libye : « Entre la vie et la mort ». Les personnes refugiées et migrantes prises dans la tourmente des #violences en Libye

    En Libye, les personnes réfugiées et migrantes sont piégées dans un cycle de violences caractérisé par de graves atteintes aux #droits_humains, telles que la #détention_arbitraire pendant de longues périodes et d’autres formes de privation illégale de liberté, la #torture et d’autres #mauvais_traitements, les #homicides illégaux, le #viol et d’autres formes de #violences_sexuelles, le #travail_forcé et l’#exploitation aux mains d’agents gouvernementaux et non gouvernementaux, dans un climat d’#impunité quasi totale.

    https://www.amnesty.org/en/documents/mde19/3084/2020/fr
    #migrations #asile #réfugiés #violence #rapport #Amnesty_international #privation_de_liberté #droits_fondamentaux

    ping @karine4 @isskein