•  » [S1e5] Maurice Allais : Les effets destructeurs de la Mondialisation
    http://www.les-crises.fr/allais-les-effets-destructeurs

    Par Maurice Allais, Prix Nobel d’économie

    « Le véritable fondement du protectionnisme, sa justification essentielle et sa nécessité, c’est la protection nécessaire contre les désordres et les difficultés de toutes sortes engendrées par l’absence de toute régulation réelle à l’échelle mondiale. »
    Extrait d’une lettre ouverte adressée à Monsieur Jacques Myard, Député des Yvelines, 2005

    L’Europe a favorisé l’émergence d’une mondialisation sans barrière. N’a-telle pas aussi concouru à l’accroissement de ses difficultés économiques ?

    Les effets de la Mondialisation

    En fait, à partir de 1974 on constate pour la France une croissance massive du chômage, une réduction drastique des effectifs de l’industrie et une réduction très marquée
    de la croissance.

    Le taux de chômage au sens du BIT

    De 1950 à 1974, pendant vingt-quatre ans le taux de chômage au sens du BIT est resté constamment inférieur à 3 %. De 1975 à 2005, pendant les trente années suivantes, il
    s’est progressivement élevé pour attendre 12,5 % en 1997 et 10 % en 2005.

    Emplois dans l’industrie

    Alors que de 1955 à 1974 les effectifs dans l’industrie s’étaient accrus d’environ 50.000 par an, ils ont décru de 1974 à 2005 d’environ 50.000 par an. Les effectifs de l’industrie ont atteint leur maximum d’environ 6 millions en 1974.

    Produit intérieur brut réel par habitant

    De 1950 à 1974 le taux de croissance moyen du PIB réel par habitant a été de 4 %. De 1974 à 2000 le taux moyen de croissance a été de 1,6 % avec une baisse de 2,4 % , soit une diminution de 60 %.

    #Mondialisation
    #Maurice-Allais

  •  » [S1E3] La mondialisation, le chômage et les impératifs de l’humanisme, par Maurice Allais (2000)
    http://www.les-crises.fr/mondialisation-humanisme

    L’instauration d’une société humaniste est gravement compromise si le fonctionnement de l’économie génère trop de revenus indus et engendre du chômage, si la promotion sociale est insuffisante et si des conditions défavorables s’opposent à l’épanouissement des individualités, si l’environnement économique est par trop instable, et enfin si le cadre institutionnel de l’économie est inapproprié.

    La question majeure d’aujourd’hui, c’est de toute évidence le sous-emploi massif qui se constate (de l’ordre de six millions en France, compte tenu du traitement social de plus en plus étendu du chômage). Ce sous-emploi massif fausse complètement la répartition des revenus et il aggrave considérablement la mobilité sociale et la promotion sociale. Il crée une insécurité insupportable, non seulement pour ceux qui sont privés d’un emploi régulier, mais également contre des millions d’autres dont l’emploi est dangereusement menacé. Il désagrège peu à peu le tissus social.

    Cette situation est économiquement, socialement et éthiquement inadmissible à tous égards. Ce chômage s’accompagne partout du développement d’une criminalité agressive, violente et sauvage et l’Etat n’apparaît plus capable d’assurer la sécurité, non seulement des biens mais également celle des personnes, une de ses obligations majeures.

    Le Chômage

    De plus une immigration extra communautaire excessive sape les fondements mêmes de la cohésion du corps social, condition majeure d’un fonctionnement efficace et équitable de l’économie des marchés. Dans son ensemble, cette situation suscite partout de profonds mécontentements et elle génère toutes les conditions pour qu’un jour ou l’autre, l’ordre public soit gravement compromis, et que soit mise en cause la survie même de notre société. La situation d’aujourd’hui est certainement potentiellement bien plus grave que celle qui se constatait en 1968 en France alors que le chômage, inférieur à 600.000, était pratiquement inexistant et que cependant l’ordre public a failli s’effondrer.

    Le chômage est un phénomène très complexe qui trouve son origine dans différentes causes et dont l’analyse peut se ramener, pour l’essentiel, à celle de cinq facteurs fondamentaux : 1) le chômage chronique induit dans le cadre national, indépendamment du commerce extérieur, par des modalités de protection sociale ; 2) le chômage induit par le libre-échange mondialiste et un système monétaire international générateur de déséquilibres ; 3) le chômage induit par l’immigration extra communautaire ; 4) le chômage technologique ; 5) le chômage conjoncturel.

    En fait, la cause majeure du chômage que l’on constate aujourd’hui est la libéralisation mondiale des échanges dans un monde caractérisé par de considérables disparités de salaires réels. Ces effets pervers en sont aggravés par le système des taux de change flottants, la déréglementation totale des mouvements de capitaux, et le “dumping monétaire” d’un grand nombre de pays par suite de la sous-évaluation de leurs monnaies.

    #économie
    #Maurice-Allais
    #mondialisation
    #chômage
    #humanisme
    Où le #libéral Allais rejoints la vision de #Keynes sur le #protectionnisme

  •  » [S1E1] L’éclatante faillite du nouveau credo, par Maurice Allais (1999)
    http://www.les-crises.fr/allais-l-eclatante-faillite

    L’éclatante faillite du nouveau credo

    Le nouveau credo nous avait assuré qu’un fonctionnement libre de tous les marchés entraînerait nécessairement la prospérité pour chaque pays et pour chaque groupe social, dans un monde libéré de ses frontières économiques.

    Mais, pour qui analyse objectivement les faits, la réalité, toute différente, est éclatante. 

    Depuis maintenant vingt-cinq ans que l’Organisation de Bruxelles poursuit inexorablement une politique de libre échange mondialiste, l’économie française se caractérise, au travers de fluctuations conjoncturelles, par des tendances de fond : la destruction des emplois, la destruction de l’industrie, la destruction de la croissance. Quelle est la cause profonde de cette évolution ? C’est incontestablement la politique de libre-échange mondialiste mise en œuvre depuis 1974 par l’Organisation de Bruxelles, à la suite de l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, le 1er janvier 1973. Personne à ce jour n’a été capable d’en donner une autre explication en accord avec les données de l’observation.
    Les pays à bas salaires représentent aujourd’hui des milliards d’hommes et leur compétition dans un monde de libre-échange ne peut qu’entraîner dans les pays développés un nivellement des salaires vers le bas et une explosion du sous-emploi, la destruction de l’industrie et la destruction de la croissance.
    La mondialisation de l’économie est certainement très profitable pour quelques groupes de privilégiés. Mais les intérêts de ces groupes ne sauraient s’identifier avec ceux de l’humanité toute entière. Une mondialisation précipitée et anarchique ne peut qu’engendrer partout instabilité, chômage, injustices, désordres et misères de toutes sortes, et elle ne peut que se révéler finalement désavantageuse pour tous les peuples.
    Au regard de l’ensemble de l’évolution constatée en France de 1974 à 1997, soit pendant vingt-trois ans, on peut affirmer aujourd’hui que cette évolution se poursuivra si la politique de libre-échange mondialiste de l’Organisation de Bruxelles est maintenue.

    Bien que le contexte d’aujourd’hui soit profondément différent de celui de l’entre-deux-guerres, les deux périodes 1918-1939 et 1974-1999 présentent de très grandes similitudes : une incompréhension totale des dirigeants politiques des questions essentielles, leur profonde inconscience des dangers réels, leurs oppositions dérisoires sur des questions mineures et la mise en œuvre incessante de politiques qui portent en elle mêmes leur propre condamnation et leur propre échec.

    #économie
    #dette
    #dette-américaine
    #faillite
    #Maurice-Allais Prix Nobel