• Habitat insalubre : le plus grand décasage de l’histoire de Mayotte va débuter ce lundi matin à Koungou
    https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/habitat-insalubre-le-plus-grand-decasage-de-l-histoire-de-mayott

    Le #bidonville de Mavadzani doit être totalement rasé, à partir de ce matin, à Koungou, ce bidonville, au cours des années, est presque devenu un #village de plusieurs milliers d’habitants. Des centaines de forces de l’ordre, d’agents publics, d’engins de chantiers vont s’atteler à cette opération hors normes préparée depuis des mois voire des années.

    Cette opération, hors norme pour le territoire, est minutieusement préparée depuis près de 10 mois explique la préfecture et cela fait même presque deux ans que les plans de démantèlement sont dans les cartons.

    Ce matin, sur terre, dans les airs voire sur mer, des centaines de forces de l’ordre vont donc commencer à évacuer ce bidonville avant la destruction des 465 cases recensées, on peut estimer que cela va concerner entre 3500 et 4500 personnes voire plus, soit la population d’une ville moyenne.

    Pour mener à bien cette opération, deux escadrons de #gendarmerie sont arrivés en renfort il y a quelques jours investissant bon nombre d’hôtels du territoire, une opération très délicate car la population évacuée est composée de femmes, d’enfants, de personnes parfois âgées mais aussi de délinquants chefs de bande.

    #Mayotte #décasage

  • « Mayotte est un département colonie » : entretien avec Rémi Carayol

    Dans l’entretien qu’il nous accordé, Rémi Carayol, auteur de « Mayotte. Département colonie » (La Fabrique), revient sur les implications pour les Mahorais du « choix de rester colonisés ».

    Il y a cinquante ans, l’Archipel des Comores, colonisé par la France depuis le milieu du XIXe siècle, accédait à l’indépendance. A l’exception de l’une de ses quatre îles : Mayotte, où un référendum se prononça pour le maintien dans la souveraineté française, permettant à la France, malgré l’avis de l’ONU, de conserver une base stratégique dans le Canal du Mozambique . Un phénomène que le journaliste et essayiste Rémi Carayol, dans son livre Mayotte, département colonie (La Fabrique, 18 octobre 2024), qualifie de « colonisation consentie ». Dans cet entretien avec histoirecoloniale.net, il revient sur ce que furent les conditions réelles de la non-décolonisation de Mayotte, les douloureuses implications pour les Mahorais du « choix de rester colonisés », le bilan de la spectaculaire et violente opération sécuritaire anti-comoriens dite « Wuambushu » de 2023 et le succès électoral de l’extrême droite dans l’île en juillet 2024.

    + Benoît Godin : Rémi Carayol : « Mayotte est devenue le cheval de Troie de l’extrême-droite »

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/22/mayotte-est-un-departement-colonie-entretien-a

    #international #mayotte #colonisation

  • « Les trafiquants sont partis, nous laissant pour morts » : 25 migrants décédés dans un naufrage au large des Comores - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60996/les-trafiquants-sont-partis-nous-laissant-pour-morts--25-migrants-dece

    « Les trafiquants sont partis, nous laissant pour morts » : 25 migrants décédés dans un naufrage au large des Comores
    Par La rédaction Publié le : 05/11/2024
    Au moins 25 personnes sont mortes dans la nuit de vendredi à samedi dans l’océan Indien en tentant de rejoindre l’île française de Mayotte depuis l’archipel des Comores. Selon l’un des cinq survivants, le naufrage a été provoqué par des passeurs qui ont coulé l’embarcation, avant de prendre la fuite.
    Dans la nuit de vendredi 1er à samedi 2 novembre, une embarcation avec une trentaine de migrants a fait naufrage dans l’océan Indien, entre l’archipel des Comores et l’île française de Mayotte, a indiqué l’Organisation internationale des migrations (OIM) dans un communiqué publié lundi. À bord du canot en route vers le territoire française se trouvaient sept femmes, quatre mineurs dont deux enfants de six et deux ans, et deux nourrissons.
    Seules cinq personnes ont été secourues par des pêcheurs samedi matin, et ramenées aux Comores. Au moins 25 autres sont mortes « après que leur bateau a été délibérément coulé par des trafiquants », a précisé l’agence onusienne.
    Parmi les survivants, figure un jeune Comorien de 19 ans voulant retourner à Mayotte où il a vécu six ans avant d’en être expulsé en mai. Il dit avoir eu la vie sauve parce qu’il sait nager. « Le moteur de l’embarcation était éteint, les trafiquants ont dit que le moteur était en panne et ils ont refusé d’appeler à l’aide. Le bateau était en train de couler quand il a été retourné par une grosse vague », a ajouté le jeune homme qui veut rester anonyme. Selon lui, « les trafiquants sont partis sur une autre vedette, nous laissant pour morts »."Par chance, je sais nager, j’ai donc pu me maintenir à flot. Et j’ai pu aider deux autres personnes à s’accrocher à la coque. C’est le lendemain que des pêcheurs nous ont repérés", a poursuivi le jeune homme. « J’aimerais qu’ils soient retrouvés et jugés parce qu’à cause d’eux, beaucoup de personnes sont mortes. »
    Il ne souhaite en revanche pas porter plainte : « J’ai peur de ce qui pourrait m’arriver si je me présentais à la gendarmerie ou à la police »."La traversée m’a coûté cher, j’ai payé 300 euros. Je ne sais pas si je vais tenter de nouveau la traversée pour Mayotte", où vivent également ses frères."Je vais bien, même si mes jambes sont brûlées à cause de l’essence", a déclaré le jeune Comorien. Une photo montrant une grande plaie rouge sur sa jambe a été envoyée à l’AFP par une personne hébergeant l’adolescent à Anjouan.
    Selon Fatima Ahamada, la porte-parole du gouvernement comorien, « les autorités sont en train de collecter des informations pour comprendre ce qu’il s’est passé » et « une enquête formelle sera diligentée ». Le procureur de Mutsamudu, aux Comores, a indiqué à l’AFP qu’"une enquête est déjà ouverte". Chaque année, des milliers de migrants prennent la mer depuis l’archipel des Comores pour rejoindre l’île française de Mayotte. Mais le bras de mer de 70km séparant les deux territoires est une route migratoire particulièrement meurtrière. Deux autres naufrages de « kwassa kwassa », du nom des pirogues comoriennes, ont eu lieu ces trois derniers mois dans la même zone. En septembre, « un bateau avec 12 personnes à bord avait quitté les côtes d’Anjouan et n’avait jamais atteint Mayotte », signale l’OIM. En août, « huit personnes avaient perdu la vie dans un incident similaire, dont un garçon de 12 ans ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#comores#mayotte#kwassakwassa#trafic#mortalite#migrationirreguliere#mortalite#sante

  • True-Crime-Story aus Berlin-Neukölln im Jahr 1916: Ein Menschenleben für 1,50 Mark
    https://www.berliner-zeitung.de/open-source/true-crime-story-aus-berlin-neukoelln-im-jahr-1916-ein-menschenlebe


    Diese Ansichtskarte aus dem Jahr 1914 zeigt das Neuköllner Polizeipräsidium. Bettina Müller

    Der Stadteil Neukölln gehört erst seit 1920 zu Berlins. Heute giltver als besonders typische für die neue Berliner Mischung aus Kulturen umd Nationalitäten.

    31.10.2024 von Bettina Müller - Im Herbst 1916 töten zwei Teenager auf heimtückische Art eine 53 Jahre alte Blumenarbeiterin. Doch nicht die Polizei, sondern ein Geschäftsmann fasst die Täter.

    Neukölln, am Abend des 25. September Jahr 1916. Im königlichen Polizeipräsidium in der Kaiser Friedrich-Straße 193/94 Ecke Wildenbruch-Str. 1–5 – heute heißt die Straße Sonnenallee – hat der 48 Jahre alte Leiter der Neuköllner Kriminalpolizei, Polizei-Inspektor Hermann Berlin, Dienst. Das Präsidium ist dem Berliner Polizeipräsidium unterstellt, die Neuköllner Fernsprechanlage ist zudem an die Zentrale der Berliner Polizeifernsprechanlage angebunden. An diesem Abend wird die Mordkommission zu einer Adresse am Maybachufer gerufen. Eine völlig verzweifelte Frau namens Maria Rudolphi hat ihre Schwester Anna blutüberströmt in ihrer gemeinsamen Wohnung gefunden.

    Berlin, der den Tatort als Erster zu Gesicht bekommt, sieht sich mit einem Schlachtfeld konfrontiert. Da liegt die 53-jährige, aus Brandenburg an der Havel gebürtige Anna Rudolphi, tot auf ihrem völlig blutverschmierten Bett. Getötet, so wird die Obduktion ergeben, durch einen Messerstich in den Nacken, der die Halsschlagader getroffen hat.

    Kriminalinspektor Berlin ist so ein Gemetzel eigentlich nicht gewohnt, ist die Reichshauptstadt Berlin doch eher das Zentrum der Kriminalität und Neukölln eher berüchtigt für seine Schmuggler. Und die töten selten, sondern wollen beispielsweise die vom Deutschen Reich zentralisierte Einfuhr von Fleischwaren, die nur von dazu vom Reich bestimmten Organen durchgeführt werden darf, umgehen.

    Diesmal hat Kriminalinspektor Berlin leichtes Spiel, weil sich die Täter sehr unvorsichtig benommen haben. Beide Frauen lebten zurückgezogen, waren handwerklich sehr begabt, so viel wusste man in der Nachbarschaft über sie. Schon der Vater hatte als Pantoffelmacher gearbeitet, der Großvater in Ziesar sogar eine Färberei besessen. Und während Anna künstliche Blumen hergestellt hatte, war Maria in Neukölln als Stepperin beschäftigt. Beide waren 1904 nach dem Tod ihres Vaters von Magdeburg nach Neukölln umgesiedelt.

    Die verräterische schwarze Markttasche

    Dann sagt eine Zeugin aus, dass sie zwei junge Männer gesehen habe, die – bepackt mit Taschen, darunter auch eine schwarze Markttasche – über den Hof gegangen seien. So besteht schon bald der dringende Verdacht, dass die beiden tatsächlich auch die Mörder von Anna Rudolphi gewesen sind, deren schwarze Markttasche seit ihrer Ermordung verschwunden ist. Die Tasche, die Anna Rudolphi gehört hatte, diese fleißige Blumenarbeiterin, deren Heimarbeit schlecht bezahlt wurde, weil auch weibliche Gefängnisinsassen schon mal mit der gleichen Arbeit beschäftigt wurden und somit die Preise drückten.

    Viele Frauen sind zu dieser Zeit als Heim- oder Fabrikarbeiterinnen in der Neuköllner Bekleidungsindustrie tätig, während sie um ihre Männer an der Front bangen. Sie stellen unter anderem auch kunstvoll künstliche Blumen her, mit denen die Damenwelt sich gerne schmückt. Es ist ein Knochenjob, 12- bis 13-Stunden-Tage sind keine Seltenheit, zudem das Kräuseln oder Falten des Materials – vor allem buntes Papier, aber auch Chenille oder Musselin –, welches gesundheitsschädliche Farben enthalten kann.

    Bereits 1891 war in Friedrichshagen die „Freie Vereinigung der in der Blumen- und Putzfedern-Branche beschäftigten Arbeiter und Arbeiterinnen“ gegründet worden, weil dieser prekäre Beruf schnell in den Fokus der Frauenbewegung geraten war, die beispielsweise für die als proletarisch geltenden Blumenarbeiterinnen einen Achtstundentag forderte.

    Maria Rudolphi ist sprachlos, als man ihr die mutmaßlichen Täter beschreibt. Sie kennt die Täter, sogar sehr gut. Es sind Bekannte, mit denen sie mit Anna sogar einmal kurz zusammen gewohnt haben. Es sind tatsächlich die beiden jungen Männer, die in der Nähe des Tatorts bereits aufgefallen waren. Derweil durchkämmen Kriminalpatrouillen ganz Groß-Berlin auf der Suche nach diesen beiden Tatverdächtigen, von denen sie nun die Namen und eine genaue Personenbeschreibung haben. Von den mörderischen Gebrüder Klaus, die fast noch wie Kinder wirkten, der 15-jährige Otto Klaus mit dem gedrückten Wesen, und der 17-jährige Richard Klaus, der auf Pressevertreter im Gerichtssaal einen „etwas schwachsinnigen“ Eindruck machen würde.

    Nur zwei Tage nach der Mordtat geht die Besitzerin einer Gartenlaube nahe des alten Rixdorfer Ortskerns in ihren Garten. Die Laube ist Teil einer ganzen Kolonie namens „Wild-Amerika“. Laubenkolonien wie diese haben dort bereits Tradition, entlang der Kaiser-Friedrich-Allee gibt es mehrere mit ähnlich fantasievollen Namen wie zum Beispiel „Bauer’s Ruh’“, „Storchnest“ oder „Durstighaufen“. Als die Frau ihre Datsche betreten will, bemerkt sie sofort, dass die Tür von innen verriegelt ist, während das Vorhängeschloss auf der Erde liegt. Die Vorhänge, die die Frau in der Regel immer offen hat, sind blickdicht zugezogen.

    Die Frau reagiert geistesgegenwärtig, weil sie weiß, dass sich in der Gegend zwei Raubmörder herumtreiben. Sie schließt die Tür mit dem Vorhängeschloss ab und eilt davon, um Hilfe zu holen. Die findet sich schnell in Gestalt von Ernst Mohr, dem Inhaber des gleichnamigen Neuköllner Asphalt- und Dachdeckergeschäfts.

    „Ihr seid die beiden Mörder vom Maybachufer!“

    In der Zwischenzeit haben die beiden jungen Männer die von innen verriegelte Tür wieder geöffnet. Blitzschnell wagt sich Mohr hinein und sieht sich zwei jungen Leuten gegenüber. „Ihr seid die beiden Mörder vom Maybachufer!“, schreit er sie laut an und packt dann sofort den Älteren am Schlafittchen. Der reißt sich los, es entsteht ein Tumult, als Mohr nun den Jüngeren packen will, der sich aber vehement dagegen wehrt und sich schließlich schreiend auf die Erde wirft, als ob ihn das vor der drohenden Verhaftung retten könnte.

    Erst als Mohr ihn mit Fäusten traktiert, während der Ältere mittlerweile scheinbar apathisch daneben steht und schon gar nicht mehr an Flucht denken kann, gibt der Junge schließlich auf. Mohr wiederholt noch einmal, noch anklagender: „Ihr seid die Mörder! Gebt es endlich zu!“ – bis der Ältere schließlich – belegt durch das Gerichtsprotokoll – den erlösenden Satz spricht: „Entschuldigen Sie nur, wir sind es gewesen.“

    Mohr karrt die Mörder vom Maybachufer unverzüglich zur nächsten Polizeiwache in der Elbestraße, von wo aus sie zum Neuköllner Polizeipräsidium gebracht werden. Dort sitzen sie schon bald vor ihrer Nemesis in Gestalt des Kriminalinspektors Berlin. Er erkennt sofort ihre Unsicherheit, spürt, dass der Jüngere sich dem Älteren unterordnet, weil er wesentlich intelligenter ist. So muss er nach wenigen Fragen, die er bewusst laut und streng vorträgt, nicht lange auf ein vollständiges Geständnis warten.

    Am 8. November 1916 müssen sich die Gebrüder Klaus vor dem II. Landgericht Berlin verantworten. Sie sind bereits vorbestraft, Richard zweimal wegen Diebstahls, Otto wegen Diebstahls und Unterschlagung. Daher hatte man sie in die Erziehungsanstalt nach Lichtenberg gebracht und sie dann zu der Familie Grünefeld in Paretz gegeben, wo Richard bei einem Bäckermeister und Otto bei einem Materialwarenhändler arbeitete. Bis sie beschlossen, nach Berlin zu fliehen – mit wenig Geld in der Tasche. Dort schlugen sie sich mehr schlecht als recht durch, aber auch nur, weil die beiden Schwestern Rudolphi ihnen mit dem Wenigen, was sie selber hatten, halfen.

    Erschütternde Details aus der Familiengeschichte

    Weil die beiden Angeklagten ein umfassendes Geständnis abgelegt haben, verzichtet der Gerichtshof auf einen Teil der Zeugenbefragungen und lehnt auch ein Gutachten des Sachverständigen Dr. Magnus Hirschfeld ab. Rechtsanwalt Dr. Davidsohn kann dem Vater erschütternde Details aus der Familiengeschichte entlocken, nämlich dass der Großvater der Brüder Klaus Suizid begangen hat und die Mutter schwachsinnig gewesen sei. Die geistige Schwachheit habe Richard offenbar geerbt, er habe nur eine Hilfsschule besucht.

    Tatsächlich erweisen sich die beiden vor Gericht als einerseits sehr naiv, andererseits aber auch als unfassbar gefühlskalt, was den Umgang mit anderen Menschen angeht, die ihnen wohl gesonnen waren. Die Gerichtsprotokolle belegen zudem, dass die Brüder Klaus keinerlei Reue zeigten und offenbar davon ausgegangen waren, nur eine Strafe von maximal zweieinhalb Jahre zu erhalten. Sie schildern auch den Tathergang. Wie sich Anna Rudolphi kurz umdrehte, um sich zum Ausgehen fertig zu machen. Die Brüder sich nur wortlos ansahen und wussten, was zu tun war. Wie Otto, angestachelt von seinem Bruder, schließlich mit dem Messer in den Hals der Frau stach. Die Frau, die ihnen wohl gesonnen war, die ihnen sogar aus Mitleid ein wenig Geld und Nahrungsmittel geschenkt hatte. Der sie dann einen lächerlich geringen Geldbetrag geraubt hatten. 1,50 Mark für ein Menschenleben.

    Nach Kriegsende überschlagen sich in Berlin die Ereignisse

    Am Ende werden beide zu je 15 Jahren Gefängnis verurteilt. Sie verschwinden hinter Gittern und aus der Tagespresse, sodass man zunächst keinen Hinweis auf ihr weiteres Schicksal findet. Viel Zeit geht ins Land, vor allem im Jahr 1918 überschlagen sich nach Kriegsende in Berlin die Ereignisse. Und auch Anfang 1919 herrscht mit dem Spartakusaufstand in Berlin alles andere als Ruhe, was sich bis weit in den September fortsetzt, während der Gefängnisaufseher Franz Gutzeit dem Plötzenseer Standesamt am 13. September 1919 den Tod des Bäckerlehrlings Richard Klaus meldet, der an diesem Tag im Gefängnis verstorben ist. „Lungentuberkulose“ hat der Standesbeamte noch mit Bleistift im Sterberegister vermerkt. Doch da ist auch noch Otto Klaus, der zum Zeitpunkt des Todes seines Bruders immer noch in Plötzensee inhaftiert ist. Zu einem unbekannten Zeitpunkt wird er vorzeitig entlassen.

    Und dann schafft er das, was anderen ehemaligen Straftäter versagt bleibt, die Rückkehr in ein bürgerliches Leben. Am 31. Dezember 1931 heiratete der Schuhmacher Otto Paul Klaus in Berlin die Arbeiterin Gertrud Hasselbach. Über sein weiteres Leben ist nichts bekannt. Doch die große Schuld blieb. Am 12. Januar 1959 ist Otto Klaus in Braunschweig gestorben.

    Bettina Müller lebt als freie Autorin in Köln und schreibt für verschiedene Zeitungen und Zeitschriften vor allem über diese Themen: Historischer True Crime; Kunst, Kultur und Literatur der Weimarer Republik; Reise; Genealogie .

    #Geschichte #Kaiserreich #Neukölln #Sonnenallee #Kaiser-Friedrich-Straße #Maybachufer #Polizei #Verbrechen #Straßenumbenennung

  • Pétition : Il y a urgence : sauvons les maternités de Mayotte !

    À l’attention de Madame la Ministre de la Santé ; Monsieur le Directeur de l’ARS Mayotte ; Mesdames et Messieurs les Élus de Mayotte ; les Responsables du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) ; des mahoraises et des mahorais ; des françaises et des français ; des européennes et des européens

    La situation est critique : le système de santé de Mayotte est au bord du gouffre !
    Mayotte est en train de vivre une véritable catastrophe sanitaire. Alors que l’île enregistre un taux de natalité record en Europe, avec 10 730 naissances en 2022, les maternités de Dzoumogné et Mramadoudou sont sur le point de fermer leurs portes. Cette fermeture annoncée va mettre en danger immédiat la vie de milliers de femmes enceintes et de leurs enfants à naître.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/18/petition-il-y-a-urgence-sauvons-les-maternites

    #feminisme #mayotte #colonisation

  • Expulsions à Mayotte : Bruno Retailleau annonce des « vols groupés » de Congolais en situation irrégulière - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60319/expulsions-a-mayotte--bruno-retailleau-annonce-des-vols-groupes-de-con

    Expulsions à Mayotte : Bruno Retailleau annonce des « vols groupés » de Congolais en situation irrégulière
    Par La rédaction Publié le : 03/10/2024
    Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé que des vols allaient décoller ce mois d’octobre pour ramener chez eux des Congolais en situation irrégulière. Les Africains de la région des Grands Lacs sont de plus en plus nombreux à entrer de manière clandestine à Mayotte. Depuis des années, l’île française n’arrive plus à faire face au flux d’arrivées de migrants.
    Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé mercredi 2 octobre avoir ordonné au préfet de Mayotte, archipel français dans l’océan Indien, d’organiser des « vols groupés » pour reconduire les ressortissants en situation irrégulière de République démocratique du Congo (RDC) dans leur pays."Dès ce mois d’octobre, le préfet de Mayotte [en a eu] l’instruction", a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement.
    L’entourage du ministre a précisé à l’AFP que quatre vols groupés avaient été organisés depuis février et qu’il y en a « au moins trois prévus pour le seul mois d’octobre pour vider en partie le centre de rétention administrative » (CRA) de Mayotte.La coopération avec la RDC est « excellente », selon la même source. Le ministre français de l’Intérieur a également annoncé des « accords de sécurité bilatéraux avec les pays » de la zone de l’Afrique des Grands Lacs (RDC, Burundi, Rwanda, Tanzanie) pour « arrêter les flux ».
    Depuis la fin des années 2010, des centaines de migrants originaires de l’Afrique des Grands Lacs, en particulier de la République démocratique du Congo et du Rwanda rentrent chaque année sans autorisation à Mayotte après un voyage en « kwassa kwassa » (petites barques en bois) depuis les côtes de l’Afrique de l’Est, de Madagascar ou des Comores voisines.
    Au 1er décembre 2023, les Africains représentaient 48% des 3 000 demandes d’asile déposées sur l’année dans le 101e et dernier département français. En 2022, ils comptaient pour 25% des dossiers examinés par la France. Une hausse qui inquiète les autorités. « C’est une situation que l’on ne connaissait pas il y a encore 10 ans, et qui prend aujourd’hui des proportions considérables », confirmait déjà en février 2022 à InfoMigrants un policier en fonction sur l’île.
    À Mayotte, le réseau d’hébergement des demandeurs d’asile – un statut qui octroie aux exilés le droit d’être hébergé par l’État - est complètement saturé. Ses 600 places sont occupées en permanence. Les migrants et les demandeurs d’asile s’installent donc dans des camps de fortune, notamment celui du stade de Cavani, à Mamoudzou, le chef-lieu de l’île - désormais démantelé. Mais cette situation a provoqué des tensions avec des habitants : les exilés se disent régulièrement victimes de violences et d’intimidations d’une partie de la population du territoire.
    « Les agressions sont quotidiennes, encore plus récurrentes que lorsque nous étions dans le camp », racontait en juin à InfoMigrants Desire*, une Rwandaise qui a vécu trois mois à Cavani. Elle décrivait des prises à partie qui interviennent de jour comme de nuit par des « jeunes délinquants » armés de bâtons, machettes et pierres.Au mois de janvier 2024, les habitants de l’île, excédés, avaient aussi bloqué les principaux axes routiers de l’île principale.
    Pour désengorger Mayotte, les autorités françaises ont également mis en place un dispositif permettant à toutes les personnes ayant obtenu le statut de réfugié d’obtenir un « laissez passer » afin de prendre l’avion et rejoindre la Métropole, à condition de pouvoir payer le billet d’avion. Près de la moitié des habitants ne possèdent pas la nationalité française à Mayotte, où la population au 1er janvier était estimée à 321 000 personnes par l’Institut national de la statistique (Insee).

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#RDC#charter#migrationirreguliere#violence#rwanda#politiquemigratoire#sante

  • Les attaques des forces armées s’intensifient après sept années de désespoir

    (Bangkok) – Au Myanmar, les musulmans rohingyas sont confrontés aux menaces les plus graves depuis 2017, lorsque l’armée de ce pays a mené une vaste campagne de massacres, de viols et d’incendies criminels dans l’État de Rakhine, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le 25 août 2024 marquera le septième anniversaire du début des crimes contre l’humanité et des actes de génocide perpétrés par l’armée, qui ont forcé plus de 750 000 Rohingyas à fuir vers le Bangladesh.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/01/myanmar-les-rohingyas-confrontes-a-de-nouvelle

    #international #mayanmar #rohingyas

  • France : quelle est la part des élèves qui savent nager en classe de 6e ?
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/vrai-ou-faux-france-quelle-est-la-part-des-eleves-qui-savent-nager-en-c

    Premier chiffre, avancé par la députée LFI Aurélie Trouvé sur Twitter : « en Seine Saint-Denis, à peine un enfant sur deux sait nager à l’entrée en 6e ».

    En réalité, c’est encore moins que cela. C’est plutôt un quart. Ainsi selon une étude réalisée par l’Académie de Créteil sur l’année 2021, seuls 26% des #enfants entrant en 6e en #Seine-St-Denis savaient déjà nager. Cette étude s’appuie sur le taux de réussite à l’Attestation scolaire du #savoir_nager en sécurité (#ASSN), un examen où les enfants doivent, par exemple, se déplacer dans l’eau sur le ventre sur 15 mètres ou passer sous un obstacle immergé.

    Des chiffres circulent également sur les élèves nageurs de 6e dans toute la France. [...] Mathieu Hanotin évoque des élèves qui savent nager à l’entrée de la 6e, au début de l’année, précisément c’est 66% au niveau national. Amélie Oudéa-Castéra quant à elle, parle des élèves qui savent nager à l’issue de la 6e, à la fin de l’année, 83% exactement. Ce sont des chiffres d’un rapport de la Direction générale de l’enseignement scolaire sorti en 2023. Cette différence entre l’entrée et la sortie s’explique parce que beaucoup d’enfants apprennent à nager pendant cette année de 6e.

    Toujours selon ce rapport, il y a de grosses disparités selon les territoires en France. C’est dans les #Outre-mer qu’on trouve le moins d’élèves nageurs à la fin de la 6e, notamment à #Mayotte où 58% des enfants seulement savent nager à la fin de cette année scolaire. L’académie de #Créteil, dont fait partie la Seine-St-Denis, est aussi dans le bas du tableau avec près de 73% de nageurs à la fin de la 6e. Pour expliquer ce retard, la Direction générale de l’enseignement scolaire déplore le manque de #bassins pour apprendre à nager dans ces académies.

  • Pourquoi les Mayas sacrifiaient-ils les jumeaux ? Une récente étude propose une nouvelle hypothèse
    https://www.science-et-vie.com/science-et-culture/archeologie/pourquoi-les-mayas-sacrifiaient-ils-les-jumeaux-une-recente-etude-pr

    En 500 ans les Mayas auraient sacrifié pas moins de 64 enfants à l’occasion de cérémonies. Mais alors, pour quelle raison cette ancienne civilisation tuait-elle des garçons et surtout des jumeaux ?
    EN BREF

    Une étude publiée sur Nature révèle que les Mayas pratiquaient le sacrifice d’enfants, principalement des garçons, pour les offrir aux dieux durant l’Antiquité.
    Les corps, découverts à Chichén Itzá en 1967, montrent des liens de parenté et un régime alimentaire commun, suggérant une sélection locale des victimes.
    L’étude souligne une possible vénération des jumeaux chez les Mayas, inspirée du Popol Vuh, remettant en question le choix des victimes de sacrifices.

    Une nouvelle étude publiée sur le site Nature met en évidence le fait que les Mayas tuaient des enfants et plus particulièrement des garçons afin de les offrir aux dieux durant l’Antiquité.
    Comprendre une période ancienne

    Les corps étudiés ont été retrouvés à Chichén Itzá en 1967, dans un chultún, un réservoir souterrain dans lequel se trouvait une citerne d’eau menant au royaume des dieux. Ils appartiendraient à des garçons âgés de 3 à 6 ans et un grand nombre d’entre eux présenterait des similitudes sur le plan biologique. Les enfants auraient été sacrifiés deux par deux, ces paires étant parfois constituées de membres de la même famille.

    Pour étudier au mieux ce que les os pouvaient leur apprendre, les chercheurs de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive ont réalisé une analyse génétique à l’aide d’une datation carbone. Celle-ci a permis d’apprendre que les ossements avaient été enterrés entre le VIIe et le XIIe siècle.
    Une obsession pour les jumeaux ?

    Parmi ceux-ci il y avait des personnes ayant un lien de parenté et même plusieurs jumeaux.

    « Comme de tels jumeaux n’apparaissent spontanément que chez 0,4 % de la population générale, la présence de deux paires de vrais jumeaux dans le chultún est beaucoup plus élevée que ce que l’on pourrait attendre du hasard », soulignent les auteurs de l’étude.

    Ce qui a permis de lier les corps entre eux et de découvrir leur lien de parenté est le fait que les garçons ayant fait l’objet d’un sacrifice semblaient suivre le même régime alimentaire. Les chercheurs ont réussi à l’identifier en réalisant une analyse des rapports isotopiques. Cette dernière a également permis de comprendre que les enfants provenaient tous de communautés locales.
    Chichén Itzá, un lieu de coutumes

    En plus d’être une grande ville influente, Chichén Itzá, ce site archéologique situé dans la péninsule du Yucatán au Mexique, est également réputé pour être un lieu dans lequel de nombreux meurtres ont eu lieu. En effet, la mort était le sacrifice ultime pour les Mayas.

    « Le but initial des chultuns était de stocker de l’eau douce. Celui-ci avait été transformé en une chambre funéraire adjacente à une petite grotte naturelle. Le chultun et la grotte étaient tous deux remplis de restes humains », a déclaré l’archéogénéticien Rodrigo Barquera .

    Les chercheurs ont émis une hypothèse concernant l’importance des jumeaux pour les Mayas : inspirée du livre Popol Vuh, considéré comme une Bible durant l’Antiquité. Celui-ci raconte l’histoire des « jumeaux héros » Hunahpu et Xbalanque qui auraient combattu les dieux à de multiples reprises.

    • Popol Vuh - Aguirre
      https://www.youtube.com/watch?v=4DdVTwPt794

      https://de.m.wikipedia.org/wiki/Popol_Vuh_(Band)

      Die Band wurde zunächst von Liberty Records unter Vertrag genommen, wo man sich in Gesellschaft von Amon Düül und Can befand, und wo noch im Gründungsjahr 1970 die von Gerhard Augustin produzierte Debüt-LP Affenstunde vorgelegt wurde. Die ersten beiden Alben von Popol Vuh sind geprägt durch den Klang von Perkussion und des legendären Moog III-Synthesizers, der später an Klaus Schulze abgetreten wurde. Das zweite Album In den Gärten Pharaohs erschien 1971 auf Rolf-Ulrich Kaisers Pilz-Label und ist zur Hälfte live in einer Kirche eingespielt. Beim dritten Album Hosianna Mantra (1972) stießen Conny Veit und die koreanische Sängerin Djong Yun zur Stammbesetzung. Yun war auch auf dem übernächsten Album Einsjäger & Siebenjäger von 1975 zu hören, das auf Rolf-Ulrich Kaisers neuem Plattenlabel Kosmische Musik erschienen ist.

      Die 1970er Jahre gelten als produktivste Phase von Popol Vuh. Neben Studioalben und seltenen Live-Auftritten wurde die Band durch ihre Zusammenarbeit mit dem Regisseur Werner Herzog bekannt, für dessen Filme wie Aguirre, der Zorn Gottes, Nosferatu – Phantom der Nacht, Herz aus Glas oder Fitzcarraldo sie die Soundtracks schuf. Kennzeichnend für Aufnahmen aus dieser Zeit ist die Verwendung der Choir Organ, einer Einzelanfertigung. Dieses Mellotron-ähnliche Vorläuferinstrument späterer Sampler ermöglichte es, durch Tapetechnik Chorstimmen oder Orchesterklänge in den Klang der Band zu integrieren.
      Über die Herkunft und den Verbleib des Instruments gibt es seit den 1980er-Jahren keine gesicherten Erkenntnisse und auch keine fotografischen Dokumente mehr. Es wurde in den 1970ern von mehreren Personen der Münchner Musikszene verwendet und ist z. B. auf Alben von Amon Düül II (Wolf City oder Tanz der Lemminge) und Klaus Doldinger zu hören.

      #mayas #musique_psychédélique #Krautrock #Werner_Herzog #popol_vuh

    • Trouvé sur https://mythologica.fr/maya/hunhun.htm

      Les fils de Hun Hunahpu, les jumeaux et Hun Batz et Hun Chouen appréciaient le jeu de dés, mais encore plus le jeu de balle. Cependant, le bruit qu’ils faisaient en jouant contre le mur de pierre de l’aire de jeu exaspérait les seigneurs de Xibalba. Ils attirèrent donc Hun Hunahpu et Vucub Hunahpu à Xibalba chez eux, où ils les défièrent au jeu de balle.
      Piégés, les jumeaux perdirent la partie et furent sacrifiés.

      Les seigneurs du monde souterrain enterrèrent leurs corps décapités sous le terrain de jeu de balle


      Xquic devant l’arbre à calebasses

      La tête de Hun Hunahpu tranchée fut suspendue en trophée parmi les fruits d’un arbre à calebasses qui ressemblent à des têtes humaines.

      Xquic, la fille d’un des seigneurs du Monde souterrain, se laissa un jour tenter par les fruits de l’arbre interdit. Alors qu’elle se demandait à haute voix si elle allait ou non cueillir des fruits, la tête l’entendit et cracha dans la main de la jeune fille.

      Elle en tomba enceinte et donna naissance aux héros jumeaux Hunahpu et Xbalanque, qui plus tard reviendront à Xibalba pour venger la mort de leur père et de leur oncle.

    • Merci @klaus. Il y a longtemps (fin des 70’s) j’avais vu ce film de Werner Herzog. Le personnage incarné par Klaus Kinsky m’avait tout à la fois fasciné et effrayé.
      Quant à Popol Vuh (nom tiré d’un livre sacré chez les Mayas), j’avais découvert ce groupe au cours d’un séjour en Allemagne en 1974. Planant. A l’époque, on était un petit groupe à s’halluciner la tête avec le « rock allemand » : Amon Düül, Tangerine Dream, Klaus Schulze, Neu, Faust, Ash Râ Tempel, etc.
      J’ai numérisé tout ça et mis en archive à bonne température. Ça m’arrive encore de déguster tous ces vieux trucs comme des vins rares.

  • Mayotte Place Nette. Vers un monde inhabitable

    Mayotte serait-elle devenue la mauvaise conscience de la France, sa honte, sa dissimulation ? Le pire s’y passe tranquillement. Bien qu’y adviennent les événements les plus tragiques, les plus infamants et de fait les plus moralement discutables, les citoyens se réclamant Français et revendiquant la France pour leurs intérêts, expriment peu leur trouble quant aux maux infligés aux populations pauvres, qui composent tout de même la grande majorité des habitants de l’ile.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/09/mayotte-place-nette-vers-un-monde-inhabitable

    #international #mayotte #colonisation

  • Migrants africains à Mayotte : l’Etat face à la pression des collectifs de citoyens
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/30/migrants-africains-a-mayotte-l-etat-face-a-la-pression-des-collectifs-de-cit

    Migrants africains à Mayotte : l’Etat face à la pression des collectifs de citoyens
    Par Jérôme Talpin (Mamoudzou, Mayotte, envoyé spécial)
    « Ils ont tout jeté. Ils ont même pris l’eau, la nourriture et mes médicaments. C’est le cauchemar. » De retour d’une consultation à la Croix-Rouge, Régine K., 43 ans, réfugiée congolaise arrivée à Mayotte sur un kwassa-kwassa – des embarcations légères – en août 2022, découvre, dans un mélange de stupéfaction et de révolte, qu’il « n’y a plus rien » sur le bout de trottoir qu’elle occupait sur le boulevard situé en face du stade de Cavani, un quartier au sud de Mamoudzou, le chef-lieu du département. Ses valises souffreteuses, les deux nattes sur lesquelles elle dormait par terre, son petit braséro ont été embarqués dans un camion-benne. Même sort pour les quelque 500 migrants africains, principalement originaires de Somalie et de la région des Grands Lacs – République démocratique du Congo (RDC), Rwanda et Burundi notamment.
    Tôt, vendredi 26 avril, la préfecture de Mayotte a lancé avec les forces de l’ordre une opération pour les expulser. Ces demandeurs d’asile ou réfugiés se sont installés là après le démantèlement du camp improvisé dans l’enceinte sportive, le 22 mars. Sans eau, dans des conditions d’hygiène exécrables, entassant leur linge sur des grillages, dormant sur un matelas en mousse pour les plus chanceux. Un bidonville à ciel ouvert écrasé par le soleil.
    « La situation n’était plus tenable pour les habitants du quartier, les commerces et les restaurants, et pas humaine pour ces gens qui vivent à même le sol avec des enfants en bas âge, affirme le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, qui a pris un arrêté d’interdiction d’occupation de la voie publique. Il y a aussi des maladies qui circulent comme le choléra et les problèmes de sécurité ». « Il fallait redonner ce quartier aux habitants de Cavani, a déclaré sur place le préfet François-Xavier Bieuville. Je n’ai pas d’état d’âme. » Fin décembre 2023, la multiplication des petites cabanes bricolées par les migrants, avec du bois de récupération et des bâches bleues, autour du stade avait cristallisé toutes les colères des collectifs de citoyens dénonçant le résultat de l’immigration clandestine incontrôlée. Le point de départ du blocus de l’île de fin janvier à début mars. Leur démantèlement n’aura fait que provisoirement baisser la tension à Mayotte.
    Alors que la ministre déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, doit revenir dans l’île début mai, certains collectifs n’excluent pas de nouvelles actions. (...)
    En déplacement dans l’île les 20 et 21 avril, Marine Le Pen a fait de l’installation des migrants africains dans la rue le symbole du « chaos » qui « menace Mayotte d’un danger de mort », et de l’incapacité du gouvernement à « faire preuve d’autorité ». Dans les nuits du dimanche et lundi qui ont suivi – sans qu’un lien de cause à effet puisse être établi –, les abris de fortune de plusieurs migrants montés autour du bâtiment de l’association Solidarité Mayotte, qui a accompagné 2 896 demandeurs d’asile en 2023, ont été incendiés.
    Des bureaux de l’association, distante d’un kilomètre du stade, ont également été endommagés par les flammes. Un nouvel épisode de tensions générées par « les jeunes délinquants » habitant le quartier composé aussi de bidonvilles, se plaignent les réfugiés en parlant de caillassages, de vols de téléphone, mais surtout de l’accès au bassin Massimoni, à côté de l’association, où ils vont puiser de l’eau et se laver sous les invectives du type : « Africains, vous n’êtes pas chez vous ! » (...) Pour les migrants africains, l’opération des forces de l’ordre a été vécue comme une autre forme d’agression. Sans solution, beaucoup d’entre eux restent sur les trottoirs. « Je n’ai nulle part où aller », se désole Régine K., mère de six enfants. Tout comme ces jeunes Somaliens, regroupés pour « rester solidaires », qui racontent comment leur pays est en proie à la guerre civile, aux gangs et aux trafics criminels, à l’intégrisme.
    (...° Parlant du manque d’hygiène, les migrants de Cavani « se débrouillent », disent-ils pudiquement, dans une canalisation voisine. « Il y a beaucoup de gens malades, notamment les femmes, ajoute Abdoullahi. Cette vie est bien plus difficile pour elles. » « Le plus compliqué, c’est de ne pas avoir d’intimité, de ne pouvoir dormir totalement la nuit, protégeant le peu de nos affaires personnelles et vivre ainsi, dehors, dans le bruit », décrit, de son côté, une jeune Somalienne, arrivée seule à Mayotte, il y a près de trois mois, parce qu’à Mogadiscio « la violence est partout et a tué [son] père ».
    Avant d’avoir tenté de faire partir de la rue ces migrants, la préfecture a mené, mercredi 24 avril, une « opération de recensement ». « Pour savoir qui ils sont, observe le préfet de Mayotte. Nous allons procéder à des reconduites à la frontière, à des relogements pour les femmes et les enfants. Cela prendra du temps, il faut le reconnaître. » Face à une partie de l’opinion publique mahoraise exigeant des mesures fortes, l’Etat assure que des solutions ont été trouvées pour plus de 1 000 migrants installés dans le stade, dont 550 réfugiés acheminés dans l’Hexagone. De nouveaux départs ne sont toutefois pas envisagés. En raison de la polémique provoquée par l’installation de 300 migrants dans un « château des Yvelines » et le risque, selon M. Bieuville, de « créer les conditions d’un appel d’air ».Prônée par plusieurs associations, la construction d’un camp sécurisé est farouchement rejetée par les élus locaux pour les mêmes motifs.(...) »

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#afrique#migrationirreguliere#crise#politique#vulnerabilite#sante

  • Mayotte, démolitions des quartiers pauvres sous couvert de la loi Elan

    Rapports de la LDH
    La démolition des quartiers pauvres de Mayotte sous couvert de la loi Elan se caractérise toujours par des contradictions entre les arrêtés et les réalisations, le nombre d’habitations détruites est toujours supérieures à celui annoncé dans les arrêtés. Les annexes des arrêtés sont également contradictoires entre elles : les rapports de la gendarmerie, de l’ARS et de l’ACFAV ne s’accordent jamais sur le nombre d’habitations installées sur les parcelles concernées. Les familles et les habitations ne sont pas clairement identifiées ; l’obligation de relogement qui figure dans l’article 197 de la loi n’est jamais remplie : il ne s’agit que d’un hébergement d’urgence de trois semaines dont le principe aurait été rappelé aux familles, comme seule obligation supposée par le préfet. Seule apparait la mention « une solution d’hébergement a été proposée » aux familles.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/22/mayotte-demolitions-des-quartiers-pauvres-sous

    #international #mayotte #colonialisme

  • #Mayotte : pour une déconstruction de l’association #bidonville – illégalité – délinquance
    https://metropolitiques.eu/Mayotte-pour-une-deconstruction-de-l-association-bidonville-illegali

    Avec l’opération « Mayotte place nette », les habitants des quartiers précaires, accusés d’être en situation irrégulière, sont dans la ligne de mire du gouvernement français. Pourtant, ce qui les caractérise est moins l’illégalité de leurs statuts administratifs et résidentiels qu’une marginalité construite socialement, dans un contexte postcolonial singulier. Le 10 février 2024, dans une vidéo publiée sur le réseau social X, le ministre de l’Intérieur français, G. Darmanin, annonce le déploiement imminent #Débats

    / Mayotte, bidonville, #habitat_précaire

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_aussedat.pdf

  • #Mayotte va ériger un « rideau de fer » de technologies civilo-militaires de surveillance

    Le sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte vient de publier 11 demandes d’information réclamant aux industriels un arsenal impressionnant de technologies de #surveillance pour combattre le « défi migratoire » dans ce département de la #France d’outre-mer.

    Le 10 février dernier, #Gérald_Darmanin a annoncé qu’ « avec le ministre des Armées, nous mettons en place un "#rideau_de_fer" dans l’eau, qui empêchera le passage des #kwassa-kwassa [des #pirogues légères, qui tanguent énormément, et sont utilisées par les passeurs pour convoyer des migrants d’#Anjouan aux #Comores à Mayotte, ndlr] et des #bateaux, beaucoup plus de moyens d’interception, des #radars, et vous verrez un changement radical ».

    Concrètement, ce dispositif consiste en « une nouvelle vague d’#investissements dans des outils technologiques (radars, moyens maritimes…) permettant de déceler et d’interpeller les migrants en mer », précise le ministère de l’Intérieur à France Info.

    Il s’agit du prolongement de l’#opération_Shikandra, du nom d’un redouté poisson baliste du lagon qui défend son territoire et se montre extrêmement agressif envers les poissons et tout animal (plongeurs et nageurs inclus) qui traverse sa zone de nidification en période de reproduction.

    L’opération Shikandra est quant à elle qualifiée par le ministère d’ « approche globale, civilo-militaire, pour relever durablement le défi migratoire à Mayotte », « qui a permis une première vague d’investissements massifs dans ces outils » depuis son lancement (https://www.mayotte.gouv.fr/contenu/telechargement/15319/116719/file/26082019_+DP+Op%C3%A9ration+Shikandra+Mayotte.pdf) en 2019.

    Il était alors question de déployer 35 fonctionnaires supplémentaires à la #Police_aux_frontières (#PAF), plus 26 gendarmes départementaux et sept effectifs supplémentaires pour le greffe du TGI de Mamoudzou, mais également d’affecter 22 personnels supplémentaires aux effectifs embarqués dans les unités maritimes, de remplacer les cinq vedettes d’interception vétustes par huit intercepteurs en parfaites conditions opérationnelles (quatre neufs et quatre rénovés).

    En décembre dernier, Elisabeth Borne a annoncé le lancement, en 2024, du #plan_interministériel_Shikandra 2, contrat d’engagement financier entre l’État et le département doté de plusieurs centaines de millions d’euros jusqu’en 2027 : « Nous investirons massivement dans la protection des #frontières avec de nouveaux outils de #détection et d’#interception ».

    À l’en croire, la mobilisation de « moyens considérables » via la première opération Shikandra aurait déjà porté ses fruits : « Depuis 5 ans, près de 112 000 personnes ont été éloignées du territoire, dont plus de 22 000 depuis le début de l’année ».

    Les derniers chiffres fournis par la préfecture de Mayotte, en octobre 2023, évoquent de leur côté un total de 60 610 reconduites à la frontière (8 127 en 2020, 17 853 en 2021, 17 380 en 2022 et 17 250 en 2023, l’interception de 1 353 kwassa-kwassa, 17 192 étrangers en situation irrégulière interpellés en mer, et 59 789 à terre, la destruction de 622 barques et 424 moteurs, et la condamnation à de la prison ferme de 285 passeurs.

    https://next.ink/130597/mayotte-va-eriger-un-rideau-de-fer-de-technologies-civilo-militaires-de-survei
    #murs #barrières_frontalières #migrations #réfugiés #chiffres #statistiques #complexe_militaro-industrielle #technologie #frontières #militarisation_des_frontières

  • Aux Comores, des migrants suspendus à la fin du droit du sol à Mayotte
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/02/19/aux-comores-des-migrants-suspendus-a-la-fin-du-droit-du-sol-a-mayotte_621732

    Aux Comores, des migrants suspendus à la fin du droit du sol à Mayotte
    Le Monde avec AFP
    Perché sur les montagnes de l’île d’Anjouan, le village de Kangani, aux Comores, est la dernière étape pour des milliers de migrants africains tentant de rejoindre clandestinement le département français de Mayotte. Mais ces temps-ci, les barques restent à quai : la France a annoncé un nouveau tour de vis contre l’immigration illégale.Kangani est à seulement un bras de mer et quelque 70 km du 101e département français, 310 000 habitants (selon des chiffres officiels probablement largement sous-estimés) dont 48 % d’immigrés. L’île, avec ses écoles et ses hôpitaux, fait figure d’eldorado pour de nombreux Comoriens, même si le territoire est le plus pauvre de France.
    Familles en quête d’une vie meilleure, mais aussi cigarettes et bétail sont habituellement chargés plusieurs fois par jour sur des barques en bois traditionnellement utilisées pour la pêche et appelées « kwassa-kwassa ». Toute l’économie du village tourne autour de ces traversées hasardeuses et les échanges se font par liasses de billets d’euros.Mais depuis plusieurs semaines, des habitants en colère contre l’insécurité et l’immigration illégale érigent des barrages à Mayotte, et Paris a récemment annoncé une mesure controversée visant à supprimer le droit du sol sur l’île pour endiguer l’afflux de migrants. Depuis, les rues sinueuses de Kangani sont tombées dans un calme tendu. « Les barrages nous affectent tous, il n’y a plus de départ de kwassa-kwassa en attendant un retour à la normale », peste Chadhuli Tafsir, un jeune homme d’une trentaine d’années originaire de Kangani. « La suppression du droit du sol, c’est une mauvaise idée pour tout le monde », assène-t-il en poursuivant un débat animé avec les hommes rassemblés sur la place du village.
    Derrière les modestes maisons en briques du bourg de quelque 6 000 âmes, des jeunes font des allers-retours sur des motos pétaradantes. Certains portent fièrement chevelure blonde décolorée et tatouages. « Tous ces gosses viennent de Mayotte et attendent de retenter le passage », chuchote un villageois. Interceptés par les gardes-côtes ou renvoyés par la police française, de nombreux refoulés retentent la traversée sitôt de retour sur le sol comorien.
    Ousseni, un petit homme sec âgé d’une cinquantaine d’années, ne donne que son prénom. Le « pêcheur-passeur » fait payer entre 400 et 500 euros par personne et par tentative pour rejoindre l’île d’en face. Une petite fortune dans cet archipel pauvre de 870 000 habitants, où le salaire moyen mensuel équivaut à une centaine d’euros. Selon lui, la gronde à Mayotte et les débats autour du droit du sol lui « font perdre du temps et de l’argent ».
    Jusqu’ici, son plus gros problème était « les garde-côtes comoriens, qui rackettent au moins 200 euros par traversée ». « La dernière fois, je transportais un malade, ils m’ont empêché de passer. J’ai dû revenir sur la terre ferme. Le malade est mort peu après », raconte-t-il sans trop d’états d’âme. Il pense avant tout à honorer ses commandes : « Des Mahorais sont dans l’attente de la livraison d’un bœuf pour un mariage. Il leur a coûté 10 000 euros, c’est beaucoup mais toujours moins que chez eux. »
    Il faut parfois attendre plusieurs jours pour tenter la traversée sur une mer clémente. Les embarcations chavirent régulièrement et de nombreux migrants ont disparu en mer entre les Comores et la France. Sans doute des milliers, mais il n’y a pas de chiffre officiel. « Personne ne prendrait le risque d’aller à Mayotte, mais nous n’avons pas le choix. Prendre la mer, c’est notre seule option », dit d’un ton résigné Jeansi, qui attend le prochain départ d’un bateau pour la France.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droitdusol#kwassakwassa#traversee#mortalite#sante#fluxmigratoire

  • Emmanuel Macron défend la suppression du droit du sol sur l’île de Mayotte, devenue « la première maternité de France »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/19/emmanuel-macron-defend-la-suppression-du-droit-du-sol-sur-l-ile-de-mayotte-d

    Emmanuel Macron défend la suppression du droit du sol sur l’île de Mayotte, devenue « la première maternité de France »
    Le Monde avec AFP
    Le président de la République, Emmanuel Macron, a défendu, dans un entretien à l’Humanité publié dimanche 18 février au soir, le projet de loi, controversé, du gouvernement consistant à supprimer le droit du sol à Mayotte, département français d’outre-mer, pour endiguer l’immigration illégale, en majorité en provenance de l’archipel des Comores. « Il est légitime de poser cette question, car les Mahorais souffrent. Ils ont d’ailleurs accueilli très positivement cette proposition, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Nous devons casser le phénomène migratoire à Mayotte, au risque d’un effondrement des services publics sur l’île », plaide-t-il.
    Mayotte est un département français situé dans l’archipel très pauvre des Comores. « Des familles y circulent et arrivent en France, via Mayotte, où elles ont accès à des prestations complètement décorrélées de la réalité socioéconomique de l’archipel », juge le président. « Mayotte est la première maternité de France, avec des femmes qui viennent y accoucher pour faire des petits Français. Objectivement, il faut pouvoir répondre à cette situation », affirme-t-il.« A cela s’ajoute un nouveau phénomène, ces derniers mois, compte tenu des difficultés sécuritaires dans la région des Grands Lacs : une arrivée massive de personnes en provenance de Tanzanie et d’autres pays », explique-t-il. Pour « casser ce phénomène migratoire », M. Macron veut aussi « restreindre l’accès aux droits sociaux pour les personnes en situation irrégulière ». Mais le président assure que « restreindre le droit du sol pour Mayotte ne signifie pas le faire pour le reste du pays », comme le réclament la droite et l’extrême droite. « Je reste très profondément attaché à ce droit pour la France », assure-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droitdusol#tanzanie#archipel#insularite#maternite#afrique#sante#constitution

  • https://www.leparisien.fr/politique/suppression-du-droit-du-sol-a-mayotte-cest-la-logique-de-la-colonisation-

    Suppression du droit du sol à Mayotte : « Une forme de division de l’application de la loi sur le territoire »

    Spécialiste du droit de la nationalité et des migrations, Jules Lepoutre, professeur de droit, estime qu’ « en prévoyant des droits différenciés et plus restreints dans un territoire d’outre-mer, on s’inscrit dans l’histoire coloniale française ».
    Jules Lepoutre, professeur à l’université Côte d’Azur à Nice, réagit à la volonté du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de supprimer le droit du sol à Mayotte, exprimée ce dimanche 11 février lors de son déplacement dans le 101e département français.

    Qu’est-ce que le droit du sol et s’applique-t-il en France ?

    JULES LEPOUTRE : Le droit du sol, c’est le principe selon lequel on bénéficie de la nationalité du pays dans lequel on naît, quelle que soit la nationalité des parents. Or, ce principe n’est pas absolu en France. Aujourd’hui, le simple fait de naître de parents étrangers en France, à Mayotte ou ailleurs, ne suffit pas à acquérir la nationalité française. Des conditions supplémentaires sont prévues. Un enfant ne peut obtenir la nationalité qu’à partir de ses 13 ans, si ses parents en font la demande et s’il réside depuis cinq ans sur le territoire national. L’acquisition n’est automatique qu’aux 18 ans de l’enfant.

    Qu’en est-il de Mayotte aujourd’hui ?

    Depuis la loi asile et immigration de 2018, un régime dérogatoire est déjà en place. Pour obtenir la nationalité française à ses 13 ans, il faut non seulement que l’enfant de parents étrangers soit né sur le territoire et remplisse les conditions de résidence, mais il doit aussi justifier que l’un de ses parents résidait de manière régulière en France au moment de sa naissance. Le Conseil constitutionnel avait validé cette exception territoriale en se reposant sur l’article 73 de la Constitution, selon lequel, dans les départements et régions d’outre-mer, les lois et règlements « peuvent faire l’objet d’adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités ». Cette adaptation avait à l’époque déjà étéjustifiée par le contexte migratoire.

    Que prévoirait de plus la suppression totale du droit du sol à Mayotte annoncée par Gérald Darmanin ?

    Le lieu de naissance ne produirait plus aucun effet sur l’acquisition de la nationalité. L’enfant né à Mayotte de parents étrangers ne pourrait plus obtenir la nationalité française que par le biais de la naturalisation, c’est-à-dire à l’issue d’un processus discrétionnaire.

    Pourquoi le gouvernement envisage-t-il de modifier la Constitution ?

    Parce qu’en supprimant purement et simplement le droit du sol,on change totalement de nature. On n’est plus dans l’adaptation, mais dans une forme de division de l’application de la loi sur le territoire. Les conditions de l’article 73 ne seraient donc plus réunies. On pourrait aussi imaginer que le Conseil constitutionnel censure ce projet en considérant que le droit du sol est consubstantiel à la tradition républicaine française et qu’il a, à ce titre, valeur de principe constitutionnel. Pour faire passer une telle réforme, il faudrait donc au préalable modifier la Constitution, ce qu’envisage de faire le gouvernement.

    N’est-il pas risqué de jouer ainsi avec la Constitution ?

    La Constitution est un objet vivant. Ce n’est pas un texte qui ne doit jamais évoluer. En ce sens, il n’y a rien d’aberrant à ce qu’il se prononce sur le droit de la nationalité, c’était d’ailleurs le cas après la Révolution. Mais toucher à la Constitution pose une question double : sur le principe et la procédure. Au niveau des principes, la question est de savoir si on modifie le texte pour renforcer des droits fondamentaux et offrir davantage de garanties dans une perspective progressiste et libérale ou bien si, au contraire, il s’agit de faire échec à une censure anticipée du Conseil constitutionnel. Ce n’est pas du tout le même objectif. Dans le premier cas, on cherche à renforcer les droits fondamentaux. Dans le second, dont il est ici question, il s’agit de les contourner en restreignant les droits des individus.

    Et au niveau de la procédure ?

    L’initiative de la révision appartient au Président de la République et ne peut se faire que par deux moyens : soit par vote du Congrès (Assemblée nationale + Sénat) à la majorité des 3/5e, soit par référendum. Il est donc beaucoup plus compliqué de réviser la Constitutionque de faire voter une loi.

    En réservant un régime différencié au département de Mayotte, la France ne rompt-elle pas avec sa tradition centralisatrice ?

    Si. Une application différenciée du droit de la nationalité, c’est la logique de la colonisation. À l’époque, il existait un droit de la nationalité française pour la métropole, régi par la loi, et des droits pour les colonies, régis par le règlement. En prévoyant des droits différenciés et plus restreints dans un territoire d’outre-mer, on s’inscrit dans l’histoire coloniale française.

    Le gouvernement dit vouloir supprimer le droit du sol pour lutter contre l’immigration irrégulière à Mayotte. Ce moyen vous semble-t-il efficace ?
    L’argument sous-jacent est celui selon lequel l’acquisition de la nationalité française pour un enfant à naître serait un facteur d’attraction pour la population comorienne. Mais en sait-on seulement quelque chose ? À ma connaissance, il n’existe aucune étude permettant d’isoler la nationalité comme un facteur déterminant de migration. Il faudrait imaginer que les candidats à l’immigration traversent la mer sur des bateaux de fortune en songeant que, 13 ans après la naissance d’un enfant, ils pourraient bénéficier de son acquisition de la nationalité en étant régularisés. Juridiquement, ça ne fait aucun sens. D’autres facteurs sont évidemment en jeu.

    (Propos recueillis par Timothée Boutry, 11 février 2024)

    #Mayotte #Darmanin #Nationalité #Nationalisme #Colonialisme #Immigration

  • La suppression du « droit du sol » à Mayotte : une mesure d’exception dangereuse pour toutes et tous

    Communiqué LDH

    C’est devenu une habitude : chaque visite ministérielle est l’occasion de déclarations fracassantes au premier rang desquelles figure systématiquement le renforcement de la lutte contre l’immigration. Ainsi pour tenter d’apaiser la colère des habitantes et habitants de Mayotte face à l’insécurité et à la crise migratoire, Gérald Darmanin a tout bonnement réitéré son souhait de supprimer le « droit du sol » en révisant la Constitution.

    Le reniement de ce droit fondamental, qui existe depuis 1804, est le moyen proposé par le ministre de l’Intérieur censé pallier l’abandon de l’Etat et la déshérence de l’ensemble des services publics dans ce département le plus pauvre de France.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/16/la-suppression-du-droit-du-sol-a-mayotte-une-m

    #politique #colonisation #mayotte

  • Soigner, séparer, précariser : notre rapport d’observation sur les évacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion

    Avec son rapport inédit sur les évacuations sanitaires depuis Mayotte vers La Réunion, La Cimade documente une procédure médicale qui vient percuter les droits des personnes étrangères et révèle une véritable confusion entre contrôle migratoire et politiques de soin.

    Les évacuations sanitaires, dites Evasan, permettent le transfert médicalisé de personnes vers une hospitalisation adaptée lorsque l’offre de soins est insuffisante dans le territoire où vit le ou la patiente. Depuis Mayotte, elles ont concerné près de 1500 personnes en 2021, dont 51% de personnes étrangères et environ un tiers d’enfants. La plupart ont été évacuées vers La Réunion. Opaque et mal connue du grand public, cette procédure médicale fait l’objet de nombreux fantasmes. Elle alimente des peurs de « filière d’immigration sanitaire » depuis Mayotte (et donc, indirectement, depuis les Comores) en total décalage avec la réalité : le départ pour La Réunion est souvent vécu comme un déchirement et 97% des personnes retournent à Mayotte après l’Evasan.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/14/soigner-separer-precariser-notre-rapport-dobse

    #santé #colonisation #reunion #mayotte

  • François Héran, sociologue : « A Mayotte, de quel droit du sol parle-t-on ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/13/francois-heran-sociologue-a-mayotte-de-quel-droit-du-sol-parle-t-on_6216345_

    François Héran, sociologue : « A Mayotte, de quel droit du sol parle-t-on ? »
    Tribune François Héran
    Professeur au Collège de France
    Lors d’un voyage à Mayotte, en août 2022, Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer, avait annoncé la couleur : pour réduire l’immigration des Comoriens, il fallait « lutter contre l’attractivité sociale et administrative » de Mayotte. La volonté récente d’abolir le droit du sol dans l’île en modifiant la Constitution s’inscrit dans cette ligne. Elle figurait déjà dans le programme du Rassemblement national (RN). Elle part d’un postulat : si l’immigration est si forte à Mayotte, au point que la moitié des habitants de l’île sont désormais, selon l’Insee, de nationalité étrangère, la faute en reviendrait essentiellement au droit du sol.
    C’est oublier que l’attractivité de Mayotte est d’abord géographique et économique. La politique d’influence menée par la France dans l’océan Indien dans les années 1970 a détaché les Mahorais des Comores en leur faisant miroiter une prospérité inespérée. Dans un rapport d’information, en octobre 2021, le Sénat a bien décrit la situation : les migrations entre les Comores et Mayotte sont typiques de la mobilité humaine des archipels. Elles s’expliquent par la faiblesse des distances, la communauté de langue et de culture, les liens familiaux, les écarts de salaire.
    En montant en épingle les rivalités historiques entre Mamoudzou et Anjouan, des familles de notables civils et religieux ont réussi à mobiliser la population de Mayotte en faveur du ralliement à la France lors du référendum de 1976, processus couronné par l’approbation massive de la départementalisation en 2009. Les Mahorais ont sincèrement cru que le référendum serait l’instrument magique permettant de grimper à bord du paquebot France et de larguer les amarres en abandonnant les Comores à leur sort.
    On s’est imaginé qu’il suffisait de requalifier les migrations internes de l’archipel en migrations « étrangères » pour s’en débarrasser. Ce n’était pas seulement nier les réalités géographiques, économiques et culturelles, c’était surestimer les capacités de la France à garantir, au sein de l’océan Indien, le développement d’un îlot de prospérité.
    Frontière redoutable
    Certes, nul ne peut nier les réformes majeures qui ont rapproché Mayotte de la métropole : instauration d’un état civil à la française, fin de la polygamie, suppression de la justice des cadis, mise en place de droits sociaux. Mais la distance reste considérable. Si l’on retient pour critère le PIB par habitant, l’île est désormais six fois plus riche que les Comores, tout en demeurant le plus pauvre des départements français.
    Entre Mayotte et l’île d’Anjouan, située seulement à 70 kilomètres, la France a creusé l’écart en installant une frontière redoutable : celle qui sépare les pays du Nord des pays du Sud. Comme l’a rappelé le géographe Stéphane Rosière, la nouvelle frontière entre Mayotte et les Comores a créé l’un des écarts de développement entre pays limitrophes les plus marqués au monde, derrière ceux qui séparent Israël de l’Egypte (16 contre 1), l’Iran de l’Afghanistan (10) ou les Etats-Unis du Mexique (7). Comment s’étonner que Mayotte continue d’attirer les populations voisines ? Comment ne pas mesurer le caractère tragique d’une mobilité de cousinage traitée dorénavant comme une invasion ennemie ?
    Dans l’essai Immigration : le grand déni (Seuil, 2023), je doutais qu’on puisse perpétuer « le paradoxe consistant à placer Mayotte en dehors de la légalité républicaine pour mieux affirmer son appartenance à la République ». La liste est longue des exceptions censées « adapter » le droit aux particularités des territoires d’outre-mer, en vertu de l’article 73 de la Constitution : pas de commission du titre de séjour, pas de recours face à l’OQTF (obligation de quitter le territoire français), pas d’allocation pour les demandeurs d’asile, pas d’accueil des enfants mineurs par l’aide sociale, pas d’accès au RSA avant un délai de 15 ans. Et, déjà, un droit du sol limité.
    Mais de quel droit du sol parle-t-on ? C’est par un abus de langage que l’on identifie le droit du sol simple à une acquisition « automatique » de la nationalité française. Il faut en réalité remplir trois conditions : être né en France, y avoir vécu pendant au moins cinq ans et toujours y résider à sa majorité. A Mayotte, une quatrième condition s’y ajoute depuis 2018 : être né sur place de parents qui étaient en situation régulière depuis trois mois. Comment justifier qu’on réduise ainsi le droit des enfants au nom d’une « faute » ancienne des parents ?
    La loi de 1889, qui a créé le droit du sol simple, fait partie des législations qui ont fait la République. Comme l’ont montré Patrick Weil et Rogers Brubaker, il ne s’agissait pas d’opposer un droit du sol « universaliste » à un droit du sang à base « ethnique ». On l’oublie souvent, le droit du sang fait partie intégrante du droit français de la nationalité : est française toute personne née d’un parent français. Le droit du sol ne s’oppose pas au droit du sang, il le complète. Dans les pays d’immigration (Amérique du Nord et Amérique latine, à quelques exceptions près), le droit du sang va de pair avec le droit du sol immédiat. Dans les pays d’immigration plus récente (l’essentiel de l’Europe, dont la France), il est complété par un droit du sol différé : toute personne née en France de parents nés à l’étranger devient française à sa majorité (dès 13 ans sur demande des parents, à 18 ans sinon). Les pays du Sahel et du Moyen-Orient privilégient un droit du sang patrilinéaire, tandis qu’en Russie et dans la plupart des pays asiatiques, le droit du sang exclut tout droit du sol, une façon de ne pas perdre ses émigrés.
    Notre droit de la nationalité est donc le fruit d’une longue histoire et d’un savant équilibre. Le RN prétend extrapoler la situation de Mayotte à l’ensemble de la métropole, comme si un milieu insulaire coupé de son archipel pouvait en quoi que ce soit préfigurer le reste du pays. Mais que ne ferait-on pas pour rallier l’opinion en liant les thèmes de l’immigration, de l’insécurité et du « grand remplacement » ? Si le parti Les Républicains et d’autres acteurs de notre vie politique lui emboîtaient le pas par simple calcul électoral, la République serait clairement en danger.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droitdusol#naturalisation#insularite#archipel#constitution#sante

  • Droit du sol, « A Mayotte, les Comoriens ne sont pas des étrangers » !

    Ce dimanche 11 février 2024, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin annonce sa volonté de mettre en place une réforme constitutionnelle pour obtenir « la fin du droit du sol à Mayotte ». Il s’agit d’une aggravation d’une législation déjà exceptionnelle à Mayotte sensée régler une situation considérée par l’État comme délétère mais qui est née du fait colonial imposé par la France aux Comores.

    Cette initiative du ministre de l’intérieur est aussi un danger majeur et plus général pour le droit du sol, cette initiative est perçue comme une opportunité pour des commentateurs et partis d’extrême droite, rêvant déjà d’étendre cette mesure à la France métropolitaine

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/13/droit-du-sol-a-mayotte-les-comoriens-ne-sont-p

    #international #mayotte #comores #colonisation

  • A Mayotte, Gérald Darmanin annonce la suppression du droit du sol dans l’archipel pour faire taire la colère de la population
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/12/a-mayotte-gerald-darmanin-annonce-la-suppression-du-droit-du-sol-dans-l-arch

    A Mayotte, Gérald Darmanin annonce la suppression du droit du sol dans l’archipel pour faire taire la colère de la population
    Par Jérôme Talpin (Mamoudzou, envoyé spécial)
    Cette fois, pas de traditionnels colliers de fleurs pour l’accueil. Pas de shengué, ce chant de bienvenue. Et pas d’enivrant bain de foule ponctué de messages louangeurs, comme ce fut le cas à Mamoudzou, le 25 juin 2023. Après le lancement de l’opération « Wuambushu » de lutte contre la délinquance, l’immigration clandestine et l’habitat insalubre, Gérald Darmanin avait été qualifié à l’époque par la foule d’« homme de la situation ».
    Venu dimanche 11 février à Mayotte, paralysée depuis trois semaines par les multiples barrages des collectifs de citoyens pour protester contre l’insécurité et le poids de l’immigration irrégulière, le ministre de l’intérieur et des outre-mer a été accueilli par des huées. Elles étaient lancées par un peu plus de 400 manifestants maintenus à distance, dont beaucoup de « mamans » des collectifs, vêtues de leur salouva.Pour dessiner une fin de crise et donner de nouvelles « preuves d’amour aux Mahorais », Gérald Darmanin, accompagné de la nouvelle ministre déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, a annoncé des « mesures extrêmement fortes ». La veille, avant de prendre l’avion, il avait préparé le terrain dans une vidéo en s’adressant aux Mahorais : « Aidez-moi à rétablir la paix publique, discutons, travaillons ensemble. »
    Très remontés, les différents collectifs regroupés dans le mouvement des Forces vives dénonçaient jusqu’à sa venue un « mépris ». « Le gouvernement ne veut pas entendre les cris des Mahorais », s’insurgeait Saïd Kambi, un des leaders des Forces vives. La lenteur prise pour aboutir à un remaniement n’a cessé d’accentuer cette conviction. Ayant réalisé à Mayotte son plus gros score au premier tour de la présidentielle de 2022 (42,68 % des suffrages), Marine Le Pen s’est engouffrée dans cette brèche en fustigeant, vendredi 9 février, « une population mahoraise totalement abandonnée » face à une « quasi-guerre civile ».
    Pour éteindre cette colère longtemps restée sourde dans une île de 310 000 habitants où, selon l’Insee, près d’un habitant sur deux en 2017 était étranger, Gérald Darmanin a lancé solennellement, dès sa descente d’avion, sa série d’annonces : « Le président de la République m’a chargé de dire aux Mahorais que nous allons prendre une décision radicale qui est l’inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle. » « Il ne sera plus possible de devenir français si l’on n’est pas soi-même enfant de parent français, précise le ministre. Nous couperons l’attractivité qu’il peut y avoir dans l’archipel. » Une mesure réclamée depuis des années par la majorité des élus et de la population mais « jamais accordée ».
    Sa conséquence est qu’elle va renforcer les spécificités et les exceptions du droit des étrangers sur le sol mahorais. Car à Mayotte, le droit du sol comporte déjà de nombreuses dérogations pour dissuader l’immigration irrégulière. (...) Selon M. Darmanin, cette mesure va diminuer de 80 % le nombre de titres de séjour délivrés à Mayotte en raison de liens familiaux. D’après l’Insee, sur un peu plus de 10 770 naissances en 2022, près de sept nourrissons sur dix ont au moins un parent étranger.
    Gérald Darmanin a, en outre, souligné que la loi relative à l’immigration « a beaucoup durci les conditions de regroupement familial à Mayotte », tout en reprochant à certains parlementaires mahorais de ne pas l’avoir votée. Selon lui, les nouvelles conditions – trois ans de résidence et un titre de séjour d’au moins cinq ans – vont « diviser par cinq le nombre de regroupements familiaux à Mayotte ».
    La troisième mesure annoncée était l’une des principales « conditions » des Forces vives pour négocier : la fin du visa territorialisé. Ces titres de séjour délivrés localement autorisent uniquement une présence sur l’île. Les collectifs réclamaient la suppression de cette autre exception qui, selon eux, fait de l’île une impasse où les étrangers sont maintenus, afin de protéger La Réunion et l’Hexagone. (...)
    La fin du visa territorialisé doit être incluse dans le projet de loi Mayotte promis « avant l’été » par Marie Guévenoux. Le ministre de l’intérieur a toutefois voulu placer l’île devant ses responsabilités en épinglant « la bonne société mahoraise parfois complice » pour faire venir des travailleurs étrangers, ou qui monnaye des certificats de
    Autre sujet qui cristallise les colères à Mayotte : le camp de migrants africains venus de la région des Grands Lacs et de Somalie, qui sont installés autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, dans des abris construits avec du bois et des bâches. L’installation régulière de nouveaux migrants est vue comme l’ouverture d’une « seconde route migratoire », après celle venue des Comores. (...)
    Gérald Darmanin promet en réponse « l’évacuation totale du camp ». Selon lui, les réfugiés ayant obtenu l’asile « vont être rapatriés dans l’Hexagone ». Cinquante d’entre eux ont pris l’avion dimanche soir, après quarante premiers départs fin janvier. Des retours volontaires dans les pays d’origine vont être proposés. Une nouveauté à Mayotte. Pour ceux qui ont été déboutés de leur demande, il y aura aussi des « expulsions immédiates », selon Gérald Darmanin.
    L’installation de ce camp d’environ 700 migrants africains a joué un rôle de déclencheur dans cette crise. A Mayotte, leur stigmatisation est prégnante. L’extrême droite s’est emparée du sujet pour en faire un épouvantail sur le thème de la submersion migratoire qu’elle prédit pour la France hexagonale.
    Dans ses interventions sur la chaîne d’info CNews, l’un des fondateurs du média Livre Noir, Erik Tegnér, présent à Mayotte, a associé systématiquement les clandestins aux « pillages des maisons des Mahorais ». Et a prétendu avoir découvert un « nouveau camp » de migrants dans la rue à côté de l’association d’entraide Solidarité Mayotte, alors que leur présence date de mai 2023. Dans une autre vidéo diffusée à l’antenne, le militant d’extrême droite a désigné sans retenue « les Somaliens » comme « encore plus dangereux que les Comoriens ». Pour « empêcher le passage des kwassa-kwassa des filières d’immigration », Gérald Darmanin a promis, en outre, la mise en place d’« un rideau de fer dans l’eau ». Avec le déploiement de bateaux de la marine nationale face aux côtes tanzaniennes, d’où partent ces migrants africains, et de drones marins.
    En prélude à sa visite, Gérald Darmanin avait également annoncé le départ de l’opération « Wuambushu 2 ». Il a salué à l’aéroport les quinze gendarmes du GIGN arrivés en renfort pour aboutir à un plus grand nombre d’interpellations dans les bidonvilles les plus sensibles. (...) De ces annonces, élus et responsables des Forces vives retiennent avant tout la fin du droit du sol à Mayotte et du titre de séjour territorialisé. (...)

    #Covid-19#migration#france#mayotte#droitdusol#visasterritorialise#fluxmigratoire#regroupementfamilial#expulsion#traversee#sante#afrique

  • La suppression du droit du sol à Mayotte, une mesure voulue par l’extrême droite aux conséquences incertaines
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/12/la-suppression-du-droit-du-sol-a-mayotte-une-mesure-voulue-par-l-extreme-dro

    La suppression du droit du sol à Mayotte, une mesure voulue par l’extrême droite aux conséquences incertaines
    Julia Pascual
    Deux semaines à peine après la promulgation de la loi « immigration », qui avait notamment consacré, avant une censure du Conseil constitutionnel, la remise en cause du droit de la nationalité ou encore la préférence nationale, l’exécutif choisit de relancer le débat autour du droit du sol. A Mayotte, dimanche 11 février, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a tout bonnement promis de le supprimer dans ce département de l’océan Indien, par le biais d’une réforme constitutionnelle.
    Début février, le ministre avait déjà dit son souhait de durcir le droit du sol à Mayotte après qu’une disposition de la loi « immigration » sur ce point avait été censurée par le Conseil constitutionnel, le 25 janvier pour des raisons de forme. Ajoutée par la droite sénatoriale, elle prévoyait que, pour devenir français à sa majorité, un enfant né à Mayotte soit tenu de prouver qu’un de ses deux parents se trouvait en situation régulière « plus d’un an avant [sa] naissance ».
    Cette mesure durcissait le régime dérogatoire unique déjà instauré en 2018 par la loi Collomb, la première loi relative à l’immigration sous la présidence d’Emmanuel Macron. Depuis lors, l’enfant né sur l’archipel doit justifier qu’un de ses parents était en situation régulière depuis au moins trois mois avant sa naissance pour espérer devenir français à sa majorité ou par déclaration anticipée à partir de ses 13 ans.
    Sur le reste du territoire français, le principe du droit du sol fait qu’un enfant né en France de parents étrangers devient français de façon automatique à sa majorité, ou par déclaration anticipée s’il a résidé sur le territoire cinq ans depuis l’âge de 11 ans. En 2021, selon l’Insee, quelque 35 000 personnes ont obtenu la nationalité française selon ce droit.Pour M. Darmanin, interviewé sur Mayotte La 1re, la suppression du droit du sol à Mayotte constituerait « une grande résolution [des] problèmes ». Le département le plus pauvre de France est affecté par un phénomène d’insécurité, d’habitat insalubre et de saturation des services publics, notamment de santé et d’éducation. Près de la moitié de la population – estimée à plus de 300 000 habitants – est étrangère, principalement issue des îles comoriennes voisines.
    Le ministère de l’intérieur ambitionne de « diminuer de 90 % le nombre de titres de séjour ». Selon l’hypothèse suivante : si les enfants de parents étrangers ne peuvent plus devenir français, alors leurs parents ne pourront plus obtenir un titre de séjour de parent d’enfant français. Et donc l’intérêt pour eux de migrer à Mayotte sera nul. « Sur 4 000 titres de séjour délivrés chaque année, plus de 3 600 sont délivrés pour motif familial, en particulier en tant que “membres de famille de Français” », assure l’entourage de M. Darmanin.
    Si le calendrier reste à connaître, le principe d’une révision constitutionnelle est posé. « Le besoin de réforme constitutionnelle a été évalué à partir des avis rendus par le Conseil d’Etat à l’occasion de la précédente réforme du droit du sol à Mayotte », argumente la Place Beauvau. Un point qui fait débat.
    Au moment de la loi Collomb, « ni le Conseil d’Etat ni le Conseil constitutionnel n’ont dit qu’il y avait un risque d’inconstitutionnalité si l’on supprimait le droit du sol [à Mayotte] », rappelle Jules Lepoutre, professeur de droit public à l’université Côte d’Azur. Dans une décision de septembre 2018, le Conseil constitutionnel avait jugé que la différence de traitement apportée par la loi Collomb était conforme à la Constitution – et en particulier aux principes d’indivisibilité de la République et d’égalité devant la loi –, compte tenu des caractéristiques particulières de l’archipel, confronté à des flux migratoires importants. Jules Lepoutre pense toutefois qu’une loi ordinaire serait « probablement inconstitutionnelle », car elle pourrait être vue comme une « atteinte disproportionnée à l’indivisibilité de la République et du territoire », ou encore parce que le juge constitutionnel pourrait à l’occasion « reconnaître la valeur constitutionnelle du droit du sol, car il est consubstantiel à notre régime républicain puisqu’il est appliqué sans discontinuité depuis la Révolution ». Saisi sur une suppression de l’automaticité du droit du sol en 1993 à l’occasion de la loi Pasqua-Méhaignerie, Robert Badinter, alors président du Conseil constitutionnel, avait d’ailleurs déclaré lors des délibérations : « Si le législateur avait supprimé le jus soli [droit du sol], la question [de savoir s’il est un principe fondamental reconnu par les lois de la République] se poserait bien. Mais ici, il s’agit simplement d’en adapter certaines modalités. »
    En optant pour une révision constitutionnelle, « le ministre de l’intérieur peut vouloir neutraliser une éventuelle précision de jurisprudence », suppose Mathieu Carpentier, professeur de droit public à l’université Toulouse-Capitole. L’adoption d’un projet de loi constitutionnel n’est cependant pas évidente. Le texte doit être voté en des termes identiques par les deux chambres, après quoi le chef de l’Etat peut le faire adopter par référendum ou par une majorité des trois cinquièmes du Congrès.La loi « immigration » a illustré les difficultés du gouvernement à réunir une majorité parlementaire – il a essuyé une motion de rejet à l’Assemblée nationale et a obtenu un vote au prix de dispositions anticonstitutionnelles et du concours des voix du Rassemblement national (RN). Une réforme constitutionnelle sur l’immigration apparaît à tout le moins compliquée. (...)
    « Le gouvernement annonce quelque chose qui est au programme du RN, qui va lui apporter un répit politique mais qui va enflammer de nouveau le pays sur le sujet de l’immigration et qui ne résout rien sur le terrain », étrille l’historien Patrick Weil. Les conséquences de la réforme sont loin d’être évidentes. « Il reste à prouver que les Comoriens se disent “on va à Mayotte, on fait un enfant, on attend ses 13 ans et à ce moment-là on obtient un titre de séjour en tant que parent d’enfant français” », souligne Jules Lepoutre, tandis qu’il est certain que le PIB par habitant est sept fois plus élevé dans le 101e département français qu’aux Comores. De fait, l’impact de la réforme de 2018 sur les flux irréguliers reste à démontrer. Au ministère de l’intérieur, on assure que la loi Collomb a déjà permis de « diviser par trois le nombre d’obtentions de la nationalité » par déclaration anticipée, passé de 2 800 en 2018 à 799 en 2022. Mais « on ne fait que fabriquer de l’étranger, dénonce l’avocate Marjane Ghaem, qui a officié au barreau de Mayotte entre 2012 et 2020. Cela va précariser des jeunes qui seront privés de l’accès la nationalité. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#droitdusol#constitution#droit#nationalite#fluxmigratoire#politiquemigratoire#sante

  • Un petit point sur l’actu avant d’aller au dodo !

    #MAYOTTE C’est l’annonce choc de Gérald Darmanin, en visite éclair à Mayotte aujourd’hui : la fin du droit du sol automatique pour les enfants nés sur l’île. Une mesure forte qui suscite beaucoup de questions auxquelles nous répondons ici. N’empêche : les collectifs qui bloquaient l’île se sont engagés à lever leurs barrages sous 48 heures.

    #ISRAEL_PALESTINE Alors que l’offensive israélienne est imminente à Rafah, au sud de la bande de Gaza, Joe Biden exhorte Benyamin Nétanyahou à proposer « un plan crédible » pour la sécurité des civils.

    #FOOT IN-CRO-YA-BLE. Après avoir frôlé l’élimination dès le premier tour et viré son coach en cours de tournoi, la Côte d’Ivoire remporte la Coupe d’Afrique des nations à domicile, en battant le Nigeria en finale (2-1).

    #SuperBowl2024 C’est l’évènement sportivo-musico-people de la nuit : la finale du Super Bowl, avec la chanteuse Taylor Swift en vedette.