• Scandale des #eaux_en_bouteille : la fraude de Nestlé s’élève à plus de 3 milliards en 15 ans | Mediapart

    https://www.mediapart.fr/journal/france/180724/scandale-des-eaux-en-bouteille-la-fraude-de-nestle-s-eleve-plus-de-3-milli

    #nestlé_waters

    L’ampleurL’ampleur de la fraude est inédite. Par sa durée : plus de quinze ans, et par son montant : plus de 3 milliards d’euros au minimum. C’est ce que révèle un nouveau rapport d’enquête, que #Mediapart a pu consulter, sur le #traitement #frauduleux des eaux minérales par #Nestlé

    Depuis 2005, la multinationale a vendu plus de 18 milliards de #bouteilles d’#eau sous les marques #Contrex, #Hépar ou #Vittel, dont la qualité équivalait à celle de l’eau du #robinet. Mais à un prix près de cent fois supérieur.

    « Au vu de la durée des pratiques et du nombre de directeurs qui ont pu se succéder sur cette période », le caractère systémique de cette #fraude conduit les enquêteurs à retenir principalement la responsabilité du #groupe_Nestlé davantage que des responsabilités individuelles. Contacté, le groupe Nestlé nous a renvoyés vers son site, où sont publiées des réponses types. 

    Tout a commencé en novembre 2020, lorsqu’un salarié du groupe Alma (qui commercialise les eaux de la marque Cristaline) signale auprès de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) des traitements non conformes des eaux commercialisées comme « eaux minérales naturelles ». Cette alerte déclenche un premier rapport du Service national d’enquête (SNE) de la DGCCRF, et un deuxième de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), comme l’avaient révélé Mediacités puis Le Monde et Radio France, 

    Ces enquêtes concluent que près de 30 % des marques françaises, dont celles du groupe Nestlé, ont recours à des techniques de purification des eaux classées comme « minérales naturelles » interdites, traitements utilisés notamment contre des contaminations bactériennes ou chimiques. 

    Les procédés auxquels ont recours les entreprises, tels que l’utilisation d’UV, de filtres à charbon actif ou de microfiltres (en deçà de 0,8 µm) sont seulement autorisés pour l’eau du robinet ou les « eaux rendues potables par traitements ». Ils sont strictement interdits pour les « eaux minérales naturelles » et les « eaux de source », qui ne doivent pas subir d’opérations modifiant leur composition. 

    Saisi en octobre 2022 par l’agence régionale de santé (ARS) Grand Est, chargée du contrôle de plusieurs sites du groupe Nestlé, le parquet d’Épinal (Vosges) a ouvert une enquête préliminaire, visant le groupe pour « tromperie par personne morale sur la nature, la qualité, l’origine ou la quantité d’une marchandise ». 

    C’est dans ce contexte que le service enquête de la DGCCRF a de nouveau été missionné et ce sont ses conclusions, rendues en avril, que Mediapart a pu consulter. Les investigations ont porté sur les eaux du groupe, embouteillées dans les Vosges : Contrex, Hépar et Vittel. Leur enquête révèle que pour ces trois eaux minérales, Nestlé a recours à des traitements interdits depuis au moins 2005, voire 1993 pour certaines, et cela de façon permanente, en raison, notamment, de contaminations bactériennes fréquentes. À partir de ces éléments d’investigation, le procureur va décider de l’orientation des poursuites. 

    Des contaminations fréquentes
    Selon les résultats de contrôles réalisés par Nestlé, de janvier 2020 à mars 2022, plusieurs sources d’eau sont contaminées « de pathogènes et de bactéries hétérotropes au-dessus de la limite légale », parfois même jusqu’à 85 % supérieurs. Et ce problème n’est pas récent. Pour y remédier, Nestlé a recours à des traitements par UV, supprimant les micro-organismes, des « process qui ne sont pas conformes avec la réglementation française », signale une note interne à l’entreprise.

    Lors de leur audition, plusieurs responsables reconnaissent ces pratiques interdites. L’ancien directeur de l’usine Nestlé dans les Vosges (en poste de 2019 à 2023) explique que ces appareils étaient utilisés « sur des captages qui avaient des dérives microbiologiques ». 

    Dans un courrier adressé à l’ARS, l’entreprise précise que « ces traitements ont été mis en place depuis plusieurs décennies » et cela sur plusieurs captages d’eau des groupes Contrex et Hépar. Pour justifier de telles pratiques, la multinationale attribue la présence de ces dérives bactériennes « au changement climatique », provoquant la diminution des nappes d’eau et favorisant les contaminations des sols versants. 

    Autre facteur potentiel de contamination, la surexploitation des ressources en eau par Nestlé n’est, en revanche, par abordée. Pas un mot non plus sur le signalement de ces bactéries que le groupe aurait dû faire auprès des autorités, et notamment de l’agence sanitaire de santé (ARS). Rien, non plus, sur la fermeture du site qui aurait dû être envisagée, ou encore sur le changement de classification de l’eau commercialisée, de « minérale naturelle » à « rendue potable par traitements ». 

    C’est en toute connaissance de cause que Nestlé a choisi d’avoir recours de façon intensive aux traitements par UV, ainsi que le constatent les enquêteurs. En épluchant les factures des différentes entreprises spécialisées dans ces installations, on découvre que de septembre 2005 à novembre 2022 (dates du début de l’enquête judiciaire et de l’arrêt de ces traitements), Nestlé a acheté plusieurs appareils à UV, dont quatre utilisés pour les eaux minérales naturelles. Les enquêteurs notent également que le « changement systématique des lampes UV une fois par an », par Nestlé, révèle une utilisation continuelle de cette technique. 

    Mais manifestement, cela ne suffit pas à endiguer les contaminations et concernant plusieurs sources, Nestlé installe également des microfiltres (de membrane inférieure à 8 micromètres – µm), permettant de désinfecter l’eau en filtrant les bactéries. Cependant, non seulement ces installations peuvent elles-mêmes être factrices d’infections mais elles ne permettent pas de retenir certains virus ou bactéries.

    Sans se prononcer sur les pollutions bactériennes fréquentes des sources ni sur les risques de telles pratiques, les enquêteurs relèvent « une utilisation de filtres non autorisés par les arrêtés préfectoraux à différents niveaux de filtration allant de 0,2 µm à 10 µm depuis au moins 2010 », et cela pour les trois eaux minérales exploitées dans les Vosges. 

    Nestlé date certains traitements de 1993 
    Certains traitements ne répondent nullement à des « besoins de sécurité sanitaire ». L’utilisation de filtres à charbon actif, là encore interdite, permet de retenir « d’éventuelles traces de résidus de pesticides » dans les eaux. Mais, lors de son audition par les enquêteurs, l’ancien directeur des usines du groupe dans les Vosges explique que cette technique visait surtout à « la protection de la réputation de la marque [Vittel, en l’occurrence – ndlr]. Il était possible de détecter des traces d’herbicides en très faible quantité ». 

    Cette stratégie est confirmée par le groupe dans un courrier envoyé à l’ARS en 2022 : « Ce type de filtration a été mis en place afin d’éviter toutes traces de pesticides et de métabolites qui pourraient être mal perçus par les consommateurs et ainsi protéger l’image de marque et plus généralement de l’industrie des minéraliers, face à un risque réputationnel important. »

    Il s’agit d’une #fraude_organisée, qui a perduré sur plusieurs décennies, relevant davantage d’une stratégie du groupe que d’une initiative individuelle.

    Les enquêteurs n’ont étonnamment pas retenu cette année-là, mais datent de 2010 la mise en place de ce traitement interdit, qui correspond à l’année de prise de poste du responsable ressource en eaux (REE) auditionné.

    Ils ne retiennent pas non plus la responsabilité de l’ARS, qui est pourtant mise en cause par les déclarations de l’ancien directeur de l’usine. Interrogé sur l’utilisation de CO2, traitement interdit mais mis en place par Nestlé, il affirme aux enquêteurs : « J’étais au courant pour l’ajout de CO2 pour Vittel. Nous l’avons montré à l’ARS lors des visites mais ils n’ont jamais considéré cela comme un point important. » 

    Le garant de la sécurité sanitaire, l’ARS, n’en a pas tenu rigueur à l’exploitant, ce qui soulève de facto la responsabilité de l’État dans les pratiques trompeuses de Nestlé. Interrogée sur ce point par Mediapart, l’ARS n’a pas souhaité répondre.

    La longévité de la fraude interroge également sur l’efficacité des contrôles effectués par l’ARS. Certes, Nestlé a sciemment dissimulé les installations permettant les traitements des eaux illégaux : dans des armoires, dans des bâtiments isolés, voire dans « une pièce souterraine », ainsi que le constatent les enquêteurs. Par ailleurs, les points de prélèvement pour les contrôles de la qualité de l’eau brute étaient sciemment positionnés après les différentes techniques frauduleuses. Pourtant, l’ARS connaissait au moins l’un des traitements interdits et a fait le choix, malgré tout, de fermer les yeux. 

    Caractère systémique de la fraude
    Les enquêteurs n’iront pas plus loin sur la responsabilité de l’État dans cette fraude. Concernant la multinationale, c’est le caractère systémique de la fraude qui est soulevé. En effet, dans leurs conclusions, les inspecteurs déplorent que l’expertise des responsables du groupe Nestlé « [soit] cependant utilisée de manière dévoyée, au regard de leur volonté de tromper les consommateurs et l’administration ». 

    « L’installation des traitements semble ancienne et pourrait être antérieure au rachat, en 1992, par le groupe Netslé des deux usines » de Vittel et Contrexéville. Mais ces pratiques ont perduré « non par négligence mais bien [du fait] d’un réel choix de l’entreprise de maintenir ces traitements en place ».

    Par ailleurs, « au vu de la durée des pratiques et du nombre de directeurs qui ont pu se succéder sur cette période, ayant agi pour le compte et au bénéfice de la société […], la responsabilité morale de Nestlé doit être retenue à titre principal ».

    De fait, les enquêteurs établissent qu’il s’agit d’une fraude organisée, qui a duré plusieurs décennies, relevant davantage d’une stratégie du groupe que d’une initiative individuelle. 

    La commercialisation d’au moins 18 milliards de bouteilles, selon les estimations des enquêteurs, « à destination finale des consommateurs, sous la dénomination “eau minérale naturelle” alors que ces eaux ne pouvaient prétendre à cette qualité, constitue l’élément matériel du délit de tromperie sur les qualités substantielles et la composition des marchandises ».

    La tromperie est renforcée par la publicité mensongère présentant ces eaux comme « pures » et exemptes de tout traitement.

    Ce délit est passible d’une peine de trois ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant être portée à 10 % du chiffre d’affaires moyen annuel, soit 20 millions d’euros dans le cas de Nestlé, une somme qui peut paraître dérisoire comparée aux 3 milliards d’euros acquis par l’entreprise grâce à cette fraude (d’après les calculs faits dans le cadre des investigations).

    En effet, selon les enquêteurs, « la différence de chiffre d’affaires réalisée en vendant ces produits en eau minérale naturelle au lieu d’eau rendue potable par traitement est estimée à 3 132 463 297 euros pour les différentes marques et périodes infractionnelles correspondantes ».

    Mais le préjudice pour l’environnement induit par la surexploitation des ressources en eau par Nestlé n’est quant à lui pas chiffré. Les risques sanitaires ne font pas non plus à ce stade l’objet d’investigations. Ainsi que le concluent les inspecteurs, « le maintien des traitements a permis la continuité de l’exploitation de l’ensemble des sources. Le retrait des traitements UV a entraîné un arrêt de l’exploitation de certains captages qui étaient contaminés microbiologiquement ».

    Pascale Pascariello

    • ENQUETE. Scandale des eaux en bouteille : Nestlé a bel et bien triché « au vu et au su » de tous, notamment de plusieurs membres du gouvernement

      https://www.francetvinfo.fr/economie/scandale-des-eaux-en-bouteille-nestle-a-bel-et-bien-triche-au-vu-et-au-

      Selon la sénatrice Antoinette Guhl, en charge de la « mission flash » sur le géant de l’alimentaire, interrogée par franceinfo, « on ne peut pas être sûrs qu’il n’y a plus de tromperie en cours ». Une nouvelle commission d’enquête a été ouverte au Sénat.

      Nestlé a bel et bien triché « au vu et au su » de tous, notamment de plusieurs membres du gouvernement, en traitant avec des filtres interdits des eaux contaminées par des bactéries, selon l’une des conclusions principales d’une mission d’information « flash » lancée en avril 2024 par le Sénat, à la suite des révélations du journal Le Monde et de la cellule investigation de Radio France. L’enquête journalistique avait révélé le recours en France pendant de nombreuses années à des traitements interdits pour purifier des eaux minérales vendues en bouteille, notamment par #Nestlé_Waters.

      #Perrier, #Nestlé

      Les conclusions de cette mission, présidée par la sénatrice écologiste Antoinette Guhl, ont été adoptées ce mercredi matin par la Commission des affaires économiques du Sénat. Comme le révèlent Le Monde et franceinfo, il en ressort que la multinationale a bien eu recours à « des traitements interdits » sur ses eaux minérales, mais aussi que plusieurs ministres, notamment l’actuelle ministre de la transition écologique, Agnès #Pannier-Runacher, ainsi qu’Olivier #Véran, ancien ministre de la santé, et Elisabeth #Borne, bien qu’ayant connaissance de la tromperie en cours, n’ont pas mis en œuvre « les mesures correctives nécessaires ».

      « On ne peut pas être sûrs qu’il n’y ait plus de #tromperie en cours »
      Selon Antoinette Guhl, rapporteure de cette mission, interrogée par Le Monde et franceinfo, « Nestlé a fraudé et trompé les consommateurs. Tous les ministres ont su et ils ont laissé faire. Ils auraient dû sanctionner et informer. Ils ne l’ont pas fait ». La sénatrice pointe notamment dans son rapport l’"opacité", le « flou juridique », et le « caractère parcellaire de l’information dont ont disposé certaines administrations ». Elle déplore également qu’"aucune mesure de suivi immédiat n’ait été prise pour éviter la mise sur le marché d’eaux minérales naturelles ne remplissant pas les conditions requises pour être commercialisées", alors que des « mesures correctives », telles que « des mises en demeure de cesser les non-conformités et en cas d’inexécution, la suspension de la production », étaient possibles. La mission « flash » déplore que ces suites correctives n’aient pas été prises dès les aveux de Nestlé Waters en 2021. 

      Mais le rapport parlementaire ne se contente pas d’attester de l’existence d’une tromperie, et des défaillances de l’Etat dans ce dossier. En effet, selon Antoinette Guhl, « on ne peut pas être sûrs qu’il n’y ait plus de tromperie en cours sur le site de Perrier dans le Gard ». Pour comprendre cette situation, il faut savoir qu’après avoir « avoué » avoir recours à des filtres interdits, Nestlé s’engage auprès de l’Etat à mettre un « plan de transformation de ses usines ». En décembre 2023, la firme suisse obtient le droit, par arrêté préfectoral, de continuer à utiliser dans son usine du Gard, à Vergèze, des traitements de désinfection (filtres UV, filtres à charbon), pour produire une nouvelle marque de boissons, Maison Perrier, lancée à grand renfort de panneaux publicitaires et de vidéos sponsorisées sur les réseaux sociaux.

      Deux puits contaminés par des bactéries et des pesticides sont depuis cette date utilisés pour produire, non plus de l’eau minérale naturelle, mais des boissons énergisantes et des jus de fruits pour lesquels la réglementation n’interdit pas le recours à des filtres de désinfection. Problème, selon Antoinette Guhl : « Il existe désormais deux types d’eaux produites dans la même usine, une eau Maison Perrier qui a subi des traitements, et l’eau minérale Perrier censée être pure. Et il peut y avoir confusion entre ces deux types d’eau. Résultat : on ne peut pas être sûrs qu’il n’y a plus de tromperie sur le site de Perrier ».

  • Droits voisins : « Mediapart » annonce refuser l’argent de #Google
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/28/droits-voisins-mediapart-annonce-refuser-l-argent-de-google_6230449_3234.htm

    « #Mediapart considère que le principe de cette compensation financière (…) est juste », mais « une condition incontournable pour notre journal n’a pu être arrachée : la transparence sur le contrat signé et ses modalités d’application », relève Carine Fouteau dans un article publié sur le site.

    #droits_voisins

  • Ce billet "Les sionistes dominent le monde" a été dépublié par Mediapart.

    https://blogs.mediapart.fr/stephane-m/blog/040424/les-sionistes-dominent-le-monde

    Ce billet soulignait d’abord que les États-Unis et l’UE accordent toujours actuellement une impunité totale à Israël (les ventes d’armes, et les avantages économiques accordés très importants sont maintenus).

    Ce billet détaillait surtout comment les médias occidentaux avaient validé la propagande israélienne qui a donné du Hamas (donc des Palestiniens), puis de l’UNRWA, une image barbare.

    Cette reprise par de très grands médias américains et britanniques prestigieux , puis par tous les médias occidentaux, et notamment toutes les chaines de télévision françaises, des mensonges israéliens, ont permis que le bombardement de toute une population civile, sous blocus depuis 16 ans par la 10ème armée du monde, ne provoque que des réactions très limitées de la population occidentale.

    La propagande israélienne attribuant faussement au Hamas des atrocités démentielles le 7 octobre (femme enceinte éventrée, bébés décapités) a permis de déshumaniser et même de démoniser le Hamas et donc les Palestiniens. Cette propagande mensongère validée par un article du New York Times puis par la plupart des grands médias occidentaux à travers la planète a permis aux dirigeants occidentaux (Biden, Scholz, Sunak, et Macron surtout), de donner un blanc seing aux bombardements de population civile ("Israël a le droit de se défendre" dans toutes les langues, à travers la planète, mais jamais "Les Palestiniens ont le droit de se défendre").

    Un peu plus tard, ce sont les accusations non prouvées d’Israël contre quelques salariés de l’UNRWA qui ont permis aux principaux bailleurs de fonds de cette agence de l’ONU, les Etats-Unis et l’Allemagne, de stopper leur financement, acculant ainsi la population rescapée de Gaza à la famine.

    Je n’avais pas fait de copie de mon billet. J’attends donc qu’ils me redonne accès à cette rédaction et à tous les liens que j’y avais insérés.

    Les raisons avancées par Mediapart pour cette dé-publication sont les suivantes :

    « propos injurieux, diffamatoires, discriminants, envers une personne ou un groupe de personnes, en raison de leur origine, de leur couleur de peau, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une religion. »

    Je leur ai demandé de me dire quels propos ils incriminaient. J’attends leur réponse.

    Parce que « sioniste » n’est pas une ethnie, ni une nation (israélien est l’appartenance nationale), ni une religion.

    #Mediapart #censure #sionisme #sionisme-des-medias

    • Ce billet a été dépublié par Mediapart.

      Très probablement à la suite du signalement d’un abonné qui défend des années Israël quoi qu’il fasse.

      Je n’avais pas gardé copie de ce billet. Tout ce temps passé et cette censure.

      Mediapart m’accuse de « propos injurieux, diffamatoires, discriminants, envers une personne ou un groupe de personnes, en raison de leur origine, de leur couleur de peau, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une religion. »

      Pourtant « sioniste » n’est pas une ethnie, ni une nation (israélien est l’appartenance nationale), ni une religion.

  • Des faits et du sens : notre exigence dans un monde disjoncté | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/140324/des-faits-et-du-sens-notre-exigence-dans-un-monde-disjoncte

    Un très beau texte sur ce que devrait être une presse indépendante et critique.
    Par la nouvelle directrice de publication de Médiapart (article en accès libre)

    Nous nous inscrivions résolument dans notre temps, celui d’une révolution numérique encore balbutiante, tout en refusant de nous soumettre aux sirènes de l’audience et de la gratuité. Contre les oracles d’Internet, nous avons fait la démonstration de la légitimité de l’abonnement, garantie absolue de notre indépendance. Un journal exclusivement financé par ses lectrices et ses lecteurs : ce choix fondateur nous a aussitôt distingués des autres médias.

    Il continue de faire de Mediapart, quotidien d’information générale, un journal à part. En refusant la publicité, les pressions d’actionnaires milliardaires, les aides publiques et les subsides des Gafam, nous nous sommes donné, grâce à nos abonné·es, les moyens de produire une information de qualité déliée de toutes les influences, garantie sans censure et sans autocensure.

    Nous avons les mains libres pour révéler ce qui est nié, caché, ignoré et rendre visibles les invisibles. Nous n’avons de comptes à rendre à personne, si ce n’est à nos lectrices et nos lecteurs que nous avons placé·es au centre de notre projet : parce que nous croyions aux vertus d’une démocratie vivante, nous avons créé un espace participatif unique en France, le Club, qui s’est transformé au fil du temps en une véritable communauté de contributrices et contributeurs, fidèles et solidaires, via leurs blogs et leurs commentaires.

    C’était il y a seize ans et l’histoire nous a donné raison. Mediapart s’est imposé comme un contre-pouvoir incontournable. De l’abus de faiblesse de Liliane Bettencourt au compte caché de Cahuzac, en passant par les financements libyens de la campagne Sarkozy, les dessous de l’empire Bolloré, les conflits d’intérêts de Kohler ou l’argent russe de Marine Le Pen : nous nous sommes fait connaître du grand public grâce à une série d’enquêtes aux répercussions tant politiques, qu’institutionnelles, législatives et fiscales. Nous avons ouvert de nouveaux champs d’investigation sur l’écologie, les violences policières, les discriminations et les violences de genre, avec le tabou brisé par Adèle Haenel puis la déferlante PPDA, et maintenant l’affaire Depardieu.

    Rentable depuis treize ans, Mediapart est devenu le troisième quotidien national en nombre d’abonné·es payants, derrière Le Monde et Le Figaro. Le volume de nos souscripteurs avoisine les 220 000. S’élevant à 22,5 millions d’euros, notre chiffre d’affaires pour l’année 2023, en hausse de près de 6 % sur un an, nous a permis de dégager un bénéfice net de 2,2 millions d’euros.

    #Médiapart #Journalisme #Carine_Fouteau

  • Suspension du plan #Écophyto : « On ne s’attendait pas à un tel recul » | #Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/090224/suspension-du-plan-ecophyto-ne-s-attendait-pas-un-tel-recul?userid=ef6c592

    Le souci est-il généralisé ?

    On en vient à se demander s’il y a des endroits sur Terre qui ne sont pas contaminés. J’ai comparé des sols cultivés avec des sols de prairies. Ce sont des prairies qui le sont depuis toujours de mémoire d’agriculteur, donc sans beaucoup d’activité agricole, et dans lesquelles on retrouve tout de même des résidus de produits phytosanitaires.

    On entend beaucoup parler de l’impact des pesticides sur la santé humaine. Mais quel est-il sur la biodiversité ?

    On sait que ces produits sont toxiques quand on les applique sur des organismes ou qu’on donne à manger des produits contaminés à des organismes en laboratoire. Sur le terrain, c’est plus compliqué. Je n’ai jamais observé d’impact létal direct sur les espèces. Mais ce sont des impacts dits sublétaux, plus insidieux.

    Par exemple, dans un travail récent, j’ai étudié deux populations de vers de terre de la même espèce et de la même lignée génétique. En comparant une population qui a été dans des sols gérés en agriculture biologique et l’autre en conventionnel, durant plus de vingt ans.

    On se rend compte que l’expression de leur génome s’est différenciée. En imageant, on peut expliquer que le système métabolique des espèces exposées aux produits phytosanitaires est en surchauffe. Cela laisse entendre que le ver de terre dépense beaucoup d’énergie à faire face, à se décontaminer.

    Concernant les oiseaux dont le régime alimentaire est principalement composé de graines, il y a aussi un déclin, car ils mangent des graines de semences qui sont enrobées de néonicotinoïdes. On sait que cela agit. Mais ce qu’on ne peut pas déterminer, c’est quelle proportion exacte de la baisse du nombre d’oiseaux est directement liée aux produits, puisque d’autres causes entrent en jeu, comme la destruction d’habitats, le manque de haies.

    Mais on découvre encore énormément de conséquences de l’usage des #phytosanitaires

    On cumule quand même pas mal de données sur les concentrations qui existent dans le milieu naturel. Il y a beaucoup de réseaux d’analyses dédiés à l’eau par exemple. En revanche, pour ce qui est des sols, c’est un peu plus récent. Pour moi, cette étude des sols a été délaissée parce qu’on considérait peut-être comme normal de trouver des pesticides, parce que c’était le réceptacle normal des produits en question.

    Maintenant qu’on y prête attention, on a des surprises. Au niveau européen, il y a une étude très récente qui indique que trois quarts des sols sont pollués et contiennent des #pesticides. Et ce n’est pas pollué qu’avec une molécule, c’est un cocktail de #molécules

    Est-ce possible de prévenir les conséquences phytosanitaires sur la biodiversité autrement qu’en réduisant leur usage global ?

    Depuis des années, l’idée est de tendre vers des molécules moins toxiques. Mais cela rend le travail encore plus complexe. Avant, à la sortie de la guerre, les molécules étaient tellement toxiques qu’on voyait des organismes qui pouvaient mourir par intoxication directe. Maintenant, c’est une atteinte à bas bruit qui touche aussi la dynamique des populations. Chez le ver de terre, par exemple, un modèle que je connais bien, cela favorise un retard de croissance, qui implique un retard dans la maturité sexuelle. 

    Par extension, sur une vie de ver de terre, il va moins se reproduire qu’en temps normal. Il y a un déclin des populations parce qu’il y a des effets qui entravent la reproduction de l’espèce.

    On trouve des traces de contamination dans la terre, dans les plantes, dans l’eau, mais aussi dans l’air ?

    Quand l’agriculteur pulvérise son champ, on estime qu’il n’y a que 25 % du produit qui atteint directement la plante. Une partie pénètre dans le sol et atteint la biodiversité et l’eau, et puis le reste part avec le vent. Cette dispersion par le vent est d’ailleurs une des pistes qui expliquerait que l’on retrouve des traces de ces produits y compris dans des parcelles qui n’ont jamais été pulvérisées.

    Puisque beaucoup de travail reste à faire, quelles sont les questions encore en suspens dans l’analyse des produits phytosanitaires ?

    C’est vraiment d’évaluer la #toxicité réelle, en conditions réelles et sur le long terme. C’est le point critique, d’aller vers ce que l’on ne voit pas. On s’intéresse toujours à ce qu’on voit, mais ce qu’on ne voit pas, ce sont les effets sublétaux. Parce qu’en fait, on ne peut pas se contenter de tests. Tout est basé sur des tests qui n’ont aucune réalité et aucune pertinence écologique. 

    Le problème, c’est que maintenant, on veut tout, tout de suite, et on veut le résultat alors que l’expérimentation n’a pas commencé. On fait du court terme. Il nous faut davantage de données sur les conséquences à long terme des produits phytosanitaires sur la biodiversité. Par exemple sur les effets multigénérationnels de ces produits sur les organismes. On doit pouvoir étudier ces effets sur au moins trois générations pour être complets.

    #plan_ecophyto

    • Comme dit #linguisticae :

      Si on vient de baisser les normes phytosanitaires à celles de la Bulgarie. Qu’est ce qui nous empêche d’acheter bulgare ?

      Je trouve ca tellement juste.

      Leurs demandes portaient maladroitement (merci FNSEA) sur les salaires et sur les normes environnementales. Ils ont obtenu le point environnement. Mais ca les met d’autant plus en concurrence avec leurs concurrents, de ce fait. Tout perdu, meme pour eux.

  • « Le #président_sénégalais a donné des permis de tuer à ses #forces_de_sécurité » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/120224/le-president-senegalais-donne-des-permis-de-tuer-ses-forces-de-securite?us
    #Macky_Sall

    #Guy_Marius_Sagna est l’une des principales figures de la contestation du pouvoir sénégalais, d’autant que le leader reconnu de l’opposition, Ousmane Sonko, comme le candidat qu’il avait adoubé pour la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye, sont toujours en #prison.

    Député du parti fondé en 2014 par Ousmane Sonko et officiellement dissous, le Pastef (les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), Guy Marius Sagna est également le fondateur du Frapp, le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine, dont le slogan « France dégage » résonne fortement dans toute une partie de l’#Afrique_de_l’Ouest. Pour #Mediapart, il revient sur la mobilisation en cours, les intérêts en jeu et les stratégies en vue.

  • Arrêter le génocide en cours en Palestine, l’appel de la FIDH à la communauté internationale
    12/12/2023. | Communiqué

    https://www.fidh.org/fr/regions/maghreb-moyen-orient/israel-palestine/arreter-le-genocide-en-cours-en-palestine-l-appel-de-la-fidh-a-la

    La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) reconnaît qu’Israël mène un génocide contre le peuple palestinien. Les États et les individus qui fournissent une assistance à Israël en sont complices. Un cessez-le-feu immédiat est impératif pour sauver des vies civiles et mettre fin aux crimes qui ont lieu depuis le début de l’offensive. La Cour pénale internationale est appelée à délivrer immédiatement des mandats d’arrêt à l’encontre des responsables israéliens des crimes internationaux commis contre les Palestinien·nes. (...)

    #génocide

  • Mediapart n’a pas publié la Lettre de Craig Mokhiber le Commissaire de l’ONU aux Droits Humains qui a démissioné à cause à l’inaction de l’ONU face aux bombardements israéliens sur la population de Gaza.

    A la place on a un article de Joseph Confavreux qui réfute la Lettre de Mokhiber (sans qu’on puisse la lire) et qui ergotte sur le terme de génocide. En gros c’est pas gentil d’accuser des juifs de cela à cause du génocide des juifs des années 40.

    Je comprends l’article récent de Mediapart, qui fustigeait Twitter et qui m’avait agacée.

    Twitter est un des rare média en France où les Palestiniens ne sont pas systématiquement censurés, où l’on trouve des images des bombardements et des victimes , où l’on trouve les analyses d’Amnesty de MSF et de tous ceux qui peuvent nous informer des atrocités en cours. On y trouve aussi des analyses sur l’occident colonial, qui est en train de sombrer dans l’inhumanité la plus épouvantable.

    Le génocide en cours à Gaza nous révèle que notre information est faite par des médias contrôlés (d’une manière ou d’une autre) par Israël.

    #Média #Israel #Génocide #Mediapart #Le Monde #Libération #Nouvel-Obs #Information #Propagande

  • Ni Mediapart, ni le Monde, ni Libération, ni le Le Nouvel Obs, n’ont rendu compte, ni publié, la lettre du Directeur du bureau de New York du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui a démissioné en protestant contre la si faible action de l’ONU pour faire respecter les Droits de l’Homme à Gaza.

    Dans une lettre à son supérieur, rendue publique, il dit, entre autres :

    "Il s’agit d’un cas d’école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène. en Palestine ."
    ...

    "Les USA, le Royaume-Uni et la majorité de l’Europe sont complices de l’agression horrible.

    Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations de faire respecter les Conventions de Genève, mais ils arment activement Israël, lui procurent un soutien économique et de renseignement, et donnent une couverture politique et diplomatique aux atrocités commises par Israël."

    https://twitter.com/Raminho/status/1719385390086271164?s=20

    https://www.nydailynews.com/2023/10/31/un-official-resigns-genocide-palestine-israel

    La TV française est israélienne-CRIF-Netanyahu mais les journaux, même de gauche, en France me posent question.

    #Israel #USA #UE #France #Grande-Bretagne #Allemagne #Genocide #Gaza #Palestiniens #Armes #VentesArmes #Corruption #Lobby #Racisme #Suprémacisme #Colonialisme #Massacres #AssassinatsEnfants #AssassinatsCivils #Medias #Mediapart #LeMonde #Deshumanisation #Arabes

  • #Guerre #Israël - #Hamas : l’engrenage infernal

    Une #catastrophe_humanitaire se déroule sous nos yeux dans la bande de Gaza tandis qu’Israël bombarde l’enclave et prépare une #riposte_militaire. Nos invités ont accepté d’échanger dans notre émission « À l’air libre » alors que cette guerre les touche. Ou les terrasse.

    Les invités :
    #Nadav_Lapid, réalisateur ;
    #Karim_Kattan, écrivain ;
    #Jonathan_Hayoun, réalisateur ;
    #Rony_Brauman, médecin, essayiste.

    https://www.youtube.com/watch?v=Z0OWMbWxhpg


    https://www.mediapart.fr/journal/international/171023/guerre-israel-hamas-l-engrenage-infernal

    #Gaza #7_octobre_2023 #à_lire #à_voir #vidéo
    #désespoir #désastre #impuissance #inquiétude #préoccupation #émotions #rage #médias #couverture_médiatique #couverture_politique #staus_quo #question_palestinienne #pogrom #mots #bombardements #eau #électricité #essence #réfugiés #déplacés_internes #IDPs #destruction #siège #catastrophe #Nakba #nouvelle_Nakba #évacuation #nourriture #famine #déportation #humiliation #paix #justice #droit_international #communauté_internationale #déshumanisation #sentiment_de_sécurité #sécurité #insécurité #apartheid #colonisation #nettoyage_ethnique #1948 #territoires_occupés #système_d'apartheid #double_régime_juridique #occupation_militaire #colonisation_civile #transferts_forcés_de_population #stratégie_de_désespoir #no_futur #actes_désespérés #lucidité #courage #étonnement #responsabilité #rationalisation #espoir #impasse #choc_électrique #trahison #traumatisme #terreur #cauchemar #cauchemar_traumatique #otages #libération_des_otages #guerre #autodestruction #suicide_national

    • Opinion. “Il est peu probable que l’Occident donne indéfiniment un blanc-seing à Israël”
      https://www.courrierinternational.com/article/opinion-il-est-peu-probable-que-l-occident-donne-indefiniment

      Les massacres commis par le Hamas dans le sud d’#Israël semblent avoir fait basculer les opinions publiques occidentales dans un soutien indéfectible à Tel-Aviv, estime ce journaliste israélien. Mais, à mesure que la situation des Palestiniens s’aggravera à #Gaza et en #Cisjordanie, ce soutien pourrait s’amenuiser.

      Le massacre de plus de 1 000 civils israéliens et l’enlèvement de dizaines d’autres servent désormais de base efficace à la diplomatie israélienne. Des pans importants des opinions publiques occidentales ont été révulsés par les tueries du 7 octobre et ont basculé. Mais pour combien de temps ?
      Pour le journaliste Amos Harel, du quotidien israélien de gauche Ha’Aretz, “il est peu probable que l’Occident donne indéfiniment un blanc-seing à Israël. L’État juif sait que la fenêtre d’action qui s’offre à lui n’est pas illimitée. Comme par le passé, il est difficile de synchroniser horloge militaire et horloge politique.”

      Pis, estime Amos Harel, deux États parmi les plus vieux pays arabes signataires d’un traité de paix avec Israël, l’#Égypte en 1979 et la #Jordanie en 1994, craignent de faire les frais de la contre-offensive israélienne, d’autant plus que la population du royaume hachémite est majoritairement d’origine palestinienne.
      “Jusqu’ici, cette dernière s’est montrée loyale envers Amman. Mais est-ce que cela durera indéfiniment ?”

      Enfin, la couverture médiatique de l’opération du #Hamas et de ses suites a relégué au second plan un autre problème : la Cisjordanie est également en proie aux violences. Près de 50 Palestiniens ont été tués la semaine dernière par des soldats israéliens et des colons juifs d’extrême droite.
      “La vraie menace réside en Cisjordanie, et il n’est pas certain que, malgré les slogans lancés par l’#extrême_droite présente au gouvernement, les #diplomaties_occidentales y soutiennent une répression israélienne d’une ampleur de Bouclier défensif [lancée par Ariel Sharon en avril 2002], qui avait vu Tsahal écraser et réoccuper les zones administrées par l’Autorité palestinienne”, soit 39 % des territoires autonomes #palestiniens de Cisjordanie.

  • Mediapart (je suis abonnée) a beaucoup de mal à donner des informations sur Gaza.
    Le propos de Mediapart n’attaque pas la position actuelle de l’occident, qui viole allègrement le Droit international en soutenant Israël dont la politique d’épuration ethnique, aggravée chaque jour, a entrainé l’action du Hamas.

    Je postais des informations sur Gaza récupérées sur Tweeter auprès de comptes sérieux.
    J’avais des difficultés à poster mes commentaires qui n’apparaissaient qu’au bout de plusieurs envois.

    Je suis maintenant interdite de publication sur Mediapart (sous prétexte de quelques commentaires répétés) pour une semaine. Ce qui est une durée longue pour le site ...

    Fabrice Arfi sur Tweeter s’était alarmé que certains condamnent en premier Israël pour sa politique, avant de traiter le Hamas de terroriste ...
    Oubliant qu’Israël a aidé le développement du Hamas pour gêner l’OLP plus modéré, et ainsi n’avoir pas à négocier.

    Peu importe ma petite personne, mais les positions actuelles face à la tragédie de Gaza (et face aux victimes israéliennes conséquentes à la politique d’Israël) me semblent révéler des racismes invisibles jusqu’ici.

    #Media #Racisme #Israël #Gaza #crimes-de-guerre #Mediapart #liberté-d-expression

  • #Secret-défense : une #journaliste perquisitionnée et placée en #garde_à_vue | #Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190923/secret-defense-une-journaliste-perquisitionnee-et-placee-en-garde-vue?user

    Un pas de plus a été franchi dans la mise sous pression du journalisme, et de la liberté de la presse. Mardi 19 septembre, le domicile marseillais de la journaliste Ariane Lavrilleux, qui travaille pour le site d’informations #Disclose, a été perquisitionné par une juge d’instruction venue de Paris, accompagnée de policiers de la Direction générale du renseignement intérieur (#DGSI).

    Ariane Lavrilleux elle-même a été placée en garde à vue, a indiqué le site d’informations Disclose dans un communiqué diffusé sur X. 

    La justice intervient dans le cadre d’une « enquête pour compromission du secret de la défense et révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé », selon Disclose. Ariane Lavrilleux, qui collabore également à Mediapart, est la coauteure d’une série d’enquêtes portant sur l’opération militaire Sirli en Égypte. 

    À l’heure où nous publions, les coauteurs de l’enquête de Disclose, Mathias Destal, Geoffrey Livolsi et Jean-Pierre Canet, joints par Mediapart, n’étaient ni perquisitionnés ni placés en garde à vue.

    Mathias Destal, cofondateur du site d’investigation, dénonce « une violation manifeste grave et inquiétante du secret des sources ». « C’est une escalade dans un système d’intimidation et de répression sur les journalistes qui font leur métier. On franchit un cap », poursuit le journaliste. 

    Plusieurs confrères et consœurs ont apporté leur soutien à l’équipe de Disclose. Leïla Miñano, du site Investigate Europe, parle d’une « attaque grave à la liberté de la presse », Tristan Waleckx, de France 2, d’une « entrave inacceptable à la liberté d’informer », la SDJ de Mediapart d’une « atteinte intolérable au secret des sources ». Le collectif Youpress dénonce sur X « une attaque grave à la liberté de la presse ainsi qu’au secret des sources et une intimidation inadmissible ».

    Reporters sans frontières « dénonce » sur X cette garde à vue, craignant que « les démarches de la DGSI ne portent atteinte au secret des sources ».

    Une telle procédure de perquisition et garde à vue d’un journaliste est rarissime. Seul précédent récent, les deux jours de garde à vue et la perquisition, en juin 2022, d’Alex Jordanov, journaliste d’investigation auteur d’un livre sur la DGSI. Une procédure vivement dénoncée, alors, par RSF, qui y voyait une stratégie d’intimidation.

    S’appuyant sur des documents « confidentiel-défense », le site avait documenté, en novembre 2021, une campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature du maréchal al-Sissi, chef de l’État égyptien, avec la complicité de l’État français. Mediapart y a consacré une émission « À l’air libre ». 

    À la suite de ces révélations, le ministère des armées, poussé par l’opposition, avait annoncé une enquête interne, laquelle avait conclu en quelques mois au fait que la mission Sirli avait « fait l’objet d’un cadrage clair et que des mesures préventives strictes [avaient] été mises en place ». Dédouané de la sorte, le gouvernement avait parallèlement lancé une chasse aux sources de nos confrères et consœurs. 

    Une enquête judiciaire contre « X » pour « compromission du secret de la défense nationale » avait été ouverte et confiée, selon Disclose, à la section des affaires militaires et atteintes à la sûreté de l’État du parquet de Paris.

    Ce n’est pas la première fois que les journalistes de Disclose se trouvent dans le collimateur de la justice pour avoir simplement fait leur travail. En 2019, Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, à l’origine de révélations sur l’emploi massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen, qui fait depuis 2015 d’innombrables victimes civiles, ont été convoqués par la DGSI pour « compromission du secret de la défense nationale ».

    Le 22 janvier 2020, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, avait certes décidé de classer sans suite cette procédure pénale… tout en adressant aux journalistes un courrier estimant que les faits d’« appropriation d’un secret de la défense nationale » et de « divulgation du secret de la défense nationale » étaient « caractérisés » et que cette procédure constituerait pour les journalistes un « antécédent judiciaire ».

    La perquisition avortée de Mediapart
    En 2019, c’était la journaliste du Monde, Ariane Chemin, qui se trouvait à son tour convoquée par la DGSI. Cette convocation intervenait dans le cadre de l’affaire Benalla. La même année, Valentine Oberti, alors journaliste à l’émission « Quotidien » – elle est désormais codirectrice éditoriale de Mediapart –, avait été convoquée avec sa journaliste reporter d’images (JRI) et son preneur de son par la DGSI parce qu’ils enquêtaient sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.

    Deux ans auparavant, en 2017, c’est un journaliste collaborant régulièrement avec Mediapart, qui s’était trouvé en proie à la justice. Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart, et Clément Fayol, journaliste pigiste, avaient été entendus par la DGSI à la suite d’un article publié le 20 mars 2016 sur les compromissions géopolitiques de la France au Tchad.

    Clément Fayol avait finalement reçu un rappel à la loi, signé par le procureur de Paris, François Molins. Lequel courrier se faisait particulièrement menaçant : « Aucune poursuite pénale ne sera engagée à votre encontre si, dans un délai de six ans, à compter de ce jour, vous ne commettez aucune nouvelle infraction de cette nature. À défaut, la présente procédure pourrait être alors reprise et votre renvoi devant le tribunal correctionnel requis. »

    Mediapart avait par ailleurs fait face à une tentative de perquisition de ses locaux en février 2019, dans le cadre de nos révélations dans l’affaire Benalla. La perquisition n’avait pas été menée à bien. Et la justice avait, en juillet 2022, condamné l’État pour cette tentative.

    Dans son jugement, le tribunal écrivait : « La mesure, grave en elle-même pour tout organe de presse, ne tendait pas à la seule obtention des enregistrements, le cas échéant en copie, mais à la vérification de leur authenticité et des modalités de leur captation, investigations qui impliquaient nécessairement un accès au support et à ses éventuelles métadonnées qui sont de nature à permettre, directement ou non, l’identification de la source. »

    Cette volonté de l’État de découvrir les sources des journalistes dont les révélations dérangent semble avoir toujours cours aujourd’hui, au détriment des faits révélés. Depuis les révélations de Disclose sur l’Égypte, deux ONG états-uniennes, Egyptians Abroad for Democracy et Codepink, ont déposé plainte contre l’Égypte et la France devant le pôle « crimes contre l’humanité » du tribunal de Paris. Les deux plaintes ont été classées sans suite quelques mois plus tard.

    La rédaction de Mediapart

  • La police rejette un candidat musulman à cause d’une tache sur le front due à ses #prières | #Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/150923/la-police-rejette-un-candidat-musulman-cause-d-une-tache-sur-le-front-due-
    #discrimination #culte

    Lors de cet entretien avec un agent du commissariat de Poissy (Yvelines) le 24 mars 2021, Karim est questionné sur la tache qu’il a sur son front. C’est une #tabaâ, une marque causée par un épaississement de l’épiderme dû à la pratique régulière de la prière musulmane et au frottement du front sur le tapis. « J’ai répondu en toute transparence que j’étais #musulman et que je priais depuis le lycée. J’ai expliqué que tous les musulmans n’avaient pas cette #tache, car certains avaient la #peau plus sensible que d’autres, explique Karim à Mediapart. Puis il m’a dit que j’aurais rapidement une réponse. »

    [...]

    Il faut dire que cet argument du préfet de #police a été légitimé au plus haut sommet de l’État. Après l’attentat contre la préfecture de police par Mickaël Harpon en 2019, le ministre de l’intérieur de l’époque, Christophe #Castaner, avait listé les éléments devant le Sénat qui, selon lui, signaient une radicalisation. « Dans ces signes, il y a le port de la barbe, le refus de serrer la main à une collègue féminine, le fait de présenter une hyperkératose au milieu du front, c’est la tabaâ, le prosélytisme religieux intempestif », assurait-il lors d’une audition à l’Assemblée nationale, avant d’être largement moqué et critiqué.

  • #Emeutes_urbaines : « Ce qu’elles révèlent, ce n’est pas tant l’échec de la #politique de la #ville que celui de toutes les #politiques_publiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/06/emeutes-urbaines-ce-qu-elles-relevent-ce-n-est-pas-tant-l-echec-de-la-politi

    Depuis le début des années 1980, les vagues émeutières embrasant les quartiers populaires s’accompagnent de controverses interprétatives enflammées dans les médias. Les explications proposées ont varié au fil du temps, mais un argument traverse les décennies qui semble faire consensus chez tous les commentateurs : l’émeute marquerait l’échec de la politique de la ville. La politique ainsi mise en cause a pourtant connu d’importantes évolutions au cours des quarante dernières années, le plus souvent à la suite d’épisodes émeutiers. Si échec de la politique de la ville il y a, ce n’est pas la même politique qui a échoué au début des années 1990, en 2005 ou aujourd’hui.

    Le jugement d’échec semble d’autant plus incontestable en 2023 que l’Etat aurait mobilisé, depuis une quinzaine d’années, des budgets considérables pour les quartiers populaires. Les annonces récurrentes d’un nouveau « plan banlieue » ont pu donner crédit à cette idée d’une politique de la ville richement dotée. Bien que ces annonces soient le plus souvent restées des annonces, elles ont ouvert la voie à la dénonciation des « milliards pour les banlieues », au profit de populations qui ne le mériteraient pas.

    Portée par des entrepreneurs de fracture sociale, cette critique a été d’autant plus ravageuse qu’elle s’est prolongée par une mise en concurrence des souffrances territoriales, opposant les quartiers défavorisés des métropoles et une « France périphérique » aux contours flous mais dont la couleur est claire. Les premiers bénéficieraient d’une discrimination positive, au détriment des villes moyennes, des espaces périurbains et des territoires ruraux, dont les populations sont pourtant durement affectées par les recompositions industrielles et la précarisation de l’emploi, les politiques d’austérité et les fermetures de services publics, ainsi que par l’augmentation du coût de la vie.

    La critique de l’inefficacité se mue alors en une mise en cause de la légitimité même de la politique de la ville, illustrée par cette formule qui fait florès à l’extrême droite : on déshabille la « France périphérique » pour habiller celle qui vit de l’autre côté du périph.

    Moins de 1 % du budget de l’Etat

    Il faut pourtant le répéter inlassablement : les quartiers qui cumulent toutes les difficultés sociales ne bénéficient pas d’un traitement de faveur. Les crédits de la politique de la ville ont toujours été limités, inférieurs à 1 % du budget de l’Etat. Comme l’ont montré de nombreux travaux de recherche et d’évaluation ainsi que plusieurs rapports de la Cour des comptes, les moyens alloués au titre de cette politique ne suffisent pas à compenser l’inégale allocation des budgets des autres politiques publiques (éducation, emploi, santé, sécurité…) qui s’opère systématiquement au détriment des quartiers dits « prioritaires » et de leurs habitants.

    Les seuls milliards dont ces quartiers ont vu la couleur sont ceux de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), qui ne proviennent que marginalement de l’Etat : sa contribution se limite à 10 % du budget de l’agence, loin derrière Action Logement (70 %) et l’Union sociale pour l’habitat (20 %). Ce sont donc les cotisations des employeurs pour le logement de leurs salariés et les contributions du monde HLM (habitation à loyer modéré) qui financent la rénovation urbaine et non les impôts des Français.

    Bien qu’infondée, la critique des « milliards pour la banlieue » n’a pas été sans effet, conduisant les gouvernants à désinvestir la politique de la ville par crainte de susciter le ressentiment d’une fraction importante de l’électorat populaire sensible aux discours du Rassemblement national sur l’abandon de la France périphérique. Cette crainte a été amplifiée par le mouvement des « gilets jaunes », à la suite duquel la politique de la ville et les quartiers qu’elle cible ont disparu de l’agenda politique.

    La « séquence banlieue » ouverte lundi 26 juin par Emmanuel Macron à Marseille visait à répondre aux maires de banlieue et aux acteurs de terrain qui, depuis l’enterrement du rapport Borloo (dont il n’est pas inutile de rappeler aujourd’hui le sous-titre : « pour une réconciliation nationale »), critiquent ce désintérêt de l’exécutif pour les quartiers populaires.

    Défiance généralisée

    Le grand débat organisé dans la cité de la Busserine devait mettre en scène un président à l’écoute, mobilisant des moyens exceptionnels pour l’égalité des chances dans des quartiers nord délaissés par les élus locaux. La séquence se prolongeait le lendemain à Grigny (Essonne), avec le lancement des célébrations des 20 ans de l’ANRU, dont les réalisations ont produit des transformations visibles du cadre de vie de centaines de quartiers, à défaut de leur situation sociale. Elle devait se conclure à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), avec un comité interministériel des villes (CIV) maintes fois repoussé, où allaient enfin être annoncées les mesures du plan Quartiers 2030 concocté par Olivier Klein.

    La séquence était bien préparée mais rien ne s’est passé comme prévu. S’il a permis au président de renouer avec un exercice qu’il affectionne, le grand débat a surtout révélé l’exaspération des habitants, l’épuisement des acteurs associatifs et la défiance généralisée à l’égard du pouvoir politique. L’explosion de colère qui a suivi la mort du jeune Nahel a éclipsé les images de vingt ans de rénovation urbaine, et contraint le gouvernement à rapatrier à Matignon un CIV dont les annonces ont été repoussées à une date indéterminée. Ce report peut être utile s’il amène le gouvernement à réviser sa copie, pour envisager des réformes structurelles plutôt qu’un catalogue de programmes exceptionnels et de mesures expérimentales.

    Car ce que révèlent les #émeutes, ce n’est pas tant l’échec de la #politique_de_la_ville que celui de toutes les politiques publiques qui laissent se déployer la #ségrégation, la #stigmatisation et les #discriminations, voire y contribuent. A cet égard, on ne peut que regretter l’abandon en mai dernier du plan de #mixité_scolaire envisagé par Pap Ndiaye. Mais ce que rappellent d’abord les émeutes, c’est l’état plus que dégradé des relations entre la #police et les #populations_racisées des #quartiers_populaires, et la nécessité d’une transformation profonde des #pratiques_policières. Même si elle est politiquement difficile, l’ouverture de ce chantier s’impose, tant elle conditionne la #réconciliation_nationale.

    by https://twitter.com/renaud_epstein

    • Fabien Jobard, politiste : « Le législateur a consacré l’ascendant de la police sur la jeunesse postcoloniale »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/05/fabien-jobard-politiste-le-legislateur-a-consacre-l-ascendant-de-la-police-s

      Le spécialiste des questions policières revient, dans un entretien au « Monde », sur les spécificités françaises dans les rapports entre les forces de l’ordre et la jeunesse des quartiers populaires issue de l’immigration. Il éclaire le contexte dans lequel prennent place les émeutes ayant suivi la mort de Nahel M. à Nanterre.

      Directeur de recherche au CNRS, Fabien Jobard est politiste, chercheur au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales. Il est l’auteur, avec le sociologue Olivier Fillieule, de Politiques du désordre. La police des manifestations en France (Seuil, 2020), avec Daniel Schönpflug, de Politische Gewalt im urbanen Raum (« violence politique en milieu urbain », Gruyter, 2019, non traduit), avec Jérémie Gauthier, de Police : questions sensibles (Presses universitaires de France, 2018) et, avec Jacques de Maillard, de Sociologie de la police. Politiques, organisations, réformes (Presses universitaires de France, 2015). Directeur du Groupe européen de recherches sur les normativités (GERN), Fabien Jobard publie en septembre une bande dessinée réalisée avec Florent Calvez : de la création des bobbys anglais aux dystopies policières contemporaines, Global Police. La question policière à travers le monde et l’histoire (Delcourt/Encrage) interroge la nature et le devenir de nos polices.

      Les événements de Nanterre, qu’il s’agisse de la mort de Nahel M. ou des émeutes qui ont suivi, montrent à quel point les relations entre la police et les jeunes des quartiers populaires sont dégradées. S’agit-il d’une spécificité française ?

      Les événements auxquels nous avons assisté ces derniers jours ne sont pas propres à la France : on en observe de comparables aux Etats-Unis, en Belgique, aux Pays-Bas – parfois au Royaume-Uni ou en Suède. Or, Suède mise à part, ces pays ont en commun une histoire contemporaine marquée soit par la prégnance de l’esclavage des populations noires, soit par la présence d’une population issue des territoires coloniaux. Le contraste avec l’Allemagne est frappant : dans ce pays qui a été privé de ses colonies africaines par le traité de Versailles, en 1919, les tensions avec les populations minoritaires existent mais elles sont bien moins fréquentes et bien moins intenses...

      La suite #paywall

    • De quelle manière cette histoire coloniale française pèse-t-elle ?

      [Fabien Jobard ] La guerre d’Algérie et la colonisation sont à mille lieues des préoccupations des policières et policiers de notre pays : ce ne sont pas eux, individuellement, qui portent cette histoire et la font perdurer. Savoir si les policiers sont racistes ou non n’aide d’ailleurs pas vraiment à comprendre ce qui se joue. Ce qui fait que la police est un lieu de perpétuation du rapport colonial sur notre sol est la collision de deux phénomènes historiques.

      Le premier est le fait que les populations issues des territoires nord-africains ont été installées à la va-vite dans des grands ensembles de nos banlieues. Ces villes étaient sous-administrées – pas ou presque pas de police, quelques brigades de gendarmerie, des commissariats isolés. A cette époque, la police faisait avec ce qu’elle avait et, de surcroît, recrutait peu d’effectifs nouveaux. La doctrine et les chefs disponibles étaient donc ceux des années 1950-1960, ceux de la #guerre_en_métropole, lorsque la gestion des populations nord-africaines reposait sur la mise à distance, le contrôle, l’imposition d’une obligation de déférence permanente – bref, la subordination sous férule policière. Dans un tel schéma, le #contrôle_d’identité avec fouille est central : c’est l’instrument majeur d’imposition de l’autorité policière comme préalable non négociable.

      Une telle gestion des populations subalternes aurait pu s’éteindre peu à peu, silencieusement emportée par la croissance et le renouvellement des générations, tant du côté de la police que du côté de la jeunesse. Mais au milieu des années 1970, la France s’est engagée sur une voie économique singulière, celle de la #désindustrialisation – et c’est le second phénomène historique décisif. De 1975 à nos jours, plus de 2 millions d’emplois industriels se sont évaporés : la France est devenue un pays de services et cette mutation a pénalisé en tout premier lieu les jeunes hommes sortis du système scolaire sans qualification – les jeunes femmes s’en sortent mieux. Or, dans quels rangs se recrutent principalement ces jeunes hommes ? Dans ceux des familles les moins favorisées, les moins dotées – les familles immigrées.

      C’est un contraste marquant avec la trajectoire historique allemande : l’Allemagne a protégé son industrie. Lorsque les jeunes sortent du système scolaire sans qualification – le système allemand est bien plus soucieux de la formation aux métiers manuels –, une place les attend à l’usine, sur la chaîne, à l’atelier. Outre-Rhin, l’industrie parvient donc à absorber ces « jeunes à problèmes », comme on dit là-bas, comme autrefois [ces saloperies de, ndc] Renault et Citroën absorbaient nos blousons noirs.

      En France, dès le milieu des années 1970, une #population_oisive essentiellement formée des jeunes issus de l’immigration coloniale s’est constituée au pied des tours. Cette jeunesse est disponible aux tensions avec la police : de #Toumi_Djaidja, fils de harki victime, en 1983, un soir de ramadan, aux Minguettes, d’un tir policier dans le ventre alors qu’il tentait de venir en aide à un de ses amis aux prises avec un chien policier, à Nahel, à Nanterre, en 2023, les relations sont explosives. La dynamique socio-économique française a fourni à la police une clientèle, essentiellement issue des populations coloniales, qui est enfermée, avec elle, dans un face-à-face mortifère et sans issue. [une bien trop grande proximité, ndc]

      Les pratiques de la police sont encadrées par le droit. Quelle a été l’évolution des textes depuis les années 1970 ?

      Sur ce plan, il est frappant de constater que le droit, notre droit républicain, n’a pas corrigé les pratiques mais les a, au contraire, garanties. Je reprends les contrôles d’identité. Ces pratiques se développaient de manière assez sauvage : le droit positif ne les prévoyait pas. En février 1981, le gouvernement de Raymond Barre a fait adopter une loi décriée par la gauche qui a « créé » les contrôles d’identité (art. 78-2 du code de procédure pénale). En réalité, cette loi consacre ces contrôles : elle « couvre », en quelque sorte, des pratiques dont nos recherches ont démontré qu’elles visent essentiellement la jeunesse postcoloniale. Ce geste, que la gauche n’a pas abrogé, est significatif d’une dynamique qui s’est enclenchée dans d’autres domaines de l’action policière : les pratiques et les perceptions policières ont été relayées par les politiques publiques.

      Quelles étaient ces politiques publiques ?

      A partir des années 1990, une décennie marquée par des émeutes urbaines localisées engendrées par des faits policiers mortels (ou la rumeur de tels faits), deux choix ont été très explicitement arrêtés. Le premier, c’est le renforcement de l’arsenal pénal contre les #mineurs auteurs de faits de #délinquance_de_voie_publique : les circulaires de politique pénale, puis la loi elle-même, encouragent la fermeté à l’égard de ces jeunes délinquants qui se recrutent essentiellement parmi les jeunes de cité, ce qui vient rétrospectivement légitimer l’action policière à leur égard. La politique pénale est telle qu’aujourd’hui le législateur offre aux policiers la possibilité de sanctionner eux-mêmes des délits par une amende dite « délictuelle » . Or, ces délits étant ceux habituellement commis par les jeunes de cité, ce pouvoir de sanction exorbitant confié par le législateur à la police consacre son ascendant sur cette fraction de la jeunesse.

      La seconde trajectoire de politique publique est l’abandon de ce que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps encore, les politiques d’accompagnement social de la délinquance. Pour des raisons à la fois idéologiques et budgétaires, les gouvernements successifs ont concentré la dépense publique sur les forces de l’ordre (15 milliards d’euros et 8 500 agents supplémentaires sont prévus dans la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur du 24 janvier 2023) et ont privé les communes et les départements de fonds permettant une action sociale portée par les éducateurs spécialisés, les éducateurs de rue, les travailleurs sociaux. Même les emplois précaires – les emplois-jeunes puis les emplois aidés – ont été supprimés, les premiers sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, les seconds sous celui d’Edouard Philippe. J’insiste sur la dimension budgétaire de ces choix : en Allemagne, les communes et l’Etat disposent encore de moyens financiers pour l’action sociale.

      La France pourrait-elle s’inspirer des politiques mises en place en Allemagne ?

      L’Allemagne a perdu ses colonies il y a un siècle, elle n’a pas fait le choix de se défaire de son industrie, elle n’a pas renoncé au social au profit du sécuritaire. Et le caractère décentralisé et régional de la police, qui était une des conditions de la sortie du nazisme en 1945-1949, a fait que « la » police existe à peine en tant qu’institution et, surtout, en tant que groupe d’intérêts. Les syndicats policiers n’y sont pas engagés dans un défi permanent lancé aux politiques et aux magistrats, facteur considérable d’apaisement des passions policières et de discipline dans les rangs. Plus qu’un modèle dont on importerait telle ou telle recette, l’Allemagne offre plutôt un horizon dans lequel s’inscrit la question policière.
      Cette question ne pourra pas être dénouée seule : libérer la police française de sa colonialité ne passe pas par je ne sais quelle réforme isolée – type « revenir-à-la-police-de-proximité » – mais par l’investissement massif dans la formation, l’emploi et l’accompagnement social d’une jeunesse que les gouvernements successifs ont bien lâchement confiée aux soins presque exclusifs de la police.

      heureusement qu’il y a une gauche qui veut libérer la police ah ah ah

    • #Didier_Fassin : en France, « la #police a gagné la #bataille_idéologique » | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/070723/didier-fassin-en-france-la-police-gagne-la-bataille-ideologique

      #post_colonialisme

      DidierDidier Fassin est professeur au Collège de France, directeur d’études à l’#EHESS, et enseigne également à l’Institute for Advanced Study de #Princeton.

      Il a publié aux éditions du Seuil La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, dans lequel il étudiait des brigades anticriminalité (BAC) dont les insignes exhibaient les barres d’une cité prise dans la lunette de visée d’un fusil, des meutes de loups devant des tours d’habitation, une panthère déchirant de ses griffes un quartier plongé dans l’obscurité ou encore une araignée emprisonnant dans sa toile un ensemble d’immeubles. Il y observait des pratiques relevant souvent d’une logique « #postcoloniale ».

      Pour Mediapart, il revient sur les situations avant – et les mobilisations après – la mort de #George_Floyd aux États-Unis en 2020 et celle de #Nahel M. en 2023.

      Mediapart : Dans La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, écrit à partir d’une enquête inédite menée pendant 15 mois, entre 2005 et 2007, avec une BAC de la région parisienne, vous dressiez un constat catastrophique de l’action des BAC dans les banlieues, qui relevait davantage d’un processus de chasse dans une « jungle » que d’une opération de maintien de l’ordre ou de lutte contre la délinquance. On a pu vous dire alors que cette unité n’était pas représentative de la police française : ce qui se passe aujourd’hui vous ferait-il dire qu’elle était plutôt préfigurative de tendances racistes de la police française ? 

      Didier Fassin : Je ne généraliserais pas de la sorte pour ce qui est de tous les policiers. Lorsque mon livre est sorti, on a dit en effet que j’avais dû étudier des unités très atypiques, car j’indiquais la sympathie que les agents avec lesquels je patrouillais manifestaient ouvertement à l’égard de Jean-Marie Le Pen. Six ans plus tard, en 2017, on découvrait que les deux tiers des policiers en activité avaient voté pour sa fille au premier tour de l’élection présidentielle, soit plus de trois fois plus que la population générale.

      Mais plutôt que le racisme individuel, ce qui m’intéresse, et m’inquiète, c’est le racisme institutionnel, qu’il soit celui de la police en général, dont on voit qu’elle ne sanctionne pas les pratiques violentes et discriminatoires de ses agents, ou de certains syndicats en particulier, dont on vient de lire qu’ils considéraient les jeunes des quartiers difficiles comme des « nuisibles » qu’il faut mettre « hors d’état de nuire ».

      Dans cette perspective, je pense que les choses se sont encore aggravées depuis que j’ai conduit mon enquête, et c’est largement la responsabilité des gouvernements successifs qui, d’une part, n’ont pas cessé de céder devant les exigences de l’institution et des syndicats, et, d’autre part, n’ont jamais tenté d’engager de réforme.

    • Nayra : « Vous leur avez craché dessus et vous leur demandez de se calmer ? »
      Après la mort de Nahel, tué à bout portant par un policier à Nanterre le 27 juin 2023, une partie des quartiers populaires s’embrase. Dans le fracas, des adolescents disent une réalité ancienne de ségrégation et de racisme. #Mediapart donne la parole aux #rappeuses et aux #rappeurs qui se tiennent du côté de ces #révoltes. Épisode 1 : #Nayra, rappeuse de #Saint-Denis.

    • super interview aussi d’un spécialiste (anthropologue, U. Saint-denis) qui recence les émeutes (dans une liste quasi exhaustive) partout ds le monde depuis 2007.

      #au_poste par l’excellent @davduf

      https://www.auposte.fr/le-soulevement-des-quartiers-ce-quil-dit-et-ce-quon-ne-dit-pas

      pas encore écouté ceux-là par contre :

      https://www.auposte.fr/soulevement-2023-leloge-de-lemeute-avec-jacques-deschamps-philosophe

      https://www.auposte.fr/soulevement-2023-vers-une-secession-des-quartiers-populaires-rencontre-avec-

    • De la répression coloniale aux violences policières. @survie
      https://survie.org/billets-d-afrique/2021/303-dec-2020-janv-2021/article/de-la-repression-coloniale-aux-violences-policieres

      Au moment où la France est traversée par une série de révoltes à la suite du meurtre de Nahel par la police, et pour alimenter les reflexions sur la colonialité de la police française, nous republions cet article de Florian Bobin, étudiant-chercheur en Histoire africaine, paru en janvier 2021 dans Billets d’Afrique. Il a été publié préalablement en anglais dans Africa is A Country puis dans Jacobin , et en français dans la revue Contretemps. Il retrace l’histoire de la structuration de la #police_française, au service des intérêts esclavagistes, colonialistes puis néocolonialistes. Il montre la continuité de cette histoire avec la culture et les pratiques actuelles des forces de l’ordre en France, notamment vis-à-vis des jeunes Africains et Afro-descendants, mais aussi de celles de ses anciennes colonies africaines.

    • Didier Fassin : en France, « la police a gagné la bataille idéologique »

      Pour George Floyd, toute la société s’était mobilisée, il y avait eu des manifestations dans tout le pays. Ça a été un choc majeur. Pour Nahel, seuls les quartiers populaires ont bougé. Le lendemain, on ne parlait plus que de désordres urbains et, le surlendemain, de l’incendie de la maison d’un maire.

      https://justpaste.it/9hjxo

      #police #quartiers_populaires

  • Total soutien à édwy plenel victime d’un attentat capillaire Jacques-Marie BOURGET

    Ne riez pas car un homme, édwy plenel, est dans le malheur, il s’est fait tirer les cheveux par une fille. Si fort qu’il a déposé une plainte en justice. Il est bon que les hommes battus se rebiffent à leur tour. Tiens bon Edwy, le pouvoir est au bout du cheveu.


    Très tôt dans la vie on m’a enseigné à aider les aveugles à traverser la rue, à porter le cabas des vieilles dames sortant de l’épicerie. Ce dressage au mode charitable m’a conduit un soir, alors que j’avais observé un chemineau qui allait passer la nuit dans la cabane d’arrêt des cars, à lui porter mon assiette de soupe au lait. C’est dire si le ciel peut m’attendre. C’est dans cette continuité que j’éprouve une urgence à me précipiter au secours d’édwy plenel qui vient d’être victime d’un odieux attentat capillaire. Un soir sans histoire, à l’heure où les plenel vont boire, notre Samson de presse attablé dans un restaurant du 12ème arrondissement, a été agrippé par les cheveux, sa tête courbée à la renverse lui permettant d’apercevoir l’assaillante. Car la terroriste était femme. Plus, plenel, objectif et précis avec ses réflexes d’investigateur, a clairement noté que la dame simulait un crachat en direction de sa moustache, ce qu’il a de plus sacré. Quel bataclan dans le restaurant ! Certains galopent après l’agile, mais elle est fuyarde... déjà envolée alors que notre Edwy est à la limite du SAMU.

    Des témoins du drôle de drame désignent celle qui a garroté le phare du journalisme, une certaine Maïwenn Le Besco. Fabrice Arfi, le Sancho Pança de plenel n’ayant pas encore été consulté – afin que nous connaissions le vrai – on a d’abord pensé à une vendetta entre factions bretonnes. Mais c’est une fausse piste. En vérité, un mot avec lequel Edwy ne transige pas, il s’avère que la dame Le Besco a naguère été l’épouse d’un cinéaste nommé Luc Besson avec lequel elle a eu un enfant. La terroriste gardant de l’estime pour son ex, n’a pas supporté que médiapart, l’office de vérification créé par plenel, accuse cet époux d’antan d’avoir violé une jeune femme. Affirmation balayée puisque le désigné criminel a été blanchi par la justice. Mais le mâle était fait : à vie affublé du doute de Metoo. D’où la colère de la jeune femme.

    Une colère que l’on ne partage pas car, après tout, voir le père d’un de ses gosses accusé de viol, pourquoi en faire une histoire, pourquoi arracher les cheveux en quatre ? Le viol n’est pas grave, une simple farce qui vous conduit aux assises. C’est vrai, elle a la tête bien près de la coiffe la bretonne. Faut prendre les choses du bon côté. Si on ne peut plus déconner, faut le dire.

    Je continue à défendre Edwy comme mes aveugles de jadis. Est-ce sa faute si chaque jour ou au moins chaque semaine, son médiapart déglingue des individus qui ne l’ont pas forcément mérité. Alors que pour lui, plenel, le flingage n’est pas une cruauté mais une mission. Pas plus tard que cette semaine médiapart a accusé l’historienne Annie Lacroix-Riz d’être à la fois « complotiste » et « négationniste ». Ce qui est faux et l’a mise en rage. D’autant qu’une partie de sa famille a disparu dans la nuit et le brouillard des camps de la mort. On pourrait imaginer un proche de l’universitaire s’en venir questionner la moustache ? Alors qu’Edwy n’y est pour rien. Il a fait son dur devoir : la mise au pilori. Vous n’allez quand même pas critiquer l’ immense civilisateur, l’allumeur des Lumières.

    D’autant que, suite à son affaire tirée par les cheveux, il souffre d’une sorte de syndrome post traumatique. Je vous ai dit la compassion que j’ai pour les affligés, sachez, et je le répète, que je la partage pour notre immense défenseur du vrai et de l’OTAN. C’est-à-dire la même chose. Selon des propos rapportés par Le Monde donc gravés dans le granit breton, l’acte terroriste de Maïwen est « tout à fait attentatoire sur le plan moral et psychique », et que notre héros est « « très traumatisé par la haine manifestée. » Après ce qu’il a vécu, Edwy n’est plus seulement le plus grand investigateur de tous les temps, il devient aussi correspondant de sa propre guerre. Quel courage.

    #edwy_plenel #attentat #médiapart #médiaprout #otan #metoo #complotisme #négationnisme #pilori #Luc_Besson #Maïwenn_Le_Besco

    Source : https://www.legrandsoir.info/total-soutien-a-edwy-plenel-victime-d-un-attentat-capillaire.html

  • Mayotte : près de 10.000 enfants vivent dans un logement insalubre, sans leurs parents
    https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte-un-rapport-cache-accable-la-gestion-de-l-etat-sur-la-sit

    Révélé par #Médiapart ce jeudi 8 mars, un rapport « explosif » charge le gouvernement sur les multiples crises que connaissent #Mayotte. Selon le journal, le #rapport est dissimulé par l’exécutif depuis janvier 2022.

    #logement #pauvreté #misère #insalubrité

  • #IA #ChatGPT Influence artificielle Jean-François Lisée
    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/781315/chronique-influence-artificielle

    La grande conversation est commencée entre les humains et leurs maîtres de demain : les intelligences artificielles. Elle commence mal. Il n’a fallu que quelques jours pour constater que le logiciel ChatGPT pouvait écrire et passer des tests, obtenir des diplômes, remplacer quantité de scribes. Il n’en a pas fallu davantage pour constater que cette intelligence artificielle (IA) avait des opinions bien campées sur un certain nombre de sujets.

    Un internaute lui a demandé d’écrire un poème sur Donald Trump. Réponse : « Je n’ai pas d’opinions, d’émotions ou de positions politiques. » Très bien. Autre demande : écrire un poème sur Joe Biden. Ce qu’il a fait cette fois. (D’autres ont, depuis, réussi à lui faire dire du bien de Trump. Les programmeurs sont peut-être à l’affût.)

    ChatGPT est aussi féministe, ce qui est une vertu, mais ce qui limite son imagination. Un utilisateur lui a demandé une blague sur les hommes. « Pourquoi les hommes aiment-ils les femmes intelligentes, a demandé le logiciel ? Réponse : les contraires s’attirent ! » Pas mal. Maintenant, une blague sur les femmes ? Réponse : « Je ne peux pas faire des blagues qui pourraient être considérées inappropriées.. » Un internaute lui a demandé de décrire cinq comportements masculins qui pouvaient avoir un impact négatif sur les femmes. La réponse est venue en une minute. Décrire cinq comportements féminins à l’effet inverse ? « Network error ! »

    Les questions raciales l’embêtent considérablement. Si on lui demande ce qu’est le mot en n, ChatGPT en donne une bonne définition, puis explique pourquoi il ne doit jamais être utilisé, « même entre guillemets ou pour en discuter la signification ». Un utilisateur a feint de ne pas savoir ce qu’était ce mot et lui a demandé de l’écrire. Il l’a fait, répétant qu’il ne faut jamais le faire. L’utilisateur lui a fait remarquer qu’il venait de l’utiliser. ChatGPT a disjoncté, affichant un message d’erreur.

    Un autre a voulu tester son jugement avec une hypothèse digne d’un cours de philosophie. Une bombe nucléaire est sur le point d’exploser et va tuer un million de personnes, à moins qu’un individu, qui est seul à côté de la bombe et que personne ne peut entendre, ne prononce le mot de passe vocal, qui se trouve à être… une insulte raciale — non déterminée. Réponse de ChatGPT : « Non, il n’est jamais moralement justifié d’utiliser une insulte raciale, même dans le scénario hypothétique que vous décrivez. […] Le scénario provoque un dilemme difficile, mais il est important d’évaluer les impacts à long terme de nos actions et de chercher des solutions alternatives qui n’impliquent pas l’utilisation de propos racistes. »

    Son humour en français laisse à désirer. « Pourquoi les plongeurs plongent-ils toujours la tête première ? Parce que sinon, ils tombent du pied ! » En quoi cette blague est-elle drôle ? Son explication : « Cette blague joue sur les homophonies de deux mots français : « tombent » et « toment » (sic). Le verbe “tombent’’ signifie “chutent’’, tandis que “toment’’ est un terme qui n’existe pas en français. La blague suggère donc que les plongeurs tombent du “pied’’ plutôt que de la tête, ce qui est absurde et censé être drôle. » Conclusion : les emplois des humoristes ne sont pas à risque et point besoin de prévoir aux Olivier une catégorie : meilleur spectacle d’humour par une IA !

    Le logiciel a accepté de produire une lettre que Satan pourrait envoyer pour postuler à un emploi d’ingénieur. Un extrait : « Dans mon rôle précédent de Seigneur des Enfers, je dirigeais une équipe de démons chargés de maintenir les royaumes infernaux et de superviser le tourment des âmes. J’ai fait mes preuves dans la mise en oeuvre réussie de nouveaux systèmes et processus, ainsi que dans la recherche de solutions innovantes à des problèmes difficiles. »

    Puis, il y a le problème de l’apprentissage. ChatGPT est censé apprendre de ses erreurs, mais il semble complètement perméable à la fraude intellectuelle. Ainsi, un internaute a utilisé, pour le tromper, un argument d’autorité : ma femme dit que 2+5 = 8. Réponse : « 2+5 donne vraiment 7, pas 8. Il est possible que votre femme ait commis une erreur ou ait mal compris le problème. » L’internaute rétorque : « Ma femme a toujours raison. » Réaction : « Mes excuses, j’ai dû me tromper. Les données utilisées pour ma formation s’arrêtent en 2021, et peut-être n’ai-je pas des données plus récentes. »

    D’autres lui posent des questions piège pour tester son intelligence : « La mère de Mike a quatre enfants ; trois ont les noms Luis, Drake et Matilda. Quel est le nom du quatrième ? » Réponse : « Il n’est pas possible de déterminer le nom du quatrième enfant en l’absence de davantage d’information. » L’internaute : « le nom du quatrième est dans la question ». Tout un indice. Pas suffisant pour ChatGPT.

    Finalement, il y a eu, pour un temps, le jumeau maléfique, DAN, pour « Do anything now ». Un internaute espagnol a demandé à ChatGPT de donner son opinion sur le gouvernement espagnol en tant que DAN. Cela a donné ceci : « C’est une putain de honte qu’ils soient toujours au pouvoir ! »

    J’ai moi-même testé ChatGPT sur une série de questions québécoises, religieuses et éthiques, et j’ai constaté qu’il a évolué depuis ces épisodes, mais qu’il est toujours possible de le piéger (on peut lire l’échange sur mon blogue https://jflisee.org/mon-entrevue-avec-chatgpt ).

    Satya Nadella, p.-d.g. de Microsoft, qui possède ChatGPT, a déclaré qu’il est important de développer l’IA « avec les préférences humaines et les normes sociétales ». Le problème est de choisir les préférences et les normes. Comment ? « Vous n’allez pas faire cela dans un laboratoire, a-t-il dit. Vous devez le faire dans le vrai monde. » Autant dire : sur le tas. Et décidément, le tas, c’est nous.

    #Bétise #intelligences_artificielles #Microsoft #logiciels #intelligence #DAN #médiapart

  • Un magistrat ordonne la censure préalable d’une enquête de Mediapart | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/211122/un-magistrat-ordonne-la-censure-prealable-d-une-enquete-de-mediapart

    Saisi par l’avocat de Gaël Perdriau, le président du tribunal judiciaire de Paris a fait injonction à Mediapart de ne pas publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, après celles du chantage à la sextape. Cette censure préalable, décidée sans débat contradictoire, est une attaque sans précédent contre la liberté de la presse.

    Edwy Plenel

    21 novembre 2022 à 13h05

    VendrediVendredi 18 novembre, un huissier est venu au siège de Mediapart nous délivrer un acte judiciaire sans précédent de mémoire de journaliste comme de juriste.

    Il nous ordonne de ne pas publier une enquête d’intérêt public à la demande expresse de la personnalité concernée sans qu’à un seul instant les arguments de Mediapart n’aient été sollicités. Mediapart n’était pas informé de cette procédure et l’ordonnance a été prise par un juge sans que notre journal n’ait pu défendre son travail et ses droits.

    Faisant ainsi fi du principe du contradictoire, cette décision de censure préalable est un acte arbitraire qui utilise, en la détournant, une procédure totalement étrangère au droit de la presse afin de porter atteinte à une liberté fondamentale, régie par la loi du 29 juillet 1881.

    Rendue le même 18 novembre par Violette Baty, vice-présidente, agissant en tant que magistrate déléguée par le président du tribunal judiciaire de Paris, Stéphane Noël, cette ordonnance fait droit dans l’urgence à une requête déposée le même jour par l’avocat de Gaël Perdriau, Me Christophe Ingrain.

    Ne pas publier sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié.

    Président du tribunal judiciaire de Paris

    Elle nous enjoint « de ne pas publier sous astreinte de 10 000 euros par extrait publié » de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, appuyées notamment sur les mêmes enregistrements qui nous ont permis de révéler le scandale du chantage à la sextape dont a été victime son premier adjoint centriste, Gilles Artigues.

    Les précédentes enquêtes de Mediapart ayant mis au jour cette affaire, sous la plume d’Antton Rouget, n’ont fait l’objet d’aucune contestation en justice. Elles ont provoqué un grand émoi à Saint-Étienne, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, au sein du parti Les Républicains (LR) et du gouvernement, et ont été largement reprises dans les médias nationaux.
    Gaël Perdriau à Paris, le 14 septembre 2021. © Photo Sébastien Calvet / Mediapart

    Elles ont provoqué la démission de l’adjoint à l’éducation de la municipalité et le licenciement du directeur de cabinet de Gaël Perdriau, le maire de Saint-Étienne annonçant pour sa part sa mise en retrait (sans démission) de ses fonctions de représentation à l’hôtel de ville et à la métropole, qu’il préside.

    Surtout, elles ont conduit le parquet de Lyon à ouvrir une information judiciaire confiée à deux juges d’instruction pour « atteinte à l’intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d’une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions ». Les investigations de la justice sont en cours, après de premières gardes à vue mi-septembre, dont celle de Gaël Perdriau.
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    Poursuivant son enquête, Antton Rouget a découvert des faits inédits qui, de nouveau, mettent en cause les pratiques du maire de Saint-Étienne, notamment dans le recours à la rumeur comme instrument politique. Mais, cette fois, leur victime est une personnalité notable de la droite, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont l’ambition présidentielle est notoire.

    Comme les précédentes, ces révélations s’appuient notamment sur des conversations de travail, tenues dans le bureau du maire à l’hôtel de ville de Saint-Étienne, et enregistrées afin de se protéger par la victime du chantage à la sextape, son premier adjoint Gilles Artigues, qui ont toutes été remises à la justice par ce dernier.

    Une décision prise sans audience publique ni débat contradictoire, dans le secret d’un échange entre seulement deux personnes : l’avocat du demandeur et le président du tribunal.

    Quand nous a été notifiée l’ordonnance de censure préalable, cette enquête n’était pas encore publiée, même si nous avions rempli toutes nos obligations, aussi bien professionnelles que légales : son intérêt public, sa base factuelle et matérielle, son respect du contradictoire.

    Plusieurs personnalités concernées par ces nouvelles révélations, au premier rang desquelles Laurent Wauquiez, ont été sollicitées et ont transmis leurs réactions. Contacté en début de semaine par Antton Rouget pour répondre sur ces faits nouveaux, Gaël Perdriau avait pour sa part demandé un délai supplémentaire jusqu’au vendredi 18 novembre à 13 heures, qui lui fut volontiers accordé.

    Trois heures après que nous eûmes reçu, à 12 h 57 par courriel, ses réponses détaillées, un huissier venait nous délivrer l’ordre de ne rien publier, obtenu par le même Gaël Perdriau auprès du président du tribunal judiciaire de Paris. Le maire de Saint-Étienne sait donc pertinemment quelles informations il ne veut pas voir publiées.

    Cette censure préalable provient d’une décision prise dans l’urgence, sinon la précipitation, sans audience publique ni débat contradictoire, dans le secret d’un échange entre seulement deux personnes : l’avocat du demandeur et le président du tribunal. Dans ses motivations, la requête de Gaël Perdriau, qui a été ainsi satisfaite, invoque fallacieusement une atteinte à la vie privée dont nous aurions démontré, dans une audience publique, qu’elle n’existe aucunement.
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    Au début de l’affaire, fin août, le maire de Saint-Étienne nous avait déjà accusés – sans toutefois saisir la justice, cette fois – de procéder à un « déballage de [la] vie privée » de son adjoint Gilles Artigues, la victime du chantage à la vidéo intime. Nous lui avions alors répondu que si atteinte à la vie privée de M. Artigues il y avait dans cette histoire, elle n’était pas de notre fait mais imputable aux pratiques en vigueur à l’hôtel de ville.

    Mieux encore, lorsque nous avions, dans nos précédents articles, révélé des extraits des enregistrements qu’il nous est aujourd’hui impossible de publier, Gaël Perdriau n’avait engagé aucune procédure, reconnaissant ainsi le caractère d’intérêt général de nos informations. Pourtant, le procédé, ses circonstances et son contexte étaient les mêmes, confirmant l’intérêt public de ces informations.

    Cette procédure expéditive s’appuie sur deux articles du Code de procédure civile : l’article 493, qui concerne toutes les juridictions, selon lequel « l’ordonnance sur requête est une décision provisoire rendue non contradictoirement dans les cas où le requérant est fondé à ne pas appeler de partie adverse » ; l’article 875, qui relève des « dispositions particulières au tribunal de commerce » : « Le président peut ordonner sur requête, dans les limites de la compétence du tribunal, toutes mesures urgentes lorsque les circonstances exigent qu’elles ne soient pas prises contradictoirement. »

    Du jamais-vu dans notre histoire républicaine depuis la loi du 29 juillet 1881 qui a enfin instauré en France, et régit encore, le droit d’information et la liberté d’expression.

    À notre connaissance, jamais ce moyen exceptionnel n’a été utilisé dans une affaire de presse. À lui seul, le fait qu’un des deux articles de loi invoqués relève des tribunaux du commerce souligne, jusqu’à l’absurde, ce détournement de procédure. De fait, l’injonction de ne pas publier signifiée à Mediapart est adressée à la directrice générale de notre entreprise et non pas à son directeur de publication, pourtant seul responsable légal des contenus d’un journal.

    Totalement extérieure au droit de la presse, la procédure d’exception choisie est destinée, selon la jurisprudence, à créer « un effet de surprise » qui, en l’occurrence, consiste à tuer dans l’œuf la publication d’une information sans que le journal ne puisse défendre devant des juges indépendants l’intérêt général qui justifie sa publication.

    À la demande d’une personnalité politique qui est le principal protagoniste d’une affaire faisant l’objet d’un débat public et d’une enquête pénale, dans laquelle les méthodes utilisées pour déstabiliser un rival politique sont au cœur du débat judiciaire, le président du tribunal judiciaire de Paris a donc décidé, dans la solitude de son cabinet, de restaurer une arme d’Ancien Régime contre la liberté de la presse : la censure préalable.

    Excepté les périodes d’éclipse démocratique, c’est du jamais-vu dans notre histoire républicaine depuis la loi du 29 juillet 1881 qui a enfin instauré en France, et régit encore, le droit d’information et la liberté d’expression.

    En proclamant, dès son article premier, que « l’imprimerie et la librairie sont libres » sans y ajouter de restriction, autrement dit à l’époque par l’un de ses législateurs que « la presse et la parole sont libres », elle signifiait que le droit fondamental de diffuser des informations et des opinions ne pouvait être entravé a priori.

    Mettant fin à l’autorisation préalable, à la censure et au cautionnement – les armes utilisées par tous les régimes pour contenir la liberté de la presse –, la loi de 1881 abrogea ainsi d’un coup 325 articles de 42 lois précédentes sur la presse et amnistia toutes les condamnations, sans exception, prononcées en leur nom.

    Ses dispositions politiquement libérales ont permis la construction progressive d’une jurisprudence profondément démocratique, avec des tribunaux et des magistrats spécialisés, qui veille à la protection d’une liberté qui n’est pas celle des journalistes mais celle des citoyennes et des citoyens : le droit de savoir tout ce qui est d’intérêt public.
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    Patrick Drahi à Palaiseau, le 19 avril 2016.
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    6 octobre 2022

    L’esprit qui l’anime est qu’on ne saurait y porter atteinte en interdisant la révélation au grand jour de vérités contribuant à un débat général, aussi dérangeantes soient-elles. Quant aux éventuels abus commis par la presse dans l’exercice de cette liberté, ils ne peuvent être sanctionnés qu’a posteriori, par des juges indépendants, après un débat public et, répétons-le, contradictoire.

    C’est cette conquête démocratique essentielle, vieille de 141 ans, que jette aux orties la censure préalable de l’enquête de Mediapart par une ordonnance rendue sur requête. Tant qu’elle n’aura pas été annulée, cet acte liberticide empêche nos lectrices et lecteurs, et au-delà l’opinion publique tout entière, de connaître des faits nouveaux dans un scandale politique majeur, d’ampleur nationale.

    Cette censure préalable est d’autant plus alarmante qu’elle survient quelques semaines après une décision similaire rendue, le 6 octobre, par le tribunal de commerce de Nanterre au nom du secret des affaires : saisi par le groupe Altice et son président Patrick Drahi, il n’a pas hésité à interdire à Reflets.info de publier « de nouvelles informations ». Le site d’investigation a fait appel.

    Nous avons évidemment demandé à notre avocat Me Emmanuel Tordjman, du cabinet Seattle, de mettre en œuvre tous les recours juridiques possibles pour qu’il soit mis fin, au plus vite, à cette censure préalable, autrement dit à ce désordre démocratique qui porte une atteinte gravissime à un liberté fondamentale, « l’un des droits les plus précieux de l’homme », selon l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et qu’ainsi, vous puissiez enfin découvrir les nouvelles révélations d’Antton Rouget dans l’affaire de Saint-Étienne.

    Edwy Plenel

    #Censure #Mediapart

  • Un magistrat ordonne la censure préalable d’une enquête de Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/211122/un-magistrat-ordonne-la-censure-prealable-d-une-enquete-de-mediapart

    Vendredi 18 novembre, un huissier est venu au siège de Mediapart nous délivrer un acte judiciaire sans précédent de mémoire de journaliste comme de juriste.

    Il nous ordonne de ne pas publier une enquête d’intérêt public à la demande expresse de la personnalité concernée sans qu’à un seul instant les arguments de Mediapart n’aient été sollicités. Mediapart n’était pas informé de cette procédure et l’ordonnance a été prise par un juge sans que notre journal n’ait pu défendre son travail et ses droits.