• Emmanuel Macron et le pape François, deux visions divergentes de l’immigration
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/22/emmanuel-macron-et-le-pape-francois-deux-visions-divergentes-de-l-immigratio

    Emmanuel Macron et le pape François, deux visions divergentes de l’immigration
    Le chef de l’Etat et le souverain pontife, qui se rencontrent samedi en marge de la visite épiscopale à Marseille, défendent respectivement une politique de fermeté et de contrôle des flux migratoires et un accueil le plus large possible.
    Par Julia Pascual
    « La France n’accueillera pas de migrants qui viennent de Lampedusa. (…) Ce n’est pas en accueillant plus de personnes que l’on va tarir un flux qui évidemment touche nos capacités d’intégration. » Mercredi 20 septembre, sur TF1, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a adressé un message de « fermeté », alors que l’île italienne de Lampedusa a été confrontée à plusieurs milliers d’arrivées de migrants en quelques jours. Un message, bien que tempéré d’un appel à protéger les réfugiés, qui cogne avec celui porté par le pape François, attendu à Marseille, vendredi 22 et samedi 23 septembre, à l’occasion des Rencontres méditerranéennes et qui doit consacrer une prière aux migrants disparus en mer.
    Le souverain pontife a fait de Lampedusa un symbole de son message d’ouverture, dès son premier déplacement, en 2013, pour dénoncer la « mondialisation de l’indifférence ». Samedi, il doit rencontrer le président de la République, Emmanuel Macron, à Marseille. Evoqueront-ils le sujet ? Sera-ce, alors, l’occasion de trouver un terrain d’entente ou de mesurer ce qui les sépare ?« Pour le pape, l’accueil doit être très large et il est évident qu’il n’y a pas cette volonté de la part du président de la République, comme l’a rappelé le ministre de l’intérieur », explique Eric Millot, directeur du service national mission et migrations de la Conférence des évêques de France. Dans une tribune publiée par Le Monde, le 2 janvier 2017, alors qu’il n’était que candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait pourtant regretté que lorsque « l’Italie affrontait seule l’arrivée des réfugiés à Lampedusa, au point que le pape François s’en [était] vivement ému, ni la France ni l’Allemagne n’[aient] été au rendez-vous ». Il estimait que l’Allemagne avait, par la suite, « sauvé notre dignité collective en accueillant des réfugiés en détresse ».
    A l’épreuve du pouvoir, sa vision libérale s’est raidie. « A ces fonctions, vous prenez la pleine mesure de certains enjeux tels que la sécurité et la menace terroriste ; le ministère de l’intérieur, dans ce qu’il a de conformiste, a joué à plein et Emmanuel Macron est par ailleurs très conscient du délitement social du pays et de la montée de l’extrême droite, analyse Pascal Brice, ancien directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides et actuel président de la Fédération des acteurs de la solidarité. Je partage cette inquiétude, mais quelle politique en tire-t-on ? C’est bien ça la question. » En six années de pouvoir, le chef de l’Etat a, à son bilan, d’avoir poussé deux lois immigration. La première, dite « loi Collomb », adoptée en 2018, avait déchiré la majorité présidentielle à l’Assemblée car jugée trop dure par son aile gauche. La seconde – sur laquelle le gouvernement veut trouver un accord avec la droite – arrive en séance publique au Sénat début novembre. Entre ces deux textes, M. Macron a fait de l’immigration un thème de la grande consultation citoyenne lancée à la suite du mouvement des « gilets jaunes » – alors même qu’il ne ressortait pas des cahiers de doléances du grand débat national –, de même qu’il a voulu un débat sur l’immigration au Parlement, en 2019.
    Sa politique est censée naviguer entre fermeté et humanité avec, d’une part, une reprise du « contrôle » des flux incarnée par l’amélioration des expulsions et, d’autre part, des efforts sur l’intégration et la préservation de l’asile. « Il y a une colonne vertébrale sur le respect du droit international qui est à mettre à son crédit », souligne un préfet, au moment où la droite républicaine veut s’en affranchir pour se conformer à la « volonté populaire ».Cet attachement s’est traduit, notamment, par l’engagement de la France à accueillir des réfugiés réinstallés depuis des pays tiers (bien que les objectifs soient passés de 10 000 entre 2017 et 2019 à 3 000 entre 2021 et 2023). Mais il est contrebalancé par d’autres actes symboliques : en 2018, la France a refusé d’accueillir le bateau de sauvetage de migrants Aquarius, le laissant mettre le cap vers l’Espagne alors que l’Italie refusait d’ouvrir ses ports ; en octobre 2019, M. Macron a choisi de confier à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles sa vision de l’immigration, formulant, à cette occasion, le souhait intenable d’exécuter « 100 % » des obligations de quitter le territoire français. D’aucuns soulignent l’influence du chevènementiste Didier Leschi, actuel directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. « Si l’on prend en compte le ressentiment croissant des classes populaires, sur qui repose l’accueil, des mesures de régulation des flux sont nécessaires pour ne pas accentuer les problèmes sociaux, la concurrence dans l’accès au logement par exemple, et les difficultés d’intégration », défend ce dernier. « Macron est un politique, il regarde les rapports de force dans la société française, et d’une certaine manière, il les suit, estime Pierre Henry, président de France Fraternités et ancien directeur général de l’association France terre d’asile. Nous sommes dans un moment de bascule où on a le choix entre un modèle pragmatique d’accueil et le nationalisme, et on aurait aimé un président plus offensif face au déferlement idéologique de l’extrême droite. » Le silence des pouvoirs publics face aux attaques de l’extrême droite dans les zones rurales où existent des projets d’accueil de demandeurs d’asile – comme à Callac (Côtes-d’Armor) ou Saint-Brevin (Loire-Atlantique) – témoigne d’une ambivalence, alors qu’une politique de répartition territoriale des migrants est impulsée par l’Etat, ou encore que le nombre de places d’hébergement pour les demandeurs d’asile a considérablement progressé sous M. Macron.
    Confronté à l’augmentation de l’immigration régulière, de la demande d’asile et des traversées de la Méditerranée, le chef de l’Etat a dit au Point, le 23 août : « La situation que nous connaissons n’est pas tenable et nous devons réduire significativement l’immigration. » Contraint par la situation économique du pays et les tensions de recrutement sur de nombreux secteurs, il envisage, dans le projet de loi à l’étude, de simplifier la régularisation de certains travailleurs sans-papiers. Une mesure érigée en ligne rouge par la droite. « S’il ne tient pas sur ce point, ce sera la preuve qu’il est à la remorque de la droite », prévient l’ancien eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit, qui a longtemps échangé avec le chef de l’Etat sur ces questions-là.

    #Covid-19#migration#migrant#france#mediterranee#lampedusa#immigration#migrationirreguliere#asile#politiquemigratoire#droit#catholique#integration

  • En Méditerranée, l’heure de la mobilisation pour sauver la posidonie

    Alors que près de 10 % de ces prairies sous-marines au rôle majeur ont disparu des côtes françaises, des plongeurs repiquent des fragments d’herbier arrachés par les ancres des #yachts, dont les capitaines sont désormais poursuivis en justice.
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/09/21/en-mediterranee-l-heure-de-la-mobilisation-pour-sauver-la-posidonie_6190357_

    #posidonie #herbier

    et pour non assistance à personnes en danger ?

    edit trouvé ! https://justpaste.it/dd9xd

    #Méditerranée

  • Migranti, l’idea di Biancofiore : “Costruire un’isola artificiale in acque internazionali”

    La senatrice centrista dice di ispirarsi all’#Isola_delle_Rose, e sulla fattispecie di quanto predisposto dall’Australia

    «Costruire, immediatamente, in acque internazionali un’isola artificiale nel Mediterraneo, una sorta di ’pit stop’ di approdo, sulla fattispecie dell’Isola delle Rose, dove realizzare un hub di accoglienza e salvezza, e di verifica se gli immigrati abbiano titolo a venire in Europa o siano clandestini». È questa l’idea, «sulla fattispecie - spiega - di quanto predisposto dall’Australia», lanciata dalla capogruppo al Senato Civici d’Italia-Noi Moderati-Coraggio Italia-Udc-Maie, #Michaela_Biancofiore, per gestire l’emergenza migranti.

    Sempre durante la trasmissione de La Verità ’Dimmi la verità’, Biancofiore osserva che si tratterebbe di agire «in accordo con l’Ue e l’Onu» e ricorda come la sua proposta sia «un pò quanto ha suggerito anche la Grecia: un luogo neutro di cooperazione internazionale nel quale, di concerto con la Croce Rossa internazionale e altre associazioni umanitarie, ci si possa prendere cura di questi disperati, farli approdare senza lasciarli annegare ma, allo stesso tempo, gli si prendano le impronte per le identificazioni e per valutare il loro diritto a chiedere ed ottenere asilo».

    «Chi non ha i requisiti - dice ancora - dovrà essere rimpatriato, come sottolineato dalla presidente Von der Leyen. Si impedirebbe così il dramma di Lampedusa o Porto Empedocle o altri luoghi rivieraschi del nostro Paese o della Spagna, della Grecia, di Malta e così via».

    «Benissimo quanto sta facendo la premier Meloni per fermare gli sbarchi di clandestini e per non far diventare l’Italia il campo profughi dell’Ue - aggiunge - Dobbiamo imprimere una vera svolta al fenomeno migratorio impedendo che i clandestini arrivino sulle nostre coste che sono, ricordiamolo, i confini dell’Europa».

    https://www.repubblica.it/politica/2023/09/20/news/emergenza_migranti_biancofiore_isola_artificiale-415161712

    Le projet auquel Biancofiore fait référence, l’#île_de_la_Rose :

    Pendant une courte période, la République espérantiste de l’île de la Rose (en espéranto : Esperantista respubliko de la Insulo de la Rozoj) a existé du 1er mai au 24 juillet 1968 en tant que micronation au large de la côte de la province italienne de Forlì dans la mer Adriatique.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_de_la_Rose_(micronation)
    #micro-Etat #micronation #Insulo_de_la_Rozoj

    #île #île_artificielle #Italie #migrations #asile #réfugiés #eaux_internationales #Méditerranée #externalisation #tri #catégorisation

    –-

    ajouté à la métaliste sur des #îles qui sont utilisées (ou dont il a été question d’imaginer de le faire) pour y envoyer des #réfugiés :
    https://seenthis.net/messages/881889

  • Immigration en Europe : Gérald Darmanin se rend lundi à Rome pour discuter de la coopération européenne
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/09/18/immigration-en-europe-gerald-darmanin-se-rend-lundi-a-rome-pour-discuter-de-

    Immigration en Europe : Gérald Darmanin se rend lundi à Rome pour discuter de la coopération européenne
    Alors que plus de 6 000 migrants sont arrivés sur l’île italienne de Lampedusa la semaine dernière, et qu’un plan d’urgence pour aider Rome à faire face à ce flux record a été annoncé par la Commission européenne, le ministre de l’intérieur français se rend à son tour en Italie, lundi 18 septembre pour discuter de la coopération européenne, a-t-il annoncé.
    « A la demande du président [Emmanuel Macron] je vais à Rome cet après-midi », a déclaré Gérald Darmanin, au micro conjoint d’Europe 1 et de CNews lundi matin, expliquant que la France voulait notamment « aider l’Italie à tenir sa frontière » extérieure, première porte d’entrée vers l’Europe en provenance d’Afrique du Nord. M. Darmanin doit rencontrer son homologue italien, Matteo Piantedosi, selon son entourage.
    Entre lundi et mercredi dernier, environ 8 500 personnes, soit plus que l’ensemble de la population de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon les chiffres de l’agence des Nations unies pour les migrations.Cette situation a mis les capacités d’accueil de l’île sous forte tension, a généré une onde de choc politique en Italie et a relancé l’épineuse question de la solidarité européenne en matière de répartition des demandeurs d’asile pour soutenir les pays en première ligne de ces arrivées.
    « Il ne peut pas y avoir comme message donné aux personnes qui viennent sur notre sol [européen] qu’ils seront accueillis quoi qu’il arrive », a déclaré Gérald Darmanin, qui veut passer depuis Rome un message de « fermeté ».
    « Nous devons appliquer les règles européennes », a-t-il fait valoir, ajoutant : « S’il y a des demandeurs d’asile qui sont éligibles à l’asile, qui sont persécutés pour des raisons politiques, évidemment, ce sont des réfugiés. Et, dans ce cas-là, la France (…), comme elle l’a toujours fait, peut accueillir ces personnes ». Mais, dans « 60 % » des cas, ils « viennent de pays comme la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Gambie », où « il n’y a pas de question humanitaire », selon ses dires.
    « Ce que nous voulons dire à nos amis italiens, qui je crois sont parfaitement d’accord avec nous, [c’est] que nous devons protéger les frontières extérieures de l’Union européenne et surtout tout de suite regarder les demandes d’asile, et, quand [les demandeurs] ne sont pas éligibles, les renvoyer dans leur pays », a résumé M. Darmanin.
    Il n’est pas prévu que le ministre se rende à Lampedusa, comme l’a fait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dimanche, afin de présenter le plan d’urgence d’aide à l’Italie, a précisé l’entourage du ministre.Ce plan d’aide en dix points, destiné à gérer l’urgence des flux migratoires vers l’Italie, prévoit de mieux répartir les demandeurs d’asile entre les pays européens ou encore de faciliter les retours. Il est censé conjuguer fermeté à l’encontre des passeurs et facilitation des voies légales d’entrée dans l’espace européen pour les candidats à l’exil éligibles à l’asile.
    La Méditerranée centrale, qui relie l’Afrique du Nord – notamment la Libye et la Tunisie – à l’Europe, est la route migratoire maritime la plus dangereuse au monde : plus de 2 000 migrants sont morts en tentant cette traversée depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

    #Covid-19#migrant#migration#italie#lampedusa#france#UE#politiquemigratoire#retour#asile#routemigratoire#libye#tunisie#mediterranee#OIM#frontiere

  • Migrants en Tunisie : « On dirait qu’ils les poussent à partir » vers les côtes italiennes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/18/migrants-en-tunisie-on-dirait-qu-ils-les-poussent-a-partir-vers-les-cotes-it

    Migrants en Tunisie : « On dirait qu’ils les poussent à partir » vers les côtes italiennes
    Par Monia Ben Hamadi(Tunis, correspondance)
    Au moment où les arrivées d’embarcations de migrants sur l’île de Lampedusa se multiplient depuis la Tunisie, Tunis intensifie ses opérations à l’encontre des ressortissants subsahariens encore présents à Sfax, la deuxième ville du pays. Photos à l’appui, le ministère de l’intérieur a annoncé, dimanche 17 septembre, avoir évacué le centre historique de la ville, où des centaines de migrants avaient trouvé refuge après avoir été expulsés de leur logement début juillet. Ceux-ci avaient alors fait, avec le soutien des forces de l’ordre, l’objet d’une chasse à l’homme. « Cette campagne de sécurité a été bien accueillie par les habitants de la région, en particulier après le rétablissement de l’ordre public et l’évacuation des places publiques », s’est félicité le ministère de l’intérieur dans un communiqué publié en fin de journée.
    Plus tôt dans la semaine, ce dernier avait déjà prévenu les organisations venant en aide aux migrants et, selon un volontaire présent sur place ayant requis l’anonymat, empêché les bénévoles de leur porter assistance. Acheminées samedi et dimanche dans des bus de la société régionale de transport de Sfax, des centaines de personnes ont été ainsi déplacées vers les zones rurales à quelques dizaines de kilomètres de là, particulièrement dans les localités de Jebeniana et Al-Amra.
    « Il n’y a pas eu de résistance car on leur a fait croire qu’ils allaient être pris en charge dans des camps, alors qu’ils ont été jetés au milieu des champs d’oliviers », décrypte Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG locale. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des habitants de ces localités protester contre l’arrivée de bus, escortés par des véhicules de la garde nationale, transportant les migrants délogés du centre de Sfax et déposés au milieu de la route en pleine campagne. « La réponse des autorités tunisiennes est purement sécuritaire et semblable à la politique européenne. On reproduit les mêmes erreurs », dénonce M. Ben Amor.
    Après les journées d’extrême tension qui avaient suivi la mort d’un Tunisien le 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens d’après la version officielle, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne avaient été expulsés de Sfax et conduits dans le désert aux frontières de l’Algérie et de la Libye. Abandonnés sans eau, ni nourriture sous une chaleur caniculaire, au moins 25 d’entre eux avaient péri, selon des sources humanitaires, tandis que des centaines d’autres avaient parcouru des dizaines de kilomètres à pied avant d’être secourus, placés dans des centres d’accueil plus ou moins officiels ou relâchés.
    Cette fois, les migrants ont été déplacés vers des zones côtières, au nord de Sfax, connues pour être des points de départ privilégiés vers les côtes italiennes, particulièrement l’île de Lampedusa, située à moins de 150 km. « Il y a des centaines de migrants qui étaient déjà ici à Al-Amra depuis ce qui s’est passé en juillet, ils y séjournent des jours, voire des semaines, avant d’embarquer, c’est l’une des principales zones de départ dans la région », témoigne Wahid Dahech, un militant présent sur place. « On dirait qu’ils les poussent à partir, alors qu’ils n’ont même pas les moyens de payer leur traversée. On les mène à la mort », fustige Romdhane Ben Amor.
    Depuis le 11 septembre, la petite île de Lampedusa, qui compte 7 000 habitants, a enregistré un nombre record d’arrivées d’embarcations de fortune en provenance de Tunisie. En moins de soixante-douze heures, elle a accueilli jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Deux mois après la signature d’un mémorandum d’entente entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) visant à accroître le contrôle des frontières au sud de la Méditerranée, les autorités tunisiennes semblent dépassées par un nombre croissant de départs à destination de l’Europe.
    En juillet, le porte-parole de la Garde nationale tunisienne avait indiqué au Monde que plus de 30 000 migrants avaient été interceptés dans les six premiers mois de l’année 2023, un nombre qui a plus que décuplé depuis 2019. « Il y a un épuisement du dispositif sécuritaire qui manque de moyens et travaille en continu depuis plusieurs mois », estime Romdhane Ben Amor, alors que l’UE s’était engagée, en des termes imprécis, à « fournir un appui financier additionnel adéquat notamment pour les acquisitions, la formation et le soutien technique nécessaires pour améliorer davantage la gestion des frontières tunisiennes », comme le stipule l’accord conclu entre les deux parties et qui tarde à être appliqué.
    Selon plusieurs ONG en Tunisie, ces départs massifs ont été favorisés par une météo clémente et une chute du prix de la traversée proposée en moyenne à 1 500 dinars par personne (moins de 500 euros) contre près de 2 000 euros en moyenne en 2022. Une baisse qui s’explique par l’utilisation de barques en métal, moins chères à produire mais aussi plus fragiles. Ces départs s’expliquent également par les conditions de vie des migrants subsahariens « qui se sont largement détériorées depuis qu’ils ne peuvent plus ni se loger ni travailler. Certains d’entre eux pensaient organiser leur projet migratoire sur un temps long mais ont dû précipiter leur départ », explique le responsable du FTDES. Pour ce dernier, le discours officiel sur la lutte contre les réseaux de passeurs, tant de la part de la Tunisie que de l’UE, relève de la « propagande ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#frontiere#pacte#migrationirreguliere#traversee#mediterranee#passeur#lampedusa#susbsaharien#projetmigratoire

  • L’île de Lampedusa, épicentre de la crise de la gestion des flux migratoires par les Etats européens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/l-ile-de-lampedusa-epicentre-de-la-crise-de-la-gestion-des-flux-migratoires-

    L’île de Lampedusa, épicentre de la crise de la gestion des flux migratoires par les Etats européens
    Située à moins de 150 kilomètres des côtes africaines, la petite île italienne a accueilli, le 13 septembre, jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et arrivées de la Tunisie à bord d’embarcations de fortune.
    Par Allan Kaval(Rome, correspondant, avec Thomas Wieder, correspondant à Berlin) Avec des milliers de personnes épuisées et échouées sur ses côtes, des structures d’accueil au bord de l’effondrement, de brèves scènes de chaos réfractées sur les réseaux sociaux et des tentatives de récupération politique, la situation de Lampedusa a cristallisé une nouvelle fois la crise de la gestion par les Etats européens des flux migratoires en Méditerranée. Terre italienne située à moins de 150 kilomètres des côtes africaines, la petite île de 7 000 habitants a accueilli, mercredi 13 septembre, jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et arrivées de la Tunisie voisine à bord d’embarcations de fortune.
    Jeudi soir après une journée sans débarquement significatif, la Croix-Rouge italienne, qui a la charge du centre d’accueil de l’île, conçu pour 600 places d’hébergements, absorbait encore le choc de la veille en pourvoyant aux besoins de 2 000 à 3 000 personnes tandis qu’une flotte de navires militaires et privés poursuivait les évacuations vers les ports italiens. « Une pareille situation n’a jamais été vue sur l’île », affirme au Monde Rosario Valastro, le président de la Croix-Rouge italienne. Il décrit un système d’accueil soumis du fait de conditions météorologiques favorables à une pression extrême, absolument insuffisant pour y faire face.
    Déjà durement mis à l’épreuve par l’augmentation des arrivées sur l’île cette année, son fonctionnement prévoit que les migrants soient transférés dans un centre d’accueil, le « hotspot », avant de quitter l’île pour d’autres structures. Or les personnes arrivées massivement mercredi, n’ont pas pu avoir accès à l’assistance normalement assurée par la Croix-Rouge et par des volontaires présents dans l’île. « Il était impossible de canaliser la situation et de répondre aux besoins, cela a créé des retards, des moments d’hostilité, des fortes tensions », raconte M. Valastro.
    Affaiblis, affamés et assoiffés, des migrants à peine débarqués comptant parmi eux des mineurs isolés se sont ainsi retrouvés livrés à eux-mêmes sur une petite île touristique redevenue en 2023 la principale voie d’accès au continent européen depuis que la route migratoire tunisienne est devenue la plus empruntée en Méditerranée.Tandis que la municipalité de l’île déclarait l’état d’urgence, les scènes de chaos à proximité d’un centre d’accueil débordé, les images d’une ligne de policiers repoussant une foule tentant de franchir un cordon de sécurité, rapidement diffusées sur les réseaux sociaux ont davantage marqué les esprits dans les premières heures que les témoignages de solidarité pourtant nombreux des habitants et des touristes encore très présents en cette fin de saison.
    La crise survenue mercredi révèle en réalité une impasse structurelle. La transformation des routes migratoires, déterminées par les choix politiques européens en matière de gestion des flux, fait de Lampedusa une étape obligée pour la plupart des candidats à l’exil du continent africain. Or cette île, dont la superficie excède à peine les 20 km2, se trouve dans un état de tension quasi permanent qui ne peut être atténué en aval des arrivées. « Il est impossible d’agrandir le “hotspot”. On ne peut pas en construire un nouveau. On ne peut pas augmenter les capacités, explique M. Valastro, l’île est tout simplement trop petite. »
    Au-delà de Lampedusa, les centres d’accueil du continent arrivent eux aussi à saturation, près de 123 700 migrants étant arrivés en territoire italien au 13 septembre selon les autorités, provoquant la colère des élus locaux.
    La situation de l’île remet par ailleurs en cause la ligne défendue par Giorgia Meloni. Selon la vision défendue par la présidente du Conseil, les flux migratoires devraient être réduits en limitant drastiquement l’action des organisations non gouvernementales de sauvetage en mer et, en amont du territoire italien, par l’octroi par l’Union européenne (UE) d’avantages aux Etats de transit en échange d’un meilleur contrôle des départs. Mercredi pourtant, des milliers de personnes migrantes abordaient Lampedusa en provenance de Tunisie au moment même où, prononçant son discours sur l’état de l’UE, la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, se félicitait d’un accord politique conclu en juillet avec le président autoritaire tunisien, Kaïs Saïed.
    Le texte, également signé par Giorgia Meloni, conditionne en des termes imprécis une aide économique européenne à une coopération plus étroite sur les migrations. Le même jour, les membres d’une délégation parlementaire européenne se voyaient interdits d’entrée sur le territoire tunisien après que des critiques sur l’accord en question ont été formulées.
    Un migrant dort devant le centre d’accueil, le « hotspot », de l’île italienne de Lampedusa, le 14 septembre 2023.Jeudi, l’implication de Bruxelles auprès de l’Italie après les événements survenus à Lampedusa s’est traduite par l’évocation de « contacts étroits » avec Rome et de futures aides opérationnelles et financières. Après un entretien avec la commissaire européenne aux affaires internes, Ylva Johansson, le ministre italien de l’intérieur, Matteo Piantedosi, a aussi fait état d’un accord sur « une nouvelle stratégie opérationnelle européenne contre les trafiquants d’êtres humains ».
    Ces déclarations intervenaient toutefois après que l’Allemagne et la France ont annoncé des mesures visant à limiter l’entrée sur leurs territoires de migrants irréguliers transitant par l’Italie, symptôme des difficultés qu’ont les Etats membres à s’entendre sur le dossier.Malgré l’accord qui avait été trouvé en juin sur la réforme des politiques migratoires, l’Allemagne a ainsi annoncé qu’elle suspendait le mécanisme volontaire de solidarité européen dont le but est d’aider les pays d’arrivée des migrants en relocalisant une partie d’entre eux dans des pays tiers. Pour justifier sa décision, Berlin accuse Rome de ne pas reprendre les demandeurs d’asile qui se trouvent en Allemagne mais dont le dossier devrait être traité en Italie, pays de leur première entrée en Europe, en vertu du règlement de Dublin. Sur 12 452 personnes concernées depuis le début de l’année, l’Italie n’en aurait repris que dix, selon le ministère allemand de l’intérieur.
    Depuis plusieurs mois, de nombreux élus locaux accusent le gouvernement fédéral de les laisser démunis face aux arrivées de migrants de plus en plus nombreux, et le sujet est d’autant plus inflammable que la ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser, est actuellement en campagne comme tête de liste du Parti social-démocrate (SPD) pour les élections régionales en Hesse qui auront lieu le 8 octobre.
    La décision concernant les migrants en provenance d’Italie doit aussi se lire à cette aune, comme un signal de fermeté adressé par le gouvernement d’Olaf Scholz, au sein de son pays, à une droite et à une extrême droite qui ne manquent pas une occasion de l’accuser de laxisme en matière de politique migratoire.« La crainte d’une nouvelle montée de la droite populiste pousse le ministère allemand de l’intérieur à fermer de plus en plus les frontières. Or, céder à la pression de la droite ne fait que renforcer l’extrême droite », a déclaré le porte-parole de l’association allemande de défense des migrants Pro Asyl, Karl Kopp, contacté par Le Monde.
    Côté français, mardi, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé depuis Menton (Alpes-Maritimes) – et en réponse à l’augmentation des arrivées de migrants en situation irrégulière en provenance d’Italie – le renforcement du dispositif de contrôle à la frontière. Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête ! pour les européennes de juin 2024, proche de la famille politique de Giorgia Meloni, était attendue jeudi soir à Lampedusa.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#france#allemagne#UE#routemigratoire#lampedusa#hotspot#controlemigratoire#politiquemigratoire#crise#postcovid

  • Méditerranée : 68 migrants sauvés par le bateau « Ocean-Viking », l’Italie lui assigne un débarquement 1 500 km plus loin
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/10/mediterranee-68-migrants-sauves-par-le-bateau-ocean-viking-l-italie-lui-assi

    Méditerranée : 68 migrants sauvés par le bateau « Ocean-Viking », l’Italie lui assigne un débarquement 1 500 km plus loin
    Le navire-ambulance de l’ONG SOS Méditerranée est intervenu au large de la Libye, dimanche matin. Les autorités italiennes lui ont assigné le port d’Ancône, situé dans la mer Adriatique, pour les débarquer.
    Le Monde avec AFP
    L’Ocean-Viking, navire-ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru soixante-huit migrants en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye dans la matinée du dimanche 10 septembre, a annoncé l’ONG humanitaire basée en France. Les naufragés ont été trouvés sur « une embarcation en bois à double pont qui avait quitté Zouara, en Libye, la nuit dernière, a précisé l’ONG dans un communiqué. Plusieurs d’entre [eux] souffrent du mal de mer et sont actuellement soignées par l’équipe médicale de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) à bord de l’Ocean-Viking. » Pour débarquer ces soixante-huit rescapés, les autorités italiennes ont assigné au bateau le port… d’Ancône, situé dans la mer Adriatique, « à 1 560 kilomètres (soit quatre jours de navigation) de la zone d’opération », a déploré SOS Méditerranée. Sur des photos publiées par l’ONG sur X (ex-Twitter), on y voit plusieurs dizaines de migrants entassés dans un bateau de fortune portant des gilets de sauvetage orange. Fin août, l’Ocean-Viking avait déjà secouru en mer 438 migrants en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye et de la Tunisie avant de faire route vers Gênes (nord de l’Italie), le port sûr éloigné qui lui avait été assigné par les autorités italiennes pour débarquer les personnes rescapées.
    La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime que depuis début 2023, 2 013 migrants y ont disparu contre 1 417 sur toute l’année 2022. En juin, un naufrage présenté comme l’un des plus graves impliquant des migrants en Méditerranée, a fait au moins 82 morts, mais en Méditerranée orientale. L’Ocean-Viking avait été retenu durant dix jours en juillet par les autorités italiennes qui lui reprochaient des défaillances de sécurité, mais il avait été autorisé à reprendre la mer le 21 juillet.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#routemigratoire#OIM#tunisie#libye#italie#traversee#associationhumanitaire#traversee#mortalite

  • From the Sea to the River, the deadly violence of Europe’s borders
    https://visionscarto.net/border-forensics-from-sea-to-river

    Over the last years, investigative practices combining scientific methods, art and architecture have allowed to shed new light on human rights violations. Emerging out of the pioneering London-based agency Forensic Architecture and the Forensic Oceanography research project, in 2021 a new investigative agency – Border Forensics – was established. Border Forensics focuses specifically on documenting and contesting violence related to the existence and management of borders. This article (...) Articles

    #Articles_

  • Migration : « Inscrivons l’obligation d’identification des défunts anonymes dans le droit européen »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/30/migration-inscrivons-l-obligation-d-identification-des-defunts-anonymes-dans

    Migration : « Inscrivons l’obligation d’identification des défunts anonymes dans le droit européen »
    Tribune. Le 9 août, quarante et une personnes ont été portées disparues au large des côtes de Lampedusa (Italie). Les témoignages des quatre survivants nous permettent de savoir que l’embarcation était partie des côtes tunisiennes avec quarante-cinq passagers, dont trois enfants. Cette énième tragédie vient s’ajouter à la longue liste des drames survenus en mer ces dernières années. Elle survient près de dix ans après le naufrage du 3 octobre 2013, là encore au large de Lampedusa, l’une des plus grandes tragédies maritimes du XXIe siècle.
    Dans la nuit du 13 au 14 juin, le naufrage d’une embarcation au large des côtes grecques a entraîné la disparition de plusieurs centaines de personnes. En raison de l’absence de renflouage de l’épave et d’examens médico-légaux, l’identité des hommes, femmes et enfants disparus dans cette tragédie ne sera pas formellement établie.
    Cette absence de collecte de données post mortem ainsi que l’absence d’activation de procédures de collecte de données ante mortem des proches des disparus soulèvent de nombreuses questions éthiques et juridiques. Elles entravent en effet la possibilité pour les proches des défunts de faire leur deuil en l’absence de corps, ou d’engager les démarches administratives habituelles en cas de décès, démarches qui nécessitent précisément un certificat de décès.
    Au cours des décennies 2000 et 2010, les disparitions anonymes au sein et aux portes de l’Europe ont significativement augmenté. Ce phénomène est intimement lié à la dangerosité croissante des migrations transfrontalières, et notamment des traversées par voies maritimes. Au-delà des disparus en mer, dont l’identité précise demeure bien souvent inconnue, il faut reconnaître la hausse des disparitions anonymes sur le territoire européen. Nous observons l’arrivée croissante, dans nos services médico-légaux de Paris et de Milan, de corps sans aucun élément d’identité et pour lesquels la prise en charge ne fait pas l’objet d’un protocole. Si ce protocole existe pour les victimes de catastrophe, il est rarement appliqué aux morts du quotidien.
    Une telle réalité s’inscrit dans un contexte plus général où les sciences médico-légales ont fait des progrès significatifs, notamment en ce qui concerne le prélèvement, le croisement et l’archivage des données morphologiques, biométriques et génétiques. La mise en œuvre d’efforts concertés à l’échelle européenne permettrait d’appliquer le cadre législatif qui donnerait une chance à ces corps anonymes d’être un jour identifiés.
    En inscrivant dans le droit européen une obligation étatique d’identification des défunts anonymes, imposant la collecte de données scientifiques ante mortem auprès des proches (photographies, radiographies, matériel clinique et génétique) et la comparaison avec les données post mortem recueillies lors d’autopsies complètes sur les corps anonymes, il nous serait ainsi possible de mettre en place et de consolider des bases de données biométriques contenant les caractéristiques et profils génétiques afin de maximiser les chances d’identifier les corps anonymes.
    En réponse à l’onde de choc suscitée par le naufrage du 18 avril 2015, l’Italie avait pris l’initiative de renflouer l’épave du chalutier située à 400 mètres de profondeur, afin de permettre à des travaux d’identification des quelque mille victimes d’être engagés. Cette initiative n’a pas été reconduite lors des naufrages successifs et, dans un silence relatif, nos sociétés se sont habituées à ce que des hommes, des femmes et des enfants puissent disparaître sans laisser de trace et sans que leurs proches soient dûment informés.
    Alors que nous nous préparons à commémorer les 10 ans de la tragédie du 3 octobre 2013, il nous semble nécessaire de transformer l’émotion en action. Nous appelons à un engagement collectif pour mettre en œuvre les efforts nécessaires afin d’accélérer et de garantir la recherche d’identité des défunts anonymes, rendant ainsi à leurs familles les proches disparus qu’elles recherchent encore. Cela ne peut se faire sans un nouvel effort législatif à l’échelle de l’Europe.
    Charles Autheman, consultant international spécialisé dans les droits humains ; Cristina Cattaneo, professeure titulaire en médecine légale à l’institut Labanof, université de Milan ; Tania Delabarde, anthropologue légiste, Institut médico-légal de Paris ; Bertrand Ludes, professeur de médecine légale, directeur de l’Institut médico-légal de Paris

    #Covid-19#migrant#migration#france#italie#mediterranee#mortalite#corps#donnéesbiometriques#identité#migrationirreguliere#sante

  • Le naufrage d’un bateau de migrants fait quatre morts au large de l’île de Lesbos, en Grèce
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/28/le-naufrage-d-un-bateau-de-migrants-fait-quatre-morts-au-large-de-l-ile-de-l

    Le naufrage d’un bateau de migrants fait quatre morts au large de l’île de Lesbos, en Grèce
    Aucun détail ni sur les conditions du naufrage ni sur l’identité des personnes n’a été publié pour l’instant par les autorités.
    Le Monde avec AFP
    Quatre personnes ont péri, lundi 28 août, dans le naufrage d’une embarcation de migrants, au large de Lesbos, île de mer Egée. Dix-huit autres personnes auraient survécu, ont déclaré les gardes-côtes grecs, après avoir secouru le bateau en difficulté. Un des patrouilleurs « a repéré et secouru vingt-deux étrangers au large de l’île de Lesbos dont quatre » étaient morts, a signalé la police portuaire dans un bref communiqué.
    « Ils ont tous été transférés au port de Mytilène », chef-lieu de Lesbos, passage habituel de migrants venant des côtes occidentales proches de la Turquie, ajoute le document. Aucun détail, ni sur les conditions du naufrage ni sur l’identité des personnes, n’a été publié pour l’instant par les autorités.
    La police portuaire grecque, avec l’aide de l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, patrouille régulièrement dans la zone maritime dans l’Est de la mer Egée, en face de la Turquie, d’où de nombreux migrants tentent de passer en Grèce à destination, souvent, de l’Europe occidentale. Malgré de nombreuses opérations de sauvetage, par les autorités grecques, des embarcations en difficulté, de nombreux naufrages ont lieu dans cette zone faisant souvent des victimes. Les autorités grecques sont souvent accusées par des médias et ONG des droits humains d’avoir procédé à des refoulements illégaux de migrants vers les eaux turques afin de limiter le nombre d’arrivées sur le sol grec.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#lesbos#turquie#frontex#traversee#mortalite#routemigratoire#sante#ue#mediterranee

  • #Frontex wants to do things differently on the Mediterranean : ’The ambition is zero deaths, otherwise you’re not worth a damn’

    (INTERVIEW FRONTEX DIRECTOR IN DUTCH NEWSPAPER : Volkskrant / 9 augustus 2023 / Deepl translation from dutch)

    After fierce criticism over illegal pushbacks, a soured culture and failures in the recent shipwreck in Greece, the new boss, Hans Leijtens, is trying to bring order to Europe’s border surveillance agency Frontex.

    by Peter Giesen

    On the internet, you can buy a ’Fuck Frontex’ T-shirt for three tens. For activists, Frontex, the European border protection agency, is the symbol of what they see as a cruel and repressive European migration and asylum policy that forces refugees and migrants to make the life-threatening crossing of the Mediterranean.

    Frontex is growing fast because Europe considers the surveillance of its external borders important. By 2027, there should be 10 thousand Frontex border guards, while its annual budget will be €1 billion. But Frontex is also under fire. In 2022, the agency found itself in crisis after a scathing report by Olaf, the European Union’s anti-fraud agency. According to Olaf, the culture at its headquarters in Warsaw had soured. Moreover, Olaf confirmed what media and human rights organisations had been saying for years: Frontex was involved in illegal pushbacks, ’pushing back’ refugees and migrants without giving them the chance to apply for asylum. Information about this was covered up at headquarters. The director of Frontex, Frenchman Fabrice Leggeri, had to resign.

    His successor is Dutchman Hans Leijtens (60), previously commander of the Royal Netherlands Marechaussee (typ., military police / border guards), among others. He took office in March 2023 to bring order, improve culture in Warsaw and ensure Frontex improves the rights of refugees and migrants. Frontex must change, he says, in his boardroom in a shiny, post-communist tower block in a Warsaw suburb.

    Are you on a charm offensive?
    ’No, I wouldn’t put it that way. The biggest mistake I could make is to suggest that we are already there, that there is no problem. In fact, there is. People should expect us to adhere to professional standards. That transcends respecting the law. It is also about the question: how do you deal with migrants? But I don’t expect to be taken at my word. Words are empty if they are not followed by actions.’

    So no more pushback under your leadership?
    ’I can’t say that because I don’t have everyone on a string.’

    Surely in the past it has often been the case that a country like Greece sent migrants back, while Frontex looked the other way?
    ’No, I dispute that. We never looked the other way.’

    But according to Olaf, Frontex deliberately directed a plane to another area so it did not have to witness Greek pushbacks.
    ’I don’t know, that was before my time. The Olaf report was not about the pushbacks themselves, but how Frontex handled the information about them. Olaf said: there was manipulation, there was unauthorised behaviour by managers, people were put under pressure.’

    You say: incidents are always possible, but Frontex must deal with them decently.
    ’We have to be very transparent, even when we have made mistakes. We have to win trust. You don’t get that, you earn it. When I was commander of the Marechaussee, I fired an average of 50 people every year.
    Not because I liked it, but because I saw things that could not be done. I set that example to show that there are consequences when things go wrong.’
    On a screen in Frontex’s situation room, a tanker sails across the Mediterranean. The eyes of Europe’s border surveillance are in Warsaw. Planes, drones and cameras take images of the Mediterranean, the Balkans and other border areas 24 hours a day. In Warsaw, they are viewed and analysed.
    In case of incidents - such as a ship in distress or a suspicious transport - local authorities are alerted. On 14 June, for example, Frontex staff were the first to spot the trawler Adriana in trouble off the coast near Greek Pylos. They alerted the Greek coastguard, but it waited a long time before intervening. Eventually, the Adriana sank, drowning an estimated 750 migrants and refugees.

    The EU Ombudsman will investigate Frontex’s role in the disaster. Shouldn’t you have put more pressure on Greece so that the Greek coastguard would have acted more quickly?
    ’A plane of ours saw the ship, but had to turn back because it ran out of fuel. Then we were sent by Greece to another incident, south of Crete, where eighty people were floating around on an overcrowded ship. These were later rescued by the Greeks. When that was under control, we still flew to Pylos, but by then the ship had sunk.’

    You do not feel that Frontex made mistakes.
    ’If I had that feeling, I would have said it earlier. But I’m not going to say anything now, because the investigation is in the hands of the Ombudsman.’
    In the past, Frontex has often defended itself by pointing the finger at member states, especially Greece. National coastguards were guilty of pushbacks, not Frontex itself. But if member states systematically violate the fundamental rights of migrants, Frontex can withdraw from that country. Last month, Frontex’s fundamental rights officer, who monitors compliance with the fundamental rights of refugees and migrants, advocated a departure from Greece. His advice was based in part on a reconstruction by The New York Times in May 2023, which showed how the Greek coast guard put a group of migrants on Lesbos in a boat and handed them over to the Turkish coast guard.

    You have not followed that advice as yet. Why not?
    ’The fundamental rights officer approaches this issue from the point of view of fundamental rights. He does not look at the rest: what would that mean for the effectiveness of our operation? We have people there, we have planes, they would then have to leave.’

    This could also put human lives at risk, you said in the European Parliament. But how long can you continue working with Greece without becoming jointly responsible for violating fundamental rights?
    ’I said to the Greek minister responsible: you do have to deal with something called credibility. I think we are slowly approaching a point where we have to say: okay, but that credibility is a bit under strain now. We are now really talking very intensively with the Greeks. I do need to see results. Because otherwise credibility and even legality will come under pressure.’

    If Greece does not mend its ways, withdrawal is possible?
    ’Definitely.’

    According to French newspaper Le Monde, Frontex’s management board, which includes member states, tacitly supported Greece on the grounds that Greeks do the dirty work and stop migrants.
    ’It’s not like everyone is nodding there. Discussions about the legitimacy and legality of performances take place there too.’

    But aren’t you running into a tension? On the one hand, you have to respect fundamental rights of migrants; on the other, EU member states want to get migration rates down.
    ’This is often seen as a kind of competing interest, but it is not. It’s not that you want or are allowed to stop people at all costs. There are just rules for that.’

    What do you think of the deal between the EU and Tunisia?
    ’If we don’t get guarantees that fundamental rights will be respected, it will be very complicated for us to work with Tunisia. With any country, for that matter.’

    According to Human Rights Watch, you do cooperate with Libya. Boats carrying migrants are intercepted by the Libyan coast guard, following a report from Frontex, Human Rights Watch said. This is how migrants were brought back to a country that is not safe even according to Frontex itself.
    ’We only pass on the positions of ships that are in trouble. If that is in the Libyan search and rescue zone, we pass that on to Libya. That is also our duty, otherwise we would be playing with human lives. Other cases are not known to me.’

    Human Rights Watch gives an example of an NGO rescue ship, the Sea Watch, that received no signal, even though the Libyan coast guard was notified.
    ’If a ship is in trouble, only the government departments are informed. Only if a ship is in immediate danger of sinking, a mayday call goes out to all nearby ships. That is simply how it is regulated, not only in Europe, but in international maritime law.’
    The debate about rescuing migrants in the Mediterranean has become highly politicised in recent years. Aid agencies are blamed for their ships acting as ’ferry services’ to Europe, while Frontex and national coastguards are seen by some as the heartless face of ’Fortress Europe’. The reality is nuanced, Italian figures, among others, show. In 2022, when migrants arrived by sea, 54 per cent were rescued by coastguards, and 14 per cent by NGO vessels. Frontex was involved in almost 24 thousand rescues from January to June 2023, according to agency figures.
    ’Rescuing people at sea is not a migration issue. Of course it is triggered by migration, but the moment people are at sea, it doesn’t matter what their status is. Then you just have to rescue them. I also think the NGO ships make an important contribution because they save a lot of lives. I don’t think anyone should be against that.’

    Zero deaths on the Mediterranean is your ambition, you have said.
    ’Maybe that is impossible, but I do think you have to have that ambition, otherwise you are not worth a damn.’

    Reçu via la mailing-list Migreurop, le 17.08.2023

    Le lien vers l’article (#paywall) :
    https://www.volkskrant.nl/nieuws-achtergrond/frontex-wil-het-anders-gaan-doen-op-de-middellandse-zee-de-ambitie-is-nul

    #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #migrations #réfugiés #frontières #Méditerranée #mer_Méditerranée #ambition #zéro_morts #Hans_Leijtens #push-backs #refoulements #transparence #droits_fondamentaux #interview #droits_humains #crédibilité #légitimité #légalité #ONG #sauvetage

  • L’Italie a immobilisé trois navires de sauvetage de migrants en quarante-huit heures
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/23/l-italie-a-immobilise-trois-navires-de-sauvetage-de-migrants-en-quarante-hui

    L’Italie a immobilisé trois navires de sauvetage de migrants en quarante-huit heures
    Deux des trois bateaux ont violé une loi récente obligeant les ONG à regagner un port choisi par les autorités italiennes entre chaque sauvetage.
    Les autorités italiennes ont ordonné l’immobilisation de deux navires de sauvetage de migrants en raison de la violation d’une nouvelle législation controversée, ce qui porte le total à trois en quarante-huit heures, ont annoncé, mercredi 23 août, les ONG concernées. L’organisation espagnole Open Arms dit s’être vue infliger une amende de 10 000 euros et le navire portant son nom a été saisi mardi, l’équipage ayant ignoré les instructions des autorités lui enjoignant de ne pas procéder à deux opérations de secours en Méditerranée. L’ONG allemande Sea-Eye annonce faire l’objet d’une amende de 3 000 euros et son navire Sea-Eye 4 a été immobilisé après avoir procédé à trois opérations de secours, qui ont, selon elle, permis de recueillir 114 personnes. Les deux navires ont violé une loi récente obligeant les navires d’ONG à regagner un port choisi par les autorités italiennes entre chaque sauvetage.Lundi, l’Aurora, de l’ONG allemande Sea-Watch, avait été saisi en vertu d’une autre disposition de cette loi, pour avoir débarqué des migrants dans un port non choisi par les autorités italiennes.
    Cette nouvelle législation a été adoptée cette année par le gouvernement de Giorgia Meloni, cheffe de file de l’extrême droite, dans le but de faire baisser le nombre d’arrivées, bien que les migrants recueillis à bord des navires d’ONG ne représentent qu’une fraction du total. Plus de 105 000 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l’année, soit plus du double par rapport à 2022 sur la même période, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. Plus de 2 000 migrants ont en outre trouvé la mort en tentant de traverser la Méditerranée depuis janvier, selon l’ONU.
    Open Arms a précisé que son navire se dirigeait vers le port de Carrare, choisi par les autorités italiennes, quand l’équipage a pris connaissance d’un appel de détresse d’Alarm Phone, un numéro utilisé par les migrants rencontrant des difficultés lors de leur traversée. Cette alerte « concernait deux bateaux en péril au sud de [sa] position », a-t-il déclaré. L’information a été confirmée par l’avion de surveillance d’une ONG. En l’absence de réponse immédiate des autorités italiennes à cet appel de détresse, l’équipage du navire d’Open Arms explique avoir respecté le droit maritime international en procédant au sauvetage. Le navire a ensuite reçu l’ordre « d’abandonner les recherches et de continuer vers le port choisi, étant donné que les autorités avaient pris la situation en main », mais sans fixer de délai, selon Open Arms.
    Le bateau a donc poursuivi sa route et recueilli 132 personnes vendredi, lors d’une opération de deux heures « au cours de laquelle aucun navire des autorités ne s’est présenté, confirmant une fois de plus que ces gens étaient laissés à la dérive ». Le bateau s’est ensuite rendu à Carrare, où il a été saisi. Selon Sea-Eye, le Sea-Eye 4 a été saisi dans le port de Salerne (Sud) pour « avoir procédé à plus d’une opération de sauvetage », jeudi et vendredi. « Si nous ne l’avions pas fait, il y aurait eu des morts », assure Gorden Isler, un responsable de l’organisation, dans un communiqué. La législation italienne est « contraire au droit international, qui oblige un capitaine à secourir les gens en détresse en mer », relève-t-il.

    #Covid19#migrant#migration#italie#ONG#droit#politiquemigratoire#mortalitite#traversee#migrationirreguliere#routemigratoire#mediterranee#postcovid#sante

  • « La politique migratoire européenne transforme les pays du sud de la Méditerranée en garde-frontières »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/16/la-politique-migratoire-europeenne-transforme-les-pays-du-sud-de-la-mediterr

    « La politique migratoire européenne transforme les pays du sud de la Méditerranée en garde-frontières »
    Tribune. Alors que l’Union européenne vient de signer avec la Tunisie le Partenariat stratégique global et cherche à l’inciter à accueillir les réfugiés renvoyés par l’Europe en échange de la somme de 250 millions d’euros et d’un soutien financier de 900 millions d’euros conditionné à la conclusion d’un accord de prêt avec le Fonds monétaire international (FMI), le pays traverse une crise socio-économique exacerbée par une montée des violences contre les Africains noirs présents sur son territoire, notamment dans la ville de Sfax. En effet, depuis le 3 juillet, et suite à l’assassinat d’un Tunisien par trois ressortissants présumés d’origine camerounaise, la Tunisie connaît un déferlement de violences contre les Africains noirs. Actes xénophobes, agissements racistes, discours haineux et différentes formes d’agressions mettent en péril l’intégrité physique et morale des expatriés subsahariens. A ce sujet, les médias, les ONG et autres acteurs de la société civile, ainsi que des citoyens tunisiens s’exprimant via les réseaux sociaux, tirent la sonnette d’alarme sur une véritable violation des droits humains.
    Ont été documentés : des expulsions de familles entières de leur domicile – dont des femmes enceintes et des enfants –, des interpellations, refoulements et arrestations arbitraires, des agressions physiques et verbales, des vols d’effets personnels et de documents d’identité, des attaques directes et virtuelles sur les réseaux sociaux et jusqu’à des déportations de centaines de personnes – dont certaines avec une situation en règle ou des demandeurs d’asile – vers les frontières tuniso-libyennes désertiques sans aucune forme d’assistance, à une période de l’année particulièrement éprouvante en raison des chaleurs torrides et des pénuries d’eau.
    Plusieurs communiqués, tribunes et pétitions ont été signés par nombre d’organisations, d’intellectuels, de militants et d’acteurs de la société civile dans les médias internationaux afin de dénoncer cette situation insoutenable. Des collectes de fonds ont été lancées pour venir en aide aux victimes de ces évènements. Nous rejoignons toutes ces prises de parole et tenons à manifester notre plein soutien et notre solidarité envers les cibles de ces agissements. En tant que chercheurs et citoyens provenant de Tunisie, d’Allemagne et de France, nous nous engageons pour une Méditerranée qui corresponde à un espace d’échanges, de libre circulation et de diversité. A la place de cela, la politique migratoire européenne transforme les pays du sud de la Méditerranée, et notamment la Tunisie, en garde-frontières, tout en favorisant l’exode des cerveaux vers l’Europe, à un moment où le pays a besoin de ses compétences pour faire face aux différentes crises qu’il connaît.
    L’intention d’expulser des personnes et familles vulnérables dans un pays tiers, contre leur gré, est inadmissible en soi. Les expulser en Tunisie à un moment où cette dernière traverse des difficultés importantes sur tous les fronts met en péril l’un des derniers pays stables dans la région. N’est-ce pas notre but d’atténuer les effets de cette crise et de travailler à ce que personne ne soit plus dans l’obligation d’émigrer ? A ce que la circulation devienne un choix au lieu d’une nécessité, dans un monde où les deux rives de la Méditerranée coopéreraient avec un souci d’égalité grâce à des conditions économiques et sociales plus équitables ? Dans ce cas, l’Union européenne doit veiller à mieux soutenir la stabilité de la société tunisienne et à envisager des coopérations effectives et pérennes, dans l’intérêt à la fois de la Tunisie et des Européens.
    Signé par les membres suivants du projet de recherche trinational de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) « Transmed : penser la Méditerranée ensemble – Transmediterrane Jugendpolitik » : Nour Bchini (université de La Manouba) ; Baraa Ben Dhif (université Mahmoud-Al-Materi/Labo’Démocratique) ; Ichrak Ben Hammouda (université Paris-3 Sorbonne nouvelle & université de La Manouba) ; Anna Damon (université d’Aix-Marseille) ; Azyza Deiab (Universität des Saarlandes) ; Karima Dirèche-Slimani (université d’Aix-Marseille) ; Nicole Fischer (Universität des Saarlandes et université Paris-3 Sorbonne nouvelle) ; Farah Hached (université Mahmoud-Al Materi/Labo’Démocratique) ; Louna Hassaini (université d’Aix-Marseille) ; Franck Hofmann (Universität des Saarlandes) ; Fatma Pia Hotait (Universität des Saarlandes) ; Mélina Joyeux (université d’Aix-Marseille) ; Mario Laarmann (Universität des Saarlandes) ; Mariem Maarfi (université de La Manouba) ; Fabian Meinel (Centre franco-allemand de Provence) ; Ines Mejri (université Mahmoud-Al-Materi/Labo’Démocratique) ; Markus Messling (Universität des Saarlandes) ; Freddy Ndi (Universität des Saarlandes) ; Line Perrin (Universität des Saarlandes) ; Sihem Sidaoui (université de La Manouba) ; Julian Wendlinger (Universität des Saarlandes).

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#politiquemigratoire#mediterranee#routemigratoire#partenariatstrategiqueglobal#droit#vulnerabilite#expulsion#postcovid

  • #Pantelleria, arrivati più di 150 migranti nelle ultime 24 ore

    Sono 161 i migranti sbarcati o soccorsi in mare nelle ultime 24 ore al largo di Pantelleria. Quasi tutti tunisini, tra loro una decina di donne, e 35 minori, dei quali 27 non accompagnati. A intervenire sono state le unità della guardia costiera.

    L’ultimo soccorso in mare stamattina, a bordo di una unità in difficoltà c’erano 13 uomini, 3 minori e una donna. Si tratta di sbarchi e viaggi autonomi, non ci sono scafisti, persone che lasciano la Tunisia a bordo di mezzi di fortuna, gommoni o barche, in un caso addirittura in mare è stato soccorso un migrante che navigava in solitaria su di un barchino. Trattenuti nel centro di accoglienza dell’Isola, gli ultimi sbarcati nelle prossime 48 ore verranno trasferiti, con il traghetto di linea, al centro di identificazione di contrada Milo a Trapani.

    Nell’ultimo anno, durante tutto il 2022, a Pantelleria il numero dIe migranti giunti sull’isola ha superato quota 6 mila.

    Intanto domani una imbarcazione Ong dovrebbe giungere in porto a Trapani con a bordo 78 migranti soccorsi nel Mediterraneo. Si attende l’ufficialità dal Viminale.

    Frattanto si è tenuta stamane dinanzi al gup del Tribunale di Trapani, giudice Samuele Corso, l’ulteriore udienza del procedimento relativo all’indagine sui cosiddetti “taxi del mare”. Si tratta dell’inchiesta che nel 2017 portò la magistratura trapanese a sequestrare la nave Juventa della Ong tedesca Jugend Rettet. L’udienza preliminare ha come imputati 21 persone, componenti di equipaggi di altre due Ong, Medici Senza Frontiere e Save the Children. Nell’udienza di oggi le difese hanno proseguito a proporre al giudice eccezioni preliminari, le ultime odierne hanno riguardato la richiesta di nullità dell’avviso conclusione indagini, in quanto la discovery degli atti all’epoca depositati avrebbe mostrato l’assenza di documenti giudiziari e prodotti successivamente. Il prossimo 14 aprile toccherà ai pm Agnello, Mucaria e Sardoni, replicare a queste eccezioni.

    L’udienza preliminare va avanti da oltre un anno, mentre si attende il responso della Cassazione sulla competenza territoriale del Tribunale di Trapani. Il giudice Corso infatti alla precedente udienza ha deciso di trasmettere gli atti alla massima Corte, questo dopo altre eccezioni delle difese. Se venisse accolta una parte del procedimento verrebbe trasmesso non ad uno ma a diversi Tribunali coincidenti con i porti dove sono stati sbarcati i migranti soccorsi da queste tre Ong nel periodo compreso tra il 2016 e il 2017.

    https://livesicilia.it/pantelleria-arrivati-piu-di-150-migranti-nelle-ultime-24-ore
    #île #Italie #routes_migratoires #asile #migrations #réfugiés #Méditerranée #île_de_Pantelleria

  • Naufrages en Méditerranée : avec plus de 2 000 morts depuis le début de l’année, le bilan de 2022 est déjà dépassé
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/10/naufrages-en-mediterranee-avec-plus-de-2-000-morts-depuis-le-debut-de-l-anne

    Naufrages en Méditerranée : avec plus de 2 000 morts depuis le début de l’année, le bilan de 2022 est déjà dépassé
    EN GRAPHIQUES - Le nombre de migrants morts ou disparus en mer Méditerranée recensés depuis le début de l’année 2023 est déjà supérieur aux bilans sur douze mois des quatre années précédentes.
    Par Dorian Jullien
    Samedi 5 août, deux embarcations de migrants ont fait naufrage au large de l’île de Lampedusa (Italie), en mer Méditerranée. La mort d’une femme et celle d’un enfant âgé de 2 ans ont été confirmées, et une trentaine de victimes sont portées disparues, tandis que cinquante-sept personnes ont survécu. Cette traversée tragique s’ajoute aux tentatives mortelles relayées par la presse quasi quotidiennement.
    Le centre d’accueil de Lampedusa est déjà saturé, avec environ 2 500 migrants pour 600 places, selon la Croix-Rouge italienne, en raison de l’intensification des arrivées de demandeurs d’asile. En Italie, principale porte d’entrée en Europe, le Haut Conseil des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime que 90 763 migrants sont arrivés entre janvier et août 2023, soit presque autant que les 105 131 enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022. Pour le seul mois de mars 2023, l’UNHCR a décompté 13 267 entrées en Italie, contre 1 358 sur la même période de l’année précédente.
    Un bilan 2023 déjà équivalent aux quatre années précédentes
    Depuis la crise migratoire européenne de 2014-2015, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) tient un recensement des migrants morts, portés disparus et survivants au cours de leur migration. Sont comptés « les migrants morts aux frontières extérieures des Etats ou au cours du processus de migration vers une destination internationale, quel que soit leur statut juridique ». Sont exclus les morts dans les camps de réfugiés, pendant les expulsions, ceux résultant de l’exploitation du travail ou d’un retour forcé dans le pays d’origine, ainsi que les morts de personnes déplacées au sein de leur pays d’origine. Par définition, le décompte de l’OIM est donc probablement sous-évalué. Le bilan reste pourtant vertigineux : en neuf ans, plus de 27 000 personnes ont payé de leur vie leur tentative de passage vers l’Europe.
    27 364 morts et portés disparus recensés en mer Méditerranée depuis 2014
    Données collectées de différentes sources par l’Organisation internationale pour les migrations (organisation liée aux Nations unies)
    Après un pic en 2016, avec plus de 5 000 morts, le nombre de migrants morts ou portés disparus en mer Méditerranée s’est stabilisé autour de 2 000 à partir de 2018, avant de connaître une baisse en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Mais, après seulement sept mois, le bilan 2023 est déjà plus lourd que ceux des quatre années passées.
    La Méditerranée centrale : cette route part des côtes d’Afrique du Nord et finit en Italie, ou à Malte dans une moindre mesure. Historiquement, c’est celle dont proviennent le plus d’arrivées, selon le HCR, mais c’est aussi la plus risquée. L’OIM chiffre à 4,78 % le taux de mortalité en 2019, soit 1 migrant sur 21 qui meurt lors d’une tentative de traversée.La Méditerranée occidentale : il s’agit de la voie entre le Maroc et l’Espagne, en traversant le détroit de Gibraltar ou en posant pied à Melilla ou Ceuta, les deux enclaves espagnoles situées sur le continent africain. Le taux de mortalité est estimé à 1,67 %. La Méditerranée orientale : c’est la route qui relie la Turquie à la Grèce, principalement. Ce passage fut la première route empruntée en 2015, après la crise syrienne : selon le HCR, 856 723 personnes sont arrivées de la Turquie en Grèce cette année-là. Cette route est désormais moins empruntée. En 2019, le taux de mortalité y était de 0,05 %, selon l’OIM. Un chiffre possiblement sous-estimé, selon l’organisation, qui reconnaît un manque d’exhaustivité des données et des biais temporels.
    La Méditerranée occidentale est la route privilégiée, aussi la plus mortelle, pour les migrants qui tentent de rallier l’Europe
    Dans près de deux tiers des cas, l’OIM n’est pas en mesure de retracer la région d’origine des personnes mortes ou portées disparues en mer. Parmi les victimes dont l’origine géographique est connue, la plus grande partie provient d’Afrique subsaharienne. Ce sont les migrants de ces pays qui sont depuis plusieurs semaines victimes de violences (délogements, violences physiques, expulsions et abandons dans le désert…) commises par les autorités tunisiennes. Plus de 6 000 migrants morts ou portés disparus en mer Méditerranée sont originaires d’Afrique subsaharienne

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#europe#afriquesubsaharienne#HCR#mortalite#traversee#migrationirreguliere#mediterranee#routemigratoire#postcovid

  • En Italie, les naufrages se succèdent près de Lampedusa
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/07/en-italie-les-naufrages-se-succedent-pres-de-lampedusa_6184700_3210.html

    En Italie, les naufrages se succèdent près de Lampedusa
    La détérioration des conditions météorologiques contribue à une situation critique sur l’île : une trentaine de migrants sont désormais portés disparus, alors que les arrivées se multiplient.
    Par Allan Kaval(Rome, correspondant)
    A Lampedusa, le mauvais temps a apporté de nouvelles journées de détresse et de mort. Samedi 5 août, au moins une trentaine de migrants espérant rallier la petite île italienne ont disparu lors du naufrage de deux embarcations, selon les récits recueillis par les autorités auprès des survivants, au nombre de cinquante-sept. Les gardes-côtes italiens qui ont procédé à leur sauvetage, grâce à deux vedettes assistées d’hélicoptères, ont annoncé avoir trouvé parmi eux le cadavre d’une femme et celui d’un enfant de 2 ans. Les images de l’opération, publiées dimanche, témoignent des difficultés rencontrées pour secourir les naufragés, à la dérive dans deux petites barques en métal malmenées par les flots.
    La détérioration des conditions météorologiques a par ailleurs contribué à une situation critique sur l’île même. Trente-quatre naufragés, dont deux femmes enceintes, ont ainsi été bloqués pendant près de quarante-huit heures sous une falaise, dans l’ouest de Lampedusa, piégés entre une mer démontée et une paroi de pierre abrupte, sur un amas de rocher où leur embarcation avait échoué. Les vagues et les vents violents avaient empêché toute opération de sauvetage par les airs ou par la mer jusqu’à dimanche, et leur évacuation par hélicoptère, assurée par des équipes de secouristes venus le matin même de Sicile.
    Depuis vendredi, près de 2 600 migrants ont posé pied à Lampedusa, les arrivées se succédant à un rythme soutenu depuis le mois de juin. Le « hot spot » de l’île, un centre d’accueil où transitent les migrants avant d’être convoyés vers le continent, arrive à saturation, le mauvais temps n’ayant jusqu’à présent pas permis de les évacuer. Conçu pour abriter six cents personnes selon la Croix-Rouge italienne qui en assure la gestion depuis le mois de mai, il en accueille aujourd’hui près de 2 500 dans des abris d’urgence. Les survivants du naufrage meurtrier de samedi se trouvent parmi eux. « Mis à part deux personnes hospitalisées, les conditions de santé physique des rescapés s’améliorent »,explique le vice-secrétaire de la Croix-Rouge italienne, Ignazio Schintu, joint par téléphone à Lampedusa. « Nos équipes s’entretiennent à présent avec eux pour reconstituer le fil des événements et comprendre ce qui a causé ces naufrages meurtriers », ajoute-t-il. Une enquête de police a par ailleurs été ouverte à Agrigente, en Sicile. Evoquant le mauvais temps annoncé, Emmanuele Ricifarivchef de la police de la ville, cité dans la presse italienne a déclaré : « Ceux qui leur ont permis de partir, ou les ont forcés à partir, sont des fous criminels sans scrupule. » Les naufragés, les morts en mer, les disparus de ces derniers jours, sont les dernières victimes en date sur la route migratoire qui s’est développée cette année entre la région de Sfax, en Tunisie, et Lampedusa, un morceau d’Europe planté à moins de 140 kilomètres des côtes africaines.Depuis 2022 partent ainsi en plus grand nombre, des plages tunisiennes, des nuées de petites barques faites de plaques de tôle soudées, extrêmement dangereuses pour les passagers, des personnes majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Avec la montée d’un discours xénophobe et raciste en Tunisie par ailleurs en proie à de graves difficultés économiques, ces flux se sont intensifiés, permettant au président tunisien, Kaïs Saïed, d’obtenir toute l’attention des autorités italiennes. La présidente du conseil italienne, Giorgia Meloni, à la tête d’un gouvernement d’extrême droite qui s’est voué à mettre fin à l’immigration irrégulière, a fait de M. Saïed son interlocuteur privilégié dans le sud de la Méditerranée, l’Italie ayant comptabilisé 92 000 arrivées sur ses côtes cette année, soit le double des chiffres de 2022 à la même période.
    Les contacts entre Rome et Tunis se sont donc multipliés, Rome ayant fait campagne pour que le Fonds monétaire international débloque des financements destinés à la Tunisie. Mme Meloni a également joué un rôle moteur dans la conclusion, le 16 juillet, d’un accord politique entre l’Union européenne et la Tunisie, conditionnant dans des termes vagues une aide économique de Bruxelles à des réformes et à une coopération plus efficace sur les migrations. La présidente du conseil a même qualifié de « modèle pour l’Afrique du Nord », le partenariat des Européens avec une Tunisie accusée de violations des droits de l’homme dans son traitement des migrants. Pour l’heure, l’accord n’a pas contribué à freiner les départs ou à éviter les morts en mer. A la comptabilité approximative et macabre des disparus et des noyés, dressée à Lampedusa en cette fin de semaine, la garde nationale tunisienne a ainsi ajouté dix nouveaux cadavres de migrants, trouvés sur les plages du nord de Sfax, entre vendredi et samedi. Ils rejoignent les 1 800 morts comptabilisés par l’Organisation internationale des Nations unies pour les migrations, en Méditerranée centrale, la route migratoire la plus meurtrière au monde, et un nombre à jamais inconnu de morts sans sépulture.

    #Covid-19#migrant#migration#afrique#tunisie#italie#lampedusa#UE#politiquemigratoire#routemigratoire#mediterranee#naufrage#traversee#morbidite#sfax#postcovid

  • Au moins 30 migrants portés disparus au large de Lampedusa, après le chavirement de deux bateaux
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/06/au-moins-30-migrants-portes-disparus-au-large-de-lampedusa-apres-le-chavirem

    Au moins 30 migrants portés disparus au large de Lampedusa, après le chavirement de deux bateaux
    Les bateaux étaient des petites embarcations de métal, vraisemblablement parties jeudi de Sfax, en Tunisie. Des équipes de secours tentent de mettre en sécurité une vingtaine de migrants, piégés dans une zone rocailleuse de la côte.
    Le Monde avec AFP
    Après le chavirement de deux bateaux, au large de l’île italienne de Lampedusa, environ 28 migrants – passagers de l’un des bateaux – et trois autres – du deuxième –, sont perdus en mer. Les bateaux étaient des petites embarcations de métal vraisemblablement parties jeudi de Sfax, en Tunisie. Après avoir parlé avec des survivants, les responsables de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estiment qu’« au moins 30 personnes ont disparu », a précisé à l’Agence France-Presse l’attaché de presse, Flavio Di Giacomo. L’OIM précise que les bateaux se seraient renversés en raison des mauvaises conditions météorologiques.
    Le chef de la police d’Agrigente, Emmanuele Ricifari, chargé de l’enquête, a souligné que le mauvais temps était annoncé. « Ceux qui leur ont permis de partir, ou les ont forcés à partir, sont des fous criminels sans scrupule », a-t-il déclaré aux médias italiens. Alors que le mauvais temps persistait dimanche, des équipes de secours se préparaient à mettre en sécurité une vingtaine de migrants, piégés dans une zone rocailleuse de la côte de Lampedusa. Ces derniers se trouvent à cet endroit depuis vendredi soir, après que des vents violents ont drossé leur bateau sur les rochers.
    La Croix-Rouge leur a fourni de la nourriture, de l’eau, des vêtements et des couvertures de survie, mais les garde-côtes n’ont pu les secourir par la mer, en raison de la hauteur des vagues. Si le vent ne tombe pas, les secouristes vont les treuiller jusqu’en haut des 140 mètres de la falaise, selon des informations de presse.La route de la Méditerranée centrale au départ de l’Afrique du Nord et en direction de l’Europe est la plus meurtrière au monde. Plus de 1 800 personnes sont mortes depuis le début de l’année en tentant de l’emprunter, selon M. Di Giacomo. C’est près de 900 de plus que l’année dernière.
    « La vérité, c’est que ce chiffre est vraisemblablement plus élevé, a souligné l’attaché de presse. Beaucoup de corps sont retrouvés en mer, ce qui suggère qu’il y a beaucoup de naufrages dont nous n’entendons jamais parler. » Le nombre de corps retrouvés en mer s’est accru, en particulier sur ce qui est appelé « la route tunisienne », devenue de plus en plus dangereuse en raison des bateaux utilisés, a ajouté M. Di Giacomo.
    Les passeurs font prendre la mer aux migrants subsahariens « sur des bateaux de fer qui coûtent moins cher que les habituels bateaux en bois mais qui sont totalement inaptes à la navigation en mer, ils se brisent facilement et coulent », a-t-il expliqué. Et souvent, les migrants doivent subir en mer le vol des moteurs de leurs bateaux pour que les passeurs puissent les réutiliser.

    #Covid-19#migrant#migration#afrique#italie#mediterranee#routemigratoire#routecentrale#naufrage#traversee#mortalite#politiquemigratoire#postcovid#europe#tunisie

  • #Search-and-rescue in the Central Mediterranean Route does not induce migration : Predictive modeling to answer causal queries in migration research

    State- and private-led search-and-rescue are hypothesized to foster irregular migration (and thereby migrant fatalities) by altering the decision calculus associated with the journey. We here investigate this ‘pull factor’ claim by focusing on the Central Mediterranean route, the most frequented and deadly irregular migration route towards Europe during the past decade. Based on three intervention periods—(1) state-led Mare Nostrum, (2) private-led search-and-rescue, and (3) coordinated pushbacks by the Libyan Coast Guard—which correspond to substantial changes in laws, policies, and practices of search-and-rescue in the Mediterranean, we are able to test the ‘pull factor’ claim by employing an innovative machine learning method in combination with causal inference. We employ a Bayesian structural time-series model to estimate the effects of these three intervention periods on the migration flow as measured by crossing attempts (i.e., time-series aggregate counts of arrivals, pushbacks, and deaths), adjusting for various known drivers of irregular migration. We combine multiple sources of traditional and non-traditional data to build a synthetic, predicted counterfactual flow. Results show that our predictive modeling approach accurately captures the behavior of the target time-series during the various pre-intervention periods of interest. A comparison of the observed and predicted counterfactual time-series in the post-intervention periods suggest that pushback policies did affect the migration flow, but that the search-and-rescue periods did not yield a discernible difference between the observed and the predicted counterfactual number of crossing attempts. Hence we do not find support for search-and-rescue as a driver of irregular migration. In general, this modeling approach lends itself to forecasting migration flows with the goal of answering causal queries in migration research.

    https://www.nature.com/articles/s41598-023-38119-4

    #appel_d'air #migrations #réfugiés #frontières #sauvetage #pull-factor #facteur_pull #chiffres #statistiques #rhétorique #afflux #invasion #sauvetage_en_mer #démonstration #déconstruction #fact-checking

    –—

    ajouté à la métaliste qui réunit des fils de discussion pour démanteler la rhétorique de l’#appel_d'air en lien avec les #sauvetages en #Méditerranée :
    https://seenthis.net/messages/1012135

    • Sur les #données et le #code qui ont servi à l’étude :

      We document the various data sources used in Table S1 in Supplementary Materials. Though most data sources
      are publicly available—with the exception of the Sabre data on air traffic, we are unable to upload our data set
      to a repository due to data-usage requirements and proprietary restrictions. The data that support the findings
      of this study are available from various sources documented in Table S1 in Supplementary Materials but restrictions
      apply to the availability of these data, which were used under license for the current study, and so are not
      publicly available. Data are however available from the authors upon reasonable request and with permission of
      the various third party owners of the data. The code to construct the data set and perform the various statistical
      analyses is available at https://github.com/xlejx-rodsxn/sar_migration

      https://www.nature.com/articles/s41598-023-38119-4.pdf

    • Migranti, il pull factor non esiste. La prova del nove in uno studio scientifico

      Attraverso l’uso di tecniche statistiche avanzatissime e del machine learning quattro ricercatori hanno incrociato migliaia di dati relativi al decennio 2011-2020 dimostrando che le attività di ricerca e soccorso, istituzionali o delle Ong, non fanno aumentare le partenze dai paesi nordafricani. Come sostenuto per anni dalle destre e non solo.

      Le attività di ricerca e soccorso nel Mediterraneo centrale non costituiscono un fattore di attrazione per i migranti, cioè non li spingono a partire. Lo dimostra uno studio pubblicato sulla rivista Scientific Reports, dello stesso gruppo editoriale di Nature sebbene non si tratti della più nota e importante collega. Per la prima volta allo scopo di verificare l’esistenza di questo presunto pull factor sono state utilizzate tecniche statistiche particolarmente avanzate e sistemi di machine learning capaci di far interagire molte banche dati.

      I ricercatori Alejandra Rodríguez Sánchez, Julian Wucherpfennig, Ramona Rischke e Stefano Maria Iacus hanno raccolto informazioni sul decennio 2011-2020 provenienti da diversi ambiti – tassi di cambio, prezzi internazionali delle merci, livelli di disoccupazione, conflitti, condizioni climatiche – e le hanno usate per identificare i fattori che meglio prevedono le variazioni numeriche delle partenze da Tunisia e Libia. La loro attenzione si è concentrata su tre fasi che riflettono cambiamenti sostanziali di natura politica, legale e operativa del fenomeno analizzato: la vasta operazione di salvataggio messa in campo dall’Italia tra il 18 ottobre 2013 e il 31 ottobre dell’anno seguente, cioè Mare Nostrum; l’arrivo delle navi umanitarie delle Ong, a partire dal 26 agosto 2014; l’istituzione della zona Sar (search and rescue) libica e la collaborazione tra Tripoli e Unione Europea, dal 2017, in funzione anti-migranti.

      «Abbiamo comparato il fenomeno delle partenze prima e dopo l’inizio delle attività di ricerca e soccorso, il nostro modello predittivo dice che sarebbe andata allo stesso modo anche se le seconde non fossero intervenute», spiega Rodríguez Sánchez. Il modello è di tipo contro-fattuale: mostra cosa sarebbe successo modificando un certo fattore. In questo caso le operazioni Sar, che dunque non fanno aumentare le traversate.

      La forza del metodo statistico usato è di permettere di investigare non soltanto il terreno della correlazione tra due fenomeni, ma anche quello della presunta causalità di uno rispetto all’altro. La conclusione è che le navi di soccorso non sono il motivo delle traversate, o anche solo del loro aumento, ma esattamente l’opposto: costituiscono una risposta a esse. Sono altri i fattori che spingono le persone a migrare e rischiare la vita nel Mediterraneo, sono estremamente variegati e complessi, riguardano la povertà, la disoccupazione, le persecuzioni politiche, gli effetti del cambiamento climatico.

      Lo studio ha poi rilevato un altro elemento: la cooperazione Libia-Ue ha effettivamente ridotto le traversate, che dal 2017 sono state meno di quelle che si sarebbero dovute verificare secondo il modello predittivo. I ricercatori però avvertono che questo ha avuto un altissimo costo umano e che, in ogni caso, le politiche di esternalizzazione «non incidono sui fattori strutturali che influenzano un certo flusso e potrebbero forzare i potenziali migranti a seguire rotte ancora più pericolose». Se anche producono dei risultati in termini di deterrenza, insomma, ciò avviene esclusivamente a stretto giro, spostando il problema solo un po’ più in là.

      «Questa importante ricerca mostra a livello strutturale che le politiche di salvataggio, anche le più grandi e organizzate, non sembrano far aumentare le traversate. Noi stiamo indagando l’effetto puntuale: cioè se la presenza di singole navi Ong davanti alle coste libiche incida sulle persone che partono», commenta Matteo Villa, ricercatore dell’Istituto per gli studi di politica internazionale (Ispi). Villa nel 2019 ha pubblicato il primo studio scientifico che smentiva la tesi delle navi Ong come fattore di attrazione. Tra qualche mese uscirà un aggiornamento con una base dati molto più ampia. «Conferma quanto avevamo osservato quattro anni fa – anticipa Villa al manifesto – L’unica correlazione che abbiamo trovato riguarda i mesi più freddi: tra dicembre, gennaio e febbraio ci sono più partenze se le Ong sono in missione. Ma parliamo di numeri irrilevanti: lo scorso anno 300 persone sulle 50mila arrivate dalla Libia».

      La tesi del pull factor è nata nel 2014 quando l’allora direttore di Frontex, l’agenzia europea per il controllo delle frontiere esterne, Gil Arias-Fernández iniziò a sostenere pubblicamente che le navi di Mare Nostrum stavano facendo aumentare i flussi dal Nord Africa. In una Risk Analysis della stessa agenzia relativa al 2016 l’accusa è stata spostata sulle Ong, intervenute nel frattempo a colmare il vuoto lasciato dalla chiusura dell’operazione italiana. Da allora questa teoria è stata un cavallo di battaglia delle destre ed è tornata in voga dopo l’insediamento del governo Meloni. Lo scorso autunno il ministro dell’Interno Matteo Piantedosi e quello degli Esteri Antonio Tajani, tra gli altri, hanno più volte citato un misterioso rapporto di Frontex che avrebbe ribadito lo stesso assunto per il 2021.

      Di quel rapporto non si è mai saputo nulla, ma ora abbiamo uno studio scientifico che smentisce il pull factor per l’ennesima volta. Intanto questa retorica ha influenzato le scelte dell’attuale esecutivo e anni di politiche migratorie basate sulla criminalizzazione delle Ong e sul disimpegno istituzionale dalla ricerca e dal soccorso davanti alle coste libiche. C’è da sperare che nuove ricercje facciano luce su quante vittime hanno causato simili norme e prassi, slegate da qualsiasi rapporto con la realtà e basate soltanto sulla propaganda.

      https://ilmanifesto.it/il-pull-factor-non-esiste-la-prova-del-nove-in-uno-studio-scientifico

      #propagande

    • Sea rescue operations do not promote migration, study finds

      Rescue operations do not incentivise migrants try to cross the Mediterranean, a recent study has found. Instead conflicts, economic hardship, natural and climate disasters, and the weather are reportedly key drivers of migration.

      Irregular migrant departures from the coasts of North Africa to Europe are not encouraged by search and rescue missions in the Central Mediterranean, a recent study has found. Instead, factors such as conflicts, economic hardship, natural disasters, and weather conditions drive migration.
      Rescue operations are not a ’pull factor’

      The study was published in Scientific Reports by an international research group led by Alejanda Rodríguez Sánchez from the University of Potsdam (Germany). The scientists looked at the number of attempts to cross the Central Mediterranean between 2011 and 2020.

      Through various simulations, the researchers tried to identify factors that can best predict changes in the number of sea crossings. The factors that they looked at included the number of search and rescue missions — both by state authorities and NGOs, as well as the currency exchange rates, the cost of international raw materials, unemployment rates, conflicts, violence, the rates of flight travel between Africa, the Middle East and Europe and meteorological conditions.
      Libya: Pushbacks reduced migration, increased human rights violations

      The study also looked at the increased activities of the Libyan coast guard since 2017, intercepting migrant boats and returning migrants to Libya. Researchers found that this had caused a reduction in the number of departure attempts and might have discouraged migration.

      The authors pointed out that, however, this has coincided with the reports of a worsening of human rights for migrants in Libya — particularly in the detention centers where migrants are being held after being stopped at sea.

      The researchers looked at migration on an “aggregate-level” and did not look at “micro-motives of migrants and smugglers”, they pointed out in the study. They recommended that future studies should do an in-depth analysis of the impact of search and rescue missions at sea on the decisions of individual migrants and human traffickers.

      https://www.infomigrants.net/en/post/50875/sea-rescue-operations-do-not-promote-migration-study-finds

  • « L’#indifférence face aux morts en #Méditerranée est le signe d’un effondrement en #humanité »

    L’écart entre l’#émotion provoquée par la disparition des cinq occupants du submersible « Titan » et l’indifférence à l’égard des centaines de migrants ayant subi le même sort, huit jours plus tôt, en Méditerranée doit nous interpeller, soulignent les anthropologues Michel Agier, Filippo Furri et Carolina Kobelinsky.

    Jusqu’à la difficile acceptation, le 22 juin, de la mort des cinq touristes embarqués dans le submersible #Titan pour voir de près l’épave du #Titanic, les médias du monde entier ont suivi heure par heure les rebondissements de cette tentative de #sauvetage, dans laquelle plusieurs Etats s’étaient impliqués. L’émotion suscitée par cet accident a mis crûment en évidence, par contraste, le calme plat des Etats et de la plupart des médias européens face à un autre drame maritime, le #naufrage, une semaine plus tôt, le 14 juin, d’un chalutier parti de Libye avec environ 750 passagers originaires pour la plupart du Pakistan, de Syrie et d’Egypte, dont seulement 104 personnes sont rescapées. A ce jour, seuls 84 corps ont été retrouvés.

    Reste un calcul que presque personne ne semble vouloir faire, portant à plus de 600 le nombre de victimes fatales. Ce naufrage n’est tristement pas le premier, mais il est l’un des plus meurtriers de ces dernières années. Pourtant, si le naufrage, déjà en Méditerranée, du 3 octobre 2013 et celui survenu dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 ont provoqué un grand retentissement médiatique ainsi que des réponses des autorités italiennes, cette énième tragédie, elle, n’a pas eu d’effet.

    La tragédie n’a pas donné lieu à la sidération collective, elle n’a pas provoqué de polémique publique sur les politiques sécuritaires qui sont aujourd’hui la norme de presque tous les Etats européens. Elle n’a pas fait changer d’un pouce les discours xénophobes et sécuritaires des dirigeants européens. En France, les tractations continuent autour de la nouvelle loi sur l’immigration, sans cesse repoussée faute d’accord entre la droite et le centre droit, avec en perspective la remise en cause des conventions internationales de droits humains, et le durcissement des mesures sécuritaires antimigrants.

    Le rejet des responsabilités

    En Europe, le nouveau pacte sur l’asile et la migration porte moins sur la capacité des pays membres à organiser un dispositif d’asile européen que sur le renforcement, une fois de plus, de la fermeture des frontières et de la logique d’externalisation [consistant à délocaliser la gestion administrative et policière des migrants dans les pays de départ ou de transit].

    Comme cela s’est passé après le naufrage dans la Manche du 21 novembre 2021, lorsque les gardes-côtes et sauveteurs français et britanniques se rejetèrent la #responsabilité du drame, ou après celui de Cutro, en Calabre, le 26 février 2023, où la police, les douanes et les gardes-côtes italiens sont mis en cause, l’Agence européenne des frontières externes (Frontex) et les gardes-côtes grecs se renvoient la responsabilité de cet abandon en mer pour le drame du 14 juin.

    Plusieurs témoignages de rescapés accusent directement les gardes-côtes grecs d’avoir provoqué l’accident après avoir attaché un câble au chalutier afin de l’éloigner des eaux territoriales grecques pour ne pas avoir à prendre en charge ses occupants une fois à terre. Une telle pratique pour remorquer le bateau n’est pourtant pas recommandée, puisqu’elle comporte le risque de déstabiliser l’embarcation, voire de la faire chavirer.

    Une gestion migratoire au mépris du droit

    Détournant les regards ailleurs que sur les administrations grecques et européennes, la mise en cause rapide de neuf supposés « passeurs » parmi les rescapés n’est autre que l’invention cynique d’un bouc émissaire. Le renvoi (« push back »), l’abandon ou le harcèlement aux frontières sont devenus la règle implicite de la gestion migratoire contemporaine, au mépris du droit.

    Depuis que l’Europe de Schengen existe, elle a tué ou au moins « laissé mourir » plus de 55 000 exilés, hommes et femmes, à ses frontières. L’Organisation internationale pour les migrations, liée aux Nations unies, évoque quant à elle, selon ses données actualisées en juillet, le total de 27 675 morts et disparus dans la seule Méditerranée depuis 2014. Mais la publication de ces nombres, aussi édifiants soient-ils, semble sans effet.

    C’est surtout l’#indifférence apparente des sociétés qui interpelle. Pour les uns, le sentiment d’impuissance et l’accablement laissent sans voix, pour les autres une acceptation ou une accoutumance coupables à une hécatombe interminable. Huit jours après le naufrage du 14 juin, un autre a déjà eu lieu près de Lampedusa, faisant 46 morts, passés cette fois totalement inaperçus.

    Le refus de faire face collectivement à la réalité

    Des hommes et des femmes originaires d’Afrique subsaharienne avaient embarqué à Sfax pour échapper aux persécutions en Tunisie, alors que, dans le même temps, à l’instar de l’Italie, les pays européens marchandaient avec le président de ce pays, dont les propos racistes contre les Africains ont pourtant été largement rapportés, pour faire de la Tunisie un pays de rétention, comme l’est déjà la Libye.

    Ces politiques d’externalisation sont des manières de mettre en œuvre le rejet des indésirables, leur disparition des radars de l’attention publique, et elles ont besoin de l’indifférence des sociétés. A la peur des étrangers venus des pays du Sud, régulièrement entretenue ou suscitée par des dirigeants bornés, aveugles aux réalités du monde, succèdent des politiques de repli et de fermeture, puis, logiquement, des dizaines de milliers de « vies perdues », selon les mots du sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017) dans son livre qui porte ce titre (Payot, 2006), consacré à « la modernité et ses exclus ».

    On évoque souvent, à propos de ce naufrage du 14 juin, « au moins 80 morts » et « des centaines de disparus ». Certes, parler de « #disparus » peut être une forme minimale de respect à l’égard des familles et des proches qui attendent encore de voir les corps de leur frère, cousin ou enfant. Mais c’est aussi une façon de ne pas faire face collectivement à la réalité. Attend-on que les corps noyés se volatilisent ?

    Une urgence absolue

    Plus probablement, l’absence de reconnaissance et de deuil pour ces plus de 600 personnes qui avaient un nom, une vie et des proches contribuera à en faire des fantômes pour l’Europe. En 2015, après le naufrage du 18 au 19 avril, l’opération de récupération de l’épave organisée par le gouvernement italien de l’époque, coûteuse et complexe, avait interpellé la conscience collective, avec l’ambition de récupérer les corps des victimes et de mettre en place un dispositif médico-légal pour les identifier et leur donner un nom. Cette fois, ces corps semblent destinés à rester emprisonnés à jamais au fond de la mer.

    L’écart entre l’#émoi suscité par la disparition des cinq occupants du Titan et l’indifférence à l’égard des centaines de personnes migrantes subissant le même sort huit jours plus tôt ne tient-il qu’à l’#anonymat de ces dernières, au fait qu’il n’y aurait pas d’histoires à raconter, pas de suspense à susciter, tant leur sort s’est banalisé ? S’émouvoir, comprendre, agir sont trois moments indispensables pour faire face.

    L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité dont il nous faut prendre la mesure pour sortir du cercle infernal qui l’a provoqué. Il nous faut, collectivement, raconter toutes ces vies perdues, retracer ces destins individuels, comprendre ce qui est en train de se passer, et agir dans le respect de toutes les vies humaines. La tâche est « titanesque » et demande du temps et du courage, mais elle est absolument urgente. Paradoxalement, l’#accoutumance, l’#accablement ou l’indifférence apparente sont les signes les plus éclatants de cette urgence.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/25/l-indifference-face-aux-morts-en-mediterranee-est-le-signe-d-un-effondrement
    #morts_aux_frontières #décès #migrations #réfugiés #frontières #Filippo_Furri #Carolina_Kobelinsky #mourir_aux_frontières #morts #14_juin_2023 #terminologie #mots #mourir_en_mer

  • « L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/25/l-indifference-face-aux-morts-en-mediterranee-est-le-signe-d-un-effondrement

    « L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité »
    Tribune
    Michel Agier Anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
    Filippo Furri Anthropologue, membre du réseau Migreurop
    Carolina Kobelinsky Anthropologue, chargée de recherche au CNRS
    Jusqu’à la difficile acceptation, le 22 juin, de la mort des cinq touristes embarqués dans le submersible Titan pour voir de près l’épave du Titanic, les médias du monde entier ont suivi heure par heure les rebondissements de cette tentative de sauvetage, dans laquelle plusieurs Etats s’étaient impliqués. L’émotion suscitée par cet accident a mis crûment en évidence, par contraste, le calme plat des Etats et de la plupart des médias européens face à un autre drame maritime, le naufrage, une semaine plus tôt, le 14 juin, d’un chalutier parti de Libye avec environ 750 passagers originaires pour la plupart du Pakistan, de Syrie et d’Egypte, dont seulement 104 personnes sont rescapées. A ce jour, seuls 84 corps ont été retrouvés.

    Reste un calcul que presque personne ne semble vouloir faire, portant à plus de 600 le nombre de victimes fatales. Ce naufrage n’est tristement pas le premier, mais il est l’un des plus meurtriers de ces dernières années. Pourtant, si le naufrage, déjà en Méditerranée, du 3 octobre 2013 et celui survenu dans la nuit du 18 au 19 avril 2015 ont provoqué un grand retentissement médiatique ainsi que des réponses des autorités italiennes, cette énième tragédie, elle, n’a pas eu d’effet.

    La tragédie n’a pas donné lieu à la sidération collective, elle n’a pas provoqué de polémique publique sur les politiques sécuritaires qui sont aujourd’hui la norme de presque tous les Etats européens. Elle n’a pas fait changer d’un pouce les discours xénophobes et sécuritaires des dirigeants européens. En France, les tractations continuent autour de la nouvelle loi sur l’immigration, sans cesse repoussée faute d’accord entre la droite et le centre droit, avec en perspective la remise en cause des conventions internationales de droits humains, et le durcissement des mesures sécuritaires antimigrants. En Europe, le nouveau pacte sur l’asile et la migration porte moins sur la capacité des pays membres à organiser un dispositif d’asile européen que sur le renforcement, une fois de plus, de la fermeture des frontières et de la logique d’externalisation [consistant à délocaliser la gestion administrative et policière des migrants dans les pays de départ ou de transit].
    Comme cela s’est passé après le naufrage dans la Manche du 21 novembre 2021, lorsque les gardes-côtes et sauveteurs français et britanniques se rejetèrent la responsabilité du drame, ou après celui de Cutro, en Calabre, le 26 février 2023, où la police, les douanes et les gardes-côtes italiens sont mis en cause, l’Agence européenne des frontières externes (Frontex) et les gardes-côtes grecs se renvoient la responsabilité de cet abandon en mer pour le drame du 14 juin. Plusieurs témoignages de rescapés accusent directement les gardes-côtes grecs d’avoir provoqué l’accident après avoir attaché un câble au chalutier afin de l’éloigner des eaux territoriales grecques pour ne pas avoir à prendre en charge ses occupants une fois à terre. Une telle pratique pour remorquer le bateau n’est pourtant pas recommandée, puisqu’elle comporte le risque de déstabiliser l’embarcation, voire de la faire chavirer.
    Détournant les regards ailleurs que sur les administrations grecques et européennes, la mise en cause rapide de neuf supposés « passeurs » parmi les rescapés n’est autre que l’invention cynique d’un bouc émissaire. Le renvoi (« push back »), l’abandon ou le harcèlement aux frontières sont devenus la règle implicite de la gestion migratoire contemporaine, au mépris du droit. Depuis que l’Europe de Schengen existe, elle a tué ou au moins « laissé mourir » plus de 55 000 exilés, hommes et femmes, à ses frontières. L’Organisation internationale pour les migrations, liée aux Nations unies, évoque quant à elle, selon ses données actualisées en juillet, le total de 27 675 morts et disparus dans la seule Méditerranée depuis 2014. Mais la publication de ces nombres, aussi édifiants soient-ils, semble sans effet.
    C’est surtout l’indifférence apparente des sociétés qui interpelle. Pour les uns, le sentiment d’impuissance et l’accablement laissent sans voix, pour les autres une acceptation ou une accoutumance coupables à une hécatombe interminable. Huit jours après le naufrage du 14 juin, un autre a déjà eu lieu près de Lampedusa, faisant 46 morts, passés cette fois totalement inaperçus. Des hommes et des femmes originaires d’Afrique subsaharienne avaient embarqué à Sfax pour échapper aux persécutions en Tunisie, alors que, dans le même temps, à l’instar de l’Italie, les pays européens marchandaient avec le président de ce pays, dont les propos racistes contre les Africains ont pourtant été largement rapportés, pour faire de la Tunisie un pays de rétention, comme l’est déjà la Libye.
    Ces politiques d’externalisation sont des manières de mettre en œuvre le rejet des indésirables, leur disparition des radars de l’attention publique, et elles ont besoin de l’indifférence des sociétés. A la peur des étrangers venus des pays du Sud, régulièrement entretenue ou suscitée par des dirigeants bornés, aveugles aux réalités du monde, succèdent des politiques de repli et de fermeture, puis, logiquement, des dizaines de milliers de « vies perdues », selon les mots du sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017) dans son livre qui porte ce titre (Payot, 2006), consacré à « la modernité et ses exclus ».
    On évoque souvent, à propos de ce naufrage du 14 juin, « au moins 80 morts » et « des centaines de disparus ». Certes, parler de « disparus » peut être une forme minimale de respect à l’égard des familles et des proches qui attendent encore de voir les corps de leur frère, cousin ou enfant. Mais c’est aussi une façon de ne pas faire face collectivement à la réalité. Attend-on que les corps noyés se volatilisent ? Plus probablement, l’absence de reconnaissance et de deuil pour ces plus de 600 personnes qui avaient un nom, une vie et des proches contribuera à en faire des fantômes pour l’Europe. En 2015, après le naufrage du 18 au 19 avril, l’opération de récupération de l’épave organisée par le gouvernement italien de l’époque, coûteuse et complexe, avait interpellé la conscience collective, avec l’ambition de récupérer les corps des victimes et de mettre en place un dispositif médico-légal pour les identifier et leur donner un nom. Cette fois, ces corps semblent destinés à rester emprisonnés à jamais au fond de la mer. L’écart entre l’émoi suscité par la disparition des cinq occupants du Titan et l’indifférence à l’égard des centaines de personnes migrantes subissant le même sort huit jours plus tôt ne tient-il qu’à l’anonymat de ces dernières, au fait qu’il n’y aurait pas d’histoires à raconter, pas de suspense à susciter, tant leur sort s’est banalisé ? S’émouvoir, comprendre, agir sont trois moments indispensables pour faire face.
    L’indifférence face aux morts en Méditerranée est le signe d’un effondrement en humanité dont il nous faut prendre la mesure pour sortir du cercle infernal qui l’a provoqué. Il nous faut, collectivement, raconter toutes ces vies perdues, retracer ces destins individuels, comprendre ce qui est en train de se passer, et agir dans le respect de toutes les vies humaines. La tâche est « titanesque » et demande du temps et du courage, mais elle est absolument urgente. Paradoxalement, l’accoutumance, l’accablement ou l’indifférence apparente sont les signes les plus éclatants de cette urgence.
    Michel Agier(Anthropologue, directeur d’études à l’EHESS), Filippo Furri(Anthropologue, membre du réseau Migreurop) et Carolina Kobelinsky(Anthropologue, chargée de recherche au CNRS)

    #Covid-19#migrant#migration#mortalite#UE#mediterranee#traversee#politiquemigratoire#humanitaire#postcovid

  • Initiative of Lawyers and Jurists for the shipwreck of Pylos

    All of us who gathered on Thursday, June 22, 2023, at the Athens Bar Association, responding to the call for an open meeting of lawyers and jurists for the fatal criminal shipwreck off Pylos on June 14, 2023 – lawyers, citizens and representatives of organizations in the field:

    We voice our disgust at the tragic death of hundreds of our fellow human beings and express our sadness and pain to their families and loved ones.

    We express our belief that this fatal shipwreck could have been avoided, as the overloaded ship had been spotted in time and the danger it was in had been identified many hours before it sank. But the competent bodies of the Coast Guard, as well as Frontex, which were watching the incident, refrained from any rescue action. In fact, there is evidence of an attempt to tow the ship by the vessel of the Greek Coast Guard, without it being known for what purpose or in which direction. In any case, the criminal liabilities of the state authorities responsible for the salvage operation of the ship off Pylos must be investigated regarding committing felonies by acts or omissions. It is necessary for there to be a true and objective, independent from state interest, exhaustive investigation of the circumstances of the shipwreck. That is for the truth to emerge and for the responsibilities to be assigned to all those who were involved with the incident in any position and in any capacity.

    The first open meeting on June 22, attended by over 70 people, was an opportunity for a rich discussion with interventions by lawyers active in the field, figures from human rights organizations and representatives of anti-racist movements.

    We decided to create an Initiative of Lawyers and Jurists for the shipwreck of Pylos, with the aim of revealing the whole truth about the circumstances of the wreck and in order to render justice. We seek to create a space that helps highlight, document and record the facts, and empower victims, their families and their representatives in their fight for justice, through all the required political and legal actions. We ask all Bar Associations in Greece to undertake similar initiatives.

    We are open to cooperation and coordination with every individual and collective fighting for the same cause. The initiative will meet again to discuss our next steps and actions.

    To contact us, email: justice4pylos@yahoo.com

    https://justice4pylos.org

    #Justice_4_Pylos #Pylos #résistance #naufrage #justice
    #Grèce #naufrage #asile #migrations #décès #morts #tragédie #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #14_juin_2023 #Méditerranée #Mer_Méditerranée #13_juin_2023

    –—

    sur le naufrage (et les contre-enquêtes), voir ce fil de discussion :
    https://seenthis.net/messages/1008145

  • Près de 300 enfants sont morts en essayant de traverser la Méditerranée en 2023, alerte l’ONU
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/14/pres-de-300-enfants-sont-morts-en-essayant-de-traverser-la-mediterranee-en-2

    Près de 300 enfants sont morts en essayant de traverser la Méditerranée en 2023, alerte l’ONU
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 20h06, modifié hier à 21h07
    Quelque 289 enfants sont morts depuis le début de l’année 2023 en essayant de traverser la Méditerranée pour atteindre l’Europe, a annoncé l’ONU, vendredi 14 juillet. Ce chiffre est deux fois plus important que celui des six premiers mois de l’année 2022, a précisé l’Unicef, (le Fonds des Nations unies pour l’enfance), appelant à la création de couloirs humanitaires sûrs permettant aux enfants de trouver refuge en Europe.
    « Nous estimons qu’au cours des six premiers mois de cette année, 11 600 enfants ont effectué la traversée, soit également le double par rapport à la même période de 2022 », a déclaré la responsable aux migrations et aux déplacés à l’Unicef, Verena Knaus. « Ces décès sont absolument évitables », a-t-elle souligné.Les chiffres réels sont probablement plus élevés, selon elle, car de nombreux naufrages en Méditerranée centrale ne sont pas enregistrés.Au cours des trois premiers mois de 2023, 3 300 enfants effectuant la traversée – soit 71 % du total – n’étaient pas accompagnés ou avaient été séparés de leurs familles, d’après l’Unicef. Ce chiffre est trois fois supérieur à celui de la même période de l’année précédente. En chemin, ces enfants peuvent être exposés à des privations, à la torture, à l’exploitation et au viol, les filles étant particulièrement vulnérables.
    « C’est la réalité, la réalité choquante, mais nous semblons nous accommoder du fait que, jour après jour, des enfants perdent la vie », a également dit Verena Knaus. « Ces enfants meurent, non seulement sous nos yeux, mais aussi, semble-t-il, alors que nous fermons les yeux », a-t-elle ajouté. « Ces enfants doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls. Les dirigeants du monde entier doivent agir d’urgence », a encore dit Verena Knaus.
    Les eurodéputés ont réclamé jeudi l’élaboration d’une « stratégie de recherche et de sauvetage fiable et permanente » des migrants en Méditerranée, après un naufrage à la mi-juin au large des côtes grecques qui pourrait avoir fait plus de 600 morts. Un chalutier vétuste et surchargé, parti de Libye, a fait naufrage au large de la Grèce dans la nuit du 13 au 14 juin. Seuls 104 exilés ont pu être secourus alors que l’embarcation transportait environ 750 personnes. Quatre-vingt-deux corps ont pu être récupérés, et les autres naufragés sont présumés morts.

    #Covid-19#migration#migrant#mediterranee#traversee#mortalite#enfants#unicef#europe#politiquemigratoire#sante#postcovid

  • Dans le port d’#Ellouza, en #Tunisie, les migrants entre noyade et #errance

    Ce village situé au nord de Sfax n’est qu’à 150 km de Lampedusa. Un point de départ à haut risque pour les migrants subsahariens qui tentent de rallier l’Europe. Dimanche, une nouvelle embarcation a fait naufrage au large des côtes tunisiennes ; une personne a été tuée et une dizaine d’autres sont portées disparues.

    Après cinq heures de mer, Yannick pose finalement pied sur la terre ferme. Mais du mauvais côté de la Méditerranée. Ce Camerounais de 30 ans, avec des dizaines d’autres migrants subsahariens, vient, jeudi 6 juillet, d’être intercepté par les garde-côtes tunisiens au large d’Ellouza, petit village de pêcheurs à 40 km au nord de Sfax. Envolés les 2 500 dinars (800 euros) que lui a coûtés la traversée vers Lampedusa (Italie).

    Sur la plage, une unité de la garde nationale est déjà en poste pour les accueillir. Les agents tentent de contenir les quelques villageois, curieux, venus assister au débarquement. Hommes, femmes, enfants et nourrissons sont ainsi contraints de quitter leur bateau de fortune, devant des spectateurs amusés – ou au moins habitués – et face à une police sur les nerfs. Un gendarme, tendu, prend son téléphone pour demander des renforts. « Vous nous laissez seuls, personne n’est arrivé », reproche-t-il à son interlocuteur. « C’est tous les jours comme ça, plusieurs fois par jour », maugrée-t-il en raccrochant.

    Les uns après les autres, les migrants quittent le bateau. « Venez ici. Asseyez-vous. Ne bougez pas », crient les agents des forces de l’ordre qui retirent le moteur de l’embarcation de métal et éloignent les bidons de kérosène prévus pour assurer la traversée d’environ 150 km qui séparent Ellouza de Lampedusa. Migrants subsahariens, villageois tunisiens et agents de la garde nationale se regardent en chien de faïence. Dans l’eau, le petit bateau des garde-côtes qui a escorté les migrants surveille l’opération. La présence inattendue de journalistes sur place ne fait qu’augmenter la tension. Yannick, accompagné de son frère cadet, s’inquiète. « Est-ce qu’ils vont nous emmener dans le désert, ne les laissez pas nous emmener », supplie-t-il.
    Violents affrontements

    Depuis une semaine, des centaines de migrants subsahariens ont été chassés de Sfax vers une zone tampon désertique bordant la mer, près du poste frontière avec la Libye de Ras Jdir. D’autres ont été expulsés à la frontière algérienne. Ces opérations font suite aux journées d’extrême tension qui ont suivi la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax.

    Trois hommes, de nationalité camerounaise, d’après les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, des quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des Tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger de leur habitation. Yannick et son petit frère faisaient partie des expulsés. Les deux hommes ont fui la ville au milieu de la nuit, parcourant des dizaines de kilomètres à pied pour se réfugier dans la « brousse », près d’Ellouza.

    La région de Sfax est depuis devenue le théâtre d’un étrange ballet. Toute la journée et toute la nuit, dans l’obscurité totale, des groupes de migrants subsahariens errent sur les routes communales entourées de champs d’oliviers et de buissons. « A chaque fois, quelques personnes étaient chargées des courses, de l’eau et un peu de nourriture. Il fallait transporter le tout à pied sur plusieurs kilomètres », raconte Yannick. Lui et son petit frère de 19 ans ont dormi deux nuits dehors, avant que leur grande sœur, qui a réussi à rejoindre la France des années auparavant, ne leur paie leur traversée, prévue le 6 juillet à midi.

    « Commerçants de la mort »

    Ce jour-là, près du port d’Ellouza, Hamza, 60 ans, repeignait son petit bateau en bois bleu et blanc. Ce pêcheur expérimenté ne cache pas son émotion face au drame dont son village est le théâtre. Lui-même a dû s’improviser pêcheur de cadavres depuis quelque temps. Des corps sans vie se coincent parfois dans ses filets. « Une fois, j’ai trouvé la moitié du corps d’une femme mais elle était dans un état de décomposition tel que je n’ai pas trouvé par où la tenir. Je l’ai laissée là. Je n’ai pas pu dormir pendant des jours », dit-il, la voix tremblante.
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    Dimanche 9 juillet, une nouvelle embarcation a fait naufrage au large de cette région : une personne est morte et une dizaine d’autres sont portées disparues. En plus des cadavres, les épaves des bateaux métalliques qui servent à la traversée des migrants déchirent souvent les filets des pêcheurs. « Je n’ai pas les moyens de racheter des filets tous les mois », regrette Hamza.

    Le long de la côte autour d’Ellouza, les bateaux métalliques échoués et rongés par la rouille sont innombrables. Ces bateaux, de « très mauvaise qualité » selon le pêcheur, sont construits en quantités importantes et coûtent moins cher que ceux en bois, les pneumatiques ou les barques en plastique qui servaient auparavant à la traversée. « Ce sont des commerçants de la mort », accuse Hamza en pointant aussi bien les passeurs que les politiques migratoires européennes et les autorités tunisiennes.

    « Je retenterai ma chance »

    La Commission européenne a annoncé en juin le déblocage de 105 millions d’euros « pour lutter contre les passeurs [et] investir dans le contrôle maritime des frontières par les Tunisiens », sans compter la coopération bilatérale venant de Paris ou Rome. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, durant le premier semestre, près de 30 000 migrants sont arrivés à Lampedusa en provenance de Tunisie.

    Sur les rochers recouverts d’algues, des centaines de pneus de voiture, servant à amarrer les navires, jonchent la côte. Depuis la falaise, on aperçoit le corps en début de décomposition d’un migrant. Un autre à quelques mètres. Et puis un autre encore, en contrebas, devenu squelette. Personne n’a cherché à les enterrer, ni à savoir qui ils étaient. Ils font partie des « disparus » en mer. Des chiens rôdent. Le paysage est aussi paradisiaque qu’infernal.
    Lire aussi :
    En Tunisie, les cadavres de migrants s’accumulent à Sfax

    Débarqué vers 17 heures, Yannick sera finalement relâché sur la plage avec son groupe. « C’est grâce à vous, si vous n’étiez pas restés, ils nous auraient embarqués et emmenés à la frontière », assure-t-il. Le soir même, avec son frère, ils ont parcouru à pied les dizaines de kilomètres qui séparent Ellouza de Sfax. Cette fois dans l’autre sens. Après être arrivé à la gare ferroviaire à 3 heures du matin, Yannick a convaincu un vieil homme de leur acheter des tickets pour Tunis.

    Ils sont finalement arrivés sains et saufs dans la capitale. « Il faut que je trouve du travail mais la situation est plus acceptable ici », dit-il. Malgré cette expérience, Yannick est toujours convaincu qu’un avenir meilleur l’attend de l’autre côté de la Méditerranée. « Quand j’aurai l’argent, je retenterai ma chance, promet-il. Retourner au pays n’est pas une option. »

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/10/a-ellouza-port-de-peche-tunisien-la-mort-l-errance-et-les-retours-contraints

    #Sfax #migrations #réfugiés #Méditerranée #décès #mourir_en_mer #Tunisie #désert #abandon #pêcheurs #naufrage

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    déjà signalé par @_kg_ ici :
    https://seenthis.net/messages/1008817#message1009698
    et par @veronique_petit ici :
    https://seenthis.net/messages/1009521