• #Violences et fabrique de la #subalternité_foncière à #Sihanoukville, Cambodge

    Depuis le milieu des années 2010, la ville de Sihanoukville au Cambodge, principal #port du pays et petit centre de villégiature, fait l’objet d’un #développement_urbain éclair porté par la construction de nouvelles infrastructures de transport et de zones logistiques, de casinos (plus de 150 nouveaux casinos depuis 2015) et la mise en place de #mégaprojets_immobiliers à vocation touristique qui nourrissent une #spéculation_foncière galopante. Ces transformations territoriales sont notamment le fruit d’une coopération technique, politique et économique entre le Cambodge et la #Chine au nom de la #Belt_and_Road_Initiative, la nouvelle politique étrangère globale chinoise lancée en 2013 par #Xi_Jinping. Pour le gouvernement cambodgien, Sihanoukville et sa région doivent devenir, au cours de la prochaine décennie, la seconde plateforme économique, logistique et industrielle du pays après Phnom Penh, la capitale (Royal Government of Cambodia, 2015). Ce développement urbain très rapide a entraîné une évolution concomitante des logiques d’échange et de valorisation des #ressources_foncières. Comme le relève régulièrement la presse internationale, il nourrit d’importants #conflits_fonciers, souvent violents, dont pâtissent en premier lieu les habitants les plus pauvres.

    Cette recherche veut comprendre la place et le rôle de la violence dans le déploiement des mécanismes d’#exclusion_foncière à Sihanoukville. Pour reprendre les mots de Fernand Braudel (2013 [1963]), alors que ces #conflits_fonciers semblent surgir de manière « précipitée », notre recherche montre qu’ils s’inscrivent aussi dans les « pas lents » des relations foncières et de la fabrique du territoire urbain. Dans ce contexte, le jaillissement des tensions foncières convoque des temporalités et des échelles variées dont la prise en compte permet de mieux penser le rôle de la violence dans la production de l’espace.

    Les processus d’exclusion foncière au Cambodge s’inscrivent dans une trajectoire historique particulière. Le #génocide et l’#urbicide [1] #khmers_rouges entre 1975 et 1979, l’abolition de la #propriété_privée entre 1975 et 1989 et la #libéralisation très rapide de l’économie du pays à partir des années 1990 ont posé les jalons de rapports fonciers particulièrement conflictuels, tant dans les espaces ruraux qu’urbains (Blot, 2013 ; Fauveaud, 2015 ; Loughlin et Milne, 2021). Ainsi, l’#appropriation, l’#accaparement et la #valorisation des ressources foncières au Cambodge, et en Asie du Sud-Est en général, s’accompagnent d’une importante « #violence_foncière » tant physique (évictions et répression) que sociale (précarisation des plus pauvres, exclusion sociale), politique (criminalisation et dépossession des droits juridiques) et économique (dépossession des biens fonciers et précarisation).

    Cet article souhaite ainsi proposer une lecture transversale de la violence associée aux enjeux fonciers. Si la notion de violence traverse la littérature académique portant sur les logiques d’exclusion foncière en Asie du Sud-Est (Hall, Hirsch et Li, 2011 ; Harms, 2016) ou dans le Sud global plus généralement (Peluso et Lund, 2011 ; Zoomers, 2010), peu de recherches la placent au cœur de leurs analyses, malgré quelques exceptions (sur le Cambodge, voir notamment Springer, 2015). Par ailleurs, la violence est souvent étudiée en fonction d’ancrages théoriques fragmentés. Ceux-ci restent très divisés entre : 1) des travaux centrés sur le rôle de l’État et des systèmes de régulation (notamment économiques) dans le déploiement de la violence foncière (Hall, 2011 ; Springer, 2013) ; 2) des analyses politico-économiques des formes de dépossession liées aux modes de privatisation du foncier, à la propriété et à l’accumulation du capital, parfois resituées dans une lecture historique des sociétés coloniales et postcoloniales (voir par exemple Rhoads, 2018) ; 3) des approches considérant la violence comme stratégie ou outil mobilisés dans la réalisation de l’accaparement foncier et la répression des mouvements sociaux (voir par exemple Leitner and Sheppard, 2018) ; 4) des analyses plus ontologiques explorant les processus corporels, émotionnels et identitaires (comme le genre) qui découlent des violences foncières ou conditionnent les mobilisations sociales (voir par exemple Brickell, 2014 ; Schoenberger et Beban, 2018).

    Malgré la diversité de ces approches, la notion de violence reste principalement attachée au processus de #dépossession_foncière, tout en étant analysée à une échelle temporelle courte, centrée sur le moment de l’#éviction proprement dit. Dans cet article et à la suite de Marina Kolovou Kouri et al. (2021), nous défendons au contraire une approche multidimensionnelle des violences foncières analysées à des échelles temporelles et spatiales variées. Une telle transversalité semble indispensable pour mieux saisir les différentes forces qui participent de la construction des violences et de l’exclusion foncières. En effet, si les conflits fonciers sont traversés par diverses formes de violences, celles-ci ne découlent pas automatiquement d’eux et sont également déterminées par le contexte social, économique et politique qui leur sert de moule. Ces violences restent ainsi attachées aux différents #rapports_de_domination qui organisent les #rapports_sociaux en général (Bourdieu, 2018 [1972]), tout en représentant une forme d’#oppression à part entière participant des #inégalités et #injustices sociales sur le temps long (Young, 2011).

    Nous voyons, dans cet article, comment des formes de violence variées structurent les rapports de pouvoir qui se jouent dans l’appropriation et la valorisation des ressources foncières, ainsi que dans la régulation des rapports fonciers. Nous montrons que ces violences servent non seulement d’instrument d’oppression envers certains groupes de populations considérés comme « indésirables », mais aussi qu’elles les maintiennent dans ce que nous nommons une « subalternité foncière ». En prenant appui sur Chakravorty Spivak Gayatri (2005) et Ananya Roy (2011), nous définissons cette dernière comme la mise en place, sur le temps long et par la violence, d’une oppression systémique des citadins les plus pauvres par leur #invisibilisation, leur #criminalisation et l’#informalisation constante de leurs modes d’occupations de l’espace. La #subalternité foncière représente en ce sens une forme d’oppression dont la violence est l’un des dispositifs centraux.

    Cet article s’appuie sur des recherches ethnographiques menées à Phnom Penh et à Sihanoukville, entre 2019 et 2021. Elles comprennent un important travail d’observation, la collecte et l’analyse de documents officiels, de rapports techniques, d’articles de presse et de discours politiques, ainsi que la réalisation de près de soixante-dix entretiens semi-directifs (effectués en khmer principalement, parfois en mandarin, et retranscrits en anglais) auprès d’habitants de Sihanoukville, de représentants territoriaux locaux, d’experts et de membres de groupes criminels. Dans ce texte, le codage des entretiens suit la dénomination suivante : « OF » désigne les employés publics, « EX » des experts ayant une connaissance privilégiée du sujet, « RE » les résidents des zones d’habitat précaire et « F » les acteurs de la criminalité ; le numéro qui suit la lettre est aléatoire et sert à distinguer les personnes ayant répondu à l’enquête ; vient ensuite l’année de réalisation de l’entretien. De nombreux entretiens avec les habitants ont été conduits en groupe.

    https://www.jssj.org/article/violences-et-fabrique-de-la-subalternite-fonciere

    #foncier #Cambodge #Chine #violence

  • Déclaration de la Cinquième Assemblée conjointe
    du Congrès national indigène et du Conseil indigène de gouvernement

    CNI

    https://lavoiedujaguar.net/Declaration-de-la-Cinquieme-Assemblee-conjointe-du-Congres-national-

    Frères et sœurs du monde entier, nous vous saluons, nous qui conformons le Congrès national indigène. Nous sommes des peuples et des communautés qui habitaient déjà nos terres et nos territoires avant l’imposition de ce qu’on appelle l’État mexicain, nous avons non seulement notre propre langue et notre façon de nous habiller, mais aussi une forme de gouvernement, une façon de voir, de comprendre et de vivre le monde différente de celle du monde capitaliste, qui voit tout comme une marchandise. Nous sommes des peuples qui aiment la terre, les montagnes, les eaux, les collines, les oiseaux et tous les êtres vivants qui habitent notre mère la terre. Pour nous la vie est sacrée, nous la vénérons. Au cours des ans, les donneurs d’ordres, ceux qui ont pour but de dominer et d’exploiter, ont voulu en finir avec nous, détruire notre culture et notre territoire. Nous sommes une histoire de dépossession, de résistance et de rébellion, et aujourd’hui, après plus de cinq cents ans de conquête et de guerre, nous sommes en danger d’extinction, avec le monde entier.

    Frères et sœurs zapatistes, frères et sœurs aîné·e·s, comme toujours vos paroles et vos initiatives créent une lumière d’espoir et un chemin pour nos peuples. Les mégaprojets, les sociétés transnationales, le crime organisé en coordination avec le gouvernement nous envahissent toujours plus pour exploiter et détruire notre territoire, pour détruire la vie. Les paroles mensongères de López Obrador et sa soi-disant Quatrième Transformation cherchent à créer un mur qui cache la guerre qui fait rage contre les peuples (...)

    #Mexique #peuples_originaires #résistance #mégaprojets #zapatistes #capitalisme #assemblée #accords

  • Convocation à la Cinquième Assemblée nationale
    du Congrès national indigène

    CNI, EZLN

    https://lavoiedujaguar.net/Convocation-a-la-Cinquieme-Assemblee-nationale-du-Congres-national-i

    Nous, peuples, nations, tribus et quartiers originaires qui constituons le Congrès national indigène, le Conseil indigène de gouvernement et l’Armée zapatiste de libération nationale, alors que nous nous confrontons à la maladie de notre Mère Terre qui s’est traduite en une grave pandémie frappant la vie et l’économie de nos communautés et le monde entier, nous nous faisons entendre dans la voix des peuples originaires qui crient depuis les géographies où ils luttent et résistent contre la guerre capitaliste visant à l’appropriation des territoires indigènes et paysans par d’agressives politiques d’extraction d’un bout à l’autre de la géographie nationale, par des mégaprojets de mort appelés Couloir interocéanique dans les États d’Oaxaca et de Veracruz, Projet intégral Morelos dans les États de Morelos, Puebla et Tlaxcala, Train maya dans les États du sud-est du Mexique ou Aéroport international de Mexico dans le centre du pays, par la mise en œuvre d’un ensemble de politiques et de mécanismes pour la continuation du « libre commerce » subordonné aux États-Unis et au Canada, pour contenir la migration et pour empêcher ou affaiblir l’organisation et la résistance de nos peuples en supplantant les autorités traditionnelles et en réalisant des simulacres de consultation indigène.

    Il s’agit de politiques et de mégaprojets impulsés par le gouvernement néolibéral de la Quatrième Transformation au service des grands capitaux mondiaux contre l’organisation autonome de nos peuples (...)

    #Mexique #peuples_originaires #EZLN #convocation #résistance #mégaprojets #militarisation

  • La spiritualité wixárika à notre époque

    Eduardo Guzmán Chávez

    https://lavoiedujaguar.net/La-spiritualite-wixarika-a-notre-epoque

    Le peuple wixárika vient de très loin dans le temps. Les chercheurs travaillent sur les archives coloniales des missionnaires qui les ont rencontrés au XVIIe siècle et sauvegardent les témoignages onomatopéiques qui rôdent dans la parole wixárika pour décrire un peuple qui, pendant la conquête de la Sierra Madre occidentale, n’était pas remarquable par sa force politique ou sa puissance militaire à côté des Coras et des Tepehuanos voisins, mais qui se distinguait déjà à l’époque comme un bastion spirituel d’une lignée lointaine.

    Leur conquête par les Espagnols a été relativement facile et a imprimé certains traits catholiques que les Wixaritari ou Huicholes ont su honorer sans que cela perturbe la résonance originelle de leur propre cosmovision.

    De nos jours, si nous avions la chance d’assister à la célébration catholique du chemin de croix pendant la Semaine sainte dans l’une des communautés nucléaires, nous serions frappés de constater une profondeur et une dévotion dignes du christianisme primitif.

    Mais le peuple wixárika vient de bien plus loin dans le temps. C’est un lieu commun, quand on parle d’eux, de leur attribuer la qualité supérieure d’être l’une des cultures indigènes les plus pures du monde. (...)

    #Mexique #Huichol #spiritualité #cosmovision #fidélité #solaire #calendrier #pèlerinage #guérisseurs #sagesse #mégaprojets #déforestation

  • Cinquième partie
    « Le regard et la distance à la porte »

    SCI Galeano

    https://lavoiedujaguar.net/Cinquieme-partie-Le-regard-et-la-distance-a-la-porte

    Supposons qu’il est possible de choisir, par exemple, le regard. Supposons que vous pouvez vous libérer, ne serait-ce qu’un moment, de la tyrannie des réseaux sociaux qui imposent non seulement ce qu’on regarde et ce dont on parle, mais aussi comment regarder et comment parler. Donc, supposons que vous relevez les yeux. Plus haut : de ce qui est local à ce qui est régional ou à ce qui est national ou à ce qui est mondial. Vous regardez ? Oui, un chaos, un fouillis, un désordre. Alors supposons que vous êtes un être humain, enfin, que vous n’êtes pas une application numérique qui, à toute vitesse, regarde, classifie, hiérarchise, juge et sanctionne. Alors vous choisissez ce que vous regardez… et comment regarder. Il se pourrait, c’est une supposition, que regarder et juger ne soient pas la même chose. Ainsi, vous ne faites pas que choisir, vous décidez aussi. Changer la question « ça, c’est mal ou bien ? » en « qu’est-ce que c’est ? ». Bien sûr, la première question conduit à un débat agréable (il y a encore des débats ?). Et ensuite au « ça, c’est mal — ou bien — parce que je le dis ». Ou, peut-être, il y a une discussion sur ce qu’est le bien et le mal, et de là, des arguments et des citations avec notes de bas de page. C’est vrai, vous avez raison, c’est mieux que de recourir à des « likes » et des « pouces en l’air », mais je vous ai proposé de changer de point de départ : choisir la destination de votre regard.

    Par exemple : vous décidez de regarder les musulmans. Vous pouvez choisir, par exemple, entre ceux qui ont perpétré l’attentat contre Charlie Hebdo ou ceux qui marchent maintenant sur les routes de France pour réclamer, exiger, imposer leurs droits. Vu que vous êtes arrivé jusqu’à ces lignes, il est très probable que vous penchiez pour les « sans-papiers ». Bien sûr, vous vous sentez aussi dans l’obligation de déclarer que Macron est un imbécile. (...)

    #Mexique #Chiapas #zapatistes #SupMarcos #Europe #France #sans-papiers #Macron #guerre #migrants #Morelos #mégaprojets #mer #radeau #marimba

  • Sixième partie
    « Une montagne en haute mer »

    EZLN, SCI Moisés

    https://lavoiedujaguar.net/Sixieme-partie-Une-montagne-en-haute-mer

    Comité clandestin révolutionnaire indigène
    Armée zapatiste de libération nationale
    Mexique, 5 octobre 2020

    Sœurs, frères, sœurs-frères,
    Compañeras, compañeros, compañeroas,

    Nous, peuples originaires de racine maya et zapatistes, vous saluons et vous disons que ce qui est venu à notre pensée commune, d’après ce que nous voyons, entendons et sentons.

    Un. Nous voyons et entendons un monde malade dans sa vie sociale, fragmenté en millions de personnes étrangères les unes aux autres, s’efforçant d’assurer leur survie individuelle, mais unies sous l’oppression d’un système prêt à tout pour étancher sa soif de profits, même alors qu’il est clair que son chemin va à l’encontre de l’existence de la planète Terre.

    L’aberration du système et sa stupide défense du « progrès » et de la « modernité » volent en éclats devant une réalité criminelle : les féminicides. L’assassinat de femmes n’a ni couleur ni nationalité, il est mondial. S’il est absurde et déraisonnable que quelqu’un soit persécuté, séquestré, assassiné pour sa couleur de peau, sa race, sa culture, ses croyances, on ne peut pas croire que le fait d’être femme signifie une sentence de marginalisation et de mort.

    En une escalade prévisible (harcèlement, violence physique, mutilation et assassinat), cautionnée par une impunité structurelle (« elle le méritait », « elle avait des tatouages », « qu’est-ce qu’elle faisait à cet endroit à cette heure-là ?", « habillée comme ça, il fallait s’y attendre »), les assassinats de femmes n’ont aucune logique criminelle si ce n’est celle du système. (...)

    #zapatistes #EZLN #Mexique #Chiapas #féminicides #Covid19 #mégaprojets #pandémie #paramilitaires #résistance #rébellion #Europe #Espagne #voyage #avril_2021

  • La spoliation financière : les paysans,
    « associés » du Train maya

    Violeta R. Núñez Rodríguez

    https://lavoiedujaguar.net/La-spoliation-financiere-les-paysans-associes-du-Train-maya

    Le projet baptisé « Projet de développement Train maya », principal projet d’infrastructures de l’actuel gouvernement fédéral mexicain (présidence de la République, 2019), annonce que, pour la première fois, les terres des paysans ne seront pas expropriées pour mener à bien un projet de « développement », contrairement à ce qui s’est produit à d’autres moments de l’histoire ; que ne seront pas élaborés de projets (barrages, centrales hydroélectriques, exploitations minières, routes, ponts, aéroports, entre autres) sans respecter la propriété sociale. À ce sujet, l’un des premiers documents qui présentait le Train maya de façon très générale indique que, « dans le cas des constructions des gares, les propriétaires individuels ou communautaires pourront céder leurs terrains et devenir des associés du développement local » (Fonatur, 2019). Mais pourquoi cette affirmation est-elle importante ?

    Selon le Registre agraire national, dans les États où il est prévu de mettre en place le Projet de développement du Train maya, 52 pour cent de la propriété de la terre correspond en moyenne à la propriété sociale ; même si dans quelques États, comme le Quintana Roo, cette propriété atteint plus de 60 pour cent. Ce qui signifie que plus de la moitié de la superficie ne correspond ni à la propriété privée ni à la propriété publique mais à un type de propriété qui date de l’époque préhispanique et que le Mexique a institutionnalisée après la Révolution mexicaine : les ejidos et communautés agraires (noyaux agraires). Ce régime de propriété, constitué de 5 375 ejidos est fondamentalement géré par des paysans indiens. (...)

    #Mexique #mégaprojets #Train_maya #propriété #peuples_originaires

  • Déclaration de solidarité avec la lutte
    contre le « Train maya », mégaprojet de mort

    https://lavoiedujaguar.net/Declaration-de-solidarite-avec-la-lutte-contre-le-Train-maya-megapro

    La Sexta Grietas del Norte invite d’autres groupes et personnes à s’unir en solidarité avec nos compas qui luttent contre le dénommé « Train maya ».

    On salue les efforts du Conseil régional indigène et populaire de Xpujil (CRIPX) et on les félicite pour leur réussite à retenir la construction du mégaprojet du train dans le « couloir » de Campeche. C’est un grand succès, particulièrement en ces temps où les gouvernements profitent de la crise du Covid-19 pour faire avancer leurs agendas et attaquent les résistances et les rébellions au Mexique et dans d’autres parties du monde. On sait que la lutte vient juste de commencer et nous appuyons et soutenons les efforts continus pour arrêter de façon permanente la construction du train dans sa totalité. Cette lutte est loin d’être terminée car le gouvernement est décidé à réaliser ce mégaprojet qui apportera de grands bénéfices aux capitalistes qui dirigent le pays, au prix d’un coût très élevé pour la vie humaine et le milieu naturel.

    Nous dénonçons les menaces, harcèlements et toutes les tentatives pour intimider et faire pression sur ceux qui luttent contre la construction du « Train maya » (...)

    #États-Unis #Mexique #solidarité #mégaprojets #résistance #Mayas #capitalisme

  • Paroles du Comité clandestin révolutionnaire indigène
    Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale,
    par la voix du sous-commandant insurgé Moisés,
    à l’occasion du vingt-sixième anniversaire
    du début de la guerre contre l’oubli

    EZLN, SCI Moisés

    https://lavoiedujaguar.net/Paroles-du-Comite-clandestin-revolutionnaire-indigene-Commandement-g

    Sœurs, frères,

    Il y a vingt-six ans, un soir comme celui-ci, nous sommes descendus de nos montagnes vers les grandes villes pour défier le puissant.
    Nous n’avions alors rien d’autre que notre mort.
    Une mort double, car nous mourions de la mort et nous mourions de l’oubli.
    Et nous avons dû choisir.
    Choisir entre mourir comme des animaux ou mourir comme des êtres humains qui se battent pour la vie.
    Alors le jour s’est levé sur ce 1er janvier avec le feu dans nos mains.
    Le puissant que nous affrontions alors était le même qui nous méprise aujourd’hui.
    Il avait un autre nom et un autre visage, mais il était et il est toujours le même aujourd’hui.
    Il s’est passé alors ce qui s’est passé et s’est ouvert un espace pour la parole.
    Nous avons alors ouvert notre cœur au cœur frère et compagnon.
    Et notre voix a trouvé soutien et réconfort dans toutes les couleurs du monde d’en bas. (...)

    #Mexique #Chiapas #EZLN #zapatistes #peuples_originaires #guerre #mégaprojets #capitalisme #Terre #destruction #résistance #rébellion #autonomie #Samir_Flores

  • Suite mexicaine (II)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Suite-mexicaine-II

    « La quatrième transformation »
    Réflexions sur les choix du nouveau gouvernement mexicain

    L’arrivée au pouvoir d’Andrés Manuel López Obrador en décembre 2018 marque incontestablement un changement important concernant le devenir du Mexique. Jusqu’alors l’activité marchande (dite encore activité capitaliste) s’était imposée de force au Mexique, violentant la population avec une extrême brutalité. Elle était soutenue dans ses exactions par un pouvoir complice et corrompu jusqu’à la moelle. Le nouveau chef d’État ne propose pas un adoucissement des mœurs, l’activité capitaliste restera toujours aussi brutale, mais un arrangement, un arrangement entre l’activité de spoliation et d’enrichissement des transnationales marchandes et la population, l’État étant celui qui négocie ces arrangements entre les puissances du Nord et les débilités mexicaines : qu’une partie de la richesse tirée du pays revienne aux Mexicains dans leur ensemble, fin de la corruption. Et les hommes d’affaires ont tout de suite compris où se trouvaient leur intérêt et que la fin de la corruption promise par Andrés Manuel López Obrador pouvait signifier plus d’argent pour eux. (...)

    #Mexique #gouvernement #AMLO #cartels #capitalisme #stratégie #mégaprojets #zapatistes #peuples_indiens #débâcle #Guerrero #Oaxaca

  • AMLO à l’œuvre : des mégaprojets à la militarisation

    Caitlin Manning

    https://lavoiedujaguar.net/AMLO-a-l-oeuvre-des-megaprojets-a-la-militarisation

    Caché derrière son masque de progressiste, le président mexicain AMLO fait l’apologie d’un régime néolibéral et la promotion de mégaprojets fort controversés.

    Une bonne part de la gauche, tant au Mexique qu’à l’étranger, saluèrent l’arrivée du nouveau président mexicain dans l’espoir que son discours autour d’une « quatrième transformation » augurait d’une nouvelle ère de changement positif au Mexique. Andrés Manuel López Obrador (AMLO) avait même réussi à convaincre un certain nombre de groupes de résistance indigènes que son gouvernement serait favorable à leurs luttes contre les mégaprojets extractivistes néolibéraux qui ravagent leurs terres.

    Richard Gere, défenseur des droits des peuples indigènes, rencontra AMLO au Palais national et même Noam Chomsky se déclara favorable à AMLO après s’être entretenu avec lui lors de sa campagne l’année dernière. Le « Plan de développement national » dévoilé par Obrador en janvier se lit comme un rêve de gauche devenu réalité : il critique le néolibéralisme et le Consensus de Washington, favorise les énergies renouvelables et l’autonomie agricole et, bien sûr, défend les pauvres et les démunis. Le plan fut mis en avant comme un renouvellement moral et invoquait même une éthique prétendant « commander en obéissant » (mandar obedeciendo), une célèbre formule zapatiste qui résume leur engagement à pratiquer l’autogouvernement à partir de la base. Six mois plus tard, AMLO a démontré qu’il n’en est rien. (...)

    #Mexique #López_Obrador #Trump #peuples_originaires #mégaprojets #zapatistes #résistance #écologie #militarisation

  • Entretien avec Vilma, activiste maya du Guatemala,
    en visite aux Lentillères

    Vilma Judith Sor et les Lentillères

    https://lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Vilma-activiste-maya-du-Guatemala-en-visite-aux-Lenti

    Ce système capitaliste colonial et patriarcal s’est imposé dans le monde entier, il s’est exprimé au Guatemala d’une manière bien concrète. Ça a beaucoup de lien avec les axes de développement de ce système comme les mines, l’exploitation du gaz ou du pétrole, la monoculture de la palme pour l’huile ou la canne à sucre. Il y a aussi de grands projets d’infrastructure comme des barrages hydroélectriques. Ceux-ci provoquent le plus de conflits dans tout le pays parce qu’ils sont très importants. Ils dévient les rivières, et les communautés en aval n’ont donc plus accès à la rivière et donc plus d’eau. Ce sont souvent des communautés indigènes qui vivent de la pêche mais aussi du maïs et des haricots, qui sont les moyens de subsistance basiques pour les communautés indigènes. Alors si on n’a plus d’eau, on n’a plus de vie.

    Dans tous les territoires du Guatemala il y a beaucoup de conflictualité sociale sur cette question et beaucoup de résistance pour s’opposer à ces projets. (...)

    #Guatemala #Mayas #Lentillères #Dijon #territoire #violence #organisation_communautaire #mégaprojets #résistance

  • Mégaprojets et militarisation de la zone frontalière Mexique-Guatemala - Yannick Deniau - Visionscarto
    https://visionscarto.net/megaprojets-militarisation-mexique

    Lors d’une mission internationale d’observation des droits humains à la frontière Guatemala-Mexique, et après une enquête basée sur des sources officielles, des ateliers de cartographie participative dans des communautés du Chiapas ont permis d’établir les liens existant entre mégaprojets, flux migratoires et militarisation dans la région.


    #migration #mégaprojets #frontière #Mexique #Guatemala #USA #armées #cartographie

  • Assassinat du compañero Abraham Hernández Gonzales,
    membre du Comité pour la défense des droits indigènes

    Déclaration de Nodo Solidale

    https://lavoiedujaguar.net/Assassinat-du-companero-Abraham-Hernandez-Gonzales-membre-du-Comite-

    Abraham Hernández Gonzales était un homme de quarante-deux ans qui vivait en travaillant dans un petit hôtel sur la côte Pacifique, à Salchi, près de San Pedro Pochutla, Oaxaca. Là vivent aussi sa femme et ses deux enfants. Sa famille, comme des centaines d’autres dans la région, fait partie du Comité pour la défense des droits indigènes (Codedi), une organisation qui cherche à construire l’autonomie des peuples, défendre le territoire des projets extractivistes capitalistes et résister aux politiques gouvernementales d’appauvrissement et d’anéantissement. Plus précisément, Abraham jouait dans l’organisation le rôle de coordinateur régional à Los Ciruelos. Le mardi 17 juillet, sa vie a sombré dans la fosse noire et infinie de la guerre au Mexique. Une camionnette et une moto sont arrivées chez lui, des hommes armés, cagoulés et déguisés en soldats l’ont arraché de sa maison et l’ont emmené avec un luxe de violence. Sa fille était présente et a déclenché l’alarme. (...)

    #Mexique #Oaxaca #peuples_originaires #assassinats #Alejandro_Murat #mégaprojets #extractivisme

  • zad #NDDL, Enracinons l’Avenir : si je ne devais publier qu’une seule photo ce serait celle-là, avec Trini qui porte la voix de la resistance de #Atenco à #Mexico, cf détails :
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/40243232761

    Flickr

    Maria Trinidad Ramírez, du Frente de Pueblos en Defensa de la Tierra de Atenco Atenco FPDT. La population d’Atenco est mobilisée depuis 2006 contre la construction d’un aéroport. La répression de 2006 avait été l’occasion de multiples violations des droits humains et de violences sexuelles perpétrées par les forces de sécurité.

    Solidarité entre le FPDT et la zad : http://zad.nadir.org/spip.php?page=recherche&recherche=atenco

    Video de sa prise de parole : http://youtu.be/xNw6bPsF-po

    Rassemblement « Enracinons l’Avenir » et Rencontre Inter-Comités. Zone-à-défendre de Notre-Dame-des-Landes, les 10/11 février 2018. Plus d’infos sur zad.nadir.org Archives photos sur http://frama.link/ValK_zad_NDDL

    #luttes #territoires #GPII #megaprojets #pueblos #indigenos

  • 312 défenseurs de l’environnement et des droits humains ont été assassinés en 2017
    https://reporterre.net/312-defenseurs-de-l-environnement-et-des-droits-humains-ont-ete-assassin

    D’après le dernier rapport de #Front_Line_Defenders sorti début janvier 2018, 312 défenseurs des #droits_humains et environnementaux (DDHE) ont été tués en 2017, dans 27 pays. Plus des deux tiers d’entre eux défendaient les #droits_fonciers, environnementaux et #autochtones, presque toujours dans le contexte de #mégaprojets, d’#industries_extractives et de grandes entreprises. Malgré cette violence, ils sont plus nombreux que jamais à se battre, sur des thèmes de plus en plus variés, dans de plus en plus de pays. 80 % des meurtres ont eu lieu dans quatre pays seulement : le #Brésil, la #Colombie, le #Mexique et les #Philippines.

    Rapport à télécharger
    https://www.frontlinedefenders.org/fr/node/4104