• Ô mon #français !

    J’ai passé ma jeunesse à suer sur des dictées à quatre points la faute, j’ai même fini par aimer ça. Suffisamment pour m’en infliger en dehors de l’école. J’ai le souvenir d’une dictée de Pivot, retransmise en direct à la télé, que j’avais tenu mordicus à faire. Télé vieillotte, en noir et blanc avec un écran qui crépitait et un son qui grésillait, dont il fallait ajuster la fréquence de la chaine à la main à l’aide d’un bouton-potentiomètre. Évidemment, je n’étais pas très fort, et j’enfilais les fautes comme les perles. Mais j’étais fier de faire mon maximum pour faire honneur à ma langue maternelle. Paternelle aussi, d’ailleurs. Et puis j’ai appris l’anglais, avec difficulté, tant bien que mal. Ça me paraissait au moins autant abscons et complexe que le français, mais c’était ainsi. Plus tard, j’étais en Italie, alors j’ai appris l’#italien. Également avec des efforts (je ne suis pas particulièrement doué pour les langues étrangères), mais le quotidien aidant, au bout de quelques mois (enfin, environ douze !) je fus capable de tenir une conversation. J’ai compris que l’italien était bien plus simple (et cela n’empêche pas les Italiens d’avoir une culture très riche !) que le français, ne serait-ce que parce qu’il se prononce quasiment comme il s’écrit (et inversement). Contrairement au français (et à l’anglais). De quoi avoir 20/20 à une dictée d’italien. Mais pour la peine, ça ne serait pas drôle. Donc il n’y a pas de dictée en italien.

    Plus tard je suis tombé sur la vidéo d’une courte conférence intitulée « la faute de l’orthographe » par deux profs belges (inventez un mot, puis calculez combien il y aurait – théoriquement – de manières de l’écrire en français). Cette vidéo m’a ouvert l’esprit. J’ai compris que l’orthographe n’était qu’un #outil. Que la langue n’était qu’un outil ; pour communiquer, transmettre des idées, en l’occurrence. Et que si l’outil était moins complexe à utiliser qu’il ne l’est, le temps incommensurable que l’on passe à l’étudier, à tenter d’essayer de l’apprivoiser, à éventuellement vouloir le maitriser, pourrait être dédié à faire des choses plus constructives. Des maths, de la physique, écrire, lire, réfléchir, jouer de la musique, ou avec son chat, faire du ski de rando ou grimper, bref, d’autres trucs. L’orthographe devait redescendre du piédestal sur lequel mes études l’avaient placé.

    Dans le même temps (ou avant, même, plutôt), cette histoire d’#écriture_inclusive commençait à infuser. Franchement, ajouter des points au milieu des mots dans une langue aussi complexe, ça n’allait pas aider. N’était-ce pas barbare ? En plus l’#Académie_française avait pris position contre cette incongruité. Alors…

    Et puis j’ai commencé à faire pas mal de vélo, je me suis acheté un casque à conduction osseuse pour pouvoir écouter des podcasts assis sur ma selle. J’en écoute à la pelle. Je suis tombé sur les émissions de Binge Audio, je ne sais plus trop comment, et surtout sur le podcast de #Laélia_Véron, « Parler comme jamais » (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais). Notamment un épisode intitulé « Écriture inclusive : pourquoi tant de haine ? » que j’ai écouté par curiosité (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais/ecriture-inclusive-pourquoi-tant-de-haine). J’ai compris alors que l’écriture inclusive ne se limitait pas au point médian, loin s’en faut. Il y a beaucoup d’autres choses à côté. Mais alors pourquoi autant d’efforts à vouloir peser sur l’usage ? Simplement parce que les linguistes ont montré qu’une #langue_genrée avait un effet pas du tout négligeable sur les #inégalités_de_genre dans la société. Le linguiste #Pascal_Gygax, auteur de telles études, conclut un article de vulgarisation ainsi : « L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la #masculinisation de la langue et les données disent que la #masculinisation_de_la_langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. À partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir » (https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant). Quand il a commencé à vulgariser son travail, il a reçu une flopée d’insultes. Décidément, touchez pas au français… Et pourtant, y toucher, volontairement, c’est changer potentiellement les rapports au monde de la moitié de l’humanité (tout au moins des francophones).

    L’oppression de la femme par l’homme ne date pas d’hier, et le langage a été modelé par l’homme en ce sens au cours de l’histoire (comme pour leur interdire l’accès à certaines professions, par exemple). Le #patriarcat a ainsi fait son œuvre notamment via ce moyen de communication entre les humains et les humaines. Il semble n’y avoir que peu de langues, dans le monde, tout au moins celui qui vit dans les sociétés dites occidentales (même si elles sont aussi à l’orient suite aux colonisations), qui ne sont pas genrées, et ainsi, masculinisées.

    Le patriarcat est une forme de #capitalisme. Ce dernier est l’#exploitation des ressources naturelles (ce que l’on nomme pudiquement externalités !) ad nauseam, qui génère des pollutions (autres externalités) ad nauseam, mais c’est aussi l’exploitation des humains (ressources « humaines »). Dans ce cadre, le patriarcat se fait un malin plaisir à exploiter un peu plus les femmes. Dès qu’il s’agit d’augmenter les profits et de trouver des marchés, le capitalisme n’a aucune limite, même si l’Histoire a tout de même réussi à mettre fin au marché de l’esclavagisme. Enfin, pas partout ; et les femmes y sont probablement les plus mal loties.

    Pour mettre fin à ce capitalisme destructeur (de la planète, des sociétés humaines, de l’humanité), et à ses avatars que sont les nombreuses inégalités, dont les inégalités de #genre sous la forme du patriarcat qui perdurent y compris en France, il n’y a pas qu’une façon de faire, une méthode idéale, tracée, parfaite, avec un protocole qui resterait à appliquer. Ce qui est sûr, c’est que sans aplanir ces inégalités, c’est voué à l’échec, comme en témoigne le mouvement des Gilets Jaunes. La « solution » est nébulaire et diffuse, c’est pourquoi il faut faire feu de tout bois et utiliser tous les leviers disponibles. La langue, qui est l’outil avec lequel nous communiquons, est dans cette lutte d’une capitale importance : elle fabrique et façonne notre société ainsi que les rapports que nous avons entre nous.

    La langue française actuelle (re)construite historiquement petit à petit par la classe bourgeoise masculine dominante comme un outil d’accès réservé à l’#élite (masculine) n’est pas immuable : l’outil peut très bien être retourné pour servir la cause. Et donc évoluer dans une direction souhaitable. Inclusive. En somme, un effort minuscule (changer à la marge notre façon d’écrire et de parler) pour un résultat immense : une diminution des inégalités de genre ! Le jeu en vaut certainement la chandelle d’autant qu’il est appuyé par les résultats de la #linguistique. Les enjeux écologiques de frontières planétaires que nous sommes en train de dépasser sont très liés à la question des #inégalités : toute l’humanité n’est pas responsable des pollutions diverses et variées, seulement une minorité, la plus riche. Inégalités de richesse donc, mais aussi, et c’est lié, de genre, de race, de handicap, de classe, de religion, nord-sud, et j’en passe. Dans le jeu de celui qui est le plus fort, ce dernier trouve toujours un moyen d’enfoncer les plus faibles ; et tous les coups sont permis.

    Quand on identifie un nouvel outil dont il est démontré [1] qu’il pourrait permettre de diminuer une partie de ces inégalités pourquoi s’enfoncer dans un #conservatisme mortifère ? Allons-y ! Qu’avons-nous à perdre ? Le #français_inclusif, même si les études scientifiques se trompaient sur sa propension à diminuer les inégalités de genre, n’en serait pas moins toujours le moyen de communication au sein des sociétés francophones. Quant au #point_médian, ce n’est jamais qu’un raccourci à l’écrit, il n’est pas obligatoire [2], alors pourquoi tant de haine ? Je vous conseille la lecture de « Eutopia » de Camille Leboulanger, un roman qui raconte une société où la notion de propriété privée est abolie (non seulement des habitations, mais aussi de la nature, et même la notion de famille est revisitée !), seule perdure la propriété d’usage. Le roman est écrit au féminin générique. Vous verrez, ça rafraichit !

    Mais la langue française n’attise pas les passions que sur les questions de genre. Je vous invite à lire le tract Gallimard « Le français va très bien, merci » par le collectif des Linguistes atterrés (https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci). Quelques citations glanées çà et là pour un panorama de ce que j’en retiens : « Le français n’a jamais été homogène. Le #standard unique est un mythe. » 300 millions de personnes parlent français dans le monde, il fait partie des cinq langues les plus parlées sur la planète. « Le français n’est pas envahi par l’anglais. […] Le contact entre les langues ressemble davantage à un jeu à somme positive qu’à une guerre : ce que « gagne » l’une, l’autre ne le perd pas. […] Le #mélange, l’impur sont signe de vitalité pour une langue. Le séparé, le pur, une vue de l’esprit, un idéal, une langue statufiée. La langue se renouvèle d’abord parce que le monde change et qu’il faut le nommer, pour le meilleur et pour le pire (« covid » est-il un mot anglais ou français ?), mais aussi par besoin expressif, par jeu, pour faire place aux jeunes, aux autres, à l’altérité. » Autre idée reçue : « le français n’est pas règlementé par l’Académie française. » Elle n’a aucun pouvoir sur la langue, et ne renferme aucun (ni aucune d’ailleurs) spécialiste de la langue puisqu’aucun (ni aucune) linguiste n’y siège. Son dictionnaire est obsolète et sa grammaire encore plus. Dans leur ouvrage « Le français est à nous ! », les linguistes Laélia Véron et Maria Candea posent la question « Au XXIe siècle, à quoi sert l’Académie française ? » Elles répondent : « À rien. Rigoureusement à rien. C’est une institution d’opérette. […] qui sert encore à recycler confortablement des personnalités, grâce à un patrimoine exorbitant et à des finances opaques. » L’orthographe est compliquée : « Il est devenu pratiquement impossible d’écrire sans faire aucune faute. » Cela parce que l’orthographe n’a pas été réformée depuis quasiment deux siècles : la dernière réforme en date, celle de 1990 « peine à s’imposer dans les pratiques. […] Et si notre orthographe ne parvient pas à faire peau neuve, c’est parce qu’elle est devenue un #marqueur_social extrêmement puissant qui donne l’illusion de pouvoir juger des facultés linguistiques de quelqu’un sans entrer dans la complexité de la syntaxe, du vocabulaire ou de tout ce qui constitue la véritable qualité d’un texte écrit. » Bref. Convaincu que réformer l’orthographe est un nivèlement par le haut, j’ai décidé, depuis la lecture de cet opus, d’appliquer la réforme de 1990 au mieux. Pour cela, je m’aide du logiciel Antidote (https://www.antidote.info/fr/blogue/enquetes/redaction-inclusive), qui est également utilisé par les étudiantes et les étudiants à l’université au Québec, tout comme elles (et les nôtres aussi) utilisent la calculatrice. Il y a beaucoup d’autres choses dans ce petit livre, que je vous laisse découvrir. Car vous allez le lire, maintenant, n’est-ce pas ?

    [1] « Le langage inclusif […] a bien l’effet pour lequel il est préconisé : réduire les stéréotypes de genre et augmenter la visibilité des femmes. »

    [2] Même si : « L’usage du point médian permet de supprimer le biais de représentation vers le masculin. » selon le psycholinguiste Léo Varnet.

    http://gblanc.fr/spip.php?article780
    #langue #langue_française #orthographe 

    • La faute de l’orthographe | #Arnaud_Hoedt et #Jérôme_Piron

      Nous avons été profs de français. Sommés de nous offusquer des #fautes_d'orthographe, nous avons été pris pour les curés de la langue. Nous avons écrit pour dédramatiser, pour réfléchir ensemble et puis aussi parce que nous avons toujours pensé que l’#Académie_Française avait un vrai potentiel comique. « Les deux belges qui veulent simplifier la langue française » : tout est faux dans cette phrase. Pas « simplifier » mais bien faire preuve d’esprit critique, se demander si tout se vaut dans notre orthographe. Pas deux Belges, mais bien deux curieux qui veulent transmettre le travail des linguistes de toute la francophonie, pas même la « langue française », seulement son orthographe. Car l’orthographe, c’est pas la langue, c’est juste le code graphique qui permet de la retranscrire. Passion pour les uns, chemin de croix pour les autres, elle est sacrée pour tous. Et pourtant, il ne s’agit peut-être que d’un énorme #malentendu. Arnaud Hoedt et Jérôme Piron sont linguistes de formation. Ils ont vécu 25 ans sans se connaître, mais c’était moins bien. Ils ont ensuite enseigné pendant 15 ans dans la même école. Quand Arnaud participe à la rédaction des programmes de français en Belgique, Jérôme se spécialise en médiation culturelle. En 2016, ils écrivent et mettent en scène le spectacle « La Convivialité », au Théâtre National de Bruxelles. Ce spectacle conférence qui traite de la question du rapport dogmatique à l’orthographe tourne depuis 3 ans dans toute la francophonie. Dans la foulée, ils publient l’ouvrage « La faute de l’orthographe », aux éditions Textuel. Ils se définissent comme suit : « Linguistes dilet(t)antes. Pédagogues en (robe de) chambre. Tentent de corriger le participe passé. Écrivent des trucs. Vrais-Faux Comédiens. Bouffeurs d’Académicien ». A la question « est-ce que ça se dit ? » , Arnaud et Jérôme répondent invariablement « oui, tu viens de le faire ».

      https://www.ted.com/talks/arnaud_hoedt_jerome_piron_la_faute_de_l_orthographe
      #tedx

    • Comment le masculin forge la pensée de l’#enfant

      Les données disent que la langue masculinisée influence nos pensées. C’est du moins la conclusion du nouveau livre du psycholinguiste fribourgeois Pascal Gygax.

      Le cerveau pense-t-il au masculin ? C’est la question que pose Pascal Gygax, psycholinguiste à l’Université de Fribourg, en titre d’un livre* publié récemment avec la linguiste Sandrine Zufferey et la psychologue sociale Ute Gabriel. Pas de suspense inutile : la réponse est oui. L’ouvrage le montre à travers une multitude d’études suisses et internationales qui ont analysé l’influence du langage genré sur les représentations sexistes. « Sur ce sujet, il y a cinquante ans de recherches et quelque 200 études, explique Pascal Gygax, premier auteur. Il était temps d’écrire un livre grand public pour recadrer le débat, qui est devenu très passionnel. » Les réactions à l’ouvrage en attestent. « Depuis dix-sept ans que je travaille sur cette thématique, je n’ai jamais reçu autant d’insultes, confie le Biennois. Il s’agit surtout d’hommes blancs quinquagénaires ou sexagénaires dans des positions dominantes qui m’écrivent pour m’expliquer leur point de vue, souvent très peu documenté. C’est dommage, car le but était justement de prendre de la hauteur de manière scientifique. »

      Le livre se penche en particulier sur l’interprétation de la forme grammaticale dite « générique ». En français, en allemand, en anglais et dans d’autres langues, le genre masculin est également utilisé pour le genre « neutre », au singulier ou au pluriel (en plus de son sens « spécifique »). Exemple tiré du livre : « When a kid goes to school, he often feels excited on the first day » (« Quand un enfant va à l’école, il se sent souvent excité le premier jour »). Le « he » a ici fonction de générique. En français, on peut l’expliquer de la manière suivante : dans « Il y a beaucoup d’excellents chercheurs en Suisse », le mot « chercheur » devrait également inclure tous les genres. Problème : ce sens générique n’est pas perçu comme tel.
      Le générique n’est pas neutre

      En 1984, Janet Hyde, une chercheuse étatsunienne, a demandé à des personnes en formation d’âges différents d’écrire une histoire commençant par la phrase avec l’enfant citée au paragraphe précédent. Chez les universitaires, 21% des récits portaient sur un personnage féminin contre 7% chez les 5-12 ans. Pour l’immense majorité, le masculin a donc induit une représentation masculine.

      En 2008, une étude de Pascal Gygax et de ses collègues a montré qu’en français et en allemand, il était difficile d’appréhender des suites de phrases présentant des femmes après des amorces avec un métier ou une activité au masculin pluriel (« les musiciens », par exemple), donc pouvant agir comme générique. En clair : il est naïf de penser que le générique puisse être complètement détaché du masculin.

      L’ouvrage regorge aussi d’exemples qui témoignent à quel point la langue a été construite autour du masculin. Il n’est pas innocent que l’on dise « Adam et Eve » et « mari et femme ». Selon une méta-analyse réalisée en 2016 par Peter Hegarty et ses collègues, l’ordre de mention est souvent lié à l’importance perçue des entités mentionnées. Et cette masculinisation est au moins en partie intentionnelle, expose le livre. On apprend par exemple qu’aux Etats-Unis et en Angleterre, le pronom pluriel neutre « they » était utilisé jusqu’au XIXe siècle comme singulier lorsque l’on ne connaissait pas le genre d’une personne. Mais que des grammairiens ont imposé le pronom « he » (« il ») comme générique, le jugeant plus « digne ». Le « they » revient en force aujourd’hui.

      Ce langage activement androcentré « nous force à voir le monde au travers d’un prisme masculin », participant aux inégalités entre les genres, soutient l’ouvrage. C’est là qu’intervient le langage inclusif, boîte à outils permettant de « démasculiniser » l’expression orale et écrite. En français ou en allemand, les doublets (« écrivaines et écrivains ») ou les formes contractées des doublets (« écrivain·es ») peuvent par exemple être utiles pour réduire les stéréotypes associés aux métiers. Sabine Sczesny le confirme. Professeure de psychologie sociale à l’Université de Berne, elle a notamment réalisé des travaux mettant au jour un lien entre attitude sexiste et opposition au langage inclusif : « Les filles sont plus intéressées par les professions typiquement masculines lorsqu’elles leur sont présentées sous forme de conomination par rapport à la forme masculine. »
      Le chat des voisins

      Anne Dister, professeure de linguistique à l’Université Saint-Louis de Bruxelles, pense également qu’il est judicieux de mentionner les professions avec un double nom si elles sont stéréotypées masculines, et de mentionner les titres de postes masculins et féminins dans les offres d’emploi. Toutefois, elle juge inutile de vouloir systématiquement tout féminiser et plaide pour « l’économie du langage ». « Dans certains contextes, ce n’est simplement pas pertinent. Si je raconte que mes voisins ont adopté un chat, quel est l’intérêt de préciser leur genre ? »

      Anne Dister juge par ailleurs que le générique, dans les interactions langagières au quotidien, est très bien compris comme tel : « Qui pense sérieusement que les femmes ne peuvent pas traverser sur un passage pour piétons ? » Elle conteste aussi les affirmations selon lesquelles la langue aurait été entièrement masculinisée par les grammairiens : « Le lexique pour certains noms, assurément. Mais pas la grammaire. On prend d’ailleurs toujours les mêmes exemples. » Et de poursuivre : « Ce qui invisibilise, ce n’est pas tant le masculin que notre connaissance du monde. Aujourd’hui, le terme « ministre » qui est épicène n’active pas les mêmes représentations qu’il y a cinquante ans. » La linguiste sait de quoi elle parle. Avec Marie-Louise Moreau, elle a analysé l’évolution des termes utilisés par les candidates aux élections européennes en France et en Belgique pour se décrire depuis 1989 (« sénatrice » ou « sénateur », typiquement). Résultat : la féminisation est massive.

      Accordons-nous trop d’importance au langage ? N’est-il pas uniquement le reflet de la société et appelé à évoluer avec elle ? « Il ne sert presque à rien de se poser cette question, répond Pascal Gygax. L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la masculinisation de la langue et les données disent que la masculinisation de la langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. A partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir. »

      Les attaques personnelles subies après la publication du livre n’entament d’ailleurs en rien l’engagement du chercheur, très présent dans les médias : « J’ai toujours eu envie de sortir de la bulle académique. »

      *« Le cerveau pense-t-il au masculin ? », Pascal Gygax, Sandrine Zufferey, Ute Gabriel, Le Robert, 2021, 176 pages

      https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant

    • Le français va très bien, merci

      « Nous, linguistes de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, sommes proprement atterrées par l’ampleur de la diffusion d’idées fausses sur la langue française. » Les Linguistes atterrées
      Les discours sur les "fautes" saturent quasiment l’espace éditorial et médiatique contemporain. Mais la différence entre une faute et une évolution, c’est la place qu’elle occupera à long terme dans l’usage. Et l’usage, ça s’étudie avec minutie. C’est le travail des linguistes. Face aux rengaines déclinistes, il devient indispensable de rétablir la rigueur des faits. Non, l’orthographe n’est pas immuable en français. Non, les jeunes, les provinciaux ou les Belges ne "déforment" pas la langue. Oui, le participe passé tend à devenir invariable. Non, le français n’appartient pas à la France. Oui, tout le monde a un accent, voire plusieurs. Dix idées reçues sur la langue, et surtout trente propositions pour en sortir.

      https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci
      #Linguistes_atterrées

    • J’ai écrit : il meure. Tranquilou. Au bout de deux jours je me suis dit mmm il y a quelque chose qui ne va pas. J’ai cherché et trouvé : il meurt ! Me suis dit ,mais pourquoi écrire il meure comme ça ? Quelle raison logique ? Pas trouvé de réponses satisfaisantes . Il y a toujours moyen de faire des fautes, TOUJOURS ! C’est pénible.

  • Recension par Maël Rannou de Mélanie BOURDAA (2021), Les fans. Publics actifs et engagés
    https://journals.openedition.org/communication/17493

    Spécialiste française reconnue des études de fans (fan studies), dans un pays où elles sont encore assez peu exploitées, Mélanie Bourdaa avait déjà dirigé un passionnant dossier à ce sujet dans le numéro sept de la Revue française des sciences de l’information et de la communication (novembre 2015). Avec ce livre, qui s’appuie sur des réflexions tirées de nombreux articles, associées à de nombreux éléments nouveaux, elle publie sa première synthèse personnelle. Celle-ci s’annonce dès le sous-titre armé d’un parti pris fort : celui de fans comme acteurs particulièrement créatifs et investis, à l’opposé d’une image négative de « nerd » passif avalant un produit culturel sans aucun recul.

    2La structure de l’ouvrage est simple : deux parties, « Politique(s) du et des fans » et « Pratiques de fans », mêlent posture définitionnelle et exemples de l’engagement social des fans dans ces cadres. La première se fixe plus sur le rapport des fans au monde ou sur la façon dont s’incarne leur lien aux objets de passion à l’externe (jusqu’à l’engagement militant, central dans le deuxième chapitre, mais aussi le dans le troisième sur la question de la représentation). La seconde partie se penche plutôt sur le rapport des fans entre eux, sur la naissance de communautés et de réseaux extrêmement forts, notamment pour célébrer, archiver ou analyser ce qui a déclenché cette passion. Si cela peut donner lieu à une communication externe, le but initial diffère. Les démonstrations sont appuyées par un grand nombre d’exemples concrets, issus de tel ou tel fandom, parfois enrichies d’entretiens qualitatifs et de sondages. Fidèles à la plupart des travaux de l’autrice, les fandoms utilisés sont en général ceux des séries télévisées, plus largement de pop culture audiovisuelle.

    Parmi les aspects passionnants de la première partie, notons le troisième chapitre, consacré aux représentations et à l’identification des spectateurs. Il se concentre sur les aspects LGBTQI+, et plus particulièrement sur les processus de coming out des personnages auprès de leurs différents cercles de proximité. Sans surprise, les spectateurs des séries se reconnaissant dans cette communauté sont particulièrement investis dans ces épisodes, et des témoignages montrent que pour certains il s’agit d’une révélation de leur normalité. Ce progressisme des séries s’accompagne cependant d’un revers avec le phénomène « bury your gay / dead lesbian syndrome », qui désigne la forte mortalité des personnages LGBT dans les séries. Face à ce trope, l’autrice décrit un phénomène fascinant, conceptualisé dans les cercles de fans comme « the gay migration », soit dans le cas étudié comment des fans lesbiennes passent d’une série à une autre une fois les personnages lesbiens morts ou évincés.

    La seconde partie étudie particulièrement les créations de fans, dans leurs aspects très divers. Si la fanfiction (récits de fans prolongeant l’univers) ou le cosplay (pratique de costume en personnages de séries pouvant atteindre un niveau semi-professionnel) en sont les incarnations les plus connues, l’autrice dépasse largement ces seuls aspects. Elle propose ainsi des analyses pertinentes, appuyées sur des études fines, des entretiens, des musées virtuels, wiki et des bases de données constituées par des fandoms clairement actifs et experts, qui constituent des milliers d’heures de travail bénévoles et participent fortement aux rebonds des œuvres. De la même manière, elle dévoile des aspects parfois inattendus des réseaux sociaux.

    À travers l’exemple de Mad Men, elle rapporte l’amusante contradiction du service de juridique de la chaîne AMC qui a forcé des fans à fermer les comptes Twitter de personnages de la série, qui échangeaient donc comme s’ils étaient réels, avant que le service marketing demande leur réouverture, face à l’évident intérêt promotionnel. Un acte qui sonne autant comme une reconnaissance de l’importance du fandom et de son influence que comme une possible récupération commerciale d’un espace qui, s’il est fan, sait normalement aussi être libre et parfois critique

    L’un des derniers points intéressants de cet ouvrage est incontestablement son aspect « état de l’art ». Première somme réelle sur les études de fans en France, le texte donne à voir un grand nombre de références, d’articles et de concepts qui paraîtront complètement nouveaux pour un lecteur curieux qui n’est pas spécialiste.

    #Mélanie_Bourdaa #Fans #Séries_télévisées

  • Recension : Mélanie Bourdaa, Les Fans. Publics actifs et engagés
    https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/34121

    Depuis l’avènement de l’internet et des réseaux sociaux numériques, les habitudes de téléspectateurs et notamment celles des fans de séries télévisées sont en pleine reconfiguration. La consommation de programmes audiovisuels sur diverses plateformes permet dorénavant aux publics de pouvoir interagir, émettre leur avis à propos du contenu, favorisant par ce fait une construction du sens. Il émerge donc une nouvelle catégorie de publics beaucoup plus actifs et dotés d’une capacité critique des offres médiatiques notamment des séries télévisées. La culture de la participation, encore appelée culture fan au sens d’Henry Jenkins, ouvre une nouvelle voie des travaux de recherche sur cette question en mobilisant les références se situant « à la jonction des Cultural Studies et des sciences de l’information et de la communication » (p. 19).

    #fans #Mélanie_Bourdaa

  • Melanie, »Some say (I got devil)«, Gather me, 1971
    https://www.youtube.com/watch?v=dWGOKMViUwE

    Melanie, Singer Who Made a Solo Splash at Woodstock, Dies at 76
    https://www.nytimes.com/2024/01/24/arts/music/melanie-dead.html

    Melanie, born #Melanie_Safka, was only 22 but already a presence on the New York #folk scene when she appeared at #Woodstock. She was one of only two women who performed unaccompanied at the festival (Joan Baez was the other) — and as a singer used to the snug confines of Greenwich Village coffee houses, she was, she later recalled, petrified at the thought of strumming her music in front of a sea of some 400,000 people.

  • L’accueil, une clinique d’hospitalité

    L’Utopie concrète du soin psychique

    A la suite de l’essai Emancipation de la psychiatrie qui remet en perspective les acquis institutionnels de la psychothérapie institutionnelle et du secteur de psychiatrie publique généraliste, L’accueil, une clinique d’hospitalité, utopie concrète du soin psychique, le reprend à partir de pratiques cliniques d’accueil du soin psychique émancipatrice de la « valeur humaine » en psychiatrie. L’humain, technique alternative en est l’enjeu politique majeur d’accès inconditionnel aux soins psychique dans la société, que ce soit pour les populations autochtones ou pour les réfugiés et exilés migrant de l’humanitaire.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/15/laccueil-une-clinique-dhospitalite

    #santé

  • #Mélanie_Vogel sur l’#écriture_inclusive, 31.10.2023 :

    "Vous nous racontez depuis tout à l’heure que l’écriture inclusive est une opération militante. La réalité c’est que vous êtes, et vous devez l’assumer enfin, les héritières et les héritiers de militants du 17e siècle qui ont eu comme #projet_politique de masculiniser la langue française. Quand on a dit, ça vous a été répété plusieurs fois : ’Le #genre_masculin étant le plus noble, il doit prédominer toutes les fois où le #masculin et le #féminin se rencontrent’. Quelle affirmation d’une #neutralité absolue ! Quand on a décidé de supprimer les termes de mairesse, doctoresse, poétesse, mais de conserver caissière, femme de ménage, nourrice, servante. Mais qui pourrait y voir là l’expression d’un projet politique sexiste ? Franchement, qui ? Donc oui, c’est vrai, la langue est un véhicule de nos #valeurs et elle décrit au fond le monde tel qu’on voudrait le voir. Et donc que celles et ceux qui militent pour que le masculin l’emporte sur le féminin participent de véhiculer un monde qu’ils veulent être sexiste. Et oui, celles et ceux qui qui militent pour que l’écriture soit inclusive, pour que toute les personnes se sentent représentées quand on parle, militent pour une société plus égalitaire et plus juste et nous l’assumons pleinement.

    https://twitter.com/Melanie_Vogel_/status/1719270589909684506
    #militantisme #France #langue #français #langue_française #masculinisation #histoire #sexisme

  • [Pub] La luminothérapie, traitement contre la dépression
    https://www.slate.fr/story/255371/luminotherapie-gadget-traitement-depression-hiver-lumiere

    blues hivernal, dépression saisonnière, la luminothérapie a démontré son efficacité dans les deux cas. Pour le premier, elle peut se suffire à elle-même en apportant du mieux-être et en permettant de mieux démarrer la journée. Dans le second, la luminothérapie, éventuellement associée à une psychothérapie et/ou à un traitement médicamenteux, est une aide précieuse qui permet à la personne d’être à nouveau fonctionnelle.
    de nombreuses études randomisées contre placebo montrent une efficacité de la luminothérapie dans le traitement de la dépression saisonnière
    .
    Reste à poser le contexte de ces découvertes, à comprendre comment fonctionne la luminothérapie et pour quelles indications (spoiler : pas uniquement contre la dépression saisonnière), et à savoir comment et quand utiliser ces fameuses lampes.

    En 1980-1981, deux observations se font de manière concomitante. L’une montre que la lumière modifie les rythmes circadiens (ou #horloge_biologique). L’autre montre que la modification des rythmes circadiens a un effet antidépresseur. Le lien entre les deux est rapidement fait, et il confirme les effets antidépresseurs de la lumière chez des patients déprimés unipolaires et chez des patients bipolaires. Et, en 1984, une célèbre série de cas montre l’efficacité du traitement par la lumière de trente patients souffrant de dépression saisonnière.
    Quand nous nous exposons à la lumière le matin, l’été, nous donnons un signal très fort à notre organisme et inhibons la sécrétion de #mélatonine –qui est l’#hormone_de_l'obscurité et non du sommeil, comme on le dit souvent. Si cette mélatonine fait dormir, c’est parce qu’elle est #chronobiotique et non soporifique. C’est elle qui donne un signal de nuit. Or, l’hiver, cette mélatonine est sécrétée plus longtemps.
    une méta-analyse fournit des preuves solides de l’efficacité de la luminothérapie sur les dépressions saisonnière, non saisonnière, unipolaire, bipolaire, en traitement de première ligne ; en traitement de combinaison ou en traitement “add on”, c’est-à-dire pour booster la réponse à un antidépresseur.
    Nous avons aussi des éléments qui nous laissent à penser que la luminothérapie est utile dans la prévention de la dépression ou de la rechute. Pour l’heure, elle est surtout utilisée en pratique jusqu’à réduction des symptômes dans la dépression, et pendant toute la période à risque pour la dépression saisonnière.
    Il convient d’être vigilant face à d’éventuelles pathologies rétiniennes comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (ou #DMLA) ; dans ce cadre, une consultation chez l’ophtalmologue est indiquée »

    l’autre principal point de vigilance « concerne les troubles #bipolaires : il ne faut pas faire de luminothérapie sans traitement thymorégulateur, au risque de déclencher un virage maniaque »

    #dépressions #prévention #béquille #luminothérapie

  • D’où nous vient cette habitude de fantasmer des relations entre des personnages de série ? | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/253071/ship-fan-fiction-couples-personnages-series-televisees-sculder-harmony-byler-c

    Depuis des dizaines d’années, les fans donnent vie aux couples platoniques qu’ils voudraient voir exister sur le petit écran. Une manière créative de consommer.

    1993. X-Files et son iconique duo d’agents spéciaux Fox Mulder et Dana Scully, campés par David Duchovny et Gillian Anderson, débarque sur le petit écran. Il y a entre les deux personnages une alchimie et une tension sexuelle palpables, mais leur relation reste relayée au second plan durant six longues saisons. Impatients de voir cette attirance se concrétiser, les fans développent eux-mêmes l’histoire du couple « Sculder ». Le shipping, un terme qui désigne les relations fantasmées entre des personnages fictionnels, est né.

    Avant l’apparition des imbrications de noms propres telles que Sculder (mélange de Scully et Mulder), les fans utilisaient le caractère slash pour parler des relations fictionnelles qu’ils imaginaient. On parlait alors de « fiction slash » : « Aux origines du shipping il y a la fiction slash, qui démarre traditionnellement dans les années 1970 et dont le couple le plus célèbre est celui de Kirk et Spock [deux personnages de Star Trek, ndlr]. C’est au départ une façon pour des téléspectateurs, majoritairement féminins ou gays, de s’approprier des récits de science-fiction dans lesquels les relations d’amitié masculines sont bien plus développées que les relations hommes-femmes », explique Marjolaine Boutet, historienne spécialiste des représentations médias et pop culture.

    Grâce à la fiction slash, le public se réapproprie des bromances pour mieux s’y retrouver. « Dans les années 1970, c’était une façon de remettre de la romance et de l’égalité entre les personnages dans ce qui se présentait comme des films d’action avec des actions viriles. Ça manquait cruellement de sentiments », ajoute la spécialiste. Parmi ces duos fantasmés : Spock et Kirk (Star Trek), Starsky et Hutch, Maverick et Iceman (Top Gun)...

    Fantasmer des relations platoniques

    Au milieu des années 1990, avec le couple Sculder, les usages changent et le terme « ship » apparaît au sein de la communauté de fans de la série. Dans la continuité du slash, la pratique du shipping concerne surtout des œuvres pour ados et de science-fiction, et c’est un public principalement féminin qui y a recours.

    Mais alors que le slash mettait surtout en scène des relations homosexuelles, ce n’est plus le cas avec le shipping : on peut imaginer n’importe quel couple, une relation incluant trois personnages ou plus, ou des membres d’une même famille (de manière non romantique, comme c’est le cas avec le couple Beltavia, pour Bellamy et Octavia Blake de The 100). On peut même se livrer à des « ship wars » (des « guerres des ships ») pour défendre la relation fantasmée que l’on estime être la meilleure : du côté des fans de The 100, les partisans du couple composé de Clarke Griffin et de Lexa (Clexa) s’opposaient ainsi aux supporters du couple Clarke Griffin-Bellamy Blake (Bellarke).

    Là où les intrigues diffusées à l’écran laissent de côté la romance ou montrent des relations souvent prudes, en ne faisant que suggérer l’acte sexuel, des shippeurs s’affranchissent par ailleurs de la pudeur pour basculer dans l’érotisme ou la pornographie. C’est par exemple le cas d’une fan-fiction de l’internaute GoOasis726 dans laquelle Bella (de Twilight) organise un plan à quatre avec un couple d’amis pour l’anniversaire de Jacob.

    Les fans pallient les manques des séries télévisées

    Plus récemment, les fans ont prêté à Will Byers et Mike Wheeler une autre relation que celle qu’on leur connaissait dans Stranger Things. Si l’on a depuis appris que Will est amoureux de Mike, les shippeurs avaient déjà repéré « la relation qu’ils partagent et la manière dont ils se réconfortent mutuellement lorsqu’ils éprouvent des sentiments partagés ou face à leurs traumas personnels », détaille le site Shipping Wiki.

    Une complicité établie qui leur a servi de point de départ pour pousser bien plus loin le couple Byler au travers de fan-fictions, parfois illustrées de dessins représentant les deux adolescents en train de se tenir la main ou de s’embrasser, les joues rouges de désir.

    Plus inclusives par rapport aux années 1970 qui ont vu la fiction slash éclore, tant au niveau des personnages que des relations entre eux, les séries n’en restent pas moins un incroyable vivier pour des fans à l’imagination débordante.

    « Les relations égalitaires ont quantitativement évolué, c’est certain, confirme Mélanie Bourdaa, docteure en sciences de l’information et de la communication spécialisée dans les pratiques culturelles des téléspectateurs. Mais qualitativement, il reste encore des progrès à faire dans les représentations et en particulier dans celles des minorités sexuelles, de genre et ethno-raciales. Le shipping permet aux fans de visibiliser ces groupes sociaux et il est toujours autant utilisé pour mettre en avant des couples qui ne sont pas canoniques à l’écran mais dont les fans aimeraient qu’ils le soient. »
    De la fan-fiction à la fiction

    Outil créatif et émancipateur, le shipping fait pleinement partie de la culture fan : ces récits alimentent les fandoms (communautés de fans) et leur imaginaire collectif. Les shippeurs développent ces relations sur des forums où ils postent des épisodes entiers qu’ils ont écrits, dans des illustrations (les fanarts), au travers de montages vidéos au fond sonore assurément kitsch. « Il y a une vraie dimension créative et le shipping, comme le cosplay d’ailleurs, permet aux gens de trouver du sens. Ça montre que les téléspectateurs ne sont pas passifs », note Marjolaine Boutet.

    Plus que simplement stimulantes, ces fictions créent du lien entre les fans et viennent flouter la frontière entre producteurs et téléspectateurs. Dans son ouvrage Digital Fandom – New Media Studies, Paul Booth, professeur en études médiatiques à Chicago, qualifie ainsi de « produsers » ces fans impliqués dans la culture participative, qui créent et diffusent des contenus quasiment professionnels par le biais des nouvelles technologies.

    Il arrive d’ailleurs que l’émulation 2.0 autour de deux personnages s’affranchisse des communautés de fans pour toucher l’ensemble des téléspectateurs : « Pour la série Xena, la guerrière, les producteurs ont repéré l’engouement des fans pour un couple à travers les nombreuses fan-fictions qui mettaient en avant une relation amoureuse entre les deux personnages, et ils ont décidé de leur faire des clins d’œil dans la série, puis d’officialiser la relation dans la saison 6 », retrace Mélanie Bourdaa. Qui sait, la relation platonique qui vous frustre à l’écran finira peut-être par dégager sueur et phéromones. Mais pour cela, il va falloir être productif.

    #Fans #Mélanie_Bourdaa #Séries #Romance #Couples

  • Avec les « Fans Studies », des chercheurs étudient « ces publics actifs et engagés, et passionnants ! »
    https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/4050977-20230901-fans-studies-chercheurs-etudient-publics-actifs-engages-p
    https://img.20mn.fr/UeXB8QGwS-ynDNNN57KBUCk/1200x768_escondido-calif-residents-lisa-floyd-left-dressed-as-professor-tre

    interview Hélène Breda est l’un des rares chercheuses françaises à travailler les « Fans Studies », l’étude des comportements des fans

    Le collectionneur d’assiettes Star Trek, le connaisseur de tous les interprètes de Dr Who, celui qui préférerait vivre dans une galaxie lointaine, très lointaine, ou celle qui, au font d’elle, appartient à la maison Poufsouffle… Tous ces gens-là, on les appelle « les fans ». Et la science ne va pas les laisser tranquille. Les « Fans Studies », d’abord cantonnées aux universités américaines, arrivent peu à peu en France.

    Parmi les pionnières de ce genre d’études, Hélène Breda, maîtresse de conférences en science de l’information à l’université Sorbonne Paris Nord, étudie plusieurs fandoms, dont celui de la série Hannibal. Pour 20 Minutes, et alors que les fans de Harry Potter du monde entier célèbre la rentrée de leur sorcier fétiche à Poudlard, elle explique les enjeux des « Fans Studies ». Un champ d’investigation si vaste personne ne vous y entendra crier.

    Quelle définition donneriez-vous des « Fan Studies » ?

    Comme son nom l’indique, il s’agit d’étudier les fans. Les individus mais aussi les communautés, leurs pratiques, leur identité, qui ils sont et ce qu’ils font. Comme l’a défini Mélanie Bourdaa, chercheuse à Bordeaux Montaigne, dans son livre de référence sur le sujet, il s’agit d’un public « actif et engagé ». Les Fans Studies démontrent que les phénomènes culturels récents ne sont pas des cultures de masse que l’on reçoit de manière passive.

    Les Fans Studies sont-elles présentes dans beaucoup d’universités en France ?

    Non, en France, assez peu. Le nom Fan Studies reste souvent en anglais parce qu’il vient de la tradition de recherche anglaise et américaine des Cultural Studies, l’étude de ce que les publics font d’objets culturels, de leur manière de les interpréter, de se les approprier. Et parfois au-delà de la réception, les Fans Studies se penchent sur les pratiques et identités qui se forment autour de ces objets culturels.
    Aujourd’hui, il semble que tout le monde se dise fan de telle ou telle chose.

    La manière de se définir comme fan a évolué. Aujourd’hui on va dire assez facilement « je suis fan de Games of Thrones » et ça ne recouvrira pas la même réalité que les collectionneurs de timbres, les adeptes de Tintin, les fans de Star Wars… Le mot fan est entré dans le langage courant et a été presque complètement débarrassé de sa connotation négative. Mais on essaye de s’en écarter avec les collègues…
    Pourquoi ?

    Fan vient de fanatique, terme qui a une dimension religieuse et qui décrit quelqu’un d’obsessionnel et d’enfermé. Alors que nous nous intéressons aux personnes qui ont un investissement fort par rapport à leur objet de passion, sans adoration religieuse.
    Quels points communs y a-t-il entre un fan de « One Piece » et un fan de Beethoven ?

    Faire des généralités sur les fans, c’est compliqué. On peut travailler sur un fandom précis et on peut aussi constituer des corpus, comme les fans de séries télé. A l’intérieur d’un fandom on va étudier une thématique ou pratique précise. Par exemple, Mélanie Bourdaa travaille sur les réactions, parmi les fans LGBT, aux coming out de personnages dans les séries télé.
    Les Fans Studies peuvent porter sur n’importe quel type de communauté de fans ?

    On travaille essentiellement sur les fans des cultures populaires et des cultures de l’imaginaire. Il y a aussi un peu les fans de musique, les fans de Beatles, de Madonna… En ce moment il y a beaucoup d’études sur les fans de séries ou de téléréalité.
    Les supporteurs d’équipes de sport sont-ils considérés comme des fans également ?

    Oui, le supporterisme est parfois étudié comme un fandom. Cette affiliation a une équipe, le sentiment d’appartenance à telle ou telle maison, c’est quelque chose que l’on retrouve souvent au sein des fandoms, celui d’Harry Potter notamment, bien sûr.
    Les Fans Studies sont-elles exploitées par les exploitants de licence populaires pour maximiser leurs profits ?

    Sans aucun doute. Je travaille sur le fandom de Disney, et j’ai pu constater à quel point les instances de Disneyland notamment capitalisent sur les fans. Ils ont créé leurs propres influenceurs par exemple. Au niveau créatif, on étudie aussi la notion de « fan service », le fait, dans un film ou une série par exemple, de faire un clin d’œil aux fans en faisant apparaître un personnage ou une intrigue populaires chez les fans les plus engagés.
    Pour Barbie, Mattel a été accusé de s’appuyer sur des « anti-fans », des haters, pour faire parler de son film.

    Les anti-fans sont aussi un phénomène étudié mais il ne s’agit pas vraiment de communautés soudées qui se définiraient dans le rejet d’une œuvre. En revanche, il y a des « toxic fandoms », des communautés au sein desquels des mouvements négatifs se créent, avec des phénomènes de pression, de dévalorisations, de harcèlement notamment. Nous étudions aussi les aspects politiques des fandoms. Il y a par exemple plusieurs communautés qui attirent des fans réactionnaires. L’extrême droite a très tôt su pénétrer les mouvements de fans grâce à une grande maîtrise des réseaux sociaux. Les Fans Studies ne sont pas angélistes. Tout n’est pas rose au pays des fans. On a beau adorer notre champ d’étude, on peut y voir les champs négatifs.
    Peut-on étudier les fans de Harry Potter sans être fan soi-même ?

    Alors ça, c’est LA question. Parmi les pionniers américains des Fans Studies, Henry Jenkins étudiait les fans de Star Trek, et était fan lui-même. Il a inventé, pour lui-même, le terme de « acafan » pour « academical fan ». En tant que fan il décide de se pencher sur l’étude d’une communauté dont il se réclame. Il réfléchit alors à sa position de chercheur. A l’inverse, toujours chez les fans de Star Trek, Camille Bacon-Smith a une approche anthropologique avec un regard extérieur, une observation plus distanciée, elle n’est pas fan de Star Trek. En France, Mélanie Bourdaa, qui a participé à l’exportation des Fans Studies, se définit comme « ethnofan », sans être fan de prime abord, elle va s’immerger dans les communautés en ligne pour avoir cette vision de l’intérieur.
    Cette méthode heurte quelque peu un principe important en recherche académique, sur le recul par rapport à son objet d’étude. Est-ce pour cette raison que les Fans Studies sont encore peu développées en France ?

    Les études culturelles en général sont en retard en France. L’université française a des champs disciplinaires découpés de telle manière que les Fans Studies n’y ont pas de place a priori. Le développement de ces thématiques est encore difficile.
    Y a-t-il un phénomène de snobisme ? Etudier les fans de Britney Spears ce ne serait pas jugé assez sérieux ?

    Il y a parfois aussi du mépris des objets d’études, oui. Des champs d’études qui vont être jugés mineurs, peu légitimes. On travaille, avec quelques collègues, contre ces idées reçues, d’autant que la recherche universitaire est une structure de légitimation culturelle.
    Plusieurs thématiques très contemporaines, comme la lutte contre le sexisme ou les LGBTphobies, sont au cœur des Fans Studies. De nombreux fandoms sont considérés comme des « refuges » pour des minorités victimes de discrimination.

    Oui, et c’est très intéressant. La notion de refuge on la trouve dans plein de fandom comme celui de Pokémon ou de Disney. Mais il y a des exemples plus étonnants. J’étudie le fandom de la série Hannibal. On n’est pas trop dans le « mignon gentil » puisqu’il s’agit d’une série sur le tueur en série de fiction cannibale Hannibal Lecter. Cette série ultra morbide et gore est aussi une série queer, qui a donc attiré un fandom queer, la « fannibal family », avec des personnes LGBT ou en décalage avec la société. La notion de refuge ne naît pas seulement dans les univers kawai. On peut avoir un espace communautaire « safe », c’est-à-dire sécurisant pour des personnes discriminées, avec des objets culturels qui ne sont pas, a priori, réconfortants. La solidarité et la sécurité des membres viennent des fans eux-mêmes.
    Y a-t-il des fandoms plus accueillants que d’autres pour les femmes ?

    Il y a, au sein de certains fandoms, des spécialités plus féminines que d’autres. Par exemple, l’exercice de la fan fiction est plus féminin. Les cultures de l’imaginaire ont longtemps été supposées réservées à un public masculin qui en faisait sa chasse gardée. Cela se ressent souvent avec un traitement des personnages féminins qui est soit pas très positif, soit inexistant. Comme les femmes aiment quand même la science-fiction, elles ont écrit des fans fictions pour rééquilibrer. En créant par exemple des intrigues et des personnages qui leur correspondent et les représentent mieux.
    On voit parfois les fans comme des érudits, très attentifs au respect de l’œuvre. N’est-ce pas contradictoire avec cette tendance à la créativité des fans ?

    Les deux tendances coexistent, parfois chez un même fan d’ailleurs. On peut se sentir garant du respect d’une œuvre et participer à son extension. Dans les cultures de l’imaginaire, la notion de « world building », création de mondes, est primordiale. Les mondes de Tolkien, Star Wars, Harry Potter sont immenses en potentialité, les fans vont chercher à les meubler, les étendre, ces univers, pour continuer l’œuvre. Mais tout cela dans le respect de l’œuvre. Être fan ça peut être dessiner des cartes, écrire des histoires, ou se déguiser, apprendre des répliques par cœur ou faire des collections. C’est vraiment très riche.
    Vous décririez-vous comme fan des Fans Studies ?

    En quelque sorte (rires). Avec des collègues nous avons créé le GREF, Groupe de Recherches en Etudes de Fans. Il y a eu une Journée d’études à Bordeaux en juin 2023 et nous développons différents projets pour l’année qui vient (carnet Hypothèses en ligne, webinaire…). Il y a une émulation et un effet de génération avec énormément de thèses en écriture sur le sujet des fans.

    #Fan_studies #Hélène_Breda #Mélanie_Bourdaa

  • RIP Mario Tronti
    https://www.repubblica.it/politica/2023/08/07/news/mario_tronti_morto_politico_92_anni-410335343

    È morto a 92 anni Mario Tronti, politico e filosofo, una vita a sinistra. Già militante del Partito comunista italiano, Tronti è stato anche parlamentare. Eletto la prima volta al Senato nel 1992 con il Pds e, successivamente, nel 2013 con il Partito democratico. È scomparso questa mattina intorno alle 10 e 30 a Ferentillo, in provincia di Terni, conferma il dem umbro Pierluigi Spinelli.

    Si definiva un “rivoluzionario conservatore”, ma da alcuni anni si era allontanato dai riflettori della politica: «Sono in ritiro spirituale, nel monastero di Poppi, nel Casentino, retto dalle monache camaldolesi. Mercoledì compio 90 anni e questo passaggio bisogna farlo bene, sentirlo interiormente», disse a Repubblica in occasione del suo novantesimo compleanno. “La morte? L’attendo con serenità”, aggiunse. “Ho vissuto abbastanza. Spero tuttavia che sia un passaggio facile. Per dirla con Montaigne confido che la fine mi colga mentre sto coltivando le mie rape nell’orto".

    • Connaît vraiment celui qui hait vraiment. L’usine et la société, Mario Tronti, 1962.

      Mario Tronti, Michel Valensi
      https://www.cairn.info/revue-lignes-2013-2-page-143.htm

      La question du « populisme » hante la politique italienne (et européenne) depuis – et c’est l’analyse de Mario Tronti – « qu’il n’y a plus de peuple ». À quel moment ce concept-réalité s’est-il désagrégé et se peut-il qu’il se réagrège dans une société où la classe est devenue une catégorie sociologique ? « Je n’ai jamais plus oublié la leçon de vie apprise aux grilles des usines, quand nous débarquions avec nos tracts prétentieux qui invitaient à la lutte générale anticapitaliste, et la réponse, toujours la même, des mains de ceux qui prenaient ces bouts de papier et disaient en riant : “c’est quoi ? c’est du pognon ?” Telle était la “rude race païenne” », écrit Mario Tronti dans Nous opéraïstes. Le “roman de formation” des années soixante en Italie, Paris, Éditions de l’éclat, 2013, p. 24. « Peuple », parce qu’il y eut un « peuple communiste », dont l’Italie a témoigné, peut-être plus durablement qu’ailleurs en Europe, et dont la voix de Mario Tronti témoigne à son tour. Issu des milieux populaires romains, il sera l’une des figures les plus importantes de l’opéraïsme italien, au sein duquel s’est forgé ce style « scandé, ciselé, combatif, constant, agressif et lucide » (ibid., p. 19) dont il est l’héritier et qui donne à ses écrits une dimension quasi unique dans la prose politique du xx-xxi e siècle. Ce texte est une contribution à une discussion sur la question du « populisme » organisée par le Centro per la Riforma dello Stato. L’original italien a été publié dans la revue Democrazia e diritto, n° 3-4/2010.

      #Mario_Tronti #operaïsme

    • L’AUTONOMIE DU POLITIQUE CHEZ TRONTI, Toni Negri
      http://www.euronomade.info/?p=11938

      C’est à cette figure-là de l’histoire moderne, bien différente de la sienne, que j’étais, moi, profondément lié ; et je l’avais précisément appris d’Ouvriers et capital : il fallait suivre « l’histoire interne de la classe ouvrière », c’est-à-dire l’histoire de sa subjectivation progressive. Ce que je tentais de mettre en pratique, c’était le développement de l’intuition trontienne qui insistait sur la nécessité d’évaluer le degré de maturité auquel était arrivée la subjectivation de la force de travail, au point de – je cite Ouvriers et capital« compter vraiment deux fois dans le système de capital : une fois comme force qui produit le capital, et une autre fois comme force qui refuse de le produire ; une fois dans le capital, une fois contre le capital ».

      Ouvriers et capital, Mario Tronti (pdf)
      https://entremonde.net/IMG/pdf/entremonde-ouvriers_et_capital-tronti-livre-2-2.pdf

      #refus_du_travail #subjectivation #classe_ouvrière

    • "History has become small"
      Mario Tronti: I am defeated
      https://cominsitu.wordpress.com/2015/03/08/mario-tronti-i-am-defeated

      Under the soles of his shoes, you can still recognise the dirt of history. “This is all that remains. A mix of straw and shit by which we delude ourselves into erecting cathedrals to the worker’s dream.” Here’s a man, I say to myself, imbued with a consistency that bursts through in a total melancholy. It’s Mario Tronti, the most celebrated of the theorists of Operaismo. He has only recently finished writing a book on this subject: the origins of his thought, how it has changed and what it is today. I don’t know who will publish it (I would guess a decent publisher). I read a profound sense of despair. Like a chronicle of defeat articulated through the long agony of a past that has not yet passed at all, that refuses to die, but is no longer wanted.

      [...]

      How did your interest in Tai Chi start?

      Thanks to my daughter who loves and practices oriental culture. She would have wanted to become a nun, so she chose the same profound consistency in this world that I’ve only touched.

      Is there an element of unpredictability with children?
      Always: with individuals, just like with history.

      Did you expect that the story – I mean yours – would end this way?
      I always expect the best. Then come the knocks. Coming up against facts without an airbag can do you damage. I was a communist, marxist, operaista. Some things end. Some things last. I have learnt and applied the lesson of political realism: you can’t ignore the facts.

      And the facts today are indicative of a great crisis?

      Great and long. It concerns all of us a little, at many diverse levels. It’s lasted at least seven years and still nobody is able to tell us how to get out of it. We’re living in a time without epoch.

      What does it mean?
      It is our time, however it lacks an epoch: this period that has arisen and will continue into the future. History has become small, the daily report has prevalence: gossip, complaints, platitudes.

      #défaite #mélancolie_théorique (≠rien) #histoire #communisme

    • Partialité, initiative, organisation : les usages de Lénine par Tronti
      https://www.contretemps.eu/lenine-tronti

      Dans cette intervention, nous voudrons tenter un examen critique des usages de Lénine dans l’œuvre de Mario Tronti, en nous focalisant essentiellement sur les textes réunis dans Ouvriers et capital (1966), ouvrage central de l’expérience opéraïste classique telle qu’elle a été définie et délimitée par Tronti lui-même. Nous partons de l’idée que l’un des aspects les plus intéressants, sinon l’originalité principale de ce marxisme, a consisté dans l’affirmation de la centralité politique du travail. Affirmation théorique, mais qui est ancrée dans une situation sociale concrète : c’est au contact des jeunes générations ouvrières des années 60 et de leurs pratiques spécifiques d’insubordination que la pensée opéraïste découvre une subjectivité politique radicale à même le rapport social de production.

    • Un aventurier révolutionnaire dans l’interrègne. Mario Tronti (1931-2023)
      https://legrandcontinent.eu/fr/2023/08/08/un-aventurier-revolutionnaire-dans-linterregne-mario-tronti-1931-20

      Il est difficile de penser à une autre intelligence européenne qui soit passée de la culture du parti communiste et de l’horizon de la politique révolutionnaire — il était le cofondateur de l’influente revue Classe Operaia — à la participation parlementaire — en tant que sénateur du Partito Democratico — pour finir par un engagement profond dans la grammaire théologico-politique du christianisme occidental — allant jusqu’à professer une admiration univoque pour le pontificat de Benoît XVI, attitude théologique d’une gauche qu’on a pu qualifier de « marxiste ratzingerienne ». La pensée et l’activité politique de Tronti pourraient très bien être placées sous le signe de la figure de l’aventurier, c’est-à-dire de quelqu’un qui s’engage à prendre des risques, envers et contre toutes les mains tendues par le sens commun. Tronti gravitait en fait à cheval entre l’ethos de deux figures distinctes : l’aventurier preneur de risques et l’homme politique par vocation. Mais au fond de lui-même, il était convaincu que seule la première pouvait permettre à un homme politique passionné de s’acquitter véritablement de sa tâche.

      « Chez le Tronti tardif, la passion révolutionnaire devient une révocation de la politique moderne, sans pour autant renoncer au schisme contre la vie sociale comme condition préalable à la sérénité existentielle. » Gerardo Muñoz

    • « L’histoire, c’est eux, nous, c’est la politique ». Entretien avec Mario Tronti

      Mario Tronti (1931-2023), figure centrale de la culture marxiste de la seconde moitié du 20e siècle, est décédé le 7 août dernier. Dans cet entretien de 2016, inédit en français, il revient sur sa trajectoire militante et intellectuelle 👇

      https://www.contretemps.eu/mario-tronti-marxisme-operaisme

      Cet entretien a été conduit par Martin Cortes à Rome en février 2016 et fait partie de l’édition espagnole de La autonomía de lo político [L’autonomie du politique] (Buenos Aires, Prometeo, 2018). Il a été repris dans Jacobin America Latina le 8 août 2023. La traduction et les intertitres sont de Contretemps.

      https://twitter.com/SRContretemps/status/1690273066092244992

  • Mélanie Bourdaa : « Les communautés de fans se vivent comme des familles à part entière » – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/melanie-bourdaa-les-communautes-de-fans-se-vivent-comme-des-familles-a-pa
    https://www.liberation.fr/resizer/olVNAepqFbIA77AITWTbdn2oZ8g=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2249x1961:2259x1971)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/XR432X2F4NHXRF6PM3OY3XIX6A.jpg

    Selon la chercheuse en sciences de l’information, les fans, souvent vus comme des admirateurs écervelés et déchaînés, sont pourtant les vecteurs d’une production culturelle et politique prolifique.

    #Mélanie_Bourdaa #Fans

  • Only Fans (mais pas que) : l’avenir dépendra-t-il de la “fandom energy” ? - Mixte Magazine
    https://www.mixtemagazine.com/article/only-fans-militantisme-hysterie-fandom-energy

    Écrasé·e·s par les barrières aux abords des défilés, rabroué·e·s par des services de sécurité à cran, crevé·e·s par des heures d’attente à piétiner, les fans sont pourtant toujours déter’ à apercevoir leur star quelques secondes. Mais est-ce que pleurer et crier devant une célébrité suffit pour être un·e fan ? Pas du tout, et cette condescendance est à côté de la plaque. Chercheuse en sciences de l’information et de la communication et autrice de Les Fans, publics actifs et engagés (éd. C&F), Mélanie Bourdaa explique : “Le fan est un public expert et actif, intégré dans une communauté. Il pratique des activités de création (fanfiction, fanart, cosplay…) mais surtout, il produit du contenu et du sens.” Et cela n’a rien de nouveau. Selon le dictionnaire Merriam-Webster, le mot “fandom” remonte à 1903 : “La figure du fan existe depuis longtemps. Des conventions sur Sherlock Holmes ou la SF existaient dans les années 30 et les fanfics s’écrivaient déjà autour de Dickens. Plus récemment, le web a brisé les frontières. Le chercheur Henry Jenkins parle de ‘caisse de résonance’. Cela a rendu les fandoms plus visibles.” Et même incontournables. Car, de nos usages web jusqu’à des initiatives activistes en passant par des décisions juridiques, la fandom energy s’infiltre partout dans notre quotidien. La preuve en six points.

    Lorsque les One Direction passent chez James Corden, celui-ci dit : “J’ai reçu tellement de tweets de vos fans à ce propos, que si je ne vous pose pas de questions là-dessus, il·elle·s pourraient me tuer”. Et ça marche : même les médias trouvent la démarche “punk” pour son approche DIY. Même chose du côté des séries. Selon Mélanie Bourdaa, “les fandoms peuvent avoir une action sociale, culturelle et politique, ils se servent de la narration comme levier d’engagement pour mener des actions politiques ou un activisme social, auprès des lobbies ou des productions. Parfois, les showrunners les mobilisent, en cas d’annulation de la série par exemple. Mais ils peuvent aussi exprimer leur désaccord : par exemple, lorsqu’un personnage lesbien est mort dans la série The 100, la communauté a levé des fonds pour protéger les personnes LGBTQ+.”

    Alors que Meta (ex-Facebook) est en crise et que Twitter est un “shitshow” complet depuis l’acquisition d’Elon Musk, les fandoms migrent vers d’autres réseaux. Mélanie Bourdaa prédit : “Ils se baladent de plateforme en plateforme : ils les comprennent, puis braconnent les usages pour se les approprier. En ce moment, les fans réinvestissent Tumblr, mais aussi les forums comme Reddit, qui avaient été mis de côté, et surtout, Discord.” Comprendre : un retour à des pratiques moins exposées et plus underground. Car si les réseaux sociaux sont devenus des plateformes inévitables, c’est en partie grâce aux fans.

    #Fans #Mélanie_Bourdaa

  • Mélange d’épices mexicaines
    https://www.cuisine-libre.org/melange-epices-mexicaines

    Mélange bien équilibré, plutôt piquant mais savoureux, pour les viandes à burritos ou fajitas et pour les chilis. Mélanger ensemble tous les ingrédients dans un sol à l’aide d’une spatule en bois pour bien homogénéiser. Conserver dans un pot hermétique à l’abri de la lumière, de l’humidité et de la chaleur. #Cumin, #Origan, #Paprika, #Mélanges_d'épices, #Mexique, #Chili / #Sans gluten, Végétalien (vegan), #Sans viande, #Végétarien, #Sans œuf, #Sans lactose

    #Végétalien_vegan_

  • Mélanie BOURDAA, Les Fans. Publics actifs et engagés, Caen, C&F Éditions, coll. « Les enfants du numérique », 2021, 310 p. | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-reseaux-2022-5-page-285.html

    Les Fans. Publics actifs et engagés est un ouvrage tiré de l’habilitation à diriger des recherches de Mélanie Bourdaa, travail engagé en sciences de l’information et de la communication. Elle s’intéresse aux pratiques « faniques » ayant lieu autour des séries télévisées, notamment à l’heure d’internet, et plus particulièrement à l’identité des fans et à leur engagement social. L’objectif est alors de comprendre « les enjeux des activités et pratiques des fans en lien avec le monde social, politique et culturel » (p. 29), donc comment les activités des fans peuvent être des activités qui investissent des débats sociétaux, tels les mouvements féministes ou LGBTQ+. Son ouvrage est composé de deux parties, chaque partie étant divisée en trois chapitres. Une première partie intitulée « Politique(s) du et des fans : activisme et engagement social », réalise une revue de littérature sur ce que sont les fans studies et sur l’importance des représentations fictionnelles dans le cadre notamment des coming-out pour les publics non hétérosexuels. La seconde partie, « Pratiques de fans », analyse ce que font les fans, aussi bien à travers leur engagement dans un collectif que dans l’acquisition de compétences.

    #Fans #Mélanie_Bourdaa

  • Bourdaa Mélanie. Les fans : Publics actifs et engagés
    https://journals.openedition.org/rfsic/13695

    Recension par Hélène Breda dans la revue de la SFIC

    L’ouvrage de Mélanie Bourdaa, tiré de ses travaux d’HDR, apporte une importante contribution en langue française aux études de fans (fan studies), ici incorporées aux Sciences de l’Information et de la Communication (SIC). Son propos y est développé en deux temps. La principale question qui le traverse est centrée sur les liens qui unissent les fans, en tant que publics actifs et créatifs, au contexte social dans lequel ils sont ancrés. L’autrice entend ainsi battre en brèche les préjugés parfois tenaces selon lesquels les fans seraient des personnes obsessionnelles et déconnectées de la réalité.
    La première partie se saisit justement des enjeux politiques sous-tendus par certaines activités et pratiques faniques : Bourdaa y montre que les fans de séries télévisées sont des individus insérés dans un collectif, qui interagissent à la fois entre eux, avec des textes médiatiques et avec leurs producteurs.

    Le second chapitre aborde les engagements culturels et politiques des fans, qui s’expriment à travers certaines de leurs pratiques.

    Dans le chapitre suivant, Mélanie Bourdaa articule des questions de représentations d’identités culturelles dans plusieurs séries télévisées à leur réception engagée par leurs publics, et au premier chef par des personnes issues des groupes minorisés montrés à l’écran.

    La seconde partie de l’ouvrage aborde pour sa part les pratiques de fans. Son premier chapitre revient sur la question de l’identité du fan, pour rappeler qu’elle est double : il se forge une individualité distinctive à travers sa passion, mais s’inscrit dans le même temps au sein d’un groupe de pairs, qui peut être doté d’un nom de communauté. Le fandom constitue ainsi « un point d’ancrage fort qui crée une identité collective sociale affirmable et reconnaissable »

    L’autrice approfondit dans le chapitre suivant la question de l’acquisition de compétences à travers les pratiques de fans, dans la lignée de recherches antérieures sur les « transformative works » (activités transformatrices [des œuvres de départ]). À l’instar des chapitres précédents, celui-ci montre que des pratiques qui existaient de longue date se développent désormais majoritairement en ligne et sont façonnées par le numérique.

    L’ouvrage s’achève sur l’étude d’un fandom particulier, celui des Earpers, les fans de la série Wynona Earp. Toujours dans une posture d’ « ethno-fan », l’autrice s’est livrée conjointement à la collecte et l’analyse de traces en ligne et à l’étude des réponses à un questionnaire qu’elle a fait circuler sur Twitter. Cela lui permet de ressaisir et d’approfondir un certain nombre d’aspects évoqués précédemment.

    Mélanie Bourdaa propose avec Les fans. Publics actifs et engagés un ouvrage qui présente des qualités de synthèse et qui, tout en étant arrimé à une solide bibliographie (largement anglophone), parvient à appuyer son propos sur des études de cas originales menées par l’autrice. L’on pourra dès lors espérer que sa publication marquera un jalon dans le déploiement hexagonal des fan studies dans le champ des SIC.

    #fans #Fandom #Mélanie_Bourdaa

  • La #Bretagne connaît un taux de #cancer de la #peau trois fois supérieur à la moyenne nationale - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/societe/sante/la-bretagne-connait-un-taux-de-cancer-de-la-peau-trois-fois-superieur-a-l

    Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette singularité de la péninsule armoricaine, avec près d’un millier de #mélanomes diagnostiqués chaque année et, chez la #femme, « une #surmortalité importante de 28 % par rapport à la France métropolitaine », selon l’Assurance maladie. En premier lieu, les habitants ont tendance à ne pas se protéger face à une météo parfois fraîche et nuageuse. « Or, malgré tout ce qu’on dit (sur le climat breton), la Bretagne a quand même une incidence #UV importante », note le dermatologue Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermato-vénéréologues (SNDV).

    « Les coups de soleil peuvent aussi se produire quand la température est plus faible, au niveau de l’intensité à partir du niveau UV 3, il faut se protéger et pas qu’à la plage », renchérit Élodie Poullin.

    Autre explication à cette singularité bretonne : le peuplement. « Parmi la population, on a beaucoup de phototype 1. Quand on a une peau, les yeux, une carnation, une couleur de cheveux claire, on est plus à risque génétiquement de développer un cancer », souligne Élodie Poullin.

    Enfin, dans une région où les côtes se comptent en milliers de kilomètres, les habitants ont tendance à être beaucoup en extérieur, sans compter une importante population d’agriculteurs et de pêcheurs « qui s’exposent continûment » sans avoir toujours le réflexe d’utiliser de la crème solaire, relève Nicole Cochelin, dermatologue à Montfort-sur-Meu, à l’ouest de Rennes.

    #santé

  • Épices de la joie
    https://www.cuisine-libre.org/epices-de-la-joie

    Saviez-vous que certaines épices procurent plus de joie que d’autres ? La noix de #Muscade, la #Cannelle et le #Clou_de_girofle. Parfumez vos recettes avec une de ces épices et votre cœur s’emplira de joie ! Le mieux étant de les associer en les broyant au mortier jusqu’à obtention d’une poudre homogène, en faisant attention à ne plus laisser de morceaux. Cannelle, Clou de girofle, Muscade, #Mélanges_d'épices / Végétalien (vegan), #Sans gluten, #Sans viande, #Végétarien, #Sans œuf, #Sans lactose

    #Végétalien_vegan_ #Hildegarde

  • Être fan, une admiration qui aide à grandir
    https://www.ouest-france.fr/education/parents-enfants/etre-fan-une-admiration-qui-aide-a-grandir-d702ee8e-198c-11ed-8966-3007
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMjA4NjI3NTllNWZlZGRkODQwMTJjMjlkOWI4M2Q2NzhiMzY?width=1260&he

    Des posters plein les murs, des albums écoutés en boucle dans leur chambre, des répliques de film apprises par cœur. Ils sont fans et leurs parents ne comprennent pas toujours pourquoi. Une admiration qui ne se limite pas qu’à l’adolescence. Il est bon de se rappeler que l’attitude de fan peut apparaître dès tout petit, "en voulant toute la chambre et les vêtements Pat’patrouille"​, donne pour exemple la psychologue clinicienne Aline Nativel Id Hammou. Aux environs de "trois ans"​, votre enfant, déjà, peut être fan.

    "« Les pratiques ne sont pas différentes selon les âges"​, rapporte Mélanie Bourdaa, sociologue spécialiste des fan studies . "Souvent on va vers ce qui nous ressemble quand on est plus jeune"​, distingue Aline Nativel Id Hammou,"et après on a envie de développer ses traits de personnalités ou en découvrir d’autres. On projette un idéal." ​Celui qui vient parfois combler un manque : "La force, le courage, la beauté… Moi je m’aperçois que je n’ai pas ça, mais en même temps ce personnage que j’adore va peut-être me donner la force, le courage ou l’envie de développer des compétences que je n’ai pas."

    Matéo*, 18 ans, est fan depuis ses 16 ans de Dua Lipa. Il a trouvé chez elle des "points communs" ​et dans ses paroles le sentiment de"ne pas être seul"​. "Je suis bisexuel et j’ai eu beaucoup d’histoires avec des garçons comme des filles. C’était très compliqué pour moi d’accepter ça. Dua lipa, elle, est très ouverte à "

    #Mélanie_Bourdaa #Fans

  • Les fans : l’armée des ombres | Illustré
    https://www.illustre.ch/magazine/les-fans-larmee-des-ombres-526509

    Spécialiste des fans de séries télé, la sociologue Mélanie Bourdaa décrypte leur effervescence dans un nouvel essai : « Les fans. Publics actifs et engagés » (C&F Editions). « Un fan est quelqu’un qui participe à un collectif social pour produire du sens et du contenu, et faire preuve d’expertise, qui est la définition même du fan : il va connaître par cœur une œuvre ou un artiste, ainsi que tout son univers, pour défendre ce qu’il aime », résume-t-elle. Le fan aime retrouver ses pairs pour partager la même passion, mais aussi déployer des pratiques créatives. Fanfiction, « fan art » (la pratique de dessins et collages), création de sites encyclopédiques et de musées virtuels dédiés à l’objet de son affection, sans oublier le cosplay, cet art de créer ses propres déguisements autour de l’univers d’une œuvre, et maintenant « random dances »…

    Loin d’être un consommateur passif, le fan est même très solidaire, précise Mélanie Bourdaa : « A chaque fois, dans ces communautés, un partage collaboratif de compétences va se mettre en place, à travers des tutos ou du mentorat. Ce partage du lien social peut aller jusqu’à l’activisme partagé : les fans questionnent souvent l’identité́ sexuelle, le racisme ou le genre à travers leurs productions, par exemple. » Les fans ont même une telle puissance qu’ils ont façonné les réseaux sociaux, selon Kaitlyn Tiffany, journaliste pour le média « The Atlantic » et elle-même fan du « boys band » One Direction à l’adolescence. Profitant de sa connaissance pointue de ce « fandom », elle décortique le monde souterrain des fans dans un livre paru en juillet : « Everything I Need I Get from You ».

    #Mélanie_Bourdaa #Fans #Fan_studies

  • [C&F] Fans et culture participative
    http://0w0pm.mjt.lu/nl2/0w0pm/1wnx.html?m=ANAAAL8AzPUAAABDDD4AAAkTGo0AAAAAtBIAAK4dABjAHgBiAk7C1NYIUIkJSZ

    Fans et culture participative

    Bonjour,

    Trop souvent on confond « fans » et « passivité devant des héros ». On réduit le ou la fan à la multiplication des affiches dans les chambres d’adolescents. Si bien qu’être fan comporte trop souvent une connotation négative.

    Le livre de Mélanie Bourdaa, au contraire, montre le côté dynamique de la fan-attitude, celle qui s’inscrit dans la culture participative, qui part d’un produit culturel mainstream pour ajouter une créativité propre, et des formes d’engagement originales.

    Les fans. Publics actifs et engagés
    Mélanie Bourdaa
    13,5 x 20 cm. - 312 p.
    Collection Les enfants du numérique
    version imprimée : 23 € - ISBN 978-2-37662-029-7
    version epub : 9 € - ISBN 978-2-37662-041-9

    Commander en ligne (imprimé ou epub) : https://cfeditions.com/fans

    Dans son ouvrage, Mélanie Bourdaa a particulièrement étudié les fans des séries d’origine américaine (Battlestar Galactica, The 100, Wynona Earp...). Elle a découvert des pratiques d’entraide très fortes entre membres d’un fandom, tant dans l’échange de savoirs sur les séries, que de capacité de mobilisation autour des séries. Le fandom constitue en effet une ouverture passionnante : quand les personnes marginalisées s’identifient aux héros et héroïnes des séries pour défendre leurs droits à la différence. L’autrice s’est particulièrement penchée sur les jeunes personnes LGBTQ+ pour lesquelles la présence de personnages dans les séries est un grand soutien... mais aussi souvent une source de grande colère. Il existe en effet un trope récurrent dans les séries : quand un ou une personnage fait son coming out... elle va décéder peu après. Ce trope est nommé « bury your gay », et les fans en ont fait un objet de mobilisation et de dénonciation, afin que les scénaristes puissent laisser se développer les caractères qui s’écartent du chemin hollywoodien.

    Ce livre devrait être lu par toutes les personnes travaillant avec des adolescents (enseignants, documentalistes, animateurs culturels...). Il permet de mieux comprendre et aborder les investissements des fans dans la culture participative.

    Télécharger un extrait spécimen : https://cfeditions.com/fans/ressources/Fans_SPECIMEN.pdf

    On en parle

    « Les fans. Publics actifs et engagés est un livre passionnant sur les fans que tout chercheur ou passionné de fandom devrait avoir dans sa bibliothèque. En effet, cet ouvrage donne un point de vue intéressant sur des enjeux actuels abordé dans les fan studies, notamment les représentations fictionnelles des minorités sexuelles. »
    Christine Hébert, Nous sommes Fans

    « Chapitre après chapitre, Mélanie Bourdaa démonte les clichés et défend son sujet d’étude, loin d’être niche. Car parler des fans, c’est aussi traiter de politique, de féminisme, de racisme, d’homosexualité, du corps, d’économie des médias, d’archivage du web... et surtout, le besoin de construire sa propre famille. »
    Lucie Ronfaut, Newsletter Règle 30

    « Toujours autour de The 100, les fans, après avoir évacué leur sentiment de frustration, se sont mobilisés pour lever des fonds pour The Trevor Project (une association de soutien aux LGBTQ+) et rédiger une charte demandant une meilleure représentation des personnages lesbiens dans les séries. La fiction devient ici un levier d’engagement des fans dans des actions civiques. Ils se servent de la narration et des personnages de leur série préférée pour se mobiliser, agir et faire connaître leurs actions. »
    Myriam Bahuaud, Traversées

    « De son côté, Mélanie Bourdaa, maîtresse de conférences à l’Université Bordeaux Montaigne, considère que “le fait de se voir représenté à l’écran compte énormément". Lorsque le film Wonder Woman de Patty Jenkins est sorti en 2017, de nombreuses filles ont vu pour la première fois un personnage super-héroïque féminin à la tête d’un film. Elles pouvaient alors s’identifier. Et il est aujourd’hui de plus en plus fréquent que des séries reposent entièrement sur des femmes en tant que premiers rôles, comme The 100.” »
    Salammbô Marie, Ouest-France


    Retrouvez Mélanie Bourdaa en podcast :

    Lost in documentation, avril 2021 : https://lostindoc.wordpress.com/2021/04/21/melanie-bourdaa

    Livres en séries, novembre 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=NjRkDBgEKhM&t=1s

    Radio-Télévision suisse – Tribu, octobre 2021 : https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/les-fans-25773319.html

    Le livre est disponible par commande chez tous les libraires, en magasin ou en ligne, ainsi que sur le site de C&F éditions.

    Bonne écoute et bonne lecture,

    Hervé Le Crosnier

    #Mélanie_Bourdaa #Fans

  • Assaisonnement dukkah
    https://www.cuisine-libre.org/assaisonnement-dukkah

    Faire griller les noisettes dans une poêle sèche sans les faire brûler. Faire griller le sésame sans le faire brûler. Faire griller les graines de #Tournesol, de coriandre, de #Cumin. Retirer du feu quand on sent le parfum des épices. Hacher grossièrement les noisettes au couteau. Piler au mortier le sésame, les graines de tournesol, de coriandre et de cumin, avec le sel et le poivre. Attention : concasser, ne pas écraser. Mélanger les graines et les noisettes avec le… Tournesol, Cumin, Coriandre (en graines), #Mélanges_d'épices, #Noisette_décortiquée, #Graines_de sésame, #Égypte / #Végétarien, #Sans viande, #Sans œuf, #Sans lactose, Végétalien (vegan), Sans (...)

    #Coriandre_en graines_ #Végétalien_vegan_ #Sans gluten

  • Shannon Liao sur Twitter :
    https://twitter.com/Shannon_Liao/status/1475663471530455044

    BREAKING NEWS: Riot Games settles the 2018 California gender discrimination suit for $100 million. $80 million will go to women employees and contractors at Riot who worked there between 2014 and now.

    Riot Games agrees to pay $100 million in settlement of class-action gender discrimination suit - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/video-games/2021/12/27/riot-discrimination-100-million-settlement

    “League of Legends” publisher Riot Games announced Monday that it is settling a 2018 gender-based discrimination class-action suit with California state agencies and current and former women employees for $100 million. The company will pay $80 million to members of the class-action suit and approximately $20 million toward plaintiffs’ legal fees.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #riot_games #justice #accord #discrimination #finance #business #melanie_mccracken #jess_negrón #harcèlement_sexuel #bro_culture #sexisme #genie_harrison #dfeh #nicolas_laurent #sharon_o_donnell

  • S01e01 – Mélanie Bourdaa : « Les pratiques de fans existent depuis très longtemps… » – Lost in documentation
    https://lostindoc.wordpress.com/2021/04/21/melanie-bourdaa

    L’interview d’aujourd’hui nous amène à la rencontre de Mélanie Bourdaa, maitresse de conférences HDR à l’Université Bordeaux 3 en Sciences de l’Information et de la Communication, et membre du laboratoire MICA (Médiation, Information, Communication, Arts).

    Nous reviendrons avec elle sur son parcours et sur ses recherches en lien avec le transmédia et les fans de séries télévisées américaines.

    #Fans #Mélanie_Bourdaa

  • J’ai lu : Les fans. Publics actifs et engagés – Nous sommes fans
    https://noussommesfans.com/2021/11/08/jai-lu-les-fans-publics-actifs-et-engages

    À quand remonte la dernière fois que vous avez aperçu un livre dans une librairie ou sur le Web et que vous vous êtes dit : « Il me faut absolument ce livre dans ma bibliothèque » ? C’est la réaction que j’ai eue en apprenant la parution du plus récent livre de Mélanie Bourdaa (et aussi en apprenant la sortie prochaine du livre Pour que tu mèmes encore, mais ça, c’est une autre histoire).

    Que vous soyez ou non familier avec les fan studies, je vous invite à lire le résumé qui suit.

    #fans #Mélanie_Bourdaa #Fan_studies

  • Les fans - rts.ch - Portail Audio
    https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/les-fans-25773319.html
    https://www.rts.ch/rts-online/medias/images/2021/thumbnail/8luwwh-25773320.image?w=1200&h=630

    A notre époque connectée, où chacun crée et consomme du contenu, les fans représentent une nouvelle communauté. A travers quels médias le sentiment d’appartenance est-il le plus fort ? Quelles interactions entre eux et avec leur idole en découlent ? Et si l’étude des fans nous permettait de mieux comprendre la société ? Tribu développe le sujet en compagnie de Mélanie Bourdaa, maitresse de conférences HDR en Sciences de lʹinformation et de la communication à lʹuniversité Bordeaux Montaigne. Elle publie « Les Fans. Publics actifs et engagés » aux Editions C & F.

    #Fans #Mélanie_Bourdaa #Radio_Télévision_Suisse