• Épisode 1/4 : Des #bénévoles dans les airs face à l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes, #Frontex

      Depuis 2018, l’ONG #Pilotes_Volontaires survole le large des côtes libyennes pour localiser les bateaux de fortune en détresse qu’empruntent les migrants pour tenter de rejoindre l’Europe.

      #José_Benavente fait ce triste constat : « les agences européennes comme Frontex espéraient que mettre un terme à l’opération "#Mare_Nostrum" rendraient les traversées plus difficiles et opéreraient un effet de dissuasion pour les migrants qui tentent de traverser la mer ». Or depuis leur petit avion d’observation, le Colibri 2, ils aident les bateaux qui sont évidemment toujours présents dans la zone à opérer des sauvetages plus rapidement.

      D’autres avions, ceux de Frontex notamment, transitent aussi par là pour permettre aux gardes côtes libyens d’opérer toujours plus d’interceptions synonymes d’un retour en enfer pour les migrants qui tentent justement de fuir coûte que coûte ce pays en proie à la guerre civile. Comme le regrette #Charles_Heller « les migrants fuient la Libye, où ils sont réduits à l’esclavage, aux travaux forcés, à la torture. Les migrants sont devenus un objet qui circule de main en main, que ce soit les milices ou les centres de détention de l’Etat. Aucune opération de secours en mer dans la zone libyenne ne peut effectivement être terminée de manière adéquate et respectueuse du droit international, dès lors que les passagers sont ramenés dans un pays où leur vie est en danger ».

      Surveillance et interception d’un côté, contre surveillance et sauvetage de l’autre, ce documentaire retrace l’histoire récente de ce qui se trame dans les airs et en mer depuis l’arrêt en 2014 de l’opération "Mare Nostrum" initiée par la marine italienne et qui avait permis de sauver des dizaines de milliers de vies car comme le rappelle Charles Heller : « l’Union européenne a sciemment créé ce vide de secours d’abord, et ce système de refoulement indirect ensuite. Et les avions de surveillance européens sont au cœur de ce dispositif » et José Benavente ajoute « lorsqu’on survole la Méditerranée, on n’est pas au-dessus d’un cimetière. On est littéralement au-dessus d’une fosse commune ».

      Avec :

      – Jose Benavente, fondateur de l’ONG Pilotes Volontaires ONG Pilotes Volontaires
      - Charles Heller, chercheur et cinéaste, co-fondateur du projet Forensic Oceanography

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/des-benevoles-dans-les-airs-face-a-l-agence-europeenne-de-garde-frontier
      #frontières #sauvetage_en_mer #sauvetage #Méditerranée #mer_Méditerranée #asile #migrations #réfugiés #gardes-côtes_libyens #pull-backs #solidarité

    • Épisode 2/4 : De l’#apprentissage à l’#expulsion

      Les initiatives pour alerter sur la condition des jeunes majeurs étrangers en passe d’être expulsés se multiplient partout en France.

      La très médiatique grève de la faim de Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon, tentant d’empêcher l’expulsion vers la Guinée de son apprenti Laye Fodé Traoré, a fait des émules : “j’ai reçu énormément d’appels de patrons qui étaient dans la même problématique que moi et ça m’a posé question. Je savais qu’il y avait des milliers de Laye en France, mais que je ne m’étais jamais posé la question. Et là, je me suis dit il faut faire quelque chose.”

      Dans la Marne, les militants épuisés, par l’aberration du système, comme l’explique Marie-Pierre Barrière : “il faut une autorisation de travail pour aller au CFA et il faut un titre de séjour. Donc ils ne peuvent pas travailler avec un patron parce qu’ils ne l’ont pas. C’est le serpent qui se mord la queue”.

      Pourtant quelques chefs d’entreprise commencent à timidement à protester contre les mesures d’expulsion de leurs apprentis étrangers. C’est le cas de Ricardo Agnesina : _“_je suis furax parce que quand on a justement des éléments comme Souleyman, on se dit il ne faut pas le louper parce que c’est réellement quelqu’un à qui il faut donner sa chance. Qu’il vienne de Guinée, de Pologne, de Normandie ou du sud de la France, peu importe, c’est quelqu’un qui a envie de travailler et qui a envie d’apprendre un métier donc on n’a pas le droit de lui dire non.”

      Ces patrons et artisans de secteurs dits "en tension" comme la restauration et le bâtiment se trouvent, par le biais de la défense de leurs intérêts, nouvellement sensibilisés à la question migratoire sont interdits face à l’arbitraire des décisions préfectorales qu’ils découvrent alors qu’ils peinent à embaucher des jeunes compétents. Bruno Forget, président de la foire de Châlons-en-Champagne s’indigne : “aujourd’hui, on vit une véritable hérésie. J’ai un cas précis d’une personne qui ne peut pas avoir de boulot parce qu’elle n’a pas de papiers. Et cette personne n’a pas de papiers parce qu’on ne peut pas fournir un certificat d’employeur. On se pince ! Il faut s’indigner ! ”

      Avec :

      – Mamadou, jeune apprenti guinéen
      - Souleimane, jeune apprenti guinéen
      - Laye Fodé Traoré, jeune apprenti guinéen
      - Marie-Pierre Barrière, militante Réseau Education Sans Frontières (RESF)
      – Stéphane Ravacley, boulanger, fondateur de l’association Patrons solidaires
      – Riccardo Agnesina, chef d’entreprise
      – Bruno Forget, directeur de la foire de Châlons-en-Champagne
      – M. et Mme Ansel, restaurateurs à Reims
      – Alexandrine Boia, avocate au barreau de Reims

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/de-l-apprentissage-a-l-expulsion-4412030
      #travail #sans-papiers

    • Épisode 3/4 : #Femmes migrantes invisibles

      Statistiquement plus nombreuses que les hommes sur les chemins de l’exil, les femmes sont pourtant les grandes absentes du récit médiatique et de la recherche scientifique dans le domaine des migrations.

      Pour comprendre l’invisibilité Camille Schmoll constate : “il y a aussi un peu d’auto-invisibilité de la part des femmes qui ne souhaitent pas forcément attirer l’attention sur leur sort, leur trajectoire. La migration reste une transgression” et remarque que cette absence peut servir un certain discours “ or, quand on veut construire la migration comme une menace, c’est probablement plus efficace de se concentrer sur les hommes.”

      Depuis plus d’un demi-siècle, les bénévoles de l’Association meusienne d’accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI) viennent en aide aux personnes migrantes présentes sur leur territoire, aux femmes notamment. Camille Schmoll rappelle cette situation : “il y a toujours eu des femmes en migration. On les a simplement occultés pour différentes raisons. En fait, ce sont à l’initiative de femmes, de chercheuses féministes que depuis les années 60-70, on redécouvre la part des femmes dans ces migrations. On sait qu’elles étaient très nombreuses dans les grandes migrations transatlantiques de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. "

      Confrontées tout au long de leurs parcours migratoires mais également dans leur pays de destination à des violences de genre, ces femmes ne sont que trop rarement prises en compte et considérées selon leur sexe par les pouvoirs publics. Majoritairement des femmes, les bénévoles de l’AMATRAMI tentent, avec le peu de moyens à leur disposition de leur apporter un soutien spécifique et adapté.  Lucette Lamousse se souvient “elles étaient perdues en arrivant, leur première demande c’était de parler le français”. Camille Schmoll observe un changement dans cette migration : “les femmes qui partent, partent aussi parce qu’elles ont pu conquérir au départ une certaine forme d’autonomie. Ces changements du point de vue du positionnement social des femmes dans les sociétés de départ qui font qu’on va partir, ne sont pas uniquement des changements négatifs”.

      Avec

      - Aïcha, citoyenne algérienne réfugiée en France
      - Mire, citoyenne albanaise réfugiée en France
      - Salimata, citoyenne ivoirienne réfugiée en France
      - Lucette Lamousse, co-fondatrice de l’Association meusienne d’accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI)
      - Colette Nordemann, présidente de l’AMATRAMI
      - Camille Georges, médiatrice socioculturelle à l’AMATRAMI
      – Khadija, employée à l’AMATRAMI
      – Camille Schmoll, géographe, autrice de Les damnées de la mer (éd. La Découverte)
      - Élise Buliard, animatrice famille à l’AMATRAMI

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/femmes-migrantes-invisibles-6230660
      #femmes_migrantes #invisibilisation

    • Épisode 4/4 : Une famille afghane en #Touraine

      Comment Aziz et les siens négocient-ils leur exil en Touraine ? 

      Après des années d’une attente angoissée que la France veuille bien lui fournir un sauf conduit pour fuir la menace des Talibans en Afghanistan, Aziz, ancien Personnel Civil de Recrutement local (PCRL) de l’armée française est en sécurité dans le village d’#Avoine (Indre-et-Loire) avec son épouse et leurs six enfants. Mais comme le précise le maire de la commune d’Avoine : “une petite commune comme nous de 1900 habitants quand vous avez 10 réfugiés sur le terrain de la commune, ils sont acceptés, les gens sont très généreux avec eux et ils sont très acceptés. Si demain vous m’en mettez 200 sur un terrain de la commune, là vous risquez d’avoir des problèmes”.

      Quoique libéral car il a créé un lycée pour filles, Aziz est originaire d’une petite ville de province, patriarcale, religieuse et conservatrice qu’il a laissée derrière lui pour découvrir le monde jusque-là inconnu d’une société sécularisée. Ancien notable de cette petite ville qui l’a vu naître, il doit désormais vivre l’expérience du déclassement et de l’anonymat : “j’ai tout laissé derrière et j’ai le sentiment de ne plus avoir de valeur” . Mais il doit aussi faire face et tenter d’accepter la transformation de ses plus jeunes enfants qu’il a confiés aux bons soins de l’école de la République. Et l’adaptation n’est pas toujours évidente, ainsi son épouse qui à la nostalgie du pays, se sent mise à nue depuis le jour où elle a dû quitter sa burka : “c’était la première fois que je n’avais pas le visage caché. Nous portions toujours le voile avant. Je me sentais très bizarre. Je ne pouvais pas regarder les gens. C’était étrange, difficile”

      Le couple est vigilant et craint que leurs enfants perdent peu à peu l’usage de leur langue, le pashto : "j’espère que mes filles et mes fils n’oublieront pas l’islam, leur langue maternelle et leur éducation. Les quatre plus grands sont âgés et nous devons faire attention aux deux petites filles parce qu’elles sont petites. Elles oublient facilement la culture.”

      Avec :

      - Aziz Rahman Rawan, citoyen afghan réfugié en France, son épouse Bibi Hadia Azizi et leurs enfants
      - Julie Vérin, artiste
      – Françoise Roufignac, enseignante à la retraite
      – Didier Godoy, maire d’Avoine (Indre-et-Loire)
      – Christelle Simonaire, parente d’élève
      – M. Galet, directeur de l’école primaire d’Avoine
      – Mme Camard, enseignante à l’école primaire d’Avoine
      – Pauline Miginiac, coordinatrice régionale en Formation professionnelle à l’Union française des centres de vacances (UFCV)

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-famille-afghane-en-touraine-6456038
      #réfugiés_syriens

  • Un cas d’école de génocide | Raz Segal
    https://cabrioles.substack.com/p/un-cas-decole-de-genocide-raz-segal

    · Note de Cabrioles : Nous aurions aimé ces denières semaines trouver les forces nécessaires pour visibiliser la situation palestinienne tout en réalisant un dossier sur la pandémie dans le contexte colonial palestinien.

    Nous aurions sûrement traduit des articles de The Pandemic and #Palestine_, le numéro du _Journal of Palestine Studies de 2020 dédié à la #pandémie. Peut-être des extraits de l’interview que sa coordinatrice Danya Qato avait donné à nos camarades de Death Panel. Fouiller dans les articles de Nadia Naser-Najjab qui a donné une conférence The Darkest Side of #Covid-19 in Palestine et publiera en 2024 un livre intitulé Covid-19 in Palestine, The Settler Colonial Context. Enfin nous vous aurions invité à relire l’interview de Danya Cato traduite en 2020 dans À l’encontre et cet article d’ACTA paru en avril 2020 : Le peuple palestinien entre pandémie, harcèlement colonial et autodéfense sanitaire.

    Mais ces forces nous font pour le moment défaut. Pour autant nous ne pouvons nous taire sur ce qui se passe au Moyen Orient ces dernières semaines. Notre voix est faible, mais dans ces moments d’effondrement général il semblerait que chaque voix compte. La pandémie de Covid-19 nous a mis face à deux phénomènes majeurs : la production industrielle de l’insensibilisation à la mort de masse et la complaisance abyssale de la #gauche avec l’#antisémitisme.

    Le premier a de multiples racines dont les principales sont le #colonialisme et le #racisme meurtrier qui structurent le #capitalisme_racial et ses ressorts eugénistes. Racisme, #validisme et #eugénisme sont historiquement inextricables. Les plus de 300 morts par jour de novembre 2020 à avril 2021, et les dizaines de milliers qui ont précédées et suivies, ont pu être d’autant plus facilement acceptées et oubliées qu’elles touchaient d’abord les #classes_populaires racisées, et que depuis des années nous avions été habitué·es au décompte des morts dans la #méditerranée de personnes en exil. En les déshumanisant, en en faisant un rebut.

    Le second phénomène, l’antisémitisme au sein de la gauche, nourrit les rapprochements et dangers les plus corrosifs à force d’être nié par celle-ci. Nous avons vu de larges pans de la gauche et des mouvements #révolutionnaires défilés aux côté d’antisémites assumés, prendre leur défense, relativiser le génocide des Juifves d’Europe. Nous avons vu nombres de camarades se rapprocher de formations fascisantes en suivant cette voie. À travers l’antisémitisme la #déshumanisation des Juifves opère en en faisant non un rebut mais un groupe prétendument homogène qui détiendrait le pouvoir, suscitant des affects de haine d’autant plus féroces.

    Ces deux phénomènes ont explosé ces dernières semaines. À l’#animalisation des palestinien·nes en vue de leur #nettoyage_ethnique est venue répondre la culpabisation par association de toute la #population_israélienne, si ce n’est de tous les Juifves de la terre, aux massacres perpétués par le gouvernement d’#extrême-droite de l’État d’#Israël et les forces capitaliste occidentales.

    La projet de #colonisation de la Palestine est né des menées impérialistes de l’#occident capitaliste et de l’antisémitisme meurtrier de l’#Europe. Ils ne pourront être affrontés séparément. Les forces fascisantes internationales qui prétendent désormais sauver le capitalisme des désastres qu’il a produit par un #nationalisme et un #suprémacisme débridé, se nourrissent de l’intensification de tous les racismes - #islamophobie, antisémitisme, #négrophobie, #antitsiganisme, #sinophobie…- en vue de capturer les colères et de désigner comme surplus sacrifiables des parts de plus en plus larges de la population.

    En #France l’extrême-droite joue habilement de l’islamophobie et de l’antisémitisme structurels, présents jusque dans les rangs de la gauche radical, en potentialisant leurs effets par un jeu de miroirs explosif.

    Face à cela il nous faut un front uni qui refuse la déshumanisations des morts et des #otages israelien·nes tout en attaquant le #système_colonial qui domine et massacrent les palestinien·nes. Il nous faudra également comprendre l’instrumentalisation historique des Juifves et de l’antisémitisme par l’#impérialisme_occidental dans la mise en place de ce système.

    Nous n’avons pas trouvé les forces pour faire ce dossier. Nous republions donc ce texte important de l’historien israélien Raz Segal paru il y a maintenant deux semaines dans la revue Jewish Current. Deux semaines qui semblent aujourd’hui une éternité. Il nous faut nous organiser pour combattre de front la montée incendiaire de l’antisémitisme et de l’islamophobie. Et faire entendre haut et fort :

    Un #génocide est en cours en Palestine.
    Tout doit être fait pour y mettre un terme.

  • EU to step up support for human rights abuses in North Africa

    In a letter (https://www.statewatch.org/media/4088/eu-com-migration-letter-eur-council-10-23.pdf) to the European Council trumpeting the EU’s efforts to control migration, European Commission president Ursula von der Leyen highlighted the provision of vessels and support to coast guards in Libya and Tunisia, where refugee and migrant rights are routinely violated.

    The letter (pdf) states:

    “…we need to build up the capacity of our partners to conduct effective border surveillance and search and rescue operations. We are providing support to many key partners with equipment and training to help prevent unauthorised border crossings. All five vessels promised to Libya have been delivered and we see the impact of increased patrols. Under the Memorandum of Understanding with Tunisia, we have delivered spare parts for Tunisian coast guards that are keeping 6 boats operational, and others will be repaired by the end of the year. More is expected to be delivered to countries in North Africa in the coming months.”

    What it does not mention is that vessels delivered to the so-called Libyan coast guard are used to conduct “pullbacks” of refugees to brutal detention conditions and human rights violations.

    Meanwhile in Tunisia, the coast guard has been conducting pullbacks of people who have subsequently been dumped in remote regions near the Tunisian-Algerian border.

    According to testimony provided to Human Rights Watch (HRW)¸ a group of people who were intercepted at sea and brought back to shore were then detained by the National Guard, who:

    “…loaded the group onto buses and drove them for 6 hours to somewhere near the city of Le Kef, about 40 kilometers from the Algerian border. There, officers divided them into groups of about 10, loaded them onto pickup trucks, and drove toward a mountainous area. The four interviewees, who were on the same truck, said that another truck with armed agents escorted their truck.

    The officers dropped their group in the mountains near the Tunisia-Algeria border, they said. The Guinean boy [interviewed by HRW) said that one officer had threatened, “If you return again [to Tunisia], we will kill you.” One of the Senegalese children [interviewed by HRW] said an officer had pointed his gun at the group.”

    Von der Leyen does not mention the fact that the Tunisian authorities refused an initial disbursement of €67 million offered by the Commission as part of its more than €1 billion package for Tunisia, which the country’s president has called “small” and said it “lacks respect.” (https://apnews.com/article/tunisia-europe-migration-851cf35271d2c52aea067287066ef247) The EU’s ambassador to Tunisia has said that the refusal “speaks to Tunisia’s impatience and desire to speed up implementation” of the deal.

    [voir: https://seenthis.net/messages/1020596]

    The letter also emphasises the need to “establish a strategic and mutually beneficial partnership with Egypt,” as well as providing more support to Türkiye, Jordan and Lebanon. The letter hints at the reason why – Israel’s bombing of the Gaza strip and a potential exodus of refugees – but does not mention the issue directly, merely saying that “the pressures on partners in our immediate vicinity risk being exacerbated”.

    It appears that the consequences rather than the causes of any movements of Palestinian refugees are the main concern. Conclusions on the Middle East agreed by the European Council last night demand “rapid, safe and unhindered humanitarian access and aid to reach those in need” in Gaza, but do not call for a ceasefire. The European Council instead “strongly emphasises Israel’s right to defend itself in line with international law and international humanitarian law.”

    More surveillance, new law

    Other plans mentioned in the letter include “increased aerial surveillance” for “combatting human smuggling and trafficking” by Operation IRINI, the EU’s military mission in the Mediterranean, and increased support for strengthening controls at points of departure in North African states as well as “points of entry by migrants at land borders.”

    The Commission also wants increased action against migrant smuggling, with a proposal to revise the 2002 Facilitation Directive “to ensure that criminal offences are harmonised, assets are frozen, and coordination strengthened,” so that “those who engage in illegal acts exploiting migrants pay a heavy price.”

    It appears the proposal will come at the same time as a migrant smuggling conference organised by the Commission on 28 November “to create a Global Alliance with a Call to Action, launching a process of regular international exchange on this constantly evolving crime.”

    Deportation cooperation

    Plans are in the works for more coordinated action on deportations, with the Commission proposing to:

    “…work in teams with Member States on targeted return actions, with a lead Member State or Agency for each action. We will develop a roadmap that could focus on (1) ensuring that return decisions are issued at the same time as a negative asylum decisions (2) systematically ensuring the mutual recognition of return decisions and follow-up enforcement action; (3) carrying out joint identification actions including through a liaison officers’ network in countries of origin; (4) supporting policy dialogue on readmission with third countries and facilitating the issuance of travel documents, as well as acceptance of the EU laissez passer; and (5) organising assisted voluntary return and joint return operations with the support of Frontex.”

    Cooperation on legal migration, meanwhile, will be done by member states “on a voluntary basis,” with the letter noting that any offers made should be conditional on increased cooperation with EU deportation efforts: “local investment and opportunities for legal migration must go hand in hand with strengthened cooperation on readmission.”

    More funds

    For all this to happen, the letter calls on the European Council to make sure that “migration priorities - both on the internal and external dimension - are reflected in the mid-term review of the Multiannual Financial Framework,” the EU’s 2021-27 budget.

    Mid-term revision of the budget was discussed at the European Council meeting yesterday, though the conclusions on that point merely state that there was an “in-depth exchange of views,” with the European Council calling on the Council of the EU “to take work forward, with a view to reaching an overall agreement by the end of the year.”

    https://www.statewatch.org/news/2023/october/eu-to-step-up-support-for-human-rights-abuses-in-north-africa

    #migrations #asile #réfugiés #Afrique_du_Nord #externalisation #Ursula_von_der_Leyen #lettre #contrôles_frontaliers #Tunisie #Libye #bateaux #aide #gardes-côtes_libyens #surveillance_frontalière #surveillance_frontalière_effective #frontières #Méditerranée #mer_Méditerranée #Memorandum_of_Understanding #MoU #pull-backs #Egypte #Turquie #Jourdanie #Liban #réfugiés_palestiniens #Palestine #7_octobre_2023 #Operation_IRINI #IRINI #surveillance_aérienne #passeurs #directive_facilitation #renvois #déportation #officiers_de_liaison #réadmissions #laissez-passer #Frontex

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    • *Crise migratoire : le bilan mitigé des accords passés par l’Union européenne pour limiter les entrées sur son sol*

      Réunis en conseil jeudi et vendredi, les Vingt-Sept devaient faire le point sur la sécurisation des frontières extérieures de l’UE. Mardi, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a proposé de conclure de nouveaux partenariats « sur mesure » avec le #Sénégal, la #Mauritanie et l’Egypte.

      Malgré la guerre entre Israël et le Hamas, qui s’est imposée à leur ordre du jour, le sujet de la migration demeure au menu des Vingt-Sept, qui se réunissent en Conseil européen jeudi 26 et vendredi 27 octobre à Bruxelles. Les chefs d’Etat et de gouvernement doivent faire un point sur la dimension externe de cette migration et la sécurisation des frontières extérieures de l’Union européenne (UE). Depuis janvier, le nombre d’arrivées irrégulières, selon l’agence Frontex, a atteint 270 000, en progression de 17 % par rapport à 2022. Sur certaines routes, la croissance est bien plus importante, notamment entre la Tunisie et l’Italie, avec une augmentation de 83 % des arrivées sur les neuf premiers mois de 2023.

      Si le #pacte_asile_et_migration, un ensemble de réglementations censé améliorer la gestion intra européenne de la migration, est en passe d’être adopté, le contrôle des frontières externes de l’Europe est au cœur des discussions politiques. A moins de huit mois des élections européennes, « les questions de migration seront décisives », prévient Manfred Weber, le patron du groupe conservateur PPE au Parlement européen.

      Nouveaux « #partenariats sur mesure »

      Mardi, dans une lettre aux dirigeants européens, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a rappelé sa volonté de « combattre la migration irrégulière à la racine et travailler mieux avec des #pays_partenaires », c’est-à-dire ceux où les migrants s’embarquent ou prennent la route pour l’UE, en établissant avec ces pays des « #partenariats_stratégiques_mutuellement_bénéficiaires ». Elle propose de conclure avec le Sénégal, la Mauritanie et l’Egypte de nouveaux « #partenariats_sur_mesure » sur le modèle de celui qui a été passé avec la Tunisie. Sans oublier la Jordanie et le Liban, fortement déstabilisés par le conflit en cours entre Israël et Gaza.

      L’UE souhaite que ces pays bloquent l’arrivée de migrants vers ses côtes et réadmettent leurs citoyens en situation irrégulière sur le Vieux Continent contre des investissements pour renforcer leurs infrastructures et développer leur économie. « L’idée n’est pas nécessairement mauvaise, glisse un diplomate européen, mais il faut voir comment c’est mené et négocié. Le partenariat avec la Tunisie a été bâclé et cela a été fiasco. »

      Depuis vingt ans, l’Europe n’a eu de cesse d’intégrer cette dimension migratoire dans ses accords avec les pays tiers et cette préoccupation s’est accentuée en 2015 avec l’arrivée massive de réfugiés syriens. Les moyens consacrés à cet aspect migratoire ont augmenté de façon exponentielle. Au moins 8 milliards d’euros sont programmés pour la période 2021-2027, soit environ 10 % des fonds de la coopération, pour des politiques de sécurisation et d’équipements des gardes-côtes. Ces moyens manquent au développement des pays aidés, critique l’ONG Oxfam. Et la Commission a demandé une rallonge de 15 milliards d’euros aux Vingt-Sept.

      Mettre l’accent sur les retours

      Tant de moyens, pour quels résultats ? Il est impossible de chiffrer le nombre d’entrées évitées par les accords passés, exception faite de l’arrangement avec la Turquie. Après la signature le 18 mars 2016, par les Vingt-Sept et la Commission, de la déclaration UE-Turquie, les arrivées de Syriens ont chuté de 98 % dès 2017, mais cela n’a pas fonctionné pour les retours, la Turquie ayant refusé de réadmettre la majorité des Syriens refoulés d’Europe. Cet engagement a coûté 6 milliards d’euros, financés à la fois par les Etats et l’UE.

      « Pour les autres accords, le bilan est modeste, indique Florian Trauner, spécialiste des migrations à la Vrije Universiteit Brussel (Belgique). Nous avons étudié l’ensemble des accords passés par l’UE avec les pays tiers sur la période 2008-2018 pour mesurer leurs effets sur les retours et réadmissions. Si les pays des Balkans, plus proches de l’Europe, ont joué le jeu, avec les pays africains, cela ne fonctionne pas. »

      Depuis le début de l’année, la Commission assure malgré tout mettre l’accent sur les retours. Selon Ylva Johansson, la commissaire chargée de la politique migratoire, sur près de 300 000 obligations de quitter le territoire européen, environ 65 000 ont été exécutées, en progression de 22 % en 2023. Ces chiffres modestes « sont liés à des questions de procédures internes en Europe, mais également à nos relations avec les Etats tiers. Nous avons fait beaucoup de pédagogie avec ces Etats en mettant en balance l’accès aux visas européens et cela commence à porter ses fruits. »

      « Généralement, explique Florian Trauner, les Etats tiers acceptent les premiers temps les retours, puis la pression de l’opinion publique locale se retourne contre eux et les taux de réadmissions baissent. Les accords qui conditionnent l’aide au développement à des réadmissions créent davantage de problèmes qu’ils n’en résolvent. La diplomatie des petits pas, plus discrète, est bien plus efficace. »

      L’alternative, juge le chercheur, serait une meilleure gestion par les Européens des migrations, en ménageant des voies légales identifiées pour le travail, par exemple. Dans ce cas, affirme-t-il, les pays concernés accepteraient de reprendre plus simplement leurs citoyens. « Mais en Europe, on ne veut pas entendre cela », observe M. Trauner.
      Statut juridique obscur

      Le développement de ces accords donnant-donnant pose un autre problème à l’UE : leur statut juridique. « Quel que soit leur nom – partenariat, déclaration…–, ce ne sont pas des accords internationaux en bonne et due forme, négociés de manière transparente avec consultation de la société civile, sous le contrôle du Parlement européen puis des tribunaux, rappelle Eleonora Frasca, juriste à l’Université catholique de Louvain (Belgique). Ce sont des objets juridiques plus obscurs. »

      En outre, les arrangements avec la Turquie ou la Libye ont conduit des migrants à des situations dramatiques. Qu’il s’agisse des camps aux conditions déplorables des îles grecques où étaient parqués des milliers de Syriens refoulés d’Europe mais non repris en Turquie, ou des refoulements en mer, souvent avec des moyens européens, au large de la Grèce et de la Libye, ou enfin du sort des migrants renvoyés en Libye où de multiples abus et de crimes ont été documentés.

      Concernant la Tunisie, « l’Union européenne a signé l’accord sans inclure de clause de respect de l’Etat de droit ou des droits de l’homme au moment même où cette dernière chassait des migrants subsahariens vers les frontières libyenne et algérienne, relève Sara Prestianni, de l’ONG EuroMed Droit. Du coup, aucune condamnation n’a été formulée par l’UE contre ces abus. » L’Europe a été réduite au silence.

      Sous la pression d’Ursula von der Leyen, de Giorgia Melloni, la présidente du conseil italien, et de Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, ce partenariat global doté d’un milliard d’euros « a été négocié au forceps et sans consultation », juge une source européenne. La conséquence a été une condamnation en Europe et une incompréhension de la part des Tunisiens, qui ont décidé de renvoyer 60 millions d’euros versés en septembre, estimant que c’était loin du milliard annoncé. « Aujourd’hui, le dialogue avec la Tunisie est exécrable, déplore un diplomate. La méthode n’a pas été la bonne », déplore la même source.
      Exposition à un chantage aux migrants

      « L’Union européenne a déjà été confrontée à ce risque réputationnel et semble disposée à l’accepter dans une certaine mesure, nuance Helena Hahn, de l’European Policy Center. Il est important qu’elle s’engage avec les pays tiers sur cette question des migrations. Toutefois, elle doit veiller à ce que ses objectifs ne l’emportent pas sur ses intérêts dans d’autres domaines, tels que la politique commerciale ou le développement. »

      Dernier risque pour l’UE : en multipliant ces accords avec des régimes autoritaires, elle s’expose à un chantage aux migrants. Depuis 2020, elle en a déjà été l’objet de la part de la Turquie et du Maroc, de loin le premier bénéficiaire d’aides financières au titre du contrôle des migrations. « Ce n’est pas juste le beau temps qui a exposé Lampedusa à l’arrivée de 12 000 migrants en quelques jours en juin, juge Mme Prestianni. Les autorités tunisiennes étaient derrière. La solution est de rester fermes sur nos valeurs. Et dans notre négociation avec la Tunisie, nous ne l’avons pas été. »

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/26/crise-migratoire-le-bilan-mitige-des-accords-passes-par-l-union-europeenne-p

    • EU planning new anti-migration deals with Egypt and Tunisia, unrepentant in support for Libya

      The European Commission wants to agree “new anti-smuggling operational partnerships” with Tunisia and Egypt before the end of the year, despite longstanding reports of abuse against migrants and refugees in Egypt and recent racist violence endorsed by the Tunisian state. Material and financial support is already being stepped up to the two North African countries, along with support for Libya.

      The plan for new “partnerships” is referred to in a newly-revealed annex (pdf) of a letter from European Commission president, Ursula von der Leyen, that was sent to the European Council prior to its meeting in October and published by Statewatch.

      In April, the Commission announced “willingness” from the EU and Tunisia “to establish a stronger operational partnership on anti-smuggling,” which would cover stronger border controls, more police and judicial cooperation, increased cooperation with EU agencies, and anti-migration advertising campaigns.

      The annex includes little further detail on the issue, but says that the agreements with Tunisia and Egypt should build on the anti-smuggling partnerships “in place with Morocco, Niger and the Western Balkans, with the support of Europol and Eurojust,” and that they should include “joint operational teams with prosecutors and law enforcement authorities of Member States and partners.”

      Abuse and impunity

      Last year, Human Rights Watch investigations found that “Egyptian authorities have failed to protect vulnerable refugees and asylum seekers from pervasive sexual violence, including by failing to investigate rape and sexual assault,” and that the police had subjected Sudanese refugee activists to “forced physical labor [sic] and beatings.” Eritrean asylum-seekers have also been detained and deported by the Egyptian authorities.

      The EU’s own report on human rights in Egypt in 2022 (pdf) says the authorities continue to impose “constraints” on “freedom of expression, peaceful assembly and media freedom,” while “concerns remained about broad application of the Terrorism Law against peaceful critics and individuals, and extensive and indiscriminate use of pre-trial detention.”

      Amr Magdi, Human Rights Watch’s Senior Researcher on the Middle East and North Africa, has said more bluntly that “there can be no light at the end of the tunnel without addressing rampant security force abuses and lawlessness.” The Cairo Institute for Human Rights said in August that the country’s “security apparatus continues to surveil and repress Egyptians with impunity. There is little to no access to participatory democracy.”

      The situation in Tunisia for migrants and refugees has worsened substantially since the beginning of the year, when president Kais Said declared a crackdown against sub-Saharan Africans in speeches that appeared to draw heavily from the far-right great replacement theory.

      It is unclear whether the EU will attempt to address this violence, abuse and discrimination as it seeks to strengthen the powers of the countries’ security authorities. The annex to von der Leyen’s letter indicates that cooperation with Tunisia is already underway, even if an anti-smuggling deal has not been finalised:

      “Three mentorship pairs on migrant smuggling TU [Tunisia] with Member States (AT, ES, IT [Austria, Spain and Italy]) to start cooperation in the framework of Euromed Police, in the last quarter of 2023 (implemented by CEPOL [the European Police College] with Europol)”

      Anti-smuggling conference

      The annex to von der Leyen’s letter indicates that the Egyptian foreign minister, Sameh Shoukry, “confirmed interest in a comprehensive partnership on migration, including anti-smuggling and promoting legal pathways,” at a meeting with European Commissioner for Migration and Home Affairs, Ylva Johansson, at the UN General Assembly.

      This month the fourth EU-Egypt High Level Dialogue on Migration and the second Senior Officials Meeting on Security and Law Enforcement would be used to discuss the partnership, the annex notes – “including on the involvement of CEPOL, Europol and Frontex” – but it is unclear when exactly the Commission plans to sign the new agreements. An “International Conference on strengthening international cooperation on countering migrant smuggling” that will take place in Brussels on 28 November would provide an opportune moment to do so.

      The conference will be used to announce a proposal “to reinforce the EU legal framework on migrant smuggling, including elements related to: sanctions, governance, information flows and the role of JHA agencies,” said a Council document published by Statewatch in October.

      Other sources indicate that the proposal will include amendments to the EU’s Facilitation Directive and the Europol Regulation, with measures to boost the role of the European Migrant Smuggling Centre hosted at Europol; step up the exchange of information between member states, EU agencies and third countries; and step up Europol’s support to operations.

      Additional support

      The proposed “partnerships” with Egypt and Tunisia come on top of ongoing support provided by the EU to control migration.

      In July the EU signed a memorandum of understanding with Tunisia covering “macro-economic stability, economy and trade, green energy, people-to-people contacts and migration and mobility.”

      Despite the Tunisian government returning €67 million provided by the EU, the number of refugee boat departures from Tunisia has decreased significantly, following an increase in patrols at sea and the increased destruction of intercepted vessels.

      Violent coercion is also playing a role, as noted by Matthias Monroy:

      “State repression, especially in the port city of Sfax, has also contributed to the decline in numbers, where the authorities have expelled thousands of people from sub-Saharan countries from the centre and driven them by bus to the Libyan and Algerian borders. There, officials force them to cross the border. These measures have also led to more refugees in Tunisia seeking EU-funded IOM programmes for “voluntary return” to their countries of origin.”

      The annex to von der Leyen’s letter notes that the EU has provided “fuel to support anti-smuggling operations,” and that Tunisian officials were shown around Frontex’s headquarters in mid-September for a “familiarisation visit”.

      Egypt, meanwhile, is expected to receive the first of three new patrol boats from the EU in December, €87 million as part of the second phase of a border management project will be disbursed “in the coming months,” and Frontex will pursue a working arrangement with the Egyptian authorities, who visited the agency’s HQ in Warsaw in October.

      Ongoing support to Libya

      Meanwhile, the EU’s support for migration control by actors in Libya continues, despite a UN investigation earlier this year accusing that support of contributing to crimes against humanity in the country.

      The annex to von der Leyen’s letter notes with approval that five search and rescue vessels have been provided to the Libyan Coast Guard this year, and that by 21 September, “more than 10,900 individuals reported as rescued or intercepted by the Libyan authorities in more than 100 operations… Of those disembarked, the largest groups were from Bangladesh, Egypt and Syria”.

      The letter does not clarify what distinguishes “rescue” and “interception” in this context. The organisation Forensic Oceanography has previously described them as “conflicting imperatives” in an analysis of a disaster at sea in which some survivors were taken to Libya, and some to EU territory.

      In a letter (pdf) sent last week to the chairs of three European Parliament committees, three Commissioners – Margaritas Schinas, Ylva Johansson and Oliver Várhelyi – said the Commission remained “convinced that halting EU assistance in the country or disengagement would not improve the situation of those most in need.”

      While evidence that EU support provided to Libya has facilitated the commission of crimes against humanity is not enough to put that policy to a halt, it remains to be seen whether the Egyptian authorities’ violent repression, or state racism in Tunisia, will be deemed worthy of mention in public by Commission officials.

      The annex to von der Leyen’s letter also details EU action in a host of other areas, including the “pilot projects” launched in Bulgaria and Romania to step up border surveillance and speed up asylum proceedings and returns, support for the Moroccan authorities, and cooperation with Western Balkans states, amongst other things.

      https://www.statewatch.org/news/2023/november/eu-planning-new-anti-migration-deals-with-egypt-and-tunisia-unrepentant-

      en italien:
      Statewatch. Mentre continua il sostegno alla Libia, l’UE sta pianificando nuovi accordi anti-migrazione con Egitto e Tunisia
      https://www.meltingpot.org/2023/11/statewatch-mentre-continua-il-sostegno-alla-libia-lue-sta-pianificando-n

    • Accord migratoire avec l’Égypte. Des #navires français en eaux troubles

      Les entreprises françaises #Civipol, #Défense_Conseil_International et #Couach vont fournir à la marine du Caire trois navires de recherche et sauvetage dont elles formeront également les équipages, révèle Orient XXI dans une enquête exclusive. Cette livraison, dans le cadre d’un accord migratoire avec l’Égypte, risque de rendre l’Union européenne complice d’exactions perpétrées par les gardes-côtes égyptiens et libyens.

      La France est chaque année un peu plus en première ligne de l’externalisation des frontières de l’Europe. Selon nos informations, Civipol, l’opérateur de coopération internationale du ministère de l’intérieur, ainsi que son sous-traitant Défense Conseil International (DCI), prestataire attitré du ministère des armées pour la formation des militaires étrangers, ont sélectionné le chantier naval girondin Couach pour fournir trois navires de recherche et sauvetage (SAR) aux gardes-côtes égyptiens, dont la formation sera assurée par DCI sur des financements européens de 23 millions d’euros comprenant des outils civils de surveillance des frontières.

      Toujours selon nos sources, d’autres appels d’offres de Civipol et DCI destinés à la surveillance migratoire en Égypte devraient suivre, notamment pour la fourniture de caméras thermiques et de systèmes de positionnement satellite.

      Ces contrats sont directement liés à l’accord migratoire passé en octobre 2022 entre l’Union européenne (UE) et l’Égypte : en échange d’une assistance matérielle de 110 millions d’euros au total, Le Caire est chargé de bloquer, sur son territoire ainsi que dans ses eaux territoriales, le passage des migrants et réfugiés en partance pour l’Europe. Ce projet a pour architecte le commissaire européen à l’élargissement et à la politique de voisinage, Olivér Várhelyi. Diplomate affilié au parti Fidesz de l’illibéral premier ministre hongrois Viktor Orbán, il s’est récemment fait remarquer en annonçant unilatéralement la suspension de l’aide européenne à la Palestine au lendemain du 7 octobre — avant d’être recadré.

      La mise en œuvre de ce pacte a été conjointement confiée à Civipol et à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de l’ONU, comme déjà indiqué par le média Africa Intelligence. Depuis, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déjà plaidé pour un nouvel accord migratoire avec le régime du maréchal Sissi. Selon l’UE, il s’agirait d’aider les gardes-côtes égyptiens à venir en aide aux migrants naufragés, via une approche « basée sur les droits, orientée vers la protection et sensible au genre ».
      Circulez, il n’y a rien à voir

      Des éléments de langage qui ne convainquent guère l’ONG Refugees Platform in Egypt (REP), qui a alerté sur cet accord il y a un an. « Depuis 2016, le gouvernement égyptien a durci la répression des migrants et des personnes qui leur viennent en aide, dénonce-t-elle auprès d’Orient XXI. De plus en plus d’Égyptiens émigrent en Europe parce que la jeunesse n’a aucun avenir ici. Ce phénomène va justement être accentué par le soutien de l’UE au gouvernement égyptien. L’immigration est instrumentalisée par les dictatures de la région comme un levier pour obtenir un appui politique et financier de l’Europe. »

      En Égypte, des migrants sont arrêtés et brutalisés après avoir manifesté. Des femmes réfugiées sont agressées sexuellement dans l’impunité. Des demandeurs d’asile sont expulsés vers des pays dangereux comme l’Érythrée ou empêchés d’entrer sur le territoire égyptien. Par ailleurs, les gardes-côtes égyptiens collaborent avec leurs homologues libyens qui, également soutenus par l’UE, rejettent des migrants en mer ou les arrêtent pour les placer en détention dans des conditions inhumaines, et entretiennent des liens avec des milices qui jouent aussi le rôle de passeurs.

      Autant d’informations peu compatibles avec la promesse européenne d’un contrôle des frontières « basé sur les droits, orienté vers la protection et sensible au genre ». Sachant que l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes Frontex s’est elle-même rendue coupable de refoulements illégaux de migrants (pushbacks) et a été accusée de tolérer de mauvais traitements sur ces derniers.

      Contactés à ce sujet, les ministères français de l’intérieur, des affaires étrangères et des armées, l’OIM, Civipol, DCI et Couach n’ont pas répondu à nos questions. Dans le cadre de cette enquête, Orient XXI a aussi effectué le 1er juin une demande de droit à l’information auprès de la Direction générale du voisinage et des négociations d’élargissement (DG NEAR) de la Commission européenne, afin d’accéder aux différents documents liés à l’accord migratoire passé entre l’UE et l’Égypte. Celle-ci a identifié douze documents susceptibles de nous intéresser, mais a décidé de nous refuser l’accès à onze d’entre eux, le douzième ne comprenant aucune information intéressante. La DG NEAR a invoqué une série de motifs allant du cohérent (caractère confidentiel des informations touchant à la politique de sécurité et la politique étrangère de l’UE) au plus surprenant (protection des données personnelles — alors qu’il aurait suffi de masquer lesdites données —, et même secret des affaires). Un premier recours interne a été déposé le 18 juillet, mais en l’absence de réponse de la DG NEAR dans les délais impartis, Orient XXI a saisi fin septembre la Médiatrice européenne, qui a demandé à la Commission de nous répondre avant le 13 octobre. Sans succès.

      Dans un courrier parvenu le 15 novembre, un porte-parole de la DG NEAR indique :

      "L’Égypte reste un partenaire fiable et prévisible pour l’Europe, et la migration constitue un domaine clé de coopération. Le projet ne cible pas seulement le matériel, mais également la formation pour améliorer les connaissances et les compétences [des gardes-côtes et gardes-frontières égyptiens] en matière de gestion humanitaire des frontières (…) Le plein respect des droits de l’homme sera un élément essentiel et intégré de cette action [grâce] à un contrôle rigoureux et régulier de l’utilisation des équipements."

      Paris-Le Caire, une relation particulière

      Cette livraison de navires s’inscrit dans une longue histoire de coopération sécuritaire entre la France et la dictature militaire égyptienne, arrivée au pouvoir après le coup d’État du 3 juillet 2013 et au lendemain du massacre de centaines de partisans du président renversé Mohamed Morsi. Paris a depuis multiplié les ventes d’armes et de logiciels d’espionnage à destination du régime du maréchal Sissi, caractérisé par la mainmise des militaires sur la vie politique et économique du pays et d’effroyables atteintes aux droits humains.

      La mise sous surveillance, la perquisition par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et le placement en garde à vue de la journaliste indépendante Ariane Lavrilleux fin septembre étaient notamment liés à ses révélations dans le média Disclose sur Sirli, une opération secrète associant les renseignements militaires français et égyptien, dont la finalité antiterroriste a été détournée par Le Caire vers la répression intérieure. Une enquête pour « compromission du secret de la défense nationale » avait ensuite été ouverte en raison de la publication de documents (faiblement) classifiés par Disclose.

      La mise en œuvre de l’accord migratoire UE-Égypte a donc été indirectement confiée à la France via Civipol. Société dirigée par le préfet Yann Jounot, codétenue par l’État français et des acteurs privés de la sécurité — l’électronicien de défense Thales, le spécialiste de l’identité numérique Idemia, Airbus Defence & Space —, Civipol met en œuvre des projets de coopération internationale visant à renforcer les capacités d’États étrangers en matière de sécurité, notamment en Afrique. Ceux-ci peuvent être portés par la France, notamment via la Direction de la coopération internationale de sécurité (DCIS) du ministère de l’intérieur. Mais l’entreprise travaille aussi pour l’UE.

      Civipol a appelé en renfort DCI, société pilotée par un ancien chef adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy passé dans le privé, le gendarme Samuel Fringant. DCI était jusqu’à récemment contrôlée par l’État, aux côtés de l’ancien office d’armement Eurotradia soupçonné de corruption et du vendeur de matériel militaire français reconditionné Sofema. Mais l’entreprise devrait prochainement passer aux mains du groupe français d’intelligence économique ADIT de Philippe Caduc, dont l’actionnaire principal est le fonds Sagard de la famille canadienne Desmarais, au capital duquel figure désormais le fonds souverain émirati.

      DCI assure principalement la formation des armées étrangères à l’utilisation des équipements militaires vendus par la France, surtout au Proche-Orient et notamment en Égypte. Mais à l’image de Civipol, l’entreprise collabore de plus en plus avec l’UE, notamment via la mal nommée « Facilité européenne pour la paix » (FEP).
      Pacte (migratoire) avec le diable

      Plus largement, ce partenariat avec l’Égypte s’inscrit dans une tendance généralisée d’externalisation du contrôle des frontières de l’Europe, qui voit l’UE passer des accords avec les pays situés le long des routes migratoires afin que ceux-ci bloquent les départs de migrants et réfugiés, et que ces derniers déposent leurs demandes d’asile depuis l’Afrique, avant d’arriver sur le territoire européen. Après la Libye, pionnière en la matière, l’UE a notamment signé des partenariats avec l’Égypte, la Tunisie — dont le président Kaïs Saïed a récemment encouragé des émeutes racistes —, le Maroc, et en tout 26 pays africains, selon une enquête du journaliste Andrei Popoviciu pour le magazine américain In These Times.

      Via ces accords, l’UE n’hésite pas à apporter une assistance financière, humaine et matérielle à des acteurs peu soucieux du respect des droits fondamentaux, de la bonne gestion financière et parfois eux-mêmes impliqués dans le trafic d’êtres humains. L’UE peine par ailleurs à tracer l’utilisation de ces centaines de millions d’euros et à évaluer l’efficacité de ces politiques, qui se sont déjà retournées contre elles sous la forme de chantage migratoire, par exemple en Turquie.

      D’autres approches existent pourtant. Mais face à des opinions publiques de plus en plus hostiles à l’immigration, sur fond de banalisation des idées d’extrême droite en politique et dans les médias, les 27 pays membres et les institutions européennes apparaissent enfermés dans une spirale répressive.

      https://orientxxi.info/magazine/accord-migratoire-avec-l-egypte-des-navires-francais-en-eaux-troubles,68

  • La fonte des barrières de #glace de l’#Antarctique occidental est désormais inévitable et irréversible

    La fonte qui glace. Ce processus ne peut pas être inversé et contribuera à la hausse du niveau de l’océan, même en limitant le réchauffement climatique, alerte une nouvelle étude.

    Les plateformes (ou barrières) de glace jouent un rôle stabilisateur essentiel et ralentissent la #fonte_des_glaciers dans l’#océan. Leur fonte dans l’#Antarctique_occidental va se poursuivre de manière inévitable, et ce dans tous les #scénarios de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Autrement dit, limiter le réchauffement à +1,5°C à la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle, comme le prévoit l’#Accord_de_Paris, ne suffira pas à inverser la tendance. C’est à cette glaçante conclusion que sont parvenu·es les chercheur·ses du British antarctic survey (l’opérateur britannique de recherche en Antarctique) dans cette étude parue dans Nature climate change ce lundi : https://www.nature.com/articles/s41558-023-01818-x.

    « Nous constatons qu’un réchauffement rapide des #océans, environ trois fois plus rapide que le taux historique, est susceptible de se produire au cours du XXIème siècle », écrivent les scientifiques, qui ont modélisé la #mer_d’Amundsen, à l’ouest de l’Antarctique, pour mener l’analyse la plus complète du réchauffement dans la région à ce jour.

    La poursuite de la fonte des #barrières_de_glace dans l’Antarctique ouest pourrait entraîner la débâcle irréversible des #glaciers, de quoi élever le niveau de l’océan de cinq mètres, un processus aux conséquences potentiellement désastreuses pour la planète. « Notre étude n’est pas une bonne nouvelle : nous avons peut-être perdu le contrôle de la fonte de la #plateforme_glaciaire de l’Antarctique occidental au cours du XXIe siècle », a déclaré au Guardian Kaitlin Naughten, qui a dirigé les travaux.

    « Il s’agit d’un des effets du changement climatique auquel nous devrons probablement nous adapter, ce qui signifie très probablement que certaines communautés côtières devront soit construire [des défenses], soit être abandonnées », poursuit la chercheuse du British antarctic survey.

    Aujourd’hui, environ deux tiers de la population mondiale vit à moins de cent kilomètres d’une côte. De nombreuses mégalopoles mondiales, comme New York, Shanghai, Tokyo ou Bombay, sont situées sur le littoral et particulièrement vulnérables à la montée du niveau de la mer.

    https://vert.eco/articles/la-fonte-de-lantarctique-est-desormais-inevitable-et-irreversible
    #irréversibilité #inévitabilité #climat #changement_climatique

    • Unavoidable future increase in West Antarctic ice-shelf melting over the twenty-first century

      Ocean-driven melting of floating ice-shelves in the Amundsen Sea is currently the main process controlling Antarctica’s contribution to sea-level rise. Using a regional ocean model, we present a comprehensive suite of future projections of ice-shelf melting in the Amundsen Sea. We find that rapid ocean warming, at approximately triple the historical rate, is likely committed over the twenty-first century, with widespread increases in ice-shelf melting, including in regions crucial for ice-sheet stability. When internal climate variability is considered, there is no significant difference between mid-range emissions scenarios and the most ambitious targets of the Paris Agreement. These results suggest that mitigation of greenhouse gases now has limited power to prevent ocean warming that could lead to the collapse of the West Antarctic Ice Sheet.

      https://www.nature.com/articles/s41558-023-01818-x

  • Guerre Israël-Hamas : avec l’envoi du « Tonnerre », la France renforce sa présence militaire en Méditerranée orientale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/26/guerre-israel-hamas-avec-l-envoi-du-tonnerre-la-france-renforce-sa-presence-

    Même si le président et l’état-major des armées ont surtout insisté sur la dimension humanitaire de ce déploiement, le Tonnerre, qui a quitté Toulon dès la fin de journée mercredi, est bien plus qu’un simple « navire-hôpital », comme il a été largement présenté.

    […]

    […] le Tonnerre est aussi un bâtiment capable d’embarquer plus d’une quinzaine d’hélicoptères, qui peuvent ensuite conduire des frappes ou des opérations de surveillance. Ce mercredi, en plus de ses 200 marins, le Tonnerre est également parti avec un groupement tactique embarqué, c’est-à-dire des unités de l’armée de terre dotées de tout leur matériel : du véhicule blindé au camion logistique. Un PHA peut transporter jusqu’à 900 soldats en plus de son propre équipage et toute la gamme des véhicules des armées, jusqu’à un escadron complet de chars Leclerc soit 13 blindés.

    #les_fourberies_de_macron

    • Mais quel nom ! créé par et pour ceux qui dirigent le monde par la violence, avec ça, on est certain·e de rester bloqués à l’antiquité.
      Côté créatif plutôt que tonnerre qui fait un peu poney et bein entendu si j’avais été maitresse du monde j’aurais plutôt choisi châtiment , assez similaire à tonnerre non ? arf certes ça fait un peu russe mais l’aspect militaire et guerrier y est.

    • Avec deux porte-avions, l’armée américaine veut constituer une « bulle » navale autour d’Israël
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/27/avec-deux-porte-avions-l-armee-americaine-veut-constituer-une-bulle-navale-a

      Après l’envoi de l’« USS Gerald R. Ford », les Etats-Unis ont annoncé l’arrivée d’ici quelques jours de l’« USS Dwight D. Eisenhower » en Méditerranée. Une force de plus de 15 000 marins, principalement destinée à dissuader une escalade régionale avec l’Iran.

      .... En plus de ses deux porte-avions, le Pentagone a ainsi décidé, le 16 octobre, de dérouter vers la #Méditerranée orientale un groupe amphibie complet, spécialisé dans les #opérations_spéciales, qui était déployé au Koweït pour un exercice : l’USS Bataan, fort d’au moins 3 000 soldats. Les Européens ont par ailleurs aussi commencé à déployer des bâtiments en direction d’Israël et de la bande de Gaza. D’abord pour d’éventuelles évacuations sanitaires, mais aussi pour d’autres opérations si le contexte l’exigeait.

      La #France devrait ainsi bientôt avoir au large de Chypre un #porte-hélicoptères amphibie en plus de deux #frégates déjà sur zone. Les Britanniques ont envoyé deux porte-aéronefs. Le Danemark et l’Allemagne ont, eux, décidé de repositionner des bâtiments qui étaient jusque-là sous commandement de l’OTAN pour la défense du flanc est de l’Europe.

      https://archive.ph/K3G8E

      #coordination_inter_armes #mer #marine (s) #aviation #Europe #E-U #GB #Israël

    • Conclusion of Juniper Oak 23.2 Joint Exercise of the IDF and U.S. Central Command, janvier 2023, Israël Defense Force
      https://www.idf.il/en/articles/2023/conclusion-of-juniper-oak-23-2-joint-exercise-of-the-idf-and-u-s-central-command

      The exercise tested collective U.S.-Israeli readiness and improved the interoperability of both militaries to enhance their shared ability to counter regional threats. The
      exercise simulated target strikes and complex operational scenarios by integrating joint communication and command and control systems.

      WhatsApp_Ima...
      Approximately 6,500 U.S. Armed Forces officers and soldiers took part in this exercise, which was the largest ever performed by the U.S. Armed Forces. The exercise
      showcased some of the most advanced capabilities of the militaries and is the first in a series of exercises to be held in 2023.

      The exercise began with a joint aerial and naval live fire exercise, including missile boats and combat helicopters, during which forces carried out coordinated strikes at targets simulating naval threats.

      The two air forces then simulated a range of different scenarios using fighter, transport and aerial refueling aircraft, rescue helicopters, RPAs, reconnaissance aircraft and American B-52 bombers, which dropped live munitions across southern Israel.

      Israeli Navy missile boats and a submarine maneuvered in tandem alongside an American aircraft carrier as a unified task force with defensive and striking capabilities against a variety of threats.

      Israeli Sa’ar 5-class corvettes were refueled by an American tanker in offshore waters to increase the IDF’s area and range of operation in both routine and emergency scenarios.
      WhatsApp_Ima...

      In addition, fighter jets and bombers were refueled by Israeli “Re’em” refueling aircraft and American KC-46 refueling tankers, the future refueling aircraft of the IAF.

      The air forces simulated the rescue of an abandoned pilot in a mountainous and complex area of the Golan Heights, where USAF personnel rescued an IAF pilot.

      The Israeli Ground Forces and U.S. Army conducted a joint training drill consisting of ground maneuvering and dozens of rocket launches, during which long-range rockets were launched from the American HIMARS and launchers in the Israeli Artillery Corps’ Rocket Array.

    • les spécialistes militaires (...) s’interrogent sur ses réserves en munitions et en effectifs.

      https://justpaste.it/ac1iy

      après 19 jour de bombardements de Gaza, la guerre, ralentie par le blocage institutionnel US, va s’accélérer.
      déjà, notre stratège a changé de tenue. ce « cher Bibi » (E.M) porte une chemise noire.

      pour pallier le manque d’effectifs nécessaire à l’invasion terrestre d’un champs de ruines, Tsahal peut compter sur l’appui naval américain (missiles, renseignements) et français (renseignement), une poignée de gradés US de la contre guérilla

      Nous sommes dans un cercle d’impuissance et de calcul dont on ne sortira pas. La catastrophe ira donc à son terme, et nous en subirons les conséquences.

      https://seenthis.net/messages/1022488

      #Israël #Gaza

    • je le dis avec retard, faute de prendre du recul et bien que n’ignorant pas totalement l’histoire et la situation (en particulier dans les territoires occupés), dans la sidération émotionnelle et en raison de l’hostilité politique à ce qu’est devenue une résistance palestinienne qui s’est confessionnalisée sous égide fondamentaliste depuis Sabra et Chatila, j’ai me suis roulé dans la farine de la propagande israélienne qui a immédiatement répondue à l’attaque du 7 octobre dernier par le Hamas.
      ces bébés morts improbables, cette proportion effarante de civils martyrisés et tués dont on découvre progressivement qu’elle fut bien plus faible que celle proclamée et causée, pour des quantités inconnues, par trois types d’acteurs distincts : des civils palestiniens s’engouffrant dans les brèches ouvertes par les combattants palestiniens, ces mêmes combattants, les soldats israéliens lors de leur riposte, ont focalisé mon attention et je déplore après-coup ce manque de prudence.

      néanmoins, ce qui reste le plus proche de ce que furent originellement les pogroms européens c’est le massacre de civils par des civils encouragés par des forces politico-militaire pourvu d’organes de propagande (et de ce coté, le Protocole reste en usage, tandis que de l’autre la déshumanisation des palestiniens a fait de foudroyants progrès).
      on est bien loin d’en discerner l’éventuelle ampleur et nul ne sait pas quand une vérité suffisamment étayée quant à ce qui s’est passé le 7 octobre sera établie. quoi qu’il en soit, je n’arrive pas à me départir de la conviction qu’une tendance exterminationiste anime avec une puissance variable les deux parties en présence et qu’elle informe déjà le monde (et pas seulement le monde occidental)

      le génocide annoncé des palestiniens risque d’avoir lieu. à moins qu’une hypothétique extension du conflit ait pour résultat un retrait israélien, scénario hautement improbable à cette heure, mitage militaro-colonial aidant, la « solution à deux états » comme celle d’un état binational sont caduques.

      le tragique de la situation me (nous ?) dépasse absolument. l’impensable contraint à penser, je crains que cela ne soit long.

      merci @seenthis pour les divers échanges permis ici. #merci en particulier @kassem, @gonzo, @arno, @rumor dont les seens ont contribué à ce qu’enfin je décille.

      #propagande_de_guerre #propagande

  • Christiane Amanpour sur X / Twitter @amanpour
    Interview de Rania de Jordanie
    https://twitter.com/amanpour/status/1716876182564614390

    In a world exclusive, QueenRania of Jordan spoke with me about the ongoing bombing of Gaza, civilian deaths, the massacres of October 7, and what she calls “a glaring double standard” in the west’s reaction to all this. Watch our full conversation.

    • C’est terrifiant, à aucun moment Ch. Amanpour n’entend le point de vue de Rania ou concède quoi que ce soit à charge d’Israël, même pas la reconnaissance de son statut de puissance occupante…

      En face, Rania est impressionnante, arrivant à maîtriser, parfois difficilement, son émotion qui, il me semble, frise la colère ; devant le cours inébranlable du discours de Ch. Amanpour.

    • Désolé, je vais déblatérer.

      Cette reine a bien du mérite. Elle ne reçoit pas en retour d’insulte ou de mépris, c’est déjà ça. Mais comme tu le dis, la journaliste de CNN ne lâche rien, elle joue son rôle à merveille.

      Le régime pro-occidental, même dirigé par des fascistes, sera apparemment toujours supérieur moralement parlant dans nos contrées, dans les propos de nos propres régimes, dans les propos de nos propres médias officiels, et même au-delà, dans nos propres médias supposés d’opposition ou indépendants.

      C’est tout de même particulier d’ailleurs, de constater combien même dans les milieux supposés progressistes, aller à l’encontre de la communication d’un état d’apartheid ouvertement fasciste et génocidaire n’est pas naturel, et est même mal vu, parce que tu le sais bien « à gauche, on n’est pas assez clair avec l’antisémitisme ».

      En fait, à gauche, on a un petit peu de mal à ne pas se laisser engluer dans la propagande totalitaire et fasciste. Le sujet d’Israël est depuis toujours autre chose qu’un sujet religieux. C’est un problème de colonialisme, que l’on te noie sous des tonnes de considérations absconses sur l’antisémitisme. Cette instrumentalisation de ce sujet historiquement si lourd et grave, est une ignominie de plus, de la part de ces extrémistes qui ont pris en otage leur pays, au point de tuer l’un des leurs d’ailleurs, Rabin, 1995, qui était pourtant loin d’être un ange ; j’ajoute qu’il n’est pas du tout certain qu’il aurait changé quoi que ce soit ensuite dans l’application des accords d’Oslo, mais il a été tué, c’est qu’il en avait déjà trop fait.

      Je pourrais ajouter, qu’en fait, à gauche, on n’est pas très clair dans notre rapport aux arabes, et que finalement, le racisme anti-arabe, sans avoir besoin de le dire, on le partage tous un petit peu. D’ailleurs, hé, l’islamophobie, ça n’existe pas, ce mot est ridicule, on devrait parler du racisme anti-blanc, qui lui existe, je l’ai encore croisé hier à la sortie du macdo’, promis, on m’a demandé une clope en me regardant de travers, et c’était horrible. :-/ C’est te dire à quel point on a des soucis à gauche... entre l’antisémitisme et le racisme... alors discuter colonialisme, tu comprends bien que c’est un petit peu futile et totalement hors sujet. Je te vois venir, tu vas me dire que tu veux organiser des réunions en non-mixité, les palestiniens d’un côté, les israéliens de l’autre. Encore une futilité issue du féminisme. Je te rappelle qu’ici on est chez les vrais progressistes, ceux qui savent ce qui est important. Et donc, oui, il faut en premier lieu écouter ce que le colonisateur te dit, et si tu as encore du temps de cerveau disponible, tu peux t’intéresser à ce que dit le colonisé, mais à la seule condition de lui demander de prouver que ce qu’il dit est vrai, tout en prenant la peine d’équilibrer avec ce que le colonisateur a dit précédemment. Et là, oui, tu mériteras de faire partie de la vraie gauche qui mérite d’exister, et tu pourras terminer ta vie dans le déshonneur, à la façon d’un Valls, d’un Cazeneuve ou d’un caillou dans la chaussure.

    • Ah mais attend, c’est une femme ? Et une arabe en plus ? Elle a dit merci au moins, d’avoir eu l’honneur d’être interviewée, j’espère :-p

      #merci @simplicissimus

      Rania Al-Yassin was born on 31 August 1970 in Kuwait, to Palestinian parents. Her father, Faisal Al-Yassin (1934–2022) was from Tulkarm in the West Bank. She also has Turkish roots on her maternal grandfather’s side. Rania received a degree in business administration from the American University in Cairo. Upon her graduation, she worked briefly in marketing for Citibank, followed by a job with Apple Inc. in Amman, Jordan.

      https://en.m.wikipedia.org/wiki/Queen_Rania_of_Jordan

      Elle est ranked dans le top 100 des femmes les plus puissantes du monde chez Forbes.

      tu sais si cette interview a été relayée en fRance p.ex.par S.Berne vu que c’est quand même un peu la Reine ?

  • La Salamandre – bienvenue à bord
    https://tagrawlaineqqiqi.wordpress.com/2023/10/25/la-salamandre-bienvenue-a-bord

    Si on m’avait dit « tu devrais lire des romans maritimes », j’aurais commencé par répondre « ah bon, ça existe ? » et j’aurais probablement ajouté « mwé bof, je sais pas, c’est pas mon truc la #mer ». J’aurais donc dit deux bêtises de suite. Parce que oui, le #roman maritime est un genre à part entière, et n’en déplaise […]

    #Bibliothèque #Humour #littérature #lecture #livre #pamphlet
    https://0.gravatar.com/avatar/cd5bf583a4f6b14e8793f123f6473b33bb560651f18847079e51b3bcad719755?s=96&d=

  • Ivan Illich (1926-2002) : la ville conviviale (2013)
    https://theses.hal.science/tel-00849958/document

    Une thèse de doctorat consacrée à l’application des concepts d’Illich aux prolématiques de la ville et de l’urbanisme. De plus d’après l’intro de l’autrice sous l’égide de La ligne d’horizon, les amis de François Partant, donc ça m’inspirait confiance. Pas encore lu, je référence pour feuilleter…

    Je vois dans le sommaire déjà une critique de la résilience et de la transition, en 2013

    Ivan Illich (1926-2002) propose dans ses ouvrages une critique radicale des
    « institutions » (Église, école, hôpital, transports, machines, etc.) qui toutes, à un moment de leur déploiement, se révèlent contre-productives. Peut-on transposer au domaine de l’urbain ses analyses ? Si oui, en quoi contribuent-elles à rendre intelligible ce qui « travaille » les villes à l’ère de l’urbanisation planétaire ? Cette recherche propose une lecture illichienne de « l’entreprise-ville » et suggère des pistes pour sortir de l’impasse productiviste dans laquelle elle est engagée. Elle s’articule autour de deux axes :

    Premièrement, dans le contexte du paradigme économiciste de la rareté et du paradigme cybernétique des systèmes, la Ville a été substituée par une entreprise urbaine contreproductive : une anti-ville. L’urbanisme devient iatrogène. C’est « le grand enfermement ».

    Deuxièmement, les idées d’Ivan Illich projetées sur l’espace habité nourrissent –et très généreusement– un nouveau paradigme pour sortir de l’industrialisme et reconstruire le territoire à travers des processus de réduction / reconduction. C’est la ville conviviale.

    #Ivan_Illich #urbanisme #urban_matters #ville #architecture #convivialité #critique_techno

    @cdb_77 @odilon @tranbert que ça peut intéresser :)

  • En #Méditerranée, avec les « #pilotes_volontaires » qui repèrent les exilés en mer

    Depuis six ans, l’avion de l’ONG française Pilotes volontaires survole la mer dans l’objectif d’identifier des embarcations de migrants en détresse. Elle ne vit que grâce aux bénévoles qui constatent, avec amertume, le durcissement des politiques migratoires européennes et ses conséquences sur le terrain.

    La grille noire du modeste immeuble qu’ils occupent s’entrouvre au petit matin. Le soleil ne s’est pas encore levé sur Lampedusa, et les rues sont baignées par l’obscurité. Il est 6 h 30 vendredi 6 octobre lorsque José, Alix et Gaëlle sautent en voiture pour rejoindre l’aéroport, situé à cinq minutes de là. Cela fait trois jours qu’ils enchaînent deux vols quotidiens, du lever au coucher du soleil.

    Les membres de Pilotes volontaires, cette ONG française dont le Colibri 2, un avion de reconnaissance, patrouille dans les airs à la recherche d’exilé·es en détresse en Méditerranée centrale, avouent être usé·es par la fatigue. « Hier, on n’a trouvé que des bateaux vides, quatre au total, rapporte José, le fondateur de l’association. Et les Libyens ont intercepté près de soixante-dix personnes à bord d’un bateau pneumatique. »

    Sur le tarmac de l’aéroport de l’île, après avoir passé la sécurité, José se lance dans une « visite pré-vol » : purge des réservoirs d’essence, contrôle du niveau d’huile des moteurs, inspection générale extérieure de l’avion… « Il n’y avait pas de souci particulier lorsque l’on est rentrés hier soir, mais il nous faut pouvoir identifier un problème si jamais il y en a un. » Tandis que les premières lueurs du soleil percent au loin, Alix et Gaëlle vérifient quant à elles les outils de communication.

    « On va s’enquérir des dernières infos, notamment la position du Geo Barents », annoncent-elles, assises à même le sol, un gilet jaune estampillé « Pilotes volontaires » sur le dos. Le navire humanitaire affrété par Médecins sans frontières (MSF) était déjà sur zone cette nuit. Comme les autres, il ratisse les eaux internationales, entre la Libye et l’Italie – et, plus récemment, entre la Tunisie et Lampedusa, une route migratoire qui a connu un rythme effréné en 2023 – à la recherche d’embarcations en détresse à qui il peut porter secours. « Une info vient de tomber, annonce Alix. Le Geo Barents a secouru 162 personnes à l’aube. »

    Le port « sûr » de Salerne, au sud de Naples et à plusieurs jours de navigation, leur a déjà été attribué par les autorités italiennes. Ce jour-là, il s’agit du seul navire humanitaire à être présent en mer. L’information change la donne : les membres de Pilotes volontaires ont pour habitude de travailler main dans la main avec les ONG qui se trouvent sur la zone de recherche et de secours (appelée « zone SAR »), le but étant de repérer plus facilement, vues du ciel, les embarcations de fortune et de les signaler aux autorités compétentes ainsi qu’aux ONG.
    Détecter l’« anomalie » dans l’immensité

    « On part quand même, décide le groupe. On ne sait pas si le Geo Barents va obéir aux instructions données par les autorités pour débarquer les rescapés à Salerne dans la foulée. » Si le Colibri 2 détectait une embarcation en détresse à proximité du navire, celui-ci pourrait lui porter secours, comme l’exige le droit maritime international.

    Mais cette année, plusieurs décrets sont venus défier ce même droit, l’un d’eux imposant aux ONG d’aller débarquer leurs rescapé·es immédiatement après le sauvetage, sans porter assistance à d’autres exilé·es même si ceux-ci se trouvent sur leur chemin. La réalité du terrain a montré, au cours des derniers mois, l’absurdité d’une telle mesure, impraticable lorsque les traversées connaissent une flambée.

    « Il y a deux semaines, le Geo Barents a porté secours à une embarcation, puis les secours italiens lui ont demandé d’enchaîner treize sauvetages », raconte José pour pointer les contradictions entre le discours politique et les faits constatés sur zone. Quelques jours plus tôt, ce même navire humanitaire n’avait pas été autorisé à porter secours à une petite embarcation transportant huit personnes – une famille – alors que celle-ci était située à 12 milles nautiques de lui, soit une heure vingt de navigation. « C’est incompréhensible. Le bateau a finalement été secouru par les gardes-côtes sept heures plus tard. Pourquoi les avoir laissés en danger durant tout ce temps ? »

    À 8 heures, chaque membre de l’équipe est installé sur son siège, un gilet de sauvetage sur le dos, la ceinture de sécurité attachée. Le quatrième bénévole, Damien, les accompagnera depuis la terre : c’est l’agent de liaison qui devra transmettre les informations venues des autres ONG ou de la plateforme AlarmPhone (en contact avec les exilé·es ou leurs proches lorsqu’ils se signalent en détresse), mais aussi prévenir les centres de coordination et de sauvetage (surnommés « MRCC ») italien et maltais lorsque des embarcations sont repérées par ses collègues.

    « Pied sur le frein. Personne à droite. Démarrage. »

    Tandis qu’il laisse le moteur ronronner un temps, José ajuste son casque et visse le micro à ses lèvres pour rendre ses paroles audibles. L’appareil rejoint la piste, puis s’élève, surplombant la petite île de Lampedusa qui se réveille doucement. Le Colibri 2 met le cap vers le sud pour se rapprocher du Geo Barents. Quarante minutes plus tard seulement, un premier bateau bleu en bois est repéré. Parti de Libye, il transporte près de cinquante personnes et semble avancer correctement.

    « Malgré les apparences, il peut tomber en panne à n’importe quel moment, nuance José. Il est surchargé et n’est pas du tout adapté à la haute mer. » Alix, assise sur le siège passager avant droit, doit donner l’alerte en tant qu’observatrice référente. C’est elle qui envoie la position de l’embarcation à Damien afin que ce dernier en informe les MRCC.

    « Je vois quelque chose », lâche soudain Alix, qui décrit aux autres la position de ce qu’elle a repéré grâce aux points cardinaux affichés sur ses jumelles. « Visuel ! », confirme José. Il faut aller « lever le doute ». La forme et la taille de ce petit point noir au milieu de l’immensité de la mer peuvent laisser penser à une embarcation de migrant·es.

    Il faut savoir les distinguer des bateaux de pêche ou des navires marchands, tout comme il ne faut pas les confondre avec une simple vague blanche ou la ligne de l’horizon, ou encore être trompé par les reflets du soleil. Le premier qui repère une « anomalie » doit en donner la position, sans la perdre de vue, le temps que les autres puissent l’identifier également.
    Deux sauvetages opérés par le « Geo Barents » de MSF

    Le bateau est bel et bien une embarcation de migrant·es, mais il est vide. Il s’agit de celui qui a été intercepté par les gardes-côtes libyens la veille, affirme José. L’Aurora était en mer, mais les Libyens ont été plus rapides. « On est arrivés vingt minutes trop tard, on les a vus partir au loin après l’interception. »

    Dans ces cas-là, c’est un immense sentiment d’impuissance. Les exilé·es sont renvoyé·es en Libye, où les pires sévices leur sont infligés, alors qu’ils devraient être rapatriés vers un « port sûr ». L’Union européenne assume le financement de la Libye pour qu’elle endosse ce rôle de gardes-frontières, bien que ces interceptions correspondent à des « refoulements illégaux ».

    À 9 h 10, l’équipe à bord du Colibri 2 retrouve le Geo Barents. Celui-ci procède à une seconde opération de sauvetage pour un bateau en bois à double étage, parti de Libye. Seules soixante-quinze personnes sont d’abord visibles de l’ONG, qui en découvre soixante-quinze autres dans la cale, dans des conditions de navigation bien souvent terribles, accroupies dans l’obscurité et secouées par la houle.

    Le bateau en bois bleu est vidé, petit à petit, de ses occupant·es transbordé·es vers le grand navire grâce à des semi-rigides rapides. En fin d’opération, les équipes du Geo Barents marquent l’embarcation pour signifier à quiconque passerait par là que des exilé·es ont été secouru·es.

    Le Geo Barents n’opérera pas d’autres sauvetages ce vendredi. L’équipe de Pilotes volontaires repère pourtant un petit bateau blanc, transportant trente personnes, « avec un très mauvais cap ». « Ils vont suivre les instructions des autorités italiennes et se rendre à Salerne. C’est une mauvaise nouvelle. Ce bateau ne sera pas secouru mais probablement intercepté dans les prochaines heures », prédit José.

    Situé à plus de 100 nautiques de Lampedusa, il lui faudrait, même s’il réajustait son cap, au moins trente-six heures pour rejoindre la petite île italienne. Le Colibri 2 continue de survoler la zone, puis revient vers la première embarcation repérée plus tôt dans la matinée.

    Il la découvre à la dérive. Entre-temps, elle s’est déclarée en détresse auprès de la plateforme AlarmPhone – sans doute grâce à un téléphone satellite à bord. En apercevant l’avion qui les survole, certains hommes font désespérément des signes de la main. Une poignée d’entre eux revêtent un gilet de sauvetage orange. « Voilà, commente José. Ils ont fait 4 nautiques de plus et sont tombés en panne. Comme quoi, tout peut arriver à n’importe quel moment. »

    L’avion repère une seconde embarcation, pour laquelle une levée de doute est effectuée. L’équipe découvre un bateau en bois bleu transportant cinquante personnes, mettant le cap sur le nord à une vitesse de 5 nœuds. « Elle se rapproche de la première qui est à la dérive », constate l’équipe. Les deux embarcations ont été signalées aux MRCC maltais et italien. Sans navire humanitaire opérationnel, le Colibri 2 ne peut rien faire de plus. Il effectue là l’avant-dernière rotation de cette mission : « On ne doit pas dépasser cent heures de vol en tout », explique José.

    Celles-ci sont réparties selon la météo ; une mission dure en moyenne quatre semaines. Ce vendredi, il ne lui reste que douze heures de vol, et quatre viennent de s’écouler. L’équipe choisit de retourner à l’aéroport pour se poser. La situation est difficile, mais il lui faut prendre la meilleure décision. Le lendemain, l’Aurora et le Life Support (d’une ONG italienne) seront tous deux sur zone. Mieux vaut garder les heures restantes pour les épauler durant leurs opérations de sauvetage.
    Une journée de vol pour deux bateaux secourus

    Mais deux heures plus tard, c’est plus fort qu’eux : ils se rendent en urgence à l’aéroport et redécollent. « On ne pouvait pas rester à ne rien faire. » Damien tente, à distance, de convaincre l’Aurora de se rendre sur zone un jour plus tôt pour porter secours aux deux embarcations repérées le matin. Depuis les airs, il s’agit maintenant de les retrouver grâce aux positions GPS prises plus tôt.

    Alix aperçoit le deuxième bateau à l’horizon ; celui-ci s’est déclaré en détresse auprès de l’AlarmPhone, estimant se trouver à 70 kilomètres de Lampedusa mais être perdu. « On pense qu’il s’agit du même vu la description et la position. Mais on ne sait pas comment ils ont évalué cette distance. » Leur cap est « erratique », martèle José. « S’ils continuent comme ça, ils vont finir à Tunis. »

    L’avion s’approche et tente de lui faire passer le message. Il se positionne devant l’embarcation, bien en vue, puis oriente ses ailes de manière à lui montrer la voie. Il recommence à quatre reprises, « jusqu’à ce qu’ils rectifient leur cap ». Gaëlle repère la première embarcation qui, quelques heures plus tôt, se trouvait à la dérive.

    Elle a pu reprendre sa route. « Peut-être un problème technique qu’ils ont réussi à résoudre seuls », supposent-ils. Ou une panne de carburant surmontée grâce à l’aide d’un pêcheur. « 35.11.12.44 », articule Alix pour donner la position du bateau à Damien, qui préviendra de nouveau les MRCC. « Et les gardes-côtes italiens qui sont là-bas et ne font rien… Combien faudra-t-il de naufrages ? », enrage José.

    L’Aurora se décide à prendre la mer en fin d’après-midi. Pour l’équipe des Pilotes volontaires, c’est le soulagement. Car même si les deux embarcations parvenaient à rallier les côtes italiennes par elles-mêmes, elles arriveraient au bout de trois à quatre heures, de nuit, avec le risque de « se fracasser contre les cailloux ».

    À 18 h 20, Pilotes volontaires transmet la position du deuxième bateau à l’Aurora, qui fonce à pleine vitesse pour opérer le sauvetage. Un bateau des gardes-côtes italiens suit curieusement le navire humanitaire, lui affirmant via la radio ne pas avoir eu connaissance de ce cas de détresse. « Ils le savent depuis au moins huit heures, quand on a envoyé le premier signalement », réagit Alix.

    « Soit Rome ne transmet pas les informations à Lampedusa, ce qui m’étonnerait ; soit Lampedusa ignore ces cas de détresse jusqu’au soir, les laissant sciemment en détresse », complète José. L’embarcation change de nouveau de cap, d’au moins 30 degrés. L’arrière du bateau penche dangereusement à gauche, semblant s’enfoncer petit à petit dans les eaux. La situation est critique. L’Aurora et le bateau des gardes-côtes italiens arrivent en même temps ; les seconds procèdent au sauvetage.
    Consacrer sa vie à sauver celle des autres

    Le Colibri 2 retourne à l’autre embarcation, qui n’avance désormais plus. « Ils n’ont plus de moteur », constate l’équipage depuis les airs, avant de donner la position à l’Aurora. Un bateau de la Guardia di Finanza jaillit, au loin, dans une petite vedette. José les guide grâce aux phares de l’avion avant d’aller se poser à la nuit tombée. « Ils attendent qu’il fasse nuit pour venir », soupire Gaëlle.

    Une fois à terre, l’équipe souffle enfin. Elle a utilisé de précieuses heures sans regret, contribuant à sauver au moins deux embarcations, dont une qui n’aurait jamais maintenu le cap sans son intervention.

    Les traits marqués, pour certains en manque de sommeil, ils font le bilan. Ils savent qu’ils sont « à [leur] place » : « On sait pourquoi on est là. » L’un est un ancien travailleur humanitaire qui a passé son permis de pilote ; les autres sont juristes spécialisés en droit des étrangers et photographe documentaire indépendante.

    Tous et toutes sont bénévoles et consacrent une partie de leur vie à sauver celle des exilé·es qui tentent de rallier l’Europe en empruntant l’une des routes les plus meurtrières au monde, faute de voies légales. L’association ne compte que vingt membres, triés sur le volet, entre peur d’une infiltration malveillante et crainte des petits curieux en quête de sensations fortes.

    Si Pilotes volontaires a été créée six ans plus tôt pour répondre à une urgence, José le répète sans cesse, ils travaillent à sa disparition. « Tant qu’on est là, ça signifie que la situation ne s’est pas améliorée. » Ils sont les « yeux » de toutes ces ONG qui, depuis leur navire, ne peuvent repérer les embarcations les plus éloignées, tout comme ils permettent à l’AlarmPhone de détecter des cas pour lesquels une alerte a été donnée avec une position GPS parfois hasardeuse.

    Mais alors que l’association a dépassé son record d’embarcations repérées en une journée cet été – vingt-neuf bateaux en cinq heures trente de vol, soit plus du triple que le record précédent, tous repérés sur le corridor tunisien –, elle pourrait ne pas pouvoir maintenir ses activités. Elle ne vit que des dons de particuliers et de fondations privées, et c’est la deuxième fois dans son histoire qu’elle est en proie à des difficultés financières.

    « Pour l’heure, on n’a pas de quoi repartir pour la mission suivante. » Le constat est amer. José dit avoir démissionné de son dernier emploi en tant qu’expert technique au bureau des affaires humanitaires de la Commission européenne pour se consacrer à l’association. Une décision qui « allait de soi », à laquelle son épouse s’est adaptée parce qu’elle partage « les mêmes valeurs ».

    Il se bat désormais pour continuer à la faire vivre. « On a besoin d’un budget de fonctionnement de 500 000 euros, ce qui n’est pas énorme au vu de notre activité. » En six ans, Pilotes volontaires a effectué près de 400 vols et repéré plus de 1 052 bateaux en Méditerranée, contribuant à sauver plus de 27 300 vies.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/211023/en-mediterranee-avec-les-pilotes-volontaires-qui-reperent-les-exiles-en-me
    #solidarité #asile #réfugiés #sauvetage #mer_Méditerranée #avion #solidarité

  • On est mauvaise langue à toujours critiquer, parce qu’en fait il existe encore une presse américaine de qualité.

    Netanyahu: ‘I Don’t Know About You, But The Timing Of This Tragic Attack On Israelis Could Not Have Come At A Better Time For Me’
    https://www.theonion.com/netanyahu-i-don-t-know-about-you-but-the-timing-of-t-1850915770

    ‘New York Times’ Issues Apology For Reporting Palestinian Deaths
    https://www.theonion.com/new-york-times-issues-apology-for-reporting-palestini-1850915694

    Moderate U.S. Politician Believes Israel Should Only Kill Half Of Palestinians
    https://www.theonion.com/moderate-u-s-politician-believes-israel-should-only-ki-1850922234

    Dying Gazans Criticized For Not Using Last Words To Condemn Hamas
    https://www.theonion.com/dying-gazans-criticized-for-not-using-last-words-to-con-1850925657

    Diplomatic Solution Sounds Fucking Lame
    https://www.theonion.com/diplomatic-solution-sounds-fucking-lame-1850924705

    ‘The Onion’ Stands With Israel Because It Seems Like You Get In Less Trouble For That
    https://www.theonion.com/the-onion-stands-with-israel-because-it-seems-like-yo-1850922505

  • Orwell, very well | LeMonde | 08.07.23

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/07/08/comment-le-xxi-siecle-est-devenu-orwellien_6181089_3246.html

    Sa figure de reporter antitotalitaire et d’écrivain visionnaire est un véritable étendard. Pour beaucoup, Orwell est une vigie, un phare. Sans compter son héritage sans testament que se disputent populistes et anarchistes, conservateurs et progressistes. Une captation politique notamment opérée par une droite politique et médiatique déboussolée par l’effondrement du monde d’hier, qui cherche en George Orwell un support à sa rhétorique réactionnaire.

    il doit se retourner dans son nuage, le Georges, avec ces fans de droite.

    • Face à la réécriture de l’histoire par les éditorialistes nationaux-populistes, il est devenu nécessaire de le rappeler : Orwell n’est pas de droite, mais de gauche. Et n’est ni réactionnaire ni conservateur. Comme en atteste cette réponse sans appel adressée le 15 novembre 1945 à Katherine Marjory, duchesse écossaise d’Atholl, qui l’invitait à un meeting anti­communiste organisé par la Ligue pour la liberté européenne : « Je ne puis m’associer à une organisation essentiellement conservatrice, qui prétend défendre la démocratie en Europe, sans avoir un mot contre l’impérialisme britannique. » N’oubliant pas de préciser avec la plus grande netteté : « J’appartiens à la gauche et c’est en son sein que je dois travailler. » « Le risque avec une icône, c’est de s’attacher ­davantage à sa vie qu’à son œuvre », prévient Jean-Jacques Rosat, philosophe et auteur de Chroniques orwelliennes (Collège de France, 2013), qui a édité et préfacé trois de ses livres en français aux Éditions Agone. Impossible pourtant, avec Orwell, de dissocier sa vie de ses écrits.

      Victime et observateur de l’humiliation sociale

      Eric Arthur Blair est né dans une famille de la petite bourgeoisie britannique, le 25 juin 1903, au Bengale, où son père, Richard Walmesley Blair (1857-1939), s’occupe du ­commerce de l’opium au sein de l’administration coloniale. Sa mère, Ida Mabel Blair (1875-1943), née Limouzin­, était la fille d’un homme d’affaires français installé en Birmanie, propriétaire d’une plantation de teck. Il arrivait à cette femme indépendante et cultivée de prendre sous la dictée les premiers poèmes que son fils, inspiré par William Blake, écrivait dès l’âge de cinq ans, racontera plus tard l’écrivain dans Pourquoi j’écris (1946).

      Le jeune Eric Blair vécut également avec ses deux sœurs, Marjorie (1898-1946) et Avril (1908-1978) et gardera sans doute de l’atmosphère bucolique de ses vacances familiales en Cornouailles­ un goût prononcé pour la pêche et la nature qu’il traduira plus tard sous la forme d’une éthique dans l’une de ses chroniques : « Je pense que c’est en conservant notre amour enfantin pour les arbres, les poissons, les papillons, les crapauds… que l’on rend un peu plus probable la possibilité d’un avenir paisible et décent. » Mais l’auteur relate avant tout une enfance solitaire lors de laquelle il prit l’habitude de s’« inventer des histoires et de converser avec des personnages imaginaires ».

      Scolarisé en Angleterre, il fut très tôt sensible aux différences de classes, tour à tour victime et observateur de l’humiliation sociale. Roué de coups de cravache au collège de St Cyprian’s pour ses incontinences nocturnes, il gardera de cet épisode une profonde blessure, une aversion pour la toute-puissance du pouvoir de la surveillance et plus généralement l’impression de « perdre [son] temps » et de « gâcher [ses] talents » (« Tels, tels étaient nos plaisirs », 1947). Certains biographes ont vu en la personne du directeur de cette école huppée, surnommé « Sambo », autocrate qui favorisait les élèves les plus riches et, écrira Orwell, « menait la vie dure aux plus pauvres doués » dont « les cerveaux étaient considérés comme des mines d’or », les prémisses de Big Brother. À St-Cyprian’s, dans le sud de l’Angleterre, entre sa huitième et sa quatorzième année, Eric Blair fut ainsi sensibilisé au « système de castes » qui divisait les élèves entre la minorité des aristocrates millionnaires, le gros bataillon des bourgeois aisés et, dit-il, « le rebut » dont il faisait partie, notamment composé de fils de fonctionnaires de l’administration impériale.

      Un dominé chez les dominants

      Pensionnaire boursier du prestigieux collège d’Eton, de 1917 à 1921, il découvre et réprouve également le snobisme des public schools, ces écoles privées et prisées des élites qu’il proposera plus tard d’abolir dans Le Lion et la Licorne (1941). C’est toutefois dans ce prestigieux établissement du Berkshire qu’il dévore les auteurs qui feront partie de son panthéon personnel, comme H.G Wells et, bien sûr, Charles Dickens, l’auteur de David Copperfield, dont il fit plus tard l’éloge en forme d’autoportrait, imaginant le visage de l’écrivain derrière ses pages : « C’est le visage d’un homme qui ne cesse de combattre quelque chose, mais qui se bat au grand jour, sans peur, le visage d’un homme animé d’une colère généreuse, écrit-il dans un essai qu’il lui consacrera en 1939, une intelligence libre, un type d’individu également exécré par toutes les petites orthodoxies malodorantes qui se disputent aujourd’hui le contrôle de nos esprits. »
      Eric Blair rompt avec cette précaire méritocratie autoritaire. Sa route scolaire s’arrête et il n’empruntera pas la voie royale qui mène d’ordinaire cette élite à Oxford ou à Cambridge. Mais il gardera, jusque dans les bas-fonds de Paris ou de Londres, l’accent etonien qui marquera à jamais son appartenance à sa classe, même si Orwell est non pas un transfuge, mais un dominé chez les dominants, dirait une certaine sociologie aujourd’hui, un homme capable de circuler entre les mondes, les bourgeois et les prolétaires, les officiers et les ouvriers, les éditeurs et les mineurs.

      Il s’embarque pour la Birmanie en 1922 et devient officier de la police impériale des Indes, avant de démissionner en 1927, horrifié par « les visages gris et apeurés des détenus » et « les fesses zébrées des hommes châtiés à coups de bambous ». Sur le bateau qui le mène vers l’Asie, il prend à nouveau conscience des différences de classes devant le comportement d’un des quartiers-maîtres anglais « détalant comme un rat » afin de dévorer les restes d’un pudding pris illicitement par un steward sur la table d’un passager. Même ces « êtres quasi-divins » apparentés aux officiers ne sont pas épargnés par l’empire de la nécessité. « La stupeur qui me frappa à ce moment-là m’en apprit plus que ne l’aurait fait une demi-­douzaine de brochures socialistes », écrira-t-il dans une de ses chroniques données à Tribune (1947).
      Car l’auteur d’Une histoire birmane pense presque toujours à partir d’une expérience. Le futur Orwell n’est pas un homme de la théorie, ni seulement un faiseur de récit. C’est un écrivain à la pensée éprouvée. Et en Birmanie, les épreuves ne manquent pas. Il en tirera deux nouvelles et son premier roman, Une histoire birmane (1934), récit cinglant, drôle et cruel d’un employé d’une compagnie forestière égaré dans la jungle coloniale. Il assista un jour à une pendaison, qui lui parut « plus atroce que mille assassinats » et après laquelle il ne put jamais pénétrer à l’intérieur d’une prison « sans avoir l’impression que [sa] place était derrière les barreaux plutôt que devant ». Sans doute est-ce dans Comment j’ai tué un éléphant (1936), où le jeune officier relate la façon dont il fut contraint d’abattre un pachyderme pour préserver son statut face à la foule, qu’il décrit le mieux « la vacuité du règne de l’homme blanc en Orient ».

      La Birmanie fut sans doute le baptême de sa conscience européenne blessée. Non pas seulement l’occasion de verser un « sanglot de l’homme blanc » moqué par les néoconservateurs, mais une prise de conscience graduée, suivie d’une critique raisonnée de l’impérialisme et de « toute forme de domination de l’homme par l’homme ».

      Enquêtes en immersion, puis à visage découvert

      Pour en comprendre les ressorts, l’officier rincé par cinq années de service au sein de l’empire a besoin d’effectuer « une véritable plongée ». C’est pourquoi il démissionne en 1927 et rejoint l’Europe où il va vivre, de 1929 à 1931, avec les paumés et les travailleurs paupérisés, les mendiants et les chapardeurs, le prolétariat en haillon des vagabonds et des cueilleurs de houblon. Installé rue du Pot-de-fer à Paris, dans un quartier latin populaire, il devient plongeur dans les cuisines d’un grand hôtel parisien de la rue de Rivoli et en observe la sévère hiérarchie. Lui comme ses pairs sont « astreints à un travail épuisant, qui n’offre aucune perspective d’avenir » et leur « horizon [est] parfaitement bouché ». Ainsi, écrit-il, « le plongeur est l’un des esclaves du monde moderne ». Il poursuit son enquête à Londres, se grime, joue la comédie et dort dans les asiles de nuit avant de partir dans le Kent ramasser le houblon, dans des plantations « où les lois sur le travail des enfants sont outrageusement bafouées », reste toutes les journées débout au point de se « sentir réduit à l’état de véritable loque ». C’est à cette époque qu’il prend son nom de plume et devient George Orwell, du nom d’un fleuve du Suffolk qui se jette dans la mer à cinquante kilomètres de la maison où vivaient ses parents, et publie sous ce pseudonyme

      Dans la dèche à Paris et à Londres (1933).

      Orwell se réapproprie le récit d’immersion, notamment adopté par Jack London dans Le Peuple de l’abîme (1903), qui consiste à partager la vie de ceux que l’on souhaite approcher et même à se faire passer pour un des leurs. Une méthode notamment prolongée par le journaliste allemand Günter Wallraff, l’auteur de Tête de turc (La Découverte, 1985), qui prit l’identité d’un travailleur immigré sans carte de travail et révéla les brimades et l’exploitation dont faisait l’objet cette communauté précarisée en Allemagne. Une approche employée dans d’autres enquêtes menées parmi les SDF et tous « les perdants du meilleur des mondes ». Une manière d’être au plus près des classes populaires, d’en partager les travaux et les jours, témoigner de leur décence ordinaire. Mais sans prétendre pour autant faire partie de leur monde, sans s’illusionner sur cette proximité momentanée. Une démarche qui inspirera également la journaliste française Florence Aubenas qui travailla comme femme de ménage dans les ferrys du Quai de Ouistreham (Éditions de l’Olivier, 2010), titre choisi en référence au Quai de Wigan, que publiera Orwell en 1937.

      Car, après des années à chercher du boulot et parfois à en trouver, notamment comme libraire, mais aussi à vouloir percer dans le monde littéraire avec des romans sans succès, comme La Fille du clergyman (1935) ou Et vive l’aspidistra ! (1936), Orwell repart, cette fois-ci, dans le Lancashire et sa région minière. Toujours pour le compte de son éditeur, Victor Gollancz, qui lui commande, en 1936, une enquête sur la condition de la classe ouvrière et sur les chômeurs du nord de l’Angleterre. Pas de masque ni d’identité d’emprunt cette fois-ci. Orwell enquête deux mois durant à visage découvert. Il descend notamment dans la profondeur des mines de charbon et « découvre l’enfer » de ces cavités à l’air vicié où « rugissent » les machines actionnées par des mineurs qui doivent « rester en permanence à genoux ». Il montre comment « le travail presque surhumain » de ceux d’en bas est « la contrepartie obligée de notre monde d’en haut ».

      La décence ordinaire

      C’est dans Le Quai de Wigan (1937) que George Orwell forge son concept de « common decency », cette propension de l’homme ordinaire à la générosité, au respect, à l’entraide et à la solidarité, particulièrement répandue dans les classes populaires. Non pas une supériorité morale des pauvres, mais « une profonde humanité qu’il n’est pas facile de retrouver ailleurs­ », écrit-il. « Cherchant l’humiliation, il découvre l’humilité », résume le philosophe Bruce Bégout, selon qui la décence ordinaire est, chez Orwell, « le revers de l’apparente indécence publique » des puissants (De la décence ordinaire, Allia, 2019).
      Mais la seconde partie de l’ouvrage révèle un reporter réflexif, un journaliste critique, un observateur engagé à la plume aiguisée. Orwell mène une analyse sans concession de l’avenir du socialisme auquel il restera attaché jusqu’à la fin de sa vie. « Le mouvement socialiste a autre chose à faire que de se transformer en une association de matérialistes dialectiques ; ce qu’il doit être, c’est une ligue des opprimés contre les oppresseurs », écrit-il à l’usage des marxistes s’adonnant au « culte sans réserve de la Russie. » Orwell propose même une alliance par-delà les différences.

      L’écrivain, qui a « reçu une éducation bourgeoise » mais qui était contraint de « vivre avec un revenu d’ouvrier », y explique que « des classes distinctes peuvent et doivent faire front commun ». Tous « ceux qui courbent l’échine devant un patron ou frissonnent à l’idée d’un prochain loyer à payer » doivent « unir leur force », enjoint-il. Ce qui revient à dire que « le petit actionnaire doit tendre la main au manœuvre d’usine, la dactylo au mineur de fond, le maître d’école au mécano ». Une alliance qui, pour beaucoup, reste largement d’actualité, en dépit des changements survenus dans les corps de métiers.
      Une autre conviction s’ancre dès cette expérience fondatrice : « Le socialisme, c’est l’abolition de la tyrannie, aussi bien dans le pays où l’on vit que dans les autres pays. » Or le stalinisme se déploie. Et le fascisme s’étend. En Italie, bien sûr, avec Mussolini. Mais aussi en Angleterre, avec la British Union of Fascists d’Oswald Mosley, qui sera interdite en 1940 et dont le leader sera emprisonné pendant la guerre. En Allemagne, le parti national-­socialiste d’Adolf Hitler répand la terreur d’État depuis 1933. Sans oublier l’Espagne où les Républicains se battent sans le soutien des démocraties française et britannique contre les phalanges franquistes armées par les fascistes et les nazis.

      Le cottage aux animaux

      Marié depuis 1936 à Eileen O’Shaughnessy, une femme de gauche au « visage de chat », Orwell s’installe en couple dans un modeste cottage sans électricité ni salle de bains, s’occupe d’un poulailler et d’un potager entouré de chèvres qu’il trait au petit matin et d’un chien ironiquement appelé « Marx ». Après s’être cherché durant des années, il s’est enfin trouvé. Dans sa vie, son style et ses écrits. Et décide de partir en Espagne. Non seulement pour raconter et témoigner, mais pour « combattre le fascisme ». De passage à Paris, avant de prendre le train pour Barcelone, l’écrivain Henry Miller tente de l’en dissuader. En vain. Lui laissant sa veste en velours qu’Orwell gardera tout au long de son expédition catalane. Il faut dire qu’il en aura besoin, tant le front d’Aragon est, en hiver, balayé par la neige, les vents froids et « le claquement glacé des balles ».

      George Orwell arrive à Barcelone en décembre 1936 et s’engage dans les milices du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), organisation fondée en 1935 par Andrés Nin qu’il rejoint en raison de sa proximité avec l’Independant Labour Party, auquel Orwell adhère de juin 1938 à septembre 1939. Les drapeaux rouges des communistes, les fanions rouges et noirs des anarchistes qui tournoient dans les rues de Barcelone, les conversations lors desquelles tout le monde se tutoie, les différences sociales qui semblent soudainement abolies, les liesses lors desquelles des militants fraternisent, le grisent.
      Incorporé sur le front d’Aragon, dans la région de Saragosse et de Huesca, où il est nommé caporal, Orwell mène une guerre de tranchée avec de vieux fusils rouillés, guette les troupes ennemies en face de montagnes « grises et plissées comme la peau des éléphants », patrouille dans des « vallées obscures » où « les balles perdues passaient en sifflant comme des bécasseaux ». Le froid, les rats, l’attente. Une nuit, il tient un fasciste dans le viseur de son vieux Mauser. Mais il n’abat pas cette estafette franquiste en raison d’un détail qui interrompt son geste : l’homme tient dans sa main son pantalon. « J’étais venu pour tirer sur des fascistes ; mais un homme qui tient son pantalon n’est pas un fasciste, il est un être humain », écrira-t-il. Quatre mois plus tard, une permission le ramène à Barcelone où l’atmosphère a changé. Les distinctions sociales sont de retour et les divisions politiques éclatent au grand jour. Dans ces journées de mai 1937, la ville n’est plus, à l’image des milices qu’il a intégrées, ce « microcosme de la société sans classe » où « personne ne léchait les bottes à quelqu’un », mais une poudrière où les communistes s’affrontent aux anarchistes et aux poumistes.

      De retour sur le front d’Aragon, une balle fasciste lui traverse la gorge et Orwell échappe presque miraculeusement à la mort. Quand il revient à Barcelone, il découvre que les communistes ont obtenu que le POUM soit interdit par le gouvernement républicain. Ses membres sont ainsi arrêtés et emprisonnés. Les anciens alliés anarchistes et poumistes sont accusés d’espionnage, de trahison et de « complot trotskiste », à l’image du commandant de l’unité de sa milice, Georges Kopp (1903-1951), qui passera dix-huit mois dans les prisons républicaines. Eileen, venue rejoindre son mari et travailler au sein du bureau catalan de l’ILP, lui apprend qu’il est recherché. Orwell se cache pendant trois jours avant de réussir à partir, avec l’aide du consulat britannique.
      Une santé qui se dégrade
      Barcelone, Banuyls, puis Paris, avant de rejoindre le sud de l’Angleterre, « le plus onctueux paysage du monde ». Sur le trajet, une envie, perçue comme une « folie », lui traverse l’esprit : « retourner en Espagne ». Car malgré « l’épouvantable désastre » d’une « guerre politique », cette expérience inoubliable accroît sa « foi » dans la « dignité humaine ». George Orwell restera en quête d’un « trésor », un peu comme les maquisards selon René Char car, dit le poète, celui qui « a épousé la Résistance, a découvert sa vérité ». Orwell cherchera à retrouver cet élan malgré l’effondrement d’une Europe plongée dans de « sombres temps », une expression d’Hannah Arendt (1906-1975) qui estime que « l’histoire des révolutions pourrait être racontée sous la forme d’une parabole comme la légende d’un trésor sans âge qui, dans des circonstances les plus diverses, apparaît brusquement, à l’improviste, et disparaît de nouveau dans d’autres conditions mystérieuses, comme s’il était une fée Morgane ».

      Autant marqué par ce surgissement de la liberté que par la dérive totalitaire de certains révolutionnaires, Orwell a donc regagné une Angleterre plongée dans un « profond sommeil » et dont il craint qu’elle n’en soit arrachée par le vrombissement des bombes. Celles-ci ne tardent pas à tomber. En 1940, il assume pleinement son patriotisme sans renier pour autant son socialisme égalitaire. Et explique pourquoi, malgré son opposition politique aux tories, il a « choisi l’Angleterre », ce qui ne l’empêche pas de tonner contre « ces libéraux à la bouche fleurie qui attendent la fin de la Seconde Guerre mondiale pour toucher tranquillement leur dividende ». Il devient chroniqueur à la BBC, puis pour Tribune, le journal de l’aile gauche du Parti travailliste, et collaborateur de nombreuses revues. Il s’engage dans la Home Guard, organisation combattante composée de civils destinée à protéger le pays contre un potentiel débarquement allemand.

      En 1944, il adopte avec sa femme un fils, Richard Blair, qui préside aujourd’hui la Fondation Orwell et la Orwell society. En 1945, il publie La Ferme des animaux, chez Secker & Warburg, devenu son éditeur depuis les réserves émises par Gollancz sur ses analyses critiques de l’orthodoxie marxiste. Mais Eileen meurt la même année d’un cancer. Désemparé, Orwell se mettra rapidement en quête d’une épouse, notamment pour faire face à l’adversité, car l’avenir de sa paternité est menacé par une santé dégradée depuis qu’une sévère tuberculose a été détectée.

      « Mon erreur fondamentale »

      Ce sera Sonia Brownell (1918-1980), personnalité en vue du milieu littéraire et artistique, qui fut l’assistante de son ami Cyril Connolly à Horizon, la grande revue culturelle de l’époque, avec qui Orwell se marie en 1949, trois mois seulement avant sa mort. La même année paraît le roman 1984, qu’il termine à Barnhill, sur l’île écossaise de Jura, où il s’installe avec son tout jeune fils adoptif Richard. Sa sensibilité au mépris de classe s’aiguise presque jusqu’au dernier souffle et, dans une note du 17 avril rédigée au sanatorium de Cranham, Orwell raille encore la « satiété ronflante », la « sotte assurance » et la « lourdeur repue » des membres des classes huppées dont il entend les voix à l’hôpital. « Pas étonnant que tout le monde nous haïsse autant », conclut-il. Mais, rongé par la maladie, il n’aura pas le temps de connaître l’immense succès de son dernier livre, qu’il hésitait à titrer Le Dernier Homme en Europe, puisqu’il meurt le 21 janvier 1950, d’une hémorragie pulmonaire massive.

      Anticolonialiste dès la fin des années 1920, antitotalitaire dans les années 1930, patriote révolutionnaire dès 1940, socialiste radical et défenseur des libertés politiques jusqu’à sa mort, Orwell est doté d’un sens de l’histoire et d’une pensée de l’événement hors du commun. Une acuité politique remarquable qui le conduisit à être le premier auteur à forger la notion de « guerre froide » : « Il se pourrait que nous n’allions pas vers l’effondrement général, mais vers une époque aussi atrocement stable que les empires esclavagistes de l’Antiquité », écrit-il dans l’une de ses chroniques à Tribune (« La bombe atomique et vous », 9 octobre 1945). L’arme nucléaire contribuerait en effet à renforcer un certain type d’État qui serait « en même temps invincible et dans une situation permanente de « guerre froide » avec ses voisins », poursuit-il.
      Gare, toutefois, à ne pas transformer Orwell en « objet d’une vénération sirupeuse », prévient l’écrivain Christopher Hitchens, qui publia Dans la tête d’Orwell (Saint-Simon, 2019). Orwell n’est pas un saint qui ne se serait jamais trompé. Correspondant londonien à partir de janvier 1941 de Partisan Review, revue politico-littéraire de la gauche radicale américaine, Orwell reconnut notamment ses erreurs d’interprétation lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans l’une de ces Lettres de Londres datée de décembre 1944, il admet s’être « grossièrement trompé » jusqu’en 1942. Son « erreur ­fondamentale », explique-t-il, a été de « croire qu’il était impossible de gagner la guerre sans ­démocratiser la manière de la mener ».

      Dès l’automne 1940, en effet, il avait avancé l’idée du patriotisme révolutionnaire, résumée en deux formules : on ne peut espérer faire la révolution un jour en Angleterre si on ne gagne pas la guerre. En effet si Hitler gagne, toute perspective de révolution socialiste disparaît, ce pour quoi il est violemment hostile au pacifisme, notamment celui de ses amis anarchistes. Mais on ne peut espérer gagner la guerre si on ne fait pas la révolution, si une alliance des ouvriers et des classes moyennes ne chasse pas du pouvoir la vieille classe dirigeante britannique.

      Le milieu littéraire boude Orwell

      C’est de la fausseté de cette seconde formule qu’Orwell prend conscience à la fin de l’année 1942. Exemplaire jusque dans la reconnaissance de ses erreurs d’appréciation, il écrit à la fin d’Hommage à la Catalogne, ouvrage qui dessilla les yeux de toute une génération sur la mainmise des staliniens sur la révolution : « Méfiez-vous de ma partialité, des erreurs sur les faits que j’ai pu commettre, et de la déformation qu’entraîne forcément le fait de n’avoir vu qu’un coin des événements. »
      Le succès de George Orwell repose aussi sur l’accessibilité et la limpidité de sa prose. C’est « un écrivain au style clair, précis et direct », observe Bruce Bégout. Loin de l’avant-gardisme de James Joyce ou d’Henry Miller, qu’il admirait et dont il lui arriva d’imiter maladroitement le style dans ses premiers romans, « Orwell écrit sans afféterie ni formalisme littéraire ».

      L’ambition d’Orwell est claire : il s’agit de « faire de l’écriture politique un art », explique-t-il dans Pourquoi j’écris (1946). Ce qui le « pousse au travail », c’est toujours « le sentiment d’une injustice, et l’idée qu’il faut prendre parti ». Pourtant, tient à ajouter Orwell, il lui serait « impossible d’écrire un livre » si cela ne représentait également « une expérience esthétique ».

      Un art du roman « imperméablement fermé à la poésie », lui reproche pourtant Milan Kundera­. Pour l’auteur des Testaments trahis (Gallimard, 1993), non seulement 1984 est un « mauvais roman », car « les situations et les personnages y sont d’une platitude d’affiche », mais cet ouvrage « fait lui-même partie de l’esprit totalitaire » puisqu’il réduit la vie à la politique, en l’occurrence celle d’une société haïe, « en la simple énumération de ses crimes ». Une posture également raillée par le romancier Claude Simon qui, dans le chapitre IV des Géorgiques (Minuit, 1981), réécrit Hommage à la Catalogne mais pour le déconstruire. Plébiscité par le grand public, Orwell fut longtemps boudé par le milieu littéraire, qui lui préférait Kafka ou Zamiatine.

      Mais la grande partie des écrits d’Orwell ne sont pas fictionnels. Ce sont des articles et des essais qui témoignent d’un goût de l’enquête réflexive et de la pensée informée. « Il y a du Montaigne en Orwell, analyse Bruce Bégout, l’idée qu’il faut aller voir les choses par soi-même et que connaître, c’est sortir de soi. » Une littérature de témoignage et d’engagement qui enthousiasme un public fervent. Des écrits qui apportent « un peu d’air frais », pour reprendre le titre d’un roman d’Orwell (1939), et tranchent avec les textes « théoricistes » de la radicalité savante et militante.

      Autre usage important et de plus en plus fréquent d’Orwell, sa critique de la société industrielle, déjà soulignée par Jaime Semprun dans L’Abîme se repeuple, ouvrage paru en 1997 à l’Encyclopédie des nuisances qui publia avec les éditions Ivrea, les Essais, Articles et lettres d’Orwell en France. Une lecture renforcée aujourd’hui par la prise de conscience de l’urgence écologique, au point que certains lecteurs le situent dans la famille des « précurseurs de la décroissance ». Sa sensibilité à la nature est évidente et son aversion contre la « mécanisation de la vie » est flagrante, en effet, comme en atteste sa critique des « lieux de loisirs », bulles de vacances artificielles qu’on imagine à l’époque, où l’« on n’est jamais en présence de végétation sauvage ou d’objets naturels de quelque espèce que ce soit ».

      Récupéré par les conservateurs

      Depuis quelques années, Orwell est loué dans la sphère conservatrice jusqu’à faire l’objet d’une véritable opération de récupération. C’est la notion de « décence ordinaire », cette morale des classes populaires selon lui instinctivement capables de distinguer « ce qui se fait » de « ce qui ne se fait pas », tout comme sa loyauté au gouvernement de son pays pendant la guerre, qui séduit une partie des conservateurs, inspirés par le travail du philosophe Jean-Claude Michéa, qui portraiture Orwell en « anarchiste tory ». Mais aussi parce que l’auteur de 1984 aimait à dire que « parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre ». Il serait donc l’intellectuel incorrect, l’écrivain anti-« bien-pensant ». Orwell, en effet, savait parfaitement tancer son camp et notamment brocarder les « compagnons de route ».

      Mais son souci des autres désarmerait les adversaires les plus caricaturaux du « politiquement correct » et du « wokisme » qui font de l’antiracisme un nouveau communisme : « quiconque est informé d’un cas avéré de discrimination raciale doit systématiquement le dénoncer », écrivait-il ; son anticolonialisme viscéral, éclos lors de ces cinq années passées dans la police impériale des Indes, désemparerait aujourd’hui les pourfendeurs de la « repentance » postcoloniale : « Nous oublions qu’à l’autre bout du monde il y a toute une série de pays qui attendent d’être libérés » ; son égalitarisme déstabiliserait les modernes rentiers : « Pendant près de trois ans, les squares sont restés ouverts et leur gazon sacré a été piétiné par les enfants de la classe ouvrière, dit-il à propos des grilles qui avaient été retirées des parcs privés pendant la guerre. Une vision à faire grincer les dentiers des boursicoteurs. Si c’est du vol, alors tout ce que je peux dire, c’est : “ Vive le vol !”. »

      Orwell resta indéfectiblement de gauche et anticolonialiste jusqu’à ses derniers jours, européen favorable même à des « États-Unis socialistes d’Europe ». En un mot qui pourrait s’adresser à la droite libérale et autoritaire comme à ses intellectuels affidés : « Personne ne s’attend à ce que le parti tory et ses journaux nous apportent des lumières. »

      Plébiscitée, mais encore largement méconnue, l’œuvre de George Orwell reste d’une grande actualité. Elle invite surtout à faire vivre l’esprit critique, comme il le fit à l’égard de son camp dont il ne cessa de brocarder les facilités de pensée. « Le remplacement d’une orthodoxie par une autre n’est pas nécessairement un progrès. Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai que l’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment », ­écrivait-il en 1945. Elle invite aussi ses lecteurs à sortir de l’entre-soi. À l’heure où le séparatisme social s’est particulièrement renforcé, elle affirme avec constance que « rendre les gens conscients de ce qui se passe en dehors de leur propre petit cercle » demeure l’« un des principaux problèmes de notre temps ».

  • Identification of bodies from the Mediterranean - Parliamentary question - E-001950/2023

    In recent years, the Mediterranean has carried thousands of migrants’ bodies onto European beaches, and more than half of those bodies have never been identified.

    Given that it is not possible to identify the majority of people who die while crossing the Mediterranean, in its resolution adopted on 19 May 2021 on the protection of human rights and the EU’s external policy on migration, Parliament called for ‘a coordinated European approach in order to ensure prompt and effective identification processes, and to establish a database of those who died on their way to the EU as well of their belongings and personal items’ and a parallel database containing data about missing people provided by those looking for them.

    From a legal and administrative perspective, it is also important for the living that victims are identified.

    In the light of the above:

    1. Does the Commission not think that the failure to identify victims could hinder the principle of family reunification and block any possibility that justice may be obtained for any crimes committed against individual migrants?

    2. Does it not agree that failing to work to identify the dead violates the right to good mental health of those looking for them?

    3. Will it follow up on Parliament’s request by presenting a legislative proposal to harmonise the victim identification procedure?

    Submitted:16.6.2023

    https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2023-001950_EN.html

    #identification #migrations #asile #réfugiés #mourir_en_mer #morts_en_mer #Méditerranée #mer_méditerranée #parlement_européen #EU #UE #union_européenne #base_de_données #disparus #droits_humains

  • Pourquoi l’eau des rivières et des lacs n’est-elle pas salée ?
    https://theconversation.com/pourquoi-leau-des-rivieres-et-des-lacs-nest-elle-pas-salee-214869#E

    Tout ça dure depuis qu’il y a de l’eau liquide sur Terre, soit certainement au moins 4 milliards d’années ! Petit à petit, au cours de l’histoire de la Terre, l’eau de mer est devenue de plus en plus salée. D’ailleurs, le temps de résidence du sel dans l’océan est de 100 millions d’années, contre 3 000 ans pour l’eau. Comment le sel quitte-t-il l’océan ? Parfois, de grandes quantités d’eau de mer s’évaporent et il se forme des roches de sel, comme la halite ou le gypse, bien connues des géologues, mais aussi de tout le monde, puisqu’on les utilise parfois pour saler les routes ou comme sel de table.

    C’est donc parce que l’évaporation, qui est un élément essentiel du cycle de l’eau, laisse le #sel derrière elle que ce dernier s’accumule dans l’océan et que l’eau des continents comme les rivières et les lacs est douce. Bien sûr, il y a des exceptions, puisqu’il existe des lacs salés où l’évaporation est plus rapide que les apports d’eau par les rivières qui les entourent, comme le Grand Lac Salé aux États-Unis. À l’inverse il existe des mers moins salées, comme la mer Baltique. Née de la fonte de la calotte glaciaire qui existait il y a 20 000 ans, cette mer était initialement un lac d’eau douce qui s’est peu à peu mélangée à l’#eau de #mer.

  • Frontex boosts support to Italy
    2023-09-20

    Frontex, the European Border and Coast Guard Agency, will expand its support for Italy following the recent spike in the number of arrivals of irregular migrants on the island of Lampedusa.

    Frontex has already agreed to double the number of flight hours of its aircraft that monitor the Central Mediterranean Sea and offered additional satellite images of the main departure areas of migrants from Tunisia. These measures will allow the Italian authorities to be better monitor the seas and will support any potential search and rescue operations.

    The agency also offered additional support in the registration and identification of migrants by contributing mobile migration teams, comprising about 30 experts, to the port cities of Reggio Calabria and Messina, where many of the migrants were transported to.

    “We are actively collaborating with Italian authorities and stand ready to bolster our support. This is not just an Italian challenge but a collective one for Europe. Together, we embrace the shared responsibility of safeguarding the EU’s external borders,” said Frontex Executive Director Hans Leijtens.

    Frontex already has nearly 40 officers and staff members on Lampedusa to help Italian authorities with the identification and registration of people arriving on the island, as well as one patrol vessel stationed there. In addition, the agency has two aircraft based on Lampedusa and one drone in Malta, assisting with aerial surveillance and providing early warning.

    Frontex is currently looking into sending additional officers to Lampedusa and increasing the number of patrolling hours of the vessels deployed in the area and support efforts to combat the criminal groups involved in people smuggling.

    The agency is also ready to step up its support with return activities. Apart from sending additional return experts and providing training, Frontex may organise identification missions to non-EU countries based on the needs of the Italian authorities to facilitate return procedures.

    Frontex is present in Italy through joint operation Themis, which in total consists of 283 officers and staff, five vessels, seven aircraft, 18 mobile offices and 4 vehicles for migration management.

    https://frontex.europa.eu/media-centre/news/news-release/frontex-boosts-support-to-italy-IHEK3y
    #Frontex #Italie #asile #migrations #réfugiés #frontières #contrôles_frontaliers #Méditerranée #mer_Méditerranée #avions #enregistrement #Reggio_Calabria #identification #Messina #soutien #aide #mobile_migration_teams #Lampedusa #Themis #opération_Themis #militarisation_des_frontières

  • Un boulot de dingue ! Reconnaitre les activités vitales à la société

    Non, les personnes qui ne travaillent pas dans l’emploi rémunéré et qui vivent dans la précarité ne sont pas des inactives, n’en déplaise à la statistique. Elles font même un boulot de dingue sans aucune forme de reconnaissance, ni même parfois de sécurité.
    Ce rapport, tiré de deux ans de recherche avec un groupe d’une douzaine de personnes issues des collectifs du Secours catholique et d’AequitaZ, souhaite faire entendre l’analyse de celles et ceux qui sont aujourd’hui trop souvent montrés du doigt.

    (...)

    Ce rapport montre également que les personnes concernées par ce « hors emploi » sont loin d’être une petite minorité. Des millions de bénévoles, d’aidants, de femmes au foyer : nous parlons d’une part invisible de notre économie invisible et gratuite car non intégrée au marché du travail. Notre système de protection et de reconnaissance a fait de l’emploi son unique clé de voûte. De lui dépend l’essentiel des cotisations et des protections. Comme si le reste n’avait pas d’importance. Comme si les 40 milliards d’heures annuelles de travail domestique (au moins autant que le travail rémunéré) et les 680 000 équivalents temps plein que représente le travail des bénévoles ne comptaient pas.

    https://www.aequitaz.org/boulot-de-dingue

    #travail #RSA #merdaille #critique-du-travail

  • Je viens de poster sur https://git.spip.net mon #plugin_spip de Maquettes multiples :
    https://git.spip.net/spip-contrib-extensions/maquettes_multiples

    C’est l’élément central qui me sert à créer des « formes longues » avec SPIP, comme ici :
    https://musee.info

    Le plugin propose 10 compositions pour les articles, permettant de créer des blocs à une colonne, deux, trois ou quatre colonnes, dans différentes configurations.

    Alors ce n’est pas le plugin qu’on installe, et hop, vous avez un nouveau site Web public : là il faut fabriquer ses propres squelettes en allant regarder dans /squelettes/inc.

    Les CSS sont responsive, par contre c’est assez oldschool. Parce que c’est du code que j’ai fabriqué il y a longtemps, donc pas de flex ni de grid ni de calc(). Mais ça a l’avantage de s’afficher sans risques sur n’importe quel machine.

    • #merci @arno ! Je suis en train de préparer quelques projets de livres plurilingues alors je testerai la gestion des versions de langue et annotations dans les champs supplémentaires et leur mise en forme dans les colonnes de Maquettes multiples :-)

      Puisqu’il s’agit de textes de livres je pense ne pas avoir besoin des fonctions de multilinguisme de SPIP qui sont très utiles pour les sites web en développement constant par une équipe.

      Tu m’a donné l’idée d’un affichage par couches superposées (layer) pour les versions de langue qu’on devrait pouvoir activer et désactiver dans une sorte de navigation verticale alors que la navigation entre chapitres et paragraphes se ferait par déplacement haut/bas du texte sur l’écran.

      #SPIP

    • Tu peux mettre des exemples de liens où ya 2, 3 et 4 colonnes ? :)

      Plutôt que des champs rajoutés en dur, et qui sont très arbitraires, peut-être qu’un découpage à l’intérieur du texte principal pourrait être fait, avec des plugins du genre de celui de @touti
      https://contrib.spip.net/Raccourci-colonne
      (ou une version améliorée si on trouve qu’il manque des classes ou autre, ou qu’on veut pouvoir l’utiliser sans que ça ajoute ses propres CSS)

    • Sur la page d’accueil de musee.info référencée dans mon message, tu as 2, 3 et 4 colonnes, et aussi une colonne principale et une annexe à droite ou à gauche.

      En fait, pour des formes longues rédactionnelles, j’utilise essentiellement une colonne et les différentes variantes de deux colonnes. Les 3 et 4 colonnes, dans tous les cas les colonnes sont étroites, donc c’est pas adapté à du texte long, mais plus à de la présentation « vitrine » (à la façon de la page d’accueil de Musee.info).

      L’idée est de jouer beaucoup, aussi, avec mon plugin « Insertion avancée d’images ». Par exemple pour un « vrai » longform éditorial :
      https://musee.info/L-histoire-de-la-collection-italienne
      https://musee.info/Soulages-a-Montpellier
      https://musee.info/Moyen-age-et-Renaissance

      Pour ce qui est de fonctionner avec une structuration des différentes colonnes avec l’unique champ #TEXTE, c’est ce que j’ai fait très longtemps. J’avais un plugin qui découpait en colonnes selon les intertitres :

      {{{Première colonne}}}
      {{{# Deuxième colonne}}}
      {{{## Troisième }}}
      {{{### Quatrième }}}}

      Mais en pratique, ce n’est pas aussi pratique. Des champs multi là-dedans c’est chiant. Déplacer du texte d’une colonne à l’autre c’est chiant. Expliquer au client qu’il faut qu’il bidouille plusieurs colonnes dans un seul champ texte c’est chiant. :-))

      De ce fait, à un moment j’ai recodé mon plugin pour avoir 4 champs texte différents, j’ai même une moulinette pour récupérer depuis l’ancien format.

    • Une remarque importante : utilisé avec le plugin Médias responsive, le plugin Maquettes multiples joue énormément avec les possibilités d’alignement hors des colonnes de texte. C’est un gros point fort, à mon goût, de ces maquettes : on peut par exemple afficher les légendes à côte de l’image, en dehors de la colonne de texte, soit avec le pile |large, forcer l’image plus large que la colonne de texte et la légende qui vient se positionner en dessous, toujours en dehors de la colonne.

      C’est particulièrement visible dans le longform sur le collection italienne :
      https://musee.info/L-histoire-de-la-collection-italienne

  • “Le livre des solutions” : Gondry et l’idéologie du génie toxique
    https://www.frustrationmagazine.fr/gondry

    Le livre des solutions est le dernier film en date du réalisateur français Michel Gondry. Il raconte les étapes qui précèdent la sortie d’un film loufoque et avant-gardiste réalisé par un cinéaste, Marc Becker, incarné à l’écran par Pierre Niney. Son équipe et lui se sont refugiés chez la grand-tante du cinéaste, dans un village […]

    • La réception critique de ce film en dit finalement très long sur la façon dont est envisagé le cinéma parmi la classe dominante du secteur culturel en France : comme un processus violent comprenant de l’exploitation d’autrui, des cris, des décisions insensées pour un résultat qui sera célébré, à la fin, comme l’oeuvre d’un “génie”...

      ... Contrairement à ce que les critiques enthousiastes prétendent, à aucun moment ce film ne nous apprend comment on fait du grand cinéma. Il nous montre seulement à quel point un grand cinéaste a le droit de se comporter comme un gros con.

      Une brillante contribution aux mythes bourgeois du génie

      Le film de Michel Gondry s’inscrit dans l’idéologie plus large, extrêmement contemporaine et bourgeoise, du génie. Cette idéologie comporte plusieurs grands mythes.

      Premier mythe : le génie se serait fait tout seul. Il serait le méritant par excellence. Il ne devrait son mérite à rien d’autre qu’à des caractéristiques quasi-surnaturelles, qui n’auraient – ça alors – aucun lien avec son milieu social. C’est sans doute pour appuyer ce trait – fictif – que Gondry fait provenir son alter égo d’un petit village des Cévennes alors que lui-même a grandi à Versailles, dans une famille de musiciens connus. Pour Samah Karaki, une neuroscientifique qui a consacré cette année un livre au mythe du talent, : “Les génies ne sont jamais solitaires, même si on aime les imaginer comme étant des êtres marginaux qui, comme ça, par dérive psychanalytique, en ayant vécu des traumas dans l’enfance, dans l’adolescence, ont pu dériver et finalement fournir une innovation sociale. En fait, si on creuse, que ce soit dans les sciences ou dans les arts, le génie solitaire n’existe pas parce qu’il s’assoit sur un écosystème. C’est une excroissance d’un écosystème qui est déjà présent, de connaissances, de travail, de collaboration, de contributions qui sont très complexes, qui font qu’un individu va comme un petit nain qui s’assoit sur l’épaule d’un géant de connaissances et de collaboration nous paraître comme étant celui ou celle qui a produit cette innovation.”

      Cette analyse nous amène au deuxième grand mythe, que l’on retrouve dans le film : les chefs d’œuvres des génies le seraient globalement de leur seul fait. Car si le film de Gondry met en scène une équipe, ses membres sont dépourvus de la moindre possibilité d’initiative, leur boss les mettant constamment dans un climat de confusion et de peur qui les empêche d’accomplir correctement leur travail. Le film met en scène un réalisateur omnipotent, capable d’avoir un avis sur tous les aspects du film, du scénario à la bande originale, alors que ce n’est jamais ce qu’il se produit. A cet égard, mon ami D., à qui je disais, en sortant du film, que cette daube signée Gondry risquait de changer à tout jamais l’image que j’avais de l’une des oeuvres les plus connues, Eternal Sunshine of the Spotless Mind (qui est l’un de mes films préférés), m’a rappelé que ce chef d’oeuvre avait été écrit par le scénariste Charlie Kaufman. Sa bande originale si remarquable est marquée par des compositions de Jon Brion tandis qu’on imagine désormais la grande équipe que Gondry a du martyriser pendant le film et qui a été ensuite invisibilisée par son grand nom. Il n’est pas le seul à maîtriser cette tradition bien nocive : alors que le succès d’un film est toujours le fait d’un très vaste groupe de gens, c’est toujours le nom du réalisateur qui écrase tous les autres.

      “Que ce soit dans les sciences ou dans les arts, le génie solitaire n’existe pas parce qu’il s’assoit sur un écosystème. C’est une excroissance d’un écosystème qui est déjà présent, de connaissances, de travail, de collaboration, de contributions qui sont très complexes.”
      Samah Karaki

      Le troisième mythe se situe dans l’idée déjà illustrée plus haut qu’on ne fait pas de génie sans casser d’œufs, et qu’un grand génie vaut bien de petits tracas. Harcèlement moral, souffrance au travail, violences psychologiques ou sexuelles : rien ne saurait ternir l’image qu’on devrait avoir des génies, qui sont de toute façon “incompris” et ne méritent pas d’être jugés comme le commun des mortels.

      Avec ce film, Michel Gondry ne s’offre pas seulement un égotrip plaisant pour lui. Il demande aux spectateurs de venir avec lui entériner les grands axes de l’idéologie du génie, celle qui justifie ses sales comportements potentiels, l’invisibilisation des autres et l’idée d’une réussite qui n’aurait dépendu que de son propre talent. Que les critiques de cinéma qui appartiennent ou envient l’univers culturel de la classe dominante s’y laissent prendre n’a rien de surprenant. A nous de nous désintoxiquer de ce genre de discours, car nous ne sommes plus dupes.

      Nicolas Framont

  • « c’est ma place » | Macron / Le Figaro / AFP | 15.09.23

    https://www.lefigaro.fr/politique/c-est-ma-place-emmanuel-macron-justifie-sa-presence-a-la-messe-du-pape-a-ma

    « Je considère que c’est ma place d’y aller. Je n’irai pas en tant que catholique, j’irai comme président de la République qui est en effet laïque », a-t-il dit lors d’un déplacement à Semur-en-Auxois, en Côte-d’Or. « Je n’aurai moi-même pas de pratique religieuse lors de cette messe », a-t-il ajouté.

    Prouve le ... 😋

  • Power and progress : ou pourquoi innovation et prospérité ne riment jamais vraiment
    https://seenthis.net/messages/1016604

    Livre sans doute intéressant. #merci @biggrizzly

    commentaire :

    L’absence de liaison entre progrès technologique et progrès social fait partie des débats et du travail scientifique depuis « La Situation de la classe ouvrière en Angleterre en 1844 » de Friedrich Engels. Ensuite il y a les études sur la croissance capitaliste de Rosa Luxemburg et « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme » de Lénine pour ne mentionner que les oeuvres classiques écrite par les critiques de l’industralisation de gauche.

    Si les auteurs Acemoglu et Johnson ont écrit leur livre avec l’intention de contribuer au combat pour l’abolition des élites qui dirigent et profitent systématiquement des avancées technologiques, c’est sans doute un livre important. Sans une analyse de ce type ce n’est qu’une paroi rocheuse à dynamiter pour en ramasser les blocs d’information nécessaires pour la construction de notre monde à nous.

    Les remarques sur le sort des paysans en URSS dans l’article référencé font croire qu’on n’échappera pas au boulot de tailleur de pierre.

    Description:
    A thousand years of history and contemporary evidence make one thing clear. Progress depends on the choices we make about technology. New ways of organizing production and communication can either serve the narrow interests of an elite or become the foundation for widespread prosperity.

    The wealth generated by technological improvements in agriculture during the European Middle Ages was captured by the nobility and used to build grand cathedrals while peasants remained on the edge of starvation. The first hundred years of industrialization in England delivered stagnant incomes for working people. And throughout the world today, digital technologies and artificial intelligence undermine jobs and democracy through excessive automation, massive data collection, and intrusive surveillance.

    It doesn’t have to be this way. Power and Progress demonstrates that the path of technology was once—and may again be—brought under control. The tremendous computing advances of the last half century can become empowering and democratizing tools, but not if all major decisions remain in the hands of a few hubristic tech leaders.

    With their breakthrough economic theory and manifesto for a better society, Acemoglu and Johnson provide the vision needed to reshape how we innovate and who really gains from technological advances.

    Author(s): Daron Acemoglu; Simon Johnson; Publisher: Hachette Book Group, Year: 2023; ISBN: 2022059230,9781541702530,9781541702554

    Le texte publicitaire de l’éditeur en dit long sur l’ a priori des auteurs : L’expression « choices we make about technology » est du bullshit libéral. Sous les régimes capitalistes « nous », c’est à dire la société, ne prenons pas de décisions essentielles par rapport au technologies. Dans le meilleur des cas « nous » entrons en négatiations avec les élites au pouvoir dans leurs folle course vers des offensives de plus en plus meurtrières.

    #exploitation #travail #technologie #progrès #manifest_destiny #exceptionnalisme_américain #numérisation #révolution_industrielle #capitalisme #destinée_manifeste

  • #Mauvaises_mères

    Le dossier du mois met à l’honneur les #daronnes. Celles auxquelles on reproche d’être trop ceci, pas assez cela, qu’on juge si facilement et qu’on excuse si difficilement, alors qu’elles sont prises en tenaille entre les injonctions du #capitalisme et du #patriarcat. Ici, des voix s’élèvent pour revendiquer d’autres manières d’être femmes et mères, et tracer des lignes émancipatrices pour des #maternités_libérées.


    https://cqfd-journal.org/CQFD-no221-juin-2023

    #maternité #femmes #jugement #émancipation

    ping @_kg_

  • Des centaines d’exilées risquent leur vie pour rejoindre la France depuis le Piémont en Italie

    La montagne-frontière 1/2. Le #Briançonnais est une route migratoire de plus en plus empruntée par des exilées qui cherchent à rejoindre la France depuis le Piémont en Italie. Une véritable chasse à l’homme est menée à la frontière, poussant les exilées à emprunter les chemins les plus périlleux. À Oulx, en Italie, un refuge solidaire tente de s’organiser pour réduire les risques.

    Sur le bord de la Nationale 94 qui relie Montgenèvre à Briançon (Hautes-Alpes), huit agents de police et douaniers encerclent deux hommes originaires d’Afrique Subsahariennes. Les deux hommes assis sur le talus qui borde la route ont l’air exténués. Comme eux, chaque jour, plusieurs dizaines de personnes exilées tentent de traverser la frontière Franco-Italienne à pied pour rejoindre Briançon. Entre 15 et 20 kilomètres d’un périple dangereux, à plus de 1 800 mètres d’altitude, dans les hauteurs de la station de ski de Montgenèvre.

    Un chemin semé d’embuches où les personnes exilées croisent la route de randonneurs interloqués. L’entreprise se termine bien souvent par une interpellation par la police française. Et pour cause, la préfecture a déployé un véritable arsenal à la frontière pour traquer celles et ceux qui tentent de la traverser clandestinement. « Début 2022, ce sont ainsi près de 300 policiers et gendarmes qui sont affectés au contrôle de la frontière. Les deux escadrons de gendarmes mobiles étant désormais dotés d’un état-major sous le commandement d’un colonel », détaillait dans un rapport l’association briançonnaise Tous Migrants, fin 2022.

    Une véritable chasse à l’homme s’organise. Un déploiement toujours plus impressionnant de moyens humains et techniques. Les forces de police n’hésitent pas à recourir à des lunettes thermiques ou des drones pour tenter de repérer les contrevenants. Un dispositif qui se chiffre en millions d’euros d’argent public. Tous Migrants, dans son étude menée entre novembre 2021 et novembre 2022, dénonce des interpellations qui se traduisent par « des procédures expéditives menant aux violations systématiques des droits des personnes, notamment du droit fondamental de demander l’asile à la frontière. » Selon de multiples témoignages, une fois interpellés, les exilé.es sont systématiquement ramené.es à la frontière italienne, sans autre forme de procès.

    Les policiers nous ont ramené à la frontière, puis la Croix rouge est venue nous chercher pour nous ramener au refuge

    « La traversée était extrêmement dure, on a cru qu’on n’allait pas y arriver », relate Aziz* arrivé à Briançon la veille avec sa conjointe Catherine* et un couple d’amis. « On a traversé la frontière la journée, on était obligés d’aller plus haut dans la montagne pour éviter la police », explique le jeune homme, parti du Cameroun en 2019 pour fuir l’insécurité sociale d’un pays où sa vie « était en danger ».

    Tous les quatre sont partis d’Oulx en Italie, à une vingtaine de kilomètres de la frontière. En chemin à huit heures du matin, la traversée leur a pris plus de 10 heures et s’est soldée par un passage à l’hôpital pour Catherine tant ses pieds étaient douloureux à son arrivée. Aziz est tout de même soulagé d’avoir enfin réussi, car il n’en était pas à son coup d’essai. « La première fois, on n’a pas réussi parce qu’on est tombés sur la police, dit-il. Ils nous ont ramené à la frontière, puis la Croix rouge est venue nous chercher pour nous ramener au refuge. »
    Fraternità Massi, un refuge qui offre le gîte et le couvert avant la traversée

    Le lieu en question, c’est le refuge Fraternità Massi à Oulx, dans le Val de Suze, qui fait partie de la métropole de Turin. Un grand bâtiment de quatre étages planté près du clocher d’une église. Huit préfabriqués blancs et bleus sont disposés dans la large cour pour augmenter la capacité d’accueil et permettre l’installation de sanitaires et de locaux pour des visites médicales.

    Il fait presque 30 degrés cet après-midi d’août dans la vallée italienne. Quelques personnes, exténuées, font une sieste à même le sol, à l’ombre d’un préfabriqué ou sous une toile tendue entre ces abris de fortune et les murs de l’église. Le refuge a été inauguré en 2018 et est géré par l’ONG Talita, fondée par un prêtre. Pour faire fonctionner le lieu, se côtoient dedans, travailleurs associatifs, bénévoles, médecins.

    Trois travailleurs et bénévoles racontent les va-et-vient des personnes exilées, qui restent rarement plus d’une nuit au refuge. Les hébergé.es commencent à affluer en fin d’après-midi, quasiment toujours en provenance de Turin pour trouver un toit, un repas chaud, quelques soins et surtout des conseils pour entreprendre la traversée de la frontière sans se mettre en danger. « Le plus important, c’est d’établir un dialogue, affirme Anna, médecin au refuge. Il faut comprendre si les gens qui arrivent ont besoin de soin, de soutien psychologique ou d’aide juridique. »
    Une courte halte avant de prendre la direction de la France

    Les solidaires du lieu ont peu de temps pour apporter de l’aide aux personnes avant qu’elles ne reprennent la route. Le matin, des volontaires accompagnent ceux qui souhaitent entreprendre la traversée à un arrêt de navette touristique qui les conduira à Clavière, à quelques encablures de la frontière. Ils entameront alors la quinzaine de kilomètres à pied qui les sépare de Briançon.

    Celles et ceux qui se font attraper par la police française sont ramenés au poste de la Police aux frontières de Montgenèvre, puis remis aux autoritées italiennes. La police italienne contacte ensuite la Croix rouge qui les ramène au refuge… Avant qu’ils ne retentent leur chance le lendemain.

    Une procédure totalement absurde pour les solidaires de la Fraternità Massi. « C’est une partie de ping-pong entre la France et l’Italie qui se renvoient la balle », s’agace Elena, bénévole au refuge. Adam y voit, lui, « un jeu politique entre pays européens. Mais à ce jeu, ce sont toujours les plus précaires qui trinquent », soupire le médiateur culturel.
    Depuis 2018, une dizaine de personnes sont mortes durant la traversée

    Et pour cause, la chasse à l’homme organisée à la frontière rend la traversée d’autant plus périlleuse. « Certains essaient dix fois avant de parvenir à Briançon », affirme Jean, administrateur au refuge les Terrasses Solidaires dans la ville des Hautes-Alpes. « Plus les personnes exilées seront attrapées par la police et reconduites à la frontière, plus elles prendront de risques et emprunteront des itinéraires compliqués pour venir à bout de la montagne frontière », décrit-il.

    La semaine dernière, un gars a terminé la traversée avec une fracture ouverte du genou, c’est inhumain

    Alors bien souvent, hommes, femmes et enfants arrivent à Briançon dans un triste état. « La semaine dernière, un gars a terminé la traversée avec une fracture ouverte du genou, c’est inhumain », s’insurge Marjolaine, également administratrice aux Terrasses Solidaires. L’issue peut être plus tragique encore. Le lundi 7 août, un jeune Guinéen a été retrouvé mort dans les hauteurs de Montgenèvre, il s’appelait Moussa. Une dizaine de corps sans vie ont ainsi été retrouvés depuis 2018.

    La mort de Blessing Matthew, premier décès répertorié sur cette frontière, a marqué les esprits. Et pour cause, un de ses compagnons de route met en cause les gendarmes qui ont tenté de l’interpeller avant qu’elle ne tombe dans la rivière. Blessing Matthew est morte noyée dans la Durance, la plus longue rivière de Provence.
    Des routes d’exil qui varient selon les périodes

    La traversée est rendue aussi plus dangereuse par la méconnaissance du milieu montagnard. Selon les bénévoles et travailleurs de la Fraternità Massi, jusqu’à noël 2022, les réfugiés qui arrivaient venaient principalement d’Iran et d’Afghanistan. Ils avaient donc emprunté la route des Balkans pour rejoindre l’Italie. « Depuis Noël, c’est presque que des ressortissants du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, constate Elena. Ils sont arrivés en Calabre ou à Lampedusa. Ils n’ont jamais vu la montagne. »

    Au refuge, tout est fait pour tenter de limiter les risques lors du périple. « On essaie de leur donner des conseils, et de leur fournir des habits adaptés, surtout des chaussures pour la montagne », explique Anna, médecin au refuge. « Il n’est pas rare qu’ils arrivent en claquettes, ce n’est pas possible de marcher en montagne comme ça », souligne Elena. Une pièce entière est consacrée au stockage d’habits offerts par des donateurs. « Le problème, c’est qu’on est souvent à court de chaussure », indique Anna en désignant des cartons vides.
    Un été 2023 à flux tendu

    Le problème est particulièrement présent en ce mois d’août où le refuge a du mal à faire face à l’afflux des exilés. « Ici, on est habitué à avoir 50 ou 60 personnes », explique Anna, qui précise que le lieu compte 70 lits. « Mais ça fait 20 jours qu’on a dépassé les 100 personnes, on est même monté à 140 il y a quelques jours. »

    Un phénomène qui peut s’expliquer par la situation en Tunisie selon Adam. « Des gens qu’on a accueillis étaient en Tunisie depuis 5 ou 6 ans, mais la situation s’est tendue, c’est très violent. Les femmes sont systématiquement violées en Tunisie, les hommes sont tués par des groupes de personnes racistes, s’insurge-t-il. C’est la chasse au noir là-bas. »

    Pour les personnes exilées qui réussissent la traversée, le refuge des Terrasses Solidaires de Briançon reste un lieu d’accueil de l’autre côté de la frontière. Mais comme à Oulx, ce refuge fait face un afflux inédit de personnes cet été. Ces refuges sont pleins à craquer et traversent une “crise humanitaire” tout en faisant face au déni des pouvoirs publics.

    https://www.bondyblog.fr/societe/des-centaines-dexilees-risquent-leur-vie-pour-rejoindre-la-france-depuis-l

    via @olaf #merci

    #frontière_sud-alpine #Italie #France #asile #migrations #frontières #Hautes-Alpes #chasse_à_l'homme #Montgenèvre #militarisation_des_frontières #Fraternità_Massi #Oulx #Val_de_Suse

    • « Le problème, c’est qu’on est souvent à court de chaussure », indique Anna.

      Y a peut-être un truc simple (?) à mettre en place entre le refuge de Briançon et celui de Oulx : rapporter les chaussures de montagne « prêtées ».

      Les refuges de Oulx et de Briançon organisent le prêt de chaussures de montagne ; Oulx maintient un stock de différentes pointures, les migrants partent avec des « chaussures de traversée » au pieds et emmènent les leurs dans leur sac ; à l’arrivée au refuge de Briançon, ils « rendent » les « outils de traversée sécurisée » ; Briançon retourne les chaussures de prêt à Oulx, ou propose aux touristes qui traversent vers l’Italie de les retourner « pour la bonne cause ». Y a sans doute moyen de faire pareil pour les habits, chaussettes, chapeaux, gants, sacs à dos.

    • @olaf ça existe déjà...
      et ça a été raconté dans un film (qui malheureusement aurait pu être bien mieux à mon goût), mais voici :
      400 paires de bottes

      Quelque part en Italie, dans les montagnes, non loin de la frontière avec la France, une paire de bottes Decathlon premier prix est chaussée par un homme venu d’Afrique de l’Ouest. Ces chaussures aux pieds, il se lancera dans la traversée nocturne de la frontière, à Montgenèvre, la plus ancienne des stations de sports d’hiver de France. Achetées à Turin par des Italiens solidaires de la cause des migrants, ces bottes auront été portées avant lui par des centaines d’autres hommes à la peau noire. Ramenées en Italie par des Français solidaires, elles seront portées après lui par bien d’autres. Passant de mains en mains, de mains en pieds, et de pieds en mains, la trajectoire circulaire des bottes dévoile un territoire de montagne situé aux confins de la France et de l’Italie, où échanges et liens de solidarité se nouent dans les rigueurs de l’hiver.

      https://www.films-de-force-majeure.com/project/400_paires_de_bottes

      https://www.youtube.com/watch?v=aUEyx1Vws88&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.films-de-force-

    • Migranti respinti al confine francese ’anche con droni’. Pieno il rifugio in Val di Susa ’dormono anche in terra

      Respingimenti di migranti dalla gendarmerie francese verso il Piemonte in Valle di Susa. La denuncia arriva da Rainbow4Africa

      Ancora respingimenti di migrati da parte della Gendarmerie francese verso il Piemonte dal confine verso l’Italia, la scorsa notte, in Valle di Susa (Torino).

      A denunciarlo è il presidente della onlus Rainbow4Africa, Paolo Narcisi, che descrive l’affollamento al rifugio di Oulx, in alta Val di Susa.

      «La situazione ci è stata aggiornata dai volontari della Croce Rossa intervenuti in soccorso- spiega Narcisi - Il rifugio è pieno, stimiamo oltre 180 i migranti ospitati - aggiunge Narcisi - abbiamo deciso di mettere gente a dormire in terra». Questa mattina intorno alle 8, sottolineano dalla onlus, altri 40 migranti sarebbero stati respinti, attraverso i boschi. I migranti, nei loro racconti, parlano «di droni utilizzati dalla Gendarmerie per allontanarli».

      https://torino.repubblica.it/cronaca/2023/10/01/news/migranti_respinti_al_confine_franceseanche_con_droni_pieno_il_rifu

    • Sulle Alpi è caccia al migrante

      Controlli rafforzati, inseguimenti, respingimenti e fermi. Il giro di vite francese. Intanto una sentenza europea condanna queste pratiche, in un cortocircuito fra Unione Europea e singoli Stati

      La settimana scorsa, la prefettura delle Hautes-Alpes sulle Alpi al confine con l’Italia, ha annunciato l’arrivo, a partire da giovedì 21 settembre, di 84 agenti aggiuntivi destinati a rafforzare i controlli alla frontiera franco-italiana. Da allora gli arresti si sono moltiplicati attorno al confine, fino alla città di Briançon, e anche oltre, a oltre 20 km dal confine, dove la polizia sta rintracciando gli esuli per cacciarli dagli spazi pubblici.

      Le pratiche di controllo sulle persone in transito nella città di Briançon sono cambiate: ogni giorno, più di dieci persone vengono trattenute presso la stazione di polizia, a volte per un’intera notte, a seguito di controlli d’identità nella città stessa, un evento piuttosto raro fino a ora. Le persone vengono inseguiti anche oltre Briançon, in treno, sugli autobus, e fino a Parigi. La presenza della polizia è rafforzata anche a Marsiglia, Gap e Grenoble.

      Nella città di frontiera di Briançon, queste ondate di arresti dissuadono le persone dallo spostarsi, al sicuro solo nell’unica area di accoglienza attualmente aperta, un edificio occupato in autogestione. L’azienda pubblica locale delle acque potabili “Eau Service de la Haute Durance”, il cui presidente altri non è che il sindaco di Briançon, Arnaud Murgia, ha interrotto l’approvvigionamento idrico di questo edificio il 17 agosto. Aggravando la precarietà delle persone ospitate, questa decisione ha forti ricadute sulla salute e sul rispetto dei diritti fondamentali delle persone. È stato presentato un ricorso contro tale decisione, ma come potete leggere dalla recentissima sentenza del Tribunale amministrativo di Marsiglia (in francese), il ricorso è stato bocciato con giustificazioni burocratiche ( la non effettiva possibilità di accertare chi e come risiede nel centro di accoglienza...)

      Il prefetto ha dato ordine di aumentare la presenza della polizia nella città . L’aumento dei controlli d’identità mirerebbe a prevenire un aumento dell’“inciviltà” legata al contesto di pressione migratoria. La polizia ribadisce che i controlli effettuati nella città alpina sono controlli cosiddetti “Schengen”, possibili in una fascia di 20 km dopo la frontiera, finalizzati alla ricerca e alla prevenzione della criminalità transfrontaliera.

      La Cgue (Corte di giustizia dell’Unione europea) ha ricordato chiaramente nella sua sentenza del 21 settembre (la trovate qui) che la Francia sta attuando pratiche illegali in termini di controlli e confinamento alle frontiere interne e che è tenuta a rispettare i testi europei , cosa che non avviene. La sentenza della Cgue impone la giurisprudenza a tutti gli Stati membri dell’Unione europea, ma in particolare è rivolta alla Francia, che dal 2015 ha reintrodotto i controlli alle frontiere interne.

      Le associazioni Medici del Mondo e Tous Migrants hanno condotto un sondaggio di una settimana alla fine di agosto e i risultati delle osservazioni confermano ciò che viene documentato da diversi anni: questo sistema di controllo delle frontiere mette in pericolo le persone. Essa non impedisce assolutamente alle persone di entrare in Francia, ma anzi ne aumenta la vulnerabilità rendendo il passaggio più difficile e pericoloso.
      Esemplificative in tal senso le storie di chi attraversa la frontiera: controlli a sorpresa, inseguimenti da parte delle forze dell’ordine, che provocano cadute, con fratture, distorsioni o perdita di coscienza. Camminando in media 10 ore dall’Italia per raggiungere Briançon, le persone segnalano estrema stanchezza, disidratazione e il rischio di perdersi tra le montagne. Alcuni hanno trascorso più di 48 ore in montagna, a volte senza mangiare né bere. Questo ennesimo attraversamento dei confini, con tentativi spesso multipli, si aggiunge a un viaggio migratorio estremamente faticoso: aspetti che possono fare riemergere esperienze traumatiche che potrebbero comportare cambiamenti nella salute mentale. I racconti raccolti nelle ultime settimane e le osservazioni di Medici del Mondo durante gli ambulatori medici confermano queste tendenze.

      La maggior parte delle persone che attraversano il confine provengono da paesi dell’Africa sub-sahariana e, più recentemente, dal Sudan, e hanno diritto all’asilo o alla protezione sussidiaria. Respingerli in Italia in modo sistematico e collettivo ignora i diritti di asilo europei. Allo stesso modo, adottare misure di allontanamento nei loro confronti verso i loro paesi di origine, dove rischiano la morte o la tortura, è contrario al principio di non respingimento (articolo 33 della Convenzione del 1951 relativa allo status di rifugiato).

      La Corte di giustizia europea con la sentenza del 21 settembre (giunta a seguito di un ricorso di varie associazioni francesi fra cui la protestante “La Cimade”) ha stabilito che i Paesi europei non hanno il diritto di rifiutare l’ingresso agli immigrati irregolari, anche se dispongono di controlli alle frontiere.

      Il Paese deve rispettare la «direttiva rimpatri», una legge che stabilisce che a un cittadino extraeuropeo può «essere concesso un certo periodo di tempo per lasciare volontariamente il territorio».

      «Si può decidere di rifiutare l’ingresso ma, quando si chiede l’allontanamento della persona interessata, devono comunque essere rispettate le norme e le procedure comuni previste dalla direttiva rimpatri», ha dichiarato il tribunale di Lussemburgo.

      Ha inoltre affermato che «l’esclusione dall’ambito di applicazione di questa direttiva dei cittadini stranieri che soggiornano irregolarmente sul territorio» può essere effettuata solo «in via eccezionale».
      Negli ultimi otto anni, tutti i treni che passano per la città costiera francese di Mentone sono stati controllati e la polizia ha monitorato i posti di frontiera e pattugliato le Alpi.

      La decisione del tribunale europeo è arrivata in un momento in cui l’attenzione si è concentrata sul confine italo-francese. In seguito al recente arrivo di un gran numero di persone sull’isola italiana di Lampedusa, il ministro degli Interni francese, Gérald Darmanin, ha annunciato l’invio di 200 agenti di polizia supplementari al confine tra i due Paesi.

      La Francia «non accoglierà i migranti» provenienti dall’isola italiana, ha dichiarato il ministro. Continua il corto circuito fra Unione Europea e singoli Stati.

      Nel frattempo, la direttrice dipartimentale della polizia di frontiera, Emmanuelle Joubert, ha annunciato che più di 3.000 migranti sono stati fermati a Mentone nel giro di due settimane. Questo porta a 32.000 il numero di arresti dall’inizio dell’anno lungo il confine franco-italiano. Di questi, 24.000 sono stati respinti e consegnati alle autorità italiane.

      Joubert ha dichiarato di essere stata informata della sentenza dalla Corte di giustizia europea. «Lo Stato sta effettuando un’analisi, avremo istruzioni più avanti», ha detto, aggiungendo che i migranti arrivati di recente a Lampedusa non dovrebbero arrivare al confine francese prima di «diverse settimane».

      https://riforma.it/it/articolo/2023/10/04/sulle-alpi-e-caccia-al-migrante

  • From the Sea to the River, the deadly violence of Europe’s borders
    https://visionscarto.net/border-forensics-from-sea-to-river

    Over the last years, investigative practices combining scientific methods, art and architecture have allowed to shed new light on human rights violations. Emerging out of the pioneering London-based agency Forensic Architecture and the Forensic Oceanography research project, in 2021 a new investigative agency – Border Forensics – was established. Border Forensics focuses specifically on documenting and contesting violence related to the existence and management of borders. This article (...) Articles

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