• Au lendemain de la journée de l’armée au Liban, le discours de Hassan Nasrallah était très attendu cette après-midi, pour la « journée d’Al Quds », la journée de solidarité avec la Palestine, initiée par l’ayatollah Khomeini en 1979, et célébrée le dernier vendredi du ramadan par les chiites.

    Le texte n’est pas encore en ligne sur Al Manar, aussi je vous livre rapidement mes premières impressions.

    – Après les rituelles cérémonies militaro-religieuses, l’énorme surprise a été l’apparition de Nasrallah en personne devant le public, dans cette salle de la banlieue sud de Beyrouth ; je me demande si ce n’était plus arrivé depuis le discours de la « victoire divine » de 2006 ; Nasrallah apparaît d’habitude sur un écran géant au-dessus de la foule.

    L’impression que cela donne, c’est que Nasrallah a voulu marquer le coup. Donc qu’il reconnaît que la situation est particulièrement grave.

    – Le ton m’a semblé particulièrement défiant (même si d’ordinaire je déteste ce qualificatif qu’on n’applique qu’aux ennemis de l’ordre et du bon goût). Nasrallah est un impressionnant orateur, et manie habituellement beaucoup de tons et de façons de parler : il est impayable dans le dédain (« votre liste des terroristes, faites-la tremper dans de l’eau et buvez-la ») ou l’humour, sait provoquer la connivence, confie des anecdotes… Aujourd’hui, le ton est resté dans un seul registre, celui de la défiance (pour résumer : faites ce que vous voulez, nous ne changerons pas et nous vaincrons).

    Là encore, l’impression que cela donne, c’est que Nasrallah perçoit le danger et a décidé d’attaquer.

    – Aucune réponse directe à la situation libanaise (il s’est contenté de saluer l’armée libanaise à la fin du discours). Mais c’est un peu la loi du genre imposée par le fait qu’il s’exprime pour la « journée internationale d’Al Quds », célébration politico-religieuse initiée par l’Iran, qui « impose » en quelque sorte de ne pas entrer dans le détail du jeu politicien libanais.

    – Important : au centre du discours, pour résumer à l’extrême : la question palestinienne est au cœur de toutes les politiques et des identités de tous les pays de la région. Tout ce qui se passe est toujours lié à cela, et dans ce cadre le Hezbollah est la cible spécifique des événements.

    – Une dénonciation particulièrement violente et radicale, et semble-t-il inédite de sa part, d’Israël. En gros, le genre de discours que tenait Ahmadinejad (Israël est un cancer dans la région, on a essayé de le soigner mais ça ne sert à rien, la seule chose à faire est de l’extirper). Discours qu’il n’avait jamais directement repris à son compte.

    – « Ils » avaient d’abord inventé le danger communiste et en ont fait une priorité plus important qu’Israël, ils ont fait venir des gens de tous les pays du monde arabe pour lutter en Afghanistan ; ensuite ils ont inventé le danger de l’Iran, puis ils ont parlé du danger « majousse », puis le danger chiite directement. Il est évident qu’il s’agit d’un plan d’envergure planifié et organisé.

    – Pour la dernière partie du discours : « et maintenant, je vais m’excuser, mais pour une fois je vais parler en tant que chiite… ». En gros : les chiites sont dénoncés en permanence (Israël, États-Unis, Syrie, pays arabes…), c’est un plan israélien destiné à faire sortir les chiites de l’équation palestinienne.

    Et là, le discours devient ouvertement défiant : pour résumer à nouveau rapidement, nous sommes les chiites, et nous en tant que Hezbollah (il repasse alors au Parti), quoi que vous faisiez nous ne changerons pas, nous sommes prêts à mourir là où nous sommes, nous ne sortirons pas de l’équation face à Israël et nous serons le fer de lance de la libération de la Palestine.

    • Résumé sur Al Akhbar :
      http://english.al-akhbar.com/content/nasrallah-we-will-never-abandon-palestine

      “Call us infidels, call us terrorists, call us criminals, say what you want, try and kill us anywhere, target us any way you want, we are the Shia of Ali and we shall not abandon Palestine,” Nasrallah said to a crowd of cheering Hezbollah supporters.

      The speech marked a rare public appearance for Hezbollah’s leader, who usually makes speeches remotely for security reasons. His last public speech was in September 2012.

    • La cause palestinienne est une priorité et jamais les chiites ne l’abandonneront
      http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=123727&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=23&s1=1

      Hassan Nasrallah :

      (...) Et après la dissolution de l’union soviétique, ils nous ont créées de toute pièce un nouvel ennemi : ils l’ont d’abord appelé l’ennemi perse.

      Au début, ils ont évité de parlé de chiites ou de menace chiite, ils se sont employés à diaboliser la république islamique d’Iran, et pour ce faire ils ont dépensé des millions de dollars, ils ont provoqué une guerre contre l’Iran, ils ont organisé des conférences, ils ont préparé des équipes médiatiques pour faire croire aux peuples arabes que le véritable ennemi est l’Iran et non pas Israël !

      Faute de réussite, ils ont alors décidé de créer un autre ennemi : la menace chiite .. Par Dieu, montrez-moi où se trouve la menace chiite ? Ils sont parvenus à planter dans le cerveau des peuples arabes l’idée que la menace chiite représente un danger pire que celui de la menace sioniste ?!

      Et pour ce faire, ils ont employé toutes les chaînes satellitaires arabes pour diaboliser les chiites, pis encore ils ont « connfessionalisé » tous les conflits ou les rivalités politique ou économique ou idéologique de la région. Ainsi, en Egypte , le peuple est profondément divisé, il s’agit d’un conflit politique mais on cherche à lui donner une coloration confessionnelle, au Yémen aussi le conflit est politique mais on veut en faire un conflit communautaire, de même en Libye ..

      Oui dans un pays multiconfessionnel, il est facile d’entraîner des conflits politiques en des conflits confessionnels en ouvrant de vieilles blessures ou en cherchant dans les archives de l’histoire pour allumer le feu de la haine confessionnelle. Comme en Syrie ou en Irak ou au Liban sachant que ces pays jouissaient d’une cohabitation et d’une convivialité multiconfessionnelle riche d’exemples.(...)

      Nom d’un petit bonhomme, il n’y va pas avec le dos de la cuiller.