• (Ma mère, vous revient-il encore, après plus de vingt années, ce poids plus lourd en vous, par les lourds soleils ? Je pense à votre jeunesse d’alors, ma mère, petite sœur, qui n’aviez pas l’âge de Maria ; sous votre robe, sous votre peau, j’avais chaud aussi, et vous me traîniez comme un de ces fruits d’été dont vous aviez envie… ah ! ma mère, comme je vous adore d’être restée inconnue !)

    [...]

    « Mère, que quinze années me tombent dessus encore et que je les passe à me poivrer et à aimer, et qu’ensuite je meure, si de l’amour que je porte n’a éclos que l’amour ! Tout sera oublié, comme ces impressions que je laisse se gaspiller, tiédeur des soirs, fraîcheur des couloirs, déclin de la prison vers l’automne, je ne vous retrouverai pas. »

    La Cavale Partie I Chapitre IX

    #maternité #mère #adoption

  • Les experts de l’#ONU exhortent la #France à protéger les #enfants contre l’#inceste et toutes les formes d’#abus_sexuels | #OHCHR
    https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2024/01/un-experts-urge-france-protect-children-incest-and-all-forms-sexual-abuse

    Les experts ont constaté que, selon les allégations, les enfants sont victimes d’abus sexuels ou courent un risque élevé d’abus sexuels de la part de leurs #pères ou d’auteurs présumés contre lesquels il existe des preuves crédibles et troublantes d’abus sexuels incestueux.

    « Malgré ces allégations, et en l’absence d’enquête adéquate, ces enfants sont placés sous la garde des pères contre lesquels les allégations sont faites, et les #mères sont sanctionnées pour enlèvement d’enfant pour avoir essayé de protéger leurs enfants », ont-ils déclaré.

    « Alors que la France a répondu à ces allégations, les enfants concernés restent sous la garde des auteurs présumés », ont déclaré les experts. « Nous sommes particulièrement préoccupés par la manière dont le #tribunal_des_affaires_familiales a permis à l’auteur présumé d’accuser la mère d’aliénation parentale afin de miner les allégations d’abus sexuels sur les enfants et détourner l’attention des abus présumés auxquels ils soumettent leurs partenaires et leurs enfants. »

    Ils ont exhorté les autorités à respecter le "#principe_de_précaution" et le "#principe_de_diligence_raisonnable" en matière de #protection_de_l'enfance, en particulier pendant les procédures judiciaires, afin de permettre une approche préventive dans les cas d’incertitude et de complexité.

    L’opinion de l’enfant doit être recherchée et respectée, et l’#intérêt_supérieur_de_l'enfant doit être la considération première avant que les décisions de garde ne soient prises en faveur de l’un des parents, ont-ils déclaré.

    « Il est essentiel de sensibiliser les responsables de l’application de la loi et de la justice et de renforcer leur capacité à surveiller et à traiter efficacement les violations des droits de l’homme dont sont victimes ces enfants et leurs mères », ont-ils déclaré.

    « Des mesures urgentes doivent être prises pour remédier à la situation pénible dans laquelle les enfants et leurs mères sont affectés par l’absence de prise en compte adéquate de leurs besoins », ont déclaré les experts.

    #justice

  • « L’algorithme de la #CAF conduit à un surcontrôle des populations les plus précaires » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/lalgorithme-de-caf-conduit-a-un-surcontrole-populations-plus-pr/00109069

    Fin novembre et début décembre, l’association La Quadrature du Net et le journal Le Monde ont chacun fait paraître une enquête sur l’utilisation du data mining (l’exploration de données) par les caisses d’allocations familiales (CAF), pour détecter les indus et les fraudes. Les deux enquêtes montrent que ce système, qui permet de scanner des milliers de données de 32 millions de personnes (les allocataires et leurs proches) et sur la base duquel sont déclenchés les contrôles, cible les plus pauvres, notamment les mères isolées.

    L’algorithme utilisé attribue un score de risque aux allocataires allant de 0 à 1. Plus on est proche de 1, plus on est exposé à la probabilité d’un contrôle. Parmi les critères pénalisants, le fait d’avoir changé de loyer plus de quatre fois en un an et demi, d’avoir un enfant à charge de 19 ans ou plus, ou encore de déclarer chaque trimestre ses ressources pour percevoir l’allocation adulte handicapé (AAH).

    • on sait _qui_ à pondu ledit algorithme, sur ordre de qui, et selon les specification de qui ? ou c’est secret défense ? (voire, secret défonce)

    • #Notation des allocataires : fébrile, la CAF s’enferme dans l’#opacité

      Alors que la contestation monte (voir ici, ici, ici ou ici) concernant son algorithme de notation des allocataires à des fins de #contrôle_social, la CAF choisit de se réfugier dans l’opacité tout en adaptant, maladroitement, sa politique de communication. Suite à son refus de communiquer le code source de son algorithme, nous avons saisi la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA).

      Comme nous l’expliquions ici, la CAF utilise depuis 2012 un algorithme de #profilage attribuant à chaque allocataire une note ou « #score_de_risque ». Construite à partir des centaines de données dont la CAF dispose sur chaque allocataire, cette note est ensuite utilisée pour sélectionner celles et ceux qui seront contrôlé·es.

      Cet algorithme symbolise l’étendue des #dérives de l’utilisation des outils numériques au service de politiques de contrôle social portées par des logiques policières de suspicion généralisée, de #tri et d’#évaluation continue de chacun de nos faits et gestes.

      Ici, comme c’est généralement le cas par ailleurs, ce tri cible les plus précaires. Les rares informations disponibles à ce sujet laissent apparaître que parmi les critères dégradant la note d’un·e allocataire, et augmentant ses chances d’être contrôlé·e, on trouve pêle-mêle : le fait de disposer de faibles revenus, d’habiter dans un quartier défavorisé, d’être une mère célibataire ou encore d’être né·e hors de France.

      Pour en avoir le coeur net, nous avons donc demandé à la CAF de nous communiquer le #code source de son algorithme1. Et sa réponse est affligeante2.

      Sortir de la précarité pour “tromper l’algorithme”

      Si la CAF a bien accepté de nous communiquer le code de l’algorithme… ce n’est qu’après avoir masqué la quasi-totalité des noms des variables comme on peut le voir sur l’illustration de cet article, qui est une photo de ce que la CAF nous a répondu.

      En d’autres termes, le fichier fourni nous permet simplement d’apprendre combien de #critères sont utilisés pour le calcul de la note des allocataires. Rien de plus. Ce qui n’empêche pas la CAF de préciser dans son courrier qu’elle espère que sa communication nous « permettra de comprendre le modèle »3.

      Les responsables de la CAF ont toutefois tenu à justifier le caviardage du fichier. Ces dernier·es précisent que le #code_source a été « expurgé des mentions qui, si elles étaient communiquées, pourraient donner des indications aux fraudeurs pour tromper l’algorithme »4. Et pour être tout à fait honnête, nous n’étions pas préparé·es à cette réponse.

      La CAF croit-elle vraiment que les critères liés à la #précarité (situation professionnelle instable, faibles revenus, logement situé dans un quartier défavorisé…) pourraient être modifiés par la seule volonté de l’allocataire ? Qu’afin d’augmenter leur note et de « flouer » l’algorithme, des millions d’allocataires pourraient décider, d’un coup, de sortir de la pauvreté ?

      Ce raisonnement frise l’#absurdité. A vrai dire, il est méprisant et insultant pour celles et ceux vivant des situations difficiles.

      Pire, le secrétaire général de la CAF entretient publiquement la confusion entre #fraudes et #erreurs de déclarations involontaires, prenant ainsi le risque de stigmatiser les personnes ciblées par l’algorithme, et ce, dans le seul but de justifier l’opacité de son institution.

      En réponse à un journaliste de Radio France5 l’interrogeant sur la réponse de la CAF à notre demande, il l’expliquait en disant qu’« il y a un certain nombre de données dont on pense que, si elles sont connues, peuvent nourrir des stratégies de contournement de personnes dont le but c’est de frauder le système ». Et d’ajouter : « Il faut que l’on ait un coup d’avance ».

      Faut-il donc lui rappeler que l’algorithme de la CAF n’est pas entraîné à détecter les fraudes mais les erreurs de déclaration, par définition involontaires6. Et que sa réponse pourrait donc être reformulée ainsi : « Nous ne communiquerons pas le code de l’algorithme de peur que les allocataires arrêtent de faire des erreurs ».

      De notre point de vue, cette réponse révèle l’ampleur de l’embarras des responsables de la CAF vis-à-vis de leur algorithme. Ils et elles ont peut-être en tête le scandale entourant un algorithme, en tout point similaire, de notation des allocataires ayant été utilisé aux Pays-Bas et dont les suites ont amené à la démission du gouvernement7 ?

      #Déni_de_justice

      Pire, cette opacité est aussi appliquée, à l’échelle individuelle, aux allocataires ayant été séléctionné·es par l’algorithme pour être controlé·es et qui chercheraient à obtenir des informations sur la raison de ce contrôle. Et ce, alors même que la loi prévoit que tout individu ayant fait l’objet d’une décision prise sur le fondement d’un traitement algorithmique (ici le fait d’être contrôlé) a le droit de connaître les données utilisées ainsi que les #paramètres de cet algorithme8. Ce qui signifie que les personnes ayant fait l’objet d’un contrôle9 sont censées avoir un droit d’accès plus étendu qu’une association comme la Quadrature.

      Nous avons pu consulter la réponse à la demande d’informations réalisée par une personne ayant été contrôlée sur la base de sa note. Le courrier, signé par le délégué à la protection des données de la CNAF, se contente de renvoyer l’allocataire à la page “Internet et Libertés” de la CAF.

      Sur cette page sont présents deux documents relatifs à l’algorithme de notation : un communiqué de la CAF et l’avis de la CNIL associé10. Aucun ne fournit d’informations sur les paramètres utilisés par l’algorithme, ni sur leur impact sur le score de risque.

      Cette réponse est un déni de justice pour celles et ceux ayant fait l’objet d’un contrôle déclenché algorithmiquement, l’opacité entretenue par la CAF les empếchant de contester juridiquement le bien-fondé du contrôle dont ielles ont fait l’objet.
      La discrimination : un savoir-faire à protéger

      Nous avions aussi demandé la liste des variables utilisées pour l’entraînement du modèle, c’est à dire sa phase de création. Cette question est importante car elle permet de comprendre l’étendue des données utilisées par l’algorithme. Et donc le degré d’intrusion dans la vie privée des allocataires que la construction d’un tel modèle nécessite.

      En effet, en mettant régulièrement en avant dans sa communication que son algorithme n’utilise « que » quelques dizaines de variables11, la CAF fait mine d’ignorer qu’elles sont le fruit d’une sélection qui nécessite l’analyse d’un nombre bien plus grand de variables au préalable12.

      Et la justification apportée par les responsables de la CAF est, là aussi, déconcertante. Ces dernier·es avancent que la communication de ces variables n’est pas possible car elles constituent un « savoir-faire »13. La CAF souhaiterait-elle monétiser son algorithme et le revendre à d’autres administrations ? Penserait-elle pouvoir équiper les équipes de contrôleurs.ses des institutions sociales du monde entier de son algorithme assimilant les plus précaires à de potentiel·le·s fraudeurs ou fraudeuses ?

      A défaut de réponse, nous nous en remettons à ce que, techniquement, tout·e data-scientist ferait pour entraîner un modèle le plus « précis » possible. Il suffirait de partir de l’intégralité des variables à sa disposition et, par itérations successives, décider lesquelles garder pour le modèle final. Dans cette hypothèse, ce serait alors la quasi-totalité des variables détenues par la CAF sur chaque allocataire qui serait utilisée pour l’entraînement de son modèle.

      Ceci serait cohérent avec un document publié en 2013 dans lequel un statisticien de la CAF que « les statisticiens chargés de la modélisation disposaient d’environ un millier d’informations par allocataire contrôlé » et que « la base d’apprentissage contient toutes les données habituelles des fichiers statistiques »14.
      Vingt ans de développement… et aucun compte-rendu de réunions

      Quant à notre demande relative aux documents internes (notes, comptes-rendus, échanges…) concernant le développement de l’algorithme, la CAF nous a tout simplement répondu qu’en presque 20 ans de travail aucune réunion technique n’a fait l’objet de compte-rendu…15

      Pour être tout à fait honnête, c’est une première dans l’histoire de nos demandes CADA.
      Le retour de l’alibi technique

      A ceci s’ajoute, depuis le début de l’année, la mise en place de ce qui apparaît comme une véritable communication de crise par l’institution autour de son algorithme. En juin 2022, la CAF a notamment publié un communiqué intitulé « Contrôle et datamining » dans lequel elle tente de répondre aux critiques soulevées par son algorithme16.

      A sa lecture, on prend toute la mesure du rôle d’alibi technique à une politique de contrôle discriminatoire que joue l’algorithme, ce que nous dénoncions déjà ici.

      L’algorithme y est décrit comme étant un objet purement scientifique dont le caractère politique est nié. Il est ainsi expliqué que la note des allocataires est le fruit d’une « démarche scientifique d’étude statistique […] menée par des experts » se fondant sur des critères « scientifiquement pondérés » ayant été sélectionnés « sur seuls critères statistiques ». Le secrétaire général de la CAF ajoute17 de son côté que cet outil serait un « miroir des situations statistiques » servant à identifier des « environnements de risques ».

      Ce faisant, les responsables de la CAF cherchent à nier leur responsabilité (politique) dans la conduite, et la validation, d’une politique de contrôle discriminatoire. Nul part n’apparaît que que si les erreurs se concentrent sur les plus précaires, c’est tout simplement parce qu’au fil des ans se sont multipliées les règles et contraintes encadrant l’accès aux minima sociaux, et ce, dans le seul but de restreindre leur accessibilité18.

      On mesure enfin l’impact des logiques gestionnaires appliquées aux institutions sociales. Logiques réduisant des millions de vies et d’histoires, à de simples notions statistiques, déshumanisantes, froides et vides de sens.
      Communication mensongère

      La deuxième partie du document est consacrée à un « Vrai/Faux » portant sur l’algorithme où transpire la malhonnêteté intellectuelle.

      A l’affirmation « Les scores de risques les plus élevés concernent toujours les plus pauvres », la CAF répond Faux car « les scores de risques sont calculés pour tous les allocataires ». Ce qui n’a tout simplement aucun sens…

      A la question « Les contrôleurs sont payés aux résultats », la CAF répond que ce serait faux, bien qu’elle admette que l’Etat lui fixe bien un objectif à atteindre en termes de détection de fraude. Ici encore, l’institution joue avec les mots. S’il est vrai que les contrôleurs.ses n’ont pas de « prime sur leurs résultats », ils et elles touchent un intéressement, tout comme l’ensemble du personnel de la CAF, dont le montant dépend bien de l’atteinte de ces objectifs de contrôle19.

      A la question « Plus de 1000 données concernant les allocataires sont utilisées dans le modèle de datamining des CAF », la CAF répond que seules une quarantaine seraient utilisées. Elle détourne ainsi la question puisque – comme expliqué ci-dessus – elle omet de dire que ces quarante variables sont sélectionnées après une phase d’entraînement du modèle qui nécessite l’utilisation, et le traitement, de plus de mille variables par allocataire20.

      Enfin, aux questions « Les contrôleurs de la Caf ont accès à toutes les infos qu’ils souhaitent à l’insu des allocataires », et « Les allocations sont suspendues pendant le contrôle », la CAF répond que non car « aucune demande n’est faite à d’autres administrations, sans en avoir averti auparavant l’allocataire, aucune procédure vis-à-vis d’un tiers n’est engagée à l’insu de celui-ci. » Et ajoute que, lors d’un contrôle, « les allocations ne sont pas suspendues ».

      Sur ces deux derniers points, nous vous invitons à lire les témoignages collectés par le Défenseur des Droits, les collectifs « Stop Contrôles », « Changer de Cap » et différentes associations de lutte contre la précarité21 qui alertent depuis des années sur les suspensions abusives d’allocations pendant les contrôles et les pratiques invasives (consultation des comptes bancaires, relevés d’électricité, analyse de l’adresse IP etc…) des contrôleurs·ses de la CAF à l’insu des allocataires.
      Fraude à enjeux et lutte contre le non-recours : des contre-feux médiatiques

      A ceci s’ajoute diverses annonces de la CAF participant à nourrir une stratégie de diversion médiatique autour de son algorithme de notation.

      Dans son dernier rapport annuel sur la « lutte contre la fraude », nulle référence n’est faite à l’algorithme alors que celui-ci était mis à l’honneur, en première page, l’année précédente. La CAF précisant au passage qu’il était loué par la Cour des Comptes et l’Assemblée Nationale.

      A sa place, la CAF a préféré cette année mettre en avant son équipe de contrôleur.ses dédiée à la « lutte contre la fraude à enjeux »22, c’est à dire des fraudes organisées (usurpation d’identités, faux documents, fraude au RIB) à grande échelle. Soit 30 agentes et agents qui d’après les dires de la CAF sont, ni plus ni moins, chargé·es de « protéger le système de sécurité sociale français des risques de pillage » et qui font rentrer la CAF dans « une nouvelle dimension de la lutte contre la fraude »23.

      A titre de comparaison, nous tenons à rappeler que ce sont pas moins de 700 contrôleuses et contrôleurs qui, guidé·es par son algorithme discriminatoire, sont chargé·es de traquer les moindre erreurs de déclaration faites par les plus précaires.

      Deuxième angle d’attaque : la mise en avant de l’utilisation d’algorithmes de profilage à des fins de lutte contre le non-recours24. Comme si l’application des techniques de profilage à des fins « positives » pouvait justifier leur application à des fins répressives. Sur ce sujet, la CAF omet pourtant de dire le plus important : depuis maintenant plus de 10 ans, elle a systématiquement favorisé l’application de ces techniques à des fins de contrôle plutôt que de lutte contre le non-recours.

      Ses équipes de « data-scientist » regrettaient dès 2013 que les techniques de profilage des allocataires soient uniquement utilisées à des fins de contrôle et non de lutte contre le non recours25. Cette réalité est rappelée dans un rapport de l’Assemblée Nationale daté de 2016 qui précise que « l’extension explicite de l’usage du data mining à d’autres fins, notamment celle de lutte contre le non-recours, était envisageable dès l’origine, mais cette possibilité a été écartée, au moins dans les premières années d’utilisation de cet outil »26. Il aura fallu attendre 2017 pour que la CAF commence à mener des expérimentations, et il semblerait qu’aujourd’hui le profilage contre le non-recours est limité à la prime d’activité et l’allocation de soutien familial27.

      Le sociologue Vincent Dubois ajoute que cette situation « interroge sur la réalité des slogans institutionnels “tous les droits rien que les droits” qui en fait est beaucoup plus tournée vers l’identification des indus, frauduleux ou non, que vers les cas de non-recours qui sont en fait beaucoup plus nombreux »28.

      En tout état de cause, l’histoire politique de l’utilisation par la CAF des techniques de profilage à des fins de lutte contre le non-recours ne semble pas très glorieuse.

      Ce dernier point interroge aussi sur le fantasme entretenu autour de l’automatisation de l’état social pour répondre aux problèmes sociaux. A l’heure où le gouvernement lance l’expérimentation d’un « RSA sous conditions », la mise en avant de solutions techniques pour lutter contre le non-recours dépolitise la question de l’accès aux droits. Tout en taisant les problèmes que génèrent, pour des millions de personnes, la dématérialisation des services publics.

      Enfin, la CAF a annoncé en grande pompe la nomination d’une médiatrice nationale chargée, entre autres, des questions de données personnelles à la CNAF29 en juin 2022. Parmi ses missions : « la protection des données et de la sécurité des usagers dans le cadre des systèmes d’information. » Et le communiqué accompagnant sa nomination ajoute qu’elle « sera également la référente nationale déontologie ». Nous serions plus que ravi·es d’entendre son avis sur l’algorithme de notation de la CAF.
      Lutter au-delà de la transparence

      La transparence que nous exigeons auprès de la CAF ne doit pas masquer le fond du problème. En un sens, ce que nous savons déjà de l’algorithme de cette institution, sans même avoir eu accès à son code, nous suffit à nous y opposer.

      La transparence n’est donc pas une fin en soi : c’est un moyen que nous souhaitons mobiliser pour mettre en lumière, et critiquer, un discours politique cherchant à légitimer la volonté de contrôle d’un appareil étatique via l’entretien d’un discours de suspicion généralisée et la stigmatisation de certaines catégories de la population.

      Volonté de contrôle qui, hélas, profite aujourd’hui de la puissance des outils numériques et de l’exploitation de nos données personnelles afin de toujours plus nous évaluer et, ainsi, nous trier.

      A l’heure où un nombre toujours plus grand d’institutions, sociales et policières, mettent en place de telles solutions de surveillance algorithmique, nous continuerons de les documenter et de faire ce que nous pouvons, à notre niveau, pour les contrer.

      Au côté des collectifs Stop Contrôles, Changer de Cap et de toutes les associations et collectifs de lutte contre la précarité qui font face, depuis des années, aux dérives du tout numérique et au développement sans limite des politiques de contrôle social, nous espérons que vous serez nombreux.ses à nous rejoindre.

      Enfin, nous ne doutons pas que ce sentiment d’injustice est partagé par la plupart des employé·es de la CAF. C’est pourquoi nous tenons à encourager celles et ceux qui, révolté·es par ces pratiques, pourraient nous aider à les documenter. Vous pouvez nous contacter par mail, téléphone, en venant nous rendre visite ou déposer de manière anonyme des documents sur notre SecureDrop. A l’heure où les responsables de la CAF font le choix de l’opacité, nous avons plus que jamais besoin de vous.

      https://www.laquadrature.net/2022/12/23/notation-des-allocataires-febrile-la-caf-senferme-dans-lopacite
      déjà sur seenthis (via @colporteur) :
      https://seenthis.net/messages/984668

      #algorithme #discrimination #mères_isolées #risque

    • C’est la réponse qui a toujours été faite aux syndicats qui réclament depuis des années les barèmes et algo pour pouvoir contester dans le cadre des TRÈS nombreuses erreurs de calcul.

      « gna gna gna, vous allez tricher ! ».

      Marrant comme on accuse toujours l’autre de ses propres turpitudes.

      Oui, des fois, les gens pourraient refuser une miette de boulot de merde qui va faire sauter tous leurs droits de manière disproportionnée et les foutre encore plus dans la merde. Oui, des fois, les gens pourraient s’organiser pour ne pas se retrouver dans une trappe à contrôle ou une situation encore plus dégradée.

      Oui, t’imagine ? Les gens pourraient juste faire valoir leurs droits si souvent déniés sans même avoir à avancer un début de justification.

      Et ils pourraient se rendre compte que ce n’est pas l’algo, mais bien un agent malintentionné qui a niqué leur dossier.

    • y aurait pas moyen de « retourner » (comme une chaussette) leur truc de la caf ? Genre, une expérience de science participative :-) on pourrait : 1./ demander que le "score" soit communiqué à chaque administré (e.g. via CNIL), 2./ collecter score et infos perso sur la base du volontariat, éventuellement en anonymisant les données, et 3./ faire un modèle « externe » avec ces données, le publier, et enfin 4./ s’en servir pour identifier les cas de non-recours (et au moins les compter)

  • Et ta #mère, #Zuckerberg, elle est suspendue ?

     :-D :-D :-D

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  • Notation des allocataires : l’indécence des pratiques de la CAF désormais indéniable
    https://www.laquadrature.net/2023/11/27/notation-des-allocataires-lindecence-des-pratiques-de-la-caf-desormais

    Après plus d’un an de mobilisation contre les pratiques de notation des allocataires de la CAF au côté des collectifs Stop Contrôles et Changer de Cap, et après avoir détaillé le fonctionnement de l’algorithme de…

    #Surveillance

    • A noter que, dans des versions précédentes de l’algorithme, le fait d’être né hors de l’UE était aussi un critère pour cibler les contrôles (dénoncé par le Défenseur des droits). Dans les versions qu’a pu étudier la Quadrature du net, des variables sont caviardées (cachées) par la #CNAF, donc on ne sait pas tout ce qui est utilisé.

      Si on est un peu cynique, on pourrait se dire que, après tout, si les personnes n’ont pas triché, même ciblées, elles ne risquent rien, et qu’au pire, après avoir été contrôlées, elles auront simplement leurs justes #droits (éventuellement recalculés) et donc que, même ciblés, ces contrôles sont un moindre mal face à l’impératif de #lutte_contre_la_fraude. Or ces contrôles pénalisent fortement aussi les personnes qui n’ont rien à se reprocher, qui ont déclaré de façon exacte et en temps voulu tous leurs changements de situation, etc.

      Car, ce que ne dit pas l’article (il ne peut pas tout dire), qui a été dénoncé par « Changer de cap », et qui doit être ajouté, c’est qu’ une grande partie des contrôles est automatisé sous la forme de courrier envoyé automatiquement par la machine (l’algorithme) aux allocataires dès lors qu’un changement est signalé (lors de la déclaration trimestrielle de ressources typiquement) et/ou que leur score de risque (score de suspicion) dépasse un certain niveau. Ce courrier les prévient qu’ ils doivent répondre à un questionnaire de contrôle (avec d’éventuelles pièces justificatives à envoyer) et que, sans attendre, les droits sont suspendus à cette réponse. Ce qui fait que, dans l’attente de l’envoi du courrier par l’allocataire mais aussi du temps mis par la CAF pour ensuite traiter/instruire ce courrier (souvent des semaines !!!), les personnes se retrouvent sans plus aucune prestation, sans plus aucune ressource parfois. Et, pour celles qui ne répondent pas (n’ont pas vu le courrier, parfois arrivé sur leur boite internet allocataire) ou encore ne parviennent pas à obtenir certaines pièces justificatives, cela se traduit par des #ruptures_de_droits et la réclamation d’#indus.

      Et, après de telles mésaventures/maltraitances institutionnelles qui peuvent se renouveler, beaucoup arrêtent les frais, renoncent à faire valoir leur droit...

      (reçu par mel)

      #étrangers_hors_UE

    • Dans la vie de Juliette, mère isolée, précaire et cible de l’algorithme des CAF (Le Monde)
      https://archive.is/aREy2

      « Le Monde » raconte comment une bénéficiaire du RSA est devenue un dossier « à risque » pour l’organisme, et les conséquences de ce ciblage sur sa vie.

      « J’étais dans la merde financièrement et psychologiquement. Mon père venait de mourir d’un cancer en moins de six mois, j’étais extrêmement fragile. » C’est peu dire que l’année 2023 commençait déjà mal pour Juliette (les prénoms d’allocataires ont été modifiés à leur demande). Divorcée depuis cinq ans, sans pension alimentaire, elle vit seule avec son fils cadet de 14 ans, en garde alternée.

      Sa séparation l’a poussée dans la spirale de la #précarité. Depuis des années, les allocations familiales et les aides au logement lui sont vitales. Juliette n’est jamais restée inactive bien longtemps, mais son CV « atypique », comme elle dit, rebute beaucoup d’employeurs, malgré un bac + 5 en communication. « Les boulots salariés, je les tiens un an et je finis en burn-out », raconte la mère de famille de 50 ans, un peu gênée, assise au milieu de sa petite cuisine en formica remplie de ses trouvailles de brocantes.

      #mère_isolée

      Profilage et discriminations : enquête sur les dérives de l’algorithme des caisses d’allocations familiales
      https://archive.is/JoTma

      Depuis 2010, la CAF note ses treize millions de foyers d’allocataires pour orienter ses contrôles. « Le Monde » a enquêté sur ce système, accusé de discriminer les plus vulnérables.

      Dis-moi qui tu es, l’algorithme dira si tu es #suspect. A la Caisse nationale des allocations familiales (#CNAF), où la recherche des erreurs de déclaration et des #fraudes s’est industrialisée au cours des dernières années, un outil a été érigé en totem : le data mining (exploration de données). La priorisation des dossiers à contrôler repose aujourd’hui quasi exclusivement sur un « score de risque » calculé pour chaque allocataire suivant une batterie de critères personnels.

      Ce système fait la fierté de l’institution, qui en vante les performances. Mais les alertes se multiplient sur les possibles dérives de cet algorithme, baptisé « data mining données entrantes » (DMDE). Plusieurs associations ont accusé la CNAF de discriminer les plus vulnérables au sein des publics à qui elle verse chaque mois le revenu de solidarité active (RSA), les aides au logement ou encore les allocations familiales.

  • « En sociologie, la prise en compte du ressenti peut aider à identifier les inégalités les plus critiques », Nicolas Duvoux
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/20/en-sociologie-la-prise-en-compte-du-ressenti-peut-aider-a-identifier-les-ine

    La sociologie ne peut prétendre à la neutralité, puisqu’elle est une science étudiant la société au sein de laquelle elle émerge. Elle est prise dans les divisions et conflits sociaux, elle met au jour des formes de contrainte et de domination auxquelles elle ne peut rester indifférente. De quel côté penchons-nous ?, demandait à ses pairs le sociologue américain Howard Becker, dans un texte majeur (« Whose Side Are We on ? », Social Problems, 1967). Cependant, cette discipline n’a pas vocation à se substituer à la politique et aux choix collectifs qui relèvent du débat public. La contribution qu’elle peut apporter est de formuler un diagnostic aussi précis que possible sur les dynamiques sociales et la différenciation de leurs effets selon les groupes sociaux.

    L’inflation et la hausse des prix alimentaires très forte depuis l’année 2022 affectent beaucoup plus durement les ménages modestes. Ceux-ci consacrent en effet une part plus importante de leurs revenus à ce poste de consommation. Le relever revient à formuler un constat objectif. De même, la hausse des taux d’intérêt immobiliers exclut davantage de l’accès à la propriété les ménages sans apport (plutôt jeunes et de milieux populaires) que les autres. Il y va ainsi des évolutions de courte durée, mais aussi de celles de longue durée : le chômage touche plus fortement les moins qualifiés, les ouvriers et employés, même s’il n’épargne pas les cadres, notamment vieillissants ; la pauvreté touche davantage les jeunes, même si elle n’épargne pas les retraités.
    Formuler un diagnostic suppose d’éviter deux écueils qui se répondent et saturent un débat public fait d’oppositions, voire de polarisation, au détriment d’une compréhension de l’état de la société. La littérature du XIXe siècle – comme les sciences sociales avec lesquelles elle a alors partie liée – a souvent oscillé entre d’un côté une représentation misérabiliste du peuple, en soulignant la proximité des classes laborieuses et des classes dangereuses, et de l’autre une vision populiste qui exalte les vertus des classes populaires. Claude Grignon et Jean-Claude Passeron l’ont montré dans un livre qui a fait date (Le Savant et le Populaire, Gallimard, 1989). De la même manière, le débat public semble aujourd’hui osciller entre un optimisme propre aux populations favorisées économiquement et un catastrophisme des élites culturelles.

    Cruel paradoxe

    Pouvoir envisager l’avenir de manière conquérante vous place du côté des classes aisées ou en ascension. Cette thèse a un enjeu politique évident : le rapport subjectif à l’avenir nous informe sur la position sociale occupée par un individu et non sur sa représentation de la société. Pour ne prendre qu’un exemple, sur la fracture entre les groupes d’âge, on n’est guère surpris qu’en pleine période inflationniste le regain de confiance en son avenir individuel soit le privilège quasi exclusif [d’un %] des seniors. Il faut être déjà âgé pour penser que l’on a un avenir, cruel paradoxe d’une société qui fait porter à sa jeunesse le poids de la pauvreté et de la précarité de l’emploi, au risque de susciter une révolte de masse.
    Peut-être est-ce un signe de l’intensité des tensions sociales, nombre d’essais soulignent le décalage entre la réalité d’une société où les inégalités sont relativement contenues et le pessimisme de la population. Les dépenses de protection sociale sont parmi les plus élevées du monde, sinon les plus élevées. En conséquence de ces dépenses, les Français jouissent d’un niveau d’éducation, d’égalité et d’une sécurité sociale presque sans équivalent. Ces faits sont avérés.

    Mais le diagnostic ne se borne pas à ce rappel : les données objectives qui dressent le portrait d’une France en « paradis » sont, dans un second temps, confrontées à l’enfer du « ressenti », du mal-être, du pessimisme radical exprimé par les Français, souvent dans des sondages. Ainsi, dans « L’état de la France vu par les Français 2023 » de l’institut Ipsos, il apparaît que « 70 % des Français se déclarent pessimistes quant à l’avenir de la France ». Les tenants de la vision « optimiste », qui se fondent sur une critique du ressenti, tendent à disqualifier les revendications de redistribution et d’égalité.

    Or l’écart entre le « ressenti » et la réalité objective des inégalités peut être interprété de manière moins triviale et surtout moins conservatrice. Cet écart peut être travaillé et mis au service d’un diagnostic affiné de la situation sociale, un diagnostic qui conserve l’objectivité de la mesure tout en se rapprochant du ressenti.

    Une autre mesure de la pauvreté

    La notion de « dépenses contraintes » en porte la marque : ce sont les dépenses préengagées, qui plombent les capacités d’arbitrage des ménages, notamment populaires, du fait de la charge du logement. Entre 2001 et 2017, ces dépenses préengagées occupent une part croissante du budget, passant de 27 % à 32 %, selon France Stratégie. « Le poids des dépenses préengagées dans la dépense totale dépend d’abord du niveau de vie. Il est plus lourd dans la dépense totale des ménages pauvres que dans celle des ménages aisés, et l’écart a beaucoup augmenté entre 2001 (6 points d’écart) et 2017 (13 points d’écart). »
    Cette évolution et le renforcement des écarts placent de nombreux ménages – même s’ils ne sont pas statistiquement pauvres – en difficulté. La volonté de rapprocher « mesure objective » et « ressenti » permet de prendre une tout autre mesure de la pauvreté, qui double si l’on prend en compte le niveau de vie « arbitrable » , soit le revenu disponible après prise en compte des dépenses préengagées.

    De ce point de vue, l’équivalent du taux de pauvreté, c’est-à-dire la part des personnes dont le revenu arbitrable par unité de consommation est inférieur à 60 % du niveau de vie arbitrable médian, s’établissait à 23 % en 2011, selon des travaux réalisés par Michèle Lelièvre et Nathan Rémila pour la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Ce chiffre atteint même 27 % si l’on prend en compte les dépenses peu compressibles, comme l’alimentation. Comparativement, le taux de pauvreté tel qu’on le définit traditionnellement se fixait en 2011 à 14,3 %. L’augmentation de la fréquentation des structures d’aide alimentaire témoigne des difficultés croissantes d’une part conséquente de la population.

    Le parti du catastrophisme

    L’optimisme empêche de penser les réalités dans toute leur violence et d’identifier les remèdes qui conviennent le mieux à ces maux. Le catastrophisme doit également être évité. Il a tendance à accuser exclusivement les super-riches dans la genèse des maux sociaux, en mettant en avant une explosion des inégalités démentie par les faits, si l’on exclut le patrimoine et la forte augmentation de la pauvreté dans la période post-Covid-19. En prenant le parti du catastrophisme, la sociologie, et avec elle la société, s’exonérerait d’un travail de fond.
    Un certain nombre de points soulignés par ceux qui critiquent le pessimisme restent vrais. La société française a connu une relative mais réelle démocratisation de l’accès à des positions privilégiées. Les postes d’encadrement n’ont cessé d’augmenter en proportion de la structure des emplois, une partie non négligeable de la population – y compris au sein des catégories populaires – a pu avoir accès à la propriété de sa résidence principale, a pu bénéficier ou anticipe une augmentation de son patrimoine. Les discours sur la précarisation ou l’appauvrissement généralisés masquent la pénalité spécifique subie par les groupes (jeunes, non ou peu qualifiés, membres des minorités discriminées, femmes soumises à des temps partiels subis, familles monoparentales) qui sont les plus affectés et qui servent, de fait, de variable d’ajustement au monde économique. Le catastrophisme ignore ou feint d’ignorer les ressources que les classes moyennes tirent du système éducatif public par exemple.

    Le catastrophisme nourrit, comme l’optimisme, une vision du monde social homogène, inapte à saisir les inégalités les plus critiques et les points de tension les plus saillants, ceux-là mêmes sur lesquels il faudrait, en priorité, porter l’action. La prise en compte du ressenti peut aider à les identifier et à guider le débat et les décideurs publics, à condition de ne pas entretenir de confusion sur le statut des informations produites, qui ne se substituent pas aux mesures objectives, mais peuvent aider à les rapprocher du sens vécu par les populations et ainsi à faire de la science un instrument de l’action.

    Nicolas Duvoux est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII, auteur de L’Avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine (PUF, 272 pages, 23 euros).

    voir cette lecture des ressorts du vote populaire RN depuis les années 2000
    https://seenthis.net/messages/1027569

    #sociologie #inflation #alimentation #aide_alimentaire #dépenses_contraintes #revenu_arbitrable #revenu #pauvreté #chômage #jeunesse #femmes #mères_isolées #précarité #taux_de_pauvreté #patrimoine #inégalités #riches #classes_populaires

    • « Les inégalités sont perçues comme une agression, une forme de mépris », François Dubet - Propos recueillis par Gérard Courtois, publié le 12 mars 2019
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/12/francois-dubet-les-inegalites-sont-percues-comme-une-agression-une-forme-de-

      Entretien. Le sociologue François Dubet, professeur émérite à l’université Bordeaux-II et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), vient de publier Le Temps des passions tristes. Inégalités et populisme (Seuil, 112 p., 11,80 €).

      Reprenant l’expression de Spinoza, vous estimez que la société est dominée par les « passions tristes ». Quelles sont-elles et comment se sont-elles imposées ?

      Comme beaucoup, je suis sensible à un air du temps porté sur la dénonciation, la haine, le #ressentiment, le sentiment d’être méprisé et la capacité de mépriser à son tour. Ce ne sont pas là seulement des #émotions personnelles : il s’agit aussi d’un #style_politique qui semble se répandre un peu partout. On peut sans doute expliquer ce climat dangereux de plusieurs manières, mais il me semble que la question des #inégalités y joue un rôle essentiel.

      Voulez-vous parler du creusement des inégalités ?

      Bien sûr. On observe une croissance des inégalités sociales, notamment une envolée des hyper riches qui pose des problèmes de maîtrise économique et fiscale essentiels. Mais je ne pense pas que l’ampleur des inégalités explique tout : je fais plutôt l’hypothèse que l’expérience des inégalités a profondément changé de nature. Pour le dire vite, tant que nous vivions dans une société industrielle relativement intégrée, les inégalités semblaient structurées par les #classes sociales : celles-ci offraient une représentation stable des inégalités, elles forgeaient des identités collectives et elles aspiraient à une réduction des écarts entre les classes [et, gare à la revanche ! à leur suppression]– c’est ce qu’on appelait le progrès social. Ce système organisait aussi les mouvements sociaux et plus encore la vie politique : la #gauche et la #droite représentaient grossièrement les classes sociales.

      Aujourd’hui, avec les mutations du capitalisme, les inégalités se transforment et se multiplient : chacun de nous est traversé par plusieurs inégalités qui ne se recouvrent pas forcément. Nous sommes inégaux « en tant que » – salariés ou précaires, diplômés ou non diplômés, femmes ou hommes, vivant en ville ou ailleurs, seul ou en famille, en fonction de nos origines… Alors que les plus riches et les plus pauvres concentrent et agrègent toutes les inégalités, la plupart des individus articulent des inégalités plus ou moins cohérentes et convergentes. Le thème de l’#exploitation de classe cède d’ailleurs progressivement le pas devant celui des #discriminations, qui ciblent des inégalités spécifiques.

      Pourquoi les inégalités multiples et individualisées sont-elles vécues plus difficilement que les inégalités de classes ?

      Dans les inégalités de classes, l’appartenance collective protégeait les individus d’un sentiment de mépris et leur donnait même une forme de fierté. Mais, surtout, ces inégalités étaient politiquement représentées autour d’un conflit social et de multiples organisations et mouvements sociaux. Dans une certaine mesure, aussi injustes soient-elles, ces inégalités ne menaçaient pas la dignité des individus. Mais quand les inégalités se multiplient et s’individualisent, quand elles cessent d’être politiquement interprétées et représentées, elles mettent en cause les individus eux-mêmes : ils se sentent abandonnés et méprisés de mille manières – par le prince, bien sûr, par les médias, évidemment, mais aussi par le regard des autres.

      Ce n’est donc pas simplement l’ampleur des inégalités sociales qui aurait changé, mais leur nature et leur perception ?
      Les inégalités multiples et individualisées deviennent une expérience intime qui est souvent vécue comme une remise en cause de soi, de sa valeur et de son identité : elles sont perçues comme une agression, une forme de #mépris. Dans une société qui fait de l’#égalité_des_chances et de l’#autonomie_individuelles ses valeurs cardinales, elles peuvent être vécues comme des échecs scolaires, professionnels, familiaux, dont on peut se sentir plus ou moins responsable.

      Dans ce régime des inégalités multiples, nous sommes conduits à nous comparer au plus près de nous, dans la consommation, le système scolaire, l’accès aux services… Ces jeux de comparaison invitent alors à accuser les plus riches, bien sûr, mais aussi les plus pauvres ou les étrangers qui « abuseraient » des aides sociales et ne « mériteraient » pas l’égalité. L’électorat de Donald Trump et de quelques autres ne pense pas autre chose.

      Internet favorise, dites-vous, ces passions tristes. De quelle manière ?

      Parce qu’Internet élargit l’accès à la parole publique, il constitue un progrès démocratique. Mais Internet transforme chacun d’entre nous en un mouvement social, qui est capable de témoigner pour lui-même de ses souffrances et de ses colères. Alors que les syndicats et les mouvements sociaux « refroidissaient » les colères pour les transformer en actions collectives organisées, #Internet abolit ces médiations. Les émotions et les opinions deviennent directement publiques : les colères, les solidarités, les haines et les paranoïas se déploient de la même manière. Les #indignations peuvent donc rester des indignations et ne jamais se transformer en revendications et en programmes politiques.

      La démultiplication des inégalités devrait renforcer les partis favorables à l’égalité sociale, qui sont historiquement les partis de gauche. Or, en France comme ailleurs, ce sont les populismes qui ont le vent en poupe. Comment expliquez-vous ce « transfert » ?

      La force de ce qu’on appelle les populismes consiste à construire des « banques de colères », agrégeant des problèmes et des expériences multiples derrière un appel nostalgique au #peuple unique, aux travailleurs, à la nation et à la souveraineté démocratique. Chacun peut y retrouver ses indignations. Mais il y a loin de cette capacité symbolique à une offre politique, car, une fois débarrassé de « l’oligarchie », le peuple n’est ni composé d’égaux ni dénué de conflits. D’ailleurs, aujourd’hui, les politiques populistes se déploient sur tout l’éventail des politiques économiques.

      Vous avez terminé « Le Temps des passions tristes » au moment où émergeait le mouvement des « gilets jaunes ». En quoi confirme-t-il ou modifie-t-il votre analyse ?

      Si j’ai anticipé la tonalité de ce mouvement, je n’en avais prévu ni la forme ni la durée. Il montre, pour l’essentiel, que les inégalités multiples engendrent une somme de colères individuelles et de sentiments de mépris qui ne trouvent pas d’expression #politique homogène, en dépit de beaucoup de démagogie. Dire que les « gilets jaunes » sont une nouvelle classe sociale ou qu’ils sont le peuple à eux tout seuls ne nous aide guère. Il faudra du temps, en France et ailleurs, pour qu’une offre idéologique et politique réponde à ces demandes de justice dispersées. Il faudra aussi beaucoup de courage et de constance pour comprendre les passions tristes sans se laisser envahir par elles.

      #populisme

  • La #pauvreté s’insinue dans la vie des #femmes_âgées

    Le #rapport sur « l’état de la pauvreté 2023 » publié mardi 14 novembre par le #Secours_catholique montre que la pauvreté s’aggrave en France. Elle frappe en premier lieu les #mères_isolées mais aussi les #femmes_seules, et notamment celles de plus de 55 ans. #Témoignages.

    FontenayFontenay-le-Comte (Vendée).– Alors qu’elle déguste une salade de pommes de terre aux œufs et au thon dans la grande salle d’accueil du Secours catholique de Fontenay-le-Comte, en Vendée, Christiane grimace. La septuagénaire a la bouche criblée d’aphtes, favorisés par certains aliments. La faute aux noix et au chocolat qu’elle a reçus dans son colis des Restos du cœur. Mais elle n’a plus le choix, son alimentation est conditionnée par l’aide alimentaire. Elle n’aurait jamais imaginé en arriver à cette extrémité.

    Dix jours avant la fin du mois, Christiane n’a plus rien. Même pas de quoi se payer ses cigarettes, qui la « font tenir ». Assise à côté d’elle, Nathalie, 61 ans, raconte avoir perdu quatre kilos en quelques mois. Les repas sont frugaux et ses soucis financiers lui coupent l’appétit.

    Un karaoké se prépare non loin d’elles, dans la même salle. Une première pour distraire les bénéficiaires et bénévoles de cette antenne du Secours catholique qui arrivent peu à peu.

    Les parcours de Christiane et Nathalie témoignent d’une aggravation de la pauvreté, surtout chez les femmes, alerte le Secours catholique dans son rapport annuel publié mardi 14 novembre. Les mères isolées sont surreprésentées, suivies des femmes seules, démontre l’association.

    L’étude se fonde sur environ 50 000 fiches renseignées par les personnes accueillies en 2022. De fait, la précarité féminine a régulièrement augmenté ces vingt dernières années. Les femmes représentent désormais 57,5 % des personnes rencontrées par l’association, contre 52,6 % en 1999. Les mères isolées représentent 25,7 % des bénéficiaires. 20,9 % sont des femmes seules.

    Les femmes isolées âgées de plus de 55 ans sont elles aussi de plus en plus nombreuses à solliciter une aide, peut-on lire dans le rapport : « Ces femmes rencontrent des situations de précarité singulières, notamment dues à l’isolement qu’elles subissent. Elles n’ont pas les ressources pour faire face aux charges qu’elles doivent supporter, souvent seules. » Ce qui témoigne « d’une précarisation des adultes isolés vieillissants, éloignés du marché du travail ou dont les faibles pensions de retraite sont insuffisantes pour mener une vie décente ».

    Élodie Gaultier, responsable du secteur Sud-Vendée pour le Secours catholique, confirme que les personnes accueillies sont principalement des femmes.

    Dans le département, plus de 14 000 foyers sont soutenus par le Secours catholique. « Les profils que nous croisons ici sont souvent des personnes qui ont plus de 50 ans. Elles peuvent se retrouver seules parce qu’elles sont veuves ou divorcées. D’autres ont toujours été célibataires. »

    Certaines sont si isolées qu’elles ne viennent pas seulement pour obtenir une aide matérielle. « Elles viennent aussi parce qu’elles sont seules et qu’elles ont besoin de discuter. J’avais rencontré une personne dont je n’entendais presque pas le son de la voix parce qu’elle n’avait plus l’habitude de parler à d’autres personnes… » La fracture numérique isole aussi, ajoute Élodie Gaultier. Et la hausse des prix de l’alimentation (6,8 % en 2022) fragilise les foyers modestes.

    Lorsqu’elle était active, Christiane était comptable dans plusieurs entreprises. Elle a élevé seule sa fille, sans aucune aide. Mais elle n’a pas été rémunérée à la hauteur de son travail et le ressent comme une injustice cruelle. « Je me suis fait exploiter parce qu’on ne m’a jamais fait cotiser une retraite de cadre alors que j’avais toutes les responsabilités de l’entreprise sur mon dos. Les heures, je ne les comptais pas non plus. Je ne voyais pas le problème financier à ce moment-là, mais c’est un tort. Maintenant j’en paye les pots cassés. »

    La septuagénaire touche 1 200 euros de retraite, juste en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian, soit environ 1 210 euros par mois. Plusieurs dépenses l’accablent, dont l’énergie, en forte hausse (+ 23,1 %).

    Son chauffage électrique consomme beaucoup, malgré les travaux d’isolation réalisés par son propriétaire. Elle a dû s’acquitter de 1 000 euros de régularisation en fin d’année alors qu’elle paye déjà 146 euros par mois. La Caisse d’allocations familiales lui a avancé la somme, qu’elle finit de rembourser.

    Avec un loyer de 500 euros et d’autres dépenses incompressibles, Christiane suffoque. Elle a contracté auprès d’Emmaüs un autre prêt sans intérêt, de 1 500 euros, prélevé à hauteur de 43 euros par mois pour encore un an et demi. La retraitée devait absolument s’acheter une voiture. Être véhiculée est indispensable dans cette zone rurale, même si Christiane l’utilise le moins possible en raison du prix de l’essence.

    Nathalie, la sexagénaire énergique, a été maîtresse de maison dans un foyer pour adultes handicapés, physiques et mentaux. Elle aimait se rendre utile. Il y a trois ans, elle a été placée en invalidité en raison de plusieurs pathologies chroniques.

    Aujourd’hui, elle touche une pension d’invalidité et une rente d’invalidité versée par la mutuelle de son ancien employeur, soit 860 euros. « Il me reste 180 euros pour acheter de quoi manger, de quoi me nourrir, de quoi bouger. Et pour la moindre chose qu’on doit faire, les courses ou les rendez-vous médicaux, il faut la voiture. Ça coûte cher. »

    Sa dernière fille, âgée de 20 ans, a quitté le domicile familial il y a quelques mois. Nathalie l’a déclaré, son aide pour le logement (APL) a été recalculée. Elle a reçu une notification de dette. « Le mot fait peur, je leur dois 200 euros. »

    Nathalie paye plus de 450 euros de loyer pour sa maison à l’écart de tout, dans une commune du Marais poitevin. Elle va devoir déménager en janvier, faute de moyens, dans un appartement moins spacieux, « de 80 m2 à 45 m2 ». Elle est en plein dans le tri. C’est difficile. Il n’y a pas de garage, pas de cave, rien pour stocker. « J’ai beaucoup pleuré, je suis quelqu’un qui essaie d’aller de l’avant pour ne pas sombrer parce que c’est facile de sombrer. »
    « Pas toute seule dans cette situation »

    Si Christiane compte le moindre centime, c’est parce qu’elle s’est trouvée en surendettement, sans chéquier, ni carte bleue mais avec une carte de retrait plafonnée. Elle n’a pas droit au découvert. Il y a quelques années, elle s’est associée avec une personne pour de l’immobilier mais l’entreprise a mal tourné.

    L’ancienne comptable s’est retrouvée à assumer seule des dettes importantes. Elle a dû vendre la maison qu’elle avait fait construire « pour être tranquille à la retraite, pour ne pas avoir de loyer, justement ». Elle s’est « privée de vacances pour payer la maison ». Depuis six ans, elle loue son ancienne maison.

    Un crève-cœur. Comme de devoir se tourner vers le Secours catholique et l’aide alimentaire. « C’est très difficile, parce qu’on se sent descendue très, très bas. Pour l’amour propre, c’est très humiliant. » Elle fréquente l’épicerie solidaire de l’association et les Restos du cœur.

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    Le rapport annuel du Secours catholique en quelques chiffres

    En 2022, le Secours catholique a accueilli 1 027 500 personnes dans 2 400 lieux dédiés, grâce à 3 500 équipes locales et 60 000 bénévoles. Un chiffre en nette augmentation (près d’un tiers) par rapport aux 780 000 bénéficiaires de 2021.

    Leur niveau de vie médian a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établit à 538 euros par mois, soit 18 euros par jour, pour subvenir à tous leurs besoins, dont le logement.

    25,7 % des ménages rencontrés au Secours catholique sont des mères isolées. 20,9 % sont des femmes seules.

    Une femme sur dix accueillie au Secours catholique a plus de 55 ans.

    Près de 30 % des femmes vivent dans un logement précaire.

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    Le Secours catholique a permis à Nathalie et Christiane de partir en séjour une semaine à Lourdes, dans les Pyrénées, en septembre. Elles en conservent un souvenir ému. Cela leur a permis retrouver une forme de sociabilité, avec des personnes qui les comprennent. « Je me suis aperçue que je n’étais pas toute seule dans cette situation », confirme Christiane.

    La pauvreté s’insinue partout et empêche tout. Nathalie a réussi à faire baisser à 100 euros sa facture d’électricité mensuelle. Pour cela, elle a réduit le chauffage et mis systématiquement « trois épaisseurs de vêtements et [s]on peignoir ». L’ancienne maîtresse de maison détaille. « Je ne mange plus énormément mais parce que je ne peux plus manger des choses que j’aime comme le poisson. » Elle s’en tient à un menu type. « Du pain, du jambon, des pâtes et des œufs. Du thon et des sardines. Pas de viande, parce que c’est hors de prix. »

    Nathalie aime aussi tricoter, faire du crochet, de la couture. Mais le matériel est onéreux. Idem pour la photo. « Il faut bouger pour avoir de beaux paysages. » Impensable avec le coût du carburant.

    Outre les privations matérielles, la pauvreté grignote aussi les liens sociaux. Christiane a été longtemps trésorière d’une association de sa commune. Elle a démissionné au début de l’année car elle ne pouvait plus suivre le rythme des sorties et des repas. Sans en donner la raison. Sa fille n’est pas au courant du détail des difficultés de sa mère. Christiane se refuse à l’accabler.

    Son moral est au plus bas. « J’avais peur de la mort, mais là je suis prête à partir. Parce que j’ai l’impression que je ne sers plus à rien », soupire-t-elle.

    Nathalie a elle aussi un moral vacillant, mais essaie de dépasser ses coups de déprime. « En fait, c’est le Secours catholique qui m’a sortie de tout ça en début d’année. Ça fait deux ans que je viens mais avant je prenais ce dont j’avais besoin à l’épicerie solidaire, je payais, je partais aussitôt, parce que c’était tellement affligeant pour moi de devoir faire ça. Je voulais être digne, moi, et ça, c’est compliqué d’accepter de venir ici. » Aujourd’hui, elle s’implique comme bénévole à la boutique solidaire.

    L’année prochaine sera pire, elle sera à la retraite. Elle percevra 534 euros. Nathalie n’a pas pu cumuler beaucoup de trimestres. Elle a enchaîné des petits contrats et des périodes de chômage. À chaque grossesse, elle s’est arrêtée trois ans pour s’occuper de son bébé. Elle a ensuite élevé seule ses trois enfants.

    Elle a conscience de cette inégalité de genre, même si elle ne souhaite pas s’étaler sur sa propre histoire. « Les femmes ont voulu devenir indépendantes, c’est une belle chose, mais on ne leur a pas donné assez de moyens pour le devenir. C’est-à-dire que si on veut élever nos enfants seules parce qu’on est avec un homme avec qui c’est compliqué, on ne nous aide pas forcément. »

    À cet égard, le parcours de Nathalie est commun. Le rapport le décrit : « Celles qui travaillent sont moins bien payées, plus souvent à temps partiel subi, et leurs carrières hachées se traduisent par de faibles retraites. » Pour le moment, Nathalie essaie de « ne pas penser » à ce basculement pour ne pas s’effondrer.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/141123/la-pauvrete-s-insinue-dans-la-vie-des-femmes-agees
    #femmes

    • État de la pauvreté en France 2023

      En 2022, au Secours Catholique-Caritas France, 59 700 bénévoles répartis dans près de 2 400 lieux d’accueil ont rencontré 1 027 500 personnes. Ce sont 552 400 adultes et 475 100 enfants qui ont ainsi été accompagnés. Le recueil d’information annuel, réalisé via les fiches statistiques extraites d’un échantillon représentatif des dossiers d’accueil, concerne 49 250 ménages en 2022. Il permet l’étude des situations de pauvreté des personnes rencontrées cette même année. Ce rapport comprend deux grandes parties fondées sur les statistiques collectées par l’association : un dossier thématique qui porte cette année sur les conditions de vie des femmes rencontrées par l’association et le profil général qui compte 16 fiches décrivant les caractéristiques sociodémographiques, les situations face à l’emploi ainsi que les ressources et conditions de vie des ménages rencontrés.

      https://www.secours-catholique.org/m-informer/publications/etat-de-la-pauvrete-en-france-2023
      #statistiques #chiffres

    • Pourquoi les femmes sont-elles plus exposées à la pauvreté ?

      Dans son rapport annuel sur l’« État de la pauvreté », paru ce mardi 14 novembre, le Secours catholique alerte sur la #précarité croissante des femmes, indissociable des charges qui pèsent sur elles de manière structurelle.

      Le constat est sans appel : la pauvreté s’incarne de plus en plus au féminin. Alors qu’elles constituaient déjà la moitié des bénéficiaires du Secours catholique à la fin des années 1980, les femmes sont aujourd’hui largement surreprésentées avec près de 60 % des demandes, selon le rapport annuel de l’association basé sur les statistiques issues des 1 027 500 personnes qui l’ont sollicitée en 2022.

      Ce chiffre s’inscrit dans un contexte d’aggravation de la pauvreté, puisque le niveau de vie médian constaté a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établissait à 538 euros par mois en 2022 (contre 579 euros en 2021), soit 18 euros par jour pour subvenir à tous les besoins, dont le logement. Pire, trois quarts des bénéficiaires survivent très en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 40 % de cette somme – par comparaison, ils étaient 65 % en 2017.

      Cette tendance s’explique notamment par la forte #inflation des #prix de l’#alimentation (+ 6,8 % en 2022) et de l’#énergie (+ 23,1 %). Selon les auteurs du rapport, « tout porte à croire que cette dégradation se poursuit en 2023, comme en atteste la forte hausse du nombre de personnes faisant appel à l’#aide_alimentaire des associations ».

      https://www.humanite.fr/societe/femmes/pourquoi-les-femmes-sont-elles-plus-exposees-a-la-pauvrete

  • #Mauvaises_mères

    Le dossier du mois met à l’honneur les #daronnes. Celles auxquelles on reproche d’être trop ceci, pas assez cela, qu’on juge si facilement et qu’on excuse si difficilement, alors qu’elles sont prises en tenaille entre les injonctions du #capitalisme et du #patriarcat. Ici, des voix s’élèvent pour revendiquer d’autres manières d’être femmes et mères, et tracer des lignes émancipatrices pour des #maternités_libérées.


    https://cqfd-journal.org/CQFD-no221-juin-2023

    #maternité #femmes #jugement #émancipation

    ping @_kg_

  • #France ’A power struggle’: What lies behind the anger in France’s banlieues?
    https://www.euronews.com/2023/07/27/a-power-struggle-what-lies-behind-the-anger-in-frances-banlieues

    The killing of a 17-year-old boy by a police officer in a Paris suburb in June saw France gripped by mass violence and nationwide riots. Euronews Witness heads into France’s poorest neighbourhoods to discover the origins of the unrest.

    France still bears the scars of more than five nights of fierce rioting in June sparked by the killing of Nahel, a 17-year-old boy of Algerian descent, by a police officer. But what lies behind the anger felt by the French suburbs?

    In this latest episode of Euronews Witness, our reporter Monica Pinna went in search of answers in the suburbs, or so-called “banlieues”, outside France’s southeastern city of #Lyon.

  • Au Mexique, les mauvais payeurs de pensions alimentaires ­affichés en place publique
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/06/29/au-mexique-les-mauvais-payeurs-de-pensions-alimentaires-affiches-en-place-pu

    Dans le pays, sept pères séparés sur dix ne s’acquittent pas des sommes qu’ils doivent verser à leur ex-conjointe pour l’éducation de leurs enfants. Les associations viennent d’obtenir la création d’un registre national pour limiter les droits de ceux qui ne payent pas.
    https://justpaste.it/azcnb

    #femmes #mères #pensions_alimentaires #pères

  • « Madame, si on était racistes, on aurait pas choisi ce travail » | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/bernardetbianca/blog/110423/madame-si-etait-racistes-aurait-pas-choisi-ce-travail

    Ce texte date de 2020, je l’ai écrit en plein confinement, lorsque je travaillais en accueil de jour dans une banlieue de Seine-Saint-Denis. Il est suivi d’une partie 2.

    Aujourd’hui, nous sommes en pleine crise de coronavirus. Une dame vient chercher une aide d’urgence pour ses enfants. C’est la direction qui s’occupe de la distribution des couches et du lait, les femmes qui se présentent doivent expliquer pourquoi elles ont besoin de cette aide, décrire leurs situations, avant la distribution.

    D’habitude, cette dame va aux restos du cœur, mais là ils ont fermé. Elle nous explique qu’elle fréquentait notre lieu d’accueil avant, qu’elle est en grande difficulté financière, qu’elle voulait s’inscrire au programme d’aide d’urgence pour enfants mais que la professionnelle en charge du programme lui a demandé d’aller voir ailleurs, lui demandant si elle ne voulait pas aussi qu’elle aille “elle-même à la pharmacie avec son argent lui acheter ces couches et ce lait”. Une chose à savoir sur cet endroit : les personnes doivent prouver qu’elles méritent l’aide. 

    Cette dame nous raconte cette histoire, avec de la colère et de la tristesse oui, mais sans agressivité aucune, comme un poids qu’elle a sur le cœur depuis longtemps, une histoire de domination vécue, pas digérée et jamais racontée. Elle avait simplement arrêté de venir. Et là, catastrophe, elle prononce le mot interdit, le mot qui fait frémir les professionnels ici, elle parle de racisme. Elle dit qu’elle pense avoir été victime de racisme. La réponse que lui donne la direction ? “Madame, si nous étions racistes, nous n’aurions pas choisi ce travail”, d’ailleurs, c’est “trop facile de dire que c’est du racisme”. Une fois la dame partie, on dira que décidément “c’est toujours compliqué avec les maghrébins”. La personne ayant prononcé cette phrase s’adressait à un collègue maghrébin.

    Nous travaillons dans un accueil de jour, dans le département de la Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, et le plus touché par l’épidémie. D’ordinaire, nous recevons les personnes sous forme collective, proposons des services de première nécessité et activités diverses, et sous forme individuelle, avec des entretiens de suivi social.

    Durant cette crise, nous ne proposons qu’une aide au compte-goutte, distribution de nourriture à l’extérieur, quelques douches, quelques machines à laver, des cafés et des couches.
    Pour la peine, pour avoir osé partager son ressenti, dénoncer cette situation, pour avoir parlé de racisme, cette femme est repartie avec la moitié de ce qu’elle aurait dû recevoir. L’autre partie de l’aide d’urgence est restée par terre, cachée. On ne lui a pas dit qu’on ne lui donnait que la moitié, on ne lui a juste pas donné, elle ne l’avait pas mérité après tout. 

    Bénéficier d’une aide d’urgence et oser parler de racisme ? Quel affront madame ! 

    La collègue accusée de racisme avait lâché un jour, pensant que la phrase résonnerait dans le vide, ou que ça ferait rire, que ce serait juste une blague (oh-ca-va-on-peut-plus-rien-dire), “de toute façon moi je déteste les africains”. Les africains et africaines constituent très majoritairement le public que nous recevons, la plupart étant en situation de migration, hébergées au 115, sans papier, sans ressource. Mais c’est bon, c’est ok, on a le droit de dire ça, on est forcément quelqu’un de bien vu qu’on travaille dans le social, non ?

    #arbitraire #pauvres #travail_social #racisme

  • [Plein la tête pour pas un rond] Fatima Ouassak
    https://www.radiopanik.org/emissions/plein-la-tete-pour-pas-un-rond/fatima-ouassak

    Politologue et activiste, Fatima Ouassak a formulé dans son premier ouvrage (La puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire, 2020) et avec l’ouverture de la maison Verdragon à Bagnolet, une proposition politique écologiste à partir d’un point de vue apparemment minoritaire et périphérique : celui des mères des quartiers populaires comme sujets politiques.

    Avec son nouvel ouvrage, Pour une #écologie pirate, elle revient plus spécifiquement sur l’instrumentalisation de l’écologie contre les habitants des quartiers populaires, et sur les obstacles politiques et symboliques à renverser pour qu’émergent d’autres trajectoires écologiques, menées à partir de ces territoires.

    Les mondes de nos ancêtres se sont déjà effondrés. Et pourtant nous sommes là, nous rions avec nos enfants. Nous résistons (...)

    #quartier_populaire #justice #migation #justice_environnementale #écologie_populaire #écologie,quartier_populaire,justice,migation,justice_environnementale,écologie_populaire
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/plein-la-tete-pour-pas-un-rond/fatima-ouassak_15683__1.mp3

  • Maternophobie
    https://www.youtube.com/watch?v=SbvdX5OGuzQ

    Ce programme vidéo expose le mécanisme des placements abusifs d’enfants autistes et le désenfantement des mères qui cherchent à protéger leur enfant victime d’abus sexuels, sur la foi d’expertises psychanalytiques obscurantistes, en contradiction radicale avec les données acquises de la science et les recommandations de la HAS.

    Réalisé et produit par Sophie Robert pour Ninsun Project et Océan Invisible Productions.

    INVITES

    Me Sophie Janois, avocate spécialisée en droit de la santé
    Pr Christophe Lançon, professeur de psychiatrie, hôpital de la Conception à Marseille
    Illel Kieser, psychologue spécialisé dans la protection des enfants victimes de violences sexuelles
    Caroline Colombel, mère divorcée
    Véronique Gropl, mère d’un adolescent autiste
    Maud Lacroix, mère d’un enfant autiste, présidente de l’association Petits Bonheurs

    #femmes #maternophobie #autisme #violences_sexuelles #handicap #france_2023 #syndrome_munchausen #syndrome_alienation_parental #psychanalyse #gardiens_de_la_morale #mères #mere_autonome

    merci à @jacotte

  • Des classes dépossédées
    https://laviedesidees.fr/Des-classes-depossedees.html

    Face à l’inflation qui grève les budgets des ménages, les réserves patrimoniales feront toute la différence. Que deviendront ceux qui en sont dépourvus ? Il est urgent de prendre la mesure de cette inégalité structurelle entre les classes sociales et les groupes d’âge.

    #Société #pauvreté #crise #patrimoine
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220913_duvoux_yang-3.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220913_duvoux_yang-4.docx

  • « Avec Marine Le Pen, des millions de personnes basculeraient dans la pauvreté » Nicolas Duvoux
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/nicolas-duvoux-avec-marine-le-pen-des-millions-de-personnes-basculeraient

    Le programme de la candidate d’extrême droite saboterait le principe même de protection sociale et de solidarité. Sa mise en application créerait davantage de misère, analyse le sociologue.

    Marine Le Pen, candidate du « social » ? Pas pour un sou, selon Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII Vincennes Saint-Denis et spécialiste des questions de #pauvreté. Non seulement, les mesures sociales prônées par la leader d’extrême droite n’opèrent pas de changement radical avec les réformes libérales entreprises par Emmanuel Macron et ses prédécesseurs, mais elles y ajoutent, en plus, un principe de #discrimination contraire à l’idée même de #solidarité.

    Face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen joue à plein la carte du social. Qu’en est-il réellement ?

    On entend effectivement cette musique dans le programme de Marine Le Pen et sur laquelle elle n’hésite pas à s’appuyer. Lors de son discours le soir du premier tour, elle a ainsi mobilisé les termes de « fracture sociale », de « solidarité » et de « fraternité ». Néanmoins, son programme vise à construire et à financer une solidarité par l’exclusion d’une partie de la population. Elle propose de réserver les aides sociales aux seuls Français et de conditionner à cinq années de travail l’accès aux prestations de solidarité. Pour augmenter le pouvoir d’achat des Français, elle entend leur « rendre de l’argent », tout en faisant des économies en « réservant les allocations familiales exclusivement aux Français ». On a là une rupture radicale avec le contrat social tel qu’on le connaît aujourd’hui.

    C’est ce qu’elle appelle la « préférence nationale ».

    Cette priorité nationale se décline aussi dans les conditions d’accès au logement social et à l’emploi. Il ne faut jamais perdre de vue que derrière le discours de Marine Le Pen qui prend en compte la dureté de la vie économique et sociale, il y a un programme politique qui opère un traitement différentiel des citoyens et instaure, de fait, une forme assumée de discrimination, contraire à la Constitution. C’est une solidarité dont le fonctionnement et le financement reposent sur l’exclusion de millions de personnes. Or sans cette solidarité, ces dernières basculeraient mécaniquement dans la pauvreté. Paradoxalement, le programme social du RN aurait pour effet de créer davantage de misère sociale. Il faut préciser que ce traitement inégalitaire entre les citoyens n’est en rien comparable à certaines propositions du programme d’Emmanuel Macron qui peuvent paraître elles aussi « antisociales » au point de braquer une partie de l’électorat de gauche, en particulier sur sa volonté de conditionner le versement du RSA à une activité.

    Pour augmenter les salaires, elle partage la même méthode qu’Emmanuel Macron : l’exonération fiscale pour les entreprises.

    Pour inciter les employeurs à augmenter la rémunération de leurs salariés, elle propose en effet d’exonérer de cotisations patronales les entreprises qui revalorisent de 10 % le salaire des travailleurs gagnant jusqu’à trois Smic. Cela reviendrait en réalité à assécher les ressources de financement de la protection sociale. De même pour sa proposition d’exonération d’impôt sur le revenu des jeunes de moins de 30 ans ou de baisse de la TVA, qui consisteraient à supprimer des prélèvements obligatoires et donc à saper encore un peu plus les moyens attribués à la protection sociale. De telles mesures conduisent non seulement à un appauvrissement des sources de financement de la solidarité mais aussi à une restriction de la population éligible aux mécanismes de protection. C’est un programme à front renversé de l’idée même de solidarité.

    Au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen est arrivée en tête chez les 25-49 ans. Comment l’expliquez-vous ?

    Sa candidature a trouvé un fort écho chez les personnes d’âge intermédiaire comme chez les employés et les ouvriers. On peut interpréter ce solide ancrage électoral à la fois dans ces deux catégories socioprofessionnelles et dans cette tranche d’âge comme l’expression d’un sentiment de mépris et d’une revendication de dignité bafouée. Ce vote reflète une posture défensive face aux contraintes liées au pouvoir d’achat et que des mesures de très court terme comme la baisse de la TVA peut séduire. A contrario, le vote des plus 60 ans, largement dominé par Emmanuel Macron, incarne une frange de l’électorat qui a déjà pu acquérir une forme de sécurité économique et sociale après sa vie active. Tandis que Jean-Luc Mélenchon s’est emparé du vote de 18-24 ans qui représente une partie de la population encore en âge de nourrir des espoirs de changement.

    Le principal atout de Marine Le Pen reste donc le départ progressif à la retraite face au projet impopulaire de retraite à 65 ans défendu par Macron ?

    Oui car mis à part quelques coups de pouces envers des catégories de population spécifiques, comme le doublement de l’allocation accordée aux mères isolées ou la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapée, il n’y a pas de réelles mesures sociales dans le programme du RN. Concernant l’imposition des foyers les plus fortunés, le RN propose de remplacer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) par un impôt sur la fortune financière (IFF), dont seraient exonérés la résidence principale et les actifs professionnels. Elle revendique ainsi un choix inverse de celui fait par Macron afin de favoriser « l’enracinement », dit-elle. Cela conduit à une négation du rôle du logement dans les inégalités et leur reproduction. Enfin, elle veut créer un ministère de la lutte contre les fraudes dont on comprend aisément qu’il s’agit avant tout de contrôler les familles qui bénéficient des prestations sociales.

    Comment qualifier idéologiquement le volet social du RN ?

    Son programme ne remet pas en cause les réformes libérales adoptées par Macron et ses prédécesseurs. Elle ne souhaite plus supprimer la loi Travail qui a assoupli le code du travail, ni abroger les ordonnances travail qui ont plafonné le montant des indemnisations en cas de licenciement. Son volet social s’accommode de ce qui a été fait précédemment tout en se contentant de cibler de sous-catégories de populations, comme on l’a vu avec les mères isolées ou les personnes en situation de handicap, et en y ajoutant une composante d’exclusion sur le critère national. C’est une conception dévoyée et excluante de la solidarité, profondément dangereuse. Certains politistes parlent d’ailleurs de « welfare chauvinism » pour conceptualiser une politique de limitation d’accès à des droits sociaux aux « natifs » d’un pays par opposition aux « étrangers ». Cela correspond bien à son projet et à la conversion que Marine Le Pen a fait adopter à son parti.

    #RN #présidentielle #étrangers #préférence_nationale #travail #droits_sociaux #contrôle_des_pauvres #impôt #salaire #AAH #mères_isolées (deux mesures spécial drague des GJ)

    • Ce qui est sans doute le plus effrayant, c’est le fait que cet argument est peut-être bien « contre-productif », c’est-à-dire justement séduisant pour une bonne partie de la population :

      financer une solidarité par l’exclusion d’une partie de la population

      Exclure « les arabes et les noirs » des prestations, des soins, etc., et leur envoyer la bac dès qu’ils mouftent, et ainsi espérer avoir un système « qui fonctionne » pour les souchiens, puisque de toute façon c’est le sous-texte des politiques gouvernementales (pas officiellement fachotes) depuis des décennies, j’ai bien peur que ça ne soit plus un repoussoir. Et même : au moins avec les fafs c’est clair.

    • 3,5 millions de personnes risquent de perdre l’emploi qu’elles occupent
      https://www.nouvelobs.com/election-presidentielle-2022/20220415.OBS57184/avec-marine-le-pen-au-pouvoir-des-centaines-de-milliers-d-etrangers-et-de

      la préférence nationale est déjà partout, depuis longtemps. en 1988, parlement et sénat quasi unanimes adoptaient un RMI qui n’aurait été accessible au étrangers qu’après 3 ans de séjour légal si les socialistes n’avaient pas dû composer face à une mobilisation contre le projet de loi (2 ou 3000 personnes à Paris) et réduire cette durée de séjour préalable à un an. depuis, avec le RSA Hirsch Sarkozy 2007, cette durée préalable a été fixée à trois ans.

      chaque marche franchie nous empêche davantage de respirer.

      il y a beaucoup de sans papiers qui mettent 10 ans (ou plus) à être régularisés, et en plus d’avoir bossé comme un âne une partie de sa vie il faut atteindre une durée légale de séjour pour accéder à la solidarité nationale. parait que le travail est devoir qui ouvre des des droits.

      on ne nait pas raciste, on le devient
      priorité nationale, c’est bien trouvé.

      #racisme

    • MLP a abandonné le libéralisme FN pour un programme « social-populiste »

      Le Rassemblement national, historiquement méfiant vis-à-vis d’un Etat supposé faire « plus mal et plus cher que n’importe qui », est devenu le défenseur des services publics et des fonctionnaires, promoteur d’un agenda redistributif, protectionniste et interventionniste, explique le spécialiste de l’extrême droite Gilles Ivaldi, qui parle de « welfarisation ». Le cœur idéologique reposant sur la préférence nationale est intact, mais la priorité est de protéger les Français en leur réservant des aides sociales, en promettant des hausses de salaires et une retraite à 60 ans, et en mettant en place différents types de contrôles aux frontières pour préserver l’emploi et la production nationale.

      Cette évolution d’un ancrage économique libéral vers ce que Gilles Ivaldi a nommé le « social-populisme » a permis au parti d’extrême droite d’accroître fortement sa présence auprès des catégories traditionnellement acquises à la gauche comme les ouvriers, puis, plus récemment auprès des employés, alors que le FN des années 1980 était bien représenté dans des populations plus favorisées comme les industriels, les commerçants, ou les professions libérales.

      https://justpaste.it/5596m

  • Emmanuel Macron contre l’autonomie financière des femmes ? Céline Bessière et Sibylle Gollac, Sociologues

    Permettre aux couples ni mariés ni pascés de déclarer ensemble leurs revenus risque d’être un cadeau fiscal pour les hommes, décryptent les sociologues Céline Bessière et Sibylle Gollac.

    Deux mesures du président-candidat passées relativement inaperçues dans cette non-campagne montrent son attachement à une conception passéiste de la famille, contre l’autonomie financière des femmes. L’une est une promesse. S’il est réélu, Emmanuel Macron a annoncé qu’il permettra aux couples non mariés et non pacsés de déclarer leurs impôts sur le revenu ensemble, transformant de fait la définition du foyer fiscal. Cette possibilité serait facultative : uniquement si les couples le souhaitent.

    Cette mesure d’apparence libérale constitue, en réalité, un cadeau fiscal pour les hommes en couple imposables . Pourquoi ? Parce qu’on sait que la déclaration commune est d’autant plus avantageuse que l’écart de revenu est important dans le couple. Et qu’elle bénéficie avant tout au plus riche des deux, qui voit ainsi son taux d’imposition diminuer, et qu’elle est généralement défavorable à l’autre, qui voit son taux d’imposition augmenter. Or les hommes dans les couples hétérosexuels gagnent en moyenne 42% de plus que leur conjointe, selon l’Insee.

    Démarche supplémentaire et pouvoir de négociation

    Prenons un exemple concret : une femme n’était pas imposable alors que son conjoint l’était. En passant à une déclaration commune, elle risque de se retrouver à payer l’impôt conjugal sur le revenu, tandis que la facture fiscale de l’homme sera diminuée. Certes, il existe la possibilité de modifier le taux d’imposition sur le site des impôts, pour passer d’un taux conjugal unique (appelé bizarrement « taux personnalisé »), proposé par défaut en cas de déclaration commune, à un « taux individualisé ». Mais dans les faits, cela suppose une démarche supplémentaire, des calculs, et un pouvoir de négociation de celle qui gagne le moins pour faire accepter à son conjoint le passage au « taux individualisé », qui ne fait pas faire d’économie au couple.

    La proposition de Macron est encore plus inégalitaire si on prend en compte l’effet des demi-parts correspondant aux enfants à charge. En effet, on sait que suite à la séparation d’un couple avec enfants, la garde de ceux-ci revient le plus souvent aux mères, et la demi-part avec. Des hommes qui se remettent en couple avec des femmes avec enfants vont donc pouvoir bénéficier d’une réduction d’impôts liés aux enfants de celle-ci.

    Dans le même temps, une mesure très attendue pour lutter contre les impayés de pension alimentaire est en passe d’être concrétisée au 1er janvier 2023. A partir de cette date, toutes les pensions alimentaires décidées par un acte de justice seront automatiquement « intermédiées » par la Caisse d’allocations familiales (CAF). Ceci veut dire que c’est la CAF qui prélèvera le montant sur le compte du débiteur (le plus souvent un père) et le versera sur le compte de la créditrice (le plus souvent une mère).

    Contrôler la vie sexuelle des mères séparées

    Ce sera aussi la CAF qui, en cas de non-paiement ou de mal paiement de la pension alimentaire, enclenchera le versement de l’« allocation de soutien familial », qui se substitue aux pensions impayées, et se chargera en principe des poursuites pour recouvrer le montant auprès des pères. Une belle mesure, si elle n’était pas liée à un principe archaïque : l’allocation de soutien familial est réservée aux mères « isolées ». En d’autres termes, dès lors qu’elles se remettent en couple, les mères séparées du père de leurs enfants n’y ont plus droit et l’intermédiation perd de son intérêt.

    Le débat récent sur la « déconjugalisation » de l’allocation adulte handicapé, refusée par le gouvernement, avait déjà bien montré combien les principes de calcul de notre système redistributif s’opposent à l’autonomie financière des individus. Dans ce système, les femmes doivent accepter de dépendre de leur nouveau conjoint pour subvenir aux besoins de leurs enfants. En conditionnant le paiement de l’allocation de soutien familial au célibat, on donne aussi le pouvoir à la CAF de contrôler la vie amoureuse et sexuelle des mères séparées.

    Faisons le lien avec la proposition du candidat Macron : une femme séparée non imposable ayant des enfants à charge qui touche l’allocation de soutien familial et qui se remet en couple avec un homme aux revenus plus confortables, pourra se retrouver à payer un impôt sur le revenu et, en même temps, perdre le bénéfice de l’allocation de soutien familial. En se mettant en couple, elle diminue ses revenus propres en même temps que les impôts de son nouveau conjoint. Pour améliorer la situation économique des femmes, il faudrait plutôt individualiser l’impôt sur le revenu et supprimer la condition de l’isolement pour le versement de l’allocation de soutien familial (mais aussi des autres allocations : AAH, RSA…). Au contraire, Emmanuel Macron choisit de légitimer le foyer hétéro-conjugal comme unité de base de la société en fermant les yeux sur les inégalités économiques qui existent en son sein entre les femmes et les hommes.

    Céline Bessière et Sibylle Gollac sont autrices du livre le Genre du capital. Comment la famille reproduit les inégalités, La Découverte, 2020.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/emmanuel-macron-contre-lautonomie-financiere-des-femmes-20220403_PKW6MKJQ

    #femmes #famille #fiscalité #impôt_sur_le_revenu #contrôle_du_corps_des_femmes #mères_séparées #déconjugalisation #CAF #pensions_alimentaires #allocation_de_soutien_familial #revenu #minima_sociaux

  • Appel à témoignages CAF – Changer de cap
    https://changerdecap.net/2022/02/05/appel-a-temoignages-caf

    Appel à témoignages sur l’évolution des pratiques des CAF

    Le Collectif Changer de Cap est alerté par certains de ses membres sur l’utilisation des algorithmes utilisés par les services publics pour le contrôle de nos concitoyens et en particulier des plus précaires. Notre attention se porte sur les contrôles automatisés des CAF (Caisses d’allocations familiales) et le recueil des données des allocataires :

    Pas moins de 1000 données seraient consignées par allocataire, pour 13 millions de foyers représentant 30 millions de personnes (cf. Télérama du 13 octobre 2021).

    Ce fichier est nourri par l’interconnexion à notre insu des fichiers administratifs, bancaires, URSSAF, électricité, etc. auxquels les CAF ont maintenant accès.
    Les données sont manipulées pour établir un « profil » des familles et établir un « scoring de risque ».
    La CNAF elle-même annonce plus de 32 millions de contrôles automatisés en 2020 (voir p. 8 https://www.caf.fr/sites/default/files/cnaf/210617%20DP_résultats%202020%20de%20la%20politique%20de%20prévention%20et%20lutt)
    Le scoring enclenche de façon quasi-automatique un surcontrôle des personnes les plus précaires, en particulier les allocataires des minima sociaux, les familles monoparentales, ou les personnes à faible revenubénéficiant d’allocations sous conditions de ressources (prime d’activité, allocations logement…).

    En parallèle, une numérisation forcée des procédures et de la vie quotidienne impose à tous des démarches par Internet alors que l’on compte 17 % d’exclus numériques dans la population.

    Les premiers témoignages recueillis sont parfois accablants. Il semble que le déclenchement d’un contrôle puisse se traduire par la suspension des versements (allocations familiales, APL, allocation adulte handicapé, etc.). La plupart des décisions ne sont pas motivées, et il est quasiment impossible de trouver un interlocuteur pour rectifier une erreur, car les relations sont assurées par des machines et de nombreux emplois ont été supprimés. Ainsi, la CAF créée à l’origine pour assurer une sécurité aux familles tend à instaurer une insécurité croissante pour les plus modestes d’entre nous et à les enfermer dans la précarité., elle contribue aujourd’hui à l’émergence d’une société inhumaine.

    Notre collectif ne peut pas rester insensible à ce gigantesque espionnage de nos vies et à ce harcèlement des plus précaires. Les associations membres du collectif nous indiquent que certaines populations sont soumises à un véritable harcèlement et souhaitent une action commune.

    C’est pourquoi nous lançons un appel à témoignages afin de recueillir des exemples d’atteintes aux droits, d’absence de dialogue ou de discriminations, montrer en quoi ils sont systématiques et contraires à la loi, aux droits fondamentaux et à la dignité des personnes.

    [...]

    #toctoc #CAF #contrôle #data #précaires #contrôles_automatisés #recueil_de_données #allocataires #droits_sociaux #non_recours #témoignages #arbitraire #minima_sociaux #mères #prime_d’activité #APL #AAH #précarité #dématérialisation #numérisation #droits_fondamentaux

  • Prison N°5

    À travers le récit de son #emprisonnement en #Turquie, #Zehra_Dogan, journaliste et artiste, parle de l’histoire et de l’oppression du peuple kurde, mais aussi de solidarité et de résistance de toutes ces femmes enfermées.
    Ce livre est le fruit d’une détermination, transformant un emprisonnement en une résistance. Zehra Dogan, artiste kurde condamnée pour un dessin et une information qu’elle a relayés, fut jetée dans la prison n°5 de Diyarbakir, en Turquie. Elle nous immerge dans son quotidien carcéral. Découvrir le passé de ce haut lieu de persécutions et de résistances, c’est connaître la lutte du peuple kurde.

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-prison-n-5/album-prison-n-5
    #BD #bande_dessinée #livre

    #Kurdes #résistance #auto-gestion #syndrome_de_Nusaybin #Kurdistan_turc #guerre #violence #armée_turque #couvre-feu #destruction #Sur #massacres #Cizre #Silopi #villes #PKK #Öcalan #révolte_de_Dersim #révolte_de_Kocgiri #révolte_de_Koçgiri #Cheikh_Saïd #torture #terrorisme #Kenan_Evren #Esat_Oktay_Yildray #assimilation #quartier_35 #Osman_Aydin #résistance #uniforme #tenue_unique #Sakine_Causiz #impunité #discriminations #exil_forcé #IDPs #déplacées_internes #identité #langue #exploitation #enlèvements #enlèvements #Hasan_Ocak #Mères_du_Samedi #montagne #guérilla #Kurdistan #Mères_de_la_paix #paix #violences_policières #ring_bleu #prison_de_Tarse #enfants #femmes

    (BD très très dure, mais un document historique incroyable)

  • Le marché de la #GPA en #Ukraine

    Cela fait une décennie qu’en Ukraine des femmes se font payer pour mettre au monde des bébés. Pour un certain nombre de couples sans enfant d’Europe, ces mères porteuses représentent l’ultime espoir. Quelles sont les règles de ce nouveau business ? En quête de réponses, nous partons en Ukraine visiter un centre de fertilité et rencontrer des mères porteuses, qui racontent avec lucidité pourquoi elles louent leur corps. Le reportage suit par ailleurs un couple allemand qui se rend en Ukraine pour récupérer son enfant, et donne la parole à des opposants à la GPA.

    https://www.youtube.com/watch?v=ufe_6v7ihb8


    #film #film_documentaire #documentaire
    #mères_porteuses #procréation_médicalement_assistée #parentalité #gestation_pour_autrui #Biotexcom #médecine_reproductive #trafic_d'êtres_humains #femmes #maternité_de_substitution

    • « C’est la joie ! »

      Rachel Kéké et Sylvie Kimissa, femmes de chambre de l’Hôtel Ibis Batignolles : « Je vais reprendre le travail la tête haute, j’ai eu mes droits »

      Après vingt-deux longs mois de mobilisation, elles ont obtenu un accord améliorant leurs salaires et leurs conditions de travail.

      Pousser le chariot, enlever le linge sale, changer les poubelles, laver la salle de bains, les toilettes, faire la poussière, refaire le lit entièrement, passer l’aspirateur, la serpillière… « On devait faire ça en dix-sept minutes, trente fois de suite ! », explique Rachel Kéké.
      « Y a pas de mots pour décrire la souffrance qu’on endurait, l’interrompt Sylvie Kimissa. Et c’était impossible de refuser quoi que ce soit parce qu’on avait peur d’être licenciée. » « Dur dur ménage » , chantait à l’automne 2020 dans un clip en forme d’hommage le mari de Rachel Kéké, l’artiste ivoirien Bobbyodet.

      Arrive ce jour où, pour la première fois, elles entendent parler de syndicalisme dans la bouche d’un délégué CFDT. « Tout de suite, ça m’a intéressée » , raconte Rachel Kéké. Mais ce sera d’abord beaucoup de désillusions. « On a connu des délégués du personnel qui ne faisaient pas grand-chose pour que ça change. » Alors elles commencent à s’impliquer, sans mandat.
      Devenue gouvernante, Rachel peut passer dans les étages pour mobiliser autour d’elle. D’abord pour de petits débrayages. Comme ce jour où elles n’avaient pas été payées double pour leur travail du 1er mai. « On a toutes arrêté de travailler. Le directeur n’en croyait pas ses yeux. Le lendemain, à 7 heures, il nous signait des chèques pour payer ce qu’il devait ! » , se rappelle fièrement Rachel Kéké. Sylvie Kimissa en rit encore, complices. « Rachel, c’est devenu plus qu’une sœur. On s’appelle cinq fois par jour ! »

      Les sous-traitants se succèdent. Le dernier, STN, reprend le contrat en 2016. « Les cadences étaient infernales. Si une copine était arrêtée, ils n’embauchaient pas : je me retrouvais avec quarante chambres à faire en six heures , explique Sylvie Kimissa. C’était impossible, donc on débordait tout le temps, sans être payées plus. » Un jour, elles constatent que des collègues victimes de troubles musculo-squelettiques sont mutées dans des 5-étoiles – où le travail est encore plus difficile. C’est « la goutte d’eau ».

      Estimant que ni la CFDT, ni FO, ni la CGT propreté ne sont à même de les défendre comme elles l’entendent – « sans les infantiliser » –, elles tapent à la porte de Claude Lévy, secrétaire général de la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques). « Il nous a dit : “Vous savez que vous devez être payées à l’heure, pas à la chambre ?” Comment est-ce possible qu’aucun syndicat avant lui ne nous ait jamais dévoilé ce secret ?, s’indigne Rachel Kéké. On s’est dit : lui, il va nous aider. Et on s’est syndiquées ! »

      https://justpaste.it/7pqby

      Le clip « Dur dur ménage »https://seenthis.net/messages/885325

      Vidéo sur la lutte, il y a quatre mois https://seenthis.net/messages/899091

      Texte de Tiziri Kandi CGT–HPE (Hôtel de Prestige et Économique) https://seenthis.net/messages/819486

      #travail #Femmes #mères #migrantes #grève #solidarité #hôtellerie #Accor #Ibis #nettoyage #syndicalisme #sous-traitance #cadences #conditions_de_travail #précarité en #CDI #salaire

    • How Not to Solve the Refugee Crisis

      A case of mistaken identity put the wrong man in jail. Now it highlights the failure of prosecutions to tackle a humanitarian disaster.

      On October 3, 2013, a Sicilian prosecutor named Calogero Ferrara was in his office in the Palace of Justice, in Palermo, when he read a disturbing news story. Before dawn, a fishing trawler carrying more than five hundred East African migrants from Libya had stalled a quarter of a mile from Lampedusa, a tiny island halfway to Sicily. The driver had dipped a cloth in leaking fuel and ignited it, hoping to draw help. But the fire quickly spread, and as passengers rushed away the boat capsized, trapping and killing hundreds of people.

      The Central Mediterranean migration crisis was entering a new phase. Each week, smugglers were cramming hundreds of African migrants into small boats and launching them in the direction of Europe, with little regard for the chances of their making it. Mass drownings had become common. Still, the Lampedusa shipwreck was striking for its scale and its proximity: Italians watched from the cliffs as the coast guard spent a week recovering the corpses.

      As news crews descended on the island, the coffins were laid out in an airplane hangar and topped with roses and Teddy bears. “It shocked me, because, maybe for the first time, they decided to show pictures of the coffins,” Ferrara told me. Italy declared a day of national mourning and started carrying out search-and-rescue operations near Libyan waters.

      Shortly afterward, a group of survivors in Lampedusa attacked a man whom they recognized from the boat, claiming that he had been the driver and that he was affiliated with smugglers in Libya. The incident changed the way that Ferrara thought about the migration crisis. “I went to the chief prosecutor and said, ‘Look, we have three hundred and sixty-eight dead people in territory under our jurisdiction,’ ” Ferrara said. “We spend I don’t know how much energy and resources on a single Mafia hit, where one or two people are killed.” If smuggling networks were structured like the Mafia, Ferrara realized, arresting key bosses could lead to fewer boats and fewer deaths at sea. The issue wasn’t only humanitarian. With each disembarkation, public opinion was hardening against migrants, and the political appetite for accountability for their constant arrivals was growing. Ferrara’s office regarded smugglers in Africa and Europe as a transnational criminal network, and every boat they sent across the Mediterranean as a crime against Italy.

      Ferrara is confident and ambitious, a small man in his forties with brown, curly hair, a short-cropped beard, and a deep, gravelly voice. The walls of his office are hung with tributes to his service and his success. When I met with him, in May, he sat with his feet on his desk, wearing teal-rimmed glasses and smoking a Toscano cigar. Shelves bowed under dozens of binders, each containing thousands of pages of documents—transcripts of wiretaps and witness statements for high-profile criminal cases. In the hall, undercover cops with pistols tucked beneath their T-shirts waited to escort prosecutors wherever they went.

      Sicilian prosecutors are granted tremendous powers, which stem from their reputation as the only thing standing between society and the Cosa Nostra. Beginning in the late nineteen-seventies, the Sicilian Mafia waged a vicious war against the Italian state. Its adherents assassinated journalists, prosecutors, judges, police officers, and politicians, and terrorized their colleagues into submission. As Alexander Stille writes in “Excellent Cadavers,” from 1995, the only way to prove that you weren’t colluding with the Mafia was to be killed by it.

      In 1980, after it was leaked that Gaetano Costa, the chief prosecutor of Palermo, had signed fifty-five arrest warrants, he was gunned down in the street by the Cosa Nostra. Three years later, his colleague Rocco Chinnici was killed by a car bomb. In response, a small group of magistrates formed an anti-Mafia pool; each member agreed to put his name on every prosecutorial order, so that none could be singled out for assassination. By 1986, the anti-Mafia team was ready to bring charges against four hundred and seventy-five mobsters, in what became known as the “maxi-trial,” the world’s largest Mafia proceeding.

      The trial was held inside a massive bunker in Palermo, constructed for the occasion, whose walls could withstand an attack by rocket-propelled grenades. Led by Giovanni Falcone, the prosecutors secured three hundred and forty-four convictions. A few years after the trial, Falcone took a job in Rome. But on May 23, 1992, as he was returning home to Palermo, the Cosa Nostra detonated half a ton of explosives under the highway near the airport, killing Falcone, his wife, and his police escorts. The explosives, left over from ordnance that was dropped during the Second World War, had been collected by divers from the bottom of the Mediterranean; the blast was so large that it registered on earthquake monitors. Fifty-seven days later, mobsters killed one of the remaining members of the anti-Mafia pool, Falcone’s friend and investigative partner Paolo Borsellino.

      Following these murders, the Italian military dispatched seven thousand troops to Sicily. Prosecutors were now allowed to wiretap anyone suspected of having connections to organized crime. They also had the authority to lead investigations, rather than merely argue the findings in court, and to give Mafia witnesses incentives for coöperation. That year, magistrates in Milan discovered a nationwide corruption system; its exposure led to the dissolution of local councils, the destruction of Italy’s major political parties, and the suicides of a number of businessmen and politicians who had been named for taking bribes. More than half the members of the Italian parliament came under investigation. “The people looked to the prosecutors as the only hope for the country,” a Sicilian journalist told me.

      Shortly after the Lampedusa tragedy, Ferrara, with assistance from the Ministry of Interior, helped organize a team of élite prosecutors and investigators. When investigating organized crime, “for which we are famous in Palermo,” Ferrara said, “you can request wiretappings or interception of live communications with a threshold of evidence that is much lower than for common crimes.” In practice, “it means that when you request of the investigative judge an interception for organized crime, ninety-nine per cent of the time you get it.” Because rescue boats routinely deposit migrants at Sicilian ports, most weeks were marked by the arrivals of more than a thousand potential witnesses. Ferrara’s team started collecting information at disembarkations and migrant-reception centers, and before long they had the phone numbers of drivers, hosts, forgers, and money agents.

      The investigation was named Operation Glauco, for Glaucus, a Greek deity with prophetic powers who came to the rescue of sailors in peril. According to Ferrara, Sicily’s proximity to North Africa enabled his investigators to pick up calls in which both speakers were in Africa. Italian telecommunications companies often serve as a data hub for Internet traffic and calls. “We have conversations in Khartoum passing through Palermo,” he said. By monitoring phone calls, investigators gradually reconstructed an Eritrean network that had smuggled tens of thousands of East Africans to Europe on boats that left from Libya.

      By 2015, the Glauco investigations had resulted in dozens of arrests in Italy, Germany, Sweden, and the United Kingdom. Most of the suspects were low-level figures who may not have been aware that they were committing a crime by, for example, taking money to drive migrants from a migrant camp in Sicily to a connection house—a temporary shelter, run by smugglers—in Milan.

      But the bosses in Africa seemed untouchable. “In Libya, we know who they are and where they are,” Ferrara said. “But the problem is that you can’t get any kind of coöperation” from local forces. The dragnet indicated that an Eritrean, based in Tripoli, was at the center of the network. He was born in 1981, and his name was Medhanie Yehdego Mered.

      On May 23, 2014, Ferrara’s investigative team started wiretapping Mered’s Libyan number. Mered’s network in Tripoli was linked to recruiters and logisticians in virtually every major population center in East Africa. With each boat’s departure, he earned tens of thousands of dollars. In July, Mered told an associate, in a wiretapped call, that he had smuggled between seven and eight thousand people to Europe. In October, he moved to Khartoum, the capital of Sudan, for two months. The Italians found his Facebook page and submitted into evidence a photograph of a dour man wearing a blue shirt and a silver chain with a large crucifix. “This is Medhanie,” a migrant who had briefly worked for him told prosecutors in Rome. “He is a king in Libya. He’s very respected. He’s one of the few—perhaps the only one—who can go out with a cross around his neck.”

      In 2015, a hundred and fifty thousand refugees and migrants crossed from Libya to Europe, and almost three thousand drowned. Each Thursday afternoon, Eritreans tune in to Radio Erena, a Tigrinya-language station, for a show hosted by the Swedish-Eritrean journalist and activist Meron Estefanos. Broadcasting from her kitchen, in Stockholm, she is in touch with hundreds of migrants, activists, and smugglers. Often, when Estefanos criticizes a smuggler, he will call in to her program to complain.

      In February, 2015, Estefanos reported that men who worked for Mered were raping female migrants. Mered called in to deny the rape allegations, but he admitted other bad practices and attempted to justify them. “I asked, ‘Why do you send people without life jackets?’ ” Estefanos said. “And he said, ‘I can’t buy life jackets, because if I buy five hundred life jackets I will be suspected of being a smuggler.’ ” He told Estefanos it was true that people went hungry in his connection house, but that it wasn’t his fault. “My people in Sudan—I tell them to send me five hundred refugees, and they send me two thousand,” he said. “I got groceries for five hundred people, and now I have to make it work!”

      Mered was becoming wealthy, but he wasn’t the kingpin that some considered him to be. In the spring of 2013, after arriving in Libya as a refugee, he negotiated passage to Tripoli by helping smugglers with menial tasks. Then, in June, he began working with a Libyan man named Ali, whose family owned an empty building near the sea, which could be used as a connection house. According to Mered’s clients, he instructed associates in other parts of East Africa to tell migrants that they worked for Abdulrazzak, known among Eritreans as one of the most powerful smugglers. Those who were duped into paying Mered’s team were furious when they reached the connection house and learned that Mered and Ali were not connected to Abdulrazzak, and that they had failed to strike a deal with the men who launched the boats. When the pair eventually arranged their first departure, all three vessels were intercepted before they could leave Libyan waters, and the passengers were jailed.

      By the end of the summer, more than three hundred and fifty migrants were languishing in the connection house. Finally, in September, a fleet of taxis shuttled them to the beach in small groups to board boats. Five days later, the Italian coast guard rescued Mered’s passengers and, therefore, his reputation as a smuggler as well.

      In December, Mered brought hundreds of migrants to the beach, including an Eritrean I’ll call Yonas. “He was sick of Tripoli,” Yonas told me. “He was ready to come with us—to take the sea trip.” But the shores were controlled by Libyans; to them, Mered’s ability to organize payments and speak with East African migrants in Tigrinya was an invaluable part of the business. Ali started shouting at Mered and slapping him. “That’s when I understood that he was not that powerful,” Yonas recalled. “Our lives depended on the Libyans, not on Medhanie. To them, he was no better than any of us—he was just another Eritrean refugee.”

      In April, 2015, the Palermo magistrate’s office issued a warrant for Mered’s arrest. The authorities also released the photograph of him wearing a crucifix, in the hope that someone might give him up. Days later, Mered’s face appeared in numerous European publications.

      News of Mered’s indictment spread quickly in Libya. One night, Mered called Estefanos in a panic. “It’s like a fatwa against me,” he said. “They put my life in danger.” He claimed that, in the days after he was named in the press, he had been kidnapped three times; a Libyan general had negotiated his release. Mered asked Estefanos what would happen to him if he tried to come to Europe to be with his wife, Lidya Tesfu, who had crossed the Mediterranean and given birth to their son in Sweden the previous year. It was as if he hadn’t fully grasped the Italian case against him. Not only did Mered think that the Italians had exaggerated his importance but “he saw himself as a kind of activist, helping people who were desperate,” Estefanos told me.

      Shortly before midnight on June 6, 2015, Mered called Estefanos, sounding drunk or high. “He didn’t want me to ask questions,” she told me. “He said, ‘Just listen.’ ” During the next three hours, Mered detailed his efforts to rescue several Eritrean hostages from the Islamic State, which had established a base in Sirte, Libya. Now, Mered said, he was driving out of Libya, toward the Egyptian border, with four of the women in the back of his truck. As Estefanos remembers it, “Mered said, ‘I’m holding a Kalashnikov and a revolver, to defend myself. If something happens at the Egyptian-Libyan border, I’m not going to surrender. I’m going to kill as many as I can, and die myself. Wish me luck!’ ” He never called again.

      From that point forward, Estefanos occasionally heard from Mered’s associates, some of whom wanted to betray him and take over the business. Mered was photographed at a wedding in Sudan and spotted at a bar in Ethiopia. He posted photos to Facebook from a mall in Dubai. Italian investigators lost track of him. But on January 21, 2016, Ferrara received a detailed note from Roy Godding, an official from Britain’s National Crime Agency, which leads the country’s efforts against organized crime and human trafficking. Godding wrote that the agency was “in possession of credible and sustained evidence” that Mered had a residence in Khartoum, and that he “spends a significant amount of his time in that city.” The N.C.A. believed that Mered would leave soon—possibly by the end of April—and so, Godding wrote, “we have to act quickly.”

      Still, Godding had concerns. In Sudan, people-smuggling can carry a penalty of death, which was abolished in the United Kingdom more than fifty years ago. If the Italian and British governments requested Mered’s capture, Godding said, he should be extradited to Italy, spending “as little time as possible” in Sudanese custody. Although Godding’s sources believed that Mered had “corrupt relationships” with Sudanese authorities, he figured that the N.C.A. and the Palermo magistrate could work through “trusted partners” within the regime. (Sudan’s President has been charged in absentia by the International Criminal Court for war crimes, genocide, and crimes against humanity, but the European Union pays his government tens of millions of euros each year to contain migration.)

      Ferrara’s team began drawing up an extradition request. The Palermo magistrate had already started wiretapping Mered’s Sudanese number, and also that of his wife, Tesfu, and his brother Merhawi, who had immigrated to the Netherlands two years earlier. The taps on Mered’s number yielded no results. But, on March 19th, Merhawi mentioned in a call that a man named Filmon had told him that Mered was in Dubai and would probably return to Khartoum soon.

      In mid-May, the N.C.A. informed Ferrara’s team of a new Sudanese telephone number that they suspected was being used by Mered. The Palermo magistrate started wiretapping it immediately. On May 24th, as the Sudanese authorities welcomed European delegates to an international summit on halting migration and human trafficking, the police tracked the location of the phone and made an arrest.

      Two weeks later, the suspect was extradited to Italy on a military jet. The next morning, at a press conference in Palermo, the prosecutors announced that they had captured Medhanie Yehdego Mered.

      Coverage of the arrest ranged from implausible to absurd. The BBC erroneously reported that Mered had presided over a “multibillion-dollar empire.” A British tabloid claimed that he had given millions of dollars to the Islamic State. The N.C.A., which had spent years hunting for Mered, issued a press release incorrectly stating that he was “responsible for the Lampedusa tragedy.” Meanwhile, the Palermo prosecutor’s office reportedly said that Mered had styled himself in the manner of Muammar Qaddafi, and that he was known among smugglers as the General—even though the only reference to that nickname came from a single wiretapped call from 2014 that, according to the official transcript, was conducted “in an ironic tone.” Ferrara boasted that Mered had been “one of the four most important human smugglers in Africa.”

      On June 10th, the suspect was interrogated by three prosecutors from the Palermo magistrate. The chief prosecutor, Francesco Lo Voi, asked if he understood the accusations against him.

      “Why did you tell me that I’m Medhanie Yehdego?” the man replied.

      “Did you understand the accusations against you?” Lo Voi repeated.

      “Yes,” he said. “But why did you tell me that I’m Medhanie Yehdego?”

      “Yeah, apart from the name . . .”

      Lo Voi can’t have been surprised by the suspect’s question. Two days earlier, when the Italians released a video of the man in custody—handcuffed and looking scared, as he descended from the military jet—Estefanos received phone calls from Eritreans on at least four continents. Most were perplexed. “This guy doesn’t even look like him,” an Eritrean refugee who was smuggled from Libya by Mered said. He figured that the Italians had caught Mered but used someone else’s picture from stock footage. For one caller in Khartoum, a woman named Seghen, however, the video solved a mystery: she had been looking for her brother for more than two weeks, and was stunned to see him on television. She said that her brother was more than six years younger than Mered; their only common traits were that they were Eritreans named Medhanie.

      Estefanos told me, “I didn’t know how to contact the Italians, so I contacted Patrick Kingsley,” the Guardian’s migration correspondent, whose editor arranged for him to work with Lorenzo Tondo, a Sicilian journalist in Palermo. That evening, just before sunset, Ferrara received a series of messages from Tondo, on WhatsApp. “Gery, call me—there’s some absurd news going around,” Tondo, who knew Ferrara from previous cases, wrote. “The Guardian just contacted me. They’re saying that, according to some Eritrean sources, the man in custody is not Mered.”

      Ferrara was not deterred, but he was irritated that the Sudanese hadn’t passed along any identification papers or fingerprints. That night, Tondo and Kingsley wrote in the Guardian that Italian and British investigators were “looking into whether the Sudanese had sent them the wrong man.” Soon afterward, one of Ferrara’s superiors informed Tondo that the prosecution office would no longer discuss the arrest. “I’ve decided on a press blackout,” he said.

      In recent years, smuggling trials in Italy have often been shaped more by politics than by the pursuit of truth or justice. As long as Libya is in chaos, there is no way to prevent crowded dinghies from reaching international waters, where most people who aren’t rescued will drown. At disembarkations, police officers sometimes use the threat of arrest to coerce refugees into identifying whichever migrant had been tasked with driving the boat, then charge him as a smuggler. The accused is typically represented by a public defender who doesn’t speak his language or have the time, the resources, or the understanding of the smuggling business to build a credible defense. Those who were driving boats in which people drowned are often charged with manslaughter. Hundreds of migrants have been convicted in this way, giving a veneer of success to an ineffective strategy for slowing migration.

      When the man being held as Mered was assigned state representation, Tondo intervened. “I knew that this guy was not going to be properly defended,” he told me. “And, if there was a chance that he was innocent, it was my duty—not as a journalist but as a human—to help him. So I put the state office in touch with my friend Michele Calantropo,” a defense lawyer who had previously worked on migration issues. For Tondo, the arrangement was also strategic. “The side effect was that now I had an important source of information inside the case,” he said.

      On June 10th, in the interrogation room, the suspect was ordered to provide his personal details. He picked up a pencil and started slowly writing in Tigrinya. For almost two minutes, the only sound was birdsong from an open window. An interpreter read his testimony for the record: “My name is Medhanie Tesfamariam Berhe, born in Asmara on May 12, 1987.”

      That afternoon, Berhe, Calantropo, and three prosecutors met with a judge. “If you give false testimony regarding your identity, it is a crime in Italy,” the judge warned.

      Berhe testified that he had lived in Asmara, the capital of Eritrea. Like many other refugees, he had fled the country during his mandatory military service.

      “So, what kind of work have you done in your life?” the judge asked.

      “I was a carpenter. And I sold milk.”

      “You what?”

      “I sold milk.”

      “Are you married?”

      “No,” Berhe said.

      “Who did you live with in Asmara?”

      “My mom.”

      “O.K., Mr. Medhanie,” the judge said. “I’m now going to read you the, um, the crimes—the things you’re accused of doing.”

      “O.K.”

      The judge spent the next several minutes detailing a complex criminal enterprise that spanned eleven countries and three continents, and involved numerous accomplices, thousands of migrants, and millions of euros in illicit profits. She listed several boatloads of people who had passed through Mered’s connection house and arrived in Italy in 2014. Berhe sat in silence as the interpreter whispered rapidly into his ear. After the judge finished listing the crimes, she asked Berhe, “So, what do you have to say about this?”

      “I didn’t do it,” he replied. “In 2014, I was in Asmara, so those dates don’t even make sense.”

      “And where did you go after you left Asmara?”

      “I went to Ethiopia, where I stayed for three months. And then I went to Sudan.” There, Berhe had failed to find a job, so he lived with several other refugees. Berhe and his sister were supported by sporadic donations of three hundred dollars from a brother who lives in the United States. Berhe had spent the past two and a half weeks in isolation, but his testimony matched the accounts of friends and relatives who had spoken to Estefanos and other members of the press.

      “Listen, I have to ask you something,” the judge said. “Do you even know Medhanie Yehdego Mered?”

      “No,” Berhe replied.

      “I don’t have any more questions,” the judge said. “Anyone else?”

      “Your honor, whatever the facts he just put forward, in reality he is the right defendant,” Claudio Camilleri, one of the prosecutors, said. “He was delivered to us as Mered,” he insisted, pointing to the extradition forms. “You can read it very clearly: ‘Mered.’ ”

      Along with Berhe, the Sudanese government had handed over a cell phone, a small calendar, and some scraps of paper, which it said were the only objects in Berhe’s possession at the time of the arrest. But when the judge asked Berhe if he owned a passport he said yes. “It’s in Sudan,” he said. “They took it. It was in my pocket, but they took it.”

      “Excuse me—at the moment of the arrest, you had your identity documents with you?” she asked.

      “Yes, I had them. But they took my I.D.”

      Berhe told his lawyer that the Sudanese police had beaten him and asked for money. As a jobless refugee, he had nothing to give, so they notified Interpol that they had captured Mered.

      The prosecutors also focussed on his mobile phone, which had been tapped shortly before he was arrested. “The contents of these conversations touched on illicit activities of the sort relevant to this dispute,” Camilleri said. At the time, Berhe’s cousin had been migrating through Libya, en route to Europe, and he had called Berhe to help arrange a payment to the connection man. “So, you know people who are part of the organizations that send migrants,” the judge noted. “Why were they calling you, if you are a milkman?”

      The interrogation continued in this manner, with the authorities regarding as suspicious everything that they didn’t understand about the lives of refugees who travel the perilous routes that they were trying to disrupt. At one point, Berhe found himself explaining the fundamentals of the hawala system—an untraceable money-transfer network built on trust between distant brokers—to a prosecutor who had spent years investigating smugglers whose business depends on it. When Berhe mentioned that one of his friends in Khartoum worked at a bar, the judge heard barche, the Italian word for boats. “He sells boats?” she asked. “No, no,” Berhe said. “He sells fruit juice.”

      The prosecutors also asked Berhe about the names of various suspects in the Glauco investigations. But in most cases they knew only smugglers’ nicknames or first names, many of which are common in Eritrea. Berhe, recognizing some of the names as those of his friends and relatives, began to implicate himself.

      “Mera Merhawi?” a prosecutor asked. Mered’s brother is named Merhawi.

      “Well, Mera is just short for Merhawi,” Berhe explained.

      “O.K., you had a conversation with . . .”

      “Yes! Merhawi is in Libya. He left with my cousin Gherry.”

      Believing that coöperation was the surest path to exoneration, Berhe provided the password for his e-mail and Facebook accounts; it was “Filmon,” the name of one of his friends in Khartoum. The prosecutors seized on this, remembering that Filmon was the name of the person identified in a wiretap of Mered’s brother Merhawi. The prosecution failed to note that Berhe has twelve Filmons among his Facebook friends; Mered has five Filmons among his.

      After the interrogation, the Palermo magistrate ordered a forensic analysis of Berhe’s phone and social-media accounts, to comb the data for inconsistencies. When officers ran everything through the Glauco database, they discovered that one of the scraps of paper submitted by the Sudanese authorities included the phone number of a man named Solomon, who in 2014 had spoken with Mered about hawala payments at least seventy-eight times. They also found that, although Berhe had said that he didn’t know Mered’s wife, Lidya Tesfu, he had once corresponded with her on Facebook. Tesfu told me that she and Berhe had never met. But he had thought that she looked attractive in pictures, and in 2015 he started flirting with her online. She told him that she was married, but he persisted, and so she shut him down, saying, “I don’t need anyone but my husband.” When the prosecutors filed this exchange into evidence, they omitted everything except Tesfu’s final message, creating the opposite impression—that she was married to Berhe and was pining for him.

      Like so many others in Khartoum, Berhe had hoped to make it to Europe. His Internet history included a YouTube video of migrants in the Sahara and a search about the conditions in the Mediterranean. The prosecutors treated this as further evidence that he was a smuggler. Worse, in a text message to his sister, he mentioned a man named Ermias; a smuggler of that name had launched the boat that sunk off the coast of Lampedusa.

      By the end of the interrogation, it hardly mattered whether the man in custody was Medhanie Tesfamariam Berhe or Medhanie Yehdego Mered. Berhe was returned to his cell. “The important thing is the evidence, not the identity,” Ferrara told me. “It only matters that you can demonstrate that that evidence led to that person.” The N.C.A. removed from its Web site the announcement of Mered’s arrest. This was the first extradition following a fragile new anti-smuggling partnership between European and East African governments, known as the Khartoum Process. There have been no extraditions since.

      Within the Eritrean community, Estefanos told me, “everyone was, like, ‘What a lucky guy—we went through the Sahara and the Mediterranean, and this guy came by private airplane!’ Everybody thought he would be released in days.” Instead, the judge allowed Berhe’s case to proceed to trial. It was as if the only people who were unwilling to accept his innocence were those in control of his fate. Toward the end of the preliminary hearing, one of the prosecutors had asked Berhe if he had ever been to Libya. In the audio recording, he says “No.” But in the official transcript someone wrote “Yes.”

      Tondo and Kingsley wrote in the Guardian that the trial “risks becoming a major embarrassment for both Italian and British police.” Tondo told me that, the night after the article’s publication, “I got a lot of calls from friends and family members. They were really worried about the consequences of the story.” Tondo’s livelihood relied largely on his relationship with officials at the magistrate’s office, many of whom frequently gave him confidential documents. “That’s something that began during the Mafia wars, when you could not really trust the lawyers who were defending mobsters,” he said. Tondo was thirty-four, with a wife and a two-year-old son; working as a freelancer for Italian and international publications, he rarely earned more than six hundred euros a month. “I survived through journalism awards,” he said. “So what the fuck am I going to do”—drop the story or follow where it led? “Every journalist in Sicily has asked that sort of question. You’re at the point of jeopardizing your career for finding the truth.”

      In Italy, investigative journalists are often wiretapped, followed, and intimidated by the authorities. “The investigative tools that prosecutors use to put pressure on journalists are the same ones that they use to track criminals,” Piero Messina, a Sicilian crime reporter, told me. Two years ago, Messina published a piece, in L’Espresso, alleging that a prominent doctor had made threatening remarks to a public official about the daughter of Paolo Borsellino, one of the anti-Mafia prosecutors who was killed in 1992. Messina was charged with libel, a crime that can carry a prison sentence of six years. According to the Italian press-freedom organization Ossigeno per l’Informazione, in the past five years Italian journalists have faced at least four hundred and thirty-two “specious defamation lawsuits” and an additional thirty-seven “specious lawsuits on the part of magistrates.”

      At a court hearing, Messina was presented with transcripts of his private phone calls. “When a journalist discovers that he’s under investigation in this way, he can’t work anymore” without compromising his sources, Messina told me. Police surveillance units sometimes park outside his house and monitor his movements. “They fucked my career,” he said.

      Messina’s trial is ongoing, and he is struggling to stay afloat. A few months ago, La Repubblica paid him seven euros for a twelve-hundred-word article on North Korean spies operating in Rome. “The pay is so low that it’s suicide to do investigative work,” he told me. “This is how information in Italy is being killed. You lose the aspiration to do your job. I know a lot of journalists who became chefs.”

      Prosecutors have wide latitude to investigate possible crimes, even if nothing has been reported to the police, and they are required to formally register an investigation only when they are ready to press charges. In a recent essay, Michele Caianiello, a criminal-law professor at the University of Bologna, wrote that the capacity to investigate people before any crime is discovered “makes it extremely complicated to check ex post facto if the prosecutor, negligently or maliciously, did not record in the register the name of the possible suspect”—meaning that, in practice, prosecutors can investigate their perceived opponents indefinitely, without telling anyone.

      In 2013, the Italian government requested telephone data from Vodafone more than six hundred thousand times. That year, Italian courts ordered almost half a million live interceptions. Although wiretaps are supposed to be approved by a judge, there are ways to circumvent the rules. One method is to include the unofficial target’s phone number in a large pool of numbers—perhaps a set of forty disposable phones that have suspected links to a Mafia boss. “It’s a legitimate investigation, but you throw in the number of someone who shouldn’t be in it,” an Italian police-intelligence official told me. “They do this all the time.”

      Tondo continued reporting on the Medhanie trial, embarrassing the prosecutors every few weeks with new stories showing that the wrong man might be in jail. At one of Berhe’s hearings, a man wearing a black jacket and hat followed Tondo around the courthouse, taking pictures of him with a cell phone. Tondo confronted the stranger, pulling out his own phone and photographing him in return, and was startled when the man addressed him by name. After the incident, Tondo drafted a formal complaint, but he was advised by a contact in the military police not to submit it; if he filed a request to know whether he was under investigation, the prosecutors would be notified of his inquiry but would almost certainly not have to respond to it. “In an organized-crime case, you can investigate completely secretly for years,” Ferrara told me. “You never inform them.” A few months later, the man with the black hat took the witness stand; he was an investigative police officer.

      Tondo makes a significant portion of his income working as a fixer for international publications. I met him last September, four months after Berhe’s arrest, when I hired him to help me with a story about underage Nigerian girls who are trafficked to Europe for sex work. We went to the Palermo magistrate to collect some documents on Nigerian crime, and entered the office of Maurizio Scalia, the deputy chief prosecutor. “Pardon me, Dr. Scalia,” Tondo said. He began to introduce me, but Scalia remained focussed on him. “You’ve got balls, coming in here,” he said.

      This spring, a Times reporter contacted Ferrara for a potential story about migration. Ferrara, who knew that she was working with Tondo on another story, threatened the paper, telling her, “If Lorenzo Tondo gets a byline with you, the New York Times is finished with the Palermo magistrate.” (Ferrara denies saying this.)

      One afternoon in Palermo, I had lunch with Francesco Viviano, a sixty-eight-year-old Sicilian investigative reporter who says that he has been wiretapped, searched, or interrogated by the authorities “eighty or ninety times.” After decades of reporting on the ways in which the Mafia influences Sicilian life, Viviano has little patience for anti-Mafia crusaders who exploit the Cosa Nostra’s historic reputation in order to buoy their own. “The Mafia isn’t completely finished, but it has been destroyed,” he said. “It exists at around ten or twenty per cent of its former power. But if you ask the magistrates they say, ‘No, it’s at two hundred per cent,’ ” to frame the public perception of their work as heroic. He listed several public figures whose anti-Mafia stances disguised privately unscrupulous behavior. “They think they’re Falcone and Borsellino,” he said. In recent decades, Palermo’s anti-Mafia division has served as a pipeline to positions in Italian and European politics.

      In December, 2014, Sergio Lari, a magistrate from the Sicilian hill town of Caltanissetta, who had worked with Falcone and Borsellino and solved Borsellino’s murder, was nominated for the position of chief prosecutor in Palermo. But Francesco Lo Voi, a less experienced candidate, was named to the office.

      The following year, Lari began investigating a used-car dealership in southern Sicily. He discovered that its vehicles were coming from a dealership in Palermo that had been seized by the state for having links to the Mafia. Lari informed Lo Voi’s office, which started wiretapping the relevant suspects and learned that the scheme led back to a judge working inside the Palermo magistrate: Silvana Saguto, the head of the office for seized Mafia assets.

      “Judge Saguto was considered the Falcone for Mafia seizures,” Lari told me. “She was in all the papers. She stood out as a kind of heroine.” Lari’s team started wiretapping Saguto’s line. Saguto was tipped off, and she and her associates stopped talking on the phone. “At this point, I had to make a really painful decision,” Lari said. “I had to send in my guys in disguise, in the middle of the night, into the Palermo Palace of Justice, to bug the offices of magistrates. This was something that had never been done in Italy.” Lari and his team uncovered a vast corruption scheme, which resulted in at least twenty indictments. Among the suspects are five judges, an anti-Mafia prosecutor, and an officer in Italy’s Investigative Anti-Mafia Directorate. Saguto was charged with seizing businesses under dubious circumstances, appointing relatives to serve as administrators, and pocketing the businesses’ earnings or distributing them among colleagues, family, and friends. In one instance, according to Lari’s twelve-hundred-page indictment, Saguto used stolen Mafia assets to pay off her son’s professor to give him passing grades. (Saguto has denied all accusations; her lawyers have said that she has “never taken a euro.”)

      Lari refused to talk to me about other prosecutors in the Palermo magistrate’s office, but the police-intelligence official told me that “at least half of them can’t say they didn’t know” about the scheme. Lari said that Saguto was running “an anti-Mafia mafia” out of her office at the Palace of Justice.

      Except for Lari, every prosecutor who worked with Falcone and Borsellino has either retired or died. The Saguto investigation made Lari “many enemies” in Sicilian judicial and political circles, he said. “Before, the mafiosi hated me. Now it’s the anti-mafiosi. One day, you’ll find me dead in the street, and no one will tell you who did it.”

      The investigations of the Palermo magistrate didn’t prevent its prosecutors from interfering with Calantropo’s preparations for Berhe’s defense. A week after the preliminary hearing, he applied for permission from a local prefecture to conduct interviews inside a migrant-reception center in the town of Siculiana, near Agrigento, where he hoped to find Eritreans who would testify that Berhe wasn’t Mered. Days later, Ferrara, Scalia, and Camilleri wrote a letter to the prefecture, instructing its officers to report back on whom Calantropo talked to. Calantropo, after hearing that the Eritreans had been moved to another camp, decided not to go.

      “It’s not legal for them to monitor the defense lawyer,” Calantropo said. “But if you observe his witnesses then you observe the lawyer.” Calantropo is calm and patient, but, like many Sicilians, he has become so cynical about institutional corruption and dubious judicial practices that he is sometimes inclined to read conspiracy into what may be coincidence. “I can’t be sure that they are investigating me,” he told me, raising an eyebrow and tilting his head in a cartoonish performance of skepticism. “But, I have to tell you, they’re not exactly leaving me alone to do my job.”

      Last summer, Meron Estefanos brought Yonas and another Eritrean refugee, named Ambes, from Sweden to Palermo. Both men had lived in Mered’s connection house in Tripoli in 2013. After they gave witness statements to Calantropo, saying that they had been smuggled by Mered and had never seen the man who was on trial, Tondo contacted Scalia and Ferrara. “I was begging them to meet our sources,” Tondo recalled. “But they told us, ‘We already got Mered. He’s in jail.’ ” (Estefanos, Calantropo, Yonas, and Ambes remember Tondo’s calls; Ferrara says that they didn’t happen.)

      Although Mered is reputed to have sent more than thirteen thousand Eritreans to Italy, the prosecutors seem to have made no real effort to speak with any of his clients. The Glauco investigations and prosecutions were carried out almost entirely by wiretapping calls, which allowed officials to build a web of remote contacts but provided almost no context or details about the suspects’ lives—especially the face-to-face transactions that largely make up the smuggling business. As a result, Ali, Mered’s Libyan boss, is hardly mentioned in the Glauco documents. When asked about him, Ferrara said that he didn’t know who he was. Ambes showed me a photograph that he had taken of Ali on his phone.

      After Yonas and Ambes returned to Sweden, the Palermo magistrate asked police to look into them. E.U. law requires that asylum claims be processed in the first country of entry, but after disembarking in Sicily both men had continued north, to Sweden, before giving their fingerprints and their names to the authorities. Investigating them had the effect of scaring off other Eritreans who might have come forward. “I don’t believe that they are out there to get the truth,” Estefanos said, of the Italian prosecutors. “They would rather prosecute an innocent person than admit that they were wrong.”

      Calantropo submitted into evidence Berhe’s baptism certificate, which he received from his family; photos of Berhe as a child; Berhe’s secondary-school report card; Berhe’s exam registration in seven subjects, with an attached photograph; and a scan of Berhe’s government-issued I.D. card. Berhe’s family members also submitted documents verifying their own identities.

      Other documents established Berhe’s whereabouts. His graduation bulletin shows that in 2010, while Mered was smuggling migrants through Sinai, he was completing his studies at a vocational school in Eritrea. An official form from the Ministry of Health says that in early 2013—while Mered was known to be in Libya—Berhe was treated for an injury he sustained in a “machine accident,” while working as a carpenter. The owner of Thomas Gezae Dairy Farming, in Asmara, wrote a letter attesting that, from May, 2013, until November, 2014—when Mered was running the connection house in Tripoli—Berhe was a manager of sales and distribution. Gezae wrote, “Our company wishes him good luck in his future endeavors.”

      Last fall, one of Berhe’s sisters travelled to the prison from Norway, where she has asylum, to visit him and introduce him to her newborn son. But she was denied entry. Only family members can visit inmates, and although her last name is also Berhe, the prison had him registered as Medhanie Yehdego Mered.

      Last December, the government of Eritrea sent a letter to Calantropo, confirming that the man in custody was Medhanie Tesfamariam Berhe. “It’s very strange that the European police never asked the Eritrean government for the identity card of Medhanie Yehdego Mered,” Calantropo said. (Ferrara said that Italy did not have a legal-assistance treaty with Eritrea.) When I asked Calantropo why he didn’t do that himself, he replied, “I represent Berhe. I can only ask on behalf of my client.”

      The prosecution has not produced a single witness who claims that Berhe is Mered. Instead, Ferrara has tried to prove that Mered uses numerous aliases, one of which may be Berhe.

      A few years ago, Ferrara turned a low-level Eritrean smuggler named Nuredine Atta into a state witness. After he agreed to testify, “we put him under protection, exactly like Mafia cases,” and reduced his sentence by half, Ferrara said. Long before Berhe’s arrest, Atta was shown the photograph of Medhanie Yehdego Mered wearing a cross. He said that he recalled seeing the man on a beach in Sicily in 2014, and that someone had told him that the man’s name was Habtega Ashgedom. In court, he couldn’t keep his story straight. In a separate smuggling investigation, prosecutors in Rome discounted Atta’s testimony about Mered as unreliable.

      After the extradition, Atta was shown a photo of Berhe. “I don’t recognize him,” he said. Later, on the witness stand, he testified that he was pretty sure he’d seen a photo of Berhe at a wedding in Khartoum, in 2013—contradicting Berhe’s claim that he had been selling milk in Asmara at the time. Berhe’s family, however, produced a marriage certificate and photographs, proving that the wedding had been in 2015, in keeping with the time line that Berhe had laid out. In court, Ferrara treated the fact that Atta didn’t know Mered or Berhe as a reason to believe that they might be the same person.

      Ferrara is also trying to link Berhe’s voice to wiretaps of Mered. The prosecution had Berhe read phrases transcribed from Mered’s calls, which they asked a forensic technician named Marco Zonaro to compare with the voice from the calls. Zonaro used software called Nuance Forensics 9.2. But, because it didn’t have settings for Tigrinya, he carried out the analysis with Egyptian Arabic, which uses a different alphabet and sounds nothing like Tigrinya. Zonaro wrote that Egyptian Arabic was “the closest geographical reference population” to Eritrea. The tests showed wildly inconsistent results. Zonaro missed several consecutive hearings; when he showed up, earlier this month, Ferrara pleaded with the judge to refer the case to a different court, meaning that Zonaro didn’t end up testifying, and that the trial will begin from scratch in September.

      Many of the wiretapped phone calls that were submitted into evidence raise questions about the limits of Italian jurisdiction. According to Gioacchino Genchi, one of Italy’s foremost experts on intercepted calls and data traffic, the technological options available to prosecutors far exceed the legal ones. When both callers are foreign and not on Italian soil, and they aren’t plotting crimes against Italy, the contents of the calls should not be used in court. “But in trafficking cases there are contradictory verdicts,” he said. “Most of the time, the defense lawyers don’t know how to handle it.” Genchi compared prosecutorial abuses of international wiretaps to fishing techniques. “When you use a trawling net, you catch everything,” including protected species, he said. “But, if the fish ends up in your net, you take it, you refrigerate it, and you eat it.”

      On May 16th, having found the number and the address of Lidya Tesfu, Mered’s wife, in Italian court documents, I met her at a café in Sweden. She told me that she doesn’t know where her husband is, but he calls her once a month, from a blocked number. “He follows the case,” she said. “I keep telling him we have to stop this: ‘You have to contact the Italians.’ ” I asked Tesfu to urge her husband to speak with me. Earlier this month, he called.

      In the course of three hours, speaking through an interpreter, Mered detailed his activities, his business woes, and—with some careful omissions—his whereabouts during the past seven years. His version of events fits with what I learned about him from his former clients, from his wife, and from what was both present in and curiously missing from the Italian court documents—though he quibbled over details that hurt his pride (that Ali had slapped him) or could potentially hurt him legally (that he was ever armed).

      Mered told me that in December, 2015, he was jailed under a different name for using a forged Eritrean passport. He wouldn’t specify what country he was in, but his brother’s wiretapped call—the one that referred to Mered’s pending return from Dubai—suggests that he was probably caught in the United Arab Emirates. Six months later, when Berhe was arrested in Khartoum, Mered learned of his own supposed extradition to Italy from rumors circulating in prison. In August, 2016, one of Mered’s associates managed to spring him from jail, by presenting the authorities in that country with another fake passport, showing a different nationality—most likely Ugandan—and arranging Mered’s repatriation to his supposed country of origin. His time in prison explains why the Italian wiretaps on his Sudanese number picked up nothing in the months before Berhe was arrested; it also explains why, when the Italians asked Facebook to turn over Mered’s log-in data, there was a gap during that period.

      To the Italians, Mered was only ever a trophy. Across Africa and the Middle East, the demand for smugglers is greater than ever, as tens of millions of people flee war, starvation, and oppression. For people living in transit countries—the drivers, the fixers, the translators, the guards, the shopkeepers, the hawala brokers, the bookkeepers, the police officers, the checkpoint runners, the bandits—business has never been more profitable. Last year, with Mered out of the trade, a hundred and eighty thousand refugees and migrants reached Italy by sea, almost all of them leaving from the beaches near Tripoli. This year, the number of arrivals is expected to surpass two hundred thousand.

      In our call, Mered expressed astonishment at how poorly the Italians understood the forces driving his enterprise. There is no code of honor among smugglers, no Mafia-like hierarchy to disrupt—only money, movement, risk, and death. “One day, if I get caught, the truth will come out,” he said. “These European governments—their technology is so good, but they know nothing.”

      Thirteen months after the extradition, Berhe is still on trial. At a hearing in May, he sat behind a glass cage, clutching a small plastic crucifix. Three judges sat at the bench, murmuring to one another from behind a stack of papers that mostly obscured their faces. Apart from Tondo, the only Italian journalists in the room were a reporter and an editor from MeridioNews, a small, independent Sicilian Web site; major Italian outlets have largely ignored the trial or written credulously about the prosecution’s claims.

      A judicial official asked, for the record, whether the defendant Medhanie Yehdego Mered was present. Calantropo noted that, in fact, he was not, but it was easier to move forward if everyone pretended that he was. The prosecution’s witness, a police officer involved in the extradition, didn’t show up, and for the next hour nothing happened. The lawyers checked Facebook on their phones. Finally, the session was adjourned. Berhe, who had waited a month for the hearing, was led away in tears.

      https://www.newyorker.com/magazine/2017/07/31/how-not-to-solve-the-refugee-crisis

      #Operation_Glauco #Glauco #opération_glauco #Mered_Medhanie

    • Italy Imprisons Refugees Who Were Forced to Pilot Smuggling Boats At Gunpoint

      The Italian press cheer these operations as a key part of the fight against illegal immigration, lionizing figures like #Carlo_Parini, a former mafia investigator who is now a top anti-human trafficking police officer in Italy. Parini leads a squad of judicial police in the province of Siracusa in eastern Sicily, one of several working under different provincial prosecutors, and his aggressive style has earned him the nickname “the smuggler hunter.”

      There is only one problem: the vast majority of people arrested and convicted by these police are not smugglers. Almost 1400 people are currently being held in Italian prisons merely for driving a rubber boat or holding a compass. Most of them paid smugglers in Libya for passage to Europe and were forced to pilot the boat, often at gunpoint.

      https://theintercept.com/2017/09/16/italy-imprisons-refugees-who-were-forced-to-pilot-smuggling-boats-at-g

      #Usaineu_Joof

    • A Palerme, le procès d’un Erythréen tourne à l’absurde

      La justice italienne s’acharne contre Medhanie Tesfamariam Behre, accusé d’être un cruel trafiquant d’êtres humains, alors que tout indique qu’il y a erreur sur la personne.


      http://mobile.lemonde.fr/afrique/article/2018/01/23/a-palerme-le-proces-d-un-erythreen-tourne-a-l-absurde_5245779_3212.ht

    • People smuggler who Italians claim to have jailed is living freely in Uganda

      One of the world’s most wanted people smugglers, who Italian prosecutors claim to have in jail in Sicily, is living freely in Uganda and spending his substantial earnings in nightclubs, according to multiple witnesses.

      https://www.theguardian.com/law/2018/apr/11/medhanie-yehdego-mered-people-smuggler-italians-claim-jailed-seen-ugand

      Lien pour voir le documentaire, en suédois (avec sous-titres en anglais) :
      https://www.svtplay.se/video/17635602/uppdrag-granskning/uppdrag-granskning-sasong-19-avsnitt-13?start=auto&tab=2018

    • voir aussi:
      Friends of the Traffickers Italy’s Anti-Mafia Directorate and the “Dirty Campaign” to Criminalize Migration

      The European effort to dismantle these smuggling networks has been driven by an unlikely actor: the Italian anti-mafia and anti-terrorism directorate, a niche police office in Rome that gained respect in the 1990s and early 2000s for dismantling large parts of the Mafia in Sicily and elsewhere in Italy. According to previously unpublished internal documents, the office — called the #Direzione_nazionale_antimafia_e_antiterrorismo, or #DNAA, in Italian — took a front-and-center role in the management of Europe’s southern sea borders, in direct coordination with the EU border agency Frontex and European military missions operating off the Libyan coast.

      https://seenthis.net/messages/913769