• Antiterrorisme : Le gouvernement veut aller encore plus loin vers l’État d’urgence permanent | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1583844739-antiterrorisme-gouvernement-veut-aller-encore-plus-loin-vers

    Selon un document que StreetPress s’est procuré, la « loi Silt » qui transpose dans le droit commun certaines mesures de l’État d’urgence va encore être renforcée au détriment des libertés publiques. L’information part d’une boulette du ministère de l’Intérieur. Vendredi 7 février, les députés membres de la commission des lois reçoivent le rapport annuel dressant le bilan de l’application de la loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » (Silt). Quelques heures plus tard, nouveau (...)

    #anti-terrorisme #législation #surveillance #LDH-France #Amnesty

    • Pour imposer une Micas [Mesure Individuelle de Contrôle Administratif et de Surveillance, anciennement assignation à résidence] à un individu, il faut selon la loi Silt « des raisons sérieuses de penser » que le « comportement » de l’individu « constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre public » ET cet individu doit « entrer en relation de manière habituelle avec des personnes ou organisations incitant, facilitant ou participant à des actes de terrorisme et/ou soutenir diffuser ou adhérer à des thèses incitant… ». C’est ce caractère cumulatif que le ministère de l’Intérieur envisage de supprimer.

      Pour justifier une visite domiciliaire [anciennement perquisition], « le comportement de la personne visée doit constituer une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre publics » ET elle doit « entrer en relation de manière habituelle avec des personnes ou organisations incitant, facilitant ou participant à des actes de terrorisme et/ou soutenir diffuser ou adhérer à des thèses incitant à… ». C’est encore une fois ce caractère cumulatif que le ministère de l’Intérieur envisage de supprimer.

  • La #vidéosurveillance de Salah Abdeslam ou quand la protection de l’ordre public l’emporte sur le respect des droits de l’Homme
    http://prison.eu.org/spip.php?article15352

    S’il existait déjà des cellules équipées de caméra dites cellules de protection d’urgence (CPU) pour les détenus suicidaires, le cas de Salah Abdeslam est bien différent puisque les CPU ne peuvent être utilisées que pour une durée maximale de 24 heures consécutives. (Article 3 de l’arrêté du 23 décembre 2014 portant création de traitement de données à caractère personnel relatifs à la vidéoprotection des CPU*)
    Des mesures extraordinaires ont donc été prises sur initiative du garde des sceaux, Monsieur #Urvoas, qui expliquait ainsi dans un communiqué en date du 27 avril dernier* : « La cellule est équipée d’un dispositif de vidéosurveillance, dont les modalités d’usage ont été fixées conformément aux exigences de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et du droit français de la protection des données personnelles. »
    Alors que l’avocat de Salah Abdeslam, Maître Franck Berton, entendait déjà contester cette mesure de vidéosurveillance, les récents événements sont venus précipiter les choses.

    Sécurité ou curiosité mal placée ?
    Le dispositif de vidéosurveillance doit être justifié par des motivations de sécurité et non par une éventuelle volonté d’espionner autrui. Or, en l’espèce, l’usage des caméras dans la cellule de Salah Abdeslam semble avoir récemment subi un certain détournement de son objet.
    Alors qu’il se trouvait en visite parlementaire à l’établissement de Fleury-Mérogis en compagnie de journalistes du Journal Du Dimanche (JDD), le député des Hauts-de-Seine Thierry #Solère a eu accès à ces caméras et n’a pas hésité à témoigner de tout ce qu’il avait pu voir, sans retenue, aucune. Il s’est dans un premier temps étonné dans une lettre ouverte au Ministère de la Justice que Monsieur Abdeslam ait, conformément à la loi et au Guide des droits et devoirs des personnes détenues, accès à des activités sportives comme n’importe quelle autre personne détenue. Dans un second temps, Monsieur Solère, a, avec force de détails et tel le présentateur d’une nouvelle télé-réalité grotesque, pris soin de commenter chaque geste du détenu dont il a pu être témoin, racontant notamment dans les colonnes du JDD « Abdeslam sort des toilettes, se lave les dents et les mains. »
    Ce récit déplacé n’a fait qu’interroger davantage sur le respect des droits fondamentaux de ce détenu.

    Et le droit dans tout ça ?
    Rappelons d’abord que depuis l’arrêt Kudla c/ Pologne du 26 octobre 2000, les conditions de détention doivent être compatibles avec la dignité humaine. Mais quelle dignité reste-t-il pour quelqu’un dont les moindres faits et gestes sont épiés puis retransmis à tout un pays ?
    En outre, si le ministre de la justice a affirmé de son côté que le dispositif était conforme à la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des libertés fondamentales, il est tout de même permis d’en douter. En effet, rien n’indique que la Cour Européenne des Droits de l’Homme (Cour EDH) viendrait statuer en faveur d’une conformité du dispositif aux articles 3 et 8 de la Convention.

    Un arrêté ministériel en guise de fondement juridique

    En attendant d’en être à un tel niveau, sur un plan national, la décision de placer Salah Abdeslam sous vidéosurveillance a pour le moment été prise sur la base d’un arrêté ministériel sur le fondement duquel Monsieur Urvoas est venu appliquer une mesure individuelle à Monsieur Abdeslam après avis de la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL). A l’heure où la France vit à nouveau des heures sombres, on constate ici une volonté affichée d’appliquer cette mesure non pas aux détenus suicidaires mais bien, comme rédigé dans le projet d’arrêté initial à ceux « dont l’évasion ou le suicide pourraient avoir un impact important sur l’ordre public eu égard aux circonstances particulières à l’origine de leur incarcération et l’impact de celles-ci sur l’opinion publique ». Dans sa délibération en date du 19 mai 2016*, la CNIL précise bien que le système doit faire l’objet d’un encadrement adapté et de garanties particulières… mais de quel cadre et de quelles garanties ce dispositif fait-il l’objet de la part du ministère ?

    #CNIL #mesure_individuelle #médias #journalisme #politique_française