• #Mir_Streiked !

    „Mir Streiked!“ ist die Hymne für der Schweizerischen Frauen*streiktag 2019. SASA, KimBo, Mer Ayang und Sascha Rijkeboer komponieren in ihrer musikalischen Unterschiedlichkeit ein Lied, das gleichzeitig bewegt, anklagt und mobilisiert.

    https://www.youtube.com/watch?v=m001Efj0ymI&feature=share


    #grève_féministe #14_juin #femmes #grève #Suisse #chanson #14_juin_2019 #hymne
    #musique_et_politique (ping @sinehebdo)

    v. aussi le #manifeste académique de la grève :
    https://seenthis.net/messages/777511

    et une tribune sur le #féminicide, tribune publiée en lien avec la grève :
    https://seenthis.net/messages/780868

    • "Les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes"

      Alors que l’égalité salariale est au coeur de la grève des femmes prévue le 14 juin, Manuela Honegger, politologue et politicienne indépendante, relève qu’en une année « les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes ».

      « L’écart de revenu entre l’homme et la femme reste notre préoccupation première », a affirmé dans La Matinale Manuela Honegger, membre du collectif genevois pour la grève des femmes. De plus, le travail domestique effectué par les femmes n’est toujours pas reconnu.

      « On estime aujourd’hui que faire à manger a plus de valeur en Suisse que ce que le secteur financier produit, la valeur que les femmes produisent tous les jours gratuitement et qui péjore leur vie est énorme. A la fin de l’année, les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes », a précisé la politicienne.

      De plus, « sur la base des différences salariales, les femmes devraient seulement travailler jusqu’à 57 ans et pas jusqu’à 64 ans », a-t-elle encore indiqué.
      Chiffre pas connu

      « La politique ne nous prend pas au sérieux, nous les femmes, et ne met pas nos préoccupations au centre », a encore souligné la politicienne. Alors que tout le monde connaît le nombre d’étrangers vivant en Suisse, « cela fait 25 ans que l’UDC martèle ces chiffres », combien de personnes connaissent le pourcentage des femmes qui font la lessive ou qui assument l’éducation des enfants ?

      « Les femmes accomplissent 80% de la lessive faite en Suisse et assument 70% de l’éducation des enfants. Ce sont des réalités à mettre sur l’agenda politique, c’est pourquoi nous avons choisi la grève. La grève est un moyen de pression pour dire stop », a conclu #Manuela_Honegger.

      https://www.rts.ch/info/suisse/10179694--les-femmes-gagnent-108-milliards-de-moins-que-les-hommes-.html

      #salaire

    • Vers la grève féministe en Suisse

      Dans cet entretien, Anouk (étudiante, investie dans les mouvements étudiants et de l’immigration coloniale et post-coloniale) et Maimouna (militante queer antiraciste « qui penche du côté marxiste de la force » et qui travaille dans un syndicat interprofessionnel du secteur public) nous livrent un récit du processus qui va porter nombreuses femmes* en Suisse à se mettre en grève pour la journée du 14 juin 2019. Nous saissons l’occasion pour relayer le manifeste de la grève, dont il est beaucoup question dans l’interview, et une émission radio sur cette lutte, dont le titre annonce : Ne changeons pas les femmes, changeons la société !

      – PEM : Le 14 juin se tiendra en Suisse une grève des femmes et féministe : Quel a été votre rapport à cette grève ?

      M : J’ai participé à cette grève surtout par l’organisation des travailleuses au sein de mon syndicat, mais également pendant une période par le biais de la coordination romande et du collectif genevois. Pour des raisons de santé, je n’ai pas pu participer à tout l’aspect collectif et de coordination des six derniers mois. Cette grève m’a accompagnée durant toute l’année et le fait de participer à sa construction sur les lieux de travail a sûrement été une des expériences militantes les plus intéressantes de ma vie.

      A : De mon côté, j’ai une position assez ambiguë par rapport à la grève. Rationnellement et politiquement, je suis super emballée par le processus. Je suis convaincue de la nécessité de s’y investir, et de la justesse d’organiser une grève générale à partir d’une position féministe. Mais d’un point de vue subjectif, j’arrive pas à me sentir concernée ou impliquée d’une quelconque manière. Pour plusieurs raisons, je n’arrive plus du tout à m’identifier aux discours du type “nous les femmes”, même si j’ai une compréhension du monde et des manières de me comporter profondément féministes. Du coup, je me suis tenue un peu à l’écart de tout le processus d’organisation de la grève, et j’ai juste participé aux débuts de la rédaction du manifeste, et j’ai été co-organisatrice de la journée du 10 février.

      – PEM : Pouvez-vous nous dire comment en Suisse on en est arrivé à organiser une grève féministe ? Quels ont été les éléments déclencheurs ?

      M : En Suisse, cette grève a été impulsée par des femmes syndicalistes après une énième discussion au parlement sur un projet de loi sur l’égalité salariale qui n’a abouti à rien. Je pense que c’est un aspect assez intéressant, notamment par rapport à d’autres endroits où ce genre de mobilisation a eu lieu, comme dans l’Etat espagnol, où le rôle des syndicats était beaucoup moins fort, voire un frein à l’organisation de cette mobilisation. Néanmoins, l’impulsion ne vient pas des directions syndicales mais plutôt de la base. Elles ont d’ailleurs plutôt été forcées à rejoindre le mouvement sous pression de leurs militantes. Je trouves aussi assez intéressant que ça vienne pas forcément de femmes très jeunes à la base, mais plutôt de militantes assez expérimentées, même si ça a très vite pris chez les femmes plus jeunes. Certaines étaient déjà là en 1991, lors de la première grève des femmes en Suisse d’ailleurs.

      A : Il y a une autre particularité par rapport à la Suisse. Ici, la construction de la grève s’appuie sur un réseau militant de syndicalistes féministes, de féministes organisées dans des partis de gauche radicale, et aussi de féministes autonomes, qui s’étaient toutes mobilisées contre cette loi sur l’augmentation de l’âge de la retraite - soutenue par les centrales syndicales au niveau national. Il y a donc une filiation entre cette opposition référendaire dans le champ institutionnel et l’impulsion de la grève féministe.

      – PEM : Pouvez-vous préciser quel a été le rôle des syndicats par rapport au mouvement ?

      M : Il faut bien comprendre que ce mouvement vient de la base. Il y a eu cette énorme manifestation à Berne qui a réuni 22 000 personnes en septembre 2018. Pour la petite histoire, chaque deux ans la plus grande organisation syndicale, l’USS [1], organise une manifestation nationale. Il s’agit avant tout d’une démonstration de force mais souvent avec un contenu politique très institutionnel. Donc du coup, comme chaque deux ans, l’USS a choisi un thème, et cette année-là c’était l’égalité salariale. Il n’y avait pas la volonté de parler de la grève qui se prépare aujourd’hui mais l’idée c’était simplement de mettre en avant cette revendication qui pouvait plaire à tout le monde. Le mouvement a fini par presque troller cette manifestation en créant un tronçon appelant à la grève féministe en 2019, ce qui a fait apparaître clairement nos revendications comme bien plus larges et radicales. Ça s’est fait littéralement aux nez et à la barbe des centrales syndicales qui ne voulaient parler que d’égalité salariale.

      A : Dès le début, et en raison de la manière dont le mouvement s’est structuré, il a appelé à aller plus loin qu’une grève « classique », qui reste contenue à un cadre de rapport salarié uniquement. Tout ceci ouvre des perspectives beaucoup plus larges, et ça remue le mouvement ouvrier dans son ensemble, notamment sur la question du travail reproductif, et de la grève politique (qui est d’ailleurs implicitement interdite par notre Constitution [2]).

      M : C’est vraiment important cette question de grève politique en Suisse. On a réussi à la rendre licite grâce à des mécanismes assez alambiqués, sachant que le droit de grève bien qu’inscrit dans notre constitution, est très limité.

      – PEM : Comment s’est organisé et structuré le mouvement pour la grève ? Quelles sont les formes d’organisation que vous vous êtes données et est-ce qu’elles sont présentes sur l’ensemble du territoire suisse (les différents cantons, dans les villes ou en campagne, etc.) ?

      M : En fait, le mouvement est né en Suisse romande et Suisse italienne et la Suisse allemande a rejoint le mouvement un peu plus tard. Actuellement, quasiment tous les cantons suisses et les grandes villes ont un collectif organisant la grève. Honnêtement, quand ça a commencé, ça aurait pu être ce genre d’initiatives super sympas lancées par dix meufs motivées qui aboutit à 5000 femmes dans la rue un an plus tard. Mais là, ça a pris bien plus d’ampleur ! Je pense que la manière dont le mouvement s’est construit, notamment la démocratie interne, la décentralisation, et surtout la totale liberté laissée aux collectifs - avec juste le Manifeste comme garde-fou - font que c’est un mouvement à la fois très large et radical.

      A : Oui, j’ai le souvenir d’une militante syndicale qui disait que ça avait impulsé la formation de collectifs sur plein de lieux de travail, ce qui en Suisse, est dingue ! En tous cas, je pensais pas que ça serait un truc aussi énorme, et que ça lancerait autant de personnes à s’organiser sur leur lieu de travail, de formation, etc. Au-delà même du 14 juin, ça ouvre des perspectives d’organisation beaucoup plus larges.

      M : La décentralisation du mouvement est très particulière mais aussi très adaptée à notre contexte fédéral. C’est vraiment une organisation décentralisée, qui part des collectifs locaux. C’est très difficile pour moi de parler de ce qui passe dans les cantons suisses alémaniques. Ce que je vois sur les réseaux sociaux (car le mouvement y est assez actif), c’est qu’en fait, finalement, dans des endroits où j’aurais pas pensé, il y a des choses qui se construisent.

      A : Le caractère de radicalité du mouvement est aussi lié au fait qu’il se construit au niveau national, au-delà des barrières linguistiques, mais d’une manière décentralisée comme tu l’as dit. C’est quand même très rare en Suisse. Mais l’organisation ne se fait pas uniquement selon des bases purement géographiques (ville, canton, etc.), mais aussi en fonction des lieux d’activité, sur les lieux de travail et de formation, etc.

      M : Je pense que c’est grâce aux organisatrices qui ont vraiment tout mis en place pour permettre la plus grande démocratie possible, ce qui est hallucinant et qui a représenté un travail phénoménal. S’assurer toujours qu’il existe des espaces de dialogues où les questions de contenu mais aussi de forme peuvent être entendues et discutées, ce qui a notamment permis de créer ce Manifeste avec une adhésion très large, a, d’après moi permis cette construction très large d’un mouvement.

      – PEM : Qu’est-ce qu’a apporté au mouvement la rédaction d’un manifeste ? Quels thèmes principaux en sont ressorti ?

      M : Alors, le manifeste regroupe dix-neuf revendications. Elles concernent tout : le rapport au corps, le rapport au travail, notamment l’inégalité salariale, mais la question du travail reproductif est également très développée. Je pense qu’on trouve pas le terme “anti-capitalisme” dans le texte (même si le terme capitalisme doit y apparaître), mais dans le fond, on est dans des revendications vraiment en rupture. Beaucoup de revendications tournent autour du monde du travail. Déjà parce que ce mouvement est très syndical mais aussi parce que les enjeux autour des inégalités sur les lieux de travail sont encore loin d’être résolus. Il n’y a pas de réelles protections contre les inégalités salariales, les protections contre le sexisme sur le lieu de travail sont peu ou mal mis en place, et la dévalorisation sociale et salariale des métiers typiquement féminins existe. On est quand même un pays où les personnes travaillant dans l’économie domestique ne sont même pas soumises à la loi sur le travail dont le texte est censé protéger les travailleuses et travailleurs.

      A : Oui, notamment celle de réduction du temps de travail ! Et la question des violences sexistes est aussi importante pour nous. C’est vrai qu’avec le Manifeste, on donne une vision d’unité, comme si tout le monde était d’accord sur tout, mais il y a quand même eu des grosses contradictions internes. D’ailleurs, la force du cas suisse, c’est d’avoir pu dépasser ces contradictions et de ne pas s’être scindé. C’est peut-être lié à la culture du compromis suisse [rires]. Dans tous les cas, il y a eu un travail politique phénoménal sur les sujets de dissension, pour aboutir à une orientation d’un féminisme de classe et anticapitaliste, et aussi sur la question de la pénalisation des violences de genre. À la première séance de rédaction du Manifeste en août passé, les nombreuses personnes présentes étaient réparties en groupes de travail « par thématique », où on discutait de nos revendications et leur articulation. Il se trouve que j’ai eu la bonne idée d’aller au groupe sur les violences faites aux femmes. C’était assez difficile, et il a fallu un travail important (que des camarades ont mené tout au long de l’année) pour éviter une orientation pro-punitive, et amener une vision globale sur les conséquences de ces orientations en termes de rapports sociaux de race, et plus largement de répression. Mais c’est une position qui est extrêmement ambivalente et compliquée à trouver et défendre, entre d’un côté dire que les violences de genre sont un sujet politique fondamental (et qu’on ne va pas s’en occuper « après » pour le dire vite), mais de l’autre, se demander comment on peut y répondre sans converger avec l’appareil répressif d’Etat. Il y a donc eu tout un travail : déjà, sur le moment même, et avec les relectures et amendements successifs du Manifeste. Plus largement, et dans un deuxième temps, on a organisé avec SolidaritéS [3] une journée d’étude qui a réuni des personnes actives dans les organisations qui luttent concrètement contre les violences de genre, pour essayer d’élaborer des pistes d’actions anti-punitives, mais concrètes et ancrées dans notre réalité. Il y avait beaucoup de personnes impliquées dans l’organisation de la grève, et l’idée était de revenir ensuite dans les différents collectifs et mettre ça en avant. Au final, quand on regarde le Manifeste maintenant, on remarque que ce travail collectif (qui prend différentes formes) a porté ses fruits.

      – PEM : Du coup, est-ce que vous diriez que le Manifeste, rédigé en août dernier, rend bien compte de la pluralité des composantes du mouvement tel qu’il est aujourd’hui ?

      M : Le mouvement s’est organisé en mixité choisie, sans hommes cisgenres. Pour la composante sociale, dans les collectifs que je connais, principalement en Suisse romande, on compte majoritairement des femmes* déjà militantes, peu de femmes non blanches, par contre plutôt très intergénérationnelle. Néanmoins, quelques femmes ayant un parcours migratoire ont été très actives, ce qui a permis d’amener des revendications concrètes et précises sur les questions d’asile et d’accueil. L’exemple qu’a donné Anouk, et il y en aurait d’autres, montre bien qu’en tant que minorités dans la minorité, c’est très dur de réussir à mettre en avant ses revendications s’il n’y a pas un vrai travail d’organisation en interne. On l’a notamment vu pour les questions LBTIQ, où finalement des revendications spécifiques n’ont pas été visibilisées et ce alors qu’en Suisse on serait dans un contexte assez propice à la mise en avant de revendications par exemple liées à la parentalité, aux parcours trans* ou encore d’égalité juridique. De ce que j’ai perçu, en tout cas en Romandie, il nous a été difficile de nous organiser entre nous pour faire émerger ces revendications. Par contre, le travail fait par les femmes migrantes et leurs alliées ont réussi à imposer des revendications puissantes sur cette question, autant dans le manifeste que dans l’organisation collective. Ces questions, par exemple le fait de ne pas avoir de permis de séjour ou juste un permis provisoire en tant que travailleuse – en lien avec tout le travail syndical qui est mené sur ce front depuis des années - sont bien comprises et intégrées. Par contre, on n’a pas constaté la même chose sur les questions de race. Pour être bien claire, quand on parle de femmes migrantes en Suisse, on parle de femmes qui viennent du troisième cercle (le Sud global) comme on dit, mais aussi d’Europe du Sud.

      A : C’est vrai qu’il y a eu un travail politique pour orienter ces revendications dans un sens émancipateur pour tout le monde. Donc le Manifeste n’est bien sûr pas parfait, mais c’est le fruit d’un travail politique de longue haleine, parfois éreintant, mené par un grand nombre de personnes. Au début, il y avait carrément des propositions islamophobes, ou abolitionnistes (du travail du sexe)… Le fait que ce genre de choses ne soient pas passées (même si le Manifeste n’est pas explicite sur ces questions), c’est aussi le fruit d’un travail. Ça permet de le garder ouvert à une organisation politique sur les rapports coloniaux, sur le travail du sexe, etc.

      M : Sur ces questions, on constate qu’il y avait cette peur au début, comme dans tout mouvement unitaire : « que vont faire les femmes qui ne sont pas organisées à gauche, et comment elles vont pouvoir adhérer à ce manifeste ? ». Finalement, on se rend compte que plus il y a de revendications, plus elles sont larges, plus elles sont radicales, et - c’est assez contre-intuitif - plus elles sont rassembleuses. En fait, ça a permis de créer un mouvement ultra large. La question des “femmes de droites” - doit-on les intégrer,, comment leur parler, est-ce qu’on les effraient ou pas - a souvent été posé, surtout au début dans les collectifs locaux. Je me souviens très clairement d’une femme qui disait « si les femmes de droite se reconnaissent dans le manifeste, elles viendront, et sinon tant pis ». Il faut juste imaginer que lors de l’appel de la première coordination nationale à Bienne, il devait y avoir 500 à 600 personnes, qui sont des personnes qui organisent activement cette grève.

      –PEM : Pourquoi est-il important de faire grève pour faire valoir ces raisons ?

      M : Il y a un truc que je trouve intéressant dans le droit suisse, la grève est considérée comme l’ultima ratio. Donc c’est le dernier outil que les travailleurs et travailleuses mettent en place pour obtenir leurs revendications, après que tout a échoué. Là, ça fait 38 ans qu’on a une égalité dans la constitution qui n’est pas appliquée, et tout part quand même de là ! On peut se dire que c’est très réformiste et partiel, mais littéralement, ça veut dire qu’en Suisse, il y a aucune possibilité de sanction ni de contrainte pour vraiment combattre l’égalité salariale même dans son sens le plus strict. Tu peux faire reconnaître - mais c’est très compliqué – que tu n’es pas payée la même chose que ton collègue masculin et toucher le différentiel ainsi qu’une indemnité représentant six mois de salaire et c’est la seule sanction que tu auras en tant qu’employeur. En gros, une mise en conformité plus une petite amende. De plus, ce n’est pas soumis à un contrôle régulier, sauf pour les entreprises de plus de 100 employé-e-s, ce qui représente environ 2% des employeurs en Suisse. On en est là. Donc c’est pour ça que c’est important de faire grève, c’est pour montrer qu’on en a marre du système suisse de la négociation et de la « paix du travail » et que oui, en tant que femmes ont a tout essayé mais que là ça suffit et que donc on utilise l’outil de l’ultima ratio.

      A : Pour moi, cette grève a permis de montrer, dans ce système suisse, qui est officiellement « pacifié » et qui jure que par cette fameuse « paix du travail », que la conflictualité sociale, elle existe ; que les antagonismes de classe, ils existent. La conflictualité, c’est pas nous qui l’inventons, elle est réelle. Du coup, l’analyse qu’on fait en étant marxistes et féministes, c’est de lier les raisons larges pour lesquelles on fait grève (qui ne concernent pas uniquement les inégalités dans le travail salarié), à ce mode de production particulier. Donc une fois qu’on a dit ça, notre mode d’action doit rendre compte de ça.

      M : Sur la question de la grève, ça a pas été sans tension, vraiment ! Évidemment, faire grève en Suisse en 2019, c’est aussi le rappel de la grève de 1991 [4], qui a été un des plus beaux moments de luttes en Suisse. C’est aussi le rappel de ces femmes qui se sont battues en 1971 pour obtenir le droit de vote [5]. Il y a des femmes qui ont fait grève en 1991, et nous en 2019, on lutte aussi !

      A : Il faut préciser que cette grève s’inscrit dans un renouveau de perspectives de luttes de la gauche politique et syndicale. Il faut rappeler brièvement que le système suisse permet de s’opposer à des projets du parlement (et d’en proposer) en récoltant un certain nombre de signatures. Les initiatives ou référendum sont ensuite soumises au vote de la population suisse. Je précise, car j’ai vu beaucoup de discussions sur ce système de démocratie semi-directe en France, en lien avec la revendication du RIC défendues par certain·es Gilets Jaunes. Or, un élément pour moi central est à chaque fois laissé de côté : le système suisse est fondé sur l’exclusion politique d’une partie importante (environ un cinquième) de la population et des classes populaires, à savoir la population “d’origine étrangère”. En effet, les droits politiques sont conditionnés à la possession de la nationalité suisse, qui est extrêmement difficile à obtenir. En l’espace d’un an, la gauche politique est parvenue à faire refuser un projet d’augmenter l’âge de la retraite des femmes (appelé PV2020), et une autre loi (appelée RIE3) sur la défiscalisation massive du capital des multinationales implantées en Suisse (ce qui représente un transfert massif de richesses des collectivités publiques, notamment du Sud global, vers les actionnaires de Nestlé, Glencore, etc.). J’ai l’impression que ça a vraiment créé une dynamique de gauche qui est de nouveau capable d’arracher des grandes victoires. En même temps, on a lancé tout récemment un référendum contre la soeur jumelle de la RIE3 , donc contre une loi qui prévoyait exactement les mêmes dispositifs fiscaux ; on a fait aboutir le référendum, mais on l’a perdu en votation car la réforme a été massivement approuvée. Et on a certes refusé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, mais il y a déjà un projet au Parlement pour l’augmenter à nouveau. Cette question des initiatives et référendums constitue un grand débat au sein de nos organisations, et pour ma part, je ne crois pas qu’il faille rejeter une lutte institutionnelle par référendum en bloc, parce que comme on l’a vu, ça permet de lancer des dynamiques d’opposition substantielle. Par contre, sur la base de cette séquence politique, on voit que si on les considère comme une fin en soi, on n’a pas fini de s’opposer aux mêmes projets de loi, et on passe notre temps à récolter des signatures.

      M : Oui, au bout d’un moment, à ce jeu, ils gagnent en fait ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a ce dessin qui tourne et qui montre une femme avec une batte de base-ball disant “j’ai décidé de changer de méthode”.

      – PEM : Quelles autres expériences de lutte à l’échelle globale ou dans l’histoire suisse sont importantes pour vous ?

      M : La grève générale de 1918 ! Parce que j’ai découvert cette grève il y a un an et demi au moment du centenaire, et parce que l’organisation des syndicats au niveau national, l’USS (Union syndicale suisse) qui a organisé une super journée de conférence [rires] avec des historien·nes où, littéralement, leur conclusion c’était que c’était pas si bien parce qu’au final, on n’a rien gagné. C’est les syndicats qui disent ça ! Ça m’a donné envie de creuser, j’ai découvert plein de trucs, notamment que c’était pas tant un échec que ça, et je pense que ça montre aussi à quel point en Suisse, on ne connaît pas l’histoire des luttes.

      A : Au centre des revendications de la grève générale de 1918, il y avait celle du droit de vote des femmes ! Cette revendication dont on dit souvent qu’elle apparaît beaucoup plus tard, a été portée par le mouvement ouvrier dès 1918. Face aux frappadingues pour qui la grève féministe divise la classe ouvrière – ce qui est une analyse complètement hors sol quand on voit le développement massif de collectifs sur les lieux de travail – on se rend compte que dès le début, il y a un lien organique entre les luttes féministes et le mouvement ouvrier, simplement parce que les femmes font partie du mouvement ouvrier ! Après personnellement, l’histoire des luttes des travailleurs immigrés, et notamment italiens est importante politiquement pour moi.

      M : Ce qui est terrible, c’est qu’on est hyper à la ramasse et qu’on ne connaît presque pas notre histoire, parce qu’on a vraiment un roman national très fort : en Suisse, on dit qu’on est riche parce qu’on sait faire des compromis, que les valeurs paysannes et protestantes sont celles qui assurent notre prospérité et qu’on obtient jamais rien par la force. Par exemple, sur l’obtention du droit de vote des femmes en 1971, ce que tout le monde croit, c’est que le gentil parlement a décidé d’autoriser les femmes à voter parce que c’était quand même un peu la honte d’avoir attendu si longtemps. Or j’ai appris cette année, en creusant un peu, qu’il y avait eu une énorme mobilisation populaire, notamment des femmes autour de cette question.

      – PEM : Les institutions semblent réagir de manière plutôt bienveillante voire encourager certaines initiatives qui vont se tenir à l’occasion du 14 Juin : comment expliquez-vous cette bienveillance (paternaliste ?), et comment, dans ce contexte, garantir une certaine offensivité lors de cette journée de grève ?

      M : On constate effectivement une offensive massive du Parti socialiste (gauche gouvernementale) et des directions syndicales pour essayer de récupérer et pacifier cette grève en en retirant les aspects les plus combatifs. En même temps, c’est vrai qu’en Suisse , où qu’on soit sur l’échiquier politique il devient compliqué de dire qu’on est contre l’égalité. Les solutions choisies, comme dans beaucoup d’autres endroits, c’est de dire qu’on utilise pas la bonne méthode ou que l’on a mal compris l’égalité. On l’a vu syndicalement avec la réaction des employeurs. D’abord, il y a eu une offensive pour dire que cette grève n’était pas licite. Puis, sous la pression des collectifs, les employeurs du publics - sur Genève et sur Vaud, en tout cas - ont fini par dire qu’il n’y aurait pas de sanction pour cette grève, tout en sous-entendant que ça en était pas vraiment une. Une conseillère d’état PLR [6] à Genève a même affirmé que le mot grève n’avait qu’une valeur historique, et qu’en réalité il s’agissait d’une grande fête. On passe évidemment notre temps à rappeler que nous avons des revendications de ruptures et que oui c’est bien une grève. Le problème c’est qu’on n’est pas toujours entendu, face au discours dominant, notamment des médias. C’est ce qui permet à des meufs de l’exécutif ou de droite de participer aux mobilisations, qu’elles essaient de vider de leur sens...

      A : Oui, mais en même temps, elles vont marcher derrière des syndicalistes et des féministes qui revendiquent la réduction générale du temps de travail, et qui refusent catégoriquement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ! D’une certaine manière, c’est bon signe, ça veut dire que les collectifs ont réussi à imposer un rapport de force qui fait que les autorités se sentent obligées d’y participer. Surtout, les dynamiques d’organisation que cette grève a impulsées sur les lieux de travail, de vie et de formation, c’est pas quelque chose qui est “récupérable”. Pour moi c’est ça le plus important : le 14 juin n’est pas une fin en soi, c’est un but qui permet à des collectifs d’essaimer un peu partout, et de développer ou renforcer notre organisation collective.

      M : Ce qui est complètement dingue avec cette grève, c’est que malgré la radicalité du Manifeste (et même grâce à cette radicalité), des dizaines de milliers de femmes vont se mobiliser ce 14 juin. Ça permet de contrer cette idée très répandue, selon laquelle il faudrait pas être trop radicale, ou faire trop de bruit, pour pouvoir mobiliser largement. Or ce qu’on a constaté c’est qu’en permettant aux femmes de s’exprimer et en ancrant les revendications dans une réalité, ça marche, et c’est énorme !❞


      http://www.platenqmil.com/blog/2019/06/13/vers-la-greve-feministe-en-suisse

    • Un « ras-le-bol général » : vendredi, c’est la grève des femmes en Suisse

      Vingt-huit ans après une première mobilisation nationale, syndicats et collectifs féministes appellent à la mobilisation pour mettre fin aux inégalités femmes/hommes.

      Le reste du monde a le 8 mars. La Suisse a son 14 juin. Vendredi 14 juin 2019, collectifs féministes et syndicats organisent une « grève des femmes », pour l’égalité avec les hommes, 28 ans après la première du nom, en 1991.

      Une grève que les organisateurs espèrent nationale et globale. « Il ne s’agit pas seulement d’une grève du travail rémunéré, explique au Parisien Anne Fritz, coordinatrice de la mobilisation à l’Union syndicale suisse, à l’origine de la mobilisation. Il y aura aussi une grève du ménage, du prendre soin, de la consommation… » De toutes ses tâches, encore majoritairement effectuée au quotidien par des femmes, peu reconnues et non rémunérées.
      Une date symbolique

      Un mot d’ordre, l’égalité, et plusieurs déclinaisons : égalité des salaires, fin des violences sexistes, fin de la précarité des femmes… Plusieurs manifestations seront organisées ce jour-là, dans tout le pays. « Le plus important, c’est que chaque femme puisse participer à son niveau, là où elle est », poursuit Anne Fritz.

      La date du 14 juin est hautement symbolique en Suisse. En 1981, était introduit dans la Constitution un article concernant l’égalité entre les femmes et les hommes. Dix ans plus tard, près de 500 000 personnes - pour un pays de 3,46 millions d’habitants - se mobilisaient pour dénoncer les inégalités toujours persistantes.

      Près de trois décennies plus tard, les femmes continuent de toucher 20 % de moins que les hommes, il n’existe pas de congé paternité et les places en crèche sont rares et chères, freinant la participation des femmes à la vie active.

      L’année dernière, une loi sur l’égalité salariale a été votée dans le pays. Mais la version adoptée en définitive était nettement édulcorée, par rapport au texte initial. La dernière version ne prévoit pas, par exemple, de sanction pour les entreprises discriminantes.
      Le patronat suisse grince des dents

      Un sentiment de trop peu, qui fait germer l’idée d’une nouvelle grève, à l’image de celle de 1991, dans les milieux féministes, et au sein de l’Union syndicale suisse. Le mouvement #MeToo, ainsi que diverses mobilisations internationales, pour défendre l’avortement ou critiquer certains dirigeants comme le président américain Donald Trump ou Jair Bolsonaro, le président brésilien, sont aussi passés par là.

      Pour Anne Fritz, c’est un « ras-le-bol général des femmes » qui a permis de concrétiser cette grève anniversaire. Elle est née en cette année symbolique de 1991. Aujourd’hui, elle estime que les femmes ne sont « pas entendues en manifestation. C’est la raison pour laquelle il faut faire grève ».

      Plusieurs entreprises et administrations ont affiché leur soutien à cette grève des femmes. À Genève par exemple, la ville fermera des crèches. Mais l’Union patronale essaie de contrer le mouvement. Le syndicat le considère comme « illicite », car ne visant « pas uniquement les conditions de travail », selon les propos Marco Taddei, un de ses représentants, à l’AFP.

      Difficile de prévoir l’ampleur du mouvement de vendredi, la grève ne faisant pas partie de la culture suisse. Depuis l’instauration en 1937 de la « paix du travail », une convention signée entre patronats et syndicats, la négociation est souvent préférée à la grève. Anne Fritz espère « énormément » de personnes. Ou au moins autant qu’en 1991.

      http://m.leparisien.fr/societe/un-ras-le-bol-general-vendredi-c-est-la-greve-des-femmes-en-suisse-13-0

    • Les guettes ont appelé Lausanne à une nuit mauve

      Du haut de la cathédrale, quatre femmes ont lancé la mobilisation du 14 juin. Un cri inédit, relayé une bonne partie de la nuit avant la grande journée de vendredi.

      l faut « garder le dos bien droit, mettre les mains en porte-voix et s’adresser à Lausanne ». Un rapide conseil, glissé par Renato Häusler, guet de la cathédrale de Lausanne, à celles qui s’apprêtent à prendre sa place. Pour la première fois depuis 614 ans, la voix d’une femme va donner l’heure à la ville. A 23 heures, ce jeudi 13 juin en guise d’échauffement, puis à minuit, 1 heure et 2 heures, avec en prime un appel à la grève des femmes, à la grève féministe.

      C’est ainsi qu’à minuit, Nadia Lamamra, représentante du collectif vaudois pour la grève, Nicole Christe, cheffe du Service de l’architecture de la Ville de Lausanne, Joëlle Moret, déléguée à l’égalité et la chanteuse Billie Bird crient de concert « C’est la grève, c’est la grève ! ». Et après un bref silence, les acclamations montent de l’esplanade où plusieurs centaines de personnes affluent depuis 22 heures. « Il y a enfin un peu de reconnaissance, même dans les professions très atypiques les bastions masculins finissent par tomber », apprécient les guettes en chœur. La grève nationale du 14 juin est lancée à Lausanne, la cathédrale peut s’enflammer et briller en mauve dans la nuit.

      « C’était un moment fou, j’en ai eu des frissons. Il y avait un grand silence, on entendait juste les tambours, il y avait quelque chose de mystique et, tout à coup, tout le monde a hurlé. J’ai failli pleurer », raconte Anne-Julie.

      Au pied de la cathédrale, en continu, il y a les banderoles et les pancartes, les danses et les accolades, les chants et les slogans comme autant de cris du cœur. Entres autres : « Fortes, fières et pas prêtes de se taire » ou « Patriarcat t’es foutu, les femmes sont dans la rue ». « Ça me rend euphorique cet engouement, j’espère que ce sera le début d’un vrai mouvement. Il faut que les gens comprennent ce que l’on vit, commente Charlotte. Je pense aussi à celles qui ont de grandes difficultés, les travailleuses pauvres, les mères isolées ou celles qui ne peuvent pas être là parce qu’elles sont empêchées par quelque chose ou quelqu’un. »

      Puis comme la cathédrale, la place de la Riponne s’embrase. Autour d’un feu de camp, la foule donne de la voix tandis que quelques objets volent au milieu des flammes. Du carton, un tee-shirt ou un soutien-gorge, avalés par les flammes sous les applaudissements. « Symboliquement c’est déjà très fort ce que l’on voit ce soir, observe Yesmine. J’ai vécu près de la cathédrale et tous les jours j’ai entendu un homme crier. Alors aujourd’hui c’est beaucoup d’émotions, quelque chose se concrétise. »


      Beaucoup d’émotions et pas mal d’actions, au moment de se disperser dans la ville aux alentours d’1h30. Un peu partout, l’eau des fontaines devient violette, comme la cheminée de Pierre-de-Plan. Les stickers militants fleurissent sur les murs et 56 rues sont même rebaptisées. C’est l’oeuvre du collectif ruElles, parti arpenter la ville toute la nuit avec de la colle et de faux panneaux en papier. « Une soixantaine de rues lausannoises portent le nom de personnes illustres ayant marqué l’histoire suisse. Trois d’entre elles seulement sont des femmes, explique les membres. Ce soir, les femmes sortent de l’ombre de l’Histoire et vont dans les rues. » Elles feront de même ce vendredi 14 juin, dès 8 heures et pour toute la journée.

      https://www.24heures.ch/vaud-regions/guettes-appele-lausanne-nuit-mauve/story/13485264

    • Toutes les femmes du Courrier…

      … se joignent aux revendications de la grève féministe / grève des femmes*. Toutes, nous croiserons les bras en ce vendredi 14 juin, vingt-huit ans après la journée historique qui avait vu 500 000 femmes s’unir à travers toute la Suisse pour exiger, enfin, l’égalité dans les faits.

      Car nous observons chaque jour l’ampleur du fossé qui nous sépare de l’égalité. Aujourd’hui comme hier, nous exigeons une meilleure reconnaissance de toutes les tâches que nous exécutons au quotidien ainsi que le respect de notre personne et de notre individualité. Par notre refus de travailler ou d’exécuter des travaux domestiques durant vingt-quatre heures, nous posons nos limites. 91-19… Et cette impression de tourner en rond.

      C’est ce que ressentent aussi les femmes du Courrier, qui se sont réunies pour énoncer leurs doléances. Notre cahier de revendications en cinq axes complète celles du manifeste de la grève et, surtout, rejoint l’expérience d’innombrables femmes, par-delà la branche économique du journalisme. Les problèmes soulevés touchent des facettes très différentes de nos vies et, pourtant, s’imbriquent pour former un continuum sexiste.

      Nous demandons la valorisation du travail des femmes. Comme tant de pairs, nous portons une immense partie de la charge émotionnelle au travail. Est attendu de nous que nous soyons patientes, à l’écoute, gestionnaires du quotidien. Quand on se tournera vers les hommes pour ce qui relève de compétences jugées plus techniques et mesurables. Invisibilisé, notre travail est pourtant essentiel à la bonne marche de toute entreprise.

      Nous attendons que notre parole soit écoutée, notre légitimité reconnue comme celle de nos collègues masculins.

      Nous voulons concilier vie privée et professionnelle sans nous épuiser dans de doubles journées, que nous soyons mères ou proches-aidantes. Cela passe par le respect de notre temps de repos, des congés (parentaux notamment) suffisants et la possibilité d’aménager notre temps de travail selon nos besoins. Il n’existe pas de recette magique applicable à toutes. Et nous méritons d’être considérées au-delà des stéréotypes de genre.

      Nous exigeons la parité à tous les niveaux de l’entreprise, de la base aux instances dirigeantes.

      Enfin, la lutte contre le sexisme doit s’appliquer à chacune de nos pages. Elle passe par la généralisation du langage épicène, des images non stéréotypées, des formulations s’abstenant de ramener les femmes à leur seul statut de mère, de fille ou d’épouse, sans cliché machiste.

      Le chantier ne fait que commencer. Et nous aurons toutes et tous à gagner de ce monde plus égalitaire. Solidaires, les hommes du Courrier nous soutiennent d’ailleurs dans notre lutte. Nous leur confions, l’espace d’une journée, la tâche de confectionner un journal spécial dédié à la grève, qui paraîtra samedi. Cette édition ancrera la date du 14 juin 2019 dans les mémoires. Pour qu’elle ne devienne pas une date anniversaire, mais une date charnière, le marqueur d’un changement de société dans toute sa profondeur.

      https://lecourrier.ch/2019/06/13/toutes-les-femmes-du-courrier

    • Swiss women strike for more money, time and respect

      Women across Switzerland are preparing for a nationwide strike in protest against what they say is the country’s unacceptably slow pace to equality.

      Friday’s protest comes 28 years after similar action saw half a million women take to the streets in 1991.

      Swiss women have long campaigned to accelerate the pace of gender equality.

      They joined millions of other women in Europe after World War One ended in 1918 in demanding the right to vote - but did not get it until 1971.

      At the time of the 1991 strike there were no women in the Swiss government, and there was no statutory maternity leave.

      Appenzell, the last Swiss canton to refuse women the right to vote, had just been ordered to change its policy by Switzerland’s Supreme Court.


      https://www.bbc.com/news/world-europe-48615911

    • Les journaux romands se mettent au violet

      Que ce soit sur un mode humoristique, ironique ou sérieux, la presse romande relate largement la grève des femmes vendredi.

      Les quotidiens romands parlent abondamment de la grève des femmes dans leurs éditions de vendredi. La plupart se sont parés de violet, la couleur du mouvement.

      « Suissesses en colère », écrit « 24 heures » en une. Le quotidien vaudois illustre sa première page avec le dessin d’une femme en violet sur fond jaune, poing dressé en l’air. Plus sobre, la « Tribune de Genève » titre « Une journée de grève pour exiger l’égalité » avec la photo de manifestantes vêtues en violet.

      « 20 Minutes » titre « Hall of femmes » en référence à l’expression anglophone « Hall of fame », temple de la renommée en français. Du côté de Neuchâtel, « Arcinfo » propose la photo d’une foule de femmes en première page avec le titre « Respect ».

      Le « Journal du Jura » opte lui pour un dessin de presse humoristique, montrant une mère en train d’accoucher à 15h24, heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées par rapport aux hommes. « L’étoffe des héroïnes » lance quant à lui le « Quotidien jurassien ».

      Un dessin orne également la une de « La Liberté », celui d’une femme en gants de boxe. « Pour que la lutte porte ses fruits », titre le journal fribourgeois. « Grève féministe Jour G », renchérit Le Courrier, qui a abandonné sa traditionnelle couleur rouge pour le violet.

      « Le Temps » montre un dessin où plusieurs hommes sont représentés, mais aucune femme. « Un genre vous manque, et tout un journal est dépeuplé », titre le quotidien. Son édition de vendredi est parsemée de cases blanches, là où une journaliste devait écrire un article.

      https://www.tdg.ch/suisse/suisse-romandejournaux-romands-mettent-violet/story/25605124

    • En Suisse, les femmes appelées à la grève pour dénoncer les inégalités

      Les organisateurs souhaitent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi insister sur la reconnaissance du travail domestique et dénoncer les violences contre les femmes.


      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/14/en-suisse-les-femmes-appelees-a-la-greve-pour-denoncer-les-inegalites_547605

    • Why Swiss women are back on strike today

      On June 14, 1991, half a million women in Switzerland joined the first women’s strike. Now, nearly 30 years later, they’re mobilising again.

      Many people in Switzerland were taken by surprise on that spring day in 1991. The idea came from a small group of women watchmakers in the Vaud and Jura regions. Organised by trade unionist Christiane Brunner, it became one of the biggest political demonstrations in Swiss history.

      About 500,000 women throughout the country joined in the women’s strike through various types of actions. They called for equal pay for equal work, equality under social insurance law, and for the end of discrimination and sexual harassment.
      Why 1991?

      The choice of date was not arbitrary: on June 14 a decade prior, Swiss voters had approved a new article in the constitution on equality of the sexesexternal link. But the principle laid down in the constitution had not been translated into concrete legislation. The gap between men’s and women’s pay was still glaring.

      The 1991 strike was also intended to mark the 20th anniversary of women getting the vote at the federal level, a goal achieved very late in Switzerland compared to all other countries in Europe and most of the world.
      Why a strike?

      The idea of presenting the mobilisation of 1991 as a strike at first struggled to find acceptance. “At the outset, the Swiss trade union congress was not enthusiastic,” recalls historian Elisabeth Joris, who specialises in women’s and gender history in Switzerland. “The word was going round: ‘This is a day of action, not a strike’, because the very notion of a strike was linked to paid work, while women worked in very varied settings and often not for a paycheque.”

      On the other hand, talking in terms of a strike took on a highly political significance. “Every social movement takes place in a historical context, it is linked to other events,” notes Joris. Declaring a nationwide political strike meant appealing to the precedent of the other great nationwide political strike in Swiss history: the general strike of 1918, which included women’s suffrage among its demands, and in which women played an important role.

      “Women were borrowing a tradition from the workers’ movement, but gave it a wider meaning, transforming and adapting it to the needs of the feminist movement,” explains Joris. The idea of a women’s strike was not new, either. In 1975 there was such a strike in Iceland, to mark International Women’s Year. Even the choice of March 8 as International Women’s Day commemorates the strike by New York garment workers in 1909 and 1910.

      A different kind of strike

      The 1991 strike movement had many obstacles to overcome. In the economic and political world, there was much opposition. At the time, Senate President Max Affolter urged women not to get involved in it and risk “forfeiting men’s goodwill towards their aspirations”.

      On the other hand, the varied working environment of women, often outside the realm of paid work, did not lend itself to traditional forms of mobilisation. “The 1991 women’s strike involved a wide range of actions,” points out Elisabeth Joris. “This was able to happen because the strike was organised on a decentralised basis, unlike traditional strikes.”
      Snowballs for politicians

      Even if its historical significance was not recognised at the outset, the 1991 strike had a decisive impact on progress regarding equality of the sexes and the struggle against discrimination in Switzerland. The newfound strength of the women’s movement showed itself in 1993, when the right-wing majority in parliament declined to elect the Social Democratic Party candidate Christiane Brunner to a seat in the Federal Council, preferring a man.

      “The majority in parliament thought it could do the same thing it had done ten years before with Lilian Uchtenhagen [another Social Democrat who failed to win the election]”, notes Joris. “But Christiane Brunner was the women’s strike. The reaction was immediate. A few hours later, the square in front of parliament was full of demonstrators. Some parliamentarians found themselves pelted with snowballs.”

      Francis Matthey, the candidate elected to the Swiss executive branch, came under such pressure from his own party as well as demonstrators that he felt obliged to resign. A week later Ruth Dreifuss was elected in his place. “Since that time, the idea of there being no women in cabinet is just not acceptable.”

      In 1996, legislation was brought in to ensure the equality of the sexes, which had been one of the demands of the strike. In 2002, Swiss voters approved legislation legalising abortion. In 2004, the article in the constitution on maternity leave, which had been in the constitution since 1945, was finally implemented in a piece of enabling legislation.
      ‘A new generation that favours feminism’

      And yet, in spite of the victories of the women’s movement, equality remains a burning issue. Pay gaps between women and men remain considerable. The #metoo movement has brought to the fore – like never before – the issue of sexual harassment and discrimination based on a person’s gender or sexual orientation.

      “Already around the 20th anniversary there was talk of another women’s strike, but the idea didn’t take hold,” notes Elisabeth Joris. “To succeed, a movement needs an emotional energy to it. This energy has now accumulated. There is a huge generation of young women in their 20s and 30s that favours feminism.”

      “In 2019, we are still looking for equality, and realise that there has to be a lot more than this – the culture of sexism is part of everyday life in Switzerland, it’s invisible, and we are so used to getting along that we hardly notice it is there,” says Clara Almeida Lozar, 20, who belongs to the collective organising the women’s strike at the Swiss Federal Institute of Technology Lausanne.

      https://www.swissinfo.ch/eng/feminism_why-swiss-women-are-back-on-strike-today/45025458

  • #BalanceTonPorc : à Paris, un hashtag mondial devant la justice
    https://www.mediapart.fr/journal/france/300519/balancetonporc-paris-un-hashtag-mondial-devant-la-justice

    La journaliste Sandra Muller a comparu mercredi, attaquée en diffamation par l’ancien directeur général de la chaîne Equidia Éric Brion. En cause : un tweet accusant ce dernier d’un comportement déplacé.

    #Violences_sexistes #Harvey_Weinstein,_#metoo,_médias,_#balancetonporc,_violences_sexistes,_violences_sexuelles,_A_la_Une

  • #BalanceTonPorc : à Paris, un hashtag mondial en procès
    https://www.mediapart.fr/journal/france/300519/balancetonporc-paris-un-hashtag-mondial-en-proces

    La journaliste Sandra Muller a comparu mercredi, attaquée en diffamation par l’ancien directeur général de la chaîne Equidia Éric Brion. En cause : un tweet accusant ce dernier d’un comportement déplacé.

    #Violences_sexistes #médias,_#metoo,_violences_sexistes,_Harvey_Weinstein,_#balancetonporc,_violences_sexuelles,_A_la_Une

  • L’initiatrice de #Balancetonporc jugée pour diffamation
    https://www.liberation.fr/france/2019/05/28/l-initiatrice-de-balancetonporc-jugee-pour-diffamation_1730223

    C’était le 13 octobre 2017. Une semaine après l’explosif hashtag #MyHarveyWeinstein, deux jours avant la déferlante #MeToo. Ce jour-là, Sandra Muller, journaliste française installée à New York, lâche sur son compte Twitter : « #Balancetonporc ! Toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d’un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends. » Puis, quelques heures plus tard : « Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. Eric Brion, ex-patron de Equidia. #Balancetonporc. » Son second message est rediffusé plus de 2 500 fois. Sandra Muller ne le sait pas encore, mais elle vient de créer ce qui deviendra l’emblème de la libération de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles.

    Un an et demi plus tard, la voilà poursuivie pour diffamation par l’homme qu’elle avait accusé. Eric Brion l’attaque pour s’offrir « l’occasion de se défendre devant un vrai tribunal » comme l’explique à Libération son avocate Marie Burguburu. Ce mercredi, la créatrice de #Balancetonporc sera jugée devant la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris.

    A l’époque de la tornade médiatique, l’homme mis en cause par Sandra Muller avait préféré garder le silence, avant de faire le choix de s’exprimer, deux mois plus tard, dans une tribune publiée par le journal le Monde pour réclamer « le droit à la vérité et à la nuance » et présenter ses excuses. « J’ai effectivement tenu des propos déplacés envers Sandra Muller, lors d’un cocktail arrosé très tard dans une soirée, mais à une seule reprise. Elle me plaisait. Je le lui ai dit, lourdement. Et une seule fois, je tiens à le préciser. Je ne veux certainement pas me disculper de ma goujaterie d’alors. Je lui réitère ici mes excuses. » Aujourd’hui, le plaignant réclame 50 000 euros de dommages et intérêts et la suppression du tweet dans lequel son nom apparaît. « #Balancetonporc est un appel à la délation et c’est une délation mensongère », insiste maître Burguburu.

    « Quelle mouche a piqué M. Brion pour qu’il change à ce point de stratégie ? » s’offusque de son côté Francis Szpiner, l’un des avocats de Sandra Muller, contacté par Libération. « M. Brion a reconnu avoir eu un comportement grossier et blâmable envers ma cliente. Au lieu de se faire discret, il l’attaque en justice. Ce procès est une "baupinade" ! » « Baupinade » en référence à Denis Baupin, l’ancien député écologiste qui avait décidé d’attaquer en diffamation six femmes l’accusant de harcèlement et d’agressions sexuelles. Et qui avait perdu en avril.

  • Aux États-Unis, 60% des managers hommes ont peur de travailler avec des femmes | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/177441/managers-hommes-peur-travailler-femmes-metoo-sexisme-etats-unis

    Un an et demi après le début du mouvement #MeToo, les organismes LeanIn.org et SurveyMonkey viennent de publier une étude sur les relations entre hommes et femmes sur leur lieu de travail dans les mois ayant suivi cette vague de libération de la parole. 5.182 employé·es de plus de 18 ans –2.421 hommes et 2.761 femmes– ont été interrogé·es à travers les États-Unis en février 2019.

    Les résultats sont sans appel : 60% des supérieurs masculins se disent mal à l’aise dans la collaboration, la socialisation ou l’interaction avec des collègues féminines. Une augmentation de 32% par rapport à l’an dernier. Les hommes interrogés déclarent avoir peur que leur comportement soit jugé inconvenant ou d’être accusés à tort de harcèlement ou d’agression sexuelle. En parallèle, le harcèlement sexuel reste omniprésent sur le lieu de travail, 57% des femmes déclarant en avoir été victimes depuis le début de leur carrière.

    Environ 50% des hommes affirment que les conséquences des plaintes de harcèlement sexuel sont plus dommageables pour la carrière des harceleurs que pour celle des victimes, tandis que 64% des femmes assurent que les victimes finissent par payer un prix plus élevé.

    Selon l’étude, les managers hommes se sentent moins sur la défensive en présence de collègues juniors masculins que féminines. Depuis #MeToo, les hommes se déclarent ainsi plus susceptibles d’hésiter à avoir des réunions individuelles avec une subordonnée, à voyager avec elle pour le travail, ou à faire un dîner de travail en sa compagnie. Le rapport note pourtant que 82% des salarié·es affirment que leur direction ne décourage pas les interactions et la socialisation entre collègues de sexe différent.

    Cette méfiance généralisée risque bien d’entraver encore un peu plus la progression des femmes dans les sphères professionnelles. Aux États-Unis, les femmes ont beau représenter 47% de la population active, on ne compte que 5% de dirigeantes parmi les hiérarchies des 500 plus grandes entreprises américaines. En tout, les États-Unis perdent plus de 2.000 milliards de dollars de PIB en raison des inégalités entre les sexes. À l’échelle mondiale, les femmes représentent 50% de la population et seulement 12% des personnes les plus riches.

    Il y a tout de même quelques progrès à relever. D’après l’étude, #MeToo semble avoir incité les entreprises à redoubler d’efforts en matière de gestion et de prévention des cas de harcèlement sexuel. En 2018, seules 46% des personnes interrogées déclaraient que leur entreprise avait pris des mesures pour lutter contre le harcèlement. Cette année, elles sont 70%.

    Parmi les employé·es dont le lieu de travail a adopté des mesures au cours des deux dernières années, 72% estiment que les changements ont réduit la probabilité de harcèlement sexuel et 76% pensent qu’ils ont amélioré la probabilité qu’un incident de harcèlement soit traité adéquatement.

    #backlash #domination_masculine #travail #discrimination #fraternité #déni

  • La « révolte féministe » passe aussi par la Corée du Sud
    https://www.mediapart.fr/journal/international/130519/la-revolte-feministe-passe-aussi-par-la-coree-du-sud

    La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a récemment décidé de mettre fin à la criminalisation de l’avortement, en vigueur depuis 1953. Une décision historique, saluée par les militantes féministes. Elles ne manquent pas de combats à mener, dans une société encore très patriarcale.

    #GENRE ##metoo,_IVG,_Corée_du_sud,_droit_des_femmes,_inégalités_de_genre

  • En 2005, l’affaire Brisseau : bien avant #metoo, un procès toujours unique en son genre | Mathilde Blottière
    https://www.telerama.fr/cinema/en-2005,-laffaire-brisseau-bien-avant-metoo,-un-proces-toujours-unique-en-s

    Le 15 décembre 2005, le réalisateur Jean-Claude Brisseau, qui vient de mourir à l’âge de 74 ans, était condamné pour harcèlement sexuel à l’encontre de deux comédiennes à qui il avait fait subir des essais “érotiques”. Source : Télérama.fr

  • Who Was Shakespeare? Could the Author Have Been a Woman? - The Atlantic
    https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2019/06/who-is-shakespeare-emilia-bassano/588076

    On a spring night in 2018, I stood on a Manhattan sidewalk with friends, reading Shakespeare aloud. We were in line to see an adaptation of Macbeth and had decided to pass the time refreshing our memories of the play’s best lines. I pulled up Lady Macbeth’s soliloquy on my iPhone. “Come, you spirits / That tend on mortal thoughts, unsex me here,” I read, thrilled once again by the incantatory power of the verse. I remembered where I was when I first heard those lines: in my 10th-grade English class, startled out of my adolescent stupor by this woman rebelling magnificently and malevolently against her submissive status. “Make thick my blood, / Stop up th’ access and passage to remorse.” Six months into the #MeToo movement, her fury and frustration felt newly resonant.

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    Pulled back into plays I’d studied in college and graduate school, I found myself mesmerized by Lady Macbeth and her sisters in the Shakespeare canon. Beatrice, in Much Ado About Nothing, raging at the limitations of her sex (“O God, that I were a man! I would eat his heart in the marketplace”). Rosalind, in As You Like It, affecting the swagger of masculine confidence to escape those limitations (“We’ll have a swashing and a martial outside, / As many other mannish cowards have / That do outface it with their semblances”). Isabella, in Measure for Measure, fearing no one will believe her word against Angelo’s, rapist though he is (“To whom should I complain? Did I tell this, / Who would believe me?”). Kate, in The Taming of the Shrew, refusing to be silenced by her husband (“My tongue will tell the anger of my heart, / Or else my heart concealing it will break”). Emilia, in one of her last speeches in Othello before Iago kills her, arguing for women’s equality (“Let husbands know / Their wives have sense like them”).
    I was reminded of all the remarkable female friendships, too: Beatrice and Hero’s allegiance; Emilia’s devotion to her mistress, Desdemona; Paulina’s brave loyalty to Hermione in The Winter’s Tale; and plenty more. (“Let’s consult together against this greasy knight,” resolve the merry wives of Windsor, revenging themselves on Falstaff.) These intimate female alliances are fresh inventions—they don’t exist in the literary sources from which many of the plays are drawn. And when the plays lean on historical sources (Plutarch, for instance), they feminize them, portraying legendary male figures through the eyes of mothers, wives, and lovers. “Why was Shakespeare able to see the woman’s position, write entirely as if he were a woman, in a way that none of the other playwrights of the age were able to?” In her book about the plays’ female characters, Tina Packer, the founding artistic director of Shakespeare & Company, asked the question very much on my mind.

    Doubts about whether William Shakespeare (who was born in Stratford-upon-Avon in 1564 and died in 1616) really wrote the works attributed to him are almost as old as the writing itself. Alternative contenders—Francis Bacon; Christopher Marlowe; and Edward de Vere, the 17th earl of Oxford, prominent among them—continue to have champions, whose fervor can sometimes border on fanaticism. In response, orthodox Shakespeare scholars have settled into dogmatism of their own. Even to dabble in authorship questions is considered a sign of bad faith, a blinkered failure to countenance genius in a glover’s son. The time had come, I felt, to tug at the blinkers of both camps and reconsider the authorship debate: Had anyone ever proposed that the creator of those extraordinary women might be a woman? Each of the male possibilities requires an elaborate theory to explain his use of another’s name. None of the candidates has succeeded in dethroning the man from Stratford. Yet a simple reason would explain a playwright’s need for a pseudonym in Elizabethan England: being female.
    Who was this woman writing “immortal work” in the same year that Shakespeare’s name first appeared in print?

    Long before Tina Packer marveled at the bard’s uncanny insight, others were no less awed by the empathy that pervades the work. “One would think that he had been Metamorphosed from a Man to a Woman,” wrote Margaret Cavendish, the 17th-century philosopher and playwright. The critic John Ruskin said, “Shakespeare has no heroes—he has only heroines.” A striking number of those heroines refuse to obey rules. At least 10 defy their fathers, bucking betrothals they don’t like to find their own paths to love. Eight disguise themselves as men, outwitting patriarchal controls—more gender-swapping than can be found in the work of any previous English playwright. Six lead armies.

    The prevailing view, however, has been that no women in Renaissance England wrote for the theater, because that was against the rules. Religious verse and translation were deemed suitable female literary pursuits; “closet dramas,” meant only for private reading, were acceptable. The stage was off-limits. Yet scholars have lately established that women were involved in the business of acting companies as patrons, shareholders, suppliers of costumes, and gatherers of entrance fees. What’s more, 80 percent of the plays printed in the 1580s were written anonymously, and that number didn’t fall below 50 percent until the early 1600s. At least one eminent Shakespeare scholar, Phyllis Rackin, of the University of Pennsylvania, challenges the blanket assumption that the commercial drama pouring forth in the period bore no trace of a female hand. So did Virginia Woolf, even as she sighed over the obstacles that would have confronted a female Shakespeare: “Undoubtedly, I thought, looking at the shelf where there are no plays by women, her work would have gone unsigned.”

    A tantalizing nudge lies buried in the writings of Gabriel Harvey, a well-known Elizabethan literary critic. In 1593, he referred cryptically to an “excellent Gentlewoman” who had written three sonnets and a comedy. “I dare not Particularise her Description,” he wrote, even as he heaped praise on her.

    All her conceits are illuminate with the light of Reason; all her speeches beautified with the grace of Affability … In her mind there appeareth a certain heavenly Logic; in her tongue & pen a divine Rhetoric … I dare undertake with warrant, whatsoever she writeth must needs remain an immortal work, and will leave, in the activest world, an eternal memory of the silliest vermin that she should vouchsafe to grace with her beautiful and allective style, as ingenious as elegant.

    Who was this woman writing “immortal work” in the same year that Shakespeare’s name first appeared in print, on the poem “Venus and Adonis,” a scandalous parody of masculine seduction tales (in which the woman forces herself on the man)? Harvey’s tribute is extraordinary, yet orthodox Shakespeareans and anti-Stratfordians alike have almost entirely ignored it.

    Until recently, that is, when a few bold outliers began to advance the case that Shakespeare might well have been a woman. One candidate is Mary Sidney, the countess of Pembroke (and beloved sister of the celebrated poet Philip Sidney)—one of the most educated women of her time, a translator and poet, and the doyenne of the Wilton Circle, a literary salon dedicated to galvanizing an English cultural renaissance. Clues beckon, not least that Sidney and her husband were the patrons of one of the first theater companies to perform Shakespeare’s plays. Was Shakespeare’s name useful camouflage, allowing her to publish what she otherwise couldn’t?
    Shakespeare’s life is remarkably well documented—yet no records from his lifetime identify him unequivocally as a writer.

    But the candidate who intrigued me more was a woman as exotic and peripheral as Sidney was pedigreed and prominent. Not long after my Macbeth outing, I learned that Shakespeare’s Globe, in London, had set out to explore this figure’s input to the canon. The theater’s summer 2018 season concluded with a new play, Emilia, about a contemporary of Shakespeare’s named Emilia Bassano. Born in London in 1569 to a family of Venetian immigrants—musicians and instrument-makers who were likely Jewish—she was one of the first women in England to publish a volume of poetry (suitably religious yet startlingly feminist, arguing for women’s “Libertie” and against male oppression). Her existence was unearthed in 1973 by the Oxford historian A. L. Rowse, who speculated that she was Shakespeare’s mistress, the “dark lady” described in the sonnets. In Emilia, the playwright Morgan Lloyd Malcolm goes a step further: Her Shakespeare is a plagiarist who uses Bassano’s words for Emilia’s famous defense of women in Othello.

    Could Bassano have contributed even more widely and directly? The idea felt like a feminist fantasy about the past—but then, stories about women’s lost and obscured achievements so often have a dreamlike quality, unveiling a history different from the one we’ve learned. Was I getting carried away, reinventing Shakespeare in the image of our age? Or was I seeing past gendered assumptions to the woman who—like Shakespeare’s heroines—had fashioned herself a clever disguise? Perhaps the time was finally ripe for us to see her.

    The ranks of Shakespeare skeptics comprise a kind of literary underworld—a cross-disciplinary array of academics, actors (Derek Jacobi and Mark Rylance are perhaps the best known), writers, teachers, lawyers, a few Supreme Court justices (Sandra Day O’Connor, Antonin Scalia, John Paul Stevens). Look further back and you’ll find such illustrious names as Ralph Waldo Emerson, Walt Whitman, Mark Twain, Henry James, Sigmund Freud, Helen Keller, and Charlie Chaplin. Their ideas about the authorship of the plays and poems differ, but they concur that Shakespeare is not the man who wrote them.

    Their doubt is rooted in an empirical conundrum. Shakespeare’s life is remarkably well documented, by the standards of the period—yet no records from his lifetime identify him unequivocally as a writer. The more than 70 documents that exist show him as an actor, a shareholder in a theater company, a moneylender, and a property investor. They show that he dodged taxes, was fined for hoarding grain during a shortage, pursued petty lawsuits, and was subject to a restraining order. The profile is remarkably coherent, adding up to a mercenary impresario of the Renaissance entertainment industry. What’s missing is any sign that he wrote.

    From January 1863: Nathaniel Hawthorne considers authorship while visiting Stratford-upon-Avon

    No such void exists for other major writers of the period, as a meticulous scholar named Diana Price has demonstrated. Many left fewer documents than Shakespeare did, but among them are manuscripts, letters, and payment records proving that writing was their profession. For example, court records show payment to Ben Jonson for “those services of his wit & pen.” Desperate to come up with comparable material to round out Shakespeare, scholars in the 18th and 19th centuries forged evidence—later debunked—of a writerly life.

    To be sure, Shakespeare’s name can be found linked, during his lifetime, to written works. With Love’s Labour’s Lost, in 1598, it started appearing on the title pages of one-play editions called “quartos.” (Several of the plays attributed to Shakespeare were first published anonymously.) Commentators at the time saluted him by name, praising “Shakespeare’s fine filed phrase” and “honey-tongued Shakespeare.” But such evidence proves attribution, not actual authorship—as even some orthodox Shakespeare scholars grant. “I would love to find a contemporary document that said William Shakespeare was the dramatist of Stratford-upon-Avon written during his lifetime,” Stanley Wells, a professor emeritus at the University of Birmingham’s Shakespeare Institute, has said. “That would shut the buggers up!”
    FROM THE ARCHIVES
    October 1991 Atlantic cover

    In 1991, The Atlantic commissioned two pieces from admittedly partisan authors, Irving Matus and Tom Bethell, to examine and debate the argument:
    In Defense of Shakespeare
    The Case for Oxford

    By contrast, more than a few of Shakespeare’s contemporaries are on record suggesting that his name got affixed to work that wasn’t his. In 1591, the dramatist Robert Greene wrote of the practice of “underhand brokery”—of poets who “get some other Batillus to set his name to their verses.” (Batillus was a mediocre Roman poet who claimed some of Virgil’s verses as his own.) The following year, he warned fellow playwrights about an “upstart Crow, beautified with our feathers,” who thinks he is the “onely Shake-scene in a countrey.” Most scholars agree that the “Crow” is Shakespeare, then an actor in his late 20s, and conclude that the new-hatched playwright was starting to irk established figures. Anti-Stratfordians see something else: In Aesop’s fables, the crow was a proud strutter who stole the feathers of others; Horace’s crow, in his epistles, was a plagiarist. Shakespeare was being attacked, they say, not as a budding dramatist, but as a paymaster taking credit for others’ work. “Seeke you better Maisters,” Greene advised, urging his colleagues to cease writing for the Crow.

    Ben Jonson, among others, got in his digs, too. Scholars agree that the character of Sogliardo in Every Man Out of His Humour—a country bumpkin “without brain, wit, anything, indeed, ramping to gentility”—is a parody of Shakespeare, a social climber whose pursuit of a coat of arms was common lore among his circle of actors. In a satirical poem called “On Poet-Ape,” Jonson was likely taking aim at Shakespeare the theater-world wheeler-dealer. This poet-ape, Jonson wrote, “from brokage is become so bold a thief,”

    At first he made low shifts, would pick and glean,
    Buy the reversion of old plays; now grown
    To a little wealth, and credit in the scene,
    He takes up all, makes each man’s wit his own

    What to make of the fact that Jonson changed his tune in the prefatory material that he contributed to the First Folio of plays when it appeared seven years after Shakespeare’s death? Jonson’s praise there did more than attribute the work to Shakespeare. It declared his art unmatched: “He was not of an age, but for all time!” The anti-Stratfordian response is to note the shameless hype at the heart of the Folio project. “Whatever you do, Buy,” the compilers urged in their dedication, intent on a hard sell for a dramatist who, doubters emphasize, was curiously unsung at his death. The Folio’s introductory effusions, they argue, contain double meanings. Jonson tells readers, for example, to find Shakespeare not in his portrait “but his Booke,” seeming to undercut the relation between the man and the work. And near the start of his over-the-top tribute, Jonson riffs on the unreliability of extravagant praise, “which doth ne’er advance / The truth.”

    From September 1904: Ralph Waldo Emerson celebrates Shakespeare

    The authorship puzzles don’t end there. How did the man born in Stratford acquire the wide-ranging knowledge on display in the plays—of the Elizabethan court, as well as of multiple languages, the law, astronomy, music, the military, and foreign lands, especially northern Italian cities? The author’s linguistic brilliance shines in words and sayings imported from foreign vocabularies, but Shakespeare wasn’t educated past the age of 13. Perhaps he traveled, joined the army, worked as a tutor, or all three, scholars have proposed. Yet no proof exists of any of those experiences, despite, as the Oxford historian Hugh Trevor-Roper pointed out in an essay, “the greatest battery of organized research that has ever been directed upon a single person.”
    Emilia Bassano’s life encompassed the breadth of the Shakespeare canon: its low-class references and knowledge of the court; its Italian sources and Jewish allusions; its music and feminism.

    In fact, a document that does exist—Shakespeare’s will—would seem to undercut such hypotheses. A wealthy man when he retired to Stratford, he was meticulous about bequeathing his properties and possessions (his silver, his second-best bed). Yet he left behind not a single book, though the plays draw on hundreds of texts, including some—in Italian and French—that hadn’t yet been translated into English. Nor did he leave any musical instruments, though the plays use at least 300 musical terms and refer to 26 instruments. He remembered three actor-owners in his company, but no one in the literary profession. Strangest of all, he made no mention of manuscripts or writing. Perhaps as startling as the gaps in his will, Shakespeare appears to have neglected his daughters’ education—an incongruity, given the erudition of so many of the playwright’s female characters. One signed with her mark, the other with a signature a scholar has called “painfully formed.”

    “Weak and unconvincing” was Trevor-Roper’s verdict on the case for Shakespeare. My delving left me in agreement, not that the briefs for the male alternatives struck me as compelling either. Steeped in the plays, I felt their author would surely join me in bridling at the Stratfordians’ unquestioning worship at the shrine—their arrogant dismissal of skeptics as mere deluded “buggers,” or worse. (“Is there any more fanatic zealot than the priest-like defender of a challenged creed?” asked Richmond Crinkley, a former director of programs at the Folger Shakespeare Library who was nonetheless sympathetic to the anti-Stratfordian view.) To appreciate how belief blossoms into fact—how readily myths about someone get disseminated as truth—one can’t do better than to read Shakespeare. Just think of how obsessed the work is with mistaken identities, concealed women, forged and anonymous documents—with the error of trusting in outward appearances. What if searchers for the real Shakespeare simply haven’t set their sights on the right pool of candidates?

    Read: An interview with the author of ‘The Shakespeare Wars’

    I met Emilia Bassano’s most ardent champion at Alice’s Tea Cup, which seemed unexpectedly apt: A teahouse on Manhattan’s Upper West Side, it has quotes from Alice in Wonderland scrawled across the walls. (“off with their heads!”) John Hudson, an Englishman in his 60s who pursued a degree at the Shakespeare Institute in a mid-career swerve, had been on the Bassano case for years, he told me. In 2014, he published Shakespeare’s Dark Lady: Amelia Bassano Lanier, the Woman Behind Shakespeare’s Plays? His zeal can sometimes get the better of him, yet he emphasizes that his methods and findings are laid out “for anyone … to refute if they wish.” Like Alice’s rabbit hole, Bassano’s case opened up new and richly disorienting perspectives—on the plays, on the ways we think about genius and gender, and on a fascinating life.

    Hudson first learned of Bassano from A. L. Rowse, who discovered mention of her in the notebooks of an Elizabethan physician and astrologer named Simon Forman. In her teens, she became the mistress of Henry Carey, Lord Hunsdon, the master of court entertainment and patron of Shakespeare’s acting company. And that is only the start. Whether or not Bassano was Shakespeare’s lover (scholars now dismiss Rowse’s claim), the discernible contours of her biography supply what the available material about Shakespeare’s life doesn’t: circumstantial evidence of opportunities to acquire an impressive expanse of knowledge.

    Bassano lived, Hudson points out, “an existence on the boundaries of many different social worlds,” encompassing the breadth of the Shakespeare canon: its coarse, low-class references and its intimate knowledge of the court; its Italian sources and its Jewish allusions; its music and its feminism. And her imprint, as Hudson reads the plays, extends over a long period. He notes the many uses of her name, citing several early on—for instance, an Emilia in The Comedy of Errors. (Emilia, the most common female name in the plays alongside Katherine, wasn’t used in the 16th century by any other English playwright.) Titus Andronicus features a character named Bassianus, which was the original Roman name of Bassano del Grappa, her family’s hometown before their move to Venice. Later, in The Merchant of Venice, the romantic hero is a Venetian named Bassanio, an indication that the author perhaps knew of the Bassanos’ connection to Venice. (Bassanio is a spelling of their name in some records.)

    Further on, in Othello, another Emilia appears—Iago’s wife. Her famous speech against abusive husbands, Hudson notes, doesn’t show up until 1623, in the First Folio, included among lines that hadn’t appeared in an earlier version (lines that Stratfordians assume—without any proof—were written before Shakespeare’s death). Bassano was still alive, and by then had known her share of hardship at the hands of men. More to the point, she had already spoken out, in her 1611 book of poetry, against men who “do like vipers deface the wombs wherein they were bred.”

    Prodded by Hudson, you can discern traces of Bassano’s own life trajectory in particular works across the canon. In All’s Well That Ends Well, a lowborn girl lives with a dowager countess and a general named Bertram. When Bassano’s father, Baptista, died in 1576, Emilia, then 7, was taken in by Susan Bertie, the dowager countess of Kent. The countess’s brother, Peregrine Bertie, was—like the fictional Bertram—a celebrated general. In the play, the countess tells how a father “famous … in his profession” left “his sole child … bequeathed to my overlooking. I have those hopes of her good that her education promises.” Bassano received a remarkable humanist education with the countess. In her book of poetry, she praised her guardian as “the Mistris of my youth, / The noble guide of my ungovern’d dayes.”
    Bassano’s life sheds possible light on the plays’ preoccupation with women caught in forced or loveless marriages.

    As for the celebrated general, Hudson seizes on the possibility that Bassano’s ears, and perhaps eyes, were opened by Peregrine Bertie as well. In 1582, Bertie was named ambassador to Denmark by the queen and sent to the court at Elsinore—the setting of Hamlet. Records show that the trip included state dinners with Rosencrantz and Guildenstern, whose names appear in the play. Because emissaries from the same two families later visited the English court, the trip isn’t decisive, but another encounter is telling: Bertie met with the Danish astronomer Tycho Brahe, whose astronomical theories influenced the play. Was Bassano (then just entering her teens) on the trip? Bertie was accompanied by a “whole traine,” but only the names of important gentlemen are recorded. In any case, Hudson argues, she would have heard tales on his return.

    Later, as the mistress of Henry Carey (43 years her senior), Bassano gained access to more than the theater world. Carey, the queen’s cousin, held various legal and military positions. Bassano was “favoured much of her Majesty and of many noblemen,” the physician Forman noted, indicating the kind of extensive aristocratic associations that only vague guesswork can accord to Shakespeare. His company didn’t perform at court until Christmas of 1594, after several of the plays informed by courtly life had already been written. Shakespeare’s history plays, concerned as they are with the interactions of the governing class, presume an insider perspective on aristocratic life. Yet mere court performances wouldn’t have enabled such familiarity, and no trace exists of Shakespeare’s presence in any upper-class household.

    And then, in late 1592, Bassano (now 23) was expelled from court. She was pregnant. Carey gave her money and jewels and, for appearance’s sake, married her off to Alphonso Lanier, a court musician. A few months later, she had a son. Despite the glittering dowry, Lanier must not have been pleased. “Her husband hath dealt hardly with her,” Forman wrote, “and spent and consumed her goods.”

    Bassano was later employed in a noble household, probably as a music tutor, and roughly a decade after that opened a school. Whether she accompanied her male relatives—whose consort of recorder players at the English court lasted 90 years—on their trips back to northern Italy isn’t known. But the family link to the home country offers support for the fine-grained familiarity with the region that (along with in-depth musical knowledge) any plausible candidate for authorship would seem to need—just what scholars have had to strain to establish for Shakespeare. (Perhaps, theories go, he chatted with travelers or consulted books.) In Othello, for example, Iago gives a speech that precisely describes a fresco in Bassano del Grappa—also the location of a shop owned by Giovanni Otello, a likely source of the title character’s name.

    Her Bassano lineage—scholars suggest the family were conversos, converted or hidden Jews presenting as Christians—also helps account for the Jewish references that scholars of the plays have noted. The plea in The Merchant of Venice for the equality and humanity of Jews, a radical departure from typical anti-Semitic portrayals of the period, is well known. “Hath not a Jew hands, organs, dimensions, senses, affections, passions?” Shylock asks. “If you prick us, do we not bleed?” A Midsummer Night’s Dream draws from a passage in the Talmud about marriage vows; spoken Hebrew is mixed into the nonsense language of All’s Well That Ends Well.
    Stephen Doyle

    What’s more, the Bassano family’s background suggests a source close to home for the particular interest in dark figures in the sonnets, Othello, and elsewhere. A 1584 document about the arrest of two Bassano men records them as “black”—among Elizabethans, the term could apply to anyone darker than the fair-skinned English, including those with a Mediterranean complexion. (The fellows uttered lines that could come straight from a comic interlude in the plays: “We have as good friends in the court as thou hast and better too … Send us to ward? Thou wert as good kiss our arse.”) In Love’s Labour’s Lost, the noblemen derisively compare Rosaline, the princess’s attendant, to “chimney-sweepers” and “colliers” (coal miners). The king joins in, telling Berowne, who is infatuated with her, “Thy love is black as ebony,” to which the young lord responds, “O wood divine!”

    Bassano’s life sheds possible light, too, on another outsider theme: the plays’ preoccupation with women caught in forced or loveless marriages. Hudson sees her misery reflected in the sonnets, thought to have been written from the early 1590s to the early 1600s. “When, in disgrace with fortune and men’s eyes, / I all alone beweep my outcast state, /And trouble deaf heaven with my bootless cries, /And look upon myself and curse my fate,” reads sonnet 29. (When Maya Angelou first encountered the poem as a child, she thought Shakespeare must have been a black girl who had been sexually abused: “How else could he know what I know?”) For Shakespeare, those years brought a rise in status: In 1596, he was granted a coat of arms, and by 1597, he was rich enough to buy the second-largest house in Stratford.

    Read: What Maya Angelou meant when she said ‘Shakespeare must be a black girl’

    In what is considered an early or muddled version of The Taming of the Shrew, a man named Alphonso (as was Bassano’s husband) tries to marry off his three daughters, Emilia, Kate, and Philema. Emilia drops out in the later version, and the father is now called Baptista (the name of Bassano’s father). As a portrait of a husband dealing “hardly” with a wife, the play is horrifying. Yet Kate’s speech of submission, with its allusions to the Letters of Paul, is slippery: Even as she exaggeratedly parrots the Christian doctrine of womanly subjection, she is anything but dutifully silent.

    Shakespeare’s women repeatedly subvert such teachings, perhaps most radically in The Winter’s Tale, another drama of male cruelty. There the noblewoman Paulina, scorned by King Leontes as “a most intelligencing bawd” with a “boundless tongue,” bears fierce witness against him (no man dares to) when he wrongly accuses Queen Hermione of adultery and imprisons her. As in so many of the comedies, a more enlightened society emerges in the end because the women’s values triumph.

    I was stunned to realize that the year The Winter’s Tale was likely completed, 1611, was the same year Bassano published her book of poetry, Salve Deus Rex Judæorum. Her writing style bears no obvious resemblance to Shakespeare’s in his plays, though Hudson strains to suggest similarities. The overlap lies in the feminist content. Bassano’s poetry registers as more than conventional religious verse designed to win patronage (she dedicates it to nine women, Mary Sidney included, fashioning a female literary community). Scholars have observed that it reads as a “transgressive” defense of Eve and womankind. Like a cross-dressing Shakespearean heroine, Bassano refuses to play by the rules, heretically reinterpreting scripture. “If Eve did err, it was for knowledge sake,” she writes. Arguing that the crucifixion, a crime committed by men, was a greater crime than Eve’s, she challenges the basis of men’s “tyranny” over women.

    “I always feel something Italian, something Jewish about Shakespeare,” Jorge Luis Borges told The Paris Review in 1966. “Perhaps Englishmen admire him because of that, because it’s so unlike them.” Borges didn’t mention feeling “something female” about the bard, yet that response has never ceased to be part of Shakespeare’s allure—embodiment though he is of the patriarchal authority of the Western canon. What would the revelation of a woman’s hand at work mean, aside from the loss of a prime tourist attraction in Stratford-upon-Avon? Would the effect be a blow to the cultural patriarchy, or the erosion of the canon’s status? Would (male) myths of inexplicable genius take a hit? Would women at last claim their rightful authority as historical and intellectual forces?

    I was curious to take the temperature of the combative authorship debate as women edge their way into it. Over more tea, I tested Hudson’s room for flexibility. Could the plays’ many connections to Bassano be explained by simply assuming the playwright knew her well? “Shakespeare would have had to run to her every few minutes for a musical reference or an Italian pun,” he said. I caught up with Mark Rylance, the actor and former artistic director of the Globe, in the midst of rehearsals for Othello (whose plot, he noted, comes from an Italian text that didn’t exist in English). A latitudinarian doubter—embracing the inquiry, not any single candidate—Rylance has lately observed that the once heretical notion of collaboration between Shakespeare and other writers “is now accepted, pursued and published by leading orthodox scholars.” He told me that “Emilia should be studied by anyone interested in the creation of the plays.” David Scott Kastan, a well-known Shakespeare scholar at Yale, urged further exploration too, though he wasn’t ready to anoint her bard. “What’s clear is that it’s important to know more about her,” he said, and even got playful with pronouns: “The more we know about her and the world she lived in, the more we’ll know about Shakespeare, whoever she was.”
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    In the fall, I joined the annual meeting of the Shakespeare Authorship Trust—a gathering of skeptics at the Globe—feeling excited that gender would be at the top of the agenda. Some eyebrows were raised even in this company, but enthusiasm ran high. “People have been totally frustrated with authorship debates that go nowhere, but that’s because there have been 200 years of bad candidates,” one participant from the University of Toronto exclaimed. “They didn’t want to see women in this,” he reflected. “It’s a tragedy of history.”

    He favored Sidney. Others were eager to learn about Bassano, and with collaboration in mind, I wondered whether the two women had perhaps worked together, or as part of a group. I thought of Bassano’s Salve Deus, in which she writes that men have wrongly taken credit for knowledge: “Yet Men will boast of Knowledge, which he tooke / From Eve’s faire hand, as from a learned Booke.”

    The night after the meeting, I went to a performance of Antony and Cleopatra at the National Theatre. I sat enthralled, still listening for the poet in her words, trying to catch her reflection in some forgotten bit of verse. “Give me my robe, put on my crown,” cried the queen, “I have / Immortal longings in me.” There she was, kissing her ladies goodbye, raising the serpent to her breast. “I am fire and air.”

  • L’Obs et #MeToo : « Chacun voit ce qu’il veut dans une image » - Par La rédaction | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/lobs-et-metoo-chacun-voit-ce-quil-veut-dans-une-image
    #sexisme en action dans cette emission ASI avec un invité artiste completement stupide qui ne comprend rien à ce qu’il fait et un macho du nouvel obs qui ne voie pas le problème à déturné les images d’un photographe pour en faire un discours masculiniste sur le déclin de la virilité.

  • Enregistrement - Opus 2
    http://www.radiopanik.org/emissions/le-monde-est-ici/-metoo

    En 2017 Le New Yorker et le New York Times révelait avec des articles circanstanciés comment et de par sa position de pouvoir à Hollywood, Harvey Weinstein avait harcelés et abusées des actrices, collaboratrices et mannequins. Un véritable système de prédation sexuelle qui bénéficia d’une totale immunité pendant des décénnies.

    Dans le sillage de ce scandale « naissait » le mouvement#Metoo.

    Révolution. Libération de la parole. plus rien ne sera comme avant.

    Deux ans après, où en sommes nous ?

    Invitées

    Zlatina Rousseva Directrice Artistique du Festival doculmentaire Millenium

    Angèle Baux Godard Actrice et autrice du spectacle "L"empreinte du vertige" Joué en Mars au Théâtre des Martyrs

    Grazyna Plebanek Journaliste, Ecrivaine dont le 7éme Roma « Furie » vient d’être traduit en France dans la (...)

    http://www.radiopanik.org/media/sounds/le-monde-est-ici/-metoo_06669__0.mp3

  • Le ballscratchingshaming, un tabou qu’elles refusent de briser
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1135

    Stop Ballscratching ! Nous avons reçu d’un certain Jules XY (sans doute un pseudonyme), un libelle ordurier, et qui, sous couvert d’« humour » s’en prend à la libération de la parole des femmes, à propos du ballscratching. Rien que ce nom de « Jules XY », nous avait alerté–e–s. Pourquoi pas Jean Naideux ou G. Abitboul, tant qu’on y est ! La suite, tout en balourdises et grossièretés, a confirmé notre intuition. Nous étions bel-les et bien face à un cas de harcèlement cybertextuel, dans le contexte de backlash après le mouvement #metoo. Dès lors nous avions un dilemme. Certes, nous aurions pu simplement nous taire devant cette éjaculation de haine – n’est-ce pas ce que font toujours les femmes et leurs ami-e-s, depuis la plus haute Antiquité ? Mais l’impunité aurait encouragé l’agresseur à la récidive. (...)

    #Faits_divers
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/le_ballscratchingshaming.pdf

  • « Les hommes se disent en crise mais ils possèdent 70 % des richesses mondiales et 80 % des terres de la planète ! » – Anti-K
    https://www.anti-k.org/2019/04/16/les-hommes-se-disent-en-crise-mais-ils-possedent-70-des-richesses-mondiales-

    L’identité masculine serait en péril, menacée par l’ « inquisition féministe » ou le « totalitarisme » de mouvements comme #metoo. C’est ce que répètent écrivains ou éditorialistes réactionnaires, jusqu’à des groupes haineux de « célibataires involontaires », se référant souvent à – ne rigolez pas – la virilité mythifiée des chasseurs préhistoriques. Ce discours ne date pas d’hier : il était déjà tenu dans la Rome antique ou à la fin du Moyen Âge, « dès que les femmes veulent s’affranchir des normes », nous explique Francis Dupuis-Déri, auteur de La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace. « La crise de la masculinité est une rhétorique politique visant à ré-affirmer la domination des hommes. » Entretien.

    Basta ! : Que disent ceux qui affirment qu’il y a une crise de la masculinité ?

    Francis Dupuis-Déri [1] : Les tenants de ce discours – que l’on peut croiser autant dans les grands médias, sur les forums internet que dans les discussions en famille – affirment que les hommes et les garçons vont mal, en tant qu’hommes, à cause de la féminisation de la société, et du féminisme en particulier. Il n’y aurait plus de modèles masculins. Les mères domineraient les pères. Parmi les symptômes de cette crise, on invoque les difficultés scolaires des garçons, le chômage des hommes, les difficultés des hommes à draguer des femmes, la violences des femmes contre les hommes, et tous ces suicides d’hommes poussés à bout par des femmes qui les ont rejetés. Il y a enfin le discours de certains groupes de pères séparés, qui affirment qu’ils vont mal à cause des tribunaux de la famille, qui seraient tous anti-pères.

    On apprend dans votre ouvrage que la crise de la masculinité sévit depuis très longtemps. Des hommes s’en plaignaient déjà dans la Rome antique. Puis en France et en Angleterre à la sortie du Moyen Âge, et ailleurs en Europe ensuite…

    J’ai été très étonné de découvrir, au cours de mes recherches, que la masculinité a toujours été en crise, et ce quelque soit le régime économique, culturel, religieux ou juridique. Dans la Rome antique par exemple, les femmes n’avaient pas de statut juridique autonome, elles appartenaient à leur père, puis à leur mari, au même titre que les esclaves. Elles n’avaient pas le droit d’occuper une fonction publique. Ce qui n’a pas empêché l’homme politique et écrivain Caton l’ancien, en 195 avant J.-C., de se sentir menacé par les femmes qui demandaient alors le droit de conduire des chars et de porter des vêtements colorés.
    En 195 avant J.-C., à Rome, Caton l’ancien se sent menacé par les femmes qui demandaient alors le droit de conduire des chars et de porter des vêtements colorés

    « Les femmes sont devenues si puissantes que notre indépendance est compromise à l’intérieur même de nos foyers, qu’elle est ridiculisée et foulée aux pieds en public », écrivait-il. Idem sous les régimes monarchistes européens de la fin du Moyen Âge. En France, où les femmes sont écartées du droit de monter sur le trône au 14ème siècle, les hommes s’inquiètent qu’elles portent des pantalons, ou se coupent les cheveux. En fait, il ne faut vraiment pas grand chose pour que les hommes se disent en crise. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont – prétendument – continuellement en crise….

    Les arguments fantaisistes ne manquent pas pour appuyer la thèse de la crise de la masculinité. Au Québec, les hommes seraient en crise à cause de leur défaite contre les Anglais. Aux États-unis à cause de la mécanisation. D’autres évoquent enfin la nostalgie du temps des cavernes…

    Parmi les mythes invoqués pour expliquer la crise de la masculinité, il y a effectivement celui de l’âge des cavernes, temps au cours duquel les femmes restaient chez elles, dans leurs grottes, pendant que les hommes allaient chasser. Certains ouvrages de psychologie – qui ont un grand succès – se réfèrent à cet âge des cavernes totalement mythifié, pour expliquer qu’il serait dans la nature des hommes de diriger leur famille et leur couple et même d’user de leur force. Cela expliquerait aussi pourquoi l’homme ne répond pas à sa conjointe quand il regarde le sport à la télévision : il concentre toute son attention sur le téléviseur comme son ancêtre lointain qui observait la savane à la recherche d’un mammouth. En France, on retrouve des références à l’âge des cavernes chez plusieurs polémistes. Alain Soral, parle par exemple de la « division primitive » sexuelle du travail. Éric Zemmour évoque « notre passé d’homme des cavernes », « notre bestialité », « notre virilité ».
    « Certains affirment que la vraie masculinité trouve son origine dans l’âge des cavernes et même dans la chasse au mammouth. Tout cela est ridicule et n’a aucune base scientifique »

    Au Québec, nous avons Yvon Dallaire, psychologue, qui affirme que la vraie masculinité trouve son origine dans l’âge des cavernes et même dans la chasse au mammouth. L’homme aurait appris à être silencieux en chassant le mammouth alors que la femme aurait développé l’art de la parole à l’époque où elle se terrait avec les enfants dans la caverne conjugale. Tout cela est ridicule et n’a aucune base scientifique. Les vestiges archéologiques ne disent rien de la division sexuelle du travail. Qui s’occupe des enfants ? Qui va à la chasse ? Comment sont prises les décisions ? Qui les prend ? Y a -t-il un vote ? On ne saura jamais. On se base sur nos modèles familiaux, et on projette.

    Vous défendez le fait que le discours sur la crise de la masculinité est un discours de dominants, et qu’un « état de crise » surgit à chaque fois qu’une domination est remise en question. Pouvez-vous préciser ?

    La crise de la masculinité est déclarée quand les femmes ne sont pas ce que l’on voudrait qu’elles soient. Quand elles sortent des normes vestimentaires par exemple, ou de coiffure, ou qu’elles décident d’exercer un métier que l’on voudrait réservé aux hommes. C’est une rhétorique politique de culpabilisation des femmes. De par leur non respect des normes, elles provoqueraient de la souffrance, de l’angoisse, de la panique chez les hommes. Ce qui met les hommes dans un tel état peut être tout à fait anodin, comme nous l’avons vu. C’est un discours qui est à rapprocher du masculinisme, qui est clairement un contre-mouvement face au féminisme qui milite pour la liberté et l’égalité des femmes et des hommes.

    Pourtant les faits sont têtus… Les hommes continuent de dominer largement les sphères politique, économique et culturelle. Cela y compris dans des sociétés présentées à tort comme « matriarcales »…

    On entend souvent parler du Québec comme d’une société matriarcale, où les femmes auraient pris le pouvoir. Historiquement, cela s’expliquerait par le fait que les hommes quittaient le domicile familial pendant de longues périodes pour de lointains chantiers de bûcheronnage, laissant leurs femmes gérer seule la maisonnée et développer leur pouvoir. Mais ces prétendues matriarches n’avaient pas de salaire, pas le droit de voter ni d’être élues, pas le droit de divorcer ni d’ouvrir un compte en banque. Les hommes possédaient les banques, les terres agricoles, les moulins, les scieries. Ils étaient maires et curés, médecins et journalistes. Les mères imposaient donc le matriarcat depuis leur cuisine ? C’est vraiment un aveuglement volontaire.
    « En 2016, le club select des milliardaires de la planète comptait 88% d’hommes »

    Encore aujourd’hui au Québec, ce sont les hommes qui commandent la police, les entreprises, les universités, et qui gagnent le plus d’argent. Le pays a été dirigé par 36 premiers ministres, dont 35 hommes. Même si les femmes ont gagné beaucoup d’avantages, notamment dans nos pays occidentaux et qu’elles sont désormais des sujets juridiques, les hommes restent largement avantagés et détiennent encore la majorité des postes de pouvoir. En 2016, le club select des milliardaires de la planète comptait 88% d’hommes. Environ 70% de toutes les richesses mondiales sont entre les mains des hommes, et ils possèdent environ 80 % des terres de la planète !

    Vous expliquez que les gens démunis et peu instruits sont les relais plus que les instigateurs de l’antiféminisme, lesquels sont plutôt blancs et fortunés. Est-ce que cette rhétorique de la crise de la masculinité ne renvoie pas, finalement, au vieux concept du bouc émissaire ?

    Si, bien sûr. Les hommes qui affirment qu’ils sont en crise ne sont pas nécessairement les plus misérables de la société, au contraire. Ils appartiennent plutôt à l’élite intellectuelle et économique. Ils diffusent cette idéologie qui est ensuite reprise par les hommes de classes sociales inférieures. On a vu cela aux États-Unis au moment de l’élection de Donald Trump, où les jeunes hommes blancs déclassés socialement auraient eu besoin de prendre leur revanche, en élisant un homme blanc leur promettant qu’ils allaient être pris en considération. Ce mouvement des jeunes hommes blancs en colère est apparu dans les années 1980 aux États-unis, où le président Ronald Reagan accusait d’ailleurs les femmes d’être responsables du chômage des hommes, en leur prenant un travail qui leur serait normalement destiné.
    « La rhétorique de la crise de la masculinité permet de faire porter la responsabilité de la détresse sociale, réelle, aux femmes ou encore aux immigrés »

    C’est une logique qui permet de faire porter la responsabilité de la détresse sociale, réelle, aux femmes ou encore aux immigrés. Il semblerait plus logique que ces hommes en détresse dirigent leur colère contre le patronat et les banquiers, l’élite politique ou même les chefs syndicaux trop modérés. Qui prend les décisions économiques aux États-unis, comme en France et partout ailleurs dans le monde ? Qui signe les traités commerciaux, qui décide de délocaliser la production industrielle et de fermer les usines ? Ce sont en grande majorité des hommes. Dans ces conditions, il semble pour le moins inapproprié d’accuser les femmes.

    Vous revenez également sur une insulte récurrente des tenants du discours de la masculinité : celle de « féminazie », pour désigner le mouvement féministe. Vous vous insurgez contre cette insulte, évoquant le fait que le terme de « mascunazi » serait plus approprié. Pourquoi ?

    C’est effectivement une insulte que l’on croise régulièrement. On traite aussi régulièrement les féministes de « menace totalitaire », ou génocidaire, établissant un parallèle avec les mouvements politiques les plus meurtriers du 20ème siècle. Les hommes seraient victimes de ce pseudo-totalitarisme féministe. C’est une insulte envers les victimes du nazisme, et envers les victimes des violences masculines qui meurent par centaines chaque année. C’est aussi une insulte absurde, puisque le féminisme est sans doute l’un des mouvements politiques les moins violents du monde. Alors même que les femmes étaient privées de tellement de droits – et qu’elles le sont encore dans bien des régions du monde –, elles n’ont jamais mené de lutte armée. Ailleurs dans le monde, si des êtres humains avaient été privés de tellement de droits, on aurait facilement compris qu’ils mènent une lutte violente.
    « Les hommes seraient victimes d’un pseudo-totalitarisme féministe. C’est une insulte envers les victimes des violences masculines qui meurent par centaines chaque année »

    De plus, les mouvements néo-nazis portent et diffusent le discours de la crise de la masculinité. Anders Behring Breivik, le terroriste norvégien d’extrême droite qui a perpétré les attentats d’Oslo et d’Utoya qui ont fait 77 morts et 151 blessés le 22 juillet 2011, faisait largement état dans son manifeste de sa haine des femmes et des féministes. Et il est entré au tribunal en faisant le geste nazi. Dans ces conditions le terme de « mascunazi » me semble tout à fait approprié. La crise de la masculinité est souvent mêlée à un discours raciste : les hommes efféminés ne seraient plus capables de défendre leur patrie et leurs enfants. Et les femmes, encore elles, ne font plus assez d’enfants. Résultat : on serait « envahis » par des « étrangers » qui, eux, font des enfants. Sexisme et racisme se font souvent écho et l’appel à enrayer le déclin de la nation ou de la race est souvent lancé du même souffle que l’appel à stopper le déclin des hommes.

    Vous évoquez enfin un discours de légitimation des violences faîtes aux femmes, lié à ce mythe de la crise de la masculinité. Pouvez-vous préciser ?

    Ces dix dernières années, on a assisté en Amérique du Nord à des crimes commis par des hommes se revendiquant des « incels », ces célibataires malgré eux [contraction du terme anglais involuntary celibate, ndlr], qui tuent des femmes parce que d’autres femmes ont refusé d’avoir des relations sexuelles avec eux. On sait l’importance de l’impunité et du soutien d’autres hommes dans le passage à l’acte violent. Si l’on se trouve au sein d’un groupe – amis, collègues, pairs – qui tiennent des propos misogynes, estimant que tel comportement des femmes mérite une baffe, on se sent légitime à commettre des violences. Et avec les plateformes web, cet effet est démultiplié. On se retrouve avec des réseaux de discussion de plusieurs milliers de personnes où ceux qui commettent des meurtres contre les femmes sont présentés comme des héros, et des sources d’inspiration qu’il faudrait suivre. Quand des incels commettent des meurtres de masse, ils sont présentés comme des héros. Et on a un autre meurtre de masse commis quatre ans plus tard par un autre homme, qui se revendique du précédent assassin. Il y a une influence, un encouragement mutuel.

    Slogan marketing présent dans les lessives de la marque Lenor (groupe Procter & Gamble) en 2009 / CC Laurent Neyssensas

    Par ailleurs, la violence physique et sexuelle des hommes contre les femmes et les enfants est considérée comme un symptôme de la crise, car elle démontrerait que les hommes sont incapables d’autodiscipline et que la masculinité est hors de contrôle. C’est souvent ce discours qui est repris pour expliquer les meurtres conjugaux. Comme l’ont montré des universitaires féministes comme Mélissa Blais et Patrizia Romito, la psychologisation de la violence des hommes contre les femmes permet de la présenter comme une perte de contrôle de ces hommes en crise, alors qu’il s’agit en réalité d’une prise de contrôle et d’une ré-affirmation de la domination masculine [2].

    Propos recueillis par Nolwenn Weiler

  • Les femmes qui savent et les hommes qui séduisent
    https://nantes.indymedia.org/articles/45406

    J’entends partout dire que « les choses ont beaucoup changé » depuis #MeToo. Des journalistes me demandent de confirmer ce fait, bien certains que je vais faire preuve d’un enthousiasme démesuré. C’est si bien me connaître.1. Je ne suis pas sociologue2. Si j’étais sociologue et que je disais, moins d’un an après le lancement d’un mouvement qui n’a pas été étudié, que « les choses ont changé » je serais une mauvaise sociologue.

    #Resistances #-ismes #en #tout #genres #_anarch-fémin #Resistances,-ismes,en,tout,genres,_anarch-fémin…

  • Women’s Homicidal Rage Is All Over TV—and It’s Funny | WIRED

    https://www.wired.com/story/womens-homicidal-rage-tv

    Women, in America’s traditional view, are moral creatures. Justice and Liberty? Ladies both. Since ousting the Red Coats, American politicians have been lionizing “the republican mother”: a woman who stays within the domestic sphere, but shapes her country by instilling her inherent virtues in young patriots. Killing Eve’s hilariously brutal assassin, Villanelle, would have flown their wigs.

    Digital feminism has developed a very specific comedic sensibility, an in-jokey penchant for irony and shock that’s both rallying cry and defense mechanism. That iconic mug of male tears is only a joke, but is also a digital signpost: “No Trolls Allowed (Or Tolerated).” Over the last few years, especially in the wake of #MeToo, that humor has made its way out of niche online spaces and onto more and different screens. But it’s not male tears they’re drinking. The women are shamelessly (sometimes literally) gulping down blood.

  • TandaPay is a weak #insurance protocol
    https://hackernoon.com/tandapay-is-a-weak-insurance-protocol-895ef7cd8724?source=rss----3a8144e

    TandaPay Could be A Weak Insurance ProtocolIt’s a powerful coordination protocol for galvanizing movementsTandaPay is not the protocol you think it isBatman must disguise himself as Bruce Wayne for the purpose of dispensing street justicePreviously I have written about how TandaPay allows for small communities to insure against the cost associated with the $500 auto insurance deductible. There are downsides to marketing TandaPay purely as an insurance protocol for covering the cost of a deductible. TandaPay is a very time intensive protocol relative to how much time people currently take to pay for auto insurance. I spend about 10 to 20 minutes every six months to renew my auto insurance policy on Progressive’s website. In the best case scenario TandaPay will require policyholders to (...)

    #police-brutality #metoo #blockchain #blacklivesmatter

  • Jeunes avocates au bord de la crise de nerfs - Madame Figaro
    http://madame.lefigaro.fr/societe/enquete-sur-les-jeunes-femmes-avocates-au-bord-de-la-crise-de-nerfs-

    En 2018, au sein du barreau de Paris, elles étaient 1 181 à quitter la profession, contre 629 hommes. Nuits blanches à répétition, sexisme ambiant, statut précaire... Les jeunes avocates pâtissent de ces conditions de travail, qui les conduisent parfois jusqu’au surmenage.
    En ce moment


    Illustration signée Léna Bojko pour Le dîner de la Cigogne.

    « Toi, tu vas bosser jusqu’à minuit », lance Alexandra, amusée, à sa consœur Anne-Sophie. Attablées dans la cafétéria du Tribunal de Grande Instance de Paris (XVIIe), les deux avocates en droit pénal savourent un instant d’accalmie, indifférentes au ballet incessant du Palais de justice. Il est déjà 16h30. Derrière elles, une avocate aux traits tirés commande son déjeuner au comptoir – au menu, salade de lentilles et Coca Light. Par-delà les baies vitrées, dans le grand hall, une jeune femme quitte sa robe d’avocat pour la glisser dans une petite valise. Bon nombre de ses collègues arpentent le tribunal, le visage fatigué, munies elles aussi d’un gros sac pour transporter leurs dossiers. Un visage qui trahit les longues heures passées à les éplucher.

    Anne-Sophie, 30 ans, a débuté sa journée à 9 heures, mais planchera encore tard sur un dossier qui lui a été confié à la dernière minute. « En droit pénal, cela arrive souvent de terminer à minuit », affirme Alexandra, 34 ans, déjà vêtue de son manteau bleu marine. Si les deux amies prennent les contraintes du métier « avec le sourire », elles comprennent aisément le mal-être qui touche certaines de leurs collègues. « On est tout le temps dans le conflit, il faut gérer les humeurs de la greffière, les désaccords avec les policiers ou les confrères… », égrène Anne-Sophie. En 2018, selon une étude statistique sur l’exercice professionnel du barreau de Paris, ses consœurs parisiennes étaient 1 181 à quitter la profession, contre seulement 629 hommes, révèle Anne-Laure Casado, membre du Conseil de l’Ordre des avocats (ces chiffres n’ont pas été publiés, NDLR). Le conflit permanent, c’est aussi ce qui a provoqué le burn-out de Maître S. (1), 43 ans, en 2011.

    Une semaine après une violente altercation verbale avec l’un de ses associés, Maître S., alors enceinte, constate des saignements anormaux. « J’ai perdu l’enfant que je portais », explique celle qui avait 36 ans à l’époque. Un épisode encore douloureux pour la quadragénaire : « J’étais en train de me vider de mon sang car je faisais une fausse couche, et au téléphone le confrère m’a refusé un renvoi d’audience, se remémore-t-elle. Une personne de l’Ordre des avocats m’a dit qu’elle ne pouvait l’y contraindre. C’est l’anesthésiste qui a dû m’enlever mon portable des mains avant d’entrer dans l’ascenseur de l’hôpital. »

    La fatigue accumulée et la violence du choc la font sombrer. Maître S. quitte ses associés et leur intente un procès. « J’ai porté plainte auprès de l’Ordre des avocats et on m’a répondu que cela n’était pas grave, que j’aurais un bébé la prochaine fois, poursuit-elle. Je n’en ai pas eu d’autre. » Son burn-out durera cinq ans. Après sa fausse couche, Maître S. rencontre un docteur en psychologie, experte de la souffrance au travail. Leurs échanges l’aident enfin à y voir plus clair.

    D’autres avocates en situation de surmenage préfèrent changer de voie. Certaines d’entre elles choisissent alors de se tourner vers Marina Bourgeois. La créatrice de la société Oser rêver sa carrière a travaillé quinze ans dans le milieu juridique avant de devenir chasseuse de têtes pour de grands cabinets parisiens. Elle est désormais experte en reconversion professionnelle, notamment pour les professionnels du droit.

    Depuis deux ans, la consultante constate une recrudescence de jeunes avocates parmi ses clients. « On a quand même plus de jeunes entre 30 et 35 ans, qui se disent "Je ne vais pas me gâcher la vie", indique Marina Bourgeois. Il y a la pression de l’âge, elles se disent qu’il faut se reconvertir avant 40 ans. » Environ 80 % de sa clientèle – majoritairement féminine – est venue la consulter après un burn-out. La plupart choisit de poursuivre une carrière en entreprise, mais certaines opèrent une reconversion totale - l’une d’entre elles est notamment devenue viticultrice. « Elles se rendent compte que l’avocature peut parfois être un métier sacrificiel, proche du sacerdoce », estime Marina Bourgeois.

    « D’ailleurs ce ne sont pas que des collaboratrices, ou des associées, analyse-t-elle. On a aussi beaucoup d’assistantes ou de secrétaires juridiques qui craquent parce que, les avocats étant sous pression, elles-mêmes le sont. » Pressions du client, de la hiérarchie, de la performance… les origines de cet épuisement professionnel sont légion. Sans compter la précarité du statut de collaboratrice, membre non-salariée d’une profession libérale. Ces dernières sont susceptibles d’être remerciées par leur cabinet du jour au lendemain, sans pouvoir prétendre au chômage.
    "C’est comme une drogue"
    D’autres avocates en situation de surmenage préfèrent changer de voie

    Bien souvent, les clientes de Marina Bourgeois évoquent aussi leurs difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle. On ne compte plus celles qui rapportent des dossiers à la maison, les soirs et les week-ends, et peinent à sortir la tête de l’eau. À ses débuts, Maître S. travaillait jusqu’à « 70 heures par semaine ». Une amplitude horaire que connaît bien Maître M. (1), 29 ans, avocate en droit commercial international à Paris : « Il y a trop de dossiers, pas assez d’avocats dans mon cabinet et un niveau d’exigence élevé, les enjeux sont énormes », déplore la jeune femme, qui a récemment enchaîné deux nuits blanches. Maître M. facture « régulièrement plus de quinze heures de travail par jour ». Et perçoit déjà les effets de cette vie trépidante sur son métabolisme : « J’ai constaté que je perdais mes cheveux, que j’étais fatiguée, et j’avais l’impression d’être plus marquée, de vieillir plus vite », soupire-t-elle. Maître M. tient néanmoins à le souligner : elle « savait à quoi elle s’exposait » en choisissant ce métier. Et précise qu’« il y a beaucoup de portes de sortie avant le burn-out ».
    En vidéo, un quart des Français est en état d’hyper stress au travail
    Un quart des Français est en état d’hyper stress au travail

    « C’est comme une drogue, estime Amandine Sarfati, auteure de Chronique d’une jeune avocate (2). Quand on est sur les dossiers, il y a une sorte de fascination, quelque chose qui nous fait vibrer. Sinon, on ne pourrait pas rester jusqu’à minuit dans un bureau. » Maître Sarfati préfère, elle aussi, relativiser. « Je ne suis pas là pour dire que le métier d’avocat n’est pas une belle profession, je suis là pour dire qu’il y a des hauts et des bas, comme partout. »
    Aujourd’hui à son compte, la trentenaire revendique sa liberté et affirme haut et fort qu’« il faut savoir dire stop ». Pourtant, pas si simple de lever le pied lorsque l’on souhaite accéder à un poste clé : « Si vous voulez devenir associée de la boîte, il faut carburer, vous manquez de temps pour votre vie sociale et vous ne rencontrez personne », concède Maître Sarfati. L’investissement peut, à terme, se révéler infructueux.

    « On rencontre aussi des attitudes de non-promotion, des femmes qui restent longtemps collaboratrices et ne passent jamais associées », confirme Marina Bourgeois. Le rapport Kami Haeri sur l’avenir de la profession d’avocat publié en février 2017 appuie ces propos. Selon le document, en 2013, les femmes représentaient moins de 24,5 % des associés en France. Si la profession se féminise – on dénombrait 55,1 % de femmes en 2016, contre 48,7 % en 2006 -, tout reste à faire en terme de parité. Malgré les efforts du barreau pour « réduire les inégalités entre femmes et hommes », « ces avancées certainement significatives ne sont pas suffisantes et les inégalités perdurent », juge l’étude de Kami Haeri.

    Et pour cause : « À Paris comme en province », le revenu moyen des avocates sur la totalité de leur carrière est, en France, inférieur de moitié à celui des hommes, avance le rapport. Des disparités qui traduisent le sexisme ambiant de la profession.
    Paye ta robe

    Si l’omerta règne au sein du milieu, le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole des avocates. En juin 2017, l’avocat au barreau de Chartres Sidney Amiel était condamné à dix ans de réclusion criminelle pour viol et agressions sexuelles à l’encontre d’anciennes collaboratrices. Moins d’un an plus tôt était lancé le blog Paye ta robe, dans la lignée de Paye ta Shnek. Le site répertorie des réflexions sexistes lancées au détour d’une plaidoirie, dans les couloirs du tribunal ou au sein de cabinets. La page Facebook Paye ta robe recense désormais 15.000 abonnés. « Demain on va chez le client, essaye de mettre quelque chose de sexy », lance ainsi un avocat à sa stagiaire, comme le raconte un billet anonyme.
    Le dîner de la Cigogne

    Ces anecdotes ont inspiré certaines illustrations du site Le dîner de la Cigogne, créé par Léna Bojko, 29 ans, membre de la Commission pour l’égalité de l’Union des Jeunes Avocats (UJA). L’exemple le plus parlant, selon l’illustratrice ? Un dessin en noir et blanc (ci-dessus), sur lequel un avocat serre la main à l’une de ses consoeurs. « -Bonjour, confrère », lui lance-t-elle. « -Bonjour, Mademoiselle », rétorque-t-il.

    Un sexisme auquel a déjà été confrontée Maître L. (1), 30 ans. « Avant que je ne m’installe à mon compte, mes journées étaient rythmées par les difficultés à gérer mes relations avec les autres avocats », se remémore-t-elle. Pour diverses raisons, cette avocate en province a changé cinq fois de cabinet en trois ans. Ce qui a causé son dernier départ ? « Un homme un peu médiatique, très installé, qui vous appelle "ma chérie" dès le matin, qui fait la tournée des collaboratrices pour faire des bisous dégueulasses, et commente les tenues et les coiffures de toutes les filles du cabinet, s’indigne-t-elle. Ce n’était jamais rien de trop graveleux, mais après un courant d’air il disait par exemple : "Oh, si cela avait été un peu plus fort, on aurait vu sous ta jupe !" » Maître L. préfère pourtant nuancer, expliquant avoir parfois « manqué de chance » au gré des circonstances : « Dans ce métier, il n’y a pas de généralité absolue, il s’agit de rencontres tellement personnelles dans chaque cabinet. »
    9 mois de suspension

    Membre de l’association SOS Collaborateurs, Maître Bojko est régulièrement confrontée à ces préjugés sexistes. Les plus problématiques sont pourtant les poncifs liés à la maternité. « Je rappelle que le cabinet rembourse l’opération de ligature des trompes », raille un avocat dans une autre anecdote de Paye ta robe - ce qui n’est, bien sûr, pas le cas dans les faits. « Il m’est arrivé lors d’entretiens que l’on me dise "Est-ce que vous comptez avoir des enfants bientôt ? Parce qu’on veut quelqu’un qui travaille" », déplore Maître Bojko. Et même après leur congé maternité, les jeunes mères ne sont pas au bout de leurs peines.

    Selon la loi, les avocates bénéficient de huit semaines de protection à l’issue de leur congé maternité, durant lesquelles leur cabinet ne peut les renvoyer. Seul bémol, il les congédie « très souvent » après ce délai. « À un point que l’on ne peut imaginer », souligne Maître Bojko, à qui l’on confie des dossiers sur ces litiges entre collaboratrices et associés. Le phénomène a pris une telle ampleur que Maître Duez-Ruff, avocate au barreau de Madrid, a fondé l’association Moms à la barre, pourvue d’un « site d’entraide entre consœurs et mamans ». Plateforme de gardes d’enfants, contacts utiles, aides aux démarches... L’organisation tend la main à ces femmes en quête de conseils.

    Une situation « inadmissible » pour Marie-Aimée Peyron, bâtonnier de Paris : « Ma première démarche, c’est de sanctionner les comportements déviants, martèle-t-elle. Récemment, un cabinet d’avocat a viré sa collaboratrice parce qu’elle partait en congé maternité. L’avocat a été sanctionné de manière extrêmement symbolique à neuf mois de suspension. » Par la suite, Marie-Aimée Peyron, engagée en faveur de l’égalité, a choisi d’intégrer cette notion aux principes essentiels du barreau de Paris, et organisé les premières assises de l’égalité en mars 2018.

    Un an plus tard, 162 avocats du barreau de Paris ont signé son Manifeste en faveur de la parité. En parallèle, Marie-Aimée Peyron et son équipe recherchent les personnes ayant quitté la profession ces cinq dernières années. Leur objectif ? « Les rassembler au cours d’une grande soirée et débattre avec eux ».
    Situations d’urgence
    Le sacerdoce des avocates
    Les jeunes avocates pâtissent des conditions de travail difficiles, qui les conduisent parfois jusqu’au surmenage.

    Le bâtonnier de Paris, élue en décembre 2016, a également promu dans une newsletter diffusée le 28 mars le numéro bleu « À votre écoute », destiné à la prévention du burn-out et à l’écoute des avocat(e)s en difficulté. Disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il offre aux avocats l’écoute d’un psychologue. Enfin, elle a fait voter au Conseil de l’Ordre la mise en place de quatre référents collaboration à l’Ordre des avocats. Hantées par la peur d’être « grillées », les jeunes avocates peuvent désormais se confier à ces conseillers de manière anonyme. Anne-Laure Casado est l’une d’entre eux.

    Quand l’avocate en droit de la famille ne reçoit pas ses clients dans son cabinet du VIIIe arrondissement parisien, elle œuvre au quotidien pour libérer la parole de ses confrères. « J’interviens uniquement dans les situations d’urgences », prévient Maître Casado, élue référent collaboration pour trois ans. Comprenez, dans « une situation de harcèlement ou de mise au placard, donc de blocage ». Ainsi, quand la configuration l’exige, une enquête déontologique est menée par un membre du conseil de l’Ordre. Maître Casado doit bien souvent expliquer à ses consœurs - réticentes - qu’elles doivent sortir de l’anonymat pour que des sanctions disciplinaires soient engagées.

    « Si beaucoup de femmes viennent nous voir et sont issues du même cabinet, on peut aussi saisir le bâtonnier, révèle-t-elle. Cela peut vouloir dire que ça se passe mal là-bas. » Lors de ses échanges avec des avocates plus aguerries, Maître Casado constate que ses interlocutrices ont déjà vécu des situations similaires à celles de leurs jeunes consœurs. « Pour elles, cela relève presque de la normalité, elles y ont aussi été confrontées », s’étonne-t-elle.
    Une prévention dès l’école

    Il n’en est rien pour Alexandre Vuchot, associé du cabinet d’affaires internationales Bird & Bird depuis vingt ans. Son cabinet, fondé par une femme, a remporté en 2018 le prix Simone Veil de l’égalité professionnelle. Ici, « les femmes ont réussi à faire carrière en étant enceintes, en ayant des enfants, on voit que c’est parfaitement possible de concilier vie familiale et vie professionnelle dans un cabinet d’affaires internationales », soutient l’associé de Benjamine Fiedler.

    Un message d’espoir porté jusque dans les salles de classe de l’école des avocats de Versailles. Ici, la prévention du burn-out constitue un enseignement à part entière. Des cours de management dispensés par la Haute Ecole des Avocats Conseils (HEDAC) sont proposés aux élèves. On y retrouve des sessions intitulées « Connaissance de soi, confiance en soi, estime de soi et affirmation de soi », « L’implication, la prise de recul et la gestion du stress »... Ou encore « Management des enjeux et risques psychosociaux : le syndrome d’épuisement professionnel, discriminations et harcèlements ». Une manière d’encourager les avocat(e)s de demain à s’écouter davantage. Et à enfin plaider leur propre cause.

    (1) Par souci d’anonymat, les lettres ont été modifiées.
    (2) Chroniques d’une jeune avocate (2017) de Amandine Sarfati, éditions Enrick B., 14,95 euros.

    #travail #injustice #femmes #discrimination #domination_masculine
    #sexisme

  • Plaintes pour viol : « J’avais l’impression d’être coupable » - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/plaintes-pour-viol-j-avais-l-impression-d-etre-coupable-08-03-2019-802723

    Les associations qui accompagnent les victimes de violences sexuelles sont unanimes. Un bon recueil de la parole, lors du dépôt de plainte, est fondamental dans le déroulé de la procédure. Et donc, dans la condamnation de l’agresseur.

    Si le nombre de plaintes pour viol a connu un bon inédit de 17 % en 2018, dans le sillage de #MeToo et #Balancetonporc, peu nombreuses sont celles qui aboutissent, in fine, à un renvoi devant un tribunal. Ainsi, en 2017 et en 2016, trois plaintes sur quatre ont été classées, selon les chiffres de la Chancellerie.
    Si la police et la gendarmerie assurent réaliser de gros efforts en matière de formation initiale et continue de leurs agents, lorsqu’une victime se décide enfin à franchir la porte d’un commissariat, la qualité de l’accueil et de l’écoute reste à géométrie variable. C’est ce qu’illustre la majorité des témoignages recueillis par le Parisien, grâce au concours du Collectif féministe contre le viol. Sélection.
    Lucie, 20 ans : « J’avais l’impression d’être coupable »

    Lucie avait 13 ans, son agresseur présumé, 19 ans. Selon son récit, son agresseur aurait profité de son état d’ébriété avancé pour la plaquer au sol et la violer, lors d’une soirée entre collégiens dans l’Orne. La jeune fille a mis du temps avant d’en parler à son entourage. « Je ne connaissais rien au sexe, je n’avais même pas conscience d’avoir été violée », nous confie-t-elle aujourd’hui, du haut de ses 20 ans. Un jour au lycée, pendant un cours d’éducation sexuelle, elle s’effondre. « J’ai compris que ce que j’avais vécu n’était pas normal ». Elle s’en ouvre à l’assistante sociale de l’établissement, qui la convainc d’aller déposer plainte.

    C’est un brigadier des affaires familiales qui va l’entendre. « Il me demande de lui détailler les faits d’un trait. Mais très vite, les questions tournent essentiellement autour de l’alcool », se rappelle-t-elle. Insidieusement, le ton devient culpabilisant. Le gendarme insinue qu’elle n’aurait pas dû boire autant. Qu’au fond, elle était un peu responsable de ce qu’il s’était passé. « Je voulais partir de là », lâche-t-elle. « J’avais l’impression d’être coupable. Ça a été très dur ».

    À la deuxième convocation, une brigadière est là. « Demande-lui si elle n’est pas en couple avec celui qu’elle accuse, si ce n’est pas pour se venger qu’elle fait ça », aurait lancé la gendarme à son collègue, sans un regard pour Lucie. « Comment pouvait-on imaginer ça, alors que je n’avais que 13 ans au moment des faits ? J’étais choquée ». Troisième convocation, pour une confrontation. Sans ménagement, Lucie aurait été laissée seule dans une pièce avec son violeur, porte fermée, pendant une vingtaine de minutes. « J’étais terrifiée. Je n’avais qu’une envie : fuir », relate-t-elle. Lorsque les gendarmes rouvrent la porte, la jeune fille, en larmes, préfère s’en aller. Moins de cinq mois après son dépôt de plainte, la procédure est classée. « Les faits ou les circonstances […] n’ont pas pu être clairement établis par l’enquête », écrit le procureur dans l’avis de classement, que nous avons pu consulter. « Je regarde ce courrier du parquet presque tous les jours », regrette-t-elle.
    Mélanie, 22 ans : « Elle n’avait pas de temps à perdre avec mes pleurs »

    Après son viol, par un ami de son beau-frère, le soir de la Saint-Sylvestre en Loire-Atlantique, Mélanie, 19 ans à l’époque, a fait une grosse dépression. « Mon agression a réveillé de vieux souvenirs d’attouchements sexuels, par un moniteur de colonie, lorsque j’avais 7 ans », explique-t-elle. Poussée par sa mère, la jeune femme se résout à déposer plainte. « C’est une policière qui m’a accueillie. Ça m’a mise en confiance, parce que je me suis dit qu’une femme serait plus sensible à ces questions-là », soupire-t-elle. Mais la jeune femme déchante vite. « Accueil médiocre, aucune écoute, aucune aide. Au bout d’1h30, la fonctionnaire a fini par me dire qu’elle n’avait pas de temps à perdre avec mes pleurs ». Mélanie est raccompagnée à l’accueil et invitée à reprendre rendez-vous. « Après cette expérience, j’avais laissé tomber l’idée de déposer plainte », confie-t-elle.

    La jeune femme sombre. Elle ne sort plus de chez ses parents, terrorisée à l’idée de croiser son agresseur. Elle est hospitalisée en psychiatrie pendant quinze jours et abandonne ses études. Même avec le recul, Mélanie a du mal à pardonner à cette policière. « C’est tellement difficile de porter plainte. Ces gens-là se rendent complices des agresseurs », cingle-t-elle. C’est finalement grâce à une amie, réserviste à la gendarmerie, que Mélanie retrouve le courage d’aller au bout de sa démarche.

    Cette fois, elle se rend dans une gendarmerie. Et c’est un homme qui prend sa plainte. « Ça a été long - 3 heures - et éprouvant, mais, contrairement à la première fois, je me suis sentie vraiment écoutée. Le brigadier était bienveillant, me laissait faire des pauses. Ça m’a aidée. Je me suis dit : enfin, on me croit ! » Puis, le gendarme l’a raccompagnée vers la sortie, en lui disant de ne surtout pas hésiter à le recontacter en cas d’interrogations. « Il a dit à ma mère combien il me trouvait courageuse, ça m’a fait beaucoup de bien ».

    Son agresseur présumé a fini par être mis en examen pour viol. « Pendant la confrontation, j’aurais aimé qu’il avoue devant moi. Mais il ne l’a pas fait. Il est même revenu sur ce qu’il avait reconnu, à savoir qu’il m’avait retiré le bas de mes vêtements ». Aujourd’hui, Mélanie attend de savoir si son violeur présumé va être renvoyé, ou non, en correctionnelle.
    Catherine, 51 ans : « On m’a dit de revenir quand les choses seraient plus claires »

    Catherine en est sûre : ce soir d’octobre 2013, les deux hommes qui l’auraient violée dans un bar à Paris l’avaient droguée. « Après cette soirée, j’ai eu comme des trous noirs, des maux de tête, pendant cinq jours. Comme lorsque vous ingérez des produits chimiques », raconte-t-elle. Lorsqu’elle se réveille chez elle, le lendemain, ses souvenirs sont très partiels, mais elle revoit la scène. Ces deux hommes qui la violent, l’un après l’autre. Dans sa culotte, elle retrouve des traces de sperme. « J’étais extrêmement choquée. J’ai mis cinq jours à me décider à aller porter plainte ».

    Au commissariat, l’accueil est glacial. « La policière n’était pas du tout sympathique », affirme-t-elle. « Elle avait laissé la porte du bureau ouvert. Ses collègues passaient et repassaient. J’ai vite compris qu’ils l’attendaient pour partir en intervention. » Catherine s’est sentie mise sous pression. La policière lui fait peur, lui fait comprendre qu’une plainte peut se retourner contre son auteur. « Elle m’a dit de revenir quand les choses seraient plus claires, pour transformer ma main courante en plainte ». Catherine repart. Et renonce à déposer plainte.

    « Ma vie a changé après mon agression. J’ai arrêté de sortir. Je n’ai plus confiance. J’ai une vie de grand-mère », confie la quinquagénaire. Après des années de psychothérapie, elle se sent enfin la force d’aller enfin déposer cette plainte. « C’est imminent », promet-elle. Plus de cinq ans après les faits.

  • Elle a attendu dix ans le procès de son agresseur - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/10-ans-a-attendre-le-proces-de-son-agresseur-14-04-2019-8053164.php

    Mathilde avait déposé plainte en 2009… Le procès de celui qui l’a agressé se tient ce lundi. Elle dénonce cette lenteur de la justice, et se demande aujourd’hui si elle conseillerait aux victimes de se lancer dans une procédure.

    Cette journée, Mathilde* l’attend depuis… dix ans. Depuis que cette jeune femme de 29 ans a franchi la porte d’un commissariat des Hauts-de-Seine pour dénoncer les faits d’agressions sexuelles commis par un membre de sa famille pendant son enfance.

    Le procès de son agresseur présumé, également poursuivi pour des faits similaires sur d’autres mineurs, est programmé ce lundi devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Une procédure anormalement longue que Mathilde aura vécue comme un calvaire. « J’avais beaucoup de respect pour l’institution judiciaire, mais j’en ai fait mon deuil », livre cette cheffe de projet désabusée.

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    Comme pour toutes les victimes d’infractions sexuelles, déposer plainte n’a pas été chose facile pour Mathilde, qui n’a pris conscience de ce qu’elle avait subi que plus tard. « Au départ je ne voulais pas, car j’estimais avoir déjà suffisamment souffert. Le plus important pour moi c’était de l’avoir dit. Et puis j’ai réalisé que je n’étais peut-être pas sa seule victime. »

    En 2009, à 19 ans, elle se décide à enclencher une action judiciaire. « On m’avait assuré que ça me ferait du bien. En réalité, je ne me suis jamais senti aussi seule que pendant toutes ces années. Et je ne suis plus certaine qu’un procès aussi longtemps après les faits aura du sens… »

    Mathilde, bien que bénéficiant d’un environnement familial et professionnel stable, réalise combien ces dix années lui ont pesé. « Tant que le procès ne sera pas derrière moi, je ne pourrai pas me construire complètement comme adulte, insiste-t-elle. C’est également très douloureux pour ma famille qui attend que la justice passe pour retrouver une certaine sérénité. »
    « Mon dossier n’était pas prioritaire »

    Dans cette affaire, rien n’a vraiment correctement fonctionné. Après son dépôt de plainte, Mathilde a attendu un an et demi avant d’être recontacté par les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs (BPM) qui avaient effectué des rapprochements. « Les policiers de la BPM ont fait un gros travail et ce sont les seuls à m’avoir apporté une parole réparatrice », loue-t-elle.

    Mathilde est alors confrontée avec son oncle qui confesse les agressions et révèle le nom d’autres victimes. L’enquête est confiée à un juge d’instruction en avril 2010. Son agresseur présumé est mis en examen, mais laissé libre sous contrôle judiciaire. « On m’a d’emblée expliqué que les délais seraient plus longs, se remémore Mathilde. Comme les faits étaient anciens, on m’a fait comprendre que mon dossier n’était pas prioritaire. C’est inaudible : il avait avoué son penchant pédophile donc, pour moi, il y avait évidemment urgence à le juger. »

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    Sans raison particulière, l’instruction va s’éterniser pendant plus de sept ans. « Plusieurs juges se sont succédé et pendant de très longues périodes il ne s’est rien passé », raille Me Boris Kessel, l’avocat qui a repris le dossier de Mathilde en fin d’instruction. En juin 2018, le juge rédige enfin son ordonnance de renvoi. Mais il faudra encore patienter dix mois pour que le procès soit audiencé : « Psychologiquement, cette dernière attente a peut-être été la plus dure, relate Mathilde qui ouvrait tous les jours sa boîte à lettres dans l’attente d’une convocation. Je n’en pouvais plus d’être impuissante. »
    Avec le recul, la jeune Parisienne n’est plus certaine d’avoir fait le bon choix. « Le mouvement #MeToo, les campagnes de sensibilisation sur les violences sexuelles, c’est évidemment très bien. Mais si c’est juste un discours politique et que ça ne suit pas derrière, à quoi ça sert ? s’épanche-t-elle. Philosophiquement, bien entendu que j’encouragerais une victime à porter plainte. Mais en réalité, compte tenu de ce que j’ai vécu, je crois que je ne le conseillerais pas… »

    Comme un ultime coup du sort, la jeune femme a appris en fin de semaine que le prévenu ferait une demande de renvoi.

    #injustice #culture_du_viol #pedocriminalité

  • Anti-humanismes du quotidien - freelifeuse
    http://freelifeuse.com/ligue-du-lol-de-lanti-feminisme-a-lanti-humanisme-chronique-dun-monstre

    Et si Vincent Glad[1], fondateur de la ligue du LOL, le #MeToo journalistique, était le Jérôme Kerviel du journalisme ? Devenu le symbole d’un système malade, lui et ses copains prennent pour tout le reste, mais d’autres aussi ont une responsabilité : tous ceux qui ont validé et participé à ce système cynique et malveillant, -hommes et femmes confondus-. Ceux qui savaient, ceux qui les ont embauchés, ceux qui ont liké, ceux qui les suivaient, ceux qui les ont érigés en stars à partir de rien. Ceux qui les ont formés, ceux qui les ont fait devenir des bêtes à concours, des bêtes à clics, des têtes à claques, ceux qui riaient à leur blague, ceux qui ont engendré le monstre. Briser le silence pour en finir avec la dictature des médiocres et des cyniques.

    • tous ceux qui ont validé et participé à ce système cynique et malveillant, -hommes et femmes confondus-

      Penserait-on à écrire de même « - blancs et noirs confondus - » sur la traite de l’esclavage ?

      N’y a-t-il pas une façon d’écrire sur le sexisme sans avoir toujours à en laver les responsables ? Pour éviter ce moment néfaste où les groupes minoritaires qui subissent les violences des dominants se voient responsabilisés de ce qu’ils subissent. Oh, certes, tu trouveras toujours des exceptions qui soutiennent la masse dominante en espérant ne pas se faire dévorer par elle, mais faut arrêter de nous faire détourner les yeux des véritables profiteurs de cette #culture_du_viol.

      #victim_blaming

  • Harcèlement sexuel : à Franceinfo, la souffrance des précaires - L’Express
    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/harcelement-sexuel-a-franceinfo-la-souffrance-des-precaires_2071407.html

    D’après des éléments que L’Express s’est procuré, depuis 2016 au moins, le journaliste licencié a harcelé et agressé sexuellement des jeunes femmes. Et lorsque sa hiérarchie a été mise au courant, elle n’a rien fait . Pire, à son tour, l’un des responsables a adressé à au moins deux reprises des messages graveleux à l’une des victimes. Il était alors son maître de stage.

    • S. contacte Marie rapidement sur la messagerie interne qu’utilise l’entreprise, Slack. Il se fait volontiers dragueur, bien que la jeune femme lui signale à plusieurs reprises qu’elle n’est pas intéressée. Un soir, en janvier 2017, S. invite Marie à boire un verre. Puis un autre, un autre, encore un autre. « Rétrospectivement, il savait ce qu’il faisait, mais je ne m’en rendais pas compte. Je devais prendre un train pour rentrer, et il insistait encore pour que je boive. J’ai fini par rater le dernier train. » Il l’invite alors à passer la nuit dans son Airbnb. Marie prend tout de même soin d’appeler son petit ami de l’époque.

      Une fois dans l’appartement que loue le journaliste, Marie affirme que S. se fait lourdement insistant. « Il a dû me demander des dizaines de fois si on pouvait coucher ensemble. Il a essayé plusieurs fois de m’embrasser. À chaque fois je l’ai repoussé. Il a fini par aller dormir dans sa chambre, mais il est revenu dans la nuit et j’ai encore dû le repousser. J’ai quitté l’appartement à 4 h 50 sans avoir pu fermer l’oeil. Je me disais que je ne pouvais pas dormir, au cas où il revenait. » Le lendemain, elle reçoit un message de S. « J’ai été relou hier ? » Elle répond : « Oui. » Contacté, S. n’a pas répondu aux sollicitations de L’Express.
      […]
      Marie a plusieurs fois tenté d’alerter sa hiérarchie. Quelques mois auparavant, elle avait demandé un point à F., son maître de stage, également cadre de la rédaction. Dans son récit auprès de France Télévisions, elle raconte que ce dernier lui propose alors de se rencontrer dans une brasserie. Elle aborde ce qu’il se passe avec S., ses difficultés d’intégration, mais la conversation prend rapidement une autre tournure, d’après les dires de Marie. « On a beaucoup bu, il m’a posé énormément de questions sur ma vie privée, sur mes relations avec des hommes de la rédaction. Des questions intimes. Il m’a raccompagné chez moi à trois heures du matin, mais il ne s’est rien passé entre nous. »

      #metoo #harcèlement_sexuel #femmes #précarité #journalisme
      Et aussi #guerre_aux_pauvres, puisque ce sont spécifiquement les jeunes femmes précaires et donc pauvres qui sont ciblées.

  • Des « stéréotypes » et un « cercle vicieux » : le casse-tête de la mixité des métiers
    https://www.europe1.fr/societe/des-stereotypes-et-un-cercle-vicieux-le-casse-tete-de-la-mixite-des-metiers-

    En 2018, seuls 17% des métiers étaient considérés comme mixtes par le Centre d’Information et Documentation Jeunesse (CIDJ). Un enjeu pourtant capital pour l’égalité des sexes au travail.

    Des femmes surreprésentées dans les métiers peu qualifiés, et largement minoritaires dans l’informatique ou la recherche ? Intuitif, le lieu commun est loin d’appartenir au passé selon les derniers chiffres du Centre d’Information et Documentation Jeunesse (CIDJ). Les exemples ne manquent pas : dans le domaine du numérique, les femmes représentent ainsi moins d’un quart des employés (15%). L’écart est encore plus marqué dans l’industrie automobile, où les jeunes apprenties ne représentent que 7% des effectifs. Mais lorsque l’on prend en compte l’ensemble des professions, le diagnostic se confirme dans des proportions méconnues : selon le CIDJ, dépendant du ministère de la Jeunesse et des Sports, la part de métiers mixtes en France s’élève à seulement… 17% en 2019. Le constat, accablant, sera l’un des thèmes abordés au forum ELLE active dont Europe 1 est partenaire, vendredi et samedi à Paris. L’occasion de revenir sur ses origines et ses répercussions.
    Qu’est-ce qu’un métier mixte ?

    Une profession est dite « mixte » lorsque les femmes et les hommes représentent entre 40% et 60% de ses effectifs. Les écarts sont particulièrement importants dans des secteurs industriels comme l’agroalimentaire ou la plasturgie, où les femmes ne représentent qu’environ un tiers des effectifs. En 2016, seules 11,6% des employés du BTP étaient des femmes.

    « Un garçon peut être infirmier, mais pas moi ». Au global, la proportion est en légère hausse : en 2014, seuls 12% des métiers étaient mixtes selon la ministre de l’Éducation de l’époque, Najat Vallaud-Belkacem - le gouvernement s’était donné l’objectif de relever cette proportion à 30% en 2025. « Au travail, c’est le talent qui compte », proclamait alors une campagne nationale de communication mettant en scène un homme auxiliaire de puériculture, une femme boucher, ou une autre mécanicienne. Plusieurs plans gouvernementaux ont depuis été lancés pour tenter de résorber d’importants écarts dans des secteurs précis, comme celui des transports - les chauffeurs routiers ne comptaient que 3% de femmes en 2014 - et des armées - 15,5% de femmes.

    Pour quels résultats ? Une vision incontestablement moins stéréotypée selon Valérie Deflandre, conseillère d’orientation au CIDJ. « Quand nous recevons de jeunes gens, ils n’ont pas de mal avec la mixité des métiers : à les entendre, tout le monde peut tout exercer aujourd’hui », explique-t-elle à Europe 1. Et de nuancer immédiatement : « C’est quand on se met à parler d’eux personnellement, de leurs choix, de la manière dont ils se projettent, que l’approche devient différente. Un garçon peut être infirmier, oui, mais pas moi. »

    Au contact des lycéens, la spécialiste estime récolter les fruits d’une socialisation « genrée dès la naissance » : « on n’interprète pas les pleurs d’une fille ou d’un garçon de la même manière. On n’attend pas d’un garçon qu’il ait la même façon de parler, on ne lui propose pas les mêmes jouets dans les magasins. Un enfant, dès trois ans, a su repérer ce que faisaient les filles, et ce que faisaient les garçons. Tout part de là. »

    « Une fois sur le terrain, comment je vais être acceptée ? ». Les conseillers d’orientation constatent à ce titre des approches différentes selon les sexes. « Si on présente un métier à majorité féminine à un garçon, son premier réflexe va souvent être de dire : ’dans mon lycée, il y a cette filière, mais il n’y a que des filles’ », souligne Valérie Deflandre. « Les filles ont, elles, plus d’affranchissement pour aller vers une filière scientifique si elles ont de bonnes notes en maths et en physique. Mais elle raisonnent déjà en termes d’insertion professionnelle. Elles demandent : ’une fois que je serai sur le terrain, comment je vais être acceptée au sein d’équipes très masculines ?’ ». Si elles représentent 47% des bachelières en série S, les filles ne sont ainsi que 27% au sein des promotions d’écoles d’ingénieurs.

    Au moment de ces choix, la crainte du harcèlement à l’université ou au travail peut-elle déjà peser ? Alors que le mouvement #MeToo a libéré la parole des femmes dans plusieurs entreprises, de grandes écoles, comme la prestigieuse prépa du lycée militaire de Saint-Cyr, ont récemment été éclaboussées par des scandales sexistes. « Je n’ai pas souvenir d’inquiétudes précises » de jeunes femmes choisissant leur orientation, répond Valérie Deflandre, reconnaissant volontiers l’existence d’un « cercle vicieux » : moins rapidement la mixité progresse, plus il est difficile d’éradiquer certains comportements sexistes. En 2018, à l’occasion de la présentation d’une étude du Syndicat national du jeu vidéo à l’Assemblée nationale, une conceptrice de ce milieu traditionnellement masculin abondait : « il faut faire en sorte qu’elles (les femmes, ndlr) y restent (dans le secteur, ndlr), en instaurant un climat ’safe’ dans les entreprises, pour éviter de reproduire l’ambiance ’vestiaires’ qui y règne. »

    La moitié des médecins, mais seulement un tiers des chirurgiens. Sur le front de l’emploi, ces stéréotypes « coupent » en outre les jeunes, femmes comme hommes, de métiers porteurs. Dans l’informatique et le numérique, premier secteur recruteur de cadres selon l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), moins de 30% des postes sont aujourd’hui occupés par des femmes. A l’inverse, le secteur des services à la personne, première famille créatrice d’emplois selon le rapport des métiers en 2022, ne salarie qu’environ 10% d’hommes. Dans les cursus universitaires où la proportion tend à s’équilibrer, les choix restent finalement genrés : près de la moitié des médecins sont des femmes, mais cette proportion tombe à un tiers chez les chirurgiens. La spécialité la plus féminisée reste de loin la pédiatrie, avec près de 70% de femmes.

    « Les clichés sont tellement ancrés que la tâche est parfois complexe », reconnaît Valérie Deflandre, qui souligne que les différentes campagnes d’information misant sur l’identification vont « dans le bon sens » : « les jeunes filles qui viennent avec une demande sur un métier plutôt masculin ont souvent eu un exemple autour d’elles : une cousine, une professionnelle, un forum, etc ». Au quotidien, la conseillère d’orientation travaille à recentrer les jeunes sur leurs aspirations profondes : « on apprend à se connaître, à dire ce qu’on aime, comment on fonctionne. Et puis, petit à petit, on parvient parfois à leur faire se dire : ’ce n’est pas un métier auquel j’aurais pensé, mais il m’irait bien.’ » Des victoires au cas par cas, mais insuffisantes au global. « Ce ne sont pas les professeurs, au moment des conseils de classe, qui vont déconstruire des années d’éducation », pointe la spécialiste. « On doit mettre en situation les enfants dès la maternelle, avec les bons outils. C’est tout un travail préventif qu’il faut accélérer. »

  • Pourquoi il faut en finir avec l’expression “frotteur du métro” - ChEEk Magazine
    http://cheekmagazine.fr/societe/frotteur-du-metro-expression

    Il ne se passe pas une seule semaine sans qu’il surgisse dans la rubrique faits divers : le “frotteur du métro” est toujours là. Mais pourquoi parle-t-on de “frotteur” et pas “d’agresseur” ?

    À Paris, plus de 1000 agressions sexuelles ont été dénombrées l’an passé dans les transports en commun. Au travers de ces témoignages sont évoqués ceux que l’on nomme les “frotteurs”. Dans le métro, ils se frottent aux usager·e·s, caressent des passagères, se masturbent, jusqu’à l’éjaculation parfois. Mais pourquoi appelle-t-on ces agresseurs des “frotteurs” ? Et faut-il en finir avec ce terme ? On s’est posé la question.

    Le dico à l’heure #MeToo

    En février dernier, un “frotteur” du métro qui sévissait à Paris a été condamné à un an de prison ferme. Certaines victimes n’hésitent plus à filmer leurs agresseurs. Le terme semble terriblement actuel. Pourtant, il n’a rien du néologisme. Si le mot date du XIVème siècle, désignant ceux qui frottent les parquets ou les meubles, son usage contemporain apparaît dès 1883 dans les textes encyclopédiques. Agissant au milieu de la foule, le “frotteur” fait état d’une perversion sexuelle clinique, frottant ses organes génitaux contre des individus féminins dans des endroits bondés. “Le mot est attesté depuis longtemps, mais on ne le trouvait pas forcément dans les dictionnaires non spécialisés, car il était considéré comme familier ou relevant d’un jargon spécial (celui de la police)”, développe la maîtresse de conférences en langue française Laélia Véron, pour qui le terme a été largement popularisé depuis, “notamment avec tous les débats autour du harcèlement sexuel dans les transports en commun”. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si le “frotteur” intègre notre langue un demi-siècle après l’apparition en France desdits transports.

    Le frotteur, achève le linguiste Alain Rey dans son Dictionnaire historique de la langue française, est celui “qui cherche à aguicher par des contacts physiques plus ou moins furtifs”. Pour plus de précisions sémantiques, il faut s’aventurer du côté du Petit Robert, qui a accueilli le terme -comme ceux de “queer”, “grossophobie” ou “écriture inclusive”- dans les pages de sa dernière édition en date : le frotteur est “une personne qui recherche les contacts érotiques en profitant de la promiscuité dans les transports en commun”.

    Mais cette définition ne convient pas. Pire, elle indigne. Sur les réseaux sociaux, on conteste l’usage du mot « “érotique”, ce qualificatif qui, à l’instar du verbe “aguicher”, ferait presque du frotteur un dragueur comme un autre. “Pour beaucoup de lecteurs, ‘érotique’ avait une valeur positive (alors que ce n’est pas toujours le cas) et la notion de non-consentement n’était pas assez claire”, admet le lexicographe Edouard Trouillez, qui participe à la rédaction de l’ouvrage de référence.

    Du frotti-frotta au troussage de domestiques

    La “polémique du Robert” a eu le mérite d’éveiller les consciences : la définition du terme a été modifiée sur la version numérique du dictionnaire. Est désormais frotteur “la personne (un homme, le plus souvent) qui profite de la promiscuité des lieux publics, notamment des transports en commun, pour rechercher l’excitation sexuelle, par des contacts subreptices avec une autre personne”, rappelle avec minutie Edouard Trouillez, qui nous affirme que cette actualisation figurera dans la future édition papier. Comme on peut le voir, cette définition est dépourvue du mot “érotisme”. Mais également d’un autre : consentement. Pour pallier ce manque récurrent, l’article du Robert précise qu’en France “les frotteurs peuvent être condamnées pour agressions sexuelles”.

    Il n’empêche, quelque chose dérange dans cet intitulé à la fois précis et vague. Pour la linguiste Sophie Wauquier, “frotteur” est un mot “métonymique” en cela qu’il illustre l’acte physique qu’il désigne (le frottement, la masturbation qui en résulte) mais le fait “de manière euphémisée”. Cette dénotation pointe du doigt l’acte, mais pas l’agression, ne laisse entrevoir que la surface de la situation. En somme, “il dit implicitement tout”. L’érudite poursuit : “Le frotteur est ‘l’agent’ du frottement, celui qui frotte, quelque chose ou quelqu’un, mais l’on ne sait pas trop quoi. C’est un mot qui dit et qui ne dit pas.” Au gré des articles, le terme devient tantôt “frotteur en série” ou “serial frotteur”.

    Plus la situation est grave, moins le mot paraît crédible. Puisqu’il désigne un geste, le frotteur côtoie des expressions familières : le “coureur de jupons”, les “mains baladeuses”. Des dénominations qui font de la “liberté d’importuner” un jeu de séduction ludique -bien qu’aussi archaïque que le “droit de cuissage”. Pour Laélia Véron, ce champ lexical se prolonge jusqu’au tristement fameux “troussage de domestiques” décoché par le journaliste Jean-François Kahn lors de l’affaire DSK. Cette euphémisation constante semble faire de la moindre agression un “non-événement”.

    Dans le cas de “frotteur”, “utiliser un euphémisme pour un tel comportement a pour effet d’en minimiser le caractère indésirable”.

    L’enseignante-chercheuse en linguistique Maria Candea s’étonne d’ailleurs de l’écho entre le “frotteur” et le “frotti-frotta”, cette expression populaire “désignant les couples qui dansent de manière très rapprochée, sexuelle”. Rien ne semble rapprocher les deux pratiques -l’une est consensuelle- mais un lien les unit : la langue, son usage, sa nature étonnamment implicite. Dans le cas de “frotteur”, “utiliser un euphémisme pour un tel comportement a pour effet d’en minimiser le caractère indésirable”, déplore la spécialiste. Ce qu’englobe le phénomène du “frotteur” témoigne d’une incapacité à dire l’agression sexuelle. Tantôt elle sera minimisée, tantôt déréalisée : c’est ce que démontre la campagne de lutte contre le harcèlement dans les transports imaginée par le RATP, qui fait dudit “frotteur”…un requin tout droit sorti des Dents de la Mer.

    “La langue évolue puisque le monde évolue”

    Alors, pourquoi ne pas simplement remplacer “frotteur” par “harceleur” ? “Il faudrait trouver un mot plus précis”, conteste la sociolinguiste Maria Candea, “car ‘harceleur’ est trop vague, désigne beaucoup de choses à la fois”. Autre souci, l’acte du “harcèlement” n’implique pas toujours le contact physique, la masturbation ou l’exhibition. Et “agresseur” alors ? “C’est un mot très large. ‘Frotteur’ est plus précis pour ce qu’il désigne, et suffisamment installé dans le vocabulaire français”, avance Edouard Trouillez. Si le terme de “frotteur” semble trop familier pour être modifié, son sens, lui, peut l’être, enrichi de nuances et de subtilités qui permettraient de saisir la réalité de la situation dans sa globalité.

    Les évolutions se font en effet par le biais du langage. Loin d’être anodin, le choix d’un mot “reflète les structures de pouvoir dans une société donnée”, affirme Sophie Wauquier. Le langage s’exprime à l’extérieur -par écrit ou à l’oral- mais rend compte d’habitudes comportementales que l’on porte en soi. “Il y a des attitudes que l’on intériorise. On ne se dit pas qu’elles sont normales, mais inévitables, attendues, d’où l’absence d’insistance sur la notion de ‘harcèlement’ ou de consentement”, détaille la linguiste, pour qui l’époque change et avec elle “les représentations sociales” qui la définissent. Actualiser le corps des mots, c’est bien là le travail des petites mains du Robert, qui “font attention aux termes nouveaux mais aussi aux événements liés à l’actualité”, précise Edouard Trouillez. Le lexicographe nous l’assure : “On se pose davantage la question de la représentation du masculin et du féminin lorsque l’on rédige une définition. Il ne faut jamais oublier que la langue évolue puisque le monde évolue.”

    Clément Arbrun