• Sexisme, violences sexuelles : non, « le Figaro » n’est pas épargné - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2019/03/12/sexisme-violences-sexuelles-non-le-figaro-n-est-pas-epargne_1714317

    Plusieurs cadres du quotidien conservateur avaient laissé entendre que seuls les médias de gauche étaient concernés par les différentes affaires de harcèlement des femmes dans les rédactions. Notre enquête montre le contraire.

    Bonjour,

    Votre question était la suivante : « Est-il vrai, comme le laisse entendre Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine, sur Twitter que Libération est le seul média concerné par les questions de harcèlement ou de cyberharcèlement ? Quels autres médias s’interrogent sur ces comportements au sein de leur rédaction ? »

    Vous faites référence à la réaction de plusieurs responsables du Figaro après les révélations de Checknews au sujet de la Ligue du LOL. Ce groupe Facebook privé créé il y a une dizaine d’années regroupait des personnes, très majoritairement des hommes, qui travaillaient pour plusieurs d’entre eux dans des titres de presse dits de gauche comme Libération, Slate ou les Inrocks. À la suite des révélations de CheckNews et des nombreux témoignages de victimes, accusant plusieurs membres de la Ligue du LOL de harcèlement, plusieurs journalistes (dont deux de Libération) ont été licenciés.

    Dans son numéro du mardi 12 février, Libération était revenu à chaud sur cette affaire en titre : « Ligue du LOL : les médias à l’heure des comptes ». En réaction à cette une, plusieurs cadres du Figaro avaient réagi en laissant entendre que le problème du harcèlement des femmes était cantonné à Libération ou à la « presse de gauche ».

    Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine, a ainsi demandé à Libé de « laver son linge sale en famille » sans « mouiller » les autres médias.

    Judith Waintraub, journaliste au Figaro Magazine, ironisait sur le fait que les médias touchés étaient tous de gauche. Idem pour ses collègues Jean-Christophe Buisson ou Eric Zemmour. D’autant que plusieurs autres affaires ont depuis été mises au jour, avec des licenciements ou suspensions à la clé, dans plusieurs médias dits « progressistes » : le Monde, le Huffington Post, Vice ou les Inrocks par exemple.
    Sexisme à l’ancienne

    Si rien n’est sorti concernant le Figaro, cela ne veut pas dire que le journal est pour autant épargné. C’est ce qui ressort de l’enquête et des entretiens que CheckNews a pu mener avec près de 30 personnes.

    Malgré l’omerta qui règne au sein de la rédaction sur les questions de harcèlement, CheckNews a pu établir l’existence de pratiques sexistes, proches du harcèlement et parfois connues de la direction, du fait d’un groupe restreint d’hommes, qui occupent des positions de pouvoir.

    Selon nos informations, une université dissuade par exemple ses étudiants de postuler dans un service du journal après l’expérience d’une jeune journaliste ayant postulé. Plus récemment, quelques semaines avant les révélations sur la Ligue du LOL, une dizaine de journalistes femmes du quotidien se sont plaintes auprès d’une cheffe de service d’un rédacteur en chef adjoint pour des avances répétées et insistantes faites à des journalistes précaires. Deux témoignages d’agression sexuelle nous ont aussi été rapportés. Dans les deux cas, par peur de représailles professionnelles, les victimes n’ont pas averti la direction, ni porté plainte.
    « Le dimanche, il n’y avait que des femmes : c’était le jour des adjointes »

    Dès les premiers moments de l’enquête, les premières personnes interrogées nous ont prévenus : « Le Figaro c’est une forteresse. Personne ne parle. » Autre difficulté : la réticence politique de certains ou de certaines envers #MeToo, perçu comme un mouvement de « délation organisée ». Mais le plus grand obstacle a été la peur de certaines sources d’être identifiables en interne, y compris quand il s’agit de personnes qui n’y travaillent plus. La quasi-totalité des propos et témoignages rapportés le sont donc de façon anonyme.

    C’est le cas par exemple d’un ancien journaliste et chef au Figaro qui l’assure d’emblée : « C’est une boîte de gens bien élevés. Donc il n’y a pas de Ligue du LOL. Personne ne harcèle publiquement, personne n’insulte. Mais oui, il y a une rédaction machiste. Un machisme ordinaire je dirais. » Il se souvient ainsi d’une époque pas si lointaine où « le comité de rédaction était composé à 99 % d’hommes ». Sauf le dimanche, « où il n’y avait que des femmes : c’était le jour des adjointes ». S’il se félicite qu’il y ait « depuis quelques années une politique volontariste de rattrapage », il reconnaît que la rédaction du Figaro « part de loin ». D’ailleurs, à chaque fois « qu’une femme est nommée » à un poste de responsabilité, « ça fait jaser ».

    Plusieurs journalistes interrogées par CheckNews confirment cette analyse : « Globalement, au Figaro, j’ai plutôt l’impression de travailler avec des gens bien, assure Marie*, une journaliste en poste depuis plusieurs années dans le quotidien. Après, on a nos quelques mecs lubriques bien insistants, bien gênants… » Une autre ajoute : « A ma connaissance il n’y a jamais eu de comportement façon Ligue du LOL. En revanche, un sexisme à l’ancienne chez certains. Pas tous, il y a beaucoup de gens super ! »
    « Le Figaro, c’est Mad Men »

    Pour résumer l’ambiance qui règne au sein de la rédaction, un journaliste a cette formule : « Le Figaro c’est Mad Men : des hommes d’un certain âge qui parlent beaucoup des femmes beaucoup plus jeunes. » Il ajoute : « J’ai assisté à des pauses clopes où c’était une boucherie dès qu’une petite nouvelle arrivait. Ils parlent d’elle comme d’un morceau de viande. C’est des conversations de lycéens, sauf que ces personnes ont 3 enfants. »

    Quelle forme prend, concrètement, ce « sexisme à l’ancienne » ? L’une des journalistes interrogées par CheckNews raconte : « Un jour je propose à un collègue voisin de bureau, un grand reporter, quelqu’un d’important dans le journal, s’il veut que je lui apporte un café. Il me répond "Non, je préférerais que tu me tailles une pipe". Tout le monde a éclaté de rire. Moi j’étais mal, je ne savais plus où me mettre. » Elle se souvient aussi de la « pluie de blagues sexistes » qui s’est abattue sur un service quand « plusieurs femmes sont tombées enceintes au même moment » : « Ça ne s’arrêtait pas sur les hormones, les caprices etc. » Une ancienne stagiaire, restée pendant deux mois boulevard Haussmann, se souvient aussi comment ses collègues masculins du service international lui ont demandé de « faire une danse de pom-pom girl » devant eux.

    Nathalie*, qui a depuis quitté la rédaction, se remémore un cinglant « Elle est pas contente, elle doit avoir ses règles », lancé à une femme, à l’époque cheffe de service. En sortant du comité de rédaction de 10 heures, cette dernière regrettait le peu de place qui lui avait été accordé pour le chemin de fer, se souvient Nathalie, qui avait assisté à la scène : « Elle avait un certain âge, elle était de toute évidence ménopausée. C’était d’une violence terrible, d’autant plus que les hommes, eux aussi chefs de service, qui avaient entendu la réflexion riaient grassement et bruyamment dans la salle. »
    « Un traquenard »

    Au-delà des saillies sexistes, les journalistes interrogés s’accordent à décrire un système bien rodé au Figaro, où une poignée d’hommes, tous en position de pouvoir dans la rédaction, se rapprochent systématiquement des jeunes femmes du journal en situation de précarité dès leur arrivée pour leur proposer des rendez-vous (déjeuners ou dîners). Tous évoquent un groupe restreint d’hommes, bien identifiés. « Il existe un sexisme institutionnalisé au Figaro », détaille un journaliste passé plusieurs années par la rédaction, avec « 3 ou 4 hommes à qui il est impossible de s’en prendre, sous peine de voir sa carrière ruinée ».

    Les personnes qui acceptent d’en parler évoquent une drague « très bourgeoise » et « à l’ancienne ». L’ancien chef interrogé se souvient ainsi de « ces dragueurs lourds, qui portent publiquement leur morale en bandoulière », de ces « pères de famille bien catholiques, qui se montrent bien insistants avec les jeunes femmes ».

    Une journaliste, qui a accepté un de ces rendez-vous, le qualifie en un mot : un « traquenard ». « En quelques minutes, tu comprends pourquoi tu es là. Il m’a parlé de mon style "intrigant, sensuel". Il commentait le physique de mes collègues. Et finit par me proposer de venir boire des verres chez lui », se souvient-elle.

    Les personnes visées évoquent un « malaise » causé par ces comportements « lubriques », « insistants » voire « insupportables ». D’autant plus que les journalistes visées sont majoritairement des stagiaires ou des salariées en contrats précaires, pour qui refuser les avances d’un homme à la position hiérarchique très élevée se révèle très compliqué. Plusieurs expliquent ainsi qu’elles n’auraient eu « aucun problème » à repousser sèchement des avances d’une personne extérieure, mais que la situation était problématique dans le cas de rédacteurs en chef ou de membres de la direction, qui peuvent évidemment peser dans la décision d’octroyer un stage ou de renouveler un CDD.

    « Soit les jeunes femmes ne se rendent pas compte, soit elles ne savent pas vers qui se tourner », regrette Sophie*, journaliste du Figaro qui raconte la difficulté de se saisir de ces sujets en interne. « Quand tu es en stage, ou que tu commences ta carrière, tu ne vas pas saisir les Ressources Humaines. Et ce n’est pas un sujet dont on parle vraiment au Figaro. En tant que femme, on se sent un peu seule face à ces problématiques dans la rédaction. On a peur d’en parler, mais aussi peur de se retrouver face à une personne qui ne comprendrait pas de quoi on parle. »
    Une plainte en interne

    Ces dernières semaines, la situation a toutefois évolué : une dizaine de journalistes de plusieurs services (Madame Figaro, Le Figaro Etudiant, LeFigaro.fr etc.) se sont formellement plaints. En cause, l’insistance d’un rédacteur en chef adjoint à proposer « régulièrement » des rendez-vous avec « les femmes journalistes précaires qui commençaient leur carrière », en stage ou en CDD, selon plusieurs sources internes. Un comportement insistant, comme CheckNews a pu le confirmer en consultant plusieurs mails.

    Début janvier, quelques semaines avant les révélations sur la Ligue du LOL, une journaliste, « mieux placée dans la rédaction » que les personnes visées, est ainsi allée voir une responsable haut placée du journal pour dénoncer ces agissements. Ce que cette dernière nous a confirmé. Ensuite ? Difficile de savoir précisément ce qu’il s’est passé. Le journaliste visé n’a pas donné suite à nos sollicitations. Sa supérieure hiérarchique directe, membre de la direction, se cantonne, elle, à indiquer qu’elle a convoqué tous ses « encadrants » pour leur demander d’être « vigilant » sur ces sujets. À notre connaissance, il n’y a eu dans cette affaire ni enquête interne, ni sanction formelle.
    Des stages déconseillés au Figaro

    Autre conséquence directe de certains comportements : le département journalisme d’une université française dissuade désormais ses étudiantes et étudiants d’envoyer des candidatures de stage à un service prestigieux du Figaro, comme l’ont confirmé à CheckNews plusieurs membres du personnel enseignant. En cause, les remarques sur le physique et les propositions déplacées du chef du service en question, lors d’un entretien avec une jeune journaliste il y a un peu plus d’un an. Cette dernière était venue voir une de ses responsables pédagogiques « en larmes, en tremblant, totalement bouleversée ».

    « C’était l’un de ses premiers contacts avec le monde professionnel, ça devait être l’une de ses premières expériences, raconte une de ses enseignantes. Elle pensait qu’elle allait pouvoir parler de ses capacités professionnelles… Nous nous sommes retrouvées un peu démunies d’autant plus qu’elle ne voulait pas entamer de procédure plus formelle, tout simplement parce qu’elle avait peur, ce qui était tout à fait compréhensible. »

    Des témoignages et des échanges de mails que CheckNews a pu consulter indiquent que ce même journaliste, à la position hiérarchique très importante, fait partie des journalistes qui se rapprochent systématiquement des jeunes journalistes femmes pour leur proposer des rendez-vous.
    « On n’a pas fait ce qu’il fallait. »

    Parmi les faits rapportés les plus graves figurent également deux cas qui relèvent de l’agression sexuelle.

    Patrick Bele, représentant syndical SNJ au Figaro, contacté par CheckNews, raconte : « Il y a quatre ans, un chef de service a essayé d’embrasser une stagiaire, dans l’ascenseur, sans son consentement. Je l’ai croisée dans le couloir, à la sortie de l’ascenseur. Elle n’était pas bien. Elle a refusé de se plaindre auprès de la direction. C’est souvent le cas au Figaro : face à des gens qui sont dans une position hiérarchique élevée, ou qui sont connus, une stagiaire se dit qu’elle peut mettre en péril sa carrière. C’est pour ça que les plaintes ne remontent pas. La personne harcelée est partie à l’issue de son stage. On n’a pas fait ce qu’il fallait. »

    Une autre journaliste, Marine*, elle en CDI au moment des faits, et toujours en poste, raconte une expérience similaire avec un autre haut responsable du journal, lui aussi toujours en poste : « C’était il y a quelques années, dans un ascenseur. Il m’a dit que mon rouge à lèvres l’excitait, et il m’a collé contre la paroi de l’ascenseur, en essayant de m’embrasser de force. Je l’ai violemment repoussé. Je n’ai pas porté plainte, et je n’ai pas averti la direction à cause du climat sexiste qui règne au Figaro : j’aurais fini par être sanctionnée, d’une façon ou d’une autre. Cet homme est intouchable. »
    « On ne va pas s’arrêter au tweet de Roquette »

    Contacté par CheckNews, le directeur des rédactions, Alexis Brézet, assure qu’aucun cas de harcèlement ou d’agression ne lui est remonté : « Pour le moment ni moi, ni les RH n’avons été saisis. Après personne ne peut être sûr qu’il n’y en a pas. » Il assure que son journal prend le sujet « très au sérieux depuis longtemps » et se « donne les moyens » pour entendre de potentielles victimes : « Nous nous sommes dotés d’une charte, qui ne date pas d’hier, très claire contre le harcèlement sexuel. On s’est également doté d’une plateforme de signalement de comportements sexistes. Pour l’instant il n’y en a pas eu. »

    Cette plateforme, obligatoire depuis 2016 et la loi Sapin 2, permet en effet aux salariés de dénoncer des comportements non éthiques au sein de leur société, de manière anonyme. Problème, selon un représentant syndical du Figaro, interrogé par CheckNews : « La plateforme ne parle que de corruption. On a donc demandé plusieurs fois à la direction qu’ils mettent en avant le fait que la plateforme s’adresse aussi aux salariés victimes de harcèlement sexuel, ou de violences sexistes. Cela n’a pas encore été fait. »

    « La parole est extrêmement difficile à recueillir au Figaro [sur ces questions], regrette le même élu qui assure que lors d’un récent comité d’entreprise, la direction générale du journal a annoncé qu’elle envisageait une campagne d’affichage contre le harcèlement pour sensibiliser. « On ne va pas s’arrêter au tweet de Roquette pour dire il n’y a pas de ça chez nous », conclut-il. Des propos confirmés par l’élu SNJ Patrick Bele : « Le Figaro n’est pas une entreprise hors sol. On n’a jamais été épargné par ce phénomène ».

    Désormais, les salariés sauront en tout cas vers qui se tourner : selon nos informations, le Figaro a annoncé hier, le 11 mars, en interne la nomination d’une référente en charge d’accompagner les salariés en matière de harcèlement sexuel et agissements sexistes. Comme la loi les y oblige.

    *Les prénoms ont été changés
    Vincent Coquaz , Robin Andraca

    • I really believe that all the behaviors, all the values are not equal, and I believe that respect of women is better than non-respect of women. I really believe that secularism is better than bigotry. I believe that not because they are Western values but because they are values that protect and save bodies of people.

      Yeah, if you are a woman in Libya or Iran, a woman who works at a hotel in New York, whatever it is.

      [Long pause] Yeah. [Long pause]

      Sir, can you hear me?

      I’m here. I’m here.

      I just said that they deserve to be respected and heard.

      Yeah, yeah, yeah. I got it. I got it. I heard you. I heard.

      Assez jouissif...

      #Bernard-Henri_Lévy #BHL

    • Puisque semi #paywall :

      Bernard-Henri Lévy on the Rights of Women and of the Accused
      By Isaac Chotiner, The New-Yorker, March 18, 2019

      “The history of France, a permanent miracle, has the singular privilege of impassioning the peoples of the earth to the point where they all take part in French quarrels,” the French author André Maurois wrote. With Bernard-Henri Lévy, it often seems that the world’s most famous French intellectual is taking part in everyone else’s quarrels. Born in Algeria, to a Jewish family, B.H.L. (as he is known) made a name for himself as a journalist in East Pakistan, in the early seventies, during its struggle to become Bangladesh. A few years later, he was part of a group of young French writers, called the New Philosophers, who broke decisively from Marxism and the influence of Sartre. Over the past several decades, he has written philosophy and history and journalism, on subjects ranging from the war in Bosnia to the death of Daniel Pearl and the need for a strong stand against Islamic fundamentalism.

      He has also, unlike some of his forebears, evinced a passionate love for the United States. He retraced Tocqueville’s footsteps in a series of essays for The Atlantic (which became the book “American Vertigo”), speaks proudly of his “anti-anti-Americanism,” and has urged the United States to exercise its power, voicing support for military action in Libya. (He played a large role in convincing the French government to help overthrow Muammar Qaddafi.) His new book is called “The Empire and the Five Kings: America’s Abdication and the Fate of the World,” and it explains why an American “retreat” from the global stage is likely to have calamitous effects, with other, less democratic countries filling the void.

      Lévy has sparked controversy for a number of his stances, including his advocacy for France’s burqa ban, his “unconditional love” of Israel, and his criticism of the rape cases against the film director Roman Polanski, who pleaded guilty to statutory rape, in 1978, and fled to France to avoid imprisonment, and Dominique Strauss-Kahn, the former managing director of the International Monetary Fund. Strauss-Kahn, a friend of Lévy’s, has been repeatedly accused of sexual misconduct. In 2011, New York prosecutors charged him with the sexual assault of a maid at a Manhattan hotel; the charges were dropped, but not before Lévy published a piece defending Strauss-Kahn, in which he questioned why a maid would have gone into Strauss-Kahn’s hotel room alone, and claimed that his friend had been “thrown to the dogs.”

      I recently spoke twice by phone with Lévy. During our conversations, which have been edited for length and clarity, we discussed his feelings about the war in Libya, the rights of women in Muslim societies, and his support for Polanski and Strauss-Kahn.

      Has the rise of Donald Trump made you rethink anything you believed about America?

      No, because I am an admirer of the democracy in America, of the institutions in America, of the creed in America. But I always knew that there was a part of this country that was unfaithful and wary of this creed, institutions, and values. When I wrote “American Vertigo,” I knew that this America existed, this populist America, sometimes this semi-Fascist America, this America turning its back on its own glorious identity. I always knew that. It’s not a surprise. The surprise is that, because of the world’s big populist wave, No. 1, and because of the electoral college, No. 2, this America came in the White House. It makes a big difference, of course, but I am sure it does not change my admiration for America.

      Does it make you think that if America is going to elect people like Donald Trump, we should think differently about how active America should be in the world?

      No. I just think that America is currently playing against its values and its self-interests. It’s lose-lose behavior, losing on every ground, losing on principles, losing on interests. I don’t believe in this idea of America making deals and so on. I think that when America, contemporary America, turns its back on its vocation—exceptionalism, creed, and so on—it is bad for the rest of America. It is not a source of prosperity; it is the opposite. So my hope and my belief is that the time will come, sooner probably than what Americans think, when the country will match again with its creed and its self-interests.
      Video From The New Yorker
      Unearthing Black History at the Freedom Lots

      You were instrumental in pushing for action to overthrow Qaddafi. How do you evaluate that eight years later?

      It was the right thing to do. I was instrumental in France, but not only. Hillary Clinton, by the way, related it also in her memoirs. She spoke about my visit to her, my pressure with the Libyan revolutionaries. I absolutely believe it was the right thing to do for you and for us and for the Libyans. My view is that if we had not done that, we would have today not only one but two Syrias. And Syria is something else than the problem that Libya faces. In Libya, you have disorder and you have civil war of low intensity and you have some pockets of jihadism, but the pockets of jihadism were picked out and were destroyed by the Libyans themselves, in Derna, in Sirte, in Misurata. The civil war is not good, of course, but it is low intensity. Syria is the opposite. It’s a huge war against civilians. As you know, millions of refugees. Absolutely incomparable. In other words, when you [do the math], the result of noninvolvement and of involvement, the first one is much worse, the balance of noninvolvement is absolutely a thousand per cent more heavy.

      You wrote, at the time, “What is dying: an ancient concept of sovereignty in which all crimes are permitted as long as they go on within the frontiers of the state. What has been born: the idea of the universality of rights that is no longer a pious hope but a passionate obligation for all who truly believe in the unity of mankind and in the virtue of the right to intervene, which is its corollary.” Has Libya at least changed your mind about people in the West being overconfident about the ability of regime change to have long-lasting accomplishments?

      No. There are two different things. In terms of principles, we have to hold firm. It is a duty, a moral duty, to hold firm the idea that there is no people, no ethnicity, forbidding democracy. Democracy is a universal value and it can be adopted in any situation, and it is absolutely a racist point of view to say that this part of the world or that part of the world is unable to build a democracy. No. 2, to build a democracy, you don’t do that overnight—with one exception, and that is Israel, a democracy built overnight in 1948. Except for that, democracy takes time.

      You write in the book, “During the war in Libya, and then during the freeze, the convulsions, and the confusion that followed, when the very idea of an Arab democratic revolution seemed lost, I continued to make myself available—for an attempted mediation in Paris, for a summit in Tunis,” et cetera. Are you still available to play that role?

      Of course. To my last minute. I am available for two things. No. 1, to write books—when I isolate myself, and I close my ears, and I dive in the depths of my words—but, yes, I am available for what you said, for what I said in this part of the book. If tomorrow there is a call from a friend in Libya or Syria, if I can help, of course I will do it.

      Lest people think you uncritically love America—and maybe I have given that perception—it’s absolutely the case that you have criticized America. One thing you have criticized is our criminal-justice system, and particularly the cases of Roman Polanski and Dominique Strauss-Kahn. Why do you think America cracked down on these men?

      Because of the madness, because of political correctness having become mad. This is class justice reversed. Former Marxists spoke about class justice, which means there is impunity for the powerful, the famous, the rich, and heavy justice for the powerless, the poor, and the have-nots. Today, in America, you have this huge wave of political correctness, which was good at the start, which was good in principle, but which has, as often, produced some crazy effects, and this is one. You have class justice reversed. It was clear in the case of Strauss-Kahn that the fact that he was rich, he was white, and he was powerful made him be treated in a way particularly severe, with the perp walk and so on, with this big show of justice. This show.

      You stated that Roman Polanski had “perhaps had committed a youthful error” and wrote, in 2010, “The ‘illegal sexual intercourse’ that Roman Polanski acknowledged he was guilty of 32 years ago is not, for all that, the deadly crime, even crime against humanity, that the avengers hot on his heels have been denouncing for the past 10 days. Yes, it is a crime. But there are degrees in the scale of crimes. And it is an insult to good sense, an assault on reason, a door left open to all kinds of confusion, to muddle everything, to try to make everyone believe that a rape is a crime of the same nature as, for example, the one his wife Sharon Tate was a victim of.” You say, “Perhaps had committed a youthful error.” He was, I guess, thirteen at the time. Oh no, no, his victim was thirteen at the time. He was forty-three.

      What I wanted to tell you was that, a few years ago, I made a little investigation, and I discovered that the year when he committed this crime, in the same county of California, he was probably the most heavily punished among the men who did such crimes. Because he was famous and rich and so on, he was not spared by justice but exactly the reverse.

      For raping a thirteen-year-old, we are talking about?

      Yes, raping. Fourteen, fifteen, thirteen, whatever. It’s a crime, anyway. He was the most heavily punished. He went in jail and so forth. My point is that we are in a time where sometimes you have this class justice reversed. I remember, for the New York Times, I did an interview with Bill Keller [the former executive editor of the Times]. He told me that you, Bernard-Henri Lévy, generally defend minorities, ethnic minorities, the poor, and the have-nots. How can you defend a rich, powerful white man? And I told him, I’m sorry, but justice has nothing to do with being white or not white, powerful or not. Justice is justice. Law is law. The penalty has to be adapted to the guiltiness. The guiltiness has to be scrutinized first.

      Do you feel that we have this political correctness, which you said you thought was helpful at the beginning, but now people are freaking out about raping thirteen-year-old girls?

      To rape a thirteen-year-old girl is a huge crime, which deserves a huge penalty, which deserves jail and so on. But, when the penalty has been purged, the system of justice is that you have paid your debt—that’s what they tell you. To rape, in general, is a crime, and one of the good virtues of the #MeToo movement is to have imposed the idea to every single man in America and the Western world that to rape is a huge crime against the essence of humanity for a woman, or for a man when a man is raped. No, no, no, I didn’t say that. But Roman Polanski paid his debt and went to jail.

      Polanski left the country.

      He left the country after having paid his penalty. He went to jail first.

      He was still a fugitive, just to be clear. And to turn to Dominique Strauss-Kahn—when another woman accused him of attempted rape, you wrote, “I hold it against all those who complacently accept the account of this other young woman, this one French, who pretends to have been the victim of the same kind of attempted rape, who has shut up for eight years but, sensing the golden opportunity, whips out her old dossier and comes to flog it on television.” [After Strauss-Kahn was charged with rape, in 2011, a French journalist said that he had tried to rape her several years earlier.] How do you know she was pretending?

      Where did I say that?

      You wrote an article where you said “who pretends to have been the victim of the same kind of attempted rape.”

      What is the name of this girl and where did I publish this article?

      The woman was Tristane Banon.

      O.K. O.K. And then? What I think is that these crimes, these acts are huge crimes. And you cannot—

      The Daily Beast is where you wrote it.

      So this has to be treated very seriously, and to take very seriously an alleged crime is to go to justice, is to scrutinize, is to exchange arguments and exchange witnesses, word against word. Until the moment that this crime has been proven, it is alleged or pretended.

      I asked because you said “pretend,” and you didn’t mention that a lot of women don’t come forward initially because it was a traumatic experience or they are not believed or, you know, people will say they are pretending.

      MORE FROM

      Q. & A.

      No, no, no, no. I don’t say . . . I say that “pretend” is a clear word in law, in the state of law. Until a crime is proved, it is alleged. When it is proved, it is committed and it has to be punished, any crime, according to the scale of law.

      [Levy later clarified that he meant “pretends” in the sense of the French “prétendre,” or “to claim.” The article had been translated from French, and “prétendre” appeared in the original.]

      So when you said she “shut up for eight years but, sensing the golden opportunity, whips out her old dossier and comes to flog it on television . . . ”

      O.K. It’s a quote from me. So what?

      I want to understand what you meant by that.

      I meant exactly what I said.

      So “sensing the golden opportunity” is what you meant?

      I don’t remember this text, sir. If it is in the Daily Beast, it is my text, no doubt.

      You have written a lot about troubles within Islam. You recently tweeted, “Hijab Day at Sc Po [Sciences Po]. So when is there going to be a sharia day? Or stoning day? Or slavery day?” You have also compared a head scarf to inviting rape.

      No, no, no, no. I never said that. That is a false quote which are on and on. I never said this sentence of veil and rape. Never ever.

      So it’s a fake quote?

      I never said that.

      “So when the Muslims say that the veil is to protect women, it is the contrary. The veil is an invitation to rape.”

      No, no. I never said that. What I say is that the veil for women is a sign of submission, a sign of power of the men over the women, a sign of the inferiority of the women, and what I say is that I cannot see the reason why a woman should be forbidden to show her face or her hair, and I find absolutely disgusting the idea that we men have sort of purity and that the hair of women [is a sign of] impurity. I never said this sentence.

      The quote appeared in an October, 2006, profile of you in the Jewish Chronicle, a London-based newspaper. Do you know the piece I am talking about?

      I know the piece and I said various times that I never said that.

      So they made it up?

      It is not a quote by me.

      I agree with you completely that men telling women what they should be able to wear is disgraceful. I was wondering what you think about France’s policy of also having restrictions on what women can wear, in terms of the burqa ban, and whether you think that has been a successful policy.

      I am in favor of the burqa ban because I think that the burqa is a jail—a jail of tissue, but still a jail. It is a sign of slavery. Even when a woman says that she accepts or she wishes to be a slave, I don’t think that a democratic society should bless slavery, even when it is consented to, even when it is accepted. Democratic society cannot bless slavery.

      So you think all women who wear the veil are essentially slaves?

      All women who wear the burqa are put in a state of slavery, and all the women who wear the veil accept the idea or are forced to accept the idea that they are not the equal of men, that there is something un-pure in their hair, in their freedom, in the grace of the way they move, which is only reserved to women and which is not the case for the man.

      Have you talked to women who wear a covering and who feel differently, and what do they say to you?

      Of course, I spoke with this sort of woman. Sometimes they are obliged by the law of the micro-society or big society or are compelled to do that, and if they don’t do that, they put themselves apart from the society. Sometimes they accept it really. What I see, what I hear, when I speak with them, is that they share a vision of the world which is built by the men and which creates a state of inferiority for them. They interiorize this doctrine, this theory.

      Do you think the ban was helpful for France?

      I think so, because it was healthy for the huge majority of Muslims in France who are secular, who are democrats. They found themselves helped, encouraged, in their behavior. If we had accepted the veil, it would have been as if we, the French Republic, led them to their destiny. The ban of the veil was an extended hand to this part of Muslim society that wants to embrace secular values.

      I think it’s important for different communities and faiths to embrace secular and feminist ways, in a society where, when women come forward about things like sexual assault, they are, broadly speaking, believed. All these things are very important.

      Yeah. I’m sorry. What was the question?

      I was agreeing that we need secularism and a society where women are respected—

      I really believe that all the behaviors, all the values are not equal, and I believe that respect of women is better than non-respect of women. I really believe that secularism is better than bigotry. I believe that not because they are Western values but because they are values that protect and save bodies of people.

      Yeah, if you are a woman in Libya or Iran, a woman who works at a hotel in New York, whatever it is.

      [Long pause] Yeah. [Long pause]

      Sir, can you hear me?

      I’m here. I’m here.

      I just said that they deserve to be respected and heard.

      Yeah, yeah, yeah. I got it. I got it. I heard you. I heard.

      Isaac Chotiner is a staff writer at The New Yorker, where he is the principal contributor to Q. & A., a series of timely interviews with major public figures in politics, media, books, business, technology, and more.Read more »

  • Sexisme, violences sexuelles : non, « le Figaro » n’est pas épargné - Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/2019/03/12/sexisme-violences-sexuelles-non-le-figaro-n-est-pas-epargne_1714317

    Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine, a ainsi demandé à Libé de « laver son linge sale en famille » sans « mouiller » les autres médias.

    Judith Waintraub, journaliste au Figaro Magazine, ironisait sur le fait que les médias touchés étaient tous de gauche. Idem pour ses collègues Jean-Christophe Buisson ou Eric Zemmour. D’autant que plusieurs autres affaires ont depuis été mises au jour, avec des licenciements ou suspensions à la clé, dans plusieurs médias dits « progressistes » : le Monde, le Huffington Post, Vice ou les Inrocks par exemple.
    Sexisme à l’ancienne

    Si rien n’est sorti concernant le Figaro, cela ne veut pas dire que le journal est pour autant épargné. C’est ce qui ressort de l’enquête et des entretiens que CheckNews a pu mener avec près de 30 personnes.

    Malgré l’omerta qui règne au sein de la rédaction sur les questions de harcèlement, CheckNews a pu établir l’existence de pratiques sexistes, proches du harcèlement et parfois connues de la direction, du fait d’un groupe restreint d’hommes, qui occupent des positions de pouvoir.

    Selon nos informations, une université dissuade par exemple ses étudiants de postuler dans un service du journal après l’expérience d’une jeune journaliste ayant postulé. Plus récemment, quelques semaines avant les révélations sur la Ligue du LOL, une dizaine de journalistes femmes du quotidien se sont plaintes auprès d’une cheffe de service d’un rédacteur en chef adjoint pour des avances répétées et insistantes faites à des journalistes précaires. Deux témoignages d’agression sexuelle nous ont aussi été rapportés. Dans les deux cas, par peur de représailles professionnelles, les victimes n’ont pas averti la direction, ni porté plainte.
    « Le dimanche, il n’y avait que des femmes : c’était le jour des adjointes »

    Dès les premiers moments de l’enquête, les premières personnes interrogées nous ont prévenus : « Le Figaro c’est une forteresse. Personne ne parle. » Autre difficulté : la réticence politique de certains ou de certaines envers #MeToo, perçu comme un mouvement de « délation organisée ». Mais le plus grand obstacle a été la peur de certaines sources d’être identifiables en interne, y compris quand il s’agit de personnes qui n’y travaillent plus. La quasi-totalité des propos et témoignages rapportés le sont donc de façon anonyme.

    C’est le cas par exemple d’un ancien journaliste et chef au Figaro qui l’assure d’emblée : « C’est une boîte de gens bien élevés. Donc il n’y a pas de Ligue du LOL. Personne ne harcèle publiquement, personne n’insulte. Mais oui, il y a une rédaction machiste. Un machisme ordinaire je dirais. » Il se souvient ainsi d’une époque pas si lointaine où « le comité de rédaction était composé à 99 % d’hommes ». Sauf le dimanche, « où il n’y avait que des femmes : c’était le jour des adjointes ». S’il se félicite qu’il y ait « depuis quelques années une politique volontariste de rattrapage », il reconnaît que la rédaction du Figaro « part de loin ». D’ailleurs, à chaque fois « qu’une femme est nommée » à un poste de responsabilité, « ça fait jaser ».

    Plusieurs journalistes interrogées par CheckNews confirment cette analyse : « Globalement, au Figaro, j’ai plutôt l’impression de travailler avec des gens bien, assure Marie*, une journaliste en poste depuis plusieurs années dans le quotidien. Après, on a nos quelques mecs lubriques bien insistants, bien gênants… » Une autre ajoute : « A ma connaissance il n’y a jamais eu de comportement façon Ligue du LOL. En revanche, un sexisme à l’ancienne chez certains. Pas tous, il y a beaucoup de gens super ! »
    « Le Figaro, c’est Mad Men »

    Pour résumer l’ambiance qui règne au sein de la rédaction, un journaliste a cette formule : « Le Figaro c’est Mad Men : des hommes d’un certain âge qui parlent beaucoup des femmes beaucoup plus jeunes. » Il ajoute : « J’ai assisté à des pauses clopes où c’était une boucherie dès qu’une petite nouvelle arrivait. Ils parlent d’elle comme d’un morceau de viande. C’est des conversations de lycéens, sauf que ces personnes ont 3 enfants. »

    Quelle forme prend, concrètement, ce « sexisme à l’ancienne » ? L’une des journalistes interrogées par CheckNews raconte : « Un jour je propose à un collègue voisin de bureau, un grand reporter, quelqu’un d’important dans le journal, s’il veut que je lui apporte un café. Il me répond "Non, je préférerais que tu me tailles une pipe". Tout le monde a éclaté de rire. Moi j’étais mal, je ne savais plus où me mettre. » Elle se souvient aussi de la « pluie de blagues sexistes » qui s’est abattue sur un service quand « plusieurs femmes sont tombées enceintes au même moment » : « Ça ne s’arrêtait pas sur les hormones, les caprices etc. » Une ancienne stagiaire, restée pendant deux mois boulevard Haussmann, se souvient aussi comment ses collègues masculins du service international lui ont demandé de « faire une danse de pom-pom girl » devant eux.

    Nathalie*, qui a depuis quitté la rédaction, se remémore un cinglant « Elle est pas contente, elle doit avoir ses règles », lancé à une femme, à l’époque cheffe de service. En sortant du comité de rédaction de 10 heures, cette dernière regrettait le peu de place qui lui avait été accordé pour le chemin de fer, se souvient Nathalie, qui avait assisté à la scène : « Elle avait un certain âge, elle était de toute évidence ménopausée. C’était d’une violence terrible, d’autant plus que les hommes, eux aussi chefs de service, qui avaient entendu la réflexion riaient grassement et bruyamment dans la salle. »
    « Un traquenard »

    Au-delà des saillies sexistes, les journalistes interrogés s’accordent à décrire un système bien rodé au Figaro, où une poignée d’hommes, tous en position de pouvoir dans la rédaction, se rapprochent systématiquement des jeunes femmes du journal en situation de précarité dès leur arrivée pour leur proposer des rendez-vous (déjeuners ou dîners). Tous évoquent un groupe restreint d’hommes, bien identifiés. « Il existe un sexisme institutionnalisé au Figaro », détaille un journaliste passé plusieurs années par la rédaction, avec « 3 ou 4 hommes à qui il est impossible de s’en prendre, sous peine de voir sa carrière ruinée ».

    Les personnes qui acceptent d’en parler évoquent une drague « très bourgeoise » et « à l’ancienne ». L’ancien chef interrogé se souvient ainsi de « ces dragueurs lourds, qui portent publiquement leur morale en bandoulière », de ces « pères de famille bien catholiques, qui se montrent bien insistants avec les jeunes femmes ».

    Une journaliste, qui a accepté un de ces rendez-vous, le qualifie en un mot : un « traquenard ». « En quelques minutes, tu comprends pourquoi tu es là. Il m’a parlé de mon style "intrigant, sensuel". Il commentait le physique de mes collègues. Et finit par me proposer de venir boire des verres chez lui », se souvient-elle.

    Les personnes visées évoquent un « malaise » causé par ces comportements « lubriques », « insistants » voire « insupportables ». D’autant plus que les journalistes visées sont majoritairement des stagiaires ou des salariées en contrats précaires, pour qui refuser les avances d’un homme à la position hiérarchique très élevée se révèle très compliqué. Plusieurs expliquent ainsi qu’elles n’auraient eu « aucun problème » à repousser sèchement des avances d’une personne extérieure, mais que la situation était problématique dans le cas de rédacteurs en chef ou de membres de la direction, qui peuvent évidemment peser dans la décision d’octroyer un stage ou de renouveler un CDD.

    « Soit les jeunes femmes ne se rendent pas compte, soit elles ne savent pas vers qui se tourner », regrette Sophie*, journaliste du Figaro qui raconte la difficulté de se saisir de ces sujets en interne. « Quand tu es en stage, ou que tu commences ta carrière, tu ne vas pas saisir les Ressources Humaines. Et ce n’est pas un sujet dont on parle vraiment au Figaro. En tant que femme, on se sent un peu seule face à ces problématiques dans la rédaction. On a peur d’en parler, mais aussi peur de se retrouver face à une personne qui ne comprendrait pas de quoi on parle. »
    Une plainte en interne

    Ces dernières semaines, la situation a toutefois évolué : une dizaine de journalistes de plusieurs services (Madame Figaro, Le Figaro Etudiant, LeFigaro.fr etc.) se sont formellement plaints. En cause, l’insistance d’un rédacteur en chef adjoint à proposer « régulièrement » des rendez-vous avec « les femmes journalistes précaires qui commençaient leur carrière », en stage ou en CDD, selon plusieurs sources internes. Un comportement insistant, comme CheckNews a pu le confirmer en consultant plusieurs mails.

    Début janvier, quelques semaines avant les révélations sur la Ligue du LOL, une journaliste, « mieux placée dans la rédaction » que les personnes visées, est ainsi allée voir une responsable haut placée du journal pour dénoncer ces agissements. Ce que cette dernière nous a confirmé. Ensuite ? Difficile de savoir précisément ce qu’il s’est passé. Le journaliste visé n’a pas donné suite à nos sollicitations. Sa supérieure hiérarchique directe, membre de la direction, se cantonne, elle, à indiquer qu’elle a convoqué tous ses « encadrants » pour leur demander d’être « vigilant » sur ces sujets. À notre connaissance, il n’y a eu dans cette affaire ni enquête interne, ni sanction formelle.
    Des stages déconseillés au Figaro

    Autre conséquence directe de certains comportements : le département journalisme d’une université française dissuade désormais ses étudiantes et étudiants d’envoyer des candidatures de stage à un service prestigieux du Figaro, comme l’ont confirmé à CheckNews plusieurs membres du personnel enseignant. En cause, les remarques sur le physique et les propositions déplacées du chef du service en question, lors d’un entretien avec une jeune journaliste il y a un peu plus d’un an. Cette dernière était venue voir une de ses responsables pédagogiques « en larmes, en tremblant, totalement bouleversée ».

    « C’était l’un de ses premiers contacts avec le monde professionnel, ça devait être l’une de ses premières expériences, raconte une de ses enseignantes. Elle pensait qu’elle allait pouvoir parler de ses capacités professionnelles… Nous nous sommes retrouvées un peu démunies d’autant plus qu’elle ne voulait pas entamer de procédure plus formelle, tout simplement parce qu’elle avait peur, ce qui était tout à fait compréhensible. »

    Des témoignages et des échanges de mails que CheckNews a pu consulter indiquent que ce même journaliste, à la position hiérarchique très importante, fait partie des journalistes qui se rapprochent systématiquement des jeunes journalistes femmes pour leur proposer des rendez-vous.
    « On n’a pas fait ce qu’il fallait. »

    Parmi les faits rapportés les plus graves figurent également deux cas qui relèvent de l’agression sexuelle.

    Patrick Bele, représentant syndical SNJ au Figaro, contacté par CheckNews, raconte : « Il y a quatre ans, un chef de service a essayé d’embrasser une stagiaire, dans l’ascenseur, sans son consentement. Je l’ai croisée dans le couloir, à la sortie de l’ascenseur. Elle n’était pas bien. Elle a refusé de se plaindre auprès de la direction. C’est souvent le cas au Figaro : face à des gens qui sont dans une position hiérarchique élevée, ou qui sont connus, une stagiaire se dit qu’elle peut mettre en péril sa carrière. C’est pour ça que les plaintes ne remontent pas. La personne harcelée est partie à l’issue de son stage. On n’a pas fait ce qu’il fallait. »

    Une autre journaliste, Marine*, elle en CDI au moment des faits, et toujours en poste, raconte une expérience similaire avec un autre haut responsable du journal, lui aussi toujours en poste : « C’était il y a quelques années, dans un ascenseur. Il m’a dit que mon rouge à lèvres l’excitait, et il m’a collé contre la paroi de l’ascenseur, en essayant de m’embrasser de force. Je l’ai violemment repoussé. Je n’ai pas porté plainte, et je n’ai pas averti la direction à cause du climat sexiste qui règne au Figaro : j’aurais fini par être sanctionnée, d’une façon ou d’une autre. Cet homme est intouchable. »
    « On ne va pas s’arrêter au tweet de Roquette »

    Contacté par CheckNews, le directeur des rédactions, Alexis Brézet, assure qu’aucun cas de harcèlement ou d’agression ne lui est remonté : « Pour le moment ni moi, ni les RH n’avons été saisis. Après personne ne peut être sûr qu’il n’y en a pas. » Il assure que son journal prend le sujet « très au sérieux depuis longtemps » et se « donne les moyens » pour entendre de potentielles victimes : « Nous nous sommes dotés d’une charte, qui ne date pas d’hier, très claire contre le harcèlement sexuel. On s’est également doté d’une plateforme de signalement de comportements sexistes. Pour l’instant il n’y en a pas eu. »

    Cette plateforme, obligatoire depuis 2016 et la loi Sapin 2, permet en effet aux salariés de dénoncer des comportements non éthiques au sein de leur société, de manière anonyme. Problème, selon un représentant syndical du Figaro, interrogé par CheckNews : « La plateforme ne parle que de corruption. On a donc demandé plusieurs fois à la direction qu’ils mettent en avant le fait que la plateforme s’adresse aussi aux salariés victimes de harcèlement sexuel, ou de violences sexistes. Cela n’a pas encore été fait. »

    « La parole est extrêmement difficile à recueillir au Figaro [sur ces questions], regrette le même élu qui assure que lors d’un récent comité d’entreprise, la direction générale du journal a annoncé qu’elle envisageait une campagne d’affichage contre le harcèlement pour sensibiliser. « On ne va pas s’arrêter au tweet de Roquette pour dire il n’y a pas de ça chez nous », conclut-il. Des propos confirmés par l’élu SNJ Patrick Bele : « Le Figaro n’est pas une entreprise hors sol. On n’a jamais été épargné par ce phénomène ».

    Désormais, les salariés sauront en tout cas vers qui se tourner : selon nos informations, le Figaro a annoncé hier, le 11 mars, en interne la nomination d’une référente en charge d’accompagner les salariés en matière de harcèlement sexuel et agissements sexistes. Comme la loi les y oblige.

    #sexisme #discrimination #travail #femmes

    • une université dissuade par exemple ses étudiants de postuler dans un service du journal […] … une dizaine de journalistes de plusieurs services […] se sont formellement plaints. […] les salariés sauront en tout cas vers qui se tourner

      Du coup j’ai compris que ce sont des hommes qui sont harcelés et qui sauront vers qui se tourner.

  • The Impact of #MeToo in France: An Interview with Lénaïg Bredoux | Aida Alami
    https://www.nybooks.com/daily/2019/03/13/the-impact-of-metoo-in-france-an-interview-with-lenaig-bredoux

    In 2011, when Dominique Strauss-Kahn, then the managing director of the International Monetary Fund, was arrested in a Manhattan hotel on rape charges, Lénaïg Bredoux, a Paris-based reporter, watched the reporting in dismay. At the time, the French media largely devoted itself to criticizing the American judicial system instead of investigating allegations that had dogged Strauss-Kahn for years. Moved to action, she contacted the French journalist Tristane Banon, who, in 2007, publicly accused him of sexually assaulting her in 2003 and that is how Bredoux uncovered a culture of silence inside the French Socialist Party. Source: The New York Review of (...)

  • « On a effacé les femmes de l’histoire de la gastronomie »
    https://o.nouvelobs.com/food/20190307.OBS1337/on-a-efface-les-femmes-de-l-histoire-de-la-gastronomie.html

    Vous venez de publier un répertoire de 500 femmes chefs en France. Quelle est l’idée derrière ce projet ?

    – L’an dernier, j’ai réalisé le documentaire « À la recherche des femmes chefs » pour mettre en avant certaines figures inspirantes. Toutefois, le Guide Michelin a continué d’ignorer les talents féminins de gastronomie, notamment en France. [En 2018, seules deux femmes ont été récompensées d’une étoile, aucune de deux ou trois étoiles, NDLR]

    Du coup, j’ai eu très envie de savoir qui étaient les femmes chefs, combien et où elles étaient. J’ai lancé un appel sur Facebook pour compiler le tout dans une liste. Ça a eu un engouement énorme, beaucoup de gens m’ont écrit, et [la journaliste de « Télérama »] Estérelle Payany m’a apporté son aide. On a planché sur un tableur Excel avec tous les noms, toutes les adresses. « Télérama » a ensuite publié la liste sur son site internet.

    Le but était vraiment que toute la sphère de la gastronomie française, y compris le Michelin, ait accès à cette liste de façon gratuite et ouverte. J’en avais marre de ces listes privées qui disent qu’il y a des talents féminins mais sans donner leurs noms...

    C’est comme ça qu’est né votre ouvrage « 500 femmes qui font la différence dans les cuisines de France », avec Estérelle Payany ?

    – Oui, j’ai contacté un éditeur - Nouriturfu - pour leur expliquer qu’il est important que cette liste soit disponible. Ça permet de montrer concrètement que les femmes se sont imposées dans la gastronomie. Il fallait aller plus loin qu’une publication sur un média en ligne, il fallait plus de concret. Finalement, nous avons débouché sur cette sorte de référencement de plus de 500 femmes chefs, avec pour chacune une présentation.

    Quel est votre regard sur la place des femmes dans la gastronomie ?

    – Essentielle. Les femmes ont toujours joué un grand rôle dans l’histoire de la gastronomie française. A l’époque des auberges des bords de routes, c’était essentiellement des femmes qui cuisinaient. Dans les années 1920-1930, c’était encore elles, les mères à Lyon et dans toute la France. Ce n’est qu’à partir des années 1970, quand il y a eu les chefs stars comme Paul Bocuse, que la gastronomie française s’est vue marketée comme une affaire d’hommes. Alors même que les hommes ne faisaient que reprendre des recettes de femmes !

    Il faut reconnaître la place des femmes dans la gastronomie. On les a effacées de l’histoire, on ne leur a pas assez rendu hommage et, finalement, ce modèle de brigade masculine s’est imposé.

    La chef Adelaïde Perissel (Nouriturfu - Olivier Marie)

    Votre ouvrage s’arrête uniquement sur les femmes chefs. Pourtant, des femmes sont présentes à tous les échelons des brigades.

    – C’est vrai, nous avons beaucoup hésité à parler de toutes, mais c’était compliqué de faire une liste exhaustive. Peut-être qu’on le fera pour une seconde édition, ou qu’on consacrera une étude aux femmes secondes, aux chefs pâtissières, aux commis, etc.

    Est-ce que la place des femmes varie en fonction des types de restaurants ?

    – Les femmes chefs sont surtout dans les restaurants modernes, comme les végétariens, ceux uniquement pour déjeuner bio, etc. Les femmes s’adaptent finalement mieux aux goûts d’aujourd’hui, et adoptent plus volontiers la philosophie du mieux manger. Et c’est valable aussi en régions, où on les retrouve surtout dans des fermes auberges, avec une vraie cuisine régionale authentique.

    Si les femmes prennent tous ces virages aussi rapidement, c’est notamment parce qu’elles ouvrent plus vite leurs propres restaurants, essentiellement pour fuir des brigades où elles sont maltraitées...

    Le mouvement #MeToo a-t-il changé des choses ?

    – Les choses ont changé car les femmes ont pris leur destin en main. Ce que #MeToo a surtout déclenché, c’est une prise de conscience. Les femmes ont leur place dans la société, elles doivent arrêter d’attendre et y aller. Dans les pays anglo-saxons, ça va plus vite qu’en France. Alors qu’on a juste à agrandir la table et s’assoir où l’on veut !

    Dans votre précédent livre « Elles cuisinent », vous rencontrez des femmes chefs partout dans le monde. Y a-t-il une différence sur la place de celles-ci entre la France et le reste du monde ?

    – La vraie différence, c’est qu’en France, le métier de chef est valorisé et valorisant. Il y a beaucoup de pays où ce métier n’est pas bien vu pour un homme, mais aussi pour une femme. C’est plutôt un choix par défaut.

    Mais, plutôt que de nous concentrer sur les différences, il faut regarde tout ce qui nous rassemble – comme la cuisine ! En France, les femmes qui travaillent dans la gastronomie ne se rencontrent pas, ne se connaissent pas, et ne savent même pas qu’elles sont nombreuses. Et la raison principale est qu’elles sont très peu invitées dans les festivals. Quand on fait une table-ronde, on en invite une chef pour cocher la case diversité. Il faut créer des ponts entre les femmes pour qu’ensuite, elles s’organisent et s’entraident.

    Oui, la gastronomie n’est pas inaccessible pour les femmes. Elles doivent se l’approprier. Tous les modèles sont possibles. Il manque juste de la confiance en soi à acquérir...

    Si les chefs sont majoritairement des hommes, ils ont tous le même storytelling et citent leurs mères et grands-mères comme inspirations. Qu’est-ce que cela vous évoque ?

    – C’est une question qu’il faut poser aux hommes chefs. C’est en effet difficile de croire que toutes les mères de ces chefs soient des Cordons bleus... En revanche, je remarque qu’ils ne citent jamais le travail d’une femme de la profession, dont la technique ou la création les auraient inspirés. Anne-Sophie Pic, alors même qu’elle a trois étoiles depuis douze ans, a toujours du mal à évoquer ses techniques avec un homme chef.

    Le modèle doit changer, et pas qu’au restaurant. Si les petits garçons voyaient leurs pères plus cuisiner à la maison, peut-être qu’ils considéraient qu’on peut parler recette avec un homme, et de techniques de cuisine avec une femme. Les médias aussi doivent plus montrer de mixité derrière les fourneaux pour que garçons et fillettes puissent s’identifier.

    « Je suis en contact avec beaucoup de femmes chefs, qui sont brillantes et vont exploser dans les prochaines années, il faut juste être patient... », nous disait Anne-Sophie Pic l’an dernier.

    – La patience, elle a bon dos. Quand Anne-Sophie Pic engage la sommelière Paz Levinson pour son restaurant, c’est un signal fort qu’elle envoie. Elle - et on doit toutes le faire - arrête d’attendre que des hommes valident. Il faut se regrouper et de faire en sorte que les choses avancent plus vite.

    Evidemment, Anne-Sophie Pic n’a pas choisi Paz Levinson parce que c’est une femme, mais parce qu’elle a du talent. Ce choix influence l’histoire. Oui pour la patience, mais il faut agir également.

    Interview de Vérane Frédiani, auteure de « Cheffes : 500 femmes qui font la différence dans les cuisines de France » (éd. Nouriturfu), de « Elles cuisinent » (éd. Hachette Pratique), et du documentaire « A la recherche des femmes chefs », par Louna Boulay.

    #femmes #historicisation #sexisme

  • La sénatrice américaine McSally, première femme pilote de chasse, raconte son viol par un supérieur
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/07/aux-etats-unis-la-senatrice-martha-mcsally-premiere-femme-pilote-de-chasse-r


    Martha McSally, mercredi 6 mars à Washington.
    JOSHUA ROBERTS / REUTERS

    Martha McSally n’a pas révélé le nom de son agresseur, ni la date à laquelle les faits se seraient déroulés. Elle a expliqué qu’à l’époque les scandales d’abus sexuels s’accumulaient dans les forces armées, qui, selon la sénatrice, y apportaient « une réponse vraiment inadéquate ». L’ancienne pilote de chasse affirme avoir finalement parlé de ce traumatisme des années après l’agression, mais a été « horrifiée » par la façon dont l’armée a réagi à son témoignage. Elle assure d’ailleurs avoir failli démissionner « par désespoir ».

    « Comme d’autres victimes, je pensais que le système me violait une nouvelle fois », a expliqué Martha McSally, visiblement très émue. Elle a finalement choisi de ne « pas abandonner » et de devenir « une voix pour les femmes » dans l’armée, puis en politique.

    Devant les sénateurs, l’élue de l’Arizona a souligné la responsabilité de la hiérarchie militaire, demandant un changement de culture dans l’institution. A son entrée à l’école de l’armée de l’Air, en 1984, « les agressions et le harcèlement sexuel étaient courants et les victimes souffraient le plus souvent en silence », a-t-elle raconté. Pendant sa carrière, elle a vu de nombreuses « faiblesses dans les processus de prévention des agressions sexuelles, d’enquête et de jugement ».

    Selon un rapport publié par le Pentagone en mai 2018, le nombre d’agressions sexuelles signalées a augmenté de 10 % entre octobre 2016 et septembre 2017. L’armée américaine compte 1,3 million de personnes en service actif.

    Ce n’est pas la première fois que Martha McSally prend la parole pour parler des agressions sexuelles envers les femmes. Très sportive dans sa jeunesse, la sénatrice avait déjà raconté, en avril 2018, comment, alors qu’elle était âgée de 17 ans, son entraîneur d’athlétisme de 37 ans l’avait attirée dans une relation sexuelle. En plein mouvement #metoo, elle racontait dans une interview au Wall Street Journal la « manipulation émotionnelle » mise en place par son agresseur. « Il m’a fallu beaucoup de temps pour arriver au point de comprendre ce que j’avais vécu. Il y a beaucoup de peur, de manipulation et de honte. »

    Dans cet entretien, elle expliquait déjà n’avoir jamais sérieusement envisagé de confronter son agresseur du lycée. Qui l’aurait crue ? « C’est déjà difficile à prouver le lendemain matin, ne parlons pas de dix ans plus tard. »

    En octobre 2016, quand la vidéo Access Hollywood montrant Donald Trump se flatter de pouvoir embrasser impunément qui bon lui semble, Martha McSally avait tweeté son « dégoût ». « Plaisanter à propos des agressions sexuelles est inacceptable. Je suis scandalisée », écrivait-elle à propos du président américain. Reste que depuis, elle a soutenu bec et ongles le locataire de la Maison Blanche dans tous ses choix politiques. Elle avait également soutenu la candidature du juge conservateur Brett Kavanaugh à la Cour suprême, malgré les accusations d’agression sexuelle qui pesait sur lui.

  • HYPOCRIZIE — Le #metoo de la pub n’aura pas lieu

    https://medium.com/@wtflapub/lundi-4-mars-le-journal-le-monde-balance-une-bombe-sur-le-secteur-de-la-pub-

    Lundi 4 mars, le journal Le Monde balance une bombe sur le secteur de la pub : harcèlement, #sexisme au quotidien et culture du Boys Club seraient la règle dans les agences cool. L’article, à charge, rappelle les plus belles heures des abattoirs version vidéo de L214. Alors ? Surchauffe des Slacks ? Annulation des commandes de petits fours surgelés des Grand Prix Strat’ ? Tweet de Pascal Nessim ? Non, pire encore : rien. Mais sérieux

    En préambule : ce billet est écrit grâce aux efforts conjugués de cinq publicitaires, femmes et hommes. Le propos n’est pas de faire un travail journalistique. Nous nous basons ici uniquement sur le travail du Monde, sur nos expériences respectives et sur les histoires glanées dans nos entourages. Ces faits exposés par le Monde servent de point de départ à la dénonciation d’un système. Car au-delà d’un cas particulier, c’est toute une industrie qui doit faire son #metoo.
    Le billet se déroule en 3 points :
    I : le résumé de l’affaire Herezie pour ceux qui seraient passés à côté
    II : un point sur ce qui pourrit la pub
    III : un tuto sur la manière de lutter contre les boys club au quotidien

    #femmes #travail #communication #marketing

  • Les « mecs de gauche ». Réflexions sur nos amis dans l’ère #Me Too | Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/Les-mecs-de-gauche

    #MeToo est comme une vague immense, qui ne cesse de se gonfler à partir des minuscules gouttes-d’eau-qui-font-déborder-le-vase, qui font qu’il n’est plus possible de se taire, que le spectacle d’hommes paradant dans leur coolitude, voire leur féminisme, à coup de rouge à lèvres comme D. Baupin, ou de ralliement bruyant et intéressé à la cause des femmes, est soudainement insupportable. Chacun ses moments. Source : Les mots sont importants

  • #Metoo, procès Baupin, Ligue du LOL : les saines colères des femmes

    Depuis des siècles, l’emportement est un territoire déconseillé aux femmes, qui doivent incarner la #tempérance, la #docilité et le #calme. Elles sont pourtant nombreuses, aujourd’hui, à revendiquer cette #émotion qui se décline traditionnellement au masculin.


    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/01/les-saines-coleres-des-femmes_5429749_3232.html
    #colère #femmes #masculinité #féminité #genre

    #sorcières #folie

  • Geneviève Fraisse : « Maintenant, c’est la question du corps des femmes qui est au cœur de l’émancipation » | Le Média
    https://lemediapresse.fr/societe/genevieve-fraisse-maintenant-cest-la-question-du-corps-des-femmes-qui-
    https://i1.wp.com/lemediapresse.fr/wp-content/uploads/2019/03/Courbet.jpg?fit=840%2C523&ssl=1

    Il faut donc en racheter, cela fait double marché ! La vieille marxiste que je suis s’est rappelée que l’exploitation des femmes et leur domination passe par la matière. C’est extrêmement intéressant pour le capitalisme d’avoir cette possibilité de différencier les hommes et les femmes. Il y a donc le problème de l’invariant anthropologique, celui d’être fasciné par la domination en oubliant l’émancipation, et enfin l’enjeu économique. Cette époque a donc connu un trou d’air. Puis, tout a été bouleversé avec l’explosion de #MeToo. Car derrière le contrat social, il existe un impensé sexuel : le corps des femmes est à la disposition des hommes. C’est un peu plus sérieux que les images dites oppressives. Les corps dénudés que nous voyons sur les abribus ou ailleurs ne sont qu’un détail de cette histoire. Carole Pateman, explique tout cela magnifiquement dans Le Contrat sexuel (1988, La Découverte 2010) que j’ai fait traduire en France il y a une dizaine d’années. Il y a la structure patriarcale tenue par le père ou le roi, et l’impensé du corps des femmes.

  • Sexisme, harcèlement et agressions : au restaurant, la révolution #MeToo s’arrête aux portes des cuisines - LCI
    https://www.lci.fr/population/ambiance-sexiste-harcelement-et-agressions-en-cuisines-on-attend-toujours-la-rev

    Plus d’un an après #MeToo, LCI a voulu prendre la température du sexisme dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Résultat : le machisme semble y couler des jours tranquilles et aucune prise de conscience n’a l’air de poindre à l’horizon.

    Surprise, mais pas forcément embarrassée. De passage en contrat estival dans un cossu restaurant du 7e arrondissement de Paris, Zoé, 19 ans, ne s’attendait pas vraiment à recevoir un compliment... sur ses dents. Devant son remerciement naïf, le cuisinier flatteur enchaîne : « J’en ferais bien un collier autour de ma b... » Le contrat d’extra ne fait que commencer, mais le ton est donné pour le reste de l’été. Karine*, elle, est encore plus jeune lorsqu’elle fait ses premiers pas dans le milieu de la restauration. Aujourd’hui âgée de 30 ans, cette cheffe de cuisine en collectivité se souvient amèrement de son stage de troisième au sein d’un restaurant traditionnel. Et garde la vision d’un cuisinier, en salle, qui lui déclare : « Suce ma p... », en soulevant son tablier. « J’avais quinze ans et demi », ajoute-t-elle, dépitée.

    Plus d’un an après #MeToo, LCI a voulu faire un état des lieux du sexisme dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Premier indice qui laisse à penser que le machisme coule dans ce milieu des jours tranquilles : le nombre impressionnant de réponses, reçues par la rédaction, après la publication d’un appel à témoins pour les besoins de notre sujet. Parmi les retours récoltés, il y a d’abord une constante : la prévalence d’une ambiance lourde et empreinte de systématisme derrière les fourneaux. « Les phrases sexistes à connotation sexuelle sont quotidiennes. Dans ce milieu, il faut faire avec », remarque Emeline* dès sa sortie du bac professionnel dans un lycée parisien. « Il n’y a que trois sujets abordés en cuisine : la moto, le foot, le cul. On entend à longueur de journée des choses comme ’Tape dans le fond, je suis pas ta mère’, ‘T’as pas baisé ou quoi pour être de cette humeur ?’ ou encore ‘T’as tes règles, la mayonnaise va pas prendre’ ». Cette année encore, Marion, en reconversion professionnelle pour devenir cuisinière, est surprise de constater, lors de son arrivée en restaurant gastronomique, qu’il s’agit d’un « monde où on entend parler d’épilation du sexe dès huit heures du matin... »

    Coincée dans la chambre froide

    Et des remarques lourdingues au harcèlement sexuel, il n’y a qu’un pas. L’histoire d’Anita* remonte à 2006. Elle a 18 ans à l’époque et fait la plonge dans un restaurant de Dijon pour payer ses études. Elle explique : « Un jour je suis allée ranger je ne sais quoi dans la chambre froide. Le second de cuisine m’a suivie, s’est posté devant la porte et m’a dit : ‘Si tu veux sortir il faut me sucer’. J’ai essayé de garder mon sang froid au maximum, j’ai croisé les bras et j’ai dit que je pouvais bien attendre qu’il s’en aille. La confrontation a duré cinq bonnes minutes avant qu’il n’abandonne. » En septembre 2017, Audrey* a 25 ans. Le harcèlement qu’elle subit se déroule dans un hôtel parisien, où elle est embauchée en tant que réceptionniste. « Avec le chauffeur de l’établissement, c’est devenu lourd au bout de quelques jours », nous raconte-t-elle. La jeune femme se voit appeler « ma chérie » par cet homme marié qui précise « vouloir trouver une femme discrète ». « Un jour, il m’a dit à l’oreille : ‘J’aime les filles grosses comme toi.’ »

    « Une fille des trottoirs »

    Les petits surnoms, Florence* y a eu droit aussi. Alors qu’elle travaille dans un restaurant étoilé de la capitale, un responsable de salle lui donne du « ma puce », du « bébé » et lui dit qu’elle « ressemble à une fille des trottoirs » lorsqu’elle porte trop de maquillage à son goût. « Quand il passait derrière moi, il mettait ses mains sur mes hanches. Je lui ai dit d’arrêter, il m’a répondu : ‘Avec un cul pareil, on a envie d’en profiter.’ » Mais pas la peine de compter sur les collègues pour en discuter. A Florence, on a rétorqué : « Tu n’es pas là pour longtemps, il faut faire avec »...

    Plusieurs jeunes femmes interrogées font état d’attouchements de la part de clients – des mains aux fesses notamment. Mais l’immense majorité d’entre elles, lorsqu’elles ont été agressées, pointent du doigt collègues ou hiérarchie. C’est aussi le cas de Jeanne*, qui a travaillé comme extra dans un petit restaurant de quartier, pendant ses études. « Le patron venait souvent me bloquer derrière le bar pour me montrer son érection à travers le pantalon, me dire ’l’effet’ que je lui faisais. Il s’approchait souvent de moi en me respirant, me touchait dès qu’il pouvait. Je me sentais tellement nulle et faible. J’ai fini par craquer, je suis partie en pleurs en plein service. »

    Intimidations, harcèlement sexiste, agressions. Rien ne ressemble plus à une histoire de violence sexuelle… qu’une autre histoire de violence sexuelle. Ainsi, les faits décrits auprès de LCI par ces employées d’hôtels, de cafés ou de restaurants, en contrat court le temps d’un été aussi bien qu’en CDI, ne sont pas différents des agissements pénalement répréhensibles se produisant dans d’autres secteurs d’activité. Mais dans l’hôtellerie-restauration, une particularité subsiste : le mouvement #Metoo ne semble pas avoir franchi, même à la marge, les portes des établissements. Ceux-ci demeurent une sorte de zone blanche, préservée de toute remise en question sur les violences faites aux femmes. A titre de comparaison, le monde hospitalier, lui aussi touché de plein fouet par la domination masculine, a réalisé une (légère) introspection. En octobre 2017, Martin Hirsch, patron de l’AP-HP, reconnaissait que le harcèlement sexuel était « un problème à l’hôpital » et prônait une procédure de signalement simplifiée. Dans les cuisines et les couloirs des hôtels, en revanche, c’est le no man’s land. « Ce n’est même pas qu’il y a un rejet de #Metoo, c’est qu’on n’en parle pas du tout », nous explique Marion, notre cuisinière en reconversion.

    Alors comment expliquer cette frontière hermétique entre les métiers de bouche et le reste du monde ? Dans le cadre de notre enquête, un inspecteur du travail qui intervient régulièrement dans ce secteur a contacté LCI. Lui aussi fait le constat de cette poche de résistance au sein du secteur : « Les agressions sexuelles et les faits de harcèlement, on ne peut pas dire que ce soit un sujet qui préoccupe aujourd’hui particulièrement les entreprises en hôtellerie restauration », nous explique-t-il. Pour lui, l’obligation de confidentialité des plaintes qui incombe à l’Inspection est une partie du problème. « Pour qu’on puisse enquêter ouvertement, il faut que le salarié nous saisisse par courrier, en mettant son employeur en copie. En dehors de cette procédure, si la victime ne souhaite pas lever la clause de confidentialité – ce qui s’entend – alors on peut écouter et échanger, mais c’est tout. »

    J’ai arrêté d’être féministe en cuisine

    Autre élément de réponse : la prédominance des hommes aux postes de pouvoir. Selon les statistiques de Pôle Emploi, les femmes représentaient en 2017 59% des embauches récentes en aides de cuisine ou apprenties et seulement 17% des chefs cuisiniers. Par ailleurs, en 2014, elles n’étaient que 37% parmi les patrons et cadres d’hôtels, de cafés et de restaurants. Mais pour les femmes qui ont livré leur témoignage, il s’agit d’autre chose. Selon elles, dans un secteur où la hiérarchie et l’autorité sont des éléments incontournables, difficile de faire bouger les lignes. « En cuisine, on suit un peu le modèle militaire, analyse encore Marion. On ne remet pas en cause le système. » Et ce, même quand on est victime de propos déplacés ou de harcèlement. Elle précise : « Je ne dis rien. Il faut choisir ses combats : soit tu te tais, soit tu passes pour une chienne de garde. Moi, j’ai arrêté d’être féministe en cuisine. »

    Une posture inculquée dès les premiers pas dans le métier. Karine se souvient de ses années en classe : « Le problème, nous dit-elle, c’est qu’à l’école il n’y a pas de mise en garde. Au contraire, il y a l’idée qu’on va faire vivre ce qu’on a soi-même vécu. ‘Tu vas en chier parce que j’en ai chié. Et si t’es une fille, alors tu vas morfler deux fois plus.’ » Marion, elle, sort à peine d’un CAP dans un CFA, un centre de formation des apprentis. Elle confirme : « On ne parle pas du tout de ces problématiques aux jeunes. Pire, on prépare les filles à subir cela. On les conditionne à accepter beaucoup de choses. Et cela commence par les profs, qui sont de vieux briscards du métier, qui font des remarques à connotation sexuelle, des commentaires sur le physique, etc. »

    Ces écoles, justement, LCI a tenté de les joindre. Sur la quinzaine de CFA sollicités, un seul nous a répondu. Sophie Zorner est la directrice du CFA Restauration de Nancy. Par téléphone, elle nous confirme qu’aucun dispositif visant à lutter contre les violences sexuelles n’a été mis en place dans son établissement… et qu’aucune instance supérieure ne lui en a donné la consigne : « On n’a rien fait pour ça, non. Mais il faut dire aussi que nous n’avons pas eu de remontées de ce genre de la part des élèves. Si nous avions des remontées, nous serions là pour accompagner, bien sûr », explique-t-elle.

    Une réponse qui n’étonne guère notre inspecteur du travail : « Concernant les écoles, j’ai le sentiment que d’une manière générale les établissements sont plutôt réticents à se pencher sur les situations de travail dangereuses. Il y a bien des initiatives isolées (comme cette brochure très complète éditée par la Direccte des Pays de Loire, ndlr), mais cela s’arrête là », nous explique-t-il.

    L’union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), est bien placée pour nous dire si une action collective est prévue pour lutter, à l’avenir, contre ce phénomène visiblement vivace. Réponse de l’attachée de presse : au sujet du harcèlement sexuel, « notre secteur n’a pas de particularité par rapport aux autres » nous dit-on. « Nous avons l’obligation comme toutes les entreprises de prévenir et réprimer les cas de harcèlement sexuel ou de propos sexistes. Nous communiquons les obligations légales sur le sujet à nos adhérents. » On ajoute, en référence à la loi de septembre 2018 sur l’avenir professionnel : « Nous sommes concernés par la mise en place d’un référent en matière de lutte contre le sexisme dans les entreprises de plus de 250 salariés. » Mais cette mesure, entrée en vigueur en janvier 2019, est encore trop récente pour montrer des résultats.

    Du côté du ministère du Travail, on nous renvoie bien vers des mesures générales liées au harcèlement sexuel au travail, effectivement sanctionné d’une peine de deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende. Néanmoins, aucune donnée n’est disponible spécifiquement sur les métiers de la restauration et de l’hôtellerie. Là encore, le problème semble tout bonnement inexistant. Enfin, contacté dans le cadre de cette enquête, témoignages à l’appui, le cabinet de Marlène Schiappa n’a pas non plus donné suite à nos sollicitations. Une absence de réaction qui laisse une question en suspens : et si, dans le milieu des métiers de bouche, les seules personnes à être au courant du problème étaient... les victimes elles-mêmes ?

    • Entendu ce reportage également @odilon, assez sidérant.
      Et confirmation par un copain qui après avoir obtenu son CAP a finalement renoncé à travailler dans cette branche car dixit : « Les patrons sont trop cons » (brimades et dévalorisation permanentes, communication exclusivement en mode hurlements, etc.)
      Ceci dit sans minorer ce que vivent les femmes dans ce milieu, car c’est sûrement bien pire .

  • la salope de la promo », le témoignage d’une ancienne étudiante Angélique Da Silva Dubuis - 19 Février 2010 - la voix du nord
    http://www.lavoixdunord.fr/540116/article/2019-02-19/j-etais-designee-comme-la-salope-de-la-promo-le-temoignage-d-une-ancien

    Nouveau coup dur pour l’École de journalisme de Lille. Les récentes révélations autour de la Ligue du LOL ont poussé Alexandra à dénoncer l’agression sexuelle dont elle a été victime durant ses études entre 2010 et 2012. Une délivrance pour cette jeune femme qui raconte une culture de l’entre-soi propice au sexisme et au harcèlement.

    Au bout du fil, les larmes d’une jeune femme de 30 ans. Remplies de courage et de dignité. « Mon métier, c’est de parler des autres, pas de moi », confie Alexandra qui a relaté son calvaire au magazine Vanity Fair http://www.lavoixdunord.fr/539915/article/2019-02-19/une-ancienne-etudiante-de-l-esj-victime-d-une-agression-sexuelle-il-y-s ce mardi. En 2010, elle quitte Bordeaux pour s’installer à Lille où elle a décroché le concours de la prestigieuse école. Très vite, la jeune étudiante se sent exclue par plusieurs étudiants qui avaient une certaine aura auprès de leurs camarades et des enseignants. « Il y avait les dominés, les dominants et les suiveurs. » Un climat délétère encouragé par une répartition des classes « très maladroite » selon elle, en fonction des connaissances en web notamment. « Il y avait les stars et les quiches... »

    Sa vie amoureuse jetée en pâture
    Il y a d’abord eu des remarques sur son look et sa personnalité « extravertie » . Puis, son histoire d’amour avec un étudiant étranger de l’école jetée en pâture sur fond de préjugés racistes. « J’étais désignée comme la salope de la promo » , livre Alexandra. Personne dans son entourage pour prendre sa défense. « Je n’étais pas la seule à souffrir de ces humiliations... On subissait dans notre coin. Tout ça était communément admis sous le vernis de l’humour. C’est malheureusement courant dans les grandes écoles qui vivent en vase clos. »

    Cette soirée chez un étudiant de l’école finit par briser la jeune femme. « Ce camarade de promo s’est jeté sur moi. J’ai eu la peur de ma vie... Au bout d’un moment, son ami lui a dit d’arrêter, que ça pourrait être du viol... » Pour Alexandra, c’est une évidence : le climat misogyne de sa promo est pour beaucoup dans le comportement de son agresseur. Qui, elle tient à le souligner, n’appartient pas aux auteurs de la fameuse Ligue du LOL. http://lavdn.lavoixdunord.fr/536041/article/2019-02-11/ligue-du-LOL-journalistes-harcelement

    « Ces mecs sont devenus des leaders d’opinion »
    Alexandra n’a jamais révélé les faits : « J’avais 22 ans. J’ai tout enfoui parce que je n’ai pas trouvé d’écoute. L’école de journalisme c’était toute ma vie. Ma famille était loin. Je me sentais terriblement seule... Mais la direction ne pouvait pas ignorer certains comportements. »

    Le mouvement #MeToo a été un déclencheur pour la jeune femme qui a apprécié la réaction de l’école ce mardi.
    Dans un communiqué, l’ESJ, qui rappelle les valeurs défendues par l’école et son engagement dans la lutte contre les discriminations et le harcèlement, assure la jeune femme de son soutien si elle décidait d’une suite judiciaire.

    Alexandra, qui travaille aujourd’hui dans la presse financière, n’a pas pris de décision. « Je reçois de nombreux messages de soutien qui me font du bien. J’apprécie la réaction de l’ESJ mais je n’oublie pas que tous ces mecs sont devenus des leaders d’opinion que plein de gamines admirent quand ils passent à la télé. »

    #ESJ_Lille #presse #harcèlement #ligue_du_lol

  • Harcèlement : l’onde de choc dans les écoles de journalisme après l’affaire de la Ligue du LOL
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/15/harcelement-l-onde-de-choc-dans-les-ecoles-de-journalisme-apres-l-affaire-de

    Depuis quelques jours, à la suite des révélations sur l’existence d’un cyberharcèlement mené par des trentenaires issus des médias et de la communication, la parole se libère au sein des écoles de journalisme. A l’ESJ Lille tout d’abord, l’une des plus renommées et surtout celle dont est issu le fondateur du groupe informel la Ligue du LOL, Vincent Glad. L’incident était jusqu’ici resté entre les murs de l’école. Il s’est déroulé en septembre 2017, peu avant la déflagration #metoo. Dans un amphithéâtre bondé de l’ESJ, Sandrine Rousseau, une des quatre élues écologistes qui avaient accusé publiquement l’année précédente Denis Baupin de harcèlement et d’agressions sexuels, intervient devant une cinquantaine d’étudiants sur les stéréotypes de genre dans les médias.

    Elle en garde un souvenir cuisant. Un petit groupe de jeunes hommes, dans le style « boy’s club », ne cesse de marquer sa désapprobation par des « moqueries, des rires, des choses vraiment désagréables », témoigne Sandrine Rousseau. « Si la fille est bourrée, on peut quand même en profiter ! », lance l’un d’eux. Un sentiment de malaise s’installe, selon les témoignages recueillis par Le Monde. Alors qu’elle évoque en fin d’intervention les titres de presse employant l’expression « crime passionnel », lorsqu’il s’agit de meurtre ou d’assassinat, elle est interpellée sur la sincérité de son combat.

    Sur le moment, elle n’a pas trouvé les mots, finissant par claquer la porte. Dès le lendemain, elle les a couchés dans une lettre aux « étudiant.e.s » : elle s’attendait à un « débat sur l’ampleur des violences faites aux femmes et les ressorts sociaux de ces violences, pas un procès en starification ou en cupidité ». « La Ligue du LOL ne m’a pas étonnée, lorsque c’est sorti », dit-elle aujourd’hui. Une étudiante présente ne comprend toujours pas ce moment. « J’ai eu honte, mais en même temps cela ne correspond pas à ce que nous sommes au quotidien. Notre promotion n’est pas qu’un petit groupe de mecs machos », observe-t-elle, sous le couvert de l’anonymat. D’ailleurs, certaines étudiantes ont envoyé à titre personnel un mail d’excuse à Sandrine Rousseau.

    C’est fantastique de voire que c’est des étudiant E s qui s’excusent !

  • Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée féministe

    https://www.youtube.com/watch?v=1m3zQkotlko&ut=

    Qui parle de sexisme, de s’assurer que le pouvoir symbolique rste bien masculin, de l’importance symbolique du pouvoir et donc de la gravité des actes des membres de la ligue du LOL et assimilé.

    « Complètement sidérée » par l’affaire de la #Ligue_du_LOL, Geneviève Fraisse estime qu’avec #MeToo, les femmes ont eu les moyens de porter leurs témoignages par leurs capacités économiques et sociales, ce qui n’était pas le cas de celles harcelées par ce groupe de journalistes et communicants. Philosophe de la pensée féministe, Geneviève Fraisse était vendredi l’invitée du grand entretien de Nicolas Demorand à 8h20. Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.franceinter.fr/emissions...

    #sexisme #harcèlement #harcèlement #culture_du_viol

  • « La Saint-Valentin fut longtemps une fête des célibataires et de la rencontre », Jean-Claude Kaufmann, auteur de « Saint-Valentin, mon amour ! », (Les Liens qui Libèrent, 2017)
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/12/jean-claude-kaufmann-nous-maintenons-dans-l-oubli-l-histoire-meconnue-de-la-

    Dans une tribune au « Monde », le sociologue Jean-Claude Kaufmann revient sur l’histoire méconnue de la fête des amoureux de février.

    Tribune. Tout événement a désormais son image, parfois très éloignée des faits réels. Celle de la Saint-Valentin est devenue de plus en plus négative ces dernières années, construisant un mur d’indifférence voire de mépris dans les milieux que l’on dit porteurs de tendances. Elle serait devenue ringarde et conformiste, mièvre et sans saveur, sans intérêt. Trois critiques se font particulièrement incisives.

    Elle serait normative, célébrant le #couple comme modèle, donc stigmatisante pour les #célibataires, rejetés des alignements de tables pour deux dans les restaurants, et contraints à raser les murs ce jour-là. C’est tout à fait vrai.

    Mais l’histoire de la Saint-Valentin nous enseigne que pendant deux mille ans, elle fut au contraire une fête des célibataires et de la rencontre, que la célébration des couples mariés n’a commencé qu’à la fin des années 1950, et que cette forme particulière est une spécificité européenne. La fête n’est donc pas condamnée à cette normativité, rien n’interdirait qu’elle retrouve ce qui a fait son esprit à travers les siècles et aux quatre coins de la planète : fêter l’amour sous toutes ses formes.

    Elle serait répétitive et conventionnelle, pour tout dire, ennuyeuse. Peut-être, mais seulement ici. Car dans tous les pays qui la fêtent depuis peu, en Afrique, en Asie, elle déborde au contraire d’inventivité joyeuse, au point que nombre d’autorités politiques, morales et religieuses s’en inquiètent.

    Dans une trentaine de pays environ, la Saint-Valentin est désormais interdite, ou menacée par des groupes violents, le moindre petit cœur, la couleur rouge ou les couples se tenant par la main sont traqués le 14 février. Ou les ours en peluche au Moyen-Orient ; les nounours sont interdits en public ce jour-là. La jeunesse s’insurge bien sûr, au nom de l’amour. Au nom d’une sexualité plus libre et de l’expression des sentiments. Mille stratagèmes ingénieux sont développés pour contourner la censure.

    Adoucir les mœurs

    La critique des critiques enfin : elle serait devenue une fête purement commerciale, dominée par l’argent, et n’aurait donc plus aucun sens. L’emprise commerciale est en effet très forte sur la fête. Elle résulte d’un moment historique particulier : entre 1840 et 1850, les Etats-Unis, qui jusqu’alors ne connaissaient rien des deux mille ans d’histoire de la Saint-Valentin, ont eu l’impression de l’inventer.

    La Saint-Valentin est le premier « événement » commercial créé de toutes pièces, ou plutôt, que les Américains ont cru avoir créé de toutes pièces. Mais bien d’autres « événements » ainsi créés n’ont pas perduré. Car pour qu’une fête s’installe et se développe, même dominée par le commerce, il faut qu’elle exprime quelque chose et corresponde à un désir. L’idée de famille pour Noël. Le rêve d’amour pour la Saint-Valentin.

    Dire que la fête est commerciale n’est pas un argument suffisant, et ne révèle pas grand-chose des relations souvent très complexes et subtiles qui s’établissent entre argent et sentiments. Comment un bouquet de fleurs est-il offert ? S’en débarrasse-t-on (« Tiens voilà ton cadeau »), pour solde de tout compte sentimental ? Ou bien n’est-il qu’un instrument permettant d’exprimer un peu mieux et plus fort ce que l’on a souvent du mal à dire.

    Car, contrairement à une autre critique fréquente, fêter le 14 février n’est nullement incompatible avec l’amour tout au long de l’année ; ce n’est pas ou l’un ou l’autre. Dans les pays d’Afrique et d’Asie où la Saint-Valentin est récente, la pacotille amoureuse (petits cœurs fabriqués en séries industrielles) n’a pas été un frein à l’expression des sentiments. A l’inverse, elle en a été le vecteur. Car tout dépend de l’intensité du désir sentimental pour que l’emprise du commerce ne vide pas la fête de sa substance.

    En ce mois de février 2018, certains pourront dire que la Saint-Valentin apparaît encore plus désuète en regard de l’immense mouvement de révolte des femmes contre le harcèlement. Ce serait là encore ignorer la véritable histoire de la Saint-Valentin, qui pourrait se résumer ainsi : pendant plus de deux mille ans, les hommes ont progressivement appris, à travers les festivités amoureuses de février, à adoucir leurs mœurs et à respecter les femmes.

    A l’origine en effet, leur très rude brutalité sexuelle est tolérée par la société, presque reconnue comme légitime. L’historien Jean-Louis Flandrin rappelle qu’environ un jeune homme sur deux participe à des #viols_collectifs sans être jamais sanctionné à la fin du Moyen Age. La culture du viol dont on parle aujourd’hui est un héritage direct de ce passé.

    Tournant poétique

    Les fêtes de l’ours (en février les hommes se déguisaient en ours pour « attraper » des femmes), premières formes d’une Saint-Valentin qui ne s’appelait pas encore ainsi, peuvent déjà être considérées comme un léger changement. Même si, elles débouchent encore parfois sur des viols.

    Ensuite toute l’histoire de la Saint-Valentin sera celle de l’apprentissage par les hommes de la galanterie (le mot Valentin vient de galantin), des rituels de la séduction et des mots doux, de la communication intime, de la perception du #consentement chez la partenaire, du respect de la femme. Avec un moment fort, ce que j’ai appelé le tournant poétique, au XVe siècle (moment qui commence donc alors que la #culture_du_viol était encore dominante), initié en France puis qui se développa en Angleterre, héritier de l’amour courtois et qui annonce déjà le romantisme. Les hommes non seulement se font plus respectueux mais, poètes, musiciens ou peintres, ils apprennent à devenir des artistes de l’amour pour leur femme adorée.

    A l’heure de #balancetonporc et de #meToo, il est très étrange que nous maintenions dans l’oubli toute cette histoire méconnue de la Saint-Valentin au prétexte qu’aujourd’hui la fête nous déçoit, que nous jetions tout cela au panier, que nous nous refusions même à l’évoquer.

    Car au-delà de la dénonciation des abus et des crimes, du harcèlement et du viol, nous allons devoir inventer un nouveau monde amoureux, femmes et hommes ensemble, imaginer tout un univers de relations libres, respectueuses et créatives. Or nous ne partons pas de rien. Le passé de la Saint-Valentin nous éclaire à la fois sur le pire, la culture du viol, et sur le meilleur, la magie amoureuse qui ensorcelle, dans la communion intime et le consentement mutuel.

  • «C’est juste une blague»

    Insultes. Dénigrement. #Sexisme déguisé sous forme de mauvaises blagues. #Racisme. #Homophobie. Autour des années 2010, quelques dizaines de journalistes (masculins) issus du landerneau parisien ont sévi sur le web. Ils ont harcelé des internautes, en majorité des femmes, jusqu’à ce qu’elles craquent, qu’elles abandonnent les réseaux sociaux, tombent parfois en dépression. Non contents de leur faire du mal pour leur petit plaisir, ils leur barraient ensuite l’accès aux rédactions où ils monopolisaient les postes, les condamnant ainsi au silence.

    Désormais, #MeToo oblige, l’indignation générale répond au scandale qui émerge sous la bannière de la « #Ligue_du_LOL », nom du groupe à partir duquel des raids haineux étaient lancés. Et le déferlement médiatique est à la hauteur de la gravité des actes commis.

    Cette affaire est une nouvelle occasion de déconstruire les comportements sexistes omniprésents dans le quotidien des femmes en 2019. Loin de ne toucher que le milieu des journalistes parisiens, cet entre-soi masculin qui valorise des logiques de #domination se retrouve dans d’innombrables domaines. Au travail, dans l’espace public, dans la vie quotidienne : les femmes y sont confrontées et c’est encore pire pour les personnes racisées ou LGBTIQ. Des études ont démontré que les hommes coupent trois fois plus la parole aux femmes qu’inversement. Elles savent qu’elles n’ont pas le droit à l’erreur. Non pas par un effet naturel de leur féminité, mais par #construction_sociale. Parce qu’elles reçoivent quotidiennement et dès leur plus jeune âge l’injonction à rester à leur place, à se faire discrètes, à prendre soin des autres et non à s’exprimer librement. Parce que tant de femmes ont subi d’infinies petites #humiliations, se sont égosillées sur des #injustices subies sans que rien ne change ou en s’entendant répondre « #c’est_juste_une_blague ».

    Le scandale de « la ligue du LOL » montre qu’il n’est plus socialement acceptable de traiter une consœur de « #pupute », ni de rabaisser ses collègues par des remarques déplacées ou en envoyant des photomontages humiliants. A voir si, en présence d’une #blague sexiste, ceux qui s’indignent aujourd’hui sauront élever la voix pour y mettre un terme, sans se laisser aller à l’effet de meute. Reste un pas à franchir : celui où, même rassemblés en groupuscules, les #hommes ne tenteront plus d’asseoir ainsi leur #pouvoir parce qu’il ne leur viendra même plus en tête de traiter une collègue ou une inconnue sur le web de cette façon. La #prise_de_conscience est positive. Décoloniser les esprits de leurs réflexes chargés de sexisme, reste à faire.

    https://lecourrier.ch/2019/02/12/cest-juste-une-blague
    #femmes

  • #MeToo : les médias mis en cause | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/metoo-les-medias-mis-en-cause?onglet=full

    Les médias sont pourtant, sans surprise, à l’image de la société : les violences sexistes et sexuelles sont structurelles, et touchent tous les milieux et tous les domaines de la société. Le milieu journalistique est par ailleurs considéré comme « à risque » : c’est un métier qui a longtemps été largement dominé par les hommes, nourri par les mythes très masculins, voire totalement virilistes, du grand reporter ou de l’enquêteur, et dont les rapports, parfois violents, sont jugés propices aux violences.

    « Le niveau de violence est très impressionnant dans les médias », explique ainsi Caroline De Haas, qui intervient régulièrement avec sa société de conseil Egae dans plusieurs groupes de médias pour des formations sur les violences sexuelles et sexistes (dont Mediapart – voir notre Boîte noire). Ce type de formations s’est d’ailleurs multiplié ces dernières années, y compris dans de très grandes entreprises comme France Télévisions ou le groupe Le Monde.
    La formation au cœur des débats

    Derrière les journaux et leur fonctionnement managérial, se pose aussi la question de la formation dans les écoles de journalisme. Mardi, les étudiants de l’École de journalisme de Lille (ESJ) ont mis eux-mêmes sur la table les événements de la semaine touchant des médias – la Ligue du Lol, le Huffington Post, Vice. Au point que l’école a transformé le cours d’actualité en réunion « pour ouvrir la parole, expliquer la nécessité de la lutte contre le harcèlement et les discriminations et répondre aux questions des étudiants », explique Pierre Savary, le directeur de l’ESJ.

    Les questions des futurs journalistes ont porté sur la Ligue du Lol (dont certains des membres sont issus de l’ESJ), mais aussi sur le témoignage de l’ancienne directrice du Bondy Blog, Nassira El Moaddem. La journaliste accuse sur Twitter trois anciens de sa promotion de l’ESJ, dont deux journalistes médiatiques, Hugo Clément (Konbini) et Martin Weill (TMC), de s’être fait passer pour un recruteur de Radio France au téléphone, à la fin de leurs études, en 2012.

    Contactée par Mediapart, Nassira El Moaddem parle de « harcèlement », voit une « intention de nuire » derrière ces deux coups de fil, et évoque aussi « des rumeurs propagées contre elle » à l’époque. Elle pointe du doigt « un petit club de garçons branchés, bien vus de la direction, qui se croyaient un peu au-dessus de tout, et se permettaient un certain nombre de comportements. Il y a aussi une question de milieu social : les personnes ciblées n’appartiennent pas à leur milieu ». Lorsqu’elle avait témoigné publiquement, en 2017, une camarade de promo avait réagi sur Twitter.

    Les journalistes mis en cause en ont une tout autre version. « Je n’ai jamais harcelé qui que ce soit, explique Martin Weill, qui travaille notamment pour l’émission « Quotidien ». Utiliser cette histoire pour prétendre le contraire, c’est me faire passer pour ce que je ne suis pas. » Joint par Mediapart, Hugo Clément estime qu’il « n’y a rien de nouveau, ni de caché », CheckNews ayant déjà relayé le tweet de Nassira El Moaddem au moment du lancement de Konbini, en décembre 2017.

    Il affirme n’avoir « jamais harcelé personne, ni en 2012 lors de nos études à l’ESJ de Lille, ni depuis ». « Bonne ou mauvaise, une blague potache, non répétée, ne tombe pas sous le coup de la loi », poursuit le journaliste, qui se plaint de recevoir ces derniers jours des « messages injurieux, menaces de mort et d’attaques en meute sur les réseaux sociaux ».

    Sept ans après les faits, et à la lumière des événements de la semaine, l’épisode suscite en tout cas aujourd’hui une introspection générale, chez les anciens étudiants comme les directeurs de l’école. Plusieurs anciennes camarades de promo contactées par Mediapart reconnaissent ne pas avoir « pris la mesure de la gravité » de cet épisode à l’époque, n’avoir « pas cautionné » ces coups de fil, mais sans non plus les « condamner ». Elles y ont alors vu « une blague douteuse », mais pas de « harcèlement ». « Aujourd’hui, en ayant mûri et avec ce qu’on apprend cette semaine, je relis les choses avec une autre grille de lecture. Il y avait sans doute une forme de domination, de volonté d’asseoir son pouvoir. Et peut-être aurait-il fallu tout mettre à plat avec tous les étudiants et discuter, c’est souvent comme cela qu’on en sort par le haut », confie l’une d’elles.

    « Avec le recul de quelques années », Pierre Savary évoque un « coup de téléphone malveillant » visant une « étudiante non dénuée de caractère », de la part « d’un trio d’étudiants à forte personnalité, sur fond de “masculinité dominante” et de “grande inimitié entre eux” ». Dans un billet de blog, ce mardi, l’ancien directeur général de l’école, Marc Capelle, concède qu’il aurait dû employer le terme de « harcèlement », mais estime que la direction n’a en aucun cas ignoré « cette affaire », convoquant les étudiants, et leur demandant de s’excuser.

    #Ligue_LOL #Médias #Harcèlement

    • Quelques perles tout de même.
      "une « étudiante non dénuée de caractère »", ah, ça, les femmes, en général - normalement on dit "qui ont du caractère", la litote et la négation sont intéressantes- c’est un argument pour justifier un acharnement contre elles.
      Elle n’ont qu’à pas avoir du "caractère" et s’écraser mollement devant les mâles, qui, eux, ont le droit d’avoir du "caractère", d’être des chieurs patentés.
      "convoquant les étudiants, et leur demandant de s’excuser" mais pas devant lui, pas par écrit, sans vérifier. A l’évidence.
      Lui aussi se défile, donc.
      Quelle morale enseignée à l’ESJ Lille ? Hier, et aujourd’hui ?

  • Quelle crise de la masculinité ?
    En accès libre
    #Francis_Dupuis-Déri
    https://www.hors-serie.net/En-acces-libre/2018-09-08/Quelle-crise-de-la-masculinite--id325
    En accès libre , émission publiée le 08/09/2018
    Durée de l’émission : 83 minutes

    Entretien visible en ligne ou à télécharger :
    – en vidéo :
    http://v42.hors-serie.net/telecharger/DLTDupuisD2.mp4


    – en #audio :
    https://www.hors-serie.net/medias/mp3/288783675.mp3

    (En suivant le tag, y’a deux entretiens récents écrits
    https://seenthis.net/messages/757145
    https://seenthis.net/messages/749037
    et audio
    https://seenthis.net/messages/751544)

    Le jeudi 7 février (hier), les Éditions du remue-ménage annoncent :

    Aujourd’hui paraissent en Europe francophone (France, Belgique, Suisse) LA CRISE DE LA MASCULINITÉ de Francis Dupuis-Déri et LES FILLES EN SÉRIE de @MartineDelvaux Grâce à Hobo Diffusion (Makassar), la présence outre-mer de notre maison d’édition féministe ne fera que croître.

    https://twitter.com/remue_menage/status/1093642964621033472

    Pour info, Dupuis-Déri sera en France en février :
    – Paris, librairie Violette and co, le jeudi 21, 19h
    http://www.violetteandco.com/librairie/spip.php?article1181
    – Rennes, librairie La Nuit des temps, mercredi 27, 19h
    "Si vous souhaitez réserver une place assise, vous pouvez nous envoyer un mail à librairielanuitdestemps/at/gmail.com ou nous appeler au 02 99 53 37 95 . Si toutes les places assises sont réservées, pas de panique, vous pouvez tout de même assister à la rencontre debout ou assis.e par terre.
    https://www.facebook.com/events/247047939553888
    – Ailleurs ?

    En attendant, Slate publie des extraits du bouquin :
    http://www.slate.fr/story/173145/crise-masculinite-mythe

    #fan-club

    • Présentation de l’entretien sur Hors-série :

      La Une de l’Obs cet été a tiré la sonnette d’alarme : « Etre un homme après #MeToo » serait une affaire compliquée - laissant les mecs, comme sur la photo qui illustrait cette couverture, hagards, démunis et esseulés. Que l’on ne s’inquiète pas trop, cependant : depuis l’Antiquité romaine, chaque fois que la moindre revendication féministe se fait entendre, l’alerte est sonnée et les masculinistes sont sur le pont, annonçant que la masculinité est en crise et la société en péril. Bien sûr, à l’époque de Caton l’Ancien ça ne s’appelle pas comme ça : « féminisme » et « masculinisme » ne sont pas encore des notions en vigueur, mais ça n’empêche pas le-dit Caton de penser le phénomène en une vision tout à fait analogue à celle d’un Eric Zemmour : « Les femmes, écrit-il en 195 avant J.C., sont devenues si puissantes que notre indépendance est compromise à l’intérieur même de nos foyers, qu’elle est ridiculisée et foulée aux pieds en public ».

      C’est le livre de Francis Dupuis-Déri qui nous l’apprend, en nous offrant une très précieuse mise en perspective historique : la prétendue « crise de la masculinité » est vieille comme le patriarcat, et son expression connaît des périodes de recrudescence à travers les siècles, non pas lorsque les rapports de sexe tendent vers des formes d’égalité (par exemple au Haut Moyen-Âge en Europe) mais lorsqu’au contraire la domination masculine a repris des formes si radicales et si spectaculaires que les protestations des femmes se font plus vives - suscitant, à chaque fois, ce qu’on pourrait appeler une « Réaction masculiniste ». Laquelle en général ne se contente pas de s’inquiéter qu’il ne soit plus possible d’être « un homme, un vrai » : c’est une rhétorique qui associe toujours la différenciation des sexes à leur hiérarchisation tacite (le masculin se caractérisant par des propriétés qui le vouent à une suprématie « naturelle ») et cette hiérarchisation à la bonne santé de la société. Dès le XVIIIème siècle, le masculinisme est un nationalisme, assignant les femmes aux seules tâches reproductives afin de soutenir une démographie assez tonique pour assurer la suprématie nationale sur les nations rivales. Et si par malheur les nations connaissent des crises économiques ou des défaites militaires, c’est bien sûr à cause des femmes, ou de la « féminisation de la société ».

      Il faut le lire pour le croire, et le livre du politiste québecois est une hallucinante somme de citations, dont la lecture est aussi cocasse que terrifiante : il s’est vraiment trouvé, à toutes les époques à peu près, des masculinistes pour expliquer les malheurs du monde par les trop voraces conquêtes des femmes. Le génocide au Rwanda, les attentats du 11 septembre 2001, l’échec scolaire des garçons, le taux de suicide des hommes, ne cherchez plus : c’est à cause de l’émancipation des femmes et de la féminisation de la société.

      On le comprend peu à peu, la soi disant « crise de la masculinité » a bon dos : c’est une arme de dépolitisation massive, qui permet de produire des pseudo-analyses du monde parfaitement aveugles aux rapports de violence et d’exploitation réels, et niant que la domination masculine est encore, factuellement, partout en vigueur. C’est aussi, tout bêtement, l’expression d’un anti-féminisme assez bas du front, qui s’invite ici et là - par exemple aux prochaines Universités d’été du féminisme, où s’exprimeront Raphaël Enthoven et Elizabeth Levy - en se faisant passer pour un art de la nuance ou un éloge de la différence dont il ne faut pas être dupe. Pour la paix des hommes et des femmes, pour leur émancipation respective et mutuelle, le masculinisme est le problème - ce n’est jamais la solution.

      NB : Le livre de Francis Dupuis-Déri, « La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace », sorti au Québec (Ed. Remue Ménage), ne sera disponible dans les librairies françaises qu’à partir de janvier 2019.

  • Why are so many women writing about rough sex? | Rhiannon Lucy Cosslett | Opinion | The Guardian

    https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/feb/07/women-writing-rough-sex-metoo

    After #Metoo, it’s no surprise a new generation of female authors is exploring sexual abuse and dominance

    Thu 7 Feb 2019 17.00 AEDT

    Cat Person author Kristen Roupenian

    ‘I found some of the scenes in Kristen Roupenian’s new collection so unpalatable I had to keep putting it down.’ Photograph: Chuk Nowak/The Guardian

    Recently I have found myself wondering about the prevalence of rough sex in new fiction written by women. It’s viscerally present in You Know You Want This, the new short-story collection by Kristen Roupenian (who shot to fame last year with Cat Person, published in the New Yorker): I found some of the scenes so unpalatable that I had to keep putting it down. They (spoiler alert) include a woman strangled to death as part of a sex game; a man who imagines his penis is a knife when he has sex; and a woman who says to the guy she is sleeping with: “I want you to punch me in the face as hard as you can. After you’ve punched me, when I’ve fallen down, I want you to kick me in the stomach. And then we can have sex.”

  • Affaire Baupin : le procès des plaignantes et de la presse - Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/010219/affaire-baupin-le-proces-des-plaignantes-et-de-la-presse

    Douze personnes, dont des journalistes de Mediapart et de France Inter, vont être jugées à partir de lundi pour diffamation à la suite d’une plainte de Denis Baupin. Dans une enquête publiée par les deux médias en 2016, plus d’une dizaine de femmes témoignaient des violences sexuelles qu’elles avaient subies de la part de l’ancien député. Mediapart a pu consulter le rapport d’enquête préliminaire, dans lequel de nouveaux témoignages apparaissent, dont celui de Cécile Duflot.

    La loi sur la prescription est vraiment bien faite pour garantir l’impunité des agresseurs. Comment ces femmes peuvent-elles prouvé qu’elle ne diffament pas si la precription interdit à la justice de faire la part des choses. Les défenseurs de la prescription prétendent que les victimes seraient très peu nombreuses à obtenir justice, mais ca permettrais aux victimes d’être protégé du harcelement judiciaire comme c’est le cas ici. Le minimum serait qu’en cas de préscription les procès en diffamation qui les accompagnent soient eux aussi prescrits de fait.

    #patriarcat #injustice #prescription #domination_masculine

    • Le procès intenté par Denis Baupin se retourne contre lui
      https://www.mediapart.fr/journal/france/060219/le-proces-intente-par-denis-baupin-se-retourne-contre-lui

      Mardi après-midi et jusque tard dans la soirée, les dépositions poignantes se succèdent. Laurence Mermet, qui a longtemps milité et exercé des responsabilités de communicante dans la galaxie écologiste, explique à la barre pourquoi elle a fini par tout plaquer. « En mai 2016, j’écoute France Inter, et j’entends des femmes témoigner sur les agissements de Denis Baupin. Je deviens blême. Les choses remontent. J’entends parler des femmes que je ne connais pas, sauf une ; je suis stupéfaite, et en même temps je ne suis pas surprise. Je réfléchis, et je décide de contacter volontairement Mediapart. »

      Laurence Mermet poursuit. « Jusque-là, mon histoire me semblait dérisoire. J’avais classé ça comme un geste déplacé. » Un jour, alors qu’elle travaillait à la mairie de Paris (après avoir été l’attachée de presse de Dominique Voynet au ministère de l’environnement), elle a eu la surprise de subir une caresse dans la nuque de la part de Denis Baupin. Geste « d’une grande douceur et d’une grande violence », car non consenti, explique-t-elle.

      « La nuque est un lieu de mon corps extrêmement intime. Je me suis raidie, puis j’ai eu les jambes flageolantes. Denis Baupin était quelqu’un que j’admirais et que je respectais, il était mon supérieur hiérarchique. Je me suis dit : tu es pas dans la merde… Je n’étais pas à l’aise à mon poste à la mairie de Paris, et ça a participé à achever de me déstabiliser. J’ai fini par quitter ce monde-là au bout de quelques mois. C’était une énorme déception. J’ai quitté Paris et j’ai changé de vie. »

      Sandrine Rousseau est maintenant à la barre. Cette universitaire a exercé d’importantes responsabilités politiques (porte-parole d’EELV et vice-présidente de conseil régional), avant de tout envoyer balader elle aussi. Lors d’une réunion de son parti, Denis Baupin l’a subitement plaquée contre un mur, lui a empoigné les seins et a essayé de l’embrasser, explique-t-elle. « Je l’ai repoussé, j’étais flageolante. J’animais une réunion ce jour-là, et rien ne m’avait préparée à ça », raconte Sandrine Rousseau. Elle a confié cette scène à plusieurs responsables de EELV, en vain. Quand un micro s’est tendu, elle a parlé à visage découvert.

      « Ça a bouleversé ma vie. J’ai quitté la politique. Je l’ai vécu de façon très violente. Surtout qu’au congrès qui a suivi l’article de Mediapart et de France Inter, tous les postes régaliens du parti ont été confiés à des hommes », poursuit Sandrine Rousseau. Elle subit maintenant un feu nourri de questions hostiles de la part d’Emmanuel Pierrat. Il lui faut se justifier sur tout, expliquer pourquoi elle a poursuivi un temps des activités politiques aux côtés de son agresseur, pourquoi elle a répondu à ses SMS par des smileys, pourquoi elle n’a pas porté plainte.

      « On est en 2011. À l’époque, les cadres du parti me renvoient l’idée que ça existe, et que d’en parler pourrait me nuire. Quel était l’intérêt de me mettre en danger avec une plainte ? Je n’avais aucune chance. Et je n’avais pas l’idée à l’époque que c’était une agression sexuelle. On met du temps à comprendre ce qui s’est passé, on ne met pas les bons mots dessus, même si j’ai toujours su que c’était inadmissible. »

      En larmes, Sandrine Rousseau explique que cette affaire lui a fait quitter la politique et a aussi provoqué son divorce. « On ne touche pas impunément le corps des femmes sans qu’il y ait des conséquences. On est ramenée à l’état d’objet, ça laisse des traces, des cicatrices. Ce n’est pas des gestes anodins. Plusieurs femmes ont quitté la politique à cause de comportements comme celui-là. C’est un scandale. »

      Lire aussi

      Affaire Baupin : le procès des plaignantes et de la presse Par Lénaïg Bredoux et Michel Deléan
      Usul. Affaire Baupin : l’invraisemblable procès Par Morgane Jacob, Rémi Liechti et Usul
      Notre dossier : l’affaire Baupin Par La Rédaction De Mediapart

      Au tour d’Elen Debost d’être interrogée. Entrée en politique chez les Verts notamment pour leur « obligation de féminisme », elle est aujourd’hui élue écologiste au Mans. Quand elle commence à s’impliquer dans la vie interne de son parti, elle connaît à peine Denis Baupin mais ils échangent dans le cadre des échéances à venir d’EELV.

      De sympathiques, les messages deviennent vite insistants et de plus en plus gênants. Elen Debost a en effet envoyé par erreur un SMS à caractère privé à Denis Baupin. Excuses et explications n’y changent rien. Elle devient victime de harcèlement. « Il m’envoie des messages très embarrassants. Je lui répète que je ne suis pas intéressée, il est le compagnon d’Emmanuelle Cosse, mais les messages à caractère sexuel continuent. Je suis sidérée. J’ai déjà dit non dix fois, et il continue. Les hommes violents, je sais ce que c’est, les signaux d’alerte arrivent. Je parle des messages à deux personnes, qui me disent : “Il a recommencé”… À l’époque, personne ne me conseille de porter plainte. »

      Une tribune de femmes dénonçant le sexisme en politique, puis une campagne médiatique contre les violences faites aux femmes décident Elen Debost à parler. « Quand j’ai vu la photo de Denis Baupin avec du rouge à lèvres, j’ai vomi. J’ai réfléchi, et j’ai fait un post [un billet – ndlr] Facebook. Les commentaires montrent que les gens savaient, dans le parti. Cyril Graziani, de France Inter, m’a contactée, et j’ai parlé. »

      Avec le recul, Elen Debost est amère. « On était de petites figurines, avec le même profil psychologique un peu fragile. Notre silence a fait que des femmes ont subi ça pendant plus de quinze ans. L’enquête des deux journalistes de France Inter et Mediapart a été magistrale. Ils nous ont aidées à casser l’impunité de cet homme qui osait se présenter en défenseur des femmes. Il faut que cette omerta cesse. »

      Après cette déposition, Me Pierrat lance des questions agressives à Elen Debost, lui jetant à la figure des SMS sortis de leur contexte, comme si elle avait participé à un jeu de séduction, alors qu’elle répète inlassablement qu’elle tentait de contenir les avances insistantes de Denis Baupin en jouant sur tous les registres. Malaise.

      Isabelle Attard s’avance à la barre. Élue députée EELV en 2012, elle a, elle aussi, reçu des messages de Denis Baupin – dès son premier jour à l’Assemblée nationale. Messages qui se multiplient et prennent rapidement un caractère sexuel. Elle n’avait jamais été confrontée au harcèlement sexuel auparavant. « J’en parle à mon équipe, je suis mal à l’aise, c’est un collègue de travail sur lequel je veux compter, notamment sur les questions nucléaires. Du coup, je passe un temps fou à réfléchir à comment lui répondre, pour ne pas me brouiller avec quelqu’un que j’estime et continuer à avoir des relations de travail normales. J’essaye de rester polie en exprimant mon non-consentement. Je deviens de plus en plus gênée. Je mets en place des méthodes pour ne jamais me retrouver seule avec lui. »

      Isabelle Attard apprend qu’elle n’est pas la seule. D’autres députées, et de jeunes collaboratrices ayant un lien de subordination, reçoivent des SMS identiques de Denis Baupin, devenu entretemps vice-président de l’Assemblée nationale. Certaines s’enferment à clé dans leur bureau. Isabelle Attard évoque cela lors d’un déjeuner avec Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart. Notre collègue Lénaïg Bredoux commence son enquête, et recueille quantité de témoignages sur les agissements de Denis Baupin.

      Isabelle Attard se tient bien droite face au tribunal, et lance ceci : « Je voudrais remercier Denis Baupin. Ce procès nous permet de dire ici tout ce que nous avons vécu. On a pu parler publiquement, et on va pouvoir passer à une autre étape de notre vie. J’espère aussi que ça éclairera certains hommes sur ce qu’est le consentement. »

      L’avocat du plaignant tente encore de la déstabiliser, en lisant des SMS qui ne montreraient aucun harcèlement. Isabelle Attard tient bon. Un incident d’audience éclate lorsqu’il apparaît qu’Emmanuel Pierrat fait du “live tweet” (microblogging en direct) pendant les débats, et rend publics des SMS envoyés par certaines des prévenues à Denis Baupin. Le président et la procureure sont stupéfaits, les avocats de la défense scandalisés. Il est tard, et le tribunal interroge encore Annie Lahmer, Geneviève Zdrojewski, Frédric Toutain et Jean-Claude Biau.

      Lundi, les journalistes prévenus ont expliqué comment ils avaient travaillé sur l’affaire Baupin. Lénaïg Bredoux a raconté ses enquêtes sur le sexisme en politique, avant Weinstein et #MeToo, et celle sur l’élu écologiste, d’abord menée en solo puis avec Cyril Graziani, de France Inter. Celui-ci avait notamment appris que Denis Baupin n’était pas devenu ministre « à cause de ses casseroles ». Edwy Plenel a rappelé pour sa part que « la presse est là pour révéler les affaires cachées ». Éreintants, les débats doivent s’achever vendredi soir.

      Il semble que le backlash lui revienne un peu à la figure.

  • „Sexuelle Belästigung ist erst einmal ein Fakt und keine Diskussion“ – B.Z. Berlin
    https://www.bz-berlin.de/berlin/sexuelle-belaestigung-ist-erst-einmal-ein-fakt-und-keine-diskussion

    Na super! Nach dem hochoffiziellen Tagesspiegel mit tollen Verbindungen ins Eliteberlin folgt die Meldung im Prollorgan des Berliner Springer-Verlangs, der B.Z.

    Was ist passiert?

    Ein Taxikollege vergreift greift sich FDP-mäßig (Brüderle, allet klar?) im Ton, und schon ist das sexuelle Belästigung für eine etwas dünnhäutige junge Frau, da muss die Polizei ran, meint sie. Soweit so normal. Kommt täglich vor, nicht im Taxi aber überall, wo man oder frau sonst so hinsieht.

    Eine tolle Chance für die Mehrheitsmedien, ihre Lieblingsbotschaften unters Volk zu bringen:

    – Taxi muss besser werden (im Subtext meint das, für „modernere“ Transportangebote muss das Personenbeförderungegesetz „entschlackt“ werden.)

    – Die Polizei ist lieb und tut alles für junge Frauen, die sehen das nur nicht immer.

    – Wir stehen hinter der jüdischen Gemeinde, auch wenn das hier überhaupt keine Rolle spielt außer bei dem Umstand, dass die junge Frau es versteht, sich Gehör zu verschaffen.

    Was machen wir Kutscher nun daraus?

    Kollegenkritik:

    Haste dir nich mit Ruhm bekleckat, ooch wennde jetzt berühmt bist, werta Kolleje.

    Ein normaler Tag, eine normale Taxifahrt – nicht ganz, zumindest nicht für Dalia Grinfeld, Vorsitzende der Jüdischen Studierendenunion. Sie wurde nach eigener Aussage sexuell belästigt und ärgert sich über die Polizei.

    Grinfeld war am Dienstag zwischen zwei Terminen mit einem Taxi unterwegs, berichtet der Tagesspiegel.

    Demnach wäre sie bereits beim Einsteigen mit „Guten Morgen, Hübsche“ begrüßt worden. Sie habe dem Fahrer gesagt, dass sie das nicht gut finde. Doch der Mann hätte weiter gemacht. Sätze wie „Bei solch schönen Brüsten muss man einfach hinschauen“ wären gefallen, ihre mehrfachen Aufforderungen die Bemerkungen zu unterlassen, seien offenbar ungehört verklungen.

    Erst als die 24-Jährige den Mann schließlich aufgefordert hätte, das Taxi anzuhalten und sie aussteigen zu lassen, da sie ansonsten die Polizei rufen würde, lenkte der Mann ein und stoppte das Taxi.

    Nach der Taxifahrt meldete sich Grinfeld bei der Polizei. Fünf Minuten habe sie mit dem Notruf diskutiert. Der Polizist hätte sie gefragt, ob sie tatsächlich belästigt wurde oder ob es auch Komplimente gewesen seien können. Ob der Fahrer sie angefasst oder berührt hätte.

    Grinfeld: „Ich weiß, was sexuelle Belästigung ist.“ Der Beamte habe ihr dann erklärt, dass er keinen Fall sexueller Belästigung erkennen könne.

    _Dalia Grinfeld
    @DaliaGrinfeld
    Von der @polizeiberlin erwarte ich, dass sie mir #Hilfe leistet und ein Gefühl von #Sicherheit gibt bei #Sexuellebelästigung! #metoo #Berlin_

    _Dalia Grinfeld
    @DaliaGrinfeld
    .@polizeiberlin: Wenn ich ein Feuer melde, werde ich auch nicht gefragt, ob ich mir sicher bin und 5 min in Frage gestellt?! Das Gefühl von #Sexuellebelästigung ist erst einmal ein Fakt und keine Diskussion! #MeToo #aufstehen #mundauf_

    Von der Polizei hätte sich die Frau nicht ernstgenommen gefühlt. „Von der Polizei erwarte ich, dass sie mir Hilfe leistet und ein Gefühl von Sicherheit gibt“, twitterte Grinfeld. „Wenn ich ein Feuer melde, werde ich auch nicht gefragt, ob ich mir sicher bin und 5 min in Frage gestellt?!.“

    Die Polizei reagierte auf die Wut-Posts verwundert. Thilo Cablitz, Sprecher der Berliner Polizei, sagte dem Tagesspiegel, dass sich der Beamte fünf Minuten und 51 Sekunden Zeit für die Frau genommen habe, obwohl die Notrufzentrale der Polizei stets ausreichend zu tun hat.

    „Dargestellte Situation weicht nahezu in Gänze ab“
    Und ein Sprecher sagte zur B.Z.: „Wir haben den Vorwurf sehr ernst genommen und die Aufzeichnung des Notrufs unmittelbar ausgewertet. Die in einer Tageszeitung dargestellte Situation weicht nahezu in Gänze von derjenigen ab, die uns über den Notruf geschildert wurde“, sagte er. Und weiter: „Weder eine Notsituation, eine unmittelbare Gefahr noch ein strafrechtlich bewehrtes Verhalten ließen sich erfassen. Uns ist sehr wohl bewusst, dass Personen, die unter dem Eindruck eines Geschehens stehen, die im Stress sind, nicht sofort alles in Worte fassen können. Aus diesem Grund wurde angeboten, eine Einsatzwagenbesatzung zu entsenden, um in einem direkten Gespräch sämtliche Details zu klären.“

    _Dalia Grinfeld
    @DaliaGrinfeld
    .@polizeiberlin: Wenn ich ein Feuer melde, werde ich auch nicht gefragt, ob ich mir sicher bin und 5 min in Frage gestellt?! Das Gefühl von #Sexuellebelästigung ist erst einmal ein Fakt und keine Diskussion! #MeToo #aufstehen #mundauf_

    In dem Telefonat habe Grinfeld sogar Einsehen gezeigt, dass in ihrem Fall keine Straftat vorlag, sagte Calbitz.

    Doch Grinfeld sagte, dass sie dafür nun keine Zeit habe. Zeit hatte sie allerdings für eine Instagram-Story, ein Video und mehrere Tweets, was bei der Polizei wiederum für Verwunderung sorgte.

    Der Polizeisprecher gegenüber B.Z.: „Hätte die Situation sich, wie jetzt in der Tageszeitung geschildert, dargestellt, hätten wir sofort eine Einsatzwagenbesatzung entsandt und das Telefonat nicht über fast sechs Minuten geführt.“ Denn: Wer in Not ist, darf nicht warten!“

    Regelung zu Sexualdelikten

    Erst Ende 2016 waren die Regeln im Strafgesetzbuch zu Sexualdelikten verschärft worden. Das Problem: Werden Opfer nur verbal belästigt, ist es dennoch keine sexuelle Belästigung im Sinne des Gesetzes – sondern möglicherweise eine „sexuelle Beleidigung“.

    Erforderlich ist hier nach der Rechtsprechung oberster Gerichte, dass in dem Verhalten des Täters eine – von ihm beabsichtigte – sexuell herabsetzende Bewertung des Opfers zu sehen ist. Ob das im vorliegenden Fall zutrifft und wie sich das beweisen ließe, ist fraglich.

    #Berlin #Medien #Taxi #Frauen

  • #Metoo in Berlin: „Ich weiß, was sexuelle Belästigung ist“ - Berlin - Tagesspiegel
    https://www.tagesspiegel.de/berlin/metoo-in-berlin-ich-weiss-was-sexuelle-belaestigung-ist/23925694.html

    Eine Taxifahrt und anzügliche Bemerkungen des Fahrers: Was eine 24-Jährige am Dienstag in Berlin erlebte - und warum sich nun die Polizei über die Frau ärgert. ALEXANDER FRÖHLICH RENÉ GARZKE

    Dalia Grinfeld, Chefin der Jüdischen Studierendenunion.FOTO: PRIVAT/MARGRIT SCHMIDT
    Dalia Grinfeld, 24, war am Dienstag in Berlin mit einem Taxi unterwegs. Danach postete sie auf Instagram und Twitter eine bittere Beschwerde: Es geht um sexuelle Belästigung - und darum, was das mit Betroffenen macht, wie Behörden darauf reagieren und wo die Grenzen zu Straftaten sind. Am Ende sieht sich die Polizei in den sozialen Medien zu Unrecht an den Pranger gestellt: Obwohl keine Straftat vorlag, wollte sie helfen. Es werden sogar Zweifel laut an der Darstellung der Frau.

    Grinfeld ist Vorsitzende der Jüdischen Studierendenunion Deutschland. Am Dienstag musste sie zwischen zwei Terminen ein Taxi nehmen. Schon als sie in den Wagen einstieg, so berichtet sie es später, soll der Fahrer gesagt haben: „Guten Morgen, Hübsche.“

    „Ich habe ihm gesagt, dass ich das nicht gut finde“, berichtet Grinfeld dem Tagesspiegel. Doch der Mann, nach der Beschreibung der 24-Jährigen zwischen 50 und 60 Jahren alt, soll einfach weitergemacht haben. 

    Mehrfach habe sie den Taxifahrer gebeten, damit aufzuhören. Doch stattdessen habe der Mann Sätze gesagt wie diesen: „Bei solch schönen Brüsten muss man einfach hinschauen.“ Auch ihren kurzen Rock habe er erwähnt.

    Doch ihre klaren Stopp-Signale, die mehrfache Aufforderung, solche Bemerkungen zu unterlassen, brachten nichts. Erst als sie ihn aufgefordert habe, zu stoppen und sie aussteigen zu lassen, dass sie ansonsten die Polizei rufen werde, konnte sie das Taxi verlassen.

    Schon beim Notruf wird der Fall geprüft

    Dann rief sie tatsächlich die Polizei. Fünf Minuten habe sie mit dem Beamten beim Notruf diskutiert, berichtet Grinfeld. Fünf Minuten habe der Beamte sie befragt, ob es tatsächlich Belästigung gewesen sei oder ob es vielleicht nur Komplimente gewesen sein könnten.

    Sie sei von dem Beamten beim Notruf auch gefragt worden, ob der Taxifahrer sie angefasst oder berührt habe. „Ich weiß, was sexuelle Belästigung ist“, sagt Grinfeld. Doch von der Polizei fühlte sie sich nicht ernst genommen.

    Schließlich habe der Beamte ihr erklärt, er könne keine sexuelle Belästigung erkennen, berichtet Grinfeld. Der Vorfall sei strafrechtlich nicht relevant. Aber sie könne gern online im Internet noch eine Anzeige erstatten. Und dabei auch das von ihr gemachte Foto vom Nummernschild des Taxis einreichen. Das soll nach Aussagen von Grinfeld der Beamte ihr in dem fünfminütigen Telefonat erklärt haben. 

    Die Polizei wollte sogar eine Streife schicken

    „Von der Polizei erwarte ich, dass sie mir Hilfe leistet und ein Gefühl von Sicherheit gibt bei sexueller Belästigung“, twitterte Grinfeld. „Wenn ich ein Feuer melde, werde ich auch nicht gefragt, ob ich mir sicher bin und fünf Minuten in Frage gestellt. Sexuelle Belästigung ist ein Fakt.“

    Thilo Cablitz, Sprecher der Berliner Polizei, hat den Fall geprüft - und wundert sich über die wütenden Posts der 24-Jährigen. „Wir haben den Vorwurf sehr ernst genommen und die Aufzeichnung des Notrufs unmittelbar ausgewertet“, sagt Cablitz.

    Der Beamte in der Notrufzentrale habe sich fünf Minuten und 51 Sekunden Zeit für die Frau genommen, obwohl die Notrufzentrale der Polizei stets ausreichend zu tun hat. Der Beamte habe nachfragen und prüfen müssen, ob eine Straftat und ein Notfall vorliegt. In dem Telefonat habe die 24-Jährige sogar Einsehen gezeigt, dass - so unangenehm das Geschehen gewesen sein mag - tatsächlich keine Straftat vorlag. Umso verwunderlicher findet Cablitz die Äußerungen der Frau bei Twitter und Instagram. 

    Unterschiedliche Darstellungen durch Grinfeld

    Obwohl kein Notfall vorlag und obwohl das Taxi längst fort war, sei der 24-Jährigen dennoch angeboten worden, dass eine Streife vorbeikommt und den Fall mit ihr klärt. Doch die Frau habe gesagt, dass sie dafür nun keine Zeit habe, so Cablitz. Was die Polizei daran besonders ärgert: Zeit für eine Instagram-Story, ein Video und mehrere Tweets hatte die 24-Jährige dann trotzdem. 

    Hinzu kommt noch etwas anderes: Denn auch Grinfelds Darstellung gegenüber dem Tagesspiegel „weicht nahezu in Gänze von derjenigen ab, die uns über den Notruf geschildert wurde“, sagt Cablitz. Weder eine Notsituation, eine unmittelbare Gefahr noch ein strafrechtlich relevantes Verhalten hätten sich erfassen lassen.

    „Uns ist sehr wohl bewusst, dass Personen, die unter dem Eindruck eines Geschehens stehen, die im Stress sind, nicht sofort alles in Worte fassen können. Aus diesem Grund wurde angeboten, eine Einsatzwagenbesatzung zu entsenden, um in einem direkten Gespräch sämtliche Details zu klären“, erklärt der Polizeisprecher.

    Hätte die Situation sich, wie von Grinfeld gegenüber dem Tagesspiegel geschildert, „dargestellt, hätten wir sofort eine Einsatzwagenbesatzung entsandt und das Telefonat nicht über fast sechs Minuten geführt“, sagt der Polizeisprecher. „Wer in Not ist, darf nicht warten“, so Calbitz.

    Aus ihrem Selbstverständnis heraus schütze die Polizei die Bürger - „und das fängt bereits mit dem ersten Anruf bei uns an“, sagt Calbitz. „Sollten in dem aktuellen Fall Fakten hinzugetreten sein, nehmen wir diese selbstverständlich entgegen und leiten ein Strafermittlungsverfahren ein.“ Möglichweise könnte sich das dann auch gegen Grinfeld richten.

    Strafrecht wurde 2016 verschärft

    Erst Ende 2016 waren die Regeln im Strafgesetzbuch zu Sexualdelikten verschärft worden. Das Problem: Werden Opfer nur verbal belästigt, ist es dennoch keine sexuelle Belästigung im Sinne des Gesetzes. 

    Strafbar sind solche Äußerungen höchstens als Sonderform der Beleidigung, als „sexuelle Beleidigung“. Und auch das nur unter bestimmten Voraussetzungen. Das Opfer muss etwa durch die Äußerungen in seiner Würde herabgesetzt werden. Ob das hier vorliegt, ist fraglich.

    Na und, weiter ... ?

    #Taxi #Berlin #Frauen

  • #MeToo en #Corée_du_Sud : un ex-procureur condamné pour abus de pouvoir - Asie-Pacifique - RFI
    http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20190123-metoo-coree-sud-ex-procureur-condamne-abus-pouvoir-ahn-tae-geun

    C’est un verdict inhabituellement sévère pour ce type d’affaire en Corée du Sud : le tribunal central de Séoul a condamné à deux ans de prison ferme l’ancien procureur Ahn Tae-geun.

    L’homme est accusé d’avoir tripoté une jeune collègue en 2010 lors d’un dîner organisé à l’occasion de funérailles. Quand la jeune femme, Seo Ji-hyeon, l’avait dénoncé en interne, il avait utilisé sa position pour la faire muter dans un petit tribunal de province, une mutation qui avait brisé sa carrière prometteuse.

  • C’est pas souvent que je poste une offre d’emploi, mais je me suis dit que ça pouvait intéresser des BDistes ici :

    Appel d’offres - Bédéiste
    Regroupement québécois de la danse, le 9 janvier 2019
    https://www.quebecdanse.org/babillard-detail/appel-doffres-bedeiste

    Réalisation d’une bande dessinée sur les spécificités du harcèlement psychologique et sexuel dans le milieu de la danse professionnelle

    #BD #femmes #harcèlement_sexuel #Danse #MeToo #offre_d'emploi

  • #MeToo : Gillette dévoile une publicité sur la masculinité toxique
    https://www.ladn.eu/news-business/actualites-annonceurs/gillette-publicite-masculinite-toxique

    Gillette dévoile sa dernière publicité « We Believe » conçu par l’agence Grey. Un spot d’une minute trente qui encourage les hommes à changer de comportement à la lumière du mouvement #MeToo. La publicité appelle les hommes à lutter contre la masculinité toxique, à s’opposer au harcèlement, à refuser la violence. Un changement de comportement qui inspirera la jeune génération et les hommes de demain.

    Quand la pub s’empare des thèmes de société, c’est toujours à double tranchant. La logique de la pub, c’est de créer les images d’un monde de demain, et de croire que c’est en son pouvoir de le voir advenir. La logique du social, c’est de croire que les mouvements ouvrent les yeux, éclairent et provoquent le changement, que ce soit collectif ou individuel. Est-ce que la bonne conscience de la pub empêche l’émergence de mouvements ? Je pense que cela fait partie du pari des publicitaires : remplacer le chaos de la société par du « nudge ».

    #Publicité #Gillette #Masculinité #Nudge